#15 - octobre 2015

50 ANS D’ASTERIX 20 ANS D’HELIOS-1A

50 ANS DE PROTON 30 ANS DE ZENIT ESPACE & TEMPS Le mot du président

IFHE Institut Français d’Histoire de l’Espace adresse de correspondance : 2, place Maurice Quentin Chers amis, 75039 Paris Cedex 01 e-mail : [email protected] Nous avons tenu notre assemblée générale le 28 mai dernier. A cette occasion, nous avons ré-élu Jacques Durand comme Tél : 01 40 39 04 77 administrateur, Christian Lardier, Pierre Bescond et Hervé Moulin comme membres du Bureau. C. Lardier et H.Moulin étaient candi- L’institut Français d’Histoire de l’Espace (IFHE) est une dats au poste de Président, P.Bescond était candidat au poste de association selon la Loi de 1901 créée le 22 mars 1999 trésorier. D’autre, part, suite au départ de Roger-Maurice Bonnet qui s’est fixée pour obiectifs de valoriser l’histoire de en tant que vice-président, Yves Blin était candidat à ce poste. l’espace et de participer à la sauvegarde et à la préserva- Une élection par correspondance a donc été organisée : tion du patrimoine documentaire. Il est administré par sur 45 inscrits, il y a eu 30 votants (66 %) dont deux bulletins un Conseil, et il s’est doté d’un Conseil Scientifique. blancs. Le résultat du vote était le suivant : Lardier 24 voix, Mou- lin 4 voix, Bescond 28 voix, Blin 28 voix. Je remercie donc les Conseil d’administration membres qui m’ont renouvelé leur confiance pour un nouveau Président d’honneur...... Michel Bignier mandat de quatre ans. Le 17 juin, nous avons reçu un courrier de H.Moulin qui Président...... Christian Lardier souhaitait réunir un conseil d’administration extraordinaire (CAE). Vice-présidents...... Pr. Roger-Maurice Bonnet, Nous avons d’abord fixé la date du 8 juillet, mais à la suite de l’in- Jacques Simon, Hervé Moulin disponibilité de H.Moulin, elle a été reportée au 16 septembre. A Trésorier...... Pierre Bescond cette réunion étaient présents : C.Lardier, J.Jamet, P.Bescond, Secrétaire général...... Jean Jamet J.Simon, Yves Blin, H.Moulin (C.Goumy, R-M Bonnet et J.Durand Membres...... Jacques Durand, Bernard Deloffre , ont envoyé leurs pouvoirs). Jean-Marie Luton, Claude Goumy, Jean-Pierre Morin, H.Moulin a fait un exposé sur les activité de l’association Yves Blin. et sur les aspects programmatiques. Sur ces deux sujets, il a fait des Représentant du CNES...... Gérard Azoulay propositions. Selon Jacques Simon, “un certain nombre de pistes méritent d’être étudiées”. Yves Blin a pris l’action de centraliser les Conseil scientifique réflexions des administrateurs. Un premier bilan sera fait lors du Pr. Jacques Bla mont, Pr. Roger Maurice Bonnet, Jean- conseil d’adminsitration du 10 décembre. En outre, nous avions lancé depuis le début de l’année la Pierre Causse, Claude Goumy, Pr. Pierre Morel, Pr. réforme du règlement du prix Aubinière et du conseil scientifique. Robert Halleux, Pr. Dominique Pestre, Pr. Jean-Chris- Concernant le premier, nous envisageons d’avoir deux prix : le prix tophe Romer, Pr. Pascal Griset, Pr. Alain Beltran, Aubinière pour des travaux de haut niveau et le prix André Lebeau Agnès Beylot. pour les étudiants universitaires. Quant au conseil scientifique, qui ne s’était réuni qu’une seule fois en 2005, nous souhaitons le trans- former en comité de liaison avec les Universités. Les textes sur ces deux sujets seront soumis au bureau du 5 novembre pour leur adop- tion et ils seront ensuite soumis au conseil d’administration de dé- ESPACE & TEMPS cembre. Concernant les activités de l’IFHE, nous allons publier le Bulletin d’information édité par livre sur les 50 ans de coopération spatiale Franco-URSS/Russie à l’institut Français d’Histoire de l’Espace (IFHE) la fin décembre et celui sur l’histoire de l’observation de la Terre Directeur de la publication : Christian Lardier (imagerie optique et radar, civile et militaire) au début janvier. Jean- Louis Fellous a démarré le comité de pilotage pour le prochain livre Ont également participé à ce numéro : sur l’observation de la Terre (Météorologie, Océanologie, Atmo- sphère). Il s’est fixé comme objectif de le sortir dans deux ou trois Nicolas Pillet, Xavier Pasco. ans. Pour le 50e anniversaire du lancement du premier Impression: photocopies - tirage : 50 ex. français, nous avions opté pour un partenariat avec le Cnes et la Crédit photo : Droits réservés 3A Cnes pour une conférence le 26 novembre. Cependant, le Cnes ISSN : en cours a décidé d’en faire un évènementiel purement Cnes avec un repré- sentant des hautes autorités de l’Etat. Nous envisageons de redémarrer les “Rencontres de l’IFHE” par un colloque de deux jours en 2016. Il pourrait porter Les idées et opinions exprimées dans les arti cles n’en- sur l’histoire des lanceurs français et européens. gagent que leurs auteurs et ne re présentent pas néces- sairement celles de l’IFHE. Christian Lardier, président de l’IFHE

2 -octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace Il y a 50 ans, Diamant A au service de l’indépendance et de la grandeur de la France Par Philippe VARNOTEAUX, Docteur en Histoire, membre de l’IFHE

sile stratégique national, soit on achète sous li- Diamant… non pas la pierre précieuse cence un engin américain. La seconde solution mais le lanceur éponyme… voilà un nom évoca- est attrayante étant donné le coût financier teur mais qui, aujourd’hui, n’est plus forcément conséquent. De plus, la France, engluée dans dans la mémoire collective des Français. Pourtant une guerre de décolonisation en Algérie (depuis en ce 26 novembre 1965, le premier des Diamant 1954), doit donner la priorité budgétaire à l’équi- permet à la France de devenir la troisième puis- pement traditionnel des armées. Les négociations sance spatiale au monde, après les Soviétiques avec les Américains prennent toutefois une tour- (1957) et les Américains (1958) ; nure difficile : ils sont prêts à li- ce n’était pas rien ! Les médias vrer des missiles balistiques de l’époque étaient d’ailleurs dé- mais à la condition que ceux-ci chaînés ; la plupart des journaux restent sous leur contrôle. Dans ont mis l’événement à la une. l’esprit du général de Gaulle, Si Diamant A était an- cela va à l’encontre d’une noncé comme un outil au ser- France souveraine, maîtresse vice de la conquête de de son destin. Existe-t-il cepen- l’espace, en réalité il y a eu dant des capacités nationales d’autres enjeux, surtout pour pour éviter la solution améri- le premier lancement de no- caine ? vembre 1965… Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, de nom- Les études balistiques breuses études de missile ont L’aventure spatiale fran- été engagées par les diffé- çaise a réellement pris corps rentes armées. Certes, il s’agis- sous la Présidence du général / collection Ph. Varnoteaux copyright CIEES / CEL sait essentiellement d’engins de Gaulle (1958-1969). Si ce Diamant A sur son pas de tir, Ham- « sol-air », et non de missiles n’est pas de Gaulle lui-même maguir, 24-25 novembre 1965 balistiques stratégiques. Néan- qui a fait naître la science spa- moins cela a permis d’acquérir tiale en France, en revanche un savoir-faire, de développer c’est bien sa volonté politique (et celle d’une par- des technologies offrant des perspectives d’ave- tie de son entourage) qui a permis la réalisation nir.1 du premier lanceur national, Diamant A, un engin Quelques années plus tard, en septembre 1958, intimement lié à la maîtrise du missile balistique la Direction technique et industrielle de l’Aéro- intercontinental. Par ailleurs, les contextes de la nautique (DTIA) de l’armée de l’Air soumet l’idée décolonisation et de la Guerre froide ont égale- de constituer une société d’études sur le missile ment joué un rôle : ainsi, après la crise du canal balistique. Celle-ci fait son chemin et, le 17 sep- de Suez (1956), les autorités politiques engagent tembre 1959, le gouvernement prend finalement la construction de la bombe atomique avec, la décision de créer la Société pour l’étude et la comme vecteur, le bombardier stratégique (Mi- réalisation d’engins balistiques (SEREB), regrou- rage IV). Deux ans plus tard, la question se pose pant autour d’elle des entreprises spécialisées de savoir s’il faudra un jour remplacer le bombar- déjà investies dans des études de missile ou des dier par le missile balistique intercontinental ? recherches spécifiques (Nord-Aviation, Sud-Avia- Au cours de l’été 1958, après son retour tion, SEPR, la SNECMA, Dassault, MATRA, aux affaires, de Gaulle réfléchit alors à la suite à CEA, ONERA). La SEREB se présente alors donner à la question balistique. Deux solutions comme une société privée, mais avec une condi- s’offrent : soit on engage la construction d’un mis- tion particulière : à travers les armées, l’Etat est

octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 3 le seul client. Ce sont donc les trois armées qui missile balistique. Suit le VE-111 «Topaze» le 19 définissent les programmes par l’intermédiaire décembre 1962, la première fusée expérimentale des états-majors et des directions techniques des à propulsion à poudre pilotée. Tous ces essais armées (DEFA, DTIA, DCCAN, Poudres). La sont alors indispensables pour qualifier de nom- SEREB dispose de nouveaux moyens, notam- breux systèmes et sous-systèmes. Dès 1960, la ment financiers, au capital de 600 millions d’an- SEREB décide de réaliser un engin expérimental ciens francs. Quant à la Direction générale, elle à deux étages : le VE-231 «Saphir». Il est prévu est confiée à Charles Cristofini, un haut fonction- de développer un premier étage utilisant la pro- naire de l’Etat, un meneur d’hommes qui s’en- pulsion à liquides. Pour cela, les ingénieurs en- toure de personnalités remarquables comme les gagent le VE-121 polytechniciens Roger «Emeraude», un mis- Chevalier (Direction tech- sile à liquides (utilisant nique) et Pierre Usunier le moteur Vexin conçu (responsable des pro- par le LRBA de Vernon, grammes militaires) ou dérivant de la technolo- encore l’ingénieur géné- gie de la fusée-sonde ral de l’Air Bernard Dor- Véronique). Emeraude léac (Direction des permet également de études), etc. mettre au point le sys- La SEREB devient tème de séparation des l’acteur central dans l’es- étages. Le premier vol sor d’une industrie balis- intervient le 15 juin tique. Elle reçoit comme 1964.4 objectif le développe- Entre temps, il de- ment des études sur les vient nécessaire de ré- propulsions à liquides et organiser la tutelle de à poudres, la maîtrise de la SEREB. La volonté la rentrée d’ogive dans du gouvernement est l’atmosphère et la de développer une Photos D.R conception d’engins ex- force de frappe nu- périmentaux qui doivent Deux Emeraude ont volé en février et mai 1965 et cléaire dépendant du aboutir aux missiles ba- trois Saphir ont volé en juillet et octobre 1965. pouvoir politique, et listiques stratégiques. Mi- non des militaires. Cela chel Bignier, ingénieur à la SEREB de 1959 à ne correspond pas à la vision des directions 1961 (et futur directeur général du CNES en techniques des armées qui souhaitent maintenir 1972-76), estimait que cette société avait « bien leur indépendance dans les choix tactiques et joué un rôle primordial dans les débuts de la stratégiques des armes. Pour éviter toute polé- conquête de l’espace car elle a réalisé, d’une cer- mique et toute tension entre les différents ac- taine manière, une « union » de plusieurs teurs impliqués, le gouvernement décide le 5 équipes provenant de Nord-Aviation, Sud-Avia- avril 1961 la création de la Délégation ministé- tion et même du LRBA de Vernon. De 1947 à rielle pour l’Armement (DMA).5 Les directions 1959, il y a eu un foisonnement d’activités mais techniques perdent leur « pouvoir » au profit du dispersées (…). Après 1959, on a compris l’enjeu ministre des armées (Pierre Messmer). Ainsi, d’éviter toute compétition inutile ».2 grâce à la DMA, la SEREB peut poursuivre se- Les expérimentations commencent dès octo- reinement ses recherches et développer au bre 1960 avec le VE-8 (Véhicules d’Essais plus vite des missiles stratégiques. Par ailleurs, n°8), une ogive d’essai sans propulseur, puis les la DMA tranche un débat qui oppose depuis VE-9 et VE-10, des engins monoétages à poudre quelques années les militaires de l’armée de non pilotés et non guidés. Le 3 juin 1961 est testé Terre à ceux de l’Air à propos du choix de la le premier VE-110 «Agate»3, un engin qui propulsion des missiles : les premiers souhai- marque le début du programme des «Pierres tent développer des engins à propulsion à li- Précieuses». Il s’agit désormais de réaliser un quides, tandis que les seconds penchent pour 4 -octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace des raisons pratiques à des engins Quoi qu’il en soit, le gouverne- à solide. Si la SEREB préconise le ment du général de Gaulle soutient développement d’engins balis- la proposition britannique ; il y aura tiques à poudre, la DMA décide de un lanceur européen (Europa) selon maintenir le statu quo : les deux fi- l’architecture suivante : un premier lières (liquides, solides) sont main- étage britannique, un deuxième tenues. Soulignons que pour un français, un troisième allemand et lanceur de , la propulsion une coiffe italienne. Toutefois, au à liquides est plus avantageuse… cours de l’été 1961, il est également Une proposition inattendue décidé la construction du lanceur Tandis que les études balistiques national Diamant A. Pourquoi ? sont pleinement engagées en Celui-ci est perçu comme une op- France, les Britanniques font en portunité à plusieurs titres : premiè- septembre 1960 une étonnante pro- rement, étant un produit dérivé du position : pourquoi ne pas construire programme balistique pour la Force un lanceur européen à partir de leur de frappe nucléaire, il ne coûtera fi- missile d’étude Blue Streak ? Ren- nalement pas cher. Deuxièmement, contrant des difficultés, les Britan- rien ne garantit le succès d’Europa niques décident l’arrêt de leur dont le premier tir est prévu pour programme et, pour ne pas perdre 1966-67 ; la SEREB souligne que les acquis technologiques, ils cher- Diamant, lui, peut-être réalisé en chent à le reconvertir en un lanceur moins de cinq ans. Enfin, si Diamant de satellites. Cependant, le déve- satellise en premier, seule la France loppement de celui-ci étant coûteux, en tirera la gloire… ils proposent de le faire avec des Ainsi, à la fin de l’année 1961, partenaires européens… La propo- Diamant A est officiellement adopté, sition est diversement appréciée en sa réalisation placée sous la respon- France : les scientifiques sont plutôt sabilité des militaires de la DMA. réticents ; ils songent à lancer leurs Dans l’esprit du général de Gaulle et futurs satellites par des lanceurs surtout celui du premier ministre Mi- américains. Quant aux ingénieurs chel Debré, Diamant A doit faire en- de la SEREB, il s’agit d’une (mau- trer un peu plus la France dans le jeu vaise) surprise ! Engagés dans le international, autrement dit rejoindre Photos D.R développement des missiles balis- la course-compétition américano-so- tiques, ils considèrent qu’ils peuvent Le lanceur Diamant A viétique.6 Par ailleurs, les scienti- réaliser un lanceur national en ajou- fiques obtiennent dans le même tant un troisième étage à leur engin temps la création d’une agence spa- Saphir. Des arguments sont alors opposés aux tiale (Centre national d’études spatiales, CNES), uns et aux autres : premièrement, il n’est pas du appelée à fédérer et à impulser les activités spa- tout assuré que les Américains lancent à l’avenir tiales nationales et celles faites en coopération tous les satellites nationaux et européens ; (Etats-Unis, Europe, etc.). deuxièmement, lorsque la SEREB propose un lanceur, celui-ci aura des performances moindres La finalisation du lancement (80 kg à 500 km) que le futur lanceur européen Dès sa mise en place, le CNES négocie la (1200 kg à 500 km) ; troisièmement, dans l’esprit part de sa responsabilité concernant Diamant. du général de Gaulle, un lanceur européen pour- N’ayant pas encore les moyens d’influer la poli- rait favoriser le rapprochement des Britanniques tique des lanceurs, celui-ci signe le 9 mai 1962 de l’Europe, sans compter qu’une telle coopéra- une convention avec la DMA qui est chargée du tion pourrait permettre de récupérer des techno- développement de Diamant, c’est-à-dire le quali- logies sensibles (systèmes de guidage, rentrée fier par quatre tirs en vol en plaçant sur orbite des de missile dans l’atmosphère, etc.), mais il n’en satellites technologiques militaires. Pour certains sera rien ! scientifiques, cela est ressenti comme une sorte octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 5 «d’abandon» face aux militaires. Certes, mais convention CNES / DMA, les satellites lancés par que pouvait-alors faire le jeune CNES qui n’avait au moins les deux premiers Diamant seront bien pas encore de satellites à lancer ? Par cette des satellites militaires de type A (« Armées convention, la SEREB construit Diamant, tandis n°1 ») qui ne sont que de simples capsules tech- que le CNES apporte une part de finance- nologiques. Dans A1, il n’est en effet prévu ment (54 millions de francs, qu’une balise émettant des soit 10 % du programme mili- ondes radioélectriques, un ré- taire7), ce qui lui permettra de pondeur radar, un émetteur de disposer du lanceur après les télémesure et un système de tirs de qualification. mesure de température. Le A partir du moment où le CNES estime qu’il serait bien CNES s’engage dans l’exploi- plus judicieux de lancer du tation du futur lanceur, il définit premier coup un «vrai satel- un programme de satellites lite» – son D1a – ce qui, en destinés à être lancés par Dia- cas de succès de Diamant, mant : il s’agit du programme donnerait un sens à l’opéra- « D » (pour Diamant). Le tion : notre pays serait immé- CNES prévoit la construction diatement reconnu comme de quatre satellites (D1a, D1b, une puissance spatiale à tous D1c et D1d) destinés principa- les niveaux. Les militaires re- lement à des études de géo- Photos D.R fusent. Le CNES fait alors une désie, à développer de Le satellite A-1 autre proposition : A1 ne pour- nouvelles technologies (pan- rait-il pas emporter des équi- neaux solaires, etc.) mais aussi à tester le réseau pements du CNES, faisant ainsi de ce satellite un de poursuite et de localisation, réseau qu’il fallait projet mixte Armées/CNES ? En vain. Pour les au préalable construire : Diane pour suivre la tra- ingénieurs militaires, les scientifiques du CNES jectoire du satellite et en déterminer l’orbite ; Iris désiraient « planter [leur] petit drapeau au som- pour converser avec le satellite par des stations met de Diamant»8 et, manifestement, ceux-ci ne de télémesure et de télécommande. le souhaitaient pas… Les raisons des uns et des Pour construire efficacement les premiers sa- autres sont visiblement passionnelles, chacun tellites, la division «Satellites» de Jean-Pierre voulant recueillir la gloire du succès. Pour cer- Causse est constituée. Toutefois, et selon la tains, le premier tir était considéré comme un essai, et donc il valait mieux y placer un satellite plus mo- deste ; pour d’autres, il s’agissait d’imposer l’idée que tout ce qui était orbital devait relever du CNES. Quoi qu’il en soit, rien n’y fait, A1 sera le premier satel- lite lancé par Diamant A. Quant à l’équipe qui construit Diamant A, elle est menée conjointement par Bernard Dorléac, le respon- sable «Etudes», Pierre Usu- nier, le responsable «Réalisations» et surtout, Charley Attali, le chef de copyright MATRA / Collection Ph. Varnoteaux copyright MATRA «Projet Diamant». Pour réa- Satellite A1, dans les locaux Engins MATRA, à Boulogne-sur-Seine. liser le lanceur, les spécia- A1 est ici testé sur une table vibrante. listes jouent sur la 6 - octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace combinaison de trois VE. Pour le premier étage, ceur, il le perçoit d’abord comme un outil poli- la SEREB avec Nord-Aviation et la SNECMA réa- tique. En effet, le ministre des Armées, Pierre lisent en 1963-64 le VE-121 «Emeraude». De Messmer, n’hésite pas à demander au président juin 1964 à mai 1965, Emeraude est testé à cinq de la SEREB Charles Cristofini d’effectuer le lan- reprises (dont trois échecs à cause de l’effet cement du premier Diamant avant… l’élection POGO9). Pour le deuxième étage, les ingénieurs présidentielle du 5 décembre 1965 ! Si le tir réus- emploient le VE-111 «Topaze» qui, entre 1961 et sit, cela ferait en plus une bonne « publicité » 1963, est conçu avec le concours de Sud-Avia- pour la campagne de réélection présidentielle du tion, de la SEPR et de la Direction des Poudres. général de Gaulle.11 Enfin, pour le troisième étage, les ingénieurs met- tent au point le P064 (utilisant aussi une propul- Le lancement sion à poudre). Pour qualifier ce L’opération de lancement troisième étage, un engin parti- Diamant commence le 13 no- culier est réalisé en 1964 : vembre 1965 par la vérification Rubis. Ce dernier permet de des systèmes de contrôle et de tester le largage de la coiffe poursuite, comme la télémesure (protégeant le satellite), la sépa- qui doit livrer en temps réel les ration et la mise en rotation du informations sur le comporte- troisième étage de Diamant. ment du lanceur et du satellite. Enfin, le compartiment où se Pendant ce temps, d’ultimes loge le satellite artificiel est contrôles sont effectués sur les construit par Sud-Aviation, différents éléments du lanceur. MATRA se chargeant de la Pour le premier lancement, ce case à équipement et de la ne sont pas moins de 300 per- capsule A-1. Au final, Diamant sonnes (ingénieurs, techni- A apparaît comme un beau lan- ciens, scientifiques, ceur, d’une hauteur de près de administratifs, etc.) qui ont été 19 mètres, pour un poids total acheminées sur la base d’Ham- de plus de 18 tonnes et une maguir, ainsi que 800 tonnes de poussée au décollage de 28 fret.12 Le 26 novembre 1965 tonnes. dans la matinée, tout est prêt ; Précisons que parallèle- Diamant A se tient fièrement sur ment à Diamant, la SEREB est son pas de tir. Au sommet du copyright CIEES / CEL / Collection Ph. Varnoteaux copyright CIEES / CEL également engagée dans l’éla- Décollage de Diamant A lanceur, sous la coiffe, se trouve boration des futurs missiles ba- le 26 novembre 1965 le petit satellite A1 de 39 kg. Les listiques de la Force de frappe. ergoliers procèdent au remplis- Ainsi, elle procède le 23 octobre sage des réservoirs de la fusée. 1965 au tir du premier missile balistique expéri- Quelques heures plus tard, l’officier d’essai pro- mental le S112. Il s’agit d’un engin à propulsion cède à un ensemble de vérifications, à travers les à poudre de 12,6 m de long, d’un diamètre de 1,5 données qui lui parviennent du pas de tir. A H – m pour une masse totale de 25 tonnes, délivrant 1h00, le compte à rebours commence mais au une poussée de 10 tonnes. Quelques jours avant bout de quelques minutes, il s’arrête suite à un Diamant, un second tir réussi intervient le 3 no- doute sur le fonctionnement d’un composant vembre, marquant au passage le dernier essai électronique. Après diverses consultations, d’un engin de ce type réalisé à Hammaguir, les Roger Chevalier, le directeur technique de la suivants seront désormais effectués au Centre SEREB, prend la décision d’aller outre et de re- d’essais des Landes (CEL). lancer la procédure de lancement.13 Les activités spatiales sont donc désor- A 15 h 47, depuis la base « Brigitte » d’Ham- mais ardemment soutenues par le général de maguir, en Algérie, le premier lanceur de satel- Gaulle qui « suit [les] affaires [spatiales] de très lites français Diamant A décolle dans un nuage près ».10 Par ailleurs, si le gouvernement té- roux de vapeurs nitreuses. De nombreuses per- moigne d’un intérêt tout particulier envers le lan- sonnalités scientifiques, politiques et militaires octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 7 suivent avec appréhension le vol de Diamant de- endommagées lors de la séparation de la coiffe. puis principalement le centre spatial de Brétigny. Les Américains, qui ont suivi le vol de Diamant, La fusée s’élève alors et s’incline vers le nord- confirment à leur tour le succès. Quelques heures est. A H + 1’35’’, le premier étage se sépare, la plus tard, des « Bip, bip, bip » retentissent sur les fusée se trouve déjà à 43 kilomètres d’altitude. ondes radios ! Il s’agissait-là de la diffusion d’un En quelques minutes, les événements et les sé- enregistrement…14 quences s’enchaînent : à H + 2’04’’, la combus- Le communiqué de presse tombe 2 heures et tion du deuxième étage est terminée, la fusée est 27 minutes après la réussite du lancement : « Le à 128 km d’altitude ; à H + 2’32’’, la coiffe proté- 26 novembre 1965, à 15h47 (heure de Paris), la geant le satellite s’éjecte et, à H + 2’47’’, la fusée fusée Diamant a été lancée de la base saha- bascule de manière à ce que le troisième étage rienne d’Hammaguir et le satellite A1 a été placé soit en position de satelliser, tandis que le lanceur sur orbite, conformément aux prévisions. Le continue son irrésisti- lance-satellites a fonc- ble ascension. A H + tionné normalement. 4’59’’, le deuxième La poursuite par le étage se détache ; à H radar Aquitaine a per- + 7’20’’, le troisième mis au Centre de cal- étage s’allume tout en cul de Brétigny-sur- tournant à 270 tours Orge [du CNES] de par minute autour de définir les éléments son axe de roulis ; suivants de la trajec- l’opération se déroule toire : apogée, 1.768 à une altitude de 547 km ; périgée, 528 km ; kilomètres à une vi- période de révolution, tesse de 2.520 mètres 108 minutes ». Le gé- par seconde. A H + néral de Gaulle exulte 8’05’’, la combustion à son tour : « La mise du troisième étage est sur orbite spatiale du terminée ; l’altitude de premier satellite fran- la fusée est alors de Dessin de Robert Roux illustrant çais, lancé par une 550 km avec une vi- le lancement du satellite A1 / Astérix, fusée française, est tesse qui a été portée paru dans Science et Vie, hors-série, 1966. une importante réus- de 2.520 mètres par site dont notre pays seconde à 7.710 mètres par seconde, soit la vi- tout entier ressent la joie et la fierté. En son nom, tesse de satellisation. A H + 10’22’’, la capsule je félicite tous ceux dont les recherches, la technologique A-1 se détache du dernier étage science et la technique, lui ont valu ce grand suc- et atteint son orbite prévue, soit un peu plus de cès, en attendant que se développe sa participa- dix minutes après le décollage. Le lancement est tion à la conquête de l’espace ».15 Il a de quoi réussi, c’est le soulagement et la joie… mais très exulter car, à la veille de l’élection présidentielle vite les responsables se rendent compte que le du 5 décembre – la première au suffrage univer- satellite est muet ; où est-il ? sel depuis 1848 ! – les ingénieurs viennent de lui Le satellite n’émet pas. La tension monte. faire le plus beau des cadeaux renforçant le pres- L’angoisse retombe au bout de nombreuses tige et la grandeur de la France : un « Diamant ». longues minutes, car le réseau de poursuite et de Seuls les scientifiques du CNES sont déçus car, localisation d’Hammaguir confirme le passage du en voyant le succès de Diamant A, ils estiment satellite au méridien de la station. Les données que la France vient en réalité de rater son ren- du radar « Aquitaine » prouvent que A1 est bien dez-vous spatial. Jean-Pierre Causse, le respon- sur orbite, ce que confirme la division « Mathéma- sable de la division «Satellites» au CNES affirme tiques » de Bernard Lago (et l’équipe « Calcul même : «(…) ils ont fait voler A1, que l’on a en- d’orbite » du CNES). Si le lancement est donc suite appelé «Astérix» et qui ne contenait rien, ce bien un succès, la défaillance de A1 s’explique qui pour nous a été une grave blessure».16 Une par le fait que une ou plusieurs antennes ont été consolation cependant : suite à l’incident tech- 8 - octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace nique du A1, les militaires consentent à ce que Vème République (sous la direction de M. Vaïsse), pour le lancement suivant, prévu en février 1966, CNRS Editions, Paris, 2002, p. 20. ce soit le satellite scientifique du CNES (D1a) qui 6 VARNOTEAUX (Ph), L’aventure spatiale fran- prenne la place au sommet du lanceur au lieu du A2. çaise, de 1945 à la naissance d’Ariane, Nouveau Si la France est alors devenue la troisième Monde, 2015, p.157. puissance spatiale, elle vient avant tout de réali- 7 GOSSOT (H), « Le libre-accès à l’espace pour ser sa révolution balistique. Le message adressé la France et…l’Europe passe par Bordeaux », au monde en général, aux superpuissances en Empreintes du XXème siècle, n°22, Bordeaux, particulier est clair : en lieu et place du A1, un mis- décembre 1995, p.27. sile balistique dérivé de la technologie Diamant 8 GOSSOT (H), « Le libre-accès à l’espace pour est désormais capable d’emporter une bombe la France et…l’Europe passe par Bordeaux », atomique. Il faudra attendre le second lancement op.cit., p.29. Diamant A le 17 février 1966, pour voir la mise sur 9 Phénomène mettant en rapport la propulsion et orbite d’un satellite scientifique 100 % français les structures d’une fusée qui provoque des vi- (D1a «Diapason») qui marquera réellement l’en- brations, parfois jusqu’à la destruction de l’engin. trée de la France dans l’aventure spatiale.17 Le terme «pogo» vient de l’expression «pogo L’auteur tient à remercier Monsieur Roland stick», un jouet d’enfant formé d’une échasse Sanguinetti auprès de qui il a obtenu ces photos. montée sur un ressort. Nota : 10 Témoignage de Charles Cristofini, in Un Aqui- 1 Il est intéressant de souligner que si les autorités tain, artisan de la création de l’industrie balistique militaires rechignent à financer des projets de mis- et spatiale bordelaise, Mémoire de Bordeaux, siles balistiques, celles-ci n’en reconnaissent pas Documents 11, juin 1999. moins leur avenir, évoquant même de futures 11 Idem, p.30. «guerres cosmiques» avec des engins balistiques. 12 Pour en savoir plus sur les derniers moments Même en 1947 le secrétaire d’Etat à la Guerre af- précédant le tir, lire le témoignage de MOUREY firme que «la prochaine guerre sera une guerre (D), Souvenirs d’air et d’espace, Toulon, Presses d’engins autopropulsés», au cours de laquelle le du Midi, 2005, pp.251-264. missile balistique jouera un rôle incontournable (E. 13 Pour avoir davantage de détails sur la chro- D., “M. Coste-Floret réorganise l’armée de terre”, nologie de tir, voir le site Nos premières années in Le Monde, du 15 mai 1947). dans l’espace de Michel Taillade : 2 Propos tenu à l’auteur, lors d’un entretien le 13 http://nospremieresannees.fr/lanceurs/06_dia- janvier 1997 au CNES. mant/lafc_lancement/entrelancement.html 3 Lorsque la désignation des véhicules d’essais 14 GARRIC (Y), Michel Lefebvre, marin de l’espace, s’est faite à trois chiffres, la signification était la Loubatières, Portet-sur-Garonne, 2008, p.129. suivante : le premier indiquait le nombre d’étages 15 Rapporté notamment par Le Monde, 28-29 (1, 2, 3), le deuxième le type de propulsion (1-so- novembre 1965. lide, 2-liquide, 3-liquide et solide), le troisième le 16 Interview de Jean-Pierre Causse par David type de contrôle (0-aucun, 1-piloté). Redon, 19 mars 2003, réalisée dans le cadre des 4 VILLAIN (J), La Force de dissuasion française, sources orales de l’ESA. Interview disponible sur op.cit., pp.74-78. le site internet : http://www.eui.eu/HAEU/OralHis- 5 RASMUSSEN (A), «Les corps d’ingénieurs mili- tory/pdf/INT055.pdf taires et les débuts de la Délégation ministérielle 17 Précisons qu’un satellite scientifique (FR-1) a pour l’armement (1961-1968)», in Armement et été lancé le 6 décembre 1965 par les Etats-Unis,

octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 9 dans le cadre de la coopération franco-améri- caine. Conférences sur Diamant-A Les journées du patrimoine du 17 au 20 septem- Pierre Chiquet (ancien du CIEES, 1958/62, et bre à Saint-Médard-en-Jalles ont été consa- du Cnes, 1962/70). La conclusion de cet après- crées au thème “De la Poudrerie royale à midi sera réalisée par le président du CNES Ariane”. Une exposition était organisée par La Jean-Yves Le Gall et par un représentant des mémoire de Bordeaux Métropole et le bureau ré- hautes autorités de l'Etat. Par ailleurs, une ex- gional de la 3AF avec le concours d’Airbus DS, position a été installée dans le hall d’entrée du d’Hérakles et de la ville de Saint-Médard. Le 18 Cnes (photos sur la page de droite). septembre, une rencontre a eu lieu avec les au- teurs des Cahiers de la Mémoire n°10 “Le sec- A Toulouse, à la Cité de l’Espace, une table- teur balistique et spatial aquitain : maturité et ronde sur le thème “La France depuis 50 ans diversification (1970-2010)”. Enfin, le 19 septem- dans l’espace : histoire, bilans et perspectives” bre, Gérard Bréard, ancien d’EADS Astrium aura lieu le 26 novembre à 20 h 30. Les trois in- Aquitaine, a présenté la conférence “L’espace tervenants sont : fait-il toujours rêver ?”. -Retour sur 50 ans d’espace par Jacques Vil- lain, ancien président de l’IFHE, Académicien Les 3 et 4 novembre, l’Académie de l’Air et de de l’ANAE. l’Espace (AAE) a organisé une conférence sur -De Diamant à Ariane-6 par Philippe Couillard, les lanceurs l’Université Pierre et Marie Curie ancien d’EADS Space, président de l’AAE (Paris). -D’A-1 Astérix à Rosetta-Philae par des représen- La session 1, sur le cadre historique, comprenait tants du Cnes et de l’industrie spatiale. trois interventions : -premier lancement Diamant par Jacques Villain, Le 19 décembre, la commission Histoire de la e ancien président de l’IFHE, ancien de Safran. 3AF organise une conférence à la Mairie du 15 -De Diamant à Ariane-1 par Philippe Couillard, arrondissement de Paris. ancien directeur technique à EADS Space. “Il y a 50 ans Diamant & A-1 Astérix. La France e -Ariane et la conquête du marché des services 3e puissance spatiale, dès le 1 essai” de lancement par Frédéric d’Allest, ancien DG du -10 h : introduction, le contexte mondial par Phi- Cnes et ancien président d’Arianespace. lippe Jung -10 h 30 : La propulsion fusée française de REP Le Cercle d'Etudes Vernonnais (CEV) propose à Diamant par Jean-Jacques Serra e une conférence le 26 novembre sur le thème “50 -11 h 00 : La marche vers la SEREB par Philippe e anniversaire du lancement d’Astérix, 1 satellite Jung et Philippe Varnoteaux français” dans la salle Maubert de l'Espace Phi- -11 h 30 Le témoignage des pionniers par Hubert lippe Auguste, rue Riquier à Vernon à partir de Gossot 20h30. La conférence sera menée par Christian 14 h 00 : l’historique satellisation par Philippe Vanpouille, Jean-Jacques Serra et Philippe Var- Varnoteaux, Jean-Jacques Serra et Michel Tail- noteaux. Ils expliqueront comment la France de- lade (ancien du Cnes) e vient la 3 puissance spatiale grâce, notamment, 14 h 45 : A-1 par Georges Estibal (ancien de aux travaux du LRBA, aux fusées Véronique Matra) (programme civil) et Parca (programme militaire). 15 h 30 : Les satellites du Cnes : FR-1 et D-1 par Jean-Pierre Causse et Jean Kovalevsky. Le Cnes, pour sa part, organise une confé- 17 h 00 : conclusion par Philippe Jung rence, avec l’aide de la 3A Cnes et de l’IFHE, à la Salle de l’Espace l’après-midi du 26 novem- bre. Elle comprend une table-ronde avec Jean- Légende : Charles Poggi (ancien de la SEREB, 1959/67), En haut, à dr., compte-rendu de la réunion du 18- Pierre Quétard (ancien de Matra, 1955/72), 12-61, à g., protocole concernant l’étude et la Jean-Pierre Causse (ancien du Cnes, 1962/69, réalisation du lance satellite Diamant. En bas, de l’ELDO, 1969/72, de l’ESRO, 1972/74) et compte-rendu du vol du 26-11-65 (pages 35-36).

10 -octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace Exposition Diamant-A au Cnes

octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 11 50 ans du premier vol de Proton par Nicolas Pillet, IFHE Ivan SERBINE, le directeur du Département de 1. Les premiers projets spatiaux de TCHELOMEÏ l’industrie de Défense du Comité central, Jusqu’en 1960, la toute jeune industrie spatiale constate que le lancement du Kosmoplan ne sera soviétique est principalement constituée d’un pas possible avec les fusées disponibles à seul et unique bureau d’études : l’OKB-1, qui dé- l’époque (la R-7 et, éventuellement, le missile R- pend du Comité National des Techniques de Dé- 9), et propose de confier à TCHELOMEÏ le déve- fense (GKOT). Dirigé par le légendaire Sergueï loppement d’un lanceur de 600 à 700 tonnes [1]. KOROLIOV, il a développé le premier ICBM du Le 23 juin 1960, le Comité central ne publie pas monde, le R-7, et s’en est servi pour réaliser un plan spatial stratégique, mais deux. Le pre- toutes les grandes premières spatiales. mier (décret n°715-296) est le coup d’envoi du Mais depuis 1959, une autre organisation tente lanceur tristement célèbre N-1, qui devra emme- de se créer une place dans ner des équipages sur la sur- cette nouvelle opportunité face lunaire. Le principal que représente le pro- acteur de ce plan est l’OKB- gramme spatial. Il s’agit du 1 de KOROLIOV [1]. bureau d’études OKB-52, di- Le second (décret n°715- rigé par Vladimir TCHELO- 295) définit un nouveau volet MEÏ, qui dépend du Comité du programme spatial, et il National des Techniques Aé- constitue une validation offi- ronautiques (GKAT). cielle des projets de TCHE- L’OKB-52, spécialisé dans LOMEÏ. C’est le début d’une les missiles de croisière, a bipolarité historique dans les déjà proposé plusieurs pro- activités spatiales sovié- jets particulièrement ambi- tiques : KOROLIOV d’un tieux d’avions spatiaux. Par côté, TCHELOMEÏ de l’autre. ailleurs, en avril 1960, il ter- Le second plan autorise le mine les croquis d’une développement du Kosmo- gamme de lanceurs pouvant plan, et demande à l’OKB-52 placer de 4 à 85 tonnes sur de présenter avant la fin 1961 Vladimir Tchelomei (1914-1984) orbite basse, et dont les l’avant-projet du lanceur qui deuxième et troisième devra le transporter. On no- étages seront équipés de moteurs à hydrogène- tera que le document demande d’étudier la pro- oxygène liquides d’Arkhip LIOULKA [2]. duction industrielle d’hydrogène liquide, pour les En juin 1960, alors que Youri GAGARINE com- moteurs de LIOULKA [1]. mence à peine son entraînement pour ce qui de- viendra l’un des événements les plus marquants 2. Définition du futur lanceur de l’Histoire soviétique, le Comité central du Parti Ce décret du 23 juin 1960 donne aussi l’autori- communiste (CC PCUS) prépare un plan straté- sation à TCHELOMEÏ de commencer la gique des activités spatiales à court et moyen construction de la « fusée universelle de 200 termes. tonnes », appelée UR-200 [3]. Dès le 10 juin 1960, plusieurs membres du Co- L’UR-200 utilise des moteurs RD-0202 (premier mité central proposent d’inclure dans ce plan le étage) et RD-0205 (second étage) fournis par financement des projets spatiaux avant-gardistes l’OKB-154 de Semion KOSBERG. Ils utilisent de TCHELOMEÏ, ce qui inclut la réalisation d’un tous les deux le couple acide nitrique/UDMH. «Kosmoplan» de 25 tonnes pour explorer la Quatre mois plus tard, le 3 octobre 1960, le Co- Lune, Mars et Vénus [1]. mité central place l’OKB-23 de Vladimir MIAS- Moins d’une semaine plus tard, le 16 juin 1960, SICHTCHEV sous la direction de TCHELOMEÏ 12 - octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace (décret n°1057-434), afin de lui qui est retenue. donner les ressources nécessaires Le Comité central approuve défini- à la réalisation des projets qu’on tivement le projet du nouveau lan- vient de lui confier [4]. ceur lourd de TCHELOMEÏ, qu’on Le projet de lanceur lourd est jus- appelle maintenant UR-500, les 16 tement confié à cette nouvelle fi- et 29 avril 1962, via les décret liale, et il est placé sous la direction n°346-160 et 409-183. Ces docu- de l’un de ses ingénieurs, Pavel ments demandent à l’OKB-52 de IVENSEN. En 1960, ce qui est en- réaliser le premier vol avant le qua- visagé est de construire le lanceur trième trimestre 1963 [8]. lourd à partir de quatre missiles L’avant-projet de l’UR-500 est ter- UR-200 attachés en fagot, ce qui miné en mai 1962. Il prévoit d’utili- constituerait un lanceur à quatre ser pour le premier étage quatre corps de deux étages chacun. Un moteurs RD-253 de GLOUCHKO troisième étage serait ajouté sur le et quatre moteurs RD-0203 de tout, et serait équipé du même mo- Arkhip Lioulka KOSBERG [7]. Plus tard, les mo- teur RD-0205 que les quatre teurs de KOSBERG seront élimi- deuxièmes étages. Les précédents nés, et le premier étage projets de lanceur à hydrogène comportera six RD-253. KOS- sont donc abandonnés. BERG fournira en revanche trois Toutefois, cette architecture n’est pas RD-0208 et un RD-0209 pour le jugée optimale, et elle est à son tour deuxième étage. Ils fonctionnent rapidement abandonnée. Courant également avec le couple 1961, l’OKB-52 décide de revenir à N2O4/UDMH et délivrent une une configuration classique à deux poussée de 58 tonnes. En fait, le étages. Deux solutions sont envisa- deuxième étage de l’UR-500 est gées pour le premier étage [3] : une copie du premier étage de - La version «monobloc», pour la- l’UR-200. quelle les deux réservoirs (N2O4 et Grâce à son système de stabilisa- UDMH) sont superposés, Pavel Ivensen tion SKT, fourni par le bureau - La version «polybloc», pour d’études de Nikolaï PILIOU- laquelle le réservoir de N2O4 GUINE, l’UR-500 sera la pre- est divisé en plusieurs blocs mière fusée soviétique capable entourant le réservoir d’UDMH. de se tourner d’elle-même sur En novembre 1961, une équipe l’azimuth souhaité, et qui n’aura de l’OKB-52 se rend à l’OKB- donc pas besoin d’un pas de tir 456 du motoriste GLOUCHKO rotatif [17]. et examine le moteur RD-253 Par ailleurs, à un certain mo- qui équipera le lanceur super- ment de l’année 1962, Youri lourd N-1 de KOROLIOV [5]. TROUFANOV remplace IVEN- Après discussion, les deux bu- SEN à la tête du projet [7]. reaux d’études s’accordent : ce Avec six exemplaires par vol, le moteur sera adapté pour le RD-253 de l’OKB-456 devra futur lanceur de TCHELOMEÏ. être produit en grande quantité. Le RD-253 aura une poussée Dès le 3 juillet 1962, le Conseil d’environ 150 tonnes, fonction- des Ministres décide d’affecter nera avec le couple la production en série du mo- N2O4/UDMH, et sera le pre- teur à l’usine de Perm (ordon- mier moteur soviétique à com- nance n°2190ss). Les bustion étagée [6]. ressources qu’elle devra dé- En janvier 1962, c’est la version Le missile UR-200 (8K81) en vol ployer sont telles que la pro- «polybloc» du premier étage duction du moteur RD-214 pour octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 13 le missile R-12, celui de la crise de Vladimir BARMINE, qui avait de Cuba, doit être divisée par déjà construit le pas de tir de la trois [20]. R-7 [9]. Pour transporter le futur lanceur 3. Les essais au sol à l’horizontale et le redresser sur Le 24 septembre 1962, le décret son pas de tir, les ingénieurs de n°1022 demande au centre d’ex- Spetsmach prévoyaient, à l’ori- périmentations NII-229 de Pe- gine, de réaliser un transporteur- resviett, près de Moscou, de redresseur semblable à celui de procéder aux essais des deux la R-7. Etant donné les dimen- étages de l’UR-500 sur son banc sions de l’UR-500, ils ont toute- d’essai n°2 [11]. fois décidé de séparer les deux Plus facile à dire qu’à faire. Pre- fonctions : un transporteur assu- mièrement, le NII-229 est en rera le roulage du lanceur depuis pleine réalisation des essais du le bâtiment d’assemblage lanceur lunaire N-1 de KORO- jusqu’au pas de tir, où un sys- LIOV. Pour pouvoir mener à bien tème de redressement sortira du les essais de l’UR-500 en paral- sol [9]. lèle, il faut construire un En décembre 1962, la décision deuxième bâtiment d’assem- n°1205 de la VPK attribue le dé- blage [11]. veloppement des sous-systèmes De plus, le banc d’essai n°2 de complexe de lancement à une n’avait servi jusqu’alors qu’aux douzaine d’entreprises [9]. essais des étages de la R-7 et du De g. à dr., l’UR-200, l’UR-500 A Baïkonour, la construction des R-9, qui fonctionnent à l’oxygène et le paquet de 4 x UR-200 installations commence au prin- liquide et au kérosène. Pour les temps 1963. Elle est menée à e étages de l’UR-500 à bien par la 504 Direction des l’UDMH/N2O4, il va falloir réali- Travaux (UNR) sous la respon- ser des modifications qui dure- sabilité du colonel Youri LO- ront de janvier à décembre 1963 BOUCHKINE [13]. [11]. Le 3 novembre 1963, le missile Avant de réaliser les essais des UR-200 réalise son premier vol étages complets, il faut d’abord avec succès. tester les moteurs. En novembre Le 13 mars 1964, l’ordre 1962, l’OKB-456 réalise le pre- n°314688 du Commandement mier allumage sur banc d’essai des Forces de Missiles Straté- du moteur RD-253 [19]. giques (RVSN) créé l’unité 93764 qui sera en charge 4. Baïkonour se prépare de l’exploitation de l’UR-500 à Au cosmodrome de Baïkonour, Baïkonour. Le colonel Ivan une nouvelle aile avait été créée PROUGLO prend le commande- pour le missile UR-200, à plu- Le moteur RD-253 de Glouchko ment de cette unité le 7 avril sieurs kilomètres des deux autres 1964 [10]. C’est un ancien offi- zones, celles de la R-7 de KORO- cier d’artillerie qui avait notam- LIOV et de la R-16 de YANGUEL. C’est ici que ment participé à l’invasion anglo-soviétique de seront construites les installations de l’UR-500 : le l’Iran pendant la Deuxième Guerre mondiale pas de tir sera dans la zone 81, les bâtiments d’as- (opération Countenance). L’unité 93764 fait par- semblage et de préparation dans la zone 92, et le tie de la 4ème Direction des Essais (unité personnel sera logé dans la zone 95. 26360), commandée par le major-général Viktor Le décret d’avril 1962 qui autorisait le dévelop- MENCHIKOV [18]. pement de l’UR-500 confiait la conception et la Du côté des industriels, tous les éléments du construction du pas de tir au GSKB Spetsmach futur pas de tir sont achevés en 1964, et ils com- 14 - octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace mencent alors à être installés à pression sur les équipes en charge Baïkonour, dans la nouvelle zone de son développement est très im- n°81 [9]. portante et, quand le premier Un modèle d’essai de l’UR-500 ar- exemplaire bon de vol est convoyé rive à Baïkonour le 24 juillet 1964 à Baïkonour en mars 1965 [12], les pour permettre aux techniciens de essais au sol de ses étages n’ont l’unité 93764 de tester le segment même pas encore débuté ! sol. Il est transféré du bâtiment Ceux-ci sont réalisés le 25 mars d’assemblage vers le pas de tir à 1965 pour le deuxième étage, et le six reprises [12]. 21 avril 1965 pour le premier Moins de deux semaines plus tard, étage. Ils ont lieu au NII-229 sous le 3 août 1964, le Comité central la supervision de Vladimir IEVLEV publie le décret (n°655-268) qui et se déroulent sans incident autorise l’OKB-52 à commencer le Colonel Ivan Prouglo même si, par sécurité, seuls trois développement du vaisseau de des six moteurs RD-253 du pre- survol lunaire LK-1. L’UR-500 a mier étage sont allumés [11]. donc maintenant quelque chose à Le 5 juillet 1965, à Baïkonour, lancer [8]. l’UR-500 est transféré sur son pas A Baïkonour, l’UR-500 factice est de tir, pour un lancement prévu le montré à Nikita KHROUCHT- 16 juillet [12]. CHEV, lors de sa visite du 24 sep- Ce jour là, la Commission d’Etat di- tembre 1964. A son retour à rigée par le major-général Alek- Moscou, le Premier secrétaire du sandre ZAKHAROV, qui vient de Parti communiste décide d’aban- quitter son poste de commandant donner le missile UR-200, que du cosmodrome (le 12 mars) pour TCHELOMEÏ envisageait de devenir assistant du commandant convertir en lanceur léger. Aucune des RVSN pour les écoles, auto- décision n’est prise à ce stade rise le remplissage en N2O4 du concernant l’UR-500 mais, à lanceur [12]. l’OKB-52, l’inquiétude monte. Vladimir Ievlev Le remplissage se passe bien pen- KHROUCHTCHEV n’aura toute- dant cent-vingt secondes, puis une fois pas le temps de se pencher alarme apparaît dans le bunker de sur ce dossier. Moins d’un mois commande, indiquant un blocage après sa visite à Baïkonour, il est des liaisons bord-sol. Après ana- remplacé par Leonid BREZHNEV lyse, il s’avère que le métal de l’un à la tête du Parti. Le nouveau Pre- des raccords du système de rem- mier Secrétaire est très timoré plissage s’est déformé [12]. concernant l’OKB-52, et lance un Cinq techniciens enfilent des te- audit approfondi sur ses activités. nues de protection étanches et L’audit en question est dirigé par partent inspecter le lanceur. Ils re- Mstislav KELDYCH, le Président viennent dans le bunker vingt-cinq de l’Académie des Sciences, qui minutes plus tard et indiquent que conclut que l’UR-500 est beaucoup ni les moteurs, ni les raccords du trop gros pour servir de missile ba- système de remplissage ne sont listique mais que, doté d’un troi- endommagés. TCHELOMEÏ, sième étage, il ferait un excellent Alexandre Zakharov GLOUCHKO et ZAKHAROV vont lanceur spatial [16]. eux-mêmes inspecter le lanceur, avec une équipe de techniciens. Il 5. La première campagne de lancement Proton s’avère que les isolants des câbles de deux des Maintenant que l’UR-500 est sauvé de la menace six moteurs RD-253 ont été endommagés par d’annulation, l’OKB-52 doit concentrer ses efforts des gouttes d’ergols lors des deux minutes qu’a pour le faire voler le plus rapidement possible. La duré le remplissage. Sur décision de octobres 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 15 GLOUCHKO, deux trappes sont fer- mées, ce qui permet de protéger les câ- bles, et ainsi de reprendre le remplissage [12]. Celui-ci se déroule cette fois sans inci- dent. Mais à H0-30’, une alarme in- forme l’équipe de lancement que l’un des capteurs du système de régulation de vitesse ne fonctionne plus. Deux in- génieurs de l’unité 93764, le major TI- TARENKO et le lieutenant-chef ZAGREBINE, enfilent de nouveau les tenues de protection, montent sur la tour de service, dévissent les quarante- six boulons pour ouvrir la trappe sui donne accès aux instruments de bord, démontent le capteur défaillant et le ra- mènent au bunker. Après réparation, ils vont le remettre en place. La chronolo- gie reprend mais, à H0-30’, la même alarme réapparaît, et TITARENKO et ZAGREBINE doivent réitérer leur expé- dition de remplacement du capteur [12]. Cette fois, rien ne vient plus interrom- pre la séquence de lancement. Le pre- mier lanceur UR-500 décolle ce 16 juillet 1965 à 11h16 GMT. Les six mo- teurs de GLOUCHKO fonctionnent cor- Discours de Zakharov le 16 juillet 1965. Derrière lui rectement, ainsi que les quatre de g. à dr., M.I.Droujinine, A.N.Livchits, V.N.Bou- moteurs RD-0208/0209 de KOSBERG. gaïsky, You.N.Troufanov, ? , A.M.Voïtenko, A.P.Doli- La charge utile, un gros satellite scien- nine, ? , V.N.Tchelomei. tifique appelé N-4, mais baptisé «Pro- ton» pour l’affichage au public, est sième acteur marquera profondément le pro- placé avec succès sur une orbite basse (190km gramme soviétique pour les décennies à venir. x 627km x 63,5°). Sur le plan international, d’autre part, ce vol inaugural A l’origine, l’OKB-52 avait prévu de donner le constitue une réponse au lanceur américain Titan- nom Gerkules («Hercules») à l’UR-500. Dans les IIIC, capable de satelliser 13,3 tonnes, et qui a fait années 1980, un modèle d’essai du lanceur Pro- son premier vol un mois plus tôt, le 18 juin 1965. ton a d’ailleurs été photographié à Baïkonour Last but not least, le succès du 16 juillet 1965 avec ce nom peint sur son deuxième étage. Mais, marque un grand pas en avant dans le contexte dans la tradition soviétique de l’époque, c’est fi- de la course à la Lune entre Américains et Sovié- nalement avec le nom du satellite, à savoir «Pro- tiques. A ce moment, en effet, la principale raison ton», que l’UR-500 sera présenté au public. d’être de l’UR-500 est d’envoyer le vaisseau LK- 1 de l’OKB-52 sur une trajectoire de survol lu- 6. Epilogue naire, et la réussite de son premier vol ouvre La réussite du vol inaugural de l’UR-500 est d’une donc la voie à ce projet. importance capitale pour le programme spatial Le 14 août 1965, moins d’un mois après que Pro- soviétique, et ce pour au moins trois raisons. ton ait décollé de Baïkonour, KOROLIOV écrit Tout d’abord, il marque l’entrée en scène de une lettre à BREZHNEV pour lui demander TCHELOMEÏ, qui rejoint KOROLIOV et YAN- d’abandonner ce lanceur, ainsi que son vaisseau GUEL dans le petit monde du spatial. Ce troi- LK-1. Bien qu’il décide finalement de ne pas en- 16 - octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace Ce cliché, pris dans lers années 80, montre un modèle d’essai de Proton portant l’inscription “Gerkules” qui devait initialement être son nom de baptème. voyer son courrier, le programme lunaire sovié- [7] AFANASSIEV, I., 35 лет РН «Протон», No- tique est réorganisé en profondeur dès le 25 oc- vosti Kosmonavtiki n°1/2-1998 tobre 1965. [8] BATOURINE, Y., Советская космическая Constatant que Proton a réalisé son premier vol инициатива в государственных документах, avec succès, et que la N-1 de KOROLIOV prend 2008 du retard, le Comité central simplifie les projets [9] Технологические обьекты наземной ин- lunaires en associant les programmes des deux фраструктуры ракетно-космической тех- constructeurs, et décide que le vaisseau de KO- ники, Tome 1, 2005 ROLIOV sera lancé par le Proton de TCHELO- [10] Le site internet des vétérans de l’unité 93764 MEÏ [14]. [http://chast-93764.narod.ru] On laissera la conclusion au général Nikolaï KA- [11] MAKAROV, A.A., Наземные испытания ра- MANINE, patron des cosmonautes soviétiques кетно-космической техники, 2001 qui, au lendemain du deuxième vol (réussi) de [12] PERMINOV, A.N., Байконур – 50, История Proton, écrira dans son journal [15] : космодрома в воспоминаниях ветеранов, «Les Américains ne peuvent pas encore lancer 2005, pp. 415-417 de satellites aussi lourds et, nous, nous les lan- [13] Ouvrage collectif, Главный строитель Бай- çons presque vides car nous n’avons pas de конура, 2004, p. 161 vaisseau d’une telle masse. C’est une nouvelle [14] Pour une description détaillée de l’histoire du démonstration de notre mauvaise planification : LK-1, voir : PILLET, N., Histoire du LK-1 nous avons fait une fusée capable de placer 12 [http://www.kosmonavtika.com/vaisseaux/lk1/hist tonnes sur orbite, mais nous avons oublié de pré- /hist.html] parer un vaisseau pour cette fusée». [15] KAMANINE, N., Скрытный космос, Tome 2, article du 3 novembre 1965 Notes et bibliographie [16] PETRAKOV, V., AFANASSIEV, I., Страсти [1] Советский космос, 2011 по «Протону», Aviatsia i Kosmonavtika n°04- [2] POLIATCHENKO, V.A., На море и в кос- 1993 мосе, 2008 [17] MEZHIRITSKI, E., Труды ФГУП «НПЦАП», [3] 60 лет самоотверженного труда во имя 2013 мира, 2004 [18] BARANOV, L., Космодром Байконур – 50 [4] SIDDIQI, A., Sputnik and the Soviet Space космических лет, 2005 Challenge, 2000 [19] KATORGUINE, B., Путь в ракетной тех- [5] Plus tard, l’OKB-1 abandonnera le moteur de нике, 2004 l’OKB-456, et lui préfèrera le NK-15 de KOUZ- [20] SILINE, T., «Протон-ПМ» на земле и в NIETSOV. космосе, 2008. Le premier lanceur équipé de [6] KATCHOUR, P.I., GLOUCHKO, A.V., Вален- moteurs RD-253 produits en série à Perm ne dé- тин Глушко, 2008 collera que le 8 avril 1967. octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 17 20 ans du satellite Hélios-1A par Christian Lardier, IFHE Le 7 juillet 1995, à 16 h 23 min 34 sec Thomson-CSF/Detexis sera installée sur TU, le premier satellite militaire français Hélios-1B1). Les images sont retrans- d’imagerie optique Hélios-1A est lancé mises au-dessus des stations de récep- par une fusée Ariane-40 (vol V75) de tion avec débit de 50 Mbps. La Kourou sur une orbite hé- télémesure image est en liosynchrone. Il a été opé- bande X chiffrée, tandis rationnel pendant 16 que la TTC est en bande S années, jusqu’en janvier chiffrée. Le contrôle d’atti- 2012. Puis il a été placé tude comprend deux gyro- sur une orbite plus basse scopes, les senseurs pour se désintégrer ulté- stellaires (montés à proxi- rieurement dans l’atmo- mité de la caméra pour lo- sphère. Durant les calisation), les roues à opérations menées en Af- réaction, les magnéto-cou- ghanistan et plus récem- pleurs et les moteurs à hy- ment encore lors de drazine. l’intervention en Libye, ce Les premières études sur satellite a été utilisé dans ce type de satellite datent des domaines très larges de la première loi de pro- et diversifiés (renseigne- grammation militaire 1961- ment, connaissance des 1964. Le projet VSOP zones d’opérations, acqui- (véhicule spatial d’obser- sition de cartographie élec- vation photographique) Le satellite Hélios-1A tronique, etc). d’environ 500 kg est étudié Développé par Airbus par le LRBA. Pour le lan- DS/Toulouse (plate-forme cer, il fallait une fusée plus et instrument de moyenne puissante que Diamant-A : résolution, champ large) et c’est le Diamant-Hydro- Thales Alenia gène (ou Diogène). Mais le Space/Cannes (instrument programme VSOP est à haute résolution, champ abandonné en 1967, faute étroit), c’est une engin de de lanceur. Une veille 2,5 t doté d’un grand pan- technologique est assurée neau solaire fournissant de 1973 à 1976, puis le une puissance de 2,1 kW. projet SAMRO (Satellite La durée de vie garantie Militaire de Reconnais- est de 5 ans. Les caméras sance Optique) est étudié utilisent des optiques de de novembre 1977 à juillet Reosc, un plan focal de 1982. Le concept évolue Sodern et des capteurs alors en synergie avec CCD de Thomson/Saint- Spot-4 et le projet redé- Egrève. La visée hors marre sous le nom d’Hé- trace est obtenue par bas- Le lancement V75 du 7-7-1995 lios en septembre 1985. culement du satellite sur le La décision est prise par roulis. Le satellite possède deux enregis- Paul Quilès le 5 février 1986. Le pro- treurs magnétiques de Schlumberger/En- gramme est rejoint par l’Italie le 27 sep- ertec (une mémoire de masse de tembre 1987 puis par l’Espagne le 9

18 - octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace novembre 1988. Leur part de financement (CPHF, unité 10.348), Centre principal Hé- (respectivement 14 % et 7 %) leur donne lios près de Rome (CPHI) et de Madrid un droit d’utilisation des images. En 1987, (CPHE à Torrejon), Stations de réception le ministère de la Défense confie le déve- à Lecce en Italie (CRII) et Maspalomas en loppement de la com- Espagne (CRIE). En posante spatiale au 1989, la décision est Cnes. La réalisation prise par le ministre de est placée sous une la Défense : l’objectif triple tutelle EMA- est de transférer l’acti- DGA-Cnes. La maîtrise vité de la base aé- d’œuvre industrielle rienne 272 de pour le satellite et la Saint-Cyr-l’école à la composante sol a été base aérienne 110 de confiée à Matra Mar- Creil et de créer un coni Space (MMS) en pôle interarmées de juin 1989. Le lance- renseignement com- ment est alors prévu portant, entre autre, du en 1994 et un second renseignement d’ori- satellite doit être prêt gine spatial et électro- dès fin 1995. magnétique. Au Cnes, le projet a été La guerre du Golfe en dirigé par Louis Dul- 1991 sensibilisera le herm, Marc Pircher, Mi- ministre Pierre Joxe à chel Dorrer, etc. A la l’espace. Il décide DGA, il a été dirigé par alors la création de la Daniel Pichoud, Patrice DRM le 16 juin 1992 Latron, Philippe Lughe- Rapport d’étude du LRBA du 22-10-64 : (Jean Heinrich) et du rini, Joël Barre en “Satellite de reconnaissance optique” bureau Espace à l’EMA e 1991/95, Philippe Ben- le 1 août 1992 (Géné- sussan en 1995/98, Christian de Ville- ral air Jean-Pierre Job). Le 1e juillet 1992, magne en 1998/2000, Michel Sayegh, etc. c’est la création du Centre militaire d’ob- A l’EMA, les officiers de programme ont été servation par satellites (CMOS, unité Didier de la Simone en 1986/89, François- 01.348). Il est dirigé par le Général de bri- Xavier Bouchard en 1989/91, Bernard Mo- gade aérienne Daniel Derieux (comman- lard en 1991/95, Henri Schlinger en dant de la base 110 et 1e commandant du 1995/1997, Yves Blin en 1997/2001, Bruno CMOS). Puis le Centre de Formation In- Delarre en 2001/2003, Inaki Garcia-Bro- terarmées d’Interprétation de l’Imagerie tons en 2003/2008, Christophe Morand, (CF3I) est mis en place (CFIII 24/664). En etc. En septembre 1990, une équipe de 1993, le Cnes est intégré dans la boucle marque, interarmées et internationale, a (accord Joxe-Curien). En avril 1993, un été confiée au lieutenant-colonel Chantal memorandum d’entente (MoU) est signé Capelli. entre la France, l’Italie et l’Espagne. La composante sol est confiée à Matra Nota : Cap Systèmes (MCS). A l’EMA, le colonel 1 lancé le 3 décembre 1999, il est tombé Pierre Lorenzi2 est nommé officier de pro- en panne (système d’alimentation) le 21 gramme composante sol utilisateurs octobre 2004 (six semaines avant son 5e (CSU) et Chef de la division Espace de anniversaire). Il a été retiré de son orbite. l’armée de l’air en 1986/89. Les centres 2 dirige la base de Solenzara en 1990/91, sont choisis en juin 1988 : Centre de puis devient chef de la section Espace de maintien à poste (CMP) de Toulouse, Sta- l’EMA en 1991/92, adjoint du bureau Es- tion de Colmar (CRIF, unité 11.348), Cen- pace en 1992/93, conseiller militaire du tre principal Hélios Français à Creil président du Cnes en 1993/2009. octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 19 30 ans du lanceur Zenit-2 par Christian Lardier, IFHE Au début des années 70, la NPO Youjnoe, gorsk. Il faut attendre le 1e décembre 1984 dirigée par V.F.Outkine, étudie une famille pour une mise à feu réussie sur le banc re- de lanceurs léger (jusqu’à 3 t), moyen construit. Le retard du développement oblige (jusqu’à 12 t), lourd (jusqu’à 30 t) et su- le ministère de la Défense à lancer ses sa- perlourd (100-120 t). La première étape tellites d’écoute électronique Tselina-2 avec concerne le lanceur moyen 11K77 à er- une Proton (Cosmos-1603 le 29 septembre gols non toxiques (LOX-kérosène). Le 16 1984 et Cosmos-1656 le 30 mai 1985). mars 1976, le décret n°1983-70 le retient A Baïkonour, les travaux sont coordonnés comme un lanceur à deux par le conseil interdéparte- étages dont le premier mental (MVKS) dirigé par le étage sert de booster à la ministre adjoint G.R.Oudarov super-fusée Energya (qua- et la 4e direction du MOM di- tre boosters 11S25 autour rigée par You.A.Fomine : le du corps central). Le projet MIK est terminé en 1983 et e est adopté par le ministre la 1 plate-forme en 1984 de la Défense D.F.Oustinov (objet 779). le 18 mars 1977. La première fusée arrive à La masse au décollage doit Baïkonour en janvier 1985. être de 450 t et le moteur du La commission d’Etat est di- premier étage doit avoir une rigée par le général poussée au sol de 600 t G.S.Titov, cosmonaute n°2, (NPO EnergoMach). Le 2e qui est alors premier adjoint étage doit utiliser un moteur Lancement de Zenit de Baïkonour des Forces spatiales (TsU- du KBXA et de l’usine de Vo- KOS). Les adjoints sont ronej. Le système de guidage, doté d’un V.F.Outkine (Youjnoe), You.A.Joukov (di- ordinateur de bord Biser-2, est développé recteur du cosmodrome), V.S.Patrouchev par le NIIAP de Piliougine. Deux plates- (chef de la 2e direction du cosmodrome). formes de lancement 11P877, entièrement Les constructeurs sont V.F.Outkine et automatisées, sont construites par KBTM V.G.Komanov (Youjnoe), V.N.Soloviev à Baïkonour (zone n°45). Le moteur du 1e (KBTM), V.L.Lapygine et You.V.Trounov étage est le RD-171/11D520 à quatre (NIIAP), V.P.Radovsky (EnergoMach). Le chambres de combustion de 740 t de premier tir est d’abord fixé au 12 avril poussée au sol (version RD-170/11D521 1985. Il est dirigé par V.A.Nedobejkine sur Energya). Il est produit en série par (cosmodrome) et V.V.Gratchev (Youjnoe). l’usine de Omsk. Le moteur du 2e étage Mais des problèmes provoquent un pre- est finalement développé par Energo- mier report de 2 h, puis un autre de 24 h. Mach : c’est le RD-120/11D123 de 85 t de Finalement, la fusée n°1 décolle le 13 poussée dans le vide. Il est produit en avril. Un défaut du régulateur de débit du e série par l’usine YoujMach de Dnieprope- combustible du 2 étage empêche la sa- trovsk. Il est piloté par quatre moteurs de tellisation d’une maquette 03.0694 de roulis 11D513 développés par Youjnoe. Tselina-2 (3,2 t) sur une orbite circulaire Le 11 octobre 1980, un ordre du MOM dé- à 71°. Le second tir du 21 juin se termine marre le développement du démonstrateur également par un échec à la suite d’un mono-chambre MD-185. Le 9 juin 1981, écart de fonctionnement des moteurs de e c’est la première mise à feu réussie du RD- roulis du 2 étage. La première mise en e 170. En septembre, le RD-171 n°18 est orbite intervient lors du 3 tir du 22 octo- testé avec succès. Mais le 26 juin 1982, un bre 1985 : la maquette devient Cosmos- e e 1 étage de Zenit avec son moteur explose 1697. Le 28 décembre 1985, le 4 tir se sur le banc d’essai du NII KhimMach de Za- solde par un échec partiel car la coiffe ne

20 - octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace s’est pas séparée : la maquette devient forme, les deux tirs suivants (n°16 et 17) e Cosmos-1714. Le 8 tir du 18 mars 1987 du 30 août 1991 et du 5 février 1992 sont permet de mettre en orbite la dernière ma- aussi des échecs. Il faut attendre le vol quette qui devient Cosmos-1833. Alors que n°18 du 17 novembre 1992 pour qu’un Tse- le président Mikhail Gorbatchev visite Baï- lina-2 puisse être à nouveau satellisé konour le 13 mai 1987, il assiste au lance- (Cosmos-2219). ment d’un Tselina-2 (Cosmos-1844) par la Le décret du 27 janvier 1985 et la décision Zenit-2 n°9. Deux jours plus tard, c’est le VPK du 22 décembre 1986 démarrait le déve- lancement historique de la première fusée loppement d’un nouveau vaisseau habité Energya avec quatre boosters dérivés de la lance par Zenit-2 : c’est la capsule réutilisable Zenit-2. Un an plus tard, le 15 mai 1988, la Zarya (14F70) de NPO Energya. Mais le pro- Zenit-2 n°12 lance un jet est abandonné en jan- Tselina-2 (Cosmos- vier 1989. De meme, la 1943). Le 15 novembre fusée Energya et la na- 1988, c’est le vol histo- vette Bourane sont aban- rique d’Energya-Bourane données en 1991. avec quatre boosters dé- A cette époque, l’URSS rivés de la Zenit-2. Enfin, connaît une importante le 23 novembre, la Zenit- crise économique qui va 2 n°13 lance un Tselina- provoquer sa transfor- 2 (Cosmos-1980). Le mation en Russie. L’ex- décret n°1397-280 du 1e portation de la Zenit-2 décembre 1988 déclare est envisagée en Austra- le lanceur opérationnel. lie début mars 1990 pour e e Le 5 tir porte sur un un 1 vol en 1995. Mais nouveau type de mis- le projet ne se fera pas. Le Sea Launch à Long Beach sion : il s’agit de placer En mars 1994, Boeing, 10,4 t sur une orbite Youjnoe et Youjmach basse inclinée à 65°. La fusée décolle le (Zenit), Energya (Block-D) et l’armateur 30 juillet 1986 avec la maquette 03.0695 norvégien Kvaerner (plate-forme maritime qui devient Cosmos-1767 (il rentre dans Odyssey) signent un protocole d’accord l’atmosphère après 16 jours). L’opération pour la création de la société Sea Launch est rééditée le 14 février 1987 avec la qui est créée officiellement en mai 1995 Zenit-2 n°7 : la maquette devient Cosmos- aux îles Caïmans. Le Zenit-3SL peut satel- 1820 (il rentre dans l’atmosphère après 20 liser jusqu’à 5,9 t sur orbite de transfert jours). Le 1e août 1988, la Zenit-2 n°10 géostationnaire (GTO). Mais après 36 lan- lance Cosmos-1871 (9,6 t) sur 97° (il ren- cements de 1999 à 2014 (trois échecs en tre dans l’atmosphère après 10 jours). Le 2000, 2007 et 2013), la société depose le 28 août 1987, la Zenit-2 n°11 lance Cos- bilan (Chapitre 11) en 2009 et elle est ra- mos-1873 (11,0 t)sur 65° (il rentre dans l’at- chetée par Energya en 2010. Mais au- mosphère après 16 jours). jourd’hui, l’opérateur n’a plus de clients et Le vol n°6 du 22 octobre 1986 est différent : cherche à vendre le système de lancement. il place un satellite de calibration radar Taï- La version Zenit-3SLB (Land Launch), lancée fun-1B (Cosmos-1786) de 750 kg sur une de Baïkonour, totalise six tirs en 2008/2013. La orbite 190 x 2589 km inclinée à 65°. version Zenit-2M Et la version Zenit-3F (avec e La 2 plate-forme de tir est achevée début l’étage Fregat) a permis de lancer Elektro-L1 en 1990. Le premier tir (n°14) du 22 mai place 2011, Spectre-R en 2011, Phobos-Grunt en un satellite Tselina-2 (Cosmos-2082) sur 2011, puis servira pour Elektro-L2 le 11-12- une orbite circulaire à 71°. Mais le second 2015, Lybid en 2016, Spectre-RG en 2017. Mais tir (n°15) du 4 octobre se solde par une ex- au-delà, le divorce entre la Russie et plosion au décollage et la destruction de la l’Ukraine mettra un terme à l’utilisation plate-forme. De retour sur la 1e plate- de Zenit depuis Baïkonour. octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 21 50 ans du ministère des machines générales (MOM) par Christian Lardier, IFHE Le 2/3/65, le Ministère des machines générales (MOM) est gée par K.A.Kerimov en 1965/74, V.D.Vatchnadze en créé pour l’industrie des fusées et satellites civils et mili- 1974/77, You.N.Koptev en 1977/88, puis V.D.Ostroumov e taires. Il est formé à partie de la 7 direction principale en 1989/91. Les adjoints sont A.I.Bazarnyi, You.G.Milov, (glavka) du Ministère de l’industrie de défense (MOP). You.L.Kouznetsov, etc. e Par le passé, le vocable de “machines générales” avait déà La 4 glavka, en charge de l’instructure terrestre (cosmo- utilisé à deux reprises : du 5/2/39 au 26/11/41, il s’occupe dromes), a été dirigée par P.P.Kotcherov en 1965/67, d’armement et devient le ministère des mortiers en 1941/46 V.F.Matiachine, A.M.Mokine, You.A.Fomine. e qui produit en série les fameuses Katiouchas (orgues de La 5 glavka, qui s’occupe des systèmes de guidage, a été Staline), d’avril 1955 à juin 1957, il s’occupe à nouveau dirigée par A.P.Zoubov pendant 25 ans. e d’armement et notamment de fusées à ergols solides. La 6 glavka, qui s’occupe des gyroscopes, a été dirigée Le MOM est successi- par B.V.Balmont en vement dirigé par les 1965/72, V.A.Frolov, ministres S.A.Afana- V.V.Bezroutchenkov. e seiev (1918-2001) en La 7 glavka, en charge 1965/83, O.D.Baklanov de la maintenance des (1932) en 1983/88, ICBM, a été dirigée par V.Kh.Dogoujiev (1935) A.S.Matrenine, en 1988/89, O.N.Chich- A.V.Oussenkov, kine (1934) en 1989/91. V.A.Chouliakovsky. e Les premiers adjoints La 8 glavka, responsa- sont G.A.Tiouline en ble de la R&D et de la 1965/76, B.V.Balmont planification, a été diri- en 1976/80, O.D.Bakla- gée par K.P.Koloben- nov en 1981/83, kov, B.V.Balmont en V.N.Konovalov en 1972, A.K.Vanitsky en 1983/87, V.Kh.Dogou- 1974, I.P.Roumiantsev jiev en 1987/88, en 1976, A.I.Dounaiev O.N.Chichkine en en 1982, V.F.Gribanov. e 1988/89 et R.R.Kiriou- Le MOM, place Miousskaya à Moscou La 9 glavka, responsa- chine en 1989/91. ble de la maintenance Les adjoints sont des SLBM, a été diri- N.D.Khokhlov en 1965/83, A.S.Matrenine en 1984/91 gée par S.S.Vanine, puis V.I.Mikerine. e (ICBM et lanceurs), G.M.Tabakov en 1965/81, V.N.Kono- La 10 glavka, en charge des systèmes radio et instrumen- valov en 1981/83, V.Kh.Dogoujiev en 1983/87 (moteurs et tation de bord, a été dirigée par O.F.Antoufiev. e SLBM), V.Ya.Litvinov en 1965/73, You.N.Koptev en La 11 glavka, en charge d’Energya-Bourane de 1976 à 1988/91 (programme spatial), G.R.Oudarov en 1965/79, 1991, a été dirigée par P.N.Potekhine. Les adjoints sont S.S.Vanine en 1979/91 (installations terrestres), L.I.Gous- B.D.Ostroumov, V.D.Stepanov, B.E.Aleskine. V.N.Khodakov sev de mars à décembre 1965, M.A.Brejnev en 1965/73, s’occupait des vols habités et internationaux, tandis que B.V.Balmont en 1973/76, O.D.Baklanov en 1976/81, M.V.Sinelchikov s’occupait d’Energya-Bourane. e O.N.Chichkine en 1981/88, E.A.Jelonov en 1988/89, La 12 glavka, en charge de la conversion, a été dirigée V.E.Sokolov en 1989/91 (systèmes radio, instrumentation par S.A.Choumakov. Devenue la glavka n°11 après l’arrêt de bord et gyroscopes), E.V.Mazour en 1965/82, V.N.So- d’Energya-Bourane, elle a été dirigée par S.I.Younochev. e chine en 1982/91 (construction), V.V.Lobanov (administra- Enfin, la 13 glavka de l’export et la commercialisation, for- tion), A.I.Dounaiev en 1985/91 (Glavcosmos), mée en 1985 (Glavcosmos), a été dirigé par A.I.Dounaiev A.E.Chestakov (direction technique) en 1987/89 et G.F.Gri- en 1985/91. gorenko (sécurité) en 1983/91. Le 25 décembre 1990, les glavka n°7 et 9 forment la so- e La 1 glavka, qui s’occupe des ICBM et lanceurs, a été diri- ciété RosObcheMach (112 entreprises) dirigée par gée par P.A.Sysoiev (ancien directeur de KrasMach) en O.N.Chichkine en 1991/94, puis par A.V.Oussenkov en 1965, S.F.Sigaiev, V.N.Konovalov, V.D.Krioutchkov, E.A.Ver- 1994/2015. La glavka n°3 devient ensuite l’agence spatiale bine, V.N.Ivanov, V.A.Andreiev en 1988/91. Les adjoints RKA le 25 février 1992 (38 entreprises). Elle devient Ro- sont E.N.Rabinovitch, A.V.Matveiev, L.E.Makarov, etc. saviacosmos en 1999, en 2004, puis la Kor- e La 2 glavka, en charge des SLBM et des moteurs, a été poration Roscosmos-ORKK en 2015. Elle a été dirigée par dirigée par I.I.Abramov en 1965/69 (ancien directeur de You.N.Koptev en 1992/2004, A.N.Perminov en 2004/2011, VMZ), V.N.Konovalov, S.F.Sigaiev en 1972, N.B.Guerassi- V.A.Popovkine en 2011/2013, O.N.Ostapenko en mov. Plus tard, les moteurs ont été séparés pour devenir 2013/2014, I.A.Komarov en janvier 2015. Les premiers ad- la glavka n°12 dirigée par V.A.Gortchakov. joints sont V.V.Alaverdov en 1992/2002, N.F.Moisseiev en e La 3 glavka, en charge du programme spatial, a été diri- 2002/06, O.P.Frolov en 2012/13, A.N.Ivanov en 2013. 22 - octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace 12-16 octobre 2015, Jérusalem, Israël 49e IAA symposium d’histoire de l’Astronautique

octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 23 Claude Gourdet Memorial le 24 mars 2015 au Spring Meeting de l’IAF Le 24 mars, l’IAF a organisé le “Claude Gourdet Memorial” au CAP 15 où se déroulait le Spring Meeting. Les intervenants étaient Kiyoshi Higuchi (prési- dent de l’IAF), Karl Doetsch (président de l’IAF 1994/98), Marcio Barbosa (président de l’IAF 2000/2004), Annie Moulin (IAF), Alain Gaubert (Prospace) dont le texte a été lu par Gérard Bra- chet (Cnes), Robert Blanc (Satel Conseil), Sylvia Gelhert (épouse de Claude Gourdet).

Hommage d’amis à Claude Gourdet Discours de Robert Blanc

24 -octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace L’album photo de Claude Gourdet

Le premier colloque Satel Conseil de 1988 Le 2e colloque Satel Conseil de 1990

Cocktail à Satel Conseil de 1992 Cocktail à Satel Conseil en 1993

La visite de Space Systems/Loral à Palo Alto en 1994

octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 25 Le prix Ananoff 2015

26 - Octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace Photo S. Sébile

Participants, de g. à dr. : Stéphane Sébile (site "Space Quotes - Souvenirs d'espace"), Stéphane Belocine (conte philosophique "Le Témoin du Temps"), Gérard Auvray e (projets microsatellites de jeunes - 2 Prix) et Didier Cap- e devila (site "Capcom Espace" - 1 Prix)

e A l'occasion des 2 Rencontres "L'Espace et la plume" qui se sont tenues au Châ- teau de Ladoucette à Drancy ce dimanche 4 octobre, le premier Prix Alexandre Ana- noff a été remis. Lancé à l’initiative des associations “As- tronaute Club Européen”, “Histoires d’es-

Un événement World Space Week 2015 pace” et “Planète Mars”, sous le haut

Château de Ladoucette à Drancy patronage de la “Société Astronomique de Dimanche 4 octobre 2015 de 13 heures à 18 heures France”, ce Prix vise à récompenser les projets amateurs cherchant à valoriser

l'espace pour le plus grand monde, à Deuxièmes rencontres franciliennes autour de la littérature spatiale l'image des projets menés par Alexandre Accès libre et gratuit

PROGRAMME AU 21/07/2015 Ananoff, pionnier de l'éducation à l'es-

Après le succès de la première édition, qui avait rassemblé 22 auteurs le pace avant Spoutnik. dimanche 30 ŵĂƌƐϮϬϭϰăůĂDĂŝƐŽŶĚƵĚĠǀĞůŽƉƉĞŵĞŶƚĚƵƌĂďůĞĚĞů͛ĂĠƌŽƉŽƌƚ de Paris-Orly, les Rencontres franciliennes « >͛ƐƉĂĐĞ Θ ůĂ ƉůƵŵĞ » 2015 se tiendront le dimanche 4 octobre prochain au Château de Ladoucette à Drancy. Les deux premiers lauréats sont Didier >ĞƉƵďůŝĐƉŽƵƌƌĂĚĞŶŽƵǀĞĂƵƌĞŶĐŽŶƚƌĞƌƚŽƵƚĞƵŶĞƐĠƌŝĞĚ͛ĂƵƚĞƵƌƐƋƵŝŽŶƚĠĐƌŝƚ ƐƵƌů͛ĞƐƉĂĐĞĞƚƉƌŽĨŝƚĞƌĚĞƐĂŶŝŵĂƚŝŽŶƐŐƌĂƚƵŝƚĞƐŵŝƐĞƐĞŶƉůĂĐĞƉŽƵƌů͛ŽĐĐĂƐŝŽŶ͘ Les expositions seront installées le samedi 19 septembre et resteront visibles Capdevila pour son site encyclopédique ũƵƐƋƵ͛ĂƵĚŝŵĂŶĐŚĞϭϭ octobre. "Capcom Espace" (capcomespace.net) et X Des auteurs « spatiaux » en dédicace X Remise du Premier Prix Alexandre Ananoff X Concours de dessŝŶƉŽƵƌůĞƐĠĐŽůĞƐĚ͛/ůĞ-de-France Gérard Auvray pour ses projets de X Une ƚĂďůĞƌŽŶĚĞƐƵƌů͛ĂǀĞŶŝƌĚĞƐǀŽůƐƐƉĂƚŝĂƵdžŚĂďŝƚĠƐ X Des expositions construction de microsatellites pour Tania, astronaute de bande dessinée européenne (exposition de planches originales) Alexandre Ananoff, pionnier de l'éducation à l'espace 26 novembre 1965 : la France ĞŶƚƌĞĚĂŶƐů͛ĞƐƉĂĐĞ jeunes. X Des animations pour tous Démonstrations de scaphandre de simulation martienne Démonstrations de drones et de quadricoptères téléguidés Cinq autres candidats s'étaient présentés

X Une librairie cette année : Jean-Claude Aveni pour son Dessin original de Pierre-Emmanuel Paulis (www.tania-astronaute.net)

Rencontres régionales organisées par ů͛Association Science Ouverte en partenariat avec la Ville de Drancy site web "Astronautiquement Note", Sté- ăů͛ŝŶŝƚŝĂƚŝǀĞĚĞů͛ƐƚƌŽŶĂƵƚĞůƵďƵƌŽƉĠĞŶ͕ů͛ĂƐƐŽĐŝĂƚŝŽŶ,ŝƐƚŽŝƌĞƐĚ͛ĞƐƉĂĐĞ et ů͛ĂƐƐŽĐiation Planète Mars.

La manifestation bénéficie de nombreux soutiens : ƐƐŽĐŝĂƚŝŽŶĚĞƐũŽƵƌŶĂůŝƐƚĞƐƉƌŽĨĞƐƐŝŽŶŶĞůƐĚĞů͛ĂĠƌŽŶĂƵƚŝƋƵĞĞƚĚĞů͛ĞƐƉĂĐĞ;:WͿ͕Euro Space Center de Redu-Transinne, phane Bellocine pour son conte philoso- FranceTerme, Les Gentlemen Collectionneurs, idFM Radio Enghien, la revue >͛ƐƚƌŽŶŽŵŝĞ de la Société Astronomique de France, la DĂŝƐŽŶĚĞů͛ĞŶǀŝƌŽŶŶĞŵĞŶƚĞƚĚƵĚĠǀĞůŽƉƉĞŵĞŶƚĚƵƌĂďůĞĚĞů͛ĂĠƌŽƉŽƌƚĚĞWĂƌŝƐ-Orly, Out Of Atmosphere et Planète Sciences. phique "Le Témoin du Temps", Timothée

Martens pour les projets spatiaux étu- diants inter-associatifs menés par l'asso-

ciation LAÏKA, Florence Porcel pour ses Château de Ladoucette, Parc de Ladoucette à Drancy (93700) : https://goo.gl/HYbXQW A 10 minutes à pied du RER B (station Le Bourget) - 40 minutes de trajet au total depuis Paris centre ou avec les bus 143 (arrêt "Aristide Briand") ou 248 (arrêt "Centre culturel") - Accès par la route : A86 (sortie 13), N2 puis D30 podcasts vidéo "La folle histoire de l'Uni- Stationnement gratuit sur le parking de ů͛ƐƉĂĐĞƵůƚƵƌĞůĚƵWĂƌĐ;trois heures autorisées avec disque horodateur) vers" et Stéphane Sébile pour son site "Space Quotes - Souvenirs d'espace". octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 27 Nouveaux livres History of Rocketry and Astronautics Niklas Reinke, Editor

AAS History Series, Volume 43 IAA History Symposia, Volume 32

28 -octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace Carnet gris Antonio Fabrizi (1948 à 16-05-2015) Le 16 mai 2015, Antonio Fabrizi est décédé à l’âge de 67 ans. Diplômé de l’Université La Sapienza de Rome, il commence à travailler chez BPD. De 1975 à 1989, il est responsable de l’étude des boosters d’Ari- ane. En 1990, il est nommé directeru commercial de Fiat AVio. En 1993, il retourne chez BPD comme directeur de la business Unit “Space Trans- portation Systems”. De 1997 à 1999, il a les mêmes responsabilités chez Fiat Avio. Là il s’occupe également des programmes Cyclone-4 et Vega. En 2000, il est vice-président de Fiat Avio pour les affaires spatiales. De 2003 à 2014, il est directeur des lanceurs à l’ESA. En 2014, il devient conseiller du directeur général de l’ESA. Il était membre de l’Académie Internationale d’Astronautique (IAA). Harald Posch (1955 à 21-05-2015) Le 21 mai 2015, Harald Posch est décédé à l’âge de 60 ans. Il avait commencé sa carrière dans l’industrie, chez Austrian Aerospace et chez Österreichische Raumfahrt und Systemtechnik GmbH. En 2005, il dirige l’agence aéronautique et spatiale autrichienne de la FFG (Agence autrichienne pour la promotion de la Recherche). A l’ESA, il a été prési- dent du Comité de la politique industrielle (IPC), puis président du Con- seil du 1-7-2014 au 21-05-2015.

Frederick C. Durant III (1916 à 21-10-2015) Le 21 octobre 2015, Fred Durant est décédé à l’âge de 99 ans. Diplômé de l’U- niversité de Lehigh (Pennsylvanie) en 1939, il entre chez du Pont de Nemours & Co. Pendant la seconde guerre mondiale, il est instructeur pour les pilotes de l’US Navy. Il travaille comme pilote d’essai chez Bell Aircraft en 1946/47. Puis en 1948/51, il travaille à la Naval Air Rocket Test Station, Everett Research Lab et Maynard Ordnance Test Station. Pendant la guerre de Corée, il retourne comme pilote d’essai à l’US Navy. En 1953, il est élu président de l’American Rocket Society et devient conseiller pour la CIA. Il devient également président de l’IAF en 1953/56. En 1954/58, il fait partie du projet Orbiter de satellite artificiel Photo Ph.Cosyn de la Terre. En 1964, il est assistant directeur, puis chef du département d’astro- nautique du Smithsonian National Air & Space Museum de Washington. Il était Fellow member de l’AIAA, membre de l’Académie Internationale d’Astronautique (IAA), patron de l’Arthur Clarke Foundation. Meeting of the Project Orbiter Committee on 17 March 1955 in Washington, D.C. Left to right, seated: Cdr. George W. Hoover, Office of Naval Research [ONR]; Frederick C. Durant III, Arthur D. Little, Inc.; James B. Kendrick, Aerophysics Development Corp.; William A. Giardini, Alabama Tool and Die; Phillipe W. Newton, Dept. of Defense; Rudolf H. Schlidt, Army Ballistic Missile Agency [ABMA]; Gerhard Heller, ABMA; Werner von Braun, ABMA; standing-- Lt. Cdr. William E. Dowdell, USN [US Navy]; Alexan- der Satin, ONR; Cdr. Robert C. Truax, USN; Liston Tatum, IBM [International Business Machines]; Austin W. Stanton, Varo, Inc.; Fred L. Whipple, Harvard University; George W. Petri, IBM; Lowell O. Anderson, ONR; Milton W. Rosen, NRL.

octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 29 Georges Mueller (16-7-1918 à 12-10-2015) Le 12 octobre 2015, Georges Mueller est décédé à l’âge de 97 ans. Diplômé de l’Université de science et technologie du Missouri en 1938, puis de l’Université de Purdue en 1939. Il entre alors aux Bell Labs (radars aéroportés). Il devient- docteur en physique et professeur à l’Université de l’Ohio en 1951. En 1957, il entre comme directeur du laboratoire d’électronique chez TRW. En septembre 1963, il est administrateur associé de la Nasa, Office des vols habités (OMSF). Il prend alors la direction du programme Apollo jusqu’en novembre 1969. Après un court passage chez General Dynamics, il est président de SDC, un produit de la RAND Corporation, en 1971/84. Il préside l’IAA en 1982/97. En 1995, il prend la direction de la société privée Kistler Aerospace jusqu’en 2010. Robert Farquhar (12-9-1932 à 18-10-2015) Le 18 octobre 2015, Robert Farquhar est décédé à l’âge de 83 ans. A 18 ans, il entre dans l’armée comme parachutiste. Il participe à la guerre de Corée. De retour aux Etats-Unis, il entre l’Université de l’Illinois et devient ingénieur en 1959. Il passe un master à l’Université de Californie, puis un doctorat à l’Université de Stanford en 1968 (points de libration). Il a travaillé pour la Nasa pendant 23 ans (ISEE-3, NEAR, Contour, New Horizons).

Leonid Ivanovitch Goussev (3-4-1922 à 11-03-2015) Le 11 mars 2015, Leonid Goussev est décédé à l’âge de 67 ans. A 18 ans, il s’en- gage dans la second guerre mondiale. En mai 1948, il entre au NII-885. Termine l’Institut électrotechnique des liaisons de Moscou en 1955. Il reçoit l’ordre de Lénine en 1957 pour le lancement de Spoutnik-1. Directeur NII-695 en 1959/63, ministre adjoint de l’industrie radio en 1963/65, ministre adjoint du MOM de mars à fin 1965, directeur et constructeur principal du NII-885 en 1965, puis 1e adjoint en 2004, adjoint en 2008. Docteur es sciences techniques en 1985, professeur en 1979, Héros du travail socialiste en 1961 (Vostok-1), Prix Lénine 1970 (Luna- 16), Prix d’état en 1982 (satellite-espion du TsSKB) et 1996 (Glonass). Jana Dmitrievna Erkina-Sergueïtchik (6-3-1939 à 25-05-2015) Née le 6/5/39 à Solytz dans la région de Novgorod, elle a terminé l’Institut péd- agogique de Riazan comme professeur d’anglais en 1961. Elle pratique le para- chutisme à l’aéroclub de la DOSAAF de Riazan à partir de 1957 (plus de 150 sauts). En mars 1962, elle est sélectionnée dans le groupe des “cosmonettes” (Terechkova, Ponomareva, Solovieva, Kouznetsova, Erkina). En mai 1969, elle termine l’académie de l’air Joukovsky (capitaine-ingénieur) et travaille comme chercheur à la Cité des étoiles jusqu’en juillet 1989 (major de réserve). Elle tra- vaille à la représentation commerciale de l’URSS à l’étranger, puis retourne à l’enseignement de l’anglais. Vladimir Evguenievitch Goudiline (8-4-1938 à 29-10-2015) Diplômé de l’école des ingénieurs de la Marine en 1960, il entre dans la Flotte du Nord (sous-marins nucléaires). En 1965, il est muté à Baïkonour où il s’occupe des satellites de surveillance océanique à générateur nucléaire (US-A). En 1979, e il est adjoint de la 4 direction du cosmodrome pour la Marine. En 1982, il dirige la 6e direction en charge d’Energiya-Bourane. Il a participé au lancement d’en- viron 300 fusées-porteuses et d’environ 30 ICBM. Puis il est adjoint du TsNII-50 de Jubilenyi en 1989/93. Il était général-major depuis 1985, docteur es sciences techniques en 1994. Il a reçu l’ordre de Lénine en 1990. Il a terminé sa carrière chez RKK Energiya.

30 - octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace Edouard Nikolaievitch Stepanov (16-7-1918 à 12-10-2015) Né le 17/4/37 à Verkhopenie dans la région de Koursk, il termine l’école radiotechnique des in- génieurs de l’armée de l’air à Kiev en 1959 et devient ingénieur dans les forces de fusées stratégiques jusqu’en décembre 1962. Il passe dans l’armée de l’air et devient ingénieur au centre d’essai en vol d’Akhtoubinsk. Il est affecté au sec- ond groupe (militaire) de cosmonautes le 30/12/67. De janvier 1968 à août 1970, il s’entraîne sur le programme 7K-VI, puis sur le programme jusqu’en 1979 (équipage Sarafanov-Stepanov de novembre 1971 à avril 1972). Il est Candidat es sciences techniques en 1974. Le 30/3/76, il est affecté au groupe des vais- seaux «spéciaux». Il s’entraîne (équipage Glazkov-Stepanov-Makrouchine) pour un vol d’essai du TKS et participe à l’essai au sol d’un analogue au NII-30 en 1979/81, mais le programme est abandonné. Puis il se prépare sur l’expérience Pion-K du module TKS-4 (Cosmos-1686) en 1983/85. En 1986/90, il s’entraîne comme cosmonaute- expérimentateur sur le programme Bourane. Puis il s’entraîne pour le vol du Soyouz-sauveteur qui devait s’amarrer à la navette Bourane. Il quitte le groupe et l’armée le 31/10/92 (Colonel-ingénieur de réserve), mais reste comme chercheur à la Cité des étoiles. Alexandre A. Boiartchouk (21-6-1931 à 10-8-2015) Le 10 août 2015, Alexandre Boïartchouk est décédé à l’âge de 85 ans. Diplômé de l’Université de Léningrad en 1953, il entre à l’observatoire astrophysique de Crimée (directeur adjoint en 1969). Puis il dirige l’Institut d’astronomie de l’A- cadémie des sciences en 1987/2003. Il a dirigé le programme de satellite Astron (télescope UV) et reçoit le prix d’Etat en 1984. Il est membre-correspondant de l’Académie en 1976, académicien en 1987. Il fut membre du présidium de l’A- cadémie, académicien-secrétaire de la section des sciences physiques, président de la section de physique générale et d’astronomie, président adjoint du Conseil pour le Cosmos.

Oleg M. Belozerkovsky (29-8-1925 à 14-7-2015) Diplômé du MFTI en 1952, il entre dans l’Institut de mathématiques de l’Académie des sciences. Là il entre dans le secteur de mathématiques appliques (OPM) de M.V.Keldysh. Puis il travaille au centre de calcul de l’Académie en 1955/76. Paral- lèlement, il est recteur du MFTI en 1962/87. Enfin, il crée et dirige l’Institut d’au- tomatisation de la conception (IAP) de l’Académie en 1987/2009. Ses travaux portent sur l’aérodynamique (écoulement supersonique autour des coiffes de fusées), l’aérogazodynamique des capsules de rentrée, l’hypersonique des engins volants, la mécanique de déformation des corps solides, etc. Il est membre-corre- spondant de l’Académie en 1974, académicien en 1979. Il reçoit le prix Joukovsky en 1962 (hypersonique), le prix Lénine en 1966 (aérodynamique), l’ordre de Lénine en 1985 (60 ans), la médaille Korolev en 1981, etc. Oleg I. Babkov (7-12-1931 à 21-09-2015) Diplômé du MFTI en 1954, il entre dans l’OKB-1 de Korolev. En 1960, dans le secteur n°27 de B.V.Raouchenbakh, il développe le capteur d’orientation solaire du Vostok. Puis il devient l’adjoint de V.P.Legostaiev pour les systèmes de direc- tion des vaisseaux habités (Soyouz, Saliout, , Bourane). Il participe aux pro- grammes Apollo-Soyouz avec les Américains et ATV avec les Européens et e termine sa carrière comme 1 adjoint d’un directeur de programme à RKK En- ergiya. Il a reçu l’ordre du travail du drapeau rouge et l’ordre de la révolution d’oc- tobre.

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