Emanuel Proweller Proweller, toujours 18/81/18

Galerie Convergences 2018 1 ATELIE R R E E

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2 Proweller, toujours 18/81/18

Galerie Convergences 2018 3 PROWELLER, PEINTRE INVISIBLE

Depuis que l’art vivant a déployé ses sicaires, contempteurs à six coups ou ses admirateurs dociles, il est un fait acquis que tout artiste doit disposer de son propre ADN, une personnalité suffisamment éloquente pour qu’on le range dans telle ou telle catégorie, comme les poissons du chalutier juste pêchés, tirés du filet, accueillis dans tel ou tel casier de couleurs différentes. Poissons brillants, acidulés, poissons remuants, petits ou gros : avec quelle maille, dans quelle catégorie les placer ? Les chalands aiment les étals rutilants embellis d’une ordonnance cohérente. Cela rassure, particulièrement dans les salles de musées.

Emanuel Proweller, malgré sa modestie, est devenu un gros poisson, cela bien après sa disparition en 1981. On chercherait vainement quelle marée l’a porté jusqu’à nous. Son univers entre collorisme franc et mezzo et avec volumes découpés à vif, entre informel et réel, reste étrange. Les subtils ajustements, les conjonctions de domaines antagonistes composent un environnement à part, avec un agrégat de sens, avec des interstices, des passages secrets. Comme un cluster, une physique délicate.

Comme beaucoup – et le silence assourdissant de quelques dizaines d’années concernant Proweller en témoigne – c’est un peintre que nous avons peu ou mal regardé. Comme si son côté mouton à cinq pattes ne pouvait satisfaire la raison esthétique, rassurer les clans. Cachez cette disruption – locution à la coule – que je ne saurais voir… Emanuel Proweller comme le dit Gaëlle Rageot-Deshayes, sonne comme un malentendu fondamental : « …sous des dehors de séduction facile, il résiste et s’avère, mis à l’épreuve, d’une redoutable complexité » (1). Plutôt qu’en marge, borderline certainement, cet art progresse par les bords, comme les débordements des plantes vertes fuyant le pot, par-dessous par-dessus, avec une élégance, des contours et une vivacité exceptionnels. Rien de violent à cela, que les reliefs ordinaires, d’une vie qui ne l’est pas

4 Passage. 1956. Gouache sur papier – 25 x 22 cm.

5 moins, la vie d’atelier du peintre, en banlieue, à ou en Ardèche. Les sujets de Proweller, des images pauvres si on cherche la grande Culture, en proviennent tous comme si de rien n’était.

Réglons la mire. D’abord Proweller paraît tellement voyant, gênant par son originalité, pas dans le moule, que finalement il en devint invisible chez ses contemporains. Son expérience fera le reste.

De toute évidence, Emanuel Proweller relève d’un mystère, d’un monde clos analogue à celui des Ron Kitaj, des Gérard Gasiorowski, des Jorge Camacho, des François Lunven, des André Raffray, des Richard Lindner, qui, bien que fort différents, ont toutefois ce « je ne sais quoi » de singularité irréductible et troublante. Campant dans leur propre production comme des célibataires endurcis, ces peintres posent à leur manière le problème de la narration. Ils sont isolés. Depuis quelques années des auteurs et des commissaires convaincus ont mis en avant Proweller : Robert Bonaccorci, Gaëlle Rageot-Deshayes, Jean-Louis Pradel, Patrick Le Nouëne, Pierre Brana, Alain Matarasso et bien entendu Valérie Grais. Emanuel Proweller est maintenant un artiste que l’on croise, un de ceux qui comptent : les musées l’ont adopté. Comme Maryan, avec qui il partage une existence erratique d’exilé, camp d’extermination en moins, il est devenu presque familier. Les lignes de la reconnaissance ont légèrement bougé et la solitude de l’artiste est rompue… Somptueux outsider, pourquoi pas ?

Quand Proweller arrive à Paris, à la fin des années 40, critiques et artistes s’écharpent à propos de définitions ou d’écoles de peinture. Le milieu est vivant, la bagarre invasive. L’Art Concret et le Salon des Réalités Nouvelles triomphent et c’est d’abord ainsi qu’est regardée la production de Proweller : dans la lignée du néo-plasticisme, du purisme (Mondrian, Ozenfant et sa science des objets inanimés, Malevitch pour son minimalisme radical), de l’abstraction géométrique militante (Gorin, Dewasne, Herbin, beaucoup d’autres…). Les huiles de Proweller sont alors

6 Trident. 1955. Huile sur carton – 38 x 46 cm.

7 1949. Crayon de couleur gras sur papier – 8,5 x 8,5 cm.

8 1954. Crayon de couleur sur papier quadrillé – 13,5 x 21 cm.

1954. Crayon de couleur sur papier quadrillé – 13,5 x 21 cm.

9 géométriques : rectangles, triangles, ronds sur un plan unique, compositions presque plates. Les pastilles de couleur rappelleront les œuvres du Picabia ultime, ce joueur invétéré dans la peinture même. On pourrait dire que tous deux ne rechignent pas aux fioritures Les compostions de 1960, les Fenêtres notamment, sont des assemblages asymétriques, à base d’aplats taillés à l’oblique, avec des couleurs assourdies du rose, du jaune paille, du vert sapin, de l’orange. Jean-Louis Pradel fait remarquer, à propos de Proweller son vif intérêt pour Giotto, pour son bleu de ciel identique à celui de la robe de la Vierge, d’un gesso, presque maigre, plutôt léger (2). Palette en retenue, pour l’efficacité par contrastes. Pourtant, à y regarder de plus près, la peinture primitive de Proweller guigne, involontairement sans doute, les toiles des derniers surréalistes, tels Camacho ou Hérold. On peut y déchiffrer certaines formes organiques ou mécanomorphes flottant à la surface de rectangles monochromes (Fontaine, 1954 ou Trident, 1955)

Est bien malin celui qui peut définir, ordonner, trier en somme toutes les productions des peintres dans les années 50 à Paris. Il est étonnant de voir qu’Emanuel Proweller a exposé en 1949 au sein de la galerie Denise René, lors d’une collective « Espaces Nouveaux » aux côtés d’artistes hors des sentiers battus ou reconnus comme Le Corbusier, Hans Arp, ou Alberto Magnelli. En 1951, se tient sa première exposition personnelle à la galerie Colette Allendy qui fut une pionnière, comme Lydia Conti qui montra Pierre Soulages et Hans Hartung notamment.

Les critiques qui parlent alors de lui ont donc la plume alerte et quelque peu indécise, du fait de ce fameux malentendu abstraction/ figuration : Suzanne Terrand dit en 1955 : « Proweller : l’unité de son talent semble acquise. C’est si l’on peut dire, un cubiste qui serrait rond ». Mon dieu ! Gabrièle Buffet-Picabia précise quant à elle dès 1953 dans Art d’aujourd’hui « Son espace, c’est la toile elle-même sur laquelle il va disposer avec l’alliance d’un hasard voulu les formes ce son choix (cubes, triangles ou demi-lunes etc.). Il les traitera suivant toutes les règles de l’optique picturale, mais non comme des sujets figurés géométriques ». (3)

10 1955. Aqurelle sur papier – 39 x 28 cm.

11 C’est le télescopage fatal ou plutôt l’osmose de deux mondes, celui de la théorie abstraite en odeur de sainteté et celui des objets, des gens, des animaux, des arbres, des maisons, des paysages… banals et vrais. C’est la greffe sur des fondations orthodoxes d’une perspective fantaisiste, pour ne pas dire impossible, d’une profondeur chromatique toute à leur dévotion. On a pu parler de style naïf pour Proweller, mais c’est méconnaître la multiplicité de ce que ce terme recouvre depuis Wilhelm Uhde jusqu’à Anatole Jakovsky (4). La candeur est périphérique pour un tel peintre, moins passionnante que sa vision du réel, soit-il tordu, réinterprété, réduit à sa plus simple expression. La peinture de Proweller tranche dans la vraie vie, comme avant lui Matisse dans la couleur.

C’est désormais du côté du réel qu’on regarde sa peinture, bien qu’il n’ait jamais exposé avec les peintres des Mythologies quotidiennes en 1964. On lui proposera bien une place pour l’accrochage de la seconde édition, en 1977, mais l’affaire paraît définitivement pliée. Les artistes de la figuration narrative mènent leur propre barque, ne font plus bloc. Ces artistes avaient une vision sociétale et politique aigüe de leur peinture, éreintant comme le firent Gilles Aillaud, Antonio Recalcati, , et Eduardo Arroyo l’icône des artistes contemporains (5). Emanuel Proweller ne revendique rien, même si on sait qu’il aime l’art moderne, les grands classiques, les peintures de ses amis. C’est un homme très cultivé. Le pop’art ne l’intéresse pas vraiment : il y voit comme tant d’autres une dénonciation fictive de la société de consommation, l’adoration du veau d’or. Trop littéral pour lui. Il ne s’embarque pas là-dedans, ses objets ne témoignant pas de la modernité à tout prix.

Le passage au réel de Proweller se fait au naturel qui, s’il n’a pas la charge vénéneuse, la provocation d’un Philip Guston ou d’un Jean Hélion, va tout de même le mettre en quarantaine : « L’idée abstraite tant bien que mal revêtue de formes, on passe à la société à cause de toutes sortes d’évangélismes et l’on chute dans la systématisation formelle » affirme-t-il en 1972 (6). Pour lui la peinture est une quadrature du cercle,

12 Fenêtre blancs, bleu, orange. 1960. Huile sur toile – 55 x 46 cm.

13 Fenêtre bleu, orange, noir. 1960. Huile sur toile – 55 x 46 cm.

14 Fenêtre bleu, jaune, vert. 1960. Huile sur toile – 46 x 38 cm.

15 un casse-tête entre la réception du public, avec une culture a minima, et la volonté du peintre de bien faire, de fournir un contenu cohérent, directement accessible. Il ne glose pas sur les avant-gardes ni les théories, celles des « critiques évangélistes », mais s’adonne à ce qui peut faire sujet, en le dépouillant bien entendu, comme une perception élémentaire et intelligible. Comme on écorce la branche d’un arbre. Cette extrême simplicité le différencie d’un Jacques Monory ou d’un Erró qui effeuillent, découpent des images mass médias pour en faire des tableaux. Pour Proweller, ce qu’il nomme l’essence divinatoire se conjugue au présent, pas dans l’actualité immédiate. Au spectateur d’y retrouver le sujet, une perception personnelle, un tout, ce qu’il qualifie de « branchements

16 Fontaine. 1954. Huile sur toile – 65 x 54 cm.

17 absurdes et impossibles » (7). Il peint des nus, en entier ou en détail, des scènes érotiques un peu lestes, des extérieurs nuit, des chiens débonnaires, des fleurs épanouies, des oiseaux de jardins, tous participant à la désarmante simplicité de l’œuvre peint. Il associe les aplats de couleurs, les contrariant parfois d’accords dissonants. Son dessin se ramasse en forme.

Son proche ami Christian Babou, s’attachera à la réalité des tondeuses à gazon (Outils Wolf) et des maisons individuelles de rêve posés sur des carrés de pelouse, images plus vraies que vraies. Le réel est ici poussé dans ses limites, redoublé jusqu’à l’absurde. Proweller a dompté, lui, l’espace géométrique abstrait pour y mettre de la profondeur de la vie ordinaire. C’est là son secret et sa grande singularité : « Le sens de la réalité consiste à ne jamais croire qu’on va s’assoir sur la vérité comme sur un sac d’or, à aimer assez la vie pour mettre tout en doute ». (8)

Cette sincérité, celle du Rosier et le lézard, de 1966 ou de la Fillette de 1962, nattée, frontale, à la face bleue plaquée sur une chevelure rosée, incarne bien cette espèce de silence paresseux, cette réalité sans aspérités. Finalement, c’est un ADN presque ésotérique que celui construit par Proweller qui veut spiritualiser le Facteur (9) ; peu l’ont obtenu, comme Giorgio Morandi ou Valerio Adami en Italie, comme Stuart Davis et Ray Johnson aux États-Unis. Avec du quotidien, du sans grade. Ces artistes peignaient avec les pigments du silence. Louis Aragon aimait les tableautins du peintre Jules Lefranc les transatlantiques, les quais, les hangars de Marseille, peints à plat, millimétrés, pour ce qu’ils lui restituaient de lumière verticale, métaphysique. L’ésotérisme familier d’Emanuel Proweller a ce même pouvoir. Benoît Decron, conservateur en chef du patrimoine, musée Soulages, Rodez.

18 (1) Gaëlle Rageot-Deshayes, « Ellipses ou l’art de réconcilier les contraires » dans Les jours & les nuits d’Emanuel Proweller, (Cahiers de l’Abbaye Sainte-Croix, n°123), musée de l’abbaye de Sainte-Croix, Les Sables-d’Olonne, 2012 ; pp.6-12, p.6. (2) Jean-Louis Pradel, « Proweller, nuit et jour », dans Proweller, Courbes de vie, Maison des Arts de Bagneux / Villa Tamaris, La Seyne-sur- Mer, Éd. Panama, Paris 2007, p. 13. (3) Gabrièle Buffet-Picabia, « Que cherche Proweller ? », dans Art d’aujourd’hui, juillet 1953, cité dans Les jours & les nuits de Proweller (op. cit) p. 79. (4) Pour nous, il n’y a souvent de naïf que l’acheteur… (5) In memoriam : Eduardo Arroyo (1937-2018), écrivain, peintre, graveur, dessinateur, hidalgo. Son œuvre témoigne d’une rugueuse et sincère, singularité, qui en fait plus qu’un membre majeur de la figuration narrative. (6) Proweller, L’avenir est d’un rose très très pâle…, catalogue de la Galerie du Centre, Paris, 2016 ; d’après un enregistrement du peintre en 1972, Merci à Alain Matarasso qui nous fit découvrir Proweller. (7) Ibid (8) « Entretien avec Proweller par Jean-Louis Pradel et Jean-Marie Gibbal », dans Opus International, mai 1976. (Reproduit dans Les jours & les nuits de Proweller (op. cit.), pp. 86-96. (9) Ibid

19 PROWELLER, UN PEINTRE IMPOSSIBLE À CATALOGUER

Ce qui surprend dérange, ce qui est novateur remet en question et déstabilise. Le précurseur est souvent puni par l’incompréhension quasi générale qu’il déclenche et celle-ci perdure jusqu’à nouvelle découverte, redécouverte, reconnaissance, parfois longtemps après sa mort. C’est ce qui arrive depuis 2007 à mon père, ce peintre trop tôt venu, trop tôt parti, auquel critiques, conservateurs, galeristes et amateurs rendent peu à peu justice et sa place. Il en va ainsi de Valérie Grais qui l’expose en cette année du centenaire de sa naissance. Et qu’importe les étiquettes…

Comme le nez au milieu de la figure, le « figuratif » de mon père, Proweller, était une évidence qu’il n’allait pas de soi de nommer. Réalisme post-pop ? néoréalisme ? figuration narrative ? Tant d’autres termes pour définir son travail au fil de son parcours. Mais, à force de faire effet de surprise, d’originalité, d’avant-garde, ce qui n’est pas nommé, identifié, regroupé, finit par rester en marge jusqu’à disparaître si l’on n’y prend garde. De ne pas être classé, Proweller resta inclassable. Il écrivait déjà, jeune peintre au sortir de la guerre, attendant son visa pour la :

Varsovie le 25 mars 1946 « Si on me posait la question : dans quel courant artistique régnant je me situe, je serais embêté. Je ne sais pas. Pour être concret, je n’aime pas le courant comme tel ; je n’aime pas quand les peintres parlent de courant. Je pense que c’est l’affaire des critiques et de l’Histoire de l’Art et probablement un aspect qui n’est l’affaire d’aucun artiste que de se compter dans un courant (ou vouloir y être compté, ce qui est encore autre chose !). Lorsque j’admire quelqu’un, c’est seulement en tant qu’individu indépendant d’un courant dans lequel on l’enregistre. (…) L’individualisme de tout artiste ayant tracé son propre chemin sans en avoir dévié, est pour moi un précieux joyau à valeur la plus haute du respect. Parmi les peintres vivants, j’apprécie à niveau égal Matisse et Picasso, les deux pôles vers lesquels s’oriente l’aiguille de la boussole ; mais je ne suis pas de ceux qui cherchent à se raccrocher à une école, qui ne peuvent pas vivre sans béquilles ni relation d’appartenance. »

20 Coupé en quatre. Nature morte. 1955. Gouache sur papier – 56,5 x 38,5 cm.

Étude pour Coupé en quatre. Nature morte. 1955. Stylo bleu sur papier quadrillé – 8 x 6 cm.

21 Taureau de Camargue. 1954. Crayon gras sur papier – 21 x 27 cm.

22 Forme triangulaire en équilibre. 1954. Aquarelle et crayon gras sur papier Kraft – 54 x 33,5 cm.

23 Voici donc, glané dans les articles de presse, les ouvrages critiques et les catalogues, ce florilège de définitions à propos de son art. Comme un long panoramique chronologique et chaotique porté sur son parcours depuis sa première exposition personnelle en France jusqu’à nos jours.

1951. « Les œuvres de Proweller se rattachent au néo-plasticisme. » Gabrièle Buffet-Picabia. Préface de la première expo Allendy.

1954. « Retenons l’abstrait Proweller qui enfante l’œuf, le disque et les méandres. Chaque objet fut l’objet de ses méditations géométriques. » G.-J. Gros, La Parisienne

1954. « Peu soucieux des frontières desséchantes abstrait-figuration, le peintre mêle à ses compositions non objectives des formes naturalistes. » Claude Hélène Sibert. Cimaise, n°5

1955. « Proweller vit d’abstraction, jouant de figures géométriques (…) simplifiant sa pensée au point de la réduire à la forme du disque perdu dans l’espace. Ainsi l’enfant apercevant la couleur crie de joie. Mais Proweller revient peu à peu au dessin figuratif. Il faut toujours se remettre à la découverte du monde. » Anonyme dans Carrefour, les expositions

1955. « Il risque certainement et avec un courage indéniable de se voir excommunié… » Gabrièle Buffet-Picabia, Art d’aujourd’hui

1955. « Il est à retenir cette irréalité oblique (des toiles de Proweller)… » Adolphe de Falgairolle, Le Provençal, Marseille, 15 mai 55, Les Beaux-Arts

1955. « Proweller : l’unité de son talent semble acquise. C’est si l’on peut dire un cubiste qui serait rond. Il en a la science de la construction et parfois jusqu’aux couleurs, noir, vert bouteille et brun, une géométrie des courbes très séduisante. » Suzanne Terrand, Tribune des Nations, 20 mai 1955

1955. « …pas plus abstrait qu’un arbre ou qu’un galet. L’art abstrait avait inventé un espace nouveau, Eux (certains dont Prow) peuplent ce nouvel espace de formes nouvelles. En fait, ils sortent de l’abstrait pour entrer dans un domaine sans nom qui est celui du devoir. » J. R. , L’Écho d’Oran, article : L’art non figuratif

1955. « Partition en pièces détachées (…) pour chanter quelque étrange mélodie. » (À propos de Bougeoir, mandoline etc) H. Cingria, présentation Prix de peinture du musée Cantini

1955. « … une pâte égale et délectable,…Un humour infiniment calculé. » Michel Conil-Lacoste, Le Monde

1956. « Cette expérience quasi platonicienne déconcertera certains. Tant pis. » Idem.

1956. « 20 toiles d’une formule nouvelle qui ne sont ni abstraites ni tachistes, mais dont le réalisme imaginaire n’en pose pas moins des problèmes complexes. » Gabrièle Buffet-Picabia, Prisme des arts

1957. « Proweller, géomètre irréductible ». Michel-Conil Lacoste, Le Monde.

24 Impasse. 1955. Gouache sur papier – 25,5 x 32,5 cm.

25 1958. « Son tableau est comme une idée platonicienne qu’il fait passer dans la réalité sensible quand bon lui semble.. » Michel Conil-Lacoste. Le Monde, 7 mars 1958

1958. « On a fait à Proweller le reproche de ne pas être définitivement stabilisé dans un genre, de passer de l’abstrait au figuratif sans prévenir critiques et amateurs. C’est lui refuser le droit essentiel qu’a tout artiste de s’exprimer selon sa conscience artistique et son imagination, de recréer le monde, son monde, suivant l’orde de vision qui lui est personnel sans sacrifier au goût du jour ou aux formules accréditées. » Gabrièle Buffet-Picabia. Revue Hautefeuilles

1958. « Je comprends très bien pourquoi Proweller ne figure dans aucune exposition néo- figurative. Les toiles de 1953 qu’il pourrait y présenter (…) seraient autant d’implicites reproches pour l’ignorance de ses contemporains. » Denys Chevalier, Les Beaux-Arts, Bruxelles

1963. « Dès lors, Proweller va bifurquer vers un figuratif intégral. Mais il justifie pleinement son action à contre-courant par la création d’œuvres d’une grande originalité dans lesquelles sa conception du Visuel évoque un réalisme “antiréaliste” découpé et déformé par l’hypertrophie humoristique de certains détails, la contraction des couleurs, et où son esprit sarcastique se donne libre cours. » Denys Chevalier

1964. « Si nous insistons sur Proweller, c’est que sa démarche, indifférente à l’exploration de formules qu’il contribua à trouver, se situe souvent – aujourd’hui notamment à contre-courant de la mode. Le voici actuellement en proie à ce qu’on pourrait appeler une “figuration au deuxième degré”, qu’on ne saurait évoquer en peu de mots sans contresens. Elle n’est guère facie à défendre. Mais on y sent une conviction trop rare et trop courageuse pour ne pas être soulignées. » Michel Conil-Lacoste, Le Monde, 1er juin 1964

1964. « La figuration de Proweller demeure une sorte de figuration emblématique ». Michel Conil-Lacoste, Le Monde, 30 octobre 1964, article « Les 3 entêtés »

1964. « Pas plus que cela n’intéresse Proweller d’être reconnu comme le premier peintre qui a réintroduit le sujet dans l’abstraction moderne, il ne lui chaut d’être catalogué figuratif ou abstrait. » Denys Chevalier, Aujourd’hui Art et Architecture

1964. « Il se dégage de cette peinture, une sorte de fraîcheur heureuse, une innocence qui font songer à l’art naïf, ne serait-ce la science profonde manifestée par cet artiste. » Jean-Jacques Lebel

1964. « Un univers très neuf. » René Barotte, Paris Presse

1964. « Proweller, formé à la rude discipline de l’abstraction géométrique dont il est un des principaux promoteurs, n’a rien perdu de sa rigueur, bien au contraire, en opérant un courageux retout à la figuration intelligente et poétique. » Jean-François Chabrun, Candide, 29 octobre-5 novembre 1964

1964. « Un nouvel humanisme ? » Beaux-Arts, 4-10 novembre 1964

1964. « Proweller veut affirmer les lieux métaphysiques de ses rêves. » Claude Rivière, Combat

1965. « Une esthétique puriste. » Édouard Roditi, Les Arts

1968. « Proweller est un “géométriste”, je veux dire par là qu’il découpe la forme en surfaces nettes, ne dissimulant nullement la réalité qui peut être un visage, un corps, un vase de fleurs, un paysage. » Jean Bouret, Les Lettres françaises

26 La marmite. 1955. Gouache sur papier – 38,5 x 28 cm.

Étude pour La marmite. 1955. Stylo bleu sur papier quadrillé – 8 x 5,5 cm.

27 Fillette. 1962. Huile sur carton – 55 x 46 cm.

28 Pouff. 1971. Huile sur toile – 55 x 46 cm.

29 30 Femme se lavant. 1963. Gouache sur carton – 65,5 x 50 cm.

31 Le rosier et le lézard. 1966. Huile sur toile – 65 x 54 cm.

32 Le dragueur. 1970. Huile sur toile – 46 x 55 cm.

33 1968. « Le simplisme paradoxal de sa figuration emblématique, blasonnée, où l’élément réaliste est le sens commun (au moins dans le contour) et la couleur l’élément abstrait parce que volontiers arbitraire… » Michel Conil-Lacoste, Le Monde, 16 mai 1968

1968. « L’art de Proweller n’est guère aisé à définir, original malgré certaines parentés, il échappe à la classification. » H. Adam, La Presse nouvelle, 17 mai 1968

1968. « Cette réalité seconde, efficace et neuve, glissée entre la nature et l’œil, va bouleverser la manière dont celui-ci voit celle-là. C’est dans cette vision inconsciente renouvelée que Proweller est un florentin de notre temps… » Jean Blot, L’Arche, mai-juin 1968

1968. « Se mélange avec bonheur un réalisme abstrait et un naturalisme symbolique. » Non signé. 20 ans Magazine

1968.« “Figuratif post-abstrait”(…) Proweller avait quelques raisons de se défier des images, puisqu’une partie de son groupe socio-culturel s’était trouvée réduite en fumée, et un autre transformé en savon. C’est comme peintre abstrait qu’il vint à Paris. » A. Zemsz, revue Preuves

1969. « Enfin un ultime groupe d’avant-garde hétéroclite (au salon Comparaison), avec une toile ironique et forte de Proweller. » Raymond Charmet, La Galerie des Arts

1969. « Un regard formé à l’école du chaos. (…) Un discours si moderne qu’on en vient à le confondre avec le baragoin du Pop Art, si essentiel qu’il n’appartient à aucune époque, sauf celle – sans doute éphémère – de la culture occidentale. (…) Cette géométrie pressent la vie, la désire, l’annonce… » Jean Blot, L’Arche

1970. « Proweller fait partie des “pionniers de la Réalité onirique”. » Jean-Jacques Lévêque, Les Arts

1970. « Il est indéniable que Proweller avait pressenti et amorcé cette nouvelle vision bien avant l’émergence de la néo-figuration. Le peloton l’a rejoint, mais il conserve son tour d’avance. » G. L. L’Est Républicain

1970. « Proweller est, bien qu’on l’ignore dans les chapelles les plus acharnées, le précurseur de la néo-figuration en France. (…) En fait, c’est avant tout le monde et avant que les peintres américains se soient manifestés en France, que Proweller compose La mandoline et le bougeoir ou Le Guitariste d’Ukraine, qui peuvent être considérés comme le point de départ de sa nouvelle aventure. » Jean Bouret, Les Lettres Françaises, janvier 1970. (nb. Deux toiles qui ont été exposées à New York en 1963)

1971. « Ce qui est curieux chez Proweller, c’est que ayant devancé de plusieurs lustres, dans les voies d’une nouvelle réalité, les pop’artistes, narrateurs figuratifs et autres réalistes, l’antériorité de ses recherches n’ait pas été reconnue. » Denys Chevalier, La Galerie

1973. « Rien ne serait plus faux que d’associer la peinture de Proweller au pop’art (…) faire confiance à une survie du réel, tel est le propos de Proweller, semblable à un acte de foi. Voilà pourquoi cette peinture, contemporaine quant à son développement au pop’art, d’une certaine façon représente déjà le post-pop’… » Dora Vallier, préface de l’exposition galerie La Roue

34 Allégorie du pouvoir. 1978. Polyuréthane sur toile – 65 x 81 cm.

35 Trois ronds. 1958. Huile sur toile – 56 x 38 cm.

36 Cinq ronds inclinés. 1960. Huile sur carton – 50 x 32,5 cm.

37 Huit ronds verticaux. 1958. Huile sur toile – 73 x 60 cm.

38 Cinq ronds sur pointe rouge. 1960. Huile sur carton – 50 x 32,5 cm.

39 1974. « ..Une expression pleine de force et d’esprit. Une figuration qui à première vue s’apparente au Pop Art mais la démarche de Proweller est profondément celle d’un peintre héritier d’un Matisse qui aurait digéré l’abstraction géométrique et pratiqué caméra au poing la prise de vue. » Léone de la Granville, Plaisir de France

1974. « Figuratif tout en faisant de l’abstraction (…) Proweller est connu bien qu’un peu marginal. C’est une sorte de prince de l’image en aplat (…) d’un monde de la couleur architecturale. » Geneviève Brérette, Le Monde

1974. « La figuration “démarquée” de Proweller. » Pierre Rappo, Le Courrier Picard

1974. « La Figuration narrative », in « Peintres de l’École de Paris », présentation de l’exposition itinérante du ministère des Affaires étrangères à Dakar.

1976. « Si ce numéro s’articule autour de Proweller, c’est pour marquer la présence d’une peinture où la référence au réel mêle aux accents d’évidence d’un ordre figuratif, la sourde histoire venue d’une abstraction rigoureuse. Aujourd’hui, les images de Proweller agissent comme un détonateur au cœur d’un formalisme régnant. » Jean-Louis Pradel, in Les surfaces affectives de la nouvelle peinture figurative. OPUS, mai 1976, n° 59

1976. « Proweller et le réalisme post-pop. Un réalisme post-pop dont la peinture de Proweller représente sans conteste le meilleur exemple. » Dora Vallier, in Repères, article dans La peinture en France début et fin d’un système visuel, 1870-1970 (Proweller p.176/177) Éd Alfieri & Lacroix

1977. « Les Mythologies quotidiennes, thème d’une exposition qui eu lieu à l’ARC en 1964 au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, concrétisa cette néo-figuration post-abstraite. À cette tendance, appartiennent des artistes comme Emanuel Proweller le précurseur, qui dès 1953 oeuvrait déjà dans cette ligne. » Henry Galy-Carles, catalogue de l’exposition Mythologies Quotidiennes 2

1978. « Il va falloir inventer un vocable nouveau. (…) Rendons témoignage à ce peintre aussi bien attiré par le sujet que par le style, en disant que ses formes et couleurs ont réussi à établir un nouveau rapport avec le monde. Jardin des Arts (exposition Krief-Raymond)

1979. « On passerait à côté de cette œuvre si l’on n’y voyait que la narration au quotidien, à la manière des peintres de genre, ou l’obsession de l’anecdote qui fait le charme trop court des naïfs. La série qui caractérise certains produits contemporains – ceux d’un Vasarely par exemple dont on peut d’ailleurs se demander ce qu’il doit à son ancien compagnon – lui est également étrangère. » Bernard Couderc, (catalogue de la rétrospective au Centre culturel Agen)

1979. « Pour Emmanuel (sic) Proweller qui connaît– entre bien d’autres choses – le secret des Haïku et le fait voir, son ami Michel Couderc. » Dédicace dans le livre des Haïkus (Éd Fayard)

1979. « Une démarche pure et directe autant dire expressive à coup de vérité placide – et source d’inspiration pour le pop art américain. » Richard Hecht, Le Petit bleu du Lot et Garonne, 15 mai 1979

1980. « Épure et poésie. La peinture de Proweller a plutôt bonne mine. Inutile d’inventer des règles et des rêves qui échappent au réel pour l’approcher. Si on a l’œil sensible, on regardera amicalement ces images complices, attentives, précautionneuses. Alors mieux vaut ne rien dire de plus et se laisser aller au voyage. » (suivi de Deux colonnes ! « Cette invention sensible et poétique entre dans ces images, nous la suivons d’un même pas. Attention ! elle frappe fort. C’est cela, et rien d’autre qui nous enchante. » L’Aurore, 18 juin 1980, exposition galerie Krief-Raymond

40 Abstrait III. 1958. Huile sur toile – 65 x 92 cm.

41 Dessin géométrique. 1951. Encre bleue sur papier pleine page – 27 x 21 cm.

Personnage de femme. 1951-52. Encre bleue sur carton marron, pleine page – 22,5 x 13 cm.

Parcours. 1950-51. Crayon sur papier pleine page – 27 x 21 cm.

42 Forme jaune sur fond rose. 1963. Gouache sur carton – 37 x 26,5 cm.

43 Femme assise. 1951-52. Crayon sur feuille de carnet quadrillé – 21,5 x 13,5 cm.

Antenne. 1951-52. Encre bleue sur papier pleine page – 20,5 x 13,3 cm.

Fleur née d’un rectangle. 1951-52. Crayon gras noir sur papier – 19 x 15 cm.

44 Deux hommes dans la rue, tête-bêche. 1952-53. Encre bleu nuit sur papier – 14 x 12 cm.

Formes hachurées. 1954. Crayon sur papier – 25 x 22 cm.

45 Toréador. 1954. Encre bleue sur papier – 11,5 x 7 cm.

Arbrisseau sur une butte. 1962-63. Encre bleue sur papier – 4,5 x 5,5 cm.

Personnage féminin. 1954-55. Crayon sur feuille quadrillée – 13 x 7,5 cm.

46 1980. « À quoi rattacher cette peinture ? À une Nouvelle Figuration qui, contrairement à celle devenue classique, serait chaleureuse. » Pierre Paret, La Nouvelle République; avril 1980, musée Bonnat

Ce silence d’un quart de siècle en dit long sur l’oubli dont fut l’objet Proweller. À tel point que Jean-Louis Pradel omit de l’inclure dans son ouvrage de référence : La Figuration Narrative 1960/2000 (Éd Hazan) Oubli qu’il corrigea lors de la seconde édition (2008/2009). »

2007. « Proweller, en amont du raz-de-marée du Pop’Art qu’il surplombe souverainement, ramène à l’essentiel, et le plaisir de peindre aux délices du bonheur de vivre, pour que le “déjà-vu” soit toujours un enchantement. » Jean-Louis Pradel, catalogue de rétrospective à la Maison des arts Bagneux

2007. « Se dessine ainsi une parenté ambivalente avec le pop’art et la figuration narrative, non en terme de filiation mais d’influence paternelle non reconnue. Emanuel Proweller apparaît comme un pionnier, un défricheur, un explorateur du regard en perpétuelle recherche… » Robert Bonaccorci, préface du catalogue Proweller, Courbes de vie rétrospective Villa Tamaris, Centre d’art. Éd. Panama

2008. « La peinture figurative de Proweller antérieure aux mouvements des années 1960 n’est pas liée à l’histoire des pop artistes ou de la figuration narrative. Pourtant, remarquons que des pop artistes américains ou européens ont eu l’occasion de voir son travail et d’en tirer profit, surtout l’Américain Tom Wesselman, qui a vu ses nus exposés à New-York, à la Greer Galery en 1963, et tant d’autres… » Patrick Le Nouën, préface de l’exposition à la Galerie du Centre

2012. « Entre abstraction et figuration, classicisme et modernité, anecdote et icône, explosion des couleurs et extrême rigueur de la composition, Proweller, à sa manière profondément humaniste et non sans malice, s’ingénia à réconcilier quelques contraires. » Gaëlle Rageot-Desloges, texte de salle, rétrospective à l’Abbaye Sainte-Croix

2013. « Proweller a annoncé dès 1953 la figuration narrative et pourtant ne fait pas partie des trente-quatre participants à l’exposition-phare Mythologies quotidiennes de 1964 au musée d’Art Moderne de la ville de Paris, ni l’année suivante à celle de La Figuration narrative dans l’art contemporain. (…) Il ne peut, non plus, être rattaché au pop’art. » Pierre Brana, catalogue de rétrospective au château Lescombes, Eysines

Cette foisonnante fortune critique de Proweller et de son oeuvre qui a résisté à toute définition, permet de prendre la mesure de la solitude qui fut la sienne et les raisons d’une reconnaissance tardive voire post mortem de son influence. Pour résumer : comme l’écrit Pierre Brana « …il occupe une place tout à fait à part. Son rayonnement est indéniable ». Alors, qu’importe les étiquettes… Élisabeth Brami-Proweller

47 Trois « Coupés en quatre » ou fenêtres. 1957-58. Crayon sur carton – 12,5 x 9 cm.

Coupé en quatre : paysage 1957-58. Crayon sur papier bloc à spirales – 10 x 10 cm.

48 Coupé en quatre “Femme au bouquet”. 1957-58. Encre noire sur enveloppe – 85 x 10 cm.

Femme à l’ombrelle et chapeau. 1957-58. Encre noire sur papier – 15 x 9,5 cm.

49 Emanuel Proweller, est né en Pologne en 1918. Tout en poursuivant des études pour devenir architecte, il peint et expose avant la guerre à Lwow (Lviv). Ayant survécu par miracle à la Shoah, il s’installe à Paris avec femme et fille en 1948 pour pouvoir peindre librement son abstraction géométrique, ce qu’il n’aurait pu faire sous le régime communiste, ni sous son véritable nom du fait de l’antisémitisme d’alors. Malgré la pauvreté et la maladie, il est vite exposé chez Lydia Conti, Denise René puis Colette Allendy. Son travail est salué par la presse. Après une période d’abstraction qui lui vaut ces prestigieuses cimaises et marquera le parcours de certains de ses contemporains, Proweller va faire un retour progressif à la figuration.

Dès 1953, il introduit des objets du quotidien et des figures humaines dans son vocabulaire géométrique, ce qui va déclencher l’incompréhension quasi générale de la critique. Seuls Gabrièle Buffet-Picabia, Michel Conil-Lacoste et Dora Vallier défendront son rôle novateur et singulier dans l’art exclusivement abstrait de l’époque. Quant à Denys Chevalier, il écrira : « En fin de compte, pas plus que cela n’intéresse Proweller d’être reconnu comme le premier peintre qui osa réintroduire le sujet dans l’abstraction moderne, il ne lui chaut d’être catalogué figuratif ou abstrait ». Ce sera une longue traversée du désert. En 1963, lors d’une exposition particulière à la Greer Gallery de New-York, Proweller montre sa « nouvelle figuration ». Elle aura une influence non négligeable sur des artistes tel que Tom Wesselman, mais il faudra attendre 1976 pour que Jean-Louis Pradel officialise dans Opus, sa place – aujourd’hui devenue évidente – de précurseur de la « Figuration narrative ». « Ce qui est curieux, chez lui, c’est qu’ayant devancé de plusieurs lustres, dans les voies d’une nouvelle réalité, les pop’artistes, narrateurs figuratifs et autres nouveaux réalistes, l’antériorité de ses recherches n’ait pas été reconnue. (…) Peut-être bien, il est venu

50 trop tôt. » constatait Denys Chevalier en 1971. Mais Proweller est malheureusement aussi parti trop tôt, dix ans après, mort en 1981. Il a laissé une œuvre stupéfiante d’audace et de modernité prémonitoire ce dont témoignent toutes les expositions et les rétrospectives qui lui ont été consacrées depuis.

Coupé en quatre “L’enfant à l’oiseau”. 1961-62. Crayon sur papier bloc à spirales – 8,5 x 5 cm.

51 EXPOSITIONS PERSONNELLES 1951 Galerie Colette Allendy, Paris 1978 Galerie Krieff-Raymond, Paris 1953 Galerie Colette Allendy, Paris 1980 Galerie Krieff-Raymond, Paris 1954 Rétrospective Galerie Colette Allendy, Paris 1979 « Du signe à la figure », Art Prospect, Agen 1955 Galerie Colette Allendy, Paris 1980 Musée Bonnat, Bayonne 1956 Galerie Colette Allendy, Paris 1981 Galerie Montesquieu, Agen 1959 Galerie Jean Giraudoux, Paris Rétrospective,Théâtre de Privas, France 1963 Greer Gallery, New-York 2007 Rétrospective Maison des Arts, Bagneux 1964 Galerie Florence Houston-Brown, Paris Rétrospective Villa Tamaris, Centre d’Art, La Seyne-sur-Mer 1968 Galerie Martin-Marburet, Paris 2008 « Proweller, un œil libre » Galerie du Centre, Paris La Magnaneraie, Villeneuve-lès-Avignons 2012-2013 1969 Galerie Martin-Malburet, Paris Rétrospective « Les Jours et les nuits d’Emanuel Proweller », musée de l’Abbaye de Sainte-Croix. Les Sables-d’Olonne 1970 Rétrospective 1948-1969, Maison des Arts, Sochaux 2013 Château Lescombes, centre d’art contemporain, Eysines 1972 Maison de la culture et des jeunes, Colombes 2015 Proweller, vos papiers ! Galerie Convergences, Paris 1973 Galerie La Roue, Paris Mairie de Noisy-le-Sec 2016 L’avenir est d’un rose très très pâle, galerie du Centre, Paris 2018 Le GAC – Groupe d’Art Contemporain, Annonay

EXPOSITIONS COLLECTIVES

1939 Maison des Artistes plasticiens, Lwow, Pologne Art et Prospective, invité d’honneur de 1946 Salon de peinture, Bielsko, Silésie « 12 ans d’art contemporain », Courbevoie 1946/7 Salon d’hiver, Cracovie, Pologne 1973 « Artistes de Paris », Darmstadt, Allemagne « Manipulation du réel », Pujols 1947 Musée national,1er Salon de Varsovie, Pologne Centre culturel municipal de Limoges 1947 Musée historique juif, « Peintres juifs », Salon de Mai Varsovie, Pologne 1974 1947/8 Salon de la peinture d’avant-garde, Varsovie, 1975 Ministère des Affaires Culturelles « 25 ans de Pologne peinture française » Ministère des Affaires étrangères, exposition itinérante : Extrême-orient, Méditerranée, 1947/8 « Avant-garde », à l’IPSP, Institut pour la Moyen-Orient propagation des Arts Plastiques, Varsovie, Pologne Salon Réalités Nouvelles 1949 1975 L’arbre, Maison des Arts de Sochaux 1950 Galerie Denise René, Paris Galerie Jacques Massol, Paris Galerie Lydia Conti, Paris Salon Comparaisons 1954 « Art abstrait contemporain », Théâtre de Valence, 1976 « Petits formats », centre culturel 17, Paris France Fiac, galerie Krief-Raymond, Paris 1955 « Babou-Proweller-Tirouflet » galerie Poisson d’or, Auch 1957 Galerie Colette Allendy, Paris Centre d’action culturelle, Saint-Cyr-l’École « 17 peintres de la génération nouvelle » galerie 1977 « Passage Verdeau » exposition de rue Kléber, Paris Club des Arts, MJC, Créteil Salon Comparaisons, musée d’Art moderne, Paris « Mythologies quotidiennes 2 » musée d’Art moderne, Paris Salon Réalités Nouvelles, musée des Beaux-Arts, Paris « Nouvelle figuration » galerie 39, Dakar, Sénégal 1958 Galerie Hautefeuille, Paris Trigone 79 « Féminin/Masculin », Graz, Autriche 1961 Continental Art Gallery, New-York « 22 peintres de la Nouvelle Figuration », centre culturel, Agen 1962 Galerie de la Baume, Paris 1980 « Réalités au figuré » (Biasi, Babou, Rancillac), Yaoundé puis Douala, Cameroun 1965 « Du général au particulier » galerie Florence 1950/1980, galerie Évolution Pierre Cardin Houston-Brown, Paris et galerie Odermatt 1966 « Opinion 66 » Salon International de Rio, Brésil 1984 Ministère de la culture, exposition itinérante, Martinique 1967 Galerie T., Haarlem, Pays-Bas 1988 « 68-88 » XXe anniversaire de la Maison des Arts Galerie « The Contemporaries », New-York et Loisirs de Sochaux 1970 Art et prospective, Levallois-Perret 1989 « Autour de la Figuration narrative » galerie de l’Assemblée Exposition itinérante,Ministère des Affaires Nationale, Paris Culturelles, Tunis Galerie Jacques Massol, Paris 2007 « L’Amour de l’Art ». Art contemporain et collections privées Galerie La Roue, Paris du Sud-Ouest, musée des Beaux-Arts, Agen re 1971 2008 Lille Art Fair 1 édition, galerie du Centre Élysée Art, 1972 Galerie La Roue, Paris galerie du Centre. Première exposition de dessins. Paris Art et prospective, ministère des Affaires Culturelles, « Demandez le programme », galerie du Centre, Paris Théâtre de la Cité Internationale, Paris puis Brétigny 2009 « De la couleur au trait, 40 ans de Figuratif », « Le Paysage dans la peinture aujourd’hui », Espace culturel, Périgueux L’Haÿ-les-Roses 2011 « Pure épure » galerie du Centre, Paris Galerie La Roue, Paris « L’arbre. À l’école de l’environnement » Maison 2012 « De part et d’autre de la Manche » galerie du Centre, Paris de la Culture, Amiens 2013 « Une génération ? Les peintres des années1970 4e Festival de Barjac dans la collection de la Villa Tamaris », La Seyne-sur-Mer 1972 « 8 peintres face au paysage », Maison de la Culture, Art Paris, galerie du Centre Colombes 2015 « La Résistance des images » Patinoire Royale, Bruxelles « 50 peintres de Paris », Musée de Tel-Aviv, Israël « Regard de l’instant… du temps », galerie du Centre Galerie L’Œil de Bœuf, Paris Proweller/Maes, galerie Le Garage, Lorgues Salon de Mai Festival de 2016 La Figuration affective : Proweller-Babou-Tirouflet, Château Lescombes, Eysines

52 2017 Expo d’été, galerie Convergences, Paris 2017- 2018 Paris-Novi Sad, Serbie : hommage à la galerie Actualité des nouvelles figurations, Châteauvert, du Centre Centre d’art contemporain COMMANDES ET COLLECTIONS PUBLIQUES

En Pologne sous le nom de Anatol Wroblewski En France ou Abraham Alispector : 1969 Gilbert récolte les châtaignes, Fonds national d'art 1946 Le Musicien, vente en faveur de la reconstruction contemporain, Paris de la ville de Varsovie 1972 Jeune fille au miroir, Fonds national d'art 1947 Exécution (des juifs de Lwow),1943, musée contemporain, Paris d’Histoire juive, Varsovie Passage de corbeaux, Musée d’Art Moderne, Paris Intérieur avec balcon, Comité juif des Beaux-Arts 1976 La rencontre, peinture murale, Le Vaudreuil- de Varsovie Ville-Nouvelle Nature morte au réveil, Comité juif des Beaux- Arts de Varsovie 1977 Lever du jour, et Commerce et économie, peintures Nature morte, 1947, gouache sur papier, murales, groupe scolaire Joliot-Curie, Reims (détruites). Comité juif des Beaux-Arts de Varsovie Bucolique, Fonds national d'art contemporain Autoportrait, 1944, huile, collection Ville de 1980 Maquette La journée de l’arbre, commande du Varsovie Ministère de l’Équipement Portrait, 1944, pastel, collection Ville de Varsovie. La modiste, musée Juif, Lwow (Lviv) 2007 Châtaignier en fleur, 1972, Villa Tamaris, centre d’Art, La Seyne-sur-Mer Aux USA 2013 Menton la nuit, 1958, acquisition musée 1969 de l’Abbaye de Sainte Croix, Les Sables-d'Olonne 1971 Séries de douze toiles, commande du collectionneur Nathan Cummings, New-York BIBLIOGRAPHIE Articles de presse et Catalogues – Jean-Marie Gibbal, « Les jours et les nuits de Proweller » – Gabrièle Buffet-Picabia, texte pour la première exposition Exit, n°2, 1974. personnelle. Galerie Colette Allendy, 1951. « Proweller courbes de vie » Opus international, « Que cherche Proweller ? » Art d’aujourd’hui, série 4, N°59, mai 1976. n°5 juillet, 1953. « À hauteur de vie » Exit, n°12-13, 1977. « One man show of Proweller in New-York » catalogue « Proweller à hauteur de vie » catalogue d’expo galerie Greer Gallery, 1963. Krief-Raymond, 1978. « Les partis pris de Samuel Buri et de Proweller » Libération, – Michel Seuphor, « Proweller » Art d’aujourd’hui, 25 juin 1980. n°7, juillet 1951. – Jacques Donguy, « Babou, Proweller, Tirouflet » catalogue – Denys Chevallier, « Œuvres récentes de Proweller » d’expo Galerie Poisson d’Or, 1978, Auch. catalogue d’expo galerie Houston-Brown, 1964. « Proweller » catalogue d’expo galerie Martin Malburet, – Mireille Crozel, « L’art dans la ville, l’artiste au pied du 1968. mur », Urbanisme, n° spécial, 1978. – Abraham. Zemsz, « Une tentative pour rester peintre » ; – Patrick Le Nouëne, « Au fil du motif » catalogue d’expo Preuves, n°218, mai-juin1969. galerie Krief-Raymond, 1980. Préface au catalogue expo Galerie du Centre, 2008. – Jean Bouret, chronique : « Sept jours avec la peinture », Emanuel Proweller précurseur de la « Figuration narrative », Les Lettres françaises, 13-19 octobre 1971. Artension, mai-juin 2008. – Jean Blot, « Proweller » L’Arche, novembre 1969. Emanuel Proweller, le bonheur en héritage. Catalogue « Surréalisme et comparaison » L’Arche, avril 1969 Musée des Sables-d’Olonnes, décembre 2012-mars 2013. – Michel Conil-Lacoste, « Trois entêtés » Le Monde, – Michel Demoulin, « Corps, jeu et enjeux » catalogue 30 octobre1964. d’expo centre culturel du Parvis, Tarbes, 1982. « Le courage du sujet » Le Monde, 16 mars 1968. – Oscar Rosowsky, « Retour à Proweller » revue Diasporiques, « Le naturel de Proweller » Le Monde, 23 mars 1973. n°27, septembre 2003. – Dora Vallier, « Proweller » catalogue Galerie La Roue, – Nathalie Couderc de Beco « Pourquoi Proweller ? » 1972. catalogue Maison des Arts de Bagneux, 2007. « Proweller et le réalisme post-pop » in catalogue Repère, la peinture en France, début et fin d’un système visuel, – Robert Bonaccorci, in Catalogue raisonné : « Proweller, 1870-1970, Éd Alfieri et Lacroix, 1976. courbes de vie » Éd. Panama, 2007. « Proweller du signe à la figure » catalogue de l’exposition – Aliénor Saint-Macary, « Emanuel Proweller, l’utopie au rétrospective au centre culturel d’Agen, 1979. quotidien » revue Art Sud, avril 2007. – Henry Galy-Carles, Préface du catalogue « Mythologie – Fania Perez, « Proweller, courbes de vie » L’Arche, Quotidienne 2 » Musée d’Art moderne de la Ville de Paris mai 2007. – Jean-Louis Pradel, « Proweller » La Quinzaine littéraire, 16 – Bernard Rancillac, « Proweller : un œil libre » Catalogue avril 1973. expo Galerie du Centre, 2008. « Proweller », Le Robert de la peinture, Paris 1975. Idem dans Artension. « Les surfaces affectives de la nouvelle peinture figurative » – Jean-Paul Gavard-Perret, « Quand la figure fait signe » Opus International, n°59 mai 1976. Art Point, juin 2007. « Proweller, nuit et jour » in Catalogue Courbes de vie. Verso Arts et Lettres (Éd. Cercle d’art), juin 2007. Éd. Panama-musée, 2007. « Redécouvrir Emanuel Proweller » Le HuffigtonPost France, Préface catalogue L’Amour de l’Art. Agen, 2007. Paris, novembre 2012. La Figuration narrative, réed. Hazan, 2008. « Proweller primitif du futur » revue Exigence Littérature, Texte catalogue « Proweller, un œil libre » Galerie du Centre, novembre 2012. 2008. Emanuel Proweller, magazine Alliance. janvier 2015.

53 – Lydia Harambourg, « Proweller, un œil libre » – Jean-Marie Gibbal, entretiens inédits (et disparus) La Gazette de l’Hôtel Drouot, n°22, juin 2008. avec Proweller. Enregistrés au Grangeon, août 1978. – Alain Matarasso, texte d’ouverture, catalogue Galerie du Centre : « Proweller, un œil libre », 2008. Télévision – Gaëlle Rageot-Desloges, « Ellipses ou de l’art de – Interview à la Galerie Martin-Malburet. réconcilier les contraires ». Catalogue « Les jours et « Art actualité », les nuits de Proweller » musée des Sables-d’Olonnes, 5 mai 1968. Archives INA (Imn18). décembre 2012-mars 2013 – Pierre Brana, texte catalogue rétrospective. Château Lescombes, centre d’art, 2013. Ouvrages Illustrés – Dictionnaire Bénézit : article dans le dictionnaire – Dessins et couverture pour Le Golem, critique des peintres de tous les temps et tous les pays. de Richard Maruel. Éd. Caractères, 1955. Éd. Gründ, janvier 1999. – Reproduction dans L’Art pour les tout petits. – Elisabeth Brami-Proweller : Proweller, vos papiers ! Les chiffres. Éd. Gallimard, 2003. Catalogue de la galerie Convergences, 2015. – Reproduction en couverture : Freakonomics. – Philippe Ducat, Art press, n°432, 2016. Folio actuel, 2007. – Reproduction en couverture : Pourquoi l’amour est un plaisir. Folio Essais, 2010. Émissions radiophoniques et enregistrements – Reproduction en couverture : Superfreakonomics, – Jean-François Bory Entretien avec Proweller : « Nou- 2014 velles figurations, nouvelles tendances » France-Culture, 18 janvier 1976. – Dessins dans Pour qu’il advienne, poèmes de Maïa Brami, Éd. Caractères, 2011. – Georges Charbonnier, Arts. France-Culture, 21 janvier 1977. – Proweller, un éternel renouveau (récit autobiogra- phique) Éd. J.-P Huguet, 2018. – Michel Chapuis : Pont des Arts, France-Culture, redif- fusion 2 janvier 1982, à la mort de Proweller. – La couleur des saisons, texte d'E. Brami Éd. Courtes et Longues, 2018. – Fania Perez, « De l’Art et de la vie » hommage à Proweller, avec Jean-Louis Pradel et E. Brami. Judaïques FM, 21 mars 2007. Livres d’Art – Jean-Louis Pradel, « Surpris par la nuit » France- – Michel Pastoureau : Couleurs, le grand livre, Culture, 9 octobre 2007. Éd. Panama, 2008. – Kenneth Jakobson, entretiens biographiques et récit – Pascal Pistacio : Parce qu’il aime ce qu’il n’a pas, de guerre inédits déposés à l’Holocaust Memorial Éd. Liénart, 2009. Museum de Washington. 1980.

Cerf-volant. 1954. Crayon de couleur gras sur papier – 26,5 x 21 cm.

54 Nu dans l’herbe avec chien. 1980. Encre bleue roi sur carton d’invitation – 6 x 8 cm chaque.

Photographie de couverture et de l’artiste : Elisabeth Brami-Proweller Photos des œuvres : Richard Müller Texte de Benoît Decron, conservateur en chef du patrimoine, musée Soulages, Rodez Fortune critique de Elisabeth Brami-Proweller Graphisme : Luc-Marie Bouët Le catalogue est publié par la Galerie Convergences à l’occasion de l’exposition Proweller, toujours 18/81/18 du 26 octobre au 24 novembre 2018 Galerie Convergences 22, rue des Coutures-Saint-Gervais 75003 Paris 06 24 54 03 09 [email protected] www.galerieconvergences.com © Galerie Convergences Paris 2018

55 Galerie Convergences 10,00 e