Numéro 16 - Avril 2016 Espèces du mois : Opisthograptis luteolata

Nom français : la Citronnelle rouillée Nom anglais : Brimstone Famille : Geometridae Envergure : 32-37 mm Période de vol : vole en 2 à 3 générations difficiles à distinguer, d'avril à octobre. Ecologie : cette espèce est très commune partout : jardins, bois, bocage, friches, prairies, etc. Les chenilles sont polyphages sur feuillus et arbustes : aubépines, prunelliers, saules, sorbiers, pommiers, etc. Identification et risques de confusion : espèce impossible à confondre avec aucune autre. Sa coloration jaune clair avec quelques marques brunes sur le bord costal de l'aile antérieure sont caractéristiques. Comment l'observer : la Citronnelle rouillée vient facilement à la lumière et parfois à la miellée. Elle peut également être observée de jour. (SV)

Chenille de Citronnelle rouillée. Observations du mois précédent Une chasse de début de printemps Le 15 mars, Brigitte Seys m'a accompagné en Forêt de Raismes-Saint-Amand pour tenter d'observer le Versicolore, Endromis versicolora, dans une parcelle composée presque exclusivement de bouleaux. Malheureusement, le papillon n'était pas au rendez-vous. C'était peut-être encore un peu trop tôt. Néanmoins, 15 espèces ont pu être observées dans cette bétulaie. Parmi elles, était bien représenté le cortège habituel d'orthosies : Orthosia gothica, la Gothique ; Orthosia incerta, l'Orthosie variable ; Orthosia cerasi, l'Orthosie du Cerisier ; Orthosia cruda, l'Orthosie farineuse ; Anorthoa munda, l'Orthosie picotée. Plusieurs géomètres étaient de la partie, dont les dernières espèces hivernales : le magnifique Biston strataria, le Biston marbré ; carpinata, la Lobée ; Ectropis crepuscularia, la Boarmie crépusculaire ; Phigaliohybernia (=Agriopis) marginaria, l'Hibernie hâtive ; Apocheima hispidaria, la Nyssie hispide ; Alsophila aescularia, la Phalène du Marronnier. L'espèce de Drepanidae qui est la plus précoce et dont les chenilles se nourrissent de bouleaux était présente en nombre : Achlya flavicornis, le Flavicorne. Cerastis rubricosa, la Noctuelle rubiconde. Quelques microlépidoptères ont également été notés : Diurnea fagella (dont les femelles ont des ailes réduites et évoquent une coccinelle grise) et Tortricodes alternella. (SV)

Anorthoa munda, l'Orthosie picotée. Biston strataria, le Biston marbré.

Cerastis rubricosa, la Noctuelle rubiconde. , la Lobée. Phalène du troène et Cidarie enfumée A peine entamé, le printemps 2017 nous apportait déjà deux Geometridae remarquables à Merlimont (62). Ce sont d’abord 2 spécimens de la Phalène du troène (Denis & Schiffermüller, 1775) qui sont venus se poser à la fenêtre dans la nuit du 19 au 20 mars (photo ci-dessous). D’une envergure de 28 à 30 mm, cette espèce vernale vole à partir de mars jusqu’en mai. Les chenilles se développent en été et au début de l’automne sur les troènes, les frênes ou les chèvrefeuilles, puis se nymphosent pour passer l’hiver. Espèce eurasiatique, très rare dans le Nord - Pas-de-Calais, la Phalène du troène y semble localisée au littoral autour de la Canche, où l’atlas des Ch’tis papillons de nuit (Orhant & Wambeke, 2010) n’indiquait que 3 communes occupées : Etaples, Dannes et Merlimont (réserve biologique domaniale de la Côte d’Opale). Les fourrés et boisements dunaires proches du lieu de cette nouvelle observation constituent sans doute un habitat favorable car le Troène commun et le Chèvrefeuille des bois y abondent. L’espèce est plus commune sur le littoral picard à proximité des dunes et se rencontre parfois à l’intérieur sur les larris où poussent des troènes (Yann Duquef, comm. pers.). D’après Georges Orhant (comm. pers.), elle pourrait être moins rare aujourd’hui et sous-évaluée en raison de la date d’émergence précoce des imagos.

Deux jours plus tard, un spécimen de la Cidarie enfumée Lampropteryx suffumata (Denis & Schiffermüller, 1775) a été remarqué alors qu’il s’envolait en lisière d’un boisement humide. Dérangé par notre passage, l’insecte s’est posé un peu plus loin dans un endroit dégagé et s’est laissé photographier (photo ci-dessous). Le papillon a une envergure de 26 à 28 mm et vole en avril/mai. Notre spécimen du 22 mars devait avoir émergé récemment d’après son état de fraîcheur. La chenille se développe en mai et juin sur les gaillets. Bien que ces plantes soient très communes - notamment le Gaillet gratteron - le papillon est rare dans le Nord - Pas-de-Calais : l’atlas des Ch’tis papillons de nuit listait une demi-douzaine de communes occupées en 2010, surtout dans le Pas-de-Calais. Exceptionnel autrefois en Picardie intérieure, L. suffumata se rencontre plus fréquemment aujourd’hui dans l’Amiénois, en forêt et dans les jardins (Yann Duquef, comm. pers.). Bien que largement répandue dans le Paléarctique (Europe et Asie septentrionale), la Cidarie enfumée aurait une répartition très clairsemée au niveau national. Elle habite les boisements et leurs lisières, les prairies humides et les dunes. (DF)

Enquête 'Petit Paon de nuit'

La saison des Petits Paons de nuit est commencée ! Les premiers individus ont été observés à Merville et à Mont Bernanchon le 28 mars 2017, respectivement par Yves Mannessier et Bernard Compagnon. Vous pouvez donc sortir vos phéromones pour les observer ! Pour ceux qui ne les ont pas encore eues, vous pouvez venir les chercher à la MRES (me contacter avant pour convenir d'un rendez-vous). (SV) Infos diverses Vous avez dit écailles ? Les papillons adultes (appelés aussi imagos) se différencient des trichoptères ou phryganes par plusieurs caractéristiques. Ils possèdent notamment des pièces buccales modifiées pour former une trompe et des écailles sur les ailes, le corps, la tête et même les pattes. Les trichoptères adultes ne possèdent pas d'écailles et leurs pièces buccales ne forment jamais de trompe (ils ne se nourrissent pas).

Ecailles des ailes d'un Paon-du-jour vues au microscope électronique. Auteur : SecretDisc CC BY-SA 3.0 Chez les insectes, on distingue deux types de soies/poils : les microtriches (petite soie de couverture, dépourvue d’articulation basale) et les macrotriches (soie fixée dans une petite fossette en forme de coupe [ou alvéole], située à l’extrémité d‘un canal et articulée à sa base). Les écailles sont des macrotriches fortement modifiées. Malgré leur très grande diversité de formes, elles ont toujours la même structure de base : elles s'insèrent dans une fossette par l'intermédiaire d'un pédicelle. Le corps de l'écaille (ou lame) possède une face supérieure complexe et une face inférieure lisse. La face supérieure est formée de crêtes longitudinales traversées par des côtes transversales de façon à former une grille ponctuée de rangées de trous. Des "piliers" appelés trabeculae relient la face supérieure et la face inférieure de l'écaille en les maintenant séparées l'une de l'autre. Selon leur fonction, les écailles ont des formes diverses que l'on peut classer en trois principales catégories :

 écailles piliformes (en forme de poil, section ronde ou elliptique)  écailles lamellaires (en forme de lamelle)  autres formes

Les écailles des papillons ont diverses fonctions :

 donner la coloration aux ailes et au corps des papillons. Si on les enlève, les ailes deviennent transparentes. Les écailles jouent ici un rôle important dans le camouflage, la sélection sexuelle (chez les Rhopalocères au moins), l'aposématisme (ensemble des mécanismes grâce auxquels un envoie un signal à d'éventuels prédateurs afin de les prévenir qu'il n'est pas comestible, ici par des couleurs vives) ou le mimétisme (imitation d'autres espèces).

 assurer une isolation thermique contre le froid autour du corps. Cette fonction est très importante car le papillon doit maintenir une certaine température corporelle pour voler. Cette fonction est principalement assurée par des écailles filiformes sur le corps qui donnent un aspect très "poilu" à de nombreuses espèces.  participer à la thermorégulation du corps. Les écailles de couleur noire absorbe en effet davantage de chaleur que les écailles claires. Les espèces montagnardes et des régions froides sont souvent plus sombres que celles des climats tempérés ou chauds.  chez certains Lycaenidae (Papilionoidea ~ papillons de jour), des écailles cireuses et décidues (qui vont ensuite tomber) assurent la protection des adultes fraîchement émergés lorsqu'ils s'échappent des colonies de fourmis (les chenilles font une partie de leur développement dans les fourmilières en se nourrissant des larves de fourmis ou des régurgitations des fourmis adultes, la métamorphose s'effectue dans la fourmilière).

 diffuser des molécules odorantes (phéromones). Dans ce cas les écailles sont liées à des cellules glandulaires qui produisent les molécules odorantes. C'est ce type d'écailles que l'on trouve par exemple dans les taches androconiales de certains Papilionoidea (satyres, nacrés, hespéries, etc.).  des écailles modifiées situées sur les valves génitales des mâles de certains Sphingidae servent à la stridulation. Dans ce cas, le papillon produit du son en frottant les deux valves l'une contre l'autre.

Pour en savoir plus : Scoble Malcolm J., 1992 - The : form, function, and diversity. Oxford University Press/Natural History Museum. xi + 404 pp. ISBN 9780198549529 (SV) Prochaines animations/évènements : Il n'y a pas d'animation prévue pour le moment. N'hésitez pas à me contacter si vous souhaitez faire une animation près de chez vous. Cette newsletter est la vôtre. Signalez-moi vos observations remarquables ou envoyez-moi vos photos à l’adresse : [email protected] si vous souhaitez les faire figurer dans la newsletter. N’hésitez pas à proposer une animation, une activité ou à présenter le dernier ouvrage que vous avez acheté dans un fichier texte (word, openoffice ou autre). Je me chargerai de faire la mise en page. Contributeurs à cette newsletter : S. Verne (SV), David Facon (DF) et Brigitte Seys. Contact : Téléphone : 03 20 53 26 50 Courriel : [email protected]

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