Chapitre 2. Dans La Moyenne Vallée Du Rhône : Le Secteur D'érôme Et De Larnage, Un Exemple Parmi D'autres
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Élise Faure-Boucharlat, Tommy Vicard, Bruna Maccari-Poisson et Sophie Savay-Guerraz Pots et potiers en Rhône-Alpes Époque médiévale, époque moderne Alpara Chapitre 2. Dans la moyenne vallée du Rhône : le secteur d'Érôme et de Larnage, un exemple parmi d'autres Élise Faure-Boucharlat, Bruna Maccari-Poisson, Sophie Savay-Guerraz et Anne Schmitt DOI : 10.4000/books.alpara.1045 Éditeur : Alpara Lieu d'édition : Lyon Année d'édition : 1996 Date de mise en ligne : 2 juin 2016 Collection : DARA ISBN électronique : 9782916125312 http://books.openedition.org Référence électronique FAURE-BOUCHARLAT, Élise ; et al. Chapitre 2. Dans la moyenne vallée du Rhône : le secteur d'Érôme et de Larnage, un exemple parmi d'autres In : Pots et potiers en Rhône-Alpes : Époque médiévale, époque moderne [en ligne]. Lyon : Alpara, 1996 (généré le 12 janvier 2021). Disponible sur Internet : <http:// books.openedition.org/alpara/1045>. ISBN : 9782916125312. DOI : https://doi.org/10.4000/ books.alpara.1045. Ce document a été généré automatiquement le 12 janvier 2021. Il est issu d'une numérisation par reconnaissance optique de caractères. Chapitre 2. Dans la moyenne vallée du Rhône : le secteur d'Érôme et de Larnag... 1 Chapitre 2. Dans la moyenne vallée du Rhône : le secteur d'Érôme et de Larnage, un exemple parmi d'autres Élise Faure-Boucharlat, Bruna Maccari-Poisson, Sophie Savay-Guerraz et Anne Schmitt 1 La recherche de l'origine des céramiques issues des principales fouilles de Lyon et de Vienne nous amena, dès les premières années de l'enquête, à travailler sur la vallée du Rhône, en aval de Lyon, où la présence de matériaux argileux d'accès aisé, tout comme les facilités de transport offertes par la voie d'eau, constituaient des critères d'implantation d'ateliers rarement réunis dans la région. Objectif des recherches 2 La profonde transformation du couloir rhodanien depuis l'ère industrielle a gêné les investigations de terrain et les informations recueillies restent lacunaires. Des indices toponymiques très forts dans le secteur de Vienne (Isère), quartier des Tupinières, des indices géologiques et bibliographiques dans les environs de Givors (Rhône), à Loire- sur-Rhône et à Bans guidèrent les premières recherches au fil du fleuve, dans la vallée proprement dite comme sur les reliefs qui la bordent, en rive droite (fig. 1 introduction). Mais l'absence de sources écrites antérieures à la Révolution, à mettre en relation avec les quelques témoins archéologiques repérés, limita les résultats de l'enquête à la simple localisation d'ateliers de poteries traditionnelles, probablement pas antérieurs au milieu du XVIe s. Quel crédit apporter en effet aux affirmations des érudits et folkloristes locaux d'après lesquels la fabrication de terres cuites architecturales à Loire-sur-Rhône remonterait à la plus haute antiquité ; l'extraction des argiles à poterie serait mentionnée dès le XVIe s., et enfin toujours à Loire-sur- Rhône une première famille de potiers apparaîtrait à Bans au milieu du XVIe s. ? 3 En tout cas, les prospections et ramassages de surface réalisés sur ces communes offrent une première approche des fabrications locales. Il s'agit de types de produits Pots et potiers en Rhône-Alpes Chapitre 2. Dans la moyenne vallée du Rhône : le secteur d'Érôme et de Larnag... 2 largement connus par les fouilles de Lyon et de Vienne par exemple. Les deux catégories les mieux représentées sont les récipients à glaçure monochrome (vert, brun sombre et brillant, noir mat) et les quasi « universelles » vaisselles dites décorées aux engobes, avec leurs deux variantes : à fond clair et à fond sombre. Les formes pour la table (bols, écuelles à oreilles, jattes, assiettes, plats) sont les plus nombreuses. Les formes fermées sont avant tout des vases à liquide. Les décors sont la plupart du temps constitués d'un réseau de lignes parallèles ou entrecroisées. Des motifs curvilignes évoquent des motifs végétaux. La pâte est rouge, grossière et friable. Des détails, comme la forme lourde des tenons et des anses, l'exécution sommaire des décors, la médiocre qualité de la glaçure dénotent une production des plus communes. Encore au début du XIXe s., les poteries de Loire-sur-Rhône n'ont pas très bonne réputation : on les dit « de facture grossière et barbouillées de la façon la plus barbare... » (Cochard 1814-16, pp. Κ à Lv). 4 Bien que limitées, les informations recueillies à Vienne et à Loire-sur-Rhône sont évoquées ici, en raison de la similitude des conditions d'implantation et de production de ces ateliers avec ceux rencontrés en aval (Rapport d'activité du Projet collectif de recherche 1986 et 1987). 5 En effet, une enquête plus approfondie a été conduite dans la partie de la vallée du Rhône comprise entre Saint-Vallier et Crozes-Hermitage, sur la rive gauche du fleuve, dans le département de la Drôme, en amont du confluent avec l'Isère. Les recherches furent motivées par la découverte et la fouille, en 1986, d'un petit atelier de potier (datable des Xe-XIe s.) situé sur la commune de Bren (Drôme), canton de Saint-Donat- sur-l'Herbasse, à une dizaine de kilomètre à l'est du Rhône. Cet atelier, éphémère et isolé, semble-t-il, bénéficiait néanmoins de conditions naturelles favorables à l'artisanat de la terre cuite, propres à ce secteur du Bas-Dauphiné (Rapport d'activité du Projet collectif de recherche 1986 et Faure-Boucharlat 1990). La diversité et l'abondance des affleurements argileux miocènes et pliocènes, ainsi que la richesse des témoignages toponymiques, incitèrent à élargir le champ des recherches de terrain et d'archives. Si l'atelier de Bren reste le seul vestige médiéval actuellement reconnu dans la zone des reliefs molassiques, en revanche des concentrations d'ateliers post- médiévaux et modernes furent rapidement localisées plus près du fleuve (fig. 56). Pots et potiers en Rhône-Alpes Chapitre 2. Dans la moyenne vallée du Rhône : le secteur d'Érôme et de Larnag... 3 56 - Carte de situation du secteur étudié 6 Les investigations ont porté sur les communes de Ponsas, Serves-sur-Rhône, Érôme, Gervans et Larnage. Plusieurs séries d'indices complémentaires invitaient à se pencher sur cette région en particulier. Il s'agissait de données d'ordre géologique, on le verra, mais aussi de données bibliographiques et enfin de mentions prodiguées par les statistiques industrielles contemporaines (XIXe s.) ou les enquêtes de l'Ancien Régime (XVIIIe s. surtout). En outre la spécificité des argiles kaoliniques de Larnage, terres blanches largement réputées, devait permettre de repérer assez facilement les productions et d'en rechercher la diffusion commerciale avec quelque chance de succès. Les communes drômoises paraissaient donc propices à une étude de type monographique, situation relativement exceptionnelle pour la région Rhône-Alpes où les concentrations d'ateliers sont rares. Dans ces conditions et parallèlement aux prospections de terrain, il a paru pertinent d'effectuer une enquête d'archives afin de mieux cerner l'ampleur de l'activité céramique d'Érôme et de sa région. 7 Si la plus ancienne mention d'artisanat potier à Larnage se place en 1552 (cf. tableau 2 Larnage), les indices de terrain réunis à ce jour sur cette commune ne sont pas antérieurs au milieu du XVIIe s. En revanche, sur les autres communes, une partie du mobilier recueilli, notamment la vaisselle aux décors d'engobes, pourrait illustrer la production dès le milieu du XVIe s. 8 Les nombreuses enquêtes statistiques établies au cours du XIXe s. révèlent l'importance de la production céramique dans ce secteur de la moyenne vallée du Rhône. Bien que parfois divergentes, les sources mentionnent plusieurs sites de fabrication : Érôme, Larnage et Ponsas bien sûr, mais aussi Tain-l'Hermitage, Saint-Vallier et Saint-Uze1. Les produits sont diversifiés par rapport aux périodes précédentes, puisque pipes, mais surtout poteries de grès se développent ou apparaissent à partir des années 1820, au moins. Le caractère artisanal des fabriques semble s'effacer peu à peu au cours de cette Pots et potiers en Rhône-Alpes Chapitre 2. Dans la moyenne vallée du Rhône : le secteur d'Érôme et de Larnag... 4 période ; en effet les recensements d'ouvriers occupés par dizaines dans les poteries ou briqueteries d'Érôme ou Larnage sont courants, même si l'activité paraît toujours soumise à de fortes variations saisonnières. 9 Une petite usine d'objets utilitaires et décoratifs en grès à Ponsas, une fabrique d'éléments industriels et un magasin de vente à Érôme, perpétuent le souvenir des activités artisanales du passé. Des nombreuses poteries que comportaient ces agglomérations, il ne subsiste plus que des bâtiments ruinés ou tellement transformés qu'il est difficile de les identifier avec certitude. 10 E. F.-B. et S. S-G. Environnement naturel et ressources en argiles 11 La zone étudiée recouvre approximativement le « défilé » du Rhône, correspondant au passage du fleuve dans la fracture qui, en limite orientale du Massif Central, détache l'îlot granitique de Saint-Vallier du plateau vivarois. Le Rhône dans son cours actuel marque la limite entre le Massif Central, cristallin, et le Bas-Dauphiné, essentiellement sédimentaire. 12 Sur cette rive gauche du fleuve, les agglomérations prennent place au débouché des ruisseaux qui, depuis les hauteurs (Puy-de-Serves, les Planards, les Méjans) ont entaillé le versant ouest du massif granitique. A l'exception d'Érôme, qui s'étale plus largement dans la basse terrasse du Rhône s'élargissant quelque peu à cet endroit, les autres villages s'étirent au pied des reliefs, le long du fleuve et des cours d'eau affluents. A l'heure actuelle quelques exploitations agricoles subsistent dans les agglomérations, mais la fonction résidentielle tend à l'emporter progressivement, comme en témoigne le développement des lotissements sur les zones de relief.