la porte des étoiles le journal des astronomes amateurs du nord de la France

Numéro 36 - printemps 2017 36 À la une La nébuleuse de la Rosette en SHO Auteur : Gervais Vanhelle Date : 29/11/2016 Lieu : Oignies (62) Matériel : Caméra Atik383 et lunette GROUPEMENT D’ASTRONOMES Skywatcher Esprit 120ED AMATEURS COURRIEROIS

Adresse postale GAAC - Simon Lericque 12 lotissement des Flandres Édito 62128 WANCOURT Après des numéros thématiques dédiés à nos récentes Internet escapades en Slovaquie et aux Canaries, nous reprenons avec Site : http://www.astrogaac.fr ce numéro 36, un sommaire plus éclectique. Mais ce nouvel Facebook : https://www.facebook.com/GAAC62 E-mail : [email protected] opus n’en reste pas moins spécial. En effet, en ce mois de mars 2017, le GAAC organise la 4ème édition de ses Rencontres Astronomiques de Courrières, un moment phare dans la vie de Les auteurs de ce numéro notre association qui n’a lieu que tous les deux ans : un grand Yaël Nazé - Astrophysicienne FNRS à l’Université ramdam astronomique, l’un des plus riches au Nord de Paris. de Liège Et comme à chaque fois que nous organisons les RAC, nous E-mail : [email protected] sommes ravis d’ouvrir les colonnes de la porte des étoiles à Site : http://www.astro.ulg.ac.be/~naze d’autres auteurs, amis et astronomes, croisés ça et là au gré Emmanuel Conseil - Vice-président du club astro de de nos pérégrinations. Ce sont ici les écrits de Yaël Nazé, Mont Bernenchon Sébastien Beaucourt, Emmanuel Conseil et Claude Grimaud E-mail : [email protected] que vous allez découvrir ! Enfin, ce numéro s’achève avec une Site : http://econseil.blogspot.fr épaisse galerie de résultats obtenus lors des dernières missions à l’observatoire Astroqueyras de Saint-Véran. Sébastien Beaucourt - Médiateur scientifique au planétarium de Reims E-mail : [email protected] Site : http://beaucourtsebastien.wixsite.com/ lecielenquestions/blog-le-ciel-en-questions

Claude Grimaud - Président de REPERES Sommaire E-mail : [email protected] Site : http://reperes-astro.fr 5...... Un son... Cosmique. Musique et astronomie par Yaël Nazé

L’équipe de conception 20...... L’astronomie mésopotamienne Simon Lericque : rédac’ chef tyrannique par Sébastien Beaucourt Arnaud Agache : relecture et diffusion Catherine Ulicska : relecture et bonnes idées 28...... Quand l’astronomie dérape dans les médias Fabienne Clauss : relecture et bonnes idées par Emmanuel Conseil Émeline Taubert : relecture et bonnes idées Serge Vasseur : relecture et bonnes idées 36...... L’histoire du T600 de REPERES Olivier Moreau : conseiller scientifique par Claude Grimaud

Edition numérique sous Licence Creative Commons 40 ����������������������������������������������������������������������������� La galeríe • • • • LA VIE DU GAAC C’était en hiver

Séances de planétarium au collège de Thumeries Culture Game 2017

Expérience de Fizeau au beffroi de Mons Visite de l’exposition ‘‘l’histoire commence en Mésopotamie’’ au Louvre-Lens Animations astro à la médiathèque de Rouvroy Rencontres Astronomiques de Courrières Conférence de Marc Lachièze-Rey à Mons

Prise de contact avec Thomas Pesquet à la médiathèque de Meurchin

Ce sera ce printemps

NAT 2017 Flammarion Barbecue ! Le long weekend de l’ascension, Début mai, quelques membres du C’est la tradition de juin ! À la le GAAC descendra à nouveau GAAC auront la chance de pouvoir nouvelle Lune la plus proche de en masse vers Tauxigny visiter l’observatoire de Camille l’été, le barbecue est déployé à pour participer aux Nuits Flammarion à Juvisy-sur-Orge et, Grévillers... De quoi supporter avec un peu de chance, d’observer Astronomiques de Touraine. le long crépuscule du solstice à travers la lunette de l’astronome. Venez nous y rencontrer ! d’été.

Retrouvez l’agenda complet de l’association sur http://www.astrogaac.fr/agenda.html • • • • LA VIE DU GAAC Les instantanés

Corvée de patates Saint-Véran (05) - 01/11/2016 Le coup de la panne Saint-Véran (05) - 29/10/2016

Damned ! Plus de whisky... Saint-Véran (05) - 01/12/2016

Prêt au décollage Saméon (59) - 26/11/2016

Les rennes du père Noël ont bien changé Chérang (59) - 10/12/2016 Ils existent ! Lens (62) - 27/12/2016

Retrouvez la vie ‘‘officieuse’’ de l’association sur la page Facebook : https://www.facebook.com/GAAC62 la porte des étoiles n°36  • • • • PATRIMOINE Un son... Cosmique Musique et astronomie Par Yaël Nazé - Astrophysicienne FNRS à l’Université de Liège

La musique et l’astronomie partagent une longue histoire commune. Bien sûr, il y a ces savants férus de musique et aussi ces musiciens appréciant l’astronomie (Massenet, Saint-Saëns…). On connaît même un musicien devenu astronome, William Herschel (découvreur d’Uranus) et un astronome devenu musicien, Brian May (guitariste de Queen). Toutefois, les points communs dépassent les personnes et les accords portent même sur la nature du cosmos. Il sera donc ici véritablement question de son. Avez- vous entendu bruisser la Lune ? Et sinon, pourquoi ne pas l’imaginer et peupler le cosmos de notes astrales ? Dans ce domaine, il y eut de grands succès, tant musicaux que scientifiques, mais aussi des mélodies moins intéressantes. Petit tour d’horizon de ces rencontres (im)probables !

L’harmonie des sphères Faites glisser votre magazine jusque vous, à travers la table, touillez dans votre casserole qui frémit, promenez- vous en bottes dans la neige immaculée, glissez doucement l’archet sur le violon… Entendez-vous ? Le frottement de deux corps l’un contre l’autre produit un son, plus ou moins mélodieux. Cela semble une loi universelle, connue depuis la nuit des temps. Regardez maintenant vers le haut : là-bas, le ciel avec ses étoiles et ses planètes se dévoile. Est-ce différent là-haut ? Bien sûr, me direz-vous ! Il n’y a pas d’air dans l’espace, donc pas de son… Oui, mais cela, c’est la connaissance actuelle. Par le passé, les Grecs imaginaient que les planètes se trouvaient sur des sphères qui glissaient l’une sur l’autre. Forcément, un bruit devait être produit. Le vide étant peu en faveur chez ces philosophes, le son se propageait sans problème, jusque nos oreilles. Pourtant, on n’entend rien… À tout problème, une solution, voire plusieurs : nos vénérables anciens très imaginatifs en avaient à proposer. Par exemple, ils considéraient que nous étions si habitués à ces sons célestes, depuis notre naissance, que nous ne les entendions plus ; seuls parfois les enfants ou les simples d’esprit se rendaient compte de cette musique. Bien sûr, puisque le ciel était forcément parfait, ce bruit généré par les sphères devait être beau, harmonieux. C’est ainsi que naquit le concept d’harmonie des sphères. On ne se contenta pas alors de vagues idées et chaque objet céleste se vit attribuer une note parfaite. La musique terrestre, en utilisant ces notes, devait tendre vers l’idéale harmonie des cieux. Pour s’en rendre compte aujourd’hui, il ne reste hélas plus beaucoup d’exemples de musique antique. Parmi eux, l’Hymne au Soleil (https://www.youtube.com/watch?v=KeFq-r9fzbo) de Mésomède la porte des étoiles n°36  • • • • PATRIMOINE

L’harmonie pythagoricienne Toute note est caractérisée par quatre propriétés : la hauteur, la durée, l’intensité, et le timbre. La durée permet de savoir si le son est court ou long ; l’intensité si le son est fort ou faible ; le timbre permet de reconnaître un ‘‘la’’ produit par un violon d’un ‘‘la’’ produit par un piano (le timbre dépend en fait du contenu en harmoniques du son produit par l’instrument). La hauteur, elle, est liée à la fréquence – comme on le dirait aujourd’hui – et permet de distinguer un son aigu (haute fréquence) d’un son grave (basse fréquence) et dépend de la taille : ainsi, un tuyau d’orgue ou une corde deux fois plus longue émettra un son de fréquence deux fois plus grave, une relation connue depuis l’Antiquité. Toutes les fréquences ne sont pas égales cependant. Les Anciens avaient remarqué que certaines associations de notes étaient particulièrement plaisantes à l’oreille. Ainsi, Pythagore aurait porté au pinacle l’octave et la quinte. Une octave est l’intervalle entre une fréquence et son double ; la quinte entre une fréquence et celle qui vaut une fois et demie cette valeur (à noter : il existe aussi la quarte, rapport Theorica musicae, de Franchinus Gaffurius de 4/3, le ton est le rapport 9/8 ; la combinaison d’une quinte et d’une quarte forme une octave, car 3/2x4/3=2). Partant de là, Pythagore établit la gamme pythagoricienne : la fréquence fondamentale, par exemple 1, que l’on multiplie par 3/2 ; on multiplie le résultat par 3/2 (on obtient donc [3/2]² encore par 3/2… On répète l’opération douze fois de suite jusqu’à retomber (presque) sur un multiple d’octave, car [3/2]de 27, la septième octave du 1 de départ. Un coup de chance numérique, qui semble être très signifiant pour nos numérologues pythagoriciens. Toutefois, sept octaves, ça fait beaucoup. Difficile de reproduire cela avec un ensemble de cordes vibrantes ou tuyaux d’orgues (le plus grand devant être sept fois plus grand que le plus petit !). Du coup, pour revenir plus raisonnablement à une seule octave (soit avec des valeurs entre 1 et 2 dans notre exemple), l’idée est de diviser par deux chaque fréquence obtenue, autant de fois que nécessaire. Cela complique un peu les choses, mais au final, on se retrouve avec douze notes possibles, dont la base : do, do#, ré, ré#, mi, fa, fa#, sol, sol#, la, la#, si, on retombe ensuite sur le do de l’octave supérieure.

de Crète (IIème siècle). Comme son titre l’indique, il se concentre sur l’astre du jour, mentionnant Lune, Terre et étoiles en passant, mais pas les autres planètes. Cette tradition astromusicale survécut à l’Antiquité : ainsi, au Moyen-Âge, la base de l’enseignement, le quadrivium, rassemblait arithmétique, géométrie, astronomie et… musique ! Mais comment ça marche exactement ? A priori, l’analogie est complète : la gamme compte sept notes de base et le ciel sept ‘‘planètes’’. En effet, selon la définition antique, le ciel compte sept planètes, soit sept objets qui bougent par rapport aux étoiles : Soleil, Lune, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne. Aujourd’hui, le terme de planète englobe uniquement des objets tournant autour du Soleil. Celui-ci et la Lune sont bien évidemment exclus de la liste. À noter : la lyre antique comptait sept cordes et Newton compléta l’harmonie en définissant sept couleurs principales… Mais tout ne tourna pas toujours autour du nombre sept. En effet, on ajouta des cordes aux lyres et il fallut trouver un complément céleste pour chaque ajout : la sphère des fixes ou le zodiaque pour la 8ème et la Terre pour la 9ème. Ce dernier ajout n’alla pas sans poser problème puisque la Terre est supposée immobile au centre du cosmos… Elle ne devrait émettre aucun son (soit un ‘‘silence’’). la porte des étoiles n°36  • • • • PATRIMOINE

Au Moyen-Âge, on ajouta aussi des cordes à la lyre céleste pour accueillir tous les cercles du paradis, ceux des chérubins, séraphins et autres. Reste à faire l’association entre les notes et les planètes et trouver la proportion planétaire qui fait pendant à la proportion musicale. Dans l’Antiquité, on évoque souvent un lien entre la distance de la planète considérée et la hauteur de la note émise, mais parfois, certains auteurs préfèrent lier vitesse de l’objet et fréquence. On connaît donc diverses mises en parallèle, par exemple : chez Boèce : ré pour la Lune, do pour Mercure, si pour Vénus, la pour le Soleil, sol pour Mars, fa pour Jupiter, mi pour Saturne. Dans le morceau médiéval Naturalis concordia vocum cum planetis : ce chant de type grégorien passe en revue toutes les planètes et les sons associés, se concentrant sur la symbolique du chiffre sept ; il utilise fa pour les étoiles, mi pour Saturne, ré pour Jupiter, do pour Mars, si pour le Soleil, la pour Vénus, sol pour Mercure, fa pour la Lune et silence pour la Terre. Tout cela peut certainement mener à de la musique intéressante, mais quid des résultats pour la science astronomique ? En Johannes Kepler (1571 - 1630) fait, cette recherche d’harmonie donna lieu à une découverte importante par Johannes Kepler. Ce dernier était fasciné (faut- il écrire obsédé ?) par l’idée d’un cosmos harmonieux. Tout au long de sa carrière, il tenta de trouver les proportions du Système solaire. Il commença par emboîter des polyèdres réguliers pour simuler les écarts entre sphères planétaires, mais ce modèle ne s’avéra pas très bon – il donnait bien le nombre maximum d’objets (les six planètes connues alors) mais les distances moyennes relatives n’étaient qu’approximativement reproduites et il n’y avait aucune contrainte sur l’excentricité des orbites. Kepler finit par se tourner vers… la musique ! Il envisagea d’abord des notes uniques pour chaque planète, comme dans l’Antiquité mais cela ne fonctionnait pas très bien. Il imagina alors que la vitesse angulaire d’une planète sur son orbite autour du Soleil, fournit la hauteur de la note associée à la planète (https://www.youtube. com/watch?v=1EFZuzgcIzY). Kepler a donc une note aiguë pour Mercure et grave pour Saturne puisqu’une planète plus éloignée du Soleil se déplace plus lentement sur son orbite. Les Grecs antiques avaient souvent une relation inverse (Saturne aigu, Mercure grave) car ils considéraient le mouvement directement observé, sans enlever la contribution due au mouvement diurne (lié à la rotation de la Terre sur elle-même) comme l’a fait Kepler. Comme dans son modèle, l’orbite est elliptique (première loi de Kepler) et parcourue à vitesse variable (maximum au périhélie, minimum à l’aphélie – deuxième Partition planétaire de Kepler, originale et transposée suivant les usages loi de Kepler), c’est toute une mélodie qu’il modernes la porte des étoiles n°36  • • • • PATRIMOINE

L’harmonie vocale naturelle avec les planètes L’ordre des planètes de la Terre au ciel est similaire à l’harmonie des voix. Tullius (Cicéron) les a classées ainsi, depuis les plus petits nombres dans l’ordre ascendant : Lune, Hermès (Mercure), Vénus et Soleil, Mars, Jupiter et Saturne. Dans un ordre similaire vous devriez placer les voix : Faire la première de la Lune, qui se trouve près de la Terre. Ensuite noter combien Mercure est plus aigu que celui-là. Et l’ordre musical calcule le ton pour cet espace. Vénus garde l’espace suivant, adapté à un demi- ton. Par la suite un ton remplit la quarte avec le Soleil. Et le belliqueux Mars définit un ton à la quinte. Puis Jupiter chante sa complainte avec un petit demi-ton. Et Saturne ajoute un ton pour sa part. Le septième ton, sept comme les jours de la semaine, permet d’atteindre le ciel. Avec ces huit intervalles l’ordre tout entier est contenu dans un diapason. Ainsi, l’octave inférieur, déplié à partir du mese (note centrale), est répété au-dessus à fréquence plus élevée. Un doublement représente le diapason au ciel, le quadruple conduit encore plus haut. Le double est fait de notes, le quadruple se compose des puissances célestes. Sept espèces différentes sont prises en compte dans l’octave. Alors que trois se trouvent dans la quarte et quatre dans la quinte - ainsi les chants sonnent différemment et changent leur caractère. Sept planètes ; sept hauteurs de notes ; sept dons de l’esprit à l’église grâce à sept jours roule l’année du Soleil. Six de travail et vous vous reposez le septième, la vie se renouvelle à huit. Il y a une vie dans la huitième, après sept mille Naturalis concordia vocum cum planetis : partition originale, je crois. retranscription moderne et traduction. (Citation and Authority in Ce numéro sept est le nombre de presque toutes Medieval and Renaissance Musical Culture : Learning from the les choses. Learned, S. Clak & E.E. Leach) la porte des étoiles n°36  • • • • PATRIMOINE

associe à chaque objet ! Bien sûr, le rapport entre les vitesses extrêmes doit être harmonieux, c’est-à-dire correspondre à une belle consonance musicale (comme une tierce, quarte, quinte, ou une octave). Toutefois, cette harmonie n’est jamais perceptible, vu qu’une planète ne peut être à la fois au périhélie et à l’aphélie. Pour créer une véritable harmonie céleste, il faut donc faire ‘‘sonner’’ les planètes entre elles, créant un véritable chant polyphonique. Pour y arriver, Kepler compara les vitesses extrêmes de différentes paires de planètes : après de longs calculs, il réussit à éviter au mieux les dissonances qui se créent parfois en additionnant différents accords harmonieux, dénichant finalement un ensemble de proportions musicales planétaires (sans répétition, chaque rapport entre extrêmes étant unique). Ces rapports lui permettent alors de reproduire les caractéristiques orbitales (distance moyenne et excentricité) et il pense alors avoir trouvé le ‘‘design divin’’. Ces recherches sur les gammes planétaires le conduisirent indirectement à la découverte de sa fameuse troisième loi, le rapport harmonieux tant cherché : le carré de la période est proportionnel au cube du demi grand-axe de l’ellipse orbitale… Musique képlérienne et troisième loi sont d’ailleurs toutes deux publiées dans le même livre, Harmonices mundi, en 1619. Cette théorie d’harmonie cosmique était fort appréciée, mais tous les savants ne la soutenaient pas. Deux exceptions notables sont à souligner. Aristote, tout d’abord : ‘‘On doit voir évidemment, d’après tout ce qui précède, que, quand on nous parle d’une harmonie résultant du mouvement de ces corps pareille à l’harmonie de sons qui s’accorderaient entre eux, on fait une comparaison fort brillante, sans doute, mais très vaine ; ce n’est pas là du tout la vérité’’. De Vinci, ensuite : ‘‘…s’il n’y a pas d’air dans les deux, il ne peut y avoir de son ; mais s’il y a de l’air, les corps seraient usés depuis longtemps. De plus, les corps polis ne font pas de son en frottant et si les deux ne sont pas polis après des siècles de frottement, c’est qu’ils sont globuleux et rugueux : donc leur contact n’est pas continu. Il y aurait alors un vide dans la nature, ce qu’on ne peut La gamme musicale céleste vue par Robert Fludd (1573-1637). L’instrument admettre puisque la nature a horreur du actionné par la main de Dieu est un monocorde pythagoricien, c’est-à-dire qu’il possède une seule corde et que chaque note (ici notée avec des lettres, vide. Enfin, le milieu tourne plus vite que comme dans le système germanique) correspond à un morceau précis de la les pôles : il devrait donc être plus usé et corde. On trouve de bas en haut les quatre éléments, puis les ‘‘planètes’’ et enfin après usure il n’y aurait plus frottement les zones paradisiaques. Les proportions sont notées par des arcs de cercle. et le son s’arrêterait…’’ Ce type de représentation était assez populaire, il en existe diverses variantes. (wikimedia) Ce sont ces opposants qui ont finalement gagné : la réalité de notre Système solaire s’avère moins bruyante qu’espéré, l’espace vide ne propageant pas le son. Toutefois, l’idée était belle, au point de continuer à exister. Diverses compositions intitulées ‘‘Harmonie des sphères’’ existent, tant anciennes (Cristofano Malvezzi https://www.youtube.com/watch?v=1b- u2_4-iaE&list=PL97A1EFF7C4C0F6D2&index=2, Joseph Strauss https://www.youtube.com/watch?v=0d_r1ejshe8...) que plus modernes (Siegfried Karg-Elert https://www.youtube.com/watch?v=EG4Y-srPEK8, Rued Langgard https://www. la porte des étoiles n°36  • • • • PATRIMOINE

youtube.com/watch?v=j959i5k6RjM, Paul Hindemith https://www.youtube.com/watch?v=GQx1kc1GXdc, Joep Franssens https://www.youtube.com/watch?v=wLkmMEEiNBk, Antoni Schonken https://soundcloud.com/antoni-schonken/harmony-of- the-spheres, Philip Sparke https://www.youtube.com/watch?v=fqQOgSX42ZM… ou Willie Ruff et John Rodgers qui se concentrent sur l’harmonie képlérienne https://www.youtube.com/watch?v=ArXrDAlGlYU). L’inspiration des sphères Si les hautes sphères ne font pas de bruit à proprement parler, elles peuvent néanmoins inspirer les artistes – et notamment les musiciens, d’où une toute autre catégorie de musique céleste… Difficile de tout citer car il y en a un florilège dans ce domaine. Et en plus d’être longue, la liste est variée, du classique au métal, en passant par la pop… En voici quelques exemples : - les articles d’Andrew Fraknoi - https://www.astronomy2009.org/static/resources/iya2009_music_astronomy.pdf et https:// www.researchgate.net/publication/258569240_Music_Inspired_by_Astronomy_A_Resource_Guide_Organized_by_Topic - la longue liste de last.fm (http://www.last.fm/tag/astronomy/tracks), le catalogue de Jon Bell (pour les chanter vous-même ! https://www.irsc.edu/uploadedFiles/Best-of-Astronomers-Songbook-2011.pdf) - et d’autres listes encore (http://www.space.com/11037-space-music-playlist-astronauts-wakeup.html et http://cs.astronomy.com/asy/b/astronomy/archive/2014/06/26/10-awesome-pieces-of-astronomy-inspired-music.aspx) Des inventaires plus ou moins complets circulent, voici cependant quelques exemples, classés par thème.

La conquête spatiale Un grand classique est la conquête spatiale. Tout comme l’exploration par ballon ou le décollage des avions, l’envoi de satellites et d’astronautes a suscité l’intérêt de la société dans son ensemble, y compris donc les musiciens. On composa ainsi divers tubes, souvent éphémères, lors du lancement de Spoutnik (J. Engler & Four Ekkos - https://www.youtube.com/watch?v=kuzTZ8m918U), des vols de Gagarine ou John Glenn (Roy West, Sam Hopkins… Mais aussi, plus tard, Liberty Bell de The Gathering), des missions Apollo (album éponyme de Brian Eno, Fly me to the de Sinatra/Nat King Cole…), ou encore des envols de navette américaine (Blast Off Columbia de Roy Mc Call, Ride Sally Ride, version de C. Culver…). Même l’envoi du premier satellite commercial a fait un carton avec le bien nommé Telstar (un morceau instrumental des Tornados https:// www.youtube.com/watch?v=4B7ypA1fSwU repris de nombreuses fois depuis). Les problèmes ne sont pas oubliés non plus, notamment dans Space Junk (https://www.youtube.com/watch?v=nFCU_Ld9snU) de Devo qui évoque les débris qui encombrent notre espace !

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Cela ne s’arrête évidemment pas aux missions réelles car une fois la porte vers l’espace franchie, plus rien ne pouvait arrêter l’imagination ! Les voyages de fiction se sont donc aussi multipliés en musique, par exemple dans 2000 lightyears from home des Rolling Stones, 39 de Queen (https://www.youtube.com/watch?v=pAnpGXPYAIQ), trois albums de Brave Saint Saturn, Titan de Hammerfall, Space Truckin’ de Deep Purple, Planet Caravan de Black Sabbath, le fameux The final Countdown d’Europe, mais aussi… Outer Space Girls des Spice Girls (https://www.youtube.com/watch?v=CdlMXVdRStM). Pour être juste, l’aventure spatiale imaginaire avait même commencé avant, avec Il Mondo della Luna, un opéra- bouffe dont le livret, écrit par Goldoni, a été adapté plusieurs fois, notamment par Galuppi (https://www. youtube.com/watch?v=Twu9oFdO5B8), Haydn, et Paisiello – un thème similaire a été abordé par Janacek pour le Voyage dans la Lune de Mr Broucek (https://www.youtube. com/watch?v=Np77U3QqK2o) ! Le champion incontesté dans ce domaine reste cependant le caméléon David Bowie. Son célèbre Space Oddity (https://www.youtube.com/watch?v=D67kmFzSh_o) est le premier véritable succès public de Bowie. Cette chanson est sortie en 1969, juste après l’atterrissage d’Apollo XI, et elle devint si connue qu’elle donna son titre au deuxième album de l’artiste sur lequel il figurait (sorti initialement sous le titre ‘‘David Bowie’’). Il s’agit en fait d’un dialogue entre ‘‘Ground Control’’, l’équivalent David Bowie - Space oddity du fameux Houston de la NASA et l’astronaute Major Tom. Les vérifications s’enchaînent alors que le décompte s’égrène mais un problème surgit une fois en orbite… Bien sûr, certains disent que sous la mission spatiale se cache en fait le drogué qui prend sa dose (version accréditée par Bowie lui-même dans sa chanson Ashes to Ashes) mais certains ont pris le parti spatial – le chanteur allemand Peter Schilling a ainsi sorti Major Tom (coming home) (https://www.youtube.com/ watch?v=Jt-R5hj_lWM) en 1983, où l’astronaute se doute d’un problème durant le décompte puis, reprenant là où Bowie avait laissé Tom, raconte sa chute vers la Terre. Bowie ne s’arrêtera pas là : en 2002, il présente I took a trip on a Gemini spaceship (https://www.youtube.com/watch?v=BxpCMZpUiP4), en 1996 Hallo Spaceboy (https:// www.youtube.com/watch?v=EHSe4N1tRQU), et en 1972 The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders of Mars (https://www.youtube.com/watch?v=V6NcKzoAVns), dont le personnage principal n’est pas étranger à un extraterrestre androgyne…

L’astrologie Autre ‘‘classique’’ : l’astrologie… Il existe de multiples chansons baptisées zodiaque, mais aussi toute une symphonie ‘‘astrologique’’ : Planets (https://www.youtube. com/watch?v=AHVsszW7Nds) de Gustav Holst. Commencée juste avant le début de la première guerre mondiale et jouée pour la première fois juste après sa fin, cette suite comporte sept morceaux, une par planète. Leur ordre (Mars, Vénus, Mercure, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune) ne correspond pas à l’éloignement au Soleil ou à des tailles (dé)croissantes, mais aurait été choisi en fonction de critères astrologiques (difficile de dire quoi exactement car plusieurs interprétations circulent). Les thèmes associés n’ont rien à voir non plus avec les astres réels : Vénus apporte la paix, Mars la guerre, Saturne représente la vieillesse, Jupiter est gai, Mercure ailé et Gustav Holst (1874 - 1934) la porte des étoiles n°36 11 • • • • PATRIMOINE

Neptune mystique. La partition est en fait écrite pour tenter de partager les émotions associées à ces objets Iron Maiden dans la mythologie gréco-romaine et l’astrologie. Pour When two worlds collide l’astronomie, on repassera… Par contre, cette symphonie est très populaire. Régulièrement jouée, elle marque les esprits, de son inquiétant début résolument martial à sa fin véritablement céleste avec le chœur et la harpe qui montent vers des aigus dans un decrescendo parfait. Seul problème : il faut un large orchestre pour la jouer… Quoiqu’au début, Holst l’ait composée pour deux pianos et un orgue ! Plus amusant : la symphonie a été complétée en 2000, où Colin Matthews ajoute Pluton (https://www.youtube. com/watch?v=ucKEqEaH8Zs), tandis qu’en 2006, quatre morceaux liés à des astéroïdes ont été commandés par le philharmonique de Berlin. Enfin, celui qui ne connaît pas l’œuvre lui trouvera un air de ressemblance avec les musiques de films, comme Star Wars, par exemple. C’est normal : les compositeurs hollywoodiens s’inspirèrent de Iron Maiden - Virtual XI Holst !

My telescope looks out Into the stars tonight A little speck of light Seems twice the size tonight. Les observations du ciel The calculations are so fine Can it be growing all the time ? Now I can’t believe it’s true And I Parmi les morceaux inspirés par le ciel, on trouve aussi don’t know what to do For the hundredth time I les souvenirs d’observations, citons-en deux. Le groupe check the declination. Now the fear starts to grow britannique Iron Maiden propose avec When two worlds Even my computer shows.There are no errors in the calculations. Now it’s happened take no other collide (https://www.youtube.com/watch?v=zOjhkEmEmUI) view Collision course, you must believe it’s true une chanson décrivant assez précisément le travail des Now there’s nothing left that we can do. astronomes (voir ci-contre) : observation d’un changement Mon télescope pointe vers les étoiles du soir. Le de luminosité, vérification des coordonnées, mais au petit point de lumière semble deux fois plus grand final pas d’erreur de calcul, d’où mise sur pied d’une ce soir. Les calculs semblent justes. Se pourrait-il théorie : ce sont deux ‘‘mondes’’ qui viennent d’entrer en que cela s’agrandisse en permanence ? À présent, collision pour donner naissance à une supernova ou un je n’arrive pas à y croire Et je ne sais pas comment sursaut gamma ? Les rockeurs ne l’ont pas précisé… Le faire. Pour la centième fois je vérifie la déclinaison. À présent, la peur se répand en moi. Même mon compositeur Mike Oldfield, lui, vous propose dans Saved ordinateur atteste qu’il n’y a pas d’erreur dans les by a Bell (https://www.youtube.com/watch?v=5S53DH8Uw-k) de calculs. À présent que cela est confirmé, aucune regarder dans son télescope cette nuit (voir ci-dessous), autre issue ne subsiste. La collision imminente, en espérant que le ciel reste dégagé, pour observer la Voie vous devez y croire. À présent, il n’y a plus rien lactée, Jupiter, Saturne, diverses galaxies – un programme que nous puissions faire. typique pour un astronome amateur ! – le tout passant très vite dans l’oculaire… Flûte, il a oublié

Mike Oldfield - Saved by a bell Would you like to look through my telescope ? The Milky way’s a fine sight to see. All around our Universe, we try so hard to view what’s new. Make a trip down to Sagittarius and take a spin by some nebula. I hope the sky stays clear for us, The night goes on so far in stars… Shining like bright diamonds, the galaxies. Jupiter and Saturn spin by passing by companions, they all go drifting by. They fly ! Carry me down to see Aquarius. We’re hoping to meet a shooting star. I can see there’s going to be a message from a far. How close we are.

Voudrais-tu observer avec mon télescope ? La Voie lactée est un bien beau spectacle. Partout dans notre Univers, nous cherchons avec acharnement une découverte inédite. Voyagez vers le Sud jusqu’au Sagittaire et ayez le vertige au détour d’une nébuleuse. J’espère que pour nous le ciel restera limpide. La nuit avance, si loin parmi les étoiles... Brillantes comme l’éclat des diamants : les galaxies, Jupiter et Saturne dans leur révolution, des compagnons de passage. Tous les astres semblent à la dérive. Ils volent. Emmène moi voir le Verseau. Nous espérons surprendre une étoile filante. Je prédis qu’un message arrivera des confins. Nous en sommes si proches. la porte des étoiles n°36 12 • • • • PATRIMOINE de brancher le moteur d’entraînement de son télescope ! À noter qu’Oldfield a aussi composé un album intitulé Music of the Spheres mais ce dernier est un jeu de mots avec le nom de son label, Universal music, plutôt que quelque chose de lié aux notes célestes. Côté classique, Reginald Smith-Brindle a tenté de faire un portrait de la galaxie d’Andromède dans son M31 tandis que David Bedford relate ses observations du chasseur céleste dans Sword of Orion – ce passionné d’astronomie a d’ailleurs composé de nombreux morceaux teintés de ciel (comme A dream of the seven lost stars ; Star clusters, nebulae and places in devon ; Some stars above magnitude 2.9 ; Star’s end).

Monty Pythons - Galaxy song Just remember that you’re standing on a planet that’s evolving David Bedford and revolving at nine hundred miles an hour. That’s orbiting Stars clusters nebulae and places in devon at nineteen miles a second, so it’s reckoned. A sun that is the source of all our power. The sun and you and me and all the Les concepts astronomiques stars that we can see. Are moving at a million miles a day. In an outer spiral arm, at forty thousand miles an hour. Of the galaxy Enfin, il y a les astres et les concepts we call the milky way. Our galaxy itself contains a hundred astronomiques. On trouve ici aussi pléthore billion stars. It’s a hundred thousand light years side to side. de partitions… Quelle que soit leur qualité It bulges in the middle, sixteen thousand light years thick But out by us, it’s just three thousand light years wide. We’re thirty intrinsèque, nous éviterons ici les nombreuses thousand light years from galactic central point. We go ‘round compositions où l’astronomie n’est qu’un every two hundred million years. And our galaxy is only one prétexte, une analogie utilisée juste pour un vers of millions of billions In this amazing and expanding universe. – comme pour les Trous noirs d’Amanda Lear The universe itself keeps on expanding and expanding. In all et de Muse (analogie du compagnon cannibale) of the directions it can whizz. As fast as it can go, the speed of light, you know.Twelve million miles a minute and that’s the ou de Lindsay Lohan (lieu où disparaît l’amant), fastest speed there is. So remember, when you’re feeling very l’éclipse totale du cœur de Bonnie Tyler en small and insecure. How amazingly unlikely is your birth And pleine crise amoureuse ou celle des yeux de pray that there’s intelligent life somewhere up in space. ‘Cause Samson devenant aveugle chez Haendel… it’s bugger all down here on . Oublions l’astronomie citée sans raison évidente Souviens toi simplement que tu vis sur une planète qui évolue et (Astronomy de Metallica). Passons aussi tourne à 1450 kilomètres par heure. Elle orbite à 30 kilomètres rapidement sur la longue tradition musicale liée par seconde autour du Soleil qui est assurément la source de toute notre énergie. Le Soleil, toi, moi et toutes les étoiles visibles parcourons plus d’un million de kilomètres chaque jour en tournant à 65000 kilomètres à l’heure au bout d’un bras spiral d’une galaxie que nous appelons Voie lactée. Notre propre galaxie contient des centaines de milliards d’étoiles. Elle s’étend sur cent mille années-lumière. Elle s’élargit en son centre : 16000 années-lumière, mais par chez nous, en bordure, elle ne fait que 3000 années-lumière de large. Nous nous situons à 30000 années-lumière du centre galactique. Nous en faisons le tour en 200 millions d’années et notre Galaxie n’est que l’une des millions de milliards contenues dans cet incroyable Univers où tout s’éloigne. L’Univers lui-même n’a de cesse de s’étirer et s’étirer dans toutes les directions possibles. Il file aussi vite qu’il le peut, à la vitesse de la lumière, tu sais : (20 millions de miles à la minute) 300000 kilomètres par seconde. C’est la vitesse la plus rapide qui soit. Alors souviens-toi, quand tu te sens insignifiant et inquiet, à quel point ta naissance était improbable et prie pour qu’une forme de vie intelligente existe ailleurs dans l’espace. Parce que c’est la mouise ici bas sur Terre. Monthy Pythons - Galaxy song la porte des étoiles n°36 13 • • • • PATRIMOINE

aux astres divinisés. Vu le surnom de son patron (le Roi-Soleil), le compositeur Jean-Baptiste Lully a produit énormément de musique de ce genre : opéra Phaéton, entrée d’Apollon dans Les Amants Magnifiques, Soleil levant du Ballet de la Nuit, ballet des planètes autour du souverain-centre de l’Univers dans le Ballet des Muses… Il est ici amusant de noter que le roi lui-même tenait souvent le rôle-titre, comme le montre le film Le Roi Danse pour les deux premiers morceaux cités (https://www.youtube.com/watch?v=aGrZGFYZG18&gl=BE). Jetons plutôt une oreille vers des morceaux où il y a vraiment de l’astronomie… et pas la plus simple ! Le meilleur exemple vient… des Monthy Python. Pour leur film Meaning of life, ils résument les principaux faits astronomiques. Attention, hard science en vue dans la Galaxy Song (https://www.youtube.com/ watch?v=buqtdpuZxvk) : vitesse orbitale de la Terre, vitesse du Soleil dans la Voie lactée, description précise de celle-ci (taille, structure, nombre d’étoiles), expansion de l’Univers – tout y passe dans un couplet savoureux (voir paroles page précédente). Une véritable leçon d’astronomie qui sauve carrément le film, plutôt moyen parmi ceux de la bande à l’humour so british ! Eminem, lui, s’est contenté de la distance de la Lune dans Space Bound (https://www.youtube.com/watch?v=JByDbPn6A1o)… Mais ils ne sont pas les seuls. La chanteuse islandaise Björk passe ainsi en revue les différentes visions du monde, tribales et scientifique, dans une seule chanson : Cosmogony (https://vimeo.com/26621984). Après un début particulier (ou typique de cette chanteuse si particulière ?) évoquant le décompte d’un lancement dans l’espace ou le compte à rebours avant le début cosmique, les différentes théories sont présentées. À vous de choisir entre un univers primordial océanique, en forme d’œuf, de terrain infini ou né dans un ‘‘Bang’’ ! La même artiste vous explique aussi le mécanisme des saisons dans sa chanson Solstice (https://www.youtube.com/ watch?v=gRPKQ9XWCv0). Une leçon atypique mais qui pourrait en inspirer plus d’un (voir paroles ci-dessous).

Bjork - Cosmogony Bjork - Solstice

Björk - Cosmogony Björk - Solstice

Heaven, heaven’s bodies. Whirl around me make me When your eyes pause on the ball. That hangs on the third wonder. And they say back then our universe wasn’t branch from the star, you remember why it is dark and even there. Until a sudden bang and then there was why it gets light again. The Earth, like the heart, slopes in light, was sound, was matter. And it all became the it’s seat And, like that, it travels along an elliptical path, world we know. drawn into the darkness.

Firmament, les astres du firmament tourbillonnent Lorsque ton regard se pose sur la sphère accrochée à la autour de moi et je m’interroge. Ils disent qu’à l’époque troisième branche depuis le Soleil, tu te souviens pourquoi il notre univers n’existait même pas, jusqu’à un soudain y a la nuit puis le jour qui revient. La Terre, comme le coeur, big bang, et la lumière fut, ainsi que le son et la matière. se tient inclinée et dans cette position elle voyage le long Et tout cela devint le monde que nous connaissons. d’un chemin elliptique, entraînée dans les ténèbres. la porte des étoiles n°36 14 • • • • PATRIMOINE

Le groupe canadien Rush a été plus loin encore avec Cygnus X-1 (https://www.youtube. Rush - Cygnus X-1 com/watch?v=wlNrQGmj6oQ), nom du premier In the constellation of Cygnus, there lurks a mysterious, trou noir de masse stellaire reconnu. Tout y invisible force : the black hole of Cygnus X-1... Six passe (voir paroles ci-contre) : position de stars of the Northern Cross in mourning for their l’objet, description de l’accrétion de la matière, sister’s loss. In a final flash of glory. Nevermore to problème du destin de cette matière, émission grace the night... Invisible to telescopic eye. Infinity, de rayons X… Et pourtant, à l’écoute, on n’y the star that would not die. All who dare to cross her course. Are swallowed by her fearsome force through the void to be destroyed. pense pas ! Comme quoi, une petite chanson Or is there something more ? Atomized... at the core ? Or through peut faire passer plein d’information ! the astral door ? To soar... I set a course just east of Lyra and northwest of Pegasus flew into the light of Deneb. Sailed across N’oublions pas les instrumentaux, comme the Milky Way. On my ship, the Rocinante wheeling through the Vangelis et son Pulstar (https://www.youtube.com/ galaxies. Headed for the heart of Cygnus headlong into mystery. watch?v=8UwGl0Yk_jU) sur son album The X-ray is her siren song. My ship cannot resist her long nearer 0.39 (celui de la Terre !) – on croirait entendre to my deadly goal. Until the black hole gains control...Spinning, un véritable pulsar ! whirling still descending like a spiral sea. Unending... Sound and fury drown my heart. Every nerve is torn apart...

Dans la constellation du Cygne se cache un mystère, une force invisible: le trou noir Cygnus X-1... Six étoiles de la croix du Nord pleurent la disparition de leur soeur dans un ultime flash glorieux. Jamais plus elle n’honorera la nuit de sa lumière... Invisible au regard du télescope, l’étoile qui ne voulait pas mourir. Tout ce qui s’aventure sur son chemin est avalé par son effroyable attraction, aspiré à travers le vide jusqu’à sa destruction. Se pourrait-il qu’il y ait quelque chose de plus ? Pulvérisé... au coeur ? Ou à l’horizon des événements ? Je m’élance... Je trace un chemin un peu à l’Est de la Lyre et au Nord-ouest de Pégase, jusqu’à la lumière de Deneb. Navigue à travers la Voie lactée. À bord de mon vaisseau, le Rocinante vogue à travers les galaxies, en direction du coeur du Cygne, la tête la première vers l’inconnu. Les rayons X constituent son chant de sirène. Mon vaisseau ne peut pas lui résister plus longtemps, alors que je m’approche de mon destin funeste. Jusqu’à ce que le trou noir prenne le dessus... Filant et tournoyant, je m’enfonce dans le vortex. Sans fin... Le son et la fureur inondent mon coeur. Chacun de mes nerfs est à vif... Vangelis - Pulstar

Les astronomes Pour terminer, n’oublions pas les morceaux en relation avec les astronomes eux-mêmes. De nombreux exemples dans ce domaine sont des commandes liées à des anniversaires : 500ème de Copernic (Leo Smit, Henryk Gorecki - https://www.youtube.com/ watch?v=jwOTBSisRIk), 350ème de Kepler (Gunter Bergmann) ou 100ème de James Jeans (Robert Simpson). Il existe cependant un champion dans cette catégorie : Philip Glass. Ce compositeur est considéré comme une figure majeure du classique contemporain, en particulier pour ses opéras. Plusieurs de ses œuvres font référence à la science et ce n’est pas étonnant : enfant, Glass s’imaginait devenir scientifique. Les grandes figures aux intuitions géniales l’intéressent particulièrement. Il consacra donc trois opéras à Einstein, Galilée et Kepler. Premier de la série, l’opéra Einstein on the beach (1976) fit du bruit – les spectateurs de cet opus de Représentation de Galileo Galilei cinq longues heures de mouvements répétés (Glass est connu pour au Madison Opera (2012) sa musique minimaliste) criant soit au génie soit au scandale. Ce dynamitage en règle des codes de l’opéra assura la renommée de son auteur. Mais si ses œuvres n’ont pas d’intrigue, de narration classique, l’intérêt est ailleurs – un respect des faits. L’opéra Galilée (2001) est inspiré des lettres entre le savant et sa famille (notamment sa fille Marie Céleste). Il commence par un Galilée âgé se souvenant d’épisodes ayant marqué sa vie, et se termine sur l’enfant écoutant une œuvre de Vincenzo Galilei, son père pionnier de l’opéra, consacrée à l’harmonie des sphères qui l’intéressait tant… la porte des étoiles n°36 15 • • • • PATRIMOINE

De son côté, le premier acte de l’opéra Kepler (2009) (https:// www.youtube.com/watch?v=a_Fh2TmHZyk) se penche sur les questions que se posait le savant et les discute, tandis que le second se consacre à l’homme, sous ses multiples facettes (astrologie, science…). Glass écrivit aussi un opéra consacré au Voyage qui commence par un pseudo-Hawking chantant l’harmonie des sphères avec une voix digitalisée… Il faut dire que Glass avait écrit la musique du documentaire A brief history of time (1991) et que le savant l’avait marqué car, alors qu’il est immobile, cloué dans sa chaise, il faisait pourtant le plus grand des voyages… en esprit ! Après ce prologue particulier, le Voyage alterne l’histoire de Christophe Colomb et celle d’un vaisseau spatial futuriste. L’espace n’est jamais loin ! Mais ce n’est pas tout. Glass consacra aussi un morceau, The Light (https://www.youtube.com/watch?v=WP1cVB6r9hg), à la célèbre expérience de Michelson et Morley (la vibration Opéra Kepler lumineuse devenant des notes dansantes !). Il écrivit Orion (https://www.youtube.com/watch?v=FIKD_MmKMP4) en hommage à la constellation, mit également en musique le film IMAX consacré aux rovers martiens Spirit et Opportunity (Roving Mars) et un texte de Brian Greene sur les trous noirs et le temps dans Icarus at the edge of time (https://www.youtube.com/watch?v=WDSFDg0eQng). Impossible de le rater dans la sphère musico-astronomique ! Mais qui oserait le contredire quand il déclare ‘‘I believe there is no single experience in the world which tells us more than the vastness of space, and the innumerable heavenly bodies. And thus the stars form a bond between us all - regardless of country, nationality, regardless even of time’’ (en français, ‘‘j’ai la conviction qu’aucune expérience en ce monde n’est plus révélatrice que l’immensité de l’espace, et les innombrables corps célestes. Et ainsi les étoiles nous lient tous ensemble - indépendamment de nos pays, de nos nationalités et même de nos époques’’.) ainsi que ‘‘Scientists and artists are high on my list of courageous men and women who have changed the world in which we live.’’ (‘‘Les scientifiques et les artistes sont en haut de la liste des hommes et des femmes les plus courageux, qui ont changé le monde dans lequel nous vivons.’’) L’appel des sphères Il existe enfin une dernière catégorie de musique ‘‘céleste’’, celle utilisant des données astronomiques. Le cas le plus connu concerne les variations périodiques. En effet, la luminosité de certaines étoiles variables est modulée selon une ou plusieurs fréquences tandis que les signaux envoyés par les pulsars, ces cadavres d’étoiles, se répètent régulièrement car ces objets se comportent comme des phares. Il existe plusieurs façons de transformer les fréquences observées des variations lumineuses en musique. Par exemple, on peut considérer que ces fréquences correspondent directement à des fréquences sonores, à un facteur multiplicatif près, car il faut que la note résultante soit audible par les humains. Si l’objet présente plusieurs fréquences, on se retrouve alors avec quelques ‘‘notes’’, dont l’amplitude relative est fixée à celle enregistrée pour le signal stellaire. Certains utilisent ensuite ces accords comme base pour composer un morceau. B. Ulas utilisa ainsi les pulsations de l’étoile Y Cam (https://soundcloud.com/bulash/ akycam). Si l’on aime ce jeu, on peut s’amuser à créer un véritable la porte des étoiles n°36 16 • • • • PATRIMOINE

orchestre ‘‘stellaire’’ en combinant les ‘‘notes’’ de différents objets…. D’un autre côté, si l’amplitude du signal mesuré change avec le temps, on se retrouve directement avec une mélodie céleste, comme pour les pulsations solaires transposées dans le régime audible (voir voir aussi les sons de base sur http://soi.stanford.edu/results/sounds. html et http://quake.stanford.edu/~sasha/SOUNDS/sounds.html) et utilisées par Stephen Taylor pour Heart of the Sun (http://www.stephenandrewtaylor.net/mp3/HeartoftheSun.mp3). Autre possibilité : considérer que les variations lumineuses périodiques fournissent non les notes mais bien leur rythme – la musique résultante sera donc un tam-tam plus ou moins rapide suivant les cas. La hauteur de la note est ici choisie sans critère astronomique, mais l’amplitude relative des rythmes est de nouveau empruntée au signal céleste. Dans ce cadre, il faut citer le Noir de l’étoile (https://www.youtube.com/watch?v=zO02H-R6IWo), de Grisey. Ce morceau est écrit pour six percussionnistes disposés à des endroits différents, parmi le public. Le concert commence avec un texte de l’astrophysicien Jean-Pierre Luminet sur les pulsars et continue avec les six ensembles de percussions, jouant tantôt séparément tantôt ensemble. La partition se fait exemplative, faisant entendre tant des rythmes réguliers que les irrégularités (en rythme et en amplitude) typiques de ces phares célestes. Par deux fois, les musiciens s’arrêtent, pour laisser entrer les invités : deux pulsars dont les signaux radios ont été convertis en son (sans changer leur fréquence, cependant). Le premier est le pulsar de Vela, pré-enregistré, tandis que le second pulsar doit, lui, intervenir ‘‘en direct’’ – à Strasbourg et Bruxelles, c’était PSR 0329+54 observé par le radiotélescope de Nançay. Peu de pulsars peuvent en fait convenir pour ce genre d’exercice (il faut un signal stable et fort, avec une fréquence dans la zone audible) mais en plus, ils contraignent souvent fortement l’horaire du concert. Ainsi, PSR 0329+54 n’est observable que durant une demi-heure au-dessus de Nançay, parfois tôt le matin, parfois tard le soir et seulement à certains moments de l’année, il faut donc bien calculer son coup ! Après l’intervention de ces ‘‘invités’’, les percussionnistes leur répondent, mêlant signaux célestes et musique humaine. Le tout se déroule dans une ambiance feutrée, avec lumières minimales et décor sombre, en accord avec le titre de l’œuvre. On peut aussi jouer avec des signaux non périodiques – il existe en fait des milliers d’exemples de sonification de données (http://www.jpl.nasa.gov/videos/solar_system/SpookySoundsJPL-cc.mov ; quelques-uns sont proposés sur http://www.jpl.nasa.gov/multimedia/sounds/index-flash.html et sur http://proftimobrien.com/2014/03/sounds-of-space ou encore sur http://www-pw.physics.uiowa.edu/space-audio/sounds). Ainsi, les variations de densité de particules mesurées par Voyager ou celles du nombre d’impacts de grains de poussière par Cassini lors de sa traversée des anneaux ont été convertis en fréquences sonores : plus il y en avait, plus c’était aigu. Ce genre de données, en provenance des sondes Voyager et Galileo, a été utilisé par le Kronos Quartet pour Sun Rings (https://www.youtube.com/ watch?v=D3qqhOgNdhQ). De son côté, Robert Schroeder a transposé dans la gamme audible les signaux radio observés en provenance de la galaxie Cygnus A, les insérant dans le morceau éponyme (https://www.youtube. com/watch?v=vBW4hogVNSY).

À l’observatoire d’Armagh (Irlande du Nord), une installation sonique (Around North - https://www.youtube. com/watch?v=24kAfeBl0mo) créée par le compositeur Robert Jarvis permet de ressentir le mouvement des étoiles autour du Pôle : le son associé à chaque étoile dépend de ses caractéristiques physiques (température, distance...) et de sa position dans le ciel au moment où l’on écoute.

Around North, par Robert Jarvis de l’observatoire d’Armagh la porte des étoiles n°36 17 • • • • PATRIMOINE

Au-delà de ces cas classiques de conversion de données en musique, il faut aussi considérer l’expérimentation. John Cage a ainsi composé son Atlas Eclipticalis (https://www.youtube.com/ watch?v=nky14InylDM), et sa suite Études Australes (https://www.youtube.com/ watch?v=o7Gzy1hGDg0), en utilisant les cartes célestes d’Antonín Becvár : en plaçant des portées sur diverses régions du ciel choisies au hasard, les étoiles se muèrent en notes, formant souvent des agrégats. L’idée Manuscrit d’Atlas Eclipticalis conservé à New York est de donner une dimension spatiale et éternelle à la musique – quasi objective puisque ne nécessitant que peu d’intervention humaine. Particularité : pour ce morceau de piano, les deux mains jouent de manière totalement indépendante, ce qui ne facilite pas la vie des musiciens. George Crumb propose aussi, dans son Makrocosmos, de jouer avec les formes. Ses partitions présentent en effet des formes originales : spirale pour Spiral Galaxy (https://www.youtube.com/watch?v=FNNTFt00SEc) (vol I de Makrocosmos) ou ensemble de deux cercles pour Twin suns (https://www.youtube.com/watch?v=n2XU0AtT84I) (vol II). Les autres volumes comportent aussi d’autres morceaux aux noms célestes : music of starry night (https://www.youtube.com/watch?v=X8baLOaS9Bw) (vol III) ; et alpha centauri, beta cygni, gamma draconis, et delta orionis (https://www.youtube.com/ watch?v=o_1A69kKTJo) (vol IV). Enfin, Stockhausen s’est aussi intéressé aux constellations pour son Sternklang (https://www.youtube.com/ watch?v=gqXsA0Gu6DA). Cette œuvre (qui n’est pas sa seule à consonance astronomique – cf. Sirius, Licht) doit se jouer dans un parc, avec cinq groupes de musiciens. Chacun des groupes joue ses propres combinaisons musicales, avec de temps à autre une synchronisation entre eux. Il peut y avoir aussi un transfert de musique d’un groupe à l’autre, via un chanteur fredonnant le morceau à transférer tout en se déplaçant de l’un vers l’autre. La partition comporte en outre des ‘‘K’’ indiquant quand jouer les ‘‘constellations’’. Les écarts verticaux entre étoiles d’une constellation permettent de donner la suite de notes à utiliser, les écarts horizontaux fournissant l’écart temporel (le La partition de Spiral Galaxy de Crumb la porte des étoiles n°36 18 • • • • PATRIMOINE rythme). Enfin, la brillance des étoiles fournit l’intensité (fort ou faible) du son, tandis que le nom de la constellation sert parfois pour le chant associé. On le voit, la musique céleste n’est pas unique – tout comme dans les Beaux-Arts, le ciel a inspiré de nombreux artistes, chacun répondant avec sa propre sensibilité. Utilisation de données astronomiques, souvenirs d’observation, réinterprétation des recherches en cours, voire réflexion sur l’harmonie du monde, c’est tout un florilège qui s’exprime ici ! Les constellations de Stockhausen pour Sternklang Notes Article déjà publié dans la revue le ciel : http://www.societeastronomique.ulg.ac.be/actualites/bulletin-le-ciel Pour un accès plus facile aux liens, notez que cet article se trouve en ligne sur le site Culture-ULg : http://culture.ulg.ac.be/musique-astro

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Par Sébastien Beaucourt - Médiateur scientifique au planétarium de Reims

La Mésopotamie est le berceau de la civilisation. Elle a connu l’édification des toutes premières villes (Mari, Sumer) ainsi que l’apparition de l’écriture, le cunéiforme (nommé ainsi car les symboles ont la forme de clous), vers 3200 avant J.-C. C’est également dans cette région que les prémices de la science des étoiles apparaissent. Pendant plusieurs millénaires, les astronomes-astrologues vont scruter le ciel, créer les premiers repères (constellations et zodiaque), pour enfin aboutir à une arithmétique capable de calculer à l’avance la position des planètes.

Brève présentation historique Exemple de tablette avec une écriture cunéiforme Littéralement, Mésopotamie signifie le pays entre deux fleuves, du grec meso (au milieu de) et potamos (fleuve). C’est une vaste plaine sillonnée par le Tigre et l’Euphrate. Elle recouvre essentiellement l’Irak actuel, l’est de la Syrie et le sud-est de la Turquie. Entourée par le désert et les montagnes, elle forme ce que l’on appelle le ‘‘croissant fertile’’. Pour comprendre les motivations de l’astronomie mésopotamienne, un bref rappel de l’histoire de la région est nécessaire. Plusieurs peuples se partagent le contrôle du territoire : tout d’abord les Sumériens qui dominent à la fin du IIIème millénaire avant J.-C. puis les Akkadiens, à partir de 2350 avant J.-C. Au début du IIème millénaire avant J.-C., un nouvel empire dirigé par le roi Hammurabi (1792 av. J.-C. – 1750 av. J.-C. ) émerge, centré sur Babylone. Vers -800, les Assyriens prennent le pouvoir. Puis, deux siècles plus tard, c’est au tour des Chaldéens. Cependant, les deux royaumes subissent régulièrement les invasions des peuples voisins. L’empire babylonien s’effondre suite à l’invasion perse au VIème siècle avant J.-C. Puis, en 332 avant J.-C., c’est au tour d’Alexandre le Grand d’envahir la région, qui passe alors sous domination grecque. Géographiquement, l’emplacement est stratégique, situé au carrefour des routes commerciales venant de l’Europe, de l’Arabie et de l’Asie. Tout au long de son histoire, la Mésopotamie fut obligée de commercer, devenant ainsi un immense marché où se côtoient différentes cultures et s’échangent les idées. L’histoire de la Mésopotamie a donc donné lieu à de nombreux brassages de peuples et de cultures, et il est donc relativement difficile de préciser les généalogies culturelles et savantes de chacune des traditions ayant fondé la civilisation mésopotamienne, ainsi que leur apport dans la science Carte de la Mésopotamie astronomique. la porte des étoiles n°36 20 • • • • HISTOIRE

Les sources Chronologie Les historiens disposent de près de 800 000 tablettes retrouvées à ce jour. Celles-ci proviennent de la ville Date En Mésopotamie Dans le reste du monde d’Uruk, de la bibliothèque de Ninive, la capitale 3900 Premières villes assyrienne, et de divers endroits de Babylone. Près de 3200 Apparition de l’écritude 1500 parlent d’astronomie. L’essentiel des tablettes cunéiforme 3100 Apparition de l’écriture est daté entre -650 et -50. hiéroglyphique en Egypte 2900-2350 Époque sumérienne L’une des plus anciennes tablettes astronomiques est (premiers rois, premières celle datée du règne d’Ammisaduqua (vers 1646- dynasties) 2340-2150 Époque d’Akkad (premier 1626 avant J.-C.), qui indique toutes les dates et les État) heures des levers et couchers de Vénus pendant les 2150-2000 Époque néo-sumérienne vingt années du règne. Cela nous permet d’affirmer 2000-1600 Époque amorrite qu’à cette époque, l’étoile du matin et celle du soir 1600-1100 Époque du Bronze récent sont clairement identifiées comme un seul et même 934-600 Périodes troublées, repli Apparition de l’écriture en des pouvoirs assyrien et Chine (vers -800) astre : Ishtar, déesse de la fécondité, qui sera plus babylonien tard assimilée à Aphrodite/Vénus. Ces observations 753 Fondation de Rome laissent supposer que les Mésopotamiens scrutent le 610-539 Époque néo-babylonienne ciel depuis bien plus longtemps. Rappelons que depuis 539-331 Invasion perse 331 Conquête d’Alexandre le l’apparition de l’écriture, vers 3000 avant J.-C., ils Grand pouvaient enregistrer les mouvements des astres.

Deux autres séries de tablettes constituent les principales sources d’informations sur l’astronomie mésopotamienne : les tablettes Enuma Anu Enlil et Mul.Apin, qui proviennent de la bibliothèque d’Assourbanipal, à Ninive. Enuma Anu Enlil (quand les dieux Anu et Enlil) est un ensemble de 70 tablettes datant probablement du IIe millénaire avant J.-C. La série comporte 7000 présages astrologiques. Les tablettes Mul.Apin (du nom de la première constellation qui est mentionnée, celle de la Charrue) datent de 1100 avant J.-C., mais fait état d’un savoir plus ancien, probablement du IIème millénaire avant J.-C. là aussi. Les Mul.Apin constituent le premier catalogue stellaire, décrivant 66 constellations, ainsi que la division du ciel en trois secteurs. Un autre texte mentionne les 18 constellations situées sur le ‘‘chemin de la Lune’’, qui correspond plus ou moins à l’écliptique (plan de l’orbite de la Terre autour du Soleil ; vu depuis la Terre, c’est une ligne imaginaire que semblent suivre les planètes, le Soleil et la Lune au cours de leur déplacement annuel). C’est là l’origine du premier zodiaque de l’histoire. Nous disposons également des reliefs sculptés sur les murs des monuments, ainsi que des Kudurru, des stèles portant le texte d’une donation royale de terres, sur lesquelles figurent les premières représentations des divinités.

Kudurru de Meli-shipak (1350 av. J.-C.) On reconnait Suhur-Mash-Ha le Poisson- Chèvre, représentation du dieu Ea, à l’origine de notre Capricorne, et Ishara, le Scorpion. la porte des étoiles n°36 21 • • • • HISTOIRE La cosmogonie, une motivation pour l’observation du ciel Dans la cosmogonie mésopotamienne, la Terre est née du corps du monstre femelle Tiamat coupé en deux par Marduk. L’une des deux parties forme la Terre, l’autre le ciel. Selon l’interprétation mésopotamienne, les créatures et les hommes n’ont pas de libre arbitre. Ce qu’ils entreprennent est la volonté des dieux. Mais ces dieux sont bienveillants, ils avertissent toujours de leur intention. Il est donc nécessaire d’observer le ciel, pour interpréter les volontés divines. Comme nous l’avons vu dans le rappel historique, la Mésopotamie est une région mouvementée, qui lutte en permanence contre les invasions. Savoir à l’avance ce que prépare la cité voisine est gage de sûreté. De ces considérations vont naître une astrologie au service de l’État, afin de prévoir les grandes destinés du pays et prédire l’avenir du roi.

L’astronomie mésopotamienne Pour les astronomes-astrologues mésopotamiens, les étoiles sont de simples repères permettant de calculer la position des sept astres errants considérés comme des divinités : Sîn (la Lune), Shamash (le Soleil), Ishtar (Vénus), Nergal (Mars), Marduk (Jupiter), Nabu (Mercure) et Ninurta (Saturne). Afin de calculer ces positions avec une grande précision, les Mésopotamiens divisèrent le ciel en constellations. La plupart de celles-ci seront reprises par les Grecs, avant d’arriver jusqu’à nous (voir annexe). Le ciel est lui-même divisé en trois secteurs : le chemin d’Enlil, le dieu du vent, correspond à la partie du ciel comprise entre le pôle nord céleste et la déclinaison +23°. Le chemin d’Éa, le dieu des eaux, correspond à la partie du ciel comprise entre le pôle sud céleste et la déclinaison -23°. Enfin, le chemin d’Anu, le dieu du ciel, correspond à la zone du ciel située de part et d’autre de l’équateur céleste, entre les déclinaisons +23° et -23°. Les constellations ainsi réparties permettent de repérer les douze mois de l’année ainsi que le début de chaque saison. 2000 ans avant J.-C., le Taureau (Gud An.na) contenait la position du Soleil au moment de l’équinoxe de printemps, le Lion (Ur-Gu-La) le solstice d’été, le Scorpion (Gir-Tab) l’équinoxe d’automne, et le Capricorne (Suhur-Mash Ha), le solstice d’hiver. Pendant près de deux millénaires, les Mésopotamiens vont ainsi scruter anxieusement les mouvements des astres pour savoir quels messages les divinités adressent aux humains : phases, couleur et aspect de la Lune, luminosité, heure des La sphère céleste des mésopotamiens levers et couchers des planètes, dates des solstices et équinoxes, levers héliaques de Sirius, conjonctions de la Lune avec les étoiles les plus brillantes. Un événement imprévu comme une éclipse ou le passage d’une comète n’était pas bon signe. Les comètes étaient ainsi baptisées ‘‘dug-ga’’ (charognard). Quant aux éclipses, elles étaient l’occasion de mettre en place un rituel pour conjurer le sort : un roi substitut montait sur le trône, car selon la croyance, le ‘‘faux roi’’ absorberait le mal et les mauvais présages. Une fois le phénomène céleste terminé, on faisait disparaître le malheureux pour prouver au peuple la véracité du rituel. Finalement, ce n’est qu’au début du VIème siècle avant J.-C. que les astronomes assyriens aboutissent à une astronomie mathématique assez précise. Mais cette dernière connaîtra son heure de gloire au cours de la période chaldéenne, entre 539 et 75 avant J.-C., lorsque les Perses auront conquis la région. Les Chaldéens vont hériter des observations accumulées par les Babyloniens depuis près de 2000 ans. Ces derniers vont développer la porte des étoiles n°36 22 • • • • HISTOIRE

une arithmétique capable d’expliquer les vitesses variables des planètes. Ils commencent par simplifier le problème en supposant qu’il n’y avait que deux vitesses différentes, l’une rapide et l’autre plus lente. On peut comprendre facilement leur méthode en traçant un diagramme montrant comment ils figuraient la variation du mouvement au cours du temps. Puis, entre 180 et 50 avant J.-C., les modèles se sont perfectionnés. Une fonction zigzag remplace le modèle discontinu. Elle traduit avec une plus grande précision le changement de vitesse progressif des astres.

Fonction discontinue Fonction zigzag À partir de là, des éphémérides pourront être établies, permettant de connaître avec une certaine précision les positions des cinq planètes visibles à l’œil nu, ainsi que celles de la Lune et du Soleil. Perdant ainsi leurs propriétés divines, les planètes sont devenues de simples objets naturels dont il est possible de connaître le comportement grâce aux mathématiques. Mais contrairement aux Grecs, il semble que les Chaldéens n’aient pas élaboré de théories mathématiques permettant d’expliquer les mouvements des planètes. Capable de définir à l’avance les positions des planètes et de la Lune, l’imprévisibilité disparaît et l’astrologie d’État perd de son importance. Vers 410 avant J.-C., le zodiaque est divisé en douze parties de 30° chacune, permettant à l’astrologie d’État de se transformer en astrologie individuelle généthliaque : c’est le début des horoscopes tels que nous les connaissons encore aujourd’hui. Pourquoi douze parties ? Certainement parce que les Mésopotamiens comptaient en base 60, de laquelle nous avons hérité pour compter les heures et les degrés d’angle. Ainsi, diviser un cercle de 360° en six, puis en douze semble être le réflexe le plus immédiat.

Le calendrier Comme toutes les civilisations antiques, les Mésopotamiens ont établi leur calendrier à partir de l’observation de la Lune. Le mois commence le soir où le premier croissant de Lune est visible dans les lueurs du Soleil couchant. Ainsi, le premier jour du mois correspond toujours au premier croissant, le 15 du mois à la pleine Lune. De même, le jour babylonien commence au crépuscule. L’année se compose de 12 mois lunaires de 29 ou 30 jours (voir ci-dessous). Cependant, cette année lunaire Mois mésopotamiens Mois actuels dure 354 jours, alors que l’année Nisannu (30 jours) Mars-Avril solaire sur laquelle se basent les Airu (29 jours) Avril-Mai travaux agricoles dure 365,25 jours. Sivanu (30 jours) Mai-Juin Pour résoudre ce décalage, les rois Dû-zu (29 jours) Juin-Juillet sumériens des cités-états (vers -3500) Abu (30 jours) Juillet-Août ajoutaient un mois supplémentaire de Ululu (29 jours) Août-Septembre manière arbitraire quand le décalage Tasrita (30 jours) Septembre-Octobre Arah-Samma (29 jours) Octobre-Novembre devenait trop important. Comme Kislou (30 jours) Novembre-Décembre nous l’indique une tablette datant Tebitu (29 jours) Décembre-Janvier du règne d’Hammurabi (1810-1750 Sebatu (30 jours) Janvier-Février avant J.-C.), le calendrier n’était donc Addaru (29 jours) Février-Mars pas le même d’une cité à l’autre.

la porte des étoiles n°36 23 • • • • HISTOIRE Au VIème siècle avant notre ère, la décision d’intercaler le mois complémentaire fut prise en fonction des données astronomiques. En effet, après plusieurs milliers d’années d’observation des astres, les astronomes babyloniens découvrent que 235 mois lunaires (19 années lunaires + 7 mois) contiennent approximativement le même nombre de jours que 19 années solaires. Ce cycle sera connu plus tard sous le nom de cycle de Méton dans l’astronomie grecque. À partir de ces données, les Babyloniens calculent un nouveau calendrier qui s’accorde à la fois avec le Soleil et la Lune. Au cours d’un cycle de 19 années lunaires, sept années (notées ci-après en gras) devaient être ‘‘allongées’’ d’un mois supplémentaire : 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19. Ce calendrier babylonien servira de base au calendrier hébraïque. L’invention de la semaine Dès le XIXème siècle avant J.-C., les marchands assyriens faisaient crédit sur une base de sept jours, correspondant approximativement aux quatre phases lunaires remarquables. Ainsi, les Mésopotamiens considéraient les jours 7, 14, 21 et 28 du mois comme néfastes. Les sept jours de la semaine prirent les noms des sept astres errants. Pour cela, les astres ont été classés dans l’ordre décroissant de leur période de révolution vue de la Terre, du plus lent au plus rapide : Saturne, Jupiter, Mars, Soleil, Vénus, Mercure et la Lune. À partir de là, il était attribué à chaque heure de chaque jour le nom d’un astre en commençant par la première heure du premier jour avec Saturne. Une fois arrivé à la huitième heure du premier jour, on recommence la liste depuis le début, toujours avec Saturne. Une fois le premier jour terminé, on continue le deuxième jour en notant en première heure l’astre suivant directement celui de la 24ème heure du jour précédent, comme dans le tableau ci-dessous :

JOURS DE LA SEMAINE Heure de la Jour 1 Jour 2 Jour 3 Jour 4 Jour 5 Jour 6 Jour 7 Jour 8=Jour journée Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus 1 Saturne 1ère heure Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne 2ème heure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter 3ème heure Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars 4ème heure Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil 5ème heure Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus 6ème heure Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure 7ème heure Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune 8ème heure Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne 9ème heure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter 10ème heure Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars 11ème heure Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil 12ème heure Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus 13ème heure Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure 14ème heure Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune 15ème heure Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne 16ème heure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter 17ème heure Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars 18ème heure Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil 19ème heure Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus 20ème heure Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure 21ème heure Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune 22ème heure Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne 23ème heure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars Mercure Jupiter 24ème heure Mars Mercure Jupiter Vénus Saturne Soleil Lune Mars

Chaque jour prend alors le nom de l’astre correspondant à sa première heure. On remarquera qu’à l’époque, le premier jour de la semaine était le samedi (ce qui est toujours le cas du calendrier hébraïque). Ce décompte de sept jours sera repris par les Hébreux durant leur captivité à Babylone car il rappelle la création du monde en sept jours. À leur tour, ils transmettront cet héritage au monde chrétien, au début du Moyen-Âge. la porte des étoiles n°36 24 • • • • HISTOIRE Conclusion Pendant près de 3000 ans, les astronomes mésopotamiens ont reporté méthodiquement les positions des astres errants : Soleil, Lune et planètes visibles à l’œil nu. Grâce à ces ‘‘archives’’, ils établiront à partir du VIIème siècle avant J.-C. des théories arithmétiques capables de prévoir la position des planètes. Après la conquête de Babylone par Alexandre le Grand, les Grecs adopteront leur mesure d’angle sexagésimale, leur mathématisation de l’astronomie, le nom des principales constellations, leur zodiaque, et surtout cette idée nouvelle de décrire la nature par Tablette présentant un calendrier zodiacal (IIIème-IIème siècle avant J.-C.) des concepts abstraits à la base de notre science actuelle.

Annexe Liste des constellations mésopotamiennes en usage à la fin du deuxième millénaire avant J.-C.

Hémisphère Nord - Chemin d’Enlil

Constellation Traduction Constellation actuelle mésopotamienne 1 - Mul.Apin la charrue le Triangle 2 - Mar-Gid.da le chariot la Grande Ourse 3 - Mar-Gid.da An.na le chariot du ciel la Petite Ourse 4 - Mu-Sir ou Mu.bu Kesh.da le joug du ciel le Dragon 5 - Shudun ou Shu.pa le joug des terres le Bouvier 6 - Shu-Gi le vieil homme Persée 7 - Zubi le cimeterre le Cocher 8 - Mash-Tab.ba les grands jumeaux les étoiles Castor et Pollux 9 - Mash-Tab.ba Tur-Tur les petits jumeaux les étoiles z et l Gemini 10 - Anshu Kur.ra le cheval Pégase et le Petit Cheval 11 - Lu-Lim le bélier conducteur Andromède et Cassiopée 12 - Al-Lul le crabe M44 (Cancer) 13 - Ur-Gu-La le lion le Lion 14 - Bal.tesh.a ou Bal-Ur.a la fécondation ou le cercle la Couronne boréale 15 - He-Gal-A.a la surabondance la Chevelure de Bérénice ? 16 - Ur-Ku le chien Hercule 17 - Dingir Tush.a.mesh les dieux assis des étoiles d’Hercule ? 18 - Dingir Gub.a.mesh les dieux debouts des étoiles d’Hercule ? 19 - Uz la chèvre la Lyre 20 - Ud Ka-Dua la panthère Cygne, Céphée, Lézard 21 - Shah Da.mu le porc de la déesse Damu Dauphin ? Dragon ? Cassiopée ?

la porte des étoiles n°36 25 • • • • HISTOIRE

Zone équatoriale - Chemin d’Anu

Constellation Traduction Constellation actuelle mésopotamienne 1 - Lu Hun.ga le journalier le Bélier 2 - Mul-mul les étoiles les Pléiades 3 - Gud An.na le taureau du ciel les Hyades 4 - Sipa-Zi An.na le pasteur fidèle du ciel Orion 5 - Mash-Tab.ba Sib-Zi An.na les jumeaux en face du pasteur x Geminorum et p Orionis 6 - Kak-Si.di ou Kak-ban la flèche l’étoile Sirius 7 - Ban l’arc le Grand Chien 8 - Tar-Lugal le coq le petit Chien ou le Lièvre 9 - Id-Hu ou Amushen-Ti l’aigle l’Aigle 10 - Ash-iku le champ le carré de Pégase 11 - Mush le serpent l’Hydre 12 - Ugamushen ou U-Nah.ga Hu le corbeau le Corbeau et la Coupe 13 - Za-ma-ma ou Za-ba-ba un dieu guerrier la tête du Serpent 14 - Ab-sin l’épi la Vierge 15 - Zi-Ba An.na la balance la Balance 16 - Shinunutu ou Shim-Mah l’hirondelle Ouest des Poissons 17 - Anunûnitu une déesse Nord-Est des Poissons 18 - Zibbati les queues Nord-Est des Poissons

Hémisphère Sud - Chemin d’Ea

Constellation Traduction Constellation actuelle mésopotamienne 1 - Dil-Gan ou Ku l’irrigateur la Baleine 2 - En-te-na le sanglier le Centaure 3 - Nu-Mush-da un petit quadrupède l’Autel ou h Centauri 4 - Ur-Idim la bête furieuse le Loup 5 - Nin-Mah la grande dame les Voiles 6 - Gish Gan-Ur la herse les Voiles 7 - Gir-Tab le scorpion le Scorpion 8 - Pa-bil Sag le prince étincelant de feux le Sagittaire et le Serpentaire 9 - Ma-Gur la barque sacrée la tête du Capricorne 10 - Suhur-Mash Ha le poisson-chèvre la queue du Capricorne 11 - Nun ou Gu-La le géant le Verseau

Le zodiaque mésopotamien (chemin de la Lune) décrit sur les tablettes Mul.Apin, vers 2300 avant J.-C.

Constellation Traduction Constellation actuelle mésopotamienne 1 - Mul-mul les étoiles les Pléiades (Taureau) 2 - Gud An.na le taureau du ciel les Hyades (Taureau) 3 - Sipa-Zi An.na le pasteur fidèle du ciel Orion

la porte des étoiles n°36 26 • • • • HISTOIRE

4 - Shu-Gi le vieil homme Persée 5 - Zubi le cimeterre le Cocher 6 - Mash-Tab.ba les grands jumeaux Castor et Pollux (Gémeaux) 7 - Al-Lul le crabe M44 (le Cancer) 8 - Ur-Gu-La le lion Regulus (le Lion) 9 - Ab-sin l’épi l’étoile Spica (la Vierge) 10 - Zi-Ba An.na la balance du ciel la Balance 11 - Gir-Tab le scorpion le Scorpion 12 - Pa-bil Sag le prince étincelant de feux le Sagittaire et le Serpentaire 13 - Suhur-Mash Ha le poisson-chèvre la queue du Capricorne 14 - Nun ou Gu-La le géant le Verseau 15 - Zibbati les queues une partie des Poissons 16 - Shinunutu ou Shim-Mah l’hirondelle le Sud-Ouest des Poissons 17 - Anunûnitu une déesse le Nord-Est des Poissons 18 - Lu Hun.ga le journalier le Bélier

Enfin, je reprends ci-dessous la symbolique de ces constellations tel que les décrit Roland Laffitte, secrétaire de la Société d’Études Lexicographiques & Étymologiques Françaises et Arabes. (www.uranos.fr) Le Bélier, symbole du berger Dumuzi, l’amant qu’Ishtar envoya en Enfer à sa place. Le Taureau, l’animal céleste d’Anu, envoyé à la demande d’Ishtar pour détruire Uruk afin de punir son roi, Gilgamesh, d’avoir repoussé ses avances. Les Gémeaux correspondent aux dieux Maslamtaéa et Lugalirra, les portiers du Monde des Trépassés, deux manifestations du maître de ce dernier, Nergal L’Épi, qui deviendra par la suite la Vierge en Syrie, est l’emblème de Shala, une divinité de la fécondité. La Balance mérite une attention particulière. Elle est l’emblème de Kittu et Mishâru, les ministres de Shamash, le Soleil, dieu de la Justice. Une première remarque est que ce couple, qui signifie littéralement ‘‘Droit et Équité’’, résulte de la personnification ou de la divinisation d’une expression signifiant ‘‘justice’’ dans le Code de Hammourabi, soit 1750 avant notre ère, ce qui montre que la balance utilisée comme métaphore de la justice est ancienne. Une seconde remarque est que si les Mésopotamiens voyaient deux figures concurrentes sur l’espace de la Balance actuelle, à savoir la Balance et les Pinces du Scorpion, ils ont choisi dès le début le nom de la Balance pour le signe zodiacal. De leur côté, les Grecs ont d’abord appelé ce signe les Pinces, du nom de la figure du grand Scorpion qu’ils avaient déjà hérité de Babylone et que nous connaissons par Eudoxe (vers 400-350 avant J.-C.), tandis que le nom de la Balance n’a été introduit que plus tard, à partir de Geminos (vers 80-10 avant J.-C.), et n’a connu de succès véritable qu’avec les Romains. Le Scorpion représente Ishkhara, l’emblème d’une des manifestations de Ishtardans dans sa fonction de déesse de l’Amour. Pabilsag est une des manifestations de Ninurta, dieu de la Guerre, reconnaissable comme le devancier de notre Sagittaire.

Le Poisson occidental est Anunûnitu, une autre manifestation de Ishtar comme déesse de l’Amour. la porte des étoiles n°36 27 • • • • SCIENCES Quand l’astronomie dérape dans les médias

Par Emmanuel Conseil - Vice-président du club astro de Mont Bernenchon

C’était mieux avant ? L’astronomie est une science qui arrive encore à se faire une petite place dans les médias car elle véhicule un imaginaire et un émerveillement quasi-universels. Petits et grands restent très sensibles au charme d’une nuit étoilée. Bien que la pollution lumineuse nous pose quelques soucis, nous arrivons encore à faire cette expérience de lever les yeux vers le ciel et de rêver de conquête de l’espace, de voyage à la vitesse de la lumière, de planètes lointaines, de vie possible ailleurs dans l’Univers... L’astronomie a connu un petit âge d’or dans les médias, profitant d’une exposition à la télévision ou à la radio qui permettait un partage à grande échelle. On se souvient tous de l’immense publicité qui nous était faite lors de la ‘‘Nuit des étoiles filantes’’ sur France 2, avec plusieurs heures de direct dédiées à l’astronomie un samedi soir sur une grande chaîne. Quel pied ! On pouvait y découvrir le travail de chercheurs, le quotidien d’astronautes, des clubs d’astronomie actifs... Difficile Hubert Reeves en pleine action de faire mieux en terme de couverture. On peut se souvenir de l’émission ‘‘Tous sur orbite !’’ : 52 émissions passant et repassant sur ‘‘la Cinquième’’ qui montraient à grand renfort d’images de synthèse la mécanique céleste (une petite révolution en 1997). Il y avait aussi ‘‘du côté des étoiles’’ avec Marie-Odile Monchicourt pendant de nombreuses années sur France Info. En cinq minutes, on y parlait de l’actualité astronomique et aussi des choses à voir dans le ciel de la semaine à venir. On peut également se rappeler du traitement de l’astronomie réalisé par le magazine ‘‘C’est pas sorcier’’ sur France Télévisions qui, pendant 20 ans, a inculqué le goût des sciences, et entre autres de l’astronomie, à une génération de gamins. À grand renforts de maquettes, tout le Système C’est pas sorcier ! Une émission culte. solaire et l’univers y étaient passés. Et les connaissances étaient réactualisées, si bien que les épisodes traitant du Système solaire en 2010 parlaient, entre autres, des planètes naines qui n’étaient pas traitées dans les épisodes des années 90. Toutes ces émissions qui nous donnaient rendez-vous avec les étoiles ont disparu de nos ondes et de nos écrans. Alors l’astronomie ne prend que des petites places, de ci de là, en fonction de l’actualité et sur des chaînes secondaires comme France 5 ou Arte. Il n’y a plus de rendez-vous hebdomadaire, mensuel, annuel. Alors quand on veut traiter le sujet, on n’a plus une heure devant soi mais cinq minutes. Il faut donc faire vite et bien. la porte des étoiles n°36 28 • • • • SCIENCES

Quand on veut parler d’astronomie à la télévision ou à la radio avec des gens populaires, le choix n’est pas cornélien. Le regretté André Brahic était un caviar pour les animateurs. On le lançait avec une petite question et il en faisait 10 minutes débordantes d’enthousiasme et à-même d’émerveiller un auditoire. Moins survolté mais aussi passionnant, Hubert Reeves passait pas mal de temps il y a quelques années sur nos ondes pour expliquer l’espace (Hubert Reeves n’est pas mort, hein ! Mais on le voit moins). Nous avions là quelques personnes identifiées ‘‘astro’’ qui venaient nous parler d’espace Le regretté André Brahic, spécialiste du monde de Saturne régulièrement. Que reste t-il aujourd’hui ? À la dérive... À travers quelques exemples pris dans divers médias (télé, radio, Internet), je veux ici alerter sur le fait que la qualité du traitement de l’astronomie me semble en baisse. Que le sérieux requis pour parler d’une discipline scientifique a été remplacé par un besoin de faire de l’audience, souvent au détriment du contenu. Et pourtant, faire rêver avec de l’astronomie, ce n’est quand même pas bien compliqué. Les bêtises ne circulent plus seulement sur les blogs ou sites perso anonymes, mais peuvent tout aussi bien s’étaler devant des millions de personnes. Je vous invite à parcourir les nombreux liens cités, qui sont des compléments de lecture à cet article. Loin de moi l’idée que tout est à jeter. Il y a des contenus qui sont très biens faits par des gens très compétents. Qu’ils en soient remerciés. Je ne vais me concentrer que sur quelques mauvais exemples, signes d’une dérive en marche. Je ne pourrai pas non plus tous les traiter, il y en a tellement... Le grand public n’est généralement pas outillé pour remarquer qu’on lui raconte des salades, et cela se traduit au final par des questions étranges dans les soirées publiques des clubs d’astronomie qui se retrouvent à devoir ré-expliquer quelque chose qui a été Vu à la télé, mais pas ‘‘vu à la télé’’ (donc vrai !) et que les gens ne comprennent pas, ou mal. Les astronomes, forcément vrai ! les agences spatiales, bref ceux dont c’est le métier, ont fait de gros progrès en termes de communication. Les principaux problèmes ne viennent pas d’eux. Comme la plupart des sciences, l’astronomie nécessite un peu de travail pour être correctement appréhendée. En tant qu’astronomes amateurs, nous continuons à apprendre sans cesse, que l’on soit débutant ou baroudeur des étoiles depuis 50 ans. Comment les gens qui en sont restés aux maigres cours d’astronomie du lycée pourraient-ils suivre les découvertes sans cesse renouvelées ? Et bien il ne le peuvent pas. Alors il faut condenser tout cela avant de leur expliquer. On trouvera des explications dans les clubs d’astronomie bien entendu, mais plus souvent dans les médias. Mais qui sont ces gens qui produisent ces contenus astro ? Ont-ils une formation dans le domaine ? Comprennent-ils ce qu’ils racontent ? Nous verrons que ce n’est pas toujours le cas. Et qui pour incarner l’astronomie dans les médias ? Nous n’avons pas, à l’instar des Américains, un Carl Sagan ou un Neil de Grasse Tyson qu’on situerait immédiatement comme ‘‘astronome de service’’. Demandez aujourd’hui aux gens de citer des astronomes et vous prenez le risque de vous retrouver avec L’astronome Neil de Grasse Tyson L’astronome Carl Sagan la porte des étoiles n°36 29 • • • • SCIENCES

deux ‘‘frangins’’. Vous savez... ceux qui observent les anneaux de Vénus, admirent la Grande Ourse et font de l’astrophoto avec une lunette depuis un hélicoptère en vol stationnaire à 2000 mètres d’altitude (voir : http:// www.astrosurf.com/ubb/Forum1/HTML/003577.html) : les fameux frères Bogdanov. L’astronomie n’est clairement pas leur domaine mais on les invite pour en parler parce qu’ils écrivent des bouquins. Et comme ce qu’ils racontent est extrêmement compliqué, c’est qu’ils doivent avoir raison. Tout l’inverse de ce que serait la bonne vulgarisation. En règle générale, un astronome amateur lambda se bidonnera en les entendant aligner les bêtises avec le plus grand sérieux.

Un exemple sur les ondes Les anneaux de Vénus. Prenons un exemple tout bête avec une chronique radio sur Europe 1, station Photomontage réalisé par un astronome amateur qui mise sur le sérieux de ses contenus pour faire de l’audience et qui se fait tout de même berner tout un été durant par deux personnes qui lui ont vendu une chronique ‘‘scientifique’’. Leur émission de l’été 2016 s’intitule ‘‘3 minutes pour comprendre’’. Le titre de cette chronique du 15 août 2016 : ‘‘Et si notre planète était percutée un jour par un astéroïde ?’’ Déroulons le podcast seconde par seconde. 0’22 : ‘‘Nous allons nous tourner vers le ciel pour y découvrir un astéroïde. Son nom : TV135.’’ Premier problème ici, aucun astéroïde ne s’appelle ‘‘TV135’’. Ceux qui ont un peu l’habitude de la nomenclature des astéroïdes verront qu’il ne s’agit pas ici d’un nom d’astéroïde, ou plutôt qu’il s’agit d’une partie d’un nom d’astéroïde. Leurs noms ont des formats bien précis et pour ceux qui n’ont pas été beaucoup observés, le nom commence par l’année de découverte, suivie d’une ou deux lettres et d’un nombre. Alors de quel astéroïde veulent-ils nous parler ? 1999 TV135 ? 2001 TV135 ? 2002 TV135 ? 2004 TV135 ? 2005 TV135 ? 2007 TV135 ? 2008 TV135? 2010 TV135 ? 2012 TV135 ? 2013 TV135 ? 2014 TV135 ? 2015 TV135 ? C’est plus important que ça en a l’air car comme les deux gaillards sont coutumiers de l’embrouille, si on ne sait pas de quoi ils parlent, on ne peut pas critiquer ce qu’ils disent. Donc ici 12 astéroïdes s’appellent TV135. 0’32 : ‘‘En effet, voici quelques mois, les astronomes ont découvert que cet astéroïde qui mesure plus de 400 mètres de diamètre se rapproche à grande vitesse de notre planète et pourrait même la percuter en 2032’’ Photographie de l’astéroïde 2013 TV 135 en 2013 . Là on le tient notre astéroïde. Le seul qui corresponde au niveau de la taille et de la possible collision en 2032 est ‘‘2013 TV135’’. D’ailleurs cet astéroïde a fait parler de lui en octobre 2013 dans pas mal de journaux et sites web. Et pour cause, les toutes premières observations ont conduit à lui élaborer une trajectoire qui lui donnait une chance sur 63000 de percuter la Terre en 2032 (https://www.nasa.gov/ mission_pages/asteroids/news/asteroid20131017. html). C’est très peu et en même temps, ce n’est pas tous les jours qu’on voit une probabilité aussi élevée en ce qui concerne les impacts astéroïdaux. Cependant le communiqué officiel indiquait bien que les prochaines observations réduiraient très certainement le risque à néant. 0’45 : ‘‘Et c’est la première fois qu’un astéroïde est classé au deuxième degré sur l’échelle de Turin’’. Le niveau 2 de l’échelle de Turin correspond à ‘‘collision très improbable, mais trajectoire proche de la Terre. Demande l’attention des astronomes mais il n’y a pas de raison de prévenir le public. Des observations La trajectoire de l’astéroïde 2013 TV 135 la porte des étoiles n°36 30 • • • • SCIENCES

ultérieures doivent permettre de requalifier le risque au niveau 0” dixit Wikipedia. Or, il se trouve que de février à mai 2006, l’astéroïde 2004 VD17 était déjà au niveau 2 de l’échelle de Turin. Et tout le monde se souvient d’Apophis qui a atteint le niveau 4 en décembre 2004. C’est à ce jour l’astéroïde qui nous a causé le plus de sueurs froides. Les frères Bogdanov ne le connaissent pas ? Donc non, 2013 TV135 n’est pas le premier astéroïde à s’être classé au deuxième rang de l’échelle de Turin. Il n’est même pas le second… Ah et puis… une broutille… il n’a jamais été classé au deuxième rang sur l’échelle de Turin. Son meilleur classement était ‘‘1’’ du 16 octobre au 3 novembre 2013. Comme c’est bête ! 0’55 : ‘‘Or le 26 août 2032, l’astre venu des confins du Système solaire…’’ Vous les voyez où les confins du Système solaire vous ? Le nuage de Oort, la ceinture de Kuiper, l’orbite de Pluton, de Neptune, d’Uranus... Parce que 2013 TV135 lui, en bon astéroïde de type Apollon qu’il est, s’éloigne du Soleil au maximum de 3,8 unités astronomiques. Ça nous met les confins du Système Solaire vachement près étant donné que Jupiter est à 5,2 unités astronomiques ! 1’01 : ‘‘...frôlera notre planète à quelques dizaines de milliers de kilomètres à peine’’. Nous allons donc avoir chaud aux fesses ! Mais au fait, qu’en disent les organismes officiels qui surveillent ces cailloux qui nous chatouillent ? Si on regarde du côté des “Close approach data” du JPL (http://ssd.jpl.nasa.gov/sbdb.cgi?sstr=2013%20TV135), on se rend compte qu’ils n’ont même pas prévu de passage proche pour cet astéroïde en 2032. Mais comment cela est-il possible ? Alors non, les Bogdanov n’ont pas inventé le passage de 2013 TV135 en 2032 près de la Terre. Ce passage rapproché a vraiment été craint mais sur la base de quelques jours d’observations en octobre 2013. Sitôt les observations de fin octobre compilées, les calculs ont montré que 2013 TV135 passerait en fait à plus de 100 millions de kilomètres de la Terre à cette date. Tout risque de collision était donc écarté. Et ceci a été publié dès le 8 novembre 2013 par le Center et 2013 TV135 a été définitivement retiré des astéroïdes qui posent un problème (http://neo.jpl.nasa.gov/risk/removed.html). Nous en sommes à une minute de podcast si on retire la musique d’introduction, et on peut déjà mettre à la poubelle tout ce qu’ils ont raconté. Ce n’est pas magnifique ? Leur source pour réaliser cette émission : un article d’octobre 2013 (alors n’importe lequel, ils se ressemblaient tous à l’époque) traitant d’un astéroïde potentiellement dangereux sur lequel on avait finalement que très peu d’information. Réactualiser ses sources ? Mais pour quoi faire ? Les auditeurs n’y verront que du feu. Est-ce de la science ? Du journalisme ? Ni l’un ni l’autre en fait... Continuons. 1’07 : ‘‘En un million d’années, jamais un objet aussi gros ne passera aussi près de notre planète’’. Soyons raisonnables. Les orbites et risques d’impacts des astéroïdes sont calculés pour les 200 prochaines années au maximum (http://neo.jpl.nasa.gov/risk). Quand on dispose de beaucoup d’observations d’un même objet, on peut se permettre de pousser les prévisions à 200 ans. Mais jamais 1 million ! 1’40 : ‘‘Imaginons qu’il surgisse au-dessus de Paris, à plus de 50000 mètres d’altitude’’. Et pourquoi surgirait-il à 50 kilomètres d’altitude et pas à 100 ou 1000 ? Il vient de bien plus loin en fait. Aucun astéroïde ne surgit à une altitude donnée. Un astéroïde percute Paris... Uniquement dans les films de science-fiction 1’45 : ‘‘...à demi englouti dans sa longue traînée noire...’’ On parle bien toujours d’un astéroïde là ? Contrairement à ce qu’on peut voir dans Armageddon, aucun astéroïde n’a à ce jour laissé de ‘‘longue traînée noire’’ dans l’espace sur son passage. 2’20 : ‘‘Les calculs viennent de montrer qu’en 2032, l’astéroïde TV135 passera à plus de 30000 kilomètres de notre planète’’. Et bien non. Pas ‘‘viennent de montrer’’, et à beaucoup plus que ‘‘30000 kilomètres’’ ! 2’28 : ‘‘Tout risque de collision est donc écarté pour cette date’’. Et comment ! C’était bien la peine de nous le présenter comme ‘‘pouvant percuter la Terre’’. la porte des étoiles n°36 31 • • • • SCIENCES

2’38 : ‘‘Dévier la trajectoire de l’intrus en posant des moteurs à sa surface comme on l’a fait avec la sonde sur la comète Churyumov’’. Ce podcast exceptionnel ne pouvait se finir qu’en apothéose avec une scène totalement inventée. Personne n’a jamais tenté de dévier la comète Churyumov-Gerasimenko et certainement pas en posant des moteurs dessus. À la rigueur, les Européens y ont posé le robot mais pour un tout autre usage. Pour achever de vous convaincre que les frères Bogdanov ne se gênent pas pour raconter n’importe quoi à la radio ou à la télé, j’ai longuement critiqué une autre de leurs émissions sur mon blog puisqu’ils s’attaquaient à ‘‘la supernova la plus brillante de l’univers’’1. Pas de chance pour eux, je suis co-auteur du papier de cette découverte. Fallait pas raconter des âneries !

Dans les grands médias Rappelons qu’il s’agit d’émissions enregistrées. Elles sont préparées, relues, enregistrées, réécoutées... Rien à voir avec une interview qui peut vous prendre au dépourvu. Alors que fait-on ? On laisse faire ça ? Dire n’importe quoi n’est pas l’apanage de quelques olibrius qui échapperaient au contrôle des grands médias. Ceux-ci peuvent également se faire avoir, ou même raconter n’importe quoi pourvu que cela génère un peu Des lycéens découvreurs d’étoiles sur la première chaîne ! d’audience. La vérité scientifique attendra. Je n’irai pas jusqu’à dire que ce que font les journaux télévisés est à jeter. Non. Il y a des reportages qui sont correctement réalisés, et il y en a d’autres qui n’ont l’air de rien mais qui démontrent une étrange façon de traiter l’information par certains journalistes. Voici l’histoire d’une poignée de lycéens ayant découvert deux étoiles, que rapporte TF1... Pour faire rapide, la première chaîne fait un reportage pour son journal télévisé présentant une découverte qu’ont faite des adolescents, mais en changeant le libellé de la découverte, en ne citant pas les circonstances dans lesquelles la découverte a été faite, et en n’allant pas vérifier ses informations auprès de l’astronome professionnel référent (lire pour cela le commentaire que leur professeur a laissé sur mon blog2). Pour faire court : du pipotage du début à la fin, mais une superbe histoire à raconter au 13 heures. Alors certes l’histoire est belle et ces lycéens méritent qu’on parle d’eux. Mais pourquoi parler d’eux pour autre chose que ce qu’ils ont fait ? Ils ont fait du suivi photométrique d’astéroïdes, chapeautés par un astronome professionnel. Ils ont étudié des courbes et détecté de nouvelles étoiles variables dont ils ont tracé les courbes de luminosité. Non, ça c’est trop compliqué pour les téléspectateurs de TF1. On va dire qu’ils ont trouvé deux étoiles dans notre Galaxie et ça suffira. On se retrouve donc avec un beau reportage, mais faux. Qu’importe ! Qui s’en apercevra ? Plus récemment et beaucoup plus spectaculaire dans sa diffusion, il y eut l’histoire de la ‘‘super-lune du siècle’’, ‘‘ou la plus grosse Lune depuis 1948’’. Un grand nombre de qualificatifs pas du tout exagérés lui ont été accolés : ‘‘L’une des apparitions les plus impressionnantes du XXIème siècle’’ (Le Parisien du 14/11/2016), “Super-lune du siècle” (le nouvel Obs du 13/11/2016) ou une “Super extra Lune” (Ouest-France La super-Lune, l’occasion de faire de belles images, comme n’importe quelle du 13/11/2016). autre phase de Lune la porte des étoiles n°36 32 • • • • SCIENCES

En pagaille, on va trouver même chez des grands noms des médias français des phrases tout à fait étranges pour qui se passionne un peu pour l’astronomie : ‘‘Mais avant même que l’astre atteigne son apogée, certains ont remarqué que la Lune avait déjà changé d’aspect” (20 Minutes du 14/11/2016). Bon déjà, il s’agit du périgée, mais on n’est plus à une bêtise près. Quant à l’aspect de la Pas de différence fondamentale entre la ‘‘super-Lune’’ et une pleine Lune à l’apogée Lune qui changerait quand elle se rapproche de nous... ‘‘Lundi, la Lune apparaîtra nettement plus grosse que de coutume dans notre ciel. Cela fait près de 70 ans qu’elle ne s’était pas rapprochée à ce point de la Terre’’ (RTL.fr du 11/11/2016). Nettement plus grosse que de coutume ? Non, pas vraiment. 1,0043 fois plus gros que le mois précédent, ce n’est pas ‘‘nettement’’ plus gros. ‘‘Lundi, la Lune ne sera qu’à 356509 kilomètres de la Terre, contre 384400 kilomètres habituellement, de quoi en faire une super Lune’’ (Europe 1, 14/11/2016). Habituellement la Lune serait à 384400 kilomètres, et là ce soir : Boum ! À 356 509 kilomètres ! Voilà une somme de raccourcis qui donne l’impression que la Lune se rapprocherait brusquement de nous, en omettant qu’en fait sa distance à la Terre ne fait que varier entre deux bornes (approximativement 356000 et 407000 kilomètres) et ne prend la valeur 384400 que deux fois par mois. ‘‘C’est le 14 novembre qu’elle sera la plus proche de la Terre à seulement 50000 kilomètres de nous. Une rare proximité ! Le satellite sera visible dès 14h52’’ (Femme actuelle du 10/11/2016). Tu m’étonnes que c’est une rare proximité ! À ce niveau-là nos satellites géostationnaires commencent à avoir chaud ! Et voir la pleine Lune en Europe dès 14h52, ce n’est pas banal. Ce n’est que Femme actuelle certes, mais son lectorat est important. Il n’est pas possible de faire une liste exhaustive des articles qui ont un peu exagéré la chose ou raconté des énormités tellement il y en avait. Il est aussi remarquable de constater comme la Lune est soudainement devenue le centre d’attraction du monde. Tout aussi remarquable de constater que la super Lune suivante en décembre 2016, tout aussi belle et de taille absolument comparable, a juste été totalement ignorée. Toute cette histoire a tellement chamboulé la Société Française d’Astronomie et d’Astrophysique qu’elle a publié un communiqué dans les jours qui ont suivi pour s’étonner du traitement médiatique qu’a subi cette pleine Lune (http://www.sf2a.eu/?article699), alors qu’elle n’était que 1,0043 fois plus grosse que la pleine Lune du mois précédent. À ce niveau ultra-faible de différence, votre position sur la Terre joue énormément sur le résultat final. Le 16 octobre, la Lune au périgée était à 357865 kilomètres (de centre à centre), le 14 novembre, la Lune au périgée était à 356536 kilomètres (toujours de centre à centre), ce qui fait une différence de 1329 kilomètres, écart ridicule en rapport avec les distances en jeu. Mais là où cela devient drôle, c’est que rien qu’en tournant sur elle-même, la Terre nous rapproche ou nous éloigne de la Lune d’une grandeur équivalente à son rayon (environ 6300 kilomètres) pour ceux qui sont du côté où la Lune est visible. Si bien que la pleine Lune du 14 novembre observée à l’horizon était plus petite que la pleine Lune du 16 octobre observée à son zénith. La différence entre la Lune au périgée et une pleine Lune ‘‘moyenne’’ Et qu’importe si nos journalistes scientifiques préférés ne sont pas tombés dans le panneau (Guillaume Cannat http://autourduciel.blog.lemonde.fr/2016/11/14/une-super-lune- cela-nexiste-pas/ ; ou Serge Brunier http://www.science-et-vie.com/article/la-super-lune-du-14-novembre- entre-delires-et-realite-7242 pour ne citer qu’eux), les médias se sont emparés du phénomène et nous sommes nombreux chez les astronomes amateurs à avoir dû répondre 20 fois à la même question le lendemain : ‘‘Alors, tu l’as vue la super Lune ?’’. la porte des étoiles n°36 33 • • • • SCIENCES

Une pour les rois mages À titre plus personnel, j’ai vécu il y a peu de temps un emballement médiatique qui est resté cantonné aux pays anglo-saxons et qui n’a pas eu de retombée en France (fort heureusement). En décembre 2015, j’ai découvert une nova dans la galaxie du Triangle, M333. Même si la chose est peu courante pour un astronome amateur, ce n’est pas une découverte qui va révolutionner quoi que ce soit en astronomie et qui ne devrait pas sortir du petit monde fermé des chasseurs de ‘‘trucs-qui-explosent’’. Mais les personnes à qui je loue des télescopes aux Canaries ont choisi d’alerter la presse. Et c’était un peu plus gros que La Voix du Nord... Tout a commencé dans le Business Insider (http://www.businessinsider.fr/uk/christmas- day-new-star-discovered-2015-12/) avec ces quelques mots : ‘‘Bien qu’il n’y ait pas eu trois rois mages…’’ Rois mages ? Ma découverte a été faite le 25 décembre, jour un peu spécial L’image de la découverte de la nova dans M33 pour les chrétiens. Je me prénomme Emmanuel, ce qui est le deuxième prénom de quelqu’un que les chrétiens vénèrent et qui serait né un 25 décembre. Vous devinez ? Une étoile est apparue ce jour-là dans la galaxie du Triangle (triangle rapport à la Sainte Trinité). Et alors me direz-vous ? Pour certains croyants, ce concours de circonstances est suffisant pour être interprété comme un ‘‘signe’’. Un signe de quoi ? Ah ça… ils cherchent encore. Outre-Atlantique, ce genre de choses trouve un certain écho. On l’enrobe avec quelques rois mages et voici une belle histoire de Noël. Les principaux sites de sciences reprennent l’affaire et ça finit dans les Yahoo! News américaines (mais pas françaises). Il y a même des articles dans des langues plus exotiques comme le turc (http://bilimolog.blogspot.fr/2016/01/amator-bir-astronom-noel-gunu-yeni-bir.html) ou l’indonésien (http://www.infoastronomy.org/2016/01/sebuah-ledakan-bintang-ditemukan-di-dekat-galaksi-triangulum. html). Et cette histoire sans grand intérêt scientifique devient par la magie de la recopie d’articles sans réfléchir propulsée au rang de ‘‘Mind blowing science story’’ (http://thechive.com/2016/01/05/mind-blowing-science- stories-from-the-last-month-10-photos/), ou se retrouve dans le top 10 des découvertes faites par des amateurs (http://viraltop10s.com/10-space-discoveries-made-by-amateur-astronomers/) aux côtés de William Herschel et d’Uranus. C’est très flatteur certes, mais c’est surtout extrêmement exagéré. Je retiens plusieurs leçons de ce passage : notre histoire ne nous appartient pas vraiment sur Internet, la science édulcorée (avec les rois mages) se propage bien mieux que la science pure, nous sommes noyés de contenus sur Internet, et il devient très difficile de faire le tri entre toutes les informations, de séparer ce qui est important de ce qui ne l’est pas.

En vrac En vrac, quelques autres bricoles que l’on déniche systématiquement dans les médias. On retrouve souvent l’image d’un astéroïde de plusieurs centaines de kilomètres s’écrasant sur la Terre pour illustrer un article parlant d’un caillou de 100 mètres qui passe à 3 millions de kilomètres (donc sans nous impacter). Faut dire que si on le mettait à l’échelle Le fameux astéroïde destructeur ce serait beaucoup moins impressionnant. la porte des étoiles n°36 34 • • • • SCIENCES

À propos d’impacts, on se retrouve aussi régulièrement avec des articles nous annonçant le prochain caillou qui va frôler la Terre. Vu qu’on en découvre une bonne centaine par mois, il y en a souvent qui passent près de nous. Enfin ‘‘près’’... disons pas trop loin. Et parfois même, ça buzze pour un caillou que l’on n’a aucune chance de voir, comme avec l’astéroïde 2000 EM264. C’est dommage parce qu’on est obligé de démentir les propos de la veille. Et qui passent pour des imbéciles le lendemain ? Les astronomes. Enfin, on retrouve souvent des articles annonçant ‘‘les ingénieurs de la NASA ont prédit que...’’, ‘‘les scientifiques de la NASA ont calculé que...’’ pour annoncer des éphémérides que la NASA ne calcule pas elle-même, car ce n’est pas son job5. Cela donne l’impression (fausse) que la NASA fait la pluie ou le beau temps dans le monde de l’astronomie alors qu’elle est une agence spatiale prestigieuse, mais comme les autres. Certes elle a quelques beaux succès à son palmarès mais ce n’est pas elle, par exemple, qui calcule les trajectoires des astéroïdes. Et on ne demande pas son avis à la NASA à chaque fois qu’on a une question. Une pluie d’étoiles filantes demain ? C’est la NASA qui l’a prédit ! Un rapprochement entre Vénus et Mars, c’est encore elle qui est sur le coup ! On pourrait au moins remplacer NASA par ESA chez nous. Mais même pas... À une bonne dizaine de reprises, on a dû découvrir une exoplanète ‘‘jumelle de la Terre’’. C’est cool, on a trouvé la destination de nos prochaines vacances. Cherchez par exemple ‘‘jumelle de la Terre’’ avec le moteur de recherche Google et vous trouverez un tas d’articles récents La Terre... et son hypothétique soeur jumelle sur Proxima Centauri b. Une planète dont on ne sait que deux choses : sa masse et sa période de révolution. On la suppose rocheuse mais ce n’est qu’une forte probabilité. Bravo la gémellité ! Kepler-452b, Kepler-438b, Kepler-186f, Kepler-22b... et quelques autres consœurs, toutes annoncées sœurs jumelles de la Terre, parfois même ‘‘habitables’’ au lieu de ‘‘situées dans la zone habitable’’, alors qu’on ne connaît d’elles que taille, masse ou période de révolution, et pas forcément les trois à la fois. Même le caractère rocheux est parfois débattu. On en connaît tellement peu d’elles qu’il est assez culotté de les qualifier de ‘‘jumelles de la Terre’’, pourtant l’ensemble des médias s’y engouffre tous les ans.

Conclusion Même l’astronomie, science qui manie pourtant la notion de précision à longueur de journée, se trouve régulièrement malmenée dans les médias qui ne prennent plus le temps de vérifier les informations qu’ils véhiculent. Par des approximations, des omissions ou carrément des trucages, certains propos finissent par raconter des histoires partiellement ou totalement fausses. Le public a l’impression de prendre sa dose de science quotidienne (c’est sûrement bon pour la santé) mais au final, il est berné. Quand vous verrez passer la prochaine information qui buzze, cherchez-en les sources et posez-vous quelques questions. Il est des sites que l’on dit conspirationnistes pour qui les articles bidonnés restent un sacerdoce. Nos médias traditionnels n’en sont heureusement pas là et seront toujours meilleurs à lire. Mais ils ne sont plus à l’abri des fausses news qui apparaissent partout. À force de devoir sortir toujours plus vite de l’information sensationnelle, la grande perdante risque fort d’être la qualité...

Plus sur mon blog 1 La chronique des frangins : http://econseil.blogspot.fr/2016/09/3-minutes-pour-ne-plus-rien-comprendre.html 2 Les lycéens qui découvrent des étoiles : http://econseil.blogspot.fr/2014/06/des-lyceens-decouvrent-des-etoiles.html 3 La découverte de la nova dans M33 : http://econseil.blogspot.fr/2015/12/decouverte-dune-nova-dans-m33.html 4 Quand le web s’emballe : http://econseil.blogspot.fr/2014/02/quand-le-web-semballe-2000-em26.html 5 Et revoilà la NASA : http://econseil.blogspot.fr/2015/10/et-revoila-la-nasa.html la porte des étoiles n°36 35 • • • • HISTOIRE L’histoire du T600 de REPERES

Par Claude Grimaud - Président de REPERES

REPERES allait avoir neuf ans, l’âge de raison, lorsque le lycée qui l’accueillait a décidé en mai 2009 de fermer soudainement ses portes annonçant la fin des bases scientifiques, des nuits noires, de ‘‘Bagdad’’ notre antre. Toute la dynamique de REPERES aurait pu s’éteindre à ce moment. Le C25 devint alors véritablement notre ‘‘Astrocar’’ où tout le matériel était entreposé, le garage et la salle à manger de Vendeuil restant notre principal refuge. Par la force des choses, nous étions constamment à la recherche de partenaires qui puissent nous proposer des locaux en échange de services ‘‘astronomiques’’. C’est pourquoi nous avons apprécié les propositions des communes de Vendeuil-Caply, de Breteuil, de Beauvoir, des associations comme Les Esserres à Lavacquerie, le centre de Rencontres d’Ermenonville, l’AQPNB de Breteuil et bien sûr H20 à Beauvais. Nous avons profité des événements départementaux, régionaux voir nationaux. Nous avons participé à ‘‘danses avec les étoiles’’ à la bibliothèque Aragon d’Amiens Métropole, à ‘‘Mozart avec les étoiles’’ avec Hubert Reeves grâce à la municipalité de Breteuil, à ‘‘Hubert le ciel, Albert la Terre’’ avec Musicaa d’Amiens au cirque d’hiver et à tous les villages des sciences organisés à Beauvais. Nous avons aussi redoublé d’activité auprès des établissements scolaires pour constituer une réserve financière qui permette de louer et d’aménager des locaux. Mais c’est le 25 avril 2010, que l’histoire du T600 a commencé. Sur le stand de l’Association Nationale de Protection du Ciel et de l’Environnement Nocturnes que REPERES organisait au Conseil Général lors du salon du développement durable, un petit garçon est resté une grande Souvenir de la journée ‘‘Mozart avec les étoiles’’ partie de l’après-midi avec nous pour tout comprendre du avec Hubert Reeves ciel et des étoiles. Le papa, en revenant le chercher, en profite pour nous inviter en juillet pour une journée d’animation au centre de loisirs de son village. En juillet, cette journée remporte un beau succès et, la météo étant favorable, parents et enfants profitent des instruments pour une observation conviviale du ciel nocturne. Plusieurs membres du comité des fêtes qui participaient à cette soirée nous demandent alors de faire une nuit des étoiles au printemps suivant. Le 25 mars 2011, dix montreurs d’étoiles de REPERES accueillent plus de 120 personnes sur le stade de Saint- Sulpice où tous les lampadaires avaient été éteints, sous le planétarium mobile pour trois séances et pour une ‘‘balade à ciel ouvert’’ en vidéo. À cette occasion, nous faisons la connaissance de Bernard Christophe, l’astronome local qui a construit au village, dans sa maison, il y a plus de 20 ans, un imposant télescope. C’est un télescope de 600 millimètres de diamètre et 3450 millimètres de focale sur Toujours sur le terrain pour encadrer des une monture anglaise à berceau, doté d’une focalisation observations publiques la porte des étoiles n°36 36 • • • • HISTOIRE

8 février 2014 : premier jour à Rouvroy. Joli bazar En plein travaux à l’intérieur... électrique et d’un système Goto. La magnitude limite pour une étoile est de 21. Après la soirée, l’heureux propriétaire nous fait visiter son installation et nous admirons cet instrument qui a découvert plus de 200 astéroïdes. Nous participons en mai 2014 à une seconde nuit des étoiles à Saint-Sulpice mais cette fois, Bernard nous accueille avant et après la soirée pour nous présenter son télescope en action. C’est éblouissant, la Lune est magnifique ! C’est aussi en 2014, après cinq années sans domicile fixe que nous rentrons dans de nouveaux locaux à Rouvroy-les-Merles grâce à l’aide de la SCI des Merles qui a repris la gestion du domaine. Toute cette première année sera consacrée au nettoyage et aux premiers aménagements. Il nous a fallu en premier lieu changer la porte d’entrée peu fiable puis aménager un lieu de repas et de cuisine. Sans eau ni électricité, nous avons installé en intérieur une réserve d’eau de pluie raccordée à l’une des gouttières ; un évier et un WC nous ont apporté un début de confort. Dans un second temps, la première observation ayant été agrémentée de -10°C, nous nous procurons un poêle à bois d’occasion sur le bon coin et nous l’installons dans le salon. La nécessité d’avoir un atelier nous oblige ensuite à créer un espace adapté. À la fin de l’année, la SCI réinstalle l’électricité et nous abandonnons notre groupe électrogène. C’est alors que nous décidons de mettre, en 2015, notre LX200 de 305 millimètres en poste fixe. Alors que ces travaux sont en cours, Bernard nous envoie le 7 juin, un mail qui nous propose d’accueillir son instrument dans nos locaux car il doit vendre sa maison. Nous lui rendons rapidement visite pour savoir si nous saurions maîtriser ce très bel instrument et pour voir la faisabilité d’une transplantation aussi imposante… Après un immense ‘‘tour de Lune’’, nous rendons visite à Uranus puis à Neptune. Tous les membres de REPERES présents sont unanimes : il faut relever le défi ! Le Conseil d’Administration et l’Assemblée Générale donnent un avis favorable et autorisent le bureau à consacrer les réserves financières constituées depuis la fermeture du lycée pour l’aménagement des lieux. Il est aussi décidé d’aménager un espace cohérent avec le LX200 et une aire d’observation pour les amateurs également en cohérence avec le T600 et le LX200. L’observatoire de Rouvroy est alors sur les rails. Dès le mois d’août 2015, les travaux commencent afin de faire la transplantation durant les congés du 11 novembre (ça tombe bien c’est une année sans Rencontres du Ciel et de l’Espace). Le futur emplacement du T600 étant naturellement tout au fond de la propriété, nous Travaux extérieurs sur la future aire d’observation commençons par créer un trottoir qui mène à la porte du LX200 et au futur T600. Puis nous implantons les trois piliers de 60 centimètres de diamètre sur un mètre de profondeur après avoir pris la méridienne du lieu et avoir vérifié le soir sur la polaire. La tâche est énorme et nous décidons alors de faire appel à Monsieur Beuzeval qui réalise ces travaux en une matinée avec sa pelleteuse. Il ne nous reste plus qu’à coffrer et à ferrailler avant que la toupie ne vienne livrer ses 5m3 de béton mais à 16 heures, ce samedi là, un violent orage nous oblige à protéger l’ensemble des travaux ce qui laisse désormais de bons souvenirs. la porte des étoiles n°36 37 • • • • HISTOIRE

Ce long week-end du 11 novembre a été prévu dès juin avec Bernard, qui nous assistera durant les trois jours de déménagement. Toutes les forces ont été mobilisées, 14 bénévoles participeront à l’expédition. Si le démontage va très vite puisque tout est prêt dès le lundi soir, il n’en va pas de même pour le transport. Le T600 est bien plus lourd que prévu (2,5 tonnes en estimation), la remorque est donc trop légère, il faut en utiliser une plus grande et surtout trouver sur place un cultivateur qui accepte de transférer le berceau d’une remorque à l’autre. Monsieur Hanque de Saint-Sulpice viendra le mercredi matin pour transférer le Remorque légère pour le transport du T600 matériel sur la remorque aimablement prêtée par Antoine Dewaele de la SCI. Le mercredi 11 au soir, à 18h30, la base du T600 est remontée, prête à recevoir le lendemain matin le berceau… Le jeudi 12 novembre est une belle journée. Antoine Dewaele dépose au millimètre près le berceau sur sa base. À 10 heures, le berceau se déplace souplement en déclinaison et en ascension droite. À 18h00, les derniers forçats ont pris LA photo souvenir. Durant l’hiver 2015-2016, nous avançons les travaux de nettoyage et d’aménagement et le T600 patiente sous son ancienne bâche. C’est aussi le moment de mettre au point la seconde phase de l’installation : conception de l’abri et des armatures, recherche d’un fabricant qui puisse réaliser le taud, choix des périphériques. Dès le début mars, nous construisons l’environnement du T600 et son abri. Christian Courtois a fabriqué les trois arceaux et les boites de fixation au sol. Pour éliminer l’humidité et garantir la solidité au vent, nous avons fait le choix d’une partie de l’abri en dur et l’entourage bétonné est garni de caniveaux. Encore une fois, nous profitons d’un long week-end, celui de l’ascension, pour mettre en place le taud fabriqué La pose... pour la postérité ! par Denis Bache de Soissons. L’instrument étant maintenant à l’abri, nous pouvons remonter le télescope et construire l’aire d’observation dès l’automne. Nous avons remonté le miroir et la lame après nettoyage et reprise de la focale (6 centimètres), nous avons passé les câbles et équilibré au mieux le T600. Nous avons monté les treuils pour faciliter l’ouverture du taud. Bernard est venu nous nous prêter main forte pour finaliser les branchements et l’électronique. Fin octobre, après avoir réglé le chercheur sur Vénus, Mars s’offre à nous avec sa calotte polaire pendant plus de 20 minutes... Belle récompense pour les 15 présents alors que le pointage a été fait avec la méridienne lors de la construction des piles de maintien et que l’orientation Le remontage des tubes a été faite ‘‘au pif’’ sur la la porte des étoiles n°36 38 • • • • HISTOIRE

Première soirée sous les étoiles...

Polaire… M1 et M57 seront les En chiffres bijoux de la nuit tout en nous révélant Fin 2016, les travaux ont coûté : que notre escabeau 14380.02 €, dont 10909.74 sur de huit marches les réserves de REPERES, est trop court pour 2245.28 € en subvention du les plus petits Conseil Départemental de d’entre nous. Avant l’Oise et 1225 € en donation. l’hiver, il a fallu Les bénévoles ont parcouru couper le pin qui plus de 10 000 kilomètres pour bouchait l’horizon effectuer plus de 1200 heures Est et achever le de travail. muret de l’aire d’observation. File d’attente pour accéder à l’oculaire Sachant qu’un peu de confort favorise les bonnes soirées d’observation, nous avons fait l’acquisition d’un insert cheminée pour chauffer le reste des locaux, le contraste entre le salon d’hiver et les autres pièces étant difficilement acceptable. L’hiver 2016/2017 est consacré à la mise en station précise du T600 par la méthode de King, à la collimation minutieuse, à la formation des membres sur le logiciel PRISM et plus globalement au maniement du T600 et du LX200. Durant trois jours pour que chacun puisse trouver un créneau pour nous rejoindre au moins pour un moment, les astronomes amateurs sont invités à une nuit noire comme dans les années 2000. la porte des étoiles n°36 39 • • • • LA GALERIE La galerie

Tout là-haut à Saint-Véran, les astres prennent parfois des aspects étonnants lorsqu’ils s’approchent de l’horizon... Les basses couches de l’atmosphère terrestre sont souvent synonymes d’étranges mirages, qu’il convient d’immortaliser...

À 3000 mètres d’altitude, le Le T62 Astroqueyras offre ciel des Hautes-Alpes offre une souvent des images spectaculaires transparence extraordinaire : de à travers l’oculaire. On ne quoi réaliser avec le nouveau resiste pas à croquer nébuleuses télescope de 500 millimètres de planétaires à forts grossissements, l’observatoire Astroqueyras de galaxies ou amas d’étoiles, pour belles images de nébuleuses ou de compléter sa galerie dessins galaxies. astronomiques. Rester le nez en l’air, durant de longs moments... Les conditions exceptionnelles de l’observatoire de Saint-Véran permettent de voir des phénomènes disparus de nos contrées nordiques : rayons, Voie lactée, lumière zodiacale, aiglows...

Sommaire

41 ��������������������������������������������������������������������������������Au ras de l’horizon 44...... Au bout du crayon 55 �������������������������������������������������������������������������Beautés du ciel profond 59 ���������������������������������������������������������������������������� Ambiances de station 68 �����������������������������������������������������������������������������������La petite dernière

la porte des étoiles n°36 40 • • • • LA GALERIE Au ras de l’horizon

Fin de journée - APN Canon EOS 6D et objectif Canon 16-35mm 29 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Sylvain WALLART

Coucher de Soleil sur le Mont Ventoux - APN Canon EOS 7D et téléobjectif 70/300 2 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE la porte des étoiles n°36 41 • • • • LA GALERIE

Soleil Oméga - APN Canon EOS 7D et téléobjectif 70/300 2 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE

Coucher du croissant de Lune et de sa lumière cendrée - APN Canon EOS 7D et téléobjectif 70/300 1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE la porte des étoiles n°36 42 • • • • LA GALERIE

Rayon vert/bleu du soir du 30 octobre - APN Canon EOS 7D et téléobjectif 70/300 Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE

Rayon vert/bleu du matin du 31 octobre - APN Canon EOS 7D et téléobjectif 70/300 Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE

Rayon bleu du matin du 30 octobre - APN Canon EOS 7D et téléobjectif 70/300 Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE

la porte des étoiles n°36 43 • • • • LA GALERIE Au bout du crayon

La nébuleuse planétaire IC 351 La nébuleuse du Spirographe IC 418 31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05) 31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05) Oculaires Ethos 13 et 8 et télescope 620/9000 Oculaire Ethos 8mm et télescope 620/9000 Michel PRUVOST Simon LERICQUE Michel PRUVOST Simon LERICQUE

La nébuleuse planétaire IC 2003 La nébuleuse planétaire IC 2149 31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05) 31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05) Oculaires Ethos 13 et 8 et télescope 620/9000 Oculaire Ethos 8mm et télescope 620/9000

Michel PRUVOST Simon LERICQUE Michel PRUVOST Simon LERICQUE

La nébuleuse planétaire IC 3568 La nébuleuse planétaire NGC 7048 1er novembre 2016 - Obs. Astroqueyras (05) 29 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05) Oculaire Ethos 8mm et télescope 620/9000 Oculaire Ethos 13mm et télescope 620/9000

Michel PRUVOST Simon LERICQUE Michel PRUVOST Simon LERICQUE

la porte des étoiles n°36 44 • • • • LA GALERIE

La nébuleuse planétaire IC 1295 31 octobre 2016 - Obs. Astroqueyras (05) Oculaire Ethos 21 mm et télescope 620/9000 Simon LERICQUE

La nébuleuse planétaire NGC 6781 31 octobre 2016 - Obs. Astroqueyras (05) Oculaire Ethos 21 mm et télescope 620/9000 Simon LERICQUE

La nébuleuse planétaire NGC 7139 31 octobre 2016 - Obs. Astroqueyras (05) Oculaire Ethos 21 mm et télescope 620/9000 Simon LERICQUE

la porte des étoiles n°36 45 • • • • LA GALERIE

L’étoile de Campbell L’étoile de Campbell 31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05) 30 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05) Oculaire Ethos 8 mm et télescope 620/9000 Oculaire Ethos 13 mm et télescope 620/9000 Simon LERICQUE Simon LERICQUE

La nébuleuse planétaire IC 2165 La nébuleuse planétaire IC 1747 30 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05) 1er novembre 2016 - Obs. Astroqueyras (05) Oculaire Ethos 8 mm et télescope 620/9000 Oculaire Ethos 8 mm et télescope 620/9000 Michel PRUVOST Simon LERICQUE la porte des étoiles n°36 46 • • • • LA GALERIE

La nébuleuse planétaire NGC 2022 - 31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05) Oculaire Ethos 8 mm et télescope 620/9000 - Simon LERICQUE

La nébuleuse planétaire NGC 2346 La nébuleuse planétaire NGC 6058 31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05) xx xx 2016 - Observatoire Astroqueyras (05) Oculaire Ethos 13 mm et télescope 620/9000 Oculaire Ethos 13 mm et télescope 620/9000 Simon LERICQUE Simon LERICQUE la porte des étoiles n°36 47 • • • • LA GALERIE

La nébuleuse planétaire NGC 6741 La nébuleuse planétaire NGC 6772 30 octobre 2016 - Obs. Astroqueyras (05) 1er novembre 2016 - Obs. Astroqueyras (05) Oculaire Ethos 8 mm et télescope 620/9000 Oculaire Lanthanum 42 et télescope 620/9000 Michel PRUVOST Michel PRUVOST

La nébuleuse planétaire NGC 6772 - 31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05) Oculaire Ethos 21 mm et télescope 620/9000 - Simon LERICQUE la porte des étoiles n°36 48 • • • • LA GALERIE

La nébuleuse planétaire IC 5217 La nébuleuse planétaire NGC 7139 30 octobre 2016 - Obs. Astroqueyras (05) 30 octobre 2016 - Obs. Astroqueyras (05) Oculaire Ethos 8 mm et télescope 620/9000 Oculaire Ethos 8 mm et télescope 620/9000 Michel PRUVOST Michel PRUVOST

La nébuleuse planétaire NGC 6842 - 31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05) Oculaire Ethos 21 mm et télescope 620/9000 - Michel PRUVOST la porte des étoiles n°36 49 • • • • LA GALERIE

La nébuleuse planétaire NGC 6781 - 31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05) Oculaire Ethos 21 mm et télescope 620/9000 - Michel PRUVOST

La nébuleuse planétaire IC 5217 L’amas ouvert M36 29 octobre 2016 - Obs. Astroqueyras (05) 29 octobre 2016 - Obs. Astroqueyras (05) Oculaire Ethos 8 mm et télescope 620/9000 Oculaire 12.5 et lunette 60/800 Simon LERICQUE Michel PRUVOST

la porte des étoiles n°36 50 • • • • LA GALERIE

L’amas ouvert M103 - 3 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05) Oculaire Lanthanum 42 mm et télescope 620/9000 Michel PRUVOST Simon LERICQUE

La galaxie spirale M74 - Oculaire Lanthanum 42mm et télescope 620/9000 1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05) - Michel PRUVOST la porte des étoiles n°36 51 • • • • LA GALERIE

La galaxie spirale barrée NGC 7479 - 1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05) Oculaire Lanthanum 42 mm et télescope 620/9000 Simon LERICQUE Michel PRUVOST

La galaxie NGC 520

La galaxie NGC 676 La galaxie NGC 891 2 novembre 2016 - Observatoire 2 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05) Astroqueyras (05) Oculaire Lanthanum 42 mm et télescope 620/9000 Oculaire Lanthanum 42 mm et télescope 620/9000 - Michel PRUVOST Michel PRUVOST la porte des étoiles n°36 52 • • • • LA GALERIE

La galaxie du Cigare M82 La nébuleuse M43 1er novembre 2016 - Obs. Astroqueyras (05) 1er novembre 2016 - Obs. Astroqueyras (05) Oculaire Ethos 21 mm et télescope 620/9000 Oculaire Ethos 21 mm et télescope 620/9000 Simon LERICQUE Simon LERICQUE

L’amas globulaire M79 Oc. Ethos 13 et T620/9000 02/11/16 - Obs. Astroqueyras

L’astérisme M73 Oc. Ethos 13 et T620/9000 01/11/16 - Obs. Astroqueyras

La nébuleuse NGC 2261 Oc. Ethos 13 et T620/9000 02/11/16 - Obs. Astroqueyras

L’amas ouvert Trumpler 1 Oc. Ethos 13 et T620/9000 03/11/16 - Obs. Astroqueyras

Dessins de Simon LERICQUE la porte des étoiles n°36 53 • • • • LA GALERIE

La planète Saturne Septembre 2015 - Obs. Astroqueyras (05) Oc. Lanthanum 42 mm et télescope 620/9000 Philippe NONCKELYNCK

La nébuleuse de la Flamme NGC 2024 Novembre 2016 - Obs. Astroqueyras (05) D’après photo, au télescope RC500 Philippe NONCKELYNCK

La galaxie spirale NGC 7479 Novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras (05) D’après photo au RC500 Philippe NONCKELYNCK la porte des étoiles n°36 54 • • • • LA GALERIE Beautés du ciel profond

La galaxie spirale M74 - Caméra Atik 383 et télescope Ritchey-Chrétien 500/4000 2 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Gervais VANHELLE

la porte des étoiles n°36 55 • • • • LA GALERIE

Les environs de la galaxie NGC 7331 - Caméra Atik 383 et télescope Ritchey-Chrétien 500/4000 3 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Gervais VANHELLE

La galaxie spirale barrée NGC 7479 - Caméra Atik 383 et télescope Ritchey-Chrétien 500/4000 3 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Gervais VANHELLE la porte des étoiles n°36 56 • • • • LA GALERIE

La nébuleuse Hélix - Caméra Atik 383 et télescope Ritchey-Chrétien 500/4000 1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Gervais VANHELLE

La nébuleuse du Crabe M1 Caméra Atik 383 et télescope Ritchey-Chrétien 500/4000 29 octobre 2016 Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) Gervais VANHELLE la porte des étoiles n°36 57 • • • • LA GALERIE

Autour des Pléiades et de la nébuleuse California - APN Canon Eos 6D et objectif Canon 70-200mm 1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Sylvain WALLART

La nébuleuse de la tête de sorcière IC 2118 - APN Canon Eos 6D et objectif Canon 70-200mm 31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Sylvain WALLART la porte des étoiles n°36 58 • • • • LA GALERIE Ambiances de station

Belles couleurs au coucher du Soleil - APN EOS Canon 7D et objectif Canon 35mm 31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE

Nuages colorés au coucher du Soleil APN EOS Canon 6D et objectif Canon 16-35 - 31 octobre 2016 Observatoire Astroqueyras, Saint- Véran (05) Sylvain WALLART la porte des étoiles n°36 59 • • • • LA GALERIE

Croissant de Lune et planètes dans le ciel crépusculaire - Canon EOS 7D et objectif Canon 35mm 1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE

Croissant de Lune et planètes dans le ciel crépusculaire - Canon EOS 7D et objectif Canon 35mm 2 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE

Croissant de Lune et planètes dans le ciel crépusculaire - Canon EOS 7D et objectif Canon 35mm 3 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE la porte des étoiles n°36 60 • • • • LA GALERIE

Croissant de Lune et planètes dans le ciel crépusculaire - Canon EOS 7D et téléobjectif Canon 70/300 1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE

Croissant de Lune et planètes dans le ciel crépusculaire - Canon EOS 7D et téléobjectif Canon 70/300 2 novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE la porte des étoiles n°36 61 • • • • LA GALERIE

L’arche de la Voie lactée au-dessus de l’observatoire - Canon EOS 60D et objectif Tokina 11/16 10 juillet 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Fabienne et Jérôme CLAUSS

Filé d’étoiles et de Lune depuis le pic Circumpolaire au-dessus de l’observatoire Canon EOS 400D et objectif Tokina 11/16 Canon EOS 400D et objectif Tokina 11/16 16 juillet 2016 - Observatoire Astroqueyras, 15 juillet 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint- Saint-Véran (05) - Fabienne et Jérôme CLAUSS Véran (05) - Fabienne et Jérôme CLAUSS la porte des étoiles n°36 62 • • • • LA GALERIE

Voie lactée au-dessus de la coupole Voie lactée depuis la coupole du T62 Canon EOS 60D et objectif Tokina 11/16 Canon EOS 60D et objectif Tokina 11/16 13 juillet 2016 - Observatoire Astroqueyras, 13 juillet 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Fabienne et Jérôme CLAUSS Saint-Véran (05) - Fabienne et Jérôme CLAUSS

Ambiance sous la coupole du T62 - Canon EOS 7D et objectif Peleng 8mm 1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE la porte des étoiles n°36 63 • • • • LA GALERIE

La lumière zodiacale et la Voie lactée - Canon EOS 7D et objectif Peleng 8mm 31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE

En admiration devant la lumière zodiacale - APN Canon EOS 6D et objectif Canon 16-35mm 31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Sylvain WALLART la porte des étoiles n°36 64 • • • • LA GALERIE

La lumière zodiacale et la Voie lactée - APN Canon EOS 6D et objectif Canon 16/35mm 31 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Sylvain WALLART

Voie lactée au-dessus de la coupole AshDome Voie lactée et airglows Canon EOS 6D et objectif Canon 16/35mm Canon EOS 6D et objectif Canon 16/35mm 29 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras, 29 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Sylvain WALLART Saint-Véran (05) - Sylvain WALLART la porte des étoiles n°36 65 • • • • LA GALERIE

Voie lactée et airglows au-dessus de l’observatoire - Canon EOS 6D et objectif Canon 16-35mm 29 octobre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Sylvain WALLART

Ambiances hors de l’observatoire Canon EOS 7D et objectif Peleng 8mm 29 octobre 2016 Obs. Astroqueyras, Saint-Véran (05) Simon LERICQUE

la porte des étoiles n°36 66 • • • • LA GALERIE

Ciel embrasé Canon EOS 7D et objectif Canon 35mm 4 novembre 2016 Obs.Astroqueyras, Saint- Véran (05) Simon LERICQUE

Rayon anticrepusculaire du Mont Viso - Canon EOS 7D et téléobjectif 70/300 1er novembre 2016 - Observatoire Astroqueyras, Saint-Véran (05) - Simon LERICQUE la porte des étoiles n°36 67 La petite dernière

Saint-Véran, le plus haut village d’Europe, sur les hauteurs duquel on trouve le plus haut observatoire astronomique ouvert au public. Tout là-haut, à près de 3000 mètres d’altitude, un peu coupé du monde, le temps ne s’écoule pas comme ailleurs. Cela fait déjà plusieurs années que nous y posons nos bagages, généralement pour une semaine... Mais point de lassitude. Chaque semaine passée dans l’observatoire, chaque mission, est une perpetuelle redécouverte. Les paysages spectaculaires de montagnes souvent enneigées, les couleurs marquées des nuages durant les crépuscules, les ombres rasantes qui illuminent les batiments de la station juste après le lever du jour et surtout, ce ciel nocturne spectaculaire... L’un des plus beaux de l’hexagone. Pour immortaliser cela, la photographie ne laisse qu’un bref aperçu. Mieux, réaliser un timelapse et monter bout à bout différentes séquences permet de rendre plus fidèlement les ressentis de la station. Philippe Sénicourt, participant de la mission 2016, a réalisé une belle vidéo, qui conclue parfaitement cette galerie d’images dédiée à notre dernière escapade Saint-Véranaise... Le film de la mission : https://www.youtube.com/watch?v=FYVrY7fAHoA

la porte des étoiles n°36 68