Rapport final
de la Réunion des partenaires de l’enseignement supérieur (Conférence mondiale sur l’enseignement supérieur +5)
UNESCO, Paris, 23-25 juin 2003
Paris, 2004
L’UNESCO souhaiterait remercier:
Le Programme du Golfe arabe pour les Organisations de développement des Nations Unies L’Agence suédoise de coopération internationale au développement La Banque mondiale La Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l’homme L’Observatoire international des réformes universitaires La France Le Canada Le Qatar Le Comité de liaison UNESCO/ONG JustWorld International
pour leur contribution à l’organisation de cette réunion
Les auteurs sont responsables du choix et de la présentation des faits figurant dans cette publication ainsi que des opinions qui y sont exprimées, lesquelles ne sont pas nécessairement celles de l’UNESCO et n’engagent par l’Organisation.
Les appellations employées dans cette publication et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part de l’UNESCO aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites.
Publié en 2004 par l’Organisations des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture 7, place de Fontenoy, 75352 Paris 07 SP
Imprimé à l’UNESCO
(ED-2004/WS/19)
© UNESCO 2004
Préface
Cinq ans après la Conférence mondiale sur l’enseignement supérieur (CMES, Paris, 1998), la Réunion des partenaires de l’enseignement supérieur fut organisée par l’UNESCO aux fins d’évaluer les progrès accomplis dans la mise en œuvre du Cadre d’action prioritaire adopté par la CMES, de mesurer l’impact de cet événement majeur sur le développement de l’enseignement supérieur dans le monde, et de dégager les orientations pour l’action future des Etats membres et des institutions face aux nouveaux défis et aux nouveaux enjeux.
Je ne m’étendrai pas sur les discussions et les communications présentées à la réunion. Les débats sont parfaitement résumés dans le rapport général et les communications figurent dans cette publication.
Je souhaiterais, néanmoins, souligner quelques points que je trouve particulièrement importants :
L’enseignement supérieur, en 2003, est plus diversifié et plus varié que l’on croirait. Je trouve cela très encourageant.
À aucune autre période dans l'histoire de l'humanité, le bien-être des nations n’a été aussi directement lié à la qualité et à la possibilité d'action de leurs systèmes et de leurs institutions d'enseignement supérieur. L’éducation à tous les niveaux contribue au développement de sociétés qui sont à la fois démocratiques et libres, et de communautés qui vivent dans la paix et la justice. L’enseignement supérieur est particulièrement important, non seulement parce qu’il forme ceux qui maintiennent et favorisent les infrastructures de la démocratie et de la justice, mais aussi parce qu’en contribuant au développement de la capacité d’évolution d’une vaste partie de la population, il crée les conditions où la liberté, la justice et la démocratie peuvent prospérer.
L’éducation tout au long de la vie gagne du terrain comme principe sous-jacent de l’éducation moderne, où l’enseignement supérieur est perçu comme étant le niveau le plus adéquat pour atteindre ses objectifs.
Le commerce dans l’enseignement supérieur ne va pas effacer les centaines d’années de tradition universitaire; mais les enseignants devraient comprendre ses implications. Un dialogue fondé sur le principe de justice est la clé pour aboutir à des relations saines entre l’enseignement supérieur et le développement économique et la coopération entre les nations.
Il est nécessaire que l’enseignement supérieur soit conçu comme un droit humain et un bien public.
La formation des enseignants n’est pas seulement une composante et une fonction majeures de l’enseignement supérieur ; elle est aussi le véhicule principal à travers lequel l’enseignement supérieur peut contribuer à l’amélioration de l’enseignement à tous les niveaux.
Le développement des technologies de l’information et de la communication est un facteur majeur de progrès, en particulier s’il est associé aux développements dans l’éducation et les sciences cognitives. Sa dimension internationale croissante représente le développement post-Conférence le plus marquant. Le processus de développement de l’enseignement supérieur est en cours et il va au-delà des pratiques traditionnelles de coopération internationale.
Cette évaluation à mi-parcours des recommandations de la Conférence mondiale montre que nous sommes dans la bonne voie. Il s’agit maintenant de poursuivre ce travail et d’intégrer dans nos actions les nouveaux éléments identifiés lors de cette réunion.
John Daniel Sous-Directeur général pour l’éducation
Table des matières
Introduction ...... 1
Rapport de synthèse sur les tendances et les développements dans l’enseignement Supérieur depuis la Conférence mondiale sur l’enseignement supérieur (1998-2003) ...... 3
Rapport général ...... 31
Annexe 1: Discours et interventions
Séance d’ouverture:
Discours de M. Koïchiro Matsuura, Directeur-général de l’UNESCO ...... 51 Conférence principale – The university at a crossroad Cristovam Buarque ...... 57 Allocution spéciale H.H. Sheikha Mozah Bint Nasser Abdullah Al-Misnad ...... 87
Séance plénière:
Mobilizing for sustainable development Hans van Ginkel ...... 91 Constructing knowledge societies: new challenges for tertiary education Jamil Salmi ...... 95 Strengthening capacity building in research in developing countries – the role of higher education Berit Olsson ...... 99 L’université du 21ème siècle – l’exemple de l’Université Polytechnique de Catalunya Josep Ferrer Llop ...... 103 Reforming higher education in a changing society – the experience of South Africa Nasima Badsha ...... 107 Le processus de Bologne Eric Froment ...... 112 Distance education and open learning in Asia and the Pacific. A priority area for action. A possible solution to the expansion of higher education Sheldon Shaeffer ...... 114 Avicenna Virtual Campus Project Mohamed Tahar Miloudi ...... 117 Higher education in countries in transition Gvozden Flego ...... 120 Reforming the reforms. Transformations and crisis in Latin American and Caribbean universities Atilio Boron ...... 123
Séance de clôture:
Requisite variety, liberal democracy, fair trade: higher education in a new century John Daniel ...... 132
Annexe 2: Programme de la réunion ...... 137
Annexe 3: Liste des participants ...... 149
Introduction
La Conférence mondiale sur l’enseignement supérieur (CMES) a réuni à Paris en 1998 plus de quatre mille participants représentant 182 Etats (ministres, responsables de l'éducation et de l'enseignement supérieur, enseignants, chercheurs, étudiants, parlementaires, représentants d'organisations intergouvernementales et non gouvernementales, de divers secteurs de la société, du monde de l'économie et du travail, d'organismes de financement, de maisons d'édition, etc.). Au cours de cette conférence, les principaux enjeux de l’enseignement supérieur ont fait l’objet d’un débat afin de définir ensemble les mesures les plus adéquates à prendre pour répondre aux exigences du développement de l’enseignement supérieur à l’ère de la société du savoir.
Les participants ont réaffirmé la nécessité de préserver, de renforcer et d’intensifier les missions et les valeurs essentielles de l’enseignement supérieur, en particulier celle de contribuer au développement durable et à l’amélioration de la société dans son ensemble. Les opinions convergent sur le fait que l’enseignement supérieur doit se transformer et se rénover pour être à la hauteur des missions et des fonctions qui doivent être les siennes à l’aube du XXIe siècle.
Une nouvelle vision de l’enseignement supérieur a été proposée avec comme composantes essentielles l’accès dans l’équité, le renforcement de la participation et la promotion du rôle des femmes, le progrès des connaissances par la recherche et la diffusion de ses résultats, la nécessité de définir une orientation à long terme de l’enseignement supérieur fondée sur la pertinence, le renforcement de la coopération avec le monde du travail ainsi que l’analyse et l’anticipation des besoins de la société, la nécessité de diversifier l’enseignement supérieur pour accroître son efficacité, l’attention accordée aux personnels et aux étudiants en tant que principaux protagonistes de l’enseignement supérieur.
L’UNESCO, en coopération avec les Etats membres et ses partenaires : les organisations intergouvernementales, les organisations non gouvernementales, les autres agences spécialisées des Nations Unies, a mis en place une stratégie pour la mise en œuvre au niveau national, régional et international des orientations définies par la Conférence mondiale. Des initiatives ont été prises en vue de poursuivre la réflexion et de traduire en actions concrètes les décisions de la CMES.
Cinq ans après la CMES, il nous a paru utile de faire un bilan afin de mieux appréhender les changements intervenus depuis 1998 et leurs conséquences, de recenser les exemples de bonnes pratiques et surtout d’essayer de dégager les orientations pour l’action future au niveau des Etats membres et des institutions.
Ont été impliqués dans ce processus, les Etats membres de l’UNESCO ainsi que nos partenaires dans la mise en œuvre de la stratégie de suivi de la CMES.
Plus de 400 participants provenant de 120 pays et comprenant des points focaux nationaux et représentants des organisations intergouvernementales, des organisations non gouvernementales, des personnes ressources de la communauté académique mondiale, des étudiants et des décideurs politiques ont pris part à la deuxième Réunion des partenaires de l’enseignement supérieur qui s’est tenue à Paris au Siège de l’UNESCO du 23 au 25 juin 2003. Les membres du Comité international de suivi de la Conférence mondiale et les Présidents des 2 Introduction
Comités régionaux de suivi étaient également présents, ainsi que des représentants du Secrétariat de l’UNESCO, du Siège et Hors-Siège.
Les travaux de la conférence se sont déroulés en séance plénière et en commissions. Les présentations en plénière par des représentants de différentes régions et des partenaires de l’UNESCO ont souligné la pertinence de la Déclaration mondiale adoptée en 1998, identifié des changements majeurs dans l’environnement de l’enseignement supérieur depuis la CMES et rappelé un certain nombre de défis.
Les débats ont permis de réaffirmer la vision adoptée par la Conférence mondiale en rappelant les principes et les enjeux et en appelant tous les acteurs du monde de l’enseignement supérieur à renforcer leur action en réponse aux nouveaux changements et aux nouveaux défis.
La tâche qui nous incombe est plus importante que jamais. Mais en oeuvrant ensemble nous pouvons contribuer à renforcer le rôle de l’enseignement supérieur dans la société d’aujourd’hui en tant qu’élément essentiel du développement culturel, social, économique et politique, un pilier du renforcement des capacités endogènes, de la promotion des droits de l’homme, du développement durable, de la démocratie et de la paix dans la justice.
Komlavi Seddoh Directeur, Division de l’enseignement supérieur 15 mars 2004
Rapport de synthèse sur les tendances et les développements dans l’enseignement supérieur depuis la Conférence mondiale sur l’enseignement supérieur (1998-2003)
Avant-propos
La Conférence mondiale sur l'enseignement supérieur (CMES), organisée par l'UNESCO en octobre 1998, reste jusqu'ici la plus grande réunion internationale sur la place, le rôle et les fonctions de l’enseignement supérieur et de la recherche dans la société moderne. Les documents finaux qu'elle a engendrés, à savoir la Déclaration mondiale sur l'enseignement supérieur pour le XXIe siècle et le Cadre d'action prioritaire pour le changement et le développement de l'enseignement supérieur ont défini un cadre conceptuel et une ligne d'action orientée vers le renouveau et la réforme de l'enseignement supérieur sur la base de principes généralement consentis :
• L’élargissement de l'accès et la garantie de considérer le développement de l'enseignement supérieur comme une composante clef du développement, un bien public et un droit humain;
• La promotion de la revitalisation et de la réforme des systèmes et des institutions en vue d'améliorer la qualité, la pertinence et l'efficacité en renforçant les liens avec la société, notamment avec le monde du travail;
• La garantie de ressources adéquates et de financement - tant public que privé - pour faire face à la demande accrue provenant de tous les acteurs et de la société dans son ensemble.
• Le renforcement de la coopération internationale et des partenariats.
La Conférence mondiale sur la science, organisée par l'UNESCO une année plus tard (Budapest, 1999), a apporté des éléments complémentaires pour le processus de renouvellement de l'enseignement supérieur en ce qui concerne son rôle accru dans la production, la dissémination, l'application des connaissances et le renforcement des compétences dans le domaine de la recherche et du développement (R&D).
Conformément à la stratégie de suivi de la CMES, l'UNESCO et ses partenaires procèdent - cinq ans après la Conférence - à un examen des changements et des développements majeurs post-CMES et à l'évaluation des progrès accomplis dans la mise en oeuvre de ses recommandations. Le but du présent document est de servir de contribution aux discussions durant la Réunion des partenaires de l'enseignement supérieur.
Les points de vue ainsi que les conclusions présentes dans la Synthèse sont basées sur des données et des faits présentés dans les rapports régionaux et dans d'autres documents d'information, distribués séparément lors de la réunion. Pour cette raison, les données statistiques et l'information factuelle sont limitées au minimum. L'accent est mis sur l'identification des tendances dans le développement de l'enseignement supérieur et plus 4 Rapport de synthèse
particulièrement, le document suggère des lignes d'action possible en réponse aux défis nouveaux et fluctuants auxquels l'enseignement supérieur doit faire face et continuera à faire face à court et à moyen terme.
Le document est structuré comme suit : la première partie présente les changements majeurs relatifs à l’impact des facteurs externes sur l'enseignement supérieur d’aujourd’hui, sur son orientation et le rythme de son changement futur ; la deuxième partie résume les étapes de développement de l'enseignement supérieur en réponse aux facteurs externes et internes, et le renouvellement et la réforme en profondeur qui en résultent, à un rythme et une envergure sans précédent ; la troisième partie est consacrée à la coopération internationale et au rôle de l'UNESCO dans le développement de l'enseignement supérieur dans le monde, conformément aux recommandations de la CMES.
Section I : L'enseignement supérieur dans le contexte global
La Conférence mondiale sur l'enseignement supérieur (CMES), organisée par l'UNESCO en 1998, a eu lieu à un moment où le besoin de réforme, d'ajustement et de changement en profondeur, “pour un nouveau paradigme dans l'enseignement supérieur” était fortement ressenti par les responsables de l'enseignement supérieur, la communauté académique ainsi que par tous ses bénéficiaires. Autant avant qu'après la Conférence, des changements essentiels ont eu lieu à tous les niveaux du système et dans tous les pays. Bien entendu, les changements dans l'enseignement supérieur qui ont eu lieu après 1998 ne peuvent pas être directement et entièrement attribués à la CMES. Cependant, comme le soulignent tous les rapports régionaux préparés pour cette réunion, les changements et le débat continu sur l'enseignement supérieur ont largement suivi les positions prises ainsi que les vues exprimées à la Conférence mondiale.
Les changements économiques, politiques et sociaux continuent à poser des défis majeurs à l'enseignement supérieur partout dans le monde. En réponse à ces défis, la réforme et le renouvellement dans l'enseignement supérieur post-CMES marquent une nouvelle escalade en ampleur et en portée. Cette tendance va nécessairement se poursuivre. En ce moment l'attention se focalise sur le financement et les ressources dont l’enseignement supérieur a besoin pour son expansion en réponse aux pressions de plus en plus fortes pour son amélioration. Cela va de paire avec les efforts pour résoudre le dilemme quantité/qualité, pour faire face aux responsabilités accrues de l'enseignement supérieur dans une société basée sur la connaissance et pour intégrer les TIC qui sont un facteur essentiel de changement dans l'enseignement supérieur.
Dans de nombreux cas, les politiques nationales et la planification de l'enseignement supérieur connaissent des mutations importantes. Au niveau des systèmes et des institutions, des réajustements seront donc nécessaires, particulièrement en ce qui concerne l'accès à l'enseignement supérieur, l'organisation des études, le contenu des programmes et les types de cours offerts, les méthodes, les pratiques et les stratégies d'enseignement et d'apprentissage, etc. La gestion, l'évaluation et la responsabilité doivent être renforcées.
Face à ces pressions, l'enseignement supérieur a fait preuve d'une capacité remarquable de changement et d’adaptation grâce à de nombreuses innovations et expérimentations. Ceci est illustré par les efforts pour maintenir la qualité dans un enseignement de masse, par les mesures audacieuses prises en vue d'intégrer de nouvelles technologies et des moyens non traditionnels d'enseignement. La position prise par la CMES, à savoir que l'enseignement supérieur devrait être proactif plutôt que réactif, gagne du terrain. L'adoption d'une approche entrepreneuriale dans la recherche de ressources, établissant des
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liaisons plus étroites avec le monde du travail, constituent les préoccupations habituelles des administrateurs et du corps enseignant. De nouveaux partenariats et des consortiums d'institutions sont créés en vue d'améliorer la pertinence, de mieux répondre aux besoins sociaux et d’assurer à la fois la qualité, la comparabilité des études et des qualifications, dans et entre les differents systèmes.
Cinq ans après la CMES, il est possible, sur la base des données présentées dans les rapports régionaux préparés pour la présente réunion de partenaires de l'enseignement supérieur, d'identifier, du point de vue de l'UNESCO, un certain nombre de développements et de tendances majeures au niveau mondial, qui ont un impact direct sur l'enseignement supérieur et fixent la direction et la mesure de ce changement. Il s’agit notamment de :
(i) La mondialisation de l'économie, du commerce, des finances, des services, du travail et d'autres domaines, y compris l'éducation, la culture et la communication;
(ii) Le rôle croissant de la production, l'avancement, la dissémination et l'application des connaissances en tant que force déterminante de tout développement;
(iii) Le progrès phénoménal des TIC et leur rôle déterminant dans les sociétés émergentes basées sur la connaissance (accompagné par le progrès dans les sciences cognitives et dans les théories de l'apprentissage);
(iv) Le nouveau rapport qui se développe entre l'enseignement supérieur, l'État, le marché et la communauté dans son ensemble. Ce rapport requiert la responsabilité accrue et une division équilibrée des coûts entre tous les acteurs en vue d'assurer son développement, une meilleure gestion et une reddition de comptes de la part des institutions d'enseignement supérieur;
(v) Des changements sociaux et politiques constants, marqués tant par le progrès fait pour garantir les droits de l'homme dans des sociétés démocratiques plus équitables, que par la persistance continue d'inégalités évidentes, de la pauvreté, de l'insécurité et de l'instabilité. Des conflits ouverts, des guerres et l'occupation ont affectés directement l'enseignement supérieur dans un certain nombre de pays. Les sources de conflit persistent dans beaucoup de régions du monde;
(vi) Des changements dans les tendances démographiques du monde.
1.1. L'impact de la mondialisation sur l’enseignement supérieur
La mondialisation a ouvert des opportunités considérables pour l’amélioration de la condition de l'humanité. Cependant, elle implique la compétition accrue et un haut niveau technologique auquel beaucoup de nations et de peuples ne sont pas préparés. En conséquence, ses bénéfices sont repartis de façon inégale ce qui mène à des disparités évidentes. Certains développements plus récents de la mondialisation ont tendance à aggraver, et non à réduire de telles inégalités. Il est particulièrement significatif pour l'enseignement supérieur de souligner que la rapidité du progrès scientifique et technologique a tendance à accentuer et non à soulager les disparités économiques et les tensions sociales. La mondialisation met en mouvement, au niveau mondial, des forces qui ont un potentiel d'unification intrinsèque. Mais des forces opposées leur résistent. Elles convergent pour forger de nouvelles divisions et des tensions, favoriser l'intolérance, la terreur et la violence et augmenter l'insécurité humaine. Il n'y a pas de solution facile et rapide aux défis posés par ces développements défavorables. Cependant, il y a une prise de conscience accrue du fait que, puisque l'avenir de l'humanité est dans l’union de tous, maîtriser la
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mondialisation appelle des solutions au niveau mondial dans un esprit de solidarité, de prise de conscience pour et de partage avec tous.
Face à la globalisation, l'enseignement supérieur se trouve dans une position particulière qui émane de l'universalité de sa mission et de ses préoccupations. Le savoir est universel. Poursuivre son progrès est basé sur la libre circulation des idées à travers les frontières, les domaines scientifiques et les disciplines universitaires. Ceci a été clairement compris par les fondateurs de l'UNESCO il y a plus de 50 ans, quand ils ont spécifié, dans le Préambule de sa Constitution, qu'un des buts de l'Organisation est de faciliter « …la libre poursuite de la vérité objective et de libre échange des idées et des connaissances » … en développant “les relations entre leurs peuples en vue de se mieux comprendre et d’acquérir une connaissance plus précise et plus vraie de leurs coutumes respectives”. Cette croyance, basée sur une tradition humaniste bien établie selon laquelle “la connaissance est comme le soleil : elle doit briller pour tous”, a acquis une nouvelle signification et doit faire face à de nouveaux défis dans les conditions présentes de la mondialisation.
Tout en mettant l’accent sur cette relation particulière, il est aussi nécessaire de souligner que la mondialisation entraîne des processus qui ont un impact direct sur l'enseignement supérieur. Ils étaient moins évidents avant la CMES où ils n'avaient pas atteint le niveau qu'ils ont aujourd'hui. À titre d’exemple, de nouveaux défis ont apparu suite à l'émergence accrue de l'approche commerciale à l’éducation, et aux discussions actuelles de l'OMC sur l’AGCS (Accord général sur le commerce des services). Cela a des implications sur l'enseignement supérieur au niveau de son organisation, mais aussi au niveau social et politique. Les États - et les institutions d'enseignement supérieur elles-mêmes - reconnaissent le besoin de se positionner efficacement en vue de la mondialisation et de l'économie des connaissances. Il y a, en même temps, une résolution forte de préserver la spécificité des systèmes d’enseignement supérieurs nationaux et de conserver les éléments clefs des traditions culturelles et des identités nationales.
1.2. Les nouveaux rôles de l'enseignement supérieur et de la recherché dans la société basée sur la connaissance
Le rôle de l’enseignement supérieur comme composante clef et comme moteur essentiel pour le développement durable dans les sociétés basées sur la connaissance et l'information a continué à s’accentuer. Des sections de plus en plus grandes de la population doivent acquérir des niveaux de connaissance et des compétences avancées. La main-d’œuvre devient de plus en plus une main-d’œuvre de connaissance, qui a besoin d’une formation plus avancée, d’une mise à jour constante et d’un recyclage pendant toute la durée de la vie. L'apprentissage tout au long de la vie gagne du terrain comme principe sous-jacent de l'éducation moderne. C’est surtout au niveau de l’enseignement supérieur que les exigences de l’apprentissage tout au long de la vie peuvent être satisfaites d'une manière adéquate et efficace.
En plus de la croissance économique, il est de plus en plus reconnu que l'enseignement supérieur peut contribuer à la solution des problèmes majeurs auxquels le monde doit actuellement faire face, au niveau mondial, régional et local, notamment : réduire les inégalités, soulager la pauvreté, trouver des solutions face à la dégradation de l’environnement, améliorer la santé, endiguer les pandémies à grande échelle comme le SIDA, etc. Il joue également un rôle décisif dans la construction de la cohésion sociale et dans la mise en oeuvre des sociétés civiles saines, basées sur la bonne gouvernance et la démocratie participative. Les implications pour l'enseignement supérieur sont évidentes : il doit continuer à changer en profondeur ; il doit se fonder sur le prestige dont il bénéficie dans la société en renforçant la pertinence et la qualité de ses programmes ainsi que de toutes ses activités.
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À aucune autre période dans l'histoire de l'humanité, le bien-être des nations n’a été aussi directement lié à la qualité et à la possibilité d'action de leurs systèmes et de leurs institutions d'enseignement supérieur. L’enseignement supérieur est devenu une première nécessité pour les pays qui souhaitent réussir les défis posés par la mondialisation accrue des économies, du commerce et des services. Les données disponibles et les indicateurs relatifs au développement, tels que ceux utilisés par le PNUD dans les Rapports mondiaux sur le développement humain en apportent la preuve.
1.3. Le rôle essentiel de l'enseignement supérieur dans la réduction des décalages en matière de connaissance
L'enseignement supérieur de qualité est particulièrement important pour les pays de développement, y compris ceux qui sont en transition, parce qu'il représente un moyen important pour réduire l'écart qui les sépare du monde développé dans les domaines de la science et de la recherche et ainsi faire face aux défis de la mondialisation. Ils doivent renforcer leur formation de haut niveau et leurs capacités de recherche de manière massive et urgente s'ils veulent éviter la marginalisation et l'exclusion. Le rapport régional pour l'Afrique souligne que, pour développer les ressources humaines susceptibles de sortir la région de sa crise prolongée, l'Afrique subsaharienne devrait multiplier son enseignement supérieur par trois d’ici l'an 2010.
Depuis la CMES et malgré quelques progrès dans les domaines de l’enseignement supérieur et de la recherche, l'écart entre les pays industrialisés et les pays de développement s’est encore agrandi. Confrontés à d’énormes difficultés économiques, sociales et politiques, il est clair que ces pays, et ceux qui sont en transition ne sont pas capables de réduire les écarts en se fondant sur leurs seules capacités. Ils ont et auront besoin d'un appui international important. Il est urgent que la communauté internationale prenne, dès à présent, des mesures adéquates pour aider au redressement de la situation précaire de l'enseignement supérieur dans les pays en développement, particulièrement ceux les moins développés.
La Conférence mondiale sur l'éducation (Jomtien 1990) a adopté l'Éducation de base pour tous (EPT) comme la première priorité du monde dans le domaine de l'éducation. Les États, les gouvernements, la communauté mondiale dans son ensemble, ont reconnu l’EPT comme un pré requis pour la solution des défis actuels auxquels l'humanité doit faire face. Quatre agences du système des Nations Unies (l'UNESCO, la Banque mondiale, le PNUD et l'UNICEF) ont regroupé leurs forces pour créer un programme cohérent avec des objectifs clairs basés sur des engagements forts de la part des États et des gouvernements et sur l’implication de tous les secteurs de la société. Deux des objectifs du Millénaire pour le développement fixés par l'Assemblée générale des Nations Unies en l'an 2000 renforcent ces buts.
Les réalités des sociétés actuelles basées sur la connaissance et de plus en plus globalisées, nécessitent l'adoption d'une approche semblable au niveau de l'enseignement supérieur. L'enseignement supérieur doit s'étendre considérablement. Les statistiques indiquent que des taux d'inscription de l’ordre de 40 à 50 pour cent pour le groupe d'âge concerné sont nécessaires pour permettre à un pays de bien fonctionner dans un monde dominé par la mondialisation et la compétition. Les pays industrialisés ont compris cette exigence et ont pris des mesures pour développer leur enseignement supérieur et leurs capacités de recherche en conséquence. La plupart d'entre eux disposent de taux de participation dans l'enseignement supérieur, autour ou au-dessus de 50 pour cent. Parfois, ils coordonnent leurs efforts au niveau régional, comme c’est le cas pour le processus de Bologne, dont l’ambition est de créer un espace européen d'enseignement supérieur à
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l'horizon de l'année 2010, dans le but avoué de transformer l'enseignement supérieur européen en un des systèmes les plus compétitifs du monde.
Malheureusement, bien que les pays en développement comprennent l'importance de l'enseignement supérieur et de la recherche pour le développement durable et qu’ils soient préparés à faire des efforts en ce sens, ils ne sont pas en mesure de garantir un développement approprié de leur enseignement supérieur et de leur recherche au niveau et avec l'urgence nécessaires. Nous pouvons penser à la création d’un Programme mondial pour le Développement et la Coopération dans l'enseignement supérieur, basé sur des engagements forts pris par des gouvernements nationaux et par la communauté internationale, avec des objectifs et des priorités claires, comme cela a été le cas pour l'éducation de base dans le cadre de l’EPT.
1.4. L'impact des TIC sur l’enseignement supérieur
L'impact des TIC sur l'enseignement supérieur a été plus rapide, plus complexe et plus important que prévu lors de la CMES, il y a cinq ans. Les TIC, accompagnées par des avances dans les sciences cognitives et dans les méthodes éducatives, sont en train de changer rapidement les structures institutionnelles, les modes de formation et, plus particulièrement, les méthodes et les pratiques d'enseignement et d'apprentissage. La fonction de recherche de l'enseignement supérieur se voit également considérablement renforcée.
Les TIC ont en outre fait pleine preuve de leur capacité à améliorer l'accès à l'enseignement supérieur, à réduire les coûts et à faciliter la coopération internationale. Le nombre d'universités ouvertes établies après la CMES est impressionnant. Elles assurent déjà une part considérable d'inscriptions d'étudiants, particulièrement au niveau de préparation à la licence. Plusieurs d'entre elles sont régionales et transnationales. L'éducation ouverte et l’enseignement en ligne deviennent aussi des pratiques courantes dans les universités traditionnelles.
Les TIC représentent à présent une chance unique pour l'enseignement supérieur, particulièrement dans les pays en développement. Pour mettre en œuvre à l’ensemble du potentiel, il faut accéder à une maîtrise plus accrue de ces technologies. La situation actuelle indique qu’une nouvelle fracture – celle qui sépare les pays qui ont accès à l’information (les « info-riches ») de ceux qui n’y ont pas accès (les « info-pauvres ») – vient s’ajouter à la fracture entre les pays riches et les pays pauvres. On évalue à 400 millions de personnes les utilisateurs de l'Internet dans le monde, ce qui représente seulement 7% de la population mondiale. La densité de l'Internet est supérieure à 53 pour cent aux Etats-Unis et au Canada, tandis qu’elle est seulement de 1 pour cent au Moyen-Orient et de 0,4 pour cent en Afrique.
De plus, pendant que les TIC ont ouvert des perspectives réelles pour la création d'un espace commun d'enseignement supérieur et de recherche à l'échelle mondiale, ce sont plutôt les tendances commerciales de l’enseignement supérieur par exemple, l’enseignement supérieur transfrontière à but lucratif qui se sont rapidement imposées et développées.
1.5. L’évolution de la situation entre l'enseignement supérieur, l’État et le marché
La demande accrue pour plus d'enseignement supérieur exige des ressources considérables. À quelques exceptions près, ces ressources étaient fournies principalement par les gouvernements, grâce à des financements publics. Il est devenu évident que l'expansion de l'enseignement supérieur ne peut pas être couverte uniquement par des hausses des dépenses publiques. Aucun gouvernement, y compris ceux des pays développés, ne peut assurer la
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croissance de son enseignement supérieur et répondre à ses besoins économiques et sociaux, uniquement par des fonds publics.
Cette réalité a été explicitement exprimée à la CMES. Cependant, la Conférence a attiré l’attention sur le danger réel que représenterait l’abandon, par les gouvernements, de leurs responsabilités envers l'enseignement supérieur. Les responsabilités gouvernementales sont assumées plus nettement dans les pays industrialisés que dans les pays en développement. Cela apparaît clairement dans le rapport sur l'enseignement supérieur de la région Europe. L'état des économies nationales et le fardeau des dettes extérieures rend la tâche difficile aux gouvernements des autres régions, particulièrement ceux d’Afrique, de fournir à l'enseignement supérieur des financements au niveau nécessaire.
Face à la diminution des fonds publics, les tendances économiques visent à réduire le rôle de l’État et du gouvernement dans le domaine de l'enseignement supérieur. Parallèlement, le rôle et la contribution du secteur privé au développement de l’enseignement supérieur se sont considérablement accrus. Le rôle du marché dans le domaine de l'enseignement supérieur se développe rapidement. Nous assistons à une croissance rapide de la commercialisation dans l'enseignement supérieur, conduisant à la création d’ “un marché de l'enseignement supérieur”, qui tend à prendre une dimension mondiale.
La CMES a adopté des positions claires sur ces questions en déclarant que : (a) Bien que l’on essaye d’obtenir une contribution de tous les partenaires, y compris le secteur privé – pour le développement de l’enseignement supérieur, les États et les gouvernements doivent maintenir leurs responsabilités et leurs engagements dans ce domaine; (b) l'enseignement supérieur ne peut pas être guidé uniquement par les lois du marché. Ces positions restent entièrement valables : elles gagnent du terrain et permettront d’assurer un accès dans l’équité, tout en préservant la qualité et en permettant à l'enseignement supérieur d'accomplir les missions et les fonctions que la société lui a assignées.
1.6. Tendances démographiques du monde : leur impact sur l’enseignement supérieur
La croissance démographique se stabilise dans les pays industrialisés où une tendance au vieillissement est perceptible. La croissance est toujours relativement rapide dans les pays en développement, particulièrement en Afrique.
Le taux de croissance démographique était de 1,9 pour cent dans les pays en développement entre 1995 et 2000. Il est évalué à près de 1,7 pour cent pendant la période 2000-2005. Les pays en développement, dont la population était d’environ 4 milliards d’habitants en 1990, auront une population entre 7,15 et 8 milliards d’habitants avant 2025. De plus, les jeunes forment la plus grande partie de leur population. Dans de nombreux pays en développement, y compris ceux qui sont les plus peuplés, la moitié de la population a moins de vingt ans. En Asie, environ 1,5 milliards de personnes sont des enfants âgés de moins de 15 ans.
Partout dans le monde, un nombre de plus en plus grand de jeunes, y compris dans les pays en développement, font des études secondaires et se qualifient pour accéder au niveau supérieur. Dans les pays en développement, la pression sur les admissions continuera à grandir exponentiellement en raison des facteurs démographiques, d’autant plus que le niveau de l’accès demeure très faible. Tandis que les pays développés ont des taux d'inscription de cinquante pour cent ou plus, de la tranche d'âge appropriée, ces taux se situent à un niveau de cinq pour cent ou moins, dans la plupart des pays en développement.
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Assurer l'accès à l’enseignement supérieur sur la base du mérite reste donc, pour les pays en développement, une tâche formidable.
Section II : Répondre aux pressions externes et internes en vue du changement
2.1. Satisfaire la demande pour un accroissement de l’accès à l'enseignement supérieur
2.1.1. Expansion quantitative. L'enseignement supérieur a continué à croître à des taux relativement plus élevés que durant la période antérieure à la CMES. Selon des estimations actuelles, le seuil historique de 100 millions d'étudiants dans le monde a été dépassé, et le chiffre de 125 millions d'étudiants sera atteint prochainement. Merryl Lynch prévoit que le nombre des étudiants atteindra 160 millions dans vingt ans. La Chine a plus que doublé le nombre de ses étudiants sur une période très courte. En 2001, elle comptait environ 15,1 millions d'étudiants ce qui représente aujourd’hui le plus grand système d'enseignement supérieur national dans le monde. L'Inde a connu une augmentation spectaculaire du même genre. Le nombre d’étudiants est passé de 6,2 millions dans l'année universitaire 1992/93 à 9,3 millions en 1999/2000.
On enregistre des augmentations importantes du nombre d'étudiants dans toutes les régions, en particulier en Afrique, en Amérique Latine et dans les Caraïbes, dans les Pays arabes et en Europe Orientale et Centrale. La croissance a été significative dans les pays en développement et dans les pays en transition où l'enseignement supérieur était à la traîne. Même dans les pays développés, où une stabilisation du développement de l’enseignement supérieur avait été prévue, de véritables augmentations, même limitées, du nombre d'étudiants, sont enregistrées. Cela résulte de l’ouverture de l'enseignement supérieur à de nouvelles "clientèles" provenant notamment de l'éducation permanente et de la formation en cours d’emploi qui se sont développées à grande échelle.
Les cinq plus grands systèmes nationaux d'enseignement supérieur (la Chine, les Etats- Unis, l'Inde, la Fédération de Russie et le Japon) comptent au total 53,1 millions d’étudiants, c'est-à-dire plus de la moitié du nombre total d'étudiants dans le monde. Le fait que ces pays comptent légèrement moins que la moitié de la population du monde indique que la participation à l'enseignement supérieur au niveau mondial est équilibrée. Cependant, tant la Chine que l'Inde ont toujours des taux d'inscription relativement bas (14,0 et 10,4 pour cent respectivement), tandis que les pourcentages pour les Etats-Unis, la Fédération de Russie et le Japon sont beaucoup plus élevés (72,62, 64,09 et 47,7 pour cent, respectivement).
Les rapports régionaux indiquent clairement que le défi principal de l’accès reste l’écart important entre les pays en développement - particulièrement les moins développés - et les pays industrialisés. Les indicateurs de base (c'est-à-dire les taux d'inscription, le nombre d'étudiants, et le nombre de diplômés de l’enseignement supérieur par 100.000 habitants, etc.) montrent que malgré des augmentations en chiffres absolus, très peu de pays en développement font de réels progrès pour rattraper les pays développés dans le domaine de l’accès et de la participation à l’enseignement supérieur. La situation de l'Afrique subsaharienne continue à être dramatique. Bien que le taux d’inscription dans la région ait augmenté considérablement au cours de la décennie passée, les chances d'une jeune personne née en Afrique subsaharienne d'accéder à l'enseignement supérieur sont nettement moindres (un taux d’environ dix-huit à vingt fois plus bas) que celles d'une jeune personne née dans un pays industrialisé. (Le taux était dix-sept fois plus bas en 1994 quand l'UNESCO avait publié son document d’orientation, Changement et développement dans l'enseignement
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supérieur). Ces taux sont encore plus faibles dans certains pays comme le Malawi et la Tanzanie, où ils avoisinent 0,5 et 0,3 pour cent.
Tous les rapports régionaux reconnaissent que satisfaire les demandes croissantes pour l'enseignement supérieur serait impossible si l’on doit s’appuyer uniquement sur les institutions, sur les programmes et les modes de formation traditionnels ainsi que sur les ressources provenant principalement de fonds publics. Ils indiquent que l’augmentation du taux d’inscription a été rendue possible par la diversification de l'enseignement supérieur, qui s’est poursuivie pendant la période après la CMES, en particulier l’expansion de l’enseignement supérieur privé et à distance.
L'enseignement supérieur privé a aidé à accroître les admissions dans beaucoup de régions, particulièrement en Asie, dans la région du Pacifique, en Europe centrale et de l'Est, en Amérique Latine et dans le Pays arabes. Dans beaucoup de pays de ces régions, le nombre des institutions d'enseignement supérieur privées dépasse celui des institutions publiques, et le nombre d'étudiants qui s’y inscrivent représente des pourcentages de plus en plus élevés en terme d'inscriptions totales. Selon la réponse fournie par les États membres au Questionnaire de l'UNESCO, une moyenne de 31,5 pour cent des étudiants des pays qui y ont répondu sont inscrits dans des institutions d'enseignement supérieur privées. Les pourcentages varient considérablement d’un pays et d’une région à l’autre. Plusieurs pays en développement et en transition enregistrent des taux d’inscription supérieurs au taux observé dans la plupart des pays d’Europe de l'ouest qui disposent d’une longue tradition d'enseignement supérieur public.
L'éducation à distance, l'éducation ouverte et l’enseignement en ligne ont aussi ouvert de nouvelles perspectives pour l'amélioration de l’accès à l’enseignement supérieur. Les données incluses dans les rapports régionaux l'indiquent d'une façon très ferme. Il est particulièrement encourageant de voir que l'enseignement supérieur ouvert et à distance a contribué à améliorer l'accès dans les pays en développement. Environ 30 pour cent du nombre total des étudiants en Afrique du Sud poursuivent leurs études dans des institutions et des formes d'enseignement de ce type. UNISA, la principale institution d'éducation à distance du pays enregistre 150.000 étudiants, dont 55 pour cent sont des femmes. L'Université ouverte nationale du Nigéria, qui avait était fermée en 1985, a réouvert en mai 2003 avec un effectif de 100.000 étudiants dans 18 centres. Les prévisions prévoient d’atteindre 600.000 étudiants avant 2007. Bien que l'Université virtuelle africaine ne se soit pas développée à l'échelle prévue, beaucoup d'autres projets ont connu un développement important. L’Université ouverte du Zimbabwe et l'Université ouverte de Tanzanie ont ouvert des centres régionaux pour élargir l'accès aux étudiants des secteurs ruraux.
Les développements dans ce domaine sont particulièrement importants en Asie et au Pacifique. La région dispose de plus de 70 universités ouvertes virtuelles et accueille plus de la motié des « méga universités » du monde. L'enseignement supérieur ouvert et à distance se développe rapidement dans les Pays arabes. Pour citer juste deux exemples, l'Université ouverte arabe est devenue opérationnelle en 2001 et l'Université virtuelle syrienne a été établie en 2002. On s'attend à ce que le Projet Avicenne, lancé récemment par l'UNESCO avec l'appui de l'Union européenne, apporte un nouveau renforcement de l’enseignement supérieur ouvert dans la région de la Méditerranée.
Un nouveau phénomène apparaît, en réponse à la demande d'accès, particulièrement dans les pays en développement et en transition : c’est le développement rapide de l'enseignement supérieur transnational. Ce phénomène a de nombreuses implications en ce qui concerne l'équité de l'accès et la préservation de la diversité des systèmes nationaux (voir sous-sections 2.6 et 3.2 dans la Synthèse).
2.1.2. Equité de l'accès. Les problèmes de l'équité constituent un souci principal dans de nombreux pays. Cela est dû principalement au fait qu'il n'y a pas eu d’augmentation
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significative de ressources financières et matérielles pour faire face à l'expansion quantitative. La pression sur l'enseignement supérieur est énorme, particulièrement en ce qui concerne les équipements et l'infrastructure. Malgré des progrès significatifs dans beaucoup de pays et de régions, la participation des femmes à l'enseignement supérieur exige que de nouvelles actions soient mises en place pour renforcer l’équité. Le nombre des femmes dépasse celui des hommes dans un grand nombre de pays, particulièrement en Europe, en Amérique latine et dans plusieurs États arabes. Cependant, cette participation est encore faible dans les pays principaux d’Asie (l'Inde, 36,2 pour cent ; le Bangladesh, 38,0 pour cent ; la République de Corée, 38,5 pour cent) ainsi que dans d'autres pays du monde. Les incitations et d'autres mesures prises pour augmenter l'accès des femmes se sont avérées efficaces dans de nombreux pays. La Banque Grameen au Bangladesh a apporté une aide considérable pour l’accroissement de la participation des femmes à l'enseignement supérieur, à un niveau qui est devenu comparable à celui de la République de Corée. De nombreux donateurs augmentent leurs contributions aux institutions sur la base du pourcentage de femmes inscrites.
Le problème de l'équité dépendra en fin de compte du rôle que les formes alternatives d'enseignement supérieur, qui sont principalement privées, assumeront dans l'avenir. Leurs frais d’inscription ne sont pas à la portée de nombreux étudiants. Par ailleurs, les frais d’inscription ont été introduits également dans plusieurs institutions publiques, particulièrement dans des pays en transition et en développement. Pour compenser ces tendances, les rapports régionaux insistent sur le rôle de l'enseignement supérieur comme bien public et la préservation du droit à l'enseignement supérieur sur la base du mérite.
2.2. Financement de l'enseignement supérieur
Tous les rapports régionaux soulignent que les ressources de l'enseignement supérieur n’évoluent pas au même niveau que l’accroissement des demandes et la croissance réelle observée. Il y a des difficultés en ce qui concerne le financement de l'enseignement supérieur dans la plupart des pays, même dans les pays industrialisés. La situation est dramatique dans les pays en développement et en transition, tout particulièrement dans les pays les moins développés. Les petits États sont particulièrement en danger.
Le financement public de l'enseignement supérieur, qui reste la source principale dans la majorité des pays du monde, subit de lourdes contraintes. L'enseignement ne constitue que l’un des secteurs qui requièrent des financements de la part de l'Etat. Les besoins des autres services publics augmentent alors que la croissance économique ralentit ou stagne dans beaucoup de pays et le financement public devient plus rare. Des choix politiques difficiles doivent être faits entre financer l’expansion de l'enseignement supérieur ou accorder à l’éducation de base le niveau de priorité qu’elle exige.
Des études antérieures basées sur l'analyse du "taux de retour" calculé sur la proportion coût/bénéfice, situaient l'enseignement supérieur à un niveau assez bas sur la liste de priorités. Il était perçu comme élitiste, avec des programmes et une formation professionnelle dispensée qui ne répondaient pas aux besoins actuels, ce qui conduisait souvent au chômage des diplômés. Les diminutions des dépenses publiques pour l'enseignement supérieur ont été particulièrement sévères en Afrique, où la dépense publique par étudiant est tombée de 6.300 $ en 1980 à 1.500 $ en 1988 et 1.241 $ en 1995. Il n’est donc pas étonnant que l'enseignement supérieur africain soit présenté comme étant “en péril” et exposé à des risques majeurs.
Un changement significatif est intervenu dans les points de vue présentés ci-dessus. L’enseignement supérieur a acquis une grande priorité dans les économies modernes basées sur l’application intensive des connaissances. Dans les réponses au Questionnaire de l'UNESCO
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en préparation de la CMES + 5, les États membres ont indiqué les pourcentages du budget national alloués à l’enseignement supérieur (Afrique du Sud, 2,98 %; Australie, 3,4 %; Etats- Unis, 3,63 %; Fédération de Russie, 2,30 %; Maroc, 4,33 %; Mongolie, 3,9 %; Nigeria, 4 %; République de Corée, 2,3 % ; Roumanie, 3,36 %; Suède, 7,4 %; Syrie, 3 %; Togo, 3,53 %) Aussi, l'enseignement supérieur semble occuper une position privilégiée dans les parts qui lui sont attribuées dans les budgets d'éducation nationaux (Roumanie, 40 %; Syrie, 39 %; Lesotho, 31,3%; Bangladesh, 31 %; Sénégal, 25,29 %; Nigéria, 25 %; Australie, 23,2 %; Suède et Etats- Unis, 22,5 %; Royaume-Uni, 18 %; Iles Maurice, 18 %; Madagascar, 16,9 %; Maroc, 15,58 %; Mali, 14,76 %; Afrique du Sud, 13,66 %, etc.). Les États membres indiquent ainsi leur engagement à soutenir l'enseignement supérieur.
Cependant, en considérant le niveau actuel des budgets respectifs, une image totalement différente apparaît. Le financement de l'enseignement supérieur dans les pays en développement, particulièrement dans les pays les moins développés, reste un défi majeur. Ce fait est illustré par les dépenses moyennes annuelles par étudiant, qui variaient, en 2001, entre US$ 220 au Madagascar et US$ 280 au Cameroun, US$ 570 en Roumanie, US$ 600, en Libye; US$ 670 en Fédération de Russie, US$ 785 en Turquie; et US$ 1.495 au Sénégal, pour aller au-dessus d'US$ 12.000 dans les pays développés (par exemple, US$ 13.224 en Suède). Est-ce que les systèmes d’enseignement supérieurs basés sur des dépenses moyennes si différentes peuvent être comparables, en termes de qualité et de compétitivité, sur le marché international de l'enseignement supérieur ?
Selon les données disponibles, les dépenses moyennes par étudiant en 1998 dans les pays de l'OCDE, étaient de: US$ 3.915 dans l'enseignement primaire, US$ 6.250 dans le secondaire et US$ 11.720 dans l'enseignement supérieur. Cela pose la question de savoir si les dépenses dans l'enseignement supérieur doivent être aussi élevées qu’elles le sont à présent. Les dépenses pour former des spécialistes de haut niveau dans l'informatique sont bien inférieures en Inde que dans beaucoup d'autres pays. À en juger par leur haute compétitivité sur le marché mondial, la qualité de leur formation est comparable à celle prodiguée à un niveau mondial. Il y a beaucoup d'autres exemples qui devraient encourager une vision plus audacieuse et des actions efficaces en vue de réduire les dépenses de l'enseignement supérieur.
Selon les rapports régionaux, la tendance générale est de diversifier les sources de financement par le partage de coûts entre tous les bénéficiaires directs (les étudiants et leurs familles), l'industrie et les secteurs public et privé en général. Un grand nombre de gouvernements, particulièrement dans la région Europe, soutiennent la gratuité de l’enseignement supérieure. L'introduction des taxes dans les institutions publiques rencontre une résistance de la part de la communauté universitaire, des étudiants en particulier, et du grand public. Cependant, on note un changement graduel dans ce domaine : les frais de scolarité sont acceptés, à condition qu'ils ne soient pas exorbitants, et différentes formes d’aide aux étudiants (bourses, prêts, etc.) sont mises en place pour compenser les effets négatifs dans le domaine de l'accès. Dans beaucoup de pays en transition, les institutions publiques offrent un nombre fixe de places gratuites pour les meilleurs étudiants, tout en maintenant les taxes pour les autres. Les institutions perçoient également des taxes pour les programmes de formation continue et pour les cours spéciaux sur demande.
Les dirigeants, les professeurs d’université et les chercheurs, y compris ceux des institutions publiques, acceptent à présent le principe que la recherche de ressources supplémentaires fait partie de leurs responsabilités. La gestion entrepreneuriale dans l’enseignement supérieur, recommandée par la CMES, gagne du terrain dans le monde entier. Même l'obtention des fonds publics exige maintenant des compétences en matière de gestion, des garanties de qualité et d’efficacité, allant de pair avec une reddition de comptes et une gestion transparente. Les budgets très détaillés sont de plus en plus souvent remplacés par des enveloppes budgétaires. Les conditions d’octroi des budgets sont plus strictes. Elles sont
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de plus en plus basées sur les résultats attendus, augmentant ainsi l’aspect compétitif des institutions qui deviennent plus performantes.
En sus des frais de scolarité, les institutions utilisent un grand choix de modalités pour garantir des fonds supplémentaires. Elles commercialisent leur enseignement, la recherche et d'autres services, louent leurs équipements, fondent leurs propres entreprises commerciales, ou des entreprises communes avec l'industrie et le secteur des affaires. Le rapport de l’Asie se réfère au corporatisme comme moyen de rendre les institutions d'enseignement supérieur plus autonomes financièrement. En Malaisie, les universités entrepreneuriales ont été créées par les entreprises publiques, tandis qu'en Chine, les universités elles-mêmes ont créé des entreprises qui rapportent des revenus par la vente de leurs services et de leurs produits. Dans beaucoup d'universités, ces revenus couvrent plus de 50 pour cent de leurs budgets. On cite l’exemple de l’Australie, où les universités garantissent presque 50 pour cent de leurs revenus par des frais de scolarité, des contrats externes de recherche, des activités commerciales, des investissements, des dotations et des donations.
Les prêts octroyés par la Banque mondiale et les banques régionales de développement, les programmes soutenus par la communauté de donateurs étrangers, les projets de coopération bilatérale et multilatérale ont continué à représenter une source de financement importante pour les institutions dans les pays en développement et en transition. Les bailleurs de fonds ont été critiqués pour avoir imposé des directives de politique conditionnant les prêts aux exigences externes, sans tenir compte des besoins et des spécificités locales. Cette critique est à présent atténuée. Les pratiques ont été révisées et une nouvelle approche a été adoptée qui reconnaît et donne une plus grande priorité au rôle de l’enseignement supérieur dans les sociétés modernes.
Un aspect positif du travail fait par la Banque mondiale et les bailleurs de fonds internationaux réside dans le fait qu'il attire l'expertise étrangère et encourage des liaisons institutionnelles stables et des mises en réseau. Les rapports indiquent en même temps que l'aide externe est stationnaire, sinon en diminution. Le Nouveau Partenariat Économique pour le Développement en Afrique (NEPAD) a suscité de grandes espérances pour l'amélioration de l'enseignement supérieur en Afrique. Cependant, le programme n'a pas débuté à l’échelle prévue et ses effets sur l'enseignement supérieur tardent à se matérialiser.
L’aide externe devrait bénéficier d’une meilleure coordination entre les différents bailleurs de fonds. Le Groupe de travail sur l'enseignement supérieur de l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA) a acquis une expérience utile à cet égard ; elle gagnerait à être mieux connue et développée. Il y a beaucoup d'acteurs sur la scène africaine de l'enseignement supérieur: l’UNESCO, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, l'Agence universitaire de la Francophonie, les fondations américaines (Ford, Carnegie, Rockefeller, Mac Arthur, etc.), des bailleurs des fonds bilatéraux (particulièrement de l'Europe occidentale, du Japon), etc. En Afrique, comme ailleurs, la coordination permet de réunir les ressources et de renforcer l’impact de l’action.
2.3. L’enseignement supérieur comme bien public
La CMES a réaffirmé fortement la nécessité de concevoir l'enseignement supérieur comme un droit humain et comme un bien public. L'enseignement supérieur contribue à la fois (a) au développement économique, culturel et social, (b) à la promotion des valeurs et de l’éthique partagées, qui sont à la base de la cohésion sociale et de l'identité nationale, et (c) à faire avancer la carrière personnelle et le développement des individus. Il sert, donc, aussi bien les individus, qui ont le droit d’y accéder sur la base du mérite, que la société dans son ensemble, par son rôle accru dans le développement durable. Dans cette perspective, le débat a mis l’accent sur la manière dont on peut mieux équilibrer les contributions (c'est-à-
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dire les sources de financement), les moyens (c'est-à-dire qui fournit l'enseignement supérieur et comment), et les résultats (c'est-à-dire les bénéfices perçus par la société et par les individus).
En ce qui concerne les contributions (les inputs), il y a un consensus général sur le fait que les responsabilités financières doivent être partagées par tous les bénéficiaires. Plus concrètement, on attend plus de contributions non seulement de la part de l’État, mais aussi de la part des étudiants et leurs familles ainsi que de l'industrie et du monde des affaires. La controverse concerne les parts que chacun de ces bénéficiaires devrait couvrir. L’idée est que l'État devrait conserver la responsabilité principale, les étudiants et leurs familles devraient aussi contribuer, tandis que les employeurs assumeront des responsabilités accrues pour la formation continue et contribueront plus aux différentes formes de soutien aux étudiants. La proposition faite dans L’éducation : un trésor est caché dedans, le rapport à l’UNESCO de la Commission internationale sur l’éducation pour le vingt et unième siècle (1996), revient à l'ordre du jour, à savoir, garantir à tous les jeunes de 18 ans “une allocation d'études” (une sorte de crédit pour l'enseignement supérieur) afin qu’ils puissent l’utiliser tout au long de leur vie active. Dans la perspective de l’éducation tout au long de la vie, il pourrait être utile de rechercher les moyens de son institutionnalisation dans le cadre de la stratégie de suivi de la CMES.
Le débat est beaucoup plus tendu en ce qui concerne les fournisseurs de l’enseignement supérieur. Bien que les institutions publiques restent le modèle institutionnel dominant, particulièrement en Europe et en Amérique latine, il existe de nombreux autres types de fournisseurs qui offrent l'enseignement supérieur privé et de plus en plus, sur une base commerciale. Toutes les entrées (c'est-à-dire les sources complémentaires de financement du secteur privé) et tous les moyens (les fournisseurs de l'enseignement supérieur, y compris les institutions privées) contribuent au bien public, dans la mesure où ils renforcent les résultats dans l'enseignement supérieur (c'est-à-dire sa contribution à la société). Pour beaucoup, le "public" ne signifie plus une organisation, un financement et un contrôle par le gouvernement. La notion de service public inclut aussi les institutions organisées, financées et gérées par le secteur privé. Ce point de vue gagne du terrain. La ligne de démarcation traditionnelle privé/public est maintenant remplacée par une nouvelle ligne qui séparerait les institutions "qui visent le profit" des institutions "à but non lucratif". Même cette ligne a tendance à s’estomper, puisqu'un certain nombre d’institutions d’enseignement supérieur publiques ou privées à but non lucratif sont engagées dans des activités qui « visent le profit », particulièrement dans l'éducation transnationale.
La privatisation rencontre de la résistance dans les pays où les traditions de l'enseignement supérieur public sont profondément encrées dans la conscience nationale. Les choses continueront certainement à se développer dans le domaine du statut de l'enseignement supérieur comme bien public. Il est clair, cependant, que préserver ce statut demeure une nécessité et une priorité. Les États et les gouvernements doivent conserver leurs prérogatives dans la définition des politiques d'enseignement supérieur, dans l'assurance de sa qualité, en garantissant qu'il pourra remplir toutes ses missions et fonctions dans la société. Former “de bons citoyens” de son pays (et du monde) est aussi important à présent que former “des ressources humaines compétitives”. Bien sûr le contraire est aussi vrai : dans le monde actuel, “un bon citoyen” doit nécessairement être plus compétitif et posséder des compétences et des aptitudes plus élevées.
2.4. Le statut des enseignants de l'enseignement supérieur
En ce qui concerne le statut des enseignants et du personnel de recherche de l'enseignement supérieur les tendances précédemment perçues ont continué à se manifester, tout en révélant certains nouveaux changements. Il est encourageant de noter l’évolution
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quantitative du personnel dans l’enseignement supérieur bien que cette croissance soit inférieure à l’évolution massive du nombre d'étudiants de ce secteur. Cependant le statut du personnel enseignant et de recherche continue à alimenter des sujets d’inquiétude au travers des rapports régionaux.
Beaucoup d'institutions, particulièrement dans les pays en développement, manquent de personnel. Le rapport africain mentionne que 40 % de postes dans les universités, et 60 % dans les polytechniques étaient vacants en 1998. Les postes vacants atteignaient 50 % dans les universités nigérianes la même année. La formation pédagogique est un souci dans beaucoup de régions, mais elle est désignée comme une priorité en Afrique et dans les Pays arabes, étant donnée la pénurie de personnel enseignant dans l’enseignement supérieur. Dans des nombreux cas, le personnel actuellement employé n'a pas les qualifications requises au niveau du doctorat. Les enseignants d'université dans les pays en développement et les pays en transition ont recours aux emplois complémentaires pour compenser les très bas salaires. Cela conditionne la qualité et le niveau de l’enseignement et de la recherche.
Les réponses des Etats membres au Questionnaire révèlent que dans la plupart des pays le nombre d'enseignants dans l’enseignement supérieur a augmenté d'une manière modérée. Les ratios enseignant/étudiant, qui varient de 1/12 à 1/30 voir plus, diffèrent d’un pays à l’autre, mais restent comparables. En revanche, ces variations sont plus grandes entre les institutions publiques et privées. (En Roumanie la proportion est de 1/17 dans les institutions publiques et de 1/42 dans le privé.)
L'utilisation des nouvelles technologies (TIC) pour aider les enseignants est une question d’actualité. On souligne que leur utilisation pourrait aboutir à une réduction du personnel enseignant, tout en préservant et augmentant la qualité et l'efficacité de l’enseignement et de l’apprentissage. Il n'est pas possible, à cet égard de tirer des conclusions définitives basées sur les données et les expériences existantes. Nous sommes certainement au début d'un processus qui continuera à prendre de l’importance, avec des conséquences significatives sur le contenu et les méthodes d’enseignement et d'apprentissage dans l'enseignement supérieur. Tout en encourageant ce processus, il est aussi nécessaire de suivre attentivement ses implications. Les efforts devraient être dirigés vers la garantie de l'accès à ces outils et la maîtrise des matériels éducatifs basés sur les nouvelles technologies. Avant tout, il est nécessaire d'ajuster de tels outils aux besoins locaux et de former les enseignants locaux à leur utilisation. Maintenir un contact direct entre les enseignants et les étudiants reste essentiel.
Nombreuses sont les institutions, particulièrement dans les pays en développement et en transition, qui voient leurs enseignants et leurs chercheurs partir pour bénéficier de salaires plus élevés et de carrières professionnelles plus brillantes dans le secteur privé ou à l'étranger. Ce phénomène remet à l'ordre du jour, avec plus de force, le problème de la fuite des cerveaux. La Recommandation de 1997 concernant la condition du personnel enseignant de l’enseignement supérieur, a une grande importance pour l'amélioration du statut et des conditions de travail des enseignants. Pour atteindre ce but, l'UNESCO travaille étroitement avec les syndicats de la profession enseignante et surtout avec l’Organisation internationale du travail (OIT).
La promotion des libertés académiques et de l'autonomie est l’une des préoccupations prioritaires dans les efforts d'empêcher les motivations basées sur le profit plutôt que sur les valeurs universitaires. L'UNESCO est engagée avec la participation active des associations des enseignants, dans l’élaboration d'un rapport détaillé sur la situation des libertés académiques dans le monde. Les conclusions et les recommandations de cette étude devraient être incluses dans la stratégie du suivi de la CMES.
La profession enseignante dans l'enseignement supérieur change rapidement. L'enseignant doit assumer de nouveaux rôles et maîtriser de nouvelles compétences. Des
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programmes de formation pédagogique ont été initiés dans beaucoup de régions avec l'appui de l’UNESCO (par exemple dans les Pays arabes et en Afrique). Cependant, tenant compte des besoins énormes existants, des projets beaucoup plus ambitieux doivent être entrepris d'une manière concertée, et notamment au niveau régional.
En conséquence la stratégie de suivi de la CMES doit accorder une attention accrue à cet aspect. De nombreux sujets ont besoin de faire l’objet d'évaluation, de décision et d'action : l'équilibre approprié entre « l’objet de l’éducation et la formation pédagogique »; une telle formation peut-elle rester du domaine des universités ou est-ce que des fournisseurs non-universitaires peuvent assumer ce rôle; quel est le rôle du gouvernement et des autorités locales de l’éducation dans l’ajustement des structures et des résultats de la formation… etc. Certaines caractéristiques et lignes d’actions communes émergent. Celles-ci pourraient aider à augmenter la performance des enseignants, qui est en même temps un des moyens les plus sûrs pour améliorer également leur condition.
La formation des enseignants est non seulement une composante principale et une fonction majeure de l'enseignement supérieur; elle est aussi le vecteur principal qui peut améliorer l'éducation à tous les niveaux. L'interface entre l'enseignement supérieur et les autres niveaux de l’éducation, particulièrement avec l'éducation secondaire devient de plus en plus complexe. Cet aspect n'est pas traité suffisamment dans les rapports régionaux. Cependant, cela devrait rester une préoccupation permanente de la stratégie de suivi de la CMES. En revanche, les rapports fournissent des informations utiles sur l'action entreprise pour accroître le rôle de l’enseignement supérieur dans la réalisation des objectifs de l’EPT.
Selon des estimations récentes, d’ici 2015 on aura besoin de 15 à 35 millions d’enseignants, pour atteindre les objectifs fixés pour EPT au Forum de Dakar en 2000. Engager plus de jeunes dans la profession enseignante et leur fournir une formation appropriée à un coût supportable pour les États membres et les communautés constitue un énorme défi. Cette lourde tâche revient principalement aux institutions d'enseignement supérieur engagées dans la formation des enseignants. Celles-ci seront capables d'y faire face dans la mesure où elles développeront l'expertise demandée dans le but d’utiliser à une grande échelle les technologies de l'information ainsi que les moyens et les méthodes de l’éducation à distance.
Il y a beaucoup d'autres modalités par lesquelles l'enseignement supérieur pourrait soutenir EPT. Le Projet UNILIT, mis en œuvre par le Bureau de l'UNESCO pour les États arabes, en est un bon exemple. Le projet est basé sur un principe simple. Le nombre des personnes illettrées âgées de 15 ans et plus est d'environ 900 millions. Chaque année, le nombre des diplômés de l’enseignement supérieur est d’environ 9 millions. Si chaque diplômé du supérieur assumait la responsabilité d'apprendre à lire et à écrire à cinq adultes, l'analphabétisme pourrait être éliminé vers les années 2020, à condition que les causes soient maîtrisées. Comme toutes les idées simples, celle-ci doit être élaborée plus en détail et testée pour s'assurer de son fonctionnement. L'expérience acquise dans certains Pays arabes semble être convaincante, mais ce n'est pas suffisant. En tout cas, l'idée mérite plus d'attention de la part de la communauté de l'enseignement supérieur, et en premier lieu celle des étudiants.
L'alphabétisation n’a plus seulement comme enjeux d’apprendre à lire, à écrire et à compter, mais doit apporter la base nécessaire pour qu’une personne puisse faire face aux complexités de la civilisation moderne. Qui d’autres sinon l'enseignement supérieur avec ses plus de cent millions d'étudiants pourraient aborder cette question avec plus de chances de succès ?
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2.5. La réforme et le renouveau de l'enseignement supérieur
La réforme et la revitalisation exigent en premier lieu un cadre légal et l'adoption de standards et d’instruments normatifs censés guider le processus de changement. Le premier est de la prérogative des gouvernements et des Parlements nationaux, tandis que le second se développe plus lentement, par des accords et des consensus conclus au niveau national et international. La période post-CMES a été particulièrement active dans les deux domaines. Immédiatement après la Conférence mondiale, l'UNESCO a demandé aux points focaux nationaux de la CMES et aux Commissions nationales de l'UNESCO de fournir des informations sur les réformes législatives en cours au niveau national. Elle a reçu des réponses de 104 pays, ce qui montre le grand intérêt que la CMES a suscité. La Division de l’enseignement supérieur a l'intention de créer et de mettre à jour constamment un Compendium de bonnes pratiques dans l'enseignement supérieur, pour utiliser cette riche information. Les rapports régionaux, à leur tour, ont démontré que la période post-CMES a été une période de renouvellement et d’intense innovation dans l'enseignement supérieur dans le monde entier.
2.5.1. Diversification des formes et des structures. La diversification dans l'enseignement supérieur s'est approfondie et s’est intensifiée. En premier lieu cela concerne la mission, les fonctions et la structure des systèmes et des institutions pour satisfaire à la fois l'expansion continue et les besoins divers de la société et les attentes individuelles des étudiants. En même temps, la diversification concerne les programmes d’enseignement supérieurs (à la fois en termes de contenu, de méthodes d'apprentissage et d'enseignement). Un nouvel axe de diversification concerne les systèmes de formation, marqué particulièrement par la multiplication considérable des institutions d’éducation à distance et ouverte.
En ce qui concerne les institutions publiques traditionnelles, la tendance est d’assurer leur stabilité en les renforçant. De nouvelles institutions ont été créées en réponse aux besoins de diversification, de restructuration ou d’une meilleure distribution régionale de l'enseignement supérieur. Dans quelques cas, des petites institutions ont fusionné, cela a eu comme conséquence une diminution de leur nombre. Le but visé était d'assurer une meilleure gestion, par la restructuration institutionnelle du système national. Cependant, le nombre d'institutions d'enseignement supérieur publiques reste stable, même dans les pays qui mettent en œuvre une réforme profonde de leur propre système national.
Par contre, le nombre d'institutions privées a augmenté considérablement après la CMES. Le nombre total d'institutions privées en 2001 était de 667 en Fédération de Russie (334 en 1998); 1, 268 aux Philippines; 195 au Maroc, 130 en Mongolie; 50 en Turquie; 69 en Roumanie; 47 au Sénégal; 34 au Mali; 32 dans les Iles Maurice; 23 au Nigeria et au Togo, etc. Etablir des institutions d'enseignement supérieur privées n'est pas un processus facile. De nombreuses difficultés ont été rencontrées au niveau du maintien de la qualité des programmes. Beaucoup de nouvelles institutions privées manquent de ressources tant matérielles qu'intellectuelles. Souvent elles ne résistent pas face à la compétition accrue sur le marché émergeant qui ne se soucie pas toujours des standards de qualité et des pratiques établis dans les systèmes nationaux respectifs. En règle générale, l'établissement des institutions d'enseignement supérieur privées est mieux géré dans les pays aux institutions publiques fortes, avec des standards de qualité en place et un prestige national reconnu.
2.5.2. Des approches novatrices concernant le contenu, les pratiques et les méthodes dans l'enseignement supérieur. Les facteurs qui imposent un changement rapide en profondeur, l'innovation dans le contenu, la pratique et les méthodes sont nombreux et très divers. Les progrès des TIC constituent la force directrice majeure, particulièrement lorsqu’ils sont associés aux nouveaux développements des sciences de l’éducation. La diversification de la composition des étudiants ainsi que les besoins de ces derniers appellent le changement. Le même phénomène se passe au niveau du développement des besoins de la société auxquels l'enseignement supérieur doit répondre. On a observé également, des déficiences dans la manière dont l'enseignement supérieur se déroule dans beaucoup d’institutions ce qui
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nécessite une amélioration : la durée des études est trop longue pour beaucoup de programmes; les échecs scolaires sont élevés; la distribution des étudiants par domaine d'étude et la pertinence des connaissances et des compétences acquises ne correspondent pas toujours aux besoins du monde du travail.
L'image de "tour d'ivoire" qui présente les institutions d'enseignement supérieur comme des institutions lentes au changement est de plus en plus une image du passé. Beaucoup d’institutions d'enseignement supérieur présentent maintenant l'image de communautés vibrantes à la recherche constante des voies et des moyens pour un meilleur fonctionnement, poursuivant des missions clairement définies et répondant mieux aux demandes. Bien sûr, la réforme et l'innovation ne sont pas des processus faciles. Il y a de la résistance au changement, justifiée parfois en termes de défense des valeurs universitaires traditionnelles, mais en fait celle-ci reflète surtout l'inertie et l'adhésion à des pratiques anciennes. Parfois, le rythme des changements exerce une grande tension sur les institutions, en particulier sur les nouvelles.
Il est important de souligner que ces institutions font mieux face aux difficultés de ce type lorsqu’elles entrent dans des partenariats aux niveaux locaux, nationaux, régionaux et internationaux. Le Réseau Global d’Innovation (GUNI), fondé lors de la CMES, a lancé un grand nombre de projets réussis, notamment en Amérique latine et en Asie. Ces projets méritent à être poursuivis dans l’avenir.
Des approches novatrices au fonctionnement interne de l'enseignement supérieur sont mises en oeuvre principalement par deux processus indépendants : la réforme des programmes d'études et l'utilisation des TIC. Les programmes d'études sont de plus en plus centrés sur l'étudiant, et l’accent est mis sur les résultats de la formation, définis en termes de compétences et de qualifications acquises, plutôt que sur l’accumulation passive de connaissances, d’informations et de faits. Mettre l'étudiant, plutôt que l'enseignant au centre du processus éducatif, a longtemps été un besoin reconnu. Mais il reste beaucoup à faire avant que cette préoccupation se développe dans un processus systématique et à une grande échelle, dans des institutions d'enseignement supérieur du monde entier. L'UNESCO a développé des relations étroites avec un grand nombre d'organisations d’étudiants, qui peuvent contribuer à accélérer ce processus.
La modularisation des structures des programmes d'études et l'utilisation de systèmes de crédit apparaissent comme les outils principaux pour atteindre ce but. Ils ouvrent des perspectives pour augmenter la comparabilité des études entre les institutions et les systèmes nationaux. Le processus en cours "d'harmonisation (tuning) » des structures éducatives en Europe, dans le cadre du processus de Bologne, est un exemple typique. L'adoption d'une structure à trois niveaux (Licence/Maîtrise/Doctorat, correspondant au BA/MA/Ph.D.) dans un système fortement hétérogène qui a eu tendance à privilégier des études plus longues, rend possible le développement des structures de base et des programmes d'études communs.
Les structures et les programmes d'études communs, la modularisation et l'adoption du système de crédit ont plusieurs intérêts potentiels. Les étudiants peuvent choisir plus facilement les programmes, le rythme et la durée d'études. Ils peuvent plus facilement accéder d'un niveau d'enseignement supérieur à un autre. En effet, plutôt que d'avoir seulement des points d'entrée initiaux et de sorties finales, les institutions et les programmes introduisent des points d'entrée/sortie/rentrée intermédiaires dans le système, répondant ainsi avec plus de souplesse aux besoins individuels des étudiants.
Le transfert d'une institution à une autre est plus facile, ainsi bien que la mobilité d'un pays à un autre par le transfert de crédit et la reconnaissance des études et des qualifications. Les étudiants qui ne se déplacent pas physiquement, ont un accès plus facile aux programmes à l'étranger et font reconnaître leur travail. C'est sur la base de cette large
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gamme de potentialités que repose la proposition d’inclure “agir pour un espace d'enseignement supérieur mondial” parmi les objectifs de la stratégie de suivi de la CMES.
2.6. L'assurance de la qualité, l'accréditation et la reconnaissance des études et des qualifications
Plusieurs facteurs convergents, notamment l'expansion quantitative et la diversification des institutions, des structures, des programmes et des modes de transmission, des procédures et des règlements plus stricts et plus formels pour déterminer les allocations budgétaires, les pressions accrues du marché, exigeant que les institutions fassent des efforts de se placer dans des contextes fortement compétitifs au niveau national et international, ont fait de l'assurance de la qualité et de l'accréditation un des sujets d'actualité de la période post- CMES. Leur assurance est devenue particulièrement urgente dans le cas de l'enseignement supérieur transnational, pour lequel il n'y a pas de réglementations précises concernant la qualité.
Le besoin de mécanismes d'assurance de la qualité et de structures d'accréditation est une nécessité reconnue partout et des efforts considérables ont été faits pour les mettre en place dans pratiquement tous les pays. L'accréditation est devenue fortement importante particulièrement dans les pays et régions (les Pays arabes, l'Europe Orientale et Centrale, l'Asie et le Pacifique, etc.) où de nombreuses nouvelles institutions, privées, sont établies chaque année. Pour beaucoup de pays, c'est une préoccupation nouvelle, pour laquelle ils manquent de tradition et d’expérience. Il y a une recherche en cours pour trouver des solutions.
Il y a des efforts constants d'avoir moins recours à l'accréditation par une agence étrangère, qui est toujours utilisée dans certains pays. D'autre part, l'expérience montre que l'assurance de la qualité et l'accréditation sont abordées d'une meilleure façon dans un cadre international. Le contexte international facilite l'accord sur des standards et la reconnaissance mutuelle des diplômes et des qualifications. Il facilite aussi la mobilité. Beaucoup de réseaux régionaux de structures d'assurance de la qualité ont été fondés. La reconnaissance des études, des diplômes et des degrés est étroitement liée à l'assurance de la qualité et a l'accréditation. Le concept plus large de qualification est inclus dans les efforts pour parvenir à la comparabilité des études et des compétences acquises à travers des institutions et des systèmes. C'est un domaine dans lequel l'UNESCO a fait l’important travail novateur des conventions régionales sur la reconnaissance des études.
Il est indispensable d'aborder les questions d'assurance de la qualité, de l'accréditation et de la reconnaissance des études et des qualifications dans leur corrélation étroite et dans un contexte international. Le but est de parvenir à une structure légale, transparente, acceptable et avantageuse pour tous. Évidemment, cela peut être atteint uniquement par le dialogue et la coopération entre les autorités nationales et les communautés d'enseignement supérieur. En tant qu’organisation intergouvernementale dans le système des Nations Unies responsable de l'enseignement supérieur, l’UNESCO a un rôle important à jouer, principalement par l'intermédiaire du Forum mondial sur les dimensions internationales de l'assurance qualité, l’accréditation et la reconnaissance des qualifications dans l’enseignement supérieur.
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2.7. Pertinence aux besoins sociaux : l'enseignement supérieur et le monde du travail
La mondialisation et l'internationalisation accrue des moyens de production ont changé profondément la nature et les besoins du monde du travail. Les institutions d'enseignement supérieur ne peuvent plus espérer offrir une formation aux étudiants utilisable tout au long de leur vie. Les avancées technologiques rendent la formation très rapidement désuète. La formation initiale doit chercher à doter les diplômés futurs de capacités qui leur permettent de mieux répondre aux exigences des sociétés du savoir. Ceci inclut des capacités académiques (basées sur la spécialisation, mais aussi la pensée critique, la résolution de problème, la capacité de déapprendre et de réapprendre toute sa vie), des compétences qui assurent le développement personnel et social (la confiance en soi, la motivation, l'engagement éthique et moral, une vaste compréhension des problèmes de la société et du monde) et des compétences entrepreneuriales (des capacités de direction et de gestion, de travail en équipe, la maîtrise de l’informatique et d'autres technologies, etc…).
Le chômage des diplômés reste une question épineuse pour l'enseignement supérieur dans un grand nombre de pays, tant en développement que développés. Le chômage augmente dans beaucoup de pays. Les économies principales du monde connaissent une période de croissance économique lente, tandis que la plupart des pays en développement et les pays en transition font face à des difficultés économiques considérables. Évidemment, les perspectives pour l'embauche des diplômés ne semblent pas bonnes dans l'avenir immédiat. Néanmoins, il y a un consensus général que l'enseignement supérieur de qualité, qui est entièrement intégré dans des systèmes de connaissance nationaux, contribue directement à la croissance économique et ainsi, augmente l'embauche. Les gouvernements à leur tour ne peuvent pas décliner leurs responsabilités d'assurer plus d’emplois aux diplômés de l'enseignement supérieur.
Des expériences émergentes indiquent que pour résoudre les questions complexes liées à l'emploi, les institutions d'enseignement supérieur doivent développer des partenariats et des alliances avec les gouvernements et avec des employeurs potentiels - tant publics que privés. La coopération internationale peut aussi y contribuer. Une des recommandations de la CMES visait la transformation des diplômés universitaires en créateurs d’emplois plutôt que des personnes à la recherche d’emploi. Il pourrait être utile de considérer, dans la structure de la stratégie de suivi de la CMES la possibilité pour les jeunes diplômés qui veulent fonder de petites entreprises, particulièrement dans les pays en développement, d'avoir accès aux micro-crédits offerts par les gouvernements nationaux, les banques, par les bailleurs des fonds internationaux et bilatéraux et par les agences de financement. Les associations d'étudiants (comme AIESEC, la Confédération Européenne des Jeunes Entreprises, etc.), aussi bien que le monde des affaires et les sociétés multinationales pourraient être associés à cette initiative.
2.8. L'enseignement supérieur et la recherché dans les sociétés basées sur le savoir
Dans les sociétés du savoir d'aujourd'hui, les institutions d'enseignement supérieur, les universités en particulier contribuent de manière significative à l'amélioration des capacités de recherche nationales. C'est une de leurs fonctions traditionnelles, renforcées par l'interaction entre générations et entre les disciplines qu'elles enseignent. Les universités sont engagées dans la recherche, qui constitue une partie principale de leurs activités. Elles forment un grand nombre de jeunes chercheurs et continuent à avoir un quasi-monopole sur la délivrance des diplômes avancés. Elles encouragent la poursuite des recherches interdisciplinaires et développent des liens avec la société. De cette façon, les universités
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jouent un rôle important dans la définition des priorités de recherche nationales et aident à mettre en place des politiques et des programmes.
Les développements post-CMES reflètent les efforts menés par les universités en vue d'accroître ces avantages. Les rapports régionaux indiquent une longue liste de défis pour l'enseignement supérieur en ce qui concerne sa fonction de recherche. En premier lieu, il y a la question de la place et de la part de la recherche parmi les activités générales des institutions. Toutes les institutions devraient-elles s'engager dans la recherche ou bien cette responsabilité doit-elle rester uniquement du ressort des universités, tandis que d'autres institutions se concentreraient sur la formation professionnelle et l'enseignement? Il ne peut y avoir de réponse unique à cette question. Néanmoins, il y a un accord unanime que la recherche contribue à la qualité de l’enseignement et de la formation.
Les rapports régionaux insistent sur le décalage du savoir entre les pays développés et les pays en développement comme le défi principal de notre temps. La recherche dans l'enseignement supérieur continue à être très faible pour ces derniers pays. Ceci est reflété par le niveau d'inscription au troisième cycle, où le nombre de Doctorants est relativement bas dans le domaine des sciences et technologies, avec peu de publications de valeur reconnues et peu de brevets d'invention. Il est important de souligner que des résultats positifs sont obtenus chaque fois que le développement des capacités de recherche dans les pays en développement est conçu comme une coopération internationale, impliquant les institutions d'enseignement supérieur et de recherche du Nord et du Sud, qui vise à promouvoir la coopération Sud-Sud.
Ainsi, dans l'Afrique subsaharienne, plusieurs centres régionaux ont été établis : le Centre de la Physiologie des insectes et de l'écologie (ICIPE) à Nairobi, au Kenya, qui a initié le programme régional africain sur la science des insectes, le programme de troisième cycle sur l’Ingénierie des ressources en eau à l'Université de Dar Es Salaam en Tanzanie, le Consortium de recherche économique africain basé à Nairobi et les programmes de recherche en économie, basés à Ouagadougou, à Burkina-Faso. Les pays participants fournissent la majeure partie des fonds nécessaires ; d’importantes contributions sont obtenues également par des accords bilatéraux et de la part des donateurs.
L'UNESCO, avec l'appui de l'Agence suédoise de coopération internationale au développement (ASDI) a créé le Forum sur l’enseignement supérieur, recherche et connaissance, comme une plate-forme ouverte pour le dialogue et l'échange d'opinions et d'expérience parmi des chercheurs, des décideurs et des experts. Deux ans après son établissement, en 2001, le Forum est devenu un outil reconnu au niveau international, qui contribue à mieux comprendre les systèmes, les structures, la politique, les tendances et les développements dans l'enseignement supérieur, la recherche et la production des connaissances. Il facilite également la coopération par le transfert des résultats de recherche et la promotion des capacités pour la recherche, particulièrement dans les pays en développement. Le Forum a fondé un Comité global et cinq Comités scientifiques régionaux et un Secrétariat permanent. Le Comité de coordination du Forum, qui se compose du personnel de l'UNESCO et des partenaires, est particulièrement actif et efficace en coopération avec les organisations intergouvernementales (OIG) et les organisations non gouvernementales (ONG) qui représentent les principaux acteurs dans la promotion de la R&D. Le Forum jouera un rôle principal dans le cadre de l'action de suivi de la CMES.
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Section III: La dimension internationale croissante de l'enseignement supérieur
3.1. Oeuvrer ensemble pour renforcer et transformer l'enseignement supérieur
À côté de l’introduction massive des TIC dans l’enseignement supérieur, sa dimension internationale croissante représente un autre développement majeur dans l'enseignement supérieur après la CMES. Cette dernière va au-delà des pratiques traditionnelles de coopération internationale. Il y a un effet de synergie entre la mondialisation et l'internationalisation de l'enseignement supérieur : bien qu'alimenté par la mondialisation, l'internationalisation est aussi le moyen par lequel l'enseignement supérieur répond à ses défis.
Cependant, comme il a été souligné lors du Forum mondial des Chaires UNESCO qui a eu lieu en novembre 2002, les bénéfices de l'internationalisation ne sont pas repartis de façon égale parmi les institutions d’enseignement supérieur du monde. Les institutions deviennent partout de plus en plus conscientes du fait que, en s’engageant sur la voie de l'internationalisation, elles devraient être préparées pour faire face à une compétition ardue. En même temps, tous les acteurs dans le domaine de l'internationalisation devraient être prêts à soutenir et à coopérer avec les institutions et les systèmes d’enseignement supérieurs plus faibles, afin qu’ils ne soient pas toujours du côté des perdants. C'est le rôle que l'UNESCO a toujours assumé et continuera d’assumer.
3.1.1. Réduire l’écart entre pays dans le domaine des connaissances et du savoir. Le manque d'accès à la connaissance et son utilisation par les pays en développement et les pays en transition est une des inégalités principales de notre époque. Par conséquent, être prêt à partager le savoir et à créer des mécanismes appropriés et des instruments pour le transfert est une des tâches les plus urgentes. Le partage et le transfert des connaissances est l’un des objectifs poursuivis par l'UNESCO notamment par son Programme UNITWIN / Chaires UNESCO. Le Forum mondial des Chaires UNESCO a souligné le besoin de continuer et étendre les réseaux UNITWIN qui ont réussi dans le passé, à fonder de nouveaux réseaux et à diversifier la coopération entre universités en vue d’accroître la qualité de l’enseignement supérieur et de la recherche des institutions universitaires dans les pays en développement. UNITWIN facilite aussi la création des nouveaux programmes d'études dans des secteurs de priorité et établit des centres d'excellence comme moyen de favoriser la coopération régionale et sous- régionale ainsi que le renforcement des compétences dans ces pays.
3.1.2. Atténuer les effets de l'exode des cerveaux (l'initiative "Universitaires sans frontières"). Une autre priorité urgente établie par la CMES est de limiter l’exode des compétences en renversant la tendance, pour promouvoir un processus si nécessaire de gain des compétences pour les pays en développement. Une stratégie à deux aspects pour atteindre ce but est à présent prévue dans le cadre de l'initiative "Universitaires sans frontières" (USF), développée par l'UNESCO. USF prévoit d'une part, l’amélioration des capacités et des conditions des institutions d'enseignement supérieur dans les pays en développement, afin de pouvoir fournir une formation avancée et de qualité, et réduire le temps de longues études à l'étranger et encourager le retour des universitaires expatriés. Il prévoit ultérieurement le lancement d'un mouvement à grande échelle, impliquant des “volontaires universitaires” c'est-à-dire des nouveaux retraités ou des jeunes universitaires au début de leurs carrières, qui veulent enseigner et entreprendre des recherches dans des institutions d'enseignement supérieur à l'étranger. L'UNESCO veut lancer cette initiative avec une participation la plus large possible. Une étroite coopération avec le PNUD est envisagée, particulièrement avec le Programme des Volontaires des Nations Unies. La nouvelle initiative lancée par l'Association des Universités du Commonwealth, c’est-à-dire la Base de données des universitaires retraités (Retired Academics Database-RAD) a beaucoup de points communs
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avec la proposition de l'UNESCO. Il sera donc utile d’envisager une coopération avec cette association et avec autant d'associés que possible.
3.1.3. Nouvelles perspectives pour la coopération internationale ouvertes par les TIC. L’initiative Ressources éducatives ouvertes (OER). Les TIC ouvrent d'énormes possibilités dans le domaine de la coopération inter universitaire. Mais elles ont été utilisées en premier lieu comme moyen pour développer l'enseignement supérieur transnational sur une base commerciale. C'est pourquoi l'initiative prise par le Massachusetts Institute of Technology (MIT) pour mettre ses matériaux essentiels librement sur le web avec le soutien financier de fondations privées est une avancée plus que bienvenue. Les représentants du MIT et de plusieurs autres institutions d’enseignement supérieur, des sociétés privées intéressées et des fondations se sont réunies à l’UNESCO en juillet 2002 et ont souligné le besoin et les possibilités réelles qui font des matériels éducatifs librement accessibles sur l'Internet un moyen de réduire la facture numérique et d’ouvrir un accès équitable pour tous à l'information émergente et à la société du savoir. Ils ont reconnu que l'UNESCO est la place appropriée pour rallier un appui international autour de cette idée. En conséquence, l’initiative « les Ressources éducatives ouvertes (OER) » a été lancée, part à servir comme mécanisme de coopération technologique pour une libre utilisation, sans but lucratif, des ressources éducatives.
La stratégie du suivi de la CMES inclut le rôle de catalyseur à jouer par l'UNESCO pour faciliter la coopération avec les organisations internationales non gouvernementales, les organisations non gouvernementales spécialisées et les institutions individuelles afin d’encourager à partager et à développer des dispositions qui permettent de faciliter un accès plus large aux institutions dans les pays en voie de développement en vue d’un apprentissage basé sur l’Internet, et du développement de programmes d'éducation à distance. À l’intérieur de cette structure, l’UNESCO invite tous ses associés à contribuer afin de transformer l'initiative OER en un grand mouvement pour l'accès libre aux ressources éducatives.
3.2. Le commerce des services éducatifs. Les implications de l’ACGS pour l’enseignement supérieur
Plusieurs développements récents sont de nature à changer de façon significative la nature de l'enseignement supérieur à travers les frontières nationales. Maintenant, ce sont non seulement les gens, mais aussi les institutions, les programmes et les outils d’apprentissage qui se déplacent - parfois physiquement, mais surtout virtuellement - pour fournir des services à l'étranger, en forme de campus, des dispositions de franchise, des formations en ligne, etc.
La provision de l’enseignement supérieur au-delà des frontières est principalement liée à des motifs économiques. Le volume de la formation en ligne fourni par les institutions privées a augmenté de 68 % en 1999 et le chiffre d’affaires est évalué à 365 milliards de dollars pour l'année 2003. Des nouveaux fournisseurs (des universités d'entreprise, des institutions "pour-bénéfice", des sociétés de médias) avec souvent des statuts et de qualité douteuse, ont saisi l'occasion et ont imposé une approche dominée par les affaires. C'est une source d'inquiétude pour beaucoup de gouvernements, pour les institutions d'enseignement supérieur et pour la communauté universitaire en général.
Le commerce dans l'enseignement supérieur transnational est actuellement sujet à de vifs débats. L'Organisation mondiale du commerce (l'OMC) a amorcé l'Accord général sur le commerce des services (ACGS) comme le moyen de fournir une structure pour la codification du commerce dans une large sphère de services. Ceci est conforme au 8e objectif de développement de l’ONU pour le Millénaire, qui appelle à des partenariats afin de « poursuivre la mise en place d’un système commercial et financier multilatéral ouvert, fondé
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sur des règles, prévisible et non discriminatoire ». Plusieurs États ont avancé des éléments en faveur de l'extension de l’ACGS dans le domaine de l'éducation, plus particulièrement à l'enseignement supérieur. L’ACGS produit déjà des différentes réponses et va probablement avoir des impacts différents. Les critiques concernent la menace qui pèse sur les rôles et les responsabilités des gouvernements dans la disposition de l’enseignement supérieur. Ils insistent sur l’aspect « bien public » de l’enseignement supérieur et sur le besoin d’en sauvegarder la qualité. On met aussi en évidence les dangers considérables de voir les politiques de l’éducation étant de plus en plus formulées en termes de marchandise et de bénéfices économiques. Les économistes eux-mêmes soulignent que cela pourrait s'avérer contre productif en termes purement économiques. D’autre part, les défenseurs du libre- échange dans le service de l’éducation mettent en évidence les bénéfices potentiels en termes d'accès plus large et d’innovation.
Il y a un consensus général qu’on ne peut négocier l'enseignement supérieur comme une marchandise. À la conférence récente sur la mondialisation et enseignement supérieur : Implications pour le dialogue Nord-Sud (Oslo, 26-27 mai 2003) le Sous-Directeur général pour l’éducation de l’UNESCO a présenté une ligne d'action possible qui pourrait être incluse dans la stratégie de suivi de la CMES.
La première nécessité, selon ce cadre d'action est d’élaborer une étude approfondie des défis de la mondialisation pour l'enseignement supérieur, en mettant l'accent sur la relation entre les documents internationaux et les instruments normatifs, comme les Conventions et les recommendations de l’UNESCO et les nouveaux événements, y compris l’AGCS. Des politiques et des structures légales pour la conduite et le développement de l’enseignement supérieur pourraient être adoptées par les États membres, ceci en étroite coopération avec les communautés universitaires.
Le deuxième objectif est de rassembler les problématiques de critères de qualité et la garantie de qualité, l'accréditation et la reconnaissance des études et des qualifications dans une structure logique qui pourrait aider les États et les institutions d’enseignement supérieur à chercher les meilleures solutions aux problèmes auxquels ils sont confrontés face à la mondialisation. L'UNESCO dispose d’un forum approprié pour la discussion et pour la recherche de solutions à ces questions; le Forum mondial sur les dimensions internationales de l'assurance qualité, l’accréditation et la reconnaissance des qualifications dans l’enseignement supérieur continuera à servir ce but.
3.3. Le mouvement vers un enseignement supérieur et un secteur de recherche mondial
L’enseignement supérieur transnationale discuté sous le para 3.1 ci-dessus, est présentée comme l'annonce d'une nouvelle étape d’un véritable enseignement supérieur sans frontière. Il est possible d’après cette même terminologie, pour les demandeurs d’enseignement supérieur de le chercher et pour "les fournisseurs" de l'offrir pratiquement à travers le monde. Cependant, comme souligné à plusieurs reprises dans cette synthèse, l’approche commerciale et l’orientation du marché ne doivent pas être les seuls facteurs régulateurs. Le choix est entre la libre voie aux forces et aux pratiques du marché ou le soutien a un processus censé mener à un meilleur enseignement supérieur, disponible pour plus de personnes et bénéfique au développement durable de tous les pays.
Tous les rapports régionaux soulignent la tendance vers la convergence des systèmes grâce à la coopération accrue dans leurs régions respectives. Cette tendance est particulièrement forte en Europe par le lancement, en 1999, du processus de Bologne qui vise à établir “un espace européen de l’enseignement supérieur ” prévu en 2007. L'initiative européenne a soulevé l'intérêt dans d'autres parties du monde. L'Amérique latine la suit de
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près et il y a des discussions pour la création possible d’un espace Europe/Amérique latine de l’enseignement supérieur. La Commission européenne, qui est l'acteur principal qui soutient le processus de Bologne, a montré son empressement de promouvoir la coopération au-delà de l'Union européenne, en étendant ses programmes d’enseignement supérieur d'abord aux autres pays européens, non-membres de l'UE, puis aux pays de la Méditerranée et à d'autres régions. Le développement le plus important est à présent le lancement du Programme Erasmus World 2004-2008, qui est conçu pour renforcer la coopération avec tous les pays du monde.
La convergence de tendances de l'enseignement supérieur est un développement positif, dans la mesure où elles élèvent la qualité (par l'adoption de critères communs) ainsi que l'assurance qualité (par des mécanismes et des structures qui souvent sont élaborés à un niveau régional et international) et facilitent la reconnaissance des études et des qualifications, en développant ainsi la mobilité et la coopération internationale en général. C'est la mission et le rôle de l’UNESCO d’encourager et promouvoir des tendances convergentes qui visent la qualité de l’enseignement supérieur au niveau régional et mondial. Cependant, cette tendance ne devrait pas affecter ou diminuer la diversité de l’enseignement supérieur dans le monde, qui est issue de ses besoins nationaux et locaux, historiques et traditionnels.
La mondialisation comme processus externe pousse à la mondialisation de l'enseignement supérieur et la recherche. Le défi principal d’aujourd’hui consiste à s'assurer que l’espace mondial de l’enseignement supérieur et de la recherche, dans le contexte de la globalisation, préserve la diversité, rejette l’uniformité et conserve son statut de bien public. Pour poursuivre ce but l'UNESCO invite tous ses partenaires à la rejoindre pour le suivi de la CMES.
3.4. Le rôle de l’UNESCO
3.4.1. Amélioration de l'enseignement supérieur dans le programme de l’UNESCO. Dans l'évaluation de la contribution de l'UNESCO au développement et au changement de l'enseignement supérieur il est nécessaire de se rappeler que l'UNESCO n'est pas une organisation de financement. En conséquence, elle n'a pas les moyens et les ressources appropriées pour mettre en oeuvre les changements de l'enseignement supérieur dans le monde entier. Néanmoins, elle a la capacité d’inciter au changement et de mobiliser des efforts et des ressources pour sa mise en oeuvre. Sa contribution est décidée en premier lieu par le fait que son action reflète la politique décidée par les États membres concernant l'enseignement supérieur. Sa contribution reflète la large palette de ses partenaires, notamment la communauté universitaire internationale.
Grâce à son expérience mondiale et à sa coopération avec les partenaires, l'UNESCO continuera à orienter le suivi de la CMES vers les directions où elle peut apporter une contribution pratique et directe :
• Assistance aux États membres dans le renforcement des compétences et dans la formulation des politiques et des stratégies relatives à l’enseignement supérieur;
• Servir de plate-forme pour le dialogue, pour l'échange et le partage d’expériences et d’informations sur les aspects spécifiques de l’enseignement supérieur au XXIe siècle.
La CMES, suivie par la Conférence mondiale de la Science (Budapest, 1999) a contribué à définir exactement le rôle et les responsabilités de l’UNESCO dans le système de l’ONU en ce qui concerne l’enseignement supérieur et la recherche. La reconnaissance accrue des rôles essentiels de l’enseignement supérieur et de la recherche dans des sociétés
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modernes appelle en premier lieu à un programme renforcé, plus visible et plus complet pour l'enseignement supérieur dans l'action d’ensemble de l'UNESCO. Tous les rapports régionaux soulignent ce besoin. Les propositions décrites jusqu'à présent dans la synthèse, conservent ce but à l'esprit.
3.4.2. Rapprocher l’enseignement supérieur de l’UNESCO. La deuxième direction de l'action de l'UNESCO vise à rapprocher l'enseignement supérieur de l'Organisation, en impliquant les institutions et la communauté universitaire en général plus activement dans la mise en oeuvre de sa mission, ses buts et ses programmes. Dans le domaine de l’éducation, la vision plus vaste de l’éducation de qualité pour tous exigera que l'enseignement supérieur soit un acteur principal pour atteindre l'EPT comme un des objectifs du millénaire décidés par l'Assemblée générale de l'ONU. La contribution des institutions d'enseignement supérieur est particulièrement importante pour l'UNESCO dans le domaine des Sciences exactes et naturelles et Sciences Sociales. C'est avec leur appui qu'un des objectifs stratégiques de l’UNESCO pour les années 2002-2007, pourrait être atteint, c’est-à-dire, la croissance des capacités scientifiques, techniques et humaines pour participer aux sociétés des connaissances émergentes.
L'enseignement supérieur est essentiel pour les efforts menés par l’UNESCO pour renforcer sa contribution au développement durable, autant comme précepte moral que comme un concept scientifique. De nombreuses initiatives ont été prises, notamment le Global Higher Education for Sustainability Partnership lancé par l'UNESCO avec l’AIU et autres associations internationales de l'enseignement supérieur. La Décennie des Nations Unies pour l'éducation en vue du développement durable, pour laquelle l'UNESCO a reçu la responsabilité principale, fournit la structure pour une participation plus active de l’enseignement supérieur.
Dans le domaine de la culture, l'adoption par l'UNESCO de la Déclaration universelle sur la diversité culturelle a ouvert de nouvelles possibilités d'impliquer les institutions d'enseignement supérieur plus activement dans les efforts de l'UNESCO pour la protection de la diversité culturelle et le dialogue des cultures et des civilisations. Enfin, dans le domaine de la communication et de l'information, les priorités données par l'UNESCO sont en accord avec les principes de liberté académique, qui est intrinsèque au monde universitaire et au travail universitaire en général. Les efforts de l’Organisation de promouvoir la libre circulation des idées et l'accès universel à l'information, sont plus conformes aux aspirations et aux pratiques des institutions d'enseignement supérieur et de ses acteurs : enseignants, chercheurs et étudiants.
Bibliographie Sources principales
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Autres références et sources d’information
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Rapport de synthèse 29
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Rapport général
Jacques Proulx, Rapporteur général
Mesdames, Messieurs, Partenaires de l’enseignement supérieur Monsieur le Président,
L’honneur et la responsabilité me reviennent en tant que Rapporteur général de vous transmettre sous forme de résumé les travaux préliminaires, les interventions et les recommandations de cette Réunion.
A partir des interventions des partenaires au cours de cette rencontre, se dégagent des messages tantôt clairs et convergents, tantôt plus diversifiés, à l’image du monde pluriel que nous représentons.
Plus de 400 participants provenant de 120 pays et comprenant des points focaux nationaux et représentants des organisations intergouvernementales, des organisations non gouvernementales, des personnes ressources de la communauté académique mondiale, des étudiants et des décideurs politiques ont pris part à la deuxième Réunion des partenaires de l’enseignement supérieur qui s’est tenue à Paris au Siège de l’UNESCO du 23 au 25 juin 2003. Les membres du Comité international de suivi de la Conférence mondiale et les Présidents des Comités régionaux de suivi étaient également présents, ainsi que des représentants du Secrétariat de l’UNESCO, du Siège et Hors-Siège.
Les participants ont pris note des diverses activités préparatoires pour la Réunion entreprises par l’UNESCO, et des documents élaborés en vue de faciliter ses débats.
Ouverture de la Réunion
Dans son allocution d’ouverture, le Directeur général de l’UNESCO, M. Koïchiro Matsuura a rappelé les objectifs de la réunion, celui de faire une évaluation du chemin parcouru durant les cinq années qui ont suivi l’adoption de la Déclaration mondiale sur l’enseignement supérieur et celui d’enrichir le cadre d’action prioritaire adopté en 1998.
La question de la qualité demeure une préoccupation majeure face aux changements rapides intervenus dans l’enseignement supérieur, notamment la massification, l’adoption de nouveaux modes de formation et de travail, l’émergence de nouveaux fournisseurs et la commercialisation croissante de l’enseignement supérieur.
L’enseignement supérieur doit renforcer sa contribution pour réaliser les objectifs de l’Éducation pour tous, notamment à travers la recherche, la formation des enseignants, la rénovation des programmes et l’utilisation des technologies de l’information et de la communication. 32 Rapport général
Quant à sa contribution au développement, elle doit être pensée dans le contexte de la globalisation où le local, le national, le régional et le mondial sont interdépendants et restent étroitement liés.
Pour faire face aux besoins des pays en développement et en transition, dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche, il est nécessaire de concevoir une approche intégrée de coopération à laquelle la Réunion des partenaires peut apporter sa contribution.
Les structures et les mécanismes créés, ainsi que les initiatives prises par l’UNESCO, notamment le Forum mondial sur l’assurance de la qualité et la reconnaissance des études et des qualifications, les Ressources éducationnelles ouvertes, le Forum sur l’enseignement supérieur, la recherche et la connaissance, le programme UNITWIN/Chaires UNESCO, offrent un espace de dialogues et des outils pour atteindre les objectifs fixés.
Pour sa part, son Altesse Sheikah Mozah Al-Misnad, envoyée spéciale de l’UNESCO pour l’Éducation de base et l’Enseignement supérieur a mis l’accent sur les relations entre la démocratie et l’éducation en insistant sur l’apport de l’enseignement supérieur dans ce domaine. Il doit contribuer à former des citoyens engagés en faveur du développement, de la paix, de la compréhension internationale et de la démocratie, une démocratie participative basée sur l’esprit critique et la créativité. Ces valeurs fondamentales sont prises en compte dans la réforme du système éducatif au Qatar, en phase avec l’héritage de la tradition islamique.
La proposition est faite de créer un Forum international sur les relations entre éducation et démocratie pour renforcer le potentiel et faciliter l’interaction dans ce domaine.
Son Altesse Sheikah Mozah Al-Misnad suggère la création d’un Fonds International afin de développer une assistance immédiate et à long terme pour la reconstruction de l’enseignement supérieur en Iraq. Le Qatar sera le premier contributeur de ce fonds qui est ouvert à toutes les bonnes volontés au niveau mondial et a reçu l’appui du Japon. La gestion du fonds est placée sous la responsabilité conjointe de l’UNESCO et de différents donateurs.
Dans sa conférence, le Professeur Cristovam Buarque, Ministre de l’Éducation du Brésil a fait un plaidoyer pour la rénovation profonde de l’université. Une rénovation fondée sur un principe clé : « le savoir n’est pas qu’une accumulation de connaissances, c’est un flux éphémère ». C’est la raison pour laquelle les diplômes ne peuvent plus constituer un passeport à vie, mais une attestation de qualification qui restera valable dans la mesure où les connaissances sont renouvelées tout au long de la vie.
La conception de l’université doit changer. De nature élitiste et isolée, elle doit quitter sa tour d’ivoire pour être plus proche de la majorité de la population. Les universités doivent être globales et régionales aussi bien que nationales, leur environnement, c’est la planète entière.
Pour retrouver leur dynamisme, les universités doivent anticiper sur l’avenir, dans l’utilisation des méthodes et des outils pédagogiques. Mais elles ne doivent pas être transformées en de simples « entreprises de savoir » ce qui risque de les engager sur une voie qui peut mener à l’exclusion d’une partie de l’humanité.
Le monde fonde un grand espoir sur la jeunesse pour bâtir cette université nouvelle. Non pas une jeunesse conservatrice, mais une « jeunesse rebelle » qui peut contribuer à l’avènement de cette université nouvelle.
Il faut créer une journée internationale de réflexion sur le futur de l’université. Il faut développer une solidarité entre pays riches et pays pauvres dans le domaine du
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développement de l’enseignement supérieur. Il faut changer le cap de l’université pour changer le cap de l’humanité
Présentations et débats en séance plénière
Les présentations en plénière par des représentants de différentes régions et des partenaires de l’UNESCO ont souligné la pertinence de la Déclaration mondiale adoptée en 1998. et ont identifié des changements majeurs dans l’environnement de l’enseignement supérieur depuis la CMES. De ces présentations et des débats qui les ont suivies, un certain nombre de tensions ont été identifiées, notamment les tensions entre :
- la permanence et le changement; - l’unité et la diversité; - l’ouverture et le repli sur soi; - le global et le local; - le public et le privé; - le rôle de l’Etat et celui du marché.
Elles ont rappelé aussi un certain nombre de défis en ce qui concerne le financement, le besoin de l’assurance de qualité, la barrière aux échanges, la propriété intellectuelle, le renforcement des capacités de recherche au Sud, et une meilleure équité dans le domaine du recrutement du personnel.
Les présentations et les débats ont fait émerger l’existence de deux voies ouvertes au développement de l’enseignement supérieur dans le monde. Il s’agit :
- soit de continuer sur un chemin qui engendre l’exclusion, et qui abandonne le système aux forces du marché et affaiblit la démocratie ; - soit de changer de cap, pour renforcer le rôle de l’enseignement supérieur dans la construction d’une civilisation qui intègre la modernité sans l’effet pervers de l’exclusion sociale, organiser des actions concertées au service des populations et du développement durable, aller vers une distribution juste, et des décisions prises en tenant compte des intérêts de la majorité. Cinq ans après la CMES, les débats permettent donc de réaffirmer la vision adoptée par la Conférence mondiale en rappelant certains principes et de renforcer l’action en réponse aux nouveaux changements et aux nouveaux défis. Ces voies s’inscrivent dans des grandes directions dont voici les principales :
1. Le rôle grandissant de l'enseignement supérieur dans les sociétés modernes
La CMES avait insisté sur le rôle de l'enseignement supérieur comme facteur clé et comme force motrice pour le développement des sociétés du savoir. Les changements intervenus après la CMES ont renforcé la prise de conscience de ce rôle, qui est désormais unanimement reconnu. À aucune autre période dans l’histoire de l’humanité, le bien être des nations n’a été aussi directement lié à la qualité et à l’action de leurs systèmes et de leurs institutions d’enseignement supérieur.
Tous les pays ont besoin aujourd’hui de systèmes d'enseignement supérieur viables afin d’être à même de relever les défis d'un monde compétitif et de plus en plus globalisé. Ces systèmes sont particulièrement importants pour les pays en développement, qui continuent à être à la traîne des pays industriellement développés en ce qui concerne l’enseignement supérieur et la recherche. Ils doivent développer l'enseignement supérieur massivement et rapidement, s’ils souhaitent éviter la marginalisation et l'exclusion.
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Etant donné l’importance de l'enseignement supérieur pour le développement économique, politique, social et culturel d’une part, et sa situation précaire dans les pays en développement et ceux en transition d’autre part, il y a une prise de conscience accrue du besoin d'action concertée et intégrée au niveau mondial en faveur du développement de l'enseignement supérieur. Un Programme mondial pour le développement et la coopération dans l'enseignement supérieur (PDCHE) pourrait être envisagé, fondé sur l'engagement pris par les gouvernements, la communauté internationale et l'ensemble des acteurs de l’enseignement supérieur. L'UNESCO devrait prendre l'initiative de lancer le PDCHE, en partenariat avec les principales organisations intergouvernementales - à la fois à l'intérieur et en dehors du système des Nations Unies -, les organisations non gouvernementales et la communauté académique en général. Le programme devrait s'inspirer de l'expérience acquise par l’Education pour tous, à laquelle il est censé contribuer directement.
2. Améliorer le rôle et la contribution de l'enseignement supérieur au développement durable
La CMES avait souligné la contribution de l’enseignement supérieur au développement local, national, régional et mondial. La proclamation en 2002 de la Décennie pour l’éducation en vue du développement durable (2005-2014) offre un excellent cadre d’action en coopération avec tous les partenaires concernés, parmi lesquels on pourrait mentionner le Global Higher Education for Sustainability Partnership et le Groupe Ubuntu, deux initiatives lancées lors du Sommet mondial sur le développement durable (Johannesburg, 2002) avec le soutien actif de l’UNESCO.
Dans ce contexte, il a été proposé de lancer une initiative à grande échelle visant à mobiliser les institutions d’enseignement supérieur en faveur de la création d’un espace mondial d’apprentissage pour le développement durable, qui s’appuierait sur l’expérience des centres d’excellence locaux et régionaux et rassemblerait tous les niveaux et tous les secteurs de l’enseignement, y compris l’enseignement non formel.
3. Vers un espace mondial de l’enseignement supérieur à travers le partage et la coopération
Les processus de mondialisation poussent l'enseignement supérieur et la recherche à devenir eux-mêmes globaux. On remarque des tendances convergentes dans l'enseignement supérieur dans toutes les région. Dans certaines régions (par exemple, la région Europe) les changements sont plus rapides que dans d'autres. L'enseignement supérieur « sans frontière » est de plus en plus une réalité avec laquelle il faut compter – c’est un processus objectif et historique, porteur d’un grand potentiel, mais aussi de certains risques. La convergence peut aider à améliorer la qualité de l'enseignement supérieur dans le monde entier. Elle facilite la reconnaissance des études et des qualifications, favorisant ainsi la mobilité et la coopération internationale en général. L'UNESCO devrait donc encourager et promouvoir les tendances convergentes dans le domaine de la qualité de l’enseignement supérieur au niveau régional et mondial. Il convient cependant de souligner le fait que cette convergence ne devrait affecter ni diminuer la diversité de l'enseignement supérieur dans le monde entier, qui reflète les besoins nationaux et locaux spécifiques, son histoire et ses traditions.
Le principal défi à l’heure actuelle est de s'assurer que l’espace mondial de l'enseignement supérieur et de la recherche vers lequel nous évoluons, préserve la diversité, rejette l'uniformité, encourage le partage et la coopération, renforçant ainsi les systèmes et les établissements nationaux.
L'action pratique destinée à construire un véritable espace mondial de l’enseignement supérieur et de la recherche devrait viser à:
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- Renforcer les capacités des institutions d’enseignement supérieur dans les pays en développement dans le domaine de l’enseignement, de la formation et de la recherche à travers la mise en réseau et la coopération Sud/Sud et Nord/Sud ; - Combler le fossé qui sépare les pays développés des pays en développement dans le domaine du savoir par des mécanismes et des structures appropriés tels que le Programme UNITWIN/Chaires UNESCO, qui regroupe des initiatives institutionnelles et individuelles ; - Réduire la fuite des compétences, telle qu'elle est envisagée par l'initiative « Universitaires sans frontières », qui est développée par UNESCO avec le système de "volontaires universitaires".
4. Le rôle des technologies de l’information et de la communication dans l'enseignement supérieur
L'impact des technologies de l’information et de la communication (TIC) sur l'enseignement supérieur a été plus rapide, plus complexe et plus pénétrant qu'il n’avait été envisagé à la CMES il y a cinq ans. Leur capacité à accroître l'accès à l'enseignement supérieur, à réduire les coûts, à réformer l’enseignement et l’apprentissage, à accroître la fonction de recherche de l'enseignement supérieur, et à faciliter les liens internationaux et la coopération est unanimement reconnue.
Cependant, afin d’utiliser pleinement ce potentiel, des mesures devraient être prises pour assurer aux institutions d’enseignement supérieur des pays en développement un accès plus large aux TIC.
L'UNESCO continuera d'aider les Etats membres et les institutions, en particulier celles des pays en développement et des pays en transition, à utiliser pleinement les TIC, particulièrement à travers l'initiative des ressources éducatives ouvertes (Open Educational Resources Initiative) (OER), mécanisme de coopération facilitée par la technologie, visant à promouvoir l’utilisation ouverte et non-commerciale des ressources éducatives. Cette initiative sera poursuivie pour devenir une véritable campagne internationale en faveur de l'enseignement supérieur dans les pays en développement.
En même temps, il est recommandé de continuer à apporter un soutien fort aux institutions dont le fonctionnement repose sur l’utilisation des TIC (les universités ouvertes et virtuelles, nationales et régionales), en particulier dans les pays en développement, de sorte que les possibilités offertes par les TIC soient pleinement utilisées.
5. La relation entre l'enseignement supérieur, l'Etat et le marché. L'enseignement supérieur en tant que bien public
Les fonds publics diminuant et les vues économiques prévalant tendent à assigner un rôle décroissant à l'Etat et aux gouvernements en ce qui concerne l'enseignement supérieur. Simultanément, le rôle et la contribution du secteur privé à son développement se sont considérablement développés. Le rôle du marché de l'enseignement supérieur évolue également rapidement, menant à « un marché de l'enseignement supérieur », qui tend à assumer des dimensions mondiales. Ces nouveaux développements doivent être sérieusement étudiés.
Préserver le statut de l'enseignement supérieur en tant que bien public est une nécessité et une priorité. Il est nécessaire d'examiner et de répondre aux questions législatives que pose l’évolution des rapports entre l'enseignement supérieur, l'Etat et le
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marché. Les Etats et les gouvernements devraient préserver leurs prérogatives de définir les politiques de l'enseignement supérieur, d’en assurer la qualité et de veiller à ce qu’il remplisse toutes ses missions et fonctions dans la société.
Les participants à la réunion ont renforcé le point de vue adopté par la CMES, à savoir que tout en cherchant la contribution de tous les acteurs - dont le secteur privé - au développement de l'enseignement supérieur, les Etats et les gouvernements devraient entièrement préserver leur responsabilité et leur engagement pour son appui. Laisser seules les lois du marché modeler l'enseignement supérieur serait prendre des grands risques.
6. Le commerce des services éducatifs. Les implications de l’AGCS pour l'enseignement supérieur
L’enseignement supérieur transnational et le commerce des services éducatifs sont un sujet de discussion houleux. Un grand nombre de "nouveaux fournisseurs" (universités corporatives, établissements "à but lucratif", compagnies de médias), souvent de statut et de qualité peu claires, ont émergé, principalement pour des motifs commerciaux, imposant une approche d'affaires dans l'enseignement supérieur transfrontalier. Les discussions lors de la réunion ont reflété la tension qui existe entre le cadre décrit dans les négociations de l’AGCS et les principes partagés par la communauté académique internationale dans toute sa diversité.
Les participants à la réunion ont insisté sur le fait que l'enseignement supérieur ne peut pas être commercialisé comme une quelconque autre marchandise. Il serait nécessaire de mettre en place un cadre qui faciliterait et assurerait un commerce juste et transparent, parmi et entre les nations et qui prendrait en compte les besoins des Etats nations et préserverait leurs prérogatives dans la prise de décisions politiques relatives à l'enseignement supérieur et à la recherche. Cet objectif, devenu prioritaire pour la stratégie de suivi de la CMES, peut être atteint seulement par des négociations transparentes, basées sur des principes clairs et avec la participation de tous les acteurs, y compris des représentants de la communauté académique.
Dans ce cadre, et en réponse aux défis de la mondialisation, l'UNESCO se concentrera sur les implications de la libéralisation du commerce de l'enseignement supérieur, en particulier de l’AGCS, en mettant l’accent sur l’assurance de la qualité de l’enseignement offert par les fournisseurs étrangers. Tout en renforçant sa représentativité, le Forum mondial sur les dimensions internationales de l’assurance qualité, l’accréditation et la reconnaissance des qualifications dans l'enseignement supérieur sera renforcé en tant que plate-forme pour échanger de points de vue et essayer d'arriver à un accord sur un ensemble de principes qui pourraient promouvoir des pratiques commerciales plus équitables et plus transparentes. Le commerce devrait nécessairement être accompagné de mesures concrètes destinées à promouvoir la coopération internationale dans l'enseignement supérieur, basée sur un partenariat et un partage véritable.
7. Répondre à la demande accrue d'accès à l'enseignement supérieur
L'enseignement supérieur a continué à se développer à un rythme encore plus élevé que pendant la période précédant la CMES. Le seuil historique de 100 millions d'étudiants dans le monde a été atteint. Les inscriptions se sont multipliées dans tous les pays, y compris dans ceux en développement. La diversification des formes et des structures de l'enseignement supérieur, particulièrement l'enseignement ouvert et à distance y a considérablement contribué.
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Cependant, un immense écart continue de séparer les pays en développement de ceux développés, en ce qui concerne l'accès à l'enseignement supérieur. Cet écart s’est accentué dans le cas de quelques pays, particulièrement d'Afrique subsaharienne.
Les questions d'égalité demeurent, notamment en ce qui concerne la participation des femmes dans l'enseignement, la recherche et l'administration de l'enseignement supérieur.
Des efforts supplémentaires sont nécessaires au niveau national afin d'assurer un accès plus grand à l'enseignement supérieur sur la base du mérite, en particulier pour les jeunes dans les pays en développement. Des actions spéciales sont nécessaires pour faciliter l'accès des groupes défavorisés à l'enseignement supérieur, pour éliminer les disparités entre les sexes et les stéréotypes et assurer la participation efficace des femmes dans l'enseignement, la recherche et la gestion de l'enseignement supérieur à tous les niveaux.
8. Le financement de l'enseignement supérieur
Le financement public de l’enseignement supérieur subit de lourdes contraintes dans tous les pays, y compris les pays industrialisés et demande de plus en plus le partage des coûts entre tous les acteurs et tous les bénéficiaires : les Etats, les étudiants et leurs familles, l’industrie et le monde des affaires.
La nécessité de diversifier le financement de l'enseignement supérieur est reconnue à la fois par les gouvernements et les institutions d’enseignement supérieur. Il est cependant nécessaire que tous les acteurs de l’enseignement supérieur et tous les secteurs de la société – publics et privés - soient prêts à contribuer à la construction de systèmes d'enseignement supérieur viables, capables de contribuer au développement individuel et social. Des systèmes d’aide aux étudiants (bourses, prêts aux étudiants, etc.) devraient être mis en place afin d'assurer un accès équitable à l’enseignement supérieur.
Les participants à la réunion étaient unanimes pour souligner que les Etats et les gouvernements devraient préserver leur responsabilité pour le financement de l'enseignement supérieur, afin de lui permettre de remplir ses fonctions et ses missions dans la société.
Les institutions d'enseignement supérieur doivent intensifier leur recherche de financements et de ressources supplémentaires et devenir plus entrepreneuriales, comme l'a recommandé la CMES. L'appui financier international - les prêts de la Banque mondiale et des banques régionales de développement, le soutien fourni par les bailleurs de fonds ou au travers de la coopération bilatérale et multilatérale - devrait être renforcé pour les établissements des pays en développement et ceux en transition.
9. La pertinence aux besoins sociaux: l'enseignement supérieur et le monde du travail
La pertinence de l'enseignement supérieur aux besoins sociaux concerne tous les domaines et secteurs, y compris le développement économique, social, culturel et scientifique. Son rapport avec le monde du travail subit un changement radical. Les établissements d'enseignement supérieur ne peuvent plus offrir aux étudiants de formation utilisable tout au long de leur vie. Ils doivent chercher à doter les futurs diplômés de compétences leur permettant de mieux faire face aux demandes des sociétés du savoir.
Le chômage des diplômés reste une question épineuse pour l'enseignement supérieur dans un grand nombre de pays, tant développés qu’en développement. Le chômage augmente dans beaucoup de pays. Les principales économies du monde connaissent une période de croissance économique lente, tandis que la plupart des pays en développement et en
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transition font face à des difficultés économiques considérables. Les perspectives d'emploi pour de nombreux diplômés ne semblent pas bonnes dans un futur immédiat. Néanmoins, il y a un consensus général que l'enseignement supérieur de qualité, qui est entièrement intégré dans des systèmes de connaissance nationaux, contribue directement à la croissance économique et ainsi à une plus grande offre d'emploi. Les gouvernements à leur tour ne peuvent pas se désengager de leur responsabilité d'assurer plus d'emplois aux diplômés de l'enseignement supérieur.
Les établissements d'enseignement supérieur devraient développer des partenariats et des alliances avec les gouvernements et les employeurs potentiels, tant publics que privés. La coopération internationale peut aussi y contribuer. Il est en particulier nécessaire de faire preuve de plus de créativité dans la recherche de modalités de mettre en œuvre la recommandation de la CMES visant la transformation des diplômés universitaires en créateurs d’emplois plutôt que des personnes à la recherche d’un emploi.
10. L'enseignement supérieur et la recherche dans la société du savoir
Dans les sociétés du savoir d'aujourd'hui, les établissements d'enseignement supérieur, les universités en particulier, contribuent de manière significative à l’amélioration des capacités nationales de recherche. Les développements post-CMES reflètent les efforts fournis par les universités de construire sur ces avantages. Par ailleurs, beaucoup de questions relatives à l’enseignement supérieur et à sa fonction de recherche continuent à persister.
L'enseignement supérieur doit mieux articuler la recherche et l'enseignement avec les besoins de la société, en développant de nouveaux modes de partenariat. Ceci permettrait de mieux analyser les nouvelles attentes et les nouveaux défis (i.e. VIH/SIDA) et de formuler des solutions mieux adaptées.
De plus, les résultats des recherches doivent être mieux connus, mieux disséminés, et mis au service de l'amélioration des conditions de vie et de la réduction de la pauvreté non seulement économique et sociale, mais également culturelle.
Le défi principal en ce qui concerne la recherche est le fossé qui sépare les pays développés des pays en développement dans le domaine du savoir. Dans le cadre du suivi de la CMES, un accent particulier sera mis sur la contribution au renforcement du rôle et la qualité de la recherche dans l'enseignement supérieur et à la réduction de l'écart dans le domaine du savoir. Ceci sera fait en premier lieu grâce au Forum de l'UNESCO sur l'enseignement supérieur, la recherche et la connaissance, qui représente une plate-forme ouverte pour le dialogue et l'échange de vues et d'expériences parmi les chercheurs, les décideurs politiques et les experts.
11. Renouvellement et réforme de l'enseignement supérieur
La réforme et le renouvellement de l'enseignement supérieur ont progressé à une vitesse plus rapide et sur une plus grande échelle suite à la CMES. Les cadres de politiques nationales et la planification de l’enseignement supérieur sont réorientés. Les facteurs externes et internes mènent à une plus grande diversification des formes et des structures et à des changements innovateurs en ce qui concerne les contenus, les pratique et les méthodes de l'enseignement supérieur. Un changement de modèle dans l'enseignement supérieur est en train de prendre forme.
Les curricula et les programmes sont redéfinis, étant de plus en plus centrés sur les étudiants et orientés vers les résultats des études. La modularisation des structures des programmes d'études et l'utilisation de systèmes de crédits permettent à l’enseignement
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supérieur de répondre facilement et avec plus de souplesse aux besoins de la société et du marché du travail, ainsi qu'aux besoins spécifiques des différents étudiants.
La stratégie de suivi de la CMES devrait se concentrer sur la promotion et la généralisation des tendances novatrices au travers des échanges d'expérience et de la coopération internationale visant à aider les établissements d'enseignement supérieur dans les pays en développement.
12. Le statut des enseignants et des chercheurs dans l'enseignement supérieur
La recommandation de 1997 sur le statut du personnel enseignant de l'enseignement supérieur a acquis une grande importance pour l’amélioration de leur statut et de leurs conditions de travail. Les participants ont demandé à l'UNESCO de poursuivre ses efforts pour assurer la mise en œuvre effective de ses dispositions, en particulier celles concernant les libertés académiques et l'autonomie universitaire. Les résultats de l'étude en cours de l'UNESCO sur le statut des libertés académiques dans le monde seront largement disséminés et utilisés pour guider l’action future dans ce domaine.
En même temps, une attention sera accordée à la réforme de la formation des enseignants, qui est non seulement une composante et une fonction importante de l'enseignement supérieur, mais également le principal canal par lequel l’enseignement supérieur peut contribuer à améliorer l'éducation à tous les niveaux. L'enseignement supérieur doit assumer plus activement ses responsabilités croissantes de former un grand nombre de professeurs, comme cela a été requis, afin d'atteindre les buts fixés pour l'Education pour tous, l'un des objectifs de développement de l'ONU pour le millénaire.
Le développement du personnel de l'enseignement supérieur sera promu et assisté au niveau national et régional.
13. L'assurance de la qualité, l'accréditation et la reconnaissance des études et des diplômes
Plusieurs facteurs convergents, notamment l'expansion quantitative et la diversification des établissements, des structures, des programmes et des modes de transmission ; les procédures et les règlements plus strictes et plus formels pour déterminer les allocations budgétaires ; la pression accrue du marché, exigeant que les établissements fassent des efforts pour se placer sur le plan national et international, ont fait de la qualité et de l'accréditation des sujets d'actualité pendant la période post-CMES. Leur assurance est devenue particulièrement urgente dans le cas de l'enseignement transnational, pour lequel il n'y a pas de réglementations précises.
Les participants à la réunion ont souligné le fait que l'UNESCO, en tant que l'organisation intergouvernementale responsable pour l'enseignement supérieur dans le système des Nations Unies, doit prendre l’initiative de rechercher des solutions aux questions complexes posées par l’assurance de la qualité, l'accréditation et la reconnaissance des études et des diplômes.
L'UNESCO tâchera d'encourager le dialogue et la coopération entre les autorités nationales et les communautés académiques, principalement par l’intermédiaire du Forum mondial sur les dimensions internationales de l’assurance qualité, l’accréditation et la reconnaissance des études et des qualifications, pour arriver à des cadres et à des normes généralement acceptables. Les conventions régionales de l'UNESCO sur la reconnaissance des études, des diplômes et des titres seront renforcées, pour les mettre à jour et les adapter aux réalités et aux développements nouveaux.
40 Rapport général
14. Le rôle de l'UNESCO
L'UNESCO continuera à focaliser son action de suivi de la CMES dans les domaines où sa contribution est la plus pratique et directe:
- En servant de plate-forme pour le dialogue, pour l'échange et le partage d'expériences et d’informations sur les aspects clefs de l'enseignement supérieur au 21ème siècle ;
- En aidant les Etats membres à développer leurs capacités et à formuler leurs politiques et stratégies dans le domaine de l'enseignement supérieur.
Les participants à la réunion ont souligné le fait que la reconnaissance grandissante des rôles essentiels de l'enseignement supérieur et de la recherche dans les sociétés modernes exige un programme renforcé, plus visible et plus complet pour l'enseignement supérieur dans l'action globale de l'UNESCO.
Enfin, les travaux en Commissions ont permis d’élaborer une série de propositions que vous venez d’entendre. Celles-ci invitent à des actions précises à mettre en oeuvre et à inscrire dans un enrichissement du Cadre d’action prioritaire. Ces recommandations sont annexées au présent rapport.
Mesdames, Messieurs,
La deuxième réunion des partenaires a permis de mettre en lumière la complexité des défis et la diversité des perspectives. Elle a permis d’évaluer le chemin parcouru mais aussi de prendre la mesure des actions qu’il reste à entreprendre. C’est la tache de nous tous - Etats, organisations intergouvernementales, organisations non gouvernementales, autres stakeholders et la communauté académique dans son ensemble – de déployer un supplément d’intelligence, de cœur et de créativité et de travailler ensemble pour ouvrir « la grande porte » de l’enseignement supérieur de qualité au plus grand nombre possible.
Le rapport général, ainsi que les rapports et les recommandations des quatre Commissions, seront soumis au Comité international de suivi de la CMES, qui se réunira juste après notre réunion. Après les discussions du Comité, le rapport sera soumis sous sa forme finale, au Directeur général de l'UNESCO. Il sera également largement disséminé auprès des Etats membres, des partenaires de l'UNESCO dans le suivi de la CMES, ainsi qu’auprès des établissements d'enseignement supérieur dans le monde entier.
Rapport général 41
Rapports et recommandations des Commissions
Commission 1 : Les nouveaux développements dans l'enseignement supérieur
Thème 1: L’enseignement supérieur en tant que bien public
Les participants ont fortement réaffirmé les orientations de la Déclaration mondiale sur l'enseignement supérieur pour le XXIe siècle qui affirme que l'enseignement supérieur doit être considéré comme un bien public et que le soutien public à l'enseignement supérieur et à la recherche demeure essentiel pour assurer un accomplissement équilibré de sa mission éducative et sociale.
Cependant, il est nécessaire de clarifier le langage et de préciser la définition des termes "bien public", "bien privé" et "bien mondial". A cet effet, les contextes et les perspectives des divers acteurs de l’enseignement supérieur (notamment les gouvernements, les institutions, le personnel, le employeurs, les parents et les étudiants) devraient être pris en compte car il existe un étroit lien entre ces acteurs et les valeurs qu’ils attachent à ces termes.
Action requise:
Clarifier le langage par le biais de la recherche. Les utilisateurs partageraient ainsi un langage commun qui seraient ensuite véhiculé dans le parler et dans les documents. Des recherches sur l'utilisation des fournisseurs privés/ publics/ à but lucratif/ à but non lucratif dans un grand nombre de pays seraient également nécessaires.
Une discussion approfondie dans ces domaines est indispensable, afin d'éviter de se limiter à des définitions proposées par une région donnée ou une organisation. L'UNESCO est bien placée pour offrir un cadre neutre de discussion, pour développer le concept et en assurer la promotion et la dissémination. Ce cadre international doit être fondé sur les principes suivants: la participation inclusive multilatérale de tous les acteurs concernés, la transparence et la pro-activité, l'explication du processus.
Thème 2: Les défis et les opportunités des TIC
Tout en acceptant que les TIC ont un rôle très important à jouer, il existait un écart entre les opportunités qu'elles apportent et la pratique dans les établissements d’enseignement supérieur. Il est nécessaire de mettre en place un système de formation des individus pour l'utilisation novatrice et efficace des TIC dans l’enseignement et l’apprentissage. Le mécanisme visant à faciliter le partage des ressources humaines et matérielles entre les pays développés et ceux en développement doit être encouragé afin d'améliorer l'efficacité des systèmes.
Action requise:
L'UNESCO devrait faciliter le renforcement des compétences de toutes les catégories de personnes concernées par l'utilisation des TIC dans l'enseignement supérieur.
Elle appuiera et renforcera les réseaux régionaux existants en les encourageant à partager les expériences et les ressources entre les fournisseurs d'enseignement supérieur ouvert et à distance.
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Thème 3 : Les accords commerciaux dans le contexte de l’enseignement supérieur global
Une tension très claire a été ressentie entre le cadre commercial proposé par l’AGCS et les principes de base adoptés comme fondement dans le monde de l'éducation. Ce qui est nécessaire, c’est la mise en place d’un cadre qui facilitera et assurera la transparence et le dialogue entre les pays concernant le commerce dans l’enseignement supérieur. Le domaine de l’éducation est à l'ordre du jour de l’AGCS et fera donc l’objet de nombreuses discussions. Le secteur - développé et en développement - doit articuler un ensemble de principes qui prennent en considération les besoins des Etats-nations pour guider les différents acteurs dans la mesure où les discussions avancent.
Des mécanismes d'assurance qualité et des systèmes de régulation sont essentiels pour les fournisseurs nationaux et transnationaux d’enseignement supérieur. Tous les pays ne disposant pas des ressources ou des infrastructures pour développer et maintenir de telles agences, une aide est nécessaire pour créer un mécanisme durable et viable au niveau national, régional ou sous-régional.
Il est essentiel que les agences chargées de l’assurance qualité et de la reconnaissance des qualifications travaillent ensemble. Des cadres devraient être créés pour servir de référence pour les systèmes d’assurance qualité et la reconnaissance des qualifications ; ils pourraient par la suite être inclus dans des mécanismes opérant au niveau régional.
Action requise
Un document d’orientation comprenant une série de principes relatifs à l’assurance qualité internationale doit être développé et largement diffusé afin d’assurer la prise de conscience et son appropriation au niveau régional et mondial. Ce document devrait être fondé sur "le partenariat", "le respect mutuel" et d'autres principes relatifs à l’enseignement supérieur transnational, qui est, également, dans beaucoup de cas, trans-régional.
Une prise de conscience accrue de l'existence de réseaux destinés à faciliter le partage des expériences entre les agences d'assurance qualité, et des pratiques et des attentes relatives aux prestataires nationaux et transfrontaliers d’enseignement supérieur devrait être favorisée.
Les gouvernements des Etats doivent assumer la responsabilité des mécanismes d'assurance qualité en établissant un processus qui inclut les institutions et les enseignants du supérieur à travers des évaluations par des pairs basées sur une culture de confiance mutuelle; ils ont aussi besoin de définir une stratégie en relation ou non avec la localisation des fournisseurs transfrontaliers et les différents niveaux et types de prestation.
Recommandation principale
Les participants se sont accordés sur le fait que l'UNESCO devrait jouer le rôle de "médiateur impartial" en apportant une dimension éthique dans ce monde de marchandisation croissante et de commerce de l'éducation.
Les instruments normatifs appropriés qui existent déjà sous l’égide de l'UNESCO, notamment les conventions régionales sur la reconnaissance des qualifications, doivent être revisités et mis à jour à la lumière des débats de la CMES+5. Ils doivent être réexaminés dans le but d’accroître leur cohérence tout en prenant compte la diversité des pays et des régions. Les conventions sont à des différentes niveaux de leur développement ; il sera nécessaire de leur apporter un appui pour faciliter leur révision et leur mise en oeuvre/acceptation. Le développement d'une capacité d’explication à travers les régions pour favoriser leur
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compréhension et leur appropriation devrait être encouragé de sorte que les besoins et les souhaits des nations puissent être articulés.
Les participants ont pu constater que l'enseignement supérieur est une force motrice pour le développement économique et social, le progrès et l'utilisation du savoir. Pour cette raison, l'UNESCO doit s'assurer que l'enseignement supérieur occupe une place importante dans son propre programme et que davantage de ressources soient mises à sa disposition pour mettre en œuvre les actions recommandées.
Commission 2 : La contribution de l'enseignement supérieur au développement
Les travaux de la Commission 2 ont été organisés autour de trois thèmes liés au développement. Dans ses remarques d’ouverture, la Présidente de la Commission a souligné les liens étroits qui existent entre ces thèmes et réitéré l’importance de la contribution de l’enseignement supérieur au développement. Plusieurs interventions ont contribué à lancer les débats dont nous vous présentons ci-dessous les principales conclusions et recommandations :
Thème 1 : La contribution de l’enseignement supérieur au système éducatif dans son ensemble
Les propos tenus par le modérateur de ce débat, ainsi que les interventions sur ce sujet étaient axés sur le rôle de l’enseignement supérieur dans la réalisation des objectifs de l’Education pour Tous qui constitue, l’un des objectifs de développement de l’ONU pour le Millénaire et la priorité absolue de l’action de l’UNESCO dans le domaine de l’éducation.
A cet égard, l’accent a été mis sur la mission de recherche de l’enseignement supérieur, ainsi que sur sa contribution essentielle au développement des programmes d’études et à la gestion des ressources humaines. Il a été également souligné que l’enseignement supérieur peut et doit contribuer concrètement au développement linguistique des communautés qui n’ont pas de langue écrite, en tant que moyen et instrument nécessaires à tout programme d’alphabétisation. En effet, les spécialistes de l’enseignement supérieur peuvent aider à traduire ces langues orales en forme écrite, facilitant ainsi l’alphabétisation des jeunes et des adultes dans leur langue nationale ou maternelle.
La Commission a discuté ensuite la proposition faite lors de la 8e Consultation collective UNESCO/ONG sur l’enseignement supérieur (UNESCO, Paris, 13-15 janvier 2003) concernant le lancement d’un projet international visant à améliorer la contribution que l’enseignement supérieur pourrait apporter - à travers la recherche, les échanges de bonnes pratiques et les échanges Sud/Sud et Sud/Nord – aux 28 pays qui risquent de ne pas atteindre les objectifs de l’Education pour Tous d’ici à 2015. Les détails pratiques n’ont pu être discutés dans les temps impartis ; toutefois, l’UNESCO et les institutions d’enseignement supérieur ont été invités à prendre les mesures qui s’imposent en vue de la mise en œuvre de ce projet, en particulier en Afrique où se situent vingt des vingt-huit pays mentionnés ci- dessus.
Le deuxième sous-thème examiné dans la Commission 2 concernait la contribution de l’enseignement supérieur au système éducatif dans son ensemble. Tous les intervenants ont souligné le fait que, afin de pouvoir s’acquitter de ses responsabilités envers les autres niveaux de l’enseignement, l’enseignement supérieur doit occuper une place prioritaire dans les plans nationaux de développement. De plus, il doit être doté des moyens nécessaires pour contribuer au développement dans le cadre de politiques nationales d’enseignement bien définies, notamment celles concernant l’Education pour Tous, l’alphabétisation, le
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développement durable, l’éducation préventive contre le VIH-sida. De la même façon, l’enseignement supérieur lui-même, dans l’accomplissement de ses fonctions de recherche et de formation, doit prêter plus d’attention aux articulations de plus en plus complexes avec les autres niveaux d’enseignement.
Les discussions dans le cadre du troisième sous-thème - l’apprentissage tout au long de la vie, ont été axées sur le besoin de développer une vision correcte relative aux changements nécessaires au niveau du système d’enseignement dans son ensemble afin de mieux comprendre et mieux gérer l’apprentissage tout au long de la vie. De l’avis des participants, malgré les discussions que ce sujet suscite actuellement, la réalisation de l’apprentissage tout au long de la vie est loin d’avoir été accomplie. Il existe encore, de nos jours, des formes de discrimination entre les étudiants « traditionnels » et ceux « non- traditionnels ».
Thème 2 : La contribution de l’enseignement supérieur au développement durable
Les présentations sur ce sujet et les débats qui les ont suivies se sont axés sur la problématique complexe du développement durable. De nombreux exemples de bonnes pratiques et d’initiatives dans ce domaine, lancées par des institutions d’enseignement supérieur et des organisations internationales et régionales, ont été cités. Le rôle très actif que ces organisations ont joué, en coopération avec l’UNESCO, lors du Sommet mondial de Johannesburg a été rappelé. L’un des thèmes les plus importants du Sommet était la nécessité de réorienter les systèmes d’enseignement afin de répondre à un éventail large de besoins éducatifs en vue d’un développement durable par une approche interdisciplinaire et transdisciplinaire. La formation des enseignants doit constitue l’une des composantes principales de cette réorientation.
Le projet « Les universités au service de la réduction de la pauvreté », initié par l’Université Fédérale de Para, au Brésil, est un exemple d’initiative concrète dans ce domaine. Il vise à améliorer le niveau de vie des travailleurs agricoles et des pêcheurs locaux, tout en apportant une contribution importante à l’amélioration de la pertinence et de la qualité des programmes universitaires. Ce projet a d’ores et déjà réuni toutes les qualités requises pour servir d’exemple de bonnes pratiques dans le domaine de la contribution de l’enseignement supérieur au développement durable.
La proclamation de la Décennie des Nations Unies pour l’éducation en vue du développement durable (2005-2014) ouvre de nouvelles perspectives et offre un cadre favorable à l’enseignement supérieur pour renouveler et améliorer son action dans ce domaine. La création et le renforcement de réseaux et de partenariats tels le Global Higher Education for Sustainability Partnership et le Groupe Ubuntu, deux partenariats lancés lors du Sommet de Johannesburg avec le soutien actif de l’UNESCO pourrait être une modalité d’action efficace.
Dans ce contexte, la recommandation issue des discussions invitait les institutions d’enseignement supérieur, les gouvernements et l’UNESCO à lancer une initiative à grande échelle visant à mobiliser des institutions d’enseignement supérieur dans le monde entier pour créer ensemble un espace mondial d’apprentissage en vue du développement durable, basé sur des centres d’excellence locaux et régionaux, qui réunirait tous les niveaux et tous les secteurs de l’enseignement, y compris l’enseignement non formel.
Thème 3 : L’enseignement supérieur et le monde du travail
Les changements récents, rapides et importants survenus dans le monde du travail, qui demandent aux établissements d’enseignement supérieur, en partenariat avec tous les
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acteurs concernés, de mieux adapter leurs programmes d’enseignement, de recherche, de formation et de service aux réalités et aux besoins de la société, ont servi de toile de fond pour les présentations et les débats sur ce thème. Cette nécessité d’adaptation est aujourd’hui l’un des défis majeurs auquel est confronté l’enseignement supérieur partout dans le monde. Tout au long du débat, les intervenants ont exprimé leur préoccupation concernant le fait que, dans leur quête de solutions pour répondre aux besoins immédiats du marché du travail et assurer des débouchés aux diplômés, les institutions d’enseignement supérieur pourraient perdre de vue leurs fonctions pérennes. Le représentant d’une organisation étudiante a résumé ces préoccupations comme suit :
1. Remplacer le concept de formation des experts par celui d’un développement global des personnalités des étudiants, de leurs talents et de leur engagement à servir la science et la société 2. Améliorer, par tous les moyens disponibles, les liens et la coopération entre l’enseignement supérieur et le monde du travail 3. Remplacer la vision nationale de l’enseignement supérieur par une vision internationale et globale 4. Apprendre aux étudiants (et les aider) à créer leur propre entreprise 5. Enseigner aux étudiants les valeurs et l’éthique.
Le Secrétariat et le Rapporteur de la Commission ont reçu plusieurs contributions personnelles, y compris des propositions de « déclarations » qui n’ont pu être discutées par manque de temps.
Recommandations
Ce qui s'est dégagé avec force, c'est une série de recommandations majeures ayant fait l'objet d'un consensus général sur la meilleure façon de développer les mécanismes et les partenariats en vue d'assurer la contribution de l'enseignement supérieur au processus utilisé dans chacun de ses secteurs de développement.
1. Le système éducatif est un tout organique, dont toutes les parties sont solidaires et interdépendantes. L'enseignement supérieur est au cœur de ce système par le biais de la recherche - création de nouveaux savoirs, de la formation des maîtres, de la réflexion critique sur les problèmes de la société et par l'initiation à la citoyenneté. Il faudrait donc qu'il soit intimement associé à tous les programmes de l'Education pour Tous. L'UNESCO est invitée à reconnaître ce rôle et à donner en conséquence à l'enseignement supérieur la place et le budget nécessaires pour lui permettre de remplir ces missions.
2. A l'heure de la mondialisation, nous tenons à rappeler que l'enseignement supérieur est un bien public et non une marchandise commercialisable.
3. On doit donc encourager les institutions du nord et du sud à s'engager dans une véritable coopération solidaire qui préserve les spécificités locales, empêche la fuite des cerveaux et bénéficie également à tous les partenaires.
4. Préoccupés par l'impact dévastateur du VIH/sida sur les ressources humaines ainsi que sur le développement et les progrès des pays où il sévit, nous recommandons que le système éducatif dans sa totalité contribue à la prise de conscience de ce fléau et que l'enseignement supérieur et la recherche intègrent ce problème à leurs priorités, afin que les enseignants et les apprenants à tous les niveaux contribuent ainsi à l'élaboration de véritables politiques de prévention.
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5. De même, il est essentiel que les enseignants reçoivent dans les établissement d'enseignement supérieur une formation qui les sensibilise et les prépare à agir dans les secteurs de leur compétence: éducation pour tous, lutte contre la pauvreté et toute forme de discrimination, le développement durable, la formation à la citoyenneté, la préparation à l'insertion professionnelle et une gestion de la mondialisation.
6. Pour atteindre tous les objectifs, l'enseignement supérieur devra veiller à une meilleure harmonisation de l'ensemble des niveaux éducatifs, y compris l'éducation non formelle, des enseignements et de la recherche avec les attentes de la société. Rien ne sera possible sans le développement de nouveaux partenariats, et le respect des libertés académiques et de l'autonomie des institutions.
Commission 3 : Evolution des systèmes et des structures de l’enseignement supérieur
Plus de soixante-dix personnes – des enseignants du supérieur, des administrateurs, des étudiants, des représentants d’agences gouvernementales et d’organisations internationales qui ont un intérêt direct et indirect dans l’enseignement supérieur – représentant toutes les régions du monde, ont participé à la Commission 3. Je voudrais remercier, au nom de la Commission 3, la présidente de la commission, Dr. Elvira Martin Sabina et tous les modérateurs pour avoir mené la commission au succès, malgré les contraintes du temps.
La Commission était chargée de se pencher sur les trois questions suivantes : la transformation des structures et des systèmes d’enseignement supérieur, les libertés académiques et la transversalité de l’enseignement supérieur. Douze interventions ont été présentées, suivies de discussions auxquelles tous les membres de la Commission ont pris part.
Thème 1 : La transformation des structures et des systèmes d’enseignement supérieur
Concernant la transformation des systèmes et des structures de l’enseignement supérieur, de nombreuses questions ont été soulevées et discutées :
Ces dernières années, les systèmes et les structures de l’enseignement supérieur sont en train de changer à une très grande vitesse. Les avancées technologiques, les incertitudes économiques et politiques, la diversification des clientèles et la complexité des méthodologies administratives conduisent l’université à élargir sa mission et ses fonctions et à repositionner ses stratégies.
L’autonomie universitaire est l’un des facteurs clés qui permettent aux institutions d’enseignement supérieur de répondre aux nouveaux défis. Elle implique une restructuration de la gouvernance institutionnelle et la mobilisation de ressources, tout en tenant compte des besoins locaux et de la diversité culturelle. Cependant, l’amélioration de l’autonomie va de pair avec une responsabilité et une obligation redditionnelle (accountability) accrue.
Les politiques et les règlements institutionnels doivent être transparentes. Les nominations à des postes de responsabilité doivent être faites sur la base de la compétence et du mérite. Or, on voit encore dans certains pays en développement des établissements d’enseignement supérieur dirigés par des militaires, ce qui n’est pas en accord avec la culture académique.
Les établissements d’enseignement supérieur doivent se doter de structures flexibles afin de pouvoir répondre aux besoins de la société et préserver ainsi leur place et leur rôle dans la société.
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Les changements technologiques ont favorisé la diversification de l’enseignement supérieur et l’apparition d’alternatives à l’enseignement traditionnel telles l’enseignement en dehors du campus, l’enseignement à distance, l’enseignement modulaire et l’apprentissage sur demande. Les enseignants doivent s’adapter à une nouvelle pédagogie ; ils seront de plus en plus appelés à jouer le rôle de facilitateurs auprès des étudiants plutôt que des transmetteurs d’informations. L’apprentissage n’est plus limité par l’espace, le temps et les contraintes géographiques. Une attention particulière devra être accordée à la formation continue.
La technologie a eu un impact positif sur l’enseignement ; cependant, les dangers potentiels de l’enseignement supérieur dispensé par le biais de l’Internet doivent être pris en compte. Quelques fournisseurs transnationaux d’enseignement supérieur pourraient devenir facilement les principaux fournisseurs de savoir ce qui aurait des conséquences négatives sur la diversité des systèmes au niveau de l’enseignement et de l’apprentissage, ainsi que sur les priorités nationales.
Le développement de l’enseignement supérieur privé a contribué à améliorer l’accès à l’enseignement supérieur. Toutefois, une attention particulière devrait être accordée à la qualité de l’enseignement ; des systèmes d’assurance qualité, des critères de reconnaissance et des cadres de qualifications devraient être mis en place. L’enseignement supérieur de masse doit être accompagné de mécanismes d’assurance de la qualité. Il doit également répondre aux besoins du monde de travail pour éviter un taux élevé de chômage des diplômés.
Afin de contribuer à la réduction de la fuite des compétences, l’enseignement dispensé dans n’importe quel pays par des institutions privées et des fournisseurs transnationaux doit prendre en compte les besoins nationaux en main d’œuvre.
Pour que l’université soit compétitive, elle doit assurer la formation continue de ses enseignants et de ses personnels administratifs. Des programmes visant à améliorer leurs compétences dans le domaine de la gouvernance, de la gestion du changement, de la pédagogie et de l’utilisation des technologies doivent être développés.
Thème 2 : Les libertés académiques - l’impact de leur respect et de leur non-respect sur la qualité et le développement de l'enseignement supérieur
Le thème des libertés académiques a suscité un grand intérêt parmi les participants. Ci- dessous quelques-unes des questions abordées :
Les problèmes relatifs à l’autonomie institutionnelle et aux libertés académiques trouvent leur source essentiellement dans la difficulté de définir la relation entre les institutions et la société, les institutions et le gouvernement, les institutions, leur personnel et les étudiants. Un climat de confiance doit être instauré à tous les niveaux, en particulier entre les gouvernements et les institutions.
Les libertés académiques devraient faire partie de la mission des établissements d’enseignement supérieur et de la responsabilité sociale qui leur est attribuée. C’est un plus et pour les individus et pour la société.
Les libertés académiques concernent à la fois les enseignants et les étudiants.
La Commission a reconnu le fait que le non-respect des libertés académiques empêche le développement d’une recherche de qualité dans des domaines tels que les sciences sociales, la sociologie, l’enseignement et l’économie. Le secteur privé, qui finance de plus en plus de recherches visant à répondre aux besoins du marché, augmente la pression exercée sur le respect des libertés académiques dans le domaine de la recherche.
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Les libertés académiques concernent les questions relatives à la propriété intellectuelle et aux brevets établis par les enseignants du supérieur. Ces valeurs méritent d’être sauvegardées et récompensées.
Le respect de l’autonomie universitaire et des libertés académiques ne devrait pas porter atteinte à l’importance accordée aux questions liées à la qualité et à l’obligation de rendre des comptes (accountability).
Session 3 : La transversalité de l’enseignement supérieur
Enfin, le troisième thème abordé dans cette Commission concernait la transversalité dans l’enseignement supérieur. A travers les questions abordées, les conclusions suivantes peuvent être mises en exergue :
La transversalité, la transdisciplinarité et la solidarité entre les disciplines devrait être dûment prises en compte d’autant plus qu’il a été prouvé que les jeunes diplômés ont besoin de connaissances multidisciplinaires pour être plus compétitifs sur le marché du travail.
L’université doit stimuler la créativité à travers la transversalité dans la recherche, tout en assurant le respect des normes d’éthique.
Les partenariats entre les institutions d’enseignement supérieur, les communautés et le secteur économique peuvent stimuler la diversification de l’enseignement supérieur et renforcer son rôle et sa contribution au développement de la société. Cette solidarité joue un rôle essentiel dans la réforme et le changement de l’enseignement supérieur au vingt et unième siècle.
Commission 4 : Internationalisation de l’enseignement supérieur
La Commission 4 a réuni un grand nombre de participants représentant des établissements d’enseignement supérieur, des associations régionales et internationales d’institutions d’enseignement supérieur, des partenaires importants de l’enseignement supérieur, des représentants d’associations d’étudiants etc. Un certain nombre de questions majeures relatives à l’internationalisation de l’enseignement supérieur dans la période après la Conférence mondiale, notamment la coopération internationale, ont été traitées dans cette commission : la réduction de l’écart entre les pays développés et les pays en développement ; les nouvelles tendances concernant la mobilité des enseignants et des étudiants avec un accent particulier sur la réduction de la fuite des compétences ; le financement au niveau international ; la gouvernance et la transformation institutionnelle dans le contexte de la coopération internationale. Les débats de cette commissions ont été organisées de manière à éviter de traiter des sujets à l’ordre du jour d’autres commissions, en particulier la Commission 1.
Le document intitulé « Internationalization of higher education : institutional perspectives viewed globally », rédigé par l’Association internationale des universités, a été mis à la disposition des participants pour lancer les débats dans cette commission. Les travaux de la commission ont été organisés autour de trois séances thématiques : l’internationalisation et la coopération internationale ; le processus d’homogénéisation et les préoccupations nationales ; et l’internationalisation et le rôle de la recherche dans l’enseignement supérieur. Onze interventions ont été présentées, suivies de débats.
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Les principaux points de vue / questions / recommandations qui ont émané de ces trois sessions et qui s’adressent à l’UNESCO, aux gouvernements et aux institutions peuvent être résumés comme suit :
Session 1 : Internationalisation et coopération internationale
Afin de mieux répondre aux défis de l’internationalisation, il a été expressément requis de l’UNESCO d’assumer un rôle de premier plan dans le développement d’un système d’information sur les systèmes et les établissements d’enseignement supérieur, et sur les innovations et réformes sur le plan national, régional et mondial. En faisant cela, l’UNESCO devrait rassembler de nombreuses organisations internationales dans le domaine de l’enseignement supérieur en mettant en place un group de direction pour explorer les meilleures approches et modalités d’action.
Les discussions ont mis en évidence l’existence d’une diversité de stratégies d’internationalisation qui, dans des contextes différents, ont eu des impacts tant positifs que négatifs. Il a été recommandé de poursuivre la recherche et l’analyse dans ce domaine, et de diffuser largement les résultats obtenus afin de permettre le partage des bonnes pratiques parmi les institutions d’enseignement supérieur.
L’UNESCO devrait appuyer la coopération Sud-Sud à travers des initiatives régionales et inter-régionales basées sur des intérêts mutuels et la collaboration. Ensemble avec la collaboration Nord-Sud, celles-ci devraient être destinées à renforcer les institutions d’enseignement supérieur, spécialement dans les pays en développement.
Session 2 : Processus d’homogénéisation et préoccupations nationales
L’homogénéisation se produit dans toutes les sphères et affecte inévitablement l’enseignement supérieur. Toutefois, les facteurs locaux pourraient mitiger le processus d’homogénéisation des systèmes d’enseignement supérieur.
Dans le contexte de la mondialisation, il est nécessaire de préserver la capacité des systèmes d’enseignement supérieur de répondre aux besoins nationaux. Les universités devraient être renforcées afin qu’elles puissent mieux servir la société dans laquelle elles sont localisées. Il est important de s’assurer que les systèmes nationaux d’enseignement supérieur se développent en accord avec les besoins et les priorités nationales.
L’UNESCO devrait stimuler la recherche sur la réponse des systèmes et des structures nationaux d’enseignement supérieur aux processus de mondialisation et d’homogénéisation afin de mettre en avant les effets et les prolongements de ces processus, en particulier dans les pays en développement.
Session 3 : Internationalisation et rôle de la recherche sur l’enseignement supérieur
L’UNESCO devrait soutenir et renforcer la recherche dans et sur l’enseignement supérieur et la connaissance. Un autre domaine clé à traiter est le besoin d’établir une typologie des systèmes de recherche.
L’UNESCO devrait mettre en relief l’importance du lien entre l’enseignement supérieur et la recherche, et encourager la recherche multidisciplinaire impliquant l’éducation, les sciences sociales et naturelles. A ce propos, l’UNESCO devrait souligner et renforcer le travail du Forum de l’UNESCO sur l’enseignement supérieur, la recherche et la connaissance.
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L’UNESCO devrait soutenir les efforts visant à développer la recherche dans les universités en tant qu’une des activités clés de façon à permettre aux établissements d’enseignement supérieur d’identifier les questions, les problèmes et les préoccupations locales. Ceci inclut le renforcement des compétences dans le Sud, permettant ainsi aux universités locales de déterminer leurs propres priorités de recherche et d’attribuer une certaine partie du budget à la recherche.
Les compétences au niveau local devraient d’être renforcées par le biais de la formation à la recherche afin d’améliorer les ressources humaines dans les pays en développement. Ceci leur permettrait d’identifier, de formuler, et de résoudre des problèmes spécifiques à leur contexte propre, en élevant ainsi les problèmes locaux à l’ordre du jour international de la recherche.
Recommandations
L’idée de lancer un Programme à long terme pour le développement et la coopération dans l’enseignement supérieur a été vivement appréciée. Cela répond particulièrement aux besoins des pays en développement et des pays en transition et devrait être organisé au niveau régional et inter-régional, la grande priorité étant donnée à la coopération Sud-Sud.
Aussi, le Forum de l’UNESCO sur l’enseignement supérieur, la recherche et la connaissance en tant que nouvelle initiative pour améliorer la qualité de la recherche dans et sur l’enseignement supérieur devrait bénéficier d’un appui particulier.
L’élaboration d’un programme international sur le développement durable à été envisagée avec précaution car le développement durable devrait être le dénominateur commun de tous les aspects de l’éducation. Les établissements d’enseignement supérieur devraient prendre des initiatives directes visant à assurer l’utilisation des résultats de leurs recherches sur des sujets relatifs au développement dans l’enseignement primaire et secondaire.
Enfin, la commission à souligné le fait que les recommandations de la Conférence mondiale sur l’enseignement supérieur de 1998 n’ont pas été mises en place ou adressées dans leur intégralité. Elle doivent donc rester à l’ordre du jour et être poursuivies.
Annexe 1: Discours et interventions
Discours de M. Koïchiro Matsuura, Directeur general de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO)
Son Altesse la Première Dame du Qatar, Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs les ambassadeurs et délégués permanents, Mesdames et Messieurs les agents de coordination de la Conférence mondiale sur l'enseignement supérieur, Mesdames et Messieurs,
C'est pour moi un honneur et un privilège de vous accueillir tous ici et de vous adresser mes plus sincères remerciements pour avoir répondu de manière encourageante à l'invitation de l'UNESCO à cette deuxième Réunion des partenaires de l'enseignement supérieur, qui fait suite à la réunion qui s'est tenue il y a trois ans.
Notre principal objectif pour les trois jours qui viennent est de procéder à l'examen à mi-parcours du suivi de la Conférence mondiale sur l'enseignement supérieur, cinq ans après. Nous n'en devons pas moins être tournés vers l'avenir et nous fixer comme objectif de préparer au mieux l'ensemble des partenaires de l'enseignement supérieur à relever les défis qui se poseront à nous dans les cinq prochaines années et par la suite. Dans le tourbillon et la succession de changements continus et rapides, il nous faut encore faire des choix et prendre des décisions, et c'est là que sont particulièrement importants la Conférence mondiale et son suivi. Leur enjeu est de contribuer à préciser les options qui se présentent à nous par un processus dynamique de débats en multi-partenariat qui englobe les systèmes et les institutions, ainsi que les contextes de l'enseignement supérieur aux plans local, national, régional et international.
J'adresse également et particulièrement mes remerciements à notre hôte d'honneur, Son Altesse la Sheikha Mozah Bint Nasser Abdallah Al-Misnad, Première Dame du Qatar, qui est aujourd'hui parmi nous en sa qualité d'envoyée spéciale de l'UNESCO pour l'éducation de base et l'enseignement supérieur, ainsi qu'au professeur Cristovam Buarque, ministre de l'éducation du Brésil, qui est notre orateur principal pour la séance d'ouverture. Je me réjouis de ce que vous ayez trouvé tous deux du temps sur vos agendas chargés pour apporter votre contribution à cette Conférence, événement le plus important organisé par l'UNESCO dans le domaine de l'enseignement supérieur depuis celle de 1998.
La Conférence mondiale sur l'enseignement supérieur qui a eu lieu à Paris il y a cinq ans est encore fraîche dans la mémoire de bon nombre d'entre vous : 130 ministres de l'éducation et plus de 4.000 participants s'y retrouvaient pour adopter à l'unanimité la Déclaration mondiale sur l'enseignement supérieur pour le XXIe siècle et le Cadre d'action prioritaire pour le changement et le développement de l'enseignement supérieur. Ces documents portent la vision et les aspirations communes exprimées par les délégués de toutes les régions et définissent la voie à emprunter pour réaliser les objectifs de la Conférence. Ces objectifs - qui sont, entre autres, d'élargir l'accès sur le critère du mérite, de moderniser les systèmes et les institutions, d'améliorer la pertinence sociale et de mettre en place de meilleures liaisons entre l'enseignement supérieur et le monde du travail - n'ont rien perdu de 52 Discours et interventions
leur validité ni de leur importance dans les années qui se sont écoulées depuis la Conférence. Ils sont même plutôt devenus plus pertinents qu'avant.
Mesdames et Messieurs,
Votre programme de travail est extrêmement riche et chargé et je me demande comment vous pourrez, en seulement trois jours, digérer ce véritable banquet d'idées. Dans ce processus intensif d'échanges et de débats, je voudrais vous exhorter à vous concentrer fortement sur les tâches à accomplir, à savoir, en premier lieu, de développer, approfondir et échanger vos connaissances et vos interprétations des transformations majeures qui s'opèrent dans l'enseignement supérieur et, en second lieu, d'actualiser, à la lumière de ces éléments, le Cadre d'action prioritaire.
Je profite de l'occasion pour vous livrer quelques réflexions et observations qui me sont venues à l'esprit à l'examen de l'ordre du jour de votre réunion et de certains des documents fondamentaux. En raison du temps limité qui nous est imparti, je serai sélectif plutôt qu'exhaustif et je m'en tiendrai à trois grands thèmes : premièrement, la question de la continuité et du changement dans l'enseignement supérieur ; deuxièmement, les rapports entre l'enseignement supérieur et les autres types et niveaux d'éducation et, troisièmement, les relations entre enseignement supérieur et développement. Pour chacun de ces thèmes, j'illustrerai comment le travail ou la réflexion de l'UNESCO se rapportent aux enjeux en question.
Avant tout, ce qui me frappe au plus haut point est de constater combien, au seuil du XXIe siècle, le monde de l'enseignement supérieur est marqué par une lutte complexe entre continuité et changement. Le discours dominant est celui du changement. On ne parle que de nouveaux défis, de nouvelles possibilités, de nouveaux prestataires et de la rénovation de chaque chose, des institutions aux programmes d'enseignement, des systèmes aux modes d'apprentissage. Le recours aux termes de réforme, innovation, transformation, voire révolution, m'indique que l'enseignement supérieur est en ferment, qu'il est au cœur d'un débat approfondi sur le rôle qu'il lui revient d'assumer aujourd'hui et à l'avenir. De plus en plus, ce rôle se définit par rapport à la mondialisation, à l'édification de sociétés du savoir et aux divisions, tensions et problèmes qui vont de pair et qu'on observe au sein des sociétés et entre sociétés.
Il est évident que les établissements et les systèmes d'enseignement supérieur ne peuvent s'isoler eux-mêmes des dilemmes et des contradictions de la mondialisation. Au contraire, et parce que la création, la transmission et l'application du savoir sont au cœur de leur mission, les universités sont un élément qui participe à la mondialisation en même temps qu'elles sont influencées par les forces mondialisatrices. Le modèle de la "tour d'ivoire" a fait long feu, mais par quoi exactement a-t-il été remplacé ? Qu'est-ce qui, idéalement et pratiquement, devrait prendre sa place ?
Au cœur de ces questions qui se posent aujourd'hui à l'enseignement supérieur résident non seulement l'impact du changement, mais également l'impératif de continuité. Ces deux éléments sont vitaux et pourtant ils sont séparés par une inévitable tension. Dans certaines périodes ou circonstances, la balance penche en faveur de la continuité, mais, au moment présent de l'histoire, les forces du changement dominent. L'importance de la continuité peut en être éclipsée ou dévalorisée.
La continuité dans l'enseignement supérieur est essentielle. Beaucoup dépend évidemment de ce à quoi se rattache cette continuité. Dans le contexte de la réponse que peut apporter l'enseignement supérieur à la mondialisation, l'enjeu est peut-être de préserver l'objectif et l'identité institutionnels ou de maintenir la spécificité et le caractère distinctif des systèmes nationaux d'enseignement supérieur. Il peut aussi porter sur des aspects
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cruciaux des identités et des traditions culturelles aux plans local et national, ou encore sur les valeurs fondamentales et les principes de base qui ont façonné le développement au cours de l'histoire des études supérieures. Au sujet de ce dernier point, j'ajouterai que les changements qui déferlent sur l'enseignement supérieur peuvent, dans certaines circonstances, menacer l'exercice même de la liberté scientifique, l'autonomie des universités et l'indépendance de la recherche. Notez que, si ces principes et ces valeurs sont importants en soi, il peut y avoir d'autres considérations à avoir à l'esprit. Par exemple, si on limite la liberté scientifique, on risque de provoquer une fuite des cerveaux ou un exode dans certains domaines de la recherche.
Ainsi, dans la précipitation à adapter, moderniser et réformer, l'enseignement supérieur doit prendre garde de ne pas provoquer de ruptures non souhaitées et de ne pas consentir de sacrifices inutiles. La préoccupation la plus généralisée qu'ait suscité l'actuelle vague de changement dans l'enseignement supérieur est peut-être celle de la qualité. Cette préoccupation est inspirée dans certains cas par la manière dont la qualité de la recherche et de l'enseignement peut être en train de se dégrader ou d'être menacée, par suite du processus de changement même ou à cause de changements particuliers, tels que la rapidité du développement ou la massification. L'adoption de nouvelles modalités de transmission, l'apparition de nouveaux prestataires et l'essor de la commercialisation et du commerce dans les services éducatifs suscitent également de graves inquiétudes quant à la qualité.
L'UNESCO prend part à l'interaction entre continuité, changement et qualité de plusieurs manières. Peut-être le grand thème de la continuité et du changement est-il le plus évident dans le domaine de l'assurance qualité et de l'homologation et de la reconnaissance des études et des titres. Nous avons ici un mélange complexe de longue expérience et de changement sans précédent. En organisant le Forum mondial sur l'assurance qualité, l'homologation et la reconnaissance des titres de l'enseignement supérieur, l'UNESCO est entrée dans le maelström du changement, où les débats sont acharnés et parfois tumultueux. Assumant pleinement notre rôle d'organisation intergouvernementale du système des Nations Unies chargée de l'enseignement supérieur, nous comptons encourager le dialogue et la coopération au plan international dans ce domaine qui prête au débat. Nous poursuivons, en même temps, notre travail sur les conventions régionales en vigueur relatives à la reconnaissance des études, domaine propre à une action concrète et à une collaboration pratique.
Un second domaine de réflexion concerne les relations entre l'enseignement supérieur et les autres types et niveaux d'enseignement, qui sont l'objet de l'une des commissions. Il est extrêmement important que l'enseignement supérieur se tourne vers l'extérieur à la recherche de nouveaux partenaires et de nouvelles formes de coopération, mais il ne doit pas, ce faisant, négliger ses proches parents de la famille éducative. Ce que je veux dire par là, c'est qu'il est nécessaire que l'enseignement supérieur prête davantage d'attention aux autres niveaux d'enseignement et formes d'apprentissage s'il doit affronter avec efficacité ses propres problèmes et s'acquitter de ses responsabilités sociales en relevant les grands défis que sont la pauvreté, l'injustice et les inégalités sociales, le développement durable et la bonne gouvernance. L'enseignement supérieur devrait ainsi chercher à nouer des partenariats non seulement avec la société civile, les secteurs public et privé de l'économie et les réseaux internationaux, mais également avec l'enseignement primaire et secondaire, l'enseignement scientifique et technique, la formation professionnelle et les divers types de formation des adultes et d'apprentissage tout au long de la vie.
Je ne veux pas dire par là que ce type de partenariat est inexistant, mais plutôt que le nouveau défi consistant à bâtir des sociétés du savoir équitables et intégratrices appelle une approche plus intégrée des stades, des liens et des séquences d'apprentissage organisé. Songez seulement à l'important rôle que l'enseignement supérieur doit jouer dans la préparation et la formation des enseignants si on veut satisfaire dans les années qui viennent la demande croissante qu'a entraîné le mouvement en faveur de l'éducation pour tous (EPT).
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Songez seulement à la contribution que l'enseignement supérieur peut apporter, par exemple, dans la rénovation des programmes d'enseignement et dans les applications des TIC à l'éducation. Songez seulement comment l'enseignement supérieur doit composer pour répondre à la diversification croissante de l'enseignement secondaire et postsecondaire. Songez, enfin, à l'impact que les réformes et les innovations en cours dans l'enseignement supérieur peuvent avoir sur tous les autres aspects du système éducatif.
L'UNESCO, en sa qualité d'organisation des Nations Unies ayant mandat sur l'éducation dans son ensemble, est naturellement intéressée par la manière dont tous les différents types et niveaux d'enseignement se rapportent les uns aux autres et forment un ensemble cohérent. Nous sommes aujourd'hui particulièrement soucieux d'encourager un plus grand engagement de l'enseignement supérieur vis-à-vis de l'EPT, programme auquel l'Organisation accorde la plus grande priorité. Je me félicite que cette question ait figuré intégralement au premier plan de la huitième Consultation collective UNESCO/ONG sur l'enseignement supérieur qui a eu lieu en janvier dernier. La contribution de l'enseignement supérieur à la recherche et à l'analyse, au renforcement des capacités (notamment à la formation des enseignants) et à la conception et mise en oeuvre de projets y a été mise en valeur à sa juste mesure.
La troisième réflexion que m'inspire l'ordre du jour de votre réunion concerne le rapport entre enseignement supérieur et développement, qui sera le thème principal de l'une des commissions. Il suffit de considérer les relations de pression-attraction au sein de la mondialisation entre les sphères locales, régionales et mondiales ou les tendances de l'internationalisation qui touchent à l'enseignement supérieur, ou encore le sens exact de la notion de durabilité en matière de développement, pour se convaincre que l'interdépendance est une réalité. Il ne s'agit pas simplement d'interaction et d'échange, pas plus qu'il ne s'agit de nier l'existence des déséquilibres et des inégalités. Même dans des circonstances où ces relations impliquent des inégalités de pouvoir, de ressources et de statut, on trouve dans la perspective de l'interdépendance matière à réexaminer, voire renégocier, ces relations.
Cette prise en compte de notre dépendance mutuelle devrait inspirer notre compréhension de la structure mondiale des relations entre "Nord" et "Sud". Elle devrait également influencer les collaborations et les liens spécifiques entre institutions et entre systèmes que nous avons à coeur de promouvoir. En outre, nous devrions appliquer la notion d'interdépendance non seulement aux relations de coopération internationale, mais également aux modes mêmes de création, estimation et partage de la connaissance. En effet, le processus consistant à libérer le potentiel de la mondialisation et à en propager les bénéfices de manière plus équitable exige des formules de développement qui respectent la diversité culturelle, le savoir autochtone et les solutions locales. D'où la nécessité de relations de réciprocité, de dialogue et de respect mutuel ou, en d'autres termes, d'une reconnaissance de l'interdépendance.
Dans la pratique, cependant, des conceptions quelque peu étroites des intérêts nationaux et institutionnels, ainsi que les exigences d'un environnement concurrentiel, peuvent occulter notre indépendance naissante et son importance. Des débats sur le rôle de l'enseignement supérieur dans le développement s'engagent néanmoins sur ces questions, à la fois directement et indirectement.
L'exemple le plus évident en est peut-être celui de la contribution de l'enseignement supérieur au développement durable, pour lequel on connaît bien l'intérêt de l'interdépendance. Une importante initiative à ce sujet est le Partenariat mondial de l'enseignement supérieur pour la viabilité, qui a été inauguré l'an dernier à l'occasion du Sommet mondial pour le développement durable à Johannesburg (Afrique du Sud). Ce partenariat réunissait l'UNESCO, CRE-Copernicus, l'organisation University Leaders for a Sustainable Future et l'Association internationale des universités (AIU).
Discours et interventions 55
Egalement digne de mention est la Déclaration d'Ubuntu publiée à Johannesburg en septembre dernier et dans laquelle l'UNESCO ainsi que d'autres organisations éducatives et scientifiques appellent à "un nouvel espace d'apprentissage sur l'éducation et la viabilité qui encourage la coopération et les échanges entre institutions à tous les niveaux et dans tous les secteurs de l'éducation dans le monde". Je voudrais également souligner que, assumant son rôle d'initiatrice et de coordinatrice de la Décennie internationale de l'éducation en faveur du développement durable qui commencera en 2005 pour s'achever en 2014, l'UNESCO cherchera à établir une coopération étroite avec ses partenaires de l'enseignement supérieur.
Pendant ce temps, le Programme UNITWIN/chaires UNESCO s'attache à mettre en place des relations de collaboration internationale dans l'enseignement supérieur fondées sur la réciprocité. Les liens interinstitutions, tant Sud-Sud que Nord-Nord, reposent sur un intérêt et un besoin communs, ainsi que sur un engagement de principe en faveur du dialogue et de la coopération. Ce programme, qui a fêté son dixième anniversaire en novembre dernier, est flexible, se prête aux adaptations et se développe en permanence en fonction des nouveaux défis auxquels il doit répondre.
Les autres activités de l'UNESCO à la charnière entre l'enseignement supérieur et le développement comprennent des initiatives récentes, telles que le Forum de l'UNESCO sur la recherche et les savoirs relatifs à l'enseignement supérieur mis en place en étroit partenariat avec l'Agence suédoise de coopération internationale au développement (ASDI). Ce Forum est une ingénieuse occasion pour les chercheurs, les décideurs politiques et les experts, aux plans international et régional, d'aborder de manière critique des problèmes relatifs à la recherche et des résultats de la recherche. Nous avons par ailleurs l'initiative sur les ressources éducatives ouvertes, qui fait suite à des débats avec le MIT et diverses autres institutions, sociétés commerciales et fondations et vise à élargir le choix des logiciels éducatifs, en particulier au profit des pays en développement et des pays en transition. Dans le même temps, l'initiative "Universités sans frontières", de pair avec un programme s'adressant à des "volontaires universitaires", promet d'aider à ralentir la fuite des cerveaux et de consolider les établissements d'enseignement supérieur dans les pays en développement.
A l'UNESCO, s'affirme le sentiment que toute la question du développement et de la coopération dans l'enseignement supérieur en ce qui concerne les besoins des pays en développement et en transition peut exiger une sorte de cadre intégrateur ou une nouvelle synthèse programmatique. L'idée d'interdépendance constitue une utile contribution thématique mais il est nécessaire de travailler davantage encore dans ce sens. Nous saurions certainement gré à nos partenaires de l'enseignement supérieur de nous livrer leurs points de vue en la matière.
Mesdames et Messieurs,
Les trois thèmes que je viens de souligner - la continuité et le changement dans l'enseignement supérieur ; la relation entre l'enseignement supérieur et les autres types et niveaux d'enseignement ; l'enseignement supérieur et le développement - sont intimement liés. J'espère que ces brèves réflexions pourront vous être utiles. Vous avez devant vous un ordre du jour passionnant. La Conférence mondiale sur l'enseignement supérieur a laissé entrevoir il y a cinq ans que l'enseignement supérieur connaissait des mutations qui s'opéraient selon des modes singuliers et à un rythme stupéfiant. Ce processus de changement s'est intensifié depuis, mais, si beaucoup de choses sont dans un état d'évolution permanente, une plus grande clarté n'en est pas moins apparue quant à la nature et aux causes des événements en cours. La tâche qui nous attend en ce début de XXIe siècle est d'user de notre savoir et de notre compréhension des choses pour donner une forme et une orientation à nos politiques, à nos décisions et à nos actions. Cet examen à mi-parcours est une occasion pour définir une interprétation commune de ce qui est nécessaire et de ce qui est souhaitable. Je
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vous souhaite le plus grand succès dans vos débats. Je tiens, au nom de l'UNESCO, à vous remercier tous d'avance pour vos efforts, et j'attends avec une grande impatience de connaître les résultats de votre réunion.
Je vous remercie de votre attention.
Keynote address: The university at a crossroad
Cristovam Buarque Minister of Education of Brazil
1. The global university
Along its nearly thousand year history the university has represented:
• A stockpile of knowledge that the graduate would acquire to last a lifetime. Today this knowledge is in constant fluctuation and the ex-student needs to constantly update this knowledge; • Knowledge as the specific property of students in classrooms or libraries, distributed by professors and books. Today knowledge is something that is in the air. It reaches all sorts of people in all sorts of places through all sorts of channels. The university is just one channel, and shares space with Internet, educational TV, specialized magazines, businesses, laboratories and private institutions; • Knowledge as a sure passport for success for the graduating student. This is no longer true today due to the highly competitive professional market that requires continual updating, recycling and new training so that knowledge gained does not become obsolete; and • Knowledge as something that serves everyone because by increasing the number of professionals, the university product became widespread. In today’s world, a newly graduated professional’s knowledge is basically used to serve the desires and interests of those who can pay for services, using costly equipment that doesn’t allow for distribution of the knowledge.
There have been no huge structural changes in the university over the past thousand years. The role of the university has changed little. However, the reality of the world’s social situation and the dynamic advances made in terms of information, knowledge and new communication and education techniques have made the need for a revolution in the concept of the university quite clear.
Hope in the university
The world experienced a huge ideological displacement in the beginning of the twenty-first century that included enormous political disassociation and massive social inequality. In the face of these upheavals, the university still represents intellectual heritage, political independence and social criticism. Thanks to this, the university is the most appropriate and prepared place to guide the future of humanity.
The last decades of the twentieth century caused great disorientation:
• Economic activity that had been the pride of the twentieth century began to slow down; 58 Discours et interventions
• This economy initially increased the number of those benefiting from progress, then began to be the tool of the most brutal inequality among human beings ever seen in history; • Political parties led by the right or left stopped creating hopes; • Democracy that was created by city-states and that had lasted a thousand years began to crack and to become incompetent. This occurred at a time when an elected president in a small or large country has power over the entire planet and over centuries to come in terms of decisions made; • Religions that had always represented cultural guardians began to feel ineffectual in terms of putting the brakes on the ferocious advance of individualism; • Businesses that had previously been the creators of jobs began to be the destroyers of jobs; • Science and technology that were the pride and joy of all of humanity for three hundred years, arrived in the twenty-first century with the enormous risk of immorality in terms of being able to manipulate life and to destroy the planet. This is especially true in terms of how science and technology are used to benefit the minority and will soon completely exclude the majority that will soon not even be considered part of humanity if we continue on this path, and
• Many ideologies have become weaker. It has become clear that socialism was incapable of building utopias, guaranteeing liberty or protecting the planet. Capitalism has been demonstrating its inherent inhumanity in the face of requirements for ecological balance and respect for the common good of human beings.
There is little hope left that a new global system of ideas will be created to re-instill hope for the possibility of an ideal world that combines the human dream of technological progress with liberty and equality. This hope included trust in politicians, religious leaders and judges that were meant to invent the means that would serve to create coalitions among human beings. However, if we examine the institutions that have survived over the past thousand years, we can allow ourselves this hope if we look at the university.
In order for the university to become an instrument of hope, however, hope must be recuperated within the university. This means understanding the university’s difficulties and limitations and formulating a new proposal along with new structures and work methods. Fighting to defend the university involves fighting to transform the university.
The right time is now
Of all Brazilian accomplishments in the second half of the twentieth century, perhaps the most important was the establishment of the university, especially the public federal university. This innovation was at least as important as industrialization, a telecommunications system, a transportation network and energy infrastructure. The university is a symbol of the Brazilian nation and the Brazilian people’s strength.
Initially, the university was the product of state support in the first decades of development. Over the last few decades, however, the survival and growth of the university have been the results of the university community’s standing fast in the context of a country facing enormous difficulties. When state protectionism ended in Brazil and there were holes in the roads, energy rationing and stalled industrial growth that caused businesses to fail, university professors, students and employees continued to grow. There were new classes and more openings for students that researched, graduated, published and invented. The late
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twentieth century Brazilian university graduate was an intellectual creator as well as a militant for survival in the middle of despondency.
This is what makes optimism possible when thinking of the future.
The twenty-first century has arrived and there is a consolidated critical mass ready to move forward. They have been plundered and they are discouraged. They still have the courage to fight, although their self-esteem is low. They still have the challenge of confronting emergencies although they know that the crisis is much deeper and involves the university proposal, structure, operating methods and financing activity. Most importantly, we have arrived at the beginning of the twenty-first century with a government that is committed to education even though there are not sufficient resources to attend to the demand. Above all, we are experiencing a unique moment in history, where Brazilian society seems to have woken up to the importance of education. There is still distrust in the role of the university, however. The university seems to be a society of aristocratic academics to many people when compared with the sea of individuals with very low educational levels in Brazil.
This all demonstrates that even in spite of, or perhaps because of, all of these difficulties the right time is now.
The university crossroads
The crisis in Brazilian universities coincides with the crisis in universities on a global level. Humanity is at a crossroads, facing a choice between:
• continuing the technical modernity that has been developed over the past two hundred years that has culminated in the brutal division between two dissimilar groups in terms of access to science and technology. This division differentiates between human beings not only in terms of access, but almost in terms of biological characteristics, or • an alternative ethical modernity that is capable of maintaining the similarities in the human race and guaranteeing scientific and technological progress to all.
This choice involves the university as well. Faced with this crossroads that involves a changing world, the university must choose between:
• Knowledge that previously represented accumulated capital and has become something that is fluctuating and permanently renewed or surpassed by obsolescence; • Teaching that previously took place through direct bilateral channels between the student and the professor in defined places like the university. This teaching now occurs through other recognized methods and takes place in a way that resembles waves flying in all directions over a sea of communications, and • Professional training that previously represented a firm place to stand in the fight for success. This training has become at best a life jacket that can be worn in a turbulent sea with waves of neo-liberalism, the technological scientific revolution and globalization.
Hope lies in the university at this crossroads. There is a demand for transformation and reinvention so that the university can provide an alternative project for civilization. Almost eight and a half centuries have passed since the creation of the university, and the university is standing in the middle of a civilization crossroads that will define the future. This will mean moving towards technical modernity with efficiency that is independent of ethics
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or choosing ethical modernity where technical knowledge is subordinate to ethical values. One of the most important of these values is maintaining the similarity between human beings.
The university must harmonize with this new direction in order to correct the loss of synchronicity that it suffered during the turbulent period that accompanied the change of the century.
The resource crisis and the crisis in the resource
There is no question that public universities have been badly mistreated by neo-liberalism over the past few decades. Brazil is a tragic example of this situation. During this period, Brazilian public universities lost power, financial resources and professors. There was insufficient growth in order to meet the demand for openings. In 1980 there were 305,099 registered students, and in 2001 there were 502,960. The growth of private universities, on the other hand, was amazing. In 1981 the number of registered students was 850,982. In 2001 there were 2,091,529 registered students. This represents an increase of 56%.
There were 42,010 professors at public institutions in 1980, and in 2001 there were 51,765. At private universities, however, the number of professors went from 49,541 to 128,997. If we compare the growth of the two systems, we will find that while the private system grew 62%, the public system grew 19%.
Lack of resources is a crisis indicator in the universities. Brazil is not an isolated case. Many parts of the world have experienced a change in the treatment of universities. The public university has moved from a position of being protected to being abandoned. There has been tremendous growth of private universities that are financed by private resources and indirect public interests. Many times this financing is clearly related to economic interests and not to the free spirit the university should promote.
However, in an in-depth examination of the crisis, the majority of universities have become the prisoners of their own immediate necessities. They tend to treat the crisis drop by drop with leaky roofs that do not reveal that the sky is falling. The university needs to transform the resource crisis into a resource that will incorporate the largest crisis in human knowledge into the destiny of mankind.
The size of the crisis must be understood based on the historical reality that served as the basis for the birth of the university. How the university has faced previous crises must also be examined in order to create conditions for change.
The loss of synchronicity
This is not the first time that the university has needed to change. However, the university has never needed to change quite so much as it does now. This is not the first time that the university has not seemed to notice the crisis. It is also not the first time that the university has had to overcome problems and reorganize in order to serve humanity.
The Brazilian university is a special place in terms of understanding the university crisis in today’s world. Brazil is different from rich countries that do not suffer the same kinds of financial difficulties and that are not surrounded so closely by social exclusion. Brazil is different from poor countries where conditions for survival are all that matter and the university is just another part of poverty. Brazil is an intermediate country where riches similar to those from the best universities in the world coexist with poverty that is similar to the poorest countries in the world. Brazil is neither Europe nor Africa. Brazil is a little bit of
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each of these continents. Brazil represents a portrait of our planet and of contemporary civilization. It is the best indicator for us to understand the direction the world is heading in and the direction the world should take.
In Brazil, we have the great fortune of having every imaginable crisis. We also have the strength that comes with adversity. We have all types of tragedies and all the resources to overcome them. Above all, we have the urgency that comes from knowing that we have to find solutions or we will sink. This is why the Brazilian university, along with other universities around the world, must awaken to a crisis that goes beyond the financial crisis. The university crisis is much larger than the proposals that exist in this rapidly changing world.
Universities, at the beginning of this century, have stopped representing the cutting edge of knowledge. They have lost their ability to guarantee a successful future for their students. They are no longer centers for the distribution of knowledge and are no longer used as tools for uniting mankind. Universities float somewhere in the middle of globalization changes and they run the risk of sinking ethically if they accept a divided society.
Almost eight and a half centuries have passed since the creation of the university. Universities should understand that changes are needed on five sweeping levels: (a) To return to the position of being the cutting edge in terms of generating knowledge; (b) To return to being a legitimate guarantee for a student’s future; (c) To return to being a principal player in terms of distributing knowledge; (d) To assume the ethical responsibility and commitment to a future for mankind that does not include social exclusion, and (e) To recognize that the university is not an isolated institution, but one that makes up part of a global network.
Knowledge is surrounded: in the mosques and the universities
The university was born nearly eight and a half centuries ago because of the loss of synchronicity that occurred in medieval mosques in light of the rhythm and type of knowledge that emerged in that world. The mosques were surrounded and they were not able to attract those outside with their preoccupations and work methods. They were imprisoned in dogma and defended their faith, interpreting texts. The mosques were unable or insensitive to the fact that there was a need to incorporate the leaps that were occurring in the thoughts of the day. Many times the mosques chose to return to classic Greek thought that had been interrupted a few hundred years before.
The university emerged as a place for new freethinking that was on the cutting edge of the era. These new places were able to attract and encourage the young people that decided to dedicate themselves to activities of the spirit in a way that was different from religious spirituality.
During the following centuries, the university flourished as a true center for the generation of higher knowledge in societies. In order for this to occur, however, the university had to constantly recycle, change and adjust to the wide variety of situations that occurred around the university.
At the end of the nineteenth century research centers for inventors operated independently from universities. University professors and students often looked down at these centers. Ford, Bell and Edison were not university students. In addition, universities did not recognize these individuals’ work as having any kind of intellectual merit. The university
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lost speed and fell behind while technical progress and technical knowledge moved on without the university.
In the beginning of the twentieth century, however, universities had the wisdom to realize that they were turning into modern day mosques. Instead of monks, there were undergraduate students. Instead of dogma, there was debate that was restricted to the traditional classical disciplines. Instead of involvement with the world of the mass consumer, there was aristocratic snobbery that surrounded undergraduate knowledge. Soon universities began to recycle and to include technical knowledge fields like engineering and applied sciences. In the middle of the century, the university was so recycled that the technological fields had become the dominant fields in relation to the traditional areas of Philosophy, Arts and Literature. Classics had been the center of university knowledge for many years and suddenly found themselves relegated to the group of much less important departments and treated like dinosaurs in terms of concepts and interests. Classics became a thing of the past.
The beginning of the twenty-first century shows that this optimum technological knowledge is becoming tied to higher-level knowledge once again. This is preventing the free leaps of the human spirit that must move towards a libertarian future. This future needs to be aesthetically rich and ethically just as well as epistemologically efficient. It must also include a broad reach in terms of the media and must be socially legitimate and universal in scope.
University knowledge is surrounded and is falling behind, falling out of touch in relation to knowledge and the demands of the social situation that lies outside of its walls. The university is currently experiencing a problem that the mosques suffered a thousand years ago and that the university suffered only a century ago.
The loss of synchronicity a) With the advance of knowledge - the loss of epistemological efficiency
The first loss of synchronicity in the university is found in the speed of knowledge progress in today’s world. Until recently, university knowledge was something that spanned generations without undergoing many changes. Medical knowledge and scientific theories progressed so slowly that a university graduate could easily carry the instruments of knowledge they had acquired for their entire lives. A diploma was valid for at least a professional life, and many times for longer.
This situation has changed radically.
The current speed of the progress of knowledge does not allow for graduates to be prepared unless they constantly update their training. No professional could still obtain his or her diploma five years after graduation. This is true sometimes even before they graduate. Many of the things learned have already become obsolete and have been replaced by new theories, information and knowledge. Knowledge makes such rapid progress today that specific fields reflect internal changes and new fields are constantly created.
The university has been making an effort to incorporate these changes, but it has not been able to manage. The structure of the courses, the length of doctoral programs and the constraints of individual departments are preventing that knowledge advance within the university at the same pace that knowledge advances outside the university.
This causes many people to produce knowledge outside of the university. This is a surprising phenomenon for those who remember the strength that the university had just a short time ago. In the past, few professors or researchers worked outside university walls. It was impossible for a young person to pursue cutting edge knowledge without the help and guidance of a university professor. This has changed in recent decades. A variety of fields of
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knowledge have developed outside the university. This has taken place within businesses that maintain their own research centers and in higher learning institutions that go by the name of corporate universities as a way of showing that they provide higher education without teaching the same thing that traditional universities do.
These para-universities exist because traditional universities did not fulfill their role. They fell behind in terms of generating knowledge and they became out of touch in terms of the type or quality of the themes they developed or taught. If traditional universities do not recognize this and change direction, they will no longer be useful. This is what happened to the mosques a thousand years ago.
The resource crisis is partly caused by government indifference and has a lot to do with the loss of synchronicity in the university. The opposite is also true, however. If universities had continued to clearly fulfill their role of being on the cutting edge of all types of knowledge, these para-universities would not be emerging and proliferating at their current speed and the State would not have stopped supporting public universities.
b) With the distribution of knowledge – the loss of media reach
When America was discovered, universities had already had decades to develop and teach new maps of the world. Today, when any new phenomenon is created or discovered, almost everyone in the world knows about it at the same time. In today’s world maps are created the minute the geography changes. This makes universities fall behind in terms of distributing knowledge.
The attentive young person that surfs the Internet, watches special programs on television and visits special chat rooms can sometimes be more knowledgeable than his or her professor is about certain types of information.
Knowledge has become urgent and simultaneous. It is urgent because of the speed involved in its creation and it is simultaneous because of the speed of its distribution. The entire world has become one huge school for those that are paying attention and behave like permanent students.
In the Socratic pre-university, the professor was the almost individual tutor of a small group of students. Even when these students met in debate rooms – Greeks, Romans, Byzantines – the number of students was restricted. The professor’s loud voice had to reach them with no visible support. Centuries later, the use of the blackboard caused a revolution. For the first time, visual resources were used and allowed for more students to be reached. Even with this innovation, the student had to appear in class in order to learn. The student had to be present and look into the eyes of the teacher and see the drawings and words that the teacher used. The use of the microphone slightly increased the number of students but teaching continued to occur within the classroom in buildings that were designated as university structures.
Quite recently, modern electronic media resources have emerged allowing for distance learning. Almost all types of knowledge, especially for university adults, can be taught today without the physical presence of a teacher. The classroom is no longer a square room with walls. It is open and has an Einstein dimension in terms of time and space. A student can be anywhere and so can the professor. They can be synchronized in different times.
Some universities have been making an effort to incorporate this new reality. They still haven’t managed to capture or accept the reality that the walls of any campus cover the entire world. Universities have not made a compatible leap in terms of today’s technical
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reality so that the university can become truly without walls and connected on-line in order to distribute new knowledge to the world on a real time basis.
c) With the efficiency of the diploma – the loss of social promotion
Not too long ago, universities had the role of serving as social promoters for their students. A diploma was the passport to a secure future for any young person. This situation has changed.
Over the last two decades a university diploma has lost its usefulness. It is no longer a secure passport for success. Millions of young graduates are unemployed all over the world. This is caused by an excess of professionals and by the rapid obsolescence of what they have learned.
The university, however, has not fully incorporated this reality. Instead, the university has criticized the market instead of understanding that this reality requires new fields of knowledge and new knowledge within the older fields. Above all, speed in training and recycling students is a primary priority.
Today the university is undergoing a crisis that started in the beginning of the twentieth century, when the university refused to understand that the situation demanded more graduates from technological areas than from liberal arts areas.
d) With the excluded – the loss of the role of building a utopia
During the nineteenth century, Brazilian centers of higher education coexisted with the slavery regime. There was little demonstration of dissatisfaction or protest, much less a fight for abolition. Most of the university community watched the absurdity of slavery without blinking and used their knowledge in Law, Economics and Engineering so that the system could function efficiently.
In the twenty-first century the Brazilian university looked on impassively and collaborated in making Brazil a divided country. The division was between those that benefited from modernity’s products and those that are excluded from these benefits. Today, the university deals with poverty in the same alienated fashion that it did in the nineteenth century in relation to slavery.
The Brazilian university is merely a portrait of the global university. The same way that the Brazilian university is alienated from the poverty that surrounds it, the European university is alienated from the global tragedy.
In the twenty-first century, the century of globalization, the university lives with the tragedy of a humanity that is split into two parts. On one side there are those that are included in the technical advantages of the modern world and on the other side there are those that are excluded. The iron curtain was pulled away and the world has become divided by a curtain of gold built to some extent based on university knowledge that benefits only one of the sides of the division. The current pace of the evolution of the civilizing project will leave humanity divided into two parts that will be so different they will not even be seen as related. This will occur within the next few decades and will occur in part thanks to the work performed by those that go through the university system. Law favors the rich, Economics benefits a specific part of society and Biology can be used to create tools that can provoke mutations in human beings for the benefit of just one part of the human race, destroying the similarities among us that still exist.
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The university is now concerned with technical knowledge and has left ethics behind. The university can be used as one of the tools for the construction of a global division.
Until recently, universities trained professionals that directly or indirectly promoted economic growth and an increase in social well being as well as serving as tools for distribution of wealth and social benefits.
Beginning in the 1990s, the excluding civilization model caused professionals from universities to cater exclusively to one side of society: the side of those included in social benefits. Society began to divide on an international level and two sectors became distinct in countries all over the world. One sector is made up of those that are included in the goods and services that are offered by modern technological advances. The other sector is made up of the excluded masses.
The product of scientific and technological knowledge from universities catered to the privileged minorities in other areas as well. The use and consumption of this knowledge also became restricted to these elite minorities. Universities served a specific part of society while ignoring the other.
Classes offered at universities have little to do with the masses. Economics courses look for ways of increasing wealth and rarely study overcoming poverty. Medicine courses are more concerned with protecting the rich from dying or getting old than with preventing infant mortality. Architects are interested in building mansions and buildings for the rich and almost never invent solutions for the housing problems of the poor. Nutrition courses place a lot of emphasis on how to make fat rich people thin rather than how to make thin poor people fatter.
Each field of superior education ignores the masses. This occurs through omission and through action. Society has chosen exclusion.
This situation has not occurred simply because of one situation. Another example of this reality can be found in the struggles of the university. In the 1960s the university was a revolutionary figure, seeking to improve society and build justice. Today the universities fight basically to maintain their own interests. Public university students are concerned with public financing and private university students are concerned with lower tuition and tax exemptions for graduates.
This is not the first time in Brazilian history that higher education courses illustrate alienation in relation to the poor. It was a sad moment in Brazilian history when the university made little or no contribution to the abolition of slavery in the nineteenth century. In Brazil, abolition was helped by the efforts of politicians, poets, journalists and even nobility. There were few abolition movements in the Law, Medicine, or Engineering schools of that time.
This changed in the twentieth century with the social promise that wealth benefited everyone and that wealth would increase through the distribution of a growing number of jobs. Fighting for this utopian society of riches became part of the university agenda in an effort to provide wealth to everyone. The university became a revolutionary.
The reality of the end of the twentieth century and the beginning of the twenty-first century has turned out quite differently. There are ecological limits on growth and technology has caused unemployment. Limited access to the valuable products in our modern world has shown that only a small portion of the population benefits from economic growth. The university has returned to the alienation of the nineteenth century and poor people are being treated like slaves again.
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Even when the university claims to take on the problem of the excluded, it is often just a sham. University entrance exams favor the included, the rich and the middle class. The excluded do not take part in preparatory courses and do not pass entrance exams that would allow them to enter the university doors through more openings or minority quotas. The university is not concerned with changes in structure or in coursework that would benefit the excluded that do not have the means to enter the university. Universities defend reform that benefits individuals that have completed high school and are unable to pass the college entrance exam without addressing changes that would involve university commitment to improving basic education.
It is as if the university has clearly chosen one side of society and thinks of the excluded only when they are conveniently close to the university. These excluded never include the truly excluded. It is as though benefiting a few representatives of the excluded frees the university by incorporating a few token representatives into the world of professional graduates. There is never true liberation or complete abolition of exclusion for those that do not have access to the services of these university graduate professionals.
This reality suffocates the university. University students are ashamed and deny what is really going on or demonstrate discomfort without making any effort to change the situation. That is why the university needs to recuperate ethical synchronicity with the true interests of the people.
e) With the world – Lack of incorporation in globalization
In Europe, the university was one of the first global institutions. University professionals travelled widely and exchanged information. Universities made up one of the most impressive networks of international connections in the past. However, this is no longer true in light of the current global situation. University diplomas are nationally protected, professors belong to specific universities, and libraries often do not distribute their knowledge, although they are often automatically tied to technical areas and bypass decision making processes, at times even working against administrative efforts.
Professors often mistake travelling for integration. In reality, the twenty-first century university must be integrated on a universal basis.
The twenty-first century university has not managed to understand its position in the global situation for fear of losing its specific nationality. Universities are divided on this question, feeling that they must totally deny their national specificities or defend themselves from external interference that denies today’s reality of global knowledge.
Refounding the university
Almost eight and a half centuries have passed and the university finds itself in the middle of a technological revolution in a world divided internationally. The university is in need of a revolution. There are at least seven areas that should guide this revolution.
a) The dynamic university
The university can no longer view knowledge as something that is static, long lasting or compatible with a teacher’s life span. Today knowledge is mutable the instant it is created and the university must incorporate this into the role it plays.
Discours et interventions 67
To accomplish this:
• A university diploma should be revalidated The university of the twenty-first century can not be responsible for a graduate’s knowledge just a few years after graduation. This is why a university diploma should require that students recycle their knowledge throughout their lifetimes.
• University should be permanent In reality, the university should extinguish the concept of the graduate. A university student should be permanently tied to the university, on line, getting knowledge during their entire life in order to avoid obsolescence.
• PhDs should be updated Degrees should be updated not only for undergraduate students, but for graduate students as well. Today doctorate students finish their theses and have a title for the rest of their lives without being required to demonstrate its validity. In the modern world this title often becomes something that demonstrates valuable work that was performed at a specific time. A degree could take on historical value in the same way that an athlete’s medal does. Often this degree has little to do with updated knowledge in fields that are changing each second.
• University professors must take periodic qualification exams If students’ undergraduate diplomas and doctorate degrees need to be updated, professors cannot secure their positions based on old qualification exams. It would be correct to require university professors to update their qualifications according to deadlines that allow them to demonstrate updates on their knowledge.
• Flexibility in length of course duration On the one hand, a student can never completely finish a course. On the other hand it isn’t possible to define fixed periods of time to finish the basic requirements necessary to practice a profession. Twenty-first century universities can no longer have fixed lengths for courses. Students should be able to take advantage of exams and courses that define whether or not they are qualified to practice their professions. This should take place according to their abilities and the time they need to complete the requirements. With new teaching and research methods the time a professional needs to complete their studies can vary greatly. Due to new pedagogical methods and communication and computer equipment, less time is needed to complete university than was needed a few decades ago.
Some students progress more slowly and others progress more rapidly. Not one of them needs as much time as their parents did, however. This is even truer in the case of post- graduate courses. It is simply impossible to be in synch with the advanced speed by which knowledge develops while taking years to finish a doctorate. Today, many doctorate theses are already outdated by the time the thesis is defended. There are so many information sources available for research that involve computers and international networks that a doctorate thesis takes much less time than it did before.
The current dynamic in the progress of knowledge also means that an extremely long doctorate often means an obsolete doctorate for other students in other parts of the world. It can also mean an incomplete doctorate due to the impossible task of always wanting to remain in synch with the newest knowledge in the area.
Post-graduate studies do not require as much time as they used to. The finished product simply does not improve directly with the amount of time dedicated to it.
68 Discours et interventions
• Bibliographic references should be included on line with books in development and authors The development of many books today takes longer than developing the theories that they contain. A university based on printed books is a university that has fallen behind in terms of groundbreaking knowledge. While reading and studies should take place in the classic texts of a specific area, the reading of texts that are in development must also be encouraged through permanent dialogue between students and authors.
b) Unified university
Globalization will eliminate the frontiers between universities. Universities will exchange professors and students and will also have access to all professors and all students. According to the UNESCO Annual Report of 1997, the global university has 88.2 million students and 7 million professors. Today there are thousands of universities but soon there will be only one university integrated by all modern communication methods available. There will no longer be language barriers thanks to mechanisms that are already available for automatic translation on Internet.
With this global network the idea of limiting a student to a specific course in his or her university has become antiquated and inefficient. Every student can make up his or her own course program and select professors and classes on a global level in a network that includes the whole world.
The university has become a single unit.
c) University for all
The university has become a unique entity and should be open to everyone. There is no longer any reason to require entrance exams or even a high school diploma. For those that are physically present and studying on campus, the entrance exam is a condition that is imposed because of physical space limitations and elevated tuition costs. With new teaching methods that include distance learning, the university can reach a huge number of students and accompany their progress. Students will be excluded if they cannot keep up with the coursework, not because they are unable to pass entrance exams.
The entrance process should change for those who are physically present for their courses as well. What a student memorizes in high school is not enough to ensure whether or not that student will be a good university student. The current exams do not reflect a student’s capacity to capture knowledge or to deal with the great quantity of knowledge that exists in the world and change the received knowledge into something that can be re-used in new ways and in new contexts. This is why it is fundamental to accompany a student’s progress during high school. It is also essential to define selection exams that demonstrate a student’s ability to capture and develop knowledge instead of exams that demonstrate a student’s ability to answer questions that require simply memorizing answers.
d) Open university
The twenty-first century university will not have walls or a physically defined campus. The twenty-first century university will be open to the entire planet. Classes will be transmitted over television, radios and Internet in a way that will no longer require students to be on the
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same campus or even in the same city as the professor. Professors will be able to maintain permanent dialogue with their students around the world. e) Three-dimensional university
Universities that are organized by subjects that are based on categories of knowledge are incapable of responding to the demands required by the rapid changes in knowledge and by the social revolution that we are experiencing at the beginning of this century. Knowledge changes each day, new fields emerge and others retire in a world where the social situation has built a divided world. Universities have to discover a way to restructure that includes centers for researching current issues as well as the traditional departments and fields of knowledge.
There is no reason why a university should not have mechanisms for linking reality to studies in the form of Study Centers for Hunger, Poverty, Energy or Youth in a way that will create intellectual connections with reality. This could occur through issues based multi- disciplinary centers like Jobs and the Environment for example.
Issues that exist in today’s reality but that do not also fall within defined categories of knowledge could be explored in the twenty-first century university that must be organized in a multi-disciplinary fashion as well.
The university of the next few years has to connect students around the world in order to link aesthetic activities to ethical debate. This could be accomplished through the creation of Cultural Centers.
With departments, Issue Centers and Cultural Centers, the twenty-first century university will be three-dimensional and will train three-dimensional professionals. This will involve specialists in specific fields of knowledge that are also committed to understanding a pragmatic theme and practicing one or more activities that are linked to humanistic ways of thinking either in the arts or philosophy.
f) Systematic university
The university of the future is universally tied to all universities. However, the university of the future must also be linked to the system that creates knowledge. The university should incorporate private and public research institutions and all non-governmental organizations that are related to the creation of knowledge. Every liberal professional office and every industry that performs research should be part of the university system.
The university will serve as the family of all those involved in the task of the advancement and distribution of knowledge.
Almost eight and a half centuries have passed since the university was created. It is time to take the necessary leap in order to fulfill the role of the university in the midst of the immense riches of the twenty-first century.
g) Sustainable university
Universities should be public institutions, whether owned by the state or privately.
The university cannot die because of a shortage of public resources, nor can it refuse private resources from investors. This is why:
70 Discours et interventions
• The university should be financed with public resources in order to guarantee permanent sustainability in a context of social interests, above all in areas of knowledge that do not have economic returns. These include training basic education teachers and the arts and philosophy fields;
• The university should be open to the possibility of receiving resources from the private sector wishing to invest in institutions whether they are private or state owned, and
• State and private institutions should be structured in a way that will serve public interests without becoming prisoners of the corporate interests of students, professors or employees. In the same fashion, private universities should be private in terms of physical installations, but the academic community should control academic organization. University owners can remain owners in terms of patrimony, but deans should be selected based on academic merit.
2. The Brazilian university
The Brazilian university was the last to emerge in Latin America. Ironically, with the aim of awarding a title of Doctor Honoris Causa to King Leopold of Belgium, during his visit to Brazil in 1922. If it hadn’t been for that visit and the innocent vanity of a monarch or the whim of one of his courtesans, the Brazilian university would have taken another 10 or 20 years to exist1.
This goes to show the capacity the Brazilian elite has for obscurity and servility.
One hundred years after independence and thirty-three years after the founding of the Republic, there was still no university in Brazil. It was created to attend to the needs of a European King.
We have never quite freed ourselves from this original sin.
Between 1922 and 1934, the University of Brazil and of King Leopold, in Rio de Janeiro, was the sole and precarious university institution, although there were a number of higher education courses in the country.
The first large university in Brazil emerged in 1934. This university did not emerge because of a Belgian King and was not tied to servile Brazilian politicians. The University of São Paulo began through the efforts of Brazilian intellectuals that were linked to French intellectuals. Brazil began to look inwards instead of outwards. Servile politicians began to be replaced by academic intellectuals although they continued dependent on the exterior. They were not servile anymore, yet they were strongly influenced by the exterior.
Between 1935 and 1964, the Brazilian university grew, but it did so without strength or the leap that Brazil required. During this period, the number of students went from 27,501 in 1935 to 282,653 in 1970. The number of professors went from 3,898 to 49,451 in 1980. Among these, however, only a few had post-graduate degrees.
In the early 60s, Darcy Ribeiro and Anisio Teixeira created a new idea for the university in the new Brazilian capital, Brasilia. This experiment was interrupted by the military takeover of 1964.
1 It should be noted that the current Federal University of Parana had been planned for ten years as the University of Brazil, currently the Federal University of Rio de Janeiro. From the point of view of explicit development on a national level, the first university began in Rio de Janeiro in 1922, thanks to King Leopold.
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In 1964, the Brazilian university was destroyed and also founded in a paradoxical twist of fate. It was destroyed by the forced retirement of hundreds of professors who were exiled or expulsed. Many students were even killed during the fall of liberty that took place during the military takeover. At the same time, the university was founded under a modern re- structuring that was based for the first time on an effort to nationally integrate the university system. This included widely available financial resources and support for construction and equipment. Above all, this process included training young students on a massive level by providing scholarships to study abroad in masters and doctorate programs in foreign universities.
This possibility was consolidated in 1968 in the reform performed by the military government with America assistance. This was not the servility of 1922, nor was it the intellectual co-operation that had occurred in 1934. The reform was not orchestrated by French intellectuals, but by American involvement sponsored by the military dictatorship’s authority.
The modern Brazilian university was the product of the military regime and North American technocracy. This sponsorship and protection allowed the Brazilian university to make an enormous leap in terms of quantity and quality between the years 1964 and 1985. This was probably the greatest leap to occur in the area anywhere in the world. It was as if we wanted to make up for 500 years we had lost. There was an admirable increase in the number of institutions and also in the number of students and professors. This was especially true in relation to professors with post-graduate degrees (masters and doctors). In 1985, there were 37,629 professors who had masters and doctors degrees in Brazil.
Beginning in 1985, the reinstatement of democracy brought back liberty. This included the right to choose university directors and direct elections for deans. It also brought about a strong restriction in financial resources, however, and the public power of the public university was abandoned. In 2003, the federal universities in Brazil find themselves nearly bankrupt. These twenty years have seen every advance, victory, improvement or growth come from the result of a long hard fight against political powers on the part of professors, students and employees. This has taken place through over three hundred strike days in the school years of 1985 and 2002. Without these strikes the federal universities might have already closed or been abandoned. Yet the consequences of these strikes have been extreme exhaustion. They demoralized the universities in terms of public opinion and ripped the social fabric that existed between the students, professors and employees.
This same period brought about a change in the Brazilian university profile. Universities went from being primarily public institutions to being primarily private ones. This can be seen in the surprising growth of the private sector and in the unexpected internal focus of the State university in terms of defending its own interests in order to survive. The university has become a private entity in two ways. The first is that private universities have predominated in terms of total numbers of students. The second is that the public universities have lost their national social project.
The Brazilian university went private because of a vicious cycle. There was a lack of public resources to support universities. This caused the deterioration of installations, equipment and salaries. Then came strikes in order to remedy this situation. These strikes caused an increase in private universities that then caused an increase in discontent and demoralization that culminated in the lack of a national project. This occurred in a country that moved from development concepts to neo-liberalism, from protectionist policies to openness, from uncontrolled inflation that financed public spending to rigid control of public spending by international agencies. When this equation is added to the lack of a national vision of the future, everything contributes to a huge crisis in the Brazilian university. In
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addition, the previously mentioned international university crisis also contributes to the predicament.
Along with the positive fact that the public university’s numbers have increased along with their almost heroic capacity for enduring, the beginning of the twenty-first century shows that university quality can be criticized. There is strong corporate activity and an unfortunate lack of academic motivation. There are strong alienating interests in the population as well as a huge identity crisis in institutions around the world. At the same time, the institution is receiving a spirit of eagerness to study from Brazilian young people graduating from high school in a way that has never been seen before.
This is the portrait of a situation that is at once adverse and stimulating. Growth is needed in order for Brazil and Brazilian universities to begin a new century with a government that is committed to political policies that will make the university an important part of the world. This requires:
• attending to the emergency requirements of a heroic, yet abandoned institution; • organizing a university system that finds itself in chaos owing to uncontrolled growth of the private sector and shrinking of the public sector; and • refounding the university according to the demands of the historical moment mankind is experiencing.
Reorganization of the Brazilian university system
Over the past few years, the Brazilian university underwent rapid and surprising growth, especially in private institutions.
Number 1985 2001 Universities and Higher Learning Institutions: Public 233 183 Private 626 1,208 Total 859 1,391
Students: Public 556,680 939,225 Private 810,929 2,091,529 Total 1,367,609 3,030,754
Number 1985 2001 Professors: Public 64,449 90,950 Private 49,010 128,997 Total 113,459 219,947
Uncontrolled growth demands immediate reorganization. This is different from handling emergencies and should be performed above all in the public universities. Reorganization applies to the entire Brazilian university system.
The Brazilian University System
Despite the creation of a Federal Brazilian university system that began in 1968 and was reinstated in 1985 through the establishment of equality standards and the creation of a
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common evaluation system, the Brazilian university is still not yet a system. A set of norms must be formulated in order to regulate this system. This must include all public and private universities and must incorporate every agency that is part of the production system of higher learning. This includes research institutions, businesses, hospitals and public ministries in addition to higher level professional training institutions.
The Brazilian university system should act to guarantee autonomy for every agency, but should also create a harmonious working group that is able to function with synergy and avoid the disperse quality of the present situation.
Regulating transfers
In a global world like ours where each university is a part of a universal total, the Brazilian university still has no inter-communication in terms of student transfers. Currently, there is discussion of the possibility of a student taking courses in different universities simultaneously. However, it is still difficult for a student to change universities. This is not because of the college entrance exam. It is because of incompatibility in curricula.
Increasing the number of places
Despite the increase in the number of places in Brazilian universities, there is still a very small number in light of the existing demand. The Brazilian university has to increase the number of places over the next ten years in a way that would at least double the number of students. In order to do this, additional resources are required in addition to changing teaching methods in a way that will increasingly adopt distance education systems.
Racial quotas and public schools
In a country where half of the population is of African descent, there is no moral justification for the existence of a white elite. The abandonment of public basic education in Brazil and the fact that few youths graduate from high school are the main factors responsible for this reality: by excluding the poor from secondary education, society excludes mainly blacks. The solution to the immorality posed by the white stain on the Brazilian elite is to invest massively in the universalization and in the improvement of basic education. Until this is done, however, the university must help change the shameful situation in the country, where most people are black but hardly any black students attend college. Because it serves as a springboard into the elite, the university is responsible for the moral deviation that has taken place in the Brazilian society over the past one hundred and fifteen years since slavery was abolished. This is why there can be nothing more appropriate than increasing the number of black students.
This will not make the university more just from a social point of view since only middle and upper class blacks will benefit from it. Nevertheless, it will turn the university into an institution that will help change the whiteness of the Brazilian elite. In order for racial quotas to play a social role as well as a racial role, only black youths who attend a public school all through high school should have access to the benefit. This, however, does not mean that the poor will benefit from these quotas since in Brazil they rarely finish the 8th grade and hardly ever graduate from high school. Nevertheless, there will be social gains for the lower middle class.
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Creation of new funding sources
The Brazilian university is currently undergoing a serious financial crisis: public universities can not count on support from the government and private universities are faced with high default rates and students who can hardly afford to make tuition payments.
Brazil can not let go of the commitment to provide free education at all levels, including higher education. The fact that seventy-five per cent of all students attending college go to a private university can not be ignored, and the country can not depend on traditional governmental budget to fund the remaining twenty five per cent that attend public institutions. If this path continues to be followed, the public university will become a mere appendage to the Brazilian university. If registration rates are kept up in terms of the number of students that register in private and public universities, in ten years only ten per cent of all students going to college will be attending public institutions. This scenario will not be a positive one for the future of Brazil and for science and technology in the country.
Brazilian universities need sources to ensure that they operate without crises, without the need for going on strikes. Their principles should be based on democracy, efficiency and ethics. This should be true both in relation to funding sources and to the use of resources. These principles should be put into practice and all possible sources must be taken into consideration, both public and private. This includes resources from the national treasury and specific contributions from special funds or from permanent funds. This is how state universities in the State of São Paulo are currently financed.
Evaluation of all institutions
The establishment of an evaluation system was one of the steps taken by Brazilian universities. However, this system is still imperfect and incomplete, as it has been for the past few years. The reorganization of Brazilian universities will demand that a new evaluation system be created, one that makes it possible to do more than just rank universities as if they were taking part in a competition. The purpose of this evaluation system should be to point out the qualities and weaknesses of universities and to make it possible for them to improve and play the role society expects of them.
The increase in the number of educational establishments can not be considered negative. The greater the number of schools at all educational levels, the better. This is true as long as these establishments are institutions that can truly attend to the need of society for university-level knowledge. They should also attend to the need for social inclusion of students in the country and city where they are located. This has not occurred with all of the new private educational institutions that have been established in the past few years, however.
It is an obligation of the public sector to prevent business people from falsely selling diplomas as sure passports for success. It is important for the whole system that universities be evaluated and that their positive results as well as their negative aspects be shown. This is especially important for the universities themselves and for the students that attend them. Students must know the real value of the diplomas they receive in exchange for the payment of their tuition fee, and society has a right to know the kind of professional university graduates can be.
The government wants to coordinate the evaluation of all universities together with the sector itself. The government believes that the evaluation of the potential of each institution is in everyone’s best interest. This evaluation should be public and information regarding it should be made widely available. It should also be participatory in the sense that the community should be heard. In addition, it should be corrective in order to improve the
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institution and the system, and it should be comprehensive rather than limited to the evaluation of only a few aspects of the university.
Planned freedom
The state must not limit the number of establishments whose purpose is to provide educational services. However, there should be public regulation and new universities and higher-education centers should follow rules. In addition to periodical evaluations, the government is considering defining locations and fields of study for new universities and choosing new regular universities through bidding. Authorizations would be granted to the ones that could better meet the objectives of the public sector. These objectives are the following: training teachers, lowering teacher/student ratios, increasing the number of scholarships, lowering tuition fees and adopting racial quota systems.
Free universities
In addition to regular universities, the government must encourage the creation of free universities whose diplomas are not recognized by the state. The greater the number of free universities, the better for the intellectual life of the country. Without the illusion of a regular diploma, it is possible that some of these centers will end up being respected for the accomplishments of the professionals they train.
Autonomy: to change or not to change
It is necessary to discuss the role of the university at the university itself. This discussion is even more important than discussions about the crisis affecting the university.
The university has to fight to prevent small problems. It is not enough to deal with these small problems, however, without looking at the big picture.
Just as I presented what the government has considered doing in order to help the university get over its problems, I will give my own contribution to the discussion about the leaks in the dyke, as these leaks pose a threat even if the dyke is in good shape. I will do this more as a thinker who loves the university than as a minister.
The government will not demand that changes be made. The university has to be an autonomous establishment, even if this means that it will follow traditions and ignore the changes that are taking place. Autonomy means doing what seems right whether it is right or wrong. The government believes that it is worse to impose changes from the outside. Even if these changes are right, it is best to respect the old fundamental principle of autonomy.
However, it is the duty of the Ministry and especially of the Minister of Education to encourage internal discussions at the university in order to foster the changes he believes are right and should take place.
The principle of autonomy should not be ignored, but it should not be used as a shield to protect ministers who are intellectually cowardly or politically opportunistic.
Due to these two reasons, I propose the following outlines for what I believe may be the necessary reforms to the refoundation of the Brazilian university. These reforms will foster the refoundation of the university if they are adopted by universities through the discussion that needs to take place.
76 Discours et interventions
Refoundation of the Brazilian university
The establishment of the university resulted from the lack of willingness to change on the part of medieval mosques. These mosques kept the same structure, the same methods and the same admission and permanency requirements although outside of their walls there was a world of new ideas and new customs to be explored. This was the reason behind the creation of the university. If mosques had changed and focused on unreligious knowledge and on the promotion of logic and science, they would have continued to be learning centers and universities would not have been created.
The Catholic Church, had it wanted to or tried to understand the messages throughout the centuries concerning its need for modernization, would have prevented the Protestant Reform, which happened in the sixteenth century. It was mainly due to its insistence on the accuracy of its interpretations, on the perfection of its institutions and on the strict nature of its rituals that there was a great catechization movement and a new religion that followed the same Christian principles was created. The same may happen to the university in one way or another: it may either be replaced by other institutions which are changing it from the outside or it can transform itself. The transformation would involve broadening the scope of the university’s fundamental principles through progress in higher education, establishing tools to free humanity and increasing intellectual and material riches. It would also involve broadening the horizons of equal opportunity for all individuals in society, especially youth, no matter what social class, race or gender they are or where they come from.
Throughout the past eight and a half centuries, the university has been refounded a few times. A secular institution can only survive if there is a very good reason for its existence and if it has a great deal of capacity to change and adapt to the demands of each historical moment. Armies, which have existed longer than universities and kept the commitment to defend their countries, have undergone several changes throughout history. Churches, on the other hand, tend not to adapt and to keep their dogmas intact, and this causes breakdowns and divisions. They separate through reforms so they will not be refounded.
Due to its autonomy and to the inexistence of dogmas, the university, more than any other institution, must refound itself whenever the need arises.
The last change the Brazilian university underwent took place at the end of the 60s, in the twentieth century. This change occurred due to the military regime and to American influence in the form of the Ministry of Education-USAID agreement. Since then, until the beginning of the twenty-first century:
• The military regime has ended; • There has been no official censorship on any kind of intellectual activity; • Brazil has become a democracy and has even elected a president who used to be a metal worker and whose party is clearly leftist; • Universities have been reorganized into corporate segments. These segments quickly discovered how much power they have. This would have been unthinkable a few years back. They have used this power with an intensity that governments and society never thought possible; • Deans are directly elected; • Last century’s fights for utopian ideals have disappeared or turned into tools in the hands of few militants;
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• Economic growth started to destroy jobs instead of creating jobs. Fewer people started having access to some products, which became more profitable because their prices went up and not because they became cheaper and the number of consumers increased; • For the first time in history, young people began to have a more economically difficult life than their parents; • Young people were abandoned and became the orphans of neo-liberalism; • Some young people started using drugs in order to fill the void caused by the lack of objectives to fight for and opportunities for personal growth, be they intellectual, economic or spiritual; • Science went through the most groundbreaking revolution it ever has with biotechnology, genetic engineering, computer science and microelectronics; • New fields of knowledge have been created and are constantly established in the learning world; • Other fields become obsolete and disappear just as fast; • Scientific truth and the efficacy of techniques last less and less time; • The world has become globalized. Information is distributed instantly, economic power is in the hands of a few people who own the planet and products and techniques are available at the same time all over the world; • One single undoubtful national power has become aware of its power, its role, its ambitions and its intention to police the world and to force all nations to follow its principles of political democracy and economic liberalism, and even its religious values; • There was the fall of the Berlin Wall; • The map of the world is being redefined; • Intelligent weapons started being used in wars; • The poor, especially in Africa, have been abandoned by powerful world leaders. They rely not only on progress, but also on hope;
• All over the world and in each country, the social system recognized the reality of exclusion through separation rather than through a proposal for the redistribution of wealth; • Customs have changed everywhere. This is true for almost everybody and certainly for all young people, especially in terms of their sexuality; • Minorities started having their rights recognized, especially women, homosexuals, Indians and blacks; • Culture has become universal, but cultural diversity is now seen as a right; • Fundamentalism, religious or economic, is attained through power; • North-Americans were defeated for the first time after a long war in Vietnam. However, they were involved in a number of short victorious wars, thus setting the world under their control; • Local problems became universal and took on catastrophic dimensions.
These problems include drug use, the power of drug dealers, terrorist weapons, the dissemination of diseases and the power of the financial sector.
Despite all this, the university has done little to change the world. All of the changes above occurred after the last reform of the university took place in Brazil.
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The Brazilian university has remained basically the same in relation to its fundamental aspects.
Number of places and admission requirements
The Lula administration is seriously committed to the goal of universal secondary education for all young people in Brazil by 2010. Due to this, there will be a demand for more places at universities. Public universities, especially, will have to double the number of places they offer in the next five years. This will not be possible if the university entrance examination continues to be an admission tool since it works as a barrier rather than as a fair selection process. Also, this will not be accomplished by increasing the number of chairs in a building, nor will it be accomplished by lowering the level of quality that has been achieved by the university.
The path we propose is divided into four different sections:
• Considering the adoption of distance education for undergraduate students, making no distinction between the diploma these students receive and the one students who attend regular classes receive. This could be a way to increase the number of places without affecting the work of research-oriented professors;
• Considering the adoption of selection processes that take place in high school. This has been happening through a system developed by the University of Brasilia – UnB. This system is called Serial Evaluation Program – PAS and was adopted by the Federal University of Santa Maria, where it is being improved under the name of Higher Education Admission Program – PIES. It was also adopted by the Federal University of Paraíba, where it is called Serial Selection Process – PSS;
• The community and specialists should carefully consider giving basic subjects like math and Portuguese greater consideration since they serve as a base for the development of knowledge in all areas;
• Considering the possibility of adopting racial quota systems in order to redesign, democratize and correct race-related inequalities in terms of opportunities. This will also make public schools stronger.
Structure
In today’s world, it is no longer possible for the university to be divided into departments. New fields of knowledge and commitment to the reality of society demand that a multidisciplinary approach be followed. The distribution of knowledge and humanist feelings at the university will not occur through subjects taught within the restraints of different departments.
We suggest that the university consider a change in structure along the lines of what has been done by a few universities for decades now: Issue Centers and Cultural Centers should be created.
With these Centers in addition to the Departments, the university will be a three- dimensional structure and will serve as a base for training professionals at three different levels. Knowledge will be acquired at the Department. Social and ethical commitment will be developed at the Issue Center. Aesthetic tastes will be enhanced at the Cultural Center.
Discours et interventions 79
Constant training and flexible length of courses
In today’s world, thirty years after the Ministry of Education-USAID reform orchestrated by the military, careers become obsolete in just a few years if professionals do not constantly update their knowledge. This is why the university must urgently consider the possibility of keeping a permanent follow-up training system that former students can use until the end of their professional lives. In the future, there will be no place for former students. All people will be students permanently, or they will not be professionals.
The path to be followed is the creation of several permanent distance education systems for students who have already graduated from the university.
With their provisional diploma, graduates receive a code to access the permanent education systems at the university. They can check for innovations in their field of knowledge, get information on recycling courses in their area of work and even decide to change fields, professions or specialties depending on the evolution of knowledge.
The university should become a permanent institution in the lives of graduates, who should continue to be students. The possibility of making the amount of time students spend on campus during their academic lives more flexible should be considered. If students can be constantly in touch with the university, they would not have to spend as much time on campus as they do now.
With all of the modern inventions involving means of communication and pedagogical tools, it is not possible that the university still needs as much time to train a professional as it did one hundred years ago, when these careers were first created. The university can not continue to ignore the existence of new teaching methods and tools. It must seriously consider the possibility of reducing the amount of time necessary to train students. This is true, if not for all, for many of the courses offered.
Connection to society
The connection the university should have with individuals will not be made through the universalization of admissions. Only those who finish secondary education would benefit from this and it would lead to a decrease in quality. Field work, with the exception of cases in which there is a different method for each student, is not the solution either because it has turned into a form of assistencialism.
The current administration in Brazil wants to go from assistencialism to abolition. The university does not get closer to people through assistencialism.
This can only be accomplished through a reform that makes it possible for the university to take the problems of society in general into account and to take part in its transformation. This could happen in the following ways:
• There should be real commitment to quality in all areas. This is true because if the country maintains a university, this university must make the country proud of the quality of its results, which come in the form of professionals and work. The objective is to make the world a more beautiful, efficient and just place;
• The curriculum for technical areas, fields of study that change the world like medicine, engineering, architecture and economy, must be altered. This is true because we need to adapt their principles to the ethics of a world that is more just, a world from which a greater number of people can benefit no matter what gender or race they are, what their income is or where they come from;
80 Discours et interventions
• The university should participate in political activities that involve society. This can not happen through the production of knowledge, which should not be controlled, but through several kinds of mobilization practices. Unlike the higher education centers of the nineteenth century, which turned a blind eye to the abolition of slavery and taught how to maintain it, the university of the twenty-first century is seen by the Brazilian government as one of the driving forces for the accomplishment of the abolition of poverty and construction of the Republic. This objective began being pursued one hundred and fifteen years ago and was never attained due to the existence of a reactionary, aristocratic elite that despised the people of their own country and took over the university.
Funding sources
There has been a great amount of discussion in the past few years regarding the funding problem. The debate was much less about the university and more about how to finance the university. They wanted more government resources, increases in salaries and funding. However, they did not allow increases in tuition fees and subsidies. The university in crisis needs to be discussed in depth, but the debate on financing should continue. The twenty-first century university should have clarity on who should pay for higher education and what they should receive in exchange for that.
The government has clarity on the fact that the privatization of public universities is not part of the discussion. The idea of charging tuition fees is also out of the question. In fact, the government would like higher education to be free of charge in Brazil if that were financially possible since the university experience is even more essential to the country than it is to the student. However, that is not currently possible.
Until it is, the government wants to concentrate on finding alternative sources to give scholarships to private university students and to finance academic activities at public universities. This will be done together with the academic community and will include the following actions:
• Increasing the number of students that receive scholarships from the government so they can attend private universities. This will happen through the Student Support Program, launched to broaden the scope of the Student Financing Program - FIES and guarantee that students do not need to pay for their schooling;
• Regulating alternative sources to finance public universities through total transparency on the part of the administration and through the development of democratic and autonomous decision-making processes;
• Considering the possibility of making the students of private universities into co- owners of the establishments they attend.
Priority subjects
Both Brazil and the world have changed, are changing and will continue to change in the future. If we do not realize that, many of our subject matters will soon be outdated. New ones have not yet been considered. Over the past few years we have given too much importance to annual management plans and no importance at all to ten-year academic activity plans. The university has to manage more than just resources; it has to manage learning. Awareness must be raised in relation to the risk involved in insisting on knowledge that becomes obsolete and ignoring knowledge that points towards the future. It is necessary to make learning compatible with future ethical, social, epistemological and economic needs.
Discours et interventions 81
Making learning public
The university reform, which occurred during the military regime, established the idea that the university belongs to the state or to its owner rather than to the country, its students or society in general. During the military regime, the state fired and arrested individuals and financed the university the way it saw fit. When democracy was established, dictators were replaced by professors and other staff members or ministers. Autonomy began to be seen as a change in ownership, from military headquarters to teachers’ and staff conference rooms and minister’s offices. In the twenty years during which the university has been an open space, little has been done that took the actual needs and demands of the civil society and students into consideration.
The democratization of the university brought about direct elections, but often there was little participation of the student body. This happened because of a lack of interest and because the students’ capacity to participate in the selection process was underestimated. At university councils, there is little, if any, student participation. Former students never take part in the process, and neither do civil society representatives. There are rare exceptions, but they seem to be ways to fake the participation of society.
THE FACT THAT UNIVERSITY ASSETS INCREASE AT A FAST PACE, EITHER BECAUSE OF THE TUITION FEES PAID BY STUDENTS OR BECAUSE OF SUPPORT FROM THE GOVERNMENT, HAS LEAD SOCIETY AND STUDENTS, ESPECIALLY, TO CRITICIZE WHAT SHOULD BE SEEN AS A POSITIVE ASPECT: THE GROWTH OF A UNIVERSITY.
Recently, at the opening of a library at a private university, a student said, "they built this with money from our tuition fees then because of this library they will increase the tuition fees of future students." The construction of a library should be seen as a very good thing, especially when the government has not fulfilled its obligation to build bigger libraries at public universities. However, private university students often feel as disconnected from the institution they attend as society in general. There are very few exceptions to this rule.
The concept of "alma mater", the love society and especially former students feel for the university, must be created in Brazil. The way to do this is to encourage the feeling that the university belongs to everyone.
This can be achieved through the involvement of society, students and former students in the decisions that affect the university. It can also be achieved through the development of the concept that the institution belongs to society rather than to the government or to a single owner.
In the case of public universities, the way to do this is to let students and former students take part in the decisions made by the community and in its responsibilities. The dean is the intellectual and administrative leader of the institution; he is not a representative of the state. At private universities, it is also necessary to separate the owner from the academic leader: the owner owns the building, and the dean is the coordinator of academic activities. The former buys or inherits the property, and the latter must be elected by the community.
Relationship to basic education
Even though they are a responsibility of the same Ministry, basic education and universities have a much more limited relationship than they should in a country where the situation of education is so tragic. The Brazilian university has to be a part of the learning process for Brazilian people in basic education. Its role should not be limited to its own university-level students.
82 Discours et interventions
The university can be a dynamic element in basic education by:
• Participating in recycling programs for teachers; • Giving preference to teachers who are taking the university entrance examination through quota systems; • Increasing the number of places in teacher licensing courses; • Increasing the number of places in pedagogy courses; • Lowering tuition fees for teachers; • Creating specialization courses in literacy teaching for children and adults; • In relation to all other courses like architecture, nutrition, economics, philosophy and history, considering its role in education a study matter.
Relationship with the public health system and other social sectors
The university has an obligation to help public schools. It also has an obligation to help the public health system. Part of the curriculum related to the medical field should focus on studies related to preventive and social medicine and dentistry. Civil engineering courses could contribute technologies related to water distribution and sewage systems.
The transportation sector could focus on public transportation. All fields of knowledge can contribute. In some cases, courses in the area of communication may even leave traditional media behind and teach students communication techniques for the masses.
Social commitments that represent emergencies
In addition to fostering education as a means to create a poverty-free country, the university needs to become involved with the social commitments that represent emergencies to Brazilian society. One of these commitments is adult literacy. The goal to eradicate illiteracy in four years could be easily reached if only three per cent of all university students worked as literacy teachers. If all university students worked as literacy teachers for four years, Brazil could teach 30 times as many people how to read and write – 120 million illiterate people, or fifteen per cent of all illiterate people in the world. If each university student works 8 hours a week for only one semester as a literacy teacher, it will take only twenty- four per cent of all university students to eradicate illiteracy in four years. This is not too much to ask.
If we do not do this, in a few decades, when the history of the 2003 – 2006 campaign for literacy in Brazil is written, what will be said about university students is what we currently say about nineteenth-century university students: that we turned a blind eye to one of the most dramatic social problems of our time, just as they did to slavery.
Commitment to the future of the country
The world has reached a crossroads and Brazil lies at this crossroads. The future of our country is uncertain not only because of the lack of social investment and of the existence of an internal division but also because of the international scenario. The university plays a fundamental role in that it helps Brazil with the construction of its future in relation to the rest of the world. This happens through:
• The creation of the necessary scientific and technological bases to face the future;
Discours et interventions 83
• An understanding of international relations in a world where there is only one national power; • An understanding of the reality of a globalized world where there is exclusion and separation; • Help with the creation of ways to defend our sovereignty in a globalized world.
Future knowledge
In order to be a tool for the future, today’s university has to define the kind of knowledge the world will need in the future. The university, together with the Coordination for the Improvement of Higher Education Personnel – CAPES, has the capability to define the types of future knowledge we should start investing so that Brazil will be ready to celebrate its second century of independence. This can be done in only a few months.
Based on this definition, the university needs to move forward in relation to the redefinition of careers. This includes knowing which careers to invest more in and which to invest less in. It also includes finding out which careers will be soon outdated due to the dynamic manner in which knowledge and demands for knowledge advance. More importantly, it includes defining which careers are permanent due to society’s attachment to the fundamental values of humanism.
Globalization, regionalism and nationalization
When the last reform, which was conducted by the military, took place, Brazil had the intention of developing a national project which was independent from the rest of the world. Despite the traditional alignment with the USA, the support USAID gave to the reform and the North-American support to the ambitious graduate studies program, which was a positive change in the reality of Brazilian higher education, the development of a national project was still a dream. Today, the Brazilian university can not ignore the fact that it is part of a global project. University-level knowledge no longer fits within the borders of any country. The Brazilian university has to be a part of international knowledge. This includes its qualities and subject matters.
The university has to accomplish the goal to be global and national at the same time. It has to keep the commitments and characteristics of Brazil alive and understand the kinds of specific knowledge that the country needs.
In addition, each individual university must realize the importance of its immediate surroundings. It must become regional and, at the same time, global.
Outline of the Brazilian university system
Despite efforts on the part of the Council of Brazilian University Deans – CRUB and other organizations like the Brazilian Education Council, as well as the Law of Guidelines and Bases for National Education, our universities make up a set that lacks the clarity of an integrated system. The government will present a proposal for the creation of the Brazilian university system. The idea will be discussed with the academic community. This system will show the interrelations and the interdependence between its sectors and its interaction with the system for the development of science, technology and culture in general. It will also show the relationship between the university, the private sector and government institutions.
84 Discours et interventions
The Brazilian university system will make it possible to define the future of the construction of university-level knowledge in Brazil throughout the next decades of the twenty-first century.
Democratization and administrative efficiency
The government wants to propose the democratization of the relationship between the university system and society to the academic community. It also wants to propose rules for the democratization of each university. There will be rules to be followed in terms of management, social relations and funding sources, administrative efficiency and relationships involving each unit, its students, society and the Brazilian people in general.
The university must serve all. Serving all does not mean that everybody should be admitted to college. It means making sure that the university staff serves everyone.
The university has to be the elite of the professional work force at the service of the population. Because the university resists changes in its courses and structure, many of its members demagogically defend the illusion of universal admission when they should defend the universalization of the work of university professors.
A conclusion – seven pleas
The university is the gateway of hope in terms of understanding the crossroads we are facing in the middle of our civilization process. One road represents a united world and the other represents a socially divided world. We must form ideas for a better future that will improve mankind’s situation with globalization that does not include social exclusion. I would like to conclude by making seven appeals.
An appeal to the universities in the richest countries
This is an appeal to universities in countries with the highest per capita income. These are the so-called rich countries. The appeal is to assume globalization in practice. Please do this not only by exporting products and ideas but also by importing concerns. Do more than just develop techniques. Develop ways of making ethics an essential part of a commitment to a better world. Become familiar with the reality of African universities and the universities of poorer indebted countries. Collaborate with these universities’ survival and training and collaborate in creating a world consciousness that can interrupt the barbarous march we are making towards a divided, alienated society. This division will only end up placing human beings in two tragically different camps.
An appeal to universities in emerging countries
This is an appeal to universities in emerging countries that already have a large amount of thinkers and important centers of higher learning. Look at the poverty that surrounds you. Examine the risk you face by forming divided, alienated societies in your countries. Break the cycle of corporate claims and understand the university as part of a social network of human beings searching for a better future. Make a commitment to collaborating towards overcoming poverty. Understand that even despite the crisis, there are many universities that could use help and that are even poorer, especially in Africa.
Discours et interventions 85
An appeal to the universities in the poorest countries
This is an appeal to the universities in the poorest countries, especially in Africa and some Latin-American countries. Do not give up hope. In spite of the tremendous difficulties that you face, there is still the possibility of global integration in terms of knowledge and links between universities. This process could compensate for your individual difficulties by relying on mutual co-operation.
An appeal to the professors
This is an appeal to the professors. Realize that teaching methods must incorporate the enormous possibilities of new equipment that will allow the sheer number of students to increase dramatically, independent of the countries they live in. Please accept the risk of being professors at a point in time when knowledge changes every second, demanding dedication in order to keep track of what is going on. Accept the challenge boldly and move forward to create new ways of knowing, as ephemeral as they may be.
An appeal to the young people
This is an appeal to the young people of today. Please take on the role that has been with you throughout history. Be rebels. This is so important, especially today in a world where globally, independent of the countries you live in, you have become orphans of neo- liberalism. You are the first generation that faces a future that is less beneficial than the ones your parents looked forward to. You are the first generation where a university diploma does not mean an automatic passport to success. You are the first generation whose diploma will be obsolete long before you retire. You are the first generation where the new world has become the current world. You are the first generation that does not carry the bright flags of utopia. You are also the first generation where the young person seems to be more selfish and conservative than his or her parents are. In defending the interests of a generation, you have the right to be rebellious. Demand changes in the universities you study in, and practice the traditional generosity of young people. You have the obligation to be rebels in fighting the barbarity that is part of the socio-economic global division model. University reform will not occur without rebellious mobilization from you. You are the ones that can mobilize for revolution or reform. We are celebrating 35 years after 1968 and the taste in our mouths is of something unfinished. We are waiting for our youngest sons and daughters and grandchildren to believe that some dreams can come true.
An appeal to governments
This is an appeal to the governments of rich and poor countries alike. Understand the urgency in recuperating your public universities. In spite of all of the current financial limitations, you cannot sacrifice the future. The future of every country depends directly on the university. Please do not let the university turn into a factory. Do not let knowledge become a marketable product. This is the practice of the technocrats in some international organizations. If you do this you will betray the noblest part of the human project.
An appeal to UNESCO
This is an appeal to UNESCO. Stay strong in your fight for culture, science and education and transform this meeting into a Permanent Forum for the Defense of Higher Education. Please defend the university and cause it to change. Make it adapt to today’s reality where
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knowledge drifts and learning floats and there are worthless diplomas flying around and the university is far away. This appeal asks UNESCO to dedicate the year 2004 or 2005 as the Year of the University to think about how the twenty-first century university should be. In 2003, please sponsor a day when universities all over the world stop in order to reflect on their futures. Let this day be one to think about new directions or humanity. This day could allow discussion in universities on how to return to being on the cutting edge of knowledge and how to help UNESCO establish the Literacy Decade. Universities could think about ways of being tools for eradicating hunger and making basic education universally available. Universities could provide a day for discussions on constructing peace and returning to the guarantee of success for their students. They could think up ways of living with the new global and virtual teaching methods. They could imagine the university of hope, the university of the twenty- first century.
Special address
H.H. Sheikha Mozah Bint Nasser Abdullah Al-Misnad First Lady of Qatar, UNESCO Special Envoy for Basic and Higher Education
Your Excellencies, Director General, Delegates,
I am honoured to join you to open UNESCO’s World Conference on Higher Education. Today, as we are examining our work from 1998 to date, we will assess how our policies have been translated into actions and programs. Such reflection is an essential element of education, for only by reflecting on practice can logical theory be generated. Theory and plans alone are irrelevant without concrete and soundly grounded procedures that put this theory into action.
The central theme driving our discussion today is the need for the global community to assume responsibility for reform and innovation in education in order to meet the challenges of globalization, democratization and knowledge based societies. Indeed, it is this responsibility and the dynamic relationship between democracy and education that I would like to reflect upon.
Today, in our troubled world, we place much faith in the power of education to produce responsible citizens committed to peace, global understanding, harmony and true democracy. Indeed, in the 1998 World Declaration we, at UNESCO, declared, “education is a fundamental pillar of human rights, democracy, sustainable development and peace.” However, I would like to add that not only is education a pillar of democracy, but democracy is a pillar of education. Without well-educated citizens, willing to participate in the affairs of their countries, democracy cannot thrive. On the contrary, it will remain an empty theatre of elected seats. However, with well-educated citizens, critically charting the course of their future, this theatre is transformed into an interactive performance. Likewise, if there is no participatory democracy, the critical thinking skills and creativity essential for education are not fostered, and the very quality and integrity of education suffers. The educated citizen in a democratic society is a participant, not a spectator, and democracy itself is the process by which the performance of civil society is acted out.
Ladies and Gentlemen,
I believe higher education, in particular, plays a vital role in the promotion and sustenance of democratic societies. Indeed, they provide nourishment for critical and analytical thinking, freedom of expression, and debate.
I believe institutes of higher education ought to be havens of innovative thought that propel society toward change, diversity and adaptation. Institutes of higher education ought to be safe environments for all citizens who are capable, regardless of individual, gender or ethnic differences, to debate and express their thoughts in a collaborative and progressive environment. Indeed, institutes of higher education are vehicles for the promotion of a culture of quality that integrates the outcome of research into all facets of society. Institutes of higher education serve as the incubator for democratic values and practices essential for the sustenance of the very principles of democracy. Therefore, it is important that these institutions be promoted and entrusted with the required autonomy and support needed to fulfill their mission. 88 Discours et interventions
Ladies and Gentlemen,
In my country, Qatar, we have thought deeply about these issues as we are in the process of transforming both our educational institutions and our political structure. Today, I would like to share with you some of our experiences. Qatar, like other countries in this highly competitive world, is insisting on finding its own path toward sustainable development, democracy, and the preservation of its cultural integrity. In Qatar, we have begun a series of radical educational changes at all levels: from basic education, to primary and secondary schooling, to higher education structures.
We realized that in order to face the demands of a knowledge based global economy, the traditional ways of teaching and learning had to be changed. Our education system had to be more dynamic and creative. We realized the need to challenge and stimulate our citizen’s intellects. We also realized that our citizens need to be equipped with the necessary tools that will enable them to interact and compete effectively in the domestic and global culture and economy.
The responsibility we have placed on educational institutions in Qatar is great, because we comprehend that education plays a critical role in engineering the future of our society. We focused on four major premises in designing our course: international alliances, diversity of options, innovative educational systems, and access based on quality standards.
First, we decided to forge strong alliances with established, international educational institutions and agencies, to bring their expertise into our country, initiating a process of brain gain rather than brain drain.
Second, we decided to move from a State-sponsored monopolistic mode to a comprehensive system with various options that encourage competition throughout all levels of the educational system.
Third, we focused on the needs of sustainable development and envisioned educational systems and consortia that can service these needs. We invited top quality universities in their fields to provide a venue for scholars to share relevant research that is driven by the specific needs of our developing society.
And finally, we considered the issue of equity and developed policies to provide scholarships to qualified students, and to encourage both men and women to cross the barriers of gender bound professions.
In order to achieve these goals we had to start from our basic education and extend these changes to our higher education system. That is why we started the ongoing reforms in our primary and secondary schools. A system based on the charter school model was introduced where schools compete with each other to encourage diversity of choice, parental participation, and accountability.
At the post-secondary level, the State-sponsored University is undergoing intense rejuvenation. Likewise, private investment has been encouraged to invite top quality universities to establish campuses in Qatar. Schools like Cornell Medical College, Virginia Commonwealth University and Texas A&M are establishing campuses in Qatar to promote research and education in the fields of medicine, design art and engineering. Also, institutes for technical education have been established. Other schools for business and computer sciences are being planned. Further, the Science and Technology Park will draw upon the resources of all these entities, and others yet to come, to build partnerships between academic institutions, business, and industry. In addition, the Rand Public Policy Institute- Qatar, in co-operation with our national reform team, will provide in-depth, analytical research into various facets of our development.
Discours et interventions 89
Qatar is determined and committed to reconsidering archaic methods of education in order to better meet the needs of our changing society. I imagine that the outcomes of these reforms will be phenomenal, not just in the academic and economic development of our country and region, but in the development of our most important resource - our human resource.
Ladies and Gentlemen,
As we redesign the education system in Qatar, we are simultaneously introducing democratic reform into our political structure. To this end, the Ministry of Information was dissolved. Censorship has been abolished. Freedom of speech and debate is being encouraged. A municipal council has been elected for its second term in which both men and women had the right to nominate and vote. A referendum has been conducted to consult citizens on the novel structural reform, which will be initiated under the new constitution. Further, the Supreme Council of Education has been established to serve as a comprehensive overseer of all educational institutions, private and governmental, across all levels of schooling. The goal of this Council is to set and enforce comprehensive policies and lessen the autocracy of government controlled education.
Honourable Audience,
We believe that democracy is not a foreign ideology or alien concept, but that it is innate within the tradition of our Islamic heritage. Democracy has always been an essential element of Islam which promotes the equality of humankind and decision-making through consultation. Islam requires critical thinking and constructive debate, and condemns misology. To revive the democratic values inherent in the fabric of our society, is perfectly in tune with the critical requirements put on Muslims, who were ordered by ALLAH to reflect independently on knowledge. Indeed in Surrah Al An’am people are assured and I quote:
Proofs have come to you from your Lord So whosoever sees Will do so For the good of his own self And Whosoever blinds himself Will do so To his own harm And I, Muhammad, am not a watcher over you. Thus, we explain variously The verses So that… We make clear for the people who have knowledge
Distinguished Audience,
Misoneism has no place in Islam. Islam encourages us to face innovation with creativity, not fear. Democracy is also compatible with the Islamic valuing of diversity, pluralism, and tolerance.
Ladies and Gentlemen,
Today’s world places the responsibility of peace, and cross-cultural understanding squarely upon the shoulders of education and democracy. Upon examining the history of the relationship between democracy and education, John Dewey declared, “the democratic ideal
90 Discours et interventions
of education is a farcical, yet tragic delusion”. Though the tragedies of our failures still haunt us, I strongly believe Dewey despaired too soon. We will never allow the democratic ideal of education to remain a delusion, but will continue working to make it a global reality.
Distinguished Audience,
To this end we need a strong, international forum to discuss the relationship between democracy and education. As a global community, we have organizations that monitor trade, the free market, human rights, etc. Why can we not have an organization to promote the dynamic growth of education through democracy and democracy through education? Such a forum would allow global interaction that can only increase the potential of societies to relate to each other on equal and dignified terms. Such a forum would facilitate the work of organizations such as UNESCO and be conducive to research and global policy-making which promote democracy and education.
For example, for some time the world’s attention has been focused on Iraq. Had we had an international forum for education, we would have been able to diagnose Iraq’s educational needs, and offer appropriate and timely assistance. In Qatar, we have watched the struggle of Iraqi people with sorrow and empathy, and, although we could not change the causes of this anguish, we can now offer a venue of relief to help re-establish the educational infrastructure of a great country. Iraq is a proud country with rich educational resources and throughout its history it has contributed much to the world, especially in terms of art, philosophy and poetry. I believe it is the duty of the international community to stand by Iraq in this troubled time and assist the country through this difficult transition, until it can once again stand as a world leader in education, research, and culture.
Ladies and Gentlemen,
It is in this context, of encouraging the practice of global responsibility for education, that I wish to announce today the establishment of the International Fund for Iraqi Higher Education. The objective of this fund is to provide immediate and long-term assistance for the reconstruction of Higher Education in Iraq. It is my intention to work closely with international donors to support Iraq as it engineers its own future by taking optimum advantage of the rich resources of its citizens. The first donor to this Fund will be the State of Qatar, which has always been a supporter and advocate of such causes.
Distinguished Audience,
Only by transforming the ignorance, hatred, and oppression in our world into trust, respect, and equality can we progress as a human society. Only by maintaining our cultural integrity as diverse nations with a common commitment to the intellectual, spiritual, physical, and emotional development of our citizens and nations, can we forge a world worthy of our children. The future of our nations, depends not only on knowledge-based education, but also on holistic and global education nurtured by the “milk of human kindness”, tolerance, and creativity.
Ladies and Gentlemen,
Are we up to the challenge?
Thank you.
Mobilizing for sustainable development
Hans van Ginkel Rector, United Nations University
Excellencies, Ladies and Gentlemen,
Professor Seddoh has just given us UNESCO’s synthesis of developments in higher education since the World Conference on Higher Education (WCHE) was held in 1998. From my perspective, however, probably the most important contribution the WCHE has made, was neither the resolution nor the framework for action, though both were excellent documents giving guidance to the further development of both the sector as a whole, as well as individual institutions all over the world. The most important contribution of the WCHE with its innovative programme of regional conferences and inclusion of all NGOs in the preparation and realization of the main conference itself was the mobilization of the sector as a whole, the institutions and the people constituting it.
We are living in a time of profound change. We live in an increasingly interlinked world. The rapid development of improved systems of communication and transport have changed our world from a complex and sometimes chaotic blanket of territories and borders into a hierarchical system of nodes and channels. The frequency and volume of the exchange of goods and the mobility of people, money and ideas have created a situation in which no one can allow him or herself to live in isolation. Our world is becoming ever more globalized and knowledge-based. Our society is getting more complex and heterogeneous, consisting of individuals characterized by intriguing sets of multiple identities.
These changes are for both the better and the worse. All that can be positive can also be negative. When international terrorism can strike from a great distance, this also means that good can be done over great distance. Together, we can make this choice to contribute to “a better life and a safer world for all …. also our grandchildren and their children.” That is what sustainable development is all about. That is where education comes in: to learn to know, to do, to understand, to be (Commission Delors: Learning: the Treasure Within); also to be aware of our individual responsibilities to contribute, to make responsible choices, to respect diversity.
Effects of globalization on the university
Quite some thought has been given over the last decade to the question of how to ensure that globalization will benefit all of humankind. What has become clear in this process it is that the line between the beneficiaries of globalization and those who are currently on the losing end is not easily drawn. Of course, “big” business – often headquartered in industrialized countries – that thrives on the globalization of trade and labour markets, is readily identified as occupying the driver’s seat in the globalization process. At the other end, there are the farmers and labourers in developing countries who, due to a lack of access to education, information and technology and to the imbalances of international markets, are severely limited in their bargaining power for the prices of their labour and produce. But, is it all North versus South, industrialized versus developing countries? Certainly not. What about the developing country-based NGO that, through the Internet, has become able to link up 92 Discours et interventions
with like-minded groups around the world and, by broadening its basis of information and building on the experiences of others, is in a much better position to further its cause than before? On the other hand, there are people in industrialized countries, sometimes out of work as rationalization has made their specific skills obsolete, to whom the global circles of communication and collaboration are the most remote of realities.
Without attempting to downplay the differences that continue to exist between the opportunities of developing and industrialized countries to participate in the global economy and information networks, one point becomes clear when contemplating the complex realities of globalization in its current form (we all know that globalization is not a new phenomenon): that is whether or not one can benefit from globalization much depends on the skills one possesses – skills to obtain and analyze information, to make independent judgments, and to communicate across social and cultural boundaries – rather than just being a function of location. And this is, obviously, where education comes in.
Education, understood broadly as an ongoing process including both formal and informal modes of teaching and learning, plays a crucial role in preparing people for their future in a highly connected, interlinked globalized world. Higher education, in particular, occupies a central position in shaping the way in which future generations learn to cope with the complexities of globalization: higher education prepares an important portion of the population for their entry into the labour market, including in most cases, the teachers that are responsible for education at the primary and secondary levels. Here, universities are called upon to teach not only the skills required to advance successfully in a globalized world, but also to nourish in their students, faculty and staff a positive attitude towards cultural diversity, to help them understand how a richness of cultures can benefit the peoples, and can contribute to a better life in a safer world for all. Academic freedom and university autonomy, after all, do not only create opportunities and capabilities, but also a moral obligation. It is only through internationalization, and the “internationalism” that follows, that universities will be able to meet this challenge.
A Copernican revolution
Apart from the fact that increasingly global labour markets require universities to adjust the way in which they approach education, globalization affects universities in yet another way: the frames of reference for the quality and position of each university have broadened considerably; it is no longer just to their neighboring cities or countries that universities look for institutions with which to cooperate or to which to compare themselves. Rather, the global network the university belongs to will become increasingly important. It will contribute directly to the identity and awareness of the university and its international position. It is, indeed, possible that international networks may form the basis of the university of the future, or at least will help it function properly. In fact, it will not be long before the stronger universities will establish new branches abroad. We can already detect this in a number of cases, where, in particular, universities from the United States or the United Kingdom establish such branch universities in other countries. The university will become, under the influence of this process, bigger, stronger, more competitive. It will behave increasingly like an international business: with shrinking distances, larger institutions, competition, selection and hierarchization.
In spite of this, I believe, globalization will lead to greater unity in the long run. This unity will not, however, be the unity envisaged, for instance, by Napoleon two centuries ago, with the same laws and the same straight roads stretching right across Europe. It might be, and ought to be, a unity in diversity, based on the principle of subsidiarity. This applies, in particular, to universities. They have a tradition of diversity stretching back to their origins – in China, the Arab World, Europe. Universities will become increasingly interlinked and bound to one another, while also identifying themselves as distinct from each other. Each
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within their own region and country, their own tradition, with their specific sets of disciplines, programmes and people. Here again, the key for the universities will be to have as the guiding principle in their processes of internationalization – the acceptance and appreciation of diversity.
A Copernican Revolution is taking place with regard to the position of universities in their own country and worldwide. In the interlinked, globalized world, the “Network Society” as defined by Manuel Castells, universities no longer can regard themselves only as a part of a national system, protected by national laws and regulations. In their strive to excellence, in a much more competitive world in which they must maintain constructive and supportive relations with all their stakeholders, universities must more and more take care of themselves individually. As a consequence, they must rethink their modes of governance, their financing, their internal structures and external relations. They must rely more and more on the considerable capabilities and creativity of their own people, not just to teach and do research, but also to run and develop the university as an organization; as an enterprise though, in general, not for profit; as a public good though managed in energetic, entrepreneurial ways. For this to happen, universities must mobilize talent from within.
It is for this reason that the UNU with UNESCO and the Polytechnic University of Catalunya have started the Global University Network for Innovation (GUNI). We strongly believe that real innovation of universities must come from within. Such innovation will be created and supported by all people working and learning in the institutions for higher learning, rather than by top-down regulation, changes in the governance structure or financial regulations. We also believe that for universities to learn from each other by working together, it is important that the global network is based on regional networks, as the conditions under which universities must work are very different from country to country, from region to region. This afternoon, you will hear more from the secretariat about GUNI.
Mobilizing for sustainable development
Since the Earth Summit, sustainable development has been high on the political agenda. However, the role of education was not very well articulated. Neither was education defined as one of the stakeholder groups. There were nine stakeholder groups identified, under which trade unions, youth, science, business were included, but not education. In the WCHE, a thematic debate was organized on Sustainable (human) development, which brought fourteen different organizations together. During the World Summit on Sustainable Development (WSSD) in Johannesburg last year, the Global Higher Education for Sustainability Partnership (GHESP) was launched as a Type II Partnership (IAU, ULSF, Copernicus Campus, UNESCO). The Global Virtual University on Environment Issues was presented by the Norwegian Government, Norwegian universities, UNEP - GRID Arendal and UNU. The Japanese Government chose education for sustainable development as a spear point for its contributions. The UNU Institute for Advanced Studies (UNU/IAS) took the lead in bringing together the Ubuntu Declaration Group. This group brings together the best of science and research with the world of education and helps to ensure that state-of-the-art knowledge will have an impact on educational programmes. At the proposal of, among others, Japan, the United Nations has decided to designate 2005 as the Year and 2005-2014 as the Decade of Education for Sustainable Development. UNESCO has been appointed to be the lead agency.
This does mean what it says: it is not just environmental education nor even sustainable development education, but education for sustainable development. It is not a topic that can be taught in a few weeks just at a certain age, but should rather be given attention in all sectors and at all levels in relation to relevant, already existing subjects in an integrated manner. In this way education for sustainable development gives orientation and meaning to education for all. To develop the curricula and courseware needed – and regularly update these – and to inform teacher training and re-training in effective ways the
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Ubuntu Declaration Group aims at an inclusive and flexible process, mobilizing all who have something to contribute in primary, secondary and tertiary (including higher) education. Specific attention will be given to online learning and contributions of the media. The Johannesburg Plan of Implementation will give guidance with regards to the issues to focus on in particular, such as: water, energy, health, agriculture and biodiversity.
The process of the year and decade must be inclusive and flexible, the framework challenging and enabling, not limiting and harnessing. The challenge that might mobilize many and serve to give focus to their contributions might be the following:
“ to create jointly a global learning space for sustainability, based on regional centres/clusters of excellence…”
Regions are seen here – as in common language – as parts of countries like Bretagne, Tohoku or Catalunya. The regional centres/clusters should include institutions of primary, secondary and tertiary education, research institutions, (science) museums, non-formal education, zoos/parks, etc. As it is important to mobilize many initially, prizes could be awarded for innovative, joint projects of two or more institutions from different sectors. The regional centres of excellence might be identified in a comparable way as the monuments on the cultural heritage list. This would have the advantage that local/regional conditions can be fully taken into account. The decade would in this way have as a visible output a global network of such regional centres of excellence. In the process, it would be possible to mobilize many, learn from their creative ideas, build on diversity and promote international co-operation in education for sustainable development.
Thank you.
Constructing knowledge societies: new challenges for tertiary education
Jamil Salmi∗ Coordinator of the Tertiary Education Thematic Group, The World Bank
Tertiary education matters to a country’s future, now more than ever before. In today’s knowledge-driven, rapidly changing world, it can make the difference between a dynamic economy and a marginalized one. The new World Bank report Constructing Knowledge Societies: New Challenges for Tertiary Education urges a high place for tertiary education within a country’s overall development agenda and calls for policymakers — throughout the developing world — to recognize the profound opportunities and risks arising out of the changing landscape of tertiary education.
What are the challenges faced by tertiary education systems?
Longstanding challenges…
60
40
20
0 Enrollment Ratio Enrollment 1970 1980 1985 1990 1992 1995 1997
OECD Countries Less Developed Countries
…are being compounded by new ones
∗ This article is dedicated to the memory of Tom Eisemon, in appreciation of his intellectual leadership and innovative contributions to the World Bank’s work in higher education. It was edited by Manorama Gatur. 96 Discours et interventions
Challenges comprise longstanding as well as new ones unique to the 21st century. Most developing and transition countries continue to wrestle with issues of access, equity, and quality: how to expand coverage in a sustainable manner, reduce inequalities of access and outcomes, and improve educational quality and relevance. A related challenge is to improve governance structures and management practices. Greatly compounding this already formidable agenda is today’s changing landscape for tertiary education. The many dimensions of this evolution, noted below, present opportunities for leapfrogging along the development continuum but also imply a growing digital, knowledge, and — ultimately — income divide between countries that do and do not rise to the new challenges:
• Knowledge accumulation and application have become major factors in economic development and are increasingly at the core of a country’s competitive advantage
• The role of tertiary education has become more powerful than ever, in the construction of knowledge economies and democratic societies
• The information, communications, and technological (ICT) revolution — increased computing power, falling hardware and software prices, improved technologies, and reduced telecommunications costs — is enabling countries to generate and use knowledge more rapidly
• Market forces in tertiary education are rising, with new providers of tertiary education appearing in a “borderless” education environment and transformed modes of delivery and organizational patterns as a result of the ICT revolution
• Global labour markets are emerging for advanced human capital, with the associated risk of increased brain drain
What role should governments play?
The Report urges governments to help tertiary education institutions become more innovative and responsive to the needs of a globally competitive knowledge economy. Three considerations justify continued public support. First, tertiary education investments generate major external benefits — including long-term returns from basic research and technology advances and from greater social cohesion — that are crucial for economic development. Second, meritorious students could well be deprived, where economic disadvantage limits their ability to borrow sufficiently for education. Finally, tertiary education plays a key role in supporting basic and secondary education.
A key factor affecting the state’s role in tertiary education is the rise of market forces, as public funding begins to be channeled in new ways and becomes increasingly supplemented by non-public sources. New financing strategies seek to generate revenue from institutional assets, mobilize additional revenues from students and their families, and encourage donations from third-party contributors. Many governments have even encouraged the creation of private institutions to ease pressures on the public purse and satisfy pent up demand. Such institutions have in many countries opened up greater choice for students — albeit only those able to pay or eligible to borrow — while prompting public universities to innovate and modernize. Indeed, state institutions are striving for greater responsiveness to the evolving education and training needs of employers and students, while also pursuing objectives of greater institutional autonomy, better performance, and improved quality.
The public role in tertiary education is thus evolving, into one of guiding change through:
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• A coherent policy framework: Proactive, meaningful reforms — rooted in a clear long-term vision for tertiary education — will be needed for countries to take advantage of the opportunities presented by the knowledge economy and the ICT revolution.
• An enabling regulatory environment: Key dimensions of regulation — aimed at fostering institutional innovation and stimulating the private sector to expand access — are the rules for establishment of new institutions (including virtual); quality assurance mechanisms; financial controls for public institutions; and intellectual property rights.
• Appropriate financial incentives: Mechanisms and incentives to steer institutions towards quality, efficiency, and equity goals include allocation formula linking resources to institutional performance; encouragement of resource mobilization by institutions; competitive funds for investments in quality improvement; and student financial aid.
The World Bank’s role
The World Bank (Bank) aims to provide wide-ranging support to countries committed to tertiary education as an important building block for a dynamic, knowledge-driven economy. Strategic thrusts include facilitating policy dialogue and sharing of global information and experience; supporting reforms through program and project lending; and addressing challenges at the global level that are crucial for tertiary education development.
Facilitating policy dialogue and knowledge sharing. The Bank can play a catalytic role by supporting analytical work, sharing cross-country experience, and strengthening consultations and debate through its convening ability, as a basis for national dialogue toward a vision and related policy reforms for tertiary education.
Supporting reforms through lending. To ensure the effective use of financing, Bank operations are increasingly grounded in analysis; preceded by stakeholder consultations; and designed to reflect lessons learned — which in tertiary education point to the importance of comprehensive reforms, attention to their local political economy, and positive incentives. Experience also teaches that Bank support should be tailored to a country’s circumstances; predicated on strategic planning at national and institutional levels; and focused on promoting autonomy and accountability and building institutional capacity — with project efforts aligned with the pace of capacity building. Particular considerations for transition, low-income, and small countries are presented in Table 1.
Addressing global challenges in tertiary education. Globalization and the growth of “borderless” education raise important issues that affect tertiary education in all countries but are often beyond the control of any one national government. The World Bank will work with partners in the international community to enable the provision of “global public goods” such as a proper international accreditation framework, legislation for foreign tertiary education providers, intellectual property regulations governing distance education programs, and unconstrained access to ICT.
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Table 1. Strategic options for tertiary education
Transition countries Low-income countries Small countries (Eastern Europe and Central Asia)