Livre Témoignage
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Copyright © 2018 Yacouba Isaac Zida Tous droits réservés. Copyright © 2018 par Golan éditions Ouagadougou, Burkina Faso. Tous droits réservés. Sauf indication contraire, les textes bibliques sont tirés de la Bible Louis Segond 2010. ISBN: 979-10-97175-00-9 (reliure Allemande) ISBN: 979-10-97175-01-6 (reliure Caisse) Imprimé au Canada. Ce livre est sous la protection des lois sur les droits d’auteurs du Canada. Il est interdit de reproduire ce livre en tout ou en partie pour des fins commerciales. L’utilisation de courtes citations ou la copie de pages pour des fins d’études personnelles ou en groupe est permise et encouragée. Table des matieres Avant-propos 1. Burkina Faso: Une hégémonie régionale de deux décennies 2. Les signes d’une fin de règne 3. Les quarante-huit heures de l’insurrection populaire 4. Les chroniques d’une crise politico-militaire dans la transition 5. La désillusion 6. Le possible developpement Remerciements À l’Éternel, l’unique Dieu, par la seule volonté de qui «je suis celui que je suis», qui m’a donné la vie, la parfaite santé, et la force de toujours avancer, en ayant les regards tournés vers Lui et Lui Seul; À ma tendre et chère épouse Stéphanie, ma meilleure amie, ma confidente, qui m’a toujours supporté dans les moments difficiles, avec qui je partage mes peines, mes inquiétudes, mais également mes valeurs, mes espoirs et mes assurances; À mes enfants bien-aimés, Othniel, Lemuel Paul Patrice et Gadielle Sara qui, du fait de leur présence candide, m’ont toujours donné cette joie et cette foi en l’avenir que je désire le meilleur possible pour eux, mais aussi pour toute la génération d’enfants burkinabè, aussi bien ceux non scolarisés et déscolarisés, que ceux qui sont aujourd’hui sur les bancs des écoles, des lycées et des universités; À la vaillante jeunesse et à l’ensemble du peuple burkinabè qui, par son intégrité retrouvée les 30 et 31 octobre 2014, se sont résolus à ne plus courber l’échine devant l’arbitraire et l’injustice d’où qu’ils viennent.; À son Excellence le président, Michel Kafando, avec qui j’ai pu servir mon pays à un haut niveau de responsabilité, degré auquel l’exaltation de la tâche n’a d’égal que le sens du sacrifice qui y est attaché; À tous ceux qui parcourront les pages de cet ouvrage, pour leur temps précieux consacré et pour la confiance qu’ils ont placée en un homme dont la vocation a depuis toujours été celle de servir les autres; Enfin à tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont contribué à me faire traverser de dures épreuves, car ils ont par ces occasions, été des instruments dont Dieu s’est servi pour bâtir la personne humble, patiente, et persévérante que je n’ai pas toujours été; Puisse le Seigneur Dieu Tout-Puissant accorder à chacun d’abondantes grâces et bénédictions. Avant-propos Nous avons choisi d’utiliser pour la rédaction de cet ouvrage, un langage simple et courant, afin de permettre à toutes les catégories de lecteurs, de comprendre le sens et la portée de nos propos. L’objectif du livre que vous tenez en main est celui d’apporter une autre contribution après les nombreux écrits déjà parus et certainement à venir, afin d’éclairer la génération actuelle, mais surtout les générations futures, sur les éléments de la seconde insurrection populaire que notre pays, le Burkina Faso, a connue les 30 et 31 octobre 2014. Une troisième insurrection pouvant survenir (ce que nous ne souhaitons guère), nous avons résolu d’informer et d’avertir les Burkinabé sur ce qui peut conduire des millions de citoyens d’un pays dans la rue et pour dire encore que nous pouvons ensemble éviter cela en privilégiant le vivre ensemble malgré nos différences. Notre peuple a longtemps espéré quitter sa condition d’assisté permanent avec un avenir incertain, mais malheureusement, le leadership qui devait le guider, connaît une telle défaillance morale avec pour corollaire des intérêts égoïstes, claniques, au lieu de bâtir la nation héritée de nos fiers aïeux. La déchirure sociale, comme celle d’un vieux tissu, s’accroît chaque jour un peu plus avec le risque que cela installe durablement une crise que plusieurs générations passeront leur temps à régler, avant de pouvoir tourner le regard, vers ce qui apparaît comme l’aspiration profonde de chaque peuple: se développer harmonieusement à travers les générations. Pour avoir assumé à un moment donné de l’histoire de notre cher pays le Burkina Faso, les plus hautes charges de l’État, nous sentons le devoir de rendre compte des étapes du processus de l’insurrection auxquelles tous les Burkinabè n’ont naturellement pas eu accès, mais qui pour le moins, les concernent et les intéressent. Je n’ai pas l’honneur d’être un écrivain, ce talent étant réservé à une poignée de personnes seulement dans chaque génération, mais le devoir m’impose de restituer certains faits par ma propre plume, afin d’assumer entièrement les propos et d’éviter éventuellement quelques distorsions. Alors, laconiquement, mais avec détermination, je me jette à l’eau. Puisse Dieu m’aider à répondre à l’attente de tous ceux qui prendront de leur temps précieux pour parcourir les lignes de cette autobiographie. «Lorsque la case du voisin brûle, c’est aussi ton affaire…» Burkina Faso: Une hégémonie régionale de deux décennies J’étais stupéfait devant ces images qui passaient en boucle sur une chaîne de télévision. Deux avions venaient de s’écraser l’un après l’autre sur chacune des deux tours du World Trade Center à New York. Devant cette horreur, que je vivais en direct sur le petit écran dans le bureau du commissaire de police de l’aéroport d’Abidjan, j’en étais arrivé à oublier que j’étais moi-même dans une situation difficile en ce début d’après-midi du 11 septembre 2001. J’avais quitté Ouagadougou la veille à bord d’un avion de la compagnie Air Afrique avec huit autres militaires en direction d’Abidjan. Nous étions quatre officiers et cinq sous-officiers admis pour des stages divers au Royaume du Maroc cette année-là. Pour nous y rendre, nous devions obtenir les visas d’entrée au Maroc à partir de l’ambassade du royaume chérifien à Abidjan. Tout devait se dérouler normalement selon la division opération de l’État-major qui s’occupait du déploiement des stagiaires. C’était sans compter avec la situation des relations dorénavant tendues entre le nouveau pouvoir d’Abidjan, avec à sa tête le président Laurent Gbagbo élu juste un an auparavant, en octobre 2000, dans des conditions calamiteuses. Laurent Gbagbo avait succédé au Général Robert Guéi, luimême parvenu au pouvoir en décembre 1999 à la suite du coup d’État de Noël qui a renversé le président Henri Konan Bédié. Bédié lui, avait succédé au président Félix Houphouët-Boigny à la tête de la nation ivoirienne à la mort de ce dernier en 1993, sans pour autant réussir à la rassembler, mais bien au contraire, y avait semé les germes de la division en donnant naissance au concept de «l’ivoirité». Au commencement de cette folie xénophobe, il était question de «l’ivoirisation des cadres» dans l’administration publique, car le vieux Houphouët avait privilégié les compétences à l’appartenance ethnique, religieuse, ou même territoriale. C’était connu, Houphouët ne se gênait pas de nommer des Burkinabè, des Maliens ou des Béninois d’origine, parmi les membres de ses différents gouvernements. Pour lui, les frontières nationales ne pouvaient pas constituer une séparation nette entre les fils et filles de l’Afrique. Il connaissait bien l’histoire des peuples noirs ainsi que le lien qui unissait les familles et les ethnies désormais citoyennes de différents pays par le biais de la balkanisation du continent noir à la fin du 19e siècle. Houphouët fut plus nationaliste que panafricaniste, et il savait bien s’attacher les services des autres Africains pour développer la Côte d’Ivoire. Il ne supportait pas l’idée d’une Afrique unie comme un seul pays; les nombreuses identités culturelles qui la composent auraient, selon lui, causé des chocs aux conséquences incalculables. Le vieux avait grandi à l’école française et il en était un très bon élève. Cependant, les Français eux-mêmes, tout en rejetant la fédération en Afrique, envisageaient bien l’union de leur côté. En effet, Victor Hugo avait affirmé à la fin des années mille huit cent que la France, si elle ne voulait pas disparaître un jour, devrait se fondre dans un ensemble plus grand. C’était la vision de l’Union européenne que d’autres intellectuels comme Robert Schuman défendront ardemment plus d’un siècle après. Houphouët avait donc une vision d’une Afrique que lui dictaient ses maîtres de l’hexagone et pas plus. Le rêve d’une Afrique unie, comme le souhaitaient certains de ses pairs tels Kwamé Nkrumah, président du Ghana, et dont le dynamisme la conduirait, à terme, vers une Afrique forte, jouant un rôle majeur dans le concert des nations s’éloignait. Houphouët avait exprimé son désaccord sur l’union africaine en des termes qui lui valent aujourd’hui le titre de «fossoyeur de l’union africaine». N’avait-il pas en effet dit qu’il ne souhaitait pas «une Afrique unie dont la Côte d’Ivoire serait la vache nourricière»? Une Afrique unie ne serait pas le dernier des pays du monde, mais le dernier des pays du monde restera encore longtemps un pays d’une Afrique désunie et globalement à la traine sur tous les plans par rapport aux autres nations.