L’œuvre du mois

Jacques Stella, L’ Enfance du Christ

La récente exposition du musée des beaux-arts de , consacrée à Jacques Stella, l’un des plus importants peintres français du XVIIe siècle, a confronté L’Enfance du Christ de Dijon à d’autres Saintes Familles de l’artiste, ce qui a permis de mieux comprendre le processus de création de cette œuvre.

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Jacques Stella (1596-1657) Jacques Stella est né à Lyon en 1596. Il part très jeune en Italie (fig. 1) et une Sainte Famille conservée au musée Thomas- et travaille à pour le grand-duc Cosme II de Médicis Henry de Cherbourg (fig. 2). Malgré la différence de format de 1616 à 1622. Il est à Rome à partir de 1623 et y séjourne (horizontal à Dijon, vertical à Cherbourg), et de matériau (huile une dizaine d’années. Là, il se lie d’amitié avec Nicolas sur toile à Dijon, sur ardoise à Cherbourg), de nombreux Poussin, dont il possédera plusieurs tableaux. De retour en éléments sont proches voire identiques : en particulier, les France, il est l’un des acteurs principaux de « l’atticisme » personnages du groupe central (la Vierge, l’Enfant Jésus parisien, nom que l’on donne au classicisme pictural qui se et Joseph) semblent avoir été reportés par le peintre d’un développe à durant les années 1640-1650, très marqué tableau à l’autre. Visiblement, l’artiste était tellement satisfait par Poussin (qui séjourne à Paris de 1640 à 1642) et Raphaël de sa composition qu’il n’a pas hésité à la reprendre pour un (dont les œuvres sont alors avidemment recherchées par les autre commanditaire. Le tableau de Dijon étant daté 1651, collectionneurs français). on en a déduit que le tableau de Cherbourg devait avoir été peint à une date proche. Deux tableaux curieusement proches Cependant, les deux tableaux montrent des différences notables, même si elles sont moins visibles. Le clair-obscur Depuis longtemps, les historiens avaient remarqué est notamment beaucoup plus accentué dans le tableau de la similitude de composition entre L’Enfance du Cherbourg, qui présente des tonalités plus sourdes, encore Christ conservée au musée des beaux arts de Dijon rendre plus proches du croyant ces personnages sacrés afin à visent ils contraire, au ; sujet du vis-à-vis désinvolture de marque une pas sont ne anecdotiques détails Ces Christ. du bouillie la chauffer fait ange un feu, du auprès réchauffe se chat un : familiarité certaine une avec décrite est Famille Sainte La prière). la à servant l’habitation de (pièce oratoire des particuliers qui les installaient, prièrespar exemple, dans un aux petit support de nombreux servaient peintures de tableaux Ces donné exemples. a des Stella Jacques genre dont au dévotion, de appartient Christ du L’Enfance intimité Un sujet de dévotion : la Sainte Famille dans son de susceptible était il réutiliser certainesfigures surunelonguepériode. comment voir et travaillait l’artiste dont manière la comprendre mieux aujourd’hui donc peut On peinture. sa préparer pour réaliser pu avait qu’il dessins des encore ou création, sa de trace garder pour l’artiste par d’un forme la pour créer le tableau de Dijon. Cet aide-mémoire put prendre Cherbourg qu’il réutilisa en modifiant complètement le décor de tableau du souvenir un d’année, vingtaine d’une période d’autres des tableaux stylistiquement peints à cette période. Stella a donc gardé, sur une rapprochant début la du en Cherbourg 1630, de années Famille Sainte la dater de de permis a LyonL’exposition de 1650. caractéristiques années des l’atticisme claires, couleurs des dans peinte est que alors siècle, du début du Caravagisme le par manière, certaine d’une marquées, (« ricordo souvenir e Dijon de Christ du L’Enfance » en italien), copie peinte copie italien), en » 2 2006-0-19 2006-0-19 3. 2. 1. un détail symbolique issu des issu symbolique détail un lumière extérieure la qui est reflète fiole petite une cheminée, la de dessus au corniche, la sur visible un peine à sur Enfin, âne. monté Jérusalem, à Christ du l’entrée célèbre qui fête Rameaux, des dimanche au rattacher à peut-être est de son sacrifice sur la croix. La branche d’olivier qu’il brandit qui est à la fois le symbole de saint Jean-Baptiste et l’annonce l’agneau, chevauche Christ Le symbolisme. savant un place Ces détails familiers n’empêchent pas le peintre de mettre en de l’EnfantJésus! (fig. 3), où l’on voit même saint Joseph faire sécher les langes peine à transformés, dansuneSainteFamilledumuséedeToulouse chat), le l’ange, (l’âtre, éléments ces retrouve On personnelle. plus et spontanée plus prière une susciter de savante. spiritualité et familièrebonheur, raresimplicité un avec ainsi, Saint-Esprit. au grâce Jésus l’Enfant conçu avait qui Vierge, la de métaphore une siècle : la fiole traversée par la lumière sans être brisée y était J. Stella,LaSainteFamille,, ©musée desAugustins,inv. R0726 J. Stella,LaSainteFamille,Cherbourg, ©muséeThomas-Henry, inv. MTH J. Stella,L’Enfance duChrist,Dijon,muséedesbeaux-arts,inv. 1981-1-P e io mêle Dijon de Christ du L’Enfance peintes du XV du peintes Annonciations 3 e

© novamondo.com / © musée des beaux arts dijon, rédaction Matthieu Gilles, photos François Jay sauf mention contraire