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Benoît-Luc Siniard

LA TEIÉRAPIE PAR POLARITÉ : RECHERCHE EXPLORATOIRE SUR LES FONDEMENTS ET LA COAÉRENCE D'UNE MÉDECINE DOUCE

Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l'Université Lavai pour l'obtention du grade de mltre es ans (M.A.)

Progamme de maîtrise en sciences des reliçions FACULTE DE THÉOLOGIE ET DE SCIENCES RELIGIEUSES UNIVERSITÉ LAVAL

JANVIER 1999

a Bcnoit-Luc Simard, 1999 National Library Bibliothèque nationale du Canada Acquisitions and Acquisitions et Bibiiographic Services services bibliographiques 395 Wellington Street 395. rue Wellington OttawaON K1AON4 OttawaON K1AON4 Canada Canada

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Résumé

Ce mémoire a comme but de mettre en évidence les fondements et la cohérence interne d'une médecine douce :la Thérapie par Polarité- Ii s'amorce par un sumol historique permettant de dégager les principaux facteurs qui ont contribué à I'emergence des médecines douces en général et de la Thérapie par Polarité en particulier. Le dew-eme chapitre brosse un portrait de cette thérapie en utilisant le modèle d'anaiyse médical sous-jacent aux quatre vérités bouddhiques. La partie suivante présente le mouvement Radhasoami dont l'auteur, Randolph Stone. a fait panie et dont il s'est inspiré pour mettre au point son système de soins. La dernière panie propose une analyse des principales composantes de la Thérapie par Polarité fondée sur I'énoncé des dix principes présentés par Stone. L'exposé des ressemblances et des différences de cene thérapie avec les enseignements des Radhasoami. de la science et de I'esoterisme débouche sur un exemple concret de l'application de cette thérapie. TABLE DES MATIÈRES

... LISTE DES FIGURES ...... III

INTRODUCTION ...... 1

1. 0 Facteurs favorisant I'émergence des médecines douces en Occident ...... 7 1 .I La médecine : d'Hippocrate à Ia Révolution ...... 8 1.2 Des mptures r un pas vers Ie concept de science ...... II 1.3 De l'autopsie a la clinique : la mort montre la vie ...... 12 1-4 Le malade-qui-n'a-rien :la science en déroute ...... 14 1 -5 Symbolique mortuaire et sens de l'existence ...... 16 1.6 Modernité, médecine et science : de la douleur à l'anesthésie ...... 18 1.7 Le médecin : nouveau prêtre des temps modernes ...... 19

2.0 Une réponse aux limites de la médecine moderne : La Thérapie par PolarÏté ... 26 2.1 L'utilité du modèle médical » d'analyse ...... 27 2.2 Le diagnostic : le manque de sens est la plus grande des souffrances ... 28 2.3 L'étiologie : I'hornme est victime de son ignorance ...... 29 2.4 Le pronostic : les Radhasoami détiennent la réponse ...... 31 2.5 La thérapeutique : un art et une science ...... 31 A) Une sagesse ...... 32 a) L'énergie sonore cosmique universelle ...... 32 b) L'énergie est bipolaire ...... 33 c) La terre comme lieu d'apprentissage ...... 34 d) La vie est justice ...... 34 e) L'homme est la réplique de l'univers ...... 35 B) L'application de techniques ...... 37 C) L'adoption d'attitudes et de comportements ...... 39

3 .O Randolph Stone chez les Radhasoami ...... 12 3.1 Quelques notes biographiques sur Randolph Stone ...... 42 3.2 Stone en tant que disciple ...... 45 3.3 Les Radhasoami ...... 46 34 ~rner~encedes Radhasoami et importance du disciple Rai Salig Rarn . . 48 3 -5 Trois aspects essentiels de I'enseignement des Radhasoami ...... 50 3 .S. 1 Une religion scientifique ...... 51 3.5.2 Le maître vivant c~mmecondition essentielle ...... 52 3 -5-3 Une sagesse millénaire ...... 53 3-54 La stabilisation du mouvement ...... 54

CHAPITRE IV ......

40 Analyse des pnncipdes composantes de la Thérapie par Polarité ...... 56 4.1 Les dix principes de la Thérapie par Polarité ...... 56 4.2 Correspondance entre les dix principes et l'enseignement des Radhasoami ...... 65 4.3 Les aspects de la science en cause dans les dix principes ...... 72 4.4 Parente entre les dix principes et I'esoterisme ...... 78 4.5 La Thérapie par Polarité dans sa pratique ...... 82

CONCLUSION ...... LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Le fœtus en relation avec les éléments ...... 36 Figure 2: Tracé des lignes de polarité dans le corps ...... 38 Figure 3: La KmdnIi~det les c-a ...... 69 Figure 4: Circulation électrique et éthérique de l'atome ...... 74 Figure 5: Cohésion atomique ...... 75 Figure 6: Atome de Babbitt applique au corps humain ...... 76 Figure 7: Image d'un solénoïde ...... 77 Figure 8: Traitement périnéal ...... 83 Figure 9: Relation entre le sacrum et la tête ...... 85 Figure 10: Manipulation du sacmm ...... 86 Figure Il: Points de contact du prana sur les mains et les pieds pour une polarisation des cinqéléments ...... 87 Note : Étant donné les nombreux termes tires du sanskrit (langue des écritures sacrées de t'Inde) dont la transiitération d'iere d'un auteur à un autre et comme le but du présent mémoire n'est pas de faire une étude de I'une des composantes de la culture indienne. j'emploierai une version simplifiée de ces mots selon la correspondance suivante-

Les voyelles longues sont rendues par un accent circonflexe. Le « F n voyelle devient ri ». Le s » palatal devient ç »- Le « 5 D cérébral devient K sh ». Le point souscrit des autres voyelles cérébrales a été supprÏmé. INTRODUCTION II apparaît commun aujourd'hui de parier de médecines douces. de thérapies alternatives, de médecine holistique, de médecine naturelle, de médecine traditionnelle etc. II semble en effet y avoir un cenain consensus sur ces médecines en marge de la médecine instituée dite scientifique D, sans doute pour dire des autres qu'elles ne le sont pas. Mais ce consensus muet, que presque personne ne semble éprouver le besoin de questionner, laisse songeur celui qui prend conscience de la diversité des appellations et des définitions qui en sont données dans les ouvrases destinés à un large public. Le silence qui entoure le phénomene ne le rend que plus confùs. Françis Zimmermann, f'un des rares chercheurs a s'intéresser a Ia question, exprime bien le besoin d'une telle recherche : 11 est de bon ton d'opposer aujourd'hui la médecine scientifique aux medecines naturelles. On place d'un côté la science. dont on dit qu'elle fait violence à la nature, et de l'autre des pratiques traditionnelles qu'on appelait naguère - mais la formule est passée de mode - « les médecines douces n.[. ..] La rubrique des médecines douces ou naturelles est un fourre- tout dans lequel on range les croyances les plus disparates.'

Que se cache-t-il demere tous ces noms? Comment peut-on y trouver un point commun? Une véritable réponse à ces questions supposerait un projet d'envergure ou toutes ces médecines seraient inventoriées, classifiées et définies. Un tel projet ne saurait être envisagé dans le cadre d'un mémoire de maitrise- On se contentera donc d'étudier ici ['une de ces thérapies. Ia Thérapie par Pohrité, pour en comparer éventueliement les éléments à d'autres medecines douces lors de travaux ultérieurs.

L'etude de la Thérapie par Polarité comporte plusieurs avantages. Cette thérapie semble, en effet, contenir plusieurs des dimensions que l'on attribue généralement aux médecines douces :une inspiration religieuse, le fondateur aurait été initié par un sage hindou; un savoir ésotérique. le corpus des textes de Randolph Stone fait constamment des liens avec des auteurs à caractère ésotérique; des références à la science, la structure de l'énergie qui

Françis ZIMMERMANN, Géneu/ogie des médrcirres dortces : de / I'liie à l 'Occide~lt,Paris, Presses Universitaires de France, 1995. p. VIII. entoure le corps humain, telle que Stone la conçoit, est semblable à celle du noyau atomique-

La Thérapie par Polarité a connu un certain rayonnement depuis sa création. On retrouve. par exemple, des centres #enseignement aux États-unis. en Autriche et en Angleterre- Au Québec, selon le rapport de l'université Laval sur les praticiens de médecines douces. la Thérapie par Polarité serait utilisée par 3.6 % des praticiens2. De plus. Randolph Stone. le fondateur de la discipline. a écrit une dizaine de livres. Près de la moitié de ceux-ci ont été traduits en fiançais pour une diffusÏon québécoise et quelques auteurs ont repris la discipline en écrivant des livres' sur le sujet. Au Québec, une association de psychopolarines a été créée il y a quelques années. Plusieurs sites traitant de la Polarité sont accessibles sur Internet : on y retrouve des renseignements sur la thérapie et des listes de praticiens accrédites. notamment par I'Amencan Polarïty Therapy Center ou les autres lieux d'enseignement cites plus haut-

Le présent mémoire est divisé en quatre parties. La première partie porte sur 1- histoire de la médecine en Occident. Il s'agit d'un survol qui a pour point de départ les conceptions hippocratiques et comme point d'arrivée la médecine contemporaine. Il permettra de mettre en evidence I'application de la méthode expérimentale de Roger Bacon, l'influence de la Révolution Française. la pratique de I'autopsie et enfin I'apparirion du « malade-qui-n'a- rien ». On y abordera également la symbolique entourant la mon et le caractère relisjeux de I'art de guërir. Bien que succinct. ce rappel historique devrait faire ressonir certains éléments qui ont contribué à Iëmergence de ce que l'on appelle couramment les « médecines douces ». et en particulier de la Thérapie par Polarité.

ROLTSSEALr. Nicole, Franche SAILLANT et Danielle DESJARDmTS. Les r/72rrrl>iesdor~ces nrr @tc'brc :portrai-I despraticier~ms ri prnricirr~s.Rapport de recherche, Québec, Université Laval, 1990, p. 70.

Voir biographie. La seconde partie de ce mémoire donne un aperçu global de ce qu'est la Thérapie par Polarité à partir d'un modèle d'analyse médical. En fait. il s'agit d'une grille qui permet de constater que Randolph Stone en créant sa thérapie voulait répondre à la soufiance humaine. chose qui ne lui apparaissait pas possible par l'utilisation de la médecine instituée ». C'est ce qui I'amëne à constater que l'ignorance de l'homme quant a sa véritable origine est la cause première de tous ses malheurs. Cette origine, ce sont les Radhasoami, une secte du nord de l'Inde. qui la lui révéleront.

La troisième partie plus biographique, montrera la richesse du cheminement personnel de Stone jusqu'à ce quïl devienne un disciple des Radhasoarni. Lëtude sommaire de ce croupe religieux montre que la croyance de leurs membres est basée sur trois éléments C principaux. En premier lieu, ils affirment que leur religion est une science. Deuxièmement. cette science ne peut ètre communiquée aux membres que par le maître vivant. Il ne peut, selon eux y avoir de véritablecommunication de connaissances par le biais unique d'écritures, comme dans le christianisme par exemple. qui ne possède pas une lignée de maîtres qui se communiquent ['un a l'autre les bases de leur système. Troisièmement. la sagesse que le groupement transmet est la même que celie que tous les chefs spirituels des grandes religions C ont enseignée depuis le début de l'histoire humaine. Ainsi Bouddha Jésus ou Mahomet. par exemple. font partie de cette Iipée de saints jusqu'à l'actuel maitre des Radhasoami.

C'est dans la quatrième partie que l'on trouve l'analyse véritable de la Thérapie par Polarité. A partir de dix principes exposés par Stone et qui synthétisent l'ensemble de son œuvre, il est possible de vérifier comment les enseignements des Radhasoami ont été intégrés a sa thérapie. D'autres influences, comme celles de la science et de I'esoterisme, y sont également considérées. C'ea aussi l'occasion de montrer comment s'appliquent concrètement les fondements de cette thérapie.

Ces quatre parties permettent de cerner les principaux fondements de cet art médical. Mais il reste la question de cohérence de ce système de pensée. Par quel moyen Stone est-il 5 parvenu à donner une cohésion valable a I'ensemble de son œuvre? Pour trouver une réponse à la question. il faudra sans doute regarder des études sur 17ésotérismeet se demander s'il n'y aurait pas là une cenaine parenté avec la Thérapie par Polarité. Facteurs favorisant l'émergence des médecines douces en Occident 1.0 Facteurs favorisant l'émergence des médecines douces en Occident

Si nous avions discuté de médecine, il y a vingt ou trente ans, nous aurions eu I'impression de parler d'une même réalité mSCIentifiquedont seul le médecin connaissait les secrets. Or, a l'analyse. on se rend compte que le terme même de médecine constitue en fait un concept dynamique qui a évolué tout au long de !'histoire avant d'en amver à l'idée que nous nous en faisons aujourd'hui. De même, depuis quelques années. le système médical est l'objet de critiques. Critique interne d'abord, venant des médecins insatisfaits de leur pratique. Critique exreme ensuite, par les usagers des services et les praticiens de médecines douces. Dans le présent chapitre. il sera fait état de l'évolution du concept de médecine jusqu'a l'émergence récente des thérapies douces, et par conséquent des critiques dont la médecine a été l'objet tout au long de son histoire.

Pour comprendre cette évolution de la médecine, il est nécessaire en prem-er lieu de retourner aux origines de la médecine occidentale- Elle commence donc. selon ses tenants. avec Hippocrate. le premier a introduire la méthode scientifique en médecine. Cette influence d'Hippocrate se fera sentir jusqu'à la Révolution française alors que seront instituées la clinique et les sciences statistiques. Puis I'autopsie, en montrant au resard du clinicien ce qui jadis lui était caché. continuera à modeler la médecine occidentale. On peut alors se rendre compte de visu de la façon dont les organes internes sont constitués. de leurs relations réciproques. etc. C'est sans doute à ce moment de son evolution que la médecine occidentale s'eloigne Le plus d'une vision globale de la personne. Un malade est un patient qui, a son tour, devient un objet d'étude; il perd ainsi le caractère sacré qu'on lui accordait auparavant. .4pparaîtront à cene période les premières médecines différentes qui viendront questionner la médecine objectivante.

Ensuite, on pourra constater comment l'arrivée du « malade-qui-n'a-rien >> penurbera la confiance pratiquement aveugle en cette science médicale moderne. La médecine maintenant devenue science n'obtient aucun rédtat sur ce nouveau type de patient. Le choc remettra sa toute-puissance en question. C'est autour des années 1960 qu'un nouvel engouement pour les médecines différentes apparaît en réaction. probablement, aux Limites de plus en plus apparentes de la médecine scientifique.

D'autres facteurs expliquent égaiement l'apparition des médecines douces. Les considérations d'Yvan Illich sur les iconographies. dans son livre Né&- mL'dcak. nous aideront à comprendre I'evolution des conceptions sociales sur la mort et sur la médecine- Représentations sociales et médecine sont étroitement liées. puisque s'occuper de la santé d'un individu a un impact sur sa suMe ou sa mort. Cette étude des iconographies nous aménera a constater que le monde moderne, en essayant de s'extraire de plus en plus des mécanismes morbides. en est venu a vouloir faire disparaître la douleur et à en perdre le ventabie sens. Se livrant alors corps et âme au médecin la population en est venue a déifier ce dernier.

À la fin de ce chapitre. quelques remarques sur Iëtyrnologie de certains mots montreront le lien qui existe entre « l'art de soigner » et l'idée de sainteté ou de religiosité. Ce lien que la médecine scientifique moderne semble avoir mis de côte. les médecines douces prétendent bien souvent l'avoir retrouvé. C'est ce dernier aspect qui nous introduira à Iëtude proprement dire. au chapitre suivant. de la Thérapie par Polarité.

1.1 La médecine :d'Hippocrate à la Révolution

La médecine occidentale avant de s'instituer sous la forme que nous connaissons aujourd'hui est passée par différents stades d'évolution. Selon le jugement que l'institution médicale porte sur elle-même. la véritable médecine serait née au début du XIX' siècle. Si la médecine compte plusieurs millénaires d'existence. elle n'a atteint son âge adulte que depuis moins de deux cents ans. Cela tient à ce qu'elle est a la fois un art et une science. Un art, elle pouvait I'ëtre dès l'origine des civilisations, à la mesure de I'intuition, de l'empirisme. de la psychologie et de I'habileté de ceux qui l'exerçaient. Pour devenir une science, il lui fallait pouvoir s'appuyer sur d'autres sciences et techniques qui sont toutes ses cadettes et dont les applications étaient indispensables à l'identification et au traitement des états pathologiques. C'est ainsi que la connaissance de la cellule impliquait la découverte et la mise au point préalables du microscope par les physiciens: de même, la physiopathologie biochimique ne pouvait ètre conçue de façon rationnelle avant que ne soient connues les lois élémentaires de la chimie minérale et organique. Il n'est donc pas surprenant que l'art de soigner soit aussi ancien que fhurnanité. alors que la médecine digne de ce nom ne date que du début du MX' siècle. Depuis lors, son développement et ses progrès se sont réalisés a une vitesse étonnante qui paraît en constante accélération.'

Ce que ce discours optimiste de Coury dit fondamentalement, c'en qu'il y a une médecine scientifique, ou i1 n'y en a pas du tout. Pour en arriver à cette conclusion, la médecine occidentale est passée par dinerents épisodes. Les pages qui suivent montrent le déroulement des principaux événements qui ont marqué son histoire.

Selon l'histoire officieIle, Hi-ppocrate (400 ans avant notre ère) serait le père de la médecine occidentale. 11 aurait été te premier a introduire Ia méthode scientifique en médecine en désacralisant la maladie et en recherchant ses causes ailleurs que dans la punition des dieux ou la fatalité. L'esptit scientifique de cet initiateur aurait été mis en veilleuse pendant de nombreux siecles par le dogmatismede ses adeptes. La thérapeutique hippocratique reposait sur deux principes ~énéraux:s'interdire tout ce qui pourrait nuire au patient et aider en toutes circonstances I'action spontanément favorable de la nature. Hippocrate utilisait pour cela un principe (Galien - 13 1 a 20 1 de notre ère -reprendra ce principe) selon lequel le corps humain est composé des quatre humeurs suivantes : la terre (les chairs). I'eau (le sang). I'air (le souffle) et le feu (la chaleur). Selon la conception hippocratique, la maladie est le résultat d'une rupture dëquilibre entre les quatre humeurs. La médecine a cette époque se propose donc de rétablir cet équilibre par dinérentes pratiques telles que l'application de chaleur, de fioid ou encore par l'élimination du sang vicié par les humeurs mauvaises qui s'y trouvent accumulées.

Par exemple. aux XVIc, XMI' et XVmC siècles, les saignées sont très populaires. Cette thérapeutique découle de I'interprétation de la théorie des humeurs selon =ppocrate, puis Galien. Puisque les maladies résultent des humeurs mauvaises qui s'accumulent en

' C. COURY. « Médecine : Histoire » in Et~cyclopaediio~huiwsaIi3-,Vol. 10, Paris. 1980, p. 682. cenains Iieux du corps, les saignées étaient censées disperser ces humeurs mauvaises et rétablir I'équilibre interne nécessaire à la santé. Mais cette pratique occasionna très souvent des carences en fer - sunout pour les nouveau-nés et les femmes qui ont au départ une tendance à ce type de déficience -, même si certains ont prétendu a son efficacité. Pourtant, malgré les abus interprétatifs que l'on fit de la discipline hippocratique, on reconnait cénéralement que philosophe instaura une véritable méthode scientifique basée sur Y ce l'observation.

Avant que l'on ne renoue avec le modèle hippocratique, la maladie était vue selon le modèle botanique. On dresse alors un portrait de I'être humain avec ses aspects ideaux- L'être humain est donc comparé. pour bien comprendre ce dont if s'agit, au terrain sur lequel poussent des végétaux. Sur ce terrain vient ensuite se superposer la maladie telle une plante qui pousse selon des caractéristiques qui lui sont propres et que l'on classe selon son espèce. Dans cette médecine des espèces. la maladie est identifiable visuellement parmi les éIéments du vaste SOI que constitue le corps humain :« une idlamation locale n'est pas autre chose que la juxtaposition idéale de ses éléments "historiques" (rougeur. tumeur. chaleur. douleur)

[...] n.' La maladie se déplace dans l'organisme qui en est en quelque sorte le support. Tout I'an du médecin consistera donc a accompagner le patient en laissant l'être qui ['habite. c'est- à-dire la maladie. poursuivre son évolution a travers le corps jusqu'a sa destination finale qui peur ètre soir sa disparÏtion. ce qui constitue la guérison du patient. soit sa sédentarisation dont l'issue finale est la mort-

Ce n'ea qu'avec la venue des grandes épidémies, la peste du Moyen Àge par exemple, que le regard médical se déplacera du corps du malade vers I'origne de la maladie. On situe alors cette origine dans les lieux, les périodes de I'année ou la température. Comme l'indique Michel Foucault : « Le fond essentiel est défini par le moment, par le lieu, par cet air vif, piquant. subtil, pénétrant qui est celui de Nîmes en hiver. »6 Cette conception trouvera

Michel FOUCAULT, Naissance de la cliliipe, Quadrige, Paris. PüF. 1963. p. 4. d'ailleurs son apogée au XWIc siècle alors que Ia Société de médecine prendra la place de la Faculté : « L'événement ici. a valeur d'émergence dans les structures fondamentales n7. On y étudie quatre aspects fondamentaux :la topographie. la météorologie, les épidémies et les maladies régnantes. auxquels s'ajoute la descrÎption des cas extraordinaires. Commence alors un véritable classement des événements de la maladie qui conduira aux sciences statistique et clinique actuelles : Ce qui constitue maintenant I'unité du regard médical. ce n'ea pas le cercle du savoir dans lequel il s'achève, mais cette totakation ouverte, infinie, mouvante sans cesse déplacée et e~chiepar le temps. dont il commence le parcours sans pouvoir I'arrêter jamais : dé& une sone d'enregisuement clinique de la série infinie et variable des événements.'

Un pas important vient ainsi d'être franchi en dépassant la conception philosophique de la maladie et de la santé pour en venir a une véritable science de l'observation dont la supériorité apparaît alors évidente aux yeux d'une société qui vient de vivre une révolution historique importante.

1.2 Des ruptures :un pas vers le concept de science

Avant d'en amver au concept de science tel que nous le connaîtrons au XIX siècle. un certain nombre de ruptures avec le théocentrisme dominant l'occident dès les premiers siècles de Iëre chrétienne devront se produire. Une premiëre rupture s'effectue avec Guillaume de Conches. au XIIc siècle :eue introduit l'idée des causes secondes en tant que lois que l'on peut étudier rationnellement. c Si Dieu a crée la nature, il I'a aussi dotée de lois qu'il respecte. II est évidemment la cause première de tout, mais il existe en outre un ordre autonome de causes secondes, les lois, que l'on peut étudier rationnellement. fi9 Un peu plus tard. Thomas d'Aquin affirmera que la vérité est dans les choses avant d'être dans les esprits.

Jean-Paul LÉW. Le porn?oir de périr :lhle his~oirede l'id& k mnl~diir.Paris. Éditions Odile Jacob. 1991. p. 134. CC S. Thomas estime pour sa part que les objets de notre connaissance ne se réduisent pas à des phénomènes, a des apparences pour un sujet, mais qu'ils existent en dehors du sujet, en vertu d'un r-sseVpar un acte d'être. distinct de celui du sujet. »'O

Roger Bacon (1270-1292) introduit Ia méthode expérimentale telle que nous la connaissons aujourd'hui. et cela constitue un deuxième facteur de rupture. Ce Roger Bacoh qu 'il ne faut pas confondre avec Francis Baco~était un moine franciscain dont les opinions lui valurent de nombreuses années d'emprisonnement. On lui attribue au moins autant de découvertes qu'à Léonard de Vina. Il aurait invente le télescope, le microscope. les lunettes. etc. Après Bacon suivront les premiers traités d'anatomie humaine (Vésale en 1543). la remise en question de ceriains dosmes par la découverte de la circulation sanguine. du microscope et enfin la définition de l'homme-machine par Descartes au XVII' siècle.

La Révolution française finalise les changements commencés plus tôt en donnant a la profession médicale un statut qu'elle n'avait jamais eu jusqu'alors. C'est ainsi que deux grands mythes qui persistent encore aujourd'hui verront le jour : celui de pouvoir instaurer une profession médicale nationalisée. et celui de voir un jour disparaître totalement la maladie. Le monde médical devait donc s'implanter dans l'ensemble de la société pour finalement disparaître lorsque toutes les formes de maladies et leurs causes. même I'injustice. seraient éradiquées. Ces deus mythes, selon Michel Foucault, ont comnbué a I'établissernent d'un clergé thérapeutique dont le corporatisme actuel conserve un aspect mystérieux et secret.

1.3 De t'autopsie à la clinique :la mort montre la vie

Comme I'indique Michel Foucault, jusqu'au XVIIIc siècle la maladie est définie comme ce qui va contre la nature. Puis au XKsiècle, la maladie est perçue comme une avancée vers la mon. une dégénérescence du corps. Cette transformation de l'image de la mort est sans doute due à la pratique courante de l'autopsie qui amène la médecine à tourner

'"Joseph MOREAU. De la comaissance seioi~S. nmmas D 'Aq~tii~,Paris, Éditions Beauchesne. 1976. p. 1 16. son regard vers le mécanisme même de la mort. Ce qui jadis était interdit au regard apparait au grand jour. Cette dissection du corps, qui amène en elle-mème une rupture historique, influencera non seulement la médecine mais égaiement I'ensemble des sciences.

Le regard du clinicien en triple. Ii fat appel à 17œiI,au toucher et à I'ou'ie tout en incluant la médiation de cenains instruments tels que le stéthoscope. Avec I'autopsie, I'homme peut maintenant prolonger son regard jusque derriére la mort :

[.. .] i! s'agit d'un repérage dans la vie, c'est-à-dire dans la nuit. pour indiquer ce que seraient les choses dans la clarté blanche de la mort [-- -1 La structure a la fois perceptive et épistémologique qui commande 1-anatomie clinique et toute la médecine dérivant d'eue, c'est celle de Iïnvisible visibilité. La vérité qui. par droit de nature. est faite pour l'oeil, lui est dérobée. mais subrepticement aussitôt révélée par ce qui tente de I'esquiver."

Un autre instrument prend une importance capitale dans la conception de cette médecine scientifique : le microscope. II fait apparaitre l'existence des cellules. ce que la biochimie complétera en étudiant leun interactions. Pour Jean-Paul Lévy". la vie selon le regard médical actuel se définit comme un ensemble d'interactions moIéculaires qui se déroulent au sein de la cellule d'une pm. et entre les cellules d'autre part. La maladie, selon cette optique. apparait comme une panne de certaines cellules. L'on retrouve donc une vision mécaniste de la maladie et de la santé qui concorde avec la conception scientifique du MX' siècle. La découverte des interactions moléculaires conduit à un optimisme débordant: on est convaincu que I'ensemble des troubles de l'humain, tant physiques que mentaux. pourra bienrôt être traité : « La pathologie mentale n'entre que lentement dans le domaine scientifique et elle sera vraisemblablement la demière où l'on parviendra à mettre a jour complètement les mécanismes. mais les progrès de la neurobiologie sont en train d'amorcer ce processus. )P

" Michel FOUCAULT. op. cil., p. 169.

" Jean-Paul LÉW, op. cir., p. 252.

I-' li>id,p. 253. Les progrès technologiques et scientifiques constants de la médecine occidentale ont produit un optimisme qui demeurerait encore aussi fort aujourd'hui, tant de la pan du médecin que du patient. si un phénomène nouveau n'était pas apparu :le malade-qui-n'a-rien. Ce malade qui n'entre pas dans les catégories de la science est venu mettre en doute la toute- puissance de la médecine de l'Occident. En jetant un bref coup d'oeil sur la relation patient- malade. on peut se rendre compte que cette déroute de la médecine est due en partie a la conception qu'elle a d'elle-même et de son patient. La découverte de ce phénomène montre comment la médecine occidentale s'est éloignée de son patient en disqualifiant. bien souvent, les pratiques traditionnelles par lesqueiles les gens pouvaient auparavant assumer leurs malaises. C'est encore 1à un aspect que les médecines douces voudront pius tard dénoncer.

1.4 Le malade-qui-n'a-rien : la science en déroute

Pour comprendre I'orïgine de cette remise en question du monde médical, Lucien Israël pose la question suivante: « Par quelle aberration la médecine a-t-elle méconnu que porter la main sur le corps d'un autre, geste que l'"acte médical" implique toujours. suscite chez cet autre des réactions qui ne se limitent pas a la matérialité physique de l'homme? »" Israël explique que, pour répondre à cette question, il est nécessaire d'examiner la relation particulière que le médecin vit avec le patient qui Ment le voir. Le médecin a ses idées sur ce que le malade vient chercher; le malade a de même son image d'un médecin.

Pour le malade d'abord. le médecin est un élément rassurant et protecteur qu'il associe inconsciemment a sa mère. Cette image féminisée, le médecin la partage avec I'infirmïère. Par ailleurs. le malade peut percevoir le médecin, en partie inconsciemment. comme un personnage puissant possédant des pouvoirs qu'il ne détient pas. Sans doute sous l'influence de la psychanalyse, Lucien Israël en arrive a affirmer que le patient est jaloux du docteur puisque ce dernier a droit a toutes les femmes, tandis que lui en est privé ou encore que la

lJ Lucien ISRAËL. « Médecine : Relation malade-médecin » in D~cyclopuedia [h~iwrsc~kr.Vol. 10. Pans. 1980. p. 694. femme qui vient consulter essaie de séduire le médecin pour savoir si elle est capable de plaire à cette figure d'autorité.

Le point de vue du médecin est different- Ses études l'ont amené à surtout considérer I'aspect technique de sa profession Il est rarement préparé à répondre adéquatement aux patients qui demandent autre chose qu'une simple disparition des symptômes qui les font

Le médecin croit, et bon nombre seront choqués qu'on utilise ici le terme « croire » au lieu de « savoir », que le maiade le consulte parce qu'il veut euenr d'une maladie. Or. très souvent, ce que demande le malade. c'est d'être -C soulage d'une soufiance. Établir une identité -maladie = soufiance -est une réduction erronée de la soufiance humaine a ce qui n'en que l'une de ses expressions. parfois la plus t~lérable.'~

Le médecin qui établit cette réduction - malade = souffrance - finit par ètre aux prises avec un problème insoluble : le malade-qui-n'a-rien. Comme il n'en pas outillé pour répondre a la soufiance de ce nouveau type de malade. le mèdecin procède a des examens pour déterminer le mal. Puisque ces examens ne s'avèrent pas significatifs. le médecin en propose d'autres jusqu'à ce qu'un indice, si infime soit-il. apparaisse. Le patient. lui. désire ètre un vrai malade. il veut passer avec succès son examen de malade et accepte sans reticence de se plier aux tonures les plus étranges. Mais on peut se demander : « la petite chose cachée qu'on finit par mettre en évidence en répétant ou en multipliant les examens est-elle découverte ou inventée? »16 En désespoir de cause, si aucun examen ne révèle d'indice, il ne reste au praticien qu'une chose à faire : rendre le patient malade pour pouvoir le soigner.

Cette maladie dite iatrogène (du grec iatros = médecin et gems = origine, c'est-à-dire « qui a pour origine le médecin ») est. selon Yvan ~llich".très tiéquente et met directement en cause la conception actuelle de la médecine. On sent poindre ici une perte de confiance en la

'"oc. cil.

'' Yvan ILLICH, Nthésis médicale: L 'exyropriarioi~de la .uir~rL;.Pans, Éditions du Seuil. 1975. p. 1 70. médecine qui prépare Iëmergence d'autres formes de thérapie plus humaines telles que la Thérapie par PoIarïte.

1.5 Symbolique mortuaire et sens de I'esistence

La médecine a pris au cours de son évolution une place importante dans la société occidentale. Elle jalonne notre conception de la maladie depuis Iëpoque hippocratique. Parallèlement à cette conceptuaiisation, c'est&-dire du passage de la médecine des humeurs a celle des sciences. c'est la vision de la destinée humaine, qui en définitive conduit toujours à la mort du corps. jui s'en transformée. Selon Yvan t'image de la mort détermine la conception de la santé. Cette image a évolué de façon particulière; les iconographies en témoignent.

Au IVcsiècle. les iconographies reproduisent la danse des morts. La mort est alors le miroir de la vie. On danse avec elle comme on danse avec toutes les petites morts journalieres. Le cimetière est au centre de la vie du viilage. Puis a la fin du XV' siècle. ce sont des danses macabres qui sont illustrées. La mon devient un personnage en soi sous la forme d'un squelette nu. On illustre également très fréquemment les fins dernières. La mort s'est éloignée de I'homme. il ne s'a~itplus d'événements de la vie mais d'un événement unique. Elle n'est plus la vie mais sa fin. La prolifération des horloges témoigne de ce chansement dans les consciences : La finitude. Iïrnmanence et la familiarité avec la mon personnelle ne panicipaient pas seulement du sens naissant de l'heure mais aussi de l'émergence d'un nouveau sentiment de l'individualité. Quand elle était le chemin menant le pèlerin de l'Église terrestre militante i 1'~~lisetriomphante des cieux. la mort avait représenté, pour beaucoup, un événement panicipant de l'une et I'autre communauté. Désormais, I'homme aRontait lui-même sa mort et sa tin. La mort étant ainsi devenue une puissance naturelle, il convenait de la maîtriser en apprenant l'art et la manière de mourir. L'Ars Moriendi. un des premiers manuels imprÏmés à se répandre. devait comaitre dans différentes versions la faveur populaire pendant prés de deux siècles. Beaucoup apprirent à lire en déchiffrant ses pages.'9

Au XW' siècle. ies représentations démontrent un goût grotesque pour les famômes et les âmes. ce qui dénote l'anxiété croissante d'une culture affrontant l'appel du trépas bien plus que le jugement de Dieu. C'est alors la danse des mons qui décore les porches d'église. À cette époque. le médecin aide le malade a guérir ou à mourir. Grâce au facies hippocratica D. il peut distinguer les signes précurseurs de la mort ou de la guérison. Avec notamment la pratique des premières autopsies, le corps commence a perdre son aspect sacré, la mort devient naturelle et n'est plus que la fin d'un processus dont la nature décide les étapes.

Par la suite. la médecine clinique progresse et l'espoir qu'avaient les médecins de pouvoir traiter les maladies spécifiques a donné naissance au mythe de leur pouvoir de régir la mon. Une nouvelle imase apparait : celle de la compagne inopportune contre laquelle luttent le médecin et le patient. Mais à partir de la Première Guerre Mondiale. le patient perd son rôle qu 'il cède volontiers au médecin. Dorénavant. c'est la société qui devient responsable de Ia mort de chacun de ses membres; c'est à elle et à son héraut. le médecin, que revient le devoir de 1-éloignerle plus possible. Dans les représentations antérieures. la mon se moquait de 1-homme laissant voir qu'elle gardait le contrôle sur sa destinée. Maintenant les iconographies montrent un médecin qui désarme la mon de sa faux ou encore aplatit lestement les os décharnés du squelette qui perd ainsi tout pouvoir. Généralement les médecines douces. contrairement à ces iconographies modernes. redonnent a la mon son visage de compagnon et renouent ainsi avec les images qu'on s'en faisait au IV' siècle. 11 s'as$ sans doute de l'un des facteurs expliquant leur popularité actuelle. 1.6 Modernité, médecine et science :de la douleur a l'anesthisie

Le X WIcsiècle apparaît comme un moment capital dans la mise en place d'un mode de pensée qui persiste encore aujourd'hui. À la fin de ce siècle- plusieurs chercheurs sont optimistes. Après des siècles d'obscurantisme ea né un instrument nouveau : la science expérimentale. Ce nouvel outil, pense-t-on alors, réussira à résoudre l'ensemble des myaëres des humains et, ce faisant, terrassera bientôt la maladie, la vieiilesse et la mort- L'idëat positiviste est panout : les scientifiques de tous ordres, les cercles ésotériques. les philosophes et les médecins. pour une fois. s'entendent :l'humain résoudra I*ensemblede ses problèmes par la connaissance de K quelques bis simples. »

Mais après cet optimisme scientifique. voilà qu'une critique des applications de la science, voire de Ia science elle-mèrne, s'amorce. Avec son ouvrage N~~r'sisMedic~~k,Yvan Illich fait tioure de précurseur :il ose critiquer le système médical moderne. Il semblait évident a tous que la médecine était le facteur d'influence le plus important pour l'état de santé global de la population. Mais les données recueillies démontrent que les facteurs déterminants de la santé sont. dans leur ordre d'importance, l'environnement. les activités sanitaires et en dernier lieu l'acte médical. K Un appareil technique imposant allié a une bureaucratie médicale --égalitaire"a crée I'illusion dangereuse d'une corrélation "naturelle-' entre I'intensité de I'acte médical et la fréquence des guérisons. »'O Ivan Illich montre ainsi que l'acte médical n'affecte pas I'espérance de vie. augmente la période d'invalidité des malades et implique souvent des traitements additionnels. Le principal avancement de la médecine se situe au niveau des maladies infectieuses et des réparations mécaniques post-traumatiques. La nutrition suffisante et l'hygiène sont, pour le reste, les facteurs influençant le plus la santé.

Yvan Illich montre également que l'inutilité des actes médicaux est ie moindre des dommages qu'une entreprise médicale puisse infliger à la société- On l'a vu précédemment, la médecine peut provoquer des mdadies chez les personnes. mais elle induit également des problèmes au niveau de l'économie et de la culture. La transformation de l'expérience de la douleur est caractéristique de la maladie iatrogène structurelle. c'est-à-dire de la maladie se produisant à I'inténeur même de la culture et provoquée par te système médical lui-même. Dans la culture préindustrielle. la douleur avait un sens. Avec I'industrialisation la soufiance perd toute signification et devient un simple problème technique : « La so&ance cesse dors d'être acceptée comme contrepanie de chaque réussite de I'homme dans son adaptation au milieu et chaque douleur devient un signal d-alarme qui appe1Ie une intervention extérieure pour I'étouffer. D:' De responsabIe qu'était I'homme devant cette soufiance, il devient tributaire de la société. C'en la cité qui en a maintenant ta responsabiIité.

La douleur a une valeur négative incommunicable et indéniabie. II n'en pas etonnant que I'humain ait eu a se situer par rappon à elle. Le vieil Hippocrate ne se proposait jamais de faire disparaître la douleur C'était là un indice permettant de savoir qu-une pave altération de l'harmonie interne du patient empêche sa bonne santé. Dans les religions la douleur. en général. a également un sens : c'est le résultat d'un agir négatif que I'on nomme bien souvent péché. Certaines causes. selon la pensée religieuse. peuvent lui être reliées. En \-oici trois exemples : la douleur est la manifestation d'un univers imparfait. c'est un mal cosmique et mythique qui le justifie; la douleur est intrinsèque a la nature qui est différente de Dieu; la douleur est une expérience de l'âme qui habite le corps tout entier. Paradoxalement. l'utilisation des instruments critiques d'appréhension de l'univers n'a pas été suflisante. comme les esprits scientifiques s'y attendaient. pour faire disparaître la pensée mut hico-religieuse. Le médecin a plutôt remplacé le prêtre qui jadis possédait la connaissance nécessaire à éloigner du péché et de la douleur.

1.7 Le médecin : nouveau prêtre des temps modernes

Selon toute vraisemblance, c'est l'institution dela médecine en un clergé médicai qui a fait taire pendant longtemps la critique du système de santé par ses usagers. Prenant la place jadis réservée aux Églises, le médecin-prêtre répond à un besoin de sacré inhérent aux êtres humains. Le corps médical s'est donc sacralisé, prenant figure d'une véritable religion. La profession médicale a larsement cessé de poursuivre les objectifs d'une corporation doartisans appliquant la tradition et ayant recours a ['habileté. I'apprentissase et l'intuition. Eiie en est venue à jouer un rôle jadis réservé au clergé. utiIisant des principes scientifiques en guise de théologie. des techniciens en guise d'acolytes et la routine hospitalière en guise de liturgie?

Or. cette possibilité d'un clergé médical est inscrite dans le besoin des humains de se situer face à la mort. Chez les peuples prirnkifs, la mort menace la cohésion du groupe. C'en le rituel qui lui redonne sa place dans l'univers. Dans notre société moderne, répondant au même besoin que les communautés primitives, un nouveau type de héros de civilisation est apparu en la personne du médecin : Si Ie médecin émerge soudainement en tant que sauveur. héros de la civilisation et thaumaturge, ce n'en pas parce que la nouvelle technologie médicale a fait ses preuves, mais parce que I'on ressent le besoin d'un rituel magique donnant créance à une quête dans laquelle la révolution politique avait ech~ue.'~

Ce que I'on demande au médecin, explique Lucien Israël dans son livre Le rntkiec~n face nzr mn/de. ce n'est pas tant d'être guéri d'une maladie que de pouvoir se situer par rapport au mal, d'être capable d'en justifier la présence. de pouvoir vivre a ses cotés. Jadis. ce rôle était volontiers dévolu au clergé, mais voilà que l'Église ne semble plus être capable d'y répondre de façon adéquate. Le langage employé par la médecine concourt a matérialiser cette idée : Dans les facultés de médecine, on nous enseigne un catéchisme selon lequel nous devons toujours répondre a un patient qui nous pose des questions : « FNTES-MOI CONFIANCE », et si ce patient est une femme : C~RE MADAME. FAITES-MOI CONFIANCE )). Si un patient vient me voir avec des données contraires aux miennes, je lui dis alors : « A QUELLE ÉCOLE DE MÉDEC~NEAVEZ-VOUS ÉmrÉ? ))"

'' Les rnL;Jecir~rsdorfces e? le syszeme de smré qrrébkois. (Colloque de l'AGORA tenu a Orford, Québec. en septembre 1985)' p. 87. Le médecin se situe comme celui qui sait, tel le prêtre jadis. 11 est égaiement celui qui coniprend le domaine de la maladie et de la mort. Autant de connaissances qui, autrefois, étaient réservées aux gens d'église. La médecine s'est donc accaparée une structure et un discours religieux qui lui ont pennis de prendre le visage d'un sauveur.

Pour saisir les implications religieuses de la médecine. il faut peut-être retourner à la valeur étymologique des mots utilisés. À la dierence des conceptions plus primitives du sorcier-guérisseur. Émile Benveniste soutient ici que le docteur est d'abord un penseur. À la base même du mot médecine, il y a la racine K med ». Selon Benveniae'~ qui poursuit I'analyse de cette racine dans différentes langues indo-européennes, il existe une unité évidente autour du mot latin modus, forme norninde de [a racine med n, dont la sisnification tourne autour de l'idée de mesure au sens de réflexion, connaissance et autorité- Traiter un patient devient alors une forme de mesure, ce qui suppose une médecine indo-européenne basée sur la réflexion, la compétence et Ilautorité. En ce sens. le traitement des maladies est semblable au gouvernement des hommes et a la décision des juges. Plus récemment. vers le

SI\" siècle. le mot K médecin D a remplacé celui de mire D ou K mécine fi provenant du français ancien issu lui-même du latin medicilla : « art de soigner )>.

Le mot G soigner ».pour sa pm, nous ramène à une signification particulière, celle de a s'occuper de. de veiller à M. S'occuper de quoi ou de qui? L'usage actuel et passé ne fait nul doute. on s'occupe de la santé pris dans son sens le plus lointain de préservation de son intégrité physique, comme l'explique Émile Benveniste, qu'on nous permettra de citer ici

Considérons d'abord les domees du germanique. Au point de dépan de la notion représentée aujourd'hui par l'allemand heilig K saint », nous trouvons l'adjectif gotique hails qui exprime une idée toute différente. celle de « salut. santé. intégrité physique et corporelle »; hails traduit Gy ri<. Vy raivov « en bonne santé, sain »; ga-hails traduit 6A6xAqpo< N entier, intact », adjectif

Émile BEMmSTE,

C'est uniquement en germanique que ce groupe de mots a connu pareil développement. Mais étymologiquement, il n'est pas isolé; il faut y rattacher le vieux slave cèlü K sain, entier, saluus D; avec Le présent dérivé c6ljq guérir D. En baltique y répond v. pr- kails a heil D, et I 'abstrait (accusatif féminin en -un) kailûaiskun bonne santé ». Enfn le celtique le connaît aussi. si I'on rapproche gallois coel K présage D, vieux breton coel « interprète des présages ».

Le prototype de toutes ces formes se ramène à un adjectif kailos. complètement ignoré de I'indo-iranien et du grec et qui. même dans les layues occidentales. est restreint à un groupe slave. germanique. celtique. On n'est pas certain que le baltique ne kit pas emprunté au germanique sous sa forme ancienne avec k- initial.

Dès le gotique. hails cc en bonne santé. qui jouit de son intégrité physique ». a aussi la fonction d'une forme de souhait, traduisant grec khaîre a salut ! ». On s'explique que l'intégrité physique ait une valeur religieuse si caractérisée. Celui qui possëde le « salut ».c'est-à-dire qui a sa qualité corporelle intacte. est capable aussi de conférer le « salut ». K Être intact )> est la chance qu'on souhaite. le présage qu'on attend. II est naturel qu'on ait vu dans cette CC intégrité N parfaite une grâce divine, une signification sacrée. La divinité possède par nature ce don qui est intégrité. salut. chance. et elle peut l'impartir aux hommes, sous la fonne de la santé corporelle et de la bonne fortune présagée. La notion de heilig. bien qu'elle n'apparaisse pas en gotique, y était sous-jacente. mëme si la nature des textes ne permettait pas de la faire apparaître. Il y a eu au cours de l'histoire remplacement du terme prknitifgot. weihs, par hails. hailig~.'~

Cette explication, un peu ardue, redonne à des mots relatifs aux idées de santé et de médecine. c'est-à-dire a L'art de soigner, un sens religieux. C'est églement a cette nature religieuse qu'il faut se référer pour bien comprendre la venue de la médecine douce et saisir la profondeur des questions que suscite la contestation médicale actuelle.

Tout au long de ce chapitre il a été possible de regarder I'évoIution de la pensée médicale occidentale à partir de certains points de repère. Hippocrate pensa ('humain seIon le principe des humeurs dont Ie déséquilibre expliquait la maIadie. Puis on imagina, B sa suite, un système selon lequel Ia maladie se déposait sur le corps en empruntant différents parcours. Un peu plus tard, avec les grandes épidémies, on imputa à la géographie et la météorologie les descruwements du corps. À partir de la Révolution française on a cru que I'on vaincrait enfin. dans un avenir rapproché. la maladie grâce aux connaissances scientifiques nouvelles qui. en quelque sorte. mettaient à l'arrière-plan les lois divines. Lamethode expérimentale vint achever la désacralisation amorcée bien des années plus tôt. L'autopsie permit ensuite un regard différent sur le corps humain. Regard que ['on put prolonger gr5ce au microscope. La biochimie raffina la compréhension des mécanismes du corps et amena au parolysme I 'optimisme médical.

Tout aurait bien pu continuer ainsi, mais le malade-qui-n'a-rien brisa l'euphorie. Pire encore. I'on prit conscience que la médecine, loin de guérir toutes les maladies, créait les siennes propres. Prise de conscience inquiétante d'autant plus que la société avait. en partie tout au moins, divinise le médecin pour satisfaire son besoin de rituels magiques et de transcendance. L'étymologie des mots médecine et soigner aide à faire comprendre le lien entre bien-être physique et sainteté. comme nous venons tout juste de le voir avec Émile Benveniste.

'"mile BENVENISTE, Le vocabz,/uire des iiisrizurioin hido-e~iropérisres.Vol. 2. Paris. Les éditions de minuit, 1969, p. 186-187. C-est dans ce contexte de remise en question de la validité de la médecine que de nouvelles approches médicales apparaissent. Elles ont pour objectif de soiper l'ensemble de la personne et, ce faisant, elles redonnent a la nature son caractère sacré en y incluant ['homme. Stone, en crkiint la Thérapie par Polarité. se situe dans ce même parcours d'une voie médicale nouvelle susceptible à la fois de donner à la souffrance un sens et de situer I'hurnain en rappofi avec !'univers tout entier. Une réponse aux limites de h mgdecine moderne :La Thérapie par Polariti 2.0 Une réponse aux ümites de Ia médecine moderne :La Thérapie par Polarité

La Thérapie par Polarité a été créée par le docteur Randolph Stone. Il a étudié. tout au long de sa vie, un ensemble de thérapeutiques telles que l'ostéopathie, la chiropraxie et la naturopathie". II obtiendra le titre de docteur dans chacun de ces domaines. Le but de ses recherches enclairement expliqué dans l'un de ses livres : « For forty years I searched for a principle in the healing arts which would include al1 forms of therapy and act as a comrnon denominator, an intelligent answer, to ail the numerous contradictory theories and clah e'üsting today.~" Ce sont ces recherches qui l'ont amené à I'établissement du pnnape de polarité comme base à la compréhension de l'ensemble de I'univers.

Stone a écrit plusieurs cahiers décrivant son art. Ils ont été réunis en deux volumes par une maison d'édition américaine spécialisée dans la publication d'ouvrages liés aux médecines douces sous le titre Poim-ity Therqy :7he Complere Colkard ?Vork-sof ihis Re wi~rrici~myHrahg Art 6y rhe Omnaror of the Syslem. Le premier voIume regroupe les titres suivants : Energ- :The I ?rai Polar$ ir~ihr Heuhg An. rite Wirekss Armrom) of Akm. Poh-ihnierapj-. On trouve dans le second : 7he MysferiorrsSncrr,m.I ÏtcrIzryBa/niicr. 25 Ei.olztriorzar:~-Et~rrm Chans R- 1'àrfor~s Shorter Works-On peut également ajouter a ces deus voluines le livre Hrczlih Blddiqg :7he Corisciorrs Art of Lr~+ugWeil qui ne constitue pas en soi un Iivre de thérapie mais un programme individuel de mise en forme. Ces divers opuscules ont été écrits principalement entre 1948 et 1957. Un titre est absent de cette liste : [email protected],~icBible, écrit en 1956. Son absence dans la colIection en deux volumes pourrait être liée au fait qu'il ne constitue pas en lui-même un traité sur la Thérapie par Polarité. Dans la présente étude, il est pounant utile de tenir compte de son existence puisqu'il fait partie de I'histoire de la discipline.

" Plusieurs des médecines que l'on croit très récentes sont apparues à la fin du XIX' siècle et au début du XX' siècle. Par exemple, la première école d'osthéopathie a ouvert ses portes en 1 893, la chiropraxie est apparue en 1895 et 1'Arnerica.n Naturopathic Association est nee en 19 t 9.

" Randolph STONE, Polarity nierapy :7he Compkre ColiecfedWorks, Sebastopol (Californie), CRCS Publications, 1986, Volume one, Book HI, p. 1. Nous sommes ici en présence d'un corpus de textes assez vaste3 qui n'est pas exempt de répétitions. Chaque cahier destiné à un public étudiant, principalement des médecins, reprend cenains aspects de l'enseignement de Stone pour soit le développer davantage soit y apponer quelque chose de nouveau. De grandes lignes apparaissent toutefois assez nettement tout au long de la lecture des différents cahiers de cours. Dans le cadre de ce mémoire. mon intention n'est pas de fàire une étude approfondie de 1-ensemblede l'œuvre de Stone. Pour extraire la substance de ces travaux, sans en trahir I'inspiration j'utiliserai un modèle médical en quatre points. Ce modèle permet d'analyser une œuvre qui reste vaste, d'en mettre en evidence les axes prïncipam et de respecter la dynamique propre à l'auteur qui allie la médecine a une vision QIobalisante de Iëtre humain.

2.1 L'utilité du (( modèle médical B d'analyse

Le modèle médical que j'utilise reprend en fait la structure même du sermon que le Bouddha aurait prononce à Bénarès quelques semaines après son éveil. Cette structure comprend les quatre déments que voici. Un diagnostic qui fait dire au Bouddha que le monde est imparfait. limité. rempli de souffkances, etc- Une étiologie par laquelle on explique les raisons de cette imperfection, de cette soufiance, etc. Un pronostic qui souligne qu'il existe une façon de remédier à cet état de choses. Une thérapeutique qui fournit le moyen de traiter ce mal par l'acquisition d'une sagesse, l'adoption de nouveaux comportements et l'application de techniques.

La cohérence et la fécondité de ce modèle ont été vérifiées par André Couture dans le cadre de recherches analytiques et comparatives d'une série d'auteurs qui défendent la réin~arnation'~.Ce modèle n'est pas explicite dans le Sermon de Bénarès. C'est le brahmane

29 Je parle ici des deux volumes de la collection de ses oeuvres en excluant. tout en en tenant compte. The M~*.stïcBible et Heulrh BtrilJi,~g

André COLTLIRE. K De Bhaktivedânta Swâmi Prabhupâda a Shirley MacLaine : À la recherche d'un modèle d'analyse remcamationniste moderne ». Les cahiers h ln recherche et?sciri~ces de in religion, Vol. 1 1 :Les croya~cesdes- QmihPcois- Esqttisses portr Vyiisa dans son commentaire des Yogasurra de Patafijali qui l'utilise pour démontrer la cohérence de la philosophie du yoga 11 met ainsi indirectement en évidence l'existence d'une telle structure dans le Sermon de Bénarès. André Couture tire de cela un argument pour étendre I'application de ce modèle à d'autres champs de la spinnialité : Mais le fait que des textes à la fois hindous et bouddhiques utilisent cette quadruple analogie avec la médecine pour faire comprendre le sens de leurs pratiques libératrices ou saivifiques permet de penser que ce modèle médical possède une cohérence et une logique propres, et qu'il est susceptible dëtre détaché du contexte des religions orientales et utilisé pour l'analyse de toute théra~ie.~'

Cette quadniple analogie pourrait donc mettre en lumière certains aspects de la Thérapie par Polarité. Peut-être découvrirons-nous. par exemple. que demëre une thérapeutique qui s'adresse à une clientèle profane et dont l'appartenance reIigieuse. selon Stone. ne devrait pas avoir dïmponance se cache en fait une pratique libératrice a caractère religieux. II semble bien en effet que Stone se compone dans son euvre comme un maitre qui pose un diagnostic négatif sur le monde, recherche les causes du mal. établit son pronostic et propose une thérapeutique susceptible de redonner a la vie son aspect positif

2.2 Le diagnostic : le manque de sens est In plus grande des souffrances

Tout le monde fait l'expérience un jour ou l'autre de la souffrance. Stone lui-mème a dû arrèter ses études Iorsqu'il était jeune parce qu'il était malade. Globalement. il existe pour lui deus types de soufiances : la souffrance physique qui est la plus évidente et la souffrance mentale qui se fait sentir sous forme d'angoissesl de peurs. de dépression. etc.

nmJcppror.he rmpiriq~ie(éd. par Raymond Lemieux et Micheline Milot). Québec. Université LavaI, 1992; André COUTURE, K L'accès aux vies antérieures selon Joan Grant et Denys Kelsey et les expériences de Denise Desjardins B. Laid ï7Go/o@qrte err PhiIosophii

3' André COUTURE,

Ce sont la des thèmes qui ne sont pas développés de façon explicite dans les publications de Stone, mais qui apparaissent çà et 19 de façon implicite. Notre auteur dira par exemple, que nous avons perdu de vue le sens de la vie en dirigeant nos recherches uniquement vers les innombrables détails matériels qui composent l'homme. Stone se propose de montrer dans ses livres que c'en cette direction du regard qui nous fait perdre de vue les

Courants de la Vie 1) et notre filiation avec Ia nature. « We have Iost the centrai theme of Life in our search for countless extemal details in matter only. These neglected aspects of mai13 hidden Life Currents and definite dependence and correlation wïth Nature are set fonh in tliis book and in my other books dong this line. »" 11 faut donc retrouver l'orientation qui nous permettra de reprendre le contact avec notre véritable nature-

2.3 L'étiologie :l'homme est victime de son ignorance

Stone note ensuite l'insuffisance des théories actuelles : malgré les efforts de nonibreus penseurs tels que les philosophes. les scientifiques et les médecins. personne n'a jusqu'à maintenant découvert de dénominateur commun au fonctionnement de notre monde. On considere habituellement trois aspects de la matière pour expliquer la marche de Iûnivers : In present-day research, only gravity and the chernical and mechanical factors are investigated.~~'Mais, la connaissance de ces déments (les lois de la gravité, la composition chimique et les réactions mécaniques) ne saurait expliquer tous les phénomènes connus et s'a\.ere dès lors insuffisante pour soulager efficacement la soufiance des gens.

" Kandolph STONE. Polarïty Inerczpy :The Cornpiete Coliec~edWorks,Sebastopol (Californie). CRCS Publications, 1986,Volume one, Book I, p. 14.

'' Op. ci{., Book III. p.2. Bien sur, plusieurs thérapies fiaisant preuve de créativité étaient apparues depuis quelques années : « Osteopathy, Chiropractie, Naprapathy, Zone Therapy. Suggestive Therapeutics. Psychiatry, Christian Science and many other New systems, beiiefs. and ideas are in use today and favored by the public with a popular respon~e.»~Mais elles n'apportent pas plus de réponses définitives a I'ensemble de nos questions. Plusieurs se réclament de ~'Âyurvedaqui est le savoir médical traditionnel de I'hde. Selon le Dr Stone. aucune de ces thérapies n'interpréterait correctement ce système de pensée :K More science and logic was embodied in the theory and practÏce of the Aywedic System of old than it is credited with today. Much of its real art is 109 or overlooked in the present-day practice of this syaem. »-"

Une autre explication des problèmes humains. selon Randolph Stone. c'ea que le monde (médical sunout) ensoumis à une sur-spécialisation axée principalement sur la chimie. la bactériologie et la recherche dans le domaine chirurgical. Le médecin est incapable de situer son patient dans un univers de globalité qui pourrait répondre à ses questions . Physicians and scientists have failed to clear up this problem and produce sense out of the confusion of opposite and similar pnnciples operating in Nature and in man. Merely denying or ignoring a problern or a fact solves nothing, whether this be in the reaims of mind, emotion or matter. The thom or obstacle which is not resolved or removed remains an enigna to challenge man. in rhe application of the principle of brotherty love to men. Yet, strange to say. even clear thinkers line themselves up on one side or the other. idenriQing themselves with either view and challenging al1 corners by assertions, resistances of various measwes, but not with a soli~fior~ru the prohlem. And so we have innumerable schools of thought and theories. for lad of the Grand Tmth which would set both sides free throught the understanding of ail phases of 1Ze. Truth exiaed even before the creation of our little eanh.j6

Pas plus que les études nouvelles de thérapie, les médecins et les scientifiques ne font disparaitre la soufiance. II faudrait pour que cela soit possible une clé interprétative de l'univers dont la société occidentale moderne ne dispose pas. Cette clé. Randolph Stone l'a trouvée lors d'un séjour en Inde-

2.4 Le pronostic :les Radhasoami détiennent la réponse

Les recherches de Stone dans le monde occidental se sont avérées vaines- Ce n'est qu'en Inde qu'il a réussi a trouver une voie qui explique l'origine de I'homme et de l'univers dans lequel il vit et par-là même de sortir de cette souffrance physique et métaphysique. Cette voie. c'est celle que les Radhasoami connaissent et enseignent et que Stone a adoptée. Son attachement à ce groupement apparaît peu dans les textes sur la Thérapie par Polarité. mais on en trouve des traces dans fie Mystic Bible. Stone affirme alors : The materid in this book is an inspirational gift fiom the Great Teacher Himseif the wnting of which is really a pnweye-. arid ii Sk~sirr~bcyûx! hzf~!~cr?mprehensi~n- 1am overwheImed at the very thouoht of being permitted to place these pases at the feet of the Beloved livins Teacher. Maharaj

Sardar Charan Sin* Ji. D" C'ea probablement grâce à ce même inspirateur qu'il a pu mettre au point son système de soins et ainsi redonner espoir à I'humanité.

2.5 La thérapeutique : un art et une science

La Thérapie par Polarité est décrite par Stone comme un art et une science. Ainsi. a la manière du peintre ou du musicien, il est nécessaire au thérapeute de bien connaître les différentes techniques qui le feront exceller dans cet art. Mais il faut également que l'mine connaisse les théories de base qui lui permettront de dépasser les simples techniques. A true artist does wonders with a bmsh. The skilled workman understands his problem, and everything flows smoothly for him. He seems to make but linle effon and gets excellent reuilts. The person who does not know the "how"or "why" of the problem, labors hard, perspires freely and still does not succeed - even thought his tools are many and the preparations are elaborate. The

37 Randolph STONE. The MynicBiàle, Beas, Shri R.D. Ahluwalia, Secretary, Radha Swami Satsang éditeur. 1956. p. iii. expert violinid produces tone quaiîties that no mere routine motion of the bow on strings can accomplish.)'

En pratique, le praticien utilisera ses mains pour fàire des massages. des pressions et des impositions. Il pourra ainsi agir sur la structure osseuse, la musculature ou encore sur cette tc énergie sans fil D qui. selon Stone, supporte l'être humain tout entier.

A) Une sagesse

a) L'énergie sonore cosmique universelle

L'énergie sonore est à la base de toutes les manifestations de l'univers. Cette conception du cosmos lui vient directement des Radhasoami. Dr Einstein proved that every atom gives off cosmizrays or vibrations. even in a state of rest. The atom is really a microscopic solar system in itself. I'rctm is the shining energy principle in the su. It is this type of glow in the hurnan body and in Nature. It has its source in the m~uhutasound energ). of creation, which is sustained by the unconditioned, unlimited, tme Sound Current (Shabda), called Bhani in spintual fiterature of the Rndhn Swami Teachings. This Soul Melody or Dhmu is one, but has various degrees of intensity on the spiritual planes. beyond the material level and beyond the astral and causal IeveIs as W~II.~~

Srone présente ici le principe d'énergie qui est à la base de son système de pensée. II s'appuie d'abord sur la science pour montrer la validité de son système. Le Dr Einstein, explique-t-il. a prouvé que, même à l'état de repos, l'atome émet des rayons cosmiques ou des vibrations. C'est ce qui lui fait dire, sans doute par analogie. que chaque atome est en lui- même un microscopique système solaire. Stone ajoute à cela des éléments qui appartiennent a la tradition des Radhasoami. Lepram, mot qui signifie souffle dans la langue sanskrite, est le principe de l'énergie irradiante contenue dans le soleil. Cepamest présent dans le corps

38 Randolph STONE, Polmity Therapy :rite Complerr CuiiectedWorks, Sebastopol (Californie), CRCS Publications, 1986,VoIurne one, Book 1, p.6.

39 Ih,Polarity Therqpy :7ne Complele Collected Works. Sebastopol (Californie), CRCS Publications, 1986,Volume two, p. 21 9. humain et dans la Nature. Ce type d'énergie prend sa source dans L'énergie sonore qui est a l'origine de la création de l'univers. Cette énergie sonore subtile, appelée rn~ahara,se transforme ensuite en un courant audible qui est nommé Bhai~iou SM&. L'univers a comme point de départ ce courant sonore qui, en s'éloignant de sa source spirituelle. s'est transformé en un son audible, puis en une mélodie avec ses différents degrés d'intensité qui, en ralentissant son rythme, a donné naissance aux plans matériel. causal et astral dont est constitué notre monde. 11 faut donc, pour comprendre l'être humain. le situer en rapport avec I'ensernble de I'univers avec qui iI partage une origine commune puisqu'il est le résultat lui aussi de cette énergie divine primordiale.

b) L'énergie est bipolaire

Après avoir décrit te principe de l'énergie que t'on retrouve partout dans 1-univers. Stone indique qu'elle en toujours liée a la loi de la polarité selon laquelle tout être possède un pote positif et un pôle négatx II prend d'abord comme exemple la nature en montrant le jeu des oppositions qui y existe : « Night and day, moming and evening, winter and summer, rain and sunshine, etc. are al1 necessary in this earth life or we could not exist here as living beings.n4' Ce jeu des oppositions existe également chez l'humain. Un être humain est le produit de Iünion d'un ovule, principe féminin, et d'un spermatozoïde, principe masculin. De mème dès la naissance l'âme, qui est un principe positif se joint au corps qui est alors le principe négatif Tout en ce monde a deux pôles et la vie qui en découle provient de I'équilibre de ces deux pôles. La vie est le principe neutre comme toutes tes manifestations marerielles qui résultent toujours de l'équilibre de deux pôles, depuis l'atome le plus petit jusqu'à Iëtre le plus complexe. C'est à partir de cette loi des polarités que Stone établit son système de soins.

ldrm. Polnriry 7herqpy .-7ne Complere Colleczed Works, Sebastopol (Californie). CRCS Publications. 1986,Volume one, Book m p. 5. c) La terre comme lieu d'apprentissage

Le monde est comparable a un jardin d'edants. K This earth was intended as a "Kindergarten" of experience for di souk inhabithg d. Othenuise. how couId they learn their lessons from experiences in contact with solid matter which is definitely conditionned. Iimited and fixed in its vibratory manifestations. #' On retrouve dans ce monde-ci tous les accessoires et les jouets nécessaires pour découvrir nos potentialités. nos aptitudes. notre

vraie nature. Seule la terre peut ofiun tel terrain d'expérimentation :cc Only on thÏs earth is the fullness of experience possible, because aiI phases of matter - subtle and gros - are represented here. plus the emotions and the mind to act and react in those fields.»'' Apres de multipIes essais et erreurs, l'humain en vient a reconnaître ses origines et entreprend dors de parcourir Ie chemin de la Libération et du retour vers le Créateur. l'émetteur du son vital.

d) La vie est justice

Notre raison de vivre en ce monde est donc de faire des apprentissages. cc Obviously. the leaming of Iessons through the play of matter is the reason for our being here. and not easy sailing in pleasures without experience and resistance.~'~Seule I'experience de la résistance et de 1-effet de l'énergie sur la matière peut permettre a chacun d'apprendre a reconnaître sa véritable essence-

Mais à travers ces expériences, la loi universelle de la polarité en toujours présente. Cette loi n'est compréhensible que si l'on considère ['énergie qui la sous-tend. Elle se vérifie tous les jours dans les gestes les plus anodins :l'homme qui a faim (énergie négative) est attiré par la noumture (énergie positive) et lorsqu'il mange, il retrouve son état d'équilibre antérieur, c'est-a-dire qu'il n'a plus faim. Il en va de même pour les sentiments d'amour qui

'' I~lrm,PoImity Therqy :me Comple~eCollected Works, Sebastopol (Californie), CRCS Publications, 1986,Volume one, Book III, p. 5. constituent en soi un facteur positifd'attraction vers un facteur négatif formé par la personne à aimer. Le facteur compensateur est partout, même si nous n'en avons pas conscience. Ce qui fait dire à Stone que la vie est juste : Life is just. Indebtedness must be paid, otherwise the universe would be unbalanced by causes without effects. which would nullie the very purpose of creation. The sou1 is placed here to learn through experience and that would not be possible in a world without cause and effect. Pleastire is followed by pain and pain is followed by pleasure - in one form or another, according to the Iaw of compen~ation.~

On reconnait là le sens que les Indiens donnent à l'acte (kmm7 en sanskrit). Pour eus, tout acte est important, Ïi' conduit toujours à un résultat, bon ou mauvais. « ïhat is the inevitable lau- of Life. There is no exception or detiation f?om it- It is called "Karma" in India and "Kismet" in the world of Islam. Oniy the names are different. They descnbe the same laws and living processes. d' Cette loi de justice fait donc inévitablement partie de la vie sur terre.

e) L'homme est la réplique de I'univers

L'hornrne, on l'a vu précédemment. est le produit de la même énergie que tout ce qui compose I'univers. II en découle, selon notre auteur, que l'on peut comparer l'humain au cosmos. « It has been stated many times, now and in the past, that man is a microcosm or a microfilm of the macrocosm [.. -1. L'homme est donc, selon Stone, une réplique du cosmos et de la Nature. On retrouve en lui les mêmes éléments : la terre, l'eau, le feu et l'air- Ces éléments sont des dérivés de l'espace (ou éther) qui doit. lui aussi, être classé comme un élément. Ce dernier élément correspond, comme l'indique Stone. à 1.énergie ultrasonique. provenant du Shabda, pénétrant par la tête et se diffusant dans le corps entier. Ces éléments

" Idem. Poluriy Thrrapy :Sne Compkte Collecred Works. Sebastopol (Californie), CRCS Publications, 1986,VoIurne one. Book 1, p. 92.

46 Idem. PolmVy n>erapy :7he complele collecred works, Sebastopol (Californie). CRCS Publications. 1986,VoIume one, Book DI, p. 5. 36 sont également associes a des planètes et à des parties du corps, comme l'illustre la figure suivante :

Figure 1: Le faetus en reIation avec les éléments

Pour bien comprendre cette figure, prenons comme exemple un signe du zodiaque, le bélier. et voyons quelles associations lui correspondent. Le bélier en en lien avec la tête. On pourra s'attendre. par exemple, que quelqu'un qui est né sous ce signe puisse avoir des qualités de leader puisque la tête est le lieu de la volonté symbolisée par le feu et que ses problémes de santé s'y focaliseront ou qu'au contraire cette région aura une grande vitalité qui la préservera de toute faiblesse. Les personnes qui sont nées sous les autres signes de feu auront également un caractère volontaire, mais le lieu du corps qui leur correspond est le plews solaire pour ce qui est du lion et les cuisses pour le sagittaire. En dehors de ces caractères de naissance, les Iiens entre les éléments servent dans des perspectives thérapeutiques pour connaitre les éléments qui sont perturbés dans le corps. Si le siège de la maladie est la tête. c'est l'élément feu qui est en cause. si ce sont les genoux, c'est l'élément terre, etc. Stone pense découvrir dans la Bible une description similaire. Le paradis terrestre4' serait une représentarion symboliquede L'être humain :la première rivière qui s'appellelhison représente selon lui I'élément feu; la seconde nviére qui s'appelle Gihon correspond à ['air, la troisième du nom de Hiddekel est l'élément terre; la quatrième rivière est l'Euphrate et elle désige I'élément eau. « As long as these four elements or energes flow into and through each other, and nippon each other in ficnction, all is well. When one or more river of energy is stopped up or cannot flow, Iife departs nom it and goes back to whence it came.»'8 L'équilibre de ces éléments apporte la santé qui est en soi un phénomëne défiant toute description : « Now we come to the essence of these currents withk us, by which Our body operates. moves and-hasits being as a living human entity, in health or in disease. When these four polanzed energ currents flow fieely, we cd1 it health because it is unperceived and natural. »" Or. les difficultés de la vie terrestre introduisent bien souvent des barra,Oes sur ces rivieres dënergie et causent des douleurs et des maladies.

B ) L'application de techniques

Les techniques thérapeutiques proposées par Stone trouvent leur raison dëtre dans cette conception théorique du monde et de l'être humain. Pour agir sur les éléments qui composent I'humain. on doit donc considérer à la fois les aspects positifs. négatifs et neutres. Le coté eauche du corps est négatif le côté droit positif et le centre neutre. Mais on peut aussi dire que le haut du corps est positif le bas du corps est négatif et son centre est neutre. En fait. tout s'explique à partir d'une loi unique, celle de la polarité. dont la cartographie

" Stone se réfëre a Genèse II, 10-12. Les noms qu'il emploie pour nommer les différentes rivières ne correspondent pas aux traductions bibliques communes d'aujourd'hui puisqu'il utilise une vieille traduction datant de 1611. Stone a l'édition révisée de 1901 publiée par la maison d'édition Thomas Nelson and Sons.

'' Randolp h STONE.Polanty Berqpy :ne Coml>leir ColIeci~dWorks. Sebastopol (Californie), CRCS Publications, 1986,Volume one, Book 1, p. 26.

" IJrnr. 7?ir Nëw Energy Cotrcepr of the HeuIing Art, U.S.A., Randolph Stone éditeur. 1956. Tome 1. Appendix, p. 5. 38

trinitaire appliquée au corps est longuement a méticuleusement expliquée par Stone. La figure suivante illustre ce propos :

Figure 2: Tracé des Lignes de polarité dans le corps I

Randolph STONE, WIieIe.ss'wwtomv-.of mm.

I Book ïI, Chart # 4.

En pratique. les manipulations sur le corps se font de manière P ce qùun surplus dënergie négative soit compensé par une énergie positive, ou vice versa. Des pressions sont appliquées a I'aide des mains pour disperser ou concentrer l'énergie selon le besoin. Lëquilibre est également retrouvé grâce à des effleurements, des impositions ou des manipulations menant en jeu les aspects électromagnétiques du corps. En fait, les différents aspects de la Thérapie

par Polarité constituent un ensemble assez complexe et élaboré. un « healing an 3 (an de guérir), seIon les termes rnèmes de Stone.

Pour équilibrer les énergies humaines, il existe également des techniques personnelles de yoga. « Tension fields in the five subtle elements of the body mua be balanced in action and finction, and united to the inner conscious center opbeing.'. This is the object of YOGA

FOR HEALTH postures and practice. »'O Le principe de polanté se retrouve, par exemple.

"' Randolph STONE. 1970 Evergt. Tracing Noies ami .C7mii11g.s,Randolph Stone Éditeur, p. 10. dans le Hatha yoga. En se référant à une étymologie traditionnelle. Stone explique que le ha » de hatha correspond au soleil, donc à I'aspect positif: et que le tha >> représente la lune. l'aspect négatif. Stone a donc créé lui-même un Yoga P~l~tybasé sur la position du fetus dans le ventre de sa mère : Findly, man hm all these am-enrs of Etler-g).withit~ himself; so hc cmr hrb himselfwhen ill or can maintain good health ifhe knows how to utiIite and move the energy currents in his body. Ifhe would take the posture of the fems -in w hich ail currents flow fieely IO nrake operjecz boa"+' -for a few minutes eveiy day, it would help much toward the maintenance of gooJ health."

II explique que le fqsest près du principe créateur puisqu'il vit dans le corps de la mère comme la noix entourée de son écaille. Or, comme dans 17exempIed'une graine. c'ea dans le noyau (et plus exactement au centre de celui-ci) qu'est logé le principe créateur et ce principe est lui-même parfait. Retrouver la position du fœtus c'en donc, par un jeu de similitude, reprendre contact avec cette perfection qui conduit a la santé parfaite-

C ) L'adoption d'attitudes et de comportements

Savoir observer Ia Nature et la vie individuelle est donc un dément essentiel pour bien pratiquer la Thérapie par Polarité, car un rapport intrinsèque entre ces deux aspects permet d'appliquer a l'un ce que l'on observe dans l'autre. Mais ce n'est pas la seule attitude que le thérapeute doit adopter, il y a aussi des attitudes générales qui favorisent la maitrise de cet art. La tolérance est sans doute l'une de ces attitudes essentielles. Elle est bien sûr une vertu; mais, pour Stone, elle est également une nécessité pour comprendre I'univers qui nous entoure. (( Tolerance is not only a virtue but also a great necessity in life. It gives more scope and vision and allows us to grow by enabling us to see other things as they are in their own nature.»" Cette tolérance nous amène à comprendre notre véritable nature. Mais comme cette compréhension ne se fait pas facilement et que cela implique un délai assez long, Stone

'' Rntrdolph STONE. Polaritynerqvy :The Compleie Colkcied Worlis, Sebastopo1 (Californie), CRCS Publications, 1986, Volume one, Book 1, p. 12.

"Iclem. Polcn-ity Therclpy :Be Complete Collected Works. Sebaaopol (Californie), CRCS Publications, 1986, Volume one, Book 1, p. 90. indique qu'il faut miser sur la patience et L'humilité, conjuguées à la tolérance, comme moyens de saisir le but de la ii Vie D et il insiste sur l'interdépendance entre notre pensée, nos paroles et nos actions : N Every thought, word and deed bas to be accounted for and cornes back to us in kind - sooner or later.»"

En dernimerressort, Stone signale la nécessité d'agir avec amour et de se consacrer au service des autres. Ce sont Ià des qualités qu'il attribue au créateur de toute chose que nous désirons tous imiter même si nous ne le savons pas. « The higher we set our vision toward Unitv and Causes of Life, the greater will be the uplifi of our mi-nd and thinking process. We ail want to be creative and unitate Our Father in heaven. FundamentalIy, al1 of mankind wants to do whar is right and longs to retum to the Father's House.»"

Nous venons de voir dans ce chapitre que le Dr Stone recherchait une clé qui lui permettrait de soulager la soufln-ance humaine et que c'est chez les Radhasoami qu'il la trouva. Le rappon avec ce groupe indien n'apparaît pas avec netteté dans les textes tecliniques de Stone. Ce que le corpus des textes laisse peu apparaitre. Iëtude de sa biographie le montre avec clarté comme il sera possible de le constater au chapitre suivant. Ce chapitre se poursuivra par l'étude des principales composantes de la philosophie des Radhasoami tout en montrant I'imponance de ce groupement religieux.

'"/id

" op. cit.* p. 93. Randolph Stone chez les Radhasoami 3.0 Randolph Stone chez la Ridhasoarni

Les écrÏts de Randolph Stone contiement de nombreux ternes, comme je le signalais au début de ce mémoire, se rattachant aux traditions de l'Inde- Certains mots réfiirent également à la science ou a l'ésotérisme. Les mots employés sont autant d'indices qui font apparaître la richesse du parcours historique de notre auteur qui, avant d'entrer en contact avec 1-hindouisme. a cherché des réponses a ses questions dans ie monde occidental qui I'entourait. Aussi ce chapitre comprend-t-il une partie biographique qui situe Stone dans le temps tout en montrant quelques facteurs ayant intluencé son cheminement. La seconde partie est consacrée aux Ridhasoarni, groupe dont Stone a fait partie et dont il a subi les influences.

3.1 Quelques notes biographiques sur Randolph Stone"

Randolph Stone est né à Engeisberg en Autriche en 1890. 11 s'appelle alors Rudolph Bautsch et est Ie plus jeune d'une famille catholique de six enfants, deux garçons et quatre filles. Sa mère est morte lorsqu'il avait deux ans. En 1903, il immigre aux ~tats-unisavec son père et l'une de ses soeurs. Le reste de la famille les rejoindra un peu plus tard. Après être demeurés quelque temps a Chicaoo, tous s'établiront en Illinois.

Vers l'âge de dix-sept ans, Stone trouve un emploi sur une ferme du Wisconsin. La familte luthérienne qui I'accueilIe est si impressionnée par Ia serviabilité, la soif de connaissances et la dévotion du jeune homme, qu'elle lui offke d'étudier au Concordia Lutheran College de St-Paul au Minnesota afin de devenir ministre du culte. A cette époque, il parle sunout allemand et connaît très peu l'anglais. Il parvient à contourner le problème en comparant la bible allemande et la bible anglaise et en échangeant ses connaissances de la lan~aeallemande contre celles de ses confréres étudiants d'origine américaine.

5' Rmdol'ph STONE, Potarity Therqy :The Complere Collecteci Works, Sebastopol (Californie), CRCS Publications, 1986, Volume two, p. 233-237. Quelque temps plus tard la fièvre typhoïde I'aEecte sérieusement et I'empèche de poursuivre ses études. Après avoir appris quelques rudiments du métier de mécanicien specidiae des véhicules lourds. il occupe différents emplois qui l'amènent à voyager sur 1'ensemble du territoire des États-unis. En travaillant sur des ranchs, des mines, les chemins de fer. il rencontre des personnes de différentes cultures qu'il ne se prive pas d'aider selon la mesure de ses moyens-

Trés tôt. le Randolph Stone montre un intérët marqué pour I'étude de I'ésoterisme. les sciences occultes. l'hermetisme et la cabale ainsi que diverses spirimalites chrétiennes et orientales. -4dis-neGf ans. conscient que les églises orthodoxes ne lui conviennent pas, il s'engage dans l'Église de Nazareth et s'emploie à respecter les observances de cette religion telles que la noum-ture hgde et l'interdiction de posséder des biens terrestres, et espenmente la retraite et la méditation. Plus tard, il réalise que cette voie ne iui apporte pas non plus ce qu'il cherche et quitte la communauté.

Ce quïl désire vraiment, découvre-t-il alors, c'en d-aider activement l'humanité à trouver le bien-être et la santé. En 1912, il commence donc des études dans différents domaines tels que Ia chiropraxie et la naturopathie. En 1914. il obtient le grade de O.P. (Other Practionners) qui lui donne la possibilité d'utiliser des méthodes de soins à I'aide de drogues naturelles et de manipulations physiques sans I'aide de la chirurgie. Stone est un grand amant de la nature. Avant de commencer a travailler. il décide de partir dans le nord du Canada pour se reposer et méditer. II pan donc a pied et par train, avec fequipement nécessaire a la simple sunie et se rend jusqu'a Loon Lake et Lake Nippigon. Durant ce voyage, iI médite et approfondit les enseignements reçus.

A son retour. il ouvre un bureau de consultation et enseigne à une institution nouvellement fondée. I'Eckctic Schwljor Docfors à Chicago. 11 rencontre alors Anna L. Stone. une infirmière de vingt ans son aînée qui travaille au sanatorium de Henry Lindlahr. 11 en devient amoureux et I'épouse aussitôt. En 19 1 9, un vent germanophobe lié à la Première Guerre Mondiale souffle aux États-unis. Sur I'insistance de sa femme. il chanse légalement de nom. Rudolph Bautsch devient alors Randolph Stone. nom qui le suivra le reste de sa vie. Madame Stone décède en 1935. Dès cet instant, Randolph consacre la plus grande partie de ses énergies à ses recherches professionnelles, philosophiques et spirituelles.

Stone lit des ouvrages divers sur l'ésotérisme, I'occultisme et l'hermétisme- Mais sa quête ne s'arrête pas aux livres. II profite de toutes les occasions qui se présentent a lui pour rencontrer les yo_einset les guides spirituels qui visitent régulièrement les États-unis. II étudie le yoga de Vivekananda et les enseignements de plusieurs auteurs tels que Swami Rama Tirtha, Yogananda. Krishnamurti, Swedenborg et Madame Blavatsky. Il devient membre d'une Lose Maçonnique et de la PhiIosophiccal Research Socirtji II étudie également les principes des Rosicruciens et du Soufisme.

Malgré tout ce temps passé a l'étude de différents systèmes de pensée, Stone n'est toujours pas satisfait. Après de nombreuses années à relire la Bhapnwd Gira. Ligh ou the Parh et Thr l bicr of Silrnce. ses Livres préférés, il en vient a la conclusion que seul un maître vivant peut lui apporter ce qu'il cherche. C'est en découvrant I'ouvrage de Julian Johnsoe 777~~Pafh qf fhr Mavers. ouvrage décrivant la foi des Radhasoami. que Stone trouve enfin la réponse qui lui convient. II demande à rencontrer . le maître de la secte. Après avoir reçu I'initiarioa il œuvre au sein de la section américaine des Radhasoarni située en Californie et adopte les principes végétariens et moraux préconisés par Sawan Singh. De 1945 à 1955, il réalise la synthèse de ses connaissances et crée la Thérapie par Polarité.

Vers la fin des années 1970, Stone commence à obtenir une certaine notoriété en raison principalement des guérisons surprenantes qu'il provoque lors de ses thérapies. Pour lui, aucun cas n'est vraiment désespéré et il réussir la où les collègues ne peuvent plus rien. II commence dors a diffiser ses enseignements principalement aux Etats-Unis mais égaiement au Canada et ailleurs dans le monde. Quelques mois par année. il tient une clinique gratuite en Inde. Les séminaires se succèdent jusqu'à son retrait de la pratique et son départ pour l'Inde. à I'àge de 83 ans, pour y finir ses jours dans la méditation et le repos. II meurt là-bas le 9 décembre 198 1. À son départ il avait laissé la diredon de I'Anwricm~PoIdty merqy Associmiorr au docteur Pierre Pannetier qui continua son œuvre jusqu'a ces dernières années.

D'après les notes biographiques contenues dans Ia colIection de ses voIumes, Stone a donc été initié chez les Radhasoami et cette initiation se révéla décisive pour l'orientation qu'il donnera a sa thérapie. On trouve également des traces de cette appartenance dans ses écrits. C'est ce que nous tâcherons de préciser maintenant.

3.2 Stone en tant que disciple

En lisant l'œuvre de RandoIph Stone, on rencontre régulierement des termes sanskrits comme prmiu, chnkra. krrrrdizliriri, etc. que l'on associe facilement a l'hindouisme. L'auteur se réfère également au savoir médical traditionnel de I'Inde. l'Âyurveda. Toutefois, il ne parle jamais directement de son appartenance religieuse. il avenit même le lecteur, dès le début. qu'il ne s'agit pas d'un traité sur les mkacles ou sur la guérison psychique : « and psychic healinj are not dealt with in this course. »'' Cela pourrait indiquer qu'il n'appartient à aucune religion. Mais dans les faits, comme on vient de le voir, Stone a été plus qu'inspiré par les Radhasoarni. il en était un disciple et il est possible d'en retrouver des traces dans ses œuvres.

L'une de ces traces se trouve dans son deuxième livre, Thu WirefessA~rclromyofMm~, qui est dédicacé de la façon suivante : « This work is dedicated to the Great Maner whose grace and inspiration made this book possible. May it serve weli by his bounty and holy will. » De quel Martre est4 donc question ici? Dans un Livre peu connu des praticiens de la Thérapie par Polarité. on trouve une réponse claire. En effet, dès le début de 73e My-~liicBible. on peut lire cette dédicace :

" Rand01p h STONE.Polarip Therapy :neCo@w ColfecrrJ Works,Sebastopol (Californie), CRCS Publications, 1986, Volume one, Book 1. p. 2- Assigned to : Maharaj Sardar Ji the Radha Swami Satsang Dera Baba Jaimal Singh Beas, (Distr . Amrütsar) Punjab, India"

On peut comprendre ainsi ces lignes :cet ouvrage est dédié a la communauté des Radhasoami (Radha Swami) dont le maître est Charan Singh Ji (Maharaj Sardar) et dont le premier gourou de la Iiçnée de Beas est Jairnal Singh (Dera Baba). Punjab (ou Pa?ijiib) est une province du Nord de l'lnde ou a fleuri ce mouvement. Il est donc évident que Stone était un disciple des Radhasoami, il a dédié ce Iivre à sa communauté- Pour aller plus loin dans la compréhension de notre auteur. il est donc nécessaire d'étudier quelques aspects de cette communauté indienne.

3.3 Les Radhasoami

Le mouvement ~adhasoami~est apparu en 1860. Son fondateur est Shiv Dayal Singh, ne en 18 18 à Panni GaIi dans la région d'Aga Son père était un disciple de Guni Nanak qui est a l'origine du mouvement Sikh (début du XVI' siëcle). Les Radhasoami ne sont pas des Sikh traditionnels. mais plutôt un mouvement réformé qui sïnspire des mêmes livres sacrés et utilisent la plupan du temps le même vocabulaire. Au début du siècle. le mouvement s'est scindé en deux panies : la branche d'Aga, et celle de Beas dont Stone a fait partie. La branche de Beas ne constitue pas une scission d'avec la [ignée des Radhasoami puisque [...] Jaimal Sinsh received a direct mandate fiom Soarniji Maharaj to take his teachings to

Punjab »59 Soamiji Maharaj est un titre que porte Shiv Dayal Singh. Après lui il y eut

-- " Idem. 7hr A(rsric Bibk. Beas (Panjab), Radha Swami Satsang. 1956. Le nom Radhasoami signifie Seigneur de l'âme, le Très-Haut. selon les adeptes de ce mouvement.

59 Lawrence A. BABB. Rrdemptive encmrters :Thrre M(deri~S@des hl the Hindir Trodilon. Berkeley, Press. 1986, p. 23. passation des pouvoirs à Jaimal Sin& à Sawan Singh, à Iagat Singh, à Charan Shgh, puis au maître actuel Gurinder Singh.

Selon Juergensmeyer. un spécialiste6' de l'Inde du Nord. les Radhasoarni de Beas constituent actuellement une vaste organisation internationale : The Beas Radhasoami is. in fact, a vast international organiication, by virtue of 120 local centen in some forty dEerent countries. The number of foreign initiates is probably about nventy thousand; the larges numbers are in the United Kingdom South Afica, and the United States."

Juergensmeyer indique que deux Américains ont aidé à populariser la branche de Beas : un docteur du nom de Julian Johnson et le Dr Randolph Stone. tous deux disciples de Sawan Sin@ J'utilise dans les pages qui suivent la version fiançaise du livre de JuIian Johnson, La voie dec. mnifrrs. qui présente les éléments importants de la religion des Radhasoami. C'en un ouvrage capital (approuvé par le mouvement Radhasoami) qui eut une grande influence aux États-unis. principalement sous son titre anglais The Prrrh of the Mmiers. Par exemple. Chnstopher Lane signale que Paul Twitchel. fondateur du mouvement . a copié intégralement des passages du livre de Johnson dans ses premiers écrits".

L'un des aspects importants de la religion des Radhasoami, c'est qu'elle peut facilement s'intégrer à un contexte de modernité- Telle est en tout cas l'opinion de Juergensmeyer.

" Panni les principaux auteurs qui ont étudié les Radhasoami on peut nommer chez les américains Mark Juergensmeyer, Laurence Babb et David Chriaopher Lane. Du coté de l'Inde on retrouve Sant Das Mahershwari, Agam Prasad Mathur et Pitambar Barthwal.

61 Mark Juergensmeyer, K Radhasoami as a trans-national movement )) in NEEDLEMAN. Jacob et George BAKER, U~~derstmdingthe New Religioils, New York, The Seabury Press. 1 978, p. 193.

Voir a ce sujet l'ouvrage de David Christopher Lane, Tl7e Mukhg of a Spirifrra? Moirmerir :Tlir Umold SIOI~of Pa~d Twirchell cn>d Eckmkar. Californie. Del Mar Press, 1983. The characteristics of Radhasoami thought - an appropriation of truth greater than science, a therapeutic approach to the self. and the reestablishment of personal authority in the social realm -apped to those who for various reasons have tired of the modern world. but are unsatisfied with what the more traditional fonns of faith offer as alternatives. They constitute a form of faith that is modern in a distinctively Indian way. for it is hard to imagine another culture that would have as easy access to notions of the tnith as an active agent the selfas a fluid. malleable entity. and authority as an element of intimate relationships. Yet despite the fact that Radhasoami's rnodernity is distinctively Indian, thereareaspects ofthe Radhasoami tradition that are similar to modem forms of religion throughout the wor~d.~'

Le système de pensée des Radhasoami se présente comme celui qui est capable de concilier les croyances religieuses anciennes et modernes tout en y incorporant des notions de science. Stone a cherché pendant des années une loi unique pouvant s'appliquer à tout l'univers et a tous les points de vues, scientifiques ou religieux. Les Radhasoami lui ont appone cette réponse. Comment se fait4 qu'un tel mouvement soit apparu a ['intérieur d'une Inde aux tendances traditionalistes? C'est ce que nous allons voir dans les lignes qui suivent.

3.4 Émergence des Radhasoami et importance du disciple Rai

L'Inde du XIFsiecle. qui a vu naitre le mouvement Radhasoami. est soumise au joug des Britanniques qui apportent avec eux leur culture. leur langue et leur religion. Parallèlement a cette domination un mouvement d'affirmation, que I'on appeile Renaissance indienne. a jailli de I'intérieur même de l'Inde. Les Radhasoami sont I'un de ces mouvements de reforme.

Christopher Lane compare l'arrivée des Radhasoami a 1'avènement du christianisme. Au XIX' siècle les Indiens. qui sont sous la domination britannique. sentent le besoin de se définir, de se redonner une identité. Émerge alors entre autres cette nouvelle religion

" Mark KERGENSMEYER, « A New International Religion : Radhasoami », in R.B. WILLIAMS et CARMAN, J.B. et al., A Sùcted l7muci :M~PI'II Trc~~~srnission of Hir tdzr fiuditim-s ii~II& and A brw, Chambersburg (USA). Raymond Brady Williams Editor, 1992, p. 296-397. proclamant sa supérÏorité par rapport aux autres peuples et religions. Un personnage, que Lane compare a celui de Jean-Baptiste, remplira un deessentiel dans ['émergence et la difision de cette nouvelle voie. En prociamant que Shiv Dayal Singh était la première incarnation véritable du dieu suprême, Rai Salig Rarn affirmait en même temps la supériorité des Indiens sur ['Empire Britannique, ou tout au moins sur leur religion. II s'agit donc d'un mouvement de revitalisation de la foi hindoue et de la culture de L'Inde-

Généralement la reconnaissance d'un guru est rendue possible par un disciple particulier Ce disciple est cehi qui a obtenu la grâce nécessaire pour son authenafication. Il devient la plupart du temps le chef des disciples. le gwntmr&h (« celui dont le visage est tourné vers le guru »), et il prend une place très importante auprès du maître. Avant I'amvée de Rai Salis Ram. Shiv Dayal Singh n'avait prêché qu'une discipline mineure mais ce n'était pas 1à sa véritable mission : On the arriva1 of Rai Salig Ram, however, Shiv Dayal Singh could reveal the higk path of Radhasoami. Before that time no one was spiritually capable of understanding or accepting the divine message. Thus. this revelation (Radhasoami is the Highest Lord) is regarded by Maheshwari and others in the Soarni Bagh satsanç to be the greatest teaching ever expounded. All other paths (even the lower rnat/doct~ewhich Shiv Dayal Singh first preached - worship of Sat Nam) were outdated and outmodeled when Shiv Dayal Singh manifested his real mission. Hence, the advent of Shiv Dayal Singh and Rai Salig Ram was the aan of a unique and supreme incamational religion, one which held exclusive rights to the Supreme Lord and the highest region?

Shiv Dayal Singh enseignait donc une voie traditionnelle. celle du Sa Nm.jusqu'à ce qu'il s'aperçoive avec I'amvée de Rai Salig am^' qu'une voie supérieure lui avait été révélée.

a David Chnstopher Lane. 7ne Radias~oarniTradi~ioit : A Criricol His10t-y ofGtfrir Si~ccessorsl.liy,New-York, Garland Publishing, 1992. p. 3 3.

65 Salig Ram fut le premier Indien à travailler comme Ministre des postes de l'Inde alors sous le joug de la Couronne britanique. La pratique traditionnelle implique que L'enseignement fondamental du gourou se perpétue de maitre en maître et que celui qui se f~zinitier puisse connaitre le vrai nom de la divinité, ce qui lui apporte ['outil esse- à sa fuare libération. Le disciple ne doit toutefois pas prononcer le nom de la divinité suprême. Il se contentera d'employer le terme SQI Nm, c'est-à-dire K le vrai nom ». Ce vrai nom correspond a Brnhrnn, 1-être suprême de l'Inde traditionnelle, selon ce qu'en disent les Radhasoami eux-mémes. Mais Shiv Dayal Sin& a découvert qu'il existait un aspect supérieur de la divinité. Il fallait donc rétablir la vérité, c'était là sa véritable mission. Deux dogmes p~cipauxcaracterisent ce nouveau mouvement : le vrai nom de dieu est Radhasoaml et Shiv Dayai Singh en Ia première incarnation de la divinité la plus élevec qui soit.

Selon Chnaopher Lane et Mark Juergensmeyer. Salig Ram est responsable de ce développement de la théologie et de l'organisation des Radhasoami. Il fut le premier à publier les écrits de Shiv Dayal Singh en 1886 (recueil de poèmes). fit augmenter le nombre de disciples de façon siynificative, clarifia différents aspects de la théologie des Radhasoami et exporta la science de son maître en dehors d'Aga (ville située au sud de Delhi). Voyons maintenant de plus prés ce que comporte la foi de ce groupe religieux.

3.5 Trois aspects essentiels de l'enseignement des Radhasoami

En examinant la foi des Radhasoami et plus précisément leur mythe fondateur, trois aspects retiennent l'attention. L'emploi d'un vocabulaire scientifique qui donne à l'expérimentation une place de choix, la présence du rnaitre vivant auprès du disciple et une recherche dlxniversalisme qui allie l'ensemble des spiritualitésen une seule et longue tradition. Ce sont autant dëléments qui trouveront leur pertinence chez Stone lorsqu'il élaborera son système de soins.

Le mythe originel est, comme dans tout mouvement religieux d'une grande importance puisqu'il explique le point de départ de tout le ce qui va ètre développe par la suite. Au commencement des temps. disent les Radhasoami. les âmes étaient prisonnières de Kap. le démon du monde matériel et du temps, qui a créé les religions afin d'obscurcir le jugement des humains. Un jour. un guru cosmique (incarné dans un maine vivant) a pénétré le monde de Kal et. grâce à la force de la lumière et du son. a sauvé les àmes qui s'y trouvaient-67

Les Radhasoami tirent deux conséquences de ce mythe. Premièrement. pour arrÏver à la libération. il faut qu'un maitre vivant aide l'âme en détresse. Deuxièmement. les exercices ou rituels (ShtlhJn yoga. littéralement K le yoga du son fi) doivent permettre au disciple d'entendre Ie son cosmique libérateur et de voir Ia lumière rédemptrice.

Pour atteindre et dépasser le monde de Kal (appelé également Pida, c'est-à-dire la

sphère )) matérielle), le maître doit dépasser les enseignements de ses prédécesseurs qui enseignaient les voies (voga)du passé. Leyoga, selon les Radhasoami, a son mérite mais n'a jamais permis à Lime d'aller très loin. Les yogins croient généralement qu'au-delà du royaume appelé Pinda, il n'y a que le monde deBrahma. Or il existe une région immensément plus grande et plus belle, celle de Sa1 Desh, la demeure originelle centrale d'ou jaillit le Shnhdn. le courant de vie audible. Et c'est cette demeure que l'homme doit atteindre pour se réaliser entièrement.

3 - 5.l Une religion scientifique

Le maitre doit donc apprendre au disciple a dépasser les limites traditionnelles. Il le fait avec des méthodes modernes- Il est temps que I'homme cherche à appliquer au domaine de sa vie spirituelle des critères et exigences comparables a ceux qui permettent de rejeter les

66 Le mot Ka/ provient du sanskrit kda qui signifie « temps ».

67 Je note au passage que Stone donne une place très importante au son dans ses écrits. On l'a vu au chapitre II. le monde est né de l'émission d'un son par la divinité. Ce son qui se transforme en mélodie pour former le monde et l'homme est appelé ultrasonique par notre auteur. C'est cet ultrason, passant par la tête et habitant tout l'être. qui rend la vie possible. erreurs et les servitudes du dogmatisme.»6"La méthode scientifique est alors appliquée comme modèle pour comprendrele monde spirituel et il en découle une technique particulière permettant d'atteindre l'univers divin Le caractère scientifique est lié. dans ce cas précis, à la possibilité de reproductibilité par quiconque apprend la technique. Tout le monde peut en faire I'expérience et cette expérience est toujours identique. Ainsi. ce dont le Maître se montre capable, notamment sa relation priuiIf@e et intime avec ie divin. Ie discipIe en seraégalement capable en s'appropriant la technique, le Surut Shabda YogdY,c'est-à-dire le « yoga du Son vital cosmique ».

3 - 5 2 Le mâitre vivant comme condition essentierle

Le Maitre vivant est sans doute le point de référence le plus important puisque, sans son enseignement. le disciple ne peut parvenir a I'expérimentation. Le Maître montre à I'âme assoiffée de désir d'ordre spirituel, comment pénétrer dans ce royaume des cieux dont parlent les prophètes et toutes les religions. Des siècles durant. on a repété aux hommes qu'ils ëtaient eux- mêmes le temple du dieu Vivant, mais on omettait toujours de leur montrer comment y entrer et y trouver Dieu. [...] Ils incitent leurs disciples à connaître les mêmes expériences et à vérifier par eux-mêmes que leur enseignement n'est pas un enseignement de seconde main [...] Dès lors. le disciple ayant quitté le stade de la croyance, atteint celui de la connaissance [...]"

Les Radhasoami estiment que seul un maître vivant est capable de transmettre la connaissance spirituelle- Ceux qui se réfèrent uniquement à des écritures. indiquent-ils. ne peuvent espérer accéder un jour a cette connaissance, et cela est vrai pour toutes les religions tant orientales qu'occidentales. Le maître n'ea toutefois pas on sannyâsin (ascete renonçant de l'Inde traditionnelle). II participe à la vie mondaine au mème titre que tout autre membre

"Julian JOHNSON, La voie des maines, Park, Diffusion Dervy-Livres. 1978. p. 65- 66.

69 Lorsque I'àme (strrar)s'unit Ooga) au son cosmique (Shahda). elle est conduite à sa source. le vrai dieu.

'O Julian JOHNSON,La voie des maitres, Paris, Diffision Deny-Livres, 1978, p. 13. de la communauté. Il doit lui-même subvenir à ses besoins par un travail approprié et être un « modèle parfait de caractere. de noblesse et de vie ~pirituelle.»~'

3.5 -3 Une sagesse rnilIénaire

La longue tradition qui est gardée vivante de maître en maitre ne commence ni ne s'arrête avec les Radhasoami. Selon ces derniers, en effet. le maitre vivant fait partie d'une longue lignée de saints ou de sages tant chrétiens qu'hindous ou même musulmans. Accordin3 to the late master at Beas, Charan Sing « The teachings of dl of the saints are the sarne... and by saints is not meant a panicular saint but al1 saints of the world. » In Charan Sing's view. Swami Shiv Dayal is one link in a sacred chain that includes not only the medieval sants, but their ancient predecessors. figures such as Jesus and the ~uddha?

Charan Singh a fait. notamment, des études sur l'Évangile de Matthieu et les écrits de Jean dans lesquelles il montre la parenté des discours entre les chrétiens et les Radhasoami. Cette particularité. explique Juergensmeyer dans ntr Rarimxmi Rrdrty, n'ea pas propre aux Radhasoami, car le groupe religieux se place dans la continuité de la doctrine des saints (saur ntczr) dont les gurus Tulsi Sahib et Nanak sont de bons exemples. Ce dem-er Fut le fondateur du mouvement Sikh qui prit naissance à ['époque médiévale. Dans les enseignements des Radhasoami on peut retrouver des aspects du credo de ce que Juergensmeyer appelle « Esotenc Santism » et qu'il relie a la doctrine des saints. Selon iui on peut faire des rapprochements très précis entre TuIsi Sahib et les deux tomes du livre de Shiv Dayal Singh, Snr Bnchnïi (les enseignements de base). On peut donc estimer que le mouvement Radhasoami est une nouve1Ie interprétation de Ia doctrine des saints et ne constitue donc pas une rupture avec la tradition indienne.

Mark IUERGENSMEYER,Rc~dhc~socnni Reality :777e 1.og.k of o Modrn1 Faith, Princeton. Princeton University Press, 199 1, p. 20. 3 - 5.4 La nabiiïsation du mouvement

A la mon de Shiv Dayal Sin& la communauté des Radhasoami en passée par différents stades. Un premier, de 1878 a 1911 environ, qui fut une période de stabilisation et de la mise sur pied de la communauté dans ses grandes lignes. .Au second stade. de 191 1 a 1 947 date ou 171ndedevientindépendante, la communautédes Radhasoami s'institutionnalise. La dernière étape. de 1947 à aujourd'hui, est ceiie de l'internationalisation et de I'expansion. Randolph Stone est donc en contact avec la communauté à la fin de la période d' institutionnalisation et il verra la transition s'effectuer jusqu*a la période suivante.

Ce que trouve Randolph Stone en sejoignant aux Radhasoami, c'est une communauté fraternelle où les membres du groupe s'appellent fiéres et soeurs. le guru ayant le rôle de père Sans doute ces caractéristiquesne sont-elles pas particulières à ce groupe reli@eusmais coiiimunes a I-ensemble des communautés (sntsnng) de 171nde.Stone en avait4 conscience? En tout cas. il trouva la un mouvement qui pouvait répondre aux inconvénients de la modernité sans pour autant la rejeter complètement. Un idéal spirituel mais égiement scientifique. un lieu où la recherche de Stone pouvait trouver une réponse globatisante et satisfaisante à ses yeux

En s'appuyant sur ce qui vient d'être dit. c'est-à-dire que les Radhasoami sont un mouvement reforme de l'Inde traditionnelle et que Stone s'est appuye sur ieurs enseignements pour consrmire son système, alors il est plausible de penser que [-analysede la Thérapie par Polarité. qui fait l'objet du prochain chapitre, mettra en évidence un certain nombre de principes qui proviennent de la tradition millénaire de l'Inde. D'autres eIements en accord avec le cheminement scientifique et ésotérique de notre auteur devraient également s'y retrouver mais dans de moindres proportions. Analyse des principales composantes de la Thérapie par Poiariti 4.0 Analyse des principales composantes de Ia Thhpie par Polarité

Après avoir examiné quelquesfacteurs d'émergence des médecines douces au Québec, dressé un portrait de la Thérapie par Polarité et jeté un coup d'oeil sur les aspects majeurs de la doctrine des Radhasoami, i; est maintenant temps d'analyser plus en détail la discipline de Stone afin de découvrir d'où proviennent les bases de son système. Comme il a été signalé au chapitre précédent. les ouvrages de Stone ont un caractère à la fois technique et répétitif. Afin de contourner cet aspect du corpus, je me semirai de dix principes qui forment à la fois une base et un résumé de la Thérapie par Polarité et que Stone formule dans son Iivre nK. Wireiess Af~afnmyc~fMoït (L'anatomie sans fil de l'homme).

4.1 Les dix principes de la Thérapie par Polarité

The ?Virr/ts:s Atmorny of Mml, rédigé en 1953, est le deuxième livre de Stone. Le premier, date de 1948 et intitule Eï~ergy: ne rital Polarity it, rkHe.alïtg Art, présente les aspects fondamentaux de son syneme. Les dix principes qui suivent reprennent les énoncés fondamentaux de sa doctrine et les systématisent. J'utiliserai donc ces dix principes comme point de départ de mon analyse de la Thérapie par Polarité.

Résumé des ~rinci~es

1. L'âme est une goutte de l'océan de l'Esprit éternel formant une unité; elle habite dans le corps en tant que connaisseur, que voyant. qu'agent; elle expérimente chaque action et chaque sensation. EUe seule est la puissance dans le corps qui réagit à chacune des façons d'appliquer une thérapie ou à chaque action posée. La conscience et l'intelligence résident a l'intérieur de l'âme. La conscience physique résulte d'une fusion des puissances de l'âme avec le mental. Elle règne dans la partie supérieure du cerveau. Le mental est une réduction (SIL~~CMVI)des forces de I'âme qui la rend capable d'agir comme un mailion intermédiaire entre l'esprit et la matière. Leprrnw est une réduction encore plus grande de l'énergie mentale.

2. Le mental est la substance matérielle la plus subtile qui opère en trois corps comme en trois champs de conscience : Le corps causal ea le champ du mental qui contient les modèles (d'action); il s'agit ici du mental idée1 [i-e-contenant les idées] ou du mental superconscient- Dans les champs éthénque et émotionnel, le mental opère 8 travers les sens. C'ea le mental conscient normal, Dans le corps physique grossier, le mental gouverne toutes les fonctions et les réparations involontaires. II opère en tant que mental subconscient.

3 - L'émotion résulte de la rencontre du mental et des sens et se présente comme un courant réduit d'énergie mentale. Elie se situe dans le domaine ethénque, zone remplie uniquement d'air, qui gouverne le monde et les désirs individuels cherchant à se satisfaire. Ces désirs peuvent être plus grands que le capital énergétique et la capacité d'action de l'individu. Il s'agit là du dilemme de la souRance, de L'effort. de la triaesse et de la haration, dilemme qui est le produit de l'air.

4. Le prmxz. ou K souffle de la vie », est un courant neutre qui lui-même ne se connaît pas. II occupe la région supérieure du corps. En tant qu'énergie. il a un flux et un reflux comme les marées dans la nature. La force centrifuge du Mmi~nt~rnriz(période de manifestation) au plan cosmique correspond au souffle de l'expiration et au courant moteur au plan de Ia vie individuelle. C'est une conscience cosmique qui correspond a la conscience que les individus ont de leurs actions pendant la journée.

5. La force centripète correspond à la période de dissolution de I'univers (PraIqn);elle devient [au plan individuel] le sounle inspiré et la conscience sensorielle et équivaut a la nuit et au sommeil.

6. La force vitale individuelle est le pôle ou le réceptacle négatif de ces deux énergies: [elle se trouve] dans la région infërieure du corps. le sacrum étant a I'anière [le siège] des courants moteurs, et les organes générateurs étant a l'avant [le siège] des courants sensoriefs. II s'agit d'une cristailisation du modèle de la conscience; ou encore c'est a l'éternel principe de vie [enfoui] dans la graine )) et qui se perpétue lui-même à la façon d'un microfilm. C'est cette force résiduelle qui. en tant que racine de vie, est [source de tout] dynamisme et [de toute] vitalité. Tout ce qui est à l'extérieur dépend d'elle. La conservation de l'espèce est le but et la note dominante de la manifestation.

II y a cinq niveaux éthériques plus subtils composés d'une matière possédant des qualités vibratoires et connus sous le nom de tattva; leurs longues lignes de force prennent des formes incurvées d'ovales (les planètes. les ellipses. etc.). En tant que cellule et oeuf, ils sont la manifestation individuelle de la vie. au même titre que le principe féminin dans la nature. Il y a dans le corps cinq cavités ovales qui constituent les lieux privilégiés d'expression qualitative dans I'organisme à travers la sensation et l'action. Les fibres nerveuses sensorielles servent a l'âme d'antennes pour capter les perceptions sensorielles padculières et l'expérience concrète. II doit également y avoir de constants échanges des IathJaindividuels avec les réserves cosmiques en solides. en liquides, en air. en chaleur et avec la substance étherique de la matière, ainsi que des phénomènes de funon (bZe~tJNlg). Il y a aussi de l'énergie latente présente dans les organes (medip) plus grossiers. Ces convoyeurs [ou véhicules] sont nécessaires pour que les structures cellulaires développent davantage de résistance et de motilité-

8. Les troisgmtn sont les trois principes universels du mouvement en général: le principe positifqu 'est le rajav et le principe négatif qu'est le rmm-tournent autour d'un centre neutre. le saftva. Dans le corps humain, ils deviennent le principe de polarité, I'élémenr supérieur. l'élément médian et l'dément inférieur correspondant. dans I'ordre, à la conscience, a la vie et à I'action. Les bases du principe de polarité sont actives aux stades embryonnaires de la construction du corps. Ce principe qui agit sans fil véhicule la vie [à travers le corps] après la mise en place des fils et des canaux. Les rnodeles éIémentaires de ciradation [de l'énergie] fonctionnent selon ce mécanisme de réduction [du courant] appelé le corps. Les blocages dans ce champ d'enerzie et ses circuits sont les causes subtiles (éthérïques et matérielles) de la douleur et de la maladie. Rééquilibrer les courants [subtils] par rapport au champ central ou neutre, c'est ce qu'on appelle [retrouver] Iëtat normal de la santé.

L'application de ces trois types d'énergie selon une thérapie a base de manipulations dans le but d'équilibrer les courants et de défaire les blocages dans les circuits subtils aussi bien que dans les circuits grossiers ouvre de [nouveaux] champs d'application pour chacune des thérapies déjà connues.

A. Lors de chaque action thérapeutique apaisante et équilibrante, on peut avoir recours a un principe neutre (sarhm).Cela se fait en utilisant un toucher très doux qui fait agir la polarisation des doigts en direction des centres de polarité du corps.

B. On parle de manipulations thérapeutiques selon un principe positif (Ra& action, mouvement) lorsqu'on applique sur le corps une pression dans une direction précise, qu'elle soit dans le sens du courant d'énergie ou a contre-courant. L'utilisation d'autres therapies. comme l'application de lumière, de chaleur. dkilectricité ou de tout ce qui est à base de radiations et de stimulations. à action interne ou externe, peut également avoir des effets positifs.

C. [II est également possible d'utiliser des manipulations thérapeutiques qui sollicitent le principe négatif C'est alors] un principe négatif (Tamnv. la noirceur. le froid, l'inertie et la résistance) qui doit être stimulé ou neutralisé par des thérapies dispersantes, nettoyantes, excrétoires, énergiques, profondes et pénétrantes, provoquanr une réaction définie à travers la résistance du pôle négatif, de façon à le réveiller et à l'ajuster dans le circuit (électromagnétique).

9. Dans le corps humain, le double courant ceMcal du caducée et les circuits électromagnétiques sont des facteurs qu'il faut définitivement équilibrer en relation avec les centres de polarité qui sont à l'intérieur de I'individu et les champs d'énergie subtile cosmique dëchange qui sont à i'extérieur. Comme ultime facteur physique à équilibrer. il ne faut pas négliger la réam-onde la gravité de la terre sur les muscles et les articuIations-

II s'agit d'abord de libérer les forces individuelles de I'âme en intervenant directement pour découvrir et supprimer tout ce qui peut obstruer la circulation (hlocks) de cette énergie sans fil, et quelle que soit la nature de ces blocages. L'énergïe centrifuge peut nettoyer le champ si elle est convenablement stimulée et s'il y a suffisamment d'énergie latente pour permettre une réaaion. Les guérisons miraculeuses que dévoile I'histoire pourraient mieux se comprendre si l'on tenait davantage compte des éneryies de I'âme, ou d'un influx d'une force de nature subtile a travers le faisceau centrai uItrasonique d'énergie rayonnante à l'intérieur de l*organisme."

Dans un premier temps. avant de procéder à l'analyse proprement dite. un regard global sur les dix principes permettra à la fois de mieux comprendre ce dont il s'agit et d'en faire ressortir les éléments les plus importants. Selon ce qui est dit au Principe 1. Erne humaine provient de I'océan de l'Esprit éternel. Elle est une unité qui s'en est détachée. L'âme est ce qui met en mouvement le corps dans la thérapie et dans l'action; elle est une puissance qui habite le corps. Stone parle ensuite de la conscience et de I'intelligence qui résident à I'intérieur de I'âme. La suite des explications de Stone montre que. lorsque l'âme entre en contact avec le corps. ce dernier acquiert différentes caractéristiques. Mais l'àme ne peut entrer directement en contact avec le corps physique, il lui faut un intermédiaire-C'est le mental qui sen de mécanisme de réduction, ou de démultiplication. des puissances de l'âme et permet a cette dernière d'agir sur le corps. Le prmta est également I'un de ces intermédiaires; il est une réduction plus grande encore des puissances de l'âme. La conscience physique, comme l'indique Stone. résulte de la fusion des puissances de I'âme avec le mental. Le point de contact qui rend possible la conscience physique se situe dans la partie supérieure du cerveau.

Au Principe 2. on voit que la conscience physique, résultant du contact entre le mental et le cerveau. se divise en trois champs de conscience. Le premier champ de conscience est la superconscience que Stone qualifie de « idéel » ou de « relatif aux idées ». Ces idées

" Voir l'annexe 1 pour la version originale anglaise. constituent des modèles d'actes devant permettre à I'âme d'engendrer les différents aspects du corps. Le second champ est celui de la conscience nonnale : il provient du contact de I'he avec Ies sens. Le troisième champ est le corps physique grossier dont le propre est de ne pas être conscient de lui-même et que Stone appeiie le subconscient. Cette division du mental résulte du fait que l'énergie de l'âme s'éloigne de sa source. Selon Stone, c'est 1à un processus commun à toutes les formes d'énergie connues. Mind goes through the same process as di energy. At its Source of concentratioq in its positive pole, it is bdiant, super conscious and of hi& intense activity. As the energy flow leaves this Source as radiant energy lines of force. it loses momentum, intensity and conscïousness in proportion to the square of the. distance of travel. At the end of its travel. or the negative pole, which is in crystailization and matter, it has loa its intensity and consciousness~74

À partir de I'àme. qui est la source, l'énergie perd graduellement de son intensité pour donner naissance en premier lieu à la superconscience, puis à la conscience normale journalière et enfin a l'inconscient. Ce dernier principe est la forme que prend la conscience lorsqu-elle souverne les mécanismes de reconstruction du corps et les fonctions physiologiques involontaires.

Au Principe 3. Stone insiste sur l'émotion, qui est une composante de la conscience normale. II indique que c'est là que I'on peut trouver l'explication de la souffrance. Si I'on suit son raisonnement. on peut dire que lorsque les désirs (engendres par le contact entre les sens et le mental) ne peuvent trouver leur satisfaction, il y a hstration. souffrance, stress et tristesse. Stone signale aussi que bien souvent les désirs sont plus grands que la capacité des individus a les satisfaire et que c'est entre autres ce qui amène la soufiance.

Les Principes 4 et 5 expliquent ce qu'est le pram-r. La première réduction des puissances de I'he a donné naissance au mental. Une réduction encore plus grande de ces puissances donne leprma Ce dernier est présent dans la panie supérieure du corps- Mais

" Hotldolph STONE. PoZmantyThercpy :23e ComplefeCoIkc~ed Works, Sebast op01 (Californie), CRCS Publications, 1986, Volume one, Book 1. p. 55. Stone note quïl ne s'accumule pas et que i'humain doit continuellement s9en procurer à I'e~?érieurde lui, soit dans l'air, soit dans les aliments. Prana is everywhere; we extract and convert what we need corn the air, the water and the foods which we consume. Fresh foods, and those that are preceded afier they are placed in seaied containers and utensils, have more Prana in them than the dead foods, nich as those that are preserved. spiced and cooked. Cookj'ng wïth less heat, and retaining the vapors. seems to preserve more of the Prana in foods."

Le prmw est une force neutre qui est soumise à deux mouvements. Le premier est un mouvement de manifestation ou de conscience que Stone appei1ehfn11imrta1-a-Le second est un mouvement de non-manifestation ou d'inconscience qu'il appelle Praiizy. Cette énergie neutre est située dans les régions supérieures du corps.

11 esiste un lien, selon Stone, entre ce mouvement et celui du diaphragme. La partie du corps située au-dessus du diaphragme est associée à la conscience. Stone compare cette zone au ciel terrestre qui soutient la vie en apponant I'air, la chaleur et l'énergie qui lui sont necessaires. La partie située immédiatement en-dessous du diaphragme en qualifiée de neutre. On y trouve les organes. I'estomac et l'intestin principalement, qui ont pour fonction de nourrir le corps. Elle est comparée par Stone à la terre nourricière qui rend possible la vie sur notre planète. The upper portion of the body, above the diaphragm is the positive field equivalent unto the heavens which give air. warmth and energy for the sutenance of life. The diaphragm is the firmament which separates the above from the below and is its neuter field; the portion beIow the diaphra-gn is the neuter pole equivalent to the earth which nourishes al1 creatures. jun as the neuter pole in the body nourishes ail cells. The pelvis is the neqive pole.?'

La base du corps, composée principalement du bassin, a un caractère négatif Cette partie inférieure peut être comparée au sous-sol de la terre qui permet la germination des graines et des semis.

'' Randolph STONE, op ci?.,p. 57. Au Principe 6. Stone parie du sacnim. C'est là un élément très important de sa représentation du corps humain (un cahier complet lui est consacré). Le sacrum forme un triangle compose de la soudure des cinq dernières vertèbres de la colonne vertébrale. Ce triangle, en plus de soutenir l'équilibre du bassin et de la colonne vertébrale toute entière, est le point d'entree du p-ma et de ses deux mouvements dans le corps physique. Ce contact produit ce que Stone appelle la << force vitale individuelle ». La région antérieure du sacrum génëre la vie, I'énergie semelle. La région postérieure, principalement liée au. cuisses, produit Iënergie motrice nécessaire au mouvement et à la croissance. II s'agit de la cristalkation, comme I'affirrne Stone, du modèle d'action de la conscience, c'est-à-dire du superconscient, dans le corps physique. L7exempIedonné au Principe 6 est celui de la gaine qui se perpétue en se servant d'un modèle qui lui est propre. Ce modèle. inscrit dans le corps causai. permet la perpétuation de I'espece. II est comparé par Stone à un microfilm gâce auquel on peut reproduire quelque chose indéfiniment à partir des schémas qüil contienr. Ce quelque chose, en t'occurrence, c'est la vie.

Au Principe 7. il enfait mention des cinq

77 Stone appelle K cavité >> des zones du corps particulières. Chaque cavité est entourée par une coquille plus ou moins rigide selon la fragilité des organes qui s'y trouvent : le cràne contient le cerveau, le diaphragme abrite les poumons et le coeur, le bassin protège les fonctions sexuelles, etc.

7X Op. cil.. Book III, p. 7. Ces rainu. comme Stone les appelle, sont donc essentiels à l'existence dans le monde physique. Sans eux. il ne pourrait y avoir de mouvement et de vie. Mais le corps physique ne pourrait vivre sans un contact constant avec les plans plus élevés de l'univers. Every pnnciple or energy field withh us, our little world, bas universai plane of being or field of operation. And as our four elements must blend with that greater world outside and draw fiom its universal supply in order to be well and nounshed. even so, al1 the higherenergy pnnciples mua be supplied from their own plane. The sou1 itself must constantly be suppiied by the sound curent. the word issuing forth fiom the suprerne being who created it. No pan is compIete in itself "except it abide in the whole" and is united with it."

Les quatre éléments dont on parle ici correspondent. dans le Principe 7. aux réserves cosmiques en solides. en liquides. en air et en chaleur. La substance ethérique est le support de ces éléments. Les qualités vibratoires de I'être humain, les tnrna individuels, doivent être constamment en contact avec les substances universelles afin de conserver leurs qualités particulières. C'est là tout le sens duprana, comme il a été mentionné précédemment. qui ne s'accumule pas. mais qui est pounant essentiel a la vie et plus particulièrement a la résistance du corps et à sa motiIité.

Selon le Principe 8, le mental, leprmia et les rmnw sont soumis aux trois principes de I'action appelés prrm. Le rnjns est le principe positif et on peut le mettre en relation avec la conscience et le haut du corps. Le ramisest le principe négatif et il est en lien avec le bas du corps et l'action. Le .Wh?ffen neutre et est lié au milieu du corps et à la vie. La Me humaine. comme Stone l'affirme à plusieurs reprises, est le résultat de deux forces antagonistes. fovule et le spermatozoïde. qui en sejoignant donnent un embryon que l'on peut qualifier de neutre. Dès l'apparition de I'embryon. le principe de polarité est présent. Le corps est. selon Stone, le résultat d'une nouvelle réduction des puissances de I'âme (après les réductions précédentes du mental et du prma). Les blocages dans le parcours des énergies provenant de l'âme et qui soutiennent la construction du corps provoquent la douleur et la maladie. II faut donc éliminer

79 Randol p h STONE.Polcwity n>erqy :Thr Conty~creC ~JI/c'cI~J Works, Sebastopo1 (Californie), CRCS Publications. 1986, Volume one, Book 1. p. 27. ces blocages dans les circuits subtils de I'énergie pour redonner a la personne la same qui est définie comme un état d'équilibre appelé neutre-

Pour éliminer les blocages d'énergie, on applique concrètement la théorie des grnra. Ce qui est mou et qui correspond au principe neutre. mnw. s'équilibre en utilisant un toucher très doux. Le positif rqks. qui a comme caractéristique le mouvement (irritations. rougeurs, inflammations sont quelques-uns de ses aspects), est contré ou débloqué par des pressions dans une direction précise soit dans le sens du courant ou à contre-courant de l'énergie. Ce qui est stagnant et profond dans le corps correspond à rumm En tant qu'énergie négative, il faut la disperser ou Iëliminer par l'action d'une énergie forte et stimulante.

Les Principes 9 et 10 intègrent les éléments que nous venons de voir dans une cartographie particulière des énergies qui habitent le corps humain. Stone se réfère au caducée qui est le symbole d'Hennés. 11 est constitué d'un bàton et de deux serpents qui s'entrecroisent autour de lui. Selon Stone, le bâton représente la colonne venébrale et les deux serpents sont les courants d'énergie qui partent du cerveau et interpénètrent le corps pour former des « centres individuels » qui assurent les échanges avec l'énergie comique. Ces centres sont constitués de la rencontre des deux énergies contraires. symbolisées par les serpents, qui forment des cercles que l'on peut repérer dans le corps ou tout près de lui. II existe de ces centres dans le corps : ce sont les plexus de la médecine contemporaine. tandis que les centres hors du corps sont les roues psychiques qu'on appelle en 1nde chnkra "'. << Ali psychic phenornena work through the five great plexuses ofthe Sympathetic Nervous SyStem aIso called the Vegetative Nervous System. The Hindus called these plexuses "Chakras" or "wheels" of revolving psychic energy. ngl Les centres d'énergie assurent les échanges entre le corps physique et les réserves d'énergie universelle.

"Randolph STONE. Pdarify Therapy :The CompIefr(WIecred Works, Sebastopol (Californie), CRCS Publications, 1986, Volume one, Book 1, Chart no 2, p.44.

'' Op cil.. Book IVp. 55. Stone en arriveà dire que c'est l'équilibre du courant double du caducée qui est décisif pour l'équilibre physique même si l'action de la gravité ne doit pas être négiigee. C'est pourquoi l'accent doit être mis sur la Ii'bération de ce qui empêche la libre circulation de ces énergies qui sont « des forces individuelles de l'âme ».

4.2 Correspondance entre les dis principes et l'enseignement des Radhasoami

L'énonce des principes peut surprendre. Mais il parait moins original lorsqu'on le compare avec les enseignements des Radhasoami tels qu'on les trouve dans le livre de Julian Johnson. Ce demiec comme il a été signalé au dernier chapitre. a contribué a faire connaitre I'orthodoxie de ce mouvement religieux. Un livre de . l'un des maitres Radhasoami, servira également à cette comparaison.

Dès le Principe 1, Stone utilise un terme a caractère très général pour nommer la divinité. On retrouve également cette façon de faire chez les Radhasoami. Dans le livre de Julian Johnson il est dit que la notion d'être suprême est universelle et se retrouve dans toutes les traditions religeuses. Dans l'exemple qui suit. Johnson affirme que tes chrétiens. les Amérindiens et les Indiens parlent en fait du même dieu, l'Être Suprème. Les noms de l'Être Suprême dans les langues autres que le Sanskrit et I'Kndi sont aussi nombreux que les conceptions que l'on peut en avoir. God est l'adaptation Anglo-Saxone de good, bon, ou bien. II est le plus grand bien ou la somme de tout bien. Deus est le nom latin, signifiant approximativement le roi des rois. Théos. en grec. signifie celui qui gouverne le monde. Elohim ou Yaveh sont des noms hébreux assignés au Dieu qui fut d'abord une divinité tribale des Juifs. et ultérieurement proclamé seigneur de tous les mondes. [...] Les Indiens de 1' Amérique du Nord parlent de Manitou 1.. -1."

Johnson ajoute a cela que « Les Saints n'ont pas d'objection particulière a l'emploi de ces noms que I'on attribue à Dieu. Pour eux, l'Être Suprême est Anami, sans nom mais ils admettent que I'on puisse appeler Dieu de façons différentes. comme ils I'ont fait eux-mêmes,

8' Julian JOHNSON, La voie der maines, Park, Diffision Dervy-Liwes. 1978, p. 69. selon la langue du pays dans lequel ils vivaient »*C'est pourquoi Stone et Johnson utilisent un terme neutre pour parler de la divinité.

Le Principe 2 explique les trois formes que prend le mental lorsqu'il opère dans la matière. On peut rapprocher les plans indiqués dans ce principe de la description des plans de I'univers par Juiian Johnson. Au départ, nous dit-il, l'Être Suprême est sans nom et sans attributs. Toutefois. pour créer l'univers il prend l'apparence de la lumière et du son. La technique du « Yoga du courant sonore cosmique » que Ies Radhasoami pratiquent consiste justement a entrer en contact avec le son dMn « Puisque le Naarn (le Nom)jaillit de fAnaam (le Sans Nom). ceux qui s'y maintiennent, qui sont entraînés par lui. atteindront son point de dépan, après avoir transcendé tous les plans les uns aprës les autres. ArrÏvés a la source même du nom et de la forme, ils pourront alors, s'immerger dans Celui qui n'a ni nom ni forme. Les plans dont il est question ici sont au nombre de trois. Le premier en le pian matériel. le second est le plan spirituel-matériel qui fait la jonction avec le dernier plan. c'est-à-dire le plan de la divinité suprême de qui provient toute vie.

Cette division, comme l'explique Johnson, on la retrouve égaiement chez l'être humain sous la forme de trois corps ou enveloppes. L'enveloppe physique. I'enveloppe astrale ou subtile. et l'enveloppe causale ou de germe. Stone est fidèle a cette vision. Pour lui égaiement. comme on le constate au Principe 2, l'être humain se compose de trois aspects : le corps causal, le corps éthérique et le corps physique. Les plans du monde divin trouvent leur correspondance avec l'homme de la façon suivante. Le plan spirituel est en lien avec le plan causal. celui du monde matériel-spirituel avec le corps éthérique et le monde matériel avec le corps physique.

" Kirpal S INGH. Le yoga de l 'ep-it: La coIIroïIi>eJr la iYr. Pans. Le courrier du livre, p. 153. Ce sont ces plans que L'on peut mettre en relation avec le Principe 4 et le Principe 5 lorsque Stone parie de la pénode de manifestation et de la période de dissolution de I'univers. Voici ce qu'en dit Julian Johnson. Le plan spirituel n'est pas lié au temps. mais les autres plans situés plus bas le sont. Par contre, le monde spirituel-matériel (appelé également Brahmand »'*) disparaîtra un jour entraihant avec lui le plan matériei qu'ii soutient. Les ètres qui vivent dans Brahmand connaissent un bonheur ineffable, mais ils ne sont pas immortels. La durée de leur séjour y est extrêmement longue. Ils subissent à la fin un changement semblable à la mort, qui se produit au moment de la grande dissolutioe lorsque Brahmand dans sa totalité. au terme d'un cycle de temps extraordinairement long. revient à son état primitif d'avant la création »a6 Le Praiuya dont parle Stone est cette pénode de dissolution. Le ~mwa~ztdc'est la période d'existence de notre monde matériel actuel.

Cette respiration de I'univers, composée de la dissolution qui en inspiration et de le création qui est expiration, possède une correspondance avec fa respiration de I'être humain. L'être humain en un microcosme. Selon Julian Johnson, l'homme a été formé et conçu de façon a représenter un petit univers en mihianire dont certaines parties ou centres situes dans son corps physique, astral ou causal correspondent à des parties précises de I'univers. »" AU souffle de I'univers correspond le souffle de l'homme. Stone affirme la même chose au Principe 4 lorsqu'il écrit que la période de manifestation du Mm7~rm~lmaest liée au soume de t'expiration et au courant moteur de la vie individuelle. Cette correspondance est affirmée également au Principe 5 alors qu'il dit que la pénode de dissolution de I'univers, le Praiqa, devient, au plan individuel. le souffle inspiré et la conscience sensorielle.

'' Bien que Johnson emploie le mot cc brahmand D. il faudrait lire Brâhmanda littéralement a l'œuf de Brahmâ », qui est le monde cosmique d'où notre univers provient.

86 Julian JOHNSON, op. cil-, p. 55.

87 Litterallement Ère de Manu D. Manu est le législateur. dans la tradition indienne, du monde des hommes.

'* Julian JOHNSON. op. cite,p. 155. Au P~cipe7, Stone parle des tattva- Selon lui, il existe cinq stades éthénques de la matière qui créent certaines qualités d'expression dans I'organisme. Ces tamfa.selon Johnson,

sont les cinq états élémentaires de la matière, c'est-à-dire K prithvi, jala. agni- vayu et akasha » qui correspondent a la terre, à l'eau, au feu, à t'air et à l'éther. Stone emploie dans ce principe les mots solide, liquide, air, chaleur et substances éthériques. Mais dans son premier livre, il nomme ces éléments de la même manière que le font les Radhasoami. Ce qui peut vouloir dire qu'il s'agit uniquement, dans le Principe 7, d'une différence de vocabulaire. On voit encore une fois la ressemblance des p~cipesde Stone avec la voie des Radhasoami.

Le Principe' 9Rgdécrit le caducée. Pour Stone il en clair, puisqu'il l'indique explicitement. que le caducée grec est l'équivalent de la kt/~?d~hÏindienne. II s'agit dune vision de l'être humain qui n'est pas propre aux Radhasoami mais a l'ensemble des yogcz. Selon ce point de vue. le corps est traversé par de mukiples canaux ou le yr-mrtr circule. II existe toutefois trois canaux plus importants. Le premier se superpose a la colonne vertébrale. les deux autres sont situés a sa droite et à sa gauche. Pour Stone, lepratla circule dans ces canaux pour être distribué à tout l'organisme. Cette vision correspond également à celle de Kirpal Singh, I'un des maîtres Radhasoami. Les ~raJissont des tubes faits de matière astrale qui servent de passage aux prcrrra~..Ils opèrent dans le corps subtil, tout comme Ie font les nerfs, les artëres, les veines, dans le corps physique, et ils jaillissent de km~daqui est le centre oir le rmadi sr~shrnand"'rencontre le chakra mirln&arn a la base de Iëpine donale. De tous les nadis, ida, pingala et sr~shrnm~nsont les plus importants. Ils se trouvent dans la moelle épinière, iJn et prrgafa débutant respectivement à gauche et à droite du SIIS~~ICIII~ou s~rkhmcni.~~

89 Le Principe 8 sera examiné après les principes 9 et 10 afin d'assurer une meilleure cohérence redactionnelle-

9(i Le mot sn~shrnat~a,probablement tiré du vocabulaire du mouvement Sikh, correspond au mot sirshimrm de la tradition indienne orthodoxe.

'' Kirpal SINGH, Le yoga de / 'eqrit :La corcroiirre de la ife, Paris, Le coumer du Livre, p. 60. Stone sigale lui aussi l'existence des c centres individuels de polarité >> que la tradition indienne appelle chakra-Littéralement, il s'agit de « roues » que l'on situe sur certains points

Figure 3: La Kzm&Ihli et Ies chah

Randoiph STONE, PoImity Thew: The Conrpfete Collected Worh,CRCS Publications, Scbastopol (Californie), 1986, VoIume Two, p- 9. de la constitution subtile de I'être humain et qui assurent le maintien des fonctions physiologiques. On en dénombre six, un septième est parfois mentionné en tant que point d'entrée ou de sortie de l'énergie spirituelle, tel qu'on peut le voir dans la figure suivante.

Les chakm sont ici représentés par leurs symboles hindous. L'union de deux d'entre eux donne naissance a des ovales qui président aux différentes fonctions de I'organisme. En panant du bas de la colonne vertébrale, chacun de ces chahest identifié a un dément et à des fonctions physiologiques. Le premier est lié à l'élément terre et il soutient I'élimination des solides et des liquides. Le suivant est lié à I'élement eau et est rattaché à la région pelvienne. Le troisième correspond àl'élément feu et à la digestion- Les fonctions respiratoire et circulatoire sont en lien avec le chakra de l'air qui est en quatrième position. La voix et I'ouie sont liées à l'élément éther et le chakra qui y correspond est situé sur la gorge. Quant au chakrn situé entre les sourcils, le dernier, Stone indique qu'il est le siège de l'énergie mentale et de la volonté. Cette idée s'accorde avec ce qu'indique lulian Johnson. II est le sièr~edu mental et de I'àxne, le centre qui exerce le contrôle sur le corps. »'%e Principe 10 complète le Principe 9 en indiquant qu'il faut rechercher les blocages dans le trace de l'énergie sans fil. représenté par le caducée, pour les enlever et libérer les forces individuelles de l'àme. Ce sont les forces de I'he circulant librement dans un parcours subtil départi de toutes entraves qui, en dernier lieu, entraîneront la guérison.

Au Principe '8. Randolph Stone indique que le monde en soumis à trois modes d'action appelés ~~IIICI.Kirpal Sin* parle de cela a partir du pnncipe de l'âme. La lumière de I'âme est transmise par Ie chir D, la plus haute dimension de la matière. qui la transmet ensuite au corps physique. C'est le pnncipe le plus subtil de la matière qui connitue chit, le petit soi de l'homme. Bien qu'en lui-même, il soit essentiellement inconscient, il est apte à se modifier par l'action des trois gzma (tendances a la pureté, à l'activité ou I'inertie). 11 a égaiement la capacité de s'amoindrir ou de s'amplifier. selon la nature du corps dans lequel il habite de temps a autre. ou selon les circonstances environnantes- Tout en étant apparemment lié à chaque individu. le chit fait partie de l'intelligence universeIle qui est omniprésente. Le yoga tend a transformer l'intelligence limitée et conditionnée. en une intelligence illimitée et inconditionnée, en développant legnra satnxz (pureté) et en atténuant les grua rajas (activité) et tamos (inertie) .g3

Stone déroge de cette vision traditionnelle des gwa en y introduisant la notion de pôles négatif et positif. Sans doute y a-t-il un tien a faire avec Julian Johnson lonqu'il décrit la naissance de l'univers. Pour lui, l'univers est constitué de deux pôles. Le pôle positif appartient à la divinité première, et tout ce qui a existé par la suite devient le pole négatif Quand Dieu voulut donner naissance a l'univers, il commença par créer le premier centre d'action qui peut être considéré comme un pas en avant vers le pôle négatif. Cela se fit

'' Julian JOHNSON, op ciz., p.160.

" Kirpal SINGH, Le yoga de I 'esprit :La corrrome de la vie, Paris, Le coum-er du Liwe, p. 4 1 -42- évidemment après avoir concentré au préaiable tous les éléments qui devaient servir à la création, au pôle positif. ce qui entrahit un degré moindre de concentration au pôle négatif »%Cette idée de pôles positif et négatif a fait son chemin chez Stone pour donner en dernier lieu son concept de polarité applicable a tout l'univers et sunout au corps humain. Pour Stone. le rnjas est devenu l'aspect positif ou centrifuge. le tamm l'aspect négatifou centripète et le satrrcz l'aspect neutre c'est-à-dire réquilibre des deux précédents. Stone explique que la condition neutre s'obtient lorsque l'être humain est en parfait équilibre et que cette neutralité n'est pas inactive mais la condition de circulation parfaite de toutes les éneaes.

Si I'on compare la vision de Stone avec le point de vue traditionne1 de t'Inde, on se rend facilement compte qu'il I'interprète à sa manière. En Inde. smvaa le sens de clarté, rajm celui d'activité et tmscelui d'inertie et de ténèbres. Ces qualités de la matière sont en équilibre lorsque la Nature est en repos- L'équiIibre est ici lie au fait que chaque gma est en quantité esaie à I'inteneur de la Nature. Lorsque l'un desgiom est en plus grande quantité, il y a déséquilibre. Ce déséquilibre fut la condition nécessaire à I'apparÏtion de I'univers. On peur donc dire que contrairement a Stone, la tradition indienne lie la vie au déséquilibre des pimn et non à leur équilibre. Là est sûrement le point de divergence le plus évident entre Stone et la tradition indienne.

Si I'on regarde les dix principes dans leur ensemble, on peut se rendre compte que leur signification s'éclaire en se référant a la tradition des Radhasoami. Toutefois. certains aspects semblent avoir une origine différente. fl en est ainsi des termes s~ey-d"~vr.cenfr@eral et cet~trflipnl force.^, ui~c~rornagne~icscircuits qui pourraient bien être liés à une conception scientifique particulière de I'atome et de son électromagn4isme comme nous allons le voir a 1'instant. 4.3 Les aspects de la science en cause dans les dix principes

II est nécessaire de sortir du texte même des principes pour comprendre les termes à caractère scientifique qu'on y trouve. L'un des Iivres de Stone présente plusieurs figures pour expliquer son système. L'une d'entreelles, représentant un atome. porte la mention d'un livre et de son auteur :cc Dr Babbitt's "Pnnciples ofiight and color" n9'. La lecture de ce livre met en évidence le fait que Stone s'est servi des théories de Babbitt pour construire son système des polarités.

Vers la fin du dix-neuvième siècle, le docteur Edwin Dwight Babbitt a fait des travaux sur la lumiëre et le chromatisme appliqués à la guérison. Pour établir son système de soin, il construisit une théorique insenieuse sur I'atome. A l'époque de Babbitt. deux courants de pensée sur I'atome s'opposent. Le premier aftinne que l'atome est composé de fluides plus ou moins éthérés. le second affinne que I'atome doit plutôt hre constitué de particules infiniment petites. Cette dualité est due au fait que la physique avait observé des phénomènes qui. en certaines circonstances. pouvaient être expliqués en supposant que I'atome est un fluide et qui. en d'autres occasions. ne trouvaient de solution qu'en imaginant un atome composé de panicules. La lumière, en particulier. semble avoir été au coeur de lYéni_gne. Babbitt s'est attaqué à la question et a conclu qu'il fallait ajouter l'aspect spirituel ou philosophique au modèle scientifique pour miver à une réponse satisfaisante. Sa quête commença donc par Iëtude des phénomènes naturels; principalement en ce qui concerne la lumière et les couleurs. II en vint à constater qu'une loi régissait tout. la loi de l'harmonie universelle (Harmonie Lmi of the Uhiwrse).

D'abord, affirme Babbitt. il y a le principe de l'unité universelle de la Nature qui s'exprime dans la loi de l'organisation que I'on retrouve panout dans les familles, les sociétés et les nations. Parallèlement à cela. il existe également un principe de diversité qui s'exprime dans la vie individuelle et la liberté. La Loi de l'Harmonie universelle décrit les mécanismes

'' Randolph STONE. Polarity nerqpy : The Cornpkfe (hf/ticteJ Works, CRCS Publications. Sebastopol (Californie), 1986, Volume two, p. 190. qui tendent à équilibrer les principes d'unité et de diversité- Pour illustrer cette idée, Babbitt compare différents dessins dans lesquels la diversité des éIérnents s'accorde pour former un tableau. un dessin, une peinture. Ainsi la diversité des traits d'un crayon permet l'harmonie. Tout dans t'univers répond a cette loi, il s'agit de regarder correctement et l'harmonie peut être trouvee ou créée-

Les galaxies représentent une fiesque harmonique aux yeux de l'observateur lointain. Babbitt s'ea dit qu'il en était de même pour I'homme et I'atome qui le compose. L'observation astronomique avait permis d'élaborer la théorie selon laquelle les planetes et les galavies voyagent a travers l'univers en formant des spirales. Babbitt appliqua ce principe macrocosmique au microcosme et conçut un schéma de I'atome composé de forces spiralées dont I'ether (ether). substance universelle plus ou moins spirituelle. permettait d'établir la cohésion. II existait selon lui plusieurs types d'éther : thermo-ethm. electro-rrhrr. rhrrmo- Iiînri~w-erlrrr;r/rcrro-/rrn~ir~~-f'tht!r, chimico-gc~I~~rn~>wther. etc. À chaque état de la matière correspondait un type d'atome composé de ses éthers paniculiers. En plus. il &ma l'esistence de plus de six sortes d'électricité et donna à chacune un préfixe te1 quefi-icrioirn?. clirnrico. pdmito. mrgw1o. chromo.p~cho, etc Selon Babbin si unjour I*homrneparvenait a fabriquer un microscope assez puissant, il découvrirait que la matière est composée d'un atome central entoure de petits atomes éthériques (maIIethrreala1om)dont la figure globale ressemblerait à notre système solaire.

Dans le système de Babbitt, la cohésion des atomes est possible grâce à I'électncite des corps solides. Ces corps possèdent un double, le ligo-erher, qui est une circuit subtil à travers lequel les différents éthers circulent et donnent à l'atome une forme ovale comme on peut le voir dans la figure suivante. Figure 4: Circulation éi-que et ethénque de ['atome

Edwin BABBITT, The Principks of Light and Color- New-York, Babbitt & Co-, 1 878, p- I (il.

Dans cette figure. outre les nombreuses spirales, on peut remarquer qu'au haut du dessin se situe un pôle négatif et qu'au bas il y a un pôle positif. On peut ainsi appliquer les lois de répulsion et d'attirance entre corps magnétiques. Voici un exemple qui permettra de comprendre ces lois. Un aimant est un corps magnétique simple. Si l'on place le pole positif d'un aimant tout près du pôle négitifd'un autre aimant (vice versa). les deux corps s'attirent. Si ce sont les pôles semblables. positifs ou négatifs, qui sont placés a proximité, les deux objets s'éloignent. Les corps composés de plusieurs atomes sont construits grâce à ce principe électromagnétique; deux pôles différents formant les Iiaisons comme dans la figure suivante. Fiaute 5: Cohésion atomique

Edwin D. BABBITT', Theprinciples of Light and Cobr, New-York Babbitt & Co., 1878,~.102.

Ainsi était résolu, selon Babbitt, l'énigme des atomes qui réagissent selon les circonstances soit comme des fluides, soit comme des corpuscules. Le magnétisme éthérique explique l'aspect fluidique. D'un autre côté, les différents éthers qui composent I'atome sont matériels puisqu'ils ont une masse. Leur matérialité explique leur aspect corpusculaire.

Stone prendra le schéma de l'atome de Babbitt, en l'épurant mais en conservant son électromagnétisme et son schéma composé de pôles et d'un vonex, comme base à la construction de son système de soin. Pour bien comprendre la figure qui suit, il faut avoir conscience que Stone inverse l'image de l'atome de Babbitt pour l'appliquer sur le corps humain. La base du corps humain est pour Stone le pôle cetririy2re et pour Babbitt le \>ortex »@tif: Le haut du corps est lepôle centnifrre pour Stone et le rorrrrir posirifpour Babbitt. Figure 6:Atome de Babbitt applique au corps humain

Les Iignes de force éthéxique de i'arome âam l'homme

L'influence de Babbin sur Stone oblige à reconsidérer les dix principes de la Thérapie par Polarité en les mettant en relation avec les lois de I'électromagnetisme. L'emploi de certains mots tels que s~ep-doww. elecfro-magneric circuifs; Jeirlds. cerrrrijr~galforce. cr~tn-iperdforce. rregnriw pole. positive pole trouve alors un sens qui autrement demeurerait caché. Pour bien comprendre cela, il faut remplacer l'exemple de l'aimant mentionné précédemment par celui d'un solénoïde. Un solénoïde est une bobine formée dünfil parcouru par un courant électrique comme on peut le voir dans la figure suivante. Figure 7: Image d'un solénoïde

Le courant magnétique qu'il génère est semblable à celui de l'aimant, mais cette équation n'est possible que dans la mesure ou le fil électnque est alimenté par un courant. Ce qui équivaut à ce courant dans la représentation que Stone se fait du corps humain. c'est 1'énergie de I'âme. Le champ magnétique du corps résulte donc du contact entre I'énergie de I'ârne (le courant électrique) et le prmia avec ses différents canaux (le fil électrique). L'énergie de base provenant de l'âme est alors soumise à la résistance des éléments matériels de base que sont l'air, la terre, l'eau et le feu. Il s'ensuit une baisse de l'énergie de I'âme et c'est cette réduction nécessaire de potentiel à laquelle Stone réfëre lorsqu'il utilise le mot srep-douw Cette réduction de l'énergie forme des circuits électromagnétiques, c'est-à-dire chez Stone les clecîrc~ma~aîïccircz~its~ Les champs de force qui composent l'ensemble de ces circuits se divisent. à partir d'une pôle négatif(>wga~iveyoIc,)et d'un pôle positif (positive pole) tout comme avec un aimant, en une force centrifuge (crnrrifriga/force) et une force centripète (cr~rrriprtdfom).Le caducée est présenté par Stone de la même manière avec un courant positic un courant négatif et les résultantes que sont les courants centripète (gtmz tamac) et centrifuge mttva).

On peut penser également qu'à chaque fois que Stone emploie le terme etheric, il se réfere à la notion d'éther telle que la définit Babbitt dans son livre ï?w Prim@fesof Light and Color. Mais certains indices laissent croire que I'inspiration de Stone provient d'une autre source. En effet, dans le Principe 2. lorsque Stone emploie le mot crhrric. il l'associe à I'aspect émotionnel (rrheric atd rmotimaIfieIds), ce qui ne correspond pas a la vision de Babbitt. De même au Principe 7. Stone associe ce mot aux rotna qui comme on l'a vu précédemment, appiiniennent aux catégories philosophiques de l'Inde. Seul le Principe 8 pourrait correspondre à la notion d'éther chez Babbitt. À l'avant-dernière ligne du premier paragraphe, Stone indique que le btocage dans ce champ d'énergie (le corps) et ses circuits sont les causes éthérées (erhrrd)et matérielles de la maladie et de la douleur.

Les deux auteurs s'entendent à merveille lorsqu'ils estiment qu'ii est essentiel de connaître la constitution de I'atorne pour comprendre les lois de 1 'univers. Babbitt a pris I'image du macrocosme et 1-a appliquée sur l'atome; Stone a repris I'image de t'atome pour l'appliquer au corps humain. Voilà des pratiques qui font penser a un principe commun à plusieurs formes d'ésotérisme et que I'on peut résumer par la phrase : K Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas D. II apparaît donc opportun d'examiner la parenté entre les dix principes de la Thérapie par Polarité et le courant de pensée ésotérique sous la forme qu'elle a prise vers la fin du XIXcsiècle et qui avait cours à I'époque de Stone.

4.4 Parenté entre les dix principes et l'ésotérisme

Dans les dix principes, j'ai cible trois mots que I'on peut associer a une forme ou à une autre d'ésotérisme. Ce sont les mots << superconscious », K ethenc >), et caduceus ». Le mot << superconscious ». que Stone emploie comme adjectif et que je traduis sous sa forme nominale par a superconscience », apparaît au second principe. Stonejoint ensemble dans ce principe le corps causal et la superconscience, le corps éthénque et la conscience normale, le corps physique et le subconscient. Le mm*ent et le subconscient appartiennent à des catégories du début de la psychologie et ne posent pas de problème de compréhension. La superconscience quant à elle en plutôt un terme marginal a la psychologie classique et I'on en retrouve les ongines a la fin du MX' siècle dans le domaine de ce que I'on nomme alors << psychicai research ». Le c superconscious » a, à ce moment là, le sens de ce qui transcende l'humain ou la conscience normale." On trouve également Ia trace d'un mot similaire dans les écrits de la Société Théosophique.

La Société ThéosophiquegTa cornu une grande popularité partout dans le monde notamment auprès des cercles ésotériques. Par ses enseignements. elle a fait connaître un point de vue particulier sur la tradition hdk~eet diffisé un certain nombre de concepts et imposé un vocabulaire. hant donné l'importance historique de la Société Théosophique et son influence majeure dans bon nombre de mouvements du début du XXc siècle a nos jours, il apparaît intéressant de comparer la vision de cette société avec celle de Stone.

% (c Superconscious D in The Oxford Englsh Dicriot?my Oxford, Clarendon Press. 1989, Volume XVII. p- 216.

" La Société Théosophique a été créée en 1875 par Henri Steel Oicott et Helena Petrovna Blavatsky. Cette société avait trois buts principaux : promouvoir la fraternisation universelle. étudier les différentes religions du monde et analyser les phénomènes psychiques. Après avoir écrit conjointement leur premier volume intitule Isis dii~oilr'r(Isis Umeiled), Olcon et Blavatsky se rendent en Inde où ils commencent a publier 77w Theosopfisf,qui est le journal officiel de la Société. En 1882, ils s'établissent au sud de l'Inde sur une terre qui a été donnée a la Société. C'est ainsi qu'ils entrent en contact avec certains maîtres de l'Inde, membres de la CC Great White Brotherbood »- Arrivent alors des évenements pour le moins singuliers. Mme Blavatsky reçoit les enseignements de ses maîtres sous forme de textes qui apparaissent soudainement dans la pièce où elie se trouve. La Society for Psychical Research N (SPR). organisme de recherche et d'enquête sur les phénomènes paranormaux, mandate un enquêteur pour vérifier la véracité du phénomène. Le rapport qui en résulte incrimine Mme Blavatsky. La diffusion du rapport a comme conséquence l'extradition de Mme Blavatsky par les autorités indiennes. En 1887 elle s'établira à Londres, après un court séjour en Allemagne, et écrira plusieurs livres : Secret Docrritrr. Tnr Key IO nteosophy et The bice of Silem. Annie Besant prendra la relève près de dix ans après la mort de Mme Blavatsky et rédigera plusieurs ouvrages qui aideront à populariser les idées des fondateurs. Selon Annie Besant, K La super-conscience comprend la totalité de la conscience supérieure à la conscience de veille. c'est-à-dire tout ce qui sur les plans supérieurs, ne vient pas se manifester sur le plan physique par l'intermédiaire de ia soi-conscience agissant sur le cerveau. D" Pour comprendre cette phrase, 1 est essentiel de regarder de plus près certains aspects de l'enseignement de la Société Théosophique.

Pour la Société Thésophique, il existe une conscience unique provenant de I'être

éternel appelé « Premier Logos 1). C'est le

En fait, la a monade D est constituée par la présence de la conscience dans tout ce qui existe sur terre. de la matière jusqu'à l'être vivant. Mais la conscience au niveau de la matière n'est pas capable de considérer le monde extérieur- C'est a un stade plus avancé. le stade animal. qu'apparait le (< Soi-conscience D qui a la capacité de percevoir les objets extérieurs.

Le « Soi-conscience D est loge dans le cerveau physique et c'est a ce niveau que I'on peut parler de « conscience de veille n par laquelle on perçoit le réeL Mais il existe deux autres aspects du cc Soi-conscience » qui sont la Sub-conscience » ou I'on retrouve les souvenirs et les instincts et la K Super-conscience N formée par les intuitions, les rêves. la conscience astrale et mentale. les prémonitions, etc-

Pour Stone. la superconscience est liée au gmo smvn qui contient les modèles (bhwpri~)qui permettent à la vie d'apparaître. Il y a donc une distinction avec la Société

- --

" Annie BESANT, Éfirrir sw la cortsnence, Paris. Éditions Adyar. 1977, p. 1 85. Théosophique qui voit plutôt dans la superconscience un lieu de pouvoirs spirituels. Mais tous deux parlent d'un système de conscience en trois formes dom la plus élevée est la superconscience,

Un autre mot mérite d'être examiné à la lumière des enseignements de la Société

Théosophique, c'est ie mot K éther fi. Pour les théosophistes. le corps physique est composé

de deux principes inférieurs (S/horilaSharka et Linga Shnrîra)). Le premier de ces principes est constitué par le corps grossier et le second par le double éthérique. a Ce dernier est la reproduction exacte. particule à particule, du corps visible; ii est aussi l'intermédiake par lequel entrent en jeu tous les courants électriques et vitaux d'où dépend l'activité du corps. »W La Société Théosophique établit un lien entre cette idée d'un corps ethérique et la vision scientifique de l'éther. La science physique moderne enseigne que toutes les vari-ations qui se produisent dans le corps. dans ses muscles. ses cellules ou ses nerfs, sont accompagnées d'une action électrique. Cela est probablement vrai, même pour les réactions chimiques continueiies qui ont leur siège dans les tissus. Des preuves amplement suffisantes de ce fait ont été accumulées. grâce à des observations soigneuses. à l'aide de galvanomètres les plus délicats. Or. chaque fois qu'il se produit une action électrique. la présence de l'éther ea certaine. L'existence d'un courant est donc une preuve de la présence de cet éther. qui pénètre et entoure tous les corps.''"

La démonstration d'Amie Besant touchant la réalité de l'éther est sans doute discutable, mais elle montre combien l'existence de K l'éther mécanique )) faisait partie des préoccupations de la science de son époque. Ce n'est qu'avec la théorie de la relativité restreinte d'Einstein, en 1905. que cette substance a perdu ses titres de noblesse. À première vue, il parait étrange que Stone, quarante-cinq ans plus tard. place toujours cette notion parmi les concepts de la science. Il faut dire que, bien que la notion dëther soit disparue en science, les relations électromagnétiques de ['atome demeurent toujours valables. Il est également plausible que la vision scientifique nouvelle qu'apporte Einstein au début du siècle ait pu

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99 Idem. L 'homme el ses corps? Paris, Éditions Adyar. 1977. p. 16.

lmop. cil-, p. 39- prendre plusieurs années avant de s'imposer. Stone, en tout cas. en est toujours convaincu en 1 948. « These rivers ofenergy, as principles of existence, are spoken ofin the Bible as the four rivers of Life, flowïng out of Paradise, out of a One River or state of energy called " Akash" or "Prana" by the Hindus, or "ether by our scientists. do'Ce rapprochement entre ia vision philosophique ou religieuse du monde et le point de vue scientifique sur l'univers est un procédé très présent chez Stone et les théosophistes tout comme chez les Radhasoami. comme on l'a vu au chapitre III. 11 semble que ce soit un point dominant dans l'argumentation de l'un et de I'autre.

4.5 La Thérapie par Polarité dans sa pratique

L'esplication de la Thérapie par Polarité ne serait pas complète si i'on ne rendait pas compte des allusions a une pratique de cet art de la guérison. Les aspects pratiques de la Thérapie par Polarité apparaissent seulement au Principe 8. Ils sont établis a partir des trois principes de I'action présents en l'homme comme partout dans I'univers. S'il y a un état anormal ressenti par la personne, c'est que l'état d'équilibre de ces trois aspects. qui existe lorsque la personne est en santé, est perdu. Il faut donc établir un diagnostic afm de trouver la cause du déséquilibre. Ici, un cas fiaif senrira de balise et illustrera les propos de Stone en ce qui concerne les aspects pratiques du traitement d'un patient.

Le premier niveau de diagnostic est celui qui implique les perceptions du client. A-t-il eu des malaises et quels sont-ils? Les malaises peuvent être de deux ordres. S'ils correspondent à un dérèglement de I'aspect positif ils se présenteront sous la forme de chaleur. fièvre, friction. douleur, enflure, infiammation et stagnation. S'ils concernent une mauvaise circulation de l'énergie négative, ils se feront sentir par des contractions. des spasmes. des tensions musculaires et de divers problèmes d'acidité. Dans I'exemple choisi. les s-ymptômes du client indiquent une circulation de l'aspect positif entravée puisqu'il soufie de contractions. de fièvres et d'enflures au niveau du dos. La première partie du traitement

'O' Randolph STONE. Polar@ Tnerapy :Be CompIe~leColk~ed Woh, Sebastopol (Californie), CRCS Publications, 1986, Voiume one, p. 22. visera donc I'inhibition de l'énergie positive trop présente. Stone indique au point B du Principe 8 que pour relaxer et balancer ce type de déséquilibre on doit appliquer un pression dans une direction précise. La technique périnéale iIlustre bien ce type de traitement.

On demande au patient de s'étendre sur le côté gauche les genoux repliés vers le ventre. On place un oreiller sous sa tête de façon B ce qu'il soit confortable. Le thérapeute se place derrière le patient et paipe le périnée* qui a une valeur négative, avec L'index pour trouver des points tendus ou douloureux

Figure 8: Traitement périnéal

Randolph STONE, The Wùeless Anatonr), ufMm, Randolph Stone editor, Book ii,p. 3 7.

La figure précédente montre la position du patient et du thérapeute. On peut y voir des séries de quatre chifies qui sont des points de correspondance. Les points indiqués par des chifies sembiables se contactent entre eux simultanément, deux à la fois, Le traitement se fait avec le second doigt de la main droite au périnée, la main gauche prenant contact au cou. d'abord sur l'atlas. puis sur les trois autres zones de contact alternativement-On prend également contact avec les points réflexes a l'épaule. au bras et au haut du fessier. Avant de passer au point de contact suivant, il faut s'assurer que la tension au périnée a disparu, ce qui peut prendre de cinq à vingt minutes selon la condition physique de la personne. On peut également inverser 1-opérationen prenant Ie cou pour établir le diagnostic. Les contacts sont toujours légers au cou et profonds au périnée-

Cette technique. qui met en corrélation le cou et le périnée. est basée sur la constitution trinitaire de l'homme illustrée par la figure numéro 2 du chapitre III. On y trouve un schéma du corps divise en neuf parties. Ce sont en fait trois sections (positive, négative et neutre) divisées elles-mêmes en trois zones (positive. négative et neutre). La première section (positive) comprend le dessus des épaules jusqu'au-dessus de la tète. Les zones suivantes lui appartiennent r le cou demere et devant (négatif), le visage et le derrière de la tête (neutre). la tète et le cerveau antérieurement et postérieurement (positif). La section suivante (neutre) est placée entre le haut des épaules et le pelvis. Ses zones se définissent ainsi : le pelvis (négatif). l'abdomen (neutre), les épaules et la poitrine (positif). La dernière section (négative) englobe tout ce qui est en bas du pelvis. Les pieds sont la zone négative, les jambes la zone neutre et les cuisses la zone positive.

Les zones sont en relation les unes avec les autres. Une zone neutre avec Ies deux autres zones neutres. une zone négative avec les deux zones négatives et une zone négative avec ses deux équivalents. Ce tableau sert à la fois de diagnostic et de technique thérapeutique. On trouve par le toucher les points degrande sensibilité ou ceux dont les tissus musculaires sont tendus et qui, si l'on se réfère au Principe 8. indiquent que la circulation de lëner~iea de la dificulté à circuler et qu'elle demeure prisonnière au pôle négatif. À partir de la figure de Stone et de son interprétation des principes des gzrtia, il sera alors possible de trouver les points de correspondance dans le reste du corps et d'intervenir dans les zones réflexes afin de disperser et de redonner sa circulation a l'énergie bloquée au pôle négatif.

Le traitement périnéal. mais d'autres types d'intervention également. permet de déplacer les énergies stagnantes du périnée et de leur redonner une libre circulation. Ce n'est qu'après I'enlèvement des tensions que les manipulations structurelles pourront s'effectuer avec succès. La structure qui nous occupe ici est la colonne venébrale puisque c'est elle qui soutient le dos. La base de la colonne vertébrale est composée de quatre venèbres soudées ensemble que l'on appelle le sacrum. Stone met en relation L'occiput, de valeur positive. avec le sacrum, dont la valeur est négative. L'image qu'il en tire est semblable a deux triangles. La pointe de celui de l'occiput est tournée vers le haut, celie du sacrum est tournée vers le bas.

Figure 9: Relation entre le sacrum et la tête

Cette image est importante, eue met en évidence qu'il existe une relation entre le cerveau et le bas de la colonne vertébrale. Elle réfere a la même relation entre le haut et le bas que celle qui est décrite au Principe 9 au sujet du caducée. Si le haut est depolarisé. le bas s'engorgera d'énergie négative stagnante. A ia longue cette dépolarisation provoquera le déplacement du sacrum qui. en se déplaçant, amènera une courbe dans la colonne vertébrale et divers problèmes de santé. Ces troubles peuvent se manifester par des douleurs physiques mâis aussi par des problèmes d'ordre mental étant donné la relation de réciprocité entre la tête et le sacrum. Le déséquilibre du sacrum peut donc entrainer le désordre mental. Pour rétablir l'équilibre et redonner à la colonne sa droiture et au mental son équilibre. il suffit de remettre le triangle de base à sa place par des pressions des pouces en haut et en bas comme dans l'illustration suivante. Figure 10: Manipulation du sacrum

Maintenant que la structure a repris sa place, à partir des observations préalables au traitement. on peut tenter d'ajuster les cinq éléments que Stone appelle raina au Principe 7. Le client en plus d'avoir des douleurs au dos a pu également ressentir des oppressions a la hauteur des poumons. avoir des problèmes avec son appareil urinaire. etc. Disons qu'il s'agit de problèmes d'ordre respiratoire. L'élément en cause est donc l'air. Stone indique que l'on peut redonner sa Iibre circulation à un élément en augmentant sa quantité ou en enlevant ce qui bloque sa circulation. La technique employée ici est simple. II s'agit de prendre entre les doigts d'une main l'un des doigts du client et, avec l'autre main. de prendre contact avec le doigt de pied qui lui correspond du même côté du corps. Pour I'elément air, on prendra contact simultanément avec l'index de la main droite et le doigt de pied situé directement à côté du gros oneil en se plaçant du côté gauche de la personne. On fera la mème chose en se déplaçant de I'autre côté du corps. Pour les autres déments. les doigts et les orteils sont différents, comme on le voit dans la figure qui suit : Figure Il: Points de comact du prana sur les mains et les pieds pour une poIarisation des cinq éléments

Rdolph STONE,Pokriq :lnp compIete conecfed work, CRCS Pubiidonr, Sc4astopol (Czlif-e), 1986, Vohimt two, p. 9.

Les chiffres correspondent dans l'ordre à la terre. à l'eau. Ie feu. l'air et l'éther soit les cinq 1ornx-t décrits au Principe 7. Comme on l'a déja remarqué. ces éléments sont également liés à des fonctions du corps qui, dans l'ordre, sont I'éliminatioa la reproduction, l'assimilation, la respiration-circulation et la fonction régulatrice des autres systèmes. Les traitements de ce genre sont efficaces étant donné que l'énergie qui est déséquilibrée a tendance à se laser aux pôles négatifs qui sont situés aux extrémités du corps. On complétera le traitement par une extension du cou et en prescrivant des bains chauds et du repos c'est-à- dire des actions qui correspondent à la dispersion du principe négatif D'autres séances sont à prévoir pour obtenir le rétablissement définitif de l'état de santé de la personne. Le traitement dure environ une heure.

Ce chapitre montre que Stone s'est inspiré en grande partie de la tradition des Radhasoarni pour établir son système. il y a ajouté des aspects scientifiques et ésotériques dont il est possible de retrouver les traces tout au long de ses écrits. La pratique est conforme à la théorie et apparemment le système fonctionne. Que peut-on dire de plus? IJ est peut-être temps d'essayer de mettre ensemble tout ce qu'il a été possible d'apprendre et d'en tirer quelques conclusions- CONCLUSION Je me suis proposé dès le début du présent mémoire de trouver les fondements et la cohérence de cette médecine douce qu'est la Thérapie par Polarité. Pour ce faire, il m'a fallu examiner de plus près le contexte historique qui a vu naîue la médecine en Occident. Il a donc été possible de constater que Ia médecine occidentale est apparue très tôt dans l'histoire comme une médecine de la science et de l'expérimentation. Des techniques reproductibles a ['infini. des appareils de mesure et de soins de plus en plus sophistiqués ont donné un visage scientiste au médecin.10' Cette idée que la science peut et doit répondre à tous nos besoins est sans doute un facteur hportant qui contribua à remettre en question les possibilités réelles de la science médicaie (on doit bien sûr ajouter à cela les insuccès de la médecine instituée en ce qui concerne le diagostic et le traitement de certains malaises). Certaines personnes constatant les limites et les souffrances engendrées par cette médecine se sont tournées vers les traditions d'Orient ou encore vers certains savoirs traditionnels de I 'Occident. Il semble bien que la Thérapie par Polarité puisse s'inscrire dans un tel créneau. C'est bien la ce qui ressort de cette réflexion de Stone : In this age of over specialization, with emphasis on chemistry, bacteriology. and mechanical and surgical research, we have Iost sight of the over-dl picture of man as a living behp with lines of force constitue his real being. and operate in and through the body fields and used materials as well as worn out tiss~es."'~

Stone est convaincu que ses contemporains ont perdu de vue quelque chose qui empëche la science de répondre de façon adéquate aux espérances humaines. C'est pourquoi il commence une longue recherche qui durera quarante ans. Une fois initie dans le groupe des Radhasoami, Stone réussit a établir son système de soins qui intègre certains aspects scientifiques et ésotériques. Ces dimensions ont été mises en évidence au chapitre III et IV.

'0' Les mots scientisme et scientiste sont apparus au XIX siècle et 03 les définit ainsi : K Néologismes employés (tout d'abord en un sens péjoratif) pour désigner soit : 10 I'idée que la science (au sens D) fait connaître les choses comme elles sont, résout tous Ies problémes réels et sufit à satisfaire les besoins légitimes de l'intelligence humaine; - 20 (moins radicalement) l'idée que l'esprit et les méthodes scientifiques doivent être étendus a tous les domaines de la vie intellectuelle et morale sans exception )) (André LALANDE. I bcnbtrlaire rrchricpr rr cnriqtre de laphilosophie, Paris, Presses universitaires deFrance. 1947, p. 940.)

'03 Randolp h STONE, PoIarity n>erclpy :7he Complele Collected W01'ks~Sebastopo1 (Californie). CRCS Publications, 1986. Volume one, p. 2. En examinant de plus près encore ces divers paramètres. on Constate que le système de Stone est cohérent en lui-même mais qu'il utilise en plus une même methode qui est sous-jacente à ses propos comme a ses pratiques. Eiie consiste à établir un système de corrélation entre plusieurs points de vue sur le réel tels que la religion, la science et la philosophie. Antoine Faivre appelle cette méthode a Ia pratique de la concordance ». Ce qui est ainsi désigné n'est pas propre a I'ésotinsme occidental dans son ensemble mais marque plus particulièrement le début des Temps modernes (fin XV' et XVI' siècles) pour réapparaître a partir de la fin du MX' siècle sous une forme ciifferente mais conquérante. II s'agit d'une tendance consistant 5vouIoir établir des dénominateurs communs entre deux traditions différentes ou davantage. voire entre toutes les traditions, dans l'espoir d'obtenir une illumination. une gnose, de qualité s~périeure.'~

Cette pratique. comme l'indique Faivre, n'en pas fondée sur le simple respect des religions établies et ne vise pas en tant que tel le rapprochement des hommes de bonne volonté. La concordance dont il s'agit est d'une autre nature. Elle se veut plus créatrice, concerne l'illumination individuelle au moins autant que la collectivité, exprime la volonté non seulement d'éliminer des différences ou de découvrir des harmonies entre diverses traditions religieuses. mais d'acquérir surtout une glose embrasant et embrassant dans un même creuset diverses traditions pour révéler -au sens, dirions-nous. photographique du terme - a l'homme de désir l'image du tronc vivant et cache dont des traditions particulières seraient seulement les branches visibles-'"'

Deus aspects principaux se dégagent des citations de Faivre : premièrement. la recherche d'un dénominateur commun entre une ou plusieurs traditions et. deuxièmement, le but de cette pratique qui est de parvenir a une illumination permettant une connaissance globale de tout l'univers.

'0.1 Antoine FAIVRE, L 'ésolérime, Park, Presses universitaires de France. 1992, p. 19-20. Stone a recherché sa vie durant une sorte de dénomhateur qui expliquerait l'ensemble du cosmos. Dans son troisième volume intitulé Polàr@ ïherapy adlts Trime Ftmcrion, il I'affirme de façon tres nette! For forty years 1 searched for a pnnciple in the heaiing arts whch would include al1 forrns of therapy and act as a common denominator. an intelligent answer, to a11 the numerous contradictory theones and daims exiaing today nt" Ce

dénominateur commun, il le trouve dans N l'énergie sans fil de l'homme )) dont il s'efforce de montrer le fondement dans les traditions anciennes et modernes ou dans la science d'hier et d'aujourd'hui. Il intégre ainsi dans uw même conception des aspects de la science ancienne de 17fgypte. comme le baton d'Hermès, de la philosophie grecque. comme le caducée, de la science moderne, comme I'électromagnétisme et de la tradition indienne avec entre autres les notions de gmet deprmzu.

Avant de découvrir ce dénominateur commun, Stone a fait de nombreuses recherches sur les religions tant chrétiennes qu'orientales, sur I'ésotérisme. la science et plusieurs médecines douces. Malgré ses nombreuses lectures et sa spécialisation dans diverses disciplines particulieres. il ne parvient toujours pas à trouver ce qu'il cherche. C'en la lecture

d'un livre sur les Radhasoami qui le convainc que seul un a maitre vivant D peut lui apporter la réponse tant recherchée. L'initiation lui prodigue la connaissance qui lui faisait jusqu'alors défaut. C'est sans doute cette gnose dont parle Faivre et dont on retrouve ici la trace.

Globalement ce que t'on rencontre chez Stone, c'est donc un système explicatif du monde capable de contrer, comme il lYafEme,la surspécialisation » de son époque qui empêche l'humain de voir l'ensemble au profit des parties. Mais son système se veut plus encore. Il est une tentative pour restaurer l'union perdue entre la science et le sens. entre le profane et le religieux entre l'individu et I'univers qui l'entoure. La pratique de la concordance l'y aide assurément. Peut-être est-ce la un point commun a toutes ces médecines nouvelles. Les recherches ultérieures pourront peut-être le démontrer.

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1. The sou1 is a unit drop of the ocean of the Eternal Spint which is the dweller in the body as the knower, seer, and doer, it experiences ail sensation and action. It alone is the power in the body which reacts to any mode of application of therapy or action. Consciousness and intelligence reside within the soul. Physicd consciousness is a blending of the soul powers with the muid. It rules in the superior region of the brain. Mind is a step-dom of sou1 forces to act as an intermediary link between spirit and matter. Prana is a mersep-down of muid energy. .3 Muid is the finen substance of matter operating in three bodies as three fields of consciou~ness: The causai body is the pattern field of the mind; here it is the ided or szrperco~iscioz~s rnald; In the ethenc and emotional fields, rnind operates thni the senses. lt is the normal comciotrs mi& In the gross physical body, mind govems all involuntary functions and repairs. It operates as the s~bcorisciousmirid. 3 - Emotion is a blend of the rnind and senses as a sep-dom current ofrnind energy. It is in the ethenc realrn of ajr nothingness which rules the world and the individual desires seeking their fulfillment. These may be greater than the individual's capital of energy and capacity. This is an air-borne dilemma of pain, effort, sorrow and frustration. 4. Pt-am. The Life Breath D, is a neuter curent which knows itself not. It occupies the upper region of the body. As energy, it has an ebb and flow like the tides in nature. The cet~t@i~ga/force ofMm~~mtara(manifesthg period) in the universe is the otitgoilig breuth and the momr currerit in the individual life. It is an outer awareness equaI to the daytime consciousness of action, 5. The centripetal force as the PraIaya penod of the universe becomes the iiigoing breath and the semory conscimisness, equivalent to nighttime and sleep. 6. The individual vital force is the negative pole or repository of both energies in the lower region of the body, the sacrum posteriorly as motor currents and the generative organs anterioriy as sensory currents. It is a crystallization of the pattern of consciousness and «nie EtentaI Pnnc@k of Li$e in the Seed,» perpetuating itself in a microfilm style. It is the residual force which is the drive and stamina as the root of life. Everything extemal revolves around it. Perpetuation is the purpose and keynote of rnariife~f~o?~. 7. There are five finer ethenc stages of vibrating qualitative matter known as tattva; their extended iines of force manifest in curvilinear patterns of ovals (planets, elliptoids. etc.). As the ce11 and the egg, they are the individual manifestation of life as the ferninine pnnciple in nature. Five oval cavities in the body are the basic fields for qualitative expression in organism thm sensation and action. Sensory nerve fibres act as antennas of the soul for concrete sensory perception and experience. There must also be a constant exchange and blending of the individual lathlm with the universal supply of solids, Iiquids, air, waxmth, and the etheric substance of matter- Latent energy is also present in grosser media These conveyors are necessary for resistance and exercise to celIuIar structures- 8. The three Gm~aas the three universal principles of motion everywhere; positive, Raja; and negative. Tamas; spllining around a neuter center. Sztzva- These become the polarity principie in the human body, the supenor, mïddle, and inferior in importance to consciousnes~,life and motion. ïhe foundation of the polarity pnnciple is active in the embryonic stages of building the body. This wireless principle carries thlife afler the wires and tubes are estabfished. The primary patterns ofcurrents fiinction over this step-down mechanism cailed the body. Btocks in this energy field and its circuits are the fine ethereai and material causes of pain and disease. Re-establishment of currents in baiance witb the center or the neuter fieid is expressed as the normai stage known as hedth. Application of these three modes of energy thmanipulative therapy to balance currents and release blockades in the fher circuits as well as in the gross conduaors opens the fields for evev known therapy. A) A neuter principle (Sattva) of any soothing, balancing application is indicated. Here a very light touch thpolarity of the tingers to polarity centers ofthe body is used- B) A positive principle (Raja, action, motion) of manipulative therapy is expressed in directive force applied to the body either with or against the current flow. Other therapy, such as application of light, heat, electricity or anythùig radiating and stimulating in nature is used internally or externally and must also be of a positive nature. C) A negative principle (Tàmm,darkness, cold, inertia, and resistance) which mua be aroused and counteracted by therapies which are dispersive, scattering, eliminating, forcefui, deep and penetrating, eliciting a definite reaction thru the resisting action of the negative pole, thus arousing it and tuning it into the circuit. 9. In the human body, the dual brain currents of the caduceus and the electro-magnetic circuits are definite factors to be balanced in relation to the individual centers of polarity and to the finer cosmic energy fields of exchange externally. As a final balancing physical factor, the reaction of the gravity of the earth on muscles and joints must not be overlooked. 10. The emphasis is on the release of the individual forces of the soul by direct intervention of finding and removing the wzreless etlerg).blocks, no matter of what nature they may be. The cenuifùgal energy can sweep the field clan if duly aroused and ifenough latent energy is present for a reaction. Miraculous cures in hiaory can be better understood by a process of exaltation of the soul energies, or an influx of force of a subtle quality thru the ultra-sonic central beam of radiant energy within the organism. 'O7

'O' ~andolphSTONE. PolctrityTherapy :The CompIefrCollecred Works, Sebastopol (Californie). CRCS Publications, 1986,Volume one, Book II, p. 3-4.