Université d’Antananarivo Domaine Sciences de la Société Mention – Economie Grade – Master Département Multidisciplinaire en Gestion des Risques et des Catastrophes

DMGRC ______Mémoire de fin d’études pour l’obtention du Diplôme de Master indifférencié en Science du Risque de Catastrophes

Présenté par : Monsieur RABARITSIMBA Fanomezantsoa Miyo

Soutenu publiquement le 12 Mars 2021 Membres du Jury - Président du jury : Monsieur LAZAMANANA André Pierre Maître de Conférences, HDR - Examinateur : Madame RAVAOARISOA Lantonirina Maître de Conférences - Encadreur Pédagogique : Madame RAPARSON Emilienne Professeur Emérite - Encadreur Professionnel : Monsieur Lieutenant-Colonel ARITIANA Faly Fabien Coordonnateur Général des Projets, BNGRC Avril 2021

Université d’Antananarivo Domaine Sciences de la Société Mention – Economie Grade – Master Département Multidisciplinaire en Gestion des Risques et des Catastrophes

DMGRC ______Mémoire de fin d’études pour l’obtention du Diplôme de Master indifférencié en Science du Risque de Catastrophes

Présenté par : Monsieur RABARITSIMBA Fanomezantsoa Miyo

Soutenu publiquement le 12 Mars 2021 Membres du Jury - Président du jury : Monsieur LAZAMANANA André Pierre Maître de Conférences, HDR - Examinateur : Madame RAVAOARISOA Lantonirina Maître de Conférences - Encadreur Pédagogique : Madame RAPARSON Emilienne Professeur Emérite - Encadreur Professionnel : Monsieur Lieutenant-Colonel ARITIANA Faly Fabien Coordonnateur Général des Projets, BNGRC Avril 2021

« Don’t only practice your art, but force your way into its Secrets, for it and knowledge can raise men to the Divine »

Ludwig Van Beethoven

AVANT-PROPOS

Les analyses concernant le domaine de la Gestion des Risques de Catastrophes prennent de plus en plus d’importance face aux défis que les catastrophes posent envers le développement. Ce mémoire se veut être pionnier dans l’analyse du risque suivant l’approche de la vulnérabilité. Les études sur les risques tendent à se focaliser sur les sensibilités des structures humaines et sociales face aux aléas.

Le cadre de Sendai qui est le cadre de référence pour les actions et programmes de GRC/RRC pour la période 2015-2030 focalise les attentions sur la compréhension et la prise en compte des risques de catastrophe dans tous les programmes de développement des nations du monde. Ce cadre constitue en ce sens, la feuille de route de toute étude pour la réduction des risques à tous les niveaux.

Ceci dit, l’étude que nous avons menée sera axée sur la mise en relief des vulnérabilités face aux inondations surtout au sein de la commune prise comme zone d’étude. Nous ambitionnons d’apporter des éléments permettant de réduire le risque au sein de la commune par le biais de la recherche de solutions contre les vulnérabilités face aux inondations.

Des défis ont été observés tout au long de l’étude notamment concernant les descentes sur terrain ; toutefois, la maximisation des résultats fut la priorité. Le terrain est assez vierge de toute intervention en terme de GRC tout autant qu’en terme de développement local. Il a fallu conjuguer les efforts pour obtenir les données d’intérêts face à la commune aux multiples défis qui attendent d’être solutionnés. L’aide de tout intervenant et surtout des personnes clés au sein de la commune nous a facilité la tâche pour pouvoir mener à bien les travaux de recherche.

Nous adressons nos sincères remerciements les plus distingués aux représentants de la Commune Rurale d’Antongomena-Bevary et à l’ensemble de ses habitants pour leurs chaleureux accueils et leurs aides.

I

REMERCIEMENTS

Je tiens à adresser mes plus vifs remerciements et mes sincères respects pour les personnalités qui m’ont accompagné tout au long de l’élaboration de ce mémoire, notamment :

 Monsieur le Professeur RANDRIANALIJAONA Tiana Mahefasoa, Directeur de la formation de 3ème cycle DMGRC ;  Madame le Professeur Emérite RAPARSON Emilienne, mon encadreur, qui n’a de cesse de m’accompagner par ses conseils durant l’élaboration de ce mémoire. Elle a su trouver le temps nécessaire pour nous malgré ses multiples engagements ;  Monsieur le Professeur LAZAMANANA André Pierre et Madame le Docteur RAVAOARISOA Lanto, d’avoir siégé en tant que membre de jury lors de la soutenance, et d’avoir apporté les éléments d’amélioration quant à la qualité du document ;  A tout le corps professoral de la formation DMGRC, et bien, évidemment les enseignants- chercheurs du Département Economie de la Faculté ;  Monsieur le Directeur Général du Bureau National de Gestion des Risques et des Catastrophes, le Général de Brigade ELACK Olivier Andriankaja, pour nous avoir accueilli chaleureusement au sein de son établissement. Ses orientations nous ont facilité la tâche lors de nos travaux de recherche ;  Monsieur Lieutenant-Colonel ARITIANA Faly Fabien, Coordonnateur Général des Projets du BNGRC, mon encadreur professionnel, d’avoir été présent constamment avec ses conseils.  Tout le personnel du BNGRC pour leurs collaborations durant la période du stage ;  Une pensée particulière à Madame RAHARIJAONA Noro Vololoniaina, Assistante de Direction au sein du Département pour son appui ;  Monsieur RAJOMALAHY Gilbert, Adjoint au Maire, pour nous avoir accueilli au sein de sa juridiction communale lors de nos descentes sur terrain, et la communauté d’Antongomena- Bevary pour leur chaleureux accueil ; Je ne puis oublier d’adresser toute ma gratitude à tous ceux et celles qui, de près ou de loin, ont contribué à la réalisation de ce travail.

A toutes et à tous, Merci !

II

GLOSSAIRE

C'est l'action et la pratique (plutôt que la science, la technique ou l'art) de disposer avec ordre, à travers l'espace d'un pays et dans une Aménagement du vision prospective, les hommes et leur activité, les équipements et : territoire les moyens de communication qu'ils peuvent utiliser, en prenant en compte les contraintes naturelles, humaines et économiques, voire stratégiques. (CPGU, MATP, MEDD & MID, p.6).

Un phénomène dangereux, une substance, activité humaine ou condition pouvant causer des pertes de vies humaines, des blessures ou d’autres effets sur la santé, des dommages aux biens, des pertes Aléa : de moyens de subsistance et des services, des perturbations socio- économiques, ou des dommages à l’environnement. (UNISDR, 2009, p.4).

Ce sont des paysages familiers créés par les chaînes de montagne Bassin-versant : qui déclinent vers des vallées, dont les rivières et torrents alimentent les cours d’eau en aval. (FAO, 2009, p.1).

Rupture grave du fonctionnement d’une communauté ou d’une société impliquant d’importants impacts et pertes humaines, Catastrophe : matérielles, économiques ou environnementales que la communauté ou la société affectée ne peut surmonter avec ses seules ressources. (UNISDR, 2009, p.11).

Série d’ordonnances ou de règlements et des normes destinées à contrôler les aspects régissant la conception, la construction, les Code de construction : matériaux, la transformation et l’usage de toute structure nécessaire pour assurer la sécurité et le bien-être humain, y compris la résistance à l’effondrement et aux dégâts. (UNISDR, 2009, p.13).

La commune est le niveau de collectivité territoriale décentralisée Commune : (CTD) le plus proche de la population. Ses compétences sont guidées par le principe de proximité et d’appartenance. Ce qui lui

III

permet de fournir des services publics de proximité dans les domaines tels que l’état-civil, la santé et l’éducation de base, le foncier. (Loi Organique n° 2014-018, chapitre 3, section 3, article 26).

Le développement local se caractérise ainsi par le passage d’une approche essentiellement thérapeutique – répondre aux crises – à une approche préventive visant à faciliter l’adaptation du tissu local (économique et humain) aux enjeux auxquels il se confronte Développement local : (internes, externes). (ANGEON V., 2005, p.21). Le développement local repose sur la capacité d'acteurs locaux à s'organiser autour d'un projet, c'est-à-dire se fédérer autour d'un objectif de développement commun en mobilisant les potentialités et les ressources existant sur un territoire. (ANGEON V., 2005, p.22).

Un phénomène lent et progressif mais ses conséquences peuvent être brutales et dangereuses. Elle participe à la destruction des terres Erosion : agricoles (disparition des terres arables) et à la survenance des mouvements de terrain. (BRGM, CPGU & Banque Mondiale, 2020, p.62).

Le Fokontany est une subdivision administrative de base au niveau de la Commune. Le Fokontany, selon l'importance des Fokontany : agglomérations, comprend des hameaux, villages, secteurs ou quartiers. Les habitants du Fokontany constituent le "Fokonolona". (Décret n° 2004 – 299 du 3 Mars 2004 ; article 2).

Une submersion temporaire, naturelle ou artificielle, d’un espace terrestre. Une crue correspond à une forte augmentation de la Inondations : quantité d'eau qui s'écoule dans une rivière (c'est-à-dire le débit) et aboutit à l’inondation de terrain habituellement hors d’eau. (BRGM, CPGU & Banque Mondiale, 2020, p.39).

Réduction des risques : Concept et pratique de la réduction des risques de catastrophe grâce

IV de catastrophes à des efforts pour analyser et gérer leurs causes, notamment par une réduction de l’exposition aux risques, qui permet de réduire la vulnérabilité des personnes et des biens, la gestion rationnelle des terres et de l’environnement et l’amélioration de la préparation aux événements indésirables. (UNISDR, 2009, p.26).

Les caractéristiques et les circonstances d’une communauté ou d’un Vulnérabilité : système qui le rendent susceptible de subir les effets d’un danger. (UNISDR, 2009, p.32).

V

ACRONYMES ET ABREVIATIONS

ACF : Action Contre la Faim AEP : Adduction d’Eau Potable BAD : Banque Africaine pour le Développement BNGRC : Bureau National de Gestion des Risques et des Catastrophes BRGM : Bureau de Recherches Géologiques et Minières France CCNUCC : Convention-Cadre des Nations-Unies sur les Changements Climatiques CDGRC : Comité du District de Gestion des Risques et des Catastrophes CEG : Collège d’Enseignement Général CNGRC : Comité National de Gestion des Risques et des Catastrophes CPGU : Cellule de Prévention et de Gestion des Urgences CRGRC : Comité Régional de Gestion des Risques et des Catastrophes CRIC : Centre de Réflexion des Intervenants en Catastrophes CSB : Centre de Santé de Base CTD : Collectivité Territoriale Décentralisée DRATP : Direction Régionale de l’Aménagement du Territoire et des Travaux Publics DREDD : Direction Régionale de l’Environnement et du Développement Durable ELS : Equipe Locale de Secours EPP : Ecole Primaire Publique EPVC : Etude Participative des Risques, Vulnérabilités et Capacités Communautaires ERP : Evaluation Rurale Participative GDACS : Global Disaster Alert and Coordination System IDNDR : International Decade for Natural Disaster Reduction IFRC : International Federation of Red Cross and Red Crescent ISDR : International Strategy for Disaster Reduction GIZ : Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit GRC : Gestion des Risques de Catastrophes M2PATE : Ministère en Charge des Projets Présidentiels et de l’Aménagement du Territoire MATP : Ministère de l’Aménagement du Territoire et des Travaux Publics MEDD : Ministère de l’Environnement et du Développement Durable

VI

NEPAD : Nouveau Partenariat pour le Développement Africain NOAA : National Oceanic and Atmospheric Administration, USA OCHA : United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs ODD : Objectifs du Développement Durable ONG : Organisation Non Gouvernementale PNGRC : Politique Nationale de la Gestion des Risques et des Catastrophes PNUD : Programme des Nations-Unies pour le Développement PPN : Produits de Première Nécessité RNM : Radio Nationale Malagasy RNT : Route Nationale Temporaire RRC : Réduction des Risques de Catastrophes SAC : Schéma d’Aménagement Communal SNGRC : Stratégie Nationale de la Gestion des Risques et des Catastrophes TELMA : Télécom Malagasy TVM : Televiziona Malagasy UA : Union Africaine UN : United Nations UNISDR : United Nations office for International Strategy of Disaster Reduction – Stratégie Internationale de Prévention des Catastrophes des Nations Unies (SPIC-NU) VOI : Vondron’Olona Ifotony ZCIT : Zone de Convergence Inter-Tropicale

VII

LISTE DES GRAPHES

Graphe 1 : Bilan des sinistrés ...... 52

Graphe 2 : Bilan des décès ...... 52

Graphe 3 : Répartition par catégorie socio-professionnelle ...... 60

Graphe 4 : Les problèmes issus des inondations ...... 62

Graphe 5 : Type d’habitat ...... 63

Graphe 6 : Usage de la téléphonie mobile ...... 65

Graphe 7 : Les répartitions des activités socio-economiques dans le secteur primaire dominant . 68

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Facteurs de vulnérabilité des divers secteurs par rapport aux aléas naturels ...... 14

Tableau 2 : Bilan des dégâts résultant de la tempête tropicale modérée « Diane » ...... 48

Tableau 3 : Historique des catastrophes dans la localité ...... 55

Tableau 4 : Détermination des facteurs de vulnérabilité ...... 56

Tableau 5 : Calendrier saisonnier ...... 61

Tableau 6 : Analyse swot des propositions ...... 97

LISTE DES CARTES

Carte 1 : Présentation spatiale de la Commune Rurale d’Antongomena-Bevary ...... 43

Carte 2 : Le chef-lieu de Commune d’Antongomena-Bevary durant l’inondation de 2020 ...... 50

Carte 3 : ccupation du sol dans la Commune d’Antongomena-Bevary ...... 53

Carte 4 : Carte des risques d’inondation dans le Fokontany d’Ambato-Mahavavy ...... 58

Carte 5 : Carte des risques d’inondation dans le Fokontany de Bemokotra ...... 59

VIII

LISTE DES IMAGES

Image 1 : Relation lea, enjeux et risque ...... 11

Image 2 : Le cycle de la Gestion es Risques de Catastrophes...... 22

Image 3 : Lit Mineur (à gauche) et Lit Majeur (à droite) ...... 31

Image 4 : Remontée de nappe ...... 32

Image 5 : Crues sur un bassin versant ...... 32

Image 6 : Arbre des poblèmes - impacts ...... 71

Image 7 : Arbre des solutions ...... 74

LISTE DES PHOTOS

Photo 1 : Inondation au niveau de la Commune Rurale d’Antongomena-Bevary...... 51

Photo 2 : Vue de la rive gauche depuis la rive droite ...... 66

LISTE DES ANNEXES

ANNEXE 1 ...... 93

ANNEXE 2 ...... 94

ANNEXE 3 ...... 97

ANNEXE 4 ...... 101

ANNEXE 5 ...... 105

ANNEXE 6 ...... 106

ANNEXE 7 ...... 107

ANNEXE 8 ...... 109

ANNEXE 9 ...... 110

ANNEXE 10 ...... 111

ANNEXE 11 ...... 116

IX

SOMMAIRE

INTRODUCTION ...... 1 PARTIE I : APPROCHE CONCEPTUELLE SUR LA NOTION DE VULNERABILITE ET DE

RESILIENCE ET ORIENTATION DANS LE CADRE INSTITUTIONNEL ...... 4 CHAPITRE I : Délimitation conceptuelle de la Gestion des Risques de Catastrophes, de la vulnérabilité et de la résilience et méthodologie de recherche ...... 7 Section 1 : Définition des concepts clés ...... 7 Section 2 : La Gestion des Risques et des Catastrophes...... 20 Section 3 : Méthodologie de recherche ...... 23 CHAPITRE 2 : Mise en contexte de l’étude et présentation de la zone d’étude ...... 30 Section 1 : Généralités sur le phénomène « Inondation » ...... 30 Section 2 : Les cadres institutionnels relatifs à la Gestion des Risques et des Catastrophes ...... 35 Section 3 : Présentation de la zone d’étude ...... 42

PARTIE II. ANALYSE EMPIRIQUE DE LA VULNERABILITE PAR RAPPORT AUX INONDATIONS

DANS LA COMMUNE RURALE D’ANTONGOMENA-BEVARY ...... 46 CHAPITRE 3 : Analyse de la vulnérabilité aux inondations dans la commune ...... 47 Section 1 : Contexte de l’inondation durant la saison cyclonique 2019-2020 ...... 47 Section 2 : Analyse à base communautaire du risque et de la vulnérabilité ...... 54 CHAPITRE 4 : Perspectives de la gestion des risques d’inondation dans la commune d’Antongomena-Bevary ...... 70 Section 1 : Solution participative pour la réduction de la vulnérabilité et des risques d’inondation70 Section 2 : Proposition de stratégie de RRC pour la commune et intégration de la GRC dans le cadre du développement durable ...... 77 CONCLUSION ...... 86

X

INTRODUCTION

Depuis la fin des années 90, la gestion des risques et des catastrophes a pris une ampleur sans précédent1, si auparavant elle a été moins préoccupante que le domaine de l’environnement et de la poursuite de la croissance économique effrénée. Cela, est dû au fait que les catastrophes touchent de plus en plus la vie en société dont les impacts ne peuvent plus être ignorés. Depuis la nuit des temps, l’homme a fait face aux impacts des catastrophes en tout genre sans avoir adapté des moyens et techniques afin d’en atténuer les impacts. La priorité accordée à la réduction des impacts des catastrophes a été minime voire quasiment inexistante. Depuis le début des années 90, les nations réunies en Assemblée Générale des Nations-Unies ont ratifié les conventions permettant de prendre en compte les catastrophes, car celles-ci ne peuvent plus être ignorées car elles amputent le bon fonctionnement des sociétés à travers le monde.

Pour le cas de , ce sont les cyclones qui touchent en grande partie l’île. En effet, Madagascar se trouve sur la trajectoire des cyclones dans le bassin cyclonique de l’Océan Indien avec ses paires les îles Maurice et de Réunion. Chaque année, au moins 3 cyclones touchent la grande île2 et entraînent des ravages sur l’île. L’économie malagasy est toujours touchée par l’avènement de ces phénomènes naturels ; les pertes dues aux cyclones – inondations se chiffrent en moyenne à 100 millions de dollar annuellement3. Les cyclones sont toujours associés dans la majorité des cas à de fortes inondations sur leurs passages, entraînant des milliers d’infrastructures sous l’eau et ce, pendant des jours voire même pendant des semaines. Le cadre de Sendai (2013) qui a remplacé le cadre de Hyōgo (2005) constitue le document de référence qui permet de gérer et de réduire les risques de catastrophes pour la période 2015-2030. Ce document permet d’orienter les politiques nationales et locales permettant de donner une nouvelle vision à ces dernières pour réduire les impacts des catastrophes de façon substantielle. Le cadre de Sendai

1 ISDR, 1994, Décennie Internationale de la Prévention des Catastrophes Naturelles – Stratégie et Plan d’Action de Yokohama pour un monde plus sûr, Directives pour la prévention des catastrophes naturelles, la préparation aux catastrophes et l’atténuation de leurs effets. Les décideurs ont adopté à Yokohama la résolution pour la mise en vigueur la nécessité de réduire les impacts causés par les catastrophes naturelles. 2 BANQUE MONDIALE, CSAG, METEO MALAGASY & MTPM, 2008, Le changement climatique à Madagascar, Direction Générale de la Météorologie, p.9. 3 Consulté sur le site de la Banque Mondiale en date du 04 Février 2020 vers 10 heures locale. https://www.banquemondiale.org/fr/news/press-release/2019/12/12/world-bank-supports-madagascars-efforts- to-reduce-disaster-risk-with-50-million. Communiqués de presse du 12 Décembre 2019 – Madagascar : la Banque Mondiale alloue 50 millions de dollars à l’appui des efforts de réduction des risques de catastrophe. 1 oriente les actions vers la compréhension des risques pour pouvoir les réduire de façon efficace. L’analyse que ce mémoire apporte se base fortement sur les enseignements du cadre de Sendai et ce, dans le cadre de la réduction de la vulnérabilité.

Choix du thème et du terrain

Le thème a été motivé par le fait que les inondations à côté des cyclones sont des phénomènes encore dominants au sein de la société malagasy, car elles se produisent toute l’année, et surtout lors des saisons pluviales. Beaucoup de questions restent encore en suspens quant à la gestion et réduction des risques d’inondation un peu partout sur l’ile et qui méritent d’être détaillées. La localisation choisie est sujette aux inondations chaque année, mais nous avons été motivé par le choix de la commune d’Antongomena-Bevary par le fait qu’aucune étude de GRC n’a encore jusqu’à présent été effectué dans la zone alors qu’elle est fortement touchée par les inondations. C’est donc une occasion de comprendre les risques encourus par la commune, ce qui nous a mené à effectuer l’analyse de la vulnérabilité et ce, suivant l’approche édictée par le cadre de Sendai.

Problématique

Afin de bien comprendre les vulnérabilités auxquelles la commune fait face par rapport aux inondations, et ce, afin de les réduire, nous avons établi la question générale comme quoi, il s’agit de comprendre les causes profondes de ces vulnérabilités d’y apporter notre contribution comme notre thème de mémoire l’indique : « Contribution méthodologique pour une gestion intégrée des risques d’inondation à partir de l’étude de la réduction de la vulnérabilité aux inondations ». Il s’agit ici d’une étude pionnière, dans le sens, où l’analyse de la vulnérabilité touchera les différents secteurs au sein de la société, tout en mettant en exergue des suggestions pragmatiques sur la réduction de la vulnérabilité aux inondations. L’étude est une contribution méthodologique dans le sens, où les pistes méthodiques utilisées dans ce document pourront servir de bases à de futurs recherches et applications dans le cadre de projet de réduction des risques de catastrophe. La problématique est la suivante : Dans quelle mesure la compréhension des facteurs de vulnérabilité permet de réduire la vulnérabilité aux risques d’inondation dans la localité ?

2

Cerner la question ou l’idée principale ne peut que passer par un enchaînement de question à savoir : La localité en question est-elle à risque par rapport aux inondations ? Connaît- elle les risques qui leur incombent ? Comment réagit-elle par rapport à ces risques et ces chocs ? Quels sont les facteurs qui augmentent la vulnérabilité de la localité aux inondations ? Quelles sont les stratégies ou actes qu’elle met en œuvre afin de gérer et de réduire les impacts sur la société ? Quels sont les défis auxquels la société est confrontée ?

En vue de répondre à la problématique, deux hypothèses de travail ont été émises afin d’agréger les différentes questions spécifiques posées. Ces hypothèses détermineront au préalable le cheminement que prendra la recherche jusqu’à répondre effectivement à la problématique.

Hypothèses

 Hypothèse 1 : La dualité entre les risques d’inondation et les modes de vie, et pratiques sociales sont sources premières de la vulnérabilité aux inondations de la communauté ;  Hypothèse 2 : L’implication de la communauté dans l’analyse et l’identification des facteurs de vulnérabilité permet de les responsabiliser face aux risques d’inondations ;

Objectifs

Le point le plus important est que l’analyse du risque d’inondation dans notre cas peut se faire suivant l’approche d’analyse de l’aléa, de la vulnérabilité autant que par les capacités et la résilience. Mais compte tenu du fait qu’effectuer une analyse suivant l’aléa relève d’une démarche très technique, il a été judicieux d’opter pour l’approche de la vulnérabilité et ce en liaison avec le principe du cadre de Sendai prônant « LA COMPREHENSION DU RISQUE DE CATASTROPHE ». Nos objectifs sont :

 Effectuer une analyse des risques d’inondation par l’optique de l’analyse de la vulnérabilité ;  Eclairer des pistes pour contribuer à réduire la vulnérabilité aux inondations et à terme réduire les risques d’inondation.

3

Avantage de l’étude

Il est évident que nos travaux de terrain ont été largement facilités par la prise en charge du Maire Adjoint de la commune et de son beau-fils qui nous ont accueillis. Ils nous ont ouvert les portes de la commune en jouant le rôle de facilitateur et guide lors de nos déplacements, ce qui nous a permis de maximiser les résultats des études en un temps très serré.

Contrainte de l’étude

Les contraintes semblent très évidentes car le temps fut le grand tributaire de ces dernières, car le temps a été conditionné par la disponibilité financière. Nos finances bien qu’étant très limitées, ne nous ont permis d’effectuer qu’une semaine de terrain (tout déplacement inclus).

De plus sur terrain, vue la grande distance qui sépare les fokontany les uns des autres, on n’a pas pu parcourir l’ensemble des fokontany. Toutefois, on a maximisé les résultats en visitant les fokontany les plus touchés.

Plan de travail

Pour pouvoir répondre à la problématique, nous avons scindé l’analyse en deux parties contenant chacune deux chapitres à savoir :

D’une part, la première partie intitulée : « APPROCHE CONCEPTUELLE SUR LA NOTION DE VULNERABILITE ET DE RESILIENCE ET ORIENTATION DANS LE CADRE INSTITUTIONNEL » contenant les chapitres suivants :

 Le premier chapitre relatif à la délimitation conceptuelle de la Gestion des Risques de Catastrophes, de la vulnérabilité et de la résilience et méthodologie de recherche ;  Le second chapitre concerne la mise en contexte de l’étude et présentation de la zone d’étude ;

D’autre part, la seconde partie intitulée : « ANALYSE EMPIRIQUE DE LA VULNERABILITE PAR RAPPORT AUX INONDATIONS DANS LA COMMUNE RURALE D’ANTONGOMENA-BEVARY » contenant les chapitres suivants :

4

 Le troisième chapitre concernant l’analyse de la vulnérabilité aux inondations dans la commune ;  Et enfin, le quatrième chapitre relatif aux perspectives de la gestion des risques d’inondation dans la commune d’Antongomena-Bevary ;

5

PARTIE I : APPROCHE CONCEPTUELLE SUR LA NOTION DE VULNERABILITE ET DE RESILIENCE ET ORIENTATION DANS LE CADRE INSTITUTIONNEL

Les catastrophes ont un poids majeur dans le cadre de la vie de toutes les nations à un tel point qu’elles ne peuvent plus être ignorées. Les nations se doivent de maîtriser les catastrophes afin qu’elles ne portent davantage de préjudices sur l’économie et la vie sociale. Mais pour les gérer, il est impératif de les connaître ; de ce fait, le chapitre premier de cette partie va aborder la revue de littérature concernant la science des risques de catastrophes. L’objectif est de donner une compréhension générale des concepts importants afin de pouvoir résoudre les défis de la réduction de la vulnérabilité. Quant au deuxième chapitre, il sera axé sur la contextualisation des catastrophes et les risques de catastrophes sur le plan international et national. En effet, pour gérer les risques de catastrophes et les réduire, il faut se baser sur les conventions et textes règlementaires et avoir une vue sur les structures de coordination en charge de mener les activités opérationnelles.

CHAPITRE I : Délimitation conceptuelle de la Gestion des Risques de Catastrophes, de la vulnérabilité et de la résilience et méthodologie de recherche

Les catastrophes figurent parmi les phénomènes ayant des enjeux conséquents dans le monde en raison de leurs impacts négatifs sur la société humaine. De ce fait, il est important de bien cerner les concepts clés afin de pouvoir les gouverner correctement dans le but de protéger les personnes et leurs biens de la destruction. Dans une première section, on va voir la revue de littérature relative à la science des risques de catastrophe ; puis ensuite dans une seconde section, on va aborder le concept de gestion des risques et des catastrophes ; enfin, on va présenter dans une troisième section la démarche méthodologique de la recherche.

Section 1 : Définition des concepts clés

La définition des concepts clés relevant des catastrophes permettra de faciliter la compréhension de ces termes quant à leurs usages tout au long de l’étude. Dans un premier temps, on va développer la revue de littérature sur les catastrophes et le risque de catastrophe ; puis, dans un second temps, on va voir les revues de littérature autour de la résilience.

7

1.1. Revue de littérature sur les notions de catastrophes et risques de catastrophes

Afin de mieux aborder la notion de risques de catastrophes, on va tout d’abord se pencher dans un premier temps, sur la notion de catastrophes, puis dans un second temps, définir le risque de catastrophe.

1.2.1. Les catastrophes

La notion de catastrophes est toujours associée à la connotation négative de « destruction » lorsqu’elle est véhiculée par les médias du monde entier. Certes, cela constitue une vérité absolue, et lorsqu’elle (la catastrophe) se produit, elle entraîne toujours la désolation sur son passage. Généralement lorsqu’il y a catastrophe, la destruction physique des structures humaines se produit avec elle. La catastrophe ou le désastre entraîne aussi des pertes humaines et ce, à part, les dégâts physiques qu’elle cause sur les structures sociales (impact sur la santé publique), économiques (destruction des cultures agricoles, perte d’emploi), environnementales (dégradation de la biodiversité) etc…

La Stratégie Internationale pour la Prévention des Catastrophes des Nations Unies (SIPC- NU) appelée en anglais UNISDR (United Nations for International Strategy for Disaster Reduction) définit les catastrophes comme étant une : « Rupture grave du fonctionnement d’une communauté ou d’une société impliquant d’importants impacts et pertes humaines, matérielles, économiques ou environnementales que la communauté ou la société affectée ne peut surmonter avec ses seules ressources »4. Dans un premier temps, la définition donnée par les Nations Unies insiste sur les pertes humaines et les structures sociales et environnementales. Turnbull, Sterrett & Hilleboe (2013) définissent la catastrophe comme : « des situations impliquant une perturbation majeure et généralisée de la vie dans une communauté ou une société, perturbation de laquelle la plupart des gens ne peuvent se relever sans l’aide d’autres personnes, souvent n’appartenant pas à cette communauté ou à cette société. Elles impliquent généralement une perte importante en vies humaines, en infrastructures et autres actifs, et affectent le bien-être, la sécurité, la santé et les moyens de subsistance des populations touchées. Certains effets des catastrophes sont immédiats et peuvent être aggravés par la façon dont les populations

4 UNISDR, 2009, Terminologie pour la Réduction des Risques de Catastrophes, Nations Unies, p.34 8 réagissent à la situation et tentent de s’en relever »5. Les deux définitions avancées présentent une similarité surtout en ce qui concerne le dysfonctionnement de la société causé par les catastrophes, les pertes et le fait que les populations affectées peinent à se relever sans l’aide d’autres personnes. L’idée de relèvement post-catastrophes est déjà avancé dans les deux définitions. Il est intéressant de faire une nuance que les catastrophes ne sont nullement toujours qualifiées de naturelles ; O’Keefe & Westgate (1977)6 vont même jusqu’à affirmer que les catastrophes naturelles ne sont pas naturelles. Revet & Cabane (2015)7 font la remarque comme quoi, les catastrophes résultent des changements que l’homme instaure dans la société. Copan (1975)8 ; Revet (2011) affirment que la compréhension des catastrophes passe aussi par la connaissance des conséquences sociales et des causes profondes (économiques, politiques et historiques etc…), et non pas se focaliser uniquement sur les causes naturelles des phénomènes9. O’Keefe, Westgate & Wisner (1976)10 ; O’Keefe & Westgate (1977) 11; Revet & Cabane (2015) précisent même que les catastrophes sont le produit de la rencontre entre systèmes humains et phénomènes naturels. Les catastrophes en dépit de leurs caractères destructifs, sont également caractérisées par leurs apparitions, comme l’affirme l’IFRC : « un événement soudain et désastreux qui perturbe gravement le fonctionnement d'une communauté ou d'une société et cause des pertes humaines, matérielles et économiques ou environnementales dépassant les capacités de la société ou de la communauté à faire face à l'aide de ses propres ressources. Bien qu'étant souvent causées par la nature, les catastrophes peuvent aussi avoir une origine humaine »12. Les catastrophes peuvent apparaitre de façon soudaine (brusque) ou lente ; elles peuvent aussi bien s’étendre sur de vastes échelles que sur de petites surfaces. La spécificité de la

5 TURNBULL M, STERRETT C.L. & HILLEBOE A., 2013, Vers la Résilience – Un guide pour la Réduction des Risques de Catastrophes et l’Adaptation au changement Climatique, Catholic Relief Services – Conférence des Evêques Catholiques des Etats-Unis d’Amérique, p.2. 6 O’KEEFE P. & WESTGATE K. 1977, Preventive Planning for Disaster, Long Range Planning, Vol.10, pp.25-29. 7 REVET S. & CABANE L., 2015, Les causes des catastrophes : Concurrences scientifiques et actions politiques dans un monde transnational, De Boeck Supérieur | Politix, n° 111, p.54. 8 COPAN J., 1975, Images, problématiques et thèmes, p.10, 28 ; Copan en explique cette relation entre catastrophe et les causes historiques dans le cas de la sécheresse. 9 REVET S. & CABANE L., 2015, op.cit., p.55. 10 O’KEEFE P., WESTGATE K. & WISNER B., 1976, Taking the naturalness out of natural disasters, Nature Vol. 260, pp.566-567. 11 O’KEEFE P. & WESTGATE K. 1977, op.cit., pp.25-29. 12 Consulté sur le site de l’IFRC le 28 Février 2020 vers 11 heures : https://www.ifrc.org/fr/introduction/gestion-de- catastrophes/catastrophes/what-is-a-disaster/ 9 définition donnée par l’IFRC est qu’elle met en avant que les catastrophes peuvent être causées par l’homme, d’où la qualification de catastrophes d’origine anthropique.

Toutefois, les catastrophes résultent d’un risque qui s’est concrétisé, là encore un nouveau concept émerge : la notion de risque.

1.2.2. Le risque de catastrophe

Le risque tel qu’il est, peut être interprété comme quelque chose relevant du probable, c’est-à-dire quelque chose qui est susceptible ou pas de se produire. Il a une connotation de négatif pour la plupart du temps, et est assimilé à un danger potentiel pour les personnes ou pour les biens. Le risque est défini d’après Motet Gilles comme : « la combinaison de la probabilité d’un dommage et de sa gravité »13. Le risque est cependant transversal, et peut se produire dans tous les domaines de la vie. En termes de catastrophes comme il a été mentionné plus haut, le risque est également présent, et ce risque est connu sous le nom de « Risque de Catastrophes ».

Le risque de catastrophes peut être défini comme la probabilité de pertes en vie humaines, de destruction de biens et services et donc de dysfonctionnement global d’une société. En reprenant la définition de l’UNISDR : « Potentiel de la catastrophe, en termes de vies humaines, des états de santé, des moyens de subsistance, des biens et services, qui pourraient se produire au sein d’une communauté ou une société, dans le futur »14. Ces résultats négatifs susmentionnés en début de paragraphe se produisent uniquement en cas de concrétisation de ce risque. A noter que pour qu’il y ait risque, il faut qu’il y ait des éléments exposés à un phénomène, des éléments vulnérables à un phénomène et surtout la capacité de ces derniers à faire face aux chocs.

R = f (A/E, V, C)15

Avec : R - Risque

A – Aléa

E - Exposition

13 MOTET G., 2010, Quelques aspects théoriques sur l’incertitude – Le concept de risque et son évolution, Responsabilité & Environnement, n° 57, p.32. 14 UNISDR, 2009, op.cit., p.28. 15 Ceci ne constitue nullement une fonction mathématique ou formule mais une schématisation de la relation qui existe entre les variables précitées dans le texte. 10

V – Vulnérabilité

C – Capacité

Le risque de catastrophe dépend de l’aléa, de l’exposition, de la vulnérabilité et de la capacité. L’image 1 ci-dessous montre clairement la relation entre les aléas et les enjeux (en d’autres termes les éléments exposés) et qui sont vulnérables à l’aléa en question.

Image 1 : Relation aléa, enjeux et risque

Source : Banque Mondiale, BRGM & PNUD, (2020)16.

En d’autres termes, il faut la présence d’un aléa, des éléments ou actifs exposés et vulnérables à ce dernier ainsi qu’une capacité à faire face à cet aléa pour qu’un risque soit réel. L’existence d’un risque est basée sur les variables précitées sous condition de l’exposition des éléments à l’aléa.

Pour mieux comprendre les risques de catastrophes, il est important de connaître les éléments (variables) qui la composent à savoir : l’aléa, la vulnérabilité et la capacité.

a. L’aléa

L’aléa est le phénomène physique qui se produit dans la société et qui est susceptible d’impacter cette dernière et ses composantes. Selon l’UNISDR c’est : « Un phénomène dangereux, une substance, activité humaine ou condition pouvant causer des pertes de vies humaines, des blessures ou d’autres effets sur la santé, des dommages aux biens, des pertes de moyens de subsistance et des services, des perturbations socio-économiques, ou des dommages à

16 Banque Mondiale, BRGM & PNUD, (2020), Atlas des risques climatiques de Madagascar, p.12. 11 l’environnement »17. Garnier et al. (2011) précisent aussi que l’aléa est un : « Processus ou phénomène naturel qui peut causer des pertes de vie humaines, des blessures ou d’autres effets sur la santé, des dommages aux biens, la perte de moyens de subsistance et de services, des perturbations socio-économiques, ou des dommages à l’environnement »18. Il existe plusieurs sortes d’aléa ; toutefois, on distingue deux grandes catégories d’aléa : les aléas d’origine naturelle et les aléas anthropiques. L’accent est mis en particulier sur les aléas anthropiques car d’habitude, ce sont toujours les aléas naturels qui sont mis en avant. Il est intéressant de noter que les activités humaines influencent leur environnement et produisent des impacts aussi bien négatifs que positifs sur la société19. Pour qu’un aléa ait un impact, il faut qu’il y ait des éléments exposés. Enfin, un aléa peut être caractérisé par sa fréquence d’apparition et son intensité (ou sa magnitude) ; d’autant plus que les effets d’un aléa varient d’un endroit à un autre.

b. La vulnérabilité

La vulnérabilité est sans conteste l’une des notions les plus intéressantes dans la compréhension du concept de risque de catastrophes. Mais pour bien comprendre la notion de vulnérabilité, il faut se poser la bonne question : Vulnérabilité par rapport à quoi ? Cette problématique permet de faire la nuance car la vulnérabilité face à un aléa est différente de celle relative à un autre aléa20. Mais pour qu’un élément ou actif soit vulnérable à un aléa, il faut que celui-ci ait été exposé à l’aléa. De multiples explications permettent de mieux la cerner à l’instar toujours de celle donnée par l’UNISDR : « Les caractéristiques et les circonstances d’une communauté ou d’un système qui le rendent susceptible de subir les effets d’un danger »21. Chaque société a des caractéristiques qui lui sont propres et qui la rendent sensible à l’effet des aléas, et cet effet varie d’un aléa à un autre. Selon Handicap International, la vulnérabilité relève des caractéristiques et / ou composantes d’une communauté ou d’un système qui l’exposent à un aléa et à ses impacts indésirables22. Différentes littératures détaillent encore sur ce thème de la

17 UNISDR, 2009, op.cit., p.4. 18 GARNIER P., MOLES O., CAIMI A., & al., 2011, Aléas naturels, catastrophes et développement local, CRAterre éditions, HAL-00837774, p.10. 19 Les aléas d’origine naturelle se déclinent sous plusieurs formes, à savoir : aléas hydrométéorologiques, aléas climatiques, aléas biologiques, aléas géologiques. 20 BIDOU J.E. & DROY I., 2012, Peut-on mesurer la vulnérabilité sociale et économique des ménages et des individus, Communication au Colloque organisé par le GEMDEV, « La mesure du développement », Paris, p.10. 21 UNISDR, 2009, op.cit., p.32. 22 LAFRENIERE A. & WALBAUM V., 2017, La réduction inclusive des risques de catastrophes, Handicap International, Direction des ressources techniques, DC 13, p.9. 12 vulnérabilité qui est enrichi par les divers contextes. D’Ercole & Thouret (1996)23 considèrent la vulnérabilité comme la combinaison à la fois des endommagements potentiels que les éléments exposés peuvent subir ainsi que les préjudices corporels et moraux causés sur les personnes. Auparavant, si la vulnérabilité ne touchait que les dommages physiques provoqués par des aléas, les auteurs en élargissent la portée pour intégrer les conséquences sur l’homme et le social. La vulnérabilité fait aussi référence à : « l’incapacité des communautés ou individus à faire face à un choc extérieur inévitable, et le plus souvent imprévisible » (Razanakoto, p.21, 2011)24. Ceci part d’un constat que les préjudices potentiels sur les structures sociales ont aussi un poids majeur ; préjudices qui seront masqués si l’on se limite uniquement sur la partie endommagement physique.

La vulnérabilité est un terme ayant plusieurs connotations ; de ce fait, les points suivants permettront d’en apprécier plus largement la portée ; d’où l’importance de parler des facteurs de vulnérabilité, du lien entre vulnérabilité et pauvreté, de la vulnérabilité sociale et de la vulnérabilité des territoires.

i. Le concept de facteur de vulnérabilité

Il n’y a pas de définition formelle accordée aux facteurs de vulnérabilité, toutefois les recherches académiques ont fait sortir des pistes permettant de mieux les caractériser. Ils sont associés souvent aux causes profondes de la vulnérabilité, qui sont difficiles à cerner, car touchent des domaines multidimensionnels à savoir : la gouvernance foncière, l’urbanisation rapide, la croissance démographique, la dégradation de l’environnement et des sols, les inégalités sociales etc… (Bidou & Droy, p.12, 2012)25. Le tableau suivant synthétise les propositions de Cutter et al. (2003) qui ont recensé des facteurs dits primaires26 qui contribuent à accroître la vulnérabilité des communautés aux aléas.

23 D’ERCOLE R. & THOURET J.C., 1996, Vulnérabilité aux risques naturels en milieu urbain : effets, facteurs et réponses sociales, Cah. Sci. Hum. 32 (2), p.407. 24 RAZANAKOTO T., Sécheresse et vulnérabilité dans le Sud de Madagascar : le cas des ménages de Beloha et Ambovombe, pp.9-36, cité in BALLET J. & RANDRIANALIJAONA M., 2011, Vulnérabilité et insécurité alimentaire et environnement à Madagascar, Ethique Economique, L’Harmattan, p.21. 25 BIDOU J.E. & DROY I., 201, op.cit., p.12. 26 Liste non exhaustive mais apportant des éléments d’éclairage sur les facteurs de vulnérabilité. 13

Tableau 1 : Facteurs de vulnérabilité des divers secteurs par rapport aux aléas naturels Secteur Facteur de vulnérabilité Social  Occupation de lieux dangereux  Occupation d’endroits et d’immeubles à forte densité  Manque de mobilité  Faible perception des risques  Professions vulnérables  Groupes et personnes vulnérables  Corruption  Manque d’éducation  Pauvreté  Analyse insuffisante de la vulnérabilité et des capacités  Mauvaise gestion et exercice impropre du pouvoir  Manque de planification et de préparation en cas de catastrophe Matériel  Bâtiments menacés  Infrastructures dangereuses  Installations essentielles dangereuses  Urbanisation rapide Economique  Monoculture  Economie non diversifiée  Economie de subsistance  Endettement  Dépendance des secours et/ou de l’aide sociale Ecologique  Déboisement  Pollution du sol, de l’eau et de l’air  Disparition des obstacles naturels aux tempêtes (ex : mangroves etc.)  Changements climatiques Source : Davis, Haghebaert et Peppiatt (2004)27. Le tableau ci-dessus en est juste un extrait.

27 DAVIS, HAGHEBAERT & PEPPIATT (2004), Cité dans Benson C., Twigg J. & Rossetto T., 2007, Outils d’intégration de la réduction des risques de catastrophes – Notes d’orientation à l’intention des organisations de développement, Provention Consortium, p.114. 14

ii. Lien entre vulnérabilité et pauvreté

La vulnérabilité et la pauvreté ont un lien apparent du fait de leurs multi-dimensionnalités. La pauvreté elle-même constitue un facteur de vulnérabilité car il accroît les conditions de précarité rendant une population donnée encore plus vulnérable face à un aléa. Sirven (2007)28; Razanakoto (2017)29 affirment que la vulnérabilité est un risque pour un individu de voir sa vie basculer dans une situation précaire (de passer en dessous du seuil de pauvreté). A titre d’illustration, à tout moment la perte d’un travail, la dégradation de santé peut rendre un individu vulnérable à un aléa. Selon Borderon & Oliveau (2017), il n’y a point de groupe vulnérable, car chaque individu voire chaque communauté peut être vulnérable à tout moment et ne pas l’être également30. La pauvreté est, parmi tant d’autres, un facteur amplifiant la vulnérabilité, mais figure parmi ses causes majeures. Blaikie (1994) reconnaît que la société (composée par les individus et leurs biens) a une fragilité préexistante qui renforce les pertes potentielles à la suite de la concrétisation d’un aléa31 – naturel et / ou anthropique-.

iii. La débats sur la réduction de la vulnérabilité

La notion de réduction de la vulnérabilité sans commune mesure fait partie de la Réduction des Risques de Catastrophes (RRC). Turnbull, Sterrett et Hilleboe (2013) démontrent cet état de fait par le biais de la définition qu’ils donnent de la RRC selon laquelle : « Le concept et la pratique de la réduction des risques de catastrophe à travers des efforts systématiques pour analyser et gérer leurs facteurs et leurs causes, notamment grâce à la limitation de l’exposition aux risques, à la réduction de la vulnérabilité de personnes et des actifs (…) »32. Le Centre Européen de Prévention des Risques d’Inondation (CEPRI, 2012) donne une définition plus pratique de la réduction de la vulnérabilité orientée vers les aspects économiques « une démarche de réduction de la vulnérabilité des activités économiques a pour objet de favoriser l’adaptation

28 SIRVEN N., 2007, De la pauvreté à la vulnérabilité : évolutions conceptuelles et méthodologiques, Mondes en développement, n° 140, 2007/4, p.13. 29 RAZANAKOTO G.F.T., 2017, Analyse de la vulnérabilité à la sécheresse des familles paysannes Tandroy, Thèse de Doctorat en Sciences Agronomiques et Environnementales, Ecole Doctorale Gestion des Ressources Naturelles et Développement, p.13. 30 BORDERON M. & OLIVEAU S., 2017, Le territoire comme support de populations vulnérables et acteur des vulnérabilités individuelles : Exemple de mesure de la vulnérabilité palustre en milieu urbain dakarois, CUDEP, Les populations vulnérables, Actes du XVIème colloque national de démographie, pp.314-332. 31 BLAIKIE P. et al., 1994, At Risk: Natural Hazards, People’s Vulnerability, and Disasters, Londres, Routledge, pp. 333-352. 32 TURNBULL M., STERRETT C.L., & HILLEBOE A., 2013, op.cit., p.2. 15 de la structure et de l’organisation des activités économiques au risque inondation »33. En effet, cette définition situe la réduction de la vulnérabilité en tant que processus à entreprendre en vue de réduire les risques de catastrophes notamment relatif à l’aléa inondation objet de ce document de recherche. Le point de vue théorique sur la réduction de la vulnérabilité implique d’agir sur les causes profondes des catastrophes en les réduisant ou en les atténuant à la limite. Toutefois, sur le plan opérationnel, cela reste un défi de taille car la plupart des causes profondes de la vulnérabilité sont du moins difficiles à identifier et donc hors de portée des acteurs selon D’Ercole (2014)34.

iv. Lien entre vulnérabilité et le développement

La vulnérabilité et les questions de développement sont liés d’une manière ou d’une autre, même si le lien n’est pas apparent. En effet, l’approche par les capabilités constitue un chemin possible permettant de rapprocher les deux concepts : vulnérabilité et développement. Si l’on considère la vulnérabilité comme l’ensemble des caractéristiques rendant les individus ou les actifs vulnérables aux impacts négatifs des aléas en tout genre Turnbull, Hillboe & (2013)35 ; le renforcement des capacités des individus à faire face à ces chocs aiderai à réduire cette vulnérabilité Rabemalanto (2017)36. Les capacités en question se rapprochent du concept de « capabilités » de Sen (1999)37, qui implique de favoriser la liberté des individus pour contribuer au développement. Ces libertés trouvent leurs fondements dans l’amélioration des déterminants socio-économiques, de la politique et des droits de l’homme. L’exploitation par tout un chacun de ces capabilités permet donc de se relever après un choc et de s’orienter vers le développement selon Dubois & Matthieu (2009)38.

33 CEPRI, 2012, Impulser et conduire une démarche de réduction de la vulnérabilité des activités économiques - Les collectivités territoriales face au risque d’inondation, p.5. 34 D’Ercole R., 2014, Vulnérabilité : vers un concept opérationnel ? Conférence invitée, Colloque international « Connaissance et compréhension des risques côtiers : aléas, enjeux, représentations, gestion », Brest, Institut Universitaire Européen de la Mer, p.5. 35 TURNBULL M., STERRETT C.L., & HILLEBOE A., 2013, op.cit., p.9. 36 RABEMALANTO N., 2018, Vulnérabilité résidentielle des ménages et trappes à pauvreté en milieu urbain - Les « bas-quartiers » d’Antananarivo, Thèse de Doctorat en Sciences Economiques, Université de Versailles Saint- Quentin-En-Yvelines, p.35. 37 SEN A., 1999, Development as freedom, Oxford: Oxford University Press. Introduction, p.5. 38 DUBOIS J.L. & MATTHIEU F.R., 2009. Sen, liberté et pratiques du développement, Revue Tiers Monde, 198(2), pp.245–261. 16

c. Les capacités

Le seul moyen de diminuer la vulnérabilité et de vaincre les risques, passe sans doute par le renforcement des capacités des individus ou de la population à faire face à ces risques. Selon Sen (1999), pour impulser un véritable développement, il faut que les individus jouissent d’une liberté, et surtout celle de bénéficier de toutes les opportunités qu’offre la société. La liberté est une condition sine qua non mais toutefois insuffisante, car pour véritablement en profiter, il faut que les individus possèdent la « capabilité » de l’exploiter39. D’après l’UNISDR, la capacité c’est la « Combinaison de toutes les forces et de tous les moyens disponibles au sein d’une communauté, d’une société ou d’une organisation qui peuvent être utilisés pour atteindre des objectifs fixés »40. Dans le cadre de l’étude des risques de catastrophes, les capabilités formulées par A. Sen, sont composées par l’ensemble des compétences humaines, techniques, logistiques etc… utilisées pour faire face aux risques. Il y a donc une logique complémentaire et antinomique entre la capacité et la vulnérabilité, qui n’est autre que la réduction de la vulnérabilité passant par l’augmentation des capacités et vice-versa.

Ayant vu tout ce qui concerne les risques de catastrophes, nous allons apprécier la portée sur le plan théorique de la notion de résilience dans la sous-section suivante ainsi que les éléments qu’elle recouvre.

1.2. La revue de littérature concernant le concept de la résilience

Ayant vu récemment, les concepts de catastrophes et risques de catastrophes ainsi que les notions qu’ils recouvrent, on passe maintenant à la revue de littérature concernant la résilience. En effet, on a vu que pour réduire les risques de catastrophes, il faut commencer par augmenter la capacité ; le terme résilience reprend l’idée directrice de la capacité et en élargit sa portée. De ce fait, on va voir en première sous-sous-section les définitions relatives à la résilience ; puis en deuxième sous-sous-section la relation entre vulnérabilité et résilience.

39 SEN A., 1999, op.cit., p.5. 40 UNISDR, 2009, op.cit., p.10. 17

1.2.1. Définition sur le concept de résilience

Le concept de résilience n’est autre que l’extension de la notion de capacité, et est de plus en plus utilisée transversalement dans tous les domaines. La résilience constitue un concept puissant permettant de comprendre les enjeux se cachant dans tous les domaines et surtout celui des risques de catastrophes. Dans le sillage de définition qui peut lui être attribuée, celle donnée par l’UNISDR est la plus usitée : « La capacité d’un système, d’une communauté ou d’une société exposée aux risques de résister, d’absorber, d’accueillir et de corriger les effets d’un danger, en temps opportun et de manière efficace, notamment par la préservation et la restauration de ses structures essentielles et de ses fonctions de base »41. La résilience connaît un essor dans son utilisation depuis son émergence dans les années 2000 ; toutefois, elle souffre d’une banalisation dans son utilisation par les acteurs, et va même jusqu’à devenir un « Buzzword »42.

Il nous incombe d’apporter un éclaircissement sur le terme. La résilience fait son apparition dans le domaine de l’environnement et de l’écologie avant de se propager au niveau du domaine social. Manciaux (2001) adopte la définition suivante : « La résilience est la capacité d’une personne ou d’un groupe à se développer bien, à continuer à se projeter dans l’avenir, en présence d’événements déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes parfois sévères »43.

Dans cette lignée, la résilience suppose l’avènement d’un choc et l’absorption de ceci par l’individu ou la communauté, en dépit du traumatisme qui en découle, mais qui implique la continuité de la vie de ces derniers. Koffi (2014) apporte une précision sur cette notion de continuité : « Un système résilient a la capacité d’absorber un choc, tout en conservant ses structures qualitatives essentielles en dépit d’une quelconque perturbation »44

La résilience est donc issue de la rupture avec les conditions de vie antérieure après l’avènement d’un choc, mais annonce également un renouveau. Razafindrakoto (2011) précise

41 UNISDR, 2009, op.cit., p.27. 42 D + C | Development and Cooperation, Resilience: The rise of a concept consulté sur le site: https://www.dandc.eu/en/article/resilience-has-become-new-buzzword-development-circles-impacts-are-not- always-positive le 05 Mars 2020 vers 11heures 30. 43 MANCIAUX M., 2001, La résilience - Un regard qui fait vivre, S.E.R "Etudes", Tome 395, pp.321-330. 44 KOFFI K.J.M., 2014, Résilience et sociétés : Concepts et applications, Ethique et Economique, 11 (1), p.15. 18 qu’il faut un choc pour qu’apparaisse la résilience et suppose la récupération après. Razafindrakoto (2011) estime que même en période de choc, la résilience amorce le fonctionnement des structures déjà existantes dans la société touchée45. Pour Werner (1992) ce qui rend résilient, c’est le fait de rebondir après une situation difficile et de s'adapter aux contextes ; ce qui implique que le caractère résilient s’associe à « invincibles et invaincus »46. La résilience est aussi due au « Ressort moral, qualité d'une personne qui ne se décourage pas, qui ne se laisse pas abattre »47 d’après Bowlby (1992).

La résilience est donc une capacité résultant d’un processus dynamique et évolutif dans le cadre duquel le traumatisme dépasse les ressources personnelles de tout un chacun. Mais c’est surtout dans ces situations de traumatisme extrême que se révèlent les facultés latentes et insoupçonnées des individus. Il n’y a pas de formule unique pour la résilience, car elle est variable en fonction des situations, des circonstances, de la nature du choc et du traumatisme qui en résulte. Force est de constater qu’en cas de choc, il y a une rupture entre la vie antérieure et la vie post-choc. De ce fait, la résilience n’est pas un chemin menant à une nouvelle recette, elle est plutôt un changement de regard orienté vers la prise en compte des expériences de la vie antérieure pour l’amélioration de l’avenir.

Si la résilience désigne la capacité qu’ont les individus d’accueillir, d’absorber et de se relever des chocs, il reste que la résilience varie en fonction de chaque élément considéré (la résilience d’une personne n’est pas le même que la résilience d’une autre par exemple).

1.2.2. La diptyque Vulnérabilité - Résilience

La vulnérabilité et la résilience sont certes deux choses différentes mais se complètent mutuellement surtout dans le cadre du domaine des risques de catastrophes. Il convient toujours de préciser qu’en parlant de vulnérabilité et de résilience, il faut toujours se référer au terme : vulnérable ou résilient par rapport à quoi ?

45 RAZAFINDRAKOTO J.L., 2011, Résilience des habitations aux inondations en milieu urbain : cas d'Andohatapenaka, un quartier de la ville d'Antananarivo, Ethiques Economiques, pp.97-108. 46 WERNER E. & SMITH R.S., 1992, Overcoming the odds: high risk children from birth to adulthood, New York, Cornell University Press, cité in MANCIAUX M., 2001, La résilience - Un regard qui fait vivre, S.E.R "Etudes", Tome 395, pp.321-330. 47 BOWLBY J., 1992, Continuité et discontinuité : vulnérabilité et résilience, Devenir,4, pp.7-31, cité in MANCIAUX M., 2001, La résilience - Un regard qui fait vivre, S.E.R "Etudes", Tome 395, pp.321-330. 19

A noter que la vulnérabilité par rapport à un aléa se réfère à la sensibilité des biens et des personnes à subir des dommages et des préjudices. La résilience, elle, relate la capacité d’absorption, l’adaptation et bien évidemment l’innovation pour se remettre du choc. Il est faux de considérer la résilience comme étant uniquement la contradiction avec la vulnérabilité comme quoi une personne ou groupe vulnérable est non résilient et vice-versa48. Si la logique a été reprise dans un tel sens, alors il reviendrait à renforcer la résilience pour réduire la vulnérabilité. Or la résilience est un concept dynamique (voir sous-section 1.2), alors que la vulnérabilité se réfère à un état statique, ce qui implique qu’elle ne fait que constater les fragilités des systèmes déjà en place face à l’avènement d’un aléa. Par contre, la résilience contribue à déplacer l’état de vulnérabilité initial vers un nouvel état grâce au renouveau des composants du système affecté par un choc. Adger et al. (2004) confirment cette adaptation et ce renouveau du système en déclarant la résilience comme étant : « l’aptitude ou la capacité d’un système de modifier ou de changer ses caractéristiques ou son comportement de manière à mieux faire face aux stress externes existants ou anticipés »49.

Section 2 : La Gestion des Risques et des Catastrophes

Ayant vu les différents concepts relatifs aux catastrophes et les risques de catastrophes50, il est temps d’aborder le cadre permettant de gérer et de réduire les impacts de catastrophes dans la vie en société. En effet, il y a toute une gamme d’actions possibles associées à chaque étape du cycle de la GRC qui permet de gérer ces impacts. Dans un premier temps, on va passer en revue la notion de Gestion des Risques de Catastrophes et dans un second temps, on va terminer avec la Réduction des Risques de Catastrophes.

2.1. La Gestion des Risques de Catastrophes (GRC)

L’UNISDR donne la définition de ce que l’on appelle la Gestion des Risques de Catastrophes : « Processus de recours systématique aux directives, compétences opérationnelles, capacités et organisations administratives pour mettre en œuvre les politiques, stratégies et capacités de réponse appropriées en vue d’atténuer l’impact des aléas naturels et risques de

48 QUENAULT B., 2013, Retour critique sur la mobilisation du concept de résilience en lien avec l’adaptation des systèmes urbains au changement climatique, EchoGéo, pp.11-12. 49 ADGER et al. 2004 cité in QUENAULT B., 2013, op.cit., p.12. 50 Voir. Chapitre 1, Section 1, 1.1. 20 catastrophes environnementales et technologiques qui leur sont liées »51. Gérer les risques et en particulier les risques de catastrophes suppose la compréhension du risque et ses composants, la planification stratégique et la mise en œuvre des actions spécifiques à ces risques de façon à mieux les contrôler. Les actions entrant dans le cadre de cette gestion incluent l’évitement si possible des risques, leurs réductions et à la limite leurs atténuations (mitigation). La gestion des risques de catastrophes se décline en plusieurs phases dont à chaque étape correspondent des activités spécifiques (voir Image 2). Les étapes du cycle de gestion des risques de catastrophes incluent 3 phases :

i. La phase avant-catastrophe

 La prévention : consiste à éviter complétement les impacts négatifs potentiels des risques dans la mesure du possible.  La préparation : englobe les activités stratégiques mises en œuvre à l’avènement imminent d’un danger potentiel ; ces activités incluent : le renforcement de la coordination, le renforcement de capacité des structures d’intervention d’urgence, renforcement institutionnel, vérification des systèmes d’alerte précoce etc. D’après la section de la Protection Civile et Operations d'Aide Humanitaire Européennes « La préparation aux catastrophes désigne les mesures prises par des gouvernements, des organisations, des collectivités ou des individus afin de se préparer aux catastrophes naturelles ou d’origine humaine et d’en atténuer les effets »52. Les mesures d’urgence mises en place dans le cadre de la préparation servent à sauver de vies et préserver les biens en cas d’alerte.

51 UNISDR, 2009, op.cit., p.20. 52 Consulté sur le site de: https://ec.europa.eu/echo/what/humanitarian-aid/disaster_preparedness_fr le 18 Mars 2020 vers 11 heures. 21

Image 2 : Le cycle de la Gestion des Risques de Catastrophes

Source : SALAVA Julien, 2019, Introduction à la science du risques, Cours en salle DMGRC.

ii. Pendant la catastrophe

 Les réponses d’urgence : selon l’UNISDR : « La fourniture de services d’urgence et d’assistance publique pendant ou immédiatement après une catastrophe afin de sauver des vies, de réduire les impacts sur la santé, d’assurer la sécurité du public et de répondre aux besoins essentiels de subsistance des personnes touchées »53. Elles consistent à mettre en œuvre les mesures de secours d’urgence pendant la catastrophe pour sauver des vies ; ces mesures consistent à faire des évacuations et sauvetages des blessés et autres personnes en danger, à apporter des aides d’urgence pour assurer l’alimentation, l’assainissement etc…, tout cela dans le but d’assurer la sécurité publique et réduire les différents risques sanitaires y afférents.

iii. Phase post-catastrophe

 La réhabilitation et la reconstruction interviennent après les catastrophes, c’est-à-dire après la phase de réponse d’urgence, et consistent à rétablir les conditions de vie et les moyens de subsistance des populations victimes et procéder à la reconstruction en mieux des infrastructures détruites (Build Back Better). Il est à noter qu’à chaque étape du cycle GRC, l’introduction de mesures de réduction de risque de catastrophes (voir la sous-section 2.2.) est nécessaire afin d’atténuer voire de réduire les risques.

53 UNISDR, 2009, op.cit., p.25. 22

2.2. La réduction des risques de catastrophes (RRC)

Dans le cadre de la GRC, la prévention permet d’éviter les risques dans la limite du possible, sauf que tous les risques surtout ceux d’origine naturelle ne peuvent être évités. C’est pour cette raison, que les praticiens de la GRC optent pour la réduction des effets de ces risques afin d’en atténuer autant que possible leurs effets sur l’homme et la société. Selon l’UNISDR, la RRC se définit comme étant un : « Concept et pratique de la réduction des risques de catastrophe grâce à des efforts pour analyser et gérer leurs causes, notamment par une réduction de l’exposition aux risques, qui permet de réduire la vulnérabilité des personnes et des biens, la gestion rationnelle des terres et de l’environnement et l’amélioration de la préparation aux événements indésirables »54. La spécificité de la RRC est qu’elle intervient à toutes les étapes de la GRC pour apporter des mesures d’atténuation des effets des risques avant et après catastrophes. La RRC est donc un ensemble de stratégies destinées à soutenir le développement car sans elle, le développement en question en pâtirait. En guise d’exemple, le reboisement en amont d’un bassin versant exposé aux inondations permettrait d’économiser les coûts liés à l’érosion de celui-ci sur l’agriculture, la destruction des infrastructures, les pertes liées aux activités socio-économiques etc. Les mesures de RRC permettent d’atténuer les effets des risques de catastrophes en préservant des emplois, les moyens de subsistances, les cultures agricoles etc.

Pour gérer les risques de catastrophe voire même les gouverner, il est important de connaître en quoi ils consistent. Il est nécessaire de bien cerner les variables qui influencent les risques en question, à savoir : l’aléa, la vulnérabilité et la capacité. La connaissance de ces variables permet alors d’identifier et de comprendre les risques de catastrophes.

Section 3 : Méthodologie de recherche

Après avoir passé en revue les revues de littérature concernant les catastrophes et les risques de catastrophe, nous allons montrer comment mener la recherche pour arriver au résultat comme quoi : réduire la vulnérabilité des ménages face aux inondations. Pour cela, on va voir dans un premier temps la démarche méthodologique pour mener à bien les recherches, puis ensuite on va présenter le processus de la descente sur terrain.

54 UNISDR, 2009, op.cit., p.26. 23

3.1. La démarche méthodologique

Le déroulement de la recherche a été fait par un cheminement bien structuré combinant à la fois les bases conceptuelles théoriques mais aussi des outils pratiques de collecte d’information et de données. Ci-après les étapes suivies pour mener à bien les recherches : en premier lieu, il y a la revue de littérature, ensuite, la phase de planification de la descente sur terrain, et enfin, la définition des méthodes statistiques pour la collecte des données.

3.1.1. La revue de littérature

La revue bibliographique est à la base même de l’analyse, car elle est la clé pour la meilleure compréhension des concepts importants relatifs au thème de recherche. Les discussions et débats des auteurs autour du thème ont permis de faire un état des lieux des connaissances et de l’art. Ce cheminement conceptuel à fait ressortir petit à petit une problématique de recherche constituant la pierre angulaire de notre étude. La question de recherche est la suivante : « Dans quelle mesure la compréhension des facteurs de vulnérabilité permet de réduire la vulnérabilité aux inondations ? ». La revue bibliographique effectuée enlève toute ambiguïté relative au thème de recherche tout en permettant d’orienter notre analyse vers la réponse à la problématique. Après clarification du cadre conceptuel ainsi que des hypothèses de travail et des objectifs de l’étude, l’étape suivante a été de déterminer les types de données et informations à collecter ainsi que les méthodes statistiques permettant d’y arriver.

3.1.2. Les travaux préliminaires en vue de la collecte de données et des informations

Des travaux préparatoires ont été nécessaires en vue de la réalisation de la collecte de données notamment la détermination des variables d’intérêts, des personnes ressources à interviewer et à enquêter ainsi que les outils statistiques utilisés pour la collecte des données.

a. Séries d’interviews auprès des personnes ressources

Les interviews ont été nécessaires en vue de bien cerner l’objet de notre étude et de bien tracer les étapes pour arriver jusqu’à la collecte des données. L’intervention du personnel du BNGRC a été essentiel et ce, pour nous éclairer sur le plan théorique et pratique à considérer pour mener à bien notre étude. Les orientations émises par ces derniers, ont rendu plus pertinente la problématique afin d’assurer à la fois l’adéquation sur le plan théorique et pratique de l’étude.

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Notre stage au sein du BNGRC a été des plus opportuns notamment par la participation à la mise à jour du plan de contingence régionale « cyclone – inondation » pour la région qui nous a permis de déterminer notre zone d’étude. Ce fût également une occasion d’interviewers les Maires présents durant l’atelier concernant leurs expériences en matières de gestion des risques d’inondation. Certes la zone d’étude a été fixé à l’issue de la participation à cet atelier, mais les interviews pour confirmer nos attentes par rapport au terrain ne se sont pas arrêtés à des interviews physiques mais s’est étendue à une interview téléphonique (Cf. Annexe 8).

Les variables d’intérêt ont porté principalement sur :

 Les types d’habitation : Afin de d’apprécier la situation de l’infrastructure et l’habitation en cas d’inondation ;  Les activités socio-économiques : pour avoir un aperçu de la structure de l’économie locale ;  La répartition des emplois au sein de la commune : pour apprécier à quel point l’emploi peut être un facteur de vulnérabilité au sein de la commune en cas d’inondation ;  Les types de moyens de subsistances et bien d’autres : une importance particulière est accordée à ces derniers car le risque pour la population d’être vulnérable aux inondations tient en effet de ces moyens de subsistances.

b. Planification de la descente sur terrain

Deux semaines après la participation à l’atelier de mise à jour du plan de contingence régionale « cyclone – inondation », nous avons bien défini nos variables d’intérêts, et conçu nos questionnaires d’interviews et d’enquêtes ménages. Les méthodes d’approches pour la collecte des données et informations ont été également recensées et mises en adéquation par rapport aux informations requises.

c. Définition des méthodes statistiques de collecte de données

Nous disposerons de deux outils principaux pour la collecte des données qualitatives et quantitatives notamment la technique de sondage et la méthode des focus group.

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i. La méthode de sondage par la méthode des unités-types

Elle permet surtout de déterminer à partir d’un échantillon de la population des informations nécessaires pour répondre à notre problématique. Cette méthode implique la division de l’échantillon en groupes homogènes, et d’enquêter dans chaque groupe des individus ayant les caractéristiques d’intérêt dans le cadre de l’étude55. L’avantage de la méthode est de pouvoir obtenir les informations clés à partir d’un échantillon relativement réduit mais représentatif. Cette méthode nous est très utile car elle implique une connaissance assez vague du terrain, ce qui est le cas avec les descentes sur terrain que nous avons effectuées. Vu les contraintes budgétaires et temporelles, la constitution d’un échantillon par le biais de la méthode de sondage aléatoire n’a pas été possible, car avoir une représentativité à partir de 30% du caractère étudié dans une population par fokontany excédant les 1000 personnes nécessite une durée plus élargie.

La méthode des unités-types permet également d’affranchir outre, la nécessité de recourir à un sondage aléatoire, l’absence de base de données de référence au sein de la commune. Nous avons donc choisi d’enquêter les ménages par fokontany avec un effectif réduit mais supposé représentatif. Le choix des personnes à enquêter s’est porté sur les chef de ménages hommes et à la limite, les femmes chefs de ménage ou femmes au foyer en l’absence du chef de ménage parti au travail.

Notre guide, en l’occurrence du conseiller du Maire, nous a aidé à identifier les zones ayant été exposées aux inondations au niveau de chaque fokontany afin que nous puissions y effectuer nos enquêtes. La démarche a été de prendre une maison aléatoirement et de passer à une autre et ainsi de suite.

ii. L’analyse de la vulnérabilité et des capacités et la méthode des focus- group

Il existe une autre méthode permettant d’effectuer une analyse des risques, c’est la méthode dite de « Focus-group ». Le travail en focus-group figure parmi les techniques d’enquête qualitative et est réalisé avec un groupe de personnes relativement restreint. Il est utilisé pour faire ressortir par le biais des discussions et des analyses en groupe, par exemple dans

55 DESABIE J., 1963, Méthodes empiriques d’échantillonnage, Revue de statistique appliquée, tome 11, n°01, pp.5-6. 26 le cas présent de la GRC, sur la conception du risque par la communauté56. Le but est de faire parler le groupe présent afin de ressortir leurs opinions tout en se projetant dans le sens auquel il aborde le thème. Dans le cadre de cette étude, on va user de la méthode « Etude Participative des Risques, Vulnérabilités et Capacités Communautaires » (EPVC) qui est l’outil utilisé par l’ONG Action Contre la Faim (ACF) afin de procéder à l’évaluation de la vulnérabilité face aux inondations. La méthode EPVC est : « une méthode d’investigation qui utilise un grand nombre d’outils participatifs qualitatifs (Evaluation Rurale Participative ou ERP) pour impliquer les acteurs locaux à déterminer leur propre diagnostic de risque de désastre et de vulnérabilité »57.

3.2. La descente dans la Commune Rurale d’Antongomena-Bevary

3.2.1 Le date de la descente sur terrain

La descente sur terrain s’est déroulé au cours du mois de Novembre 2020, elle s’est étalée du 2 au 10 Novembre 2020. Notre localité d’étude est la Commune Rurale d’Antongomena- Bevary située dans le District de Mitsinjo – Région Boeny (Cf. Partie I, Chapitre 2, Section 3, pour la délimitation de la zone d’étude). Les travaux de terrain ont été précédés d’une visite de courtoisie auprès des responsables de la Mairie en l’occurrence auprès de l’Adjoint au Maire de la commune rurale d’Antongomena-Bevary et de son conseiller ainsi que de quelques notables de la ville.

3.2.2 La collecte des données par le biais des enquêtes ménages

Lors de nos travaux de terrain, nous avons procédé à des enquêtes ménages en vue de collecter les données quantitatives suivant les variables définies au préalable. Avec l’appui du conseiller du Maire, nous avons pu visiter les fokontany les plus touchés par les inondations et effectuer les enquêtes auprès des ménages. Nous avons effectué une marche communautaire, qui est en quelque sorte une imprégnation au sein de la société afin de vivre avec la communauté locale leurs expériences, leurs histoires et leurs sensations face aux évolutions quotidiennes de leur vie en société. C’était également une opportunité de collecter les données utiles à l’étude. En appliquant la méthode

56 EVANS C., 2011, La méthode des focus groups, Bibliothèque Publique d’Information – Centre Pompidou, Service Etudes et Recherche, p.3. 57 ACF International, 2012, Etude Participative des Risques, Vulnérabilités et Capacités Communautaires, Manuel pratique, Paris, p.14. 27 de sondage par unité-types, on a divisé les ménages en 5 groupes homogènes dont les cinq fokontany les plus touchés en sont les groupes.  Groupe 1 – Fokontany d’Ambato-Mahavavy : 5 ménages ;  Groupe 2 – Fokontany de Mangatsiaka : 10 ménages ;  Groupe 3 – Fokontany de Bevary : 3 ménages ;  Groupe 4 – Chef-lieu de commune d’Antongomena-Bevary : 10 ménages ;  Groupe 5 – Fokontany de Bemokotra : 5 ménages. En gros, on a pu enquêter 33 ménages au total pour les cinq groupes.

3.2.3 Le focus-group

Avec l’appui du Maire, on a pu réunir les chefs fokontany et chef secteur en vue de leurs participations dans le cadre des travaux de focus-group pour obtenir les informations qualitatives relatives à notre thème de recherche. Les activités durant le focus-group sont résumées comme suit :  Etablissement de l’historique des catastrophes : cyclone et inondation au sein de la commune ;  Elaboration du calendrier cultural ;  Identification des facteurs de vulnérabilité relatifs aux inondations par secteur au sein de la commune ;  Cartographie communautaire des risques d’inondation par fokontany ;  Etablissement de l’arbre des problèmes / solutions ;

3.2.4 Le traitement, recoupement et analyse des données et informations collectées

Un travail de longue haleine a été opéré afin de rendre exploitable les informations collectées sur la réduction de la vulnérabilité face aux inondations. Certes, nous avons pu effectuer des enquêtes ménages pour obtenir les informations quantitatives et des travaux en focus-group en vue d’obtenir la partie informations qualitatives ; mais des imperfections s’insèrent quand même lorsque les données ont été traitées. Ce qui nous a motivé à effectuer notre seconde collecte, qui s’est déroulé, cette fois-ci, via des interviews téléphoniques avec le Maire et le conseiller. Par ailleurs, d’autres interviews ont été effectués même après la fin de la rédaction du mémoire en vue d’améliorer, petit à petit, le document avant le dépôt final.

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Conclusion du premier chapitre

Les concepts vus dans ce chapitre nous renseignent sur la GRC et ses composantes. Le concept de risque de catastrophe qui le caractérise permet d’appréhender la GRC en tant que science ayant une portée puissante au sein de la société. Toutefois, pour mener à bien les travaux de recherche, il a été utile d’exposer notre méthodologie d’approche, en vue de bien démontrer la pertinence du sujet de mémoire. Le prochain chapitre va poser les bases institutionnelles régissant la GRC et va mettre en lumière l’aléa « inondation » qui fait l’objet de l’étude.

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CHAPITRE 2 : Mise en contexte de l’étude et présentation de la zone d’étude

Après avoir passé en revue les concepts relatifs à la catastrophe et au risque de catastrophe et les modalités de gestion reconnue par tous les acteurs de la GRC à tous les niveaux ; on va voir les cadres institutionnels qui sous-tendent les activités de gestion et de réduction des risques de catastrophe. En effet, la GRC/RRC est régie comme tout autre secteur de la vie en société par des conventions et textes règlementaires justifiant leurs organisations, fonctionnements, missions et portées de leurs actions dans le cadre de lutte auquel elles font effet. C’est dans cette suite logique que le chapitre suivant va aborder les cadres internationaux et nationaux instituant le secteur de la GRC. Dans un premier temps, on va présenter des éléments d’explication sur le phénomène d’inondation qui figure à la base de toute l’étude, car elle est l’aléa auquel on fait référence et qu’il faut par la suite gérer pour en réduire les impacts sur la vie en société ; d’où l’importance de la connaître. Dans un second temps, on va présenter les cadres institutionnels de la GRC qui soutiennent toutes les activités de gestion et réduction des risques surtout dans le cadre de la lutte contre les inondations et finir par la présentation de la zone d’étude.

Section 1 : Généralités sur le phénomène « Inondation »

L’inondation est un phénomène qui frappe beaucoup de pays surtout ceux ayant des niveaux de pluviométrie élevés et particulièrement ceux ayant des climats tropicaux. Les inondations se caractérisent généralement par le débordement des cours d’eau de leur lit normal appelé « Lit mineur » pour recouvrir une zone large aux alentours appelé le « Lit majeur »58 voire même au-delà de ce dernier (voir Image 3). Ce débordement dépend de plusieurs facteurs à savoir : une forte pluviométrie, un débit élevé, la forme du cours d’eau et du système géologique et hydrologique etc.

58 Banque Mondiale, BRGM & CPGU, 2020, op.cit., p.39. 30

Image 3 : Lit Mineur (à gauche) et Lit Majeur (à droite)

Source : https://www.georisques.gouv.fr/dossiers/inondations/debordement_cours_eau Le système hydrographique est formé en amont du bassin versant, du cours d’eau et en aval de l’exutoire. L’eau prend sa source au niveau des bassins versants pour s’écouler vers l’exutoire qui peut être soit un cours d’eau, un lac ou la mer. Si le débit augmente en amont, c’est au niveau de l’exutoire de le rejeter en aval. Mais il arrive que la quantité d’eau augmente de sorte que l’exutoire n’arrive plus à évacuer, causant les inondations. Dans la suite nous allons voir : les formes des inondations, leurs causes, leurs facteurs et leurs caractéristiques.

1.1. Les différentes formes d’inondation

 Les inondations « fluviales » « sont générées par le débordement de cours d’eau ; celui-ci sort de son lit mineur et occupe son lit majeur »59. C’est dans ce cas de figure que le lit mineur où coule régulièrement la rivière déborde pour s’étendre au lit majeur en cas de forte précipitation (Voir supra figure 5).  Les inondations par remontée de nappe souterraine « se produisent lorsque le sol est saturé d’eau »60 (Image 4).

59 Banque Mondiale, BRGM & CPGU, 2020, op.cit., p.39. 60 Météo France, 2011, op.cit., p.4. 31

Image 4 : Remontée de nappe

Source : https://www.georisques.gouv.fr/dossiers/inondations/debordement_cours_eau  Les formations rapides de crues torrentielles « se produisent dans les bassins versants plus pentus et qui se caractérisent par des vitesses d’écoulement élevées et un transport solide important (débris végétaux, matériaux rocheux…). Lorsque le transport solide dépasse en volume le transport liquide, on parle alors de coulées de boue ou laves torrentielles »61. (Image 5).

Image 5 : crues sur un bassin versant

Source : https://www.georisques.gouv.fr/dossiers/inondations/debordement_cours_eau  Les crues rapides des bassins périurbains résultent de l’imperméabilité des sols ayant pour cause la recrudescence des installations humaines. Ces dernières (le bitume sur les routes, les fondations des maisons et bâtiments de toutes sortes etc…) empêchent

61 Banque Mondiale, BRGM & CPGU, 2020, op.cit., p.39. 32

l’infiltration souterraine des eaux. Ce cas de figure est ce qu’on appelle les inondations « pluviales »62.  Les submersions marines ou « la surcote marine, ou marée/onde de tempête, causée par un cyclone est une forte hausse, généralement anormale, du niveau marin à la côte »63.

1.2. Les causes des inondations

Les inondations se forment :

1.2.1. Au niveau des bassins versants et le long du cours d’eau

 Débordement des cours d’eau qui sortent du lit mineur pour se déverser sur les zones aux alentours plus larges appelé lit majeur ;  Débordement des cours d’eau par remontée de la couche alluviale ;  Montée des eaux qui s’accumulent sur les zones imperméables (urbanisation) et qui peinent à s’évacuer faute de système d’évacuation et d’assainissement efficace ;  Rupture des ouvrages hydrauliques de franchissement et de rétention (les digues, barrages) ;

1.2.2. Au niveau des littoraux

 Remontée de la marée haute qui inonde les littoraux côtiers, lorsque les conditions astronomiques sont favorables ; pour être plus précis, lorsque la Terre est au plus proche de la Lune, l’attraction entre les deux astres est plus forte, ce qui entraîne les marées montantes ;  Phénomènes de surcotes accentuant les inondations des littoraux : comme les houles océaniques, les érosions côtières, les tsunamis, les vents côtiers etc.  Changement climatique qui accentue la montée des eaux inondant les zones littorales n’ayant pas été inondables auparavant.

62 Banque Mondiale, BRGM & CPGU, 2020, op.cit., p.39. 63 Banque Mondiale, BRGM & CPGU, 2020, op.cit., p.30. 33

1.3. Les facteurs influant sur les inondations

Les inondations dépendent de plusieurs paramètres météorologiques, géologiques, hydrographiques et socio-économiques. En suivant le schéma des risques de catastrophe, une inondation est qualifiée de catastrophe si l’aléa en question se produit et qu’il y a des éléments exposés et vulnérables à celui-ci.

 L’inondation dépend de la pluviométrie de la zone considérée et de sa répartition spatiale. Pour le cas de Madagascar, la saison pluvieuse se produit annuellement de Novembre à Avril et apporte des quantités d’eau élevées allant jusqu’à 3000 mm pour la zone Est de l’île. Le ruissellement de ces eaux pluviales dépend de l’espace par exemple un bassin versant, qui est le plus représenté sur le relief de Madagascar.  Les crues partant des bassins versants dépendent de la pente de ces derniers et surtout de la vitesse d’écoulement des cours d’eau. Plus le bassin versant est étroit, plus la vitesse d’écoulement est élevée, et ce, en situation de pluviométrie donnée ; à l’inverse si celui-ci est plus large, l’écoulement peut être lent.  La végétation et les caractéristiques pédologiques sont aussi les garants de l’infiltration des eaux dans le sol, de leurs rétentions et de leurs débordements.  La présence humaine aux alentours des cours d’eau et leurs activités socio-économiques qui bordent parfois ces cours sont aussi la cause de l’exposition aux inondations fluviales.  La dégradation des bassins versants influence les inondations, à savoir les dépôts de sables et d’alluvions qui encombrent les fonds et élèvent le niveau des eaux.  Les infrastructures d’évacuation d’eau et d’assainissement mal entretenues constituent également des sources d’inondation aussi bien en milieu urbain que rural, à ne citer que les canaux d’évacuation bouchés par les déchets solides.  Bien entendu, l’occupation du sol avec l’imperméabilisation du sol entraîne l’accumulation des eaux de surface et empêche leurs infiltrations.

1.4. Les caractéristiques des inondations

Les inondations et leurs impacts peuvent être mesurées par le biais de :

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 Leurs hauteurs de submersions mesurées en mètres, et facilement repérables sur les traces laissées après la baisse des eaux sur les murs des maisons ou les déchets laissés sur les arbres.  Le débit des écoulements (m3/푠푒푐표푛푑푒), pour apprécier la vitesse de circulation de l’eau ;  La durée de la baisse des eaux (en heures voire en jours), pour apprécier le temps où l’eau se retire pour que la zone inondée devienne de nouveau sèche ;  La superficie des zones inondées en Km² ou en Hectare (Ha) ;  Les impacts socio-économiques et humaines y afférents : les pertes en vies humaines, le nombre de personnes blessées, le nombre d’infrastructures détruites etc. ; Désormais, on sait en généralité tout ce qui concerne l’aléa inondation, car il est important de le connaître, de l’identifier et le caractériser afin de la gérer. La section suivante renseigne sur les cadres institutionnels internationaux et nationaux régissant la GRC. En effet, pour gérer l’aléa et les risques qui s’en suivent, il faut se baser sur les textes règlementaires et les conventions servant de principes de base de la gestion de crise et qui instituent les organes en charge de la lutte surtout contre les inondations.

Section 2 : Les cadres institutionnels relatifs à la Gestion des Risques et des Catastrophes

Les catastrophes ont des impacts négatifs sur la vie en société telles les pertes en vies humaines et les désordres (chômage, perte de moyen de subsistance, destruction d’infrastructures etc.), de sorte à amener les décideurs internationaux à mettre en place des cadres institutionnels qui puissent gérer ce phénomène pour en maîtriser les effets sur l’homme et son environnement. Dans un premier temps, on va aborder les cadres internationaux de la GRC qui donnent les visions et cadres d’actions que les décideurs internationaux ont mis en place pour gérer les risques de catastrophes à l’échelle internationale. Dans un second temps, on verra les politiques nationales relatives à ce secteur basé non seulement sur les cadres internationaux de la GRC mais qui instituent également les structures nationales de gestion des risques de catastrophe. Enfin, en dernier lieu, on va présenter la zone d’étude.

2.1. Les cadres d’actions internationaux

Les décideurs internationaux réunis en assemblée générale des Nations-Unies, ont mis en place des conventions cadres qui puissent permettre d’orienter toutes les stratégies de lutte contre

35 les catastrophes et les risques de catastrophes. Toutes les actions de GRC/RRC se basent toutes sur ces conventions et cadres d’actions qui constituent les bases institutionnelles. On passera en revue la décennie internationale sur la prévention des catastrophes naturelles, puis le cadre de Hyōgo, le cadre de Sendai et enfin la stratégie africaine de la Réduction des risques de catastrophe.

2.1.1. La Décennie internationale sur la prévention des catastrophes naturelles ou IDNDR (International Decade for Natural Disaster Reduction) de 1990 – 2000 Devant la montée en puissance et en fréquence des aléas naturels, les Etats membres des Nations-Unies se sont attelés à rechercher un consensus afin de mettre en œuvre les actions de préventions des catastrophes provoquées par l’avènement des aléas naturels. Désormais les catastrophes sont au cœur des discussions au niveau des Sommets Mondiaux. En 1992, lors du Sommet de la Terre qui s’est tenu à Rio de Janeiro64, les conventions relatives au changement climatique (CCNUCC) et la convention sur la diversité biologique intégrait déjà des lignes directrices pour la prévention des catastrophes. La conférence pour la prévention des catastrophes naturelles qui s’est tenue à Yokohama (Japon) le 23 au 27 Mai 1994, réunissant différents acteurs étatiques et non étatiques précise les lignes directrices pour la mise en œuvre effective65 de la Décennie Internationale pour la Prévention des Catastrophes Naturelles (IDNDR).

2.1.2. Le cadre d’action de Hyōgo

La 2ème conférence sur la prévention des catastrophes naturelles qui s’est tenu à Kobe (Japon) le 22 Janvier 2005, a mis en place un cadre d’action dite de Hyōgo pour la période de 2005-2015, ce cadre remplace la décennie pour la prévention des catastrophes (IDNDR). Le cadre de Hyōgo se donne donc comme objectif de renforcer la résilience des nations contre les catastrophes par son slogan : « Pour des nations et des collectivités résilientes face aux catastrophes », ceci par la prise de conscience de tout un chacun que les catastrophes amputent beaucoup tous les individus et tous les pays, et deviennent de plus en plus violents et imprévisibles. Le Tsunami du 26 Décembre 2004 qui s’est produit en Indonésie et qui a touché

64 UN, 1992, Rapport de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement, Résolutions adoptées par la Conférence (publication des Nations Unies, numéro de vente : F.93.I.8 et rectificatif), vol.1., résolution 1, annexe I. 65 UN, 1994, Décennie Internationale de la Prévention des Catastrophes Naturelles – Stratégie et Plan d’action de Yokohama pour un monde plus sûr, Directives pour la prévention des catastrophes naturelles, la préparation aux catastrophes naturelles et l’atténuation de leurs effets, p.4. 36 en même temps d’autres pays asiatiques (Thaïlande, Inde etc.) et de l’Océan Indien, a entraîné des pertes humaines66 et économiques sans précédent. Compte tenu de cela, les engagements de la conférence de Yokohama demeurent mais doivent être renforcés et améliorés.

2.1.3. Le cadre de Sendai

Le cadre dit de Sendai (2016-2030) issu de la 3ème conférence pour la prévention des catastrophes naturelles qui s’est tenu le 18 Mars 2015 au Japon réaffirme les progrès du cadre de Hyōgo ; il s’agit de l’intégration dans tous les plans nationaux et régionaux de développement des aspects de la réduction des risques de catastrophe. Le cadre de Sendai capitalise les acquis du cadre de Hyōgo et il destiné à prévenir la création de nouveaux risques, de réduire les risques existants ainsi que les pertes en vies humaines et moyens de subsistances, les pertes économiques et les dommages en infrastructure. Avec le cadre de Sendai, on passe donc d’une logique d’action de réduction des catastrophes à l’optique de la réduction des risques de catastrophe. Le cadre de Sendai a comme objectifs : « La réduction substantielle des pertes et des risques liés aux catastrophes en termes de vies humaines, d’atteinte aux moyens de subsistance et à la santé des personnes, et d’atteinte aux biens économiques, physiques, sociaux, culturels et environnementaux des personnes, des entreprises, des collectivités et des pays »67. Le cadre de Sendai propose de renforcer la prise en compte des risques de catastrophe dans tous les plans de développement de chaque nation. Il s’agit d’impliquer tous les acteurs à la réduction et la gestion des risques de catastrophe dans le but de sauver des vies, et de renforcer les mécanismes de coordination ainsi que les textes règlementaires sous-jacents pour en faire une priorité nationale. Il insiste sur le fait de renforcer les mécanismes de coopération mondiale et régionale pour une meilleure efficience des actions. La clé de réussite des actions de réduction des risques de catastrophe se base sur la pleine participation surtout des personnes et groupes vulnérables. Le phénomène de changement climatique rend les aléas de plus en plus imprévisibles quant aux effets dévastateurs des catastrophes. Aussi les nations se sont-ils engagés à promouvoir la réduction des risques de catastrophe à tous les niveaux, tout en les adossant aux

66 ACF, 2014, Echoes of Tsunami, Document de presse – Tsunami – 10 ans après, p.3. Entre 216.000 et 232.000 morts. 67 UN, 2015, Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophes 2015-2030, p.12. 37 objectifs du développement durable et des engagements lors des sommets de Rio (1992)68 et de la Terre (2012) à Johannesburg. Les axes d’intervention du cadre de Sendai pour la période 2015-2030 se déclinent comme suit69 : Priorité 1 : comprendre les risques de catastrophe. Priorité 2 : renforcer la gouvernance des risques de catastrophe pour mieux les gérer. Priorité 3 : investir dans la réduction des risques de catastrophe aux fins de la résilience. Priorité 4 : renforcer l’état de préparation aux catastrophes pour intervenir de manière efficace et pour « mieux reconstruire » durant la phase de relèvement, de remise en état et de reconstruction. La mise en œuvre du cadre de Sendai va donc de pair avec les autres grands cadres d’action internationaux comme : l’Accord de Paris sur le Changement Climatique (2015), le Nouvel Agenda Urbain, l’Agenda d’Addis-Abeba sur les Actions de Financements du Développement en vue de la réalisation des Objectifs du Développement Durable pour l’horizon 2015-2030.

2.1.4. La Stratégie africaine de la réduction des risques de catastrophe

Les catastrophes mettent à mal les acquis du développement obtenus de haute lutte, et continuent d’accroître la pauvreté et la vulnérabilité des personnes. Le Nouveau Partenariat pour le Développement Africain (NEPAD) se fixe comme objectif de mettre en place une stratégie régionale de la réduction des risques de catastrophe pour permettre aux états africains de réduire la pauvreté et de favoriser le développement durable70. Le NEPAD fournit donc l’idée d’une stratégie de la RRC afin que chaque Etat des différentes communautés économiques régionales puisse intégrer dans son programme de développement respectif. La stratégie régionale de la RRC en question a été adoptée lors du sommet de l’Union Africaine en Juillet 2004 ; elle devrait servir de guide pour chaque Etat afin d’harmoniser leurs stratégies et programmes nationaux pour pouvoir intégrer la RRC dans leurs programmes de GRC. La stratégie régionale en question sera

68 UN, 1992, Rapport de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement, Résolutions adoptées par la Conférence (publication des Nations Unies, numéro de vente : F.93.I.8 et rectificatif), vol.1. 69 UN, 2015, op.cit., p.14. 70 BAD, ISDR, NEPAD & UA, 2004, Projet de Stratégie régionale africaine pour la réduction des risques de catastrophes, Johannesburg, p.4. 38 axée sur : « les catastrophes provoquées par les aléas naturels et les aléas apparentés d’origine humaine »71. Les objectifs de la stratégie africaine de la RRC se déclinent comme suit :  Engagement politique accru envers la réduction des risques de catastrophe ;  Meilleure identification et évaluation des risques de catastrophe ;  Meilleure gestion des connaissances relatives à la réduction des risques de catastrophe ;  Prise de conscience accrue en matière de réduction des risques de catastrophe au sein de la population ;  Meilleure gouvernance des institutions impliquées dans la réduction des risques de catastrophe ;  Intégration de la réduction des risques de catastrophe à la gestion des réponses aux urgences.

2.2. Le cadre règlementaire national relatif à la Gestion des Risques de Catastrophes

Pour pouvoir gérer les risques de catastrophes et surtout les risques d’inondation, il faut se baser sur les textes règlementaires nationaux régissant les activités de GRC. Ce cadre juridique national basé sur les orientations des cadres internationaux sera le tremplin institutionnel qui va coordonner les activités de GRC/RRC au niveau national. De ce fait, on va voir successivement dans cette sous-section la politique nationale de la GRC, la stratégie nationale de la GRC et la structure institutionnelle de la GRC malagasy.

2.2.1. La politique nationale de la Gestion des Risques de Catastrophes (PNGRC)

La mise en œuvre du cadre de Sendai conclu lors de la 3ème conférence pour la prévention des risques et de catastrophe, est une opportunité pour les Etats de renouveler leurs politiques en matière de GRC afin de s’adapter au contexte mondial. Madagascar a mis à jour sa politique nationale en faveur de la GRC afin de s’adapter aux exigences du cadre de Sendai. La loi n°2015- 031 relative à la Politique Nationale de Gestion des Risques et des Catastrophes (PNGRC) comporte les dispositions permettant de mettre en œuvre les activités de GRC au niveau national, régional et local. La PNGRC inscrit sur le plan institutionnel les activités relatives à la GRC et constitue le texte règlementaire de la Stratégie Nationale de la Gestion des Risques et des

71 BAD, ISDR, NEPAD & UA, 2004, op.cit., p.5. 39

Catastrophes (SNGRC). La PNGRC s’insère dans le cadre des plans de développement et forme une synergie avec ces derniers pour l’intégration des programmes de GRC/RRC dans le cadre du développement72. La PNGRC détaille le rôle de tous les acteurs de la GRC et des collectivités décentralisées dans le cadre de la promotion de la GRC dans tous les secteurs. Elle donne également des orientations sur le rôle des branches stratégiques et opérationnelles pour une bonne mise en œuvre de la GRC à tous les niveaux de la société.

2.2.2. La Stratégie Nationale de la Gestion des Risques et des Catastrophes (SNGRC)

La SNGRC regroupe l’ensemble des activités en faveur de la GRC mis en œuvre pour la préservation des vies face aux risques de catastrophes. L’article 3 de la PNGRC précise son rôle comme étant un ensemble d’actions prioritaires de long terme mis en application dans le but d’accroître la résilience des communautés, des institutions nationales et des collectivités territoriales décentralisées (CTD) face aux catastrophes et de sauvegarder des vies73. La mise en œuvre de la SNGRC nécessite une structure de coordination bien établie et surtout décentralisée. La PNGRC détaille deux niveaux de coordination74 sur lesquels la SNGRC devrait agir :

 Le niveau stratégique : qui est en charge de la conception, l’élaboration et le suivi de la SNGRC  Le niveau opérationnel : qui met en œuvre les directives issues de la SNGRC. La SNGRC insiste sur la bonne coordination des activités de GRC sur tout le territoire national et sur le fait de promouvoir les investissements en RRC. Aussi la PNGRC, prévoit-elle dans son article 19, deux documents d’intervention qui doivent être élaborés conformément aux dispositions de la SNGRC, à savoir : le plan de contingence multirisque/multi-secteur/multi-aléa ; et les plans de soutien relatifs à chaque risque spécifique75. La mise à jour de la SNGRC a été le fruit de la collaboration de plusieurs acteurs – BNGRC, CPGU, PNUD etc…- et est conforme au nouveau cadre dit de Sendai. Elle reflète les préoccupations mondiales sur le changement climatique, la résilience des communautés aux aléas naturels et anthropiques et la pauvreté. La SNGRC met en œuvre une vision orientée de la GRC

72 Voir Loi n°2015-031 du 12 Février 2016 relative à la Politique Nationale de Gestion des Risques et des Catastrophes dans ses articles n°4-11, pour plus de détail sur la place de la GRC dans le développement et la préservation de la vie des personnes sujettes aux risques de catastrophes. 73 Loi n°2015-031 relative à la PNGRC, 2015, op.cit., p.3. 74 Loi n°2015-031 relative à la PNGRC, 2015, op.cit., p.6. 75 Loi n°2015-031 relative à la PNGRC, 2015, op.cit., p.7. 40 focalisée sur les phénomènes « anthropocentrées » ; rappelons-le : les catastrophes peuvent résulter des actions de l’homme sur son environnement aussi bien que des phénomènes purement naturels. Elle s’insère dans la politique générale de l’Etat et insiste surtout sur le fait d’investir plus sur la RRC pour réduire les vulnérabilités des communautés face aux risques de catastrophes76. Afin d’atteindre l’objectif qui est de « faire de la GRC/RRC un pilier du développement », la SNGRC se structure en quatre (4) grands axes, à savoir77 :  Axe 1 : Engagement politique plus accru dans la GRC/RRC en tenant compte des différentes spécificités des actifs et des enjeux concernés, pour améliorer la résilience ;  Axe 2 : Meilleure gouvernance de la GRC/RRC à tous les niveaux ;  Axe 3 : Capacités des acteurs en matière de GRC/RRC et de coordination renforcées ;  Axe 4 : Pratique de la gestion des connaissances mise au profit de la GRC/RRC.

2.2.3. Les Structures institutionnelles malagasy de la GRC

La structure institutionnelle malagasy de la GRC possède une structure décentralisée mais aussi à deux branches. Pour cela, dans un premier temps on va voir, la forme décentralisée de la coordination de la GRC, puis après on va voir les divisions de la structure en deux (2) branches.

a. Une structure décentralisée

La mise en œuvre des activités de GRC se fait par l’intermédiaire d’une structure décentralisée afin de bien toucher toutes les parties de l’île même au plus petit niveau administratif. Au niveau national, il y a tout d’abord la CNGRC ou Comité National de Gestion des Risques de Catastrophes qui est sous la responsabilité du Premier Ministre, est en charge de la conception et du contrôle de la mise en application de la SNGRC. Ensuite au niveau régional, il y a le CRGRC ou Comité Régional de GRC, sous le lead du Chef de région ou Gouverneur de région. Puis, le CDGRC ou Comité de District de GRC, sous le leadership du Chef de District et

76 BNGRC, CPGU & PNUD, 2016, Stratégie Nationale de la Gestion des Risques et des Catastrophes 2016-2030, pp.7- 8. 77 BNGRC, CPGU & PNUD, 2016, op.cit., p.10. 41 ainsi de suite pour arriver jusqu’à l’ELS ou Equipe Locale de Secours qui assure la mise en œuvre des activités au plus petit démembrement de la société. b. La forme de la structure de coordination

La coordination se divise en deux (2) branches bien précises :  La branche stratégique ;  La branche opérationnelle ; i. La branche stratégique

Ce niveau se charge de la conception jusqu’au suivi de la mise en œuvre de la SNGRC et compte diverses institutions à sa tête. Il est composé de : la CNGRC, la structure permanente d’appui technique qu’est la CPGU et de la plateforme nationale78. ii. Le niveau opérationnel

L’article 17 de la PNGRC institue deux types d’organe œuvrant dans l’opérationnalisation des activités de GRC à savoir : le BNGRC et le CRIC79.

Ayant vu les cadres institutionnels relatifs à la GRC, nous allons voir en dernière section, la présentation de la zone d’étude.

Section 3 : Présentation de la zone d’étude

Nous allons présenter dans le cadre de cette section, une brève délimitation spatiale de la zone où les études sur terrain ont eu lieu. Pour cela, la première sous-section sera axée sur la délimitation de la localité ; puis la seconde, expliquera brièvement le choix de cette zone.

3.1. Délimitation de la zone d’étude

La zone d’étude choisie se situe dans la région Boeny et plus précisément dans le district de Mitsinjo qui figure parmi les 6 districts composant la région en question. Il s’agit entre autres de « La commune rurale d’Antongomena-Bevary », elle est l’une des sept communes composant le district de Mitsinjo à côté des communes de : Katsepy, Matsakabanja, Bekipay, Antseza, Mitsinjo, Ambarimaninga.

78 Loi n°2015-031 relative à la PNGRC, 2015, op.cit., p.6. 79 Loi n°2015-031 relative à la PNGRC, 2015, op.cit., p.6. 42

Ci-après les limitrophes de la Commune :

 A l’Est et au Sud-Est par la Commune Rurale de Katsepy ;  Au Nord par le Canal de Mozambique ;  Au Nord-Ouest par la Commune Rurale de Matsakabanja ;  Au Sud-Ouest par la Commune Rurale de Mitsinjo ;  Au Sud par le District de Marovoay ;

Carte 1 : Présentation spatiale de la commune rurale d’Antongomena-Bevary

Source : BD FTM / Auteur, 2020.

L’accessibilité à la commune se fait par voie maritime par le biais des bacs depuis jusqu’à Katsepy sur environ 7 à 8 km ; ensuite depuis Katsepy en empruntant la Route Nationale Temporaire 19 ou RNT19 sur 54 km. La Commune est donc à 1 heure 30 minutes voire 2 heures de route depuis Katsepy en période sèche ; mais qui peut aller jusqu’à 8 heures de temps en période de pluie.

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La commune est un passage clé pour atteindre le chef-lieu du district de Mitsinjo, mais également pour atteindre Namakia où se trouve l’usine de production de sucre et d’alcool : « Complant Ouest-Sucre ».

3.2. Choix de la localité

La localité d’Antongomena-Bevary a été choisie pour les raisons suivantes :

 Elle est exposée aux inondations provoquées par une forte crue depuis l’amont du bassin versant de la Mahavavy mais également aux cyclones et aux fortes précipitations.  La commune se situe au cœur d’une zone à forte potentialité et à vocation agricole et donc formée de vastes plaines cultivables et à forte potentialité économique car est traversée par la route RNT19 reliant les districts de Soalala et Mitsinjo de Mahajanga ;  Elle est située dans une zone fortement inondable ;  Les plantations de la société Ouest Sucre Complant Namakia se trouvent en son sein et est la zone de stockage des intrants de ferme de celle-ci. La présence de celle-ci est source d’emploi pour la population locale ;  La commune fût victime d’inondation cyclique intense comme celle de 2020 ou de 2004 lors du passage des cyclones Gafilo et Elita ; durant ces périodes, la commune se transforme en îlots accessibles seulement par voie fluviale, entre autres toutes communications avec les autres communes et districts sont entièrement coupées. Ce qui fragilise à la fois l’économie mais perturbe aussi la vie sociale de la population. L’inondation de Janvier 2020 a motivé l’étude, ce qui nous a conduit à réaliser les travaux de terrain sur place. Sur les neuf (9) fokotany composant la commune, seuls cinq (5) ont été choisis car directement impactés par l’inondation. Ces fokontany sont entre autres : Antongomena-Bevary, Bevary, Mangatsiaka, Bemokotra et Ambato-Mahavavy.

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Conclusion du second chapitre

L’institutionnalisation de la GRC sur le plan international et national entérine le fait que la GRC est un secteur à part entière. La GRC a le mérite de mettre en œuvre toutes les actions qui visent à réduire les impacts des catastrophes sur la vie en société. De ce fait, les conventions et textes réglementaires qui la régissent, ne sont autres que les fondements donnant du sens à la lutte contre les risques de catastrophes. L’institutionnalisation des acteurs en charge de mener les opérations de gestion et réduction des risques de catastrophes relève de ces cadres d’actions. Aussi la compréhension des phénomènes ou l’aléa aide-t-elle à la conception de programmes de réduction de risques appropriés. De plus, les inondations figurent parmi les aléas qui gangrènent les sociétés ; leurs compréhensions servent à établir des actions privilégiant davantage la réduction des risques de catastrophes à tous les échelons.

CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE

L’approche théorique relative à la conceptualisation de la gestion des risques de catastrophe est la base de toute étude de gestion et de réduction de risque. La compréhension de ces concepts permet de mieux mener les analyses au fond des problèmes qui minent les sociétés exposées aux aléas de toutes sortes. La méthodologie a été présentée dans cette partie afin de bien définir la façon d’analyser la vulnérabilité aux aléas, notamment les inondations. La seconde partie sera axée sur l’analyse empirique de la vulnérabilité aux inondations pour le cas de la Commune Rurale d’Antongomena-Bevary.

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PARTIE II. ANALYSE EMPIRIQUE DE LA VULNERABILITE PAR RAPPORT AUX INONDATIONS DANS LA COMMUNE RURALE D’ANTONGOMENA-BEVARY

Les revues de littératures vues précédemment nous éclairent sur la portée des concepts et surtout sur la compréhension de ces derniers, ce qui va nous faciliter l’analyse qui va suivre tout au long de l’étude. Maintenant, l’heure est à la compréhension des risques d’inondation auxquels la localité choisie fait face afin d’en dégager des lignes permettant de rechercher une certaine résilience pour le cas de la localité. Compte tenu de tout cela, on va voir dans un premier chapitre l’analyse de la vulnérabilité aux inondations pour le cas de la commune d’Antongomena-Bevary, puis dans un second chapitre, on va présenter une perspective pour la gestion du risque d’inondation.

CHAPITRE 3 : Analyse de la vulnérabilité aux inondations dans la commune

Madagascar est situé dans un bassin cyclonique très actif surtout lors des saisons cycloniques du mois de Novembre à Mars. Durant cette période, des aléas tels que les cyclones et les inondations se produisent un peu partout sur l’île surtout au niveau des régions du Nord, Nord-Est, Nord-Ouest, Est et Sud-Est. Durant l’année 2020, la région Nord, Nord-Ouest et le Centre ont été sujets aux inondations dues au passage des cyclones mais aussi des intempéries dues aux perturbations tropicales. C’est dans ce contexte, que va s’opérer l’étude qui suit : dans une première section, on va voir le contexte de l’inondation durant la saison cyclonique 2019 – 2020 ; puis dans la seconde section, on va aborder l’analyse de la vulnérabilité proprement dite.

Section 1 : Contexte de l’inondation durant la saison cyclonique 2019-2020

La saison cyclonique de l’année 2020 est marquée par un mouvement sans précédent avec l’augmentation autant en nombre qu’en intensité des évènements cycloniques dans le bassin Sud- Ouest de l’Océan Indien. En effet, Madagascar se trouve sur la trajectoire des cyclones dans ce bassin. Des inondations accompagnées de ravages s’en sont suivies un peu partout dans la moitié Nord de l’île. Pour en apprécier le phénomène, nous allons voir en première sous-section les faits marquants de l’année 2020 en terme de catastrophes, puis dans une seconde sous-section on va voir les faits au niveau de la localité d’Antongomena-Bevary.

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1.1. Contexte de la saison cyclonique 2019-2020

La saison cyclonique de l’année 2019-2020 est assez mouvementée, car à la fin de l’année 2019, pour être plus précis le 06 Décembre 2019, le cyclone tropical Belna a frappé les flancs Ouest et Nord-Ouest de l’île touchant principalement les régions Boeny, Menabe et occasionnant par la suite de nombreux dégâts. D’après le rapport conjoint du BNGRC, OCHA, GDACS et NOAA, le district de Soalala dans la région Boeny en a le plus souffert avec 2.352 personnes déplacées, 12 maisons décoiffées, 650 dommages et 55 maisons inondées80 (Voir en Annexe 1, les clichés relatant le passage du cyclone Belna dans le district de Soalala). Ensuite, le 17 Janvier 2020, en période de mousson, un système dépressionnaire qui deviendra ensuite la tempête tropicale modérée « Diane » frappe à nouveau le flanc Nord-Ouest de l’île81, occasionnant par-là de vastes inondations à cause des quantités de pluies élevées que la tempête a apportées. Sept (7) régions ont été impactées, il s’agit entre autres des régions : Sofia, Boeny, Betsiboka, Alaotra-Mangoro, Melaky, Analamanga et Diana. Les régions Boeny, Alaotra- Mangoro et Sofia ont été durement touchées parmi les 7. Le résultat a été une forte inondation qui a recouvert de vastes espaces (Cf. Annexe 2). Le BNGRC déplore 31 décès, 106.846 sinistrés et 16.000 personnes déplacées82. Le tableau ci-après détaille les dégâts dus à l’intempérie : Tableau 2 : Bilan des dégâts résultant de la tempête tropicale modérée « Diane » Désignations Quantité Maisons inondées 10.600 maisons Maisons détruites 146 maisons Abandon scolaire 6.000 étudiants Salle de classe détruite 85 salles de classe Route impraticable RN4 et RN6 Source: OCHA, 202083.

80 Cité dans https://m.reliefweb.int/report/3438358?lang=fr, article intitulé : «Madagascar - BELNA update (GDACS, BNGRC, UN OCHA, NOAA) (ECHO Daily Flash of 12 December 2019) », date de consultation le 18 Novembre 2020 vers 14 heures. 81 Cité dans http://www.cycloneoi.com/archives-blog/infos-diverses/images-des-graves-inondations-qui-ont- affecte-madagascar.html, article intitulé : « Images des graves inondations qui ont affecté Madagascar », consulté le 18 Novembre 2020 vers 15 heures. 82 OCHA, (2020), Madagascar: Heavy rains and floods, Flash Update No.1, pp.1-2. 83 OCHA, 2020, op.cit., pp.1-2. 48

Peu après avoir été touché par la tempête « Diane », le 15 Février 2020, une nouvelle tempête tropicale dénommée « Francisco » frappe à nouveau Madagascar, mais cette fois-ci depuis la partie Est de l’île84 jusqu’au Centre occasionnant des dégâts importants surtout dans la région Alaotra-Mangoro. Les photos en annexe 3 nous donnent un aperçu de la ville de Mahanoro inondée.

1.2. Etats des lieux au sein de la Commune d’Antongomena-Bevary

La localité d’Antongomena-Bevary, rappelons-le, située dans le District Mitsinjo, n’a pas été épargnée par les inondations entraînées par la tempête tropicale modérée « Diane ». On va voir les causes de l’inondation dans la localité. Pour cela dans une première sous-sous-section, on va voir les causes de l’inondation de Janvier 2020, puis dans une seconde sous-sous-section, donner une brève explication des inondations périodiques surtout en saison de pluie.

1.2.1. L’inondation du mois de Janvier 2020

On connaît déjà la cause des intempéries de Janvier 2020, mais n’empêche qu’on ne connaît pas ce qui s’est produit au sein de la commune d’étude. C’est l’objet des paragraphes qui vont suivre, le premier explique ce qui a entraîné les inondations par le biais de la constatation des faits ; et le second paragraphe va afficher le bilan humain des inondations dans la commune.

a. Constatation des faits relatifs à l’inondation

L’inondation qui a fait de la commune une île à l’intérieur des terres est due à la hausse des précipitations apportées par la tempête tropicale modérée « Diane ». Les fortes précipitations en question ont augmenté le volume d’eau s’écoulant au niveau des bassins-versants.

En effet, le fleuve Mahavavy se situant à moins de 5 km de la commune prend sa source dans le bassin versant Mahavavy et s’écoule jusqu’à atteindre le Canal de Mozambique. Les grandes quantités de pluies apportées par « Diane » ont fait augmenter le débit d’écoulement qui a entraîné l’ouverture de deux brèches sur la rive droite du fleuve Mahavavy. La première brèche s’est ouvert proche du Fokontany d’Ambato-Mahavavy ; quant à la seconde, elle s’est ouverte à 500 mètres à peu près du secteur de Beronono dans le Fokontany de Mangatsiaka. La seconde

84 Cité in : http://www.cycloneoi.com/archives-blog/cyclone/l-est-de-madagascar-durement-impacte-par-les- pluies-diluviennes-de-francisco.html , consulté le 18 Novembre 2020 vers 15 heures 30 minutes. 49 brèche est un peu plus large que la première (Voir en Annexe 2 –Photo 4 les clichés concernant les brèches en question). La conséquence de ces brèches est une inondation sans précédent qui a recouvert la commune sur plusieurs kilomètres, ce qui a rendu le chef-lieu de commune sous forme d’île à l’intérieur des terres et ce, pendant à peu près deux mois85 (Voir carte 2).

Carte 2 : Le chef-lieu de commune d’Antongomena-Bevary durant l’inondation de 2020

Source: Google Earth Pro / Auteur, 2020.

85 Selon le Maire d’Antongomena-Bevary et repris lors de l’atelier de mise à jour du Plan de Contingence Régional Boeny (Novembre 2020), par la plupart des acteurs tels les chefs de district de Mitsinjo de Soalala mais également les maires des deux districts. 50

L’inondation sur la carte se produit sur la RNT19 partant de la commune en direction de Mitsinjo et de Namakia passant par les plantations de canne à sucre. Les photos suivantes valent mille mots concernant l’impact de l’inondation que la carte 1 montre (Voir également en Annexe 2 – Photo 5 les clichés supplémentaires montrant les inondations au sein de la commune).

Photo 1 : Inondation au niveau de la commune rurale d’Antongomena-Bevary.

Source : Commune Rurale d’Antogomena-Bevary 2020.

Sur les neuf (9) fokontany composant la commune rurale, six (6) d’entre eux ont été les plus impactés : Ambato-Mahavavy, Mangatsiaka, Bevary, Bemokotra, Antongomena-Bevary et Boeny-Doany.

b. Bilan humain de l’inondation dans la commune

Le bilan humain est lourd pour l’ensemble de la commune rurale d’Antongomena-Bevary, car il y a eu beaucoup de sinistrés au niveau de chaque Fokontany et qui ont dû être évacués vers les zones de haute altitude.

Le graphe suivant nous montre que c’est le Fokontany de Boeny Doany qui se situe au Nord du Chef-lieu de commune qui recense le plus de personnes sinistrées de l’ordre de 882 personnes suivies de près par le Chef-lieu de commune d’Antongomena-Bevary soit 787 personnes. Six (6) fokontany sur les neuf (9) composant la commune ont été touchés.

51

Graphe 1 : Bilan des sinistrés

Personnes sinistrées par Fokontany

1000 882 787

500 300 203 97 48

0 Nombrepersonnessinsitrées de

Fokontany

Source : Commune Rurale d’Antongomena-Bevary, 2020.

En termes de décès, seuls deux fokontany en comptabilisent, les détails dans la figure suivante :

Graphe 2 : Bilan des décès

Personnes décédées par Fokontany

8 8

6

4 1 2

0 Nombrepersonnesde décédées ANTONGOMENA-BEVARY BOENY DOANY Fokontany

Source : Commune Rurale d’Antongomena-Bevary, 2020.

Le fokontany de Boeny Doany est en tête en termes de décès car il comptabilise huit (8) décès sur les neuf (9) que compte la commune.

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1.2.2. Les inondations lors des saisons de pluies

La particularité de la zone est qu’elle est constituée de plaines alluviales et donc à risque face aux inondations. La carte suivante montre l’occupation du sol en grande partie recouverte de zone de culture et de savane qui sont très favorables, en zone à faible altitude.

Carte 3 : Occupation du sol dans la commune d’Antongomena-Bevary

Source : BD FTM / Auteur, 2020.

Lors des saisons pluviales et surtout des saisons cycloniques, les zones situées à basse altitude sont toujours sous les eaux y compris les zones de cultures (rizières et plantations diverses). Il y a des zones où les eaux atteignent 10 à 50 centimètres ; dans d’autres zones, l’eau dépasse même les toits des maisons.

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A noter que presque tous les fokontany de la commune sont touchés par les inondations en période de pluie ; prise dans l’ensemble et en moyenne, la commune a une altitude peu élevée, de l’ordre de 10 à 11 mètres par rapport au niveau de la mer, ce qui la rend inondable chaque année.

Ayant vu un aperçu de la saison cyclonique du début de l’année 2020 et l’analyse des causes des inondations surtout au niveau de commune d’Antongomena-Bevary, on va voir dans la seconde section l’analyse proprement dite de la vulnérabilité.

Section 2 : Analyse à base communautaire du risque et de la vulnérabilité

Les inondations de 2020 ne sont pas sans conséquences au niveau de la société ; relativement à ce qui a été vu plus haut, des vies ont été perdues, les dégâts sur tous les plans ne sont pas en reste. Pour pouvoir gérer efficacement les risques d’inondation et tirer les leçons, on devrait procéder par l’analyse des vulnérabilités auxquelles la localité fait face. La clé de l’analyse est basée sur l’approche participative, donc les résultats affichés sont basés sur les analyses de la population locale. La première sous-section sera axée sur l’analyse des facteurs de vulnérabilité ; tandis que la seconde va aborder l’analyse des vulnérabilités.

2.1. Historique des aléas et évaluation des facteurs de vulnérabilité Comme notre problématique est axée sur la recherche et la détermination des causes profondes de la vulnérabilité, on s’est attelé à vérifier avec la population ces causes en question. Cela n’a été possible qu’avec l’aide de la cartographie des risques et des observations communautaires. De ce fait, on va voir dans une première sous-sous-section un bref historique des aléas ; ensuite on va déterminer les facteurs de vulnérabilité aux inondations de la commune.

2.1.1. Historique des aléas et des catastrophes survenues

La localité est sujette aux cyclones et aux précipitations pluviales presque chaque année. Il est remarqué que des inondations d’une forte intensité se reproduisent tous les 10 à 15 ans en moyenne.

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Tableau 3 : Historique des catastrophes dans la localité Evènements Année Intensité Inondation, ZCIT 1978 Forte Cyclone Kamisy 1984 Très forte Inondation 1991 Forte Cyclones « Gafilo » et « Elita » 2004 Très forte Inondation, ZCIT « Diane » 2020 Très forte Source : Auteur, 2020.

De fortes inondations comme celle de Janvier 2020 s’étaient déjà produites auparavant tous les 10 à 15 ans. D’après Météo France, il est moins fréquent que la saison cyclonique débute avec plus de deux systèmes cycloniques dans le bassin Ouest de l’Océan Indien ; dans la majorité des cas, les phénomènes cycloniques prennent naissance à l’Est du bassin. La saison équivalant à la saison 2019-2020 s’était produite justement en 1978-197986. Ce constat de Météo France relate alors les récits de la population de la Commune d’Antongomena-Bevary enquêtée à ce sujet. Ils ont affirmé en majorité que ce qui s’est produit en début 2020 est équivalent à celui de 1978. Météo France ajoute même que seulement 30 % des cyclones se forment dans la partie occidentale de l’Océan Indien.87

2.1.2. Détermination des facteurs de vulnérabilité

Plusieurs facteurs sont à considérer pour déterminer la vulnérabilité et le risque par le même cheminement des faits. En reprenant la définition donnée par d’Ercole & Thouret (1996) comme quoi la vulnérabilité est la combinaison des endommagements potentiels des éléments exposés ainsi que les préjudices auxquels les personnes sont sujettes88 ; on a pu retracer les pertes potentielles que les éléments exposés aux inondations peuvent subir. Aussi, les facteurs de vulnérabilité constituent les causes profondes de la vulnérabilité des éléments exposés89, le tableau qui suit retrace ces facteurs ainsi que les éléments vulnérables permettant de dégager les pertes potentielles qui leur sont associées.

86 METEO FRANCE, 2020, Bilan de la saison cyclonique 2019 – 2020, CMRS de La Réunion, p.2. 87 METEO FRANCE, 2020, op.cit., p.2. 88 D’ERCOLE R. & THOURET J.C., 1996, op.cit., p.407. 89 Se référer à la Partie I – Chapitre I – Section 1 – Sous-section 1.1. – Paragraphe 1.1.1. – Sous-paragraphe b. page 9. Pour avoir un extrait du tableau non exhaustif relatant les facteurs de vulnérabilité. 55

Tableau 4 : Détermination des facteurs de vulnérabilité Facteurs de vulnérabilité Vulnérabilité Perte potentielle  Défrichement et mise en culture sur et proche de la digue de protection du Perte agricole Fleuve de Mahavavy Vulnérabilité Destruction de route  Déforestation et coupe illicite et massive environnementale Arrêt des activités socio- du bois économiques  Feux de brousse  Construction en zone inondable et de Destruction totale ou faible altitude temporaire des habitats et des  Absence de système d’assainissement infrastructures sociales Vulnérabilité liée Destruction de la route à l’aménagement Dispersion des matières fécales et des déchets enfouis Pollution des eaux souterraines  Matériaux de construction non résistant aux inondations : maison en terre, maison en bois et en satrana favorisant l’entrée des eaux  Absence de code de construction Vulnérabilité des Perte d’habitat  Manque de qualification en construction habitats et des Coupure de la communication  Mauvaise état des routes infrastructures par voie terrestre  Faiblesse des ressources financières des ménages  Absence ou faiblesse de la gouvernance foncière communale  Us et coutumes et héritages Source : Auteur, 2020.

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Tableau 4 : Détermination des facteurs de vulnérabilité (suite)

Facteurs de vulnérabilité Vulnérabilité Perte potentielle  Prise et consommation d’eau du Fleuve Vulnérabilité liée et des rivières environnantes à l’hygiène, l’eau Risque de maladie épidémique, et risque de contamination l’assainissement et sanitaire  Pratique du travail saisonnier faute de création d’emploi Perte de travail  Problème d’emploi Perte de revenu  Absence de formation professionnelle Vulnérabilité Pauvreté monétaire, pauvreté  Economie fortement agricole et non économique généralisée, diversifiée (monoculture) Insécurité faute d’emploi  Méthode agricole archaïque Troubles sociaux  Economie tributaire des agglomérations comme Mahajanga ou Mitsinjo Source : Auteur, 2020.

Ce tableau nous montre que la vulnérabilité est vraiment multidimensionnelle et touche plusieurs secteurs. Les causes profondes de la vulnérabilité sont la clé pour pouvoir apporter des solutions concrètes afin de corriger les vulnérabilités face aux inondations auxquelles la population d’Antongomena-Bevary fait face.

En connaissance de cause, étant donné que ces facteurs ont été cités par la population elle- même lors des enquêtes au niveau des cinq fokontany, le risque, celle-ci la connaît mais les raisons familiales les empêchent de se relocaliser définitivement. En effet, la population est peu encline à quitter ses terres qui sont en général des héritages et surtout leur propriété bâtie pour aller déménager de façon durable dans les hautes terres.

2.2. Approche participative de l’analyse de risque et de la vulnérabilité Les causes profondes de la vulnérabilité étant déterminées, tous les éléments pour faciliter l’analyse de la vulnérabilité sont remplies. Nous avons choisi de commencer par l’établissement

57 des cartographies communautaires des risques pour avoir un aperçu visuel des zones à risque dans la commune. Tout n’a été possible qu’avec l’aide de la communauté par le biais des des enquêtes ménages et aussi du focus-group au niveau des fokontany. On va voir donc en première sous-sous-section la cartographie du risque d’inondation au sein de la commune ; ensuite, on va présenter l’analyse des vulnérabilités par secteur.

2.2.1. Cartographie des risques d’inondation La méthode de travail à base communautaire a été privilégié afin de faire participer au mieux la population locale et ce, par le biais du focus-group. L’objectif est de faire sortir le profil de risque de la commune d’Antogomena-Bevary tout en mettant en lumière les vulnérabilités auxquelles elle fait face. La plupart des gens enquêtés ont déclaré qu’aucune description que ce soit en image ou par carte des risques n’a été faite jusqu’à présent. Le focus-group a fait ressortir les cartes basées sur les vécus de la population locale. Les cartes en question reflètent bien évidemment les zones à risques aux inondations comprenant les zones d’habitations, les plaines ainsi que les infrastructures communautaires. A titre d’illustration, les cartes suivantes montrent à titre d’illustration les cartographies des risques des fokontany d’Ambato-Mahavavy et de Bemokotra, qui figure parmi les fokontany touchés par les inondations (on retrouve en annexe les cartes communautaires des risques par fokontany établies par la population ainsi que les cartographies des risques réels pour tous les fokontany).

Carte 4 : Carte des risques d’inondation dans le fokontany d’Ambato-Mahavavy

Source: Google Earth Pro / Auteur, 2020.

58

Le fokontany d’Ambato-Mahavavy borde le fleuve de Mahavavy et se trouve près de la brèche qui a entraîné les inondations de Janvier 2020 sur toute l’étendue de la commune. Il se trouve à environ 6 kilomètres du chef-lieu de commune et se trouve au front de l’exposition aux inondations par rapport à ses fokontany frères.

Le fokontany de Bemokotra fût également victime des inondations ; celui-ci se situe un peu plus au Nord du chef-lieu de commune et est lié à elle par une seule piste, entièrement sous les eaux durant les inondations. La cartographie a permis d’affirmer qu’il est également situé dans une zone inondable tout autant que ses confrères.

Carte 5 : Carte des risques d’inondation dans le fokontany de Bemokotra

Source: Google Earth Pro / Auteur, 2020.

Presque toutes les infrastructures du fokontany ont été sous les eaux ; l’accessibilité se fait par la seule piste en terre qui relie le chef-lieu de commune aux cinq autres fokontany situé au Nord dont Bemokotra. La communication terrestre coupée engendre de sérieux problèmes sur tous les plans.

59

2.2.2. Analyse de la vulnérabilité par secteur

a. Vulnérabilité agricole

Basé sur les risques d’inondation pesant sur la localité et d’après les faits sur les inondations récentes, le secteur agricole figure parmi les plus touchés par les eaux. En effet, le secteur agricole est le garant de la sécurité alimentaire de la zone mais surtout de l’accès à l’emploi des 92% de la population90 ; de ce fait, il figure parmi les vulnérables surtout face aux inondations. La commune compte 7.447 hectares de terres cultivables91, qui sont aménagées en ferme de canne à sucre (2.613 Ha) et en rizières (1.459 Ha) à la base de la production agricole de celle-ci92. 1.459 Hectares sont aménagés en rizières produisant 2.918 Tonnes de paddy et ayant pour output 1.896 Tonnes de riz blanc93. La commune possède également 3.375 hectares aménagés en zone de cultures sèches : manioc, maïs et patate douce. En effet, 60% des personnes enquêtées au niveau des cinq fokontany ont déclaré être des agriculteurs, ce qui montre la prépondérance du secteur agricole dans l’économie. Presque 10% des travailleurs employés au sein de Ouest Sucre Complant sont également des agriculteurs et ce, ayant pour contrat saisonnier (travaillant durant la période du travail de la terre des cannes à sucre et la récolte).

Graphe 3 : Répartition par catégorie socio-professionnelle

CSP

100% 60,94% 50% 9,38% 10,94% 9,38% CSP 1,56% 6,25% 1,56%

0% Répartitionenpourcentage des

Source : Auteur, 2020.

90 GIZ, M2PATE & REGION BOENY, 2015, Schéma d’Aménagement Communal – Région Boeny, District Mitsinjo, Commune Antongomena-Bevary, p.62. 91 GIZ, M2PATE & REGION BOENY, 2015, op.cit., p.24. 92 GIZ, M2PATE & REGION BOENY, 2015, op.cit., p.55. 93 GIZ, M2PATE & REGION BOENY, 2015, op.cit., p.45. 60

Durant les inondations, toutes les cultures sont sous les eaux, ce qui porte préjudice à l’économie agricole car celle-ci d’après les données et surtout selon les affirmations constituent les principales sources d’activité et de revenu. Les terres cultivables ont été ensevelies par les eaux, et même une fois asséchées, elles ont été ensablées ce qui rend presque infertiles les terres cultivables. Le calendrier saisonnier établi durant le focus-group montre à quel point l’activité agricole a été perturbé par les inondations. Car pour toutes les cultures qui sont mis en terre durant la saison pluviale de Novembre à Avril, les inondations de Janvier ont détruit entièrement ces dernières. Les survivants, s’ils y avaient eu, ont été d’un rendement très faible. Les produits vivriers comme le manioc, les patates douces, le « Vary Asara », le « Vary Atriatra » sont tous perdus à la suite des inondations de Janvier car ces derniers sont mis en terre vers le début du mois de Novembre de l’année N pour être récoltés au mois de Mars de l’année N+1.

Tableau 5 : Calendrier saisonnier Cultures / Mois J F M A M J J A S O N D Riz « Jeby » « Asara » « Atriatra » Manioc Patate douce Source : Auteur, 2020.

N.B : Les parties hachurées en rouge correspondent aux mois impactés par les inondations de Janvier 2020. (Cf. Annexe 9) pour une brève description des types de cultures de riz.

D’après le SAC, les fokontany d’Antongomena-Bevary et de Bemokotra sont les plus producteurs de riz parmi tous les fokontany. Selon les interviews effectuées, chaque ménage possède en moyenne 1 à 2 hectares avec un rendement moyen de 2 tonnes de paddy par hectare. Si on prend les cinq fokontany les plus touchés, on a un total de 1.280 hectares de surfaces rizicoles cultivables. Donc, environ 2.560 tonnes de paddy ont été perdus à cause de l’inondation.

Les travailleurs saisonniers d’Ouest Sucre Namakia ont également souffert d’autant plus qu’au même titre que les agriculteurs, ils ont subi une période de soudure et de famine. La reprise

61 d’activité demeure encore lente, même après la baisse des eaux, car, presque tous les travailleurs saisonniers n’ont pas encore retrouvé le chemin du travail car la saison de la récolte a été entièrement gâchée. Le nombre de personnes travaillant à la société Ouest Sucre Complant ne serait-ce que pour le secteur d’Antongomena-Bevary n’a pas été obtenu compte tenu de la confidentialité des données. A noter que la culture de la canne à sucre depuis sa mise en terre jusqu’à sa maturité dure toute une année ; ceci dit, la mise en culture commence l’année N, et la croissance dure toute une année, et donc, la récolte se déroule l’année N+194. Donc les cannes à sucre mises en terre l’année 2019 ont été gâchées par l’inondation de Janvier 2020. Les plantations qui ont survécu à l’inondation ont subi une baisse de rendement.

Les denrées alimentaires ont connu une hausse des prix qui pèse déjà sur l’économie des ménages déjà amputées par les pertes agricoles. D’autant plus que l’approvisionnement venant des communes voisines et surtout de Mahajanga est quasiment coupé du fait de l’impraticabilité de la route. Ce phénomène favorise le développement des marchés noirs et surtout de l’inflation.

Graphe 4 : Les problèmes issus des inondations

Problèmes issus des inondations

12% 11% Destruction agricole 14% 19% Destruction d'habitat 2% Famine Insécurité alimentaire 42% Perte agricole Perte d'emploi

Source : Auteur, 2020.

Selon les résultats des enquêtes ménages effectuées au niveau des cinq fokontany les plus touchés, 42% des ménages enquêtés ont déclaré avoir été frappés par la famine, et en complément des pertes en termes de superficies agricoles, 14% des ménages ont déclaré avoir accusé des

94 D’après les interviews auprès du responsable de la ferme de Complant basé dans le secteur de Beronono au niveau du fokontany de Mangatsiaka. 62 pertes agricoles contre 12% pour ce qui est des pertes d’emploi. Le problème de famine est surtout courant en période de pluie autant qu’en période d’inondation, car la plupart des personnes de la commune n’ont pas de grandes quantités en termes de réserve alimentaire de long terme. Le dilemme est que la population constitue un stock de riz après la récolte et qui est consommé jusqu’à la prochaine récolte. Alors que l’inondation de Janvier a détruit la récolte, les stocks ne sont plus suffisants pour tenir le cap, d’où la plupart des ménages procèdent à une stratégie d’adaptation négative (prêt, décapitalisation ou sont en proie à l’insécurité alimentaire). A noter que la commune elle-même n’a pas de grenier communautaire. Les personnes qui ont des réserves eux par contre, spéculent sur les prix rendant encore plus difficile la situation car déjà l’inflation mine la société à cause de l’inondation.

En somme, la localité d’Antongomena-Bevary prise dans son ensemble à l’exception des fokontany situés en bord de mer (Morafeno-Kingany, Boeny Aranta, Anjiamaloto) sont vulnérables aux inondations ; car le secteur agricole garant de l’accès à l’alimentation et surtout de l’accès à l’emploi et source de revenu est très à risque aux aléas hydrométéorologiques.

b. La vulnérabilité des infrastructures et de l’habitat

L’infrastructure est également vulnérable aux inondations, car d’après les cartes développées, la localité dans son ensemble à une altitude moins élevée ; en d’autres termes, presque les 90% du territoire communal est situé en zone inondable.

Graphe 5 : Type d’habitat

Type d'habitat

100% 56,25% 50% 20,31% 10,94% 10,94% 1,56% 0%

destypes d'habitat AUTRES BANTY + SATRANA TERRE TÔLE

FALAFA CUITE Répartitionenpourcentage Type de matériaux de construction

Source : Auteur, 2020.

63

La plupart des cases d’habitation sont faites à 56% de satrana, ce qui est l’arbre dominant dans le district et même au sein de la région Boeny (Cf. Graphe 5). Le reste étant soit en falafa soit en terre cuite. A noter que les 20% sont en général des maisons faites en pierre pour les employés de Complant. Les cases en terre cuite sont les plus vulnérables aux inondations, car ces dernières ont été dissoutes durant les inondations ne laissant que les poutres en bois. Pour le cas des cases en satrana et en falafa, elles sont plus résistantes mais n’ont pas empêché l’entrée des eaux à l’intérieur détruisant les meubles et équipements des ménages (Cf. Annexe 2, Photo 6). Pour les ménages vivant en zone basse et inondable, cela constitue un sérieux problème car la présence des eaux à l’intérieur des maisons perturbe la vie quotidienne. Déjà les sources de revenu sont un problème car liées à l’arrêt des activités agricoles et socio-économiques en général ; la reconstruction est encore plus difficile faute de revenu, ce qui accentue encore plus la vulnérabilité post-inondation.

La route est aussi source de vulnérabilité pour la population durant la saison pluviale mais surtout durant les inondations. La RNT19 est une source de potentialité pour la commune car elle la traverse en plein cœur et la lie aux autres communes autant qu’elles lient les districts de Mitsinjo, de Soalala et de Mahajanga. En période sèche, la route est praticable, toutefois en période de pluie, la traversée est rude. Lors des inondations, elle est entièrement coupée au niveau de la commune car celle-ci devient un îlot au milieu des eaux ; tandis que la route disparaît. Les frais de transport se chiffrent à 10.000 Ariary qu’importe la destination que ce soit pour atteindre Mitsinjo ou pour aller à Katsepy. En période de pluie, ils montent à 50.000 Ariary voire plus, car la route est en très mauvais état d’autant plus qu’il faut 7 à 8 heures de temps pour parcourir les 54 km (Katsepy à Antongomena-Bevary) s’il faut juste 2 heures en période sèche (Cf. Annexe 6). En période cyclonique et d’inondation comme celle de Janvier, tout transport terrestre est impossible. Les pertes autant pour les transporteurs que les voyageurs sont élevées ; cela favorise également l’inflation au sein de la commune faute d’approvisionnement. Les spéculations surtout au niveau des vedettes et pirogues, seuls moyens de transport, sont favorisés, car selon les ménages enquêtés, les propriétaires de ces dernières montent les frais de transports à 20.000 Ariary par personne ; ce qui rend encore plus vulnérables aux inondations les ménages et personnes ayant un besoin urgent de se déplacer. Pour le cas des pistes menant vers les autres fokontany, elles doivent se faire à pied ou à bicyclette et sont impraticables en période d’inondation et de pluie.

64

Quant à la communication téléphonique, le réseau d’Orange Madagascar est le plus répondu en terme d’utilisation par la population ; 86% des personnes enquêtées auprès des cinq fokontany les plus touchés l’utilisent au sein de la commune (Cf. Graphe 6). Le réseau TELMA est aussi répandu mais sa couverture est quelque peu moins bonne que celui d’Orange. En dépit de cela, la communication est vulnérable surtout en période cyclonique et de forte pluie, car elle est complètement coupée, rendant la localité encore plus isolée qu’elle ne l’est déjà à cause des inondations.

Graphe 6 : Usage de la téléphonie mobile

Usage de la téléphonie

100% 85,94%

50% 14,06%

0%

AUCUN ORANGE

Répartitionenpourcentage de l'usage l'usage detéléphonie la mobile Opérateur téléphonique

Source : Auteur, 2020.

Les infrastructures et surtout les habitats sont très vulnérables aux inondations au sein de la commune. Ces infrastructures manquent d’entretien ou sont en mauvais état et constituent bien évidemment des facteurs de vulnérabilités aux aléas comme l’inondation.

c. La vulnérabilité environnementale

Les questions environnementales sont au cœur des défis même au niveau de la commune car il y a certaines activités génératrices de revenus qui sont issues de mère nature à savoir : la coupe du bois, l’exploitation agricole des terres et même l’usage de l’eau pour diverses tâches.

Les ménages qui vivent au sein des fokontany proches du fleuve cultivent aux abords de la digue de Mahavavy. Ils ont défriché la plupart de la rive droite de Mahavavy qui autrefois était couverte de forêt comme l’est encore l’autre rive (celle de gauche). Pour des soucis de survie,

65 leurs actions les exposent aux inondations et accroissent leur vulnérabilité car la berge sur laquelle, les ménages cultivent s’érode petit-à-petit, ce qui est à l’origine des brèches lors des fortes crues de Janvier 2020. Les racines des arbres qui les ont protégés et renforcés ne sont plus, même la pluie peut entraîner une érosion des berges de la rive droite (Voir photo 2).

Photo 2 : Vue de la rive gauche depuis la rive droite

Source : Auteur, 2020.

On aperçoit sur la photo ci-dessus que la rive gauche est encore boisée, ce qui renforce sa protection face aux érosions et aux crues.

La population pratique encore la coupe illicite des arbres pour avoir du charbon, des savanes ou des zones d’habitation ; toutefois, ces actes bien qu’étant une activité de survie pour certains ménages qui y vivent, détruisent l’environnement. D’après le SAC, la commune a une couverture forestière de 6.645 hectares mais qui est en déclin car 4.937 hectares sont en proie à la dégradation95. La dégradation la plus importante demeure les feux de brousse « Tavy » qui sont utilisés par la population pour augmenter les surfaces défrichées et cultivables. Ces feux se produisent surtout en période sèche (de Juin jusqu’à Décembre). A noter que le fokontany de Bemokotra recèle la plus grande couverture forestière de la commune en terme de superficie soit

95 GIZ, M2PATE & REGION BOENY, 2015, op.cit., p.57. 66

1.070 hectares96, mais c’est aussi le plus touché par les feux à côté du fokontany de Boeny- Aranta. La destruction des couvertures forestières s’accompagne aussi de la destruction des habitats faunistiques, car selon le SAC, la commune possède des espèces endémiques comme les lémuriens (Sobaky, Sidy, Tsibahakà), les sangliers, les cryptocroptes sauvages (Jaboady), les pintades, les « Akohoala » voire même des faucons et des couas etc97., qui constituent un potentiel pour des projets de tourisme local.

d. La vulnérabilité économique

Le domaine économique est le plus vulnérable aux inondations car elles ont renforcé les problèmes tels que l’inflation et le chômage au sein de la localité. La vulnérabilité économique due aux inondations est le résultat de l’agrégation des pertes issues des autres secteurs vulnérables cités plus haut.

Concernant le domaine agricole, presque toutes les cultures ont été gâchées cette année selon les ménages enquêtés, ce qui engendre de sérieux problèmes en termes d’insécurité alimentaire menant même à une période de famine pour les ménages les plus pauvres. En effet, la destruction des cultures entraîne une inflation car si on prend le prix du riz en terme de kapoaka, en période de récolte, le kapoaka du riz est de 400 Ariary, en période d’inondation comme celle- ci, il grimpe à 600 Ariary voire même plus. Le stock des ménages durant la saison de récolte précédente étant à sec, le ménage pratique déjà la décapitalisation en vendant sur le marché les animaux domestiques pour avoir du riz ou effectue un prêt (d’argent ou de riz) auprès des familles et amis.

Le transport terrestre étant, comme on l’a dit, coupé pendant les inondations car la commune se transforme en un îlot, tout ravitaillement extérieur est impossible, ce qui fait développer le marché noir et véhicule toute sorte de spéculation sur le prix des PPN. La plupart des ménages enquêtés auprès des cinq fokontany les plus touchés par l’inondation sont des employés de la société Complant Ouest Sucre avec un contrat saisonnier, sont au chômage du fait de la destruction des cultures et la montée des eaux. Les agriculteurs eux aussi ont souffert car les terres de cultures sont sous les eaux ; et même après la baisse des eaux, les terres sont presque incultivables ou ont de faibles rendements. La plupart des agriculteurs n’ont pas accès aux

96 GIZ, M2PATE & REGION BOENY, 2015, op.cit., p.59. 97 GIZ, M2PATE & REGION BOENY, 2015, op.cit., p.59. 67 engrais et semences pour pouvoir accroître les rendements car ils sont inaccessibles en termes de prix et de disponibilité. Le manque d’emploi diversifié est une des grandes difficultés de la commune car les emplois disponibles sont dans le domaine de l’agriculture. Le graphique 7 nous montre la répartition de l’activité dans le secteur primaire dominé par l’agriculture et l’élevage ; c’est pour cette raison que l’économie locale est une économie agricole.

Graphe 7 : Les répartitions des activités socio-économiques dans le secteur primaire dominant

Répartition activité socio-économique 100%100% 100% 100% 100% 80% 75% 75% 60% 60% 60%

40% 50% 35%

économiquesdans 25% - 20% 20% 5% 5%

0% le secteur le primaire

Fokontany Pourcentagedes activités socio

Agriculture Elevage Pêche

Source : Auteur, 2020.

Le graphe 7 montre la diversité des activités agricoles par fokontany ; ceux proches des côtes comme Morafeno-Kingany et Boeny-Aranta pratiquent en majeure partie la pêche ; ceux qui sont concentrés au centre comme Mangatsiaka, Antongomena-Bevary, Boeny-Doany et Bevary sont à la fois des zones pratiquant l’agriculture et l’élevage. Ces données sont renforcées par le SAC qui affirme qu’environ 92% de la population travaillent dans le secteur agricole,

68 l’élevage et la pêche contre 8% dans d’autres secteurs comme le commerce, le transport, l’artisanat, les activités de décortiquerie98.

Conclusion du troisième chapitre

La saison cyclonique 2019 – 2020 a été une saison active pour Madagascar, notamment pour les régions du Nord et Nord-Ouest qui ont reçu de fortes quantités de pluies. Les conséquences sont des inondations et crues de forte ampleur. La commune rurale d’Antongomena-Bevary ne fut pas épargnée par les pluies, d’autant plus qu’elle a subi une inondation qui a paralysé la localité pendant presque deux (2) mois. L’analyse de la vulnérabilité par secteur a permis de faire sortir les points qui rendent la commune vulnérable aux inondations. De par ces études, on a pu dresser un état des lieux plus ou moins clair de l’impact de la saison pluvieuse et cyclonique au niveau de la commune. Le chapitre suivant, qui est le dernier également, consistera à approfondir les faits constatés dans ce troisième chapitre afin d’apporter des solutions pour contribuer à la réduction de la vulnérabilité aux inondations de la commune.

98 GIZ, M2PATE & REGION BOENY, 2015, op.cit., p.62. 69

CHAPITRE 4 : Perspectives de la gestion des risques d’inondation dans la commune d’Antongomena-Bevary

Comme la commune est largement exposée au risque d’inondation, la compréhension des risques et surtout l’analyse de la vulnérabilité a fait ressortir à la fois les faiblesses mais aussi les opportunités qu’elle recèle surtout en termes de potentiel de développement et de croissance. Notre approche actuellement est d’arriver à proposer des stratégies et solutions pouvant contribuer à réduire la vulnérabilité et par là les risques d’inondation. Pour cela, on va opter pour deux approches : dans une première section l’approche participative et dans une seconde section l’approche pratique et opérationnelle.

Section 1 : Solution participative pour la réduction de la vulnérabilité et des risques d’inondation

L’analyse de la vulnérabilité a permis d’identifier et de comprendre à la fois les défis auxquels la localité fait face lors des inondations et les saisons cycloniques. Cette analyse a été une occasion de démontrer à travers l’évaluation au niveau de chaque secteur, les pressions qui pèsent sur la vie sociétale quotidienne. Pour pouvoir en rechercher des solutions, nous avons opté pour la méthode participative, et, c’est l’objet des sous-sections suivantes. La première sous- section va chercher à évaluer les problèmes et défis face aux inondations ; quant à la seconde, elle sera axée sur la détermination des solutions.

1.1. Analyse des problèmes

La détermination des facteurs de vulnérabilité réalisée plus haut (Voir Partie 2 – Chapitre 1) a fait ressortir les causes profondes entraînant la vulnérabilité de la localité face aux inondations. Les problèmes relevés ci-après retracent les grands points qui devront faire l’objet de traitement pour arriver à réduire la vulnérabilité et impulser en même temps un processus de développement.

70

Image 6 : Arbre des problèmes - Impacts

Source : Auteur, 2020.

Les problèmes peuvent être répartis par secteurs :

1.1.1. Pour le secteur socio-économique Les participants ont relevé des défis notamment concernant le partenariat avec la société Complant Ouest Sucre. Le partenariat est à sens unique, car la société est très dominante économiquement et administrativement. La population dénonce même une exploitation de celle- ci, si on prend comme exemple le traitement des salariés qui ne sont pas rémunérés selon leurs efforts. L’inexistence de service social pour les travailleurs est même dénoncée. D’un côté, Complant travaille avec les petits exploitants afin que ces derniers lui concèdent leurs produits de canne à sucre à l’issue de leur maturation. Mais d’un autre côté, le contrat est souvent inégalitaire entraînant le mécontentement des exploitants. La présence de Complant n’est pas bénéfique pour la population locale, car celle-ci exploite mais n’a aucune part de responsabilité ne serait-ce que sociale envers la localité.

On peut dire que la commune d’Antongomena-Bevary est un grenier pour le district en terme de riz ; mais elle est victime des aléas comme l’inondation de 2020. Ces expositions coûtent cher à l’économie locale qui en dépend fortement. Alors que la commune n’a pas une économie diversifiée, elle est victime des inondations qui entraînent la perte des cultures et par- là, entraînent une perte d’emploi, une inflation galopante à cause de l’insuffisance des produits

71 agricoles et alimentaires. Tout cela conjugué peut mener à long terme à une insécurité alimentaire et peut aussi favoriser les actes de banditisme.

Le secteur social est également sous-développé et à risque face aux inondations. La raison en est qu’il n’y a qu’un seul CSB pour toute la commune qui se trouve dans le chef-lieu de commune. Ce CSB ne dispose même pas de médecin mais juste d’un infirmier, pour dire vrai, la commune n’a qu’un infirmier pour 20.000 personnes. Les évacuations sanitaires diverses et autres opérations nécessitant une intervention chirurgicale n’est possible qu’à Mahajanga, mais encore là la route et le transport sont les facteurs bloquants. La route, elle, n’est pas accessible en temps de pluie ; et si elle est accessible, il faut beaucoup de temps pour se rendre à Mahajanga car il n’y a qu’un seul voyage par jour pour y aller et cela se fait de très bon matin vers 3 à 4 heures du matin. Les conditions à bord des transports ne sont pas des plus faciles pour pouvoir assurer une évacuation dans de bonnes conditions. Il est tout à fait normal que la qualité de l’offre de santé est médiocre et que les maladies peuvent être favorisées faute de traitement adéquat.

Pour le cas de l’éducation, la commune possède des EPP sur chaque fokontany, et dispose d’un seul CEG dans le chef-lieu de commune. La commune n’a toutefois pas de Lycée, ce qui reflète le fait que la plupart des enfants arrête l’école au niveau secondaire. Le trajet pour aller à l’école s’avère aussi être un calvaire car en moyenne, les élèves doivent parcourir 2 km pour rejoindre les écoles.

L’accès à l’eau est un défi, car presque la majorité de la population puise dans les étangs et fleuve proches des villages, une eau qui n’est pas potable. Cela est à la source des maladies diarrhéiques et la bilharziose etc. Le coût de l’eau concernant l’AEP déjà en place n’est pas accessible pour la majorité de la population.

1.1.2. Pour le secteur de l’aménagement et de l’infrastructure

L’application du code lié à l’infrastructure, ou à l’habitat autant que pour l’aménagement du territoire est quasiment nulle. Auparavant selon les informations recueillies, il y avait un comité en charge des questions foncières mais faute de compétence et de financement, et gangréné surtout par la corruption, celui-ci n’a pas pu fonctionner comme il devrait l’être. Les constructions en zone basse et inondable commencent à proliférer hors du chef-lieu de commune, car dans ces localités, les contrôles règlementaires n’ont pas lieu. Chaque personne fait du mieux

72 qu’il peut pour construire sa maison selon les matériaux dominants dans la zone. Les constructions commencent à vieillir notamment pour les écoles ou les marchés mais malgré cela elles continuent de fonctionner même si le risque est réel.

La route fait partie des grands défis auxquels la commune fait face, même si la route traverse la commune, elle n’apporte pas les fruits du développement escomptés. La ville est simplement un passage obligé pour la commune de Mitsinjo sans qu’elle soit un arrêt pour le commerce.

L’accès à l’électricité est encore loin et surtout avec des coûts inaccessibles. Les seuls ménages qui en bénéficient ne sont autres que les employés de Complant, ces derniers en minorité en bénéficient avec une participation mensuelle. La commune vit encore loin des lueurs de l’électricité, et c’est la raison pour laquelle le réseau téléphonique est encore peu stable dans la commune.

1.1.3. Pour le secteur environnemental

Le défi est encore grand pour ce secteur qui subit les pressions anthropiques les plus fortes pour la simple raison de la survie économique. La population locale pratique encore les cultures sur brûlis pour défricher les terres dans le but d’avoir plus de terres cultivables ; d’autant plus que la régulation concernant la protection de l’environnement est inexistante. La couverture forestière dont la commune est pourtant riche est en train de disparaître petit-à-petit. Le plus à risque est surtout le fait que la population défriche la digue de Mahavavy pour en faire des cultures de bas-fonds ; ce qui érode la digue et affaiblit la protection de la commune face aux crues.

La dégradation des ressources naturelles est flagrante, car les déforestations et les feux de brousse non-contrôlés sont à la source des extinctions potentielles d’une faune et flore pourtant riche et endémique.

Donc en gros, les problèmes au sein de la commune sont multidimensionnels ; autant dire que ces problèmes sont presque d’ordre structurel, et s’accentuent avec l’augmentation en intensité et en fréquence des aléas comme les cyclones et les inondations. Ces problèmes sont les résultats de l’analyse du profil de risque et de vulnérabilité de la commune. Nous allons voir dans la sous-sous-section suivante les solutions participatives avancées par la population locale.

73

1.1.4. Pour le domaine de la GRC

Aucune structure locale de la GRC n’est encore à l’heure actuelle sur place, même au niveau du district, cette lacune est relevée. Lors des catastrophes, la population prend des initiatives comme la relocalisation vers les terres élevées mais cela n’est que temporaire, la situation revient au point de départ à la fin de la saison cyclonique. L’absence d’une structure de coordination est toujours associée à une mauvaise gestion des aides alimentaires venant de la région et/ou du district ; ce qui entraîne en général le mécontentement populaire. Les responsables de la distribution des aides font ce qu’ils veulent des aides sans qu’il y ait un contrôle de la destination de ceux-ci.

Il n’y a ni activité de prévention, ni plan de réponse aux catastrophes au sein de la commune. Les seules activités qui prévalent sont les activités de préparation mais celle-ci sont limitées à la préparation au cyclone et d’après les instructions diffusées sur les chaînes TVM et RNM.

1.2. L’analyse des solutions relatives aux défis structurels et de la vulnérabilité aux inondations

Les principaux problèmes étant définis, la population a elle-même par le biais du processus participatif tiré les solutions pour y remédier. Rappelons-le, les solutions proposées par la population lors de focus-group sont à la fois des stratégies de réduction de la vulnérabilité mais également des solutions aux problèmes structurels de la localité.

Image 7 : Arbre des solutions

Source : Auteur, 2020.

74

1.2.1. Pour le domaine environnemental

La population propose de faire un reboisement et de reverdir la digue et ses environs pour renforcer la protection contre les crues. Il est préconisé que le reboisement se fasse pour prévenir la dégradation de l’environnement pourvoyeur en partie de revenu pour la localité.

La commune veut opter pour une sensibilisation ; dans ce cas, pour assurer un changement de comportement en faveur d’une exploitation optimale et modérée des ressources environnementales. Elle entend aussi préserver les étangs et rivières face aux pollutions, car elle est en connaissance de cause que ces systèmes hydrologiques sont des ressources précieuses pour les activités agricoles et pour les besoins quotidiens.

En ce qui concerne la gestion des déchets et ordures ménagères, la commune entend mener une campagne de sensibilisation en vue de favoriser des pratiques respectueuses de l’environnement.

1.2.2. Pour le domaine agricole

La population avance l’idée d’augmenter les surfaces cultivables afin de pouvoir cultiver davantage. La population prône de renforcer le partenariat avec la société Complant afin qu’elle fournisse des engrais à des prix accessibles à la population pour pouvoir augmenter les rendements agricoles. L’amélioration des termes de ventes des produits agricoles des fermiers au profit de Complant devrait être mise en priorité afin de ne pas pénaliser les petits exploitants.

La commune devrait envisager de créer un grenier communautaire afin de pouvoir faire face aux périodes de soudures pour empêcher les éventuelles situations d’insécurité alimentaire.

1.2.3. Pour le domaine de l’aménagement et de l’habitat

La commune devrait faciliter, selon la population, l’acquisition à la fois de terres pour les habitations mais aussi pour les cultures. Envisager un partenariat avec Complant pour la réhabilitation de la route RNT19 ne serait que plus profitable à tous.

La population souhaite aussi de créer un partenariat avec Complant pour électrifier la commune à un prix accessible à la population locale. La commune devrait remettre en place une commission pour se charger des questions foncières et de prévoir un guichet foncier pour la

75 délivrance des titres fonciers. Une opération de sensibilisation devrait être sur pied pour informer la population concernant les questions d’aménagement et surtout sur les thèmes de la construction en zone inondable.

1.2.4. Pour le domaine socio-économique

La population souhaite davantage une augmentation des investissements dans les infrastructures sociales telles : l’augmentation des points d’AEP pour favoriser l’accès à l’eau potable à un prix accessible ; l’augmentation des CSB2 pour raccourcir les distances avec le système de santé actuel. La population réclame d’un côté, la dotation en médecin ; d’un autre côté, elle réclame aussi la construction d’infrastructure sanitaire supplémentaire pour supporter le système sanitaire existant.

Pour solutionner les problèmes d’insécurité, la population, par le biais de la commune propose de mettre en place une brigade de gendarmerie pour couvrir la commune. La population souhaite renforcer le système de « Dina » afin d’assurer le retour à une sécurité au sein de la localité.

1.2.5. La GRC

La communauté souhaite également augmenter le nombre de canoë, vedette et pirogue en guise de pré-positionnement pour faire face aux inondations, et que ceux-ci soient sous la responsabilité de la commune pour éviter les spéculations en termes de frais de transports. Pour cela, la commune devrait solliciter un partenariat avec d’autres structures autant publiques que privées.

Bien que des sites de relocalisation existent déjà au niveau de chaque fokontany (EPP, églises et maisons des familles et amis), il est nécessaire d’augmenter le nombre de site de relocalisation pour assurer le déplacement de toutes personnes vivant dans les zones à risque au niveau de chaque fokontany. Il est nécessaire de faire des sensibilisations à titre de changement de comportement concernant l’aménagement et l’occupation du sol pour assurer la protection de la société face aux inondations.

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Section 2 : Proposition de stratégie de RRC pour la commune et intégration de la GRC dans le cadre du développement durable

Au fil des analyses, on a pu dégager le profil de risque et de vulnérabilité de la commune, ce qui nous amène à la détermination des propositions applicables pour mieux gérer et réduire les risques d’inondation. Le cadre de Sendai donne les orientations pour la GRC/RRC des inondations et des aléas divers. Pour notre cas, il s’agit maintenant d’incorporer la RRC dans le cadre du développement local. Dans cette suite logique, on va voir dans une première sous- section, les propositions ; et ensuite dans la seconde sous-section, on va aborder la gestion intégrée du bassin versant de Mahavavy en vue du développement local.

2.1. Propositions et discussions sur la réduction de la vulnérabilité

Nos propositions s’inspirent fortement de l’analyse de la vulnérabilité opérée de façon participative. Nous verrons en premier lieu, les propositions, puis en second lieu, on va apporter une brève discussion autour de ces dernières.

2.1.1. Propositions

Pour réduire la vulnérabilité et en accord avec les résultats issus du processus participatif, nous proposons les mesures suivantes en guise de contribution :

Proposition 1 : La création d’un grenier communautaire à gestion participative

L’objectif est de prévenir les impacts négatifs des inondations ou autres aléas hydrométéorologiques comme les cyclones sur les produits agricoles et alimentaires. Historiquement, la population à chaque cyclone/inondation est toujours impactée par des problèmes d’insécurité alimentaire causée par la perturbation des activités agricoles. Pour prévenir cela, la communauté devrait envisager la création d’un grenier communautaire pour y stocker les cultures vivrières comme le riz, le maïs etc. en période normale et pour assurer la sécurité alimentaire en période de soudure.

Pour assurer une bonne gestion des stocks des produits agricoles et la transparence dans le cadre de la distribution, la gouvernance devrait être sous la supervision et le contrôle de la commune, et inclure tous les représentants de la population. Ce grenier devrait-être installé au

77 sein du chef-lieu de commune. Certes, la société Complant a son propre grenier de stockage que la population utilise déjà, mais pour éviter les conflits d’intérêt et toute sorte de traitement inégalitaire, la commune devrait posséder le sien.

Il est même envisagé que le grenier vend les produits agricoles à un prix accessible à la population en période de soudure ou en période cyclonique afin d’assurer la suffisance des vivres de la communauté. Le grenier permettra d’éviter les spéculations sur les prix et empêchera toutes augmentations de prix des denrées et vivres. Les montants récoltés devraient être reversés au budget de la commune afin d’assurer son fonctionnement et ses dépenses courantes. La commune devrait payer sur ces montants, le salaire des gestionnaires en charge du fonctionnement du grenier.

Proposition 2 : Remettre sur place le comité en charge des questions d’aménagement

Le comité en question selon l’Adjoint au Maire a déjà existé mais en raison de la corruption de ses membres, celui-ci a été démantelé. Il serait temps de remettre en marche de telle structure rattachée à la commune pour remédier aux problèmes fonciers au sein de la commune. La structure en question devrait s’occuper de la vérification des papiers des demandeurs d’immatriculation de leurs terres, voire même du suivi concernant les terrains aménageables et inondables. Elle aura comme charge également de faire :

 Des opérations de plaidoirie et de sensibilisation auprès de la population sur les questions de la construction en terres hautes ;  De veiller à l’application d’éventuel code de construction ;  D’organiser des réunions communautaires pour discuter sur les types de construction résiliente aux chocs. La commune devrait faire en sorte que les membres de la structure soient choisis de façon inclusive (l’appel devrait se faire durant les réunions communautaires et devrait inclure les représentations de chaque fokontany). En gros, ce comité se chargera de veiller à assainir l’aménagement et donc l’occupation du sol afin de réduire les constructions en zone à risque d’inondation.

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Proposition 3 : Procéder à des opérations de reboisement et création de VOI pour l’environnement La commune devrait entamer des opérations de reboisement afin de lutter contre la dégradation des zones sensibles comme les abords de la digue Mahavavy mais aussi au niveau des flancs de collines afin de lutter contre les impacts du changement climatique.

La création de « Vondron’Olona Ifotony ou VOI » qui pour l’instant n’existe pas au niveau de la commune est souhaitée afin de lutter contre les feux de brousse qui gagnent du terrain. Ces VOI environnementaux devront avoir comme responsabilité de faire des sensibilisations à ce sujet et de procéder à la surveillance et le suivi de l’état des zones forestières au sein de la commune contre tout type de dégradation environnementale. Il est nécessaire de disposer des VOI au sein de chaque Fokontany pour pouvoir couvrir toute la juridiction de la commune.

Concernant les coupes de bois pour utilité quotidienne comme le charbon, la construction de maison etc., la population locale devrait se référer au VOI afin d’assurer une bonne régulation sur l’utilisation du bois dans la commune et afin d’éviter la coupe massive et illicite. Le travail le plus urgent serait de reboiser la digue de protection bordant le fleuve de Mahavavy afin de le renforcer pour enrayer les érosions.

Proposition 4 : Mise en place d’une structure locale de la GRC La commune devra voir avec le district de Mitsinjo les modalités de mise en place de structure de GRC au niveau de la commune et au niveau des fokontany afin de faciliter la mise en place de plan d’action en cas d’urgence. La nécessité de ces discussions est de faciliter la coordination et le partage d’information. La commune devrait faire appel à des volontaires venant de la population pour composer la structure communale de GRC et aussi les ELS au niveau des fokontany.

Pour le cas de la CCGRC, la structure communale de GRC n’existe pas encore au sein de la commune, le Maire devrait faire appel à tous les représentants de la commune pour la composer : les chefs fokontany, leurs adjoints et les chefs secteurs. Les représentants sectoriels locaux doivent également en faire partie : ceux de la santé, de l’éducation et des représentants de la population. La CCGRC devrait être le point focal du BNGRC au sein de la commune et la

79 structure de coordination pour gérer les urgences au sein de la commune. Elle sera la correspondante de la CDGRC de Mitsinjo pour relayer les informations verticalement.

Les ELS devront être composées des représentants du peuple au niveau de chaque fokontany afin de constituer les équipes opérationnelles sur le terrain pour assurer l’évaluation des dégâts, des pertes en cas de catastrophes. Ces équipes auront la charge d’assurer l’évacuation des personnes vivant en zone à risque en cas de catastrophes et d’assurer la distribution efficace des aides de toutes sortes. Les ELS devront assurer la remontée des informations sur terrain en direction de la CCGRC mais devraient relayer les informations vers les populations des fokontany.

Proposition 5 : Procéder à la recherche de partenariat pour le développement de la commune La commune devrait rechercher des partenariats économiques avec des acteurs économiques au sein de la ville de Mahajanga pour pousser son développement. En effet, la commune n’est pas très développée à l’heure actuelle, et n’est qu’un passage pour ceux en direction de Mitsinjo et de Soalala sans réel impact sur l’économie de la commune.

Le partenariat devrait commencer avec Complant Ouest Sucre, car actuellement il n’y a pas de contrat gagnant-gagnant avec celle-ci. La commune devrait entamer des pourparlers avec Complant et si nécessaire avec l’aide du district pour pouvoir tirer des bénéfices à la fois sur le plan agricole, économique et social. Il s’agit d’éclaircir les termes de partenariat afin que la population puisse participer équitablement au développement de la société tout en ayant des retombées pour la commune comme les créations d’emploi durable, une aide sociale, ainsi que le placement des redevances d’exploitation de Complant au sein des caisses de la commune.

La Commune peut être également un grenier pour le district grâce à son potentiel agricole, il suffit de développer aussi un partenariat dans ce sens pour augmenter la production agricole de la localité.

Proposition 6 : Stratégie d’urgence mise à disposition rapide d’aide alimentaire En attendant la mise en place des mesures de long terme comme la mise en place de grenier alimentaire, il est nécessaire d’opérer des mesures d’urgence comme les distributions alimentaires pour soutenir les ménages contre la famine dû à l’indisponibilité des cultures à cause de l’ensablement et l’inondation des zones de cultures.

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Pour cela, la commune devrait solliciter les aides des instances du district et de la région pour que ces derniers l’aident à la recherche de partenaire et du BNGRC pour l’obtention d’aide alimentaire. Puis dans un second temps, d’évaluer le nombre de ménage n’ayant pas d’activité génératrice de revenus autre que l’agriculture et de les classer prioritaires en termes de vulnérabilité aux manques de moyens de subsistances. Les aides alimentaires doivent être limitées dans le temps et concerneront principalement les PPN.

En même temps, des actions HIMO doivent être menées en parallèle à la période de distribution de vivres pour procéder aux opérations de désensablement et d’assainissement des canaux d’irrigation. La commune devrait demander coopération avec la société Complant pour fournir assistance technique et semences et engrais afin d’assurer le relèvement de l’agriculture des petits exploitants.

L’acheminement de l’aide devrait s’arrêter une fois que les conditions agricoles seront rétablies ; à cette échéance, le grenier communautaire devrait être sur pied et fonctionnel.

2.1.2. Discussions relatives à la pertinence des propositions Les propositions précédentes constituent des avancées majeures pour la réduction de la vulnérabilité non seulement aux inondations mais aussi face aux impacts que peuvent avoir l’inondation sur la communauté. Pour bien asseoir les propositions, on a choisi de les présenter dans le cadre de l’analyse SWOT afin que ces dernières puissent réellement contribuer à la réduction de la vulnérabilité aux inondations (Voir tableau 6 en annexe).

a. Justification de l’étude et validation – infirmation des hypothèses de travail L’étude a été motivée par le fait que la commune est vulnérable aux inondations car chaque année, elle en subit les conséquences. Ce que la population a remarqué, c’est que les inondations ont une période de retour de 10 à 15 ans en moyenne. C’est en partie vrai, mais il reste que les périodes de forte crue peuvent se produire à n’importe quel moment surtout durant les saisons cycloniques et / ou de pluie.

Pour le cas de la commune, on a remarqué que les inondations sont dues en grande partie par la brèche ou le dépassement de la digue de Mahavavy, dont les eaux peuvent atteindre des dizaines et des dizaines de kilomètres au sein de la commune. On peut apercevoir par le biais des données présentées plus haut que la population en subit les conséquences. Elle est vulnérable aux

81 inondations, si elle ne l’était pas, il n’y aurait pas des centaines voire même des milliers de sinistrés au niveau des six (6) fokontany sur les neuf (9). Même si la commune est à faible altitude et dominée par de vastes plaines rizicoles, la population persiste à habiter sur leurs terres qui sont inondables en grande partie. La raison est purement simple, elle habite là depuis des décennies, sur les terres de leurs ancêtres pour les uns, et pour être proches de leurs terres de cultures pour les autres.

La population est très attachée à leurs terres car leurs identités y sont ancrées ; donc la question se pose : Ignore-t-elle les risques ou fait-elle semblant de les ignorer ?

La réponse est toute autre, car la population a déjà affronté les cyclones comme Gafilo et Elita (2004) ou Kamisy (1979) qui ont provoqué des inondations de la même intensité que celle de Janvier 2020. Elle en est consciente, la raison, elle a déjà été évoquée plus haut : leurs héritages familiaux, leurs identités sont là sur les terres inondables comme beaucoup de ménages dans les quatre coins de Madagascar. Elle préfère mourir que perdre ses biens.

Donc, la première hypothèse posée comme quoi : « il y a une dualité entre les modes de vies, pratiques sociales, les us et coutumes et l’exposition aux risques sources de vulnérabilité », a été bien définie.

Le focus-group réalisé a permis à la fois de faire participer la population à la détermination des risques qui leur incombent et ont permis aussi de faire ressortir les solutions permettant de réduire la vulnérabilité auxquelles, la communauté fait face. On a pu découvrir par- là que la vulnérabilité entraîne des impacts. Bien évidemment, la détermination de ces impacts a pu être possible grâce à la détermination des causes structurelles de la vulnérabilité.

La plus-value de l’étude est que nous avons été enrichis par la compréhension de la vulnérabilité face aux inondations de la commune ; mais cela a permis à la population de comprendre d’elle-même les risques qui pèsent sur eux afin de les responsabiliser. Au final, ce sont eux les grands gagnants car au-travers de cette étude, la communauté a pu bénéficier d’un renforcement de capacité sur la GRC.

On a pu, par là même occasion, valider la seconde hypothèse posée : « L’implication de la communauté dans l’analyse et l’identification des facteurs de vulnérabilité permet de les responsabiliser face aux risques d’inondations ».

82

b. Priorisation des propositions d’après leurs importances La présente priorisation se veut répondre aux questions suivantes afin que les propositions puissent bien répondre aux défis que représente la réduction de la vulnérabilité face aux inondations, à savoir :

 Quelle est la suggestion la plus prioritaire parmi celles proposées ?

Etant donné que la commune est exposée aux inondations, la mieux indiquée est de mettre en place au sein de la commune des stocks de prépositionnement de façon à activer rapidement les secours et les aides en cas d’urgences (de catastrophes). Cette suggestion implique de mettre en place également les structures locales de Gestion des Risques de Catastrophes afin de coordonner les actions en cas de crise et de mobiliser les acteurs locaux en vue de sauver des vies, sans pour autant attendre les aides venant de la Région ou du District. Cela nécessite toutefois, un renforcement de capacités afin de répondre au mieux aux chocs ; et donc, devrait impliquer l’intervention d’acteur externe à la commune comme les ONG et le BNGRC.

 Quelle est la suggestion la plus difficile à mettre en œuvre ?

La réduction des risques d’inondation ne pourrait trouver son fondement que dans le cadre de l’élimination de la source principale du risque qui n’est autre que l’aménagement en zone inondable. Avec 89% de zone aménageable mais située en zone inondable99, le risque d’inondation est plus qu’élevé dans cette vallée où se situe la commune d’Antongomena-Bevary. De ce fait, pour éliminer le risque, la population locale devrait délaisser les zones inondables, ce qui reste un fait complexe. Pour une simple raison, la proximité des terres cultivables aux terrains d’habitation reste l’unique raison de l’attachement aux zones inondables, des terrains qui ont déjà appartenu aux gens depuis leurs ancêtres. Pour pouvoir mener à bien les opérations de relocalisation définitive, une approche intégrée devrait être mise en œuvre par la mairie, notamment la redynamisation du guichet foncier. Ce dernier devrait avoir la lourde tâche de plaidoyer auprès de la population locale concernant la nécessité de construire en hauteur, mais également de lancer les procédures de sécurisation foncière. Il est nécessaire que les questions de relocalisation puissent s’opérer par le biais de dialogue et de concertation entre les communautés concernées et les responsables de la mairie.

99 GIZ, M2PATE & REGION BOENY, 2015, op.cit., p.45. 83

2.2. La gestion intégrée du Bassin Versant de Mahavavy comme outil de RRC locale Le bassin-versant de Mahavavy constitue à la fois une source de floraison socio- économique pour la commune, mais est aussi une menace. Les bienfaits que fournit le bassin pour l’agriculture, pour l’assainissement et la fourniture d’eau, mais aussi en terme de ressources forestières fait qu’il doit être préservé de toute surexploitation pouvant exposer la commune et ses fokontany aux inondations et autres risques.

La commune devrait mettre en place un système intégré permettant l’exploitation optimale des ressources naturelles et particulièrement les ressources forestières et les ressources en eau afin d’éviter toute dégradation comme la déforestation, les érosions au niveau des digues etc. La commune devrait entamer des discussions participatives et inclusives, afin de déceler des modalités de gestion communautaire à travers lesquelles la population locale puisse bénéficier des ressources naturelles tout en préservant et en réduisant les risques. Si nécessaire, la commune devrait introduire un système de payements pour services environnementaux afin de préserver le bon fonctionnement de l’écosystème tout en satisfaisant les besoins socio-économiques.

84

Conclusion du quatrième chapitre

L’analyse de la vulnérabilité faite précédemment dans le troisième chapitre a servi de base pour cerner les difficultés auxquelles fait face la commune d’Antongomena-Bevary en période de cyclone –inondation. L’approche participative par le biais du focus-group a permis de déceler et de conforter avec la population locale les solutions les plus à même de contribuer à réduire leurs vulnérabilités face aux inondations. Nos propres propositions confortent les solutions concertées avec les participants au focus-group. De ce fait, nous aurons contribué à la réduction de la vulnérabilité et même à la réduction des risques de catastrophe pour le cas de la commune.

CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE

Pour synthétiser, la partie empirique a permis de faire un état des lieux concernant la saison cyclonique 2019 – 2020 et de voir l’impact des inondations au sein de la commune rurale d’Antongomena-Bevary. La première partie a servi de base théorique pour la compréhension des concepts relatifs aux risques de catastrophes. La seconde partie, a mis en pratique ces connaissances théoriques pour démontrer la vulnérabilité de la commune aux inondations. Les facteurs de vulnérabilité tirés ont permis de déceler les principaux défis nécessitant des solutions plus ou moins concrètes pour réduire la vulnérabilité et les risques. Les travaux sur terrain avec les participants locaux ont aidé à la détermination de ces solutions qui pourront servir de base pour toute étude ultérieure voire même pour toute intervention d’urgence.

85

CONCLUSION

En guise de synthèse générale, nous tenons à faire remarquer que Madagascar est très exposée aux aléas climatiques comme les cyclones, inondations, sécheresse etc. Il ne peut y avoir d’action concrète et efficace sans connaître les causes et les conséquences des risques de catastrophe. De ce fait, l’étude que nous avons effectuée a pour but de déceler les éléments permettant de réduire les vulnérabilités aux inondations comme le thème de mémoire l’indique. La clé de réussite des actions pour la réduction de la vulnérabilité aux inondations réside dans la compréhension des facteurs qui rendent une communauté vulnérable aux inondations. C’est la raison pour laquelle, on a choisi la commune d’Antongomena-Bevary qui se situe dans le district de Mitsinjo, car celle-ci est touchée par les inondations d’une ampleur sans précédent durant l’année 2020. Deux hypothèses ont été émises pour répondre à la problématique posée. La première hypothèse : La dualité entre les risques d’inondation et les modes de vies, et pratiques sociales sont sources premières de la vulnérabilité aux inondations de la communauté. A travers nos enquêtes, nos observations sur terrain et nos analyses, on a pu valider cela car la population est en quelque sorte face à un dilemme entre tout perdre ou survivre. La population locale a su s’adapter tant bien que mal mais leur adaptation se limite à une pure adaptation pour la survie sans stratégie de relèvement. Pour le cas de la seconde hypothèse : l’implication de la communauté dans l’analyse et l’identification des facteurs de vulnérabilité permet de les responsabiliser face aux risques d’inondations. Ces descentes nous ont permis d’échanger des vues quant à la compréhension des phénomènes comme les inondations et surtout leurs impacts sur les contrées loin des grandes villes et surtout de savoir comment ils vivent avec les risques d’inondation. Beaucoup de choses restent encore à connaître et à faire pour la commune ne serait- ce que pour la GRC ; mais également pour le cadre du développement de la localité en question. Malgré le fait que peu d’action ait pu être entreprise dans la localité en matière de GRC, le mérite revient aux actions de la commune en termes de relocalisation des personnes qui vivent en zone inondable. C’est déjà une avancée majeure en termes de RRC. La réflexion suivante, entre autres, mérite d’être abordée par de futures études : Comment renforcer les moyens de subsistances tout en créant des activités génératrices de revenus en parallèle pour endiguer les problèmes d’insécurité alimentaire après le passage des inondations ?

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Rapports

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90

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RAZANAKOTO G.F.T., 2017, Analyse de la vulnérabilité à la sécheresse des familles paysannes Tandroy, Thèse de Doctorat en Sciences Agronomiques et Environnementales, Ecole Doctorale Gestion des Ressources Naturelles et Développement, 238p.

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Loi n°2014-018 régissant les compétences, les modalités d’organisation et de fonctionnement des Collectivités Territoriales Décentralisées, ainsi que celles de la gestion de leurs propres affaires.

Loi n°2015-031 du 12 Février 2016 relative à la Politique Nationale de Gestion des Risques et des Catastrophes.

91

WEBOGRAPHIE https://www.banquemondiale.org/fr/news/press-release/2019/12/12/world-bank-supports- madagascars-efforts-to-reduce-disaster-risk-with-50-million, Communiqués de presse de la Banque Mondiale du 12 Décembre 2019 - Madagascar intitulé : « la Banque Mondiale alloue 50 millions de dollars à l’appui des efforts de réduction des risques de catastrophe », consulté sur le site de la Banque Mondiale en date du 04 Février 2020 vers 10 heures locale. https://www.ifrc.org/fr/introduction/gestion-de-catastrophes/catastrophes/what-is-a-disaster/, consulté sur le site de l’IFRC le 28 Février 2020 vers 11 heures https://www.dandc.eu/en/article/resilience-has-become-new-buzzword-development-circles- impacts-are-not-always-positive, article intitulé « The rise of a concept », consulté le 05 Mars 2020 vers 11heures 30. https://ec.europa.eu/echo/what/humanitarian-aid/disaster_preparedness_fr, consulté le 18 Mars 2020 vers 11 heures. https://www.georisques.gouv.fr/dossiers/inondations/debordement_cours_eau, consulté le 04 Juin 2020 vers 11 heures 30 minutes locale. https://m.reliefweb.int/report/3438358?lang=fr, article intitulé : «Madagascar - Tropical Cyclone BELNA update (GDACS, BNGRC, UN OCHA, NOAA) (ECHO Daily Flash of 12 December 2019) », consulté le 18 Novembre 2020 vers 14 heures. http://www.cycloneoi.com/archives-blog/infos-diverses/images-des-graves-inondations-qui-ont- affecte-madagascar.html, article intitulé : « Images des graves inondations qui ont affecté Madagascar », consulté le 18 Novembre 2020 vers 15 heures. http://www.cycloneoi.com/archives-blog/cyclone/l-est-de-madagascar-durement-impacte-par-les- pluies-diluviennes-de-francisco.html, consulté le 18 Novembre 2020 vers 15 heures 30 minutes.

92

ANNEXES

ANNEXE 1 Les objectifs du cadre de Sendai pour la période 2015-2030

Réduire Augmenter

Source: UNDRR, (2020), Introduction to Disaster Risk Reduction (DRR) and the Sendai Framework for DRR, Sendai Framework.

93

ANNEXE 2 Photo 1 : Dégâts cycloniques et inondation dans le district de Soalala durant l’entrée de « Belna ».

Source : BNGRC (2019 -2020).

Photo 2 : Inondation provoquée par la tempête tropicale modérée « Diane »

Source : Présidence de la République de Madagascar (2020).

94

Photo 3 : Inondation provoquée par la tempête tropicale « Francisco »

Source : http://www.cycloneoi.com/archives-blog/cyclone/l-est-de-madagascar-durement- impacte-par-les-pluies-diluviennes-de-francisco.html

Photo 4 : Les deux brèches sur la rive droite du fleuve de Mahavavy : près du fokontany d’Ambato-Mahavavy (à gauche) et près du fokontany de Mangatsiaka secteur Beronono (à droite)

Source : Gouvernorat de la région Boeny (2020).

95

Photo 5 : La Commune d’Antongomena-Bevary durant l’inondation de Janvier 2020

Source : Auteur, 2020.

Photo 6 : Dégâts à l’intérieur de la maison d’un ménage après l’inondation de Janvier 2020 (photo prise au mois de Novembre 2020 lors des descentes sur terrain)

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ANNEXE 3 Tableau 6 : Analyse SWOT des propositions Proposition FORCES FAIBLESSES OPPORTUNITES MENACES Proposition 1 : -Réduit la vulnérabilité -Nécessite du temps pour la mise -Renforcer l’autosuffisance -Risque de détournement Grenier agricole en cas de catastrophes en place de la structure et alimentaire des denrées et des stocks communautaire -Assure la sécurité alimentaire recherche d’infrastructure hôte -Permettre de développer des -Vols -Prévient les inflations et le -La communauté n’a pas encore de épargnes agricoles communautaires développement de marché noir formation en matière de gestion -Augmenter les stocks et devenir le communautaire grenier agricole du district -Le partage de responsabilité -Levier de la croissance pour la commune Proposition 2 : -Détermine les zones à risque -Lacune en termes de formation -Régulation à long terme de -Corruption Comité -Régule la délivrance de titre sur l’aménagement du territoire l’aménagement Communal en foncier -Structure ad hoc et non instituée -Prise en compte des risques dans charge de -Facilite la sécurisation du légalement les plans d’aménagement l’aménagement foncier -Volontariat mais non rémunéré -Mise en œuvre du code de -Régule la construction -Absence de plan directeur construction pour des d’infrastructure sur les terres d’aménagement infrastructures aux normes et communales -Pas de prise en compte de l’aspect résilientes aux chocs -Veille à assurer la régularité culturel dans la mise en œuvre des de l’aménagement au sein de la opérations commune

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Proposition FORCES FAIBLESSES OPPORTUNITES MENACES -Pourrait être le point focal du MATP/DRATP dans la commune Proposition 3 : -Assure la protection de la -Non couverture de l’ensemble du -Pourrait-être utile pour recenser la -Corruption Instauration de biodiversité locale territoire biodiversité -Dépassement des VOI et -Renforce les capacités en -Volontariat et non rémunéré -Réduit à long terme la capacités en cas de reboisement matière de sauvegarde et de -Pas de formation pour les vulnérabilité environnementale face catastrophes gestion communautaire de volontaires aux inondations/incendie l’environnement -Absence de partenaire dans la -Conservation des espèces -Effectue des sensibilisations localité pour soutenir le VOI faunistiques et florales locales -Pourrait être le point focal du -Exploitation optimale et durable MEDD/DREDD dans la des ressources naturelles localité -Potentiel écotouristique -Responsabilisation environnementale de la population locale Proposition 4 : -Facilite les remontées -Volontariat et non rémunéré -Constitution de base de données -Détournement des aides Structure d’information horizontale et -Pas de formation pour les pour la bonne gestion de crise -Dépassement des locale de la verticale volontaires -Capitalisation des expériences capacités en cas de GRC -Gestion efficace des aides -Absence de partenaire œuvrant au pour assurer la réduction de la grandes catastrophes alimentaires, en nature et en sein de la commune vulnérabilité à long terme

98

Proposition FORCES FAIBLESSES OPPORTUNITES MENACES espèce -Capitalisation des expériences -Point focal du BNGRC et des pour une meilleure préparation aux acteurs de la GRC comme les risques de catastrophe ONG ou le système des Nations-Unies dans la commune -Assure le soutien de la population en cas d’urgence Proposition 5 : -Valorisation du capital -Absence de partenaire -Grenier économique du district -Faible gouvernance Recherche de agricole de la commune -Réseau routier en mauvais état -Développement du tourisme de la communale partenariat -Valorisation du potentiel isolant la ville commune -Insécurité pour le économique et touristique de la -Manque de visibilité de la -Développement de la filière développement commune commune agricole, pêche, élevage et du bois -Lacune en terme d’énergie : de la commune électrique, système d’AEP. -Transformation de la ville en comptoir de commerce

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Proposition FORCES FAIBLESSES OPPORTUNITES MENACES Proposition 6 : -Arriver à endiguer l’insécurité -travaux communautaires non -Réorientation vers des AGR autres -risque de dépendance Stratégie alimentaire avant la mise en rémunérés qu’agriculture vis-à-vis des aides d’urgence mise place du grenier alimentaire -Hausse du délai entre la recherche -réaménagement des terres -exclusion et inégalité à disposition -Orientation vers les travaux de partenaire, l’établissement des cultivables vers les pentes basses d’accès aux aides rapide d’aide HIMO pour compenser la perte procédures pour la fourniture de -Réforme des techniques agricoles d’urgence alimentaire d’emploi soutien alimentaire -Paupérisation des -Assainissement collectif de la -Manque de partenaire de soutien ménages les plus en localité après inondation de l’aide d’urgence difficulté en cas de -Relèvement rapide de la -Gestion des aides mauvaise en cas mauvais ciblage commune, et remise en d’absence de formation des fonction des infrastructures équipes en charge du dispatch de locales : routes, digue, canaux ces derniers. d’irrigation, déblayage des champs de cultures, nettoyage des points d’eau etc. -Appui technique aux agriculteurs

Source : Auteur, 2020.

100

ANNEXE 4 Questionnaire enquête ménage

1- Est-ce que votre Fokontany a été impacté par les inondations de Janvier 2020 ? Oui |__| ou Non |__| 2- Si oui, est-ce que votre maison a été directement touchée ? Oui |__| ou Non |__| 3- Si oui, à quelle hauteur les eaux sont arrivées à l’intérieur de votre domicile 50 cm |__| 1 m |__| 1.5 m |__| 2 m |__| plus de 2m |__| 4- De quelle matière est faite votre habitat ? Satrana |__| Falafa |__| Tôle |__| Terre cuite |__| Dur |__| Bois |__| Autre à préciser |______| 5- Quels sont les causes de l’inondation de Janvier 2020 ?

6- Y avait-t-il des inondations similaires à celle de Janvier 2020 ? Oui |__| ou Non |__| Si oui, en quelle (s) année (s) ?

7- Quelles sont les conséquences des inondations sur votre ménage ?

8- Quelles actions avez-vous prisent pour faire face à l’inondation ?

9- Selon vous, quelles sont les infrastructures et les à risque aux inondations ?

101

Ecole |___|

Lieu de travail |___|

Champ de culture |___|

Habitation |___|

Autres à préciser ? |___|

10- Dans quel secteur d’activité travaillez–vous ? |______| 11- Est-ce que l’inondation a impacté votre travail ? Oui |___| ou Non |___| Si oui, de quelle façon ?

12- Quelles sont les actions que la commune ou le fokontany a fait lors des inondations ?

13- Utilisez-vous un téléphone portable ?

Oui |__| ou Non |___| Si oui, quelle est l’opérateur réseau ? TELMA |___| Orange |___| Airtel |___|

14- Recevez-vous des informations d’alerte concernant les cyclones et les inondations ?

Oui |___| ou Non |___|

Si oui, comment ?

SMS et appels |___| Sensibilisation et réunion communautaire |___|

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Affiche |___| Mégaphone |___| RNM et autres chaînes radiophoniques |___| Autres à préciser |______|

Questionnaire pour interview des représentants de la commune

1- Quels sont les risques auxquels la commune fait face ? 2- Quelles sont les raisons rendant la commune vulnérable aux inondations ? 3- Y-a-t-il une structure de la GRC au sein de la commune et au niveau des fokontany ?

Quel est son rôle dans le cas où elle existe ?

Quels sont les portées ? Quelles sont les failles ? Quels sont les défis rencontrés par la structure ?

4- Quelles sont les actions prioritaires prises par la commune pour répondre à l’urgence lors des inondations ? 5- Avez-vous des programmes de prévention et d’atténuation des risques d’inondation ? 6- Quels sont les défis de la commune en terme de développement ? 7- Quels sont les défis au niveau sectoriel en période normale ? Quels sont ces défis au niveau sectoriel en période d’inondation ?

Questionnaire pour Focus-group

1. Historique des catastrophes :  Quels sont les évènements catastrophiques qui ont eu lieu dans votre communauté ?  Comment ont-ils affecté/affectent-ils la communauté ?  Est-ce que l’impact a toujours été le même ?  Pourquoi ces catastrophes sont-elles plus graves qu’avant ?

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2. Calendrier saisonnier :  Quand les aléas ont-ils lieu pendant l’année ?  Quand y-a-t-il une pénurie de nourriture ?  Quand sont les saisons agricoles ? 3. Cartographie de la zone  Quelles ressources à risque ?  Quelles infrastructures ou services à risque ?  Quelles sont les zones à risques ?  Où se trouvent les zones sûres ? 4. Analyse de vulnérabilité :  Comment les personnes sont à risque face à l’aléa ? (Genre, âge, niveau économique, handicapés, malades, etc.),  Quel est leur niveau de vulnérabilité face à l’exposition ?  Quelles sont les conséquences de l’aléa sur leurs biens personnels ? 5. Arbre à problème :  Quels sont les risques principaux et les effets potentiels liés à cet aléa ?  Quels sont les effets sur les moyens d’existence, le bétail, le bien-être, les services, les personnes etc. ?  Quels sont les enjeux qui rendent la communauté vulnérable à ce problème et quel impact ont-ils ?  Que peut-on faire pour réduire cet impact ?

104

ANNEXE 5 Photos des travaux à base communautaire

Source : Auteur, 2020.

105

ANNEXE 6 L’état des moyens de transport terrestre et de la route RNT19 reliant la commune d’Antongomena-Bevary à la commune de Katsepy

Source : Auteur, 2020.

106

ANNEXE 7 Liste des participants aux focus-group

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108

ANNEXE 8 Liste des personnes interviewées

Noms et prénoms Fonctions Contacts RANOELIARIVAO Chef de service Recueil et 034 60 737 59 Tsirihasina Sitraka Traitement des informations RANDRIANIRINA Cécilien Chef de service de la 034 45 686 15 Rabemananjara programmation, Coordination générale des projets - BNGRC RAJOMALAHY Gilbert Adjoint au Maire Commune 032 44 577 50 d’Antongomena-Bevary DAMINAIVO Gérard Agriculteur – Conseiller de la 032 75 767 18 Mairie Source : Auteur, 2020.

109

ANNEXE 9 Les différentes variétés de cultures du riz

Durant l’année, le riz peut être cultivé suivant deux saisons :

 La saison sèche : durant laquelle, le riz est cultivé dans les basses terres submergées, c’est-à-dire suivant le système d’irrigation. C’est donc une culture irriguée.  La saison pluvieuse : généralement le riz est cultivé sur les parcelles situées en hauteur. Les terres sont disposées en escaliers de façon à mieux récupérer et retenir les eaux de ruissellement.

Les variétés de riz peuvent être résumées comme suit :

Type de riz Descriptif Saison Vary Ambiaty Recouvrant de vastes étendues de terre surtout Semis : Août – Septembre (riz de saison en hauteur sur les collines Repiquage : Novembre – Décembre pluvieuse) Récolte : Avril - Mai Vary Aloha Cultivé dans les bas-fonds de la vallée du Semis : Avril – Mai (riz de saison Betsimitatatra, de Haute-Matsiatra. La culture Repiquage : Août – Septembre sèche) se fait par irrigation. Récolte : Décembre Vary Jeby (riz Se cultive également au niveau de plaines Semis : Mars de saison irriguées. Les terres irrigables pour sa culture Repiquage : Mai à Juin sèche) se trouve surtout au niveau des plaines Récolte : Octobre à Novembre côtières de l’Ouest (Marovoay, Ambato-Boeny, Port-Bergé, Mahajanga, Besalampy et Mitsinjo) Vary Asara Se cultive sur les superficies au-dessus des Semis : Décembre (riz de saison plaines alluviales envahies par les crues Repiquage : Janvier pluvieuse) Coupe et récolte : Mai - Juin Vary Atriatra Se cultive sur les premières terres découvertes Repiquage : Avril – Mai par la baisse des eaux en Avril et Mai Maturité et récolte : Août - Septembre Source : ISNARD Hildebert, (1951), La vie rurale à Madagascar, Cahier d’Outre-Mer, n°13, pp.39-60.

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ANNEXE 10 Cartographie communautaire des risques pour le fokontany de Mangatsiaka

111

Cartographie communautaire des risques pour le fokontany de Bemokotra

112

Cartographie communautaire des risques pour le fokontany de Bevary

113

Cartographie communautaire des risques pour le fokontany et chef-lieu de commune d’Antongomena-Bevary

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Cartographie communautaire des risques pour le fokontany d’Ambato-Mahavavy

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ANNEXE 11 Cartographie des risques d’inondation du fokontany d’Ambato-Mahavavy

Cartographie des risque d’inondation du fokontany de Bemokotra

116

Cartographie des risques d’inondation du fokontany et chef-lieu de commune d’Antongomena- Bevary

Cartographie du risque d’inondation du fokontany de Bevary

117

Cartographie des risques d’inondation du fokontany de Mangatsiaka et de Bevary

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TABLE DES MATIERES

AVANT-PROPOS ...... I REMERCIEMENTS ...... II GLOSSAIRE ...... III ACRONYMES ET ABREVIATIONS ...... VI LISTE DES GRAPHES ...... VIII LISTE DES TABLEAUX ...... VIII LISTE DES CARTES ...... VIII LISTE DES IMAGES ...... IX LISTE DES PHOTOS ...... IX LISTE DES ANNEXES ...... IX SOMMAIRE ...... X INTRODUCTION ...... 1

PARTIE I : APPROCHE CONCEPTUELLE SUR LA NOTION DE VULNERABILITE ET DE RESILIENCE ET ORIENTATION DANS LE CADRE INSTITUTIONNEL ...... 4 CHAPITRE I : Délimitation conceptuelle de la Gestion des Risques de Catastrophes, de la vulnérabilité et de la résilience et méthodologie de recherche ...... 7 Section 1 : Définition des concepts clés ...... 7 1.1. Revue de littérature sur les notions de catastrophes et risques de catastrophes ...... 8 1.2.1. Les catastrophes ...... 8 1.2.2. Le risque de catastrophe...... 10 a. L’aléa ...... 11 b. La vulnérabilité ...... 12 i. Le concept de facteur de vulnérabilité ...... 13 ii. Lien entre vulnérabilité et pauvreté ...... 15 iii. La débats sur la réduction de la vulnérabilité ...... 15 iv. Lien entre vulnérabilité et le développement ...... 16 c. Les capacités ...... 17 1.2. La revue de littérature concernant le concept de la résilience ...... 17 1.2.1. Définition sur le concept de résilience ...... 18 1.2.2. La diptyque Vulnérabilité - Résilience ...... 19 Section 2 : La Gestion des Risques et des Catastrophes ...... 20 2.1. La Gestion des Risques de Catastrophes (GRC) ...... 20 i. La phase avant-catastrophe ...... 21 ii. Pendant la catastrophe ...... 22

119

iii. Phase post-catastrophe ...... 22 2.2. La réduction des risques de catastrophes (RRC) ...... 23 Section 3 : Méthodologie de recherche ...... 23 3.1. La démarche méthodologique ...... 24 3.1.1. La revue de littérature ...... 24 3.1.2. Les travaux préliminaires en vue de la collecte de données et des informations ...... 24 a. Séries d’interviews auprès des personnes ressources ...... 24 b. Planification de la descente sur terrain ...... 25 c. Définition des méthodes statistiques de collecte de données ...... 25 i. La méthode de sondage par la méthode des unités-types ...... 26 ii. L’analyse de la vulnérabilité et des capacités et la méthode des focus- group ...... 26 3.2. La descente dans la Commune Rurale d’Antongomena-Bevary ...... 27 3.2.1 Le date de la descente sur terrain ...... 27 3.2.2 La collecte des données par le biais des enquêtes ménages ...... 27 3.2.3 Le focus-group ...... 28 3.2.4 Le traitement, recoupement et analyse des données et informations collectées ...... 28 CHAPITRE 2 : Mise en contexte de l’étude et présentation de la zone d’étude ...... 30 Section 1 : Généralités sur le phénomène « Inondation » ...... 30 1.1. Les différentes formes d’inondation ...... 31 1.2. Les causes des inondations ...... 33 1.2.1. Au niveau des bassins versants et le long du cours d’eau ...... 33 1.2.2. Au niveau des littoraux ...... 33 1.3. Les facteurs influant sur les inondations ...... 34 1.4. Les caractéristiques des inondations ...... 34 Section 2 : Les cadres institutionnels relatifs à la Gestion des Risques et des Catastrophes ...... 35 2.1. Les cadres d’actions internationaux ...... 35 2.1.1. La Décennie internationale sur la prévention des catastrophes naturelles ou IDNDR (International Decade for Natural Disaster Reduction) de 1990 – 2000 ... 36 2.1.2. Le cadre d’action de Hyōgo ...... 36 2.1.3. Le cadre de Sendai ...... 37 2.1.4. La Stratégie africaine de la réduction des risques de catastrophe ...... 38 2.2. Le cadre règlementaire national relatif à la Gestion des Risques de Catastrophes .. 39 2.2.1. La politique nationale de la Gestion des Risques de Catastrophes (PNGRC) ...... 39 2.2.2. La Stratégie Nationale de la Gestion des Risques et des Catastrophes (SNGRC) ...... 40 2.2.3. Les Structures institutionnelles malagasy de la GRC ...... 41 a. Une structure décentralisée ...... 41 b. La forme de la structure de coordination ...... 42

120

i. La branche stratégique ...... 42 ii. Le niveau opérationnel ...... 42 Section 3 : Présentation de la zone d’étude ...... 42 3.1. Délimitation de la zone d’étude ...... 42 3.2. Choix de la localité ...... 44 PARTIE II. ANALYSE EMPIRIQUE DE LA VULNERABILITE PAR RAPPORT AUX INONDATIONS DANS LA COMMUNE RURALE D’ANTONGOMENA-BEVARY ...... 46 CHAPITRE 3 : Analyse de la vulnérabilité aux inondations dans la commune ...... 47 Section 1 : Contexte de l’inondation durant la saison cyclonique 2019-2020 ...... 47 1.1. Contexte de la saison cyclonique 2019-2020 ...... 48 1.2. Etats des lieux au sein de la Commune d’Antongomena-Bevary ...... 49 1.2.1. L’inondation du mois de Janvier 2020 ...... 49 a. Constatation des faits relatifs à l’inondation ...... 49 b. Bilan humain de l’inondation dans la commune ...... 51 1.2.2. Les inondations lors des saisons de pluies ...... 53 Section 2 : Analyse à base communautaire du risque et de la vulnérabilité ...... 54 2.1. Historique des aléas et évaluation des facteurs de vulnérabilité ...... 54 2.1.1. Historique des aléas et des catastrophes survenues...... 54 2.1.2. Détermination des facteurs de vulnérabilité ...... 55 2.2. Approche participative de l’analyse de risque et de la vulnérabilité ...... 57 2.2.1. Cartographie des risques d’inondation ...... 58 2.2.2. Analyse de la vulnérabilité par secteur ...... 60 a. Vulnérabilité agricole ...... 60 b. La vulnérabilité des infrastructures et de l’habitat ...... 63 c. La vulnérabilité environnementale ...... 65 d. La vulnérabilité économique ...... 67 CHAPITRE 4 : Perspectives de la gestion des risques d’inondation dans la commune d’Antongomena-Bevary ...... 70 Section 1 : Solution participative pour la réduction de la vulnérabilité et des risques d’inondation ...... 70 1.1. Analyse des problèmes ...... 70 1.1.1. Pour le secteur socio-économique ...... 71 1.1.2. Pour le secteur de l’aménagement et de l’infrastructure ...... 72 1.1.3. Pour le secteur environnemental ...... 73 1.1.4. Pour le domaine de la GRC ...... 74 1.2. L’analyse des solutions relatives aux défis structurels et de la vulnérabilité aux inondations...... 74 1.2.1. Pour le domaine environnemental ...... 75 1.2.2. Pour le domaine agricole ...... 75 1.2.3. Pour le domaine de l’aménagement et de l’habitat ...... 75 1.2.4. Pour le domaine socio-économique ...... 76 1.2.5. La GRC ...... 76

121

Section 2 : Proposition de stratégie de RRC pour la commune et intégration de la GRC dans le cadre du développement durable ...... 77 2.1. Propositions et discussions sur la réduction de la vulnérabilité ...... 77 2.1.1. Propositions ...... 77 Proposition 1 : La création d’un grenier communautaire à gestion participative .. 77 Proposition 2 : Remettre sur place le comité en charge des questions d’aménagement ...... 78 Proposition 3 : Procéder à des opérations de reboisement et création de VOI pour l’environnement ...... 79 Proposition 4 : Mise en place d’une structure locale de la GRC...... 79 Proposition 5 : Procéder à la recherche de partenariat pour le développement de la commune ...... 80 Proposition 6 : Stratégie d’urgence mise à disposition rapide d’aide alimentaire . 80 2.1.2. Discussions relatives à la pertinence des propositions ...... 81 a. Justification de l’étude et validation – infirmation des hypothèses de travail ...... 81 b. Priorisation des propositions d’après leurs importances ...... 83 2.2. La gestion intégrée du Bassin Versant de Mahavavy comme outil de RRC locale . 84 CONCLUSION ...... 86 BIBLIOGRAPHIE ...... 87 WEBOGRAPHIE ...... 92 ANNEXES ...... 93 TABLE DES MATIERES ...... 119

122

« Contribution méthodologique pour une gestion intégrée des risques d'inondation à partir de l'étude de la réduction de la vulnérabilité aux inondations - Cas de la commune rurale d'Antongomena-Bevary, District Mitsinjo, Région Boeny »

Auteur : RABARITSIMBA Fanomezantsoa Miyo Adresse : Lot III E 1 HE Sud Mahamasina Ankadilalana Téléphone : + (261) 34 68 227 44 Courriel : [email protected]

RESUME Les inondations constituent toujours un des problèmes fondamentaux au sein de la société Malagasy, notamment au niveau des localités se situant dans les plaines. L’étude suivante accorde une importance à l’approche par la vulnérabilité et se fixe comme objectif de réduire la vulnérabilité aux inondations. Deux hypothèses ont été posées en vue de répondre à la problématique suivante : « Dans quelle mesure la compréhension des facteurs de vulnérabilité permet-t-elle de réduire la vulnérabilité aux inondations au sein de la commune d’Antongomena- Bevary ? ». Les résultats issus des enquêtes auprès des ménages et des interviews interpellent sur les difficultés qu’entraînent les inondations sur tous les plans de la vie de la communauté. Ainsi, l’identification et la compréhension des facteurs de vulnérabilité, toujours sur la base de ces enquêtes, ont permis d’avancer des suggestions à la fois structurelles et non-structurelles. Ces pistes de réflexion sauront servir de référence pour de futures recherches mais aussi, pour toute intervention dans le cadre de la Gestion des Risques de Catastrophe.

Mots-clés : Vulnérabilité, inondation, facteurs de vulnérabilité, GRC, approche participative, compréhension des risques

ABSTRACT

Floods have always been one of the greatest issues in the Malagasy society, especially in lowland areas. This study focuses on the vulnerability approach and aims to reduce the ones towards floods. Two hypotheses were emitted to answer the problematic: “How can understanding the factors of vulnerability reduce the ones towards floods in the commune of Antongomena- Bevary?” The results of the individual interviews and the inquiries show the difficulties caused by floods in the different sides of a community life. Identifying and understanding these factors of vulnerability allowed us to suggest structural and non-structural measures. These propositions will be used as a reference for future researches but also for any interventions about Disaster Risk Management.

Key words: vulnerability, flood, vulnerability facts, DRM, inclusive approach, risk understanding