The Lubitsch Touch, Paris, Ramsay (“Poche Ci- Néma”), 1997
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Ciné-Club Universitaire du 26 avril au 21 juin 2004 lundi 19h et 21h Auditorium Arditi-Wilsdorf 26 avril 19h Shuhpalast Pinkus* 21h Trouble in Paradise Ciné-Club 3 mai 19h Ich möchte kein Mann sein* Universitaire 21h Design for Living 10 mai 19h Die Puppe* 21h Bluebeard’s Eighth Wife Auditorium Arditi-Wilsdorf 1, av. du Mail 17 mai 19h Die Austernprinzessin* 1205 Genève 21h Ninotchka Les lundis à 19h et 21h 24 mai 19h Die Bergkatze* 21h The Shop Around the Corner Billet 1 séance à 8.- 7 juin 19h Lady Winndermere’s Fan* Carte 3 entrées à 18.-, non transmissible To Be or Not to Be Abonnement pour tout le cycle à 60.- 21h Vente uniquement à l’entrée des séances 14 juin 19h Monte Carlo 21h Heaven Can Wait Ouvert aux étudiants et non étudiants 21 juin 19h One Hour with You Renseignements: Cluny Brown Activités culturelles 21h 4, rue De-Candolle – 1205 Genève 022 379 77 05 http://activites-culturelles.unige.ch *films muets photo: Ernst Lubitsch Sommaire Éditorial Stéphanie Rouillon Ernst Lubitsch homme de théâtre ......2 Les grands séducteurs savent bien que pour Présenter un cycle sur Lubitsch est aussi l’occa- charmer, il faut faire rire. Lubitsch faisait sans sion de revisiter la fameuse Lubitsch touch, ex- doute partie de ces gens avertis, tant il est vrai pression devenue mythique. Désignant à la fois Jeux de séduction ...........................5 qu’il sait s’y prendre pour captiver ses specta- de petites touches géniales et un style global, teurs! En ce nouveau printemps, nous vous pro- cette formule inventée par ses contemporains Trouble in Paradise ..........................8 posons de vous laisser enchanter par les films est très pratique mais reste un raccourci difficile peu diffusés de ce cinéaste impertinent qui mé- à définir. Au lieu de tenter de le faire une éniè- Résumé des films ......................12-13 rite bien sa place dans notre petit panthéon de me fois comme tant de critiques s’y sont ris- cycles d’auteurs. qués, nous avons préféré essayer de la remettre en question et de la montrer tel un miroir à Citations à propos de D’origine berlinoise, il a tourné en Allemagne multiples facettes ayant chacune leur impor- la Lubitsch touch ...........................14 dans les années 10. Émigré aux États-Unis dans tance. Grâce aux films et à la brochure, nous les années 20, il fut l’un des rares cinéastes à avons voulu, sans prétendre à l’exhaustivité, Lubitsch et la censure....................16 passer l’épreuve du parlant avec succès pour vous suggérer quelques pistes pour résoudre l’é- briller pendant l’âge d’or d’Hollywood. Son par- nigme de la Lubitsch touch: l’origine berlinoise cours reflète donc cette période de l’histoire du du cinéaste et sa relation au théâtre, le bur- L’œuvre de Lubitsch, des studios cinéma. Il fut célèbre principalement pour ses lesque avec les films allemands, l’opérette vien- berlinois à Hollywood ....................18 comédies américaines, étant un des pères de la noise avec les comédies musicales, le goût comédie sophistiquée, genre que nous avons parisien avec les paillettes et le champagne et Bibliographie ................................20 choisi de vous présenter. Toutefois, nous avons bien sûr Ninotchka, les réparties dans les films voulu aller plus loin en vous offrant aussi la hollywoodiens, le thème de la séduction et le Filmographie.................................23 chance de découvrir ses comédies muettes alle- jeu avec la censure hollywoodienne. Enfin, nous mandes et américaines rares et méconnues à introduisons une nouveauté dans la brochure: tort. Celles-ci seront présentées en première une analyse de séquence vous montre dans le partie de soirée alors que la seconde s’attachera détail une touche de Lubitsch extrait d’un film à projeter les perles hollywoodiennes. En présenté. confrontant ainsi la genèse et l’aboutissement, nous espérons mieux mettre en valeur les deux Mais le meilleur moyen de vous faire votre prop- périodes et par là revaloriser les films muets où re idée sur la Lubitsch touch reste évidemment le style de Lubitsch est déjà très présent. d’accepter notre invitation à rire avec ce grand cinéaste! photo couv.: tournage 1 Ernst Lubitsch homme de théâtre Marco Sabbatini Berlin, 1908. Ernst Lubitsch a seize ans: fils lèbres d’Allemagne. Mais le métier de cinéaste tout Die Bergkatze (1921), l’un des sommets d’un tailleur pour dames juif d’origine russe, il finit par le passionner davantage que celui de absolus de cette période. Dans ses films en co- vient de contracter le virus du théâtre au comédien et, à partir de 1918, il ne tourne stumes, le cinéaste se montrera aussi sensible lycée. Son père, qui ne goûte guère la voca- plus exclusivement des films comiques. Pour à d’autres traits stylistiques de son mentor: tion artistique de son rejeton, le force à deve- son dernier rôle au cinéma en tant qu’acteur, l’utilisation savante de la lumière (en particu- nir comptable dans l’entreprise familiale. Ce il choisit de mettre en images Sumurun lier des clairs-obscurs), l’habile chorégraphie n’est que deux ans plus tard que le jeune (1920), une pantomime qu’il avait lui-même des mouvements de foule (auxquels s’oppose homme réalise son rêve: il fait la connaissan- joué au théâtre sous la direction de Max l’individu isolé) et surtout la tendance à foca- ce de l’acteur Victor Arnold, qui lui donne des Reinhardt: une sorte d’hommage au metteur liser l’attention du spectateur sur un détail vi- cours d’art dramatique et le présente au met- en scène qui lui avait fait confiance. suel de façon à ce que celui-ci exprime une teur en scène Max Reinhardt. Ce dernier diri- action ou un sentiment. La musique et le bal- ge les deux théâtres les plus importants de Les années d’apprentissage passées auprès de let avaient une place de choix dans le réper- Berlin: le Deutsche Theater et les Kammer- ce dernier marqueront durablement la carrière toire de Max Reinhardt. Lubitsch s’en spiele. En 1911, Ernst Lubitsch entre en tant cinématographique de Lubitsch. Le Deutsche souviendra dans ses premiers films parlants, que Kleindarsteller (acteur de petits rôles) Theater est une véritable pépinière de talents: qui sont tous – de The Love Parade (1929) à dans la troupe permanente du Deutsche Friedrich Wilhelm Murnau, Paul Wegener, Emil One Hour with You (1932), si l’on excepte le Theater. En l’espace de sept ans, il jouera dans Jannings et Pola Negri y figurent en bonne mélodramatique Broken Lullaby – des “opéret- une trentaine de spectacles mis en scène par place. Lubitsch retrouvera le premier à tes filmées” qui prolongent une tradition Reinhardt: parmi les auteurs représentés figu- Hollywood et dirigera les trois autres à plu- théâtrale européenne. Ce penchant pour l’o- rent Molière, Schiller, Maeterlinck, Wedekind, sieurs reprises. Max Reinhardt rêvait de faire pérette, sensible dès 1917 (Das fidele Strindberg, mais c’est Shakespeare qui se du théâtre une “œuvre d’art totale”: Lubitsch Gefängnis, inspiré de Die Fledermaus de taille la part du lion avec neuf pièces (dont n’oubliera jamais cette exigence en s’efforçant Johann Strauss), trouvera son accomplisse- Hamlet et Le marchand de Venise, qu’il citera lui aussi d’exercer un contrôle absolu sur cha- ment dans The Merry Widow (1934), d’après abondamment dans To Be or Not to Be). cun de ses films, même face aux tout-puis- Franz Lehár. sants studios hollywoodiens. En 1913, Lubitsch ajoute une nouvelle corde à L’antinaturalisme de Reinhardt, sa conception La plupart des films américains de Lubitsch son arc en se lançant dans le cinéma. On n’est rythmique et symphonique du spectacle, le ont une source théâtrale. Vaudevilles français, jamais mieux servi que par soi-même: dès caractère démiurgique de sa direction artis- opérettes viennoises, obscures œuvrettes l’année suivante, il entreprend de diriger lui- tique se retrouvent dans certains des chefs- d’Europe centrale: il s’agit toujours de textes même les films dont il est le protagoniste et il d’œuvre muets de Lubitsch, tels que Die mineurs, librement adaptables, qui fournis- devient l’un des acteurs comiques les plus cé- Austernprinzessin, Die Puppe (1919) et sur- sent un canevas à partir duquel le cinéaste 2 photo: Die Puppe développe, avec l’aide de ses scénaristes, les se jouera de toute manière, quand bien même thèmes qui lui sont propres. Les rares fois où à l’échelle mondiale), mais la fiction parvient les auteurs sont connus (Lady Windermere’s avec succès à inverser le processus (l’espace Fan d’après Oscar Wilde, 1925; Design for théâtral se substitue à la réalité pour mieux Living d’après Noël Coward, 1933), Lubitsch tromper l’adversaire), comme l’illustre prend un malin plaisir à réécrire les dialogues magnifiquement la scène où le Professeur de fond en comble. Siletsky, agent double à la solde des nazis, meurt réellement sur la scène d’un théâtre: le Seul deux films parlants n’ont pas une origine rideau se lève sous les yeux des comédiens- théâtrale: Cluny Brown (1946), tiré d’un spectateurs et nous assistons avec eux à la roman, et To Be or Not to Be (1942), dont le mort ironiquement théâtrale de celui qui avait scénario original a précisément pour sujet le fondé sa vie sur le simulacre et le mensonge. théâtre. Dans ce dernier film, le cinéaste rend To Be or Not to Be n’est pas seulement un hommage à l’auteur qu’il a le plus joué sur émouvant et éblouissant film-testament où scène (Shakespeare) en nous livrant, après Lubitsch résume toutes ses expériences, mais Luigi Pirandello, l’une des plus passionnantes c’est aussi l’un des plus extraordinaires hom- réflexions sur les rapports entre l’art théâtral mages rendus au théâtre par le cinémato- et la réalité, entre la Fiction et l’Histoire.