La Peinture Française Du Xviie Siècle : De L'édit De Nantes (1598)

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La Peinture Française Du Xviie Siècle : De L'édit De Nantes (1598) Document generated on 09/24/2021 10:56 a.m. Vie des arts La peinture française du XVIIe siècle De l’Édit de Nantes (1598) à la naissance de l’absolutisme Didier Prioul Volume 38, Number 150, Spring 1993 URI: https://id.erudit.org/iderudit/53611ac See table of contents Publisher(s) La Société La Vie des Arts ISSN 0042-5435 (print) 1923-3183 (digital) Explore this journal Cite this article Prioul, D. (1993). La peinture française du XVIIe siècle : de l’Édit de Nantes (1598) à la naissance de l’absolutisme. Vie des arts, 38(150), 30–35. Tous droits réservés © La Société La Vie des Arts, 1993 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ Ul OC ECLE (/> DE L'ÉDIT DE NANTES (1598) À LA NAISSANCE DE L'ABSOLUTISME (1661) Didier Prioul* Georges de La Tour. Rien ne vient distraire le re­ Le Nouveau-Né, (après 1645), gard, aucun décor ni acces­ huile sur toile, soire secondaire. Toute la 76 x 91 cm, Rennes, Musée des Beaux-Arts. force de l'oeuvre vient de la bougie qui éclaire fortement le front de l'enfant. 1600-1630: titue un véritable foyer de création. Elle fait LE MANIÉRISME figure de contrée heureuse aux yeux des Ce texte accompagne TARDIF ET LE FOYER voyageurs qui la traversent et, à Nancy, la l'exposition Grand Siècle. LORRAIN cour ducale rivalise avec les cours Les «années de paix» du règne d'Henri d'Europe, entretenant une intense activité La peinture française du XVII' IV voient la reprise des travaux de cons­ intellectuelle et artistique. La Lorraine est truction à Fontainebleau et Paris : la Place aussi une terre où le catholicisme 'Didier Priotil siècle dans les collections Royale (aujourd'hui Place des Vosges) dès est fervent: des ordres religieux est Conservateur publiques françaises, 1605, le Pont-Neuf et la Place Dauphine à nouveaux y prennent naissance en partir de 1607. Un peintre originaire de faveur des idées de la Contre- ^''^ européen présentée au Musée des Lorraine, Georges Lallemant, occupera vite Réforme. Les artistes se pressent U300-i8oo) le devant de la scène. Installé à Paris depuis alors par centaines pour orner »" Mus& des beaux-arts de Montréal 1601, sa carrière accompagne un pays qui églises, couvents et demeures prin- beaux-arts de du 21 janvier au 28 mars 1993, se reconstruit. Le tableau du Musée des cières. Des amateurs d'art fortunés Montréal Beaux-Arts de Lille, L'Adoration des mages montent des collections. puis à Rennes et à Montpellier. est considéré comme son chef-d'œuvre. Le Jacques Bellange (vers 1575-1616) est long format rectangulaire - le tableau fait le premier peintre à la cour des ducs de Cette exposition comprend plus de trois mètres de largeur - déroule Lorraine. Aujourd'hui, à défaut de ses quelque 116 tableaux provenant une frise de personnages équilibrée aux tableaux qui ont presque tous disparu, c'est deux extrêmes par le groupe de la Sainte vers ses dessins et ses gravures qu'il faut de 70 établissements français. Famille et la figure de Gaspard, grandeur se tourner pour découvrir quel génie de nature. Le sujet biblique favorise le recours l'art maniériste il fut. Le raffinement et la à l'orientalisme par l'emploi de riches tis­ sensualité de ses personnages s'expriment sus brodés d'or et la somptuosité de la cou­ dans le dessin de corps allongés, surmon­ leur. Élégante et raffinée, cette œuvre asso­ tés de têtes fines, posées sur de longs cous cie une culture maniériste d'origine de cygnes. A côté du caractère tourmenté La France du XVII' siècle est loin d'être nordique à un réel souci de réalisme dans de l'art de Bellange, le maniérisme de l'hexagone parfait que nous montrent le dessin minutieux des pièces d'orfèvrerie Claude Deruet (1588-1660) semble plus aujourd'hui les cartes de géographie. En et les visages de saint Joseph et de Melchior, léger. Il se distingue par de multiples scè­ 1598, la promulgation de l'Edit de Nantes agenouillés aux pieds de la Vierge. Ce nes de combats et de chasses, des jeux met fin aux guerres de religion en recon­ groupe particulier de la Vierge à l'Enfant, d'amour dans des paysages imaginaires où naissant une minorité protestante, politi­ figé et solennel, marque déjà la percée du se côtoient une foule de personnages. Jean que et religieuse, dans une France à majo­ classicisme. Nous sommes en 1630 et le Le Clerc (vers 1587-1633) est l'antithèse rité catholique. Le mariage du roi Henri tableau est celui d'un peintre en pleine pos­ de cet art précieux et théâtral. Revenu IV et de Marie de Médicis en 1600, puis session de ses moyens. Il dirige le plus d'Italie en 1622, il rapporte à Nancy une la naissance du dauphin, un an plus tard, important atelier de la capitale. Y passent manière fortement marquée par l'influence assurent la permanence de l'Etat. Mais ce des peintres tels que Laurent de La Hyre, de Carlo Saraceni (1580-1620): figures retour rapide à une relative stabilité poli­ Phihppe de Champaigne et Nicolas Poussin, groupées, serrées, jeux de mains nerveux tique ne trouve pas de complément immé­ tous appelés à marquer l'évolution de la et contrastes lumineux. diat dans la reconstruction du royaume. peinture. Georges de La Tour (1593-1652) de­ Les années de guerres civiles ont ruiné le Mais ce n'est pas uniquement Paris qui meure incontestablement la figure majeure Trésor royal. Les premières préoccupa­ ponctue le passage d'un siècle à l'autre. Jean de ce foyer lorrain. Une série de chefs- tions d'Henri IV et de son principal minis­ Boucher (vers 1575-1633) fait carrière à d'œuvres témoigne d'ailleurs d'une per­ tre Sully, sont à la fois de créer l'unité de Bourges et un peintre comme Quentin Varin sonnalité hors du commun. Ce peintre est l'Etat, de maintenir sa permanence et d'en (vers 1570-1626) doit voyager sans cesse à considéré comme l'un des génies du XVII' restaurer les finances. la recherche de commandes avant de siècle français. La première partie de sa C'est dans ce contexte que débute la pein­ s'installer à Paris, en 1616, et participer au carrière est jalonnée d'œuvres où domine ture française avant 1630. A Paris, se pro­ chantier du Palais du Luxembourg, durant la un puissant réalisme qu'illustrent des figu­ longe le maniérisme tardif, issu de l'École régence de Marie de Médicis. Le séjour qu'il res, souvent cruelles et brutales. A cette de Fontainebleau tandis qu'un véritable fait aux Andelys, pour peindre les tableaux période «diurne» succède la série des foyer de création se développe à Nancy, de la cathédrale, l'immortalisera sous le nom «nocturnes» reconnaissable au dépouille­ dans la prospérité de la cour des ducs de de «maître de Poussin». ment des compositions, à la schématisation Lorraine. A la même période, l'Italie attire Le duché de Lorraine joue également, des figures et à la simplification de la des artistes en grand nombre qui, à leur à cette époque, un rôle capital. Avant la gamme colorée. Le Nouveau-Né du Musée arrivée à Rome, se trouvent confrontés à la famine, la peste et les guerres qui l'ont rava­ des Beaux-Arts de Rennes se situe au som­ peinture du Caravage. gé ( 1630), la Lorraine est prospère et cons­ met de la série des Nuits. La tendresse des VIE DES ARTS N"150 31 Simon Vouet. Saturne vaincu par l'Amour, Vénus et l'Espérance. (vers 1645-1646). huile sur toile. 187 x 142 cm. Bourges, musée du Berry, gestes, alliée au regard absorbé et tendu tres français s'inspirent des œuvres du des deux femmes devant l'enfant naissant, Caravage. A Rome, Manfredi traduit le lan­ Saturne, vieillard à la barbe grise, est simple souffle de vie, imprègne l'œuvre gage caravagesque en un style clair et facile la proie de Vénus et d'une haute spiritualité. Ce tableau, posté­ à imiter: scènes de tavernes ou groupes de de l'Espérance rieur à 1645, se présente comme la forme musiciens, présentés à mi-corps sur un fond qui lui arrachent les ailes. achevée de l'art de Georges de La Tour. neutre et sombre. A l'inverse de Nicolas L'influence du Caravage (1573-1610), Régnier (1591-1667) qui, parti vers 1615 et manifeste dans les débuts de sa carrière, a devenu l'élève de Manfredi, ne retourne pas en un style hautement personnel, mêlant fait place à un langage unique, sans équi­ en France et fait toute sa carrière en Italie, réminiscences maniéristes et vénitiennes. valent dans la peinture de l'époque. Nicolas Tournier (1590-1639?), lui, diffuse En 1623, Vignon, installé à Paris, a ouvert le style caravagesque à Toulouse où il pour­ un atelier. L'année suivante, il multiplie suit une carrière active de peintre religieux. tableaux religieux et profanes pour Paris et LES CARAVAGESQUES Certains peintres, cependant, n'utili­ la Province. Mais le seul vrai rival de Vouet, FRANÇAIS sent le caravagisme que pour développer Jacques Blanchard (1600-1638), n'arrive L'Italie et Rome, considérée comme la un style entièrement personnel.
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