SOCIETE L'impact des activités humaines HY DROTECHNIOUE DE I sur les eaux continentales QUESTION No IV RAPPORT No 9 XIXe Journees de l'Hydraulique Paris, 9-1 1 sept. 1986 I

Crues et aménagements des lits depuis le XIXe siècle dans la plaine du au sud de Turin Recherche menée au C.N. R. - 1. R.P.I.

Alain GIODA Hydrologie/lJ.R. 812 - ORSTOM

RESUME ABSTRACT L'héritage de l'aménagement est caractérisé par Since 1801. there has been very little deve- la faiblesse des travaux d'hydraulique. Cette lopment of 'the river beds in the'llpper Po Plain faiblesse est nécessaire pour conserver le rôle (south of Torino - ). This lack of deve- d'écrêtement et de décantation des eaux attri- lopment is an important factor for its use in bué 3 la haute Plaine du Pô, lors des crues. the whole Po catchment. It is a natural reten- Les limites actuelles de l'aménagement, en tion and settling basin during floods. partie en voie de résolution, découlent de la Actual problems which are partly resolved come valorisation croissante de la plaine d'inon- from flood-plain development and the over- dation et de la sur-exploitation des matériaux exploitation of sand and gravel in the bed des lits. S'y ajoutent des limites financières layers. Others problems are a limited budget et des problèmes d'éparpillement des compé- and overlapping administrative responsibi- tences administratives. lities. Le futur proche bénéficiera d'un système d'an- From 1978-88 a flood warning service will be nonces de crue, en cours d'installation, que set up. The Author proposes to extend this ser- l'Auteur voudrait compléter par la prévision vice by the addition of real-time hydrometeoro- hydrométéorologique en temps réel. logical forecasting.

I O. R.S.T.O.M. Fonas Documentaire l INTRODUCTION

La Plaine du Pô au sud de Turin est consi- Drac et la Durance ont une dégradation comprise dérée depuis les années cinquante cnmme un entre 600 et 1200 t//km* an lß:. La faiblesse vaste réservoir naturel d'écrétement et de des troubles à t.leirano-Honcalier1 s'euplique, décantation des eaux lors des crues /5/ !21/. en montagne, pa1 la présence d'une bonne Deux raisons ont guidé ce choix : couverture herbacée et forestière, celle de lithotypes resistants dans le système morpho- la faiblesse de la pente du fleuve entre - climatique actuel et, en plaine, par la grande , la zone oil se jettent dans le P6 longueur du parcours du fleuve. Le PÔ et ses tous les affluents issus des Alpes Cottiennes, affluents peuLent s'étaler largement dans des et Meirano-Moncalieri, limite aval du terrain champs d'inondation de 16 ßO0 ha. d'étude et porte de l'agglomeration turinoise (0,6ß0/,,j (Fig. Il; 1. LE TERRAIN D'ETUDE - celle des troubles à Meirano-Moncalleri ou le bassin padan a tine dégradation spécifique Le terrain d'étude fait partie de la haute d'environ 70 t/km3/an. Plaine du Pô, incluse dans le Piémont, la Sur le premier thème, il suffit de constater grande région du nord-ouest de l'Italie. qu'en 1956 le haut Pô, de sa sortie des Alpes Les rivières qui drainent cette plaine tres jusqu'à Casalgrasso, a une pente longitudinale monotone constituent le réseau hydrographique de 2,23°/0, . A partir de Turin et sur 100 km du Pô en amont de Turin. Sont exclus les petits jusqu'B Valenza, la pente est supérieure à Bmissaires des premières pentes des Alpes et celle du tronçon Casalgrasso-Meirano-Moncalieri des Collines de Turin. Les six cours d'eau dépassant presque partout /19/. De plus étudiés, tous issus des Alpes Cottiennes qui de Façon implicite, l'urbanisation et l'impor- culminent au Mont Viso (3ßrtl mi, sont, du nord tance du tissu industriel b l'aval de Meirano- au sud, les suivants : le Cluson ou Chisone, Moncalieri, imposent un contrôle hydraulique affluent dir Pellice ; le Pellice, affluent du drastique. Le but est de protéger les agglomé- Pô ; leEqui est appelé haut Pô en amont de rations de Turin, Chivasso, Casale Montferrato, la confluence avec le Pellice ; la Varaita et Valenza... la Mai'ra ou Macra, affluents du Pô ; la Grana Ali sujet des troubles, il faut savoir que le ou hiellea, affluent de la Maira (cf. Fig. 11. Pô, dans son tronçon terminal avant le delta, Les tronçons etudiés vont du débouché des coulait au-dessus de la plaine riveraine jusque Alpes jusqu'à la confluence avec le PÔ ou l'un dans les années soixante. Tout apport des émis- de ses affluents. Sur le fleuve, la station de saires de l'Apennin d'Emilie-Romagne était contrôle de Meirano-Moncalieri (214 m) sert de particulièrement redouté du fait de leur charge limite en aval. parmi les plus élevées du monde. On a mesuré une dégradation spécifique de 4570 t/km2ian sur Plusieurs traits méritent d'étre soulignés. le blarecchia, fleuve chtier de l'Adriatique, O Les régimes hydrologiques sont du tbpe dont le bassin est contigu de celui du Pô 1'13,'. nival de transition la sortie des Alpes et Dans les Alpes, le Rhin, le Rhône, l'Isère, le sont de type nivo-pluvial en plaine ;li 'lß .

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Fig% LUcALlfATION DU TERRAIN O'ETUOE ET CARAtTERIfTItJUEf OE4 BPffl~fALPIN+. CRUES ET AMÉNAGEMENTS DES LITS DEPUIS LE XIXe I SIECLE DANS LA PLAINE DU PO AU SUD DE TURIN RAPPORT IV.9 I O Le module à San Mart no, au débouché des maintien de la couverture forestière se mesure, Alpes, est de 13,8 m3/s pour un bassin de le long du Pellice, à la quasi-concordance 580,8 km', celui du Pô à Meirano-Moncalieri est entre l'aire maximale des bois relevée en 1819 de 78,4 m3/s pour une aire de 4 88.5 km2 /I/. et celle des champs d'inondation de la crue La seule rivière qui tarit en période estivale de mai 1977 /IO/. est la Grana. O La très faible incision des lits implique 2.1.2. -Le fichage de pieux en bois sur une que la plaine d'inondation correspond à la rive entraine le reiet., latéral du courant sur~- définition du lit majeur. Seule, la Maba est l'autre rive. Ceci est particulièrement grave encaissée dans ses alluvions cimentées jusqu'à quand il s'agit des rives concaves car les 5 km en aval de la sortie des Alpes /9/. alluvions se déposent sur les plages convexes O En quelques 10 km, dans la région de qui engraissent. Les gains de terrain sont Casalgrasso, se jettent dans le Pô tous ses effectués par les propriétaires installés sur affluents alpins importants ; le bassin du la rive convexe aux dépens de ceux de la rive fleuve passe de 710 km2 3 3 430 km'. Une ab- opposée. Ils sont une source continue de li- sence de hiérarchisation du réseau hydrogra- tiges encouragés par la législation qui re- phique en découle. connaît propriétaires des dépôts alluviaux ceux O Le lit fossile du Tanaro,issu de l'Apennin qui luttent contre les érosions de rive. Les ligure, lonqe les Collines du Montferrat et de particuliers bonifient les nouvelles terres qui Turin. Cette rivière traversait les Collines de sont inondables afin d'amortir les frais en- Turin jusqu'au Pléistocène supérieur sans se gagés pour la défense des rives. A l'inverse, jeter dans le Pô actuel /E/. pour ces raisons le traçé des limites des com- O Dans la haute Plaine du Pô, l'absence de munes, le long des cours d'eau, est inchangé piedmont est la règle. Ici, pas de cordons depuis la période 1750-1800 /7/. morainiques comme à Ivrée mais une plaine qui descend très régulièrement avec une pente de 4°/oode Coni à Turin /9/. faites par les hommes sur le Pô sont recensées 2. UN MINIMUM D'AMENAGEMENTS HYDRAULIQUES dans les archives de Moncalieri entre 1314 et 1610. Le but est de protéger le long du fleuve Le choix d'un aménagement minimal pour la les les habitats groupés de Faule, Pancalieri, haute Plaine du Pô, dans années cinquante, , Casalgrasso et Borgo Mercato de entérine un état de fait. Dès le XIXè siècle, Moncalieri. Les dernières coupures connues sont il est implicite même si jamais formulé clai- à 1840 1846. les faites Casalgrasso entre et Ce rement par 1'Etat ou jamais perçu par type d'interventions tombe en désuétude car associations de particuliers. les trains de méandres se reforment rapidement Dans la Savoie, le Royaume Piémont-Sardaigne dans la plaine sauf en cas d'endiguement est capable de diriger le plus considérable continu /lo/. endiguement continu jusqu'en 1872. Les travaux, entrepris entre 1829 et 1854, se développent 2.1.4. ______----___------______La construction de digues est limitée, sur les 39 km du cours de l'Isère situés en jusqu'au début du XXè siècle, aux zones les amont de la frontière avec la France /6/. plus menacées du bassin padan sans qu'il existe une vision d'ensemble du problème des linon- 2.1. Le temps des initiatives dispersées /16/. 500 s.) dations Les premiers km du cours en (XIXè plaine du fleuve ne sont équipés que sur 40 km /6/. sur Le manque d'investissements de la part de Dans la haute Plaine, on évalue d'im- portants tronçons des cours d'eau l'endiguement 1'Etat fait que particuliers et communautés 1895. à d'après les cartes de IGM datées de Le locales réalisent des projets qui répondent ses seuls Pô, le plus aménagé, voit rives équipées leurs intérêts et dont l'ampleur dépend 16,5 % leurs Les sur de leur longueur tandis que la de possibilités financières. princi- taille moyenne d'une digue est de 590 m. Le pales réalisations sont passées en revue. Pellice est dépourvu d'équipements de ce type 2.1.1...... Le maintien de la couverture forestiere sur les 12 derniers km de son cours /IO/. dans les lits majeurs est une prévention na- turelle contre les dommaoes des rives et des~~ 2.1.5. La construction et la protection des d ...... inondations. Le long das cours d'eau, au pre- mier écran de la filtaie-taillis de saules suc- p_o~tsroutiers sont marquées par l'oeuvre de l'ingénieur NEGRETTI. DBs 1828 dans le Piémont, cède celui de la filtaie de peupliers. A deux pignons insubmersibles, reliés aux levées l'arrière, se trouvent les champs et les pâtu- rages qui constituent le meilleur terroir de la d'accès des ouvrages par des digues coudées, sont installés en amont des ponts afin d'effec- le bois sert à plaine. Les peupleraies dont tuer un effet de chasse d'eau rendant impos- fabriquer des allumettes ne souffrent pas des /6/. inondations sauf lorsqu'elles sont très jeunes. sible toute migration latérale du courant Trois ouvrages sur le Pô sont de. ce type qui Elles contribuent avec la filtaie-taillis où à sont contenues les érosions de rives à servir contribuera la disparition des '-ponts de de peigne en retenant la plupart des débris et barques devant être démontés avant chaque crue des alluvions lors des crues. L'efficacité du et impliquant une rupture de charge. Les treize ouvrages empruntés par les voies

IV.9.3 ferrées sont construits entre 1848 et 1892. Adaptés à des charges lourdes, ils ont tous résisté sauf dans le cas de destruction {olon- taire /IO/. 2.2. Le début de l'aménagement concerte iXXè s.i

L'aménagement est marqué par l'intervention croissante de 1'Etat italien. 2.2.1. ____--______---Les "consorzi" deviennent efficaces grsce à la loi no 774 du 13 juillet 1911. Il s'agit d'orqanismes émanant des collectivités locales riveraines. Les "consorzi" remplacent les particuliers lorsque ceux-ci sont inca- pables de résoudre individuellement les pro- blèmes hydrauliques. Depuis leur création par la loi no 2248 du #-o Troncon nettoyd et a herpes protdgies par des enrochements 20 mars 1865, l'action des "consorzi" avait et6 X-X+ - curi __- -- - gabions réduite ou inefficace. Les raisons d'6checs - Digue ¡inGortante sont l'opposition d'un particulier ou d'une 3000 Oehit de pointe record (m3js) commune qui pouvait bloquer tout aménagement 0.6 - speclfique correspondant (n13:s.kmZ) car les décisions devaient @tre prises à l'una- 1839 Annde nimité, la participation financière de 1'Etat qui était de l'ordre de 2 % sur le terrain Fi92. AMENAGEMENT5 EN PLAINE ET OEBITf d'étude, encore n'&ait-elle pas obligatoire ... R ROS. /7/. La loi no 774 rend obligatoire la parti- ECU cipation des entites sui~antes : Etat ; pro- 3. L ES L IMITES DE L ' AMENAGEMENT vinces, équivalents italiens des départements ; communes ; "consorzi". Elle Fixe la part de Quatre types de limites de l'aménagement se 1'Etat a 50 L des frais. Seules, les dépenses distinguent aujourd'hui. B d'entretien restent la charge des "consorzi" 3.1. La valorisation de la plaine d'inon- /IO/. dation de 16 800 ha ne devrait plus permettre la divagation des eaux de crue. La haute Plaine du Pô est une région agricole spécial du "Genio Civile" du Ministère des dynamique d'importance nationale. Elle est Travaux Publics, installé A Parme, est chargé caract6ris6e par un habitat rural dense et des des études hydrologiques sur l'ensemble du nombreux centres locaux. La zone étudiée est bassin du Pô (70091 km'). En 1930, le bassin aussi parcourue par les grandes voies de commu- est quadrillé par 1087 stations pluuiom6triques nication reliant rurin au f.lid¡ français et à la et 285 stations limnimétriques. Le compartiment Ligurie occidentale. La contribution de chaque de Turin, la plus occidentale des trois sous- cours d'eau à la plaine d'inondation est la divisions territoriales de "1 'Ufficio", compte suivante : pour le Cluson, 890 ha soit 5,3 41 de 68 stations oìi des mesures de débit sont faites la surface totale ; pour le Pellice, 2700 ha entre 1925 et 1970 /I/. "L'Llfficio'' est l'un (16,l 51 ; pour le Haut Pô, 1160 ha 16,9 %I : des meilleurs services hydrologiques au monde pour la Varaïta, 4280 ha !25,5 %) ; pour la jusqu'amannées soixante. Mai'ra, 600 ha (3,6 7;) ; pour la Grana, 1070 ha (h,4 5';) ; et pour le Pô, 6100 ha 136,2 0") ;IO/. "2.3. lez_------rCsultats de la nouvelle l6gislation L'individualisation des dommages se fait B et du travail de "l'Ufficio" permettent l'indi- partir des quinze grandes crues suivantes : vidualisation des tronçons de riviere à haut octobre 1839 et 1896 ; septembre 1920 ; oc- risque et la mise en oeuvre rapide des travaux tobre-novembre 1945 ; septembre 1947 ; mai 1948 d'hydraulique (Fig.2). et 1949 ; novembre 1951 ; juin 1953 ; octobre I1 est à noter que la relation entre les tron- 1953 ; juin 1957 ; mai 1959 ; décembre 1960 ; çons où le curage est nécessaire et ceux pré- octobre 1966 ; et mai 1977. sentant des chenaux anastomosés est parfaite Les dommages subis par les zones agricoles de sauf dans le cas de la Varaita où ce type de chaque commune riveraine sont estimés selon le lit ne se trouve pas au-delà de Lagnasco. pourcentage que l'aire inondée, au moins à une En aval de ces tronqons et pour tout le Pô, oÙ reprise, occupe sur la surface totale (Fig. 3.1. les lits sont sinueux ou à méandres, le net- Ils ne comprennent que les inondations causées toyage des alluvions de crue est suffisant par les cours d'eau étudiés /IO/. /lfl/. 3.2. L 'accentuation de 1 'érosion--A%éai~e- des cours d'eau est datée du milieu des années cinquante a l'échelle du bassin du Pô /2Oi'. La cause principale en est la sur-exploitation CRUES ET AMÉNAGEMENTS DES LITS DEPUIS LE XIXe SIECLE DANS LA PLAINE DU PO AU SUD DE TURIN

RAPPORT IV.9

des sablières et gravières dans les lits /17/. Une cause annexe serait le changement du régime pluviométrique depuis 1945. Les hauteurs jour- nalières maximales sont en hausse depuis cette date ainsi que les débits de pointe et les vo- lumes ruisselés des crues /14/. Dans la haute Plaine du PÔ, on présente les exemples suivants : 0 Sur le Pellice, la disparition du modele de lits à chenaux anastomosés apparaît en com- parant les photographies aériennes datées de 1954, 1962 et 1977. L'écoulement se concentre dans un seul chenal. Le dernier méandre du Pellice avant la cmfluence avec le Pô est coupé par les eaux de la crue mineure de mai 1974 /IO/. O Sur le Pô, en 1980 au droit de deux mé- andres abandonnés par le fleuve dans les années cinquante, le fond de l'ancien lit se trouve à 4,lO - 4,15 m au dessus du niveau des basses- eaux. A la station de Meirano-Moncalieri, un surcreusement de 1,65 m s'observe dans les années 1955-57 /IO/. Le profil transversal du fleuve, à Carmagnola, soit 15 km en amont de la station de référence, montre un abaissement d'environ 1,50 m entre les levés de 1960 et 1966 /15/. Sous deux ponts situés dans la même zone, l'abaissement s'établit en moyenne à 3,70 m entre 1957 et 1980 /IO/. La conséquence en est la disparition de lits à méandres et de la diminution de l'indice de sinuosité du fleuve. Canalisé entre des rives de plus en plus recti- lignes, le Pô, en cas de crue, ne dispose que d'une longueur moindre de rives à affouiller. I1 en résulte une baisse de la turbidité moyenne, à Meirano-Moncalieri, qui passe de 180 g/m3 à 65 g/m3 au delà de 1960 /20/. Les conséquences de l'accentuation de l'éro- sion linéaire pour l'aménagement sont graves. 1 BARGE 2 1 FOSSANO 41 POLONGHERA Les gabions, les enrochements et les digues 2 BERNEZ20 22GAMBASCA 42 RACCONlGl sont affouillés à la base. Sous les ponts du 3 BIBIANA 23 GARZIGLIANA 43 REVELLO Pô, en 1980, la mise à jour des fondations sur 4 BRICHERASIO 24GENOLA 44 RIFREOOO 3,50 m est courante. L'ouvrage sur la Grana, 5 BUSCA 25 LAGNASCO 45 ROSSANA emprunté par la Route Nationale no 22 sur la 6 CAMPIGLIONE F. 26LA LOGGIA 46 RUFFIA commune de Caraglio, s'effondre lors de la 1 CARAGLIO 27 LOMBRIASCO 4 7 SALUCES 8 CARDE 28 LUSERNA S.G. 48 SAVIGLIANO crue mineure de mai 1973. Des gradins sont mis 9 CARIGNAN0 29 LUSERNETTA 49 SCARNAFlGl. en place en aval de nombreux ponts donnant au 1 O CARMAGNOLA 30 MACELLO 5 O S. SECONOO P. surcreusement des lits de nombreuses irrégu- 11 CASALGRASSO 31 MANTA 51 TORRE P. larités qui permettent encore l'extension de 12. CAVALLERLONE 32MARTlNlANA P. 52 VALGRANA vastes champs d'inondation, comme lors de la 13 CAVALLERMAGCIORE 33 MONASTERELO 5 3 VENASCA crue de mai 1977. 14 CAVOUR 34 MONCALIERI 54VERZUOLO 3.3. Les limites financières imposent bien 15 CENTALLO 35 MORETTA 5 5 VIGONE leurs 16 CERVASCA 36 MURELLO 5 6 VILLAFALLETTO souvent contraintes aux multiples plans 11 CONI 37 OSASCO 57 VILLAFRANCA P. d'aménagement depuis celui de l'ingénieur à 18 COSTIGLIOLE S. 38 PANCALlERl 5 8 VILLANOVA S. BRUNATI de 1847 celui du "Magistrato per il 19 ORONERO 39 PIASCO 59VlLLAR S.G. Po" et de la SIM0 de 1984. De nombreuses com- 20 FAULE 40 PIGNEROL 6 O VILLASTELLONE missions interministérielles se sont penchées 6 1 VOTTIGNASCO sur l'aménagement hydraulique. La plus connue est la "Commission DE MARCHI" qui a rendu ses conclusions en 1970. Après avoir rédigé trois plans successifs de financement entre 1976 et Fiy3. OEEATf )UBI9 PAR LES COMMUNE% 1978, le Ministère des Travaux Publics n'ob- AGRlCOLEf EN CM O'INONUATIUN MAXIMALE tient, en 1978, que 40 milliards sur les 400 demandés. Le plus souvent, les financements ne sont débloqués qu'après une crue catastrophique

J IV.9.5 comme celle de juin 1957. Ils le sont par des Lersants, aux laies torrentielles et auk crues lois spéciales, dans ce cas celle no 554 de /12/. cette même année /?(I/. Un exemple d'application dans la haute Plaine La conséquence est une orientation des crédits de cette méthodologie est illustré (Fig. 4). vprs des ouvrages de type défense passile et non vers la prévision des risques naturels 13,. Ainsi, les débits de pointe ne sont pas jaugés lors de la crue de mai 1977. 3.4. Les limites administratives sont la conséouence du chevauchement des comDétences entre différents services nationaux et ré- gionaux. Dès les années cinquante, le même Ministère, celui des Travaux Publics, coiffe deux services v Erasion de rive (Ifois) dont l'un, l'"Ufficio Genio CiLrile'' de Turin, p9 Aire inondée (au moins 4) veut maintenir de vastes plaines d'inondation - -(2Ou3) tandis que l'autre, le "Magistrato per il Po", autorise les prélkvements des matériaux des lits qui entrainent le surcreusement de ceux- ci. A 50 m du lit mineur, l'autorisation d'ex- illage inondé (au moins 4) ploitation passe à 1"'Ufficio Miniere". Afin de décentraliser les compétences, à partir de 1975, 1'Etat cède une part de son autorité -- aux Régions. Ainsi, l'"Ufficio Genio Civile" passe sous la tutelle régionale en 1976. La Région Piémont institutionalise, par la Loi Régionale no 41 de juin 1975, quinze "com- prensori" qui sont les organismes de base de la planification et des forces de propositions. ~~ ~ ~~~ ~ Elle crée un service géologique régional en 1978 et commence Ilélaboration d'une carte des Fi94. EXEMPLE OE CARTE DU Rl5qUE OANS LA risques naturels en signant une convention avec ZONEOE LA MAIRR- Po le CNR-IRPI. Ce dernier est l'un des trois CONFLUENCE - laboratoires du Ministère de la Recherche Scientifique créés en 1973 pour étudier les 1,'échellc~ de travail est le 1/25000c avant causes et effets des calamités naturelles. réduction ébentuelle. Les docriments consult& On aboutit assez vite à la perte de la notion pour dresser les cartes de risques sont de d'intérêt public. Les intérêts d'un "compren- forme et d'origine très variées : documents sorio" ou d'une Région peuvent être antago- météorologiques, données hydro-pluviométriques nistes et leurs possibilités de financement de "l'Ufficio Idrografico per il Po", comptes très variables. Pour lutter contre les ten- rendus inédits de "l'Ufficio Genio Civile", dances centrifuges, le "Comitato di Bacino per des communes, des "consorzi", du Wagistrato il Po", embryon d'une Agence de Bassin, est mis per il Po I'..., coupures de presse, publications en place le 28 novembre 1983. I1 a une struc- scientifiques, photographies aériennes, images ture de decision restreinte associant reprb- de satellite, levés topographiques et autres sentants de 1'Etat et des Régions. I1 est travaux de terrains. Le recoupement de ces dirigi. par le directeur du "Magistrato per il documents autorise une critique serrée des Po" /2/. données. Etudiant la dknamique fluviale, on distingue 4. PROSPECTIVES les cinq types d'effets géomorphologiques suivants : "suralluvionnements" ; érosions de A court terme, des réalisations en cours rive ; coupures naturelles de pédoncule de doivent être amplifiées en se servant des méandre auxquelles sont assimilées les captures services et des outils existants. I1 est exclu du tronçon terminal d'une rivière par une de changer la vocation de la haute Plaine. Elle autre j champs d'inondation ; dépôts de limons doit rester un vaste champ d'inondation et de de débordement. Le terme 'tsuralluvionnement'' dPcantation, lors des crues, même si quelques est un italianisme utilisé pour définir le initiatives ont altére ce D'ailleurs, rôle. le phénomhne suivant : la charge solide en dernier projet d'aménagement maximal du PÔ, graviers, dans la haute Plaine lors d'une crue, daté de 1984, ne prévoit aucune intervention est tellement forte que le lit, après celle- notable dans cette zone. /17/. ci, domine la campagne riveraine. 4.1. La protection des zones les plus frt- Les implications sur le milieu riverain dis- quemment touchées par les eaux, lors des crues, tinguent : les degfits subis par les zones doit être néanmoins effectuke. Une méthodo- agricoles avec l'inondation de champs et de logie adaptée aux risques naturels existe en pâturages et la destruction des prises des Italie, adaptée à la fois $I la dynamique des canaux d'irrigation ; ceux touchant les aires CRUES ET AMENAGEMENTS DES LITS DEPUIS LE XIXe SIÈCLE DANS LA PLAINE DU PO AU SUD DE TURIN

RAPPORT IV.9

bâties avec la submersion de fermes, hameaux, périeurs à 50 mm en l heure) sont enregistrées, villages et villes ; et ceux causés aux ponts entre 1940 et 1970, au contact Alpes - haute et aux voies de communications. Plaine ou dans les basses et moyennes vallées. L'originalité de la démarche consiste à partir Elles sont liées à des orages de type "cloud- des conséquences des crues /IO/ /Il/ et non de burst", trbs localisés, et n'engendrent pas sur la cause comme dans une étude hydro-météoro- les cours principaux de crues notables. Les logique /22/. L 'individualisation des crues qui grands épisodes pluvieux des Alpes Cottiennes résulte des deux approches est le plus souvent sont, de plus, concentrés en quelques mois. Sur identique. Toutefois, la démarche adoptée un échantillon très complet de 60 crues allant permet de connaître les petites crues dont les de 1810 à 1977 et datées avec précision, cinq dég8ts sont importants du fait de l'anthropi- mois concentrent 80 X des crues /IO/. Ce sont sation croissante et de l'aménagement anar- les suivants : mai, juin, septembre, octobre et chique du milieu riverain. novembre. Sur aucun cours d'eau étudié, ce à 78 4.2. pourcentage n'est inférieur X. Les crues Le système d'annonces de crue s'ap- à sur de la période froide, de décembre mars, n'ont puiera un nouveau réseau de limnigraphes, jamais causé de gros dégâts à l'image de celle, en cours d'installation depuis 1982, sur les 1960. /4/. très forte, de décembre Aucune crue no- hauts bassins des affluents du Pô Le table n'est datée de juillet sur l'un des cours réseau utilise la transmission par radio des 21 d'eau étudiés. données. I1 complètera le réseau de stations 1801 1974 le 1982 1984 sur les I1 faut souligner qu'entre et installées entre et le Pô et nombre des crues par année dans le Piémont et tronçons terminaux de ses principaux affluents. Le 30 la Vallée d'Aoste n'est pas en augmentation. nouveau réseau comptera au total stations Les le en 1987-88. Ainsi seront équipés tous les cours décennies où nombre de crues est le plus grand sont les suivantes : 1821-30 et 1851- d'eau de la haute Plaine à l'exception de la 60 /Il/. Grana. La localisation des stations retenues - est la suivante : Perosa, à l'ouest de Pignerol La prévision des crues, en temps réel, ne Se sur le Cluson (cf. Fig. 3) ; Torre P. sur le ferait que cinq mois par an. On n'équiperait, Pellice j Revello sur le haut Pô i Venasca sur pour la télétransmission des données, que les la Varafta j Droner0 sur la Maira. Meirano- pluviographes où la corrélation entre les crues Moncalieri sur le Pô fait partie de la pre- à dommages graves et la lame précipitée est mière tranche du réseau installée entre 1982 satisfaisante. Des seuils pluviométriques pour et 1984. les durées de 3 et 6 heures de pluie sont pré- A Parme oÙ se fait la réception des hauteurs déterminés pour 7 appareils installés dans les limnimétriques, le "Magistrato per il Po'' Alpes. Quatre nouveaux pluviographes implantés dispose d'un service télex pour annoncer les dans les hautes vallées seraient nécessaires crues aux riverains et d'un centre de trai- pour mieux connaître la genèse des crues. Ils tement des données. Le coût total des 51 remplaceraient d'anciens pluviomètres. Au: stations et des infrastructures de Parme est total, le réseau compterait 11 appareils contre estimé en 1984 à 600 millions de lires dont les 16, actuellement installés (Fig. 5). 450 /4/. 1985, déjà investis Depuis la partie /' I installée du nouveau réseau voit, de façon J expérimentale, ses données integrées à celles des 21 stations existantes sur le Pô et les tronçons terminaux de ses principaux affluents. 4.3. La prévision de crues peut être faite par l'application de la méthode hydro-météo- rologique. Le système d'annonces projeté ne permettra pas la protection des zones immédia- tementsituges en aval du débouché des Alpes du fait de la vitesse de propagation des crues. Les six bassins montogneux des Alpes Cottiennes disposent d'un réseau pluviographique peu dense CASTELLO 25/4h W- JI 7 f (16 appareils pour plus de 2300 km'), situé à basse altitude pour des raisons de commodité a d'accès /IO/. Malgré ces handicaps, d'après les relevés fournis par les pluviographes com- plétés par ceux des pluviomètres, les quinze crues examinées (cf. 0 3.1), à l'exception de 1960, leur celle de décembre ont genèse dans O Pludographe maintenu les parties alpines internes. Dans la haute U ruppri mi Plaine du Pô, les grandes crues sont provoquées O i, installer par des pluies prolongées, durant plusieurs I1/46~1uiescritiques. Hauteurs cumulasr sn 3 h/ 6 h tmmi jours, et très étendues spatialement. Les in- (89 1 heure tensités horaires maximales mm en f¡g.s.PROJET OE REOEPLDIEMENT UV RE5EAU à Verzuolo et cinq autres cas égaux ou su- PLUV IU MET R IQ U E.

i 1 IV.9.7 f5' CONCLUSION /E/ FORNI? t4.G. (1982). "Studio geologico dell' Altopiano di Poirino", Riv. Geogr. Fis. e Le rôle d'2crêtement et de décantation, en Dinamica Quat., Vol. 5, n. 1, 129-162. cas de crues, joué par la haute Plaine du P6, /9/ GABERT P. (1962). "Les Plaines occidentales sera conservé malgré la protection des quelques du Pô et leurs piedmonts. Etude géomorpholo- zones les plus fréquemment touchées par les gique", Thèse d'Etat, Louis-.Jean, Gap, 531 p. conséquences des hautes eaux. La rAglementation /IO/ GIODA A. !1981). "Effets géomorphologiques du prélèvement des alluvions dans les lits est des crues dans la Plaine sud-occidentale du Pô tine mesure conCrPte prise pour conserver ce (Piémont i. Incidences sur le milieu riverain", rele. Thèse 3è cycle, Univ. de Nice, 366 p. La mise en place d'un Systeme d'annonces de /Il/ GOVI t-1. (1975). "Cartographie, documen- crue et le projet défendu par llA~iteurd'une tation et interpretation des crues et coulées prévision hydro-pluviométrique en temps réel de boue dans les Alpes italiennes", Intern. assureronr. une bonne proteoLiuri das pupulatlons Sympûsiûr; "Intcrpracvcnt 151?5", Innsbruck., 2, 5 en cas d'inondations. Plus ardu, sera de lutter 209-223. contre la valorisation sauvage de la plaine i12/ GoVI 1.1. (1984). "Les phénomènes catastro- d'inondation connaissant, en Italie, la dif- phiques d'origine exogène - Le risque lié aux ficulte d'accords durables entre particuliers, phénomènes exogènes", 2% Congrès Intern. de élus, et représentants de l'autorité étatique Géographie : Les Alpes - The - Die Alpen - ou régionale. Le Alpi, Paris, 31-39. 11311 GREGORY K.J., WALLING D.E. (1973). "Drai- BIBLIOGRAPHIE nage basin, form and process : a geomorpholo- gical approach", Edward Arnold, London, 456 p. /li ANSELF-10 V., CARON1 E., GIODA A. (1901). 1'14: E4ARAGA F. (19833. "t4orphologie fluviale et "Aspects hydrologiques du bassin occidental du migration des cours d'eau dans la haute Plaine Pô (Italie). Limites des données et problèmes du PÔ (Italie, Partie nord-ouest I", Geol. Jb., d'application des connaissances", Convegno Hannover, A 71, 219-236. Intern. su : Problemi Idraulici nell'Assetto /15/ MARAGA F., WORTARA G. 11901). "Le cave per Territoriale della Montagna, Milano, maggio, inerti lungo i corsi d'acqua : rapporti con la ß, 1-15. dinamica fluviale", Bollettino della Associa- /2/ CAMMARATA G.D. (1984). "Prefazione Atti zione Mineraria Subalpina, Anno XVIII, n. 3- del Convegno : Per il Po ed i suoi affluenti", 4, 385-395. 2O Convegno di Idraulica Padana, Parma, 11- /16/ I4IN. LAVORI PUBBLICI (19D7). "Relazione 18. sui servizi dipendenti della Direzione Generale /3/ CATI L. (1901). "Idrografia e idrologia del delle Opere Idrauliche (1" luglio 1890-30 gi- Po", Ufficio Idrografico del Po, n. 19, Isti- ugno 1906!", Ed. Manuzio, Roma, Parte II, V, tuto Poligrafico e Zecca dello Stato, Roma, 256 p. 310 p. 1'17,' MIN. LAVORI PUDBLICI (1984). "Studio e /4/ CIARMATORI L. (1984). "Il sistema tele- progettazione di massima delle sistemazioni idrometrico del bacino del Po : stato attuale e idrauliche dell'asta principale del Po dalle sviluppi", 2O Convegno di Idraulica Padana, wiynti alla foce", E-lagistrato per il Po e Parma, 1, 377-382. SIMO, Ed. Campitalia, Roma, 138 p. /5! CIRCOLO SUPERIORE DI ISPEZIONE PER IL PO /IS/ PARDE 1.1. i 1952i. "Quelques indications sur (1950). "Opere idrauliche di terza categoria le régime des ribières alpestres piémontaises", per la sistemazione del F. Po fra il ponte di Revue de Géog. Npine, Tome SL, 383-420. Faule ed il ponte di Carignan0 in sponda destra /191' ROt4ITI G. <1959j. "La sistemazione del ba- la Cascina Belvedere del Comune di La Loggia in cino idrografico del Po nella regione piemon- sponda sinistra", Parma, inédit. tese", Ed. Panelli, Torino, 124 p. /61 DAUSSE M. (1072). "Etudes relatives aux /20/ ROSSET JI t.1. ( 1970 i. "La decadenza morfo- inondations et à l'endiguement des rivières", logica dei corsi d'acqua della regione padana", Imprimerie Nationale, Paris, 220 p. I1 Frantoio, n. 4, aprile, h-17. 1'71 DEMORRA V. (1883). "Cenni monûgrafici sul 1211 UFFICIO GENIO CIVILE TORINO i 1957.1."Pi- Fiume Po tra Villafranca e bloncalieri. Proposte ano regulatore del F. Po. Tronchi : XIXiSXIXXIi di sistemazione", Ed. Vincenzo Bona, Torino, IViXXVLl,Torino, inédit. 60 p. 1221' VIVIAN H. i 1977). "Averses extensives et crues concomitantes dans l'Arc alpin. Etude hy- i! drométéorologique", Thèse d'Etat, Ed. Honoré Champion. Paris, 2 tomes, 1309 p.