CAHIERS Lorrains
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LE S CAHIERS lORRAINS ORGANE MENSVE L.. des SOCIETÉS LITTERAIRES SClENllfiQVES ARTIS'flQVES _ DE METZ ET DE LA MOSELLE. -·- �ES r:AHIERS �ORRAINS 'r reizièmo Annèe No 7 Juillet-Août 1934. ORGANE MENSUEL DES GROUPEMENTS SUIVANTS : Société d'histoire et d'archéologie Société des amis des Musées Académie nationale de .Metz Société d'histoirE� na.tnrelle SOMMAIRE Mémoires ....... 97 Bibliographie . 98 Comptes rendus : Société d'histoire et d'archéologie de la Lorraine 106 Académie nationale de Metz . 108 Société des Amis des Musées de Metz . Ill Société d'histoire naturelle de la Moselle . 1 1 1 . M É MOIRES Une Maison des Salm à Tincry Tincry, petit village situé à 3 kilomètres de Delme, a déjà occupé les archéologues. Ce village, qui doit être très ancien, est connu par son camp préhistorique qui couvre une grande partie du plateau boisé dominant le village (!). Au haut Moyen-Age, Tincry était la résidence d'une fa mille noble qui s'appelait « de Tincry ». L'existence de celte fa mille, qui possédait des biens considérables dans le Saulnois, est certaine aux XI• et XII• siè cles. Elle disparaît au XII• siècle et nous voyons ensuite les comtes de Salm, voués de Senones, prendre. leur place . Ces derniers n'étaient au commencement que les voués des abbayes de Saint-Arnoulf et de Metlach, qui se partageaient les terres de Tincry. A la suite d'usurpa tions et d'acquisitions partielles, ils devinrent au XVI• siècle les maîtres de Tincry. A cette époque, les comtes de Salm construisirent à Tincry une maison que nous avons pu identifier. Elle est située au centre du village, à proximité de l'église, sur le chemin de Bacourt. Aujourd'hui, ce n'est plus qu'une modeste maison de culture qui a subi beaucoup (1) F. Barthélemy, La Lorraine avant l'histoire, Nancy 1889, p. 208. Cournault Ch., Refuge de Tincry, Journal Soc. d'arch. lort·. 1873, p. !52. Paulus, L'enceinte pré historique de Tincry, Jahrbuch der Gesellschaft fur lothringische Geschichte und Alter tumskunde 1894, p. 111 . 98 MÉMOIRES de modifications au courant des siècles. Si celle maison n'existe plus sous son �specl primitif, sa porte d'entrée nous est parfaitement con servée. Elle comporte un encadrement en pierres de laille de Tincry avec une moulure arrondie. La pierre supérieure porte au milieu, en bas relief, un cartouche dans lequel on a placé en beaux chiffres gothiques le millésime 1568, qui est sans doute la dale de la construction de la maison. Entre les chiffres 15 el 68, nous voyons, en bas-relief égale ment, deux poissons se tournant le dos. Ces poissons sont certainement les deux saumons que nous retrouvons dans les armoiries des comtes de Salm (2). La présence de cet emblème au-dessus de la porte de la maison est donc une preuve certaine que la maison a été construite pour le compte des comtes de Salm. Paulus, dans sa savante dissertation sur le camp préhistorique de Tincry (3), émet l'opinion que le berceau de la fa mille « de Tincry » , qui disparut au Xli• siècle, était la petite enceinte, appelée le châti, qui se confond du côté est-sud avec la grande enceinte. Toujour s est-il qu'à l'intérieur de celle enceinte, on n'a trouvé aucun vestige provenant d'une construction quelconque. N'est-il pas plus probable que l'ancienne demeure des « de Tincry » se trouvait sur l'emplacement de la maison des Salm, qui fu rent leurs successeurs ? Les comtes de Salm auraient, en construisant leur maison, utilisé les bâtiments qui s'y trouvaient déjà el les auraient modifiés et restaurés suivant leurs besoins. Ce qui confirme celle hypothèse, c'est la situation, au centre du villagP. même, de la maison des Salm, autour de laquelle les autres maisons sont venues se grouper ensuite. Lors de nos recherches à Tincry, nous avons découvert une autre maison datant du XVI• siècle. Au-dessus de la porte de cette maison, on lit la date 1676. Les chiffres 15 et 76 sont séparés par un écu qu'il n'est plus possible de déchiffrer aujourd'hui. Nous ignorons donc l'affectation primitive de celle maison. L. Poncelet BIBLIOGRAPHIE André Gain. - Liste des émigrés, déportés et condamnés pour cause révolutionnaire du département de la Moselle. Sixième partie U.-Z. Supplé ments. Table alphabétique. Metz, les Arts Graphiques, 1932, in-8° pages 47 1 à 855. <Extrait de l'Annuaire de la Société d'histoire et d'archéologie de la Lorraine, pour 1931 et 1932). (2) Les comtes de Salm portaient deux saumons de gueules sur écu d'argent pour la branche des Ardennes, d'argent su1· écu de gueules pour la branche des Vosges, l'écu semé de croix recroisettées au pied fiché du même, (3) V. Jahrbuch 1894, p. Ill. La maison des Salm. 1508. Maison 1576. BIBLIOGRAPHIE 99 Çe sixième fascicule, qui clôt le magistral ouvrage de M. Gain consacré à l'émigration en Moselle, contient, outre la fin de la liste même des émigrés, dont les noms commencent par les lettres U à Z, une liste supplémentaire qui fo urnit 235 noms, portant au total appro ximatif de 3.900 le nombre de ceux qui prirent la fu ite ou fu rent vic times des lois révolutionnaires dans le département. A la liste supplé mentaire est jointe une annexe, qui donne toutes les additions et cor rections qui devront être appliquées, tant à la liste primitive qu'à la liste supplémentaire, car au cours des neuf années qu'a duré l'élaboration de ces listes, bien des rectifications se sont imposées à l'auteur : on les trouvera dans cette annexe sous la fo rme de courts articles portant les numéros des notices qu'ils complètent ou corrigent. De plus, M. Gain a jugé utile, et on lui en saura gré, d'ajouter à son travail dans un but de synthèse une conclusion, où il a fo rmulé les résultats de sa laborieuse enquête. Les listes officielles des émigrés sont très inexactes, elles comportent beaucoup d'omissions, puisque leur vérification à l'aide des documents d'archives a permis de porter, il fa ut le redire, le nombre des émigrés de 2.400 à près de 4.000. Si l'on cherche à quelles classes sociales ils appartenaient, on trouvera pour le clergé : 714 séculiers, presque tous membres du bas clergé, 249 religieux, aux quels on peut aj outer 29 religieuses, au total 992 ecclésiastiques ; pour la noblesse : 707 fugitifs ou condamnés, dont 1 78 fe mmes ; pour le tiers état : 2.243 émigrés, soit 57 pour 100 du total, ce qui donne un car·ac tère populaire à l'émigration dans la Moselle. Le lecteur en se reportant aux pages 761 et 762, aura sous les yeux un tableau résumant la par ticipation de chaque classe et de chaque profession à l'émigration mosell�ne. M. Gain s'est ensuite demandé quels étaient dans le département les principaux fo yers d'émigration, combien il y avait eu de condamnés à la peine · capitale et où étaient décédés ceux des émigrés morts à l'étranger. A toutes ces questions, il a donné les réponses les plus satisfaisantes. Enfin un index des noms de lieu , qui occupe sur deux colonnes 63 pages, offre ,le grand avantage de permettre de grouper dans une commune de la Moselle tous les émigrés qui y étaient possessionnés et sur lesquels il a été vendu des biens nationaux à partir de 1 793. On ne saurait donc trop fa ire ressortir la haute valeur documen taire et historique de l'ouvrage de M. Gain. Toutefois la lecture du sixième fa scicule m'amène à faire les remarques suivantes : Page 5o6, à la fin de l'articl e 3.574-3.575, une phrase reste inintelligible probablement par suite d'une fa ute d'impression ; il en est de même à la ligne 10 de la page 535 et à la ligne 35 de la page 709, sans doute pour un sem blable motif, Modestement l'auteur donne à l'ensemble de $es deux 100 BIBLIOGRAPHIE volumes plus de treize cents pages, (p. 6oo), alors qu'il aurait dil écrire plus de quinze cents pages, puisqu'il y en a exactement t.536. Plus loin, au sujet de la comparaison entre le sixième fa scicule et les autres, nous laissons la parole à l'auteur : «Mais, de grâce, qu'on ne lui impute pas la différence des caractères typographiques et de la disposition d'un fa scicule à l'autre : le premier a été « composé » à Strasbourg, le second à Metz, le troisième à Jarville, le quatrième à Nancy, le cinquième devait l'être à Morhange, mais le fut finalement à Metz, comme le dernier 1 Que l'on· juge donc avec indulgence les disparités, inévitables dans ces conditions, et que l'on a tout fa it cependant pour atténuer. Qui l'ignore ? C'est une pauvre chose qu'un auteur aux prises avec son imprimeur. Que voulez-vous que celui-ci fît contre six ?. Et l'on ne cherchera point à gagner l'indulgence des critiques par de trop authen - tiques aventures de manuscrits perdus, de caisses éventrées et de notices mêlées comme chair à pâté ... » Dans sa conclusion, l'auteur précise les différentes catégories d'émi grés, s'efforce d'établir le nombre ex�ct de ceux-ci, enfin les répartit entre les classes sociales de l'ancien régime. En terminant ce compte rendu, nous insisterons encore sur l'importance du grand ouvrage de M. Gain, pour l'histoire du département de la Moselle peu après sa création.