Wissembourg, Frœschwiller 1870. Reichshoffen, Wœrth
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Cela fait bientôt 20 ans que l'Association des Oeuvres Scolaires de l'A rrondissement de Wissembourg publiait un ouvrage - moderne - sur les événements guerriers de 1870. Nous tenions à nous associer aux festivités du Centenaire en 1970. Nous apportions aussi la preuve de notre dynamisme à la même époque : une équipe d'anciens - en 1970 - et de plus jeunes pensaient que les "Etudes Wissembourgeoises" de 1952 pouvaient éventuellement renaître... Bientôt 20 ans ont passé. Et pourtant l'intérêt pour cette publication subsiste. Du côté de Woerth où le musée est régulièrement demandeur. Nous souhaitons aussi que les collègues nouveaux dans la circonscription ou tous ceux qui ne le connaissent plus, puissent l'acquérir. Non pas pour glorifier qui que ce soit ou quoi que ce soit, mais pour apprendre à mieux connaître l'histoire de notre petite région, pour se faire une idée des horreurs dont nous font part les témoins de l'époque ayant relaté et transmis à la postérité leur vécu. Le tout au nom d'un nationalisme dont les jeunes générations ne peuvent pas ou plus se faire une idée. Le texte et la présentation de l'époque sont repris intégralement. Pour respecter les noms des acteurs de l'époque dont tous ne résident plus parmi nous. Afin de préserver ce qui sera aussi de l'"histoire" bientôt. Je suis heureux que l'Association des Oeuvres Scolaires puisse apporter cette contribution à la mémoire collective de l'A. O.S. et de l'Outre Forêt. Que les lecteurs jeunes ou vieux, d'aujourd'hui et de demain, apprennent en l'étudiant comment il ne faut pas faire pour vivre avec son voisin. Ch. KUGLER Président de l'A.O.S. Février 1989 Bataille de Wissembourg 4 Août 1870 Robert Sabatier Professeur d'histoire au Lycée Stanislas de Wissembourg Bataille de Frœschwiller 6 Août 1870 Paul Stroh Directeur d'Ecole à Buhl ÉDITÉ PAR L'ASSOCIATION DES OEUVRES SCOLAIRES DE LA CIRCONSCRIPTION DE WISSEMBOURG Président: G. WAGNER 3 Edition Ont contribué à la réalisation de cette étude: Ch. KUGLER - Vice-Président - Directeur d'Ecole M. BOEHM - Vice Président - Directeur d'Ecole J.J. VOSSELMANN - Secrétaire - Professeur C.E.G. Ch. SCHWEINBERG - Conseiller Pédagogique R. JUND - Délégué aux Oeuvres Scolaires Cartographie, M. L. LEROY Illustration: Documents Ch. Muller Ils remercient les nombreux amis et collègues qui ont bien voulu mettre à leur diposition les documents, chroniques et témoignages de l'époque. Copyright 1989 Association des Oeuvres Scolaires de l'Arrondissement de Wissembourg L'histoire est l'humanisation progressive de l'homme REVUE ESPRIT, AVRIL 1952 Amour ou haine... Respect ou irrespect... Générosité ou égoïsme... Ordre ou désordre... Progrès ou dépérissement... Paix ou guerre... La guerre... immonde Léviathan qui jette sur nous, par saccades, ses singuliers maléfices, torrents de sang et de larmes. La guerre... tel est pourtant l'objet du présent ouvrage. Mais j'accepte celle-ci comme un fait historique, sans pour autant m'interdire l'espoir de voir un jour l'Histoire s'en débarrasser définitivement. Ce que je veux c'est dire ma joie sincère et profonde en présence de l'œuvre remarquable que viennent d'accomplir des Educateurs au sein de l'Association des Oeuvres Scolaires de l'Arrondissement de Wissembourg. Généreux d'intelligence et de dynamisme, convaincus du caractère primordial de leur mission éducative, habités d'un sens de l'équipe exceptionnel, amoureux de leur terroir et de son passé, ils ont mené à bien une tâche difficile mais en- thousiasmante. Relater le passé, à la fois dans sa vérité et son éternel mystère, n'est pas chose aisée. Relater le passé c'est l'aimer; c'est l'interroger; c'est répondre à la question que lui pose "la curiosité, l'inquiétude, certains diront l'angoisse existentielle, de toute façon l'intelligence, l'esprit de l'historien". Seules, des traces documentaires, intelligibles pour lui, que le temps dans son déroulement inéluctable a bien voulu préserver de la destruction ou de l'oubli, permettent de trouver une réponse. Leur recherche est tout un art. Et en défi- nitive c'est l'ingéniosité de l'historien qui fait l'histoire... Tâche enthousiasmante car au-delà d'une recherche de la vérité l'œuvre de ces Educateurs marque leur volonté d'ouvrir toutes grandes sur l'Histoire les fenêtres de nos écoles, afin que nos enfants, peu à peu, pas à pas revivent l'Homme, dans ses peines et ses joies, en marche vers ses espérances. J. MARTEL De la guerre... FENELON: Toutes les guerres sont civiles; car c'est toujours l'homme contre l'homme qui ré- pand son propre sang, qui déchire ses propres entrailles. BOSSU ET : La guerre est une chose si horrible que je m'étonne comment le seul nom n'en donne pas de l'horreur... PEGUY : Si affreuses que puissent devenir les misères de la guerre, au moins elles peuvent être compensées. Il y a l'honneur de la guerre. Et il y a la grandeur de la guerre. J. DE MAISTRE: La guerre est donc divine en elle-même, puisque c'est une loi du monde. A. DE VIGNY : ...Il n'est point vrai que, même contre l'étranger, la guerre soit divine; il n'est point vrai que la terre soit avide de sang. La guerre est maudite de Dieu et les hommes mêmes qui la font et qui ont d'elle une secrète horreur, et la terre ne crie au ciel que pour lui demander l'eau fraîche de ses fleuves et la rosée pure de ses nuées. BARBUSSE: ...Ce serait un crime de montrer les beaux côtés de la guerre... même s'il y en avait! SARTRE: La guerre n'est pas une maladie... C'est un mal insupportable parce qu'il vient aux hommes par les hommes. ALAIN : Qui veut la guerre veut par cela même des massacres inutiles, des exécutions pour l'exemple, et des otages fusillés. La Bataille de Wissembourg 4 Août 1870 Robert Sabatier Professeur d'histoire au Lycée Stanislas de Wissembourg Les prémices de la guerre de 1870 La victoire prussienne de Sadowa (3 juillet 1866) exclut l'Autriche d'Alle- magne et regroupe autour d'une Prusse agrandie "La Confédération de l'Allemagne du Nord". Bismarck permet rapidement à Napoléon III de s'aper- cevoir qu'il a aidé à constituer, à proximité de la frontière française, une Prusse puissante et fortement armée, sans aucun des profits qu'il escomptait pour la France. Quand il demande les "compensations" qu'il croyait dues et promises en paiement de sa neutralité lors du conflit austro-prussien, il a beau se montrer de moins en moins gourmand - exiger d'abord une bonne partie de la Rhénanie, puis la Belgique, pour se rabattre enfin sur le petit Luxembourg - Bismarck habilement gagne du temps et fait échouer tous les pourparlers secrets en divulgant progressivement les demandes françaises. Appuyé par l'Etat-Major prussien, Bismarck juge la guerre contre la France inévitable pour parachever l'unité nationale car il est convaincu que Napoléon III ne consentira jamais au rattachement à la Prusse des Etats du Sud. Montrer à l'opinion allemande un Napoléon III avide de terres germaniques est le meilleur moyen de briser les obstacles à l'unification qui se nourrissent du particularisme des Etats du Sud, lesquels détestent la raideur et le militarisme prussiens. Sans se retenir de parler avec sarcasme des "pourboires" mendiés par la France, il cultive avec soin les maladresses de la diplomatie impériale: cela lui permet de déclencher outre-Rhin des campagnes de presse gallophobes et de noyer les querelles intestines dans un grand élan commun. Le parti de la guerre existe aussi en France. L'impératrice, des généraux et un assez grand nombre d'hommes politiques, membres du corps législatif, notamment le duc de Gramont qui va devenir ministre des affaires étrangères en mai 1870, voient dans une guerre victorieuse le seul moyen de triompher de l'opposition républicaine et de relever le prestige de la dynastie. Napoléon III, hésitant, très diminué par une grande usure physique, conscient des graves insuffisances de son armée, tiraillé par son entourage et constatant que l'opi- nion publique, à la fois furieuse et inquiète, s'engage vite dans la psychose de la guerre inévitable, va tomber, malgré son désir personnel de paix, dans le piège tendu par Bismarck. La dépêche d'EMS La guerre est à la merci d'un incident. Il va se produire début juillet 1870. Les Espagnols avaient chassé leur reine en 1868 et le gouvernement provisoire de Madrid avait proposé la candidature au trône à Antoine de Hohenzollern pour son fils Léopold. Le prince prussien avait décliné l'offre parce que la couronne lui paraissait précaire. Au début de 1870 les Espagnols reviennent à la charge. Bientôt Bismarck pousse Antoine à accepter. Il va même réussir - il lui faudra pour cela plus de trois mois d'efforts - à obtenir de son roi, Guillau- me 1 chef de la maison des Hohenzollern, qu'il donne, en juin, son assen- timent. Le 3 juillet la teneur des négociations secrètes entre Madrid et Berlin s'ébruite à Paris. L'émotion en France est considérable; certains vont jusqu'à évoquer la reconstitution de l'empire de Charles Quint. Le duc de Gramont, ministre des affaires étrangères, exige le retrait de la candidature. Le 9 juillet, Benedetti, l'ambassadeur de France en Prusse, a une entrevue à Ems, près Wissembourg, vue du côté français, Lithographie F. C. Wentzel, dessin de l'époque Wissembourg, vue du côté allemand, Lithographie F. C. Wentzel, dessin de l'époque de Coblence, avec Guillaume 1 qui suit une cure thermale.