<<

: LES RABOTEURS DE PARQUET

Comme Degas avant lui, Caillebotte donne une vision très photographique d'ouvriers au travail. La critique y voit l'oeuvre d'un peintre social ! Refusée en 1875 par le jury du Salon officiel, l'oeuvre fut présentée à l'exposition impressionniste de 1876. Le tableau lui attira d'emblée une très grande notoriété et son admission au sein du groupe.

L'OEUVRE La raison de cette soudaine notoriété fut sans doute la composition très «photographique» de la scène : lignes fuyantes, déformation de l'espace, cadrage déséquilibré, éclairage à contre-jour. Le parquet semble incliné et les bras des hommes paraissent démesurés par rapport à leur torse.

LE SUJET Le sujet lui-même suscita une autre polémique: de même que Degas représentait des repasseuses, Caillebotte exalte ici des ponceurs de parquet, des ouvriers au travail. L'oeuvre, sûrement, d'un homme de gauche ! C'est la réfection du parquet de son domicile qui fournit au peintre le sujet de cette toile. L'humidité, due au manque de chauffage, avait tendance à faire gondoler les lames de parquet. Il fallait donc les raboter pour que le sol redevienne plan.

Gustave CAILLEBOTTE 1848-1894 • Les Raboteurs de parquet • Huile sur toile 100 cm x 145 cm • Signé en bas, à droite «G. Caillebotte. 1875» • Peint en 1875 • Localisation : , musée d'Orsay • Expositions : Paris, 1876

LA CRITIQUE En, avril 1876, Arthur Baignières écrivait dans L'Echo: « Les Raboteurs de M. Caillebotte, pourtant hideux, ne valent pas les Blanchisseuses de Degas à cet égard... » On lui reconnaîtra pourtant de grandes qualités, et, à sa mort, Gustave Geffroy lui rendra hommage: « On se souvient à ses débuts de ses Raboteurs de parquet qui excitèrent des railleries par leur perspective osée et exacte, mais où il fallait bien reconnaître les qualités d'un observateur dans le modelé des torses et la vérité des mouvements... »

L'HISTOIRE L'humilité de Caillebotte était proverbiale. Au point que dans le «legs Caillebotte » — une collection de tableaux qu'il avait achetés à ses amis impressionnistes et dont il fit don à l'Etat — il n'y avait pas une seule de ses oeuvres! Ce sont Renoir et Martial Caillebotte, son frère, qui décidèrent d'y inclure Les Raboteurs, qui entra ainsi au , puis au Jeu de paume.

LA COTE A sa mort, ses amis organisèrent une exposition avec 122 de ses oeuvres. Aucun tableau ne fut vendu! En 1921, une rétrospective de son oeuvre passa presque inaperçue ! Il fallut attendre les expositions organisées par le grand marchand Wildenstein en 1966, à Londres, et en 1968, à New York, pour voir enfin Caillebotte sortir de son purgatoire. Aujourd'hui, la moindre de ses toiles vaut entre 100000F et 1 million de francs.

Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) 1 / 1