Michel GERMAIN - Jean-Louis HEBRARD - Gilbert JOND

DICTIONNAIRE DES COMMUNES DE HAUTE-SAVOIE

HORVATH Editions HORVATH 93-95, rue Vendôme 69006 LYON ISBN. 2.7171.0933-1 SOMMAIRE

Introduction 5 Canton d'Abondance 7 Canton d'Alby-sur-Chéran 13 Canton d' centre 25 Canton d'Annecy nord-est 25 Canton d'Annecy nord-ouest 31 Canton d'Annecy-le-Vieux 43 Canton d' nord 57 Canton d'Annemasse sud 75 Canton du Biot 89 Canton de Boëge 105 Canton de Bonne ville 117 Canton de Mont-Blanc 139 Canton de 147 Canton de 159 Canton de 171 Canton d'Evian 199 Canton de 213 Canton de 223 Canton de Reignier 233 Canton de La Roche-sur-Foron 251 Canton de Rumilly 271 Canton de Saint-Gervais-les-Bains 287 Canton de Saint-Jeoire-en- 297 Canton de Saint-Julien-en-Genevois 313 Canton de 329 Canton de Samoëns 349 Canton de 361 Canton de Seynod 373 Canton de Seyssel 387 Canton de 397 Canton de Thônes ...... 409 Canton de Thonon-les-Bains ...... 423 Canton de Thorens-Glières ...... 441 Index des communes ...... 449

INTRODUCTION

La Haute-Savoie, département créé en 1860 après Thonon-les-Bains (6 cantons) n'a que 102 105 l'Annexion de la Savoie par la , fait partie habitants. des 39 départements frontières de France. Le conseil général, constitué de 33 conseillers Le département (438 800 ha) est constitué de trois généraux, gère un département comprenant 292 grands terroirs différents. Au sud-est, on ren- communes, contre 314 en 1900. La plus peuplée est le chef-lieu avec 49 756 habitants et la moins contre les montagnes cristallines du massif du Mont-Blanc, largement accessibles par la haute peuplée est Novel avec 63 habitants, juste derrière vallée de l'. Au nord, l'avant-pays s'étire Droisy (73) et Chevaline (98). La plus vaste est entre la cluse du Rhône et les rives du Léman, en Chamonix (11 653 ha) et la plus petite Saint- un vaste ensemble de collines herbeuses, favori- Blaise (255 ha). sant l'élevage et la polyculture. Entre les deux, les Des sites incomparables, un patrimoine historique massifs des Bornes et du Chablais, ainsi que la remarquable, des stations estivales et hivernales renommées et des infrastructures hôtelières per- terminaison septentrionale des Bauges constituent formantes placent la Haute-Savoie dans les pre- les Préalpes, montagnes calcaires propices à l'al- miers départements français pour le tourisme, page. voire dans les premières régions touristiques Le département est probablement celui qui a la d'Europe. plus grande dénivellation de France. Le point cul- Une micromécanique renommée, des industries minant du département, le Mont-Blanc (4 807 m), de pointe dans de nombreux domaines, des mar- fait de la Haute-Savoie le toit de l'Europe. Le ques mondialement connues et une main-d'œuvre point le plus bas se situe au confluent du et du efficace et recherchée font de la Haute-Savoie un Rhône, 251 mètres. département industriel exportateur dans le monde La population a connu une croissance de 14,5% entier. de 1982 à 1990, pour atteindre 569 769 habitants. Une tradition agricole remontant aux temps les Elle avoisine actuellement, en 1995, les 600 000 plus reculés, des alpages riches, des agriculteurs âmes, qui se concentrent au débouché de la cluse enthousiastes et des productions fromagères de annécienne, avec l'agglomération d'Annecy, dans qualité permettent à la Haute-Savoie d'être un la vallée de l'Arve et sur les rives du Léman, département exportateur de renommée. d'Annemasse à Evian. Et même si la crise, qui frappe à la fin du XXe siè- Administrativement, le département est divisé en cle l'économie mondiale, le frappe également, il 4 arrondissements : Annecy, Bonneville, Saint- n'en reste pas moins un département riche et plein Julien-en-Genevois et Thonon-les-Bains. d'avenir. L'arrondissement d'Annecy (10 cantons) compte Cet ouvrage n'est pas un historique des com- 204 746 habitants. munes de notre département. Nous avons voulu présenter les 292 communes de Haute-Savoie, Bonneville (10 cantons) compte 143 969 habi- dans leur entité géographique, leur passé histo- tants. rique et la richesse de leur patrimoine, leur situa- Saint-Julien-en-Genevois (7 cantons) compte tion actuelle et envisager, autant que faire se peut, 118 949 habitants. leur avenir. Aux lecteurs qui désireraient connaître par le - Histoire de l'Annexion de la Savoie à la France, menu l'histoire d'une commune, nous les ren- Paul Guichonnet, Horvath 1988. voyons aux ouvrages ci-dessous : - La nuit sera longue, 1939-42, Michel Germain - Châteaux de l'ancien diocèse de Genève, Louis (Le Cercle d'or 1988 et Fontaine de Siloé 1993). Blondel (Jullien 1956). - La Savoie, la France et la Révolution, Corinne - La Savoie dans la vie française de 1860 à 1875, Towley et Christian Sorel (Jean-Pierre Madelon, Jacques Lovie(PUF 1963). Curandéra, Atelier Hugueniot, 1989). - Genève et son territoire dans l'Antiquité, Pierre - Les maquis de l'espoir occupation italienne en Broise (Latonnes, 1974). Haute-Savoie, Michel Germain, Le Cercle d'Or - Art en Savoie, Raymond Oursel (Arthaud, 1990. 1975). - Nos fruitières, nos fruitiers, Louis Vuichard, - La Savoie au XV///g siècle, Noblesse et bour- 1991. geoisie, Jean Nicolas (Maloine, 1977). - Recensement général de la population de 1990 : - Mœurs et coutumes de la Savoie du Nord au Haute-Savoie (INSEE 1991). XlXè siècle, L'enquête de monseigneur Rendu. - A noi Savoia, histoire de l'occupation italienne Roger Devos et Charles Joisten (Académie Salé- en Savoie. Christian Vuillermet (Fontaine de sienne, 1978). Siloé 1991). - Les sources régionales de la Savoie, Christian - Le sang de la Barbarie, histoire de l'occupation Abry, Roger Devos, Henri Raulin (Fayard, 1979). allemande en Haute-Savoie de 1943 à mars 1944, - Paroisses et communes de France : Haute- Michel Germain (Fontaine de Siloé 1992). Savoie, Dominique Barbéro (CNRS, 1980). - Savoie, l'esprit des lieux Pierre Préau (Fontaine - La Révolution dans les Alpes, Dauphiné Savoie, de Siloé 1992). Jean Nicolas (Privat 1989). - Le prix de la Liberté, histoire de l'occupation - Histoire des communes savoyardes (3 tomes sur des Glières à l'après libération en Haute-Savoie, la Haute-Savoie) (éditions Horvath, 1981). Michel Germain (La Fontaine de Siloé 1993). - Les églises néo-classiques sardes, Marius Hudry - Glières, histoire et mémorial. Michel Germain et Jean-Marc Ferley (SSHA 1986). (La Fontaine de Siloé, 1994). CANTON D'ABONDANCE

Le canton d'Abondance couvre une surface de 17 526 hectares de montagnes dépassant souvent les 2 400 mètres. Le canton est drainé par la rivière Abondance descendue de la Tête du Géant. La vallée est quasiment la seule possibilité de circulation aisée dans le canton. Cette traversée du Chablais peut heureusement se faire grâce au Pas de Mogins (1 370 mètres) donnant accès à la Suisse, pays frontalier du canton. La faiblesse du peuplement (4 603 habitants en 1990 — environ 5 000 en 1996 — soit une densité de 26 hab/km2) montre bien les difficultés de vivre en ce pays. L'agriculture, longtemps basée sur un élevage laitier, ne suffit plus à garder les Chablaisiens au nid. Heureusement, depuis deux décennies, l'or blanc est venu prendre le relais. Le développement de stations de sports d'hiver et l'aména- gement de l'immense domaine des Portes du Soleil ont donné un second souffle à ce canton, quelque peu « écarté » en Haute-Savoie. ABONDANCE Les habitants de la vallée possédaient des fran- chises sans charte écrite. Amédée VIII, alors Chef-lieu de canton comte de Savoie, les confirme en 1399. 1 340 Abondanciers, 5 584 ha, 930 m Au début du XIIe siècle, le premier monastère Patois : L'Abâyi (abbaye de Notre-Dame- (église et cloître romans) est construit. Vers 1275 d'Abondance), les Abbayans : lou Bâyi. (?), l'église abbatiale est bâtie en style gothique, reconstruite en 1304, agrandie en 1604 et restau- Graphies anciennes : Habundantie (1080), Abun- dantia (1108), Habundancia (1275), Habundancia rée de nos jours. Parmi de nombreuses richesses, (1344), Habundancia (XIVe siècle). on peut remarquer le banc abbatial et les stalles sculptées du XVe siècle, plusieurs autels en bois C'est un joli bourg au confluent du ruisseau de la doré et polychromé des XVIIe et XVIIIe siècles, Malève et de la dranse d'Abondance (dranse : les peintures du Piémontais Vicario (1845-1846) nom des torrents dans le Chablais), à 30 km de et ses figures en trompe-l'œil. Le chœur possède Thonon par la D 902 jusqu'à Bioge, puis la D 22. un déambulatoire et des chapelles absidiales. Cas Le site est charmant, entouré de montagnes cal- unique en Savoie, son plan peut être rapproché de caires et de belles forêts d'épicéas. La commune Clairvaux. culmine au mont de Grange, à 2 176 m. C'est le lieu de rencontres de trois vallées : Sous-le-Pas en Le cloître gothique, accolé à l'église, est magni- aval, Richebourg en amont, au sud-est Charmy. fique. Il a été construit entre 1330 et 1354 par La signification du nom d'Abondance pose pro- l'abbé Jean III. La porte de la Vierge voit l'oppo- blème. Le chanoine Mercier proposait une origine sition entre la foi catholique et la synagogue (sta- germanique, Habundancia (ancienne graphie) qui tues). Ce cloître a été sauvé il y a plus de vingt comporte le radical bund, signifiant association. ans ; il possède un ensemble unique de fresques L'abbé Ducis pensait que le terme Habundancia en plein air dans un climat rude ; elles sont sans doute en cours de restauration. Elles ont été exé- provenait de deux mots celtes, Habodan : demeure d'été, et Ty : maison. cutées au XVe siècle par l'atelier du peintre pié- Des tribus celtes, puis des Burgondes ont sans montais Jacquerio Giacomo ; elles représentent doute séjourné en ces lieux. des épisodes de la vie de la Vierge. On peut voir également le trésor de l'abbatiale. En 1080, Louis de Féternes fonde Abondance. L'activité est essentiellement agricole. En 1783, La naissance officielle de la vallée et de l'abbaye la population atteignit 1 582 habitants, elle était est un acte du 2 mai 1108, signé à Saint-Maurice- encore de 1 483 habitants en 1872, mais elle dimi- d'Agaune. Les chanoines réguliers de Saint- Augustin de cette abbaye accordaient à leur filiale nua fortement par la suite. Elle n'est plus que de 1 149 habitants en 1936. l'indépendance. Le premier abbé fut Rodolfe vers 1130-1140. La Première Guerre mondiale tue 72 hommes ; la L'abbaye d'Abondance eut à son tour plusieurs seconde 9 personnes dont un déporté. Calixte filles : Sixt en 1140, Entremont vers 1155, Burnet, chef de la 9e compagnie FTPF - Abon- Goailles en Franche-Comté vers 1200. Elle dirigea dance, fut tué par les Allemands à l'âge de 35 ans, la plupart des paroisses de la vallée. Elle eut pour le 17 juin 1944, ainsi que Fernand Tupin, FTP abbé, en 1154, Burcard, de la famille des comtes même groupe, lors de l'embuscade de la Solitude de Genève, ce qui souligne son importance. à Bonnevaux. François du Crest inaugure au XVe siècle la liste En 1962, la commune ne compte plus que 1 089 des abbés commandataires ; souvent absents de la habitants. Depuis cette date, une politique vigou- vallée, les nombreux conflits avec les habitants de reuse de la municipalité, une amélioration des la vallée facilitent l'intervention du duc de Savoie. voies de communication ont permis un redresse- En 1536, les Valaisans catholiques occupent la ment important. Le tourisme est venu relayer vallée pour faire pièce aux Bernois protestants. En l'agriculture. En 1988, il reste encore 87 exploita- 1569, ils abandonnent le territoire occupé au traité tions dont 18 à temps complet. Il est vrai que la de Thonon. réputation du fromage d'Abondance, fait à partir Après la Réforme, François de Sales fit remplacer de lait de vache demi-cuit (race d'Abondance) y les huit derniers chanoines augustins, peu actifs, par est pour beaucoup. les cisterciens réformés de la congrégation des L'attrait des richesses de l'Abbaye, complété par Feuillants en 1604. En 1605, la population du bourg la construction de remontées mécaniques pour les comptait 120 feux, soit environ 600 habitants. L'ab- sports d'hiver (850 m-1 850 m) permet d'envisa- baye, suite à un dossier accablant, fut supprimée par ger un plus grand développement touristique un bref du pape Clément XIII du 9 mai 1761. (canons à neige prévus). La présence d'un collège permet à la population Une fruitière, qui produisait 600 quintaux en de renforcer sa politique culturelle et de soutenir 1907, a disparu depuis une vingtaine d'années. le rôle des nombreuses associations. Aujourd'hui, le lait est traité à . La commune possède 5 hôtels (107 chambres), un Il reste, en 1988, 12 exploitations rurales mais au- camping (50 places). Vous pouvez en vous pro- cune à temps complet. Le maximum de la popula- menant visiter les quinze oratoires ou pardons tion fut atteint en 1866, soit 391 habitants. En 1911, répartis sur son territoire. à la veille de la guerre, la commune avait 237 habi- Anciennes foires : 20/4, 27/5, 4/12. tants, 12 furent tués. La population continua à décroître pour atteindre 204 habitants en 1975. Fête patronale : 15/8. L'amélioration des routes, le départ de la station Mappe 1731, originale, illustrée, très mauvais de sports d'hiver du Corbier, la politique dyna- état ; copie, mauvais état. Tabelle 1731. ADHS mique de la municipalité ont permis un récent 1774-1785. Cure : B 1634-1792, S 1677-1792, développement. M 1734-1792. Le centre de la commune a été revitalisé, on a construit une mairie neuve ; des maisons ont été restaurées, un beau bachat (tronc d'arbre creusé servant de bassin), copie d'ancien, orne la place BONNEVAUX du village, qui compte plus de 254 habitants, soit plus de 20 % par rapport à 1982. 254 Bonnevalais, 782 ha, 910 m L'existence de 2 bars-restaurants à La Solitude et au Mure, du gîte de Cent-Fontaines, de quelques En patois, Bouénavo, les Bonnevauds, fém. : les artisans et de la scierie de la Solitude assure un Bonnevaudes. minimum d'activités. Dans la vallée d'Abondance, à 26 km de Thonon, Le maintien d'une école, la présence de rési- prendre la D 902 jusqu'à Bioge, puis la D 22 jus- dences secondaires, une belle forêt communale de qu'à La Solitude, et à gauche la D 32. 240 hectares, le calme et la beauté du site permet- Ce petit village s'accroche à l'adret de la mon- tent d'envisager un nouveau développement fondé sur le tourisme. tagne du mont Ouzon (1 880 m), point culminant de la commune ; en bas coule la Dranse, à 831 m. Ancienne foire le 2/5. Son nom évoque fort justement un joli site de val. Fête le 2/7. Le village égrène ses maisons le long de la route Mappe : voir Vacheresse. ADHS 1774-1785. AC qui monte vers la nouvelle station de ski du col du 1778-1792. Corbier (1 237 m). La commune comprend 4 hameaux : Darbon où l'on rencontre des anciens chalets d'alpage, Cent- Fontaines dont le nom évoque la richesse des prai- ries (usine hydro-électrique), Le Muret, au sommet CHAPELLE-D'ABONDANCE (LA) du village, équipé d'un téléski, La Solitude dont le 726 Chapellans, 3 785 ha, 1 020 m nom rappelle l'ancien isolement de la vallée. Ces lieux ont sans doute été habités depuis long- En patois, lou Chapèlan (fém. lé Chapélanne). temps, mais la première mention n'apparaît qu'en A 6 km d'Abondance par la D 22, à 36 km de 1443, c'est celle d'ancienne chapelle ou église Thonon, La Chapelle est au cœur de la vallée, à filiale dédiée à saint Maurice. l'endroit le plus large. C'est un fond plat, facili- tant l'occupation humaine. Elle possède sur l'adret En 1617, lorsque François de Sales vint en Cha- des coteaux bien ensoleillés, de riches prairies, et blais, il trouva les paroissiens « fort mal dévôts, sur l'envers des versants boisés. La commune cul- adonnés aux jeux des cartes avec grands blas- mine au mont de Grange à 2 432 m. phèmes et jurements ». Bonnevaux dépendait de Elle apparaît pour la première fois en 1178 sous le Vacheresse, elle fut érigée en paroisse en 1778 et nom de la chapelle des Frasses, en latin fraxina devint commune le 25 avril 1835 ; en 1783, la qui signifie frêne ; elle dépendait d'Abondance ; paroisse avait 385 habitants. L'église, qui venait elle s'appellera ensuite Saint-Maurice-des-Frasses. d'être restaurée, brûla en 1961, elle fut recons- Au XVe siècle, la population de La Chapelle et de truite en 1964, ainsi que son clocher. On peut voir son hameau Châtel ou Chastel atteignait environ quatre oratoires sur la commune — celui de Cent- 400 âmes, un siècle plus tard, elle a triplé. Fontaines (1897) abrite une Vierge de Lourdes — L'église Saint-Maurice est de forme massive, elle et parcourir le chemin de croix du Corbier. comporte trois vaisseaux et un fort élégant clocher à bulbe, si fréquent en Savoie. Elle date de 1733, lits (1 850 en maisons d'enfants et 700 lits en mais le clocher a été refait en 1976. Elle contient hôtels), l'école de ski 35 moniteurs. de très jolis autels dont le retable de saint Mau- Cas unique dans la vallée, la présence des quel- rice. On peut visiter les autres chapelles et les six ques magnifiques et grands chalets qui abritaient oratoires répartis sur la commune. autrefois les familles élargies. A une époque où l'agriculture fournissait l'essen- Anciennes foires : 16/05, 13/09, 29/10. tiel des revenus, c'était une commune particuliè- Fête le 22/09. rement favorisée. Au XVIIIe siècle, l'intendant Mappe 1731, originale, assez bon état ; 1732, Pescatore déclarait dans un rapport : « C'est à peu copie, assez bon état (photographiée, contient celle près le meilleur sol de toute la vallée. » de Chatel). ADHS 1774-1785. AC 1640-1794. Le torrent de Chevenne fournissait l'énergie nécessaire au fonctionnement de martinets pour forger de petites pièces, pour alimenter les scie- ries utilisant le bois de la belle forêt qui couvrait une grande partie de la commune, une eau de qua- CHÂTEL lité pour tanner le cuir. On trouvait aussi des gise- ments ardoisiers, du plâtre et du lignite. 1 316 Châtelains, 3 219 ha, 1 183 m En 1821, la population est de 701 habitants, à la En patois : Thaté, lô Thatélan (fém. lé Thatèlan- différence de la grande majorité des communes ne). rurales, elle ne subira qu'une légère baisse, 585 C'est la plus haute commune du Chablais, à 42 habitants en 1911. Des enfants du pays sont allés km de Thonon par la D 902 et la D 22. Elle est chercher fortune ailleurs ; ainsi François Crépy en située en partie sur un replat, au débouché de deux Argentine, où il créa la colonie de San José, for- vallées, l'une qui conduit par la D 22 au pas de mée de nombreux Chablaisiens, dont les descen- Morgins, col de 1 371 m, et descend sur le Valais, dants ont repris contact récemment avec leur com- l'autre qui se termine en cul-de-sac par la D 228 mune d'origine. au col de Bassachaux à 1 783 m, dominé par la La guerre de 1914-1918 faucha 24 Chapellans. En Tête du Géant (2 252 m). 1926, la population est de 539 habitants. En 1944, Cette commune a été créée le 21 juillet 1740 à 3 fusillés par les Allemands ; à Richebourg, le partir de La Chapelle-d'Abondance. FTP Druene Daniel fut tué, le 18 juin 1944, par les Allemands. Son nom évoque l'existence d'un ancien château mais il n'est pas cité dans des documents connus. La construction d'une fruitière, en 1928, fut un outil Il est possible néanmoins qu'il y eut deux châ- important pour le maintien d'une agriculture locale, teaux ou maisons fortes, l'un à l'emplacement de valorisant les produits, tommes, beurre, gruyère. l'église, l'autre à Petit-Châtel. Depuis 1960, la commune avait engagé une poli- En 1422, à la place de l'église actuelle, une « cha- tique touristique (ski, pensions de famille, colo- pelle » fut dédiée à saint Laurent pour les hameaux nies de vacances, chalets aux grands balcons de ou « dîmeries » de Chastel, Mollie et Lessert. bois découpé). Elle avait construit en 1953 une fort belle mairie. Les difficultés de circulation, surtout en hiver, amenèrent les habitants à réclamer la création La Chapelle devient La Chapelle-d'Abondance d'une paroisse. De plus, il y avait des contesta- par décret du 27 février 1961. En 1988, 33 exploi- tions pour l'usage des pâturages avec La Chapelle tations rurales, dont 7 à temps complet, assurent (1590). une activité agricole assez satisfaisante, et un sou- Le 2 juillet 1645, Châtel est érigée en paroisse, tien certain à la gastronomie locale. elle comptait une cinquantaine de feux, soit envi- De 1982 à 1994, la population a augmenté de plus ron 250 habitants. de 30 %, passant de 552 habitants à plus de 776. L'intendant Pescatore nous fournit, au XVille L'effort principal des élus et des habitants s'est porté siècle, une description de la commune. Il insiste sur une politique ambitieuse de développement du sur la dispersion des maisons et le village de Châ- potentiel touristique : sports d'hiver, accueil d'été. tel regroupe l'église, la cure, et trois maisons et ! La commune fait partie du gigantesque mais magni- trente autres éparpillées. En 1783, la paroisse i fique domaine des Portes du Soleil, regroupant à che- compte 470 âmes. val sur la frontière suisse 12 stations. Le presbytère date de 1784, il a été restauré récem- Vous pouvez être hébergés dans 9 hôtels (223 ment, il vaut la visite. L'église, construite en style chambres), sans compter les centres de vacances, néogothique, date de 1904, les vitraux sont pensions de famille, etc. La station compte 6 800 modernes. Les chapelles de l'Essert (dont le nom rappelle le défrichage du lieu) et de Plaine Dranse sont intéressantes. Il y a dix oratoires sur la com- mune. 425 Chevenards, 1 054 ha, 807 m L'activité rurale fut longtemps la plus importante. En patois : les Chevinots. On comptait, en 1887, 473 humains, 620 vaches et bœufs, 6 mulets, 42 chevaux, 283 porcs, 100 Graphies anciennes : Chevegnos (1275), Chevenu moutons, 300 chèvres et 80 ruches, plus un peu de (1346). contrebande avec le Valais. La population fluctua On prononce Chèvnoz. En langue celtique, Chevn peu au XIXe siècle, elle atteint 643 habitants en signifie séparation, dos ; la commune forme en 1906. effet un angle saillant entre les bassins de Bernex En 1864, Dessaix rappelle la présence d'une au nord-est et d'Abondance au sud-est. source sulfureuse qu'il compare avec celle répu- Elle est exposée à l'ouest, sur un replat, presque tée d'Allevard, de deux sources ferrugineuses et un plateau et située à 17 km d'Evian-les-Bains par souligne la beauté des sites et des points de vue, la D 32. L'altitude maximale est la pointe de l'Ai- annonçant la vocation touristique du lieu. Un guille, 1 502 m. hôtel fut d'ailleurs construit une vingtaine d'an- nées plus tard. La commune est traversée par la Dranse d'Abon- dance, elle est limitée au nord et au sud par deux En 1911, il y a 562 habitants. La plaque du monu- ment aux morts a été refaite, rassemblant les vic- montagnes. Sa particularité est d'être un village times des deux grandes guerres, soit 40 morts. éclaté, composé de 10 unités, face au chef-lieu de Une plaque reprend l'appel du 18 juin 1940 du l'autre côté de la Dranse, le hameau pittoresque général de Gaulle. Le Fion. La commune est déjà citée au XIIIe siè- cle. Elle compte 50 feux en 1605, soit environ 250 En quarante ans, le petit village va devenir la pla- que tournante du vaste domaine skiable des Portes personnes. du Soleil. Sa population était en 1975 de 848 habi- L'intendant Pescatore l'a décrite au XVIIIe siècle. tants. Elle est passée de 1 024 à 1 316 entre 1982 et Il remarque l'extrême dispersion de ses habitants, 1990, soit près de 30 % d'augmentation. répartis entre 11 hameaux, et note l'insuffisance Elle a pu encore conserver une certaine vie rurale. de ses ressources. Elle compte 450 habitants en Elle possède en 1988, 51 exploitations agricoles, 1783. Elle atteint 801 habitants en 1876 ; comme dont 11 à temps complet ; plus d'un tiers de la super- la plupart des communes rurales, elle connaîtra un ficie de la commune est utilisé (visites de fermes, lent exode pour compter 730 âmes en 1911. fabrication de fromage, abondance, vacherin). L'église Saint-Jean-Baptiste date de 1895. Elle est Grâce à des initiatives privées, relayées par une de style néo-roman avec un clocher élancé. On politique audacieuse de la commune, Châtel rencontre trois oratoires dont le plus ancien se devient peu à peu une petite ville au potentiel et trouve au lieu-dit Chez Gallay. aux possibilités importantes : 2 télécabines, 13 Pour utiliser le lait de ses fermes, une fruitière a télésièges, 31 téléskis, 21 hôtels (564 chambres), été créée, située au lieu-dit Chez Gallay, au-des- 1 camping 4 étoiles (100 places), des centres et des colonies de vacances. De nombreux et divers sus du chef-lieu. Elle produisait 530 quintaux (en 8 mois) en 1896. commerçants et artisans assurent aussi bien des activités estivales qu'hivernales (retenues colli- La Première Guerre a tué 29 personnes, la Seconde naires pour neige artificielle). un soldat en 1939 et un FTP en Maurienne en Châtel peut voir l'avenir avec confiance, grâce au 1944. La population a continuellement baissé jus- dynamisme de ses habitants, à l'action de l'office qu'en 1968 pour atteindre 374 habitants, mais la de tourisme et de ses associations, tant sportives commune a conservé sa fruitière, quelques arti- que culturelles, grâce à la politique conduite sans, un restaurant, un hôtel, quinze meublés. depuis plus de quinze ans par le maire André Depuis 1975 (375 habitants), la commune se Crépy et ses équipes. développe, elle a construit une nouvelle école, au Sa position près de la Suisse (Valais), la beauté chef-lieu, on trouve un libre-service, sur les de ses sites et son environnement privilégié sont coteaux, de nombreux chalets neufs. De 369 habi- des atouts majeurs pour un développement tants en 1982, la population a dépassé 425 en continu et harmonieux à condition de continuer à 1990. En 1988, la commune compte 8 exploita- préférer la qualité de la vie au nombre des habi- tions rurales à temps complet sur 24 et utilise tants et des touristes. encore 40 % de sa superficie. Sa situation, ses Fêtes : 2e dimanche de juillet et 15/08. sites agréables respirant calme et douceur, sa Mappe : cf. La Chapelle-d'Abondance. ADHS proximité des villes en plein essor que sont Evian- 1774-1785. AC 1705-1783. les-Bains et Thonon-les-Bains, permettent à ses habitants de croire en l'avenir, aidés en cela par le Le curé Dufour fit construire, en 1722, une nou- dynamisme de ses élus. velle église qui a été récemment restaurée dans son Fête le 24/06. style d'origine, mélange de néo-gothique et de Mappe 1731, originale, état assez bon ; 1732, baroque de montagne, où dominent les dorures. A copie, bon état. Tabelle 1731. côté, un énorme clocher dont le dôme date de 1807. Il existe quatre chapelles rurales et sept oratoires. En 1605, la paroisse compte 160 feux, environ 800 âmes. A la veille de la Révolution française, 772 habitants. VACHERESSE Albanis de Beaumont, dans sa Description des Alpes de 1804, signale une carrière de gypse aux 532 Vacherefans, 3 102 ha, 830 m Mossières (terre propre à la mousse), une mine de En patois : Vathereffe, lou Vathereffe. lignite dans le haut de la vallée du Darbon. Graphie ancienne : Vacheresce (1275). Le maximum démographique, 1 121 habitants, fut Vaste commune, située à 18,5 km de Thonon. atteint en 1861. En 1911, la commune compte 975 habitants, la Première Guerre mondiale fauche 57 Prendre à Thonon la direction de Châtel par la personnes. D 902, puis à Bioge la D 22 et sur la rive droite de la Dranse d'Abondance, la D 922. Le village En 1928, une fruitière est construite, elle vient occupe un petit promontoire sur un cône de déjec- d'être modernisée en Coopérative laitière inter- tion, exposé à l'ouest ; les prés dominent mais la communale ; elle comprend des sociétaires montagne est partout présente et culmine à la d'Abondance, de Bonnevaux, de Chevênoz et de Vacheresse. pointe de Bénévent à 2 069 m. Cette grande commune comprend quatre vallées En 1982, la population était de 529 habitants, le où se trouvent des alpages et des mines : ce sont chiffre le plus bas depuis le XVIIe siècle. En celles de Darbon (nom d'homme du patois taupe), 1990, une légère amélioration semble se dessiner : de l'Eau-Noire ou de Fontaine, d'Ubine et de la 532 habitants. Le recensement agricole de 1988 Dranse. C'est dans la vallée principale de la dénombre 51 exploitations rurales dont 9 à temps Dranse fertile bien cultivée, large, que l'on ren- complet sur 1 134 hectares utilisés. contre tous les hameaux. La commune est agréable, elle conserve quelques En 1295, les frères Reymond, Girard et Rodolphe commerces et quelques artisans. Elle compte 4 de Vacheresse, famille noble, vendent les hom- hôtels (plus de 50 chambres), 3 restaurants, un mes taillables qu'ils possédaient à l'abbaye d'Aulps. refuge des Amis de la nature. La vie associative est très active (fanfare municipale, chorale parois- On peut citer la famille Dumoulin, dont un notaire siale, comité des fêtes, parents d'élèves). en 1452, un Pierre Dumoulin, vicaire général de Jean-Louis de Savoie, évêque de Genève. Par sa situation, ses paysages, Vacheresse est riche de possibilités et de promesses. L'action Le patron de la paroisse est saint Ours, archidiacre municipale doit, en préservant ce cadre de vie, d'Aoste au VIe siècle. Bonnevaux en dépendait, s'adapter à l'évolution actuelle et préparer l'ave- elle en fut détachée le 24 janvier 1778 pour le spi- nir en jouant la carte touristique de la qualité. rituel et en 1835 pour le temporel. La paroisse était sous l'autorité de l'abbaye d'Abondance (cf. Anciennes foires : mardi le plus proche du 9/04, le acte de 1363). 30/08, mardi suivant le 26/11. L'église se trouvait jadis aux Chapelettes (oratoire Fête patronale le 26/12. ou chapelle), sous le village de (mauvais Mappe 1731, originale, mauvais état, comprend le pré rocheux), mais elle fut emportée avec des mai- territoire de Bonnevaux ; 1732, copie, bon état. sons par un éboulement (8-11 août 1617). Tabelle 1731. ADHS 1784-1785. AC 1735-1792. j CANTON D'ALBY-SUR-CHÉRAN

Alby est le chef-lieu d'un canton qui regroupe aujourd'hui onze communes, s'étend sur 97 km2 et abrite 7 671 habitants. Entre les premières pentes du massif des Bauges et les collines morainiques de l', ce canton relève à la fois du domaine montagnard et des espaces de l'avant-pays alpin. Il est profondément entaillé par les cours d'eau qui descen- dent des Bauges, ce qui n'a pas toujours facilité la circulation nord-sud. Les gorges du Chéran constituent en son milieu une profonde césure marquée que le patient travail des hommes, multipliant ponts et viaducs, a réussi à fran- chir en de multiples endroits. Le Chéran a longtemps servi de frontière entre Savoie propre et Genevois, les communes de l'actuel canton relevaient alors de l'un ou l'autre domaine. C'est par décret impérial en date du 20 décembre 1860 que fut créé le canton d'Alby en détachant des communes aux cantons de et d'Albens. Il connut par la suite des vicissitudes administratives dont le détail importe peu ici et qui ne modifièrent pas l'essentiel de la géographie cantonale. Le canton d'Alby a su se doter, dans les années 80, d'une structure de contrat de pays permettant de valoriser son image, celle d'une région verte, à mi-che- min entre le lac du Bourget et celui d'Annecy, dotée d'un patrimoine varié (sites du pont de l'Abîme, des Tours Saint-Jacques, des grottes de Bange, maisons et places médiévales, châteaux et maisons fortes). Deux grands axes de communication, l'autoroute A 41 et la RN 201, un échan- geur autoroutier, favorisent actuellement le développement économique (zone industrielle de l'Espace Leaders) et la reprise démographique (+ 25 % entre 1982 et 1990) liée au phénomène de rurbanisation qui affecte plus particulière- ment certaines communes : , Viuz-la-Chiésaz, Mûres, Chainaz-les- Frasses. ALBY-SUR-CHÉRAN On sait qu'après les franchises accordées au bourg à la fin du XIIIe siècle, le travail du cuir, la tanne- Chef-lieu de canton rie et la cordonnerie se sont développés à Alby. 1 224 Albygeois, 656 ha, 399 m L'abondance des eaux du Chéran permet de com- prendre aussi l'essor de cet artisanat. Dans son Iti- Alby-sur-Chéran est un bel exemple de village néraire descriptif de la Savoie, Adolphe Joanne occupant un site gué ou un site pont. Les armoi- écrit en 1862 : « La plupart des habitants d'Alby ries de la commune font d'ailleurs figurer un pont sont cordonniers. » Avec la concurrence des acti- à trois arches flanqué à ses extrémités de solides vités industrielles, la cordonnerie connaîtra une tours. Le Chéran a creusé ici une gorge profonde décadence rapide au XXe siècle pour disparaître que le village a occupée en se développant de part et d'autre de ses rives afin de mieux contrôler et aujourd'hui. exploiter ce passage obligé entre Annecy et Un musée de la Cordonnerie, installé dans le Vieil Chambéry, Les Bauges et l'Albanais. Les ponts et Alby, au rez-de-chaussée de la mairie, évoque les châteaux occuperont donc une place non négli- désormais cet artisanat en présentant outils et geable dans l'histoire et le patrimoine de la com- machines ayant servi au métier du cuir. mune. Ponts, châteaux et églises constituent l'essentiel Il n'est point nécessaire ici de relater par le menu du patrimoine architectural. le passé d'Alby ; contentons-nous de signaler Le patrimoine médiéval est bien représenté par les quelques dates importantes : châteaux de Montpont et Pierre-Charve, le Vieux — Le nom d'Alby apparaît dans des documents Pont et la très typique place à arcades du vieux écrits au début du XIIIe siècle. bourg. — En 1297, le comte Amédée II de Genève Alby, comme tout l'Albanais, appartient au accorde au bourg une charte de franchise. domaine du bâti en pierre qui recouvre un vaste — De 1325 jusqu'au milieu du XIXe siècle, on y espace allant de la combe de Savoie aux rives du Léman. travaille le cuir et les cordonniers y sont très actifs. Sa belle place, aux arcades construites en beaux blocs de calcaire, site inscrit à l'inventaire des — Le village est souvent victime des terribles ravages du feu ; on retiendra surtout les trois monuments historiques, n'est pas unique mais incendies du milieu du XVIe siècle et ceux de relève plutôt des constructions communes à tous 1847 et 1854. les pays de montagne, « tous les pays de pluie et aussi toutes les villes dont les marchands cher- — Voie de passage obligé, le village connut aussi chaient à arrêter commodément les chalands des destructions liées aux guerres : occupations devant leurs étalages » écrit C. Anthonioz dans militaires des Français sous Louis XIV, dynami- son ouvrage sur les maisons savoyardes. Il rajoute tage des ponts en 1940 et 1944. qu'ici la caractéristique réside surtout dans « l'ex- — En 1793, Alby devient chef-lieu de canton. Ce trême simplicité, la solidité, la rudesse », dans une dernier, supprimé après 1800, fut réorganisé au place n'ayant à offrir « ni chapiteaux sculptés, ni moment du rattachement de 1860 et rattaché à la cartouches allégoriques, ni enseignes parlantes, ni Haute-Savoie. mosaïques, ni richesse d'aucune sorte ». Tout au — En 1840, la route nationale 201 est achevée. plus doit-on ajouter la présence d'une belle fon- Elle franchit le Chéran par le Pont Neuf inauguré taine dont le murmure égaie un ensemble un peu en 1828 et entraîne le développement du bourg rigide. d'Alby au détriment du Vieil Alby. Les châteaux de Montpont et Pierre-Charve (com- — Alby devient après 1885 la deuxième ville de mune de Mûres) sont les seuls survivants d'un Haute-Savoie à bénéficier de l'éclairage élec- ensemble de sept châteaux que la tradition locale trique. C'est à François Mugnier, un de ses présente bien légèrement comme un système enfants qui fit installer un barrage à l'aval du Pont défensif organisé avec première et deuxième Vieux, qu'elle doit cette entrée dans le monde lignes de fortification. Montpont est aujourd'hui moderne. l'édifice médiéval le mieux conservé. Bâti en — Par le décret du 27 février 1961, Alby devient 1499 par les nobles Richard d'Alby, il passe Alby-sur-Chéran. ensuite aux familles de La Faverge (1622) puis de La commune compte aujourd'hui 1 224 habitants, Thiollaz ; il en reste « une construction rectangu- les Albygeois, surnommés « lô Pedhu » : ceux qui laire à deux niveaux, accolée d'une tour carrée à emploient la poie (peudhi en savoyard), c'est-à- trois étages ; une belle galerie y fut rajoutée au dire les cordonniers. XVIIIe siècle » précise J. Brunier dans une revue locale. Aujourd'hui, le château a été aménagé en La tragédie de la déportation allait aussi emporter appartements et vendu en copropriété. Francis Anselmet, déporté politique, mort le 27 Le pont Vieux est un ouvrage d'une seule arche février 1944 dans un camp de concentration nazi. de pierre et de brique, construit vers 1720 en rem- La fin du conflit mondial fut marquée par la des- placement d'un pont plus vétusté. truction du Pont Neuf le 11 août 1944 ; la Résis- Il fut victime des combats de juin 1940. En pleine tance le fit sauter pour couper la retraite aux bataille des Alpes, les troupes françaises le firent troupes allemandes cherchant à regagner par le sauter en même temps que le pont Saint-Joseph à nord du département le territoire du Reich. Rumilly et le pont André du val du Fier, ultime Depuis quinze ans, la commune a renoué avec la défense contre l'envahisseur allemand dont les croissance démographique (+ 20 % entre 1982 et troupes avaient atteint Albens et les abords de 1990), retrouvant même son niveau de 1886. Rumilly. — Alby s'est engagé dans une mutation écono- Sa patiente reconstruction, presque à l'identique, mique, développant des activités nouvelles, se allait être l'œuvre d'un tailleur de pierre d'Alby et dotant d'infrastructures modernes, organisant un de ses trois compagnons. contrat de pays pour valoriser son image. L'ancienne église Saint-Maurice, au chœur mé- L'agriculture reste toujours présente (coopéra- diéval en berceau brisé, se signale par ses vitraux tives agricole et laitière) mais Alby, en associa- modernes représentant les saints savoyards, des tion avec les communes du canton, s'est tournée armoiries locales, dont celles d'Alby. vers le développement d'activités artisanales et La nouvelle église Notre-Dame-de-Plainpalais, industrielles en créant à proximité de l'échangeur construite au nord de l'ancien bourg après la autoroutier de l'A 41 une importante zone indus- Seconde Guerre mondiale, se signale par ses trielle. L'Espace Leaders d'Alby-sur-Chéran fait formes résolument modernes dues à l'architecte partie de ce chapelet de zones d'activité qui Maurice Novarina. Deux grandes verrières, en s'égrènent le long de l'axe autoroutier, formant de dalles de verre et béton de 5 mètres sur 8, éclairent Chambéry à Annecy une sorte de « région indus- la nef de tonalités bleues au sud, de couleurs plus trielle linéaire ». chaudes pour la verrière du nord. Elles sont Des entreprises spécialisées dans la robotique ou l'œuvre d'Alfred Manessier, qui précisait en 1964 l'agro-alimentaire, les transports ou l'imprimerie, ses intentions : « Ce qu'il faut au peintre, c'est se sont donc installées depuis quelques années sur redécouvrir les données propres de chaque pays, une vaste plate-forme qui facilite la diffusion la lumière, le vent, la terre, le plus ou moins grand rapide des produits industriels dans l'espace euro- degré d'humidité et de soleil qui sensibilise les péen. colorations [...]. C'est en saisissant ce lien pro- fond qu'on peut retrouver le vrai sens de la tradi- La commune a voulu, dans le même temps, valo- tion. » riser son environnement en signant avec les com- munes du canton un contrat de pays. Ce dernier Depuis 1860, la commune a connu bien des trans- formations. est parvenu à valoriser son potentiel touristique, à développer les structures d'accueil et d'héberge- — La croissance démographique est constante ment (plus de 20 hôtels-restautants, 15 gîtes, 4 tout au long du XIXe siècle et la population atteint campings, de nombreuses chambres d'hôtes), à son optimum en 1886 avec 1 226 habitants. promouvoir enfin les activités culturelles (fêtes, Passée cette date, le nombre des Albygeois ne soirées à thème, sentiers de randonnée, etc.). L'as- cesse de diminuer, la commune perdant le tiers de sociation Passerelle, qui se signale par son impor- ses effectifs entre 1886 et 1975. tante activité de publication (histoire et traditions Les deux conflits mondiaux sont durement ressen- locales), est un bel exemple de ce dynamisme qui tis ; la guerre de 1939-1945 marque beaucoup la s'est concrétisé par une augmentation du nombre commune par l'exécution de certains de ses des résidences principales, passant de 337 unités enfants, par la violence de ses combats. en 1982 à 424 au dernier recensement de 1990. Des plaques commémoratives conservent le sou- En juin 1995, les Albygeois se sont donné pour venir de J. Prisset, ouvrier d'Alby, tué au cours maire Guy Sorlier. d'une embuscade par les Italiens fascistes atta- quant le 17 juin 1943 le maquis de , d'Oc- tave Magnin, chef de maquis du Semnoz, fusillé le 11 décembre 1943 par les troupes allemandes qui venaient de s'illustrer tragiquement à . ALLÉVES Plus rien ne subsiste de la verrerie du pont de Bange installée au XVIIe siècle puis transférée au 209 Allevains, 881 ha, 636 m début du XVIIIe siècle à proximité des tours Saint-Jacques, si ce n'est les moulins puis la scie- Commune rurale de moyenne montagne située sur la rive droite du Chéran, à la sortie du massif des rie qui s'établirent en ce lieu par la suite. La pros- périté des moulins était due à l'abondance de la Bauges, Allèves occupe les pentes méridionales chute du Chéran et à la proximité d'un carrefour de la montagne du Semnoz. Elle a une superficie routier (la voie reliant le Genevois aux Bauges et de 881 ha dont 3/1 Oe sont des forêts, broussailles à la Maurienne conférait à ce passage une impor- ou rochers. tance certaine). Le territoire communal dessine une sorte de tri- L'autorisation d'élever un barrage sur le Chéran angle dont le crêt de l'Aigle (1 646 m) constitue- fut demandée à Turin peu avant le rattachement. rait le sommet nord, les deux autres étant les ponts La construction du moulin et de la scierie débuta de l'Abîme à l'ouest et celui de Bauges à l'est. vers 1865-1870. L'actuelle scierie, aménagée en La montagne se signale ici par des barres calcaires 1971, est une véritable usine moderne qui perpé- aux belles allures d'où se détachent les tours tue la tradition industrielle du lieu. Saint-Jacques, trois aiguilles sculptées par l'éro- L'église, de style néogothique, a été refaite autour sion qui forment un site classé. des années 1870 ; seul le clocher est plus ancien. La commune est traversée par la D 5, un des accès La chapelle Saint-Jacques abrite deux belles sta- vers Lescheraines au cœur des Bauges, qui la tues polychromes médiévales. Elle semblerait place aussi à 20 km d'Annecy. attester l'existence d'une ancienne étape de pèle- Le patrimoine archéologique et historique d'Al- rinage. lèves est plus important qu'on ne pourrait s'y C'est le 20 décembre 1860, par décret impérial, attendre à première vue. qu'Allèves cesse de faire partie du canton de Duingt pour être incorporée au canton d'Alby, Les grottes préhistoriques de Bange, situées à nouvellement formé. l'est de la commune, à une altitude de 720 m, ont livré des traces d'une occupation humaine remon- La commune compte alors 433 habitants et n'at- tant à 12 000 ans (harpon magdalénien taillé dans teindra pas son optimum démographique avant un bois de renne). 1886 (464 habitants). A partir de cette date, elle connaît un inexorable déclin démographique. Les vestiges du premier pont de Bange, construit L'exode rural sévissant, Allèves ne compte plus par les Romains, étaient encore visibles en 1914, que 300 personnes en 1931 et 170 en 1968. date à laquelle il fut détruit par malveillance. Les Y. Dubois a bien décrit dans ses romans consacrés hommes de César et d'auguste semblent avoir à son village les difficultés des paysans locaux à occupé les grottes de Bange (mur romain). Ils vivre dans leur « vallée des cyclamens ». devaient pouvoir contrôler la voie qui, reliant Aujourd'hui, la tendance est à la reprise démogra- Boutae (Annecy) à Aquae (Aix-les-Bains) par phique, une des plus faibles du canton toutefois Viuz-la-Chiésaz et Gruffy, franchissait ici le Ché- (+ 13,5 % entre 1982 et 1990). La commune peut ran. Le pont actuel fut construit en 1942 pour rem- compter néanmoins sur son environnement pour placer le second pont de Bange, dynamité durant proposer promenades, spéléologie, alpinisme, la guerre en 1940. pêche, et confirmer alors ses récents progrès. Les ruines de la tour de Cengle sont encore visibles au nord de la grotte de Bange. Ce château, construit au Xe siècle à l'entrée du défilé de Bange, passa successivement des mains des seigneurs du Cengle aux nobles d'Orlyé (1365) puis aux nobles CHAINAZ-LES-FRASSES de Montfalcon. Sa tour était ruinée dès le XVe siècle. 395 Chainaziens, 557 ha, 678 m La commune conserve aussi de nombreuses traces Située sur les flancs du massif des Bauges, la de ses activités industrielles ou artisanales d'an- commune jouit d'une belle vue sur l'Albanais et tan, que l'abondance en eau, en combustible, en l'avant-pays savoyard, de la Chartreuse au Jura. matière première (sable du Chéran) rendait lucra- Etymologiquement, Les Frasses signifie un lieu tives. Le lieu-dit Chez Martinod rappelle le travail où il y a beaucoup de frênes. du fer au martinet et la clouterie si répandue en Commune agricole (élevage porcin et bovin, Bauges sous l'impulsion des moines de Belle- coopérative laitière), Chainaz-les-Frasses n'a vaux. jamais connu de véritable essor économique. A la limite du département de la Savoie, elle se tronomie ou les mathématiques. C'est l'histoire trouve à mi-distance entre Annecy et Aix-les- qui attirera le curé Besson. Loin de tout, avec une Bains. patience infinie, se heurtant à la méfiance de ses Jusqu'à la Révolution, les habitants des villages supérieurs, il rassemble documents et informa- de Chainaz et des Frasses relevaient du diocèse de tions pour ses Mémoires sur l'histoire des dio- Genève et formaient deux paroisses distinctes. Un cèses de Genève, Tarentaise, Maurienne et Aoste instant rattachées au département de Savoie, elles qui paraîtront quasi clandestinement en 1759 et regagnent définitivement en 1861 celui de la feront le bonheur des historiens des siècles sui- Haute-Savoie, puis, quatre ans plus tard, le 17 vants. novembre 1865, décident de se réunir pour former Au moment du rattachement, Chapeiry fait partie l'actuelle commune de Chainaz-les-Frasses. du canton d'Annecy-Sud. Elle en sera détachée Le seul édifice remarquable se trouve être l'église pour être réunie à celui d'Alby-sur-Chéran par paroissiale Notre-Dame dont le clocher porte la décret en date du 28 juin 1865. date de 1722. Remaniée au XIXe siècle par l'ar- A cette époque, la commune est en passe d'at- chitecte Ruphy, elle renferme surtout deux belles teindre son optimum démographique (353 habi- vierges polychromes classées. tants en 1886). Sa population ne va pas cesser de Sous l'effet de l'exode rural, le village va perdre diminuer à partir de cette date et sera fortement 50 % de ses effectifs entre le rattachement et les marquée par les pertes des deux conflits mon- années 60. Depuis trente ans, la rurbanisation diaux : la population régressera de 281 à 246 habi- aidant, la population s'est remise à croître, passant tants entre 1936 et 1946. de 211 habitants en 1975 à 260 en 1982 et 395 La chute démographique à Chapeiry prendra fin aujourd'hui. dans les années 70. A cette date, la tendance s'in- verse, la commune se repeuple, voyant ses effec- tifs doubler entre 1968 (256 habitants) et 1990 (545 habitants). CHAPEIRY Aujourd'hui, la commune évolue, s'oriente vers une politique d'accueil des rurbains. Le nombre 545 Chapériens, 576 ha, 600 m de résidences principales passe de 120 à 171 entre 1982 et 1990. La population s'élève aujourd'hui à 545 habitants Une nouvelle route départementale dessert Cha- surnommés par la tradition locale « lô Pre Coué », peiry ; l'ancienne cure a été transformée en mai- c'est-à-dire les poires cuites. son communale ; des activités culturelles sont Cette petite commune rurale est implantée sur une organisées par les associations et les clubs locaux. colline d'altitude moyenne, dans un environne- En retour, le secteur agricole se modifie ; les ment boisé, au nord du canton d'Alby-sur-Chéran. exploitations sont moins nombreuses, celles qui Proche de l'autoroute A 41 et de la RN 201, elle se subsistent s'étendent, se développent (la produc- situe à 12 kilomètres d'Annecy et moins de 10 tion laitière augmente). On mise dans le même kilomètres de son chef-lieu de canton. temps sur le tourisme vert avec l'aménagement de L'orthographe du nom de la commune a souvent gîtes ruraux, d'un sentier botanique (celui des varié. On trouve essentiellement trois formes dans Biolles) permettant de découvrir la flore représen- les documents officiels depuis 1860 : Chapery, tative de l'étage collinéen local. Chapairy ou Chapeiry. Cette dernière graphie semble plus conforme à la prononciation locale et c'est la raison pour laquelle elle est actuellement la plus usitée. Le patrimoine architectural de Chapeiry réside essentiellement dans son église paroissiale dédiée 969 Cusiens ou Cusillards, 1 693 ha, 550 m à saint Martin. Elle se signale surtout par son gros clocher latéral et son remarquable chœur préro- La commune de Cusy occupe un site de piémont man. en bordure du Fier, à la limite de l'Albanais et du Au milieu du XVIIIe siècle (de 1757 à 1763), la massif des Bauges. Dominée par la montagne de paroisse abrite le curé Besson. Cet homme est un Bange (1 238 m) et ses falaises calcaires, elle est bel exemple de ces érudits locaux qui, en plein située au sud du canton d'Alby, à la limite du siècle des lumières, sont curieux de tout, cher- département de la Haute-Savoie et de la Savoie. chent à comprendre le monde qui les entoure, se Ce carrefour de routes départementales assure la passionnent pour la botanique ou la géologie, l'as- communication avec Lescheraines et Grésy-sur- Aix par la D 911 qui longe la vallée du Chéran Le château de Fésigny ou maison forte des Fil- puis celle du Sierroz et avec Alby et Rumilly par lards, à environ 1,5 km du village, a donc appar- la D 3. On ne sera pas surpris de trouver des ponts tenu au rival du sire de Montmayeur. Il n'en reste remarquables sur le territoire communal ni de qu'un bâtiment quadrangulaire flanqué d'une tour constater que, dans le passé, Cusy fut un village carré et de deux échauguettes. On peut encore voir disputé, tiraillé entre des influences politiques les armes des Fésigny sur le montant d'une fenê- opposées. tre. Est-ce pour cela que ses habitants, les Cusillards, Deux ponts, ceux de Bange et de l'Abîme, attirent ont été surnommés par la tradition locale les ensuite l'attention. On s'intéressera surtout au Bataillards ? second, dont on vient récemment de fêter le cen- Le nom de la commune proviendrait du latin tenaire (1987). Cusiacum. La présence romaine est plus ou moins Au XIXe siècle, franchir le Chéran était problé- attestée par des vestiges de pont à l'est de la com- matique car, mis à part les ponts d'Alby et de mune, près de l'actuel pont de Bange. Bange, distants de plus de 14 km, on ne disposait C'est peu après l'an 1000 que l'histoire de Cusy alors que de périlleux ponts de bois ou passe- commence véritablement, avec une mention du relles. Dès 1820, la construction d'un pont fran- village dans un parchemin daté de 1022. Dès lors, chissant l'Abîme était souhaitée, tant à Cusy qu'à Cusy, « dans le comté de Genève, dans le pays Gruffy. Il fallut attendre 1884 pour voir la Ille d'Albanais », sera l'enjeu d'une lutte féodale République, le conseil général, s'intéresser plus entre les puissances du temps qui se disputent le avant au projet en débloquant des subventions. Il passage du Chéran. En 1273, Cusy appartient aux fut confié à Ferdinand Arnodin, constructeur de sires de Grésy, vassaux du comte de Genève, mais pont suspendu à Châteauneuf-sur-Loire. Le pont peu après, la seigneurie devient un fief temporaire de l'Abîme fut mis en service le 30 janvier 1888. de la maison de Savoie, qui la contrôlera définiti- Il s'agit d'un pont suspendu par huit câbles por- vement en 1288. C'est l'époque où Amédée V, le tant les 52,50 m de tablier à 95 mètres au-dessus bouillant comte de Savoie, envisage d'étendre son du Chéran. Il n'allait pas tarder à devenir un but autorité en direction du nord, s'en prenant au d'excursion pour les touristes de la Belle Epoque. comté de Genève et au Faucigny qui gênent ses Le pont est inscrit aujourd'hui à l'inventaire des liaisons avec le pays de Vaud qu'il contrôle. monuments historiques. Cusy, considéré comme « un coin enfoncé dans L'église, dédiée à saint Christophe, a été recons- les terres genevoises », sera l'objet de bien des truite en 1887 dans un style néogothique courant à attentions. Le comte accordera en 1288 des fran- l'époque. Elle fait partie de ces édifices religieux chises, une foire et un marché au petit village. remis en état dans la seconde moitié du XIXe La seigneurie et son château, campé au-dessus du siècle après la tourmente révolutionnaire et les Chéran, resteront désormais savoyards. Mais cette aléas politiques des années 1792-1860. pièce maîtresse d'un dispositif défensif perdra de Au milieu du XIXe siècle, Cusy est un gros bourg son intérêt lorsqu'en 1401 l'ensemble du Gene- qui atteint son optimum démographique en 1848 à vois sera réuni à la Savoie. 1 513 habitants. Il fait alors partie de la province Il n'est pas surprenant de voir par la suite la sei- de Savoie-Propre et du district d'Albens. C'est un gneurie passer successivement entre les mains des décret du 20 décembre 1860 qui transférera Cusy Grésy, Montmayeur (XVe siècle), Luxembourg- du canton d'Albens à celui du canton d'Alby, tout Martigues, de Lingon (XVIe siècle). nouvellement créé. La commune change de ce fait Le patrimoine architectural peut se décomposer de département. Un nouveau décret (21 novembre en trois ensembles comprenant des ruines féo- 1884) imposera enfin une nouvelle délimitation j dales, deux ponts, une église néogothique. entre la commune de Cusy et celle de Saint-Ours. Les deux châteaux que la commune abritait autre- Le déclin démographique que connaissent toutes fois ont été les victimes du temps et de l'indiffé- les communes à partir de 1850 est particulière- rence des hommes. Le château de Cusy, du XIe ment net à Cusy. La population perd lentement et siècle, fondé par Humbert 1er entre la Creusaz et le régulièrement ses effectifs, passant de 1 398 habi- nant de la ville, à 700 m au nord-est du village, tants en 1858 à 726 Cusillards en 1975 (- 50 % en ; nanti de plusieurs tours et d'une chapelle, fut un peu plus d'un siècle). j incendié à la Révolution. Il n'en reste que de Depuis cette date, la tendance s'est inversée pauvres vestiges conservant encore le terrible (+ 18,7 % entre 1982 et 1990). Cusy voit le nom- souvenir du sire de Montmayeur, celui-la même bre de ses résidences principales passer de 303 à qui fit enlever et décapiter en février 1465 son 361 unités. La commune continue à tirer ses res- malheureux adversaire Guy de Fésigny. sources d'une activité agricole la plus variée pos- sible (pâturages, vergers, élevage bovin et porcin, coce dans la commune sous la forme d'une courte fromages) mais elle s'est tournée dans le même inscription découverte en 1863. Le texte est gravé temps vers les activités touristiques d'été, cher- sur une plaque de marbre, surmonté d'une croix et chant à devenir une petite station climatique qui ne comprend qu'une seule ligne. On peut y lire : valorise ses atouts naturels (promenades, sites « Hic r[esquiescit] fil[ius] suos Althéus in pace ». grandioses, chasse, pêche, « sports fun », etc.). Ce nom n'est pas inconnu, un Althéus sera évêque On compte aujourd'hui, en 1995, plus d'un millier de Sion dans le Valais au tout début du Ville de Cuséens. siècle. La période des invasions et du haut Moyen Age a également laissé ses traces sous la forme d'un cimetière probablement burgonde et d'une pièce d'or mérovingienne. La longue phase de déplace- GRUFFY ments des populations de l'Europe, amorcée au néolithique, s'achève vers l'an 1000. Elle semble 883 Grufféens, 1 444 ha, 550 m avoir contribué de façon continue au peuplement Cette commune rurale de piémont est dominée par de la paroisse de Gruffy qui est alors le centre d'une petite châtellenie des comtes de Genève. Le la montagne du Semnoz. Elle est traversée par la château des comtes de Genève et des Compey route départementale n° 5 qui longe la rive droite du Chéran. tombe en ruine au XIXe siècle. Une partie des dalles du donjon est employée en 1825 à la Elle appartient ainsi à ce groupe de communes de construction du pont Neuf d'Alby. l'entrée du massif des Bauges qui ne sont pas trop Au moment de l'annexion, la commune dénombre éloignées de l'axe autoroutier et de l'échangeur 988 habitants. Peu de temps après est entreprise la d'Alby-sur-Chéran. construction de l'actuelle église. Edifié entre 1869 La commune se signale d'abord par la richesse de et 1872, sous la direction de l'architecte Ruphy, le son passé archéologique. Elle a livré de nombreux bâtiment à triple vaisseau est de style ogival. témoignages de l'occupation humaine du néoli- Le village ne traversera pas sans dommage la thique à la fin de l'Empire romain, qui permettent Seconde Guerre mondiale. Le 11 décembre 1943, de baliser les grandes étapes de la protohistoire, les soldats allemands et la Gestapo traquent les de l'Antiquité et du haut Moyen Age. résistants des Bauges. Ils s'en prennent au petit Les amas de pierres ou murgiers découverts à la maquis de la grotte des Fours, puis reviennent au sortie de Gruffy, au lieu-dit Le Mollard, ont livré village, font irruption dans la boulangerie de un riche mobilier funéraire de l'âge du fer. A tra- Joseph Dalby, qu'ils exécutent après avoir incen- vers les nombreux objets, bracelets en bronze, dié sa boutique. Le jeune réfractaire Pierre Valen- brassards en jayet, éléments de parures, fibules et çot est également tué. épées, on peut se faire une idée de la puissance de La population connaît un fort exode rural après l'aristocratie allobroge, capable de se faire édifier 1860 et perd pratiquement la moitié de ses habi- en guise de tombe des tertres de 28 mètres de dia- tants en un siècle. Depuis 1975, il en va tout autre- mètre. L'ensemble des vestiges de ce tumulus ment, la commune connaissant une progression funéraire remonte au Vie siècle av. J.-C. (Hallstatt significative avec un taux de croissance annuel de final) ; on y remarque entre autres un splendide l'ordre de 4 % entre les deux derniers recense- poignard en fer à poignée anthropomorphe. ments, accueillant des résidents travaillant le plus La présence romaine se signale à travers des murs, souvent sur Annecy ou Rumilly. des inscriptions, un autel dédié à Mercure. Ces La municipalité de Marcel Vemey, élue en juin découvertes sont à mettre en relation avec les ves- 1995, veille aux destinées d'un millier de Gruf- tiges antiques trouvés dans les communes proches féens environ. de Marigny-Saint-Marcel et de Viuz-la-Chiésaz. Le nom de cette dernière, Viuz (du latin vicus), désigne à l'époque romaine un bourg. On sait que les descendants des légions de César développè- rent en Gaule villes, villages et grosses fermes. HÉRY-SUR-ALBY Gruffy fut à cette époque le siège d'une de ces exploitations rurales, une villa dont on a évalué 471 Hérigeois, 733 ha, 600 m l'étendue à 180 ha. Entièrement située sur le versant de la rive gauche du En pleine décadence de l'Empire romain, le chris- Chéran, au sud du chef-lieu de canton, la commune tianisme s'introduit en Savoie par les cols alpins d'Héry-sur-Alby est traversée par la D 3 qui assure et la vallée du Rhône, laisse son empreinte pré- la liaison entre l'Albanais et le massif des Bauges. A quelques kilomètres de l'échangeur autoroutier MÛRES de l'A 41, la commune est bien désenclavée. 472 Mûrains, 523 ha, 500 m Surnommés par la tradition « lô Batisseu de Cabri », c'est-à-dire ceux qui baptisent les chevreaux (pour La population comptait 472 habitants au recense- conjurer le mauvais sort), les habitants d'Héry ment de 1990 contre 320 à celui de 1982. auraient une dénomination d'origine latine. Ses habitants sont surnommés « les Puges », Héry dériverait d'Ariacus, nom d'un propriétaire c'est-à-dire les puces. romain qui aurait implanté, à l'apogée de l'em- Le nom de la paroisse est mentionné au XVe pire, une exploitation agricole que l'archéologie siècle, mais l'implantation humaine est plus n'a pas encore permis de situer. ancienne puisque l'on y a trouvé des sépultures du Mentionné plusieurs fois dans les textes des IXe et haut Moyen Age. Le territoire de cette commune Xe siècles, le nom d'Ariacum permet de supposer rurale s'étend sur la rive droite du Chéran qu'elle domine. qu'un village a dû succéder à la villa gallo-romaine originelle. La paroisse fait partie un temps des Son patrimoine architectural se résume à deux dépendances de l'abbaye de Tournus puis retom- édifices : be dans l'inconnu. — Le château de Pierrecharve, dont la grosse tour Au Moyen Age, la paroisse regroupe quarante à rectangulaire domine le Chéran le long de l'an- cinquante feux et dépend du mandement d'Alby. cienne route de Mûres à Alby. Cette fortification, qui appartint successivement aux seigneurs de La Un lieu-dit Le Chatel témoignerait encore aujour- Rochette puis aux Montfalcon, a beaucoup souf- d'hui d'une ancienne construction féodale, peut- fert des vicissitudes de l'histoire. être le fief de petits seigneurs, les Cuenoz d'Alby. — L'église, dédiée à saint Donat, dont la cons- Le patrimoine architectural de la commune se truction, débutée au XVIIe siècle, s'est poursuivie réduit à peu de choses : l'église et la façade de la jusqu'au milieu du XIXe siècle (édification du mairie. clocher), contient un beau retable baroque à Dédiée à Notre-Dame, l'église a été dessinée par colonnes torses. l'architecte Ruphy et bâtie en 1836 dans un style La paroisse, unie à Gruffy en 1803, fut rattachée à néoclassique aux lignes sévères, à l'exception du Alby sept ans plus tard, en 1810 ; elle ne retrouva clocher qui lui est antérieur (XVIIIe siècle). son autonomie définitive qu'en 1833. A cette La mairie, construite à proximité de l'église, est époque, sa population s'élève à 324 habitants, chif- caractéristique du style composite de la fin du fre qui ne cessera de croître jusqu'en 1872, date à XIXe siècle. Sa belle façade attire l'attention du laquelle la commune abritera 510 personnes. visiteur. Par décret du 20 décembre 1860, Mûres cessa de faire partie du canton de Duingt et fut incorporée Au moment du rattachement, Héry-sur-Alby fait à nouveau au canton d'Alby. partie durant quelques mois du canton d'Albens avant d'être rattachée, par décret du 20 décembre Les guerres mondiales, comme partout, marquent fortement la population de Mûres, qui perd 57 1860, au nouveau canton d'Alby. habitants entre 1911 et 1921 et 44 entre 1936 et Une dizaine d'années plus tard (1872), la com- 1946. mune connaît son optimum démographique avec La commune comptera parmi ses membres une 797 habitants. Puis, sous l'effet de l'exode rural, victime de la barbarie nazie en la personne de du déclin des activités artisanales et de la petite Félix Laydevant, tué le 15 août 1944. Une plaque industrie, dû à l'entrée dans le grand marché fran- commémorative perpétue son souvenir au cime- ; çais, la population d'Héry diminue régulièrement, tière. n'ayant plus que 639 habitants à l'aube du XXe Durant les vingt dernières années, la population a siècle, 451 au sortir du second conflit mondial et 399 en 1968. pratiquement doublé, retrouvant pratiquement, avec 472 habitants aujourd'hui, l'optimum démo- Depuis vingt ans, la commune, qui tire ses res- graphique de 1872 (510 habitants). La commune sources principales d'une activité agricole diver- est devenue attractive, plusieurs indicateurs le sifiée (pâturage, élevage bovin et porcin, polycul- confirment. j ture, vergers, etc.), connaît une légère reprise Le solde migratoire, positif tout au long des démographique (+ 16,6 % entre 1982 et 1990). années 80 (+ 3,96 % par an), est devenu le princi- Les Hérigeois sont en 1995 plus de 500 mais bien pal moteur de la progression démographique. peu se souviennent du temps où l'on baptisait les Le nombre des résidences principales est passé de chevreaux... 105 à 155 entre les deux derniers recensements. S'inscrivant dans cette tendance générale, la la mise au point et la commercialisation de la récente association Animûres organise fêtes et crème de gruyère. Ces petites portions de fromage soirées pour donner un supplément de vie à la s'exporteront dans toutes nos colonies (Algérie, commune qui cherche à tenir sa place dans le Tunisie, Maroc, Madagascar) mais aussi en Amé- cadre du SIDECA. rique du Nord. Toujours fabriquées dans la com- Cette politique municipale semble être payante mune par le groupe Bel, qui a racheté la marque, puisque Mûres a vu le nombre de constructions elles se vendent aujourd'hui dans le monde arabe. nouvelles s'élever à 36 unités pour la période L'église, avec sa façade néoclassique, est recons- 1982-1992. truite entre 1854 et 1861 avec un clocher à bulbe, coupé à la base et surmonté d'un fin campanile. Elle renferme quelques tableaux ayant plus de valeur historique qu'artistique, dont une grande toile représentant le martyre de saint Félix, don de SAINT-FÉLIX Mgr Dupanloup. Ce prélat, né dans la commune 1 356 Saint-Félixiens, 660 ha, 406 m en 1802, fut évêque d'Orléans à partir de 1849. Il s'illustra comme un des principaux artisans de la La commune de Saint-Félix est la dernière com- loi Falloux. Membre de l'Assemblée nationale de mune du canton d'Alby, à l'extrémité sud-ouest 1871, il fit voter la loi sur la liberté de l'enseigne- du département de la Haute-Savoie. Située dans ment supérieur et devint sénateur inamovible en l'ancien Albanais, elle est formée d'une plaine 1876. Cet académicien faisait aussi partie de nom- légèrement vallonnée et adossée à sa partie orien- breuses sociétés savoyardes dont l'Académie de Savoie et la Société florimontane. tale, aux premiers contreforts des monts d'Héry. Traversée par la RN 201 et l'autoroute A 41, elle Après la dernière guerre mondiale, la commune n'est séparée d'Annecy que par 15 kilomètres. continue à se dépeupler, suivant une tendance De son passé antique, on n'a conservé qu'un très générale amorcée dès le milieu du XIXe siècle. petit nombre de vestiges, dont une dédidace à Mais, à partir des années 70, on constate une Mercure Auguste qui met bien en évidence le rôle inversion de la tendance et la commune gagne joué déjà par la voie de communication Aix-Bou- plus de 150 habitants en quinze ans. tae. Elle conserve sa vocation industrielle mais l'ac- Au Moyen Age, Saint-Félix dépendait du diocèse cent est mis depuis les années 80 sur l'orientation de Genève pour le culte. touristique et la protection de l'environnement. Plusieurs seigneurs, vassaux du comte de Gene- Un musée consacré à l'automobile s'est ouvert au vois, se partageaient alors le territoire de Saint- début des années 1990 (aujourd'hui fermé) et la Félix. Il existe encore aujourd'hui dans la com- commune participe à une importante action de mune les restes de plusieurs châteaux féodaux, à réhabilitation des étangs de Crosagny et Beau- Malagny Linière. La maison forte de La Sauffaz mont. renferme même de belles peintures murales du XVIe siècle. C'est à la fin du XVIIIe siècle que Saint-Félix va se tourner vers les activités artisa- nales et industrielles. SAINT-SYLVESTRE L'abondance en eau (la commune est traversée par la Leysse et par quatre ruisseaux venant des 378 Saint-Sylvestrins, 534 ha, 650 m collines voisines) permet l'essor de la taillanderie avec l'installation de deux forges-martinet. Le village de Saint-Sylvestre et le territoire de la L'orientation des activités agricoles vers la pro- commune occupent une colline dominant la vallée duction du lait et l'implantation des fruitières per- du Chéran. On y jouit d'un beau point de vue sur mettent le développement de l'industrie agroali- la dépression de l'Albanais. mentaire à la fin du XIXe siècle. Située au nord du canton d'Alby, la commune n'a En 1906, le troupeau de vaches est, avec 456 têtes, pas la chance d'être aussi bien désenclavée que sa plus important que le reste des autres animaux voisine Chapeiry. Elle reste encore rurale ; serait- élevés dans la commune. Les deux fruitières ce pour cela que ses habitants sont surnommés par la tradition les Saute-Buissons ? fabriquent plus de 70 000 kilos de gruyère. Peu de temps avant, en 1885, Louis Picon a installé une L'histoire de Saint-Sylvestre pourrait remonter à entreprise d'affinage d'emmental qu'il nomme l'Antiquité romaine comme permettrait de le pen- Fromageries Picon. Elles vont prendre une impor- ser le fragment d'inscription latine retrouvé près tance considérable après la Grande Guerre, avec du village. Le patrimoine architectural comprend principale- Village carrefour, proche de la RN 201 et de l'au- ment deux maisons fortes (Songy et Vanchy) et toroute A 41, Viuz est un passage quasi obligé l'église paroissiale. pour atteindre le Semnoz par la D 141 et Quintal. La maison forte de Songy date du XIIIe siècle. Cette fonction dans les communications locales Elle appartenait alors aux comtes de Genève qui est certainement à l'origine du village dont le cédèrent ce château aux nobles Brunier d'Alby passé puise ses racines dans les époques antique et (1305). Elle passa ensuite au XVIe siècle entre les médiévale. mains de la famille de Lallée. La tradition histo- Le nom de Viuz-la-Chiésaz se décompose en rique veut que le dernier baron de Saint-Sylvestre, deux termes ; le premier, Viuz, dériverait du latin personnage fort excentrique et frondeur, soit mort vicus qui désigne un bourg à l'époque romaine. Le vers 1798 de n'avoir pu supporter d'être appelé second terme, la Chiésaz, c'est-à-dire l'église en citoyen. patois savoyard, conserve le souvenir du prieuré L'église paroissiale est néoromane. Implantée sur clunisien dédié à saint Jean Baptiste, qui connut un tertre, elle se remarque de loin avec son clo- ses heures de gloire au XIIIe siècle. Il dépendait cher surmonté d'une flèche si caractéristique dans de l'abbaye de Gigny dans le Jura. l'Albanais. Elle a connu de nombreuses vicissi- La réunion de la Chiésaz à Viuz s'effectua défini- tudes et d'importants remaniements qui en font un tivement à l'époque du Concordat, au début du ensemble composite (voûte en berceau brisé du Premier Empire, le prieuré étant alors tombé clocher médiéval, restes d'un ancien clocher- depuis longtemps en décrépitude. porche du XVIIIe siècle). Le patrimoine archéologique et architectural pré- Au moment du rattachement, Saint-Sylvestre sente de nombreux vestiges de ce riche passé. cessa de faire partie du canton de Duingt pour être — Une voie romaine reliant Boutae (Annecy) à incorporé au nouveau canton d'Alby-sur-Chéran Aquae (Aix) traversait la commune. Elle a laissé par le décret du 20 décembre 1860. quelques traces de son parcours partiellement Le recensement de 1861 dénombre 606 habitants reconstitué par Ch. Marteaux vers 1900. mais la commune ne connaît pas encore son opti- — Une confortable et luxueuse habitation romaine, mum démographique qu'elle atteindra en 1891 une villa urbana, a livré un riche mobilier : pave- (654 habitants). ments de mosaïque, revêtements de marbre, stucs Dès lors, la population, sous l'effet de l'exode peints, hypocaustes, lampes, statuette en bronze, rural, verra ses effectifs décliner constamment ; monnaies, etc. Ces bâtiments, qui s'étendaient sur entre 1896 et 1968, la diminution est de l'ordre de plus de cent mètres à proximité de la voie, sem- 50%. blent avoir été prospères entre le 1er siècle et le La tendance ne s'inverse qu'au début des années milieu du Ille siècle, date à laquelle ils furent incendiés. 70 et la reprise démographique se confirme dou- cement : 321 habitants en 1975, 378 au dernier L'habitat gallo-romain ne se résumait pas à cette recensement de 1990, plus de 400 aujourd'hui. seule villa ; diverses trouvailles permettent de penser qu'il devait être très dispersé sur le terri- toire de la commune. — Une nécropole, attribuée aux Burgondes, mise au jour vers 1860 à proximité de la villa gallo- VIUZ-LA-CHIÉSAZ romaine, permet de constater que l'occupation 818 Viulans, 1 391 ha, 585 m humaine du village perdure à la fin du monde antique. Ces tombes en dalles de molasse ont livré Commune de piémont, Viuz-la-Chiésaz possède un mobilier réduit dont un collier en pâte de verre. sur son territoire le crêt de Châtillon (1 699 m), Près de l'église, d'autres tombes furent décou- point culminant de la montagne du Semnoz. Il vertes au lieu-dit Au Cimetière. s'étend sur 1 400 ha environ, répartis en deux — L'église, placée sous le patronage de saint Etien- zones à peu près égales : au levant, la montagne, ne, atteste de l'existence d'une paroisse ancienne. anticlinal urgonien au couvert forestier impor- L'édifice, reconstruit dans le style « roman » en tant ; au couchant, un ensemble de collines morai- 1903, a été restauré en 1986. Il conserve un clo- niques wurmiennes, descendant doucement jus- cher ancien. qu'au ravin des Eparris (430 m). — Plusieurs châteaux et maisons fortes flan- Située au nord du canton d'Alby, elle est traversée quaient autrefois la paroisse. On en retrouve de par la D 5 qui conduit vers Lescheraines au cœur nombreux vestiges aujourd'hui. Les d'Orlyer (ou des Bauges en longeant le Semnoz par Gruffy, Orlier), famille apparentée à celle d'Allèves, pos- Allèves, la vallée du Chéran. sédaient une maison forte au sud-est de l'église. On peut voir, au lieu-dit La Grande Maison, une actuelles semblent avoir épargné les emplace- partie de cette bâtisse. Le beau blason de la ments du four à tuiles. famille d'Orlyer qu'elle renfermait a été transféré L'entrée dans l'espace national français provoqua à l'entrée de l'actuelle mairie. Cette importante le déclin de ces activités après 1860 et suscita un famille a encore laissé des bâtisses fortifiées aux fort exode rural, entraînant un net recul de la lieux-dits Le Sauget et Le Crêt de la Tour. population qui va passer successivement à 445 La maison forte du hameau de Barreau est partiel- habitants en 1911, 368 en 1946, atteignant le seuil lement conservée ; elle dépendait de la seigneurie de 346 personnes en 1968. de Gruffy et appartenait en 1730 à la famille Por- tier de Bellair. Mentionnons enfin, au lieu-dit Le Depuis, la tendance s'est renversée, la commune Château, les vestiges de la maison que noble J.-F. bénéficiant de la proximité de l'agglomération Dupraz possédait en 1730. annécienne. Le nombre de résidences principales est passé de 173 à 257 habitations entre 1982 et C'est par décret en date du 20 décembre 1860 que 1990 et le solde migratoire annuel voisine les Viuz-la-Chiésaz cessa de faire partie du canton de Duingt pour être incorporée au nouveau canton 2,3 % pour la même période. d'Alby. La population connaît un fort accroisse- Le phénomène de rurbanisation explique en ment naturel entre 1801 et 1861, date à laquelle grande partie l'accroissement de 36 % que la l'optimum démographique (644 habitants) est population communale a connu dans la dernière atteint. décennie. La commune cherche désormais à don- La population, très rurale, avait su jusqu'alors ner un visage accueillant et ouvert au chef-lieu et exploiter les ressources du sous-sol et l'abon- à son environnement : transformation de l'ancien dance de l'énergie hydraulique, construisant plu- presbytère en mairie, protection du patrimoine, sieurs moulins (aujourd'hui disparus) ainsi qu'une aménagement de sentiers de randonnées dans le tuilerie au lieu-dit La Thiollère. Les constructions cadre du pays d'Alby.

CANTON D'ANNECY CENTRE ET D'ANNECY NORD-EST

La commune d'Annecy est découpée en trois circonscriptions électorales. La majeure partie du terroir communal est incluse dans les cantons d'Annecy centre et d'Annecy nord-est. Le nord-ouest de la commune est inclus dans le canton dénommé Annecy nord-ouest. Pour plus de commodité, nous présentons la ville d'Annecy d'un seul tenant et les communes du canton Annecy nord-ouest regroupées à part. ANNECY Rodolphe III offre à sa femme le domaine d'An- nasiacum, en 1011. Au milieu du XIe siècle, on Préfecture de la Haute-Savoie trouve une paroisse d'Anasseti. Un document du 49 776 Annéciens, 1 602 ha, 448 m pape Eugène III, de 1145, parlant des paroisses d'Annecy-le-Vieux et le Neuf soumises à l'ab- La ville d'Annecy occupe une situation à l'entrée baye de , tend à prouver la postériorité de la cluse du même nom, aujourd'hui occupée d'Annecy, vis-à-vis de sa voisine Annecy-le- par le lac d'Annecy, entre les massifs préalpins Vieux. Quoi qu'il en soit, Annecy est la résidence des Bornes à l'est et des Bauges à l'ouest. Situa- des comtes de Genève depuis le XIe siècle. tion d'entrée de cluse, mais aussi de carrefour En 1132, l'évêque de Gramont consacre l'église entre la route de la cluse et la route qui relie Aix- dédiée à saint Maurice, tout près du château com- les-Bains à Genève, permettant ainsi le contact tal. En 1195, le comte Guillaume meurt au manoir entre l'avant-pays et la montagne. de Novel, récemment restauré. Le château prend La majeure partie du terroir est constituée par une de l'importance et le comte y séjourne plus fré- plaine fluvio-glaciaire, sur laquelle s'étend la quemment. ville, qui change de site avec le temps et d'une Les bourgeois de la ville obtiennent une charte de grande langue forestière dans le Semnoz, où il culmine à 895 m. franchise en 1307 et organisent ainsi des institu- tions municipales, qui fonctionnent jusqu'au début On trouve une présence néolithique, 3 000 ans du XVIIe siècle. Amédée III (1320-1367) frappe avant J.C., dans une station littorale immergée, monnaie au Palais de l'Ile et décide de se faire proche de l'île des Cygnes. Les découvertes, inhumer en la chapelle Notre-Dame. Après lui l'ad- faites à la fin du XIXe siècle, montrent que les ministration, qu'il a mise en place, fonctionne sans outils préhistoriques étaient polis dans du silex accrocs, jusqu'en 1402. Le fils d'Amédée, Robert importé du Grand Préssigny, que les hommes de Genève né à Annecy en 1342, devenu le pape maîtrisent bien la poterie et que l'élevage est plus Clément VII développe le pèlerinage à Notre- important que la pêche. Dame (Grands Pardons d'Annecy) et Benoît XIII En 121 avant J.C., les Allobroges, peuple gaulois, érige Notre-Dame en collégiale (1397). En 1348, la sont battus par les Romains, qui pendant six grande peste qui ravage l'Europe touche Annecy. siècles vont développer la civilisation gallo- André d'Antioche fonde, cette année-là, à Annecy, romaine, construisant vers 45 avant J.C., le vicus une dépendance de l'ordre des Chevaliers de Saint- de Boutae, dans la plaine des Fins (quartier actuel Jean-de-Jérusalem. des Romains). Pendant le Moyen Age, l'industrie textile se déve- Occupant une situation de carrefour, en plaine, loppe sur les rives du Thiou et du Vassé, qui four- Boutae est à la rencontre de la voie impériale nissent la force motrice. On travaille également le reliant la Tarentaise à Genève et de la voie reliant cuir et les métaux, fabriquant armes, outils divers Aix-les-Bains à Genève. Il semble que Boutae ait et couteaux fort appréciés. compté jusqu'à 2500 habitants. S'il ne reste aucun En 1412 et en 1448, Annecy, qui n'est plus capi- monument d'importance, le plan du bourg, grâce tale du Genevois depuis qu'Amédée VIII (1402) aux travaux de Pierre Broise, relayant Charles l'a rattachée à la Savoie, est ravagée par les incen- Marteaux et beaucoup d'autres est bien connu dies. Cependant, le comte de Genève, Janus, vient (maquette au musée-château d'Annecy, ainsi que résider à Annecy, relance l'administration et réor- la plupart des autres pièces découvertes, musée ganise le conseil de ville. lapidaire). Boutae possède un théâtre de 500 Le cardinal de Brogny (voir Annecy-le-Vieux) places, une basilique construite par Sextus Capri- crée un couvent de dominicains, à Annecy en j lius Atticianus au Ile siècle après J.C. On peut 1422. La fonction religieuse de la cité s'affirme. regretter qu'une fort belle statuette de bronze soit retenue à , au Petit-Palais. Eustache Chappuis, qui naît en 1499 à Annecy, j devient chanoine de la cathédrale de Genève, ) Les Allamans détruisent Boutae à deux reprises, secrétaire du duc de Bourbon, ambassadeur auprès en 259 et en 277, mais le vicus se relève. de Charles Quint, puis auprès d'Henri VIII, mais Au Ve siècle, avec les Burgondes, le site est aban- n'oublie pas sa ville natale, pour qui il fonde un donné, au profit du Thiou (site de pont) et de la collège, comme celui qu'il avait également fondé à ; colline qui le domine, tandis que se développe Louvain, où il meurt en 1555, et qui était ouvert Annecy-le-Vieux. On trouve une trace d'un do- aux Savoyards. Le collège chappuisien verra pas- maine Anersiacum, dans la dotation que Lothaire ser saint François de Sales, le futur cardinal Gerdil, II fait à sa femme, Thieteberge, qu'il veut répu- les savants Claude Berthollet et Germain Som- dier, en 867. meiller, ainsi que François Buloz entre autres. En 1538, l'église des Cordeliers est consacrée. L'apanage du Genevois disparaissant -le dernier Annecy, ayant retrouvé sa fonction de capitale duc Henri de Nemours meurt sans héritier- et depuis 1514, avec les ducs de Nemours, vassaux revenant à la couronne de Savoie, avec Charles du duc de Savoie, n'a pas à souffrir de l'invasion Emmanuel II, en 1659, c'est le duc qui fixe l'or- bernoise de 1536. ganisation municipale et nomme 28 conseillers (1678). Bien mieux, fuyant le calvinisme, les chanoines du chapitre Saint-Pierre de Genève arrivent, cette En 1666, la canonisation de saint François de année-là, à Annecy. L'exode se prolongeant, ces Sales donne lieu à de grandes festivités et qua- chanoines qui avaient été suivis par ceux du cha- torze ans plus tard, des lazaristes s'installent sur la pitre des Macchabées, s'installent dans l'église colline des Marquisats. des Cordeliers (future cathédrale). Les sœurs Cla- Le duc de Savoie à nouveau en guerre contre la risses s'installent également à Annecy, qui France, Annecy, ayant composé avec les Français, connaît alors un nouvel essor et ce d'autant plus subit, à partir de 1690, une occupation de six ans. que l'évêché y est transféré. Le premier évêque, A peine partis, les Français sont de retour (1701), comme alliés dans la Guerre de succession d'Es- Ange Justianiani, y entre solennellement le 22 mai 1569. pagne. Alliés de courte durée, puisqu'en 1703, Pierre Fenouillet, né en 1572, devenu docteur à la Annecy est de nouveau occupée et ce pour dix ans, malgré une offensive austro-savoyarde en Sorbonne, puis évêque de Montpellier et qui passe 1709! Turin supprime alors le Conseil présidial, pour un grand orateur, prononce l'oraison funèbre du cardinal de Richelieu. c'est la fin d'une autonomie vieille de plusieurs siècles, et envoie un intendant. A partir de 1589, la ville, qui compte un peu plus Annecy voit la visite de Jean Jacques Rousseau, en de 2 800 âmes, voit passer le Savoyard et ses 1728. En 1734, la ville, qui a continué de s'ac- armées (Suisses, Italiens, Espagnols), en lutte croître grâce aux nombreux migrants, compte 4991 contre les Bernois, puis les Français. Dans sa habitants, que l'on surnomme « les Vairons ». guerre contre le Savoyard, Henri IV est reçu à En 1742 et pour sept ans, Annecy connaît, cette Annecy, en novembre 1600. fois, l'occupation par les troupes espagnoles. De 1596 à 1610, Antoine Favre de Pérouges Pierre Emmanuel Moreau (1766-1833) peintre, (1557-1624) dirige le Conseil présidial, mais c'est est l'élève de David. On fête la béatitude de sainte l'évêché qui prend surtout de l'importance avec Jeanne-de-Chantal en 1772 ; pendant ce temps, le saint François de Sales (voir Thorens-Glières), nombre des Annéciens diminue, pour atteindre évêque de 1602 à 1622. 4478 (1776). Il est vrai que plusieurs communau- Notons que c'est en 1607, qu'est créée l'Acadé- tés religieuses quittent la ville. mie Florimontane sous l'impulsion des deux sus- De Montesquiou, commandant les troupes fran- nommés, mais aussi d'Honoré d'Urfé, de Claude çaises, arrive le 26 septembre 1792 et les Jacobins Favre de Vaugelas (1585-1650), fils d'Antoine, (Burnod) votent l'annexion à la France. Le nou- qui puise ici sa vocation de grammairien. veau département dit du Mont-Blanc a pour capi- En 1616, le prince héritier de Savoie, vient à tale Chambéry, au grand dam des Annéciens. En Annecy, renforcer les remparts de la cité. Deux mai 1793, l'insurrection contre-révolutionnaire ans plus tard, saint François fonde officiellement, démarre à Thônes (voir cette ville). En août, La avec Jeanne Françoise Frémyot, baronne de Fléchère et quelques amis sont massacrés. Le Chantal dite sainte Jeanne de Chantal (1572- conventionnel Albitte sévit à Annecy comme 1641) l'ordre de la Visitation, créé en 1610. On dans le département, en démolissant les clochers, bâtit une église-chapelle du couvent (actuelle fondant les cloches et faisant fuir les congréga- église Saint-François). tions, dont les locaux sont parfois transformés en ateliers. La ville ravagée par la peste (1629) est occupée par les Français en 1630 et Louis XIII et Richelieu A noter qu'un plan d'urbanisme est mis en place séjournent du 26 au 28 juillet au château. Annecy, en 1794. Il prévoit notamment une grande rue, qui cité de près de 4 000 habitants, est alors un centre traverserait la ville d'ouest en est ; la rue Royale religieux d'importance, ce qui ne va pas sans mal sera ouverte plus tard. avec les édiles. Les Capucins se sont installés en Après la tourmente montagnarde, le maire, Favre, 1597 (à l'emplacement de l'hôpital actuel), les est élu à l'assemblée des Cinq Cents et le calme Annonciades et les Bernardines en 1638 et les revient, avec Thomas Ruphy, maire en 1804, et le sœurs de Bonlieu en 1645, après avoir quitté la Concordat (1801). L'église des dominicains devient combe de sainte-Catherine. Annecy compte alors l'église Saint-Maurice et l'industriel Duport plus de 300 hommes et femmes d'église! ouvre la manufacture. En 1814, la plaine des Fins voit guerroyer le général Desaix (voir Thonon) et devenir une ville touristique recherchée au delà de le 20 novembre 1815, la Savoie redevient sarde. nos frontières. En 1816, Annecy accueille le roi Victor Emma- Le 30e régiment d'infanterie, tenant garnison dans nuel 1er. Ce dernier, trouvant la route scabreuse au la ville, part pour la guerre en 1914. Celle-ci, qui droit de La Puya, la fait considérablement amélio- fait environ 400 tués, ralentit quelque peu l'essor rer. On lance ensuite le pont de la Halle, afin de la cité, tout en apportant un développement aux d'éviter le faubourg des Annonciades et de facili- industries, électriquement alimentées par l'usine ter le trafic des charrettes hippomobiles. de Brassilly, depuis 1904. En 1917, s'ouvre Cinq ans plus tard, l'évêché est définitivement l'usine de roulements S.R.O., puis les pierres syn- fixé à Annecy. On construit alors Notre-Dame. thétiques Baïkowski, venant s'ajouter aux fila- Les visitandines reviennent et les sœurs de Saint- tures et aux ateliers de bracelets-montres. En Joseph s'installent dans la ville, qui retrouve une 1920, l'usine électrique de Chavaroche renforce certaine prestance administrative (construction de la puissance installée. l'hôtel de ville, en remplacement, à partir de 1848, En 1926, Annecy, ville industrielle, compte de celui de la place Notre-Dame). 17 233 habitants. L'entre-deux-guerres, c'est, à Jules Philippe, né en 1827, historien, fondateur du Annecy, le règne du maire Joseph Blanc, élu de journal « les Alpes » et préfet de Haute-Savoie, 1909 à 1941. réactive l'Académie Florimontane, avant de mou- Le 27e B.C.A. en garnison dans la ville depuis rir à Paris en 1888. 1922, paie durement la défaite de 40, mais reste A l'abri de barrières douanières, les industries en place jusqu'en novembre 1942. Grâce à son annéciennes, textile essentiellement, sont floris- chef, le commandant Jean Vallette d'Osia, les santes et la population ne cesse de grandir. Le chasseurs alpins vont être l'âme de la Résistance bond entre 1822 (5 724 habitants) et 1838 (8 252) A.S. et nombreux sont ceux qui donneront leur vie est impressionnant. Le commerce (foires dont pour la Libération. celle de la Saint-André en décembre, marchés, D'abord en zone libre, puis de novembre 1942 au magasins...) est si bénéfique qu'une caisse d'épar- 8 septembre 1943, occupée par les Italiens de la 4e gne et une banque ouvrent leurs portes au milieu Armée, la ville connaît sous l'occupation alle- du siècle et en 1858, on recense 10374 Annéciens. mande, avec l'aide de la Milice, l'état de siège à En 1860, après les accords que l'on connaît et le partir de janvier 1944, dont le point culminant est plébiscite ( à Annecy : 2 115 oui à la France et 21 atteint le 13 mars par une grande rafle -la troi- non), la Savoie devient française et Annecy chef- sième d'envergure- qui voit l'arrestation de plus lieu de la Haute-Savoie. La visite de l'empereur de 100 personnes, internées dans les 12 lieux de Napoléon III et de l'impératrice Eugénie, le 29 détention que contient la ville, peuplée alors de août 1860, consacre cette nouvelle annexion. On 25 000 habitants environ. On enferme même les construit la préfecture ; on lance la « Couronne de gens sur le bateau « France », fleuron de la Com- Savoie », cadeau impérial, prélude à une naviga- pagnie des bateaux à vapeur. A ces détenus, vien- tion touristique et commerciale sur le lac et le nent s'ajouter, à partir du 26 mars, environ 120 chemin de fer arrive en 1865. Le lycée Berthollet rescapés des combats des Glières (voir Le Petit- reçoit, en 1888, ses premiers élèves, bientôt suivi Bornand), ainsi que de nouveaux arrêtés. Nom- par le lycée de filles et l'Ecole supérieure tech- breux sont ceux qui sont fusillés ou qui meurent nique. Cependant de 1866 à 1891, la population en déportation. stagne entre 11 554 et 11 947 habitants, car la concurrence française et la « grande zone » pla- Annecy subit trois bombardements : les 11 cent les entreprises annéciennes en bien mauvaise décembre 1942, Il novembre 1943 et 10 mai | posture. Par exemple, la manufacture de M. 1944, qui, visant tous la SRO, font 24 morts au Laeuffer ferme, puis ouvre après n'avoir réem- total. La ville est libérée le samedi 19 août 1944, bauché que la moitié des effectifs. par la seule Résistance savoyarde. La Haute- Au tournant du siècle, ajoutant le tourisme à ses Savoie est alors le premier département de France activités (syndicat d'initiative créé en 1895, 2e de libéré par lui-même. France), la ville repart et passe de 13 611 habi- Après la guerre, Annecy, qui compte 26 722 habi- j tants en 1901, à 15 622, en 1911. Le tramway tants (1946), voit redémarrer son industrie. De j Annecy-Thônes, les gorges du Fier, les construc- grosses sociétés viennent, comme la SAMEA, en tions d'hôtels et de villas autour du lac et à 1952, que les Annéciens appellent Radar, aujour- Annecy même (Impérial Palace ouvert en 1912), d'hui CIT Alcatel ou Gilette en 1953 (fermée en la navigation sur le lac et surtout une équipe 1993), alors que la « Manu » ferme définitivement d'Annéciens décidés permettent à Annecy de et que la SRO, devenue la Société Nouvelle de Roulements (S.N.R.), filiale de Renault, poursuit représente encore 49,4% et 44% des actifs sont son expansion. ouvriers ou employés. Lorsque Charles Bosson devient maire, en 1954, Si les étrangers sont 9,2%, le phénomène de la la ville compte 33 114 habitants. Elle va alors solitude s'accentue : 38% des ménages ne comp- connaître un développement sans précédent, tent qu'une seule personne et la tendance se ren- entraînant avec elle tout le bassin annécien force au centre-ville, où l'âge moyen des habi- (S.D.A.U. de 1960), construisant une aggloméra- tants est plus élevé qu'à la périphérie. On note tion de plus de 120 000 habitants de nos jours. encore une très grande mobilité de la population. En 1962 (43 255 Annéciens), la ville, qui continue En effet, Annecy est une ville de réputation mon- d'attirer des migrants de toute la France, se paie diale, dont le développement est intimement lié à un important équipement sportif (stades), alors celui de l'agglomération. que les usines commencent à la déserter pour C'est une ville dynamique, douée d'un grand pou- s'installer dans des ZI, édifiées à sa périphérie, voir d'attraction (le cadre attire les cadres), avec comme celle de Vovray, qui prend de l'ampleur. des industries propres : S.N.R. (quatre usines dans Cette même année, la Ville se lance dans la l'agglomération), Salomon (3 usines), Avions construction de la ZUP de Novel, à l'emplace- ment de l'ancienne caserne. Dassault, ITT Métrix, Fromageries Entremont, SIC, Pompes K.S.B. Guinard, CIT Alcatel... mais Dans les années 70, les travaux de la nouvelle aussi un grand centre touristique et un lieu de rocade, débutés en 1958, dont on voit aujourd'hui séjour recherché en toute saison. la grande nécessité, se poursuivent (inauguration en 1981). En même temps, on remplace le cou- L'équipement hôtelier est impressionnant. La vent des sœurs blanches par un grand magasin et capacité d'accueil totale est proche de 20 000 lits, on remodèle le quartier de l'hôtel de Verdun. Le avec en particulier 44 hôtels offrant 1 353 cham- casino et l'hôtel sont rasés, les rues redessinées et bres, 4 campings pour 405 places, meublés, l'ensemble de Bonlieu sort de terre. La manufac- auberge de jeunesse, centre d'accueil divers... La ture textile des Clarisses rasée, on bâtit là un quar- ville compte plus de 200 restaurants, dont la tier neuf en harmonie avec la Vieille ville. Après majeure partie est concentrée dans les vieux quar- quoi, dans les années 80, la ville et la SNCF cons- tiers, où chaque dernier samedi du mois se déroule truisent une nouvelle gare et ses abords. Puis c'est la brocante. Les équipements scolaires (lycées, au tour de la sortie nord de la ville de voir un collèges, faculté des sciences et des techniques...), réseau urbain se mettre en place. de loisirs et de culture, piscines, patinoire, tennis, plages, terrains de sports, maisons de jeunes, Lorsqu'en 1975 André Fumex devient maire, bibliothèques (Annecy est la deuxième ville de la Annecy compte 53 262 habitants. C'est moins que CEE pour la lecture), cinémas, théâtres... font 7 ans plus tôt et le phénomène se poursuit : 49 878 d'Annecy, une ville sportive (22 000 licenciés) et en 1982. Si la population diminue c'est que les culturelle, où il fait bon vivre. loyers sont trop chers pour certaines catégories de citoyens, qui s'installent en banlieue, mais c'est Bien reliée à Paris par le TGV et l'avion, avec aussi que le niveau de vie augmentant, les gens deux échangeurs sur l'autoroute A41, Annecy, préfèrent de plus en plus construire leurs villas à jumelée avec Cheltenham (Grande-Bretagne), la campagne et on voit bien ce changement à tra- Bayreuth (Allemagne) et Vicenza (Italie), est régu- vers l'évolution démographique des communes lièrement lauréate du concours des villes fleuries. riveraines d'Annecy. Patrie également de Marcel Fournier (magasins Quoi qu'il en soit, la municipalité annécienne, Carrefour), Louis Lachenal (alpiniste), Jeannie dirigée par Bernard Bosson, qui a été réélu en Longo (cycliste), Léon Moret (géologue) et de 1995, a encore de grands chantiers en train, par- bien d'autres, Annecy veille à son environnement king de la mairie achevé en été 95, ou en perspec- (prix des Nations Unies, prix Européen pour la tive, clos Courrier, caserne de Galbert, hôpital... qualité de la vie, etc...), tout en multipliant les ani- qui devraient permettre à Annecy de repasser la mations : Fête de la Vieille ville, Fête du lac en barre des 50 000 âmes. août, foire en septembre, descente des alpages en Aujourd'hui, la population annécienne, qui repré- octobre, mais aussi les JICA, journées internatio- sente 8,7% des Hauts-Savoyards, est une popula- nales du cinéma d'animation et le Marché interna- tion veillissante. 21 % a moins de 20 ans (30% en tional du film d'animation, les rencontres du 1975), tandis que 23,6% a plus de soixante ans. cinéma italien, la biennale du cinéma espagnol... Cette tranche d'âge ne représentait que 16,4% en Son casino, réouvert en 1992, et ses possibilités 1975. Le troisième âge (plus de 60 ans) est fémi- d'accueils en font également un centre de congrès nisé à 62%. Malgré tout, la population active recherché. Il va de soi que les Annéciens sont parfaitement nantes, de plus en plus recherchées pour l'exposi- conscients d'habiter une ville privilégiée, au patri- tion et l'ensoleillement. moine riche (dont nous n'avons que peu parlé dans Les maires des dix premières nommées ont créé, ce texte ; se reporter aux multiples guides touris- en 1991, le district de l'agglomération annécienne tiques), à la qualité et au cadre de vie incompa- afin de mener ensemble le plus grand nombre rables et à la renommée reconnue de tous, autant d'actions possible et de mettre en œuvre des pro- d'atouts qu'ils désirent farouchement conserver. jets globaux, dans le cadre du schéma directeur de Et même si un tiers de la population de la ville se l'agglomération annécienne à l'horizon 2010 : renouvelle tous les cinq ans, il existe ici une âme annécienne. voie de dégagement de Brogny à Sur-les-Bois en cours actuellement, tunnel sous le Semnoz et voie L'agglomération annécienne est la plus importante de dégagement entre Seynod et . du département. Elle regroupe les communes de la couronne annécienne : Annecy, Annecy-le-Vieux, D'autres regroupements communaux existent de- , Cran-Gévrier, Epagny, Metz-Tessy, puis plus longtemps, comme le Syndicat des com- Meythet, , Pringy et Seynod, soit une popula- munes riveraines du lac (nouvelle station d'épura- tion totale de 120 143 habitants, auxquels on peut tion), le syndicat scolaire ou le syndicat des ajouter ceux de Veyrier et de Sevrier, portant ce transports urbains... total à 125 357 habitants, au recensement de 1990 Il est indéniable que les communes constituant -128 000 probablement en 1995. cette agglomération se doivent de vivre et de se L'agglomération occupe la plaine glaciaire laissée développer ensemble, afin d'assurer à toutes une vacante par le lac ainsi que les collines environ- parfaite harmonie. CANTON D'ANNECY NORD-OUEST

Le canton d'Annecy nord-ouest est une réalisation récente et politique, même si l'on peut trouver quelques ressemblances entre les communes le constituant. La Balme-de-, Choisy, Epagny, , Mésigny, Metz-Tessy, Meythet, , Poisy, Sallenôves et Sillingy couvrent une surface de 9 459 ha et abritent 23 509 habitants en 1990, soit une densité de 248,5. Cependant la population est très mal répartie. Sur les communes du sud, Meythet, Epagny, Poisy et Metz-Tessy, la densité est de 573 habitants au km2. Encore rural au nord, le canton est donc urbain au sud. Le nord est constitué de collines herbeuses propres à l'élevage laitier, offrant aux citadins la tranquillité campagnarde, alors que le sud, constitué d'une vaste plaine alluvio-glaciaire, est le domaine des activités industrielles et commerciales, ayant entraîné une impressionnante infrastructure routière. Rappelons également que le canton possède le seul aéroport d'importance de Haute-Savoie, qui assure 6 liaisons quotidiennes avec Paris et une nouvelle ligne a été ouverte en juin 1993, avec Nice, reliant ainsi deux pays touristiques de première grandeur en Europe. La spéculation foncière laissant encore de la marge, le développement de ce canton se poursuivra bien au-delà de l'an 2000. BALME-DE-SILLINGY (LA) Mandallaz et ils vous montreront la fameuse « grotte des curés », où les prêtres sont restés 3 450 Balmois ou Balméens, 1 651 ha, 482 m cachés de très nombreux mois. Située à 10,5 kilomètres au nord-ouest d'Annecy, La population, vivant uniquement de l'agricul- par la « route de Paris », la R.N. 508, La Balme- ture, cultures céréalières et élevage laitier, ne pro- de-Sillingy est implantée à la sortie nord du ver- gresse que lentement. Vingt ans après l'An- rou fluvio-glaciaire de la cluse annécienne, verrou nexion, les Balméens sont 880, chiffre qui ne matérialisé ici par la montagne de la Mandallaz, cesse de décroître depuis. On pense alors à édifier que l'on appelle volontiers la montagne de La une église, dédiée à saint Martin. Balme, et la montagne d'Age. La commune, qui En 1896, La Balme possède trois fruitières, au doit son nom aux grottes voisines, jouit également Turnet, à Avully et à Les vaux (les deux dernières d'une position de carrefour pour la desserte des traitent 250 000 kilos de lait par an), auxquelles collines environnantes, qui forment la majeure s'ajoute celle de la Bonasse, en 1907. partie du terroir. Le passage sur la « route de Paris » ne ralentit pas La Balme-de-Sillingy culmine à 927 m dans la l'exode. La guerre de 14-18 emporte 22 jeunes et Mandallaz, entièrement boisée, descend à 460 m, en 1921, il n'y a plus que 638 habitants. Les gre- dans le lit des Petites Usses et possède de nom- nouilles peuvent se rassurer. Dix ans plus tard, ils breux hameaux, dont les plus importants sont sont encore moins nombreux et pendant la Vincy, la Bathie, Avully et la Bonasse. Seconde Guerre mondiale, ils ne sont que 550, ce Les travaux de Pierre Broise montrent qu'il existe qui ne les empêche pas d'aider de toutes leurs ici une présence bien antérieure à l'époque gallo- forces un camp de maquisards, qui prend corps en romaine (ruines d'un retranchement fortifié mai 1944, dans la forêt de la Mandallaz, refuge encore visibles à l'endroit d'un camp de maqui- des exclus. On peut encore voir les traces de ce sards). camp, qui récupéra un parachutage à Vaulx et En 1306, La Balme entre dans l'Histoire, avec la intervint brutalement à Epagny. venue du comte de Savoie Amédée II, qui rédige Après la guerre et jusqu'en 1968 (589 habitants), son testament, dans la maison forte, dite maison la commune stagne. C'est alors, qu'apparaissant de La Balme de Cosengy, que le comte de Genève de plus en plus comme la grande banlieue anné- possède au pied de la Mandallaz (les ruines de ce cienne, la commune accueille des usines et des château ont été rasées il y a quelques années pour artisans. La population croît rapidement, 1 007 construire un parking, au pied du cimetière). Vers habitants en 1975 et les commerces se dévelop- 1360, La Balme devient une châtellenie. pent. La structure sociale évolue : l'agriculture Au début du XVe siècle, Blanche d'Arlay, de la recule et les fruitières ferment les unes après les famille des comtes de Genève, abrite sainte autres ; la dernière celle de Lesvaux ferme dans Colette, une religieuse rejetée du monastère de les années 80. L'industrie progresse et la munici- Corbie, qu'elle voulait réformer. Blanche d'Ar- palité décide la création d'un vaste plan d'eau, en lay, devenue comtesse de Genève continue de 1979, sous le château en ruines de la Bathie. s'occuper de ses propriétés balmoises. En 1982, la population est de 1 940 habitants et en La seigneurie de La Balme, qui compte 40 feux, dix ans, elle progresse de plus en plus vite, pour devient la propriété de la famille Reydet, de atteindre 3 075 habitants en 1990, soit un bond de Choisy, en 1603, puis comté en 1691. 58,5%. C'est une des plus fortes progressions du Au milieu du XVIIIe siècle, le village compte 330 département, La Balme étant alors une commune habitants, que l'on surnomme « lô Mdieu de reno- où la pression foncière reste modérée. lye » (les Mangeurs de grenouilles), et qui se préci- Aujourd'hui, il ne reste plus que 5 exploitants pitent à la foire, chaque année le premier lundi après agricoles, qui portent le lait à Frangy, et les entre- Toussaint à la Bathie, où les comtes de Genève ont prises se pressent sur les zones aménagées, com- construit une bâtisse fortifiée (ruines encore me le parc d'activités économiques des Grandes visibles), qui fut l'enjeu de différents combats. Vignes (Prost, Sogéco...), la zone de Lompraz En 1792, La Balme (400 âmes) est rattachée au (Fellec, Curioz-loisirs...) ou la zone de Vinci. La mandement d'Annecy, tout en restant au diocèse Balme possède une maison familiale, efficace et j de Genève et, six ans plus tard, fait partie pour 3 appréciée, 19 commerces et 62 industriels et arti- ' ans d'un nouveau canton, le canton de Sillingy, sans, ainsi qu'un crématorium. avant d'être rattachée au canton d'Annecy-nord, Elle a gardé du canton de Sillingy la gendarmerie, en 1801. Les Balméens ne se souviennent point de et la nouvelle poste témoigne de la vitalité de la cela, mais bien plutôt des curés réfractaires, qui population balmoise, tout comme la base de loi- pourchassés par la France se sont réfugiés dans la sirs du lac et l'encombrement des terrains de ten- nis. La carte touristique est renforcée par la pré- dépasse les mille âmes. L'optimum démogra- sence d'un hôtel-restaurant de 36 chambres, de 3 phique avec 1 054, est atteint en 1891. Dès lors, aires naturelles de camping (75 places) et par des les Choisiliens sont de moins en moins nombreux gîtes ruraux. à s'accrocher à la terre. La céréaliculture et l'éle- Les Balmois ont élu Claude Beaubay à la tête de vage laitier sont cependant d'un bon rendement. leur communauté en 1995. Tous savent que le La commune possède alors 2 fruitières, au Buaz et développement de leur commune est lié à celui de à Charave, qui traitent plus de 3 200 quintaux de l'agglomération annécienne, mais la forte pro- lait, en 1896. Une troisième ouvre ses portes au gression de la population, plus 400 habitants envi- chef-lieu. Les cultures progressent entraînant l'es- ron ces trois dernières années, laisse bien augurer sartage de la forêt, sur les Crêts. de l'avenir. Mais la proximité de la ville attire les jeunes, qui quittent le village. S'ils sont encore 824, en 1911, la guerre de 14 emporte 42 jeunes et ils ne sont plus que 683 habitants en 1921. CHOISY Pendant la dernière guerre, des armes sont cachées dans une ferme des Mégevands et une 1100 Choisiliens, 1657 ha, 626 m expédition punitive de la Milice brûle chez Péo et embarque plusieurs personnes. Située à l'écart des grandes routes, la plus grande Après la guerre, on tente de se moderniser. Plu- commune du canton s'étire entre la nationale 508, à sieurs fruitières tournent à plein rendement et la l'ouest et la nationale 201, à l'est, entre la route de « mène » du lait fait le plein, deux fois par jour. Paris et la route de Genève, à 15 kilomètres au nord Cependant en 1968, les Choisiliens sont au plus d'Annecy. Avec une situation de piémont, orienté à bas, 524 habitants, et en 1980, la baisse de la pro- l'ouest, le terroir est une suite de collines her- duction laitière entraîne la fusion des fruitières du beuses, culminant au sud-est à 905 m (Mandallaz). chef-lieu et du Buaz, qui s'associent avec celle de Le point le plus bas, 350 m, se situe à la confluence . du ruisseau des Vignettes et des Petites Usses. Depuis la fin des années soixante, la population Le paysage rural de collines explique le grand s'accroît et de 1982 à 1990, le pourcentage d'aug- nombre de hameaux. mentation de 43% montre le nouvel essor que La présence antique est affirmée par la découverte prend la commune, zone d'accueil résidentielle du d'une tombe au hameau de Rossy. bassin annécien. Le village de Choisy fait partie de la seigneurie de Dans sa séance du 7 décembre 1990, le conseil la Vulpillière, qui passe au XIIIe siècle à la famille municipal adopte le blason communal, « d'azur à des Compey (voir Thorens-Glières). la fasce d'or accompagné de deux tours du même En 1533, la seigneurie revient au comte de en chef et d'un renard d'argent en pointe, sur une Genève, qui en donne l'administration à Jacques épée au naturel en pal derrière l'écu ». de Dalmaz, avant de la vendre, en 1568, à Louis Aujourd'hui, Choisy compte encore 24 exploita- Reydet, qui fait construire le château de Choisy. Il tions agricoles, viables avec de jeunes agricul- nous reste une magnifique porte cochère, un esca- teurs, dont 5 G.A.E.C. L'agriculture se maintient lier et quelques belles fenêtres de cette imposante et la production laitière permet à la fruitière du bâtisse. Les descendants de ce premier seigneur Buaz de transformer 3,5 millions de litres de lait de La Balme prennent le titre de Reydet de la Vul- chaque année en emmental et en abondance, sans pillière. En 1605, Choisy compte 86 feux. Les de oublier l'élevage porcin. Reydet font également construire un château, Si la chapelle du hameau de Véry a été détruite, on aujourd'hui exploitation agricole, à Rossy. a récemment construit une école, ce qui prouve A la veille de la Révolution française, Choisy bien la vitalité de la commune, que ses habitants compte 583 « Bovets » (taureaux), que l'on sur- ont décidé de confier à Bernard Seigle en juin nomme également « lô Trin-na-paco », allusion 1995, date à laquelle on recense 1 247 Choisiliens. probablement à la boue des cours de fermes. Des agriculteurs accueillent des visiteurs et Choisy La paroisse du hameau de Very, placée sous le possède, chez Langin, une aire naturelle de cam- vocable de saint Julien dépendante de Choisy, est ping, offrant 25 places et un gîte de groupes, ainsi supprimée par le Concordat de 1801. Choisy garde qu'un hôtel (7 chambres). la paroisse du chef-lieu, dédiée à saint Benoît. Se transformant lentement, Choisy, qui reçoit de En 1880, on reconstruit l'église dans le style néo- plus en plus de gens travaillant à l'extérieur, tient gothique tout en conservant le chœur du XVe cependant à rester un village à la ruralité accueil- siècle et une partie du clocher, car la population lante et bien comprise. EPAGNY somme de 1 580 000 francs est allouée pour ces travaux, qui embauchent 450 ouvriers. Progressi- 2 038 Epagniens, 677 ha, 455 m vement, évadés et réfractaires au S.T.O. sont cachés dans ce vaste chantier. Situé à 4 kilomètres au nord-ouest d'Annecy, Epagny est partie intégrante de l'agglomération Epagny est le témoin, le 30 juillet 1944, d'un vio- annécienne. Le terroir communal comprend deux lent accrochage entre la Milice française et les parties bien distinctes. Au nord de la RN 508 a, les gars du camp de la Mandallaz, qui coûte la vie à 4 collines grimpent doucement jusqu'à 800 m, au- maquisards (monument) et à un chef de trentaine milicien. dessus des Favres. Au sud et à l'ouest, la plaine alluvio-glaciaire, qui s'est constituée en arrière du Après la guerre, Epagny reprenant sa vie agricole, verrou de Chaumontet (Sillingy), est restée long- voit sa population diminuer et atteindre 512 habi- temps un vaste marais. tants en 1968. Les marais sont définitivement C'est à la charnière que s'est édifié, légèrement assainis et des projets d'aménagements fleuris- surélevé, le chef-lieu d'Epagny, tandis que le ha- sent. Des routes sont tracées à travers le marais et meau de Gillon poussait à l'autre bout du marais. les magasins, dépôts et autres entreprises ou Ce n'est pas avant le XIVe siècle, 1316, que l'on grandes surfaces poussent comme des champi- mentionne la paroisse d'Epagny, selon les travaux gnons. Les marais, petit à petit, deviennent la plus de Jean Yves Mariotte. vaste zone commerciale de la région, sous le nom de Grand Epagny. Parallèlement, les lotissements Pierre Lambert, curé de la paroisse, mais aussi et les villas individuelles se multiplient et en préfet du Tribunal supérieur de la Rote et évêque 1975, la commune compte 940 habitants. L'ex- de Caserte, attribue sa paroisse aux moines céles- pansion n'est pas finie. Les cultures reculent rapi- tins. dement et en 1982, il y a 1 266 habitants, sur la Jean de Pontverre habite au XVe siècle le château, commune, qui connaît une progression de 61% que ses ancêtres ont dans la paroisse depuis plus entre les deux derniers recensements, soit la plus d'un siècle. Les Compey possèdent également, au forte progression de tous les cantons de l'arron- plus haut, une maison forte, aujourd'hui disparue. dissement annécien. Quant au village, 30 feux en 1605, au-dessus des Aujourd'hui, Epagny a tourné la page. Il ne reste miasmes délétères des marais, il vit des cultures plus que quelques exploitations agricoles. La frui- sur les coteaux bien exposés au sud. tière ouverte au début du siècle a fermé ses portes, Cependant, les marais devenant de plus en plus pour laisser la place à une usine. insupportables, non seulement pour « lô Prenieu La mairie et l'école ont été totalement rénovées de Sansoui » (Preneurs de Sangsues), surnom aux couleurs sardes. La population, jeune, appelle donné par les voisins des Epagniens, mais égale- de nouvelles constructions scolaires, culturelles et ment pour toute la population du bassin annécien, sportives, que la municipalité de Jean Maulet s'ef- le gouvernement sarde décide de leur assèche- force d'aménager, au rythme des nouveaux lotis- ment en 1775. sements. En 1799, Epagny compte 185 « Serre-culs » ou Deux hôtels-restaurants, d'une capacité d'accueil « Espagnols », autres surnoms délicats donnés de 68 chambres, constituent la base d'une infra- aux habitants de la commune. Il faut attendre le structure hôtelière à développer. Buon Governo pour voir démarrer les travaux d'assainissement. En 1830, deux canaux princi- Le nombre grandissant des entreprises installées paux (canal Calvi, du nom de l'intendant sarde dans le Grand Epagny, ainsi que l'infrastructure routière mise en place, donnent une grande impor- qui pousse aux travaux, et canal de la monnaie) drainent les eaux vers le Fier. tance à la zone commerciale, mais Epagny se doit de maîtriser son expansion, afin de garder le côté La population d'Epagny augmente régulièrement, coquet et accueillant du chef-lieu. passant de 255 âmes en 1822, à 431 en 1886, date à partir de laquelle elle ne cesse de décroître. Qua- torze Epagniens sont tués à la guerre de 14-18. Entre les deux guerres, la population oscille entre LOVAGNY 364 et 390 habitants, vivant, pour la plupart, de l'agriculture et pour quelques-uns des usines annéciennes. 602 Lovagniens, 521 ha, 523 m Le gouvernement de Vichy, désireux de résoudre Située à 9 kilomètres à l'ouest d'Annecy, par la le chômage, lance une politique de grands tra- départementale 14, la commune de Lovagny est vaux. Les canaux des marais d'Epagny, faute limitée au sud par les gorges du Fier (370 m) et d'entretien, ne drainent plus grand-chose et une culmine au nord, au Crêt de la Cheminée (653 m). Essentiellement constitué d'un long versant her- tandis que le château de Pontverre tombe en beux, orienté au sud, le terroir communal n'est ruines. Cette construction avait beaucoup fait par- boisé que dans sa partie supérieure et en aval, ler d'elle. François de Pontverre, désireux de dans le lit de la rivière. conquérir le Genevois, avait mis Genève à feu et à L'origine du nom est à rechercher soit dans le sang à plusieurs reprises et son château devint le nom d'un propriétaire gallo-romain, Lovagnicum, château maudit, hanté par les légendes, comme soit dans Lupianacum, village d'une région boisée celle-ci, que nous devons au travail de Roland où vivent les loups. Au IIIe siècle, on trouve Prévost : On prétendait que le diable, sous la Lupiana. forme d'un jeune homme gai et charmant, propo- sait aux passants qui s'aventuraient près du châ- Avant l'an mil, s'ouvre ici le prieuré de Sainte- teau de Pontverre la nuit, un jeu de quilles dont Marie, dépendant de l'abbaye de Savigny. L'église voisine possède un chœur des XIe et XIIe siècles, l'enjeu était une magnifique poule en or. Les per- avec absides en cul-de-four et bandes lombardes. dants étaient entraînés dans le domaine du diable, au fond des grottes. Le belvédère, dominant la rivière, attire très tôt En 1605, la paroisse compte 50 feux, vivant des seigneurs, qui édifient des maisons fortes, comme celles de Chavaroche et de Pontverre, ou exclusivement de l'agriculture. le châtelet du Petit-Grésy et surtout le château de Au XVIIIe siècle, Lovaniez compte 500 « Cocus », Montrottier, dont le premier seigneur connu est surnom donné aux Lovagniens, mais la popula- Jean, qui donne ses biens en albergement en 1263. tion décroît rapidement et en 1801, ils ne sont plus Lovagny s'appelle alors Lovianaco, puis Lova- que 256 habitants. nier. Au moment de l'Annexion, Lovagny recense 404 En 1425, Ebald de Grésy, seigneur de Montrot- âmes, qui sont au maximum 508 en 1881. Il est tier, donne le château au premier duc de Savoie, vrai que la mine d'asphalte des bords du Fier Amédée VIII le Pacifique, qui le revend, deux ans tourne à plein et emploie plusieurs dizaines de plus tard à la famille de Menthon, qui en reste pro- personnes. priétaire jusqu'à la Révolution française. Vendu Le 21 juillet 1869, on inaugure l'aménagement comme bien national, plusieurs propriétaires se des gorges du Fier, grâce à l'opiniâtreté de Marius succèdent ensuite jusqu'à Léon Marès. Vallin. Longues de 300 m, profondes de 60 m, ces « L'ensemble des bâtiments du château fut gorges sont impressionnantes. Des galeries de construit du XIIIe au XVIe siècle, à l'exception de bois ancrées dans la falaise permettent de décou- vrir les tourbillons de la rivière dans les marmites la partie ouest, remaniée au XIXe : à gauche de l'entrée, la tour des religieuses, du XIIIe siècle, de géantes. Le succès est au rendez-vous, la Haute- Savoie s'ouvrant au tourisme. On décide de style troubadour ; à droite, le Logis des Cheva- liers, des XIVe et XVe siècles ; au premier étage, reconstruire l'église en 1887. une grande salle majestueuse avec une immense Malgré tout, l'exiguïté du terroir agricole n'en- cheminée et un plafond à caisson, qui repose sur traîne pas la construction d'une fruitière et en des corbeaux de pierre contient des tapisseries 1911, ils ne sont plus que 373 Lovagniens et 13 d'Audenard (XVIIIè) et une peinture italienne de d'entre eux trouvent la mort dans les tranchées. la Vierge et l'Enfant, de style Renaissance. Toutes Après la Grande Guerre, la population diminue les salles abritent de remarquables collections : encore, même si en 1930, la mine d'asphalte pro- faïences, dentelles, armes et armures, statuettes, duit 2 000 tonnes de bitume et embauche une mobilier ancien, céramiques et ivoires d'Extrême- vingtaine de personnes. C'est dans les galeries de Orient, objets rares africains et quatre bas-reliefs cette mine que des armes du 27e B.C.A. sont très réputés, chefs-d'œuvre de Peter et Hans cachées en juillet 1940. La mine, abandonnée ! Vischer de Nuremberg, fondeurs du XVIe siècle. dans les années soixante, est transformée en Dans la cour intérieure, le donjon médiéval de champignonnière. cinq étages est couronné d'un chemin de ronde En 1962, la population de Lovagny est au plus couvert, à mâchicoulis... » bas, avec 271 habitants. Seul le développement de Ajoutons à cet excellent texte de Roland Prévost, l'agglomération annécienne permet à la commune secrétaire de mairie de Lovagny, que le château, de redémarrer doucement et d'atteindre 409 âmes aujourd'hui propriété de l'Académie Florimon- en 1975, puis 526 en 1982. tane depuis 1916, abrite les collections de Léon Aujourd'hui, Lovagny fort connue grâce au châ- Marès et qu'on peut encore voir la Vierge noire de teau de Montrottier et aux gorges du Fier, que l'on Pontverre, nichée dans un mur de Montrottier. appelle aussi gorges de Lovagny, connaît une Au XVe ou au XVIe siècle, on rebâtit le clocher de expansion mesurée. S'il ne reste plus qu'un seul l'église placée sous le vocable de l'Annonciation, exploitant agricole, les terres étant cultivées par des agriculteurs des villages voisins, les Lova- Devant cette évolution, on décide de reconstruire gniens travaillent à Annecy ou à Rumilly. On l'église dans le style néo-gothique, entre 1868 et trouve 7 artisans, 2 cafés et une auberge. Si le 1870. prieuré est devenu la cure, avec des logements La fruitière, implantée au lieu-dit Chez sociaux (1991), le château de Chavaroche, des traite 2 300 quintaux de lait en 1896 (433 habi- logements ouvriers, le château de Pontverre, un tants). Cependant, l'exode rural emporte les jeu- amas de pierre, le château de Montrottier est un nes et les Mésigniens sont moins de 400 à la veil- des châteaux les plus fréquentés de notre départe- le de la Grande Guerre, qui tue 18 gars du pays. ment et les gorges accueillent environ 100 000 visiteurs chaque année. L'implantation d'une sta- La population ne cesse de décroître entre les deux tion d'épuration et l'assainissement de toute la guerres (314 en 1936) et après. Ils ne sont plus commune devrait permettre un développement que 279, en 1954, peuplement le plus faible de la harmonieux de l'habitat dispersé. commune. Si l'avenir est lié à celui de l'agglomération anné- Situé assez loin de l'agglomération annécienne, cienne, derrière le maire Noël Veyrat-Durebex, orientée au nord, Mésigny ne connaît pas dans les on veut y croire et on a agrandi l'école (1993). années 70 une progression spectaculaire et la Quoi qu'il en soit, on est fier à Lovagny et à juste grande église perchée au-dessus de la route est titre du blason communal adopté en 1985, où figu- bien isolée. L'agriculture recule et la fruitière rent 5 tours représentant les 5 châteaux, la croix ferme ses portes en 1973. On recense 348 âmes, de Savoie, un clocher pour rappeler l'ancien deux ans plus tard. prieuré bénédictin, 3 ponts symbolisant les trois Aujourd'hui, Mésigny à une progression mesurée, passages sur la Fier et un loup, en souvenir de plus 28% entre les deux derniers recensements. l'origine de Lovagny. Même s'il ne reste plus que 7 exploitants agri- coles, dont 2 doubles actifs et un retraité qui pour- suit son activité, on élève des chevaux, on récolte du foin et on continue à produire un peu de lait MÉSIGNY vendu aux Fermiers Savoyards pour la fabrication de l'emmental. 575 Mésigniens, 674 ha, 535 m Même si l'évêché a décidé d'un regroupement de communes, avec La Balme-de-Sillingy, Sillingy, Situé à 14 kilomètres au nord-ouest d'Annecy par la R.N.508, Mésigny a un terroir constitué de Sallenôves et Choisy, on veut croire en l'avenir. vastes collines herbeuses, orientées en pente douce On a construit une salle polyvalente d'animation vers le nord, au-dessus de la vallée du ruisseau des rurale et on accueille un artisan (meubles) et de Petites Usses, qu'emprunte la route nationale. plus en plus de familles travaillant à l'extérieur, y La forêt n'est présente qu'au-delà du hameau compris Genève. d'Orgemont, à 660 mètres d'altitude, alors que le point le plus bas se situe dans le talweg, à 400 mètres environ. Des sépultures burgondes ont été récemment METZ-TESSY mises au jour au-dessous de la colline de Berna- chon. 1406 Metz-Tesserands, 529 ha, 461 m C'est au Crêt des Maures que se trouve la pre- mière église du village, qui compte 25 feux. La Situé à 6 kilomètres du centre d'Annecy, Metz- paroisse dépend de l'abbaye d'Entremont. Lors Tessy, formé du rapprochement des deux ha- d'une visite pastorale, en 1606, saint François de meaux de Metz et de Tessy, distants de 800 Sales la fait dédier à saint Denis. mètres environ, est partie intégrante de l'agglo- mération annécienne. Les villageois vivent uniquement de la culture du seigle et du froment, d'un rapport bien médiocre, La commune occupe un site de terrasse alluviale car les terres sablonneuses ne sont guère favo- au-dessus du ruisseau du Viéran et de la plaine du rables à la céréaliculture. Aussi un maigre élevage Fier, qui limite son terroir, étiré en longueur, au bovin se maintient-il. sud. Ce dernier culmine au nord dans le Bois des De 264 habitants, surnommés « lô Pieulieu » (les Machurettes, à 715 m et descend au sud, à 451 m, Pouilleux), mais aussi « lô Pacoti », comme les sur les rives du Fier empruntées par l'autoroute Choisiliens, en 1801, la population progresse néan- A.41, dont l'échangeur Annecy-Nord est entière- moins pour atteindre un maximum de 547, en 1881. ment situé sur la commune. L'origine du nom de Metz, premier nom de la Autour du couvent, une place moderne avec une commune, est à rechercher dans une dérivation de architecture urbaine a vu le jour au début des mansus, exploitation agricole, ou mansio. années 90. Tessy est le véritable chef-lieu, bénéfi- La paroisse, dédiée à saint Didier apparaît pour la ciant de la proximité annécienne, mais aussi d'un première fois en 1316. En 1407, Benoit XIII unit versant bien exposé au sud. la paroisse au prieuré du Saint Sépulcre d'An- De nombreux artisans et commerçants, implantés necy, union confirmée par Félix V et Léon X, près de la R.N. 508 a, apporte une activité non pape légitime, en 1519. Le village compte alors négligeable à la commune, qui veut être autre une trentaine de feux. chose qu'une zone dortoir. En tout cas, Metz- Au XVIIe siècle, on trouve un château au lieu-dit Tessy est la commune de l'agglomération anné- Grand-Metz, dominant le Viéran et en 1699, les cienne qui a le plus changé son « look » ces der- seigneuries de Metz et de Tessy passent aux nières années, montrant par là, son envie de mains de Nicolas Baytas de la Tour. Au Petit- tourner la page et d'aller de l'avant. Metz se trouve le château d'Antoine Rebut, tréso- rier du Genevois. A la fin du siècle, il est vendu à la famille Tochon. Le 4 novembre 1772 naît Jean François Tochon. MEYTHET Docteur en droit à 20 ans, capitaine dans les armées de la République française jusqu'en 1798, 7 596 Meythesans, 324 ha, 446 m date à partir de laquelle il se lance dans l'archéo- logie et la numismatique. Savant reconnu, il Située à 3 kilomètres au nord-ouest du centre appartient à l'Académie des Inscriptions des d'Annecy, Meythet fait partie intégrante de l'ag- Belles Lettres et à l'Académie des Sciences de glomération annécienne. Bâtie sur le plateau allu- Turin, avant de mourir en 1820. vial qui domine la vallée du Fier, la plus petite En 1803, la paroisse est rattachée à Epagny pour commune du canton, traversée par la RN 508, est la portion située à droite du Viéran et à Pringy, également la plus plate. pour la rive gauche. Le village compte alors 283 Ses limites sont constituées, au sud par le Fier, à habitants (1806). Si l'on surnomme les Messins, l'ouest par le ruisseau des Creusettes, drain natu- « les Ventres noirs », on affuble les Tesserands du rel des marais d'Epagny. surnom de « Fous ». En 1830, la famille d'As- Le passé historique de Meythet est bien maigre. nières de Sales achète le château du Petit-Metz. Au plus, sait-on que l'exiguïté du terroir empêche Lors de l'Annexion, ceux qui vivent de la culture une agriculture d'importance et les terres sablon- du blé et du seigle et de l'élévage laitier sont 515, neuses ne permettent que de faibles rendements. chiffre maximum. Après quoi la population ne La paroisse, dédiée à saint Martin et dépendante cesse de décroître. En 1875, des franciscains fon- de celle de Gevrier, est peu peuplée et en 1742, on dent, à Tessy, un couvent transformé ensuite en compte 41 mâles, puis 31, quatorze ans plus tard. institution pour sourd et muets. Le Concordat de 1801 ne maintient pas la Le couvent de franciscains devient un Grand paroisse, où habitent cependant 103 « Gotreu ». séminaire en 1912. On ne compte plus que 408 La population, en croissance constante, atteint 406 habitants, à la veille de la guerre, qui emporte 22 âmes en 1906. Le village se modernise, on met jeunes dans les tranchées. L'agriculture connaît l'eau, l'électricité, mais la Grande Guerre, qui em- des difficultés et on renonce à ouvrir une fruitière, porte 16 jeunes, ralentit quelque peu cette évolution. préférant porter le lait à Epagny. Les Meythesans travaillent de plus en plus dans Le 10 janvier 1935 Metz devient Metz-Tessy, par les usines qui s'ouvrent le long du Fier, à Cran- décret présidentiel. Gevrier notamment, et Meythet apparaît alors Après la guerre, on réalise un aérodrome, avec comme une commune dortoir, dont la population pistes en herbe. Et même si ce dernier s'appelle continue d'augmenter régulièrement, pour aérodrome de Meythet, une partie non négligeable atteindre 672 habitants en 1936. se situe sur la commune de Metz-Tessy. La nécessité d'un aérodrome militaire se faisant La population augmente lentement pour dépasser sentir, le ministère de la Guerre fait procéder à le cap des 500, en 1962 (524 âmes). Mais l'évolu- l'expropriation de 11 hectares de prés sur les com- tion la plus spectaculaire se produit entre 1975 munes de Metz-Tessy, Epagny et Meythet, en (674 habitants) et 1990, Metz-Tessy doublant sa 1939. population. La Seconde Guerre mondiale ne laisse qu'un sou- Aujourd'hui, le village est devenue une ville, dont venir important aux Meythesans. Le 15 août 1943, la municipalité est dirigée par Joseph Falconnat. un appareil Halifax de la Royal Air Force, en per- dition au-dessus d'Annecy, s'écrase près du pont NONGLARD de Tasset, sur une boulangerie fort fréquentée, fai- sant 10 morts, dont 6 aviateurs. Les obsèques don- 383 Nonglardiens, 412 ha, 517 m nent lieu à des manifestations patriotiques et la Commune de piémont sur le versant ouest de la foule est immense dans le cimetière de Meythet, montagne d'Age, Nonglard se situe à 12 kilo- où reposent encore certains militaires alliés. mètres à l'ouest d'Annecy, par la départementale Après la guerre, on ouvre l'aérodrome et l'indus- 14, qui la traverse de part en part. Le terroir cul- trialisation de Meythet se poursuivant, la population mine à 600 m dans les rochers de Nyre et descend augmente, pour atteindre 902 habitants en 1954. jusqu'à 394, au sud. La commune connaît une nouvelle aventure en Nonglard de par la petitesse de son terroir n'a 1962, avec l'arrivée de nombreux Pieds noirs. On jamais abrité une forte population. En 1605, on construit de nouveaux logements et l'on peut dire recense 16 feux. Et si la paroisse dédiée à saint Ours et saint Victor est plus ancienne, il ne reste que c'est à partir de cette date que Meythet devient rien de l'église d'alors. véritablement une ville, avec 2 434 habitants. En 1630, la peste sévit dans la région. Les Non- La zone industrielle des rives du Fier se dévelop- glardiens, que l'on surnomme volontiers « lô Bar- pe rapidement, relayant celle de Vovray, devant le boué » (les Saligauds) font le vœu d'édifier une recul des usines en ville. Des unités importantes, lanterne des morts, si leur village est épargné. La telles la S.N.R. ou les Pompes Guinard (installées calamité disparue, les villageois tiennent pro- en 1973) assurent de nombreux emplois et Mey- messe et édifient cette colonne de 4 mètres de haut thet n'est pas uniquement une ville dortoir ban- et de 1,60 mètre de diamètre surmonté d'une lieue de Cran ou d'Annecy. On ouvre un collège calotte. Chacune des lucarnes représente un des secondaire en 1971, alors que 3 ans auparavant la hameaux de Nonglard. Il est certain que cet édi- population meythesane avait atteint 3 776 habi- fice sert à allumer des fanaux brûlant en souvenir tants. des morts, même si pour la croyance populaire ces lumières éloignent les mauvais esprits. Meythet connaît un taux d'expansion, inégalé dans le bassin annécien, en doublant sa population Quoi qu'il en soit, cette lanterne des morts de entre 1968 et 1982 (7 601 habitants). Une Nonglard est unique en Haute-Savoie. remarque s'impose cependant, la population Jusqu'en 1822, la population varie entre 170 et 308 habitants. Notons que de 1803 à 1818, la stagne depuis cette date, car les nouveaux arri- paroisse est réunie à celle de Lovagny et les Non- vants préfèrent la campagne à la ville qu'est deve- glardiens, qui trouvent le curé de Lovagny antipa- nue Meythet et s'installent plus volontiers sur thique réclament haut et fort un prêtre pour leur Poisy ou Lovagny, toutes proches. village. Aujourd'hui, Meythet, célèbre par son aérodrome, De 408 âmes, en 1838, les villageois augmentent est une ville à part entière, qui répond à des fonc- jusqu'en 1866, date à laquelle ils sont 435. On tions administratives, scolaires, culturelles et sur- décide alors de construire une nouvelle église, en tout commerciales, pour une large population 1869, sur l'emplacement de l'ancienne. extérieure à la commune. En 1896, la fruitière, construite au hameau de La fonction industrielle est très importante. On Dupraz, transforme 1 095 quintaux de lait par an. compte plus de 10% du terroir en zones indus- C'est une des plus petites fruitières de la région. trielle et artisanale, permettant une population La vie agricole étant de plus en plus difficile, la active de près de 4 000 emplois, soit 52% des population décroît et en 1911, on ne compte plus Meythesans. 93% sont des salariés et 51% tra- que 324 habitants. 13 d'entre eux meurent dans vaillent dans le secteur secondaire, ce qui montre les tranchées et le village, qui ne peut se payer une bien le rôle industriel de la commune. poste, ou même un bureau du télégraphe, continue à se vider jusqu'en 1968, date à laquelle la popu- La population est jeune ; 30% a moins de 20 ans lation est au plus bas, avec 208 habitants. et 12% plus de 60 ans. Cependant la population redémarre par l'arrivée Le petit village a disparu pour laisser la place à de jeunes venus s'installer à la campagne et tra- ; une ville attrayante, au développement ralenti, qui vaillant à Annecy ou à Rumilly. En 1982, 313 ayant bien en main son destin, est prête à devenir habitants, on retrouve la population du début du le chef-lieu du canton, dont elle est la ville la plus siècle. importante. Michel Golliard, élu en juin 1995, est Aujourd'hui, Nonglard est un paisible village, qui convaincu de l'avenir serein de la ville dont il a la conserve 8 exploitations produisant du lait et un charge. éleveur de taureaux. La fruitière ayant été fermée en 1970 et transformée en appartements, les por- geurs de grenouilles), sont de moins en moins teurs de lait vendent à la fruitière de Sales. nombreux. On compte une ébénisterie et un atelier de méca- En 1886, une centaine d'agriculteurs se regrou- nique-serrurerie, un installateur en chauffage, pent pour fonder la fruitière qui, dix ans plus tard, deux entreprises de maçonnerie et un mécanicien transforme 3 507 quintaux de lait, étant par là une spécialisé en voitures américaines. des plus grosses coopératives de la région. Malgré L'école, située face à l'église, accueille une qua- tout la population diminue et en 1911, ils ne sont rantaine d'élèves dans deux classes et la com- plus que 680. La guerre de 14 emporte 40 jeunes. mune possède un gîte d'enfants. En 1904, on construit l'usine électrique de Bras- Les nouveaux arrivants s'intègrent bien, pour silly (puissance installée 1 900 KW) et en 1920 preuve leur large participation aux différentes as- l'usine de Chavaroche, essentiellement destinées sociations communales et puis le calme relatif du à la ville d'Annecy. lieu est un atout majeur pour l'avenir de la com- En 1930, on modernise la fruitière. Si la popula- mune, qui a dépassé les 400 âmes de nos jours. tion continue de décroître entre les deux guerres (633 en 1936), elle semble repartir après le second conflit mondial. Poisy connaît une très grande expansion entre POISY 1954 (838 habitants) et 1962 (1 155), analogue à celle de Meythet, sa voisine. En 1967, la fruitière 4 565 Poisiliens ou Poiserands, 1 133 ha, 506 m de Lovagny fermant, le lait est apporté à Poisy. Mais l'agriculture n'est déjà plus la principale Situé au nord-ouest, à 6 kilomètres du centre activité. Poisy est en train de devenir une banlieue d'Annecy, par la D.14, sur les terrasses alluviales d'accueil des travailleurs de l'agglomération du Fier, Poisy est récemment devenu une ville. Du annécienne. chef-lieu, bâti au cœur du vallon tourbeux et au Cependant, comme pour affirmer cette vocation centre du terroir assez régulier, partent trois routes agricole, la commune autorise l'ouverture en desservant neuf hameaux. 1962 de l'Ecole d'agriculture de Poisy-, La commune est limitée au nord-ouest par la entre les hameaux de Charneuse et Macully. Très Montagne d'Age, où elle culmine à 631 m et au vite, cette école acquiert une réputation nationale, sud par le Fier (point le plus bas 380 mètres, dans voire internationale. les Prés des îles). En 1980, on apporte à la fruitière de Poisy le lait La présence de 12 tombes burgondes à Vernod et de Meythet, mais l'embellie est de courte durée et de nombreux objets ou squelettes trouvés sur le la fruitière, tenue par trois générations de Gillard, terroir montre l'ancienneté du peuplement, qui ferme définitivement ses portes. Entre-temps, peut s'expliquer par la configuration du terrain, pour absorber la population désireuse de s'instal- terrasse alluviale dominant la rivière. On peut ler à Poisy, la municipalité lance le programme de penser qu'une villa gallo-romaine a existé ici. Poisy-village, magnifique ensemble immobilier Au début du XIIIe siècle, on note la présence d'un proche de l'église, avec ses commerces. L'expan- prieuré dépendant de l'abbaye de Saint-Ruph. Ce sion est d'autant plus impressionnante entre 1982 dernier passe sous la dépendance des chanoines (2 902 Poisiliens) et 1990, puisqu'elle atteint d'Entremont, en 1404, par décision pontificale, a 48 %, nécessitant, en 1991, la construction d'une la suite de l'incendie de la dite abbaye (voir Entre- nouvelle école maternelle. mont). Aujourd'hui, Poisy est un village-ville à la périphé- En 1605, la paroisse dédiée à saint Martin est peu- rie annécienne. Sur les 450 hectares voués à l'agri- plée de 80 feux. culture, se maintiennent 7 exploitants, qui vendent De 1666 à 1702, Marc-Antoine de Granery est leur lait aux Fermiers Savoyard, de Frangy. La prieur de Poisy (armoirie dans la cure actuelle). zone artisanale de Valparc accueille une dizaine De 1773 (415 habitants) à 1866 (850 habitants), la d'entreprises tant secondaires que tertiaires. population ne cesse d'augmenter. Les revenus L'Ecole d'agriculture continue de faire la renom- agricoles sont bons, ainsi que l'exploitation de la mée de Poisy. Elle accueille 600 élèves, qu'elle tourbe. En 1859, on édifie l'église dans le style prépare aux BEPA, aux BTS, au Bac technolo- néo-gothique, tout en gardant le clocher ancien, gique S.T. agronomie et environnement et au Bac s'ornant de remarquables fenêtres géminées. scientifique biologie et écologie. Elle travaille en A partir de 1866, ceux que l'on surnomme « lô relation étroite avec les facultés de Lyon III et de Bêtieu » (les Abêtis) ou « lou Renoillus » (man- Chambéry. Outre le verger expérimental et le centre d'élevage, l'école abrite l'Ecole supérieure volée», et est désormais rattachée au canton d'An- européenne. necy. On décide de construire une église, dédiée La commune a également au hameau de Macully aux saints Pierre et Paul, dans le style renaissance un centre professionnel d'apprentis, A.F.P.A. (1864-65). En 1895, des fermiers se regroupent et Outre la vocation scolaire, Poisy s'équipe sur le on ouvre une fruitière qui traite 600 kilos de lait plan touristique et offre 23 chambres dans deux par jour dès l'année suivante. Il est vrai que si le hôtels. terroir est étroit, il est propice à l'agriculture, bien Quatre cents logements sont prévus progressive- que bordé au nord d'un violent talus. ment sur les crêts de Charvanod, et si la commune La guerre de 14-18 emporte 19 jeunes et ils ne dépasse actuellement les 4 500 habitants, on envi- sont plus que 308 en 1921. La circulation automo- sage sereinement une population de 7 000 habi- bile se développant, l'activité apparaît sur la tants, devant l'extansion annécienne. Cette évolu- nationale 508, à Bonlieu, avec un hôtel-restaurant tion, soyons-en sûr, sera gérée avec pondération, (7 chambres), un garage et une scierie. car les Poisiliens et leur maire, Pierre Bruyère, sont désireux, avant tout, de garder leur âme. Mais la population continue de diminuer pour descendre au plus bas, en 1962, avec 226 Sallenô- viens, chiffre identique à deux unités près à celui de 1975. Ce n'est qu'à partir de cette date que la population SALLENÔVES redémarre (301 habitants en 1982). 400 Sallenôviens, 364 ha, 458 m Aujourd'hui, Sallenôves, dont la municipalité est dirigée par Marcel Mugnier-Pollet, est un long Situé à 18,5 kilomètres au nord-ouest d'Annecy village-rue, descendant vers son église. Il garde par la R.N. 508, Sallenôves n'est qu'à 6 kilo- des équipements indispensables à sa survie, la mètres de Frangy, chef-lieu du canton voisin. poste, l'école, une épicerie et une boucherie et Le terroir, fait d'un ensemble de collines her- même un magasin d'antiquité-brocante. On a beuses, limité au nord et à l'est par les Usses et les construit un centre rural d'animation, car on veut Petites Usses, a un relief peu tourmenté, 471 m croire en l'avenir, même si la majeure partie des aux Tattes et 371 aux Iles. Le chef-lieu, occupant villageois travaillent à l'extérieur, à Frangy, un site de mont au-dessus de gorges boisées, Annecy et même Genève. garde le passage obligé de Bonlieu. Les Sallenôve, branche cadette de la famille de Chaumont, possèdent, dès le XIIe siècle, au-des- sus du passage de Bonlieu, un château (aujour- d'hui sur la commune de et propriété pri- SILLINGY vée) et, vassaux des comtes de Genève puis des ducs de Savoie, leur seigneurie s'étend sur la 2 115 Sillingiens, 1 484 ha, 502 m paroisse de Chetonnay (ou Cheptonnex). Sillingy, commune peu boisée, située à 10 kilo- Au XIIe siècle, peut-être en 1160, une abbaye de mètres au nord-ouest d'Annecy, occupe une situa- moniales cisterciennes est fondée au lieu-dit Bon- tion de sortie de verrou glaciaire, tout comme sa lieu. A partir de 1309, les Sallenôve s'y font enterrer, tout comme les Vidomnes de Chaumont. jumelle La Balme-de-Sillingy et toutes deux gar- dent le passage de la moraine glaciaire de Chau- Ce sont ces moniales qui fondent le couvent de Sainte-Catherine dans le Semnoz, au début du montet. Le chef-lieu est planté sur une terrasse XIIIe siècle. morainique et sur la route qui donne accès aux collines agricoles de l'avant-pays savoyard, en Le village compte 35 feux en 1605. Vingt-trois légère dominance du passage de Chaumontet, ans plus tard, les religieuses quittent Bonlieu pour contrairement à la Balme. Annecy. Le cloître est alors laissé à l'abandon et c'est là grande perte de patrimoine ! Le point culminant se situe à 753 m dans le bois Chetonnay, que l'on appelle depuis plusieurs de Bornachon et le point le plus bas, 459 m, se j siècles Sallenôves, compte 162 habitants en 1801, situe au lieu-dit vers l'Oratoire. date à laquelle la commune est rattachée au can- Des pièces de monnaies romaines ont été décou- ton de Frangy. vertes dans les marais en contrebas du village, En 1861, la commune que l'on appelle «Sala- ainsi que des tombes, remontant au haut Moyen nûva» en patois, compte un maximum d'habi- Age, dans les hameaux de Seysolaz, Arzy et sur tants, 498, surnommés «Racauque-Pommes à la les hauts de Quincy. On dit également que les Romains exploitent la 835 habitants, le village redémarre et après la der- source sulfureuse de Bromines (du grec bromos : nière guerre, dépasse les 900 villageois. fétide). La commune compte 122 exploitations agricoles La paroisse de Sillingy apparaît pour la première en 1946, mais la vocation de Sillingy change à fois en 1039, lorsque l'abbaye de Cluny la reçoit partir de la fin des années soixante, 1 082 habi- en don. Un prieuré dépendant de celui de Conta- tants en 1968. L'agriculture recule, il ne reste plus mines-sur-Arve est fondé ici. que 61 exploitants agricoles en 1982 et 31 en 1989. Les aînés cessent leurs activités et les Des familles nobles, comme les Launay ou les Boâge-Conflans, possèdent des maisons fortes sur jeunes préfèrent la ville toute proche. Cependant le terroir de Sillingy. Dès le XIVe siècle, les Men- Sillingy a, à cette époque, un atout majeur : la spéculation foncière n'est que très modérée et ils thonnay en possèdent une au hameau de la Petite sont nombreux à venir construire ici. Balme (armoiries sur la porte cochère d'un ancien relais de poste à Chaumontet). La population passe de 1 343 habitants en 1975 à 1 652 en 1982 et dépasse 2 350 aujourd'hui. En 1637, le prieuré est rattaché à Talloires. Sillingy compte 565 habitants en 1773. Pendant la En 1992, l'Etat et le département ouvrent un col- Révolution française (1798), la chapelle des lège, montrant par là leur volonté de répondre à la Combes, dont on surnomme les habitants «lô poussée démographique et de déplacer le centre de Ptiou» (les Petits), est vendue comme bien natio- gravité de l'agglomération annécienne vers le nord. nal. En 1801, les Sillingiens, communément appe- Aujourd'hui, les agriculteurs ne sont plus qu'une lés «lô Mdieu d'Erson» (les Mangeurs de héris- vingtaine travaillant encore 815 ha et vendant leur sons), sont 626. En 1804, les paysans reprennent lait à l'extérieur, la fruitière ayant fermé ses portes la vénération à la Vierge des Gouilles, de l'Ora- en 1978, ou produisant du foin et des céréales. Il toire (au bord de la D.157). ne reste que 220 ha d'espaces boisés. En 1846, on bâtit l'église consacrée à l'Assomp- Une quarantaine d'artisans et cinquante commer- tion, car la population dépasse les 1 200 parois- çants environ exercent à Sillingy. La Z.A.E. d'Epagny-Sillingy, en pleine expansion, complète siens (1 234 en 1848). Quelques années plus tard, les zones artisanales des Maladières et de Culas. en 1854, on décide d'ouvrir une petite station thermale à Bromines. Celle-ci fermera ses portes Si Sillingy offre du travail, elle est cependant en 1908. devenue une commune résidentielle de la banlieue annécienne. La population est jeune : 31% ont En 1872, les Sillingiens sont 1 404, chiffre maxi- moins de 20 ans et 87,3% moins de 60 ans et les mum. Dès lors, la population ne cesse de diminuer. trois écoles accueillent 270 enfants. La population Cependant la chapelle de la Combe, reconstruite, active est importante avec 63% des Sillingiens. est érigée en paroisse, dédiée à l'Immaculée Conception en 1907. La jeunesse de la population va de pair avec le phénomène de la rurbanisation, qui dévore la En 1896, Sillingy possède pourtant trois frui- campagne : témoin le remodelage du centre du tières, dont deux à la Combe chez Pernoud et chez village, où apparaissent trottoirs, réverbères, em- Dunant et une au chef-lieu, qui traitent 600 tonnes placements de parcage et magasins, autant d'attri- de lait par an, ce qui montre bien la richesse de buts citadins. l'élevage par ici. En 1907, on en ouvre une qua- Sillingy est une commune pleine de vitalité, trième. A la veille de 14, on recense un peu moins comme le prouve la vingtaine d'associations qui de mille âmes et 32 enfants du pays sont emportés l'animent, ainsi que le jumelage, en 1993, avec dans la tourmente de la guerre. Reconvilier, ville suisse du Jura bernois. Jean En 1919, les Sillingiens élisent maire Claudius Marie Nantua et son équipe élue en 1995 devront Luiset. Il le restera pendant cinquante ans, mar- gérer au mieux cette expansion et ce dynamisme, quant profondément la commune de son emprein- qui font qu'un village se meut lentement mais te. A partir de 1931, population minimum avec sûrement en ville.

CANTON D'ANNECY-LE-VIEUX

Le canton d'Annecy-le-Vieux, constitué par les 14 communes d'Alex, Annecy- le-Vieux, Argonay, Bluffy, , , Dingy-Saint-Clair, Menthon- Saint-Bernard, Nâves-Parmelan, Pringy, Saint-Martin-Bellevue, Talloires, Vey- rier-du-Lac et Villy-le-Pelloux, a une superficie de 13 667 hectares et compte 31 277 habitants (près de 35 000 en 1995) (densité : 228,8 hab/km2). Ce canton, s'étirant le long de la rive est du lac d Annecy, traversé au nord par les RN 201 et 203 et l'autoroute A 41, est une création politique avec bien peu d'unité. Il rassemble de petites communes. Excepté Dingy-Saint-Clair, la moyenne est de 570 ha. Le déséquilibre humain est important, le chef-lieu Annecy-le-Vieux abritant 56% de la population du canton. Déséquilibre encore entre les grosses com- munes et de toutes petites, comme Bluffy, comptant 203 Blufflétiens. Cependant cette diversité apparaît comme un atout important et ce canton a vu, entre 1982 et 1990, sa population augmenter de 27%. Canton de moins en moins rural, de plus en plus industriel et touristique, Annecy-le-Vieux est d'abord un canton résidentiel et là, on retrouve un sem- blant d'unité. S'étirant de la Mandallaz, au bout du lac d'Annecy, culminant à Tête Ronde (1 863 m) et descendant jusqu'au niveau lacustre (445 m), il regarde vers le soleil couchant. Profitant d'un ensoleillement exceptionnel, le canton est une des zones résidentielles les plus recherchées du département, à l'exception de sa partie nord, traversée par les R.N. 203 et 201 et l'autoroute A 41, davantage industrieuse. ALEX à partir de laquelle elle trouve un second souffle, grâce au développement d'une zone artisanale, 573 Alexois, 1 702 ha, 592 m sur les rives du Fier et surtout grâce à l'installa- tion de familles travaillant à l'extérieur, si bien La commune d'Alex occupe un site de terrasses alluviales, au-dessus de la confluence du Fier et qu'entre 1982 (429 habitants) et 1990, Alex a vu du Nant d'Alex, descendu des Dents de Lanfon sa population s'accroître de plus d'un tiers. (1 850 m). Les hameaux s'éparpillent sur les deux Aujourd'hui, alors qu'il reste bien peu d'exploita- versants nord, du col de Bluffy, entre le Mont tions agricoles (7), Alex, bien situé sur la route du Baret (1243 m) et la Dent du Cruet (1 833 m). ski, mais aussi du tourisme estival qui se déve- Traversée par le CD 509, elle se situe à 13 kilo- loppe de plus en plus dans le val thônain, essaie de mètres d'Annecy et à 7 kilomètres de Thônes. tirer avantage de cette situation. En 1134, le pape Eugène III, confie la paroisse La commune possède deux campings totalisant d'Alaia à l'abbaye de Talloires. Tout au long du 300 places et un restaurant. De plus, de nombreux Moyen Age, on note la construction et la destruc- particuliers louent chambres et appartements. tion de châteaux et de maisons fortes. Il reste Alex abrite également quelques artisans, même si notamment, le château Folliet, gardien du défilé la plupart des Alexois, qui sont plus de 600 en 1995, travaillent à l'extérieur et notamment dans de Dingy et le château d'Alex, ancienne propriété des d'Alex. Ce bâtiment, malheureuse- l'agglomération annécienne. ment détruit en grande partie en 1884, ne conserve, aujourd'hui, qu'un corps de logis, bien exposé sur un mamelon. En 1801 (648 Alexois), des ouvriers verriers de ANNECY-LE-VIEUX Thorens créent, ici, une verrerie, qui devient Manufacture royale, en 1825 et qui emploiera jus- Chef-lieu de canton qu'à 200 ouvriers. Le sable est charrié depuis Cru- 17 526 Ancileviens, 1 779 ha, 551 m seilles et certains produits nécessaires à la fabrica- tion de verres et cristaux sont importés de France, La commune d'Annecy-le-Vieux est bâtie sur les d'Allemagne ou de la péninsule italienne. collines prolongeant, vers le nord, le Mont Vey- En 1858, Alex compte 919 habitants (maximum), rier. Site vallonné, fermé au nord et à l'est par la mais l'Annexion est fatale à la verrerie, qui péri- vallée du Fier, parfois profondément encaissée, clite et ferme définitivement ses portes. En 1864, ouvert à l'ouest sur le lac et la cluse, Annecy-le- Vieux est tourné vers le soleil couchant. cependant, la richesse de la commune permet la reconstruction de l'église Notre-Dame, dans le C'est une commune urbaine, partie intégrante de style néo-gothique. Le patrimoine se limite à une l'agglomération annécienne, à l'ouest, tandis que croix sculptée du XVIe siècle et à l'oratoire de l'agriculture tente de subsister sur les collines Sainte-Agathe, au hameau de Villard-dessus. orientales. La fruitière, récemment ouverte, traite 1 248 quin- Annecy-le-Vieux doit son nom à Anicius, pro- taux de lait en 1896, mais l'agriculture, qui se priétaire d'une des plus importantes villas gallo- développe après la fermeture de la verrerie, ne romaines, qui s'échelonnent des rives lacustres au réussit pas à enrayer l'exode rural des « Fatheu de pont du Fier, à Broniacus (Brogny). Celle de Lici- bri », c'est-à-dire les fabricants de berceaux, nius Titurinus occupe le lieu-dit, les Barattes. comme on les surnomme, et au lendemain de la Lors des invasions des Ille et Ve siècles, la fin de guerre 14-18 (30 morts), ils ne sont plus que 397 Boutae entraîne un transfert de population sur les (1921). En 1936, Alex ne compte plus que 344 collines, plus accueillantes. Un document de 867 âmes. fait état, pour la première fois, de la cité sous le nom d'Anesciacum. Pendant la dernière guerre mondiale, la commune abrite un maquis, dans le massif des Dents de Cependant tout au long du Moyen Age, Annecy- Lanfon, qui fait le coup de feu avec les Italiens, le le-Vieux va subir la concurrence de sa voisine, 17 juin 1943. En mars 1944, à la suite du bouclage Annecy, qui se développe plus rapidement qu'elle. du plateau des Glières, les Allemands fusillent de Au XIIe siècle, on édifie, ici, une église dédiée à nombreux maquisards sur la commune, notam- saint Laurent. Il ne nous reste que le magnifique ment 7 jeunes au lieu-dit Navoty et Jacques clocher, célèbre pour ses deux rangs de fenêtres Lalande et Pierre Bastian, près du bois des Fer- géminées, séparées par de petites colonnes à cha- rières (monument). piteaux, caractéristiques du style roman. Après la guerre, la commune continue à se dépeu- En 1342, naît au hameau de Petit-Brogny, Jean pler. Il n'y a plus que 246 habitants en 1968, date Fraczon, qui deviendra cardinal en 1385, sous le nom de cardinal de Brogny. Il aura l'insigne hon- La guerre de 14 emporte 56 jeunes et en 1921, la neur de présider le concile de Constance, en 1415. ville compte 1307 âmes. Mort en 1426, il est enterré à Genève, ville dont il L'entre-deux-guerres voit un développement impor- était évêque. Il fit construire la chapelle des Mac- tant du bourg, qui atteint 1 848 habitants en 1936. chabées, dans l'église Saint-Pierre, à Genève. Le 18 janvier 1944, la commune est le théâtre A la fin du XVIIIe siècle, la commune ne compte d'un drame de l'occupation. Richard Andrès, du que 830 habitants (1783). Sur les collines conti- mouvement du « Coq enchaîné », responsable des nuent à se bâtir de riches maisons de la bourgeoi- Espagnols réfugiés dans notre département, est sie annécienne, qui possède également les vignes, abattu par les Allemands, devant la gare de Sur- source de profit. L'agriculture a beaucoup de mal, les-Bois, en compagnie de Léon Bouvard (monu- cependant, à se développer, car la campagne est ment). un peu le terrain de jeu des Annéciens (chasse, Après la Seconde Guerre mondiale (2 217 habi- promenades, pillage du bois...) tants en 1946), s'affirme la vocation résidentielle Si en 1848, Annecy-le-Vieux atteint le maximum de la commune et le mouvement prend de l'am- de sa population avec 1 447 habitants, un des tour- pleur, dans les années soixante-dix. L'agriculture nants de l'essor communal est l'installation, sous disparait progressivement : la fruitière du chef- le bourg, en 1857, de la fonderie Paccard, transfé- lieu cesse ses activités, celle de Sur-les-Bois se rée de Quintal. Antoine Paccard découvre en maintient avec une douzaine de coopérateurs et 1865, le procédé permettant d'obtenir la tonalité encore 15 « porteurs de lait », dans la commune. exact d'une cloche, sans retouche et l'heure de Aujourd'hui, la fruitière (5 emplois) traite 1,3 mil- gloire sonne, en 1891, avec la fonte de la lion de kilos de lait par an, venu de la commune Savoyarde, cloche destinée au Sacré Cœur, de mais aussi d'Alex, de Dingy, de Cuvat et de Fer- Paris. Cette fonderie restera une des plus impor- rières, fabricant du reblochon et de la tomme, tantes d'Europe, jusqu'en 1989, date à laquelle ainsi que l'emmental, en mai et juin. elle est, à nouveau, transférée, à Sevrier. La population passe de 4 681 habitants en 1962 à En 1864, naît Joseph-Marie Baud. Capitaine dans 13 537, en 1975, soit un accroissement de 190%, l'infanterie de Marine, il explore le Dahomey, en 13 ans. trouve la jonction entre la Haute-Volta et le Sou- Si les quartiers de la plaine sont encore popu- dan et meurt, à Diégo-Suarez, en 1904. laires, bien vite, les collines ont vu se développer La fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle des constructions cossues et une multitude de voient se développer, sur les rives du lac, un tou- lotissements, comme par exemple autour du châ- risme de villégiature et des grands noms tels teau de la Cour, édifié au XIXe siècle. L'urbanisa- Eugène Sue, A. de Custine, John Ruskin ou tion rapide entraîne des difficultés de liaisons Gabriel Fauré fréquentent Annecy-le-Vieux. Ce entre les quartiers, que les autorités municipales dernier s'installe dans une grosse maison, à proxi- s'efforcent d'atténuer. Le château de la Pesse, au- mité du clocher et peut, chaque jour, découvrir le dessus de Vignière, n'a pas été épargné par l'ur- lac et la ville d'Annecy, qui s'étendent à ses pieds. banisme dévorant : groupes scolaires, magasins, Eugène Sue, qui arrive à Annecy-le-Vieux, en feux tricolores, lotissements... La ville s'étendant 1851, s'installe, lui, dans la villa de La Tour, pro- vers le nord-est repousse toujours plus loin la priété de l'architecte Ruphy. Il écrit là « La mar- campagne environnante. quise Cornélia d'Alfi ou le Lac d'Annecy et ses Au-delà de la ville, la municipalité a mis en œuvre environs ». Mort en 1857, il repose au cimetière le parc économique des Glaisins, aux construc- annécien, de Loverchy. tions modernes de verre et de béton, rappelant les En 1906, la commune est au plus bas, avec 1 216 serres anglaises du siècle dernier. Outre le siège Ancileviens. Avec le XXe siècle, la vigne dispa- départemental du Crédit Agricole, on trouve de raît quasiment sous les effets du phylloxéra et nombreuses entreprises comme SOPRA, Digital, l'agriculture perd du terrain. Ce qui n'empêche Alcatel, Interlac, Métrix... pas les Ancileviens de garder leur surnom : « les Annecy-le-Vieux, refusant de n'être qu'une cité Gaviules », c'est-à-dire les « Bottes de sarments dortoir, poursuit son développement en intégrant ». Seul l'élevage laitier réussit à se maintenir avec des industries de pointe, telle Salomon, ou avec la création, en 1910 de la fruitière de Sur-les-Bois, l'IUT spécialisé dans le génie mécanique et les s'ajoutant à celle implantée près du cimetière. techniques de commercialisation, ouvert en 1973, C'est également dans ce hameau qu'est édifiée, et le LAPP (Laboratoire d'Annecy-le-Vieux de depuis 1898, la gare du tramway d'Annecy à Physique des particules). Tout en continuant son Thônes, créée sous l'impulsion de monsieur Ales- équipement de chef-lieu de canton, sur le plan monières et qui fonctionne jusqu'en mai 1930. scolaire (deux collèges), gendarmerie récemment J , 278. Saint-Gervais-les-Bains, 292. Jonzier-Epagny, 320. Muraz (La), 239. Saint-Gingolph, 208. Juvigny, 65. Mûres, 20. Saint-Jean-d'Aulps, 98. Musièges, 231. Saint-Jean-de-Sixt, 417. L Saint-Jean-de-Tholome, 301. , 203. N Saint-Jeoire-en-Faucigny, 3023 , 218. Nancy-sur-Cluses, 364. Saint-Jorioz, 382. Leschaux, 379. , 241. Saint-Julien-en-Genevois, 323. , 186. Nâves-Parmelan, 50. Saint-Laurent, 264. Lomay, 275. Nemier, 192. Saint-Martin, 344. Lovagny, 34. , 206. Saint-Martin-Bellevue, 52. , 66. , 320. Saint-Paul-en-Chablais, 209. , 204. Nonglard, 38. Saint-Pierre-en-Faucigny, 265. , 428. Novel, 207. Saint-Roch, 344. Lully, 188. Saint-Sigismond, 157. (Le), 429. 0 Saint-Sixt, 269. , 299. Saint-Sylvestre, 27. M Ollières (Les), 444. Sales, 281. , 68. , 432. Sallanches, 341. , 155. Sallenôves, 40. , 416. p Samoëns, 351. , 128. Passy, 289. Sappey (Le), 167. Marcellaz-Albanais, 276. , 130. Savigny, 322. , 430. , 433. , 113. , 127. Pers-Jussy, 242. , 249. Marigny-Saint-Marcel, 276. Petit-Bomand-Les Glières (Le), , 435. Marin, 431. 132. Scionzier, 367. Marlens, 219. Poisy, 39. , 417. Marlioz, 230. Praz-sur-Arly, 339. , 144. , 362. Présilly, 321. Sevrier, 383. Massingy, 277. Pringy, 51. Seynod, 384. , 189. , 207. Seyssel, 394. Maxilly-sur-Léman, 205. Seythenex, 221. Megève, 335. Q , 100. Mégevette, 298. Quintal, 380. Sillingy, 40. , 206. Sixt-Fer-à-Cheval, 356. Menthon-Saint-Bernard, 49. R Menthonnex-en-Bomes, 165. Reignier, 244. T Menthonnex-sous-Clermont, Reposoir (Le), 365 Talloires, 53. 393. , 434. Taninges, 404. Mésigny, 36. Rivière-Enverse (La), 402. Thollon, 210. , 191. Roche-sur-Foron (La), 259. Thônes, 418. Metz-Tessy, 36. Rumilly, 279. Thonon, 436. Meythet, 37. Thorens-Glières, 445. , 400. S Thuzy, 282. , 230. Saint-André-de-Boëge, 112. (ou Thiez), 134. Monnetier-Momex, 237. Saint-Biaise, 166. Tour (La), 305. Montagny-les-Lanches, 380. Saint-Cergues, 69. , 220. Saint-Eusèbe, 282. u , 94. Saint-Eustache, 381. , 395. Mont-Saxonnex, 130. Saint-Félix, 21. Morillon, 350. Saint-Férréol, 220. V , 95. Saint-Germain-sur-Rhône, 393. Vacheresse, 12. Vailly, 439. Vers, 325. Villy-le-Pelloux, 55. Val-de-Fier, 283. Versonnex, 285. , 210. , 324. Vétraz-Monthoux, 84. Viry, 326. Vallières, 284. Veyrier-du-Lac, 54. Viuz-la-Chiésaz, 22. Viuz-en-Sallaz, 3089 , 145. Villard-sur-Boëge, 114. Vougy, 136. , 232. Villard-sur-Thônes (Les), 420. Vovray-en-Bornes, 169. Vaulx, 284. , 447. , 327. Veigy-Foncenex, 194. Ville-la-Grand, 71. , 358. Ville-en-Sallaz, 307. y Vernaz (La), 102. Villy-le-Bouveret, 168. , 197.