DEPARTEMENT DE PALEONTOLOGIE UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ET D’ANTHROPOLOGIE BIOLOGIQUE ------Tél : 020.22.544.82 FACULTE DES SCIENCES e-mail : [email protected]

DEPARTEMENT DE PALEONTOLOGIE ET D’ANTHROPOLOGIE BIOLOGIQUE

HABILITATION A DIRIGER DES RECHERCHES

Formation Doctorale : Sciences de la Terre et de l’Evolution Option : Paléontologie et Evolution Biologique

LA PRIMATOLOGIE : UN OUTIL DE CONSERVATION (CAS DES LEMURIENS DE )

Jonah H. RATSIMBAZAFY Docteur en Primatologie

Soutenue le 04 Mars 2011 Membres du Jury : Président : Mr RAKOTONDRAZAFY Raymond, Professeur à la Faculté des Sciences d’Antananarivo Directeurs : Mr RANDRIANTSOA Adolphe, Professeur Titulaire à la Faculté des Sciences d’Antananarivo : Mme WRIGHT C. Patricia, Professeur Titulaire au Département de l’Anthropologie de l’Université de Stony Brook à New York aux Etats Unis Rapporteurs internes : Mr RAFAMATANANTSOA Gervais, Professeur Titulaire à la Faculté des Sciences d’Antananarivo : Mme JEANNODA H. Vololoniaina, Professeur HDR à la Faculté des Sciences d’Antananarivo Rapporteur externe : Mr RASAMBAINARIVO H. John, Professeur Agrégé à la Faculté de Médecine à l’Université d’Antananarivo Examinateurs : Mr GOODMAN M. Steven, Professeur HDR, Senior Field Biologist, The Field Museum, Chicago : Mr RAMAMONJISOA Bruno, Professeur HDR à l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques à l’Université d’Antananarivo

Dieu dit : « Je t’instruirai et te montrerai la voie que tu dois suivre ; Je te conseillerai, J’aurai le regard sur toi. »

Psaume 32 : 8

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Ce mémoire est dédié à notre mère, notre héroïne, qui n’est plus de ce monde, mais demeure toujours présente parmi nous (Razanatsimba Bernardette, 1933 – 2009) Nous dédions également cet ouvrage au Professeur Rakotosamimanana Berthe et à son mari, le Docteur Rakotosamimanana Philbert

HDR- Primatologie outil de conservation

Sommaire

INTRODUCTION GÉNÉRALE...... 1

CHAPITRE I : ITINERAIRE SCIENTIFIQUE...... 4 ETUDES A MADAGASCAR (1987 – 1992)...... 4 ETUDES AUX ETATS-UNIS D’AMERIQUE (1995-2002)...... 5 ETUDE DE L’ECOLOGIE ET COMPORTEMENT DE VARECIA A (1997 – 2008)...... 6 PARCOURS SCIENTIFIQUES AU SEIN DE DWCT (2002 – 2011) ...... 6 PARCOURS SCIENTIFIQUES AU SEIN DU GERP (1994 – 2011) ...... 8 PUBLIER OU PERIR « PUBLISH OR PERISH » ...... 10 AUTRES PARCOURS SCIENTIFIQUES ...... 11

CHAPITRE II : RECHERCHE SUR LES LÉMURIENS ...... 14 A- DIVERSITE ET TAXONOMIE...... 14 B- ECOLOGIE DES COMMUNAUTES DE LEMURIENS ...... 27 B -1. Le nombre d'espèces de lémuriens par communauté ...... 28 B -2. Densité de la population ...... 33 B -3. Comparaison des habitats secs et pluvieux : quantité de nourriture...... 33 B -4. La qualité du sol pourrait être l’une des raisons pour les modèles de production de fruits ...... 35 B -5. Corrélations écologiques de la structure de la communauté de lémuriens dans le sud-est de Madagascar ...... 37

CHAPITRE III : ENCADREMENT ET PARTICIPATION AUX ACTIVITÉS DE FORMATION DES ETUDIANTS ET ACTEURS ENVIRONNEMENTAUX ...... 57 A- ENCADREMENT SUR LE TERRAIN ...... 57 B- ACTIVITES PEDAGOGIQUES ...... 62 Participation en qualité de membre de jury à la soutenance de mémoires et thèses ...... 65

CHAPITRE IV : PARTICIPATION AUX CONFERENCES NATIONALES & INTERNATIONALES...... 79

CHAPITRE V : EDUCATION ET STRATEGIES DE CONSERVATION ...... 82 HDR- Primatologie outil de conservation

A- EDUCATION ...... 82 B- HISTOIRE DE LA CONSERVATION A MADAGASCAR ...... 84 C- STRATEGIES DE CONSERVATION ...... 86 a- Définitions et historique ...... 89 b- Schéma de réalisation ...... 91 c- Etape préliminaire...... 91 d- Collecte de données...... 92 e- Réunion villageoise et restitution ...... 92 f- Les données de suivi écologique participatif disponibles ...... 93 g- Traitement de données...... 93 h- Prise de décision ...... 93 MISE EN PLACE D’UN PLAN DE SUIVI ...... 95 APPUI AU DEVELOPPEMENT...... 96 VENTE DE CARBONE...... 97

CONCLUSION...... 98

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ...... 102 HDR- Primatologie outil de conservation

Listes des cartes carte 1 : Les sites d’étude et les especes decrites dans les analyses phylogenetiques...... 21 carte 2 : La foret de Sahafina (Brickaville) ou se trouve une nouvelle espece de Microcebus sp...... 25 carte 3. Types de végétation à Madagascar et similarite dans la composition des especes de lemuriens (Ganzhorn, sous presse). les forets humides se trouvent essentiellement a l’est et les forets seches a l’ouest et dans le sud...... 27 carte 4 : Emplacement de site de manombo et localité de Eulemur cinereiceps (agnalazaha) ...... 45 carte 5: Localisation des sites de suivi écologique de durrell à madagascar ...... 90 carte 6: Distribution d’Allocebus trichotis ...... 1

HDR- Primatologie outil de conservation Remerciements

Liste des figures

Figure 1 : phylogramme de Microcebus spp. Caracterise par de nouveaux alignements de genes...... 23 Figure 2: nombre d'espèces de lémuriens et nombre d’espèces d’arbre par 0.1 l'ha de plots (étendu de Ganzhorn et al. 1997) en fonction de la précipitation annuelle, d’après les données de Hawkins (1994), Goodman (1996a), Ratsimbazafy & Wright (données non-publiées). Les cercles représentent les valeurs pour les espèces d'arbres ; les triangles noirs sont les valeurs pour les espèces de lémuriens...... 29 Figure 3: La plus petite régression au carré entre la masse corporelle (g) et la densité moyenne de la population des lémuriens (nombre par km2) basée sur la densité moyenne par espèce...... 33 Figure 4: Différence entre la densité de la population indiquée par la régression de figure. 3 et la densité de la population de différentes populations dans la forêt humide (n=54) et dans la forêt sèche (n=37); t-test : t=2.56 ; d.f=89, p=0.01. Valeurs indiquant la limite d’intervalle de confiance minimum et maximum à 95 ...... 34 Figure 5: Emplacement des 7 sites d’enquête dans le corridor forestier de Fandriana- Marolambo ainsi que des aires protegees avoisinantes (parcs nationaux de Ranomafana et Mantadia). Les zones en gris representent le corridor forestier de Fandriana-Marolambo. Les zones en noir representent les autres habitats forestiers du sud-est de Madagascar (Johnson, s.e et al. 2007)...... 38 Figure 6: Schéma de réalisation du suivi écologique participatif...... 91

Liste des photos

Photo 1 : Microcebus macarthurii à gauche et M. mittermeieri à droite...... 24 Photo 2 : Microcebus sp. de la forêt de Sahafina (Brickaville)...... 25 Photo 3 : Un couple de Eulemur cinereiceps [male (à gauche) et femelle (à droite)]...... 26 Photo 4 : Varecia variegata editorium de la forêt de Manombo ()...... 43

Liste des tableaux

Tableau 1 ; Comparaison des taxa de lémuriens malgaches de Mittermeier et al. (2010) par rapport à Mittermeier et al. (1994), Goodman et al. (2003), Groves (2005), ...... 17

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HDR- Primatologie outil de conservation Remerciements

Tableau 2 : Genres et nombre d'espèces (entre parenthèses) selon les différents modes d'activité dans les forêts sèche et humide...... 30 Tableau 3: Communauté de lémuriens à ranomafana, qui représente la forêt humide de l'est, et à Kirindy/CFPF, qui illustre la forêt sèche à feuilles caduques de l'ouest...... 31 Tableau 4: DBH, hauteur, totale de la région fondamentale, densité de la tige, à travers les années...... 47 Tableau 5 : Les formations offertes par l’equipe de repc aux professionnels de conservation dans les sites d’intervention de durrell depuis 2005 jusqu’a 2010...... 60 Tableau 6 : Matieres enseignees aux differents niveaux dans les universites...... 63 Tableau 7 : Liste des encadrements et evaluations des etudiants malgaches ...... 66 Tableau 8 : Conferences nationales & presentations...... 79 Tableau 9 : Conferences internationales & presentations ...... 80

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HDR- Primatologie outil de conservation Remerciements

Remerciements

Ce travail est le reflet de 20 années de recherches dans le domaine de la primatologie. Le chemin parcouru jusqu’à la réalisation du présent ouvrage fut long et difficile et n’aurait certainement pas pu connaitre son avènement sans le soutien, tant moral que financier, de nombreuses personnes et divers organismes. Nous tenons à les remercier tous.

Nous voudrions particulièrement adresser nos sincères remerciements :

A Monsieur le Président du Jury :

Monsieur RAKOTONDRAZAFY Raymond,

Professeur titulaire qui nous a fait l'honneur de présider le jury lors de la soutenance de ce travail.

Monsieur le Président, veuillez trouver, ici, l’expression de notre grande reconnaissance pour l’extrême bienveillance dont vous avez toujours fait preuve à notre égard.

A notre Directeur :

Madame WRIGHT Chapple Patricia,

Directeur de l’Institut for the Conservation of Tropical Environnent,

Professeur titulaire au Département d’Anthropologie de l’Université de

Stony Brook, USA, qui nous a initié au monde de la recherche depuis maintenant près de vingt ans et à qui nous devons notre actuelle réussite.

Nous savons votre temps précieux, permettez-nous de vous préciser notre entière admiration.

A nos rapporteurs internes :

Monsieur RAFAMATANANTSOA Gervais,

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HDR- Primatologie outil de conservation Remerciements

Directeur de Recherche de Classe Exceptionnelle, pour ses conseils, son assistance, et pour avoir bien voulu être le rapporteur interne de ce mémoire.

Professeur, veuillez recevoir nos remerciements les plus distingués.

Madame VOLOLONIAINA Harimanga Jeannoda,

Professeur d’Enseignement Supérieur et de Recherche au Département de

Biologie et Ecologie Végétale qui nous suit depuis notre troisième année d’études et nous apporte encore et toujours son soutien dans la rédaction de ce document.

Professeur, veuillez recevoir nos sincères remerciements.

A notre rapporteur externe :

Monsieur RASAMBAINARIVO Henri John,

Professeur Vétérinaire Agrégé au Département d’Enseignement Supérieur des Sciences Vétérinarien, pour avoir dédié une grande occupation de son temps à la correction de ce travail malgré ses innombrables devoirs, tant au sein du Département de Médecine de l’Université d’Antananarivo, que dans d’autres secteurs.

Professeur, veuillez accepter notre sincère reconnaissance.

A nos examinateurs externes :

Monsieur GOODMAN Michael Steven,

Qu’il trouve ici l’expression de nos sincères remerciements et notre profonde reconnaissance. Malgré ses lourdes tâches, il a bien voulu être l’examinateur de ce mémoire.

Monsieur RANDRIANTSOA Adolphe,

Professeur titulaire, pour son soutien et le partage de ses connaissances sur la nutrition des lémuriens. Sans ses conseils d’un digne « Zoky ray aman-

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HDR- Primatologie outil de conservation Remerciements dreny », ce document n’aurait jamais vu le jour. Malgré ses multiples occupations, il a toujours accepté d’être membre de jury de ce mémoire.

Professeur, veuillez accepter notre respectueuse admiration.

Monsieur RAMAMONJISOA Bruno,

Chef de Département des Eaux et Forêts de l’Ecole Supérieure des

Sciences Agronomiques de l’Université d’Antananarivo, Professeur titulaire, pour ses judicieux conseils sur l’importance de la conservation communautaire de la biodiversité et qui, malgré ses multiples responsabilités, a accepté d’être membre du jury en tant qu’examinateur pour la présentation de ce mémoire.

Qu’il reçoive ici notre reconnaissance chaleureuse et nos sincères remerciements.

Mes remerciements vont à l’endroit de tous les chercheurs qui ont travaillé avec moi et qui ont publié toutes ces productions scientifiques conjointes auxquelles je fais référence dans ce travail.

A tous mes étudiants, ceux que j’ai eu la chance d’encadrer et dont les résultats des travaux de DEA ou de thèse ont permis d’enrichir les données sur la biodiversité de Madagascar en général et sur les lémuriens en particulier.

J’adresse les mêmes remerciements à mes anciens enseignants de la Faculté des Sciences de l’Université d’Antananarivo, et plus particulièrement ceux du Département de Paléontologie et d’Anthropologie Biologique pour la formation que vous m’avez inculquée.

Je reformule mes vifs remerciements à :

- Durrell Wildlife Conservation Trust et principalement le Dr Lee

DURRELL et au Directeur Paul MASTERTON, pour la confiance

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HDR- Primatologie outil de conservation Remerciements

octroyée en nous nommant Coordinateur de la Formation et de la

Conservation du Programme Madagascar ainsi que pour les soutiens,

tant financiers que matériels, nécessaires à l’accomplissement des

travaux de recherches dans plusieurs régions de l’île. Un grand

remerciement s’adresse également au Dr Joanna DURBIN, ancien

Directeur du Programme Madagascar et à son successeur, Richard

LEWIS, pour leur soutien moral et leurs précieux conseils.

- Au personnel de l’ONG Durrell Madagascar qui a su créer une

ambiance fraternelle tout au long de ces huit années de partenariat

mutuel.

Vous nous avez rendu d’innombrables services. Votre bienveillance et

votre compréhension furent des plus précieuses pour la réalisation

de ce travail.

Nos vifs remerciements à :

- Tous les membres du GERP qui n’ont pas cessé d’exprimer leur

amabilité, bonne volonté et efficacité dans tous les projets de

conservation des lémuriens de Madagascar. Votre dévouement nous a

profondément touché.

Notre grand attachement à :

- Tous les collègues et compagnons : merci de votre soutien moral et

amical permanent.

- Mes parents et ma famille en témoignage de votre affection et

tendresse intarissables.

Que ce travail soit le symbole de notre meilleure entente solidaire !

De fond du cœur, merci ------

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HDR- Primatologie outil de conservation Acronymes

Acronymes – Abréviations

AMNH : American Museum of Natural History AMSA : Ambatovy Minerals Société Anonyme ANGAP : Association Nationale pour la Gestion des Aires Protégées CALA : Centre Agronomique de Lac Alaotra CAPEN : Certificat d’Aptitude Pédagogique de l’Ecole Normale CAZ : Corridor Ankeniheny-Zahamena CEL : Centre Ecologique de Libanona CERC : Centre pour la Recherche de l'Environnement et Conservation CFL : Contrôleur Forestier Local CFPF : Centre de Formation Professionnelle et Forestière CI : Conservation International CIREEF : Circonscription de l’Environnement et des Eaux et Forêts CITES : Convention on International Trade in Endangered Species of Wild Fauna and Flora COBA : Communauté de Base COFAV : Corridor Forestier de Fandriana- DBH : Diameter Breast Height DBEV : Département de Biologie et Ecologie Végétale DEA : Diplôme d’Etudes Approfondies DESA : Department of Economic and Social Affairs DESS : Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées DPAB : Département de Biologie et d’Anthropologie Biologique DREF : Direction Régionale de l’Environnement et des Forêts DW/DWCT : Durrell Wildlife Conservation Trust ENSO : El Niño Southern Oscillation ESS Agro : Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques GEF/SGP/PNUD : Global Environment Facility / Small Grants Program / Programme des Nations Unies pour le Développement GELOSE : Gestion Locale Sécurisée GERP : Groupe d’Etude et de Recherche sur les Primates de Madagascar GIS : Geographic Information System GMA : Global Mammal Assessment GRENE : Gestion de Ressources Naturelles et Environnement GSPM : Groupe des Spécialistes de Plantes de Madagascar

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HDR- Primatologie outil de conservation Acronymes

ICTE : Institut for the Conservation of Tropical Environment IJP : International Journal of Primatology IPS : International Primatological Society ISTE : Institut des Sciences et Techniques de l’Environnement IUCN/UICN : International Union for Conservation of Nature / Union Internationale pour la Conservation de la Nature IUCN/SSC : Species Survival Commission NAP : Nouvelle Aire Protégée NEAP/AENA : Action de l'Environnement National d'Afrique NGO : Non-Gouvernemental Organization MBG : Missouri Botanical Garden MFG : Madagascar Fauna Group MCF : Manombo Classified Forest MNPs : Madagascar National Parks PAMM : Pan-African Mining Madagascar PBZT : Parc Botanique et Zoologique de Tsimbazaza PCDI : Projet de Conservation et de Développement Intégré PN : Parc National PHVA : Population Habitat Viability Assessment PSG : Primate Specialist Group REPC-MD : Réseau des Educateurs et Professionnels de la Conservation - Madagascar RNI : Réserve Naturelle Intégrale RS : Réserve Spéciale RSM /MSR : Réserve Spéciale de Manombo / Manombo Special Reserve SCOFA : Sensibiliser, Conscientiser, Organiser, Formaliser et Agir SAPM : Système d’Aires Protégées de Madagascar SEP : Suivi Ecologique Participatif SG : Secrétaire Général SIG : Système d’Information Géographique SPSS : Statistical for Package Social Sciences SRPRH : Service de la Pêche et des Ressources Halieutiques TAF : The Aspinall Foundation VOI : Vondron’Olona Ifotony WCS : Wildlife Conservation Society WWF : World Wildlife Fund WPT : Wildlife Preservation Trust

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HDR- Primatologie outil de conservation Résumé

Résumé

Ce document est le reflet des travaux de recherche que j’ai effectués durant ces vingt ans de service, consacrés dans le domaine de l’Environnement. M’orienter vers la recherche et la protection de la nature fut un choix. Elargir les centres d’intérêt est un élément essentiel pour parvenir aux objectifs recherchés. J’en ai pris conscience lors de mes différentes formations et des travaux entrepris, ainsi que des collaborations avec d’autres chercheurs. Cette diversité d’intérêts m’a permis de rédiger plus de 54 articles scientifiques (80 si les résumés des posters et présentations orales sont aussi inclus). Les lémuriens font partie des espèces emblématiques de Madagascar et la plupart d’entre eux subissent les effets de la dégradation de leur environnement (forêt, marais) ainsi que les différentes agressions comme la chasse sauvage. Pourtant la découverte de nouvelles espèces se poursuit encore grâce au progrès dans le domaine de la recherche génétique. Néanmoins, 42 % de ces lémuriens restent méconnus. Une des priorités serait de mieux connaître leur diversité et leur distribution, afin de mieux les protéger, ce que nous avons développé dans le premier chapitre (Diversité et distribution des lémuriens) de la Partie : « Recherches sur les lémuriens » de ce travail. Par ailleurs, la compréhension des faits écologiques permettant leur existence dans certaines régions a été fondamentale. Ainsi, la comparaison des lémuriens et de la forêt les abritant à Kirindy (à l’Ouest) et à Ranomafana (à l’Est) y a beaucoup contribué. C’est le sujet du deuxième chapitre de cet ouvrage. Les lémuriens élaborent des stratégies d’adaptation, indispensables à connaître, pour pallier aux désagréments que subit leur habitat, puisque la plupart des forêts de Madagascar souffrent des dégradations d’origine humaine ou sont dûes à des catastrophes naturelles tels que les cyclones. Pour connaître ces stratégies, une des méthodes utilisées consiste à observer les lémuriens dans leurs habitats naturels. Des observations à long terme ont été réalisées auprès des lémuriens diurnes de Fandriana-Marolambo, Manombo et Mahabo. Ainsi, avons-nous observé durant plusieurs années les Varecia variegata et les Eulemur cinereiceps qui font partie des espèces menacées et nous avons pu examiner les moyens qu’ils utilisent pour subsister à leur besoin face à l’insuffisance de nourriture auprès des plantes endémiques. Les résultats ont cependant montré qu’ils peuvent s’adapter avec les graines de plantes « exotiques ». De tels résultats pourront contribuer à leur protection. La transmission de ces différents résultats lors d’enseignements universitaires est indispensable ainsi que des démonstrations sur le terrain. De même, cela permet de juger le travail des étudiants lors des différentes présentations. Cette volonté d’informer est une des raisons pour laquelle j’ai voulu enseigner dans plusieurs départements universitaires. En ce qui concerne Madagascar, une des conditions incontournables pour que la mission de conservation des lémuriens aboutisse est de travailler en collaboration avec la population

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HDR- Primatologie outil de conservation Résumé locale et les différentes parties prenantes intervenant dans ces zones d’actions (ONGs, élus locaux, MNP, Ministères et autres représentants gouvernementaux). Dans cette optique, nous avons créé des associations de conservation aidant à la protection des animaux et de leurs habitats dans les lieux où Durrell est installé puisque leurs actions œuvrent également pour la protection de ces patrimoines. Enfin, nos participations aux différentes conférences, groupe de réflexions et séminaires (ou congrès) locaux et internationaux ont été fondamentales puisqu’elles ont permis entre autres de diffuser les résultats de nos recherches et de s’échanger des valeurs d’intérêt commun. Ces rencontres constituent une plate-forme d’échanges pour tous ceux qui partagent les mêmes objectifs, de définir ensemble les stratégies d’actions pour la protection des lémuriens et leur habitat. Dans cette perspective, j’ai participé à plusieurs conférences internationales organisées par l’International Primatological Society.

Mots clés : Diversité et distribution, Communautés des primates, Ecologie, Perturbation, Conservation, Lémuriens, Madagascar.

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HDR- Primatologie outil de conservation Abstract

Abstract

This document reports the results of my research during 20 active years in the service of the environment, a choice that I made in the interest of protecting Madagascar’s biodiversity. I drew from my various trainings and professional responsibilities the necessity of sharing this work with the world, and with the participation of a wide variety of colleagues, I have amassed more than 54 scientific publications in this field (a total of 80 if the abstracts of posters and oral presentation are included). are an endemic group of primates of Madagascar, can be considered iconic of our Island, of which we know much about the various obstacles and pressures that they face as a result of environmental degradation (e.g. forests, marshes, etc.). Yet, the discovery of new species still continues thanks to the advance of research techniques both in the field and in the lab (especially genetics) and, in spite of these advances in research, we still have little knowledge about the conservation needs of the 42% of species currently listed as “data deficient” by the IUCN. In order to protect these species, we need basic information on their geographic range (see the chapter “Diversity and distribution of lemurs”), the relationship between ecology and lemur species presence across the Island (for example, see the comparison of lemurs in the forest of Kirindy (western) and Ranomafana (east) discussed in the chapter “Primate communities”), and the strategies that these species employ to adapt to environmental disturbances (cyclones, anthropogenic pressures, etc.). For example, among the diurnal lemurs of Fandriana-Marolambo, Manombo and Mahabo, long-term research has demonstrated that both the “varijatsy” (Varecia variegata) and “varika mena” (Eulemur cinereiceps) are highly threatened species. Thus, we have spent the past several years studying their strategies to contend with shortages of endemic plant food resources, and it has been determined that these lemurs are able to compensate by consuming exotic plant fruits. The various techniques of research have been taught to both university students and the environmental actors (at the local, regional and national levels). With responsibilities in a variety of departments at the university, we have participated in the training/mentoring of the students and the evaluation of the results of their work. Additionally, In the case of Madagascar, it is always important to preserve collaborations with non-governmental organizations (NGOs) and Ministry offices involved in the protection of the environment, to insure successful conservation outcomes. For Durrell, the involvement of the community is seen as key to successful conservation of our threatened species. And finally, we also note the importance of workshops, meetings and conferences. Our participation in activities such as the International Primatological Society (IPS) congress offers us the opportunity to

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HDR- Primatologie outil de conservation Abstract exchange ideas on the protection of primates and their habitats, but above all to present our research results to other primatology researchers worldwide.

Keywords: Diversity and distribution, Primate Communities, Ecology, Disturbance, Conservation, Lemurs, Madagascar.

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HDR- Primatologie outil de conservation Famintinana

Famintinana

Ity raki-tsoratra ity dia taratry ny asa fikarohana nataoko nandritra izay 20 taona niasako teo amin’ny sehatry ny tontolo iainana izay. Safidiko ny nanao asa fikarohana sy fiarovana momba ny zavaboary. Ny karazam-piofanana nosafidiako sy ny andraikitra isan-karazany notanana, ary ny fifandraisana tamin’ny mpikaroka maro dia nahatsapako ny mahazava-dehibe ny fivelarana raha tiana ahitana fahombiazana ny zavatra atao. Io fivelarana io dia nahafahako nanoratra voka-pikarohana siantifika miisa 54 (miisa 80 izany raha ampiana ireo famintinana tamin’ny alalan’ny “poster” sy ny famoahana am- bava ny voka-pikarohana). Ny varika/ramambikina dia anisan’ireo atao hoe “biby mampiavaka manokana an’i Madagascar” na dia misedra olana maro aza ny ankamaroan’izy ireo vokatry ny fahasimban’ny tontolo fonenany (ala, zetra) sy ireo tsindry maro isan-karazany (oh. Fihazàna). Ao anatin’izany olana mianjady amin’ireo varika eto Madagasikara izany dia mbola mitohy hatrany ny fahitan’ny mpikaroka karazany vaovao vokatry ny fandrosoan’ny hairaha sy haitao eo amin’ny lafiny tarazo (génétique). Manoloana izany firoboroboan’ny fikarohana izany anefa, ny 42% -n’ireo varika misy eto Madagasikara dia tsy mbola fantatra ny momba azy. Ny fahafantarana ireo karazany sy ny faritra ahitana azy (distribution) no dingana iray voalohany mila jerena satria manampy be dia be amin’ny fiarovana ny varika. Izay no voalaza ao amin’ny Toko voalohan’ny Sokajy “Fikarohana momba ny ramambikina” amin’ity raki-tsoratra ity. Ankoatr’izay dia zava- dehibe mila fantarina ireo antony ekolojika izay antoka mahatonga ny fisian’ireo karazam-barika hita amin’ny faritra samy hafa. Anisan’ny nanampy be dia be ny fahafantarana izany ny fampitahana ny varika sy ny ala fonenany tao Krindy (andrefana) sy Ranomafana (atsinanana). Izay no noresahiko tao amin’ny Toko faharoa amin’ity boky ity. Satria moa samy ahitana tsindry ny ala rehetra eto Madagasikara vokatry ny fanimbana ataon’ ny olombelona na avy amin’ny loza voajanahary (oh. rivo-doza) dia mila fantarina ny paik’ady isan-karazany entin’ireo karazam-barika mamaly izay olana misy eo amin’ny tontolo fonenany. Santionany tamin’ny fikarohana nataonay hijerena izany paik’ady izany ny fandinihina maharitra ny varika mandeha amin’ny atoandro (lémuriens diurnes) tao Fandriana-Marolambo, sy Manombo ary Mahabo. Ny varijatsy (Varecia variegata) sy ny varika mena (Eulemur cinereiceps) izay samy ao anatin’ireo izay efa ho lany tamingana no nojerena nandritry ny taona maro mba ahafantarana ny fomba ampiasainy iatrehany ny olana amin’ny tsy fahampian-tsakafo tamin’ireo hazo zanatany. Hita tao anatin’izany fa afaka mihinana ny voan’ireo zava-maniry tsy zanatany izy ireo. Ny fahafantarana izay dia manampy be dia be ny fiarovana ireo biby ireo.

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HDR- Primatologie outil de conservation Famintinana

Ny vokatry ny fikarokana natao sy ny fomba nahitana izany dia mila ampitaina tamin’ny alalan’ny fampianarana ireo mpianatra eny amin’ny anjerimanontolo (université) na teny an-tsaha (sur terrain) ka nitsarana ny asan’izy ireo koa rehefa naseho am- pahibemaso izany. Izay no antony nampianarako tamin’ireo departemanta isan-karazany teny amin’ny ioniversite. Ho an’i Madagasikara manokana dia tsy azo ialana ny fiaraha- miasa amin’ny mponina sy ireo mpiara-miombon’antoka amin’ireny faritra arovana misy varika ireny (ONG, tompon’andraikitra ara-panjakana, MNP, Ministera, sns) raha te-ahita fahombiazana amin’izay asa fiarovana atao. Antony nahatonga anay hanorina ireo Fikambanana miaro ny biby sy ny fonenany amin’ny faritra hiasan’ny Durrell satria miantoka ny fiarovana ireo harena ireo ny fandraisan’izy ireo andraikitra. Farany dia tena nilaina ny nandray anjara tamin’ireny fikaonan-doha/fivoriana/atrik’asa iraisam-pirenena na teto an-toerana ireny satria endrika iray hampitana ny vokatry ny asa natao sy sehatra hifanakalozana amin’ireo mitovy tanjona. Amin’ireny sehatra ireny koa no hiaraha-mijery ireo paik’ady entina hiarovana ny varika sy ny tontolo fonenany. Izay no antony nahatonga ahy nandray anjara hatrany tamin’ireo fihaonana iraisam-pirenena nokarakarain’ny International Primatological Society.

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HDR- Primatologie outil de conservation Itinéraire scientifique Introduction générale

Qui oserait prétendre ne jamais avoir entendu ces mots : « Madagascar, sanctuaire de la nature » ? Quel ouvrage, quel reportage digne de ce nom traitant de l’extraordinaire biodiversité de notre île ne les a-t-il pas mentionnés ou tout au moins fortement suggérés ? Ceci est sans nul doute dû au taux d’endémicité élevé de cette faune et de cette flore tant et si bien que l’ensemble peut aisément se targuer d’être unique au monde.

Hélas, ces mots ont du mal à cacher la triste réalité que représente la disparition continue de la biodiversité à l’échelle de la planète. Les humains, même animés par les meilleures intentions du monde, ne peuvent s’empêcher de porter atteinte à cette précieuse richesse par le biais, par exemple, de la déforestation et autres méthodes soi-disant de production comme la culture sur brûlis. Madagascar est loin d’être épargné par ce fléau et ses caractéristiques spécifiques en ont fait un des « points brûlants » (ou « hotspots ») sur lesquels de grandes institutions portent désormais la majeure partie de leurs efforts de conservation (Mittermeier et al. 2010).

S’il existe une famille d’animaux qui symbolise la singularité de la biodiversité de Madagascar, ce serait bien celle des lémuriens. Issus d’un certain stade de l’évolution des primates, ils ont évolué de leur côté de manière à se démarquer complètement des autres membres de cet ordre dont ils sont désormais les uniques représentants vivants de cette évolution et endémiques à Madagascar dans leur totalité. Ils exercent ainsi un pouvoir attractif certain auprès des touristes dont un grand nombre vient visiter le pays avec le souhait de voir au moins les lémuriens dans leurs habitats naturels. Outre ce rôle économique indéniable, ces « habitants de la forêt » revendiquent celui d’ordre écologique et non moins important de disperseurs de graines et d’agents pollinisateurs, bref un rôle qui contribue au maintien de l’intégrité de la forêt.

C’est triste de le dire mais les lémuriens figurent malheureusement parmi les victimes de la dégradation de l’environnement naturel de Madagascar. La perte d’habitat et la chasse sont autant de jougs sous lesquels leur survie ne cesse de ployer et pour certaines espèces, cela frôlerait même la rupture. Il est encore plus malheureux de constater que les données sont insuffisantes en ce qui concerne 42% des espèces de lémuriens pour essayer de les sauvegarder. Cela s’explique en partie par l’insuffisance de journaux scientifiques dans lesquels les chercheurs pourraient publier les résultats de leurs recherches. Le manque de moyens pour faire les recherches est un fait indéniable mais cela rend la situation encore plus cynique et plus critique quand on n’a pas assez d’espace pour publier le trop peu de résultats que l’on a pu obtenir.

Car tout doit sortir des recherches. C’est à travers les recherches que nous nous permettons de dire que ces espèces sont en danger d’extinction. Et ce sont toujours les recherches qui pourront nous

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HDR- Primatologie outil de conservation Itinéraire scientifique guider dans la conservation de ces espèces. A condition que les résultats soient publiés. Si la terre labourée parle pour le paysan, les résultats publiés font la réputation du chercheur car ils témoignent de la qualité du travail effectué lors des recherches. Par ailleurs, en publiant les résultats de leurs recherches, les chercheurs apportent leur lot de travail dans le remplissage du grand vase de connaissances au service de l’Humanité. Ainsi, ces résultats peuvent désormais servir de références pour d’autres recherches ou encore à l’enseignement à prodiguer aux générations futures.

En effet, chaque génération a le devoir de transmettre du mieux qu’elle le peut la somme des connaissances acquises à la génération suivante, qui à son tour, l’aura sûrement augmentée tant en qualité qu’en volume. L’enseignement constitue le cadre normalisé et formalisé de cette transmission de connaissances intergénérationnelles et peut prendre diverses formes selon les objectifs et les résultats escomptés. Ainsi, à un stade supérieur dans le processus de l’éducation, il est préconisé que l’enseignement prenne la forme de l’encadrement afin que l’apprenant puisse avoir les coudées plus franches pour parfaire par lui-même sa formation sans que l’autorité ni l’ascendance de l’encadreur ne soit remises en question. Il va sans dire qu’une nation digne de ce nom se doit de se doter d’un enseignement hors pair pour assurer son capital intellectuel et culturel et, par extension, son avenir tout entier.

Dans une vision plus globale, les connaissances, surtout celles initiées et accouchées par les chercheurs, gagneraient à être partagées entre pairs ou autres collègues : ceci est d’autant plus vrai si ces derniers viennent d’horizons différents. De ce constat découle l’organisation des conférences, des symposiums et des ateliers internationaux. A l’issue de ces rencontres, les participants devraient s’ouvrir à d’autres perspectives ou tout au moins être confortés dans leur point de vue vis-à-vis de leurs recherches. Suivant le principe du clou qui chasse l’autre, les résultats publiés sont là pour être réfutés par ceux des recherches qu’ils auront suscitées de par leur publication. C’est à travers ce jeu de publication de résultats contradictoires que la Science, telle que l’Humanité se la forge, connaît paradoxalement ses avancées incommensurables.

Le partage des connaissances se fait également avec les communautés riveraines aux sites à conserver. La tendance actuelle en matière de conservation est de donner la part belle à ces communautés pour gérer de manière durable les ressources naturelles se trouvant dans leur terroir traditionnel. Cette gestion inclut l’identification des cibles de conservation, l’établissement de conventions locales de gouvernance des ressources naturelles, le contrôle de tout acte se passant dans le terroir, le suivi dit écologique participatif, et dans une certaine mesure l’administration de sanctions aux éventuels transgresseurs des dites conventions. Afin de pouvoir mener à bien leur mission, ces communautés doivent être au fait des résultats des dernières recherches effectuées. C’est ainsi que les chercheurs, les techniciens et le personnel des organismes d’appui ont pour devoir de traduire les résultats scientifiques en un langage accessible aux communautés locales de manière à ce que

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HDR- Primatologie outil de conservation Itinéraire scientifique l’information contenue soit aisément exploitable. Ce sera au prix de tous ces efforts de partage, d’échange, de persévérance, d’abnégation, de collaboration, de savoir être et de savoir faire que notre pays pourra sauvegarder ses précieuses richesses et s’offrir un avenir dénué de toute incertitude.

Ce manuscrit sera présenté en deux volumes dont le premier comprend cinq chapitres : ¾ Le premier chapitre abordera de manière succincte mon parcours scientifique, de mes premiers pas dans la recherche à ce jour. ¾ Pour entrer dans le vif du sujet, le deuxième chapitre montrera le déroulement de mes recherches sur la diversité des espèces de lémuriens - y compris celles qui ont récemment été découvertes - et leur distribution géographique. En second lieu, il développera les études portant sur les communautés de primates en relation avec leur écologie. En troisième lieu, ce chapitre mettra en exergue le régime alimentaire de certaines espèces et leur adaptation à la dégradation de l’habitat. ¾ Le troisième chapitre montrera plutôt mon implication dans l’encadrement montrera mon implication dans l’encadrement et la formation des etudiants et acteurs environnementaux ainsi que les différentes formations - théoriques et pratiques - qui leur sont offertes. ¾ La quatrième partie mettra l’accent sur les efforts que je tente de fournir pour élargir mes connaissances et favoriser les échanges de point de vue scientifique, que ce soit à l’échelle nationale ou sur le plan international. ¾ Enfin, le dernier chapitre me donnera l’occasion de mettre en exergue l’importance de l’éducation et de la conservation des lémuriens, animaux emblématiques de Madagascar, ainsi que mes perspectives pour les années à venir.

Le deuxième volume prend la forme d’annexes dans lesquelles se trouvent mon Curriculum vitae et des copies de nos articles d’ores et déjà publiés ou sous presse ainsi que les revues ou les différents livres rédigés.

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HDR- Primatologie outil de conservation Itinéraire scientifique

Chapitre I : Itinéraire scientifique

Devenir primatologue et conservateur n’est pas pour moi le fruit du hasard. C’est une passion qui a grandi en moi depuis ma tendre enfance, me menant avec grand succès dans mon travail d’aujourd’hui. En effet, j’ai grandi dans la capitale à Antananarivo, tout petit déjà, j’étais habitué à des animaux tels que les poules et les chats à la maison. La découverte fut quand mes parents m’ont amené visiter le parc de Tsimbazaza ; j’étais fasciné de voir les différents types de lémuriens qui mangeaient des bananes avec leurs mains qui ressemblaient à celles des humains, qui se caressaient et s’aimaient comme eux. En outre, les voir bondir avec habilité de branche en branche m’a fasciné. En même temps je me demandais, pourquoi les chats, les chiens ou même les lapins ne bondissaient pas ainsi dans les arbres, pourtant il y avait des ressemblances entre ces animaux. En ces instants, je ne savais pas et personne ne m’a d’ailleurs informé que ces lémuriens étaient endémiques à Madagascar. A l’école, on ne parlait que des éléphants, des lions, des ours et des girafes, des animaux qui n’existaient même pas à Madagascar, mais aucun mot sur les plantes et animaux de notre île.

Les jours et les années passèrent, quand vint l’entrée à l’université j’ai choisi délibérément la filière sciences naturelles en ce temps là moins « prestigieuse » par rapport à la médecine, en effet une personne qui effectuait une étude sur les lémuriens et y consacrait/gaspillait son temps était considérée comme un flâneur. Mon choix était loin d’être dû au fait d’une quelconque lacune de niveau pour d’autres opportunités, au contraire, j’étais surtout porté par une impérieuse vocation même si tous mes amis du lycée d’Andohalo avaient choisi la filière médecine. Les explications du Dr Haingoson Andriamihalison (Chef de Département du DPAB) lors des travaux pratiques de Paléontologie des Vertèbres m’ont subjugué quand j’étais encore son étudiant : l’importance et les corrélations entre les différentes formes des os, ou encore la relation entre les dents et le régime alimentaire.

ETUDES A MADAGASCAR (1987 – 1992)

Le moment venu où je dû arrêter mon choix de filière, je n’avais pas hésité un seul instant à choisir la Paléontologie et Anthropologie Biologique, que j’ai pu finir aisément et m’a amené là où je suis actuellement.

Dès les premières années dans ce département, j’ai essayé de comprendre les relations entre les possibles causes de disparition de certaines espèces de grande taille qui dataient de plusieurs centaines d’années même avant l’arrivée de l’homme à Madagascar. Mais jusqu’à maintenant mes connaissances restent théoriques, en effet je ne pratique pas encore des recherches sur terrain, malgré les occasions d’étudier les procédures de fouilles paléontoloqiques avec des chercheurs américains de

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HDR- Primatologie outil de conservation Itinéraire scientifique l’université de Duke, lors de leurs missions annuelles à Madagascar pour chercher des fossiles et subfossiles dans les endroits comme Ampasambazimba, Ankara, etc. Mais en juin 1989, j’ai participé à l’ expédition dans la grotte d’Ankarana dans le Nord, qui m’avait incité à visiter de nombreuses forêts, et développer les communications avec de nombreux chercheurs étrangers.

Mes études à l’université m’ont permis de savoir distinguer la spécificité des lémuriens des autres primates (ex : chez les lémuriens c’est la femelle qui est dominante, on ne distingue pas le phénomène de « dimorphisme sexuel » : une différence entre la taille d’un mâle et d’une femelle, comme chez les singes, chez les Promisiens /Lémuriens). Par ailleurs, d’autres questionnements m’amenèrent à me documenter à travers l’approfondissement de plusieurs livres et aussi à échanger avec les chercheurs qui sont venus dans le Parc de Ranomafana.

L’existence de différentes pressions (tavy, doro ala, etc.) m’ont convaincu sur la nécessité d’effectuer une étude directe sur les lémuriens vivants, dans l’objectif de les préserver du danger imminent, car les recherches sur les subfossiles pouvaient relativement attendre du fait qu’ils sont sous terre. C’est ainsi que je suis devenu primatologue et conservateur. Certains domaines que j’ai étudiés teles que la sociologie, l’anthropologie physique et nutritionnelle m’ont aussi aidé dans l’accomplissement de mes tâches et d’évoluer dans ma carrière. J’ai constaté ultérieurement que les chercheurs primatologues sont encore peu nombreux, alors que le milieu d’habitation des lémuriens est en passe d’être détruit, donc cela m’a orienté à m’investir également dans le domaine de la recherche. .

ETUDES AUX ETATS-UNIS D’AMERIQUE (1995-2002)

J’ai continué mes études à l’université de Stony Brook, New York. Elles m’ont forgé en tant que chercheur, et ont renforcé mes connaissances sur les primates grâce à la possibilité de consolidation de ma documentation, bref, une grande opportunité qui m’a permis de devenir un chercheur au niveau international sans minimiser pour autant la richesse des acquis à travers le fait de pouvoir assister aux sommets des chercheurs venant de plusieurs pays et de discuter avec eux. De plus, j’avais l’occasion de bénéficier des financements qui m’ont permis de revenir tous les ans aux sources à Madagascar, et d’y approfondir différentes recherches.

En 1995, j’ai effectué une étude sur la conservation des faunes et flores au Costa Rica. Aux Etats-Unis : j’ai étudié la gestion des espèces en captivité dans le zoo de Bronk durant un semestre, ensuite j’ai suivi une formation sur les techniques de soin des primates en captivité, avec des experts vétérinaires dans le zoo de Rhode Islands à New York, une formation qui, signalons au passage, était payante. J’ai aussi focalisé mes études sur la rédaction d’articles scientifiques et la demande de

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Bourses pour les recherches, ainsi que les statistiques biologiques qui étaient à mon avis un handicap de beaucoup d’étudiants et chercheurs malgaches. Parce que la lecture des articles scientifiques devrait faire partie de la vie quotidienne des chercheurs, je suis abonné à différents journaux scientifiques tels que the American Journal of Physical Anthropology, American Journal of Primatology, Animal Behavior, Conservation Biology, Bird Behaviour, Lemur News, etc. Dès mon retour à Madagascar, j’ai choisi la réserve de Manombo au Sud de Farafangana comme laboratoire vivant pour mes recherches et afin que je puisse trouver les réponses aux plusieurs questionnements.

ETUDE DE L’ECOLOGIE ET COMPORTEMENT DE VARECIA A MANOMBO (1997 – 2008)

J’ai étudié particulièrement Varecia, une espèce de lémurien qui était seulement bien observée dans un milieu non et/ou légèrement dégradé et en captivité, mais suite au passage du cyclone Gretelle en janvier 1997, j’ai décidé de trouver une stratégie d’adaptation de ces espèces dans un milieu hautement perturbé; pour ce faire j’avais besoin d’étudier le comportement des Varecia ainsi que l’écologie. J’ai écris et contribué à 14 publications sur le sujet. Réalisant la complémentarité incontournable entre l’étude des Varecia et la préhension de leur habitation et de la variation de leur nourriture, j’ai collaboré étroitement avec des botanistes écologistes : le Professeur Jeannoda Vololoniaina, le Docteur Rabarison Harison et le Docteur Roger Edmond à Manombo. Actuellement, je suis membre scientifique au sein du Groupe des Spécialistes des Plantes de Madagascar (GSPM).

Particulièrement, c’est une satisfaction personnelle d’avoir contribué à initier des recherches sur les lémuriens dans la forêt de Manombo et de constater que cela fait déjà 12 ans que les travaux de recherche s’y poursuivent. En effet, la forêt de Manombo était auparavant parmi les « sites orphelins », et qui a peu suscité l’intérêt des bailleurs et chercheurs, malgré sa richesse en espèces endémiques. . L’ouverture que j’ai optée de la suite de mes travaux au delà de Manombo et sur les communautés de lémuriens, depuis l’année 2000, m’a permis aisément de ne pas interrompre mes recherches, contrairement aux difficultés auxquelles sont parfois confrontés les chercheurs après leur thèse.

PARCOURS SCIENTIFIQUES AU SEIN DE DWCT (2002 – 2011)

De retour à Madagascar après mes études aux Etats-Unis, j’ai travaillé chez Durrell Wildlife Conservation Trust - Programme Madagascar, suite à la sollicitation du Docteur Lee Durrell auprès du

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Docteur Mary Pearl qui était le Directeur Executive de Wildlife Preservation Trust Etats-Unis. Cette dernière avait financé toutes les recherches que j’ai effectuées à Madagascar et elle avait l’intention de me léguer la direction du WPT Madagascar à mon retour au pays.

Même si un poste dans un zoo m’a été offert en Californie, c’était mon choix de revenir à Madagascar car je voulais continuer les travaux de recherches que j’avais déjà commencés. Ainsi, depuis le mois de juin 2002 jusqu’en mai 2009, j’étais Coordinateur Scientifique au sein de Durrell, un organisme de Conservation Britannique et qui a son siège à l’île de Jersey, et Madagascar est l’un de ses projets d’outre mer.

Le programme Madagascar de Durrell Wildlife Conservation Trust est organisé en un portefeuille de projets de conservation des espèces. Les actions de conservation en faveur d’espèces menacées d’extinction sont guidées par la recherche scientifique sur l’état de conservation, par l’étude de la biologie des petites populations et par le suivi écologique. Les objectifs suivants servent de cadre stratégique au DWCT Madagascar : ¾ Conserver les noyaux résidentiels d’espèces endémiques menacées d’extinction dans les zones humides et dans les forêts sèches;

¾ Elaborer et partager des mécanismes et des capacités pour la conservation des espèces dans les zones humides et les forêts sèches, notamment le suivi des espèces et la conservation communautaire ;

¾ Appuyer les autorités nationales dans la formulation de politique et de textes législatifs sur la conservation des espèces dans les zones humides et les forêts sèches.

Mon rôle consiste à organiser et superviser les travaux de recherches dans les 08 sites d’intervention de Durrell, sur la conservation des faunes endémiques.

En cohérence avec les objectifs de l’ONG, je ne me suis pas limité au niveau de recherche sur les lémuriens chez Durrell, mais j’ai commencé à élargir mes recherches sur les tortues sur lesquelles j’ai écris un article. De même ont été initiées des recherches sur les oiseaux, le rat géant sauteur (vositse), le petit carnivore (bokiboky) et les poissons.

Depuis le mois de mai 2009 jusqu’à maintenant, je suis devenu Responsable de Formation et de Conservation au sein de Durrell. Dans cette nouvelle fonction, j’ai aussi la responsabilité de partager les résultats de mes recherches aux riverains des aires protégées afin de protéger les espèces endémiques de l’extinction. De même, j’ai écris des articles sur la stratégie de Conservation avec les communautés locales. Le fait que Durrell possède 08 sites dans toute l’île constitue un avantage pour le développement sur terrain de mes recherches et me préserve à la fois des difficultés auxquelles sont

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HDR- Primatologie outil de conservation Itinéraire scientifique confrontés les chercheurs à Madagascar; ces derniers sont en effet astreints uniquement à enseigner à défaut de sites pour mener les recherches proprement dites.

PARCOURS SCIENTIFIQUES AU SEIN DU GERP (1994 – 2011)

Le Groupe d’Etude et des Recherches sur les Primates de Madagascar (GERP) est une association de conservation des lémuriens (Primate Group) fondée en 1994 à Madagascar. Le Professeur Rakotosamimanana Berthe a créé ce Malagasy Primate Group, suite au constat que Madagascar est le 2è pays après le Brésil possédant de nombreux primates, et je suis parmi les 08 membres fondateurs du GERP. Le Professeur Rakotosamimanana a lancé le défi de créer un institut de formation qui étudie les lémuriens, tout en formant des étudiants et chercheurs. Mais en 2003 pour des raisons sanitaires, le Professeur Rakotosamimanana m’a sollicité pour diriger GERP. Elle décédât en 2005, et je fus élu SG du GERP à l’élection de janvier 2006. Depuis mars 2005, je suis le représentant de Madagascar dans le comité d’édition du « International Journal of Primatology ».

Depuis 2006, je suis co-éditeur du journal Lemur News et j’incite aussi bien les chercheurs nationaux qu’internationaux à y publier des articles scientifiques sur les lémuriens de Madagascar. En 2007, j’ai émargé un contrat entre le GERP et la Société AMSA / DMSA / Sherritt en tant que superviseur du suivi écologique des lémuriens. Je participe également en tant que superviseur au comité scientifique dans les activités d’inventaire des lémuriens existants dans le site d’Ambatovy – Analamay et de sauvetage des lémuriens pendant les défrichements vers les zones forestières à proximité de leurs anciens territoires (zone de conservation et zone de refuge) ou bien de transfert des lémuriens dans le zoo (cas de transfert de l’Allocebus trichotis au PBZT) ou dans d’autres parcs (cas des Propithecus diadema à Andasibe).

Dans le cadre de programme de recherche au sein du GERP, j’ai initié l’établissement et la mise en œuvre du plan de conservation des lémuriens de la forêt de Makira. En effet, l’attribution par le GERP du nom de Microcebus macarthurii à une nouvelle espèce découverte dans la forêt de Makira en 2007, témoignait de la reconnaissance au dévouement de la Fondation MacArthur. En effet cette dernière a délibérément accepté la déposition d’un projet global du GERP pour la troisième phase sur la période 2011-2013. En outre, j’ai représenté le GERP, en tant que premier Responsable, auprès du Ministère de l’Environnement et des Forêts lorsque que ce dernier a mandaté le GERP comme Gestionnaire de la future Nouvelle Aire Protégée de Maromizaha. Par ailleurs, j’ai choisi le slogan « transférer les compétences nécessaires aux générations futures pour la préservation de la biodiversité » dont le programme des activités de recherche, d’éducation et de développement dépend.

En 2008, un contrat de restauration forestière d’une superficie de 150 ha à Maromizaha a été ratifié entre le GERP, le Ministère de l’Environnement et des Forêts et la Biocarbon found de la

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Banque Mondiale. En 2009, un accord de financement entre le GERP et le GEF/SGP/PNUD a été signé afin d’appuyer les activités alternatives au défrichement pour la conservation de la forêt de Maromizaha. Le contrat comporte trois composantes majeures, à savoir l’appui à la production agricole, le renforcement des capacités des associations (VOI Maromizaha, Association des femmes, Groupement des producteurs de piment et de miel) et l’appui à la gestion et à la préservation des ressources naturelles. Ainsi en l‘espace de deux ans, une amélioration des activités génératrices de revenus des communautés de base vivant aux alentours de la NAP Maromizaha était visible.

Aussi, j’ai accepté l’implantation des infrastructures de base tel que le centre de recherche à usage multiple, faisant partie des stratégies offertes par le plan de conservation de la biodiversité. Ce plan permet ainsi de réduire les menaces, de préserver les biens et services que l’écosystème fournit en diminuant les pressions anthropiques dans l’Aire Protégée de Makira et la Nouvelle Aire Protégée de Maromizaha. A part les utilisations courantes des centres pour la recherche scientifique, ils serviront également à la réalisation de différents travaux de conservation, au suivi écologique, à la campagne de sensibilisation et au maintien de la relation recherche-conservation et communauté.

Depuis fin 2008 et dans le cadre multidisciplinaire du Projet Varibolomavo proposé par The Aspinall Foundation (TAF), un accord de partenariat entre le GERP et le TAF a été établi dans l’objectif d’organiser de façon urgente une étude rapide mais approfondie de la distribution et de l’abondance de Prolemur simus dans la nature. En 2009, nous avons organisé deux études approfondies de zones vastes à savoir le Corridor Fandriana Vondrozo (COFAV) et le Corridor Ankeniheny Zahamena (CAZ) dans le but de localiser des groupes ou populations actuellement inconnus de Prolemur simus.

Depuis 2009, je me suis chargé de la conservation des sifakas, Propithecus coronatus de Dabolava, en partenariat avec notamment TAF, l’ONG Saha, le Pan-African Mining Madagascar (PAMM) et la communauté locale. Leur aire de distribution est très restreinte, les seules populations significatives connues survivent dans des îlots fragmentés de forêt sèche, coincés entre les rivières Betsiboka et Mahavavy dans le nord-ouest de Madagascar, à proximité de Mahajanga. Cependant, la découverte en mai 2009, d’un groupe de 6 sifakas couronnés à Dabolava dans le centre de Madagascar, à 450 Km au sud de Mahajanga à proximité de Miandrivazo, laisse penser que l’espèce était historiquement plus largement distribuée.

A la demande du WWF, je me suis également occupé de la mise à jour du site web http://entreprises-madagascar.com/mnp_08i/index.php du MNPs concernant les lémuriens qui existent en ce moment ; j’ai eu à certains moments à former les agents de MNPs et WCS de Masoala et Makira sur la méthode de collecte et analyse de données des lémuriens afin que ces derniers puissent se référer à un standard.

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PUBLIER OU PERIR « PUBLISH OR PERISH »

Publish or Perish est mon mot d’ordre car un chercheur qui ne publie pas les fruits de sa recherche manque à sa mission. D’où mes priorités focalisées sur la publication régulière d’articles scientifiques ainsi que l’investissement des cadres d’échanges nationaux et internationaux sur les lémuriens, il s’agit de participer/assister à des conférences, congrès, colloque, atelier. Voici quelques exemples où j’ai assuré la « Présidence » à des conférences internationales :

9 – 13 Avril 1996: Titre du Symposium: Feeding behaviour of Malagasy prosimians: New insights and patterns. Session 28A: IMPERIAL III & IV Organizer and Chair: ML Sauther, University of Colorado, Boulder, and J Ratsimbazafy, State University of New York, Stony Brook. American Journal of Physical Anthropology North Carolina, USA

10 – 14 Août 1998: Titre du Symposium: The effects of forest fragmentation and habitat disturbance on primate populations worldwide Organizer & Chair: Lisa Gould, Dept of Anthropology, Okanagan University College, BC Canada and Jonah Ratsimbazafy, Dept of Anthropology, SUNY at Stony Brook, Stony Brook, NY, USA XVIIth Congress of International Primatology Society Antananarivo, Madagascar

15 – 19 juillet 2007: Titre du Symposium: Prosimians 2007 International Congres Organizer: Judith Masters & Jonah Ratsimbazafy Ithala, South Africa

Au total, j’ai obtenu jusqu’à maintenant 80 résultats de recherche ; grâce à l’utilisation de la statistique, de la pratique de la langue anglaise mais aussi de ma collaboration avec les autres chercheurs, je peux ainsi quantifier ma réussite par les articles que j‘ai écrit, concernant différents groupes taxonomiques et différents domaines.

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AUTRES PARCOURS SCIENTIFIQUES

J’ai contribué également à d’autres domaines de la recherche. Entre 2006 et 2008, j’étais Vice- Président de la Conservation de l’International Primatological Society, le premier Malgache qui avait une responsabilité au sein de l’IPS. Je me suis occupé des deux bourses : Conservation grant et Martha Galante Award. Le Council board de l’IPS compte 6 Vice Présidents, qui assurent la notation et le choix de deux meilleurs étudiants qui participent au concours de poster et présentation. J’ai pris part à cette fonction à Entebbe (Uganda) et Edinburgh (UK). Par ailleurs, j’ai eu l’opportunité d’introduire quelques espèces de lémuriens dans la liste des 25 primates en voie de disparition dans le monde durant le congrès de l’IPS en Italie en 2004, en Entebbe en 2006, en Edinburgh en 2008, et à Kyoto en 2010.

En novembre 2009, j’étais sélectionné pour être membre d’IPS Lifetime Achievement Award Committee parmi les honorables primatologues :

Dr. Carel van Schaik Dr. Dorothy Fragaszy Dr. Elisabetta Visalberghi Dr. Jonah Ratsimbazafy Dr. Katherine Leighty Dr. Richard Wrangham

Il est important à mon avis d’être membre des associations/communautés scientifiques investies dans des travaux de recherches; voici les parcours que j’ai effectués :

Membre de Société Scientifique de: ¾ American Association of Physical Anthropologists

¾ International Society of Primatologists

¾ Society Conservation Biology

¾ Animal Behavior

¾ Groupe d’Etude et de Recherche sur les Primates de Madagascar (GERP) (Malagasy Primate Group).

¾ Madagasikara Ankizy Fund

¾ Madagascar Wildlife Conservation

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¾ International Journal of Primatology

¾ IUCN – SSC Primate Specialist Madagascar

¾ Parc Zoologique et Botanique de Tsimbazaza

Comité de Rédaction de : ¾ Madagascar Development and Conservation

¾ International Journal of Primatology

Conseil d’Administration de : ¾ ONG Madagasikara Voakajy

¾ Association Madagascar Wildlife Conservation

¾ Projet Ambatovy

¾ ONG Sadabe

¾ ONG Asity Madagascar

Conseil Technique de: ¾ Fondation Tany Meva

Je participe parfois également à des corrections d’articles (articles, revues) comme dans International Journal of Primatology, Oryx, Lemur News, Madagascar Conservation & Development, etc… J’ai aussi participé à des films documentaires sur la conservation de la biodiversité de Madagascar: ¾ Madagascar New Vision/Madagasikara fijery vaovao

¾ Lemurs of Madagascar en 2006 de l’AMNH

¾ Madagascar Crossroads

¾ Vue de Ciel : Madagascar 2008 (RT5)

Lors d’interview ou en tant qu’invité à des émissions télévisées et à la radio nationale et des radios privées, j’ai pu entre autres présenter le résultat de mes recherches : émission Savaravina en mars 2008, l’émission Fivoy, etc. En outre, je suis l’un des auteurs du livre 2è et 3è éditions du livre

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« Lemurs of Madagascar » en 2006 et 2010, ainsi que de magazines et livres sur Madagascar publiés à l’étranger (Voir Curriculum Vitae). Sur le plan international, j’ai obtenu plusieurs gratifications pour les recherches que j’ai effectuées :

Bourses pour Etudes et Recherches & Prix Primate Conservation Inc (1996, 1997, 1998, 1999) Brookfield Zoo (1997) Wildlife Conservation Society (1998) Wildlife Trust (1997, 1998, 1999, 2000, 2001) Rockefeller Foundation (1999) Wenner-Gren Foundation (1997, 2000, 2001, 2002) Madeline Fusco Award (2002) IPS Martha J. Galante Award (2002) Earthwatch Institute (2004, 2005, 2006, 2007, 2008) EFN-WWF fellowship (2004, 2010) Eartwatch Young Scientist Award (2004) IPS Training Conservation Program (2006) Conservation International (2006, 2008) Rufford Small Grants (2008) Le Professeur Berthe Rakotosamimanana, qui a crée le département Paléontologie et Anthropologie Biologique de l’Université d’Antananarivo, ainsi que le Professeur Patricia Wright, mon enseignant superviseur à SUNY Stony Brook, et en même temps Directeur Exécutive d’ICTE, le Président de la Conservation International Docteur Russell Mittermeier, et le Directeur honoraire de Durrell Wildlife Conservation Trust Docteur Lee Durrell m’ont formé et même façonné dans le monde de la recherche, et je ne serais pas arrivé à ma place actuelle « un chercheur reconnu sur le plan international » sans leurs aides précieuses.

Sans oublier mes chers parents et ma famille qui m’ont soutenu et mis en moi toute leur confiance. Ils sont une source de motivation qui m’a apporté beaucoup d’énergie pour affronter les différents obstacles. La lecture des livres scientifiques est devenu une passion pour moi d’où l’idée de créer une bibliothèque ouverte à tous et à chacun, à des personnes qui sont prêtes à s’investir dans la recherche; c’est aussi mon lieu de discussion scientifique avec les étudiants que j’encadre pour leurs thèses. En un mot, la création de cette bibliothèque est l’accomplissement de mon rêve.

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HDR- Primatologie outil de conservation Recherche sur les lémuriens

Chapitre II : Recherche sur les Lémuriens

A- DIVERSITE ET TAXONOMIE

En tant que Primatologue de formation, j’ai participé à la révision taxonomique des lémuriens de Madagascar tant pour la seconde que la troisième éditions de « Lemurs of Madagascar ». De nos jours, le développement de la cytogénétique et de la génétique moléculaire a permis aux Primatologues, réunis à l'atelier sis à Orlando en 2000 et ce jusqu’au mois, de septembre 2008 de décrire 39 nouvelles espèces et de ressusciter 9 autres taxa, déterminant le nombre total de taxa reconnus à 100 espèces de lémuriens. En effet, un atelier intitulé « Primate Taxonomy for the New Millennium, » ou Taxonomie des Primates pour le nouveau millénaire, organisé par l'IUCN/SSC Primate Specialist Group (PSG), le Centre pour la Recherche de l'Environnement et Conservation (CERC) à l’Université de Columbia, la Conservation Internationale, et la Margot Marsh Fondation Biodiversity, s’est tenu à l'Institut Disney d’Orlando, en Floride, du 25 au 29 février 2000 et a permis de fournir plus d’éclaircissements sur la base de la diversité, de la taxonomie et de la distribution de tous les primates en tenant compte de la conservation.

Les objectifs principaux étaient non seulement d’établir une liste de taxa des Primates reconnus comme la base de la future action de conservation mais aussi de profiter de la présence d'experts pour revoir le statut de conservation de tous les Primates sur la Liste Rouge de l'IUCN. De nombreux taxa de lémuriens à Madagascar ont été exposés grâce aux efforts déployés par des Primatologues nationaux et internationaux.

La morphologie, la cytogénétique et la génétique moléculaire ont subi quelques changements majeurs qui se répercutent aussi bien dans notre compréhension de la diversité, de la phylogénétique, et de la systématique des lémuriens (Fausser et al. 2002; Mayor et al. 2004; Ravoarimanana, 2001; Rumpler, 2000, 2004), que dans l'identification de nombreuses nouvelles espèces (Andriaholinirina et al., 2006a ; Andriantompohavana et al. 2006, 2007 ; Craul et al. 2007 ; Groves & Tattersall, 1991 ; Groves, 2000, 2001, 2005, 2007 ; Groves & Helgen 2007 ; Kappeler et al. 2005 ; Lei et al. 2008 ; Louis et al. 2006a, b ; Olivieri et al. 2007 ; Rabarivola et al. 2006 ; Radespiel et al. 2008 ; Rasoloarison et al. 2000 ; Rylands et al. 2002 ; Thalmann & Geissmann 2000, 2005 ; Zaramody et al. 2006 ; Zimmermann et al. 1998).

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HDR- Primatologie outil de conservation Recherche sur les lémuriens

Cette révision taxonomique nous apporte une meilleure compréhension de la diversité des lémuriens à Madagascar et de leurs gammes courantes et passées. En 1962, J.-J. Petter a proposé un tableau systématique composé de 3 familles, 2 sous familles, 11 genres, et 40 espèces et sous espèces, en se basant uniquement sur la morphologie (cf. Tableau 1).

Systématique des lémuriens malgaches selon Peter (1962) Famille des Lemuridae

Sous-famille des Cheirogaleinae

1. Microcebus murinus murinus

2. Microcebus murinus smithii

3. Microcebus coquereli

4. Cheirogaleus major major

5. Cheirogaleus major crossleyi

6. Cheirogaleus medius medius

7. Cheirogaleus medius samati

8. Cheirogaleus trichotis

9. Phaner furcifer

Sous-famille des Lemurinae 10. Lepilemur mustelinus

11. Lepilemur ruficaudatus ruficaudatus

12. Lepilemur ruficaudatus leucopus

13. Varecia variegatus variegatus

14. Varecia variegatus ruber

15. Varecia variegatus subsinctus

16. Varecia variegatus editorium

17. Lemur macaco macaco

18. Lemur macaco flavifrons

19. Lemur macaco sanfordi

20. Lemur macaco albifrons

21. Lemur macaco fulvus

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22. Lemur macaco collaris

23. Lemur macaco rufus

24. Lemur macaco mayottensis

25. Lemur mongoz mongoz

26. Lemur mongoz coronatus

27. Lemur catta

28. Lemur rubriventer

29. Hapalemur griseus griseus

30. Hapalemur olivaceus

31. Hapalemur simus

Famille des Indridae 32. Indri indri 33. Propithecus verreauxi verreauxi 34. Propithecus verreauxi majori 35. Propithecus verreauxi deckenii 36. Propithecus verreauxi coronatus 37. Propithecus verreauxi coquereli 38. Avahi laniger laniger 39. Avahi laniger occidentalis

Famille des Daubentoniidae 40. Daubentonia madagascariensis

Suite à plusieurs études phylogénétiques, nous nous apercevons que le nombre d’espèces de lémuriens ne cesse d’augmenter. Une liste taxonomique des lémuriens a été décrite dans le Tableau 2 avec les premiers arrangements taxonomiques de Mittermeier et al. (1994). Cette liste regroupe 5 familles, 15 genres et 49 espèces et sous espèces. Goodman et al. (2003) a par la suite proposé une classification avec5 familles, 15 genres et 60 espèces et sous espèces. Puis, Groves (2005) a reconnu 5 familles, 15 genres et 63 espèces et sous espèces. Plus tard, Mittermeier et al. (2008) ont classé 5 familles, 15 genres et 99 espèces et sous-espèces, avant de reconnaître finalement (Mittermeier et al. 2010) 5 familles, 15 genres et 101 espèces et sous-espèces.

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Tableau 1 ; Comparaison des taxa de lémuriens malgaches de Mittermeier et al. (2010) par rapport à Mittermeier et al. (1994), Goodman et al. (2003), Groves (2005), Mittermeier et al. (2008). Mittermeier et al. (1994) Goodman et al. (2003) Groves (2005) Mittermeier et al. (2008) Mittermeier et al. (2010) Famille des Cheirogaleidae 1. Microcebus murinus 1. Microcebus murinus 1. Microcebus murinus 1. Microcebus murinus 1. Microcebus murinus 2. M. rufus 2. M. rufus 2. M. rufus 2. M. rufus 2. M. rufus 3. M. sambiranensis 3. M. sambiranensis 3. M. myoxinus 3. M. myoxinus 4. M. tavaratra 4. M. tavaratra 4. M. griseorufus 4. M. griseorufus 5. M. ravelobensis 5. M. ravelobensis 6. M. berthae 6. M. berthae 7. M. sambiranensis 7. M. sambiranensis 8. M. tavaratra 8. M. tavaratra 9. M. lehilahytsara 9. M. lehilahytsara 10. M. jollyae 10. M. jollyae 11. M. mittermeieri 11. M. mittermeieri 12. M. simmonsi 12. M. simmonsi 13. M. mamiratra 13. M. mamiratra 14. M. danfossi 14. M. danfossi 15. M. bongolavensis 15. M. bongolavensis 16. M. macarthurii 16. M. macarthurii 17. M arnholdi 18. M. margotmarshae 3. Mirza coquereli 5. Mirza coquereli 5. Mirza coquereli 17. Mirza coquereli 19. Mirza coquereli 18. Mirza zaza 20. Mirza zaza 4. Allocebus trichotis 6. Allocebus trichotis 6. Allocebus trichotis 19. Allocebus trichotis 21. Allocebus trichotis 5. Cheirogaleus medius 7. Cheirogaleus medius 7. Cheirogaleus medius 20. Cheirogaleus medius 22. Cheirogaleus medius 8. C. adipicaudatus 8. C. adipicaudatus 21. C. adipicaudatus 6. C. major 9. C. major 9. C. major 22. C. major 23. C. major 10. C. crossleyi 10. C. crossleyi 23. C. crossleyi 24. C. crossleyi

Tableau 1 (suite) : Mittermeier et al. (1994) Goodman et al. (2003) Groves (2005) Mittermeier et al. (2008) Mittermeier et al. (2010) 11. C. sibreei 11. C. sibreei 24. C. sibreei 25. C. sibreei 12. C. ravus 12. C. ravus 25. C. ravus 26. C. ravus 13. C. minusculus 13. C. minusculus 26. C. minusculus 7. Phaner furcifer furcifer 14. Phaner furcifer 14. Phaner furcifer 27. Phaner furcifer 27. Phaner furcifer 8. P. furcifer pallescens 15. P. pallescens 15. P. pallescens 28. P. pallescens 28. P. pallescens 9. P. furcifer parienti 16. P. parienti 16. P. parienti 29. P. parienti 29. P. parienti 10. P. furcifer electromontis 17. P. electromontis 17. P. electromontis 30. P. electromontis 30. P. electromontis Famille des Lemuridae 11. Lemur catta 18. Lemur catta 18. Lemur catta 31. Lemur catta 31. Lemur catta 12. Eulemur fulvus fulvus 19. Eulemur fulvus fulvus 19. Eulemur fulvus 32. Eulemur fulvus 32. Eulemur fulvus 13. E. fulvus sanfordi 20. E. fulvus sanfordi 20. E. sanfordi 33. E. sanfordi 33. E. sanfordi 14. E. fulvus albifrons 21. E. fulvus albifrons 21. E. albifrons 34. E. albifrons 34. E. albifrons 15. E. fulvus rufus 22. E. fulvus rufus 22. E. rufus 35. E. rufus 35. E. rufus 36. E. rufifrons 36. E. rufifrons 23. E. cinereiceps 16. E. fulvus collaris 23. E. fulvus collaris 24. E. collaris 37. E. collaris 37. E. collaris 17. E. fulvus albocollaris 24. E. fulvus albocollaris 25. E. albocollaris 38. E. cinereiceps 38. E. cinereiceps 18. E. macaco macaco 25. E. macaco macaco 26. E. macaco macaco 39. E. macaco 39. E. macaco 19. E. macaco flavifrons 26. E. macaco flavifrons 27. E. macaco flavifrons 40. E. flavifrons 40. E. flavifrons 20. E. coronatus 27. E. coronatus 28. E. coronatus 41. E. coronatus 41. E. coronatus 21. E. rubriventer 28. E. rubriventer 29. E. rubriventer 42. E. rubriventer 42. E. rubriventer 22. E. mongoz 29. E. mongoz 30. E. mongoz 43. E. mongoz 43. E. mongoz 23. Hapalemus griseus griseus 30. Hapalemus griseus griseus 31. Hapalemus griseus griseus 44. Hapalemur griseus 44. Hapalemur griseus 31. H. g. meridionalis 32. H. g. meridionalis 45. H. meridionalis 45. H. meridionalis 46. H. gilberti 46. H. gilberti 24. H. griseus alaotrensis 32. H. griseus alaotrensis 33. H. alaotrensis 47. H. alaotrensis 47. H. alaotrensis 25. H. aureus 33. H. aureus 34. H. aureus 48. H. aureus 48. H. aureus 26. H. griseus occidentalis 34. H. occidentalis 35. H. occidentalis 49. H. occidentalis 49. H. occidentalis 27. Hapalemur simus 35. Hapalemur simus 36. Prolemur simus 50. Prolemur simus 50. Prolemur simus 28. Varecia variegata variegata 36. Varecia variegata variegata 37. Varecia variegata variegata 51. Varecia variegata variegata 51. Varecia variegata variegata

Tableau 1 (suite) Mittermeier et al. (1994) Goodman et al. (2003) Groves (2005) Mittermeier et al. (2008) Mittermeier et al. (2010) 38. V. v. editorum 52. V. v. editorum 52. V. v. editorum 39. V. v. subcincta 53. V. v. subcincta 53. V. v. subcincta 29. V. v. rubra 37. V. v. rubra 40. V. rubra 54. V. rubra 54. V. rubra Famille des Megaladapidae Famille des Lepilemuridae 30. Lepilemur mustelinus 38. Lepilemur mustelinus 41. Lepilemur mustelinus 55. Lepilemur mustelinus 55. Lepilemur mustelinus 31. L. microdon 39. L. microdon 42. L. microdon 56. L. microdon 56. L. microdon 32. L. leucopus 40. L. leucopus 43. L. leucopus 57. L. leucopus 57. L. leucopus 33. L. ruficaudatus 41. L. ruficaudatus 44. L. ruficaudatus 58. L. ruficaudatus 58. L. ruficaudatus 34. L. edwardsi 42. L. edwardsi 45. L. edwardsi 59. L. edwardsi 59. L. edwardsi 35. L. dorsalis 43. L. dorsalis 46. L. dorsalis 60. L. dorsalis 60. L. dorsalis 36. L. septentrionalis 44. L. septentrionalis 47. L. septentrionalis 61. L. septentrionalis 61. L. septentrionalis 45. L. ankaranensis 48. L. ankaranensis 62. L. ankaranensis 62. L. ankaranensis 63. L. aeeclis 63. L. aeeclis 64. L. randrianasoli 64. L. randrianasoli 65. L. sahamalazensis 65. L. sahamalazensis 66. L. mittermeieri 66. L. mittermeieri 67. L. ahmansoni 67. L. ahmansoni 68. L. betsileo 68. L. betsileo 69. L. fleuretae 69. L. fleuretae 70. L. grewcocki 70. L. grewcocki 71. L. hubbardi 71. L. hubbardi 72. L. jamesi 72. L. jamesi 73. L. milanoii 73. L. milanoii 74. L. petteri 74. L. petteri 75. L. seali 75. L. seali 76. L. tymerlachsoni 76. L. tymerlachsoni 77. L. wrighti 77. L. wrighti 78. L. otto 78. L. otto 79. L. hollandorum 79. L. scottorum 80. L. scottorum

Tableau 1. (suite) Mittermeier et al. (1994) Goodman et al. (2003) Groves (2005) Mittermeier et al. (2008) Mittermeier et al. (2010) Famille des Indriidae 37. Indri indri 46. Indri indri 49. Indri indri indri 80. Indri indri 81. Indri indri 50. I. i. variegatus 38. Avahi laniger 47. Avahi laniger 51. Avahi laniger 81. Avahi laniger 82. Avahi laniger 39. A. occidentalis 48. A. occidentalis 52. A. occidentalis 82. A. occidentalis 83. A. occidentalis 49. A. unicolor 53. A. unicolor 83. A. unicolor 84. A. unicolor 84. A. cleesei 85. A. cleesei 85. A. peyrierasi 86. A. peyrierasi 86. A. meridionalis 87. A. meridionalis 87. A. ramanantsoavani 88. A. ramanantsoavani 88. A. betsileo 89. A. betsileo 89. A. mooreorum 90. A. mooreorum 40. Propithecus diadema diadema 50. Propithecus diadema diadema 54. Propithecus diadema diadema 90. Propithecus diadema 91. Propithecus diadema 41. P. d. candidus 51. P. d. candidus 55. P. d. candidus 91. P. candidus 92. P. candidus 42. P. d. edwardsi 52. P. d. edwardsi 56. P. edwardsi 92. P. edwardsi 93. P. edwardsi 43. P. d. perrieri 53. P. d. perrieri 57. P. perrieri 93. P. perrieri 94. P. perrieri 44. P. v. verrreauxi 54. P. v. verrreauxi 58. P. verreauxi 94. P. verreauxi 95. P. verreauxi 45. P. v. deckenii 55. P. v. deckenii 59. P. deckenii deckenii 95. P. deckenii 96. P. deckenii 46. P. v. coronatus 56. P. v. coronatus 60. P. deckenii coronatus 96. P. coronatus 97. P. coronatus 47. P. v. coquereli 57. P. v. coquereli 61. P. coquereli 97. P. coquereli 98. P. coquereli 48. P. tattersalli 58. P. tattersalli 62. P. tattersalli 98. P. tattersalli 99. P. tattersalli Famille des Daubentoniidae 49. Daubentonia madagascariensis 59. Daubentonia madagascariensis 63. Daubentonia madagascariensis 99. Daubentonia madagascariensis 100. Daubentonia madagascariensis

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Etude de cas (exemples)

- Diversité des Microcebus spp.

En 2007, j’ai contribué à l’étude de la « Diversité exceptionnelle de Microcèbe (Microcebus spp.) dans la Nouvelle Aire Protégée de Makira. Il a été décrit une nouvelle espèce de Microcebus sp. au nord-est de Madagascar, dans la région de Makira (Carte 1, région grise).

Carte 1 : Les sites d’étude et les espèces décrites dans les analyses phylogénétiques.

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Nous avons constaté que deux espèces de Microcèbes peuvent se reproduire au sein d’une même région donnée (Radespiel, 2006). Nous supposons que de grandes rivières (450 m de large et 20 km de long) et des montagnes centrales auraient agi comme barrières topographiques, et auraient ainsi favorisé la spéciation dans un paléoenvironnement de Pléistocène (Craul et al. 2007 ; Martin, 1995 ; Olivieri et al. 2007 ; Wilme´ et al. 2006). Les Microcèbes sont des espèces nocturnes typiques (Radespiel, 2006) de petite taille (30-65 g). Les données sur cette espèce de Microcebus sp. présente à l'est ont permis d’améliorer les données d’ores et déjà disponibles sur la distribution de l'espèce présente à l'ouest et au nord-ouest (Andriantompohavana et al. 2006 ; Kappeler et al. 2005 ; Louis et al. 2006b ; Olivieri et al. 2007 ; Rasoloarison et al. 2000), bien que les montagnes soient plus proéminentes à l’est, et en dépit de la présence de grandes rivières à l’ouest.

Le but de cette étude était d’explorer la diversité des Microcèbes dans une région peu fréquentée de Madagascar, la région de Makira située entre : S 14°34’67.3’’ latitude Nord et S 15°51’76.0’’ latitude Sud et E 050°00’34.1’’ longitude Est et E 048°56’96.7’’ longitude Ouest. Cette région est incluse dans le plus grand bloc, relié à des complexes de montagnes couvertes de forêt tropicale d’une superficie de 376 156 ha (Société de la Conservation de la Faune, 2004). La partie nord de la région de Makira appartient à la Réserve Spéciale d’Anjanaharibe-Sud où le Microcebus mittermeieri se reproduit (Louis et al. 2006b). Plusieurs grandes rivières, voire des montagnes de l'est, divisent le paysage du sud de cette réserve (Craul et al. 2008), et pourraient agir potentiellement comme barrières de l'espèce. D'après les données disponibles jusqu'à aujourd’hui, l'espèce avoisinante de M. mittermeieri au sud est M. simmonsi, dont la localité au nord (Tampolo) se situe à 250 km plus au sud de la Réserve Spéciale d’Anjanaharibe-Sud. Plus de sept grandes rivières circulent entre ces deux sites. Le sud de la rivière de la Réserve Spéciale d’Anjanaharibe sud est la Rivière d’Antainambalana est. Au cours de cette étude, trois sites différents ont été prospectés vers le sud de cette rivière afin de déterminer la diversité du Microcèbe.

Les résultats de cette étude mettent en évidence la présence de trois espèces de Microcèbes dans la région de Makira: deux d’entre elles sont d’ores et déjà connues. La majorité des individus capturés ressemblent au M. mittermeieri de la Réserve Spéciale Anjanaharibe sud et, par conséquent, peuvent être assignés à cette espèce. Cependant, deux lignées génétiquement distinctes ont été identifiées. Plus loin, ils sont également génétiquement distincts de l'un à l'autre, bien qu'ils aient formé conjointement un clade monophylétique dans tous les arbres phylogénétiques. La distance génétique entre ces deux nouveaux groupes et espèces précédemment décrites se situe bien dans la gamme d'autres paires de l'espèce. Par conséquent, il devrait être conclu que ces quatre individus n’appartiennent pas à une espèce exposée précédemment, mais à deux nouvelles espèces qui seront décrites par la suite (Microcebus sp. nova 2 5, M. macarthurii). L'autre espèce (Microcebus sp. nova 3) a simplement été proposée en raison d’un échantillonnage trop faible et d’un manque en matière photographique.

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Figure 1 : Phylogramme de Microcebus spp. caractérisé par de nouveaux alignements de gènes.

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Cependant, les données disponibles indiquent que les deux nouvelles espèces appartiennent au groupe des Microcèbes. A plus grande distance, ells sont assez distinctes, de plus petite taille comparée à M. mittermeieri, et plus légères que leur congénère sympatrique. De façon intéressante, le M. mittermeieri est phylogénétiquement proche de quatre autres espèces de Microcèbes de petite taille, M. myoxinus, M. berthae, M. lehilahytsara et M. rufus. Il est donc possible que la petite dimension du corps constitue une homologie : c’est probablement une espèce sœur (Louis et al. 2006b).

Photo 1 : Microcebus macarthurii à gauche et M. mittermeieri à droite

En 2009, j’ai participé à l’étude des Microcèbes dans la forêt de basse altitude de Sahafina de la région de Brickaville (Carte 2). La capture de 13 individus de Microcebus sp. a été menée au mois de juin 2010. Les analyses cytogénétiques ont été assurées par le laboratoire de l’Institut de Zoologie de l’Université de Médecine Vétérinaire d’Hanovre. La fragmentation de cette forêt qui constitue une barrière écologique a favorisé la spéciation de ces espèces de Microcèbes. Morphologiquement, elle est confondue aux autres espèces de Microcèbes ; cependant, l’étude de génétique moléculaire révèle sa spécificité. Son phylogramme est en cours de publication sous presse et la diversité des espèces de Microcebus se multiplie.

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Carte 2 : La forêt de Sahafina (Brickaville) où se trouve une nouvelle espèce de Microcebus sp.

Les analyses cytogénétiques des spécimens de poils et de tissus révèlent récemment la découverte d’une nouvelle espèce de Microcebus sp. (Photo 2).

Photo 2 : Microcebus sp. de la forêt de Sahafina (Brickaville).

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Source : Iñaki Relaňzon Photo 3 : Un couple de Eulemur cinereiceps [male (à gauche) et femelle (à droite)]

De 2004 à 2008, j’ai contribué à l’étude taxonomique du lémurien à tête gris (Eulemur cinereiceps). Auparavant, il était apparenté au lémurien brun (Eulemur spp.), en particulier voisin du lémurien à collier (E. collaris). Ce taxon était récemment classé au sein d’une sous-espèce de Eulemur fulvus (Mittermeier et al. 1994 ; Pastorini et al. 2000 ; Tattersall, 1982). Cependant, l’étude cytogénétique, les analyses génétiques moléculaires et la stérilité du croisement des lémuriens à collier ont révisé le statut de l’espèce (Djletati et al. 1997 ; Wyner et al. 1999). Le nom octroyé à partir des dessins dans Milne-Edwards et Grandidier (1890) a été appliqué aux spécimens du musée de la côte du sud-est de Farafangana par Schwarz (1931) et Groves (1974). Ce nom a aussi été utilisé pour les lémuriens “à collier blanc”, spécimens du sud-est de Madagascar, pour les distinguer de Eulemur collaris. Par la suite, Rumpler (1975) a fait une distinction semblable basée sur les caryotypes mais a vraisemblablement adopté le synonyme de Eulemur albocollaris ou “lémurien blanc à frettes”. La dernière nomenclature a été proposée par Tattersall (1979, 1982) et coll., et a prédominé dans la littérature. Il a été suggéré plus tard que Eulemur cinereiceps et les Eulemur albocollaris pouvaient constituer un taxon séparé (Groves, 2001 ; Mittermeier et al. 2006).

Les Prosimiens actuels de Madagascar comprennent 5 familles : Cheirogaleidae, Lepilemuridae, Lemuridae, Indriidae, et Daubentoniidae. Ils constituent une biodiversité exceptionnelle pour une île de 587,000 km2 seulement.

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B- ECOLOGIE DES COMMUNAUTES DE LEMURIENS

Dans ce chapitre, j’essaierai de présenter/discuter quelques interprétations sur la différence de biomasse des communautés de lémuriens dans les parties ouest et est de Madagascar.

En 1999, nous avons publié un article sur les communautés de lémuriens (Jörg U. Ganzhorn, Patricia C. Wright, Jonah Ratsimbazafy, 1999). D’une manière générale, nous avons constaté que la distribution des espèces de lémuriens est fonction de la distribution du type de végétation. Les communautés de lémuriens des forêts sèches se distinguent donc clairement de celles des forêts humides (Richard & Dewar, 1991).

Carte 3. Types de végétation à Madagascar et similarité dans la composition des espèces de lémuriens (Ganzhorn, sous presse). Les forêts humides se trouvent essentiellement à l’est et les forêts sèches à l’ouest et dans le sud.

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Toutefois, la relation entre les espèces existantes et la flore spécifique ne s’applique pas à toutes les espèces de lémuriens. On retrouve le lémurien à fourche (Phaner furcifer) et l’avahi laineux (Avahi laniger) aussi bien dans les forêts humides de l’est que dans la forêt sèche caduque de l’ouest ; ce qui signifie que pour certaines espèces la distribution actuelle ne reflète pas exclusivement leur adaptation à des formations végétales spécifiques ; elle serait plutôt le résultat de processus de colonisation et d’extinction historiques.

Il est difficile de reconstruire les processus biogéographiques historiques : le débat à ce sujet reste encore ouvert aujourd’hui (Martin, 1972 ; Tattersall, 1982 ; Thalmann & Rakotoarison, 1994 ; Ganzhorn, 1998). Cette difficulté résulte en partie du degré élevé de fragmentation forestière, des changements majeurs d’origine anthropique survenus dans un passé récent, du peu de connaissance sur les distributions précises des lémuriens et d’interprétations collectées sur les changements survenus dans la couverture forestière au cours du Pléistocène (Burney, 1997).

Même si nous ne nous préoccupons pas des processus historiques, les communautés de lémuriens actuelles des forêts humides de l’est et sèches de l’ouest présentent des caractéristiques distinctes qui demandent des explications : 1. les forêts humides de l’est comptent un plus grand nombre d’espèces que les forêts sèches caduques de l’ouest. 2. les forêts humides abritent plus d’espèces diurnes et cathémérales que les forêts sèches. 3. la seule espèce essentiellement frugivore (Varecia variegata) et les hapalémurs mangeurs de bambou (Hapalemur spp.) se trouvent uniquement à l’est avec notamment une population isolée de H. griseus dans le Bemaraha). Au contraire, nous retrouvons couramment Phaner furcifer, qui se nourrit essentiellement de résine dans l’ouest. Cette espèce ne se trouve cependant que dans quelques sites de forêt humide sempervirente. Mirza coquereli, une espèce omnivore/prédatrice, est largement répandue dans les forêts sèches et sempervirentes de l’ouest, mais ne se retrouve nulle part dans l’est. 4. Les forêts sèches présentent des densités de lémuriens plus élevées que les forêts humides. 5. En dépit du nombre élevé d’espèces retrouvées dans les forêts humides, celles-ci présentent une biomasse générale plus faible que dans les forêts sèches.

B -1. Le nombre d'espèces de lémuriens par communauté Suite à l’analyse des différents sites de Madagascar, nous avons pu déduire de nos résultats que les sites à l’Est abritent entre 2 et 13 espèces de lémuriens (médiane = 9,5 ; quartiles, 6 à 11 espèces ; n = 16). En revanche, les huit communautés de la forêt caducifoliée comprennent entre 4 et 8 espèces, avec une médiane de 5,5 espèces (quartiles : 5 à 7) (voir aussi Tableau 3). En dehors de la structure taxonomique au sein d’une communauté donnée, il existe plusieurs régularités dans le nombre d’espèces

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de lémuriens ainsi que dans la densité de leurs populations. Premièrement, le nombre d'espèces de lémuriens augmente avec la richesse floristique des espèces d’arbres en relation elle-même avec les précipitations annuelles (Figure 2 : Ganzhorn et al. 1997 ; Reed & Fleagle, 1995). Cette corrélation est compatible avec l'idée qu’une hétérogénéité accrue de l'habitat fournit un plus grand nombre d'options avec lesquelles les lémuriens peuvent se spécialiser de manière à éviter la compétition inter-espèces. Les ressources potentielles pour une utilisation différentielle sont axées sur la nourriture, l'habitat et la diversification des niches temporelles (Ganzhorn et al. 1997 ; Reed & Fleagle, 1995). Avec une diversité d’habitat encore plus élevée, il est probable que les ressources essentielles soient « diluées » par des composants qui ne peuvent pas être utilisés. En effet, dans une forêt sèche caducifoliée contigüe, les lémuriens se trouvent plus fréquemment dans des micro-habitats où la richesse des espèces d’arbres est relativement élevée si la forêt environnante ne possède que peu d’espèces d’arbres. Cependant, si les animaux se trouvent au sein d’un bloc forestier très riche en espèces d’arbres (Ganzhorn et al.1997), ils préfèrent les micro-habitats avec un nombre relativement faible d’espèces d’arbres. Cette relation entre la richesse des espèces de consommateur et la diversité des ressources se rapproche fortement de la relation des rongeurs avec leurs ressources dans le désert d'Israël (Abramsky & Rosenzweig, 1984). Par conséquent, dans des zones où la flore est très diverse, la densité des espèces de consommateurs pourrait décliner, mais pas nécessairement. A petite échelle, le nombre d’espèces par unité de surface et par unité de temps d’étude diminue (Ganzhorn et al. 1997 ; Kay et al. 1997).

ha par 0.1 d’arbre Nombre d’espèces

Nombre d’espèces de lémuriens

Précipitation [mm] Figure 2: Nombre d'espèces de lémuriens et nombre d’espèces d’arbre par 0.1 l'ha de plots (étendu de Ganzhorn et al. 1997) en fonction de la précipitation annuelle, d’après les données de Hawkins (1994), Goodman (1996a), Ratsimbazafy & Wright (données non-publiées). Les cercles représentent les valeurs pour les espèces d'arbres ; les triangles noirs sont les valeurs pour les espèces de lémuriens.

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Nous avons présenté les espèces de lémuriens diurnes, cathémérales et nocturnes dans le Tableau 2. Celles-ci diffèrent de l'est à l'ouest. Notons que le nombre de genres nocturnes est similaire dans les deux types de forêts.

Tableau 2 : Genres et nombre d'espèces (entre parenthèses) selon les différents modes d'activité dans les forêts sèche et humide

Forêt humide Forêt sèche Diurne Lemur (1) Propithecus (3) Propithecus (2) Hapalemur (2) Hapalemur (1) Varecia (1) Indri (1) Cathémérale Eulemur (4) Eulemur (4) Hapalemur (1) Nocturne Mirza (1) Avahi (4) Avahi (1) Lepilemur (3) Lepilemur (5) Microcebus (2) Microcebus (>3) Cheirogaleus (2) Cheirogaleus (1) Phaner (1) Phaner (1) Daubentonia (1) Daubentonia (1) Allocebus (1) Source : Les données sur les activités appartiennent à Van Schaik & Kappeler (1996) à l'exception d’Hapalemur (Overdorff, 1993, 1996 ; Overdorff et et al. 1997 ; Wright, 1986).

Nous avons trouvé que l’augmentation de la diversité de l'habitat devrait être observée avec celle du nombre d’espèces nocturnes de la forêt humide. Au contraire, la diversification des espèces diurnes et cathémérales, qui sont aussi les espèces les plus nombreuses, est plus élevée dans la forêt humide que dans la forêt sèche. Cela indique que les niches disponibles pour les petites espèces nocturnes (jusqu'à environ 1 kg) sont similaires dans les forêts humide et sèche. Ceci est illustré par les deux communautés de lémuriens les mieux étudiées (Tableau 3) : celle de Ranomafana dans la forêt tropicale de l'Est (Wright et al. 1997) et celle du Kirindy/CFPF dans la forêt sèche caducifoliée (Ganzhorn & Sorg, 1996).

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Tableau 3: Communauté de lémuriens à Ranomafana, qui représente la forêt humide de l'est, et à Kirindy/CFPF, qui illustre la forêt sèche à feuilles caduques de l'ouest

Sites Folivores Frugivores Omnivores

Ranomafana Lepilemur sp. Eulemur rubriventer Microcebus rufus Avahi laniger Eulemur fulvus Cheirogaleus major Hapalemur griseus Varecia variegata Daubentonia madagagascariensis Hapalemur aureus Propithecus diadema Hapalemur simus Kirindy/CFPF Lepilemur ruficaudatus Eulemur fulvus Microcebus berthae Propithecus verreauxi Microcebus murinus Cheirogaleus medius Mirza coquereli Phaner furcifer

Nous avons pu trouver un nombre à peu près égal d'espèces de lémuriens nocturnes omnivores dans les deux types de forêts. Les sites de la forêt tropicale renferment plus d’espèces folivores et frugivores. Dans la forêt sèche, très peu de communautés de lémuriens comprennent des espèces congénères, alors que dans presque tous les sites de la forêt tropicale, deux espèces de Eulemur, et jusqu'à trois espèces de Hapalemur, coexistent à Ranomafana et à Andringitra.

En plus de la coexistence d’espèces congénères, le nombre plus élevé d’espèces diurnes/cathémérales dans la forêt humide est dû à l’ajout de nouveaux genres, tels que Varecia variegata et Indri indri (Tableau 3). Nous considérons ces deux derniers genres, avec Hapalemur, comme appartenant aux espèces de lémuriens les plus spécialisées qui puissent exister. Les espèces d’ Hapalemur se spécialisent dans diverses manières de se nourrir de bambou (Glander et al.1989), qui semble pousser plus abondamment et davantage diversifié dans la forêt humide que dans la forêt sèche. De même, dans la forêt humide, les espèces congénères de Eulemur possèdent différentes formes d’utilisations des ressources, en particulier concernant les fruits et les fleurs (Overdoff, 1993). La présence de Varecia variegata n’est possible que parce que les fruits charnus poussent tout au long de l’année (Balko, 1997 ; White et al. 1995). Dans l’Est, les fruits sont présents toute l'année, avec une légère pointe pendant la saison sèche (Sorg & Rohner, 1996). Cependant, dans l'Ouest, les fruits disponibles au cours de cette saison sont secs, fibreux et contiennent très peu, voire pas du tout, de chair. Il est probable que ces fruits ne fournissent pas assez d'énergie utilisable pour les frugivores spécialisés. En somme, les espèces de Hapalemur sont les spécialistes du bambou, le Varecia variegata est le plus frugivore de toutes les espèces vivantes de lémuriens, et l’Indri indri est l’un

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HDR- Primatologie outil de conservation Recherche sur les lémuriens des plus folivores de tous les primates malgaches. Selon notre argumentation proposée ci-dessus, cet ajout d’une nouvelle spécialisation devrait être facilité dans des habitats plus divers, tels que les forêts humides, bien que les fruits charnus semblent être plus abondants à l’Est et que la gomme soit davantage disponible dans les forêts sèches. Notons que la disponibilité de la gomme est indiquée par la distribution et l’abondance de Phaner furcifer, mangeur de gomme à l'Ouest. En Australie, la production de gomme et sa disponibilité réelle en tant que produit alimentaire semblent être liées de diverses manières à la température, aux précipitations, et au fait que les gommes et les sucs sont solubles ou non dans l'eau. Ils sont donc emportés par les fortes pluies (Smith, 1984). Des données similaires font défaut à Madagascar. Ainsi, même s’il ne fait aucun doute que l'abondance des Phaner furcifer est reliée au nombre d’arbres producteurs de gomme dans l’Ouest de Madagascar (Charles-Dominique & Petter, 1980 ; Ganzhorn & Kappeler, 1996), nous ne pouvons pas être sûrs que la faible disponibilité de la gomme explique la présence limitée du Phaner furcifer dans les forêts humides de la Montagne d’Ambre, ainsi qu’à Zahamena, une autre forêt humide avec des précipitations annuelles substantielles.

Nous avons souligné que l’absence de Mirza coquerli à l'Est est encore plus saisissante. Dans l'Ouest, cette espèce est omnivore avec une forte composante de prédation sur les vertébrés (Hladik et al. 1980 ; Kappeler, comm. pers. Petter et al. 1977). Il n'y a pas d’équivalent écologique de cette espèce de lémuriens dans l'Est qui pourrait occuper cette niche, et ainsi exclure compétitivement le Mirza de ses sites dans les forêts humides de l’Est. Toutefois, le Galidia elegans, un carnivore pesant 700 g et habitant la forêt humide de l'Est, pourrait le concurrencer pour la viande. Le Cheirogaleus majeur, qui est presque de la même masse corporelle que le Mirza, pourrait également concurrencer le Mirza pour les fruits, de la même manière que son espèce sœur plus petite, le C. médius, dans la forêt sèche (Colquhoun, 1998 ; Ganzhorn & Kappeler, 1996 ; Wright & Martin, 1995).

Néanmoins, nous avons mentionné qu’en plus de la diversité floristique, il est certain que d’autres facteurs sont susceptibles de contribuer à la diversité des espèces à Madagascar et ailleurs. Ganzhorn (1999) a associé la large gamme de masses corporelles dans la radiation des lémuriens avec la concurrence réduite avec les autres mammifères. C’est vrai mais il se peut aussi que la compétition ne soit pas aussi importante pour limiter le nombre d’espèces de primates sympatriques dans une forêt donnée. A Madagascar, il n'y a pas de concurrents du côté des herbivores vertébrés car les tenrecs, mammifères insectivores non-volants, sont principalement terrestres et vont rarement à plus d’un mètre au-dessus de la végétation. De plus, la guilde des oiseaux et chauves-souris frugivores est inappropriée (Goodman & Ganzhorn, 1997 ; Wright, 1997). Ranomafana et Andringitra renferment quatre à six espèces de chauves-souris (Goodman, 1996b ; Wright, données non-publiées.). En revanche, la faune en chauve-souris de l’Amazone contient environ 100 espèces (Findley, 1993), et l'île de Barro Colorado 70 (Kalko et al. 1996). En outre, il y a 106 espèces d'oiseaux à Ranomafana, contre 1000 environ dans le Parc National de Manu (Pérou : Thiollay, 1994). Pourtant, dans les

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HDR- Primatologie outil de conservation Recherche sur les lémuriens communautés de Primates actuelles, la limite supérieure des espèces sympatriques dans le monde se trouve, ou s’est trouvée, au Zaïre Central et à Madagascar (Ampasambazimba ; MacPhee et al. 1985 ; Wright, 1997).

B -2. Densité de la population Nous avons mentionné que les populations de lémuriens présentent une correspondance étroite entre la masse corporelle de l’espèce et la densité moyenne de sa population (Figure 3). Cette relation allométrique est la même dans les différents types de végétation. Par conséquent, chaque espèce a été analysée une seule fois. Cette relation allométrique nous permet d'examiner si les densités de population des lémuriens sont différentes ou non dans une forêt sèche et humide, si l’on tient compte de l'effet de la masse corporelle. Pour cela, nous avons calculé les résidus d’une seule population de lémuriens entre la densité prévue par la régression et la densité réelle de la population d’une espèce donnée de lémuriens. La figure 3 montre qu’en moyenne, des lémuriens d’une même masse corporelle atteignent une densité de population plus élevée dans la forêt sèche que dans la forêt humide.

Log densité (ind./km)

Log poids du corps

Figure 3: La plus petite régression au carré entre la masse corporelle (g) et la densité moyenne de la population des lémuriens (nombre par km2) basée sur la densité moyenne par espèce (y =- 0.34x + 2,78 ; R2 = 0,26 ; n = 26 ; P <0,01). Les valeurs représentent les moyennes par espèce, calculées en moyenne sur toutes les densités de population connues de Madagascar .

Afin de mieux comprendre les facteurs environnementaux qui pourraient être à l’origine de ces différences à Madagascar et pour faire des comparaisons plus détaillées, nous avons eu recours une fois de plus aux données de Ranomafana, forêt humide sempervirente, et de Kirindy/CFPF, forêt sèche caducifoliée, qui sont parmis les écosystèmes forestiers les mieux connus à Madagascar.

B -3. Comparaison des habitats secs et pluvieux : quantité de nourriture Nous avons constaté que le nombre d'arbres ayant un diamètre à hauteur de poitrine d’homme (DBH) ≥ 10 cm dans des plots standards (20 x 500 m) est sensiblement similaire pour Ranomafana et Kirindy (Fig. 4). Dans la figure 4, le nombre d’arbres à Kirindy diffère de « 1 ha par parcelle » par

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HDR- Primatologie outil de conservation Recherche sur les lémuriens rapport au nombre donné auparavant (Abraham et al. 1996). La première raison est que les données représentent ici deux autres parcelles forestières de la même zone. Ensuite, nous ne prenons en considération que les arbres dont le DBH sont ≥ 10 cm, c’est-à-dire équivalent à 31,4 cm de circonférence, tandis que la circonférence des arbres pris en considération par Abraham et al. est ≥ 30 cm. Dans N5 et NC8, deux parcelles de la forêt de Kirindy/CFPF, 68 et 60 arbres ont entre 30,0 et 31,4 cm de circonférence sur la parcelle de un hectare. Ceci reflète la forte proportion de petits arbres dans la forêt sèche et constitue donc l’une des principales différences structurelles entre les forêts sèche et humide ; ceci ne peut être représenté de manière appropriée si l’on ne prend en considération que des arbres dont le DBH est ≥ 10 cm. Résiduell

Humide Sèche Types de forêt

Figure 4: Différence entre la densité de la population indiquée par la régression de Figure. 3 et la densité de la population de différentes populations dans la forêt humide (n=54) et dans la forêt sèche (n=37); t-test : t=2.56 ; d.f=89, p=0.01. Valeurs indiquant la limite d’intervalle de confiance minimum et maximum à 95

Néanmoins, la distribution de taille est sensiblement différente entre les trois plots (Kolmogorov ~ Smirov test : P <0,001 pour toutes comparaisons). La diversité de taille des diamètres des arbres est plus élevée dans la forêt humide que dans la forêt riveraine (CN8), et dans la forêt sèche située loin de la rivière (N5). De plus, la production fruitière est très aléatoire dans les forêts tropicales. A Ranomafana, les arbres fruitiers qui intéressent les lémuriens ne produisent des fruits que sur 40% de leur vie, en alternant les années de production et de non-production de fruits. La faible probabilité de production de fruits s’applique aux autres espèces d’arbres des forêts tropicales (Gachet, 1969). Ce qui signifie que dans ces dernières, les

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HDR- Primatologie outil de conservation Recherche sur les lémuriens lémuriens frugivores doivent passer par une période de restriction de nourriture au moins une année sur deux. Dans les forêts sèches, les arbres produisent des fruits régulièrement par rapport à ceux des forêts tropicales. On se demande alors si cette différence dans les probabilités de production de fruits a un impact majeur sur la biomasse des lémuriens frugivores des différentes zones.

B -4. La qualité du sol pourrait être l’une des raisons pour les modèles de production de fruits Nous avons constaté que Ranomafana possède des sols à plus haute concentration de carbone et d’azote, un indicateur de substrat à activité microbienne intense, que la forêt de Kirindy. Mais la capacité d’échange pour les ions positifs est très basse dans la forêt humide. En général, les arbres de Ranomafana n’ont pas de réserves suffisantes en minéraux pour fructifier régulièrement. Par contre, la croissance des arbres à Kirindy est limitée par la disponibilité en eau, soit approximativement six à huit mois par an, quand il ne pleut pas. La durée de pluie dans la Forêt Kirindy est au plus de cinq à sept jours (Sorg, 1996) : cela signifie que les arbres doivent cesser de croître après environ une semaine sans pluie. Le même effet peut être appliqué aux activités microbiennes. Dans la Forêt de Kirindy, la décomposition lente pendant la saison sèche, la faible quantité de minéraux pendant cette période, le délai de croissance restreint des arbres pendant la saison pluvieuse, ainsi que et la surface plate qui réduit la filtration des minéraux, pourraient permettre l’accumulation de minéraux et la mise en place de réserves suffisantes à la production de fruits dès l’apparition d’eau. Cet argument est également valable pour les Primates folivores. Dans ce groupe, la biomasse des Primates folivores est en corrélation positive avec la qualité des feuilles et le pH du sol, alors qu’elle est en corrélation négative avec les précipitations annuelles (Ganzhorn, 1992 ; Oates et al. 1990). Ainsi, la faible disponibilité de minéraux dans les sols acides, combinée au lessivage des sols dû aux fortes averses de pluie, ne favorise pas la croissance normale des arbres. Par conséquent, le feuillage consommé par les folivores est de mauvaise qualité et la production fruitière destinée aux frugivores est très aléatoire dans les forêts tropicales. En comparant la vitesse de croissance des arbres des forêts tropicales à celle des forêts sèches, nous avons constaté que le DBH de tous les arbres échantillonnés à Ranomafana dépassait 10 cm. A Kirindy, seuls 11 des 151 arbres pris en compte avaient un DBH supérieur à 10 cm. A Kirindy, aucune différence n’existait entre la moyenne de vitesse de croissance annuelle des arbres de DBH inférieur à 10 cm et celle des arbres de DBH supérieur à 10cm. Il est clair que la vitesse de croissance est liée au DBH (Clark, 1994), mais elle dépend également de l’exposition au soleil (Ganzhorn, 1995b) et de la végétation environnante. Aucun de ces paramètres n’a été étudié en vue de permettre la comparaison des résultats provenant des différents sites. Néanmoins, nous sommes persuadés que nos comparaisons reflètent la réalité. Dans les forêts sèches, mêmes les espèces d’arbre à vitesses de croissance les plus élevées ont atteint un accroissement annuel de DBH de seulement 1mm, avec un maximum de 2 à 3 mm (Deleporte et al. 1996).

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La vitesse élevée de croissance des arbres enregistrée dans les forêts tropicales n’est pas incompatible avec l’idée que les sols y sont moins fertiles et que la cime des arbres y est plus petite par rapport aux forêts sèches. Le bois peut être produit uniquement avec la présence d’eau et de CO2, alors que la production de fruits et feuilles de qualité requièrent davantage de minéraux. Les arbres des forêts ombrophiles utilisent leurs ressources pour la croissance du bois de leur tronc, ce qui leur laisse une cime de petite taille, cela peut-être en raison des contraintes qu’imposent les cyclones aux arbres de la côte est de Madagascar. Nous pouvons conclure que cette analyse a révélé certaines similarités et différences inattendues qui existent entre les forêts tropicales et sèches. Afin d’éviter toute confusion, il convient de rappeler que les données concernant les forêts tropicales ne proviennent que de forêts situées à une altitude moyenne, alors que celles des forêts sèches proviennent de forêts situées à de basses altitudes. De ce fait, il est possible que les comparaisons ne soient pas représentatives de toutes les forêts à Madagascar. En résumé, nous pouvons conclure, à partir de cette étude, que : - la population et la biomasse des lémuriens sont plus denses dans les forêts sèches que dans les forêts tropicales mais le nombre d’espèces est inférieur dans les sites secs. En Amazonie, Peres (1997) a trouvé une relation inverse entre le nombre d’espèces et la biomasse.

Ces relations entre productivité primaire, forte diversité des espèces de consommateurs et biomasse reflètent probablement les causalités complexes qui varient selon les régions, et qui restent encore mal comprises pour ces Primates. Pour d’autres organismes, moins d’espèces de plantes poussent sur les sols riches en nutriments, mais la biomasse y est plus élevée comparée aux sols plus pauvres. Parallèlement, une basse productivité semble être en association avec une forte diversité d’espèces en haute mer (Begon et al. 1996). D’un point de vue conceptuel, il serait logique de lier la partie ascendante et en forme de bosse de la relation entre la productivité et la diversité des consommateurs à l’accroissement de la disponibilité des ressources ; cependant mais la raison pour laquelle les espèces de consommateurs diminuent dans les habitats plus riches est toujours inconnue (Abramsky & Rosenzweig, 1984). A Madagascar, le nombre élevé d’espèces de consommateurs dans les forêts tropicales peut être en partie imputé à l’augmentation du nombre d’espèces d’arbres et à l’augmentation des précipitations. L’accroissement de la diversité des micro-habitats qui en résulte pourrait permettre l’hébergement davantage d’espèces de lémuriens dans les forêts tropicales.

- la densité en arbres à DBH supérieur à 10 cm est pratiquement similaire dans les forêts tropicales et sèches. Cependant, la taille moyenne de la cime des arbres fruitiers des forêts tropicales est inférieure à celle des forêts sèches et la production de fruits y est bien plus irrégulière. Ainsi, la

productivité globale des plantes en composés nécessitant plus que de l’eau et du CO2, est inférieure dans les forêts tropicales. Néanmoins, cette différence particulière peut être la conséquence d’une comparaison de forêts tropicales et sèches à des altitudes différentes.

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La différence la plus significative qui existe entre ces deux types de forêts est que la probabilité de production de fruits est plus basse dans les forêts tropicales que dans les forêts sèches. En moyenne, les forêts tropicales produisent des fruits une fois tous les trois ans alors que les arbres des forêts sèches produisent des fruits presque tous les ans. Cette différence peut provenir des caractéristiques du sol. Contrairement au sol des forêts sèches, le sol des sites des forêts tropicales est extrêmement pauvre en minéraux échangeables. Dans ces conditions, la production de fruits peut épuiser les ressources d’un arbre pour les quelques années à venir. Ce fait a été décrit pour beaucoup d’arbres fruitiers en mâts (Kelly, 1994). La diminution forcée de la disponibilité des aliments qui en résulte, combinée à la mauvaise qualité des aliments due à la faible fertilité du sol, pourrait avoir un impact majeur sur la capacité des forêts de Madagascar à servir d’habitat aux lémuriens.

B -5. Corrélations écologiques de la structure de la communauté de lémuriens dans le sud-est de Madagascar

Notre objectif est de déterminer la structure de la communauté de lémuriens à l’aide de corrélations écologiques (altitude, agriculture, coupe sélective et chasse) dans le corridor forestier de Fandriana- Marolambo. L’étude a porté sur 7 sites. Quatre taxons nocturnes (Avahi laniger, Cheirogaleus major, Lepilemur mustelinus et Microcebus rufus) et 6 taxons diurnes (Eulemur rubriventer, E. fulvus rufus, E. f. fulvus, Propithecus diadema edwardsi, Hapalemur griseus griseus et Varecia variegata variegata) y ont été relevés. La communauté de lémuriens présente une composition globalement semblable à celle des aires protégées avoisinantes telles que les Parcs Nationaux de Ranomafana et de Mantadia. Toutefois, nous n’avons pas repéré de Hapalemur aureus, de Prolemur simus, ni d’Indri indri, et nous n’avons observé Propithecus edwardsi et Varecia variegata variegata qu’au niveau d’un seul site. Nous avons relevé une forme apparemment hybride de Eulemur fulvus fulvus et de Eulemur fulvus rufus qui pourrait indiquer la présence d’une nouvelle zone hybride de lémuriens. Suite au test de l’auto-corrélation spatiale, il s’est avéré que la diversité des lémuriens est en corrélation négative avec l’altitude et l’intensité agricole. A l’époque, lorsque le Gouvernement Malgache était en phase d’évaluation du corridor dans la perspective d’y implanter un nouveau parc national, notre choix se portait plutôt vers la conservation.

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Figure 5: Emplacement des 7 sites d’enquête dans le corridor forestier de Fandriana-Marolambo ainsi que des aires protégées avoisinantes (Parcs Nationaux de Ranomafana et Mantadia). Les zones en gris représentent le corridor forestier de Fandriana-Marolambo. Les zones en noir représentent les autres habitats forestiers du sud-est de Madagascar (Johnson, S.E et al. 2007)

Le corridor forestier de Fandrina-Marolambo est l’un des plus vastes (ca. 250 000 ha) et des moins explorés du sud-est de Madagascar (Figure 5). Les études à court terme menées au niveau des sites à proximité du corridor ont révélé que l’agriculture, la coupe sélective et la chasse exerçaient une pression intense sur les lémuriens (Irwin et al. 2000 ; Lehman & Wright, 2000). L’éventuelle perte de populations de

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HDR- Primatologie outil de conservation Recherche sur les lémuriens lémuriens est alarmante. En effet, les cartes, largement basées sur des impressions subjectives de la biogéographie des lémuriens, affichent une distribution continue à travers l’ensemble du corridor pour de nombreuses espèces (Garbutt, 1999 ; Mittermeier et al. 1992, 1994 ; Rowe, 1996 ; Wolfheim, 1983). Par exemple, d’après les cartes, deux espèces menacées de lémuriens, à savoir le sifaka de Milne-Edward’s (Propithecus edwardsi) et le vari noir et blanc (Varecia variegata variegata), se retrouveraient à travers l’ensemble du corridor forestier de Fandriana-Marolambo. Dans le cas où la structure de la communauté de lémuriens varie d’un site à l’autre du corridor, il faut déterminer si cette variation est en corrélation avec des facteurs naturels, anthropiques ou les deux. Il est important de faire la distinction, puisque des facteurs naturels, tels que l’altitude, peuvent amener à tort des chercheurs éminents et les autorités de conservation à conclure que les activités humaines sont à la base de l’extirpation de lémuriens. L’altitude et les variations d’habitat y afférant peuvent empêcher certains taxons de lémuriens à vivre dans des sites en haute altitude du corridor (Goodman & Ganzhorn, 2003). D’autre part, l’agriculture, la coupe sélective et la chasse affectent la structure de la communauté des plantes et des animaux à Madagascar (Ganzhorn & Schmid, 1998 ; Harcourt & Parks, 2003 ; Vallan, 2002). Notre compte-rendu sur les variations de la structure de la communauté de lémuriens dans le corridor forestier de Fandriana-Marolambo est axé sur les questions suivantes : (1) Quelle est la structure de la communauté de lémuriens dans le corridor ? (2) Est-ce que la diversité des lémuriens est en corrélation avec l’altitude, les perturbations anthropiques (déforestation, chasse), ou les deux ? Pour la première question, il fallait déterminer la composition de la communauté de lémuriens dans le corridor forestier de Fandriana-Marolambo. Celle-ci est globalement similaire à celle relevée dans les autres sites et aires protégées de la région (Goodman & Schütz, 1999 ; Irwin et al. 2005 ; Lehman & Wright, 2000). Nous n’avons trouvé de Propithecus edwardsi que dans la partie la plus au sud de Vohibola qui est séparée du corridor principal par de larges étendues de prairie et de champs de culture. D’autres chercheurs ont trouvé Propithecus edwardsi dans le corridor forestier situé à 34 km au sud de Vohibola qui contient également le Parc National de Ranomafana (Irwin et al. 2005). Les caractéristiques du cycle biologique de Propithecus edwardsi le rendent particulièrement vulnérable aux perturbations anthropiques. Propithecus edwardsi est le plus gros primate du sud-est de Madagascar (5,0–6,0 kg) et est une proie privilégiée pour les populations locales (Lehman & Wright, 2000). Il évolue dans une zone vaste (25-100 ha) et on le retrouve généralement en faibles densités (8 individus/km²), même dans les aires protégées (Wright, 1995). Propithecus edwardsi présente également un taux de croissance net faible en raison de la mortalité élevée des petits et des adultes (Pochron et al. 2004). Bien que nous ayons trouvé un groupe de Varecia variegata variegata à Mananjara, le statut de ce groupe est à considérer comme précaire au vu de sa proximité à un layon utilisé par les populations locales. Les cris rauques de ce lémurien (3,5 à 4,0 kg) gros et facile à repérer en font une proie facile pour les populations locales de l’ensemble du sud-est de Madagascar (Ratsimbazafy, 2002a). D’autres chercheurs n’ont pas observé Varecia variegata variegata au niveau des sites situés à 22 km au nord de Bezavona (Goodman & Shütz, 1999 ; Rakotondraparany, 1997) et dans les deux sites situés à 34,7 km au sud de Vohibola (Irwin et al. 2005). En outre, considérant leur corpulence et leurs vocalisations

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HDR- Primatologie outil de conservation Recherche sur les lémuriens distinctives, il est peu probable que nous ayons manqué Propithecus edwardsi et Varecia variegata variegata s’ils avaient été présents sur ces sites (Lehman et al. 2006b). Nous n’avons pas repéré d’Indri indri dans le corridor. Les études précédentes menées dans la région ont indiqué que le fleuve Mangoro représente une barrière de dispersion pour ce taxon (Goodman & Ganzhorn, 2003). Inversement, le fait que nous avons repéré Eulemur fulvus fulvus à Bezavona vient étayer la thèse selon laquelle le fleuve Onive ne représente pas une barrière de dispersion pour ce taxon (Goodman & Ganzhorn, 2003). S’il est problématique de prouver une absence spécifique dans le cadre d’études faisant appel à des méthodes d’enquêtes (Buckland et al. 1993), le fait que nous ne les avons pas observés et les données issues des interviews suggèrent que la prévalence de Hapalemur aureus, Prolemur simus, Propithecus edwardsi, Varecia variegata variegata et Indri indri dans le sud-est de Madagascar est limitée. Du reste, Varecia variegata variegata n’a pas été retrouvé dans le site de Talatakely dans le Parc National de Ranomafana ni dans le site de recherche du Parc National de Mantadia. Des études récentes indiquent, qu’en dépit de son absence dans les zones reculées de Ranomafana, Varecia variegata variegata est aussi sensible aux perturbations naturelles, telles que les cyclones qu’anthropiques (Balko & Underwood, 2005 ; Ratsimbazafy, 2002a, b). Il est possible que les endroits où l’on a observé une forme apparemment hybride de Eulemur fulvus fulvus et de Eulemur fulvus rufus constituent une zone hybride importante de lémuriens. Johnson (2004), Sterling & Ramaroson (1996) et Wyner et al. (2002) ont relevé d’autres zones hybrides de Eulemur fulvus pour les lémurs à collier blanc (E. albocollaris) et les lémurs à collier (E. collaris) dans le sud-est de Mada- gascar. Malgré le fait que Mittermeier et al. (1994) ont suggéré l’existence potentielle de formes hybrides de Eulemur fulvus fulvus dans l’est de Madagascar, les chercheurs ont estimé que le fleuve Onive séparait le taxon de ses conspécifiques. Nos enquêtes suggèrent que le fleuve Onive ne constitue pas une barrière effective de dispersion pour le Eulemur fulvus fulvus et que celui-ci peut donc s’être hybridé avec Eulemur fulvus rufus. Il est toutefois intéressant de noter que les chercheurs n’ont pas repéré Eulemur fulvus rufus au nord de Vohibola, à l’extrémité la plus au sud du corridor. Il faudrait procéder à des enquêtes plus approfondies et à des études génétiques pour déterminer l’étendue de la zone hybride et la présence d’hybrides au sein des populations. La deuxième question se rapporte à la détermination des corrélats de la structure de la communauté de lémuriens. Dans les 9 sites du sud-est de Madagascar, l’altitude est en corrélation avec la diversité des lémuriens. Six de ces sites se situent au-dessous de l’altitude maximale (1 600 m) de Propithecus edwardsi (Goodman & Ganzhorn, 2003). L’observation de la présence de Varecia v. variegata à Mananjara (1 353 m) a permis de déterminer l’altitude maximale de cette espèce. Parmi les 8 sites étudiés, 5 se trouvent à ≤ 1 353 m d’altitude. Les altitudes maximales respectives de Eulemur fulvus rufus (1670 m) et de Avahi laniger (1 670 m) pourraient expliquer leur absence à Andrafisaka (1 685 m). Aussi, l’altitude et les affects d’habitat s’y rapportant pourraient expliquer l’absence de Propithecus edwardsi dans 2 sites (Garonina et Andrafisaka), Varecia v. variegata dans 3 sites (Garonina, Andrafisaka et Korikory) et Eulemur fulvus rufus et Avahi laniger dans site 1 (Andrafisaka) du corridor.

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Nous avons trouvé que l’intensité agricole présente une covariance négative avec la diversité de lémuriens et positive avec l’altitude, au niveau des 9 sites d’étude. En dépit d’un moratoire national sur la culture sur brûlis, la pratique continue à sévir à travers l’ensemble du corridor. Elle est fréquemment effectuée sur des pentes raides, dont bon nombre dépassent les 25°, ce qui entraîne vraisemblablement l’érosion rapide des sols à la saison annuelle des pluies. Selon les ressortissants locaux, ils doivent défricher et brûler de nouvelles étendues de forêts, après avoir cultivé ces pentes très abruptes pendant seulement 1 ou 2 saisons de cultures. Certaines personnes ont recours à la culture sur brûlis pour cultiver la canne à sucre à des fins de production illicite de rhum local (toaka gasy). Les paysans ont défriché de nombreuses étendues de forêt, dont les plus larges atteignent les 2,4 ha de superficie, à proximité de l’extrémité sud du corridor, pour y établir des plantations de canne à sucre (Lehman, données non publiées). La production de toaka gasy alourdit la dégradation de la forêt, puisque les gens abattent des arbres pour s’approvisionner en bois de chauffe et en écorce, et utilisent également les feuilles comme arôme lors du processus de fermentation (Irwin & Ravelomanantsoa, 2004). De plus, les populations locales pratiquent la culture sur brûlis de plus en plus en altitude à travers le corridor. De ce fait, il est tout à fait possible qu’on ne retrouve bientôt de forêts primaires que dans les zones de haute altitude. En revanche, aucun lémurien ne pourra évoluer dans ces habitats, l’élévation y étant supérieure aux altitudes maximales admises par les espèces du corridor. Nous avons également relevé une forte corrélation positive entre les intensités de coupe sélective et la chasse aux lémuriens. En général, les bûcherons chassent le lémurien à l’aide de sarbacanes, de lance-pierres et de pièges, semblablement à ce qui se fait dans de nombreuses régions de Madagascar (Goodman & Raselimanana, 2003 ; Lehman & Wright, 2000 ; Müller et al. 2000 ; Mutschler et al. 2001). Bien que nous n’ayons pas trouvé de corrélation entre la diversité des lémuriens et les pressions liées à la chasse, il faut noter que les corrélations organisent les entités d’échantillon suivant un gradient ou un continuum. Or, certaines variables écologiques, telle que la chasse, ne sont ni linéaires ni unidirectionnelles (McGarigal et al. 2000). En d’autres termes, nous n’avons fait aucune distinction statistique entre les sites présentant éventuellement des densités élevées de lémuriens non sujets aux pressions associées à la chasse, et ceux présentant de faibles densités de lémuriens mais sujets à de fortes pressions liées à la chasse. Si le Gouvernement Malgache a évalué le corridor forestier de Fandriana-Marolambo, dans la perspective d’y implanter un nouveau parc national, l’isolement de la population rend les plans de conservation des lémuriens locaux et la détermination de la taille minimale de l’aire protégée relativement difficiles. Il y a isolement en raison de la distribution disjointe des paysages forestiers entre le corridor forestier de Fandriana-Marolambo et le corridor qui contient le Parc National de Ranomafana (Figure 5). En outre, le fleuve Mangoro constitue une barrière de dispersion majeure pour la plupart des lémuriens à l’extrémité nord du corridor (Goodman & Ganzhorn, 2003). Il est peu probable qu’il y ait dispersion de lémuriens du Parc National de Ranomafana dans le corridor, la plupart des espèces, notamment Varecia variegata variegata apparaissant peu disposées, voire incapables de traverser les habitats dévastés (Lehman et al. 2006a). Par ailleurs, il est possible qu’il n’y ait plus de Varecia variegata variegata dans les sections

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HDR- Primatologie outil de conservation Recherche sur les lémuriens nord de Ranomafana (Irwin et al. 2000), ce qui complique davantage la dispersion naturelle. Même si l’on sait que Propithecus sp. traverse les espaces découverts ≤ 400 m entre les fragments (Lehman, obs. pers.), on se demande si les individus réussiront à traverser les étendues considérables d’espaces découverts partant des sites au sud du corridor. Au final, pour pouvoir créer une nouvelle aire protégée couvrant l’ensemble ou une partie du corridor, les gestionnaires de la conservation devront d’abord déterminer la quantité d’habitat nécessaire pour prévenir la disparition des lémuriens. Par exemple, Gurd et al. (2001) ont comparé la richesse spécifique des mammifères des réserves nord-américaines aux relations estimatives espèces-zone prévalant avant l’arrivée des colonies européennes, pour déterminer si les besoins minimums en espace des taxons existants étaient satisfaits. Parmi les 2 355 réserves de la région, seules 14 satisfaisaient ou dépassaient la superficie minimale estimative requise pour éviter toute disparition d’espèce de mammifères. Les prédictions qu’ils ont faites à partir de l’étude, concernant la disparition de taxons de mammifères dans de nombreuses aires protégées de l’est de l’Amérique du Nord se sont avérées exactes. Les chercheurs devraient mener des études similaires sur les lémuriens et les aires protégées du sud-est de Madagascar. Les données relatives à la présence/absence tiennent une grande importance en biologie de la conservation (Brotons et al. 2004 ; Gaston & Rodrigues, 2003 ; Rodrigues et al. 2000), notamment en ce qui concerne leur application aux études de processus de paysage, telle que la nôtre et de dynamiques de métapopulation (Cushman & McGarigal, 2004 ; Gilpin & Hanski, 1991 ; Hanski & Thomas, 1994). A titre d’exemple, Cushman & McGarigal (2004) ont découvert que les données relatives à la présence-absence permettaient de déterminer effectivement les corrélats écologiques de la structure de la communauté d’oiseaux à l’échelle du paysage. En revanche, l’utilisation des données relatives à la présence-absence est, de par leur nature, limitée, quand il s’agit de déterminer les variations clinales dans les variables de réaction à l’échelle des sites. Par exemple, l’unique groupe de Eulemur rubriventer que nous ayons observé à Andrafisaka équivalait aux 91 groupes de conspécifiques observés à Vohibola. En conséquence, il serait inapproprié d’utiliser nos données pour déterminer les corrélations écologiques des variations de densité de Eulemur rubriventer ou d’autres lémuriens du corridor. D’autres chercheurs ont relevé des variations de la densité des Primates au niveau de sites sujets à des intensités différentes de perturbation de l’habitat (Chapman et al. 2000 ; Lehman et al. 2006a ; Paciulli, 2004). De plus, chacune de ces études ont fait état de réactions spécifiques à l’espèce aux perturbations de l’habitat. Par exemple, Lehman et al. (2006a, 2006b) ont découvert que la densité de Avahi laniger et de Microcebus rufus était plus élevée à proximité de la lisière de la forêt, tandis que Hapalemur griseus griseus semblait omniprésent à Vohibola ; c’est pourquoi, pour bien comprendre les réactions des lémuriens à l’altitude et aux facteurs anthropiques, les études devront porter à la fois sur les données relatives à la présence-absence à l’échelle du paysage et les densités estimatives à l’échelle des sites. Nous avons recommandé qu’il faudrait effectuer d’autres enquêtes et accroître la couverture des sites pour déterminer comment les densités spécifiques aux espèces de lémuriens varient en fonction de l’altitude et des perturbations anthropiques dans le corridor. En quantifiant les variables de réaction anthropique, les chercheurs parviendront à déterminer les relations causales plutôt que corrélatives de la structure de la

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HDR- Primatologie outil de conservation Recherche sur les lémuriens communauté de lémuriens. En dernier lieu, les chercheurs ont besoin de données sur la taille minimale que la zone de protection devrait avoir pour assurer la survie des lémuriens dans le corridor forestier de Fandriana- Marolambo. C- REGIME ALIMENTAIRE LIEE A LA PERTURBATION DE L’HABITAT Dans ce chapitre, je discuterai des comportements de recherche de source alimentaire par rapport à la disponibilité des aliments que les Varecia variegata editorium et Eulemur cinereiceps utilisent dans un habitat subitement perturbé. Pour mener à bien notre étude, nous avons recueilli des données sur leurs activités telles que l'alimentation, la recherche de nourriture, le déplacement, le repos et d’autres (social et agonistique) ; par ailleurs, tout au long de cette étude nous avons examiné l'utilisation relative des différentes espèces de plantes par individu. De cette manière, nous pouvons décrire non seulement les proportions de fruits, feuilles, nectar et autres aliments dans le régime alimentaire, mais également les préférences individuelles pour certaines espèces et familles végétales ainsi que le rôle des espèces de plantes exotiques dans l'alimentation du Varecia. Nos données sont collectées dans des habitats non perturbés et ont été comparées avec des données sur la même espèce.

Source : Christopher Crowley Photo 4 : Varecia Variegata editorium de la forêt de Manombo (Farafangana)

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Les Primates sont des excellents groupes d'animaux à étudier pour chercher à comprendre l’impact des modifications de l'habitat sur la faune d’une forêt tropicale (Struhsaker, 1997). Ils sont relativement faciles à recenser et chaque espèce dans une communauté donnée réagit souvent de façon différente aux perturbations de son habitat (Estrada & Coates-Estrada, 1996 ; Ganzhorn, 1994 ; Lovejoy et al. 1986 ; Tutin et al. 1997). En effet, les Primates réagissent de façon complexe et variée aux différents types et niveaux de perturbation (Dunbar, 1988). Il est évident que les conséquences de perturbation de l'habitat sur une population de Primates dépend de la nature et de l'étendue de l'altération des forêts, du temps écoulé depuis cette modification ainsi que des exigences et de l’adaptabilité de chaque espèce de Primates vivant dans cette zone (Cowlishaw & Dunbar, 2000 ; Wilson & Wilson, 1975). Néanmoins, les études sur les communautés de Primates montrent que certaines espèces s’adaptent et résistent mieux que d’autres au même degré de perturbation de l'habitat (Cody, 1981 ; Ganzhorn et al. 1999).

Par ailleurs, il est important de se rappeler que la flexibilité alimentaire constitue un élément important de l'écologie de tous les Primates même si chaque espèce se caractérise par le type de régime qu’elle privilégie (Cowlishaw & Dunbar, 2000) puisque la catégorie alimentaire d’une espèce donnée peut varier d’un habitat à l’autre. Par exemple, les gorilles du Rwanda sont généralement folivores terrestres tandis que ceux du Gabon sont généralement frugivores arboricoles (Tutin et al. 1991).

Obtenir de la nourriture de bonne qualité et en quantité suffisante tout en évitant les prédateurs est souvent considéré comme des objectifs contradictoires pour les animaux vivant à l'état sauvage (Koivula et al. 1995 ; van Schaik & van Hooff, 1985). Concilier ces objectifs est déjà difficile mais cela devient grave quand les forêts primaires sont fragmentées et/ou altérées. Actuellement, il y a un intérêt croissant à apprendre sur la manière dont les Primates font face à la dégradation et la destruction extrêmes des forêts (Cowlishaw & Dunbar, 2000 ; Estrada & Coates-Estrada, 1996 ; Johns, 1986, 1991).

Les habitats des forêts tropicales de Madagascar constituent un bon point de départ pour étudier les réponses comportementales chez les lémuriens compte tenu du fait que la perturbation de l'habitat ne se limite pas à des pressions anthropiques (Ratsimbazafy, 2002a). En effet, les perturbations naturelles sont fréquentes et constituent une préoccupation majeure (Jolly, 1989 ; Richard & Connor, 1997 ; Wright, 1997). Cependant, il y a peu de littérature sur l’impact des catastrophes naturelles de cette île ainsi que sur les réponses d’adaptation des lémuriens aux fortes altérations de leur habitat. Par conséquent, dans notre étude, nous nous sommes intéressés aux stratégies de réponse comportementale utilisées par le lémurien vari noir et blanc (Varecia variegata) aux effets combinés des pressions anthropiques et des perturbations naturelles. Les études à long terme sur les lémuriens vari ont été menées seulement dans des forêts primaires les moins perturbées ou encore en captivité. Il semble que le Varecia variegata est beaucoup plus sensible à la perturbation de l'habitat que ne le sont la plupart des autres taxons de lémuriens (Ratsimbazafy, 1999 ; White et al. 1995).

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r a 3 c s a g a d a Manombo Special M Reserve (MSR) 4 Manombo 3 2 1 Classified Forest (MCF) MSR Parcel 1 Mena tsimba R i ve r Legend MSR Path of Gretelle Parcel 2 Cyclone category Forest Agnalazaha

04812162 Kilometers

Carte 4 : Emplacement de site de Manombo et localité de Eulemur cinereiceps (Agnalazaha)

Le lémurien vari est un exemple de Prosimiens qui vit en groupe, montre d’une grande flexibilité quant aux modèles de groupes (taille de groupe : 2 à 31) (Balko et al. 1995 ; Balko, 1998 ; Lehman et al. 2005 ; Louis et al. 2005 ; Morland, 1991a, 1991b ; Ratsimbazafy, 2002a ; Rigamonti, 1993 ; Vasey, 1997). Il est essentiellement frugivore : près de 75% de leur alimentation sont composés de fruits, mais il peut compléter ces fruits avec d’autres ressources alimentaires en quantité variable (telles que feuilles, fleurs, nectar) en temps de famine (voir Balko, 1998 ; Mittermeier et al. 2006 ; Morland, 1991a ; Ratsimbazafy, 2002a, 2002b ; Ratsimbazafy et al. 2002 ; Rigamonti, 1993 ; White et al. 1995). Le V. variegata a été décrit comme le plus stressé des Primates en termes de reproduction à cause de son investissement maternel élevé (Tilden, 1994). En d'autres termes, le Varecia est un candidat idéal pour cette expérience naturelle (Ratsimbazafy & Ratsirahonana, 1998). Nous avons observé que les Varecia de Manombo mangeaient au moins 85 espèces de plantes et 79 de ces espèces appartenaient à la même famille. Au total, les arbres sur lesquels les Varecia se nourrissent se répartissent en 43 familles (environ deux espèces par famille en moyenne). Les familles les plus représentées étaient le Moraceae (7 sur les 10 espèces recensées), le Rubiaceae (7 sur les 27 espèces recensées), l’Annonaceae (4 sur les 4 espèces recensées) et le Clusiaceae (4 sur les 9 espèces recensées).

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Il a été démontré que la forêt tropicale de l’Ouest de Madagascar a été affectée par la saison sèche prolongée et les précipitations annuelles réduites (Gould et al. 1999 ; Wright, 1999). La sécheresse dans ces forêts a donné lieu à une mortalité élevée des arbres à feuillage (Condit et al. 1995 ; Milton et al. 1994), un échec de la reproduction (Struhsaker, 1997), une mauvaise récolte des fruits (Forster, 1980 ; Leighton & Wirawan, 1986), ainsi qu’à une diminution de l'abondance de jeunes feuilles (Leighton & Wirawan, 1986 ; Struhsaker, 1997). A cette époque, nous avons constaté qu’il n’y a eu aucune étude à long terme sur les effets des catastrophes naturelles telles que sécheresse et cyclones sur la faune et la flore de la région de Manombo. Toutefois, un passage d’un cyclone dans la région a entraîné une défoliation totale, des renversements de tous les arbres à feuillage, des glissements de terrain et des inondations (Ganzhorn, 1995a, b) ne laissant aux lémuriens que les aliments de dernier choix tels que les épiphytes jusqu’au printemps suivant (Ratsimbazafy, 1999).

A Manombo, le cyclone Gretelle a eu deux conséquences sur l'approvisionnement alimentaire des Varecia. En premier lieu, les arbres indigènes ayant survécu ont souffert d’une perte moyenne de 85% en couronne et les arbres ayant une couronne large sont généralement les premiers à être renversés par les vents générés par le cyclone (Wright, 1999). Six mois après le cyclone de 1997, le diamètre moyen de la couronne des arbres dans les sept parcelles échantillonnées était de 3 m (intervalle : 0,5 à 9 m ; n = 439). Ces pertes représentent une réduction supérieure à 70% dans la végétation productrice de fruits de cette forêt. 90% des arbres restants forment les strates supérieures de la forêt, qui produisent toujours de nouvelles feuilles et de nouvelles branches. En second lieu, il y a eu d'importantes pertes en fleurs et fruits des arbres et des arbustes. Le rétablissement des espèces endémiques après cette catastrophe naturelle est encore très lent mais les Varecia sont capables de survivre dans cette forêt très perturbée en ajustant leurs stratégies d'alimentation.

Il a été démontré de façon non équivoque que les pointes saisonnières en terme d’abondance et de rareté des aliments de lémuriens varient d’une année à l’autre dans les forêts tropicales malgaches, compte tenu du fait que de nombreuses espèces à feuillages produisent des fleurs sur des cycles annuels prolongés, irréguliers et asynchrones ou alternés (Hemingway, 1995 ; Morland, 1991a, 1993 ; Powyzk, 1997). Dans la forêt de Manombo, une étude de la séquence phénologique de 120 arbres de 24 espèces de plantes consommées par le Varecia depuis près de deux ans a montré que cette irrégularité à la tendance de fructification se reflète dans la disponibilité alimentaire annuelle variable c'est-à-dire que plusieurs espèces ont produit plus des fruits en mai 1999 qu'en mai 2000. Comme l'a fait remarquer Wright (1999), ce modèle d’imprévisibilité exige que les lémuriens s’adaptent aux contraintes énergétiques au cours de l'année. Manombo présente un cas précis des effets de perturbation de l'habitat, il est donc important de déterminer comment une espèce frugivore par contrainte comme le V. variegata fait face à un tel habitat si perturbé. Est- ce que le régime des lémuriens vari de Manombo présente des similarités importantes avec leurs congénères qui vivent dans les forêts non perturbées ?

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Tableau 4: DBH, hauteur, totale de la région fondamentale, densité de la tige, à travers les années Année Médiane DBH Médiane Total moyen de Densité moyenne (cm) ± SE Height (m) ± SE la région (m2/ha) ± SE (per ha) ± SE

1995 15.3 ± 3.5 16.0 ± 1.2 48.8 ± 19.4 820.0 ± 50.3 1997 (réduit) a 15.1 ± 2.7 13.0 ± 1.0 15.9 ± 6.0 285.0 ± 68.0 1997 (tout) b 14.6 ± 1.4 _ 33.0 ± 9.5M 755.0 ± 43.5

1999 17.0 ± 0.7 11.0 ± 0.3 23.6 ± 11.8 642.5 ± 71.6

2007 13.0 ± 0.3 9.0 ± 0.1 22.6 ± 1.4 854.5 ± 44.1 a troncs seulement DBH > 10 cm, non sévèrement endommagés (troncs cassés ou déracinés). b tous les troncs ayant DBH > 10 cm.

Concernant l’ensemble des catégories d'aliments consommés des lémuriens vari, la comparaison avec les forêts non perturbées indique qu'il existe des similitudes générales dans les régimes alimentaires et dans leurs habitats. Les recherches sur terrain en matière d'alimentation des Varecia dans différents sites ont montré que cette espèce est essentiellement frugivore. Lorsque les données des deux sexes sont combinées avec les études sur le Varecia rubra sauvage, les régimes alimentaires sont semblables d'une saison à l’autre et sont constitués principalement de fruits (Vasey, 1997). Dans la présente étude, il a été prévu que les habitudes alimentaires du Varecia vivant dans des milieux très perturbés différeraient de celles qui vivent dans des habitats plus stables. Nos résultats ont démontré que les Varecia restent principalement frugivores indépendamment du type d'habitat. Cela confirme que le Varecia est un frugivore obligatoire (Balko, 1998). Bien que la diversité alimentaire ait varié chaque mois, le pourcentage de fruits dans l'alimentation dépasse toujours le pourcentage d’aliments autres que le fruit, sauf pendant le mois de novembre 1999 (le deuxième mois le plus sec de l’étude). Le Varecia pouvait se nourrir en grande partie de jeunes feuilles quand il y en a et la consommation de Clidemia hirta n’est pas fondamentale lorsqu’il existe d’autres aliments intermédiaires. A mesure que moins d’arbres portaient des fruits en raison de dégâts cycloniques, les Varecia de Manombo consacraient une grande partie de leur temps à se nourrir de fruits d'arbustes et de lianes. Par exemple, l’espèce d’arbuste exotique Clidemia hirta peut être une source relativement constante de fruits tout au long de l’année. Elle devient la nourriture de base tout en étant un fruit essentiel pendant trois ans après que le cyclone Gretelle a frappé Manombo. D’après les observations, les lémuriens vari vivant dans des sites non perturbés ne se nourrissaient pas de Clidemia hirta, même si les Hapalemur griseus du Valohoaka/Ranomafana le font (Grassi, 2001). D’après Vasey (1997), les Varecia rubra se nourrissent exclusivement de fruits durant la saison froide de transition.

Les résultats de notre étude montrent que le Varecia est en mesure de diversifier son alimentation, par rapport au nombre d’espèces de fruits consommés, mais sa capacité à digérer et à détoxiquer les feuilles et les aliments non fruitiers est limitée. Une étude comparative du système gastro-intestinal de cinq espèces

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HDR- Primatologie outil de conservation Recherche sur les lémuriens de lémuriens (Propithecus tattersalli, Propithecus verreauxi coquereli, Varecia variegata, Hapalemur griseus et Lemur catta) montre que le Varecia est l’espèce dont la structure est la moins complexe car il n’y a ni ténias ni sacculations postérieures (Campbell et al. 2000). Ces auteurs pensent que cette absence de sacculation détermine l’incapacité de Varecia de survivre lors d’une prise d’aliment riche en composés secondaires comme ceux qui se trouvent dans les feuilles. En le comparant avec ceux d’autres sites, le Varecia qui vit à Manombo est celui dont l’alimentation comporte le pourcentage le plus élevé de matériaux folivores, quelle que soit la saison, même si deux espèces de plantes constituent l’essentiel de cette alimentation : Polyalthia oligosperma (ramiavotoloho) et Cynometra cloiselii (hazomby). Ces deux espèces existent à Ranomafana, mais seul le ramiavitoloho est inclu dans la liste des aliments des espèces Varecia pour ce site.

Même dans un environnement défavorable, le Varecia passe la plupart de son temps à se nourrir d’aliments saisonniers plutôt que des nourritures permanentes dans l’année, comme le montre le pourcentage élevé de temps consacré à s’alimenter en fruits et en jeunes feuilles et la préférence pour le nectar et les champignons plateau. L’abondance, la répartition et la disponibilité d’un aliment donné dans un milieu peut influencer le comportement alimentaire mais des preuves solides montrent que le Varecia préfère les aliments saisonniers.

En comparant les espèces d’aliments des forêts détériorées (Manombo) et des forêts primaires (, Ranomafana), il apparaît que les lémuriens vari consacrent leur alimentation sur un nombre restreint d’espèces d’arbres dans les forêts non dégradées. Le nombre total d’espèces d’aliments que les lémuriens vari consommaient dans les différents sites est le suivant : à Ranomafana, les trois groupes d’études ont fait usage de 27 espèces de plantes de 17 familles différentes, 16 espèces de 12 familles et 14 espèces de 9 familles ; à Nosy Mangabe, 67 espèces de 24 familles ; et à Manombo, 83 espèces de 43 familles. Les données préliminaires des études d’inventaire de plantes des forêts ombrophiles de Nosy Mangabe montrent que ces forêts renferment une très grande variété d’espèces (Gentry, 1988). A Manombo, même si les effets à long terme des activités d’exploitation forestière limitent la gamme alimentaire, la diversité des plantes reste inchangée grâce à l’invasion massive de la faune sauvage. Les animaux peuvent ainsi varier le nombre d’espèces d’aliments consommés. De plus, comme les différentes espèces produisent leurs fruits les uns indépendamment des autres mais dans une période de deux à trois mois spécifique à chaque espèce, la variété des nourritures est essentielle à tout animal vivant dans une zone de chasse et de parcours limitée (Milton, 1980). Les deux groupes d’étude ont principalement utilisé quatre petites zones noyaux de trois ou quatre hectares pendant cette étude, mais la totalité de la zone utilisée par chaque groupe a été calculée et la zone de chasse et de parcours était plutôt étendue : elle était évaluée à 70 ha pour le Groupe I et 30 ha pour le Groupe II. Néanmoins, les espèces de nourritures choisies par le Varecia à Manombo montrent qu’il est un opportuniste en matière de subsistance. Les résultats de cette étude montrent que trente cinq pour cent des espèces d’aliments étaient utilisés en une journée seulement alors que la moitié

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HDR- Primatologie outil de conservation Recherche sur les lémuriens de toutes les sources d’aliments était consommée en moins des quatre jours de la durée d’étude. Cette situation met en évidence la stratégie opportuniste qu’utilise le lémurien vari à Manombo.

En contre partie de la détérioration de son habitat, le Varecia peut restreindre ses déplacements et augmenter la gamme de nourriture qu’il consomme (Dunbar, 1988 ; Milton, 1980 ; Terborgh, 1983). Cette stratégie peut être expliquée de deux façons : 1) d’une part pour mieux surveiller et préserver les territoires d’alimentation des concurrents aussi bien de la même espèce que des autres espèces existant à Manombo telles que le lémurien à tête grise (Eulemur cinereiceps et les oiseaux frugivores ; 2) et d’autre part pour diminuer l’utilisation de la zone de chasse et de parcours tout en diminuant les distances parcourues ce qui permet d’économiser de l’énergie. Il est important de noter que les deux groupes d’études à Manombo étaient libres d’élargir leur périmètre et auraient pu adopter une autre stratégie, comme se déplacer et faire de la collecte par exemple au besoin. En plus, la collecte individuelle semble être une autre stratégie qu’utilise le Varecia à Manombo, pour éviter et réduire les risques de compétition directe entre membres d’un même groupe, ce qui augmente les chances de succès de la collecte. Il est à noter en particulier que cette stratégie permet aux espèces de survivre dans des zones où la répartition des ressources ne permettrait pas la constitution d’un groupe cohérent (Thoisy & Richard-Hansen, 1997).

Il est également important de noter que même si la consommation de Clidemia hirta a dépassé celle de tout autre aliment durant cette étude, cela ne signifie pas nécessairement que cette denrée est l’aliment préféré de Varecia aux autres sources de nourriture. En effet, les autres espèces étaient peu abondantes pendant notre étude. Néanmoins, les espèces exotiques, Cecropia peltata et Clidemia hirta peuvent être considérées comme des « aliments importants », car ces deux espèces ont été consommées pendant plusieurs jours lors de notre étude. Aucune de ces deux espèces ne fait partie de la liste des aliments du régime du Varecia dans les autres sites. Dans l’ensemble, 38% du temps imparti à l’alimentation étaient consacrés à ces deux espèces à Manombo. La survie de ces lémuriens frugivores dans les forêts fortement détériorées de Manombo semble être principalement dûe à la disponibilité des fruits de ces deux espèces de plantes exotiques car la plupart des faunes endémiques ne fructifient pas.

La comparaison des cinq familles de nourritures les plus importantes dans les trois sites (Manombo, Ranomafana et Nosy Mangabe) montre qu’aucune famille n’y est présente simultanément. Prise individuellement, le site de Manombo a une famille commune (Clusiaceae) avec Ranomafana et une autre avec Nosy Mangabe. A Ranomafana, la famille des Clusiaceae était consommée par le groupe qui vivait dans des zones exploitées sélectivement. Une fois de plus, cela prouve que la composition de nourriture est en corrélation avec les changements qualitatifs des forêts.

Quelques-unes des stratégies de collecte adoptées par le lémurien vari dans la forêt de Manombo s’expliquent par la forte abondance relative de plantes de quelques espèces dans le territoire de l’animal. Chaque fois qu’un arbre servant de nourriture préférentielle se raréfie, le Varecia complète son alimentation

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HDR- Primatologie outil de conservation Recherche sur les lémuriens par des aliments provenant du Clidemia hirta et/ou quelques fois Pandanus spp. De même, le Varecia peut réduire la gamme de son besoin quotidien en consommant des produits des sous-bois.

Dans cette étude, aucune preuve ne permet de déterminer si le Varecia à Manombo se nourrit avant le crépuscule ou en dehors des périodes diurnes d’observation en général. Cette hypothèse n’est toutefois pas à écarter car ces lémuriens ont quelques fois été entendus crier très tôt le matin alors qu’il fait encore très sombre pendant la saison chaude, mais des vocalisations nocturnes ne suffisent pas à prouver l’existence d’activités nocturnes. Aucune étude nocturne systématique des lémuriens vari n’a été organisée dans la nature sauvage. Néanmoins, personnellement, nous avons pu voir à deux reprises le Varecia en train de continuer à se nourrir après la tombée de la nuit (à 18h 30 et 19h 30). Morland (1991) a également fait des observations limitées sur les activités nocturnes des lémuriens vari. Elle a décrit une femelle qui se nourrissait et une autre qui se nourrissait et se déplaçait.

C -1. Dynamique de structure forestière Nous avons noté une dégradation importante du couvert à Manombo après le passage du cyclone Gretelle en 1997. La plupart de la structure forestière comprenant la hauteur, le DBH et la surface terrière, ont continué à rester en dessous de leur niveau pré-cyclonique durant la période des 10 ans. En 2007, seule la densité des troncs a atteint leur niveau de l’année 1995. Ces données semblent indiquer que les forêts de Manombo sont encore en cours de restauration suite au passage du cyclone (ou bien les dégradations causées par l’homme ont modifié les structures forestières pendant la période post-cyclonique). Néanmoins, certaines précautions sont à prendre : même si les collectes ont été faites dans les mêmes zones à l’intérieur de la forêt, les mêmes parcelles n’ont pas été ré-échantillonnées au cours des années ce qui pourrait très probablement introduire d’autres effets de micro-habitat. L’obtention d’une plus grande proportion d’arbres à DBH plus élevée que ceux des parcelles de 1999 semble justement indiquer l’existence de ces effets. Pourtant, cette nouvelle tendance aurait pu être en partie la raison d’une plus grande mortalité chez les arbres de taille moindre dans la période 1997-1999 qui a ensuite été suivie par une régénération à long terme (avec le nombre le plus élevé d’arbres atteignant la limite inférieure de taille de mesure en 2007). Birkinshaw & Randrianjanahary (2007) ont observé des effets similaires dans le nord est de Madagascar, 10 à 14 mois après le passage du cyclone Hudah, caractérisés par une dégradation importante des arbres (jusqu’à un taux de mortalité de 50% dans les parcelles) et une réduction de la surface terrière et de la densité du tronc. Même si les réactions des forêts diffèrent d’une région à une autre et d’un site à un autre, les effets immédiats des cyclones sur ces forêts à Madagascar sont généralement les mêmes que ceux qui sont notés ailleurs dans le monde (Everham & Brokaw, 1996 ; Lugo, 2008).

Outre les changements structurels enregistrés ici, la productivité des forêts de Manombo pourrait être altérée. Les données phénologiques de 1999-2000 ont indiqué que la disponibilité des nourritures était hautement imprévisible (Ratsimbazafy, 2002b) bien qu’on ne sache pas si cela diffère des tendances avant le cyclone. Par ailleurs, le cyclone peut avoir des conséquences au niveau du paysage qui ne sont pas évidentes

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HDR- Primatologie outil de conservation Recherche sur les lémuriens dans nos parcelles de forêt situées à l’intérieur (Lugo, 2008 ; Willig et al. 2007). Les fortes tempêtes peuvent créer de nouvelles habitations dans la lisière forestière, diminuer la taille du noyau de la forêt intérieure et réduire la connectivité, ce qui diminue la qualité du milieu habitable et la capacité des animaux à se disperser (Alexander et al. 2005).

Bien que les conséquences immédiates du cyclone aient été très visibles, il est important de noter que les perturbations anthropiques ont longtemps influencé la configuration spatiale et la structure interne des forêts à Manombo. Les activités telles que la coupe sélective peuvent entraîner la diminution de la densité d'arbres matures et de la surface terrière (Cannon et al. 1994 ; Hall et al. 2003), comme cela a été observé à la suite de la tempête. Lors d’un test préliminaire des changements qui ne peuvent être attribués au cyclone Gretelle, nous avons examiné un sous-échantillon pour un intervalle de 2 ans pré-cyclonique. Nous avons observé des changements dans la surface terrière totale mais aucune modification n’a affecté le DBH médian ou la densité des tiges. La diminution de la surface terrière peut être due aux perturbations anthropiques (c’est-à-dire l’abattage d’arbres de grande taille). Par ailleurs, la dynamique des forêts naturelles, telle que la perturbation due à la chute d’arbre ou à sa succession, peut avoir modifié la surface terrière. Il est difficile de faire la distinction entre ces modèles, sans ré-échantillonner au préalable les parcelles avec le temps tout en incluant des mesures directes de recrutement.

Comme ces résultats le prouvent, il est difficile de déterminer les effets indépendants de la perturbation humaine sur les tempêtes et autres processus naturels sur la végétation de Manombo. Cependant, plusieurs raisons nous incitent à penser que les activités humaines passées et présentes contribuent à la dynamique de la forêt. En premier lieu, Manombo a été isolée du bloc de forêt principale de l’Est et fragmentée de l’intérieur pendant au moins 50 ans. Les conséquences à long terme de cette fragmentation s’inscrivent sur les habitats tropicaux, avec les changements du microclimat, la composition des espèces et les caractéristiques structurelles (Laurance et al. 1998 ; Malcolm, 1994 ; Murcia, 1995 ; Williams-Linera, 1990). Il ne fait aucun doute que de tels processus étaient en cours pendant la période d'étude ; en effet, il est fort probable qu’ils ont agit simultanéiment avec les dégâts de la tempête, qui produisent également des brèches dans la forêt (Alexander et al. 2005). En second lieu, les activités humaines peuvent modifier le cycle des nutriments au cours de la période post-cyclonique. La décomposition de l'afflux massif de détritus de feuilles et de débris de bois constitue un élément important du rétablissement de la forêt après le passage des cyclones (Lugo, 2008 ; Ostertag et al. 2003). L’enlèvement généralisé des arbres cassés et déracinés pour la construction de maisons à Manombo (Ratsimbazafy, 2002a) perturbe ces processus. Ces activités peuvent modifier davantage les trajectoires de la réponse de la forêt en enlevant les arbres endommagés qui auraient pu repousser et en endommageant les arbustes encore viables. Enfin, nous avons observé une baisse générale de la perturbation du fait des activités entreprises par l'homme depuis les premières années de l’étude ; mais la persistance de certaines activités telles que le défrichement des forêts

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HDR- Primatologie outil de conservation Recherche sur les lémuriens pour piéger les lémuriens peut toujours avoir des conséquences sérieuses à petite échelle et peut-être des conséquences indirectes sur la structure de la végétation à Manombo.

Des études récentes ont examiné de façon plus directe l'interaction entre les dégâts cycloniques et les perturbations anthropiques. Catterall et al. (2008) ont trouvé peu de différences quant à l’ampleur du changement des forêts entre les habitats fragmentés et les habitats continus à la suite du cyclone Larry en Australie. De même, les lisières et les intérieurs des forêts présentent des conséquences similaires probablement à cause de la forte intensité de la tempête dans tous les types d'habitats (Grimbacher et al. 2008). Cependant, en faisant allusion à la variation sur la dispersion et le recrutement des graines, Catterall et al. (2008) soupçonne que les modèles de rétablissement à long terme peuvent varier selon le niveau de fragmentation. En effet, il semble qu’une échelle de temps adéquat est requise pour ces comparaisons et la plupart des effets, conséquences des tempêtes, sont relativement éphémères (Lugo, 2008). Par exemple, Burslem et al. (2000) ont découvert que la variation dans la composition des forêts des Iles Salomon moins de 20 ans après le cyclone a été fortement influencée par l'empiètement de l'homme et non par les conséquences tardives du cyclone. Compte tenu de ces complexités et de la durée de notre étude qui a été très étroite, nous nous abstenons de tirer des conclusions définitives sur la contribution relative de ces facteurs sur le long terme à Manombo. Toutefois, nous soupçonnons que la trajectoire de la dynamique de la structure forestière tout au long des 12 années d’étude reflète probablement des effets synergiques (Birkinshaw & Randrianjanahary, 2007 ; Laurance, 2002 ; Uriarte et al. 2004). Pour obtenir des réponses plus catégoriques à ces questions, il serait utile d’échantillonner les régimes de perturbation ou de faire des manipulations expérimentales.

Abondance des lémuriens à tête grise (Eulemur cinereiceps) : Contrairement à la structure de la végétation, nous n'avons constaté aucune différence sur la densité de la population de Eulemur cinereiceps entre la période pré-cyclonique et les 10 années qui l’ont suivie. Ainsi, notre prévision selon laquelle l'abondance des lémuriens serait similaire dans les deux périodes d'échantillonnage à condition que la structure forestière recouvre ses niveaux pré-cyclones.

En absence des données comparables en lignes d’inventaire (transect) pour faire état des dynamiques de la population tout au long de l’étude, il est difficile d'évaluer si les lémuriens à tête grise sont résistants aux fluctuations de leur habitat. En d'autres termes, ont-ils récupéré les pertes associées au cyclone ou perturbations humaines ou ont-ils conservé les mêmes densités au fil du temps (Ratsimbazafy et al. 2002a) rapporte une forte baisse dans les populations de lémuriens (environ 50%) au lendemain du cyclone Gretelle même parmi les lémuriens à tête grise. L’estimation de l'abondance relative des chiffres pré-cyclone a été obtenue lors de la recherche comportementale sur deux groupes de lémuriens vari dans la Réserve Spéciale (RSM) et forêts classées de Manombo (MCF) en 1997-1998 (Ratsimbazafy, 2002a, b) d’après les changements relatifs au nombre et à la composition des groupes de lémuriens à tête grise au sein des habitats des lémuriens vari (Ratsimbazafy, com. pers.). On ne sait pas si la mortalité (due aux blessures subies lors de

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HDR- Primatologie outil de conservation Recherche sur les lémuriens la tempête, à la famine ou à une maladie) et/ou la dispersion ont contribué à la baisse signalée de lémuriens à tête grise. On a vu les animaux se déplacer hors de la forêt en dépit d’une distance considérable de 40 kms environ pour trouver des habitats convenables en dehors de la zone d’impact du cyclone. Ceux-ci ont été pris au piège pour servir de nourriture dans les villages (Johnson et al. 2010). De ce fait, la dispersion peut également avoir contribué à hausser le taux de mortalité. Toutefois, la prudence est de mise pour interpréter précisément le déclin apparent de la population après le cyclone. Par exemple, étant donné la flexibilité de la structure de groupe de Eulemur cinereiceps (Johnson, 2006), il est possible que la constitution de sous- groupe soit plus fréquente en réponse aux pénuries de denrées alimentaires à Manombo après le cyclone Gretelle donnant l'impression d'une perte d'individus (bien que cela puisse aussi être dû à une augmentation des nombres de groupes).

On n’a pas observé de telles tendances de stabilité ou de restauration chez Varecia à Manombo après le passage du cyclone Gretelle. Les Varecia ont subi une forte diminution initiale en abondance après la tempête, suivie par l'arrêt de reproduction pendant plusieurs années, et ils restent rares (Ratsimbazafy, 2002b, 2006). Des trajectoires divergentes de ces genres ont été aussi observées dans le Nord-est de Madagascar après le passage du cyclone Hudah (Ratsisetraina, 2006). Ainsi, la réponse à ces modifications de l'environnement n'est pas uniforme dans la communauté de lémuriens même dans les espèces apparemment similaires en écologie (Johnson, 2006 ; Ratsimbazafy, 2002a).

Les modèles récents sur l'évolution de l'écologie et du cycle de vie des lémuriens offrent des mécanismes potentiels pour la résistance ou l'élasticité des lémuriens à tête grise de Manombo. Madagascar se distingue par son sol pauvre en minéraux, son climat très imprévisible (y compris les fortes tempêtes) et la variabilité associée dans les types phénoménologiques au fil des saisons et des années (Dewar & Richard, 2007 ; Ganzhorn et al. 1999b ; Wright, 1999). Les lémuriens ont évolué dans ce contexte; les traits communs à de nombreuses espèces tels que les cycles de vie extrêmement longs ou courts, l'économie d'énergie ou la frugalité ainsi que l'investissement variable dans la reproduction peuvent refléter les stratégies utilisées pour faire face à la stochasticité environnementale y compris les cyclones (Dewar & Richard, 2007 ; Richard et al. 2002 ; Wright, 1999). De nombreuses espèces de lémuriens (y compris les lémuriens à tête grise) maintiennent leurs cycles de vie relativement rapide, avec une reproduction précoce, une fécondité élevée et un faible investissement parental (Gould et al. 1999, 2003 ; Overdorff et al. 1999 ; Tilden & Oftedal, 1995). Compte tenu de l'approvisionnement alimentaire minimum et d'autres exigences écologiques, ces traits devraient permettre à ces espèces de se récupérer après les perturbations plus rapidement que les taxa (« bet- hedging ») ayant un cycle de vie lent – bien que le cycle de vie lent puisse aussi être une adaptation stable aux environnements variables dans le long terme (Dewar & Richard 2007 ; Gould et al. 2003 ; Richard et al. 2002 ; Wright, 1995). Ces caractéristiques peuvent expliquer l’augmentation rapide de la population des lémuriens à queue annelée (Lemur catta) après les sécheresses catastrophiques (Gould et al. 1999). Il a également été remarqué que les caractéristiques du cycle de vie et le potentiel de croissance intrinsèque

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HDR- Primatologie outil de conservation Recherche sur les lémuriens contribuent largement à la résilience différentielle chez les espèces de petits mammifères ayant subi une inondation à Belize (Klinger, 2006). Il faut des données démographiques détaillées sur les lémuriens à tête grise (taux de reproduction, âge à la première reproduction, etc.) pour évaluer l'importance des traits de cycle de vie en réponse aux changements de l'habitat. D'autres aspects de l'écologie comportementale des lémuriens à tête grise expliquent leur stabilité générale en abondance durant la période d’étude. Cette espèce maintient l’organisation sociale de fission- fusion, probablement en réponse à la concurrence aux ressources rares (Johnson, 2006 ; Overdorff & Johnson, 2003). Les groupes sociaux dans les forêts côtières du Sud-est semblent être particulièrement flexibles avec de fréquents transferts de groupe temporaires et permanents. Bien que cela ressemble à la « désorganisation sociale » des populations de Primates perturbés (Pavelka & Chapman, 2005), cette flexibilité peut contribuer à accroître les possibilités de reproduction dans une petite population où le risque de consanguinité serait élevé. Une structure de groupe fluide comme celle-ci pour faire face au stress environnemental a également été observé chez divers mammifères taxa tels que les éléphants (Woolley et al. 2008) et les orques (Parsons et al. 2009).

La flexibilité alimentaire peut aussi contribuer à rendre Eulemur cinereiceps résistant aux changements environnementaux. Cette espèce est essentiellement frugivore (Johnson, 2006 ; Ralainasolo et al. 2008), une denrée qui se raréfie généralement après les violentes tempêtes tropicales (Lugo, 2008 ; Waide, 1991). Toutefois, les lémuriens à tête grise font preuve d'un degré élevé de variabilité inter-site et saisonnière dans leur régime alimentaire. Dans les forêts intérieures, les lémuriens à tête grise dépendent beaucoup des fleurs Pandanus pendant la saison de disette (Johnson 2002), tandis qu’à Manombo, ils intègrent les espèces exotiques telles que le Aframomum angustifolium (Zingiberaceae) (Ralainasolo et al. 2008). Les espèces envahissantes peuvent être particulièrement critiques pour le rétablissement des lémuriens durant la période qui suit immédiatement la période cyclonique ; les espèces exotiques deviennent relativement abondantes après les grandes tempêtes (Lugo, 2008 ; Murphy et al. 2008), en particulier dans les paysages modifiés par l’homme tels que Manombo (Ralainasolo et al. 2008 ; Ratsimbazafy, 2006 ; Thompson et al. 2007). La flexibilité alimentaire ou d'autres adaptations écologiques peuvent également donner au lémurien à tête grise un avantage envers ses concurrents sympatriques. Bien que les lémuriens vari aient modifié leur régime alimentaire, leur effectif a diminué au cours de la période post-cyclonique (Ratsimbazafy, 2006). Ce relâchement de la concurrence peut contribuer à rendre les lémuriens à tête grise capables de maintenir ou de revenir à une taille de population stable. Les changements dans l'abondance relative au sein des communautés sont fréquents après une perturbation de l'habitat qui pourrait entraîner des modèles dynamiques de composition, de diversité et d’imbrication (Klinger, 2006 ; Laurance et al. 2008 ; Willig et al. 2007). Il est également important de noter que l'absence d'une relation étroite entre la structure forestière et l'abondance des lémuriens peut aussi indiquer que l'approvisionnement alimentaire n'est pas un facteur limitant à Manombo. Par exemple, la fréquence de la chasse fait que les lémuriens sont en dessous de la capacité de charge.

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C -2. Orientations futures liées à la perturbation écologique des lémuriens Les risques de perturbation constante et stochastique de l'environnement pour la faune de Madagascar peuvent augmenter avec le changement climatique prévu (Hannah et al. 2008). Les débats sur les conséquences que peuvent engendrer des tempêtes ou des puissants cyclones sont toujours en cours (Elsner et al. 2008 ; Emanuel, 2005). Les sécheresses et incendies de forêts associés à l’El Niño Southern Oscillation (ENSO) se feront aussi plus fréquents avec le réchauffement climatique, entraînant davantage la dégradation de l'environnement (Ingram & Dawson, 2005). L'augmentation probable de la pauvreté de la population rurale Malgache peut mener de plus en plus à l’exploitation non durable des ressources naturelles. En outre, le changement climatique des dernières années a beaucoup perturbé les modèles phénologiques et l'approvisionnement alimentaire, réduisant ainsi la population de lémuriens (Wright, 2006). Enfin, les changements du paysage du point de vue couverture forestière inhibera la dispersion et mènera à l’extirpation et probablement à l’extinction des espèces localisées (Hannah et al. 2008). Suite aux effets de perturbations anthropiques et événements stochastiques qui ont affectés la structure et composition de la forêt, les différentes espèces de lémuriens ont pu répondre différemment aux changements de leur habitat. Des études plus approfondies devraient être orientées sur la séparation de ces diverses causes ainsi que sur les mécanismes qui font que certaines espèces plus vulnérables que d'autres comme les lémuriens à tête grise, s’adaptent apparemment dans leur réponse à court terme aux changements climatiques axés sur l'habitat.

Nous avons montré que l'abondance a finalement été stable durant les 12 années d’étude; il se peut que les populations des lémuriens à tête grise courent encore le risque de disparaître à Manombo. Il peut y avoir un décalage entre les extinctions locales suivant la perte d'habitat (Cowlishaw, 1999), car même les petites populations stables restent vulnérables à la stochasticité environnementale et démographique. Par ailleurs, la perte de diversité génétique et la dépression de consanguinité après les diminutions périodiques peuvent présenter un risque persistant pour le rétablissement des populations. Les résultats sont mitigés en ce sens que les évènements de fragmentation ou stochastique affectent la variation génétique dans les autres espèces de lémuriens (Louis et al. 2005 ; Radespiel et al. 2008 ; Scheffrahn et al. 1998). Les futures recherches axées sur les lémuriens à tête grise devraient se focaliser en premier lieu sur le suivi continu de l'abondance et des conditions de l'habitat ainsi que sur la structure génétique des populations à Manombo et des autres paysages fragmentés.

Au niveau communautaire, la perturbation intermédiaire peut favoriser certaines espèces (par l’augmentation de l'abondance de nourriture) mais finalement, toutes les espèces diminuent et tendent à disparaître avec les perturbations plus élevées (dues au manque de nourriture ou à la chasse : Ganzhorn et al. 1997). Les espèces changent leurs organisations sociales et/ou stratégies alimentaires de façon variée face aux perturbations des forêts (y compris les lisières), montrant des variantes densités à celles des forêts non perturbées (Lehman, 2007 ; Lehman et al. 2006a, b ; Petter et al. 1977). Les Propithecus diadema (Irwin,

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2006, 2008a, b) et Propithecus edwardsi (Arrigo-Nelson, 2006) dans les espaces perturbées ont une masse plus faible avec une consommation réduite en fruits d’arbres à feuillage et une consommation accrue de gui, ainsi qu’une faible capacité odoriférante à la vulnérabilité et l’incapacité de participer à des jeux. Le P. edwardsi souffre dans les sites perturbés alors que les espèces Eulemur vivent normalement et étendent considérablement leur habitat (Dehgan, 2003 ; Schwitzer et al. 2007). Certaines espèces réagissent peu : les Hapalemur griseus vivant dans une forêt tropicale où il y a eu abattage sélectif ou dans les restes de forêt, ou dans les paysages agricoles montrent des différences alimentaires et des gammes réduites sans aucun signe d’altération de la santé (Grassi, 2001 ; Martinez, 2008). Bien que peu d’espèces aient été étudiées, certaines d’entre elles, relativement folivores (H. griseus) s'en sortent mieux que les espèces plus frugivores (Propithecus, Eulemur, Varecia) ; ce fait est compatible avec les données montrant que les frugivores sont plus facilement extirpés (Irwin & Raharison, 2009). Toutefois, des données empiriques suggèrent également de grandes variations chez les « folivores », en particulier ceux qui préfèrent le bambou (par ex. : le Hapalemur aureus ne figure pas dans les fragments de forêts alors que le Prolemur simus survit depuis des décennies ; Wright et al. 2008). Malgré la chasse et les perturbations naturelles, la plupart des études suggèrent que la densité des espèces dépend des ressources alimentaires (Balko & Underwood, 2005) et des changements de comportement (Irwin, 2007). Le Varecia variegata de Manombo (Ratsimbazafy, 2002a ; Ratsimbazafy et al. 2002) a changé de comportement après le ravage cyclonique de plus de 50% de leur arbre fruitier préféré, entrainant une consommation accrue d’arbustes et de plantes envahissantes, un déplacement limité, un temps de repos augmenté, une perte de poids, et un arrêt de reproduction pendant 4 ans (Louis et al. 2005 ; Ratsimbazafy, sous prép.). D'autres facteurs sont moins connus mais sont potentiellement importants telles que la perturbation de la locomotion et la hausse des charges parasitaires (Barrett & Ratsimbazafy, 2009 ; Raharivololona et al. 2007 ; Wright et al. 2009).

La plupart des espèces ne peuvent survivre dans des habitats anthropiques, mais les plantations d'arbres peuvent former des zones tampons autour des forêts fournissant de la nourriture durant certaines saisons pour les lémuriens les plus petits et les plus omnivores (Microcebus, Mirza ; Ganzhorn, 1987 ; Ganzhorn et al. 1999). Cependant, même le Microcebus murinus qui est une espèce résistant aux perturbations et peut vivre dans un environnement similaire à celui d’un jardin comme à Tolagnaro, ne maintient pas ses populations dans les habitats secondaires reliés aux forêts primaires (Ganzhorn & Schmid, 1998). Seuls le Daubentonia madagascariensis et le Eulemur macaco peuvent survivre dans des paysages anthropiques pendant de longues périodes (Colquhoun, 1993 ; Simmen et al. 2007 ; Sterling, 2003). En général, les perturbations des habitats ne sont bénéfiques que pour certaines espèces ; ceux qui survivent présentent souvent une altération dans la physiologie, l’écologie et le comportement, ce qui compromet leurs perspectives à long terme. Les recherches futures devraient élargir notre échantillonnage des sites et des espèces et enquêter sur les mécanismes de proximité touchant les extirpations (tels que la densité des ressources, le microclimat, la prédation, la maladie).

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Chapitre III : Encadrement et Participation aux Activités de Formation des Etudiants et Acteurs Environnementaux

La recherche et l’enseignement/encadrement vont de paire. Un étudiant qui n’a pas reçu de bonnes bases ne pourra pas affronter les différents obstacles dans sa carrière. Une concordance de la formation et l’emploi est l’un de mes buts lucratifs afin d’assurer la demande en matière de recherche, carrière et enseignement. En effet, les méthodes d’enseignement évoluent puisque nous vivons dans un monde dynamique qui suit l’évolution des différentes technologies. Par exemple, nous pratiquons actuellement la méthode active pour enseigner : il n’est plus nécessaire pour les étudiants de réviser bêtement leurs leçons. Le but est leur contribution.

Je constate l’importance de la pratique dans la méthode d’enseignement comme disait ce proverbe chinois : « J’entends puis j’oublie, je vois puis je me souviens, si je fais, je connais». C’est cette méthode que j’ai utilisée pour enseigner et réaliser mes encadrements sur le terrain.

A- ENCADREMENT SUR LE TERRAIN

A-1. Auprès de Durrell Pour assurer la conservation de nos espèces menacées d’extinction, Durrell a développé les trois objectifs suivants : - Développer la capacité de son personnel à Durrell Madagascar ; - Développer les capacités des partenaires locaux et régionaux en matière de conservation des espèces menacées dans les sites d’interventions de Durrell Madagascar ; - Appuyer la formation de 100 étudiants nationaux en matière de conservation de la biodiversité

Le développement et le renforcement de la capacité de notre personnel à travers les formations idoines sont une des conditions sine qua non pour assurer la conservation de nos espèces menacées. Nous dispensons également des formations en gestion et en pratique de la bonne gouvernance aux associations villageoises partenaires (COBA).

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Comme je l’ai mentionné auparavant, je suis Responsable de Formation et de Conservation au sein de Durrell. Depuis notre existence, nous avons toujours renforcé la capacité des natifs malagasy, c'est-à-dire des étudiants dans les différents départements de l’université et dans les établissements privés qui effectuent des stages chez Durrell. C’est sous ma responsabilité que sont supervisés les étudiants. Il peut s’agir d’un groupe d’étudiants, d’un seul étudiant ou d’étudiants préparant leur mémoire de fin d’étude ou leur thèse dans les différents départements comme le département géographie, département Eaux et Forêts, EESS Agro, département Biologie Animale, et le département vétérinaire.

J’ai aussi dispensé quatre formations sur le terrain pour des groupes d’étudiants : - cinq étudiants en niveau DEA du département Paléontologie à Andasibe en 2002 ; - quinze étudiants du DPAB et DBEV et ISTE Fianarantsoa à Manombo en 2004 ; - douze (en 2006) et treize (en 2007) étudiants à Ankarafantsika; - quinze étudiants et employés dans des organismes environnementaux à Manombo.

Ces formations consistent à enseigner les techniques de terrain et méthodes d’étude des primates avec analyses de données et statistiques. Elles sont suivies d’une remise de certificat aux participants.

En 2007, j’ai organisé une séance de renforcement de capacité des environnementalistes à la Réserve Naturelle de Manombo. L’étude du suivi des populations et la biostatistique ont été enseignées. Les participants ont reçu les notions relatives à la Conservation des espèces menacées, la Gestion des espèces envahissantes, et la Gestion des espèces commerciales et l’Evaluation des impacts d’une intervention de gestion au sein d’une population en se référant de la liste rouge de l’UICN et le CITES.

Ainsi, j’ai expliqué le choix des techniques de suivi permettant de respecter l’objectif d’étude, les paramètres à étudier, l’objet d’observation, le comportement et la biologie de l’animal, l’échelle de l’étude et de suivi, l’habitat de l’animal et les ressources disponibles. J’ai mentionné la cause des problèmes actuels de taille et de viabilité d’une population en illustrant par un diagramme de causes à effets. J’ai souligné le fait que toute étude scientifique nécessite des analyses biostatistiques en utilisant un logiciel. J’ai choisi le logiciel SPSS pour cette séance de formation. La connaissance de la Statistique descriptive et de la Statistique analytique paramétrique et non paramétrique s’avère nécessaire. J’ai donc consacré plusieurs heures pour les instruire. Ces notions constituent des outils pédagogiques pour les environnementalistes et chercheurs malgaches afin qu’ils puissent choisir les tests statistiques appropriés aux questions de recherche préétablies et aux données obtenues.

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A-2. Avec REPC-Madagascar Le Réseau des Educateurs et Professionnels de la Conservation (REPC) représente un effort international pour concevoir, créer et encourager l’utilisation de matériels didactiques favorisant la protection de la biodiversité. Ainsi, le but du REPC est d’améliorer la mise en pratique de la conservation de la biodiversité en améliorant la formation.

Le réseau a été créé en 2003 à Madagascar après la constatation de la présence de lacunes dans la formation des académiciens et professionnels qui œuvrent dans le domaine de la biodiversité. Ces lacunes existent également dans les pays où il y a une forte endémicité de la biodiversité mais où sa survie est menacée. A Madagascar, on compte actuellement plus de 1000 membres à travers tout le pays, parmi lesquels figurent des: académiciens des universités publiques et privées, éducateurs et formateurs, professionnels, étudiants travaillant dans des domaines relatifs à la Conservation etc.

Un consortium regroupant le Musée Américain d’Histoire Naturelle (AMNH), Conservation International (CI), Wildlife Conservation Society (WCS) et Durrell Wildlife Conservation Trust (DW) organise toutes les activités du REPC-MD. Il travaille avec des points focaux, une commission nationale et un groupe pilote de formateurs répartis dans toutes les ex-provinces.

Les principales activités de REPC-MD sont : - Le développement des modules : chaque module comporte une synthèse approfondie sur le sujet, une présentation power point, des exercices et un guide d’utilisation. Actuellement, REPC-MD a créé, traduit ou adapté plus d’une trentaine de modules avec la collaboration de plusieurs membres de REPC-MD du milieu académique et professionnel. - La mise en place des centres de ressources dans toutes les ex-provinces - L’organisation de formations pour promouvoir l’utilisation des modules et recueillir des propositions pour leur amélioration.

J’ai beaucoup participé à des formations organisées par le REPC puisque j’étais le point focal du REPC Madagascar chez Durrell jusqu’en 2006. En trois années successives c’est-à-dire en 2005, 2006 et 2007, j’ai donné une formation sur le module « Gestion des espèces menacées » aux professionnels de la région Sud-Ouest et Ouest à Kirindy, Menabe Antimena, ainsi qu’aux professionnels de la région Boeny. Pour les professionnels de la région Atsinanana et Analanjirofo, la formation s’est déroulée à Ivoloina. Pour les professionnels de la région Alaotra Mangoro, le module portait sur « La gestion communautaire des ressources naturelles » et s’est déroulé au le CALA Ambatondrazaka en 2008. Le module a aussi était enseigné aux professionnels à Manombo/Farafangana en 2009, ainsi qu’aux professionnels à Maromandia en 2010. J’ai aussi contribué aux modules organisés par les partenaires.

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Tableau 5 : Les formations offertes par l’équipe de REPC aux professionnels de conservation dans les sites d’intervention de Durrell depuis 2005 jusqu’à 2010 Année Module/Thème Nombre de Lieu de formation professionnels formés 2005 Gestion des espèces menacées : 21 Kirindy – Menabe Antimena Cas des vertébrés 2006 Gestion des espèces menacées : 14 Ampijoroa – Ankarafantsika Cas des vertébrés 2007 Gestion des espèces menacées : 23 Ivoloina – Toamasina Cas des vertébrés 2008 Gestion communautaire 17 Ambotsilaozana – des ressources naturelles Ambatondrazaka 2009 Gestion des espèces menacées : 18 Manombo - Farafangana Cas des vertébrés 2010 Gestion des espèces menacées : 48 Maromandia - Antsohihy Cas des vertébrés

A-3. Auprès d’Earthwatch Le projet Earthwatch est un sous projet de Durrell dont je suis le principal investigateur au titre du projet “Lemurs and Forests of Madagascar”. Il s’agit des actions menées avec des volontaires étrangers qui aident au recueil de données des Varecia à Manombo. Deux groupes de volontaires ont participé au projet chaque année entre 2004 et 2008. Le premier groupe comprenait des Européens et Américains et le second des Africains. Tous étaient des étudiants ou employés au sein d’un projet de conservation. Les volontaires Africains étaient aussi intéressés par l’enseignement, et nous leur avons fourni un certificat suite à leur passage à Madagascar. La formation des volontaires de l’année 2007 a été différente car les participants étaient tous des malgaches : Procureur de la République à Farafangana, Commendant de Brigade de la Gendarmerie à Farafangana, Chef cantonnement des Forêts de Farafangana, Chef de Réserve et volet de la réserve spéciale de Manombo, deux tangalamena (Manombo et Sahamahitsy), Représentant des journalistes à Farafangana, deux responsables du Projet de MBG à Mahabo, responsable du Projet de WWF à Vodronzo, et le responsable du projet de Manombo de Durrell. La formation que j’ai dispensée leur a permis de mieux comprendre la valeur des espèces de lémuriens en danger dans leur région. Ainsi, suite aux échanges effectués durant la formation, tous les participants volontaires ont décidé de travailler ensemble pour réduire les pressions qui pèsent sur les forêts du Sud Est de Madagascar. Nous avons rédigé un texte ensemble qui a été approuvé au niveau de la région Atsimo atsinanana.

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84 volontaires ont participé au projet « Lemurs and Forests of Madagascar », dont 54 hommes et 30 femmes. Ils provenaient de 25 pays différents dans les quatre coins du monde. 14 d’entre eux étaient des volontaires malgaches.

A-4. Auprès du GERP Le GERP ne s’en tient pas simplement à la recherche. Un autre volet de ses objectifs est de donner des formations. Une formation a été dispensée dans le site de Sahafina, sous la responsabilité de Biodiversity Conservation Madagascar (BCM). Les participants à la formation sur les études en primatologie que nous avons offertes étaient des étudiants de 3ème et 4ème années de l’université.

Encadrement des étudiants En tant qu’enseignant à l’Université d’Antananarivo, Secrétaire Général du GERP, instructeur dans le cadre des travaux de terrain, les étudiants viennent souvent me consulter à mon domicile (où ils savent qu’ils peuvent me trouver lorsque je suis à Antananarivo). Il n’est pas rare qu’en une semaine, près de 10 étudiants non inscrits au GERP me sollicitent pour me demander conseil sur leurs mémoires ou recherches nécessaires à leur thèse ou encore pour avoir accès à la bibliothèque localisée à mon domicile, au GERP ou à Durrell. Dans le cadre du programme de formations théorique et pratique des étudiants en matière de Primatologie au GERP dans la forêt de Sahafina (Brickaville), je donne des cours de biostatistique aux étudiants de différents Départements de l’Université d’Antananarivo à savoir le Département de Paléontologie et d’Anthropologie Biologique, le Département de Biologie Animale, le Département de la Biologie et Ecologie Végétale, le Département de la Médecine Vétérinaire et le Département de Sciences Naturelles de l’Ecole Normale Supérieure. Plusieurs concepts sont nouveaux ou incompris par ces étudiants. Je présente donc ces idées par étapes en commençant par les plus simples pour finir sur les plus ardues. J’invite les étudiants à ne pas hésiter à poser des questions au cours des présentations et je reprends les points qu’ils n’ont pas compris, ou sur lesquels ils souhaitent obtenir plus d’informations. Je reçois de nombreuses demandes d’étudiants européens et américains pour participer à notre programme de recherche sur les sites gérés par Durrell et par GERP, en particulier, dans la future Nouvelle Aire protégée de Maromizaha. Dans la plupart des cas, je demande à intégrer les étudiants malgaches pour que ces derniers puissent participer aux inventaires biologiques et aux études de suivi écologique: ceci leur permet de faire avancer leurs connaissances non seulement en éthoécologie, mais aussi sur l’abondance et la distribution de la faune du site. Je considère que c’est au niveau du processus d’avancement des jeunes scientifiques malgaches que je dois tenir un rôle important et consacrer mes efforts. En effet, il est primordial d’augmenter le nombre de malgaches compétents en tant que biologistes de terrain avec une base solide dans le domaine de la biologie de la conservation, dans la mesure où l’avenir de la conservation du patrimoine naturel de l’île repose sur cette génération. Compte tenu de divers facteurs tels que la croissance démographique et le taux

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HDR- Primatologie outil de conservation Encadrement et participation de déforestation, c’est la génération actuelle de malgaches œuvrant pour la conservation dans les secteurs publics ou privés qui aura la dernière chance de sauver la biodiversité unique de l’île.

B- ACTIVITES PEDAGOGIQUES Après mon retour des Etats –Unis en 2002, j’ai enseigné à l’Université d’Antananarivo. Depuis 1998 j’ai supervisé les mémoires de fin d’étude de quatre étudiants qui ont préparé leur DEA. Je les ai moi-même financés. Les cours, méthodes et statistiques utilisés en biologie que j’enseigne sont différents pour chaque département (Voir tableau 7). J’ai aussi enseigné la biométrie, le logiciel SPSS pour l’analyse des données, le logiciel Endnote pour les références bibliographiques, ainsi que le logiciel Excel nécessaire pour établir des graphes et les intégrer aux rapports scientifiques, mémoires ou thèses. A souligner que ces derniers sont des matières transversales nécessaires aux étudiants de tous les départements pour l’écriture d’un article scientifique. Ci-dessous, voici les trois Universités où se trouvent les départements, institutions, et école professionnelle : ‐ Département de Paléontologie et d’Anthropologie Biologique (Université d’Antananarivo) ‐ Département de Biochimie (Université d’Antananarivo) ‐ Département de Pharmacologie (Université d’Antananarivo) ‐ Département d’Entomologie (Université d’Antananarivo) ‐ Département des Eaux et Forêts (Université d’Antananarivo) ‐ Département d’Enseignement des Sciences et de Médecine vétérinaires (Université d’Antananarivo) ‐ Institut Supérieur de « Gestion de Ressources Naturelles et Environnement (GRENE) (Université de Toamasina) ‐ Centre Ecologique de Libanona (Tolagnaro) ‐ Institut National du Tourisme et de l’Hôtellerie (INTH)

Les universités étrangères sont: ‐ Michigan State University – USA ‐ Filière Sciences Naturelles (Université des Comores)

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HDR- Primatologie outil de conservation Encadrement et participation

Tableau 6 : Matières enseignées aux différents niveaux dans les universités Année Niveau Matières enseignées Département/Option (Université)

2002 - 2010 5e année (AEA) Méthodologie d’approche en vue d’une région Paléontologie et d’Anthropologie Biologique – donnée (aire protégée pour les animaux actuels Université d’Antananarivo ou gisements fossilifères pour les fossiles et subfossiles), étude de la dynamique des populations animales dans cette région par l’application des différents indices permettant l’appréciation de cette dynamique 2004 - 2010 4e année Biométrie ESSA (Agronomie) - Eaux et Forêts (Université d’Antananarivo) 2004 - 2009 5e année Biométrie ESSA (Agronomie) - Eaux et Forêts (Université d’Antananarivo) 2006 - 2009 DEA Conception de gestion et d’évaluation de la ESSA -- Eaux et Forêts – Sciences Agronomiques – biodiversité Option : Forestrie, Développement, Environnement Statistique (Université d’Antananarivo) 2006 2e année Ecologie numérique (Biostatistique) Centre Ecologique de Libanona (Tolagnaro) 2008 4e année (M2) Protection & Conservation des primates Option Primatologie – Faculté des Sciences – (Université de Mahajanga) 2007 4e année Ecologie des animaux sauvages Faculté de Médecine (Vétérinaire) (Université d’Antananarivo) 2008 - 2010 3e année (M1) Statistique Biochimie (Université d’Antananarivo)

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Tableau 6 (suite) Année Niveau Matières enseignées Département/Option (Université)

2008 – 2010 4e année (M2) Statistique Pharmacologie (Université d’Antananarivo) 2008 – 2010 4e année (M2) Statistique Entomologie (Université d’Antananarivo) 2008 - 2010 5e année (AEA) Statistique Entomologie (Université d’Antananarivo) 2009 - 2010 3e année Biostatistique & Analyse des données GRENE (Université de Toamasina) 2008 - 2010 3e & 4e année Biodiversité de Madagascar (Lémuriens, tortues, Michigan State University - USA etc.) 2007 - 2010 2è & 3e année Faune sauvage de Madagascar Médecine Vétérinaire (Université d’Antananarivo) 2010 Master2 Scientific writing Filière Sciences Naturelles (Université de Comores)

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Participation en qualité de membre de jury à la soutenance de mémoires et thèses J’ai participé à la notation de thèse ou mémoire de 64 étudiants dans différents départements dont 07 étudiants mémoires de Maîtrise/Bachelor, 13 d’ingéniorat, 39 de DEA (Master) et 05 de Doctorat. Pour les étudiants qui ont effectué des stages et travaux sur le terrain chez Durrell, je suis invité pour juger leurs travaux de recherches lors de la soutenance en tant que membre de Jury.

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Tableau 7 : Liste des encadrements et évaluations des étudiants malgaches DEA (encadrement) Nom de l’étudiant Ecole/Département Titre du mémoire de DEA Date de soutenance (Université)

Rakotonirainy Eaux et Forêts, ESSA – Evaluation des ressources icthyques dans le 21 décembre 2007 Rondronavalona Faranirina Université d’Antananarivo complexe de zones humides Mahavavy- Kinkony

Randrianarimalalasoa Paléontologie et Etude de la morphologie, du comportement 22 décembre 2008 Viviane d’Anthropologie Biologique – et de l’habitat de Microcebus griseorufus de Université d’Antananarivo la forêt galérie et de la forêt sèche de la Réserve Spéciale de Bez Mahafaly

Soazandry Mathilde Eaux et Forêts, ESSA – Etude de la population et de la valeur 02 juin 2009 Université d’Antananarivo économique de l’espèce Furcifer labordi, Sauria, CHAMELEONIDAE) dans le Menabe Antimena (Morondava)

Mihaminekena Tsimisento Paléontologie et Etude de la relation entre la dégradation de 08 juillet 2010 Hasimija d’Anthropologie Biologique – l’habitat et les activités de Propithecus Université d’Antananarivo edwardsi dans la Parc National de Ranomafana – Ifanadiana, Madagascar

Mananjara Willy Sylvio Eaux et Forêts, ESSA – Impacts biologiques et économiques de la 02 juillet 2010 Université d’Antananarivo collecte de Mantidactylus grandidieri (Amphibiens – Mantellidae) dans le District de Moramanga : cas d’Andranomandry et d’Alakambato

HDR- Primatologie outil de conservation Encadrement et participation tableau 7 (suite)

Rakotoarisoa Andoniaina Eaux et Forêts, ESSA – Utilisation de l’habitat et étude de En cours Harilala Université d’Antananarivo comportement alimentaire des deux espèces sympatriques (Eulemur collaris et Lemur catta) dans la forêt fragmentée d’Ambatotsirongorongo

Rajaobelina Tahinarivelo Eaux et Forêts, ESSA – Contribution à l’étude de la gestion locale En cours Université d’Antananarivo des mangroves dans la commune rurale de Boanamary

Randriarimanana Lalaina Eaux et Forêts, ESSA – Evaluation économique de l’Eulemur En cours Université d’Antananarivo albocollaris dans le Sud Est de Madagascar dans le cadre de sa conservation

Randriamiharisoa Jules Eaux et Forêts, ESSA – Contribution à l’analyse de la conservation En cours Félix Université d’Antananarivo ex-situ des espèces menacées en vue de la réintroduction dans leur habitat naturel : Cas de Varecia v. variegata

Andriamihaja Rado Paléontologie et Etude des comportements et l’utilisation de En cours d’Anthropologie Biologique – l’habitat par Propithecus coronatus dans la Université d’Antananarivo forêt de Dabolava

HDR- Primatologie outil de conservation Encadrement et participation

DEA (membre de jury) tableau 7 (suite) Nom de l’étudiant Ecole/Département Titre du mémoire de DEA Date de soutenance (Université)

Zaonarivelo john Rigobert Paléontologie et Analyse des modalités d’adaptation de 30 novembre 1999 d’Anthropologie Biologique Varecia variegata dans un milieu perturbé : (Université d’Antananarivo) cas de Manombo Farafangana

Ravololomanana Noromalala Biologie et Ecologie Végétale Contribution à l’étude des espèces 13 décembre 2001 (Université d’Antananarivo) envahissantes dans la forêt de Manombo, Farafangana (Biologie, Ecologie, Régénération naturelle)

Andrianjazalahatra Lalason Paléontologie et Contribution à l’étude de la séparation 29 octobre 2002 Tantely d’Anthropologie Biologique écologique de trois lémuriens sympatriques (Université d’Antananarivo) de Mandena, Fort Dauphin : Microcebus murinus, Cheirogaleus spp, Avahi laniger

Iambana Richardson Biologie et Ecologie Végétale Contribution à l’étude phénologique des 16 janvier 2003 Bernard – Université d’Antananarivo plantes consommées par Varecia v. variegata dans la réserve naturelle intégrale de Betampona

Rajaonarivelo Nirina Biologie et Ecologie Végétale Caractérisation écologique des habitats de 28 janvier 2004 – Université d’Antananarivo Hypogeomis antimena et détermination des facteurs prépondérants à sa distribution

HDR- Primatologie outil de conservation Encadrement et participation

Day Sabine Rasoarivelo Paléontologie et Contribution à l’étude comparative des 27 avril 2004 d’Anthropologie Biologique – activités intragroupe et intergroupe Université d’Antananarivo d’Eulemur collaris de taille différente dans la zone de conservation de Sainte Luce, Fort Dauphin

Rakotonirina Eléonore Paléontologie et Contribution à l’étude comparative de 28 avril 2004 d’Anthropologie Biologique – l’alimentation intergroupe de taille Université d’Antananarivo différente d’Eulemur collaris dans la forêt littorale de Sainte Luce, Fort Dauphin

Razafindramahatra Biologie Animale – Université Etude des comportements des groupes de 23 juillet 2004 Lantonirina Victoire d’Antananarivo Hapalemur griseus alaotrensis dans un parc villageois du lac Alaotra

Rabemananjara Vololona Eaux et Forêts, ESSA – Contribution à l’élaboration d’un plan de 27 décembre 2004 Harisoa Christina Université d’Antananarivo développement durable des zones humides : cas d’Antanifotsy Bevava (Ambatondrazaka)

Rakotondramanana Claude Eaux et Forêts, ESSA – Etude de la fragmentation et de la 27 décembre 2004 Myriam Université d’Antananarivo dégradation des forêts naturelles des hautes terres sur l’activité des microchiroptères : cas de la forêt d’Ambohitantely

Rantoanina Andrianasolo Eaux et Forêts, ESSA – Contribution à l’étude sur l’utilisation des 28 décembre 2004 Rajaonasitera Université d’Antananarivo lisières par les microchiroptères : cas de la Réserve Spéciale d’Ambohitantely

HDR- Primatologie outil de conservation Encadrement et participation tableau 7 (suite)

Andriamanandratra Andry Eaux et Forêts, ESSA – Ecologie du Miniopterus manavi, ses janvier 2005 Université d’Antananarivo activités en relation avec les saisons successives, l’abondance alimentaire et l’habitat

Andriaharimalala Tahiana Biologie et Ecologie Végétale Caractérisation écologique des différents 14 février 2005 – Université d’Antananarivo types d’habitats d’animaux dans le complexe forestier de Menabe Central

Randriamahaleo Sahoby Ivy Paléontologie et Effets de la dégradation de la forêt et 19 mai 2005 d’Anthropologie Biologique – impacts sur les activités de Propithecus Université d’Antananarivo diadema edwardsi dans deux sites : Talatakely et Valohoaka du Parc National de Ranomafana

Andriamiarinosy Mbolatiana Eaux et Forêts, ESSA – Analyse et évaluation des enjeux 21 octobre 2005 Université d’Antananarivo anthropiques et écologiques favorisants la dégradation des écosystèmes (forestiers denses sèches intactes et dégradées, forêts galéries, forêts de baobab, monka, mangrove et lac) : habitats des espèces menacées (faune et flore) dans la région de Menabe en vue de les conserver

Rakotonirina Laingoniaina Paléontologie et Etude comparative du microhabitat des 09 décembre 2005 Herifito Fidèle d’Anthropologie Biologique – activités et de l’alimentation d’Eulemur Université d’Antananarivo rubriventer des deux sites : Talatakely et Vatoharanana dans le Parc National de Ranomafana

HDR- Primatologie outil de conservation Encadrement et participation tableau 7 (suite)

Nirina Harisoa Raymonde Biologie et Ecologie Végétale Etude écologique des trois forêts GCF du 28 avril 2006 – Université d’Antananarivo Menabe Central nord : Régénération naturelle des espèces les plus utilisées par les populations villageoises de Tsitakabasia, Kiboy et Tsianaloky dans la commune rurale de Tsimafana

Rasatatsihoarana Heriniaina Eaux et Forêts, ESSA – Etude quantitative des besoins en produits 31 janvier 2007 Thierry Franco Université d’Antananarivo ligneux pour la construction de charpentes de cases traditionnelles dans les zones périphériques de la forêt littorale de Mahabo (District de Farafangana)

Razafindramanana Josia Eaux et Forêts, ESSA – Etat et distribution de la population de 27 septembre 2007 Université d’Antananarivo lémurs bruns (Eulemur fulvus rufus x Eulemur collaris) dans la réserve de Berenty

Andrianome Vonjy Nirina Eaux et Forêts, ESSA – Les facteurs affectant l’effet de la 27 septembre 2007 Université d’Antananarivo consommation de Leucaena leucocephala par Lemur catta femelles dans la réserve privée de Berenty

Rarivomanana Hanitriniaina Eaux et Forêts, ESSA – Etude du stock de carbone dans le Parc 18 décembre 2008 Tahina Université d’Antananarivo National de Ranomafana

Rakotozafy Mialy Tiana Biologie Animale – Université Biologie s et estimation de la densité de la 13 janvier 2009 Lalaina d’Antananarivo population de Pyxis planicauda dans la forêt dense sèche et semi-caducifoliée de Menabe central, Madagascar

HDR- Primatologie outil de conservation Encadrement et participation

Andrianandrasana Tiana Eaux et Forêts, ESSA – Développement des systèmes de 07 avril 2009 Herizo Université d’Antananarivo télédétéction en vue d’améliorer le suivi de l’habitat et des feux de marais au lac Alaotra

Ranaivoson Andry Entomologie (Université Lutte agroécologique contre les Juillet 2009 d’Antananarivo) Lépidoptères foreurs de tige du riz cultivé en bas fond et sur tanety dans la région d’Ankepaka (Manakara)

Rakotobe Hanjatiana Eaux et Forêts, ESSA – Analyse sylvicole pour la restauration du 31 juillet 2009 Ratsimanisa Université d’Antananarivo paysage forestier et en vue d’assurer la pérennité des lémuriens de la forêt de Sahafina, Anivorano Est, Mahatsara - Brickaville

Rakotosalama Andriatahina Biologie Animale – Université Suivi et étude des adaptations à la vie 06 octobre 2009 Henri d’Antananarivo sauvage des tortues à soc (Astrochelys yniphora) réintroduites à Beaboaly, Parc National de Baie de Baly

HDR- Primatologie outil de conservation Encadrement et participation tableau 7 (suite) INGENIORAT (encadrement) Nom de l’étudiant Ecole/Département Titre du mémoire de DEA Date de soutenance (Université)

Rahaingondrahety Volana Eaux et Forêts, ESSA – Conservation et Ecologie de Pteropus rufus 20 novembre 2007 Nasolo Université d’Antananarivo dans la Région d’ (Cas des Communes Rurales d’Amboasary Sud et de Mahatalaky)

Rakotovololonalimanana Eaux et Forêts, ESSA – Etude de l’écologie et de la morphologie de 16 juin 2008 Herizo Université d’Antananarivo Furcifer lateralis et de Furcifer minor dans les localités Itremo et Ambatofinandrahana

Rakotonoely Harisoa Eaux et Forêts, ESSA – Etude de l’abondance, Etude 23 juillet 2008 Université d’Antananarivo morphométriques et Socioéconomiques en vue de la conservation de l’amphibien Mantella aurantiaca dans le District de Moramanga

Rakotondrasoa Eaux et Forêts, ESSA – Analyse de l’exploitation forestière de la 02 octobre 2008 Hasinarijaona Laza Université d’Antananarivo forêt de Manombo-Farafangana, Madagascar

Bonaventure Rebada Eaux et Forêts, ESSA – Ecologie et comportement de Propithecus 05 mai 2010 Tolotranomenjanahary Université d’Antananarivo verreauxi verreauxi dans les zones Anjara Rostollan d’extensions de la Réserve Spéciale de Beza-Mahafaly

HDR- Primatologie outil de conservation Encadrement et participation

Tableau 7 (suite) INGENIORAT (membre de jury) Nom de l’étudiant Ecole/Département Titre du mémoire de DEA Date de soutenance (Université)

Andrianarivony Rina Eaux et Forêts, ESSA – Contribution à l’étude des communautés 02 mai 2005 Université d’Antananarivo aviaires dans le corridor entre les deux parcelles de la réserve spéciale de Beza Mahafaly

Rahajarivony Andriantsoa Eaux et Forêts, ESSA – Etude socio-économique des villages 21 septembre 2005 Université d’Antananarivo riverains de la rivière Loza en vue de la classer en site Ramsar

Razafindraibe Miandrisoa Eaux et Forêts, ESSA – Etude des impacts des animaux 22 octobre 2008 Université d’Antananarivo domestiques dans la Réserve Spéciale de Beza-Mahafaly en vue du renforcement de sa gestion durable

Ratovonasy Lamina Vatosoa Eaux et Forêts, ESSA – Etude écologique de l’habitat et répartition 04 décembre 2008 Université d’Antananarivo spatiale de Lepilemur sahamalazensis en relation avec la dégradation forestière dans l’aire protégée marine et côtière Sahamalaza – Iles Radama en vue d’une conservation

Randrianarison Van’t Acyl Eaux et Forêts, ESSA – Etude de la diversité et de la 16 juin 2010 Marie Joseph Université d’Antananarivo disponibilité de sources de protéines animales dans la région de Menabe

HDR- Primatologie outil de conservation Encadrement et participation

Tableau 7 (suite) CAPEN (membre de jury) Nom de l’étudiant Ecole/Département Titre du mémoire de DEA Date de soutenance (Université)

Rakotobe Hanjatiana Ecole Normale Supérieure – Etude de l’adaptation de Eulemur 30 novembre 2006 Ratsimanisa Filière Science Naturelle – rubriventer dans une forêt de base altitude : Université d’Antananarivo Exemple de la forêt de Sahafina (Anivorano – Est, Mahatsara – Brickaville)

Tsaramanana Raymond Ecole Normale Supérieure – Etude comparative des comportements de 18 mars 2009 Donald Filière Sciences Naturelles – Lemur catta pendant la saison humide de Université d’Antananarivo 2006 et 2007, en fonction des disponibilités alimentaires dans la Réserve de Berenty

HDR- Primatologie outil de conservation Encadrement et participation

Tableau 7 (suite) MASTER (encadrement) Nom de l’étudiant Ecole/Département Titre du mémoire de DEA Date de soutenance (Université)

Sandry Sambo Tombo Biologie Animale & Ecologie La pratique de fission-fusion chez les 14 avril 2008 – Faculté des Sciences – lémuriens Université de Mahajanga

Ahamed Faouza Biologie Animale & Ecologie L’exploitation des ressources naturelles de 14 avril 2008 – Faculté des Sciences – deux espèces nocturnes de lémuriens (Avahi Université de Mahajanga et Lepilemur)

Velonjara Angelin Biologie Animale & Ecologie Utilisation des microhabitats chez les 22 mai 2008 – Faculté des Sciences – différentes espèces nocturnes de lémuriens Université de Mahajanga

Andrianantenaina Antoine Biologie Animale & Ecologie Comparaison de la locomotion entre 15 janvier 2010 – Faculté des Sciences – Eulemur mongoz et Propithecus coquereli Université de Mahajanga dans le Parc

National d’Ankarafantsika

Rasolondraibe Emmanuel Biologie Animale & Ecologie Comportement de vigilance chez les En cours – Faculté des Sciences – Indriidae Université de Mahajanga

HDR- Primatologie outil de conservation Encadrement et participation

Tableau 7 (suite) DESS (encadrement) Nom de l’étudiant Ecole/Département Titre du mémoire de DEA Date de soutenance (Université)

Rasoamahafaly Augustine Faculté des Sciences – Diagnostic, schéma d’aménagement et de 25 février 2009 Université d’Antananarivo plan de gestion de la forêt classée de Manombo Farafangana

THESE (2nd Cycle – encadrement) Rakotoarivelo Hery Vololona Enseignement de Sciences et Etude des parasites gastrointestinaux de 04 septembre 2009 de Médecine Vétérinaires – l’Eulemur cinereiceps dans les sites Université d’Antananarivo forestiers de Mahabo et de Manombo

Randriarimanana Nirina ’Enseignement de Sciences et Impacts de la promiscuité des animaux En cours Voniarilala de Médecine Vétérinaires – domestiques et animaux sauvages sur la Université d’Antananarivo santé des lémuriens

Rajaonarivelo Tsiky Hariniaina Enseignement de Sciences et Evaluation et comparaison de la qualité En cours de Médecine Vétérinaires – nutritionnelle des aliments offerts aux Université d’Antananarivo lémuriens frugivores en captivité dans deux parcs zoologiques (Parc Ivoloina et Parc Zoologique et Botanique de Tsimbazaza)

Tsifaniharo Nirina Olivia Enseignement de Sciences et Evaluation biomédicale et étude de stress En cours de Médecine Vétérinaires – chez les lémuriens dans le complexe Université d’Antananarivo forestier d’Ambatovy

HDR- Primatologie outil de conservation Encadrement et participation

Tableau 7 (suite) THESE (2nd Cycle membre de jury)

Nom de l’étudiant Ecole/Département Titre du mémoire de DEA Date de soutenance (Université)

Andrianiaina Jean Thierry Enseignement de Sciences et Contribution à l’étude des parasites 28 mai 2008 de Médecine Vétérinaires – intestinaux des Astrochelys yniphora en Université d’Antananarivo captivité, relâchées et sauvages

HDR- Primatologie outil de conservation Participation aux conférences

Chapitre IV : Participation aux Conférences Nationales & Internationales

J’ai participé à différentes conférences aussi bien au niveau national qu’international : ceci m’a permis de partager les résultats de mes recherches et de communiquer avec les autres chercheurs. Je réitère qu’un chercheur devrait s’épanouir au sein de son entourage, échanger des idées/expériences et communiquer avec les autres chercheurs, et être à jour par rapport aux différentes nouvelles technologies. J’ai eu le privilège d’assister et de participer aux conférences et ateliers en tant que : ◦ Responsable de Formation chez Durrell ◦ Investigateur Principal pour Earthwatch : Projet « Lemurs and Forests of Madagascar » ◦ Secrétaire Général du GERP ◦ Vice-Président de la Conservation pour l’International Primatological Society Le tableau ci-après représente ces diverses conférences :

Tableau 8 : Conférences nationales & présentations

Date Thème Lieu 20 – 25 mai 2001 IUCN - Evaluation et Plans de Gestion pour la Conservation Hôtel Ermitage de la Faune de Madagascar (CAMP) Mantasoa - Antananarivo 13 – 14 novembre 2001 Total Biodiversity Coverage for Madagascar Hôtel Hilton - Antananarivo 2003 – 2010 Création des Nouvelles Aires Protégées Antananarivo 14 – 16 janvier 2004 Atelier de Planification et de Développement du Réseau Hôtel Panorama REPC - MD - Antananarivo 04 – 08 avril 2005 IUCN Global Mammal Assessment - Madagascar Hôtel Hilton - Antananarivo 13 – 14 décembre 2007 Espace Dera Procès verbaux du symposium national sur le suivi – Antananarivo écologique « Monitoring Matters » : Analyses comparatives des approches innovatrices

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HDR- Primatologie outil de conservation Participation aux conférences

Tableau 8. (suite) Date Thème Lieu 17 – 18 décembre 2008 Procès verbal du deuxième symposium national sur le Eaux & Forêts suivi écologique MOMA (monitoring matters) : Ambatobe - Définition d’un standard minimum indispensable au suivi Antananarivo de la biodiversité de Madagascar (Santé et Valorisation) 28 – 31 janvier 2008 Atelier sur l’Evaluation de la vulnérabilité de la Hôtel Carlton biodiversité et des moyens de subsistance face au - Antananarivo changement climatique à Madagascar 2009 – 2010 Convention sur la Diversité Biologique Antananarivo

Tableau 9 : Conférences internationales & présentations Date Conférences/Thème Lieu (ville – pays) 2 - 4 juin 1995 Natural and human-induced change in Chicago - USA Madagascar 9 – 13 avril 1996 64è Réunion de l’American Association of Caroline du Nord - USA Physical Anthropology 11 – 16 août 1996 16è Congrès de l’International Society of Madison, Wisconsin - Primatological USA 10 – 14 août 1998 17è Congrès de l’International Society of Antananarivo - Primatological Madagascar 01 – 04 juin 2002 25è Réunion annuelle de l’American Society of Oklahoma - USA Primatological 14 – 19 juillet 2002 16è Réunion annuelle du Society for Canterbury - UK Conservation Biology 30 juillet – 02 août 18è Réunion annuelle du Society for New York - USA 2004 Conservation Biology 22 – 28 août 2004 20è Congrès de l’International Society of Torino - Italie Primatological 15 – 19 juillet 2005 19ème Réunion annuelle du Society for Brasilia - Brésil Conservation Biology 20 – 24 juin 2006 Symposium Global 2006 Madagascar : Faire Antananarivo - Face au Déclin de la Nature – Le Contexte Madagascar Africain 25 – 30 juin 2006 21è Congrès de l’International Society of Entebbe - Uganda Primatological

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HDR- Primatologie outil de conservation Participation aux conférences

Tableau 9 (suite) Date Conférences/Thème Lieu (ville – pays) 29 mars 2007 Royal Geographical Society -- Earthwatch Londres - UK 30 – 31 mars 2007 Society, Natural Resources and Norwich - UK Development in Madagascar, Recent Contributions by Research Community 18 – 19 octobre 2007 International Board Meeting of San Francisco - USA Earthwatch Institute Directors 03 – 08 août 2008 22è Congrès de l’International Society of Edinburgh - Ecosse Primatological 26 – 28 janvier 2010 Conservation of the critically endangered Antananarivo - greater bamboo lemur Prolemur simus : Madagascar What to know now, what we need to know and potential conservation strategies 12 – 18 septembre 2010 22è Congrès de l’International Society of Kyoto - Japon Primatological

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HDR- Primatologie outil de conservation Education et stratégies de conservation

Chapitre V : Education et Stratégies de Conservation

A- EDUCATION Quand nous parlons de Madagascar à des étrangers, les premières images qui leur viennent à l’esprit sont les baobabs, l’île rouge, les ravinala et surtout les lémuriens. Mais quand nous parlons de nos lémuriens, que disons-nous ? Que savons-nous ? Souvent, ce sont les autres qui en savent plus sur ces petits primates qui font notre fierté. Ce sont les autres qui nous apprennent comment ils vivent, ce qu’ils mangent ou encore comment les protéger. Et pourtant ils font partie de notre patrimoine (WWF- 2007).

Quand j’étais à l’école primaire, je me souviens avoir découvert des animaux qui n’existaient pas et qui n’existent pas chez nous. Nous connaissions plutôt les girafes, les lions, les tigres, et les ours polaires, c’est-à-dire des animaux qui ne vivent pas à Madagascar. C’est seulement à l’université que j’ai appris que les lémuriens constituaient un « patrimoine international endémique de Madagascar ». Et c’est seulement en préparant le diplôme de Maîtrise qu’il m’a été enseigné que les lémuriens étaient d’origine malgache, bien que quelques espèces exportées vivent sur une île voisine (Comores), ainsi que dans certains parcs protégés dans le monde. Autrement dit, la plupart des enfants malgaches sont peu familiers avec les espèces endémiques, c’est-à-dire uniques à Madagascar, et n’apprennent pas la science de la conservation dès leur plus jeune âge. Quand ils deviennent adultes, rares sont ceux qui manifestent des convictions pour s’engager dans la sauvegarde de la biodiversité en danger (Ratsimbazafy, 2003 ; Dollins et al. 2010). Je considère le massacre des lémuriens en 2009 comme le crime vert de l’année 2009 qui démontre en quelque sorte le peu de valeur attribuée par certaines personnes à notre patrimoine.

La culture malgache est très riche et nous pouvons être fiers d’avoir hérité d’une culture provenant à la fois d’Asie et d’Afrique. Malheureusement, presque tous les proverbes traditionnels malgaches ont été inspirés d’expériences avec les animaux domestiques (vaches ou poulets) ou encore avec les animaux que nous observons dans notre vie quotidienne (chiens, chats, etc.). Ce manque de connaissance au sujet des espèces endémiques contribue à l’absence de respect des lois en vigueur qui interdisent la chasse des animaux protégés comme les lémuriens. En effet, bien que la conservation soit devenue une préoccupation du gouvernement depuis ces deux dernières décennies, les lémuriens sont toujours pourchassés aujourd’hui (Ratsimbazafy, 2003).

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HDR- Primatologie outil de conservation Education et stratégies de conservation

Nous sommes convaincus que la conservation n’est pas possible si, en contrepartie, la population ne reçoit pas les soins médicaux, l’éducation appropriée, et qu’elle est contrainte à vivre dans la pauvreté. Nous sommes également convaincus que l’implication de la population locale est primordiale à Madagascar pour assurer la sauvegarde des espèces menacées. Si les gens ne connaissent pas l’importance et la valeur de ces lémuriens dès leur plus jeune âge, leur conservation reste toujours incertaine. C’est pourquoi nous avons proposé d’utiliser la primatologie comme outil didactique à l’école primaire, car les lémuriens existent dans les six ex-provinces de Madagascar (Ratsimbazafy, 2003). Il faut que nous profitions de cette grande diversité et distribution des lémuriens, qui présentent plusieurs couleurs, formes, comportements, locomotions, régimes alimentaires et adaptations, dans différents types d’écosystèmes, pour sensibiliser les enfants. D’ailleurs, plusieurs centaines d’articles scientifiques et non-scientifiques sur les lémuriens sont actuellement disponibles dans différentes langues (malgache, français, anglais, espagnol, allemand, etc.). C’est la raison pour laquelle nous affirmons que les lémuriens figurent parmi les outils didactiques les plus appropriés pour les enfants malgaches de différents niveaux si nous souhaitons que nos enfants s’intéressent à la conservation de la biodiversité en danger et aux espèces en péril comme les lémuriens. Dans le Mada Journal n°70 publié en février 2006, j’ai lancé les pistes de réflexion suivante : « Si Madagascar est reconnu dans le monde comme le pays des lémuriens, pourquoi ne pas ériger une statue géante du Maki dans la capitale qui sera à la fois le symbole de la fierté nationale et de la valeur rattachée à ce patrimoine naturel et culturel ? Les Brésiliens eux, ont bâti une statue géante de Pélé, le roi du football, les Français, la tour Eiffel et les Américains, la statue de la Liberté. Pourquoi ne pas inclure dans le programme scolaire la connaissance de nos primates ? On ne peut aimer et préserver sans savoir et comprendre »

Depuis ces quelques dernières années, nous avons constaté que plusieurs livres et différents outils de conservation (posters, dépliants, films documentaires, etc.) ont commencé à faire leur apparition grâce aux efforts de nombreuses institutions, ONG et Associations dans le but de sensibiliser le public à connaître puis aimer et conserver les espèces menacées. A titre d’exemples, je voudrais citer les séries de livres et posters sur les lémuriens du projet Ako du Dr Alison Jolly, le poster Bandro produit par Durrell et la bande dessinée Comic créée par Madagascar Wildlife Conservation, utilisés dans la sensibilisation et l’éducation des enfants des Ecoles primaires à Ambatondrazaka. En effet, ces derniers seront les gestionnaires de la conservation de demain (Dollins et al. 2010).

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B- HISTOIRE DE LA CONSERVATION A MADAGASCAR Au début, des approches variées ont été adoptées pour combattre les nombreuses menaces pesant sur la flore et la faune de Madagascar. Parmi ces approches, la majorité était surtout basée sur la conservation de la biodiversité. Le premier réseau des aires protégées de Madagascar a commencé par la mise en place des dix "Réserves Naturelles Intégrales" (RNI) qui couvrent une superficie de 560,181 ha et officiellement publiées en 1927 sous le régime colonial français (Andriamampianina, 1987). Cette approche a été suivie par une autre plutôt "conservatrice" permettant seulement aux scientifiques d’entrer dans les parcs/réserves alors que les locaux n’étaient pas autorisés à utiliser ces réserves quelle que soit leur forme. Trente ans après, nous avons vu pour la première fois l’établissement de deux nouveaux types d’aires protégées : "Réserves Spéciales" (RS) en 1956 et "Parcs Nationaux" (PN) en 1958 (Andriamampianina, 1987). Ces types d’aires protégées ont dominé sur presque toute l’île durant le reste du vingtième siècle, et ont progressivement permis la mise en place du Projet de Conservation et Développement Intégré (PCDI) dans les années 90s. Toujours est il que le PCDI a été caractérisé par une philosophie plus "conversationniste de l'environnement", et a été suivi par le modèle "Yellowstone" (Marcus & Kull, 1999 ; Ratsimbazafy & Kauffman, 2008). Dans ce dernier, il était toujours interdit aux paysans d’avoir accès dans le noyau dur des zones de protection strictes. Par ailleurs, un effort a été fait pour s’assurer que les populations locales puissent recevoir des avantages tels qu’une partie des revenus du tourisme et/ou les projets de développement, afin de compenser le coût de leur exclusion (Wright & Andriamihaja, 2002). En 1989, le gouvernement malgache a développé le premier Plan de l'Action de l'Environnement National d'Afrique (NEAP). Discutablement, le NEAP a été le programme de l'environnement le plus ambitieux et compréhensible de tout le pays africain connu jusqu’ à ce jour. Il a été mis en place en trois phases sur une quinzaine d’années (Razafindralambo & Gaylord, 2006). La première phase (1991-1997) visait à créer une politique officielle de l'environnement, avec un cadre de travail régulateur et institutionnel qui stimulait le programme de l'environnement plutôt par le pays même que par les donateurs. Durant cette période, nous avons vu une augmentation considérable du système des aires protégées avec l'établissement de plusieurs nouvelles aires protégées, des visites sans précédent de touristes, et la création d’une Institution semi-gouvernementale, l’ANGAP (« Association Nationale pour la Gestion des Aires Protégées ») chargée de la conservation, de la recherche, de l’éducation, de l’écotourisme ainsi que du développement de la communauté (Randrianandianina et al. 2003). Avec la création de l'ANGAP, la formalisation d'un mécanisme de la distribution des revenus venant du tourisme s’est mise en place : 50% revient aux communautés locales pour des projets de développement. Les années 90s ont été marquées par un brusque revirement vers un affranchissement local. En effet, la législation de GELOSE (Gestion Locale Sécurisée) a permis aux organisations des communautés locales de gérer les ressources locales (Bertrand, 1999). GELOSE et la législation GCF révisée ("Gestion Contractualisée des Forêts de

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HDR- Primatologie outil de conservation Education et stratégies de conservation l'État") ont représenté un changement clair et net par rapport au modèle "Yellowstone" (avec des communautés groupées autour des parcs). Elles ont permis d’aller vers un modèle " paysage harmonieux ", dans lequel les êtres humains et les animaux sauvages cohabitent dans le même habitat avec un seul type de gestion (Ratsimbazafy et al, sous presse). La deuxième phase du NEAP (1997-2003) a consolidé les programmes de la première phase en mettant en place des institutions nationales pour assurer les responsabilités de direction (leadership). Pendant cette période, le gouvernement a créé le COAP (Code des Aires des Protégées de Madagascar) qui donne les lignes directrices pour la création des aires protégées. La dernière phase (2003-2008) a principalement visé des pensées et stratégies environnementales plus larges dans le contexte de gestion macroéconomique et les secteurs programmes, dont les moyens de financements durables (Razafindralambo & Gaylord, 2006). C'est dans cette troisième phase que le gouvernement a lancé une nouvelle stratégie de conservation à Madagascar. En 2003, le Président Marc Ravalomanana a annoncé la "Vision Durban" qui promet d'augmenter le réseau des aires protégées de Madagascar de 1.3 à 6.0 millions d'hectares (10% de la superficie totale du pays, Randrianandianina et al. 2003) à travers un nouveau système des aires protégées ou SAPM (Système des Aires Protégées de Madagascar). Sous la direction du Ministère de l'Environnement, des Forêts et du Tourisme, les buts du SAPM sont même plus généraux que ceux de l'ANGAP : conservation de la biodiversité et de l’héritage culturel de Madagascar, maintenance des services écologiques et promotion d'utilisation durable des ressources naturelles pour réduire la pauvreté et promouvoir le développement (SAPM 2006). Le mandat du SAPM inclut aussi différents types d’aires protégées qui n’existaient pas avant à Madagascar, car le style « protection stricte » n’est plus effectif : Catégories 5 de l’IUCN ("paysage harmonieux et protégé ") et 6 ("Managed Resource Protection Area"). La création potentielle des "aires protégées principalement gérées dans le but de l’utilisation durable des écosystèmes naturels" (Catégorie 6; SAPM 2006) a augmenté le sentiment d'inquiétude selon lequel certaines espèces ne pourraient pas faire face à l’extirpation si la plus haute priorité est donnée aux valeurs économiques de ressources forestières plutôt qu’à la protection de la biodiversité (faune et flore sauvages). Ainsi, malgré l'évolution de la conservation à Madagascar, les conflits fondamentaux ne sont toujours pas résolus, c’est-à-dire la biodiversité maintient une valeur considérable significative mais plus facilement accessible et rapidement exposée à l’exploitation (Ratsimbazafy et al. sous presse).

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HDR- Primatologie outil de conservation Education et stratégies de conservation

C- STRATEGIES DE CONSERVATION Les stratégies de conservation sont établies à partir d’une revue analytique des menaces : les pressions, leurs causes et leurs impacts sur les cibles de conservation. Elles expriment les approches globales choisies pour atteindre les objectifs de conservation telles que l’amélioration de la viabilité des cibles de conservation et la maîtrise des pressions.

Le Groupe d’Etude et de Recherche pour le Primates de Madagascar (GERP) a effectué une étude des lémuriens de la forêt de Makira dans douze sites depuis 2005 jusqu’en 2007 et vise à diminuer de 90% en trois ans les fortes pressions qui pèsent sur les vingt espèces de primates du plateau Makira. Ces habitats sont menacés par plusieurs types de pressions naturelles et anthropiques. Pour atteindre nos objectifs, des stratégies de conservation ont été proposées. Parmi ces stratégies, les principales sont le renforcement du système de contrôle et de surveillance en intégrant les comités de bases (COBA), le développement d’une vaste campagne de sensibilisation sur la conservation de la forêt en partenariat avec les autorités locales et trois ONG locales de l’environnement, en particulier le WCS Makira. D’autres stratégions ont été considérées entre autres : l’incitation des autres partenaires à s’investir dans les zones périphériques ; l’utilisation de SEP comme méthode de suivi des espèces cibles ; l’encouragement de la population à la scolarisation des enfants ; la mise en place d’un projet sur l’éducation environnementale pour les populations riveraines.

Les stratégies de conservation pour assurer la survie des lémuriens sont nombreuses. En voici quelques exemples.

C-1. Recherches

Les inventaires en vue de déterminer la distribution géographique, en particulier celle des nouvelles espèces et des "data déficients", sont primordiaux. L’intégration des études génétiques qui ont conduit à plusieurs découvertes ou à de nouveaux reclassements taxinomiques des lémuriens est également indispensables (Mittermeier et al. 2008). Le nombre de partenaires qui s’engagent dans des projets spécifiques de conservation tels que le WWF pour Propithecus candidus et The Aspinall Foundation pour Prolemur simus est en pleine expansion. Un plan d’action pour les lémuriens est en cours de tractation ainsi qu’un projet de conservation spécifique de type PHVA pour Prolemur simus. Nous collaborons étroitement avec ces ONGs.

Dans le cadre de l’augmentation de la superficie totale des aires protégées à laquelle Madagascar s’est engagé depuis 2003, les études écologiques et comportementales des lémuriens ont conduit à la reconstitution des exigences minimum des espèces menacées comme cibles. Ces informations ont été à la base de l’identification des sites prioritaires pour le système d’aires protégées de Madagascar. Des entités nationales sont engagées dans la gestion de ces nouvelles aires protégées

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HDR- Primatologie outil de conservation Education et stratégies de conservation comme l’association Fanamby à Daraina pour Propithecus tattersalli, le GERP à Maromizaha pour Indri et Durrell pour Varecia v. variegata et Eulemur cinereiceps à Manombo/Farafangana.

Depuis le début des années 2000, Durrell conduit des études sur le comportement et la biologie de l’Hapalemur alaotrensis qui est une espèce critiquement menacée. Hapalemur alaotrensis est la seule espèce de lémurien qui vit exclusivement dans les marécages. Elle existe uniquement dans le marais d’Alaotra. Chaque année, nous faisons des comptages de la population de bandro dans les quatre sites clés du lac pour connaître la tendance de l’effectif de l’espèce. L’étude de l’abondance va toujours de paire avec l’étude des pressions. Cette étude annuelle de l’abondance de bandro nous a permis de conclure que la population est stable depuis ces quelques cinq dernières années.

C-2. Elevage en captivité

L’élevage en captivité et la conservation des banques de gènes sont assurés par la collaboration avec les organismes internationaux et ONGs tels que Madagascar Fauna Group (MFG). Nous sommes membres du Conseil Scientifique du Parc Botanique et Zoologique de Tsimbazaza qui dispose de quelques espèces de lémuriens en captivité. Ceci nous permet de donner des conseils pratiques aux collègues de PBZT sur la gestion des espèces menacées. D’ailleurs, j’encadre actuellement deux étudiants (un DEA de l’ESS Agro et un thésard du Département de Médecine Vétérinaire) qui préparent leur mémoire/ thèse sur le comportement et le régime alimentaire des lémuriens frugivores en captivité.

C -3. Conservation communautaire Notre noble mission est de sauvegarder dans leurs sites naturels les espèces animales endémiques menacées d’extinction telle que les lémuriens, en vulgarisant la stratégie basée sur la méthode « conservation communautaire ». Cette stratégie veut garantir, d’une façon durable, la coexistence harmonieuse de la biodiversité et des villageois utilisant le même espace : habitat pour la première et terroir traditionnel pour les seconds. Cette action environnementale utilise une « espèce phare » locale pour représenter les patrimoines biologiques et culturels de chaque zone d’intervention. Cette approche a pour objectif de responsabiliser les communautés locales riveraines utilisatrices des terroirs dans lesquels se trouve l’habitat de la biodiversité, afin qu’elles contribuent à la sauvegarde de ces espaces. Elle nécessite l’encadrement technique et administratif de différentes hiérarchies de services d’Etat (Communes, District, Région, CEF¸ CIREEF, Ministères, Eaux & Forêts, Pêche ou autres). Cette approche nécessite aussi les soutiens de diverses organisations environnementales, économiques, sociales, culturelles, locales, régionales, nationales et internationales¸ qu’elles soient gouvernementales ou non. Toutes ces intégrations sont opérées pour maîtriser les pressions d’origine

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HDR- Primatologie outil de conservation Education et stratégies de conservation anthropique portant atteinte à l’existence de ces espèces et à leur habitat. Tous les intervenants sont partenaires (Rakotoniaina sous préparation).

Pour catalyser et développer la « conservation communautaire villageoise », Durrell a recours aux cinq différentes étapes de son SCOFA (Ratsimbazafy et al. 2007 ; Rakotoniaina sous prép.) : -S : Sensibiliser la masse par des fêtes environnementales à partir de diverses formes de communication traditionnelle (individuelles ou de groupes, chants, danses, discours, cultes ancestraux, coutumes, poésies) autour de la sauvegarde des espèces menacées et la préservation du patrimoine culturel régional ; -C : Conscientiser les éléments dynamiques de chaque communauté intéressée par la conservation à travers des ateliers adressés aux villageois afin de concevoir, discuter et adopter ensemble des initiatives communes ; -O : Organiser les villageois en associations statutaires avec leur discipline interne ; -F : Formaliser ces initiatives selon les règles coutumières (dina) et les lois en vigueur, et parvenir à les faire respecter ; -A : Agir en faveur de la conservation de son environnement et du développement de son village. Avec cette approche, Durrell a mis en place la conservation communautaire pour conserver les lémuriens de nos deux sites dont : le bandro d’Alaotra ainsi que le varijatsy et le varika mena de Manombo qui représentent des espèces-phares.

Nous sommes convaincus que l’intégration des communautés de base dans la conservation des lémuriens dans le cadre de la décentralisation de la gestion des ressources naturelles facilite le suivi écologique participatif tels qu’à Menabe avec Durrell Wildlife Conservation Trust ; à Makira avec le Groupe d’Etude et de Recherche pour le Primates de Madagascar (GERP) ; et dans le Corridor Ankeniheny-Zahamena (CAZ) et le Corridor Forestier de Fandriana Vondrozo (COFFAV) avec Conservation International (CI). Ceci constitue un accompagnement à la cogestion des aires protégées. Par ailleurs, le développement de l’écotourisme qui permet à la communauté de profiter des bénéfices est une motivation du système Payement pour le service écologique.

Dans ce processus de conservation communautaire nous avons créé des Associations de conservation qui sont en quelque sorte le fondement de la dite approche. Les différentes formations que nous avons données aux COBA après leur création sont nombreuses mais celle qui nous paraît la plus importante est la formation en bonne gouvernance. Quant à l’encadrement des COBA, nous avons toujours commencé par la technique de gestion des associations ou de la communauté. La comptabilité simplifiée et la législation concernant la forêt et les zones humides font partie également de notre encadrement (Durrell, rapport interne).

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C -4. Le suivi écologique participatif

a- Définitions et historique

Le suivi écologique participatif est une approche nouvellement adoptée pour impliquer les villageois, utilisateurs des ressources dans les activités de suivi (Danielsen et al. 2005). Il s’agit d’une activité régulière de suivi multidisciplinaire réalisée par des techniciens et des scientifiques de différentes spécialités avec la participation effective des villageois. Cette approche est jugée efficace et très adaptée dans les pays en développement, riches en biodiversité, mais où la vie des villageois dépend fortement des ressources naturelles (Danielsen et al. 2005). Le suivi écologique participatif permet de suivre régulièrement la tendance du niveau de viabilité, le niveau de pressions, ainsi que l’évolution de la motivation villageoise aux actions de conservation. Son coût de réalisation est généralement moins de 1$/ha/an à Madagascar (Andrianandrasana et al. 2005).

La carte suivante localise les quatre sites principaux auxquels Durrell entreprend déjà le suivi écologique participatif.

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HDR- Primatologie outil de conservation Education et stratégies de conservation

Carte 5: Localisation des sites de suivi écologique de Durrell à Madagascar

Durrell, à travers le suivi écologique participatif, a travaillé avec la communauté de base et les partenaires pour accomplir le suivi des feux de marais au Lac Alaotra depuis 2001. Ayant observé le succès adapté au contexte malgache, cet organisme a étendu la pratique de cette approche dans

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HDR- Primatologie outil de conservation Education et stratégies de conservation d’autres sites: à Menabe pour la conservation du rat sauteur géant Hypogeomys antimena (vositse); de la tortue à queue plate Pyxis planicauda (kapidolo) et de l’insectivore Mungotictis decemlineata decemlineata (bokiboky) depuis 2004, à Baie de Baly pour la conservation de la tortue à soc Geochelone yniphora depuis 2005, et à la rivière Nosivolo Marolambo en vue de la conservation des espèces de poissons endémiques telles que Oxylapia polli (songatana), Ptychochromoides katria (katria) et Rheocles lateralis (zono) depuis 2007.

b- Schéma de réalisation

AssociationAssociationss

Source: Andrianandrasana T.H. (2004)

Figure 6: Schéma de réalisation du suivi écologique participatif

Le modèle conceptuel de réalisation du suivi écologique participatif montre l’implication de toutes les parties prenantes intervenant dans la zone. C’est la démarche classique pour la réalisation d’une campagne de suivi écologique participatif y compris le suivi des feux.

c- Etape préliminaire L’étape préliminaire du suivi écologique participatif consiste à évaluer l’importance en biodiversité de la zone, à localiser les zones prioritaires de conservation et à identifier les villages clés utilisateurs des ressources. Les cibles de conservation et leurs pressions potentielles sont identifiées afin de planifier les tâches. Les zones de marais gérées par chaque village sont cartographiées pour

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HDR- Primatologie outil de conservation Education et stratégies de conservation faciliter le repérage des feux. La conception de la méthode d’échantillonnage, l’organisation des activités de collecte de données et la consultation des services techniques compétentes font partie de l’étape préliminaire.

d- Collecte de données La collecte de données se déroule chaque mois de mars avril de l’année à Alaotra, Nosivolo et à Baie de Baly, et les mois de novembre décembre à Menabe. Ce sont les moments opportuns pour la collecte de données puisque les animaux sont actifs pendant ces périodes, les feux terminés, les traces de feux de l’année dernière repérables, et le niveau d’eau permet les déplacements en pirogue dans le marais (Andrianandrasana et al. 2005). Pour Lac Alaotra, l’équipe de suivi écologique est composée de cinq techniciens, deux autorités locales et 10 villageois. Elle reste trois à cinq jours par village pour réaliser le suivi écologique en se divisant en cinq groupes : groupe de suivi des oiseaux, groupe de suivi des feux de marais, suivi de la chasse et de la motivation de l’association locale, suivi du Hapalemur alaotrensis, et suivi de la pêche lors des collectes des données. Le marais d’Alaotra est géré par 16 villages clés dont huit au sud et huit au nord. Pour Menabe, l’équipe de suivi écologique, formée de deux techniciens et six CFL (Contrôleurs Forestiers Locaux), reste pendant deux à trois jours dans chacun des dix villages clés. L’équipe se divise en deux groupes pour suivre, le long des transects, Pyxis planicauda (kapidolo), les terriers de Hypogeomys antimena (Vositse), Mungotictis decemlineata decemlineata (bokiboky), les groupes de lémuriens, les oiseaux, ainsi que leurs pressions principales respectives (coupe illicite, piège à Lémurien, feux, fabrication de pirogue, etc.), situés à l’intérieur des zones strictes de conservation.

Avant de collecter les données sur terrain, l’équipe rejoint les points géodésiques pour situer à l’aide de jumelles et cartes les zones brûlées dans l’aire de gestion puis pour élaborer un croquis. Toutes les zones brûlées localisées sont délimitées avec le GPS Garmin Etrex. Un entretien s’impose sur chaque zone brûlée identifiée afin de déterminer la cause, l’acteur et la date des feux, les mesures prises par le COBA. Ces renseignements sont reportés sur la fiche de suivi des pressions qui est préalablement préparée.

e- Réunion villageoise et restitution Une réunion villageoise est organisée avant et après la collecte de données sur terrain. La première consiste à expliquer les objectifs et méthodes du suivi écologique participatif et à demander la participation des volontaires villageois tandis que la seconde porte sur la restitution des données. Tous les résultats de suivi sont rapportés publiquement par un représentant villageois du groupe.

Les réunions villageoises sont assistées par les autorités locales (maires, chefs fokontany) et les services techniques (DREF, SRPRH) en vue de développer la transparence pour la bonne gestion des délits et la réduction de pressions. C’est l’occasion pour les autorités de raffermir la collaboration avec les services techniques et de rappeler les lois en vigueur. Une copie des fiches de suivi signées

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HDR- Primatologie outil de conservation Education et stratégies de conservation par les associations locales et visées par les services techniques et autorités sont remises lors de la restitution au comité de base (et une copie pour le promotteur/Durrell).

f- Les données de suivi écologique participatif disponibles Les données de suivi écologique participatif sous forme points, lignes et polygones collectées de 2001 à 2009 sont projetées en système WGS 84 zone UTM39 Sud. Elles sont manipulables dans les logiciels SIG Arc GIS 9.3, Map Info 7.8 ou Idrisi Kilimanjaro pour calculer la superficie et pour être superposées au dessus des données exogènes. La plupart de ces données sont également traitées sur Minitab pour vérifier si les changements du niveau de pression et du niveau de viabilité sont significatifs ou non.

g- Traitement de données Les renseignements dans les fiches de suivi sont saisis sur Excel pour analyse de données. Les coordonnées géographiques sont converties en fichiers SIG pour être traitées dans le logiciel Arc View 3.3 avec lequel on a pu ensuite déterminer la superficie et produire la carte des feux. Toutes les données sont gardées en système de projection WGS 84, compatible avec la projection de la base de données de notre siège à Jersey Angleterre, afin d’éviter le décalage.

Tous les animaux observés ainsi que les pressions détectées sont localisés dans chaque zone de conservation gérée par les villageois. La superficie des marais ou forêts brûlés est calculée chaque année et un rapport technique est adressé à la Région, à la DREF et au SRPRH.

h- Prise de décision Les données de suivi écologique ont déjà servi d’outils de décision importante pour la plupart des sites de Durrell. Elles ont été la base de classification lors du zonage du marais en tant que site Ramsar et Nouvelle Aire Protégée ; lors du zonage de la forêt de Menabe et de la rivière Nosivolo en tant que Nouvelle Aire Protégée. Les données sont également utilisées pour rédiger les articles dans le dina régional de pêche et pour élaborer le plan d’aménagement et de gestion des Nouvelles Aires Protégées Lac Alaotra, Forêt de Menabe et Rivière Nosivolo. Les données de suivi écologique participatif ont été présentées dans plusieurs ateliers régionaux, nationaux et internationaux dans le but de mettre en évidence l’importance de la conservation effective de la biodiversité d’Alaotra. Elles ont également été utilisées pour aider le groupe SIG de Vision Durban à raffiner les travaux d’identification des sites prioritaires de conservation par taxon à Madagascar. En général, une baisse progressive des pressions, accompagnée d’un maintien de la viabilité des cibles de conservation, est constatée dans les sites d’application de l’approche de suivi écologique participatif de Durrell (Andrianandrasana, comm. pers.).

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HDR- Primatologie outil de conservation Education et stratégies de conservation

C -5. Autres stratégies

L’ouverture d’une formation doctorale au niveau de l’université de Mahajanga ouvre un nouvel horizon pour l’étude et la recherche sur les primates. L’existence du Réseau des Educateurs et Professionnels de la Conservation (REPC) facilite la transmission de la vision de conservation, aussi bien aux étudiants qu’aux professionnels. Le REPC profite également aux Communautés, en plus des programmes d’éducation environnementale, tels que ceux proposés par Tany Meva, WCS, Madagascar National Parks.

L’existence des journaux scientifiques tels que Malagasy Nature, Madagascar Conservation & Development et Lemur News constitue déjà une opportunité pour les chercheurs malgaches de publier les résultats de leurs recherches. Ces journaux ont été créés et sont gérés par des ONGs. Il serait intéressant que les Ministères de l’Education Nationale, de la Recherche Scientifique, de l’Environnement et des Forêts éditent des journaux scientifiques publiés régulièrement (édition semestrielle par exemple) afin que les chercheurs puissent faire des publications. Ainsi, l’Etat devrait allouer des budgets pour créer une institution qui s’occupe uniquement des collectes et de la gestion des bases de données.

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HDR- Primatologie outil de conservation Perspective et pérennisation

Perspectives et Pérennisation

Les initiatives et actions en vue de la conservation à Madagascar ont subitement changé pour faire face aux menaces. Nous avons notamment augmenté l’appui aux gens locaux. Au XXIème siècle, l’avenir de la diversité biologique à Madagascar repose non seulement sur la résilience du système écologique, mais également sur le système de gestion des ressources. Avec un taux de croissance démographique annuel de 2.8% de la population âgée de 14 ans ou moins (DESA, 2001), les ressources naturelles et la biodiversité unique de la grande île font face à des menaces sans précédent. Pour lutter contre cette situation, le Gouvernement de Madagascar a développé un modèle intégratif pour promulguer la conservation de la biodiversité et l’utilisation durable des ressources. En effet, il tend vers une amélioration de la propriété foncière à travers l’amélioration du niveau de vie de la population (Ratsimbazafy et al. sous presse).

MISE EN PLACE D’UN PLAN DE SUIVI Le plan de suivi est un cadre établi pour assurer la conservation des lémuriens et des écosystèmes qui les entourent. Il est élaboré à partir de l’étude des priorités en matière de conservation pour les lémuriens dans la forêt du plateau Makira et le marais du lac Alaotra. Il permet d’assurer le suivi de chaque cible de conservation (espèce, menaces). Ce plan est divisé en deux parties:

1- Suivi écologique scientifique

Le suivi est une évaluation continue ou régulière de la santé de la biodiversité et/ou du niveau de menaces qui sont mesurées à travers des cibles de conservation. Ce plan de suivi écologique vise à éradiquer les dangers qui pèsent sur la conservation des espèces de la région de Makira. Il sert également à entreprendre de la recherche plus poussée sur les lémuriens du fait qu’ils comptent parmi les espèces clés dans la protection de la biodiversité, et sont considérés comme un indicateur de la qualité de l’habitat et de son niveau de perturbation. A Makira, il existe des cibles qui ont un degré d’instabilité élevé et qui doivent être gérées ou protégées de façon spécifique. A titre d’exemple : Propithecus candidus et Varecia rubra sont considérées comme des espèces en danger critique (Mittermeier et al. 2006). Allocebus trichotis, Lepilemur microdon et Cheirogaleus sibreei

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HDR- Primatologie outil de conservation Perspective et pérennisation

sont des espèces qui ont été classées data déficient lors du dernier Global Mammal Assessment (GMA). Puis il y a les cibles dont le risque d’extinction est faible et qui ont seulement besoin d’un suivi systématique adéquat. Pour lac Alaotra, nous avons pris comme cibles de conservation : le bandro, les feux et les marais.

2- Suivi écologique participatif

Le principal objectif de ce suivi écologique est de renforcer la capacité des assistants de conservation locaux sur le suivi des actions de recherches, ainsi que le suivi écologique pendant le projet. Pour les lémuriens de la forêt de Makira, nous avons mis en place un plan de conservation afin de responsabiliser les communautés de la zone périphérique de la forêt. Il s’agit d’initier et d’accompagner des communautés villageoises dans la notion de conservation de suivi écologique communautaire et de protection de la biodiversité dans leur terroir, afin de leur permettre de gérer de façon autonome, et de manière durable, les ressources naturelles. A Alaotra, nous avons procédé au suivi écologique participatif par le biais des compétitions inter-villages. Cette méthode nous a permis d’augmenter non seulement les connaissances, mais aussi et surtout, la fierté des villageois de posséder ces espèces dans leur marais. L’équipe de suivi est composée de nos agents, des villageois, des partenaires régionaux, des organisations non-gouvernementales et des représentants des services techniques gouvernementaux. Autrement dit, les villageois eux-mêmes participent aux collectes des données. Les prix obtenus par tous les villages participants sont au bénéfice de toute la population car c’est l’assemblée générale qui décide quant à l’utilisation des prix.

APPUI AU DEVELOPPEMENT

En général, les facteurs déterminants de la conservation dans nos sites d’interventions (Makira, Manombo, Alaotra et Maromizaha) sont basés sur les problèmes physiques liés à l’environnement (pressions humaines, etc.) et surtout aux problèmes socio-économiques. Pour résoudre ces différents facteurs, la collaboration avec la population environnante s’avère très importante pour la conservation à long terme de la biodiversité de ces sites. Il s’agit d’améliorer le bien-être de la population locale grâce aux ressources naturelles existantes pour le maintien de l’esprit de conservation. Des projets de développement communautaire favorisant les activités génératrices devraient être considérés pour améliorer les conditions de vie des populations de la zone périphérique de la forêt et du marais. Parmi ces activités, nous retrouvons:

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HDR- Primatologie outil de conservation Perspective et pérennisation

1- Agriculture

2- Elevage

3- Pêche

4- Artisanat

5- Approvisionnement en eau potable

6- Développement de l’écotourisme

VENTE DE CARBONE Il faudrait identifier les moyens de financement durable pour les aires protégées et des recettes/ristournes qui iraient directement aux communautés locales, en contrepartie de leur engagement dans la gestion des ressources aux frontières des aires protégées. Par exemple, le gouvernement a d’ores et déjà mis en place des mécanismes de financement durable et équitable au niveau du projet à travers des programmes comme ceux qui ont été vus dans l’Aire Protégée de la Forêt de Makira. Ainsi, 50% des bénéfices obtenus par la vente de carbone séquestré de la forêt vont aux communautés locales pour supporter une variété d'activités, dont le suivi écologique fait par les communautés (Holmes et al. 2008). De même, le projet de restauration des plantes autochtones en vue d’une vente de Carbone dans les prochaines années à venir contribuera certainement à la conservation de la biodiversité et à l’amélioration de la condition de vie des villageois. Pour le sud est de l’île, nous voudrions proposer la création d’une seule aire protégée à l’intérieur de laquelle se trouveraient les trois forêts (Manombo, Mahabo, et Vohipaho) qui ont toutes quelques groupes d’ Eulemur cinereiceps. Il serait possible d’organiser des reboisements pour connecter ces forêts, comme c’était le cas quelques dizaines d’années auparavant.

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HDR- Primatologie outil de conservation Conclusion

Conclusion

Mes 20 années de recherches qui ont commencé avec les lémuriens subfossiles, puis avec les espèces encore vivantes de différents groupes de vertébrés, et les plantes m’ont permis de comprendre qu’il y a des interactions très complexes des êtres vivants avec les milieux où ils vivent. Seulement pendant ces deux décennies, j’ai constaté qu’il y a un changement rapide de l’écosystème forestier et les zones humides dans lesquels des milliers d’espèces doivent s’adapter face aux désastres dont nous, les êtres humains sommes les principaux acteurs. On dirait que seuls 4% des chercheurs s’intéressent à la conservation des espèces menacées, alors que le rythme de dégradation de notre planète est trop vite. Pour Madagascar, la destruction de la forêt est très alarmante si bien que plusieurs espèces des lémuriens sont aujourd’hui en verge d’extinction dans leurs habitats naturels. Ainsi, on se demande s’il est possible d’utiliser la Primatologie comme outil de conservation pour sauver nos espèces emblématiques avant qu’il ne soit trop tard. D’ailleurs, cet outil ne sera jamais efficace si l’utilisateur de l’outil ne connaît pas le manuel d’usage de l’appareil et/ou ne réalise pas que le danger est imminent ; alors on doit agir immédiatement et efficacement pour faire face au défi car il s’agit d’un sauvetage plutôt qu’une simple mission de conservation. Nous devons admettre que les connaissances théoriques ne sont pas suffisantes pour sauver une espèce en voie de disparition.

Ce fut pour mon humble personne un grand privilège d’être élu Vice Président de Conservation de l’International Primatological Society en 2006-2008. Pendant cette période, j’ai eu l’opportunité de collaborer avec les honorables primatologues des quatre coins du monde, mais je dirai en toute sincérité que les tâches des primatologues/conservateurs ne sont pas une récréation pour sauver les espèces menacées. Je suis persuadé que même si la volonté des chercheurs est là, plusieurs autres paramètres /facteurs doivent êtres considérés. L’ampleur des problèmes nous pousse à penser à des dimensions autres que biologiques. Je veux en venir ici à la « conservation communautaire ». A mon avis, celle-ci est un volet très efficace, mais encore peu exploré dans les efforts globaux de maintenir l’intégrité de l’écologie nationale. La marche effrénée imposée à toutes les communautés interpelle sur la participation active des gens organisés en communautés de base dans l’activité de conservation, surtout dans les sites où les lois ne sont pas respectées ni appliquées. .

Ainsi, travailler au sein d’un organisme de conservation comme Durrell m’a permis d’apprendre les stratégies de conservation que je n’ai pas apprises à l’Université. Pour ladite ONG, l’implication de la communauté est la clé de réussite de la conservation des nos espèces menacées, parce que même si des villageois étaient auparavant des destructeurs et/ou chasseurs/collecteurs des espèces endémiques menacées, on peut bien les convertir en conservateurs de ces animaux et de leurs habitats. Durrell continue à protéger le bandro d’Alaotra, le varika mena et varijatsy de Manombo par la culture traditionnelle qui sont encore vivaces et appliqués dans ces régions, et par les pratiques

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HDR- Primatologie outil de conservation Conclusion

sociales conservatrices des communautés villageoises. Les lois actuelles, encore incomprises par les villageois, n’y viennent qu’après. L’approche « conservation communautaire » fait partie du défi de notre équipe là où nous sommes présents.

Par rapport aux autres groupes de vertébrés de Madagascar, les lémuriens représentent le groupe le plus étudié, en ce qui concerne leur histoire évolutive, leur systématique, leur limite spécifique et leur écologie (Goodman, 2008b). Cependant, malgré l’augmentation du nombre des chercheurs primatologues et les ONGs/Associations de conservation, les avancées significatives dans certains domaines et les nombreuses nouvelles découvertes d’espèces de lémuriens, plus de 40 % des ces prosimiens de Madagascar sont toujours supposés « Inconnu ou Data deficient » et 41% considérées « Menacées » (Critiquement En danger, En danger, et Vulnérable). En ce qui concerne les tendances des populations de lémuriens, on sait que 48% sont en décroissance et 0% en croissance. De plus, nous savons très bien que la destruction presque abusive du milieu naturel et la déforestation galopante dans toute l’île sont d’actualité plus que brûlante. Mais, quoi qu’il en soit, je loue les efforts que les ONGs/Associations de conservation ont déployés malgré les difficultés qu’ils rencontrent pour sauver les espèces menacées contre l’extinction, en travaillant étroitement avec les communautés locales. Rappelons encore une fois que notre défi est colossal et doit avoir une envergure nationale et internationale pour assurer la survie de nos espèces.

Nous sommes convaincus que, quoi qu’il en soit, les lémuriens restent des animaux qu’il est indispensable de protéger, car reconnus comme une priorité de conservation à Madagascar. Ils sont toujours qualifiés d’espèces «parapluies », c’est-à-dire que leur conservation, passant par la conservation de leur vaste habitat, permet de protéger toutes les espèces végétales et animales présentes dans cet habitat. Bien sûr, si l’habitat n’est pas sauvegardé correctement, les populations de lémuriens ne survivront pas longtemps.

Pour les recherches, j’ai participé aux révisions de la taxonomie et diversité des lémuriens car la connaissance des différentes espèces et de leur distribution aide beaucoup pour la conservation de ce groupe emblématique de Madagascar. Grâce au développement des nouvelles technologies, nous avons pu découvrir des nouvelles espèces de lémuriens aussi bien dans les forêts sèches à l’ouest que dans les forêts humides à l’est. Autrement dit, la connaissance des différentes espèces et de leur distribution doit primer les recherches en lémuriens. Ensuite, nous pensons que la connaissance de la biologie et écologie d’une seule espèce doit se faire, mais nous croyons que les études des communautés sont très importantes pour mieux comprendre cette distribution naturelle des espèces et leurs facteurs limitants dans les différents types de forêts. Donc, l’étude de la communauté des lémuriens nous ont permis de mieux connaître les raisons pour lesquelles il y a plus d’espèces dans la forêt humide de l’est (Ranomafana) que dans la forêt sèche de l’ouest (Kirindy), par contre la

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biomasse et la densité sont plus élevées pour Kirindy que Ranomafana. Aussi, l’étude de la communauté des lémuriens à Fandriana Marolambo nous a permis de savoir que la présence d’une espèce dans un site dépend non seulement de la perturbation mais aussi celle de l’altitude de la forêt. Quant à l’étude des stratégies utilisées par les espèces qui vivent dans des milieux hautement perturbés, nous avons pu trouver que Varecia v. editorium et Eulemur cinereiceps peuvent diversifier les espèces de plantes qu’ils consomment tout en restant « frugivores ». La connaissance de leurs stratégies nous permettra bien sûr leur capacité d’adaptation par rapport aux différents degrés de perturbation de leurs habitats. Ceci aidera également la conservation en captivité de ces deux espèces critiquement en danger. Autrement dit, les lémuriens ont encore la valeur scientifique à exploiter et à développer. Pour nous, ils témoignent l’existence de sources des savoirs encore à approfondir.

J’ai constaté que les études sur les espèces de lémuriens nocturnes sont encore très peu nombreuses, aussi ne savons nous pas encore ni leur abondance ni leur écologie. D’ailleurs, l’accès aux publications récentes n’est pas toujours facile pour les chercheurs nationaux. Les difficultés se posent généralement sur la publication des résultats de recherche. Ce problème est profondément structurel. Je me promène de ce fait sur les rivages d’un domaine plus sensible : la politique scientifique à Madagascar. A mon sens, en tant que citoyen du pays, je trouve que l’environnement scientifique est encore peu propice chez nous si bien que les chercheurs malgaches n’ont pas l’opportunité de se faire connaître et en conséquence de se faire apprécier.

Grâce aux collaborations fructueuses avec des autres ONGs et chercheurs non-primatologues, j’ai pu publier 14 articles scientifiques autres que les lémuriens. Je pense qu’il est temps pour entre les chercheurs de différentes spécialités/disciplines de travailler ensemble, afin que nous puissions connaître certains éléments fondamentaux qui ne sont pas dans nos expertises. Ceci ne sera jamais possible si chaque chercheur travaille tout seul dans son coin. Comme nous avons dit auparavant, notre défi est colossal, alors la collaboration de travail est nécessaire et primordiale sinon la primatologie ne sera jamais un outil efficace de conservation.

En matière de conservation et d’encadrement, je suis le Responsable de formation et de conservation chez Durrell. Cette position m’a permis de superviser les projets de recherches d’étudiants de différents départements et universités. Depuis 2003, j’ai donné des cours théoriques de statistique biologique (biométrie), sur l’utilisation des logiciels statistiques SPSS et endNote pour les références bibliographiques et les techniques de collectes et analyses des données aux étudiants et acteurs environnementaux, aux étudiants des trois universités (Antananarivo, Mahajanga et Toamasina) et du CEL de Tolagnaro. Les autres cours théoriques que j’ai enseignés sont dans le Tableau 6. J’ai publié des articles sur les primates et autres groupes de vertébrés non-primates avec mes étudiants que j’ai encadrés. La formation des professionnels de conservation sur les deux thèmes :

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1) Gestion des espèces menacées, et 2) Gestion communautaire des ressources naturelles offerte par le REPC était réalisée dans les six sites d’interventions de Durrell.

Au cours de mon itinéraire scientifique, j’ai pu développer beaucoup de relations avec plusieurs chercheurs malgaches et étrangers. Ces relations m’ont permis non seulement d’apprendre les nouvelles méthodologies et techniques sur les études de primates, mais aussi de faire des échanges avec ces citoyens du monde (les chercheurs) et de présenter nos résultats de recherches dans les conférences nationales et internationales. Depuis 1996, j’ai toujours fait des présentations (orales et posters) sur les lémuriens au congrès de l’International Primatological Society.

Pour conclure, je voudrais réaffirmer que la conservation des lémuriens est une tâche noble et collective qui appelle à la mobilisation de tous. Je dirai même que c’est un honneur et un privilège de participer à la sauvegarde de ces espèces de primates endémiques qui constituent une richesse de notre nation et du monde entier.

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Les huit genres de lémuriens nocturnes et les sept genres diurnes de ces cinq familles ont une distribution spatiale comme mentionnée sur les cartes ci-dessous (Source : Mittermeier et al 2010).

¾ Famille des Cheirogaleidae

Carte 1: Distribution de Microcebus sp. de l’Ouest Carte 2: Distribution de Microcebus sp. de l’Est

Carte 6: Distribution d’Allocebus trichotis Carte 4: Distribution de Mirza sp.

*

Carte 5: Distribution de Cheirogaleus sp

¾ Famille des Lepilemuridae

Carte 6: Distribution de Lepilemur sp. de l'Est Carte 7: Distribution de Lepilemur sp. de l’Ouest et du Sud

Famille des Lemuridae

Carte 8: Distribution d’ Hapalemur sp. Carte 9: Distribution de Prolemur simus

Carte 10: Distribution de Lemur catta Carte 11: Distribution d’Eulemur fulvus sp.

Carte 12: Distribution de Varecia sp.

Famille des Indridae

Carte 13: Distribution d’Avahi sp. Carte 14: Distribution de Propithecus sp.

Carte 15: Distribution d’Indri indri

¾ Distribution de Daubentoniidae

Carte 16: Distribution de Daubentonia madagascariensis

Les espèces et sous espèces de lémuriens nocturnes et diurnes des cinq familles sont présentées dans les photos ci-dessous (Source : Mittermeier et al. 2010/illustrations de Stephen Nash)

Les espèces nocturnes

Photo 1: Microcebus sp, Allocebus trichotis et Mirza sp

Photo 2: Cheirogaleus sp Photo 3: Mirza sp.

Photo 4: Lepilemur sp.

Photo 5 : Avahi sp

Photo 6: Daubentonia madagascariensis

Les espèces cathémérales et diurnes

Photo 7: Hapalemur sp, Prolemur simus et Lemur catta Photo 8: Eulemur sp

Photo 9 : Eulemur sp (suite)

Photo 10: Varecia variegata spp

Photo 11: Varecia rubra et Propithecus sp.

Photo 12: Propithecus sp (suite)

Photo 13: Propithecus sp et Indri indri