LE CORBUSIER PEINTRE a CAP MARTIN Tim Benton
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LE CORBUSIER PEINTRE A CAP MARTIN Tim Benton LE CORBUSIER PEINTRE À CAP-MARTIN Tim Benton LECORBU-PAINTING-prod15-CS5.indd 1 17/07/15 11:23 LECORBU-PAINTING-prod15-CS5.indd 2 17/07/15 11:23 Philippe Bélaval 3 Président du Centre des monuments nationaux L’une des découvertes, ou des redécouvertes majeures de l’œuvre de Le Corbusier, en cette année de commémoration du cinquantenaire de sa disparition, aura sans doute été celle de son œuvre peint. Le Corbusier a été un grand architecte, il a été aussi un grand peintre. Mais la peinture de chevalet off rait sans doute un cadre un peu étroit à ce bâtisseur épris de grands volumes façonnés par la lumière. Peinture et architecture étaient appelées à se rencontrer, à s’épauler et c’est certainement le remarquable ensemble de Roquebrune qui a constitué leur point de fusion idéal. Au sein de cet ensemble proprement unique, composé de trois lieux majeurs pour l’histoire de l’art du xxe siècle, le cabanon occupe une place particulière. C’est sans doute là, dans le cadre intime de cette résidence qu’il a bâtie et décorée pour lui-même, et aux abords de laquelle il est mort, que l’on sent le mieux battre le cœur de cet artiste incomparable. Enfi n ouvert au public, même si c’est encore de manière trop limitée, le site de Roquebrune mérite d’être mieux connu. Puisse cet ouvrage y contribuer en donnant une image à la fois plus complète et plus humaine d’un créateur auquel l’on souhaite que l’Unesco accorde prochainement la considération universelle du patrimoine de l’humanité. Peinture murale dans le coin salle à manger de la villa E-1027. LECORBU-PAINTING-prod15-CS5.indd 3 17/07/15 11:23 AVANT-PROPOS LECORBU-PAINTING-prod15-CS5.indd 4 21/07/15 09:44 Robert Rebutato 5 Président de l’association Eileen Gray - Étoile de mer - Le Corbusier L’association Eileen Gray - Étoile de mer - Le Corbusier, que j’ai l’honneur de présider, milite depuis sa création, en 2000, pour rendre compte de l’eff ervescence intellectuelle dont le site de Cap-Martin a été le témoin pendant près de quarante ans. Entre 1926, lorsque Eileen Gray acquiert dans le quartier de Cabbé le terrain sur lequel elle construira avec Jean Badovici la villa E-1027, et 1965, année de la disparition de Le Corbusier sur la plage du Buse, à quelques encablures de son cabanon, deux architectes- plasticiens ont conçu, construit et théorisé une part majeure de leur œuvre. Nous avons souhaité contribuer à l’hommage rendu à Le Corbusier en 2015, en suscitant la parution d’un ouvrage qui met en lumière un aspect particulier de son œuvre de plasticien, la peinture murale, qu’il a pratiquée ici sans retenue: d’abord en s’invitant sur les parois blanches d’E-1027, au risque d’essuyer toutes les critiques, puis dans le couloir d’accès du cabanon qu’il s’est construit en 1952, et sur les murs de L’Étoile de mer, ces lieux qui lui servirent de refuge pendant les quinze dernières années de sa vie et où il pouvait laisser libre cours à sa passion créatrice et à son amour de la Méditerranée. Nous remercions Tim Benton de s’être attelé à cette étude avec enthousiasme, y apportant son talent d’historien et sa connaissance intime de l’œuvre de Le Corbusier, et la Fondation Le Corbusier de nous avoir encouragés dans ce projet, dont nous sommes convaincus qu’il constitue un jalon inédit dans la connaissance de l’œuvre corbuséenne. Nous remercions le Conservatoire du littoral, propriétaire du site, et le fonds de dotation Eileen Gray - Le Corbusier de nous soutenir fi nancièrement pour rendre possible cette publication. La chambre des Rebutato à L’Étoile de mer, avec la peinture murale de Le Corbusier. LECORBU-PAINTING-prod15-CS5.indd 5 17/07/15 11:23 PRÉFACE LECORBU-PAINTING-prod15-CS5.indd 6 21/07/15 09:46 Antoine Picon 7 Président de la Fondation Le Corbusier Les dessins et les peintures de Le Corbusier font l’objet d’une attention renouvelée depuis quelques années, ne serait-ce qu’en raison des liens étroits qu’ils entretiennent avec l’œuvre architecturale de leur auteur. Leur relation avec l’architecture ne s’arrête pas au rôle d’exploration de combinaisons spatiales inédites qu’ils ont joué en bien des occasions pour un architecte dont chacun s’accorde à souligner le tempérament de plasticien. À partir de la fi n des années 1930, Le Corbusier teste également les possibilités de la peinture murale pour animer l’espace architectural. Succédant à une première réalisation à Vézelay en 1936, les parois de la villa E-1027 conçue par Eileen Gray lui fournissent l’occasion d’expérimenter une pratique encore nouvelle pour lui. Le site de Cap-Martin accueillera par la suite bien d’autres peintures murales de l’architecte. C’est cet ensemble qui est présenté dans ce livre et dont Tim Benton fournit les clés dans un texte pénétrant qui restitue toute la complexité de la démarche de Le Corbusier. Car ce dernier n’a pas adopté tout de suite le principe de la peinture murale, loin de là. Celui-ci contredisait en eff et sa célèbre défi nition de l’architecture comme pur jeu de lumière et de volumes. Toute une série de facteurs se conjuguent pour expliquer cette conversion: évolution picturale de l’architecte frappé par les compositions vigoureuses de Picasso; désir de faire exploser en quelque sorte l’espace tout en poursuivant, non sans quelque paradoxe, un désir de synthèse des arts s’inspirant des grands exemples de la Renaissance; circonstances personnelles enfi n, dont l’importance ne doit pas être sous-estimée. Ainsi que le montre Tim Benton, Le Corbusier traverse dans les années 1930 une crise profonde qui vient infl échir ses idées et sa pratique. Le nouveau rapport entre mur et peinture dont témoignent les fresques d’E-1027 ne saurait du même coup se réduire au seul «viol» de l’œuvre d’Eileen Gray, comme l’ont suggéré avec insistance plusieurs critiques anglo-saxons, même s’il ne saurait être question de minimiser la violence symbolique de l’intrusion de Le Corbusier dans un espace dont il n’était pas le concepteur. En présentant également les autres peintures réalisées à Cap-Martin, du restaurant L’Étoile de mer au cabanon de Le Corbusier, le livre vient en outre replacer cet épisode au sein d’une évolution de beaucoup plus longue haleine. La Fondation Le Corbusier se réjouit de la publication d’un ouvrage qui vient off rir au lecteur de précieux éléments lui permettant de mieux apprécier les peintures réalisées à Cap-Martin, ces témoignages majeurs de la démarche indissociablement plastique et architecturale de Le Corbusier. Le couloir d’entrée du cabanon de Le Corbusier, avec la peinture murale réalisée en 1952. LECORBU-PAINTING-prod15-CS5.indd 7 17/07/15 11:23 SOMMAIRE LECORBU-PAINTING-prod15-CS5.indd 8 17/07/15 11:23 9 P. 18 Le Corbusier, le mur, la peinture Peindre grand Le Corbusier peintre Le pavillon des Temps nouveaux Peinture murale : peintres contre architectes ? À Vézelay, le premier mural P. 46 Peindre à E-1027 Une première peinture, dans la salle de séjour À l’extérieur, sous les pilotis, un sgraffi te Les cinq fresques d’août 1939 Une agression ? E-1027 après Badovici P. 84 L’Étoile de mer, le cabanon Une « enseigne » pour L’Étoile de mer Des peintures pour le cabanon P. 112 Le « laboratoire E-1027 » P. 116 La restauration des peintures par Marie-Odile Hubert LECORBU-PAINTING-prod15-CS5.indd 9 17/07/15 11:23 10 Le restaurant L’Étoile de mer Les Unités de camping de Le Corbusier LECORBU-PAINTING-prod15-CS5.indd 10 21/07/15 09:48 Le cabanon de Le Corbusier La villa E-1027 LECORBU-PAINTING-prod15-CS5.indd 11 21/07/15 09:48 12 LECORBU-PAINTING-prod15-CS5.indd 12 17/07/15 11:23 LECORBU-PAINTING-prod15-CS5.indd 13 17/07/15 11:23 14 LECORBU-PAINTING-prod15-CS5.indd 14 17/07/15 11:23 15 LECORBU-PAINTING-prod15-CS5.indd 15 17/07/15 11:23 16 LECORBU-PAINTING-prod15-CS5.indd 16 17/07/15 11:23 17 Pages précédentes : P. 10-11 Le site, à Roquebrune-Cap-Martin. P. 12-13 La villa E-1027. P. 14 Les Unités de camping. P. 15 Le restaurant L’Étoile de mer. À gauche : Le cabanon. LECORBU-PAINTING-prod15-CS5.indd 17 17/07/15 11:24 LE CORBUSIER, LE MUR, LA PEINTURE À la fi n du mois d’avril 1938, immédiatement après chauff agiste reconverti qui venait d’ouvrir un petit son retour d’un voyage en Algérie, Le Corbusier restaurant de poissons sur une parcelle voisine de rejoint son épouse Yvonne et son ami Jean Badovici la villa. dans la villa de celui-ci, baptisée E-10271, à Roquebrune- Cap-Martin. Le terrain avait été acquis et la maison Il revient en 1950 à Roquebrune pour y passer en grande partie conçue par la brillante designer et des vacances et, le dernier jour de l’année 1951, architecte d’origine irlandaise Eileen Gray2. dessine pour lui-même une petite cabane de bois qui Construite entre 1927 et 1929, la villa avait été publiée sera construite l’année d’après, accolée au restaurant dans un numéro spécial de L’Architecture vivante, de poissons8. Les années suivantes, Le Corbusier la revue éditée par Jean Badovici3.