Vous trouverez dans cet ouvrage:

UNE CARTE DE L'AUVEZERE ET DE SES PAYS page 10

UNE PROMENADE AUX SOURCES DE L'AUVEZERE page 1 8

LA VALLEE DU DALON page 40

HAUTEFORT ET SA REGION page 48

LA VALLEE DU BLAME page 1 1 0

VERS LE CONFLUENT page 121

DES TITRES DE LIVRES SUR LA REGION page 151

et, DES PHOTOS DES SITES VALLEE DE L'AUVEZERE

ET MAINTENANT, BONNE PROMENADE ! Du même auteur :

PENOMBRES (Nouvelles) CONTES ET LEGENDES DE LA FORET D'OC LE PERIGORD DU BON VIEUX TEMPS IMAGES FANTASTIQUES DU FOLKLORE PERIGORDIN - CI-DEVANT LA ROQUAL (Roman) PAGES CHOISIES D'EUGENE LE ROY LES PALADINS D'AUBEROCHE CONTES ET IMAGES DU PERIGORD GRELETY DERNIER CROQUANT suivi de CENT ANS DE PREHISTOIRE EN PERIGORD NEUVIC ET SES CHATEAUX PERIGUEUX A 2.000 ANS

Sous presse : MEURTRE A

© Copyrigth by J.-L. Galet and Pierre 1967. L'AUVÉZÈRE ET SES CHATEAUX Les illustrations de ces pages ont été aimablement offertes pour cette édition

Gravures de Maurice ALBE

Photos du docteur Jacques MERLY : Toutes les vues du château de .

Photos M.-M. MACARY:

Chapiteaux romans de Lubersac et Arnac.

Photo Eugène Le Roy : Vieille maison de Ségur le Château.

Photos André LAVAUD : Abbaye du Dalon, Cascade du Blâme, Gorges de l'Auvézère, Moulin de Rognac.

Reproductions de documents anciens et tirages d'André GAUTHIER. Photographe, rue Gambetta, à Périgueux.

Les autres photos sont de l'auteur. Cascade du Blâme à la Forge d'Ans. AUX GENS DE L'AUVEZERE PAYS D'EAUX VIVES ET DE ROC QUI SE VOULURENT PERIGORDINS

J.-L. G. Le Moulin de Roziers.

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Jean-Louis Galet

L'AUVÉZÈRE ET SES CHATEAUX

Pierre Fanlac PÉRIGUEUX les pays de l'Auvézère Le charme des pays de l'Auvézère

L'Auvézère était-elle, comme l'ont supposé certains, l'Autre Vézère des Celtes ; est-elle simplement une Vézère provenant d'un plus haut pays, ainsi nommée pour la distinguer de sa grande sœur, longue de 192 kilomètres ? Il existe, en dehors de leur nom, une indéniable parenté entre ces deux rivières, leur direction générale, le régime de leurs eaux, volontiers torren- tielles. Mais l'Auvézère est la plus périgordine des deux car la qua- si totalité de son cours, de 90 kilomètres de long, déroule ses méandres dans le département de la . Sur les plateaux de la Corrèze, elle draine un éventail de ruisseaux dont le plus important est la Boucheuse, ruisseaux qui musardent jusqu'au pied des châteaux de Pompadour, de Lubersac et de Coussac- Bonneval. Des quelque 480 mètres d'altitude de Benayes, où son premier filet d'eau alimente déjà un moulin, non sans avoir eu à triompher du relief par d'étroits passages, le réseau accède, toutes branches de l'éventail corrézien réunies, à la vallée mûre de Ségur, berceau de la féodalité limousine. Les Gorges de Doyon ne sont déjà plus qu'à 320 mètres, celles de Saint-Mesmin à 192 mètres au-dessus du niveau de la mer. Passé Génis, ce sera une rivière bien plus apaisée puisque, de , elle ne perdra guère que 40 mètres pour arriver aux 100 mètres d'altitude de son confluent avec l', à .

UN MONDE EN RACCOURCI

Ce profil du cours de l'Auvézère ne suffit pas cependant à expliquer la grande diversité de ses aspects. Dans son enfance tumultueuse, elle court sur des terrains imperméables, gneiss, micaschistes, schistes satinés — le joli nom —, de Génis auxquels elle doit son caractère impétueux. Puis, à Cherveix-Cubas, elle entre dans les terrains de calcaires jurassiques, plus tendres, riches en sources profondes, qui lui apporteront leur tribut d'été. Là, elle atteint son âge mûr, butant contre des massifs ou de simples rocs résistants à l'érosion, de formes parfois tourmen- tées, et, indolente, elle dessine à leurs pieds d'amples courbes. C'est à Cubjac qu'elle va vieillir et s'appauvrir avec la perte de ses eaux, au Souci, mais elle prend alors une allure de grande dame dans son val qui s'élargit jusqu'au confluent. Ainsi se succèdent des paysages infiniment attachants dans leur diversité, terres mélancoliques de la Corrèze, dernières pentes du Massif Central, cascades bouillonnantes et grondan- tes, du Saut du Ruban, de Roche Pécou, qui soulignent un relief vraiment alpestre aux villages accrochés à bord de ciel, tel Saint-Mesmin, panoramas ambitieux comme celui du Perven- doux, tableautins agrestes qu'anime l'eau claire sautant par- dessus la digue de tant d'humbles moulins, ou paisibles étangs du Pays de Born...

DE LA FRONTIERE AU TRAIT D'UNION

Au long de cette rivière, ont cheminé les hommes dès les anciens temps, laissant çà et là, comme à Tourtoirac, vestiges préhistoriques ; mais c'est à partir du Moyen Age que le pays s'est chargé d'histoire car il était point de contact de trois puissants fiefs, Comté de Périgord, Vicomtés de Ségur et de Turenne. Cette région fut jadis une frontière, une « marche » entre le Périgord et le Limousin qui détenait le marquisat d' ; cependant le chemin de l'eau, la « Grande Aygue » comme l'appellent encore les gens, avait depuis longtemps fait l'unité du pays. En 1790, la Dordogne est créée en tant que département, mais, pour arrondir le territoire du département voisin, celui de la Corrèze, on adjoignit à ce dernier onze paroisses, Saint-Cyr, Savignac-Lédrier, Saint-Mesmin, Sainte-Trie, Génis, , Le Dalon, Teillots, , Payzac et . Le mécontentement des populations fut vif, de se voir déta- chées de l'Ancien Périgord. Tant et tant qu'elles pétitionnèrent et que, par l'énergie de leurs protestations, obtinrent, en 1792, de l'Assemblée Législative leur rattachement à la Dordogne. Il y a, dans cette fidélité, quelque chose de profondément touchant ; elle témoigne en éclatant symbole, de l'unité de ces pays d'Auvézère et explique que ce sol de rocailles, souvent sau- vage, illuminé de la beauté fruste d'églises et de châteaux exerce sur le visiteur une originale séduction. En écoutant...

le tic-tac des vieux moulins

Depuis l'époque féodale, on a songé à tirer parti de la belle eau vive de l'Auvézère. On essaya, en ces temps où manquaient les routes et où les animaux de trait demeuraient rares, de lui confier des nefs, à la descente, tout au moins dans son cours le plus bas. C'est ainsi que l'on trouve, dans le livre de comptes des Consuls de Péri- gueux, qu'en 1398 une « nave » d'Auberoche fut payée deux livres tournois. Cependant, de tels voyages demeuraient sans doute exception- nels, limités par la brève période des eaux favorables. L'Auvé- zère, comme un cheval ombrageux, n'accepterait pas le bât du transport. Mais sa turbulence même ne pouvait-elle être captée ? Bientôt son cours fut coupé par les premiers barrages en pierres sèches, pierres plates, entassées de champ, appuyées sur des troncs d'arbres et des pieux en châtaigniers, profondément enfoncés dans son lit et qui, après plusieurs siècles, brisent toujours le courant. Les moulins ainsi édifiés possédaient la traditionnelle roue à palettes de bois. A la fin du dix-huitième siècle, elle céda la place à la turbine, beaucoup plus efficace, que les paysans nom- maient le « rouet ».

L'INDUSTRIEUSE AUVEZERE

A quoi servaient ces moulins ? A l'origine à écraser le grain, froment, orge, puis le « gros blé », ou maïs, dont la farine per- mettait la confection des « millassous », régal apprécié. D'autres moulins servaient à confectionner la pâte à papier ; il existait par exemple une papeterie à Linard, entre Payzac et Saint-Mesmin, une autre près du château d'Ans. Dans la vallée on cultivait alors le lin et le chanvre. Mais ce fut avec l'industrialisation de la région, au temps des forges, que l'Auvézère turbina le plus farouchement au béné- fice des hommes, actionnant souffleries et marteaux-pilons. A l'automne et jusqu'au cœur de l'hiver on s'occupait de la fabrication de l'huile de noix, ce qui était très particulier au Périgord et faisait des moulins des centres très vivants en ce temps où les distractions n'abondaient guère. On a peine à imaginer la place considérable que tinrent la noix et le noyer jadis, dans le travail et dans la façon même de vivre des habitants.

LA NOIX, PROVIDENCE DE L'ANCIEN PERIGORD

Les noix, ramassées lors de leur chute après les grands vents d'octobre, ou gaulées, étaient conservées dans les greniers ; on les remuait souvent pour hâter leur dessiccation. Puis, quand le blé était semé et les châtaignes récoltées on commençait les énoisages à la veillée ; à tour de rôle chaque maison recevait tous les habitants du hameau, à la lueur du grand feu de l'âtre et des « chaleïs » fumeux ; au rythme des maillets de bois, les cassoirs, ou « cassés », on chantait, on racontait des histoires en brisant les coquilles sans écraser le cerneau. Vers minuit, un réveillon réconfortait l'assistance ; marrons, « millassous », raves rôties, pain frais, le tout arrosé de piquette ou de vin nouveau. Puis la jeunesse, après avoir échangé les « cacalous », noix minuscules qui donnaient au garçon le droit d'embrasser la fille de son choix, se mettait à danser au son de quelque vielle... Enfin, un jour, sur convocation du meunier, on emportait au moulin les « nouzillous » où on les versait dans le pressoir. Il y avait là un spécialiste, le « trouillaïré » tout dégouttant d'huile, qui « trouillait », c'est-à-dire manœuvrait le treuil, — du latin troculum — et, chaque propriétaire ayant porté ses provisions de bouche, la meunière n'en finissait pas de réchauffer le confit d'oie ou de canard, de découper en tranches le jambon, de laver verres et assiettes. Cependant les noix s'écrasaient sous les lourdes roues du « loutre » puis passaient dans la « padèle » ou poële géante incor- porée dans un immense fourneau circulaire et finissaient dans la « maie » sous la vis du « treur » ou treuil, actionné vigoureuse- ment à bras ou par la chute d'eau.

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