Supplément TOULOUSE Ces projets qui métamorphosent la métropole VENDREDI 21 septembre 2012 – No 17 www.latribune.frwww.latribune.fr métropolitaine - 3 € Carlos Tavares « Renault Nouvelle va combattre Volkswagen formule hebdomadaire sur tous les terrains. » PAGE 30 Le directeur général délégué de Renault passe à l’offensive. [Pierre Verdy/AFP] Malheureux comme un »

usieurs vies. a p l usieurs vo t re journa l t ri, vec vo t re ges e de vec A riche en France ? L’impôt à 75 % puis l’« affaire » Arnault ont ravivé la querelle autour de la pression fiscale sur les grosses fortunes et les hauts revenus. À bien y regarder, ce matraquage, qui nuirait au désir d’entreprendre

age des papiers. ecofo l io pour e recyc age des papiers. avec Tribune s’engage « La en France, n’est peut-être pas si violent… Pages 4 à 6 L’enquête entreprises territoires F: 3,00 20 000 emplois Elles travaillent Ces urbains qui - 17 suspendus à… à l’ allemande et déboussolent les

L 15174 une gare PAGES 12-13 cartonnent PAGES 14-15 campagnes PAGES 20-21 © Phili pp e Tur p in/ B el ress/ A ndia t lain ic ure/ fSt o

coulisses 3 vendredi 21 septembre 2012 LA TRIBUNE

« Principe n° 1 : Arnaud ne décide jamais rien. Principe n° 2 : il trouvera toujours que le cours de l’action EADS est trop bas pour qu’il vende. Principe n° 3 : personne ne lui fera un prix spécial pour racheter ses actions. Conséquence : il sera dilué dans la nouvelle structure EADS-BAE. » Un proche du PDG de Lagardère Active © ERIC PIERMONT/AFP

Claude Guéant prendra Bercy sans lien avec la la robe. L’ancien ministre de « vraie vie ». « C’est terrible l’Intérieur va lui aussi sauter le Un coach en communication de voir à quel point une partie pas : après avoir consulté de Bercy n’a absolument aucun quelques-uns de ses amis, il a pour le « New Deal » d’Ayrault lien avec la vraie vie », a soupiré décidé de devenir avocat. Alain Rousset, le président Élysée a, très culaire : « Il travaille de la région Aquitaine et ’discrètement, à long terme, il ne re- de l’Association des régions L chargé une cherche pas le consen- de France. « Ils sont dans des agence de communi- sus immédiat mais des carrières personnelles, ne voient cation, une filiale du accords larges, ultra que les grands groupes et n’ont groupe TBWA, de majoritaires, appro- aucune idée de ce qu’est une ­réfléchir à un reposi- fondis, explique l’un PME ! » tionnement straté- des élus qui le connaît gique de Jean-Marc mieux. C’est ainsi Ayrault. À Matignon, qu’il a radicalement Quatre fois moins

© ERIC PIERMONT/AFP comme à l’Élysée, transformé Nantes en d’autos en 2050 ? chacun savait que le 25 ans et que les Pays L’Ademe travaille

L’industrie de la Premier ministre BUREAU © MARTIN de la Loire en ont pro- actuellement sur des défense sur la n’était pas forcément fité. » Ou un autre hypothèses de besoins touche. Pour participer à l’aise dans la commu- élu : « Il sait que plus d’énergie fondées sur le à l’élaboration du Livre nication, mais beau- Sa prestation les arbitrages sont dif- maintien de seulement un blanc sur la défense coup ont été surpris à l’université d’été ficiles, moins il faut quart du parc automobile et la sécurité nationale, par les réactions bien du Medef a été passer en force. On ne actuel en 2050. l’organisation patronale plus négatives que force pas un âne à des industries de défense prévu. La prestation un déclencheur. boire, on l’amène à avait proposé Éric de Jean-Marc Ayrault boire ! » C’est d’ailleurs Des binômes pour les Trappier, directeur général à l’université d’été du Medef a été un déclen- ce même élu proche de Jean-Marc Ayrault qui, cantons en 2014. Manuel chargé de l’international cheur, des patrons ayant eu le sentiment qu’il il y a un mois, disait sur le dossier de la BPI : Valls a choisi le mode d’élection chez Dassault Aviation. « venait à Canossa », ce qui n’était franche- « Ne pariez pas trop vite sur la victoire de la pour les départementales Celui-ci a été récusé ment pas le but de l’opération. L’idée ? Imagi- Direction du Trésor ». Et là, il a eu raison. Autre de 2014. Ce sera un scrutin par Jean-Marie Guéhenno, ner un concept sur le modèle du « New Deal » problème à régler qui, lui, tient de la commu- uninominal avec deux élus par le président de la recalant les objectifs gouvernementaux et nication intragouvernementale : beaucoup de canton et obligation de commission en charge l’accompagner d’un nouveau discours de la ministres pensent que Matignon est un lieu où présenter un binôme homme- de la rédaction du Livre méthode mieux adapté au tempérament et des dissensions existent (entre les deux direc- femme pour être sûr de la parité. blanc, qui lui a préféré méthodes du Premier ministre. L’ex-maire de trices de cabinet adjointes, semble-t-il) et que L’Assemblée des départements l’ancien PDG de DCNS, Nantes agit, il est vrai, de manière peu specta- peu de textes en sortent. de France va le soutenir. Jean-Marie Poimboeuf (photo) pour siéger dans le groupe 6 (industrie). Un nouveau statut Un deuxième round pour les députés. Claude pour le Sénat. Jean-Pierre Rachida Dati Bartolone va élaborer un Alliance dans Raffarin, soutien de Jean- se prépare nouveau statut du député d’ici à l’assurance. Allianz France François Copé, et Gérard la fin de l’année. Du contrôle des er pour absorbera dès le 1 octobre Larcher, soutien de François / AFP © LIONEL BONAVENTURE dotations budgétaires au cumul le portefeuille d’assurances Fillon, préparent le deuxième Le publicitaire des retraites, tout devrait y entreprises de Gan round de leur bataille : la Jean-Michel passer. Interrogation : les Eurocourtage, dont la vente par présidence du Sénat. L’un et députés, qui étaient souvent Groupama a été conclue en juin. l’autre sont persuadés que les Goudard a été obligés de cumuler (avec une Ce n’est qu’en juillet 2013 que municipales de 2014 ne seront dépêché par son ami Nicolas Sarkozy mairie) pour avoir plus de la gamme de produits et les pas favorables aux socialistes. Le pour conseiller Rachida Dati sur sa moyens humains pour leur conditions de souscription Sénat devant être renouvelé pour travail parlementaire, vont-ils deviendront communes sous moitié six mois après, ils voient communication dans son éventuelle voir leurs dotations augmenter l’enseigne unique d’Allianz déjà l’UMP reprendre la Haute candidature à la Mairie de Paris. (mais sous contrôle) pour avoir Courtage. Assemblée. plus d’un assistant ?

coulisses entreprises & innovation 25 > on en parle à bruxelles Le cas Arnault > Un coach en communication 14 Elles travaillent « à l’allemande » met à nu l’hypocrisie fiscale de l’UE. pour le « New Deal » d’Ayrault. et font un tabac à l’export. vos finances 16 Transformer la réalité virtuelle en argent L’événement 26 dans la pierre ? Oui, mais en province. 4 « L’enfer fiscal » des riches ? Pas si dur… sonnant et trébuchant. 27 > Une niche fiscale cinéphile. 6 > Les trucs et astuces pour limiter l’impôt. 17 >Un mentor à l’export pour aller toujours plus loin. >Deux cas pratiques à la loupe. > on va parler de lui Olivier de la Clergerie, > 3 % Le taux plancher pour l’immobilier So mm ai r e directeur général de LDLC. > le classement Sicav : les actions américaines Le buzz 9 l’œil de Philippe Mabille entreprises & financement en forme. L’insaisissable « ennemi » de Hollande. 18 Trouver de l’argent pour la start-up du coin de la rue. les idées / les chroniques 10 > Et si la France allait mieux sans son AAA ? 19 > L’accueil des personnes âgées est en pleine forme. 28 Roland Berger : « Mille milliards d’euros > 150 millions franco-chinois pour soutenir les PME. 11 > Le paquet de cigarettes devrait coûter pour sortir l’Europe de la crise. » 20 euros ! territoires / france 29 > Déflation, hyperinflation, mais encore ? > Prix du gaz : un casse-tête 20 Ces urbains qui déboussolent les campagnes. > Quel avenir pour le « millefeuille à la française » ? de trop pour le gouvernement. 22 > Une pépinière pour la glisse au bord de l’océan. > En attendant l’iPhone 6 > On va parler de lui Patrick Luxembourger, l’interview maire de Terville, un homme d’affaires municipal(es) 30 Carlos Tavares, directeur général délégué L’enquête territoires / international de Renault : « Nous allons faire hésiter 12 20 000 emplois suspendus à… une gare. 24 Venise coulée par Pierre Cardin ? les clients de Volkswagen. » 4 l’événement LA TRIBUNE VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2012

Je n’aime EXIT TAX c’est la hausse pas les Mise en œuvre d’abord par le 34 % gouvernement Jospin, reprise sous

de la rémunération des patrons / AFP © PIERRE VERDY «riches ! » Nicolas Sarkozy, l’exit tax impose du CAC 40, en 2010. Ce chiffre, publié aux candidats à l’exil de payer l’impôt en janvier 2012, a provoqué l’annonce, par François Hollande sur toutes les plus-values latentes, lors François Hollande, d’une taxe de 75 % au-delà 10 juin 2006 du transfert de leur résidence fiscale d’un million d’euros de revenus d’activité. dans un autre pays. « l’enfer fiscal » des riches ? Pas si dur… les faits La polémique enfle sur le caractère confiscatoire de l’impôt en France depuis que François Hollande a confirmé la taxe à 75 % au-dessus d’un million d’euros de revenus d’activité. la réalité Il existe pourtant encore de nombreux moyens pour les plus fortunés de réduire leur facture fiscale. Alors, malheureux comme un riche en France, vraiment ?

Ivan Best et Laura Fort concernant l’impôt à 75 %. Pas ls vont payer l’ISF plein pot. question de revenir sur le seuil Sans parler, bien sûr, de la taxe d’un million d’euros. Ni d’épargner à 75 % au-delà d’un million sportifs et artistes. d’euros de revenus ­annuels, Un discours normal, attendu, au confirmée par François Hol- vu des sondages : une majorité très Ilande. Les riches apparaissent vrai- nette (60 %) de Français approuve ment bien mal traités sous le ré- cette taxe. Le ministre du Travail, gime socialiste. Ils ­fuiraient, de plus Michel Sapin, est même allé jusqu’à en plus nombreux, vers des cieux affirmer que les retraités paieraient fiscaux plus cléments. Tout le cette contribution exceptionnelle. monde a en tête l’affaire Arnault, sa Oubliant un détail, annoncé rapide- demande de nationalité belge, sui- ment, au détour d’une phrase, par vie d’un démenti­ formel sur tout le président de la République : les changement de résidence fiscale, revenus du capital échapperont à qui n’efface pas l’impression de cette taxe. Or, les riches contri- Français riches proches du ras-le- buables tirent leurs revenus, beau- bol, confrontés à une situation coup plus que la moyenne, de leur ­intenable. Et si ce panorama, qui a patrimoine. S’agissant des tout l’air de l’évidence en 1 000 contribuables les cette rentrée, méritait plus aisés, la part des reve- quelques correctifs ? Et si nus du capital atteint, en les riches n’étaient pas si moyenne… 84 %. malheureux, ou, en tout 60 % C’est encore plus vrai cas, moins malheureux quand ils sont âgés. Par des Français qu’ils ne le disent ? L’ar- approuvent définition, les retraités gument mérite une la taxe de 75 % déclarant des revenus contre-enquête. pour les d’activité importants ne D’abord, dans le coup de revenus sont pas légion. Et les d’activité massue fiscal que s’ap- supérieurs ­retraites dépassant le prête à donner le gouver- à 1 M€ par an. ­million d’euros doivent se nement, il faut faire la compter sur les doigts de part de la réalité et de la main. Liliane Betten- l’affichage. François Hollande a court, qui vit des dividendes de tenu à affirmer, devant les téléspec- L’Oréal, et déclare beaucoup plus tateurs, qu’il excluait la moindre qu’un million d’euros annuels, ne remise en cause de sa promesse, paiera pas un euro au titre de la l’événement 5 VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2012 LA TRIBUNE

Tout le poids du Neuilly, 5 000 redressement terre promise C’est le nombre de Avec 7 571 contribuables assujettis, © ERIC PIERMONT/AFP «fiscal ne peut pas riches Français installés reposer sur les riches. » qui déclarent un patrimoine moyen en Belgique pour de 3,39 millions d’euros – niveau des raisons fiscales. Stéphane Richard record – Neuilly est toujours en tête PDG De France Telecom des statistiques sur l’ISF. JEAN AYISSI / AFP © JEAN AYISSI « l’enfer fiscal » des riches ? Pas si dur…

contribution à 75 %, puisqu’il s’agit il possède un patrimoine de plu- ­imposables… En 2011, la première de taxation recule à 17,5 %. Et de revenus du patrimoine. Des sieurs dizaines de millions d’euros fortune de France – elle est tombe même à 15 % pour les sommes dont une grande partie, du (il a fondé Nexity, puis vendu ses estimée­ par Challenges à 21,2 mil- 352 foyers « richissimes », qui reste, n’est pas imposée. Bon an mal parts), qui lui rapporte des revenus liards d’euros – a perçu une rému- ­déclarent plus de 4,2 millions an, l’ex-première fortune de France conséquents. Des revenus patrimo- nération de 4,5 millions d’euros d’euros de revenus annuels. Soit touche 250 millions d’euros de divi- niaux, non taxés, donc. en tant que patron de LVMH. Il une taxation équivalente à celle dendes, qui atterrissent dans sa Même s’il reste domicilié en est certain qu’une taxe à 75 % au- d’un célibataire déclarant société holding Thétys. Seules les France, et donc soumis aux im- delà d’un million d’euros grèverait 45 700 euros de salaire annuel… sommes qu’elle retire de cette hol- pôts hexago- lourdement Certes, ce taux d’imposition devrait ding sont assimilées par le fisc à des naux, comme il cette somme. augmenter, avec la décision de revenus, et donc taxées. Les autres l’a assuré, Ber- Ce genre de François Hollande de soumettre au non. Toutefois, elle pourrait payer nard Arnault Parmi les technique, et les barème de l’impôt sur le revenu un peu plus d’impôt, avec la pos- aurait trouvé, salariés les autres astuces l’ensemble des revenus du capital. sible diminution de l’abattement de quant à lui, une de défiscalisa- Mais les échappatoires existent. 40 % sur les dividendes. solution lui «mieux payés de tion, explique Ainsi, le Plan d’épargne en actions permettant France, près de pourquoi le taux (PEA), créé sous la gauche au début emprunter et rembourser d’échapper à la 25 % de financiers, global d’impôt des années 1990, permettra en actions : impôt zéro surtaxe de sur le revenu ­toujours, François Hollande en a Pourtant, les plus riches des sala- 75 %. Selon Le contre seulement diminue avec la décidé ainsi, d’échapper à l’impôt, à riés paieront bel et bien. Mais là Nouvel Obser- 14 % d’industriels. » grande richesse. condition de bloquer son épargne aussi, il faut nuancer leur future vateur, le mil- Selon le Conseil huit ans au moins. Olivier Godechot situation. Ainsi, le PDG de France liardaire aurait sociologue des prélève- Telecom, Stéphane Richard, a-t-il l’intention, ments obliga- Des droits de succession affirmé sur France 2 gagner 1,5 mil- tout simple- toires, les d’entreprise à… 0,85 % lion d’euros par an. Sur cette rému- ment, d’assurer 350 000 foyers Les riches vont, en revanche, nération, il paie 650 000 euros son train de vie au moyen d’un fiscaux les plus riches (soit 1 % des être soumis à un ISF particulière- d’impôts, dit-il. Avec la surtaxe à emprunt, qu’il rembourserait en contribuables) voient 18,3 % de ment lourd… François Hollande a 75 %, il devra verser au fisc actions LVMH. Par définition, un leurs revenus absorbés par l’impôt décidé de revenir au barème anté- 200 000 euros de plus. Une facture emprunt n’est pas un revenu. Les (sur le revenu). Mais si l’on consi- rieur, avant l’allégement voté par totale plutôt salée. Toutefois, sommes dont disposerait Bernard dère les 3 500 foyers les plus aisés ­Stéphane Richard oublie un détail : Arnault ne seraient donc pas (0,01 % des contribuables), ce taux Focus

Invisibles, ignorées ou cachées, ces fortunes qu’on ne connaît pas Les Arnault, Pinault et autres Bettencourt, rémunération brute annuelle supérieure entreprises, les gérants empochent un ces riches-là, on les connaît. Mais ces célé- à 124 573 euros, selon l’Insee – est com- « carried interest », un intéressement équi- brités, qui font régulièrement la Une des posé à près de 25 % de financiers, contre valant généralement à 20 % de la plus- articles de presse dédiés au classement des 14 % d’industriels seulement, précise value de cession. Robert Daussun et Pascal grandes fortunes de France, ne représen- Olivier Godechot. Qui évoque notamment Oddo, du fonds LBO France, ont d’ailleurs tent que la partie émergée de l’iceberg. Qui les cadres des salles de marchés des fait cette année leur entrée dans le classe- sont les autres riches, ceux qui gagnent des banques, ces fameux traders dont les ment des fortunes professionnelles éla- mille et des cents en toute discrétion ? De bonus (rémunérations variables) peuvent boré par le magazine Challenges, avec grands capitaines d’industrie, là encore ? atteindre des montants astronomiques. 110 millions d’euros à eux deux. Ou bien des stars du ballon rond ou de la Au total, l’augmentation des salaires du chanson ? Eh bien, non. la Revente des entreprises, top 100 des cadres de la finance a été plus « Contrairement aux idées reçues, les une activité très lucrative de deux fois supérieure à celle des rému- PDG et les superstars du sport ou du diver- Parmi les riches financiers figure une nérations du top 100 des PDG, de 1996 à tissement, ces élites visibles, ne sont pas les autre profession, quasi inconnue du grand 2007, indique Olivier Godechot. Certaines ­premiers responsables de l’accroissement public, celle de gérant de fonds de capital- professions libérales ne sont pas en reste : des inégalités », assure Olivier Godechot, investissement. Ces spécialistes de l’inves- selon un rapport rédigé en 2011 pour la dans une étude intitulée La Finance et la tissement dans des sociétés non cotées fondation Terra Nova par Martin Hirsch, montée des inégalités en France, publiée en perçoivent des commissions de gestion ancien haut-commissaire aux Solidarités 2011. « C’est l’évolution des rémunérations représentant de 1,5 % à 2,5 % des fonds actives, 43 % des quelque 160 000 non- des cadres de la finance qui a, en réalité, le qu’ils lèvent. Or ces levées de fonds ont été salariés percevant plus de 124 573 euros plus contribué à l’augmentation des inéga- très importantes durant les années d’eu- bruts par an sont médecins, chirurgiens- lités », assène le sociologue. phorie de 2005 à 2008, avant l’éclatement dentistes ou pharmaciens, et 12 % sont De fait, le 0,1 % de salariés les mieux de la crise financière. Surtout, lorsque les avocats, notaires, ou bien architectes. & payés de France – ceux qui perçoivent une fonds de private equity revendent des Christine Lejoux 6 l’événement LA TRIBUNE VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2012

«L’enfer fiscal» Les trucs et astuces des riches ? Pas si dur… pour limiter l’impôt sous Sarkozy : le taux maximum remonterait à 1,8 %, contre un Les ménages aisés ou les chefs d’entreprise peuvent réduire leur imposition en France, grâce à des ­plafond de 0,5 % voulu par l’an- techniques d’optimisation fiscale. Mais à leurs risques et périls, car le fisc traque les abus de droit. cien président. Mais les moyens existent, là aussi, d’adoucir la fac- Laura Fort « Une autre solution consiste à jeu dangereux. Pour éviter l’abus ture. Le gouvernement Ayrault créer une société civile immobi- de droit, il faut éviter de faire en avait envisagé de remettre en cause algré le plafonnement lière, à contracter des emprunts sorte que le temps entre la créa- la possibilité d’alléger l’ISF en des niches, des tech- pour en diminuer la valeur, puis de tion de la holding et sa liquida- ­investissant dans une PME. Fina- Mniques existent pour faire une donation des parts en tion soit trop court », précise un lement, il n’en sera rien. Il sera tou- réaliser un projet de vie (cession nue-propriété et d’en conserver avocat d’affaires. jours possible de déduire de l’impôt ou transmission d’entreprise, l’usufruit. De ce fait, le montant Passer par une holding luxem- à payer 50 % de l’investissement donation, etc.) tout en minimi- fiscal de la donation est bien bourgeoise pour céder un bien réalisé, jusqu’à 45 000 euros. sant son imposition. moindre que la valeur réelle de la immobilier est également un S’agissant des propriétaires d’en- « Dans le cas de la transmission, SCI », ajoute Pierre Roubacka. grand classique : la holding treprise, l’ex-ministre des PME l’usufruit temporaire permet À la limite de la fraude à la loi détient des parts dans une société Renaud Dutreil a laissé son nom d’éluder une partie de l’ISF », ou de l’abus de droit (article L64 française qui détient elle-même à un système de pactes, qui per- affirme Pierre Roubacka, respon- du livre des procédures fiscales), un immeuble. Quand la holding met aux familles – au sens pro- sable juridique ingénierie les avocats d’affaires ou fisca- cède ses parts de la société priétaires d’une entreprise, – de ­patrimoniale et lutte antiblanchi- listes, virtuoses du code général ­française, les plus-values peuvent réduire de 75 % la valeur de ce ment chez MMA. Par exemple, des impôts, ne manquent pas être exonérées d’impôts. Cette patrimoine taxable à l’ISF. À un homme de 40 ans acquiert un d’imagination pour servir les technique devrait cependant condition de conserver les titres bien immobilier ­locatif à crédit intérêts de clients fortunés, qui faire long feu, la convention pendant six ans au moins (pen- pour bénéficier de la déduction recherchent l’optimisation franco-luxembourgeoise étant en dant deux ans de manière collec- des intérêts d’emprunt sur les ­fiscale, à leurs risques et périls… cours de renégociation pour que tive, quatre ans en individuel). Ce revenus fonciers. À 55 ans, Les avocats d’affaires ou les plus-values occasionnées par fiscalistes ne manquent pas système vaut aussi pour les lorsque le crédit arrive à d’imagination pour servir Un classique : la holding ces opérations soient imposées ­successions. En réalisant une échéance, il ne bénéficie plus de les intérêts des clients luxembourgeoise en France. fortunés. [F. Bouillot/Marco Polo] donation, anticipant sur la succes- la déduction et est soumis à l’ISF. De nombreux montages Parmi les motifs récurrents sion, un propriétaire d’une entre- Une donation temporaire d’usu- existent. Parmi eux, la création visés par le Comité consultatif prise valant deux millions d’euros, fruit de dix ans lui permettra à la ­locatifs. Le principe : doter une de holdings, pour y loger une pour la répression des abus de utilisant les pactes Dutreil peut la fois d’aider un de ses enfants fondation en revenus (loyers, partie des dividendes de sa droit, saisi de 21 affaires en 2011, léguer à ses deux enfants en ne majeurs, qui percevra les loyers, dividendes…) pour une durée société, pour éluder l’imposition on retrouve notamment la dona- payant que 0,85 % de droits de et de diminuer l’assiette taxable déterminée, pendant laquelle ces sur les plus-values et limiter tion déguisée en vente, l’utilisa- succession… Pas de quoi grever au titre de l’ISF. À 65 ans, il revenus ne seront pas soumis à l’impôt sur les sociétés. Cette tion abusive d’un plan d’épargne l’héritage. Ces mesures avaient ­percevra à nouveau les loyers l’ISF. Bernard Arnault pourrait technique permet aussi d’antici- en actions ou encore les opéra- été mises en place pour éviter la pour compléter sa retraite. d’ailleurs s’acheminer vers une per et d’optimiser fiscalement la tions de réduction du capital. fuite des entreprises à l’étranger. La donation temporaire d’usu- technique similaire pour organi- future cession d’une entreprise, « La recherche de la défiscalisa- fruit à des fondations n’est pas ser sa succession, en réalisant un la holding jouant alors le rôle de tion à tout prix peut conduire à des Pas d’isf sur 75 % du non plus soumise à l’ISF et peut apport de capital à une holding, « tirelire défiscalisante », en per- montages complexes et à une prise patrimoine d’entreprise également permettre d’éviter laquelle dotera ensuite une mettant de différer à l’envi l’im- de risque excessive », confirme Quant au chef d’entreprise partant l’imposition sur des revenus ­fondation privée belge. pôt sur les plus-values. « C’est un Pierre Roubacka.▼ en retraite, il redoutait naguère le coup de massue de l’ISF : exonéré au titre de « l’outil de travail » tant qu’il assumait ses fonctions de diri- geant, il devait payer l’impôt sur la Deux cas pratiques à la loupe… fortune plein pot le jour de sa Que faire dans le cas d’un projet La banque lui conseille, d’une ter une marque de vêtements en des royalties, en contrepartie de cessation­ d’activité. de cession d’entreprise, ou si l’on part, de créer une holding et d’y France. L’objectif : optimiser ses l’exploitation de la marque en Mais un amendement voté à l’au- recherche à optimiser les impôts apporter un million d’euros de impôts sur les bénéfices et les France. Du coup, en France, les tomne 2005 a mis fin, pour l’essen- sur les bénéfices ou sur les plus- titres de la biotech pour y loger impôts sur les plus-values à la bénéfices imposables sont tiel, à ce couperet : 75 % de son values à la revente ? Voici deux l’investissement hôtelier futur revente. moindres du fait de la déduc- patrimoine­ « entrepreneurial » cas pratiques. et, d’autre part, de donner tion des charges fac- échappe désormais à l’impôt sur la un million d’euros de titres, avec turées par la société fortune, une fois retiré des affaires. 1. Créer une holding avant son épouse, à chacune de ses La société mère A. Les remontées de Un amendement voté, dit-on, après de céder la société filles. facture des royalties dividendes peuvent discussion avec les proches de Le cas-type que décrit Sophie La participation dans la bio- à sa filiale française. aussi bénéficier ­Liliane Bettencourt, qui menaçait Breuil, directrice de l’ingénierie tech est cédée quelques mois d’une exonération de s’exiler… Et qui avait pour autre patrimoniale de la banque Neu- plus tard par la holding, le chef Du coup, en France, de retenues à la intérêt de mettre fin à l’augmenta- flize OBC, est celui d’un chef d’entreprise et ses filles à hau- les bénéfices source sous cer- tion continue de l’âge moyen des d’entreprise de 50 ans qui dé- teur de leurs titres respectifs. taines conditions. Il patrons, ceux-ci s’accrochant à leur tient une participation dans une Le bénéfice du sursis d’imposi- imposables sont faut néanmoins être poste pour éviter l’ISF. ­société de biotechnologie, valo- tion via l’apport à la holding, moindres. particulièrement Ceux dont la richesse n’est pas risée 20 millions d’euros. S’il conjugué à l’effacement des plus- vigilant sur la légis- d’abord constituée par leur entre- cédait l’entreprise en l’état, il values sur les titres donnés aux lation applicable en prise peuvent utiliser d’autres tech- paierait 38,5 % d’impôts (dont filles, permet de réaliser une matière de prix de niques, pour réduire leur ISF impôt sur le revenu, prélève- économie globale d’impôt Une société filiale B est alors transfert. En effet, lorsque l’on ­(investissement en œuvres d’art) ou ments sociaux et contribution proche de 842 000 euros, droits localisée en France, et la maison crée une charge dans une échapper aux droits de succession. sur hauts revenus), soit 7,7 mil- de donation inclus. mère A en Suisse, à laquelle la société, cela génère un transfert Des techniques fiscales, utilisant lions d’euros. marque de vêtement sera de bénéfices vers une autre. Et l’assurance-vie (démembrement de Il se rapproche de sa banque 2. La solution suisse de ­apportée, la Confédération toute la difficulté­ réside dans le la cause bénéficiaire), permettent qui étudie avec lui ses projets transfert des bénéfices ­helvétique ayant une conven- fait de prouver que de ces opé- de réduire ces derniers. Des astuces post-cession : il souhaite créer Le second cas, exposé par un tion fiscale très favorable pour rations intragroupe sont réali- fiscales que la gauche ne semble pas un hôtel et aider ses deux filles à avocat d’affaires, est celui d’une ce type d’opération. La société sées à des « prix de marché ». ▼ vouloir remettre en cause. ▼ investir dans l’immobilier. société A, qui envisage d’exploi- mère facture alors à sa filiale  L. F.

le buzz 9 vendredi 21 septembre 2012 LA TRIBUNE >> il a osé le dire « 47 % de gens voteront pour Obama quoi qu’il arrive. Ils croient

qu’ils sont des victimes et que le gouvernement a la responsabilité de s’occuper d’eux. » Mitt Romney, candidat républicain à la maison-blanche

l’œil de philippe mabille directeur adjoint de la rédaction

L’insaisissable « ennemi » de Hollande © DR

on véritable adversaire, c’est Le « véritable adversaire » serait-il donc caché à gauche ? La Le voyage à Ludwigsburg de la finance. » Que reste-t-il neuf piste est intéressante à creuser, tant le président et le Premier Le 22 septembre 1962, au château de Ludwigsburg, demeure « mois plus tard de cette parole fa- ministre peinent à organiser la discipline dans leur camp. Cela historique du duc de Wurtemberg, le général de Gaulle pro- meuse prononcée par le candidat valait bien la peine de concéder la taxe à 75 % sur les riches à nonçait devant Konrad Adenauer le fameux « discours à la Hollande au Bourget ? À vrai dire, l’aile gauche du PS et de sacrifier les gaz de schistes aux écolos jeunesse allemande » qui se conclura, le 22 janvier 1963, par rien duM tout ! La finance sans visage a été indulgente pour ne même pas s’assurer de leur abstention sur le traité la signature du Traité de l’Élysée. Cinquante ans plus tard, jusqu’ici : l’écart de taux à dix ans entre la France et l’Alle- européen, se dit-on à l’Élysée… François Hollande fera ce samedi le voyage dans le Bade- magne a été divisé par plus de trois, le Trésor finance la dette Pourtant, le premier acte de participation à une majorité Wurtemberg, pour renouveler cet acte fondateur de la ré- à des taux jamais atteints et la Bourse monte, comme à consiste à voter le budget. Or les 20 milliards d’euros de conciliation entre les deux peuples. Mais la France, en réa- chaque fois que la gauche est au pouvoir… hausses d’impôts sur les ménages et les entreprises, et les lité, freine des quatre fers devant la proposition allemande Tranquille sur le front des marchés, Hollande ne devrait 10 milliards de coupes dans les dépenses nécessaires pour d’une union politique européenne, pourtant formulée clai- pas trouver non plus beaucoup réduire le déficit à 3 % du PIB l’an prochain, rement par Angela Merkel. Paris ne veut pas d’un nouveau d’obstacles du côté de l’opposi- ne sont que la conséquence directe de l’accep- traité européen qui irait plus loin dans l’intégration, sauf si tion. Le centre est introuvable tation du nouveau pacte budgétaire. Berlin s’engage à son tour vers plus de solidarité, en accep- depuis que Bayrou a soutenu La proximité Mais l’adversaire le plus coriace de François tant la mutualisation des dettes, par exemple. François plutôt que Nicolas dans Hollande pourrait bien se nicher ailleurs, dans la course à l’Élysée. Et l’UMP est des élections la résistance farouche à laquelle se prépare la EADS + BAE = Airbus ? en chantier, engluée dans un com- «locales de 2014 machine territoriale française contre les écono- S’il est un domaine dans lequel le couple franco-allemand a bat fratricide entre Fillon et Copé, ferait-elle mies que veut lui imposer l’État. Cet « ennemi » prouvé sa capacité au compromis et au succès, c’est bien qui jouent à celui qui aura la plus insaisissable a 525 000 visages, le nombre d’élus l’aéronautique. C’est la raison pour laquelle le projet de fusion grosse liste de soutiens pour trembler la main que compte notre beau pays. Soit 1 pour 125 ha- entre EADS et le britannique BAE est enthousiasmant. Les prendre la tête du parti. du Prince ? » bitants, record mondial dénoncé par le député entreprises montrent l’exemple là où les États traînent les On cherche encore le débat socialiste René Dosière dans un livre paru cette pieds. EADS-BAE pourrait d’ailleurs prendre pour nom Air- d’idées qui fera renaître la droite semaine (L’État au régime, Seuil), et qui figure bus, afin de bien affirmer la compétition avec Boeing. Si l’af- française. Signe de l’extrême confu- en bonne place sur le bureau du chef de l’État à faire se fait, car il y a encore de sérieux obstacles sur la route, sion des temps, elle s’apprête d’ailleurs à voler au secours du l’Élysée. Dosière évalue à 15 milliards d’euros le potentiel des cette opération pourrait donner, enfin, le coup d’envoi à la président de la République en votant les deux textes clés de économies possibles. Mais, en hésitant à tenir sa promesse grande vague de fusions-acquisitions que la crise a étouffé la rentrée parlementaire : le traité de ratification du nouveau de mettre fin au cumul des mandats, François Hollande ne depuis trois ans. Dans le secteur de la Défense – on pense à pacte budgétaire européen, signé le 2 mars dernier par… fait pas sur ce terrain la démonstration d’un président prêt à Thales et Safran en France –, mais pas seulement : dans l’au- Sarkozy, et la loi organique sur les finances publiques qui va en découdre. La proximité des élections locales de 2014 ferait- tomobile, dans la banque, dans la plupart des secteurs en instituer dans notre droit constitutionnel la « règle d’or ». elle trembler la main du Prince ? réalité, le temps des grandes manœuvres est venu. ▼

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sur Le podium repéré par la rédac’ « Quand la Toile se moque de l’iPhone 5 ». « Pas la peine d’être le plus lu / Faire payer le vice par la vertu : un génie » ironise la nouvelle publicité de Samsung aux États-Unis. la drôle d’idée de DSK pour sauver l’euro L’an- Le constructeur sud-coréen compare l’iPhone 5 avec son Galaxy SIII... cien patron du FMI a évoqué le week-end dernier, à Yalta, sur les rives de la mer Noire, une idée folle pour faire baisser les taux d’intérêt sur la dette des pays du Sud de la zone euro : les LE Diaporama pays du Nord, Allemagne en tête, leur rétrocéderaient une par- de la communauté La saga des tie de l’écart de taux dont ils bénéficient pour s’endetter. Les meilleures contributions sur latribune.fr et les réseaux sociaux « petites » Renault publié le lundi 17 septembre le tweet visible. Pourtant un monde meilleur 1 / Renault 4 CV De 1946 à 1961, / « Il faudrait @AirFranceFR est possible… » le plus commenté Imposition des retrai- elle a été produite tés : revue des mesures préconisées par la équipe les sièges >> Par Jules à propos de l’article à 1 126 609 unités. de prises de courant inexistantes « Démission surprise de la présidente Cour des comptes La Cour des comptes considère que de choc de la région de Madrid » l’objectif de rattrapage des revenus des retraités par rapport actuellement. » aux actifs est atteint. Elle propose donc dans son dernier rap- >> @CProcaccia à propos de l’article « Air 2 / Renault 4 France : vers la fin des journaux à bord ? » 6 076 892 unités port une hausse de leur imposition. L’opinion entre 1961 publié le vendredi 14 septembre >> « Braquage » à l’américaine… et 1994 ! à la Fed ! » par Charles Sannat, le commentaire paru le 17 septembre 2012 le plus partagé / Pendant ce temps, en « Le monde politique Suède, on baisse les impôts des retraités Alors a besoin de donner du « Pour endiguer la crise, la Fed a 3 / Renault 5 résultat à la société. La jeunesse versé des milliards de dollars en aide Entre 1972 que Paris envisagerait de mettre davantage à contribution les et 1992, retraités, la Suède décide d’abaisser leur niveau d’imposition. espagnole souffre depuis financière aux plus grandes 5 325 900 R5… Les retraités paieront donc entre 58 et 81 euros d’impôts en longtemps, comme les autres en institutions financières […]. Le plus moins par an. publié le mardi 18 septembre Europe, mais aujourd’hui c’est plus grand hold-up jamais organisé ! » Retrouvez la totalité du classement sur latribune.fr 10 le buzz LA TRIBUNE vendredi 21 septembre 2012

Contre toute attente, depuis la dégradation de sa note en janvier dernier, les conditions d’emprunt de la France se sont améliorées. Dans un environnement difficile, la dette française a joué un rôle de « valeur refuge ». Et si la France allait mieux sans son AAA ?

La valorisation des De la même façon, la prime de Le 13 janvier dernier, l’agence quelque 1 000 milliards Standard & Poor’s dégradait la note risque exigée pour détenir de la d’euros de titres de dette fran- de la France de AAA à AA+. [AFP/Stan honda] dette française plutôt que des titres çaise dont la maturité est supé- allemands s’est compressée depuis rieure à un an a gagné plus de 7 % la perte du triple A : de 131 points depuis le 13 janvier dernier, selon de base le 13 janvier, elle est passée Bloomberg. Ce jour-là, Standard & à 60 points de base. Les CDS de la Poor’s dégradait la note de la France (autre mesure de la prime France de AAA à AA + tout en la de risque qui permet de calculer le maintenant sous perspective néga- coût de l’assurance contre un tive. La France aurait-elle gagné en risque de défaut de l’émetteur) crédibilité en perdant son triple A ? sont eux descendus à 96 points C’est bien ce que certains indica- de base aujourd’hui, contre teurs de marché laissent penser. 223 points le 13 janvier dernier. Autre facette d’une même réalité, les taux français à dix ans, au lieu une « mauvaise nouvelle » de grimper pour compenser le déjà intégrée risque pris par les investisseurs, se À en croire les statistiques de sont détendus ces huit derniers Bloomberg, les obligations souve- mois. Les titres de dette français raines ne suivent en moyenne la ont ainsi été assimilés par les in- direction suggérée par les déci- vestisseurs à des « valeurs refuge », sions des agences qu’une fois sur quasiment au même titre deux. Et pour cause : les notes de que les Bund allemands Moody’s, Standard & Poor’s ou ou les Treasuries améri- la bonne nouvelle Fitch sont davantage des indica- cains. >> teurs retardés qu’avancés de la les contraintes d’investissement qualité de crédit des émetteurs de Taux négatifs ! sés de 1,77 % à un plus bas de ramener le taux de sa facilité de pesant sur certains investisseurs et dette. Lorsqu’une note est dégra- Plus intéressant : les taux trico- 1,25 %. Résultat : le 6 septembre dépôt à zéro, « de nombreux inves- les opportunités de placement dée, la « mauvaise nouvelle » est lores se sont détendus plus vite que dernier, la France a emprunté tisseurs ont choisi d’acheter des d’épargne libellées en devises déjà intégrée dans les cours. ceux de l’Allemagne et des États- 3 milliards d’euros à 2,21 %, le titres sûrs sur des maturités étrangères “swappées” en euros Reste la question de la crédibi- Unis. Toujours selon Bloomberg, taux le plus bas de son histoire et courtes même s’ils ne sont que fai- peuvent même expliquer que les lité des agences sur les marchés. les taux à dix ans français sont tom- depuis le 9 juillet dernier, ses taux blement rémunérés plutôt que de taux basculent en négatif ». Depuis la crise des subprimes elle bés à un plancher de 2,002 % le à court terme (moins d’un an) conserver des liquidités qui consti- Le service de la dette en 2012 a a été sérieusement entamée. Celle 3 août alors qu’ils étaient à 3,08 % sont devenus négatifs. tuent une exposition non rémuné- ainsi été revu à la baisse : estimé à de la France reste semble-t-il in- au moment de la perte du triple A. L’Agence France Trésor explique rée au secteur bancaire. Le com- 48,8 milliards d’euros en sep- tacte… jusqu’à la prochaine sanc- Pendant la même période, en Alle- ainsi le phénomène : depuis la portement de certains participants tembre 2011, il devrait finalement tion des agences de notation ? ▼ magne, les taux à dix ans sont pas- décision de la BCE du 5 juillet de de marché lors des adjudications, atteindre 47,4 milliards d’euros. sophie rolland

Le prix du paquet de cigarettes augmentera de 6 % à compter du 1er octobre. L’augmentation aurait pu être bien plus forte si la politique de la santé était menée par… le ministère de la Santé. Mais Bercy garde la haute main sur cette manne fiscale. Le paquet de cigarettes devrait coûter 20 euros !

Dans un monde idéal, un plique Vincent Genet, directeur de façon, il ne tue pas la poule aux année que le coût du tabagisme tement, bien qu’il soit la première gouvernement respon- la division Santé d’Alcimed, une œufs d’or. Les recettes fiscales pe- s’élevait à 772 euros par an par cause de mortalité évitable en sable privilégierait le long terme, société de conseil et d’aide à la sant sur le tabac, qui représentent habitant. Pourtant, le sevrage ta- France. « Pourtant, à condition plutôt que le court terme. Dans ce décision. Selon l’Insee, 30 % des bagique n’est pas d’avoir une stratégie de long terme, même monde, il laisserait au mi- citoyens âgés entre 18 et 75 ans pris en charge par le gouvernement aurait tout à ga- nistère de la Santé l’ensemble des sont fumeurs, occasionnels ou non. la provocation l’assurance-mala- gner à établir une véritable poli- questions de santé publique et en >> die. Seul un forfait tique de lutte contre le tabagisme particulier le tabagisme. « Pour 13 milliards d’euros de 50 euros par an qui entraîne directement ou indi- lutter contre ce fléau, le gouverne- Rigueur oblige, le gouvernement, en moyenne 13 milliards d’euros est à la disposition de ceux qui rectement des affections de longue ment doit augmenter fortement les comme ses prédécesseurs, ne fait par an, continueront donc de pro- veulent arrêter de fumer. Marisol durée (ALD) dans 100 % des cas. prix, mettre en place une politique pas ces choix. Si le volet dépenses gresser, en raison de l’augmenta- Touraine, la ministre de la Santé, Il y a peu de pathologies aussi ren- efficace de remboursement des thé- du projet de finances de la Sécurité tion du taux et de la résistance at- n’est pas totalement absente des tables à soigner », précise Thibaud rapies de sevrage tabagique, en ré- sociale (PLFSS) est plutôt maîtrisé tendue de la consommation. débats. Elle a sauvé les apparences Durand, responsable de mission fléchissant à une possible implica- par le ministère de la Santé, le volet Certes, sur ces 13 milliards, ces derniers jours en se déclarant chez Alcimed. tion des complémentaires santé, recettes est entre les mains de Ber- 3 milliards servent au financement en faveur d’un relèvement du prix Dans ce bras de fer entre le mi- informer encore et toujours la popu- cy. Et, au regard de l’état actuel des de la lutte contre le tabagisme. des cigarettes… nistère du Budget et celui de la lation sur les risques que prennent finances publiques, Jérome Cahu- « Mais c’est un montant bien infé- Santé, l’Élysée et Matignon ont les fumeurs et investir dans la re- zac, le ministre du Budget, a le der- rieur aux 60 milliards par an que « stratégie de long terme » leur mot à dire. Mais le sommet de cherche. Il doit agir sur tous ces le- nier mot. C’est lui qui a annoncé représente le coût du tabagisme sur Cette domination de Bercy sur l’État pourrait-il prendre le risque viers simultanément, le plus puis- une hausse de 6 % du prix du pa- les finances publiques », compare la rue de Grenelle s’explique éga- de faire chuter sa cote de popula- sant étant une hausse brutale d’au quet de cigarettes à compter du Vincent Genet. Un chiffre avancé lement par le fait que le tabagisme rité en se mettant un tiers des moins 10 % des prix via une poli- 1er octobre, ce qui représente un par l’Office français de prévention n’est toujours pas considéré en Français à dos ? Oui, peut-être, tique fiscale ambitieuse et harmo- coût d’environ 40 centimes par du tabagisme, dans une étude de haut lieu comme une pathologie dans un monde idéal. ▼ nisée au niveau européen », ex- paquet pour les fumeurs. De cette 2005. L’Insee estimait cette même mais comme un simple compor- fabien piliu le buzz 11 vendredi 21 septembre 2012 LA TRIBUNE

Tandis que les fournisseurs de gaz se préparent à attaquer la décision L’iPhone 5, sans être extraordinaire, bat du gouvernement d’augmenter de « seulement » 2 % le prix du gaz au tous les records de commandes. La puissance 1er octobre, un passage à une fixation mensuelle du prix du gaz est évoqué. de l’image d’Apple joue à plein. Trop ? Prix du gaz : un casse-tête de En attendant trop pour le gouvernement l’iPhone 6 Deux millions d’iPhone 5 le problème d’Apple. C’est celui Et si le prix du gaz chan- ont donc été réservés de ses grands concurrents qui, geait tous les mois ? Serait-il en vingt-quatre heures. Soit 23 dans bien des cas sont obligés de plus facile pour le gouvernement chaque seconde. À, disons 400 à proposer peu ou prou des me-to d’annoncer des hausses de 1,5 % ou 500 euros l’unité pour simplifier, products – l’exemplaire manifes- 2,5 % chaque mois, plutôt que 5 % cela fait un petit milliard de tation de cette réalité s’est ou 7 % tous les trois mois ? Pas for- chiffre d’affaires en une journée. concrétisée par la bataille judi- cément ! Thierry Breton, alors mi- C’est beaucoup, c’est un record. ciaire à laquelle se livrent l’amé- nistre de l’Économie, s’en souvient. Et si c’était trop ? Après tout, les ricain et le coréen Samsung –, Il avait testé la mensualisation du observateurs éclairés de l’App- mais c’est peut-être aussi à prix du gaz avant de se lasser d’an- lesphère, les technophiles les terme celui des consommateurs. noncer des augmentations tous les Car qui nous dit mois… « Ce serait plus facile si c’était qu’Apple, dont réellement automatisé, si la formule la polémique l’image s’est en de calcul des prix était strictement >> grande partie appliquée, sans annonce ni interven- construite sur tion du gouvernement. Après tout, plus fanatiques de la Pomme ont cette capacité d’innovation for- les prix à la pompe changent bien reconnu que ce smartphone ne midablement marketée, est en- tous les jours », commente un spé- présentait pas d’innovation ex- core et restera pionnier, auda- cialiste du secteur. ceptionnelle. cieux en la matière. Et Ce serait en effet le rêve du gouver- À ce niveau d’adoration, on ne contribuera à faire du bien au nement qui, comme tous ses prédé- parle plus d’effet culte mais de monde comme Steve Jobs ne cesseurs, souhaiterait se débarras- compulsion collective. Et alors ? cessait de le répéter. ser du pensum politique consistant La mensualisation du prix du gaz ne peut se concevoir sans la pose On pourrait effectivement juger On touche là à une matière de nouveaux compteurs « intelligents ». [JOHANNA LEGUERRE/AFP] à annoncer aux 7 millions de Fran- oiseux de s’interroger sur ce molle que l’arsenal antimonopo- çais qui se chauffent au gaz que les dépassement des fron- prix vont augmenter. La tâche est suelle du prix du gaz qui permet- deux en 12 mois ! » s’exclame un tières. Tout juste serait-il d’autant plus délicate que, depuis trait de lisser les à-coups et d’éviter fournisseur. En janvier dernier, la légitime de questionner, À ce niveau l’hiver dernier, les fournisseurs les embardées que peuvent réserver fameuse formule a néanmoins pas comme l’ont fait certains n’hésitent plus à attaquer mal bougé en intégrant une plus ces derniers jours, cette d’adoration, ces décisions devant le grande part de prix spot (plus bas folie consumériste qui ren- on ne parle plus conseil d’État. Et celui-ci l’explication en ce moment que les contrats drait le débat sur l’obsoles- d’effet culte mais en a déjà annulé une. Et >> long terme que nouent en grande cence programmée… obso- autorisé les fournisseurs partie les fournisseurs). La part lète. Les objets high-tech de compulsion à facturer rétroactivement, au titre les ajustements trimestriels », af- est passée de 10 % à 26 %. n’auraient ainsi même plus collective. du dernier trimestre 2011. firme un professionnel, résumant besoin de tomber en une opinion qui se répand dans le enjeu majeur panne technique puisque compteur intelligent secteur. Mais, pour lui, « la men- En attendant, l’imbroglio conti- la pression de la nouveauté les listique américain, à l’efficacité Pour l’instant, l’Anode, l’associa- sualisation ne peut se concevoir nue. Et s’autoalimente. GDF Suez mettrait en panne de désir. souvent redoutable, ne sait pas tion qui regroupe les fournisseurs sans compteur intelligent de gaz. a demandé une hausse de 7 % au combattre. alternatifs de gaz, attend la publi- Le système actuel n’est pas adapté 1er octobre (et a obtenu 2 %) pour stade ultime Comment – et faut-il – s’en cation de tous les textes la semaine à une variation fréquente du prix, compenser la différence entre les du marketing prendre à une domination par prochaine pour décider d’un éven- puisque les consommations sont 8 % demandés au 1er juillet les 2 % Bien sûr, peu de marques ont l’image ? Question iconoclaste, tuel recours. Elle est la seule à pou- estimées la plupart du temps », obtenus. En d’autres termes, selon comme Apple le pouvoir de gé- prématurée ? Mais qui sera voir saisir en référé le Conseil souligne-t-il. des sources internes, une hausse de nérer un tel phénomène. Il n’em- peut-être résolue par un pouvoir d’État. GDF Suez ne peut arguer GRTgaz doit expérimenter en 0,9 % aurait été suffisante en oc- pêche. En s’imposant ainsi, en qu’Apple a fortement contribué d’une situation d’urgence, à la dif- 2013 à grande échelle un tel tobre s’il n’y avait pas un rattrapage touchant au stade ultime du à développer : celui des utilisa- férence de ses petits concurrents à compteur. À plus court terme, le à effectuer ! L’enjeu est majeur marketing, la firme califor- teurs, contestataire ou pas, qui la situation financière bien plus gouvernement semble favorable à puisque 70 % des ventes de gaz nienne ne fait pas seulement du se développe au travers de l’In- fragile. « Si l’Anode n’attaque pas en une nouvelle formule de calcul s’effectuent d’octobre à mars.« À chiffre d’affaires et les profits qui ternet, des réseaux sociaux… référé, nous le ferons sur le fond, des prix. Elle serait proposée dans noter, les prix spots, réclamés par les vont avec. Elle préempte aussi Celui-ci reste aujourd’hui très comme cet été », indique-t-on en le cadre du projet de loi du député associations de consommateurs, une bonne partie du territoire Apple addict. Mais la versatilité interne dans le groupe dirigé par François Brottes sur les tarifs pro- subissent des hausses en hiver. Tan- réservé à l’innovation. Impos- appartient à son ontologie. Gérard Mestrallet. Mais les délais gressifs d’électricité et de gaz qui dis que les contrats long terme sont, sible en effet, face à cette défer- L’iPhone 5 apparaît à l’évidence de recours sont alors beaucoup doit être présenté la semaine pro- eux, à l’abri des variations saison- lante de se battre, sinon à armes comme un excellent smart- plus longs. « À moyen terme, la chaine à l’Assemblée nationale. nières », glisse au passage un four- égales, en tout à cas avec une phone. L’iPhone 6 devra peut- seule solution, c’est la fixation men- « Une autre formule ? on en a eu nisseur. ▼marie-caroline lopez vague chance. Ce n’est certes pas être être plus que cela. ▼ 12 l’enquête LA TRIBUNE VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2012

EUROPA CITY Auchan est prêt à créer un gigantesque et révolutionnaire centre commercial aux portes de Roissy, si l’accès en est assuré 20 000 emplois suspe ndus à… une gare être réalisées d’un seul coup pour éblouissement de lumière sur le projet Le géant de la un montant de 20,5 milliards la gigantesque rambla méditerranéenne d’euros. Christophe Dalstein, en du projet de l'équipe d'architectes distribution veut construire charge du projet Europa City, a Valode & Pistre (avec Michel Desvigne, EGIS, IOSIS & ELIOTH). [DR] à Gonesse, dans le Val d’Oise, longuement discuté avec Manuel Flam, le directeur de cabinet de Europa City, un centre Cécile Duflot. Il n’en est pas commercial, de culture ­ressorti avec sa gare… e L’épuisant marathon et de loisirs du XXI siècle. de Christophe Dalstein l’enjeu Le groupe prévoit Il va essayer à Bercy car les ­financements de ces lignes d’investir 1,7 milliard d’euros, ce doivent être validés en 2015. Pas évident. Jérôme Cahuzac, le qui permettrait de créer 20 000 ­ministre du Budget, veille sur les comptes publics ! D’autant que emplois. à condition que la gare d’ici à 2015, d’enquête publique en discussion autour du schéma di- prévue près du site soit réalisée recteur de l’Île-de-France (il doit avant 2025, afin d’y acheminer être adopté fin 2013 par le Conseil régional), les polémiques, débats les 20 à 25 millions de visiteurs stériles et révisions vont fleurir. Au fil des mois, la situation est attendus par an. Mais personne devenue légèrement kafkaïenne. Certes, tous les élus du territoire, ne lui donne aucune garantie. quel que soit leur bord politique, soutiennent Auchan. « Plus le temps passe, plus nous jean-pierre gonguet Sauf que… c’est là une version gagnons en crédibilité, explique diplomatique. Daniel Canepa Christophe Dalstein. Mais c’est ianney Mulliez veut avoue également qu’« il peut éven- long. Je dois négocier en perma- une gare. Pas une tuellement exister un problème de nence avec la Société du Grand grande, pas forcé- phasage ». Dans la bouche d’un Paris, l’Établissement public ment une luxueuse, préfet de région, cela signifie qu’il d’aménagement Plaine de France n’importe quelle n’est pas vraiment sûr de son – 17 communes en Seine-Saint-­ Vgare, pourvu qu’elle soit à Go- coup. Car Cécile Duflot, ministre Denis et 23 dans le Val d’Oise ! –, nesse, dans le Val d’Oise. Dès que de l’Égalité des territoires et du le conseil général du Val d’Oise, la les pouvoirs publics lui confirme- Logement, en charge du Grand Communauté d’agglomération de ront la création de cette gare, le Paris – et donc ministre de la gare Val de France, la mairie de Go- Le projet Valode & Pistre. [DR] Le projet Manuelle président du groupe Auchan de Gonesse – peut par exemple nesse… tous ont leur propre calen- Gautrand. [DR] ­investira 1,7 milliard d’euros dans être tentée de modifier les priori- drier, leurs propres impératifs. » le Triangle de Gonesse pour lan- tés dans l’ordre de construction Christophe Dalstein ne l’avouera cer Europa City. Une opération des différentes lignes du métro jamais, mais son marathon est qui permettra de créer quelque automatique Grand Paris Express. épuisant. Il propose un projet 20 000 emplois, quand même ! Et donc retarder Gonesse. ­majeur de développement pour Officiellement cette gare a été De fait, Cécile Duflot doit tenir l’Île-de-France, ne demande pas planifiée : elle se situe sur une compte, d’une part, des associa- un centime à quiconque, peut créer ligne d’une dizaine de kilomètres tions d’écolos qui, dans le Triangle de 10 000 à 12 000 emplois pen- qui devra être créée dans le nord de Gonesse, protestent contre les dant la construction et autant de Paris, entre Villiers-le-Bel et le 80 hectares du projet au milieu ­ensuite en exploitation, et, parfois, Parc des expositions de Villepinte. des cultures, et, d’autre part, com- il a l’impression de… déranger. Verts) et que, comme il est égale- le maire socialiste d’Aulnay, a bien Son coût n’est pas exorbitant : poser avec les inéluctables éco- Auchan, en l’occurrence sa filiale ment président de l’EPA Plaine de tenté de convaincre Auchan, mais entre 320 et 350 millions. Mais nomies budgétaires. La ministre immobilière Immochan, a pour- France, il suivrait le dossier avec la gare n’est pas construite là-bas elle permettra aux touristes et a donc deux bonnes excuses pour tant choisi ce terrain parce que attention. Malgré cela, Auchan non plus, et si jamais elle l’était, clients d’arriver à Europa City à retarder Gonesse, afin de séquen- Jean-Paul Huchon, le président attend toujours sa gare. « Auchan elle serait à plus de 500 mètres de partir de Roissy, et aux Parisiens cer comme elle le souhaite la de la Région, lui avait indiqué que a les reins solides, explique Chris- la future friche industrielle. Les d’arriver (en ) par le construction de ces lignes de son urbanisation était votée par le tophe Dalstein, et nous sommes familles Mulliez et Peugeot ne RER D passant à Châtelet. métro qui, à l’origine, devaient Conseil régional (y compris les prêts à comprendre que la gare ne feront donc pas affaire sur ce Comme Vianney Mulliez compte puisse pas voir le jour en 2020 ou coup-là. Elles ne se sont même amener chaque année entre 20 et 2021. Mais si elle ne sort de terre pas rencontrées. 25 millions de visiteurs dans son Nous gagnons en qu’après 2025, nous laissons tout L’affaire de la gare est d’autant centre commercialo-touristico- crédibilité. Mais c’est long. tomber. Aucun groupe privé ne plus importante que si Europa culturel, les moyens de communi- peut se permettre de travailler sur City ne se fait pas, les autres cation sont vitaux. Officiellement, «Je négocie en permanence (…) une hypothèse aussi longue. En ­projets prévus sur Plaine de la gare prévue par l’État et la L’investissement se fera plus, nous n’irons nulle part France risquent également de ­Région doit être ouverte en 2020. à Gonesse, ou ne se fera pas. » ­ailleurs, l’investissement se fera à ­rester lettre morte. Pour l’instant Et comme le dit Daniel Canepa, le Gonesse, ou ne se fera pas. » ce ­territoire, quasi désindustria- préfet d’Île-de-France, « rien ne christophe dalstein Auchan n’ira donc pas à Aulnay- lisé, avec un habitat urbain forte- me permet de dire qu’il y a une en charge du projet Europa City d’auchan sous-Bois sur le site que PSA ment dégradé et victime d’un modification de calendrier ». s’apprête à quitter. Gérard Ségura, « urbanisme social hâtif », selon la l’enquête 13 VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2012 LA TRIBUNE

EUROPA CITY Auchan est prêt à créer un gigantesque et révolutionnaire centre commercial aux portes de Roissy, si l’accès en est assuré 20 000 emplois suspe ndus à… une gare Focus

Repères Villages Nature, l’autre Entre 2020 et 2022 : La plage prévue pour l’ouverture d’Europa grand projet privé francilien City à Gonesse. C’est le deuxième projet privé le plus important en Île- de-France, même si, en taille, il est très loin d’Europa 80 hectares : La surface prévue pour le projet au départ, sur les City : 700 millions d’euros vont être investis par une 300 ha du Triangle de Gonesse, filiale commune de Disney et de Pierre & Vacances pour au cœur de la Plaine de France, la création d’une sorte de méga Center Parc contigu à à proximité de l’aéroport de Roissy. Eurodisney. 1,7 milliard d’euros : Son nom : Villages Nature. Il devrait être livré en 2016, Le montant de l’investissement, mais la commercialisation des appartements comme des intégralement supporté lieux d’attraction va débuter cet automne. L’idée a germé par Auchan. en 2003, a été confortée lors de la convention Disney avec 20 000 : Le nombre d’emplois l’état en 2010. Depuis, d’enquêtes en débats publics (six, qui pourraient être créés : au cours des six 12 000 directs sur le futur site derniers mois), la et 8 000 induits. Pierre & Vacances procédure a suivi Les architectes : Manuelle son cours et le Gautrand, Snohetta, BIG et Valode et Disney vont préfet a donné son & Pistre sont les quatre architectes « imprimatur » cet internationaux en lice pour le projet. investir 700 M€ près d’Eurodisney. été. Les associa- tions écologistes ont protesté (le projet s’étend au total sur 259 hectares pris sur des terres agricoles) mais les Verts au Conseil régional d’Île-de- France ont laissé passer. Pour l’anecdote, c’est la mère de Cécile Duflot qui avait pris la tête de la contestation en Seine-et-Marne. Si les Verts se sont abstenus, c’est vraisemblablement par réalisme : Villages Nature est un projet respectueux de la nature (c’est même sa raison d’être), sera un site entiè- rement géothermique (empreinte carbone nulle) et sur- tout c’était ça ou bien, comme dans le Triangle de Gonesse, le site aurait été couvert de plates-formes logis- tiques et de gros camions, car il se situe au pied d’un échangeur routier. En prime, 1 600 emplois seront créés. Le projet Bjarke Ingels Group (BIG). [DR] Le projet Snohetta. [DR] Le projet touristique : des appartements, comme sait le faire Pierre & Vacances, avec Center Parc, avec des lieux de loisirs tels que Disney sait les concevoir. 900 000 tou- ristes sont attendus chaque année (ce qui est loin des 16 millions de Disney), mais des touristes qui, lors de leur semaine de vacances, passeront au moins une journée chez Mickey et une autre à Paris. A priori, les deux ADN conju- gués de Disney et de Pierre & Vacances laissent augurer d’une réussite du projet.& J.-P.G.

­formule pudique de Jean-Paul tions, Cécile Duflot avait ainsi posé l’hypothèse que les consom- Aujourd’hui, son organisation est lors du prochain conseil scienti- Huchon, coincé entre deux auto- lancé que le Grand Paris n’était pas mateurs ne se déplaceraient plus prévue sous forme de séquences,­ fique, en ­octobre, Andrea Colan- routes et à côté d’un immense l’endroit pour des « Dubaï sur jamais dans des centres commer- la thématique étant « l’Europe des tonio, de la London School of Eco- aéroport, n’est pas un site dont Seine ». Elle visait vraisemblable- ciaux, à moins d’y vivre une expé- sensations » ou tout se nomics, viendra par l’attractivité saute aux yeux. Le ment Auchan. Mais Europa City rience étonnante et d’y faire autre regroupe en fonction des exemple détailler les développement se faisant essen- n’a rien à voir avec les immenses chose que d’acheter des petits pois. ambiances. Cela va de ­effets des JO sur East tiellement avec des plates-formes malls bling bling des Émirats. De manière tout aussi éton- Pop City la populaire, à London, et Patrice Geof- logistiques, donc du trafic et des ­Europa City n’est ni un centre nante, Europa City n’est pas un Hype City (l'Europe 350 fron, de Paris Dauphine, camions, l’attractivité n’en est commercial, ni un mall. projet fini mais un « work in d’exception et de la créa- millions détaillera les perspec- guère augmentée. progress ».­ Entre le moment de sa tion) en passant par d’euros. C'est tives d’emplois liées au « Mais Europa City ou pas, le un projet toujours conception et aujourd’hui, il a ­Party City (la fête), le prix que projet, environ 20 000. coûterait la Triangle de Gonesse sera indus- en mouvement évolué. Mieux, depuis l’article Smart City (l’hyper Douze mille directs sur gare, située trialisé, autant débloquer le projet C’est en fait le plus grand (et vrai- paru dans La Tribune en connectivité), Zen City sur une ligne le futur site et 8 000 in- le plus créateur d’emplois et le semblablement le plus cher) juin 2012, il a encore évolué. Et (comme son nom l’in- qui devrait duits : une proportion plus étonnant », explique l’un des ­laboratoire au monde sur la d’ici à 2015, il aura encore changé. dique) ou Xtreme City être créée au minimaliste, car bien en nombreux consultants qui tra- consommation des 20, 30 ou Europa City mélange culture, (ambiance électrique, nord de Paris. dessous de ce qui s’est vaille sur le dossier. Car Europa 50 ans à venir. Auchan est parti de ­loisir et grande consommation, le culture ­underground et réellement passé à City est vraiment un projet sur- l’idée que les centres commerciaux Cirque du Soleil et les tomates X-games). En 2022, ce sera peut- Marne-la-Vallée où un emploi créé prenant et souvent mal compris. ­allaient un jour mourir, victimes bio, les musées et les produits en être différent. Europa City est un chez Disney en a induit 2,7. Ça ne Lorsqu’elle avait pris ses fonc- d’Internet. La marque a ensuite direct de Bulgarie ou de Lettonie. projet qui se nourrit des autres : vaut pas une petite gare ? & 14 entreprises & innovation LA TRIBUNE VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2012

Mais, une fois arrivé à son tour aux manettes, ce jeune patron de 40 ans décide de revenir vers le Elles travaillent « à grand public. « J’ai eu le sentiment qu’il nous fallait construire une marque et donc être visibles », explique-t-il.­ l’allemande » et font Un souci qui anime aussi Ber- nard Reybier lorsqu’il reprend, en 1989, le petit atelier de mobilier métallique qui n’emploie plus alors qu’une douzaine de per- un tabac à l’export sonnes. « J’ai décidé de faire de Fermob une marque, raconte-t-il. Le rapport Gallois remis dans quelques jours Notre ambition n’était pas de compétitivité vendre le plus de sièges possibles, proposera des remèdes aux maux de l’industrie française. L’occasion mais de nous concentrer sur du mobilier à valeur ajoutée créative, d’un zoom sur trois entreprises qui brillent à l’international. avec un fort contenu en design, et de capitaliser sur notre origine Leur obsession : l’excellence technique et managériale. française qui, dans ce domaine, est une bonne carte de visite. » Chez GYS, lorsqu’ils reprennent

odile esposito a conquis l’Allemagne avec ses nalisation « sans complexe », selon d’activité de ces PMI, la guerre en 1997 cette affaire à la barre du postes de soudure à l’arc « made l’expression de Bernard Reybier des prix fait rage. tribunal de commerce, il est diffi- e dites pas à Olivier in Mayenne ». Et le troisième, qui, la semaine dernière encore, « Dans les années 1980-1990, la cile au départ, pour Nicolas Passot, Bruno PDG de Fermob, a envahi les présentait ses meubles au salon porcelaine à bas prix a commencé ­Bouygues et son fils Bruno, de Bouy­­gues ou Ber- grands squares new-yorkais avec Furniture China de Shanghai. à envahir la France et mon père, ­capitaliser sur la marque ou sur un nard Reybier que ses fameuses chaises pliantes Bruno Bouygues, de son côté, en- qui dirigeait alors la société, a dé- label « made in France » de moins l’industrie française métalliques « Bistro » produites chaînait les rendez-vous avec les cidé de se concentrer sur la clien- en moins prisé dans les produits Nest moribonde, ils pourraient bien dans l’Ain. clients du monde entier à la foire tèle des restaurateurs, très exi- industriels. Alors ils décident de vous rire au nez. Le premier, PDG Leur secret commun : une in­ Automechanika de Francfort. Une geante en matière de qualité », se miser sur la technique, avec un de Revol, réussit à vendre aux novation permanente pour vraie stratégie industrielle et com- souvient Olivier Passot, descen- catalogue allant des postes de Chinois sa porcelaine culinaire construire une marque forte et merciale à l’allemande, en somme. dant de la onzième génération des ­soudure à l’arc aux chargeurs de fabriquée dans la Drôme. Le deu- garder des prix suffisamment Le pari n’est pas facile pourtant fondateurs de cette entreprise batteries automobiles et aux équi- xième, directeur général de GYS, ­rémunérateurs ; et une internatio- car, dans chacun des secteurs familiale née en 1789. pements de carrosserie. Mais aussi

© dr Les entreprises ont souvent Revol exporte Exporter, c’est beaucoup plus de savoirs en 66 % de ses 18 M€ vendre à des clients. «interne que ce qui est contenu «Pour moi, il n’y a pas de dans leur offre commerciale. La de chiffre d’affaires, différence entre un client grande force des Allemands, c’est Fermob, 46 % de ses français et un client de surajouter des savoirs dans 38 M€ et GYS, 50 % allemand ou japonais. » Bernard Reybier (Fermob) leurs produits. » Bruno Bouygues (GYS) de ses 58 M€. J.-P. Lemoine © J.-P.

Produites dans l’Ain, les chaises métalliques colorées de Fermob conquièrent le monde. À New York, leur version bistro fait fureur dans les squares. [DR] entreprises & innovation 15 VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2012 LA TRIBUNE

Le fameux « gobelet froissé » Chez GYS (postes de soudure à l’arc, chargeurs de de Revol s’est vendu à plusieurs batteries, équipements de carrosserie…), la direction a millions d’exemplaires à travers fortement misé sur la technique et sur une intégration le monde. [DR] poussée pour « maîtriser complètement la qualité ». [dr]

sur une intégration très poussée de sommes aperçus que le soudeur alle- zoom leur production, ce qui nécessite mand voulait un appareil doté d’un des compétences pointues dans système d’exploitation avec possibi- tous les domaines, de l’électronique lités de réglage pour maîtriser le à la plasturgie et aux matériaux. procédé. Nous avons donc rapide- Un impératif : trouver et fidéliser les hommes Une démarche anachronique ment mis en place la recherche « Lorsque j’ai repris Fermob, mon premier ficulté de continuer à monter en savoir tech- quand les industriels ont tendance ­nécessaire pour répondre à cette investissement a été dans les ressources nique ». GYS emploie pourtant déjà 41 cher- au contraire à se concentrer sur un demande plus sophistiquée. » humaines », se souvient Bernard Reybier qui cheurs ainsi que 60 ingénieurs et techniciens ou deux savoir-faire et à acheter le Surveiller la demande, humer les a fait depuis passer ses effectifs de 10 à à Laval ! « Nous avons profité de la délocalisa- reste ? « Une intégration poussée tendances, telle est l’obsession de 200 personnes. « J’ai sans doute toujours tion en Asie de nombreux équipementiers est la seule façon de maîtriser com- ces dirigeants toujours entre deux surinvesti au niveau des compétences par rap- ­télécoms pour recruter des ingénieurs et des plètement la ­qualité et de capitali- avions. « Notre catalogue est passé port à la taille de la société, reconnaît-il. Mais techniciens très pointus en électronique et en ser sur des technologies qui permet- de deux pages au démarrage à cent nous avons su fidéliser nos collaborateurs. » informatique industrielle », raconte-t-il. tront à l’entreprise de se réinventer aujourd’hui, se réjouit Bernard Rey- Une tâche parfois ardue : « Il faut compter un Avec des projets plein la tête, ces patrons en permanence, rétorque Bruno bier. Et Fermob a désormais la répu- mois avant qu’un ouvrier intérimaire ou en aimeraient aller plus loin. Leur souhait ? « Un Bouygues. C’est une source de pro- tation d’apporter chaque année CDD soit vraiment opérationnel, indique peu moins de rigidité sur le marché du travail », ductivité et le meilleur moyen de se quelque chose de neuf sur le marché Olivier Passot, le PDG de Revol. Mais parfois, résume Bernard Reybier. Pour conserver un battre contre les Chinois ! » du meuble, que ce soit en matière de une fois formé, il quitte l’entreprise très vite. » droit à l’erreur et faire face aux fluctuations forme ou de couleur. » « L’innovation Compliqué aussi d’attirer des compétences des commandes, Fermob et Revol gardent un Objectif : « compliquer est fondamentale dans notre straté- nouvelles. Bruno Bouygues souligne la « dif- volant d’intérimaires. À contrecœur…& O. E. la vie des chinois » gie, confirme Olivier Passot, chez Et il faut se battre, justement. Car, Revol. Si nous n’avions pas misé très vite, les nouveaux dirigeants de ­dessus ces dix dernières années, nous GYS voient eux aussi la concur- ne serions plus là aujourd’hui. » jectif avoué d’Olivier Passot dans sonnes, se veut un modèle en ma- française. Mais nous souhaitons rence se durcir, avec une « forte La PMI travaille sur le design, cette boulimie d’innovations : tière d’organisation industrielle, avoir un campus intégré sur chaque polarisation, accélérée par le déve- mais aussi sur les matériaux. La « Compliquer la vie des Chinois », notamment pour réduire les délais continent et les usines doivent servir loppement d’Internet, entre les pro- mode est à l’utilisation des ar- toujours très prompts à copier les de livraison, mais aussi de respect cette ambition géographique. Et il duits pas chers venus d’Asie et les doises en guise d’assiettes ? Revol innovations. de l’environnement. L’entreprise faut également savoir que le top produits ultra-technologiques, pro- met au point une ligne de produits s’est également dotée d’un petit management d’une filiale chinoise posés notamment par les Allemands baptisée Basalt, imitant l’ardoise internationaliser sans site de production en Asie pour coûte désormais aussi cher que son ou les Coréens, indique le directeur à la perfection, mais tout en étant nuire aux sites français servir les marchés locaux car « nos équivalent français. Pour les postes général. Face à cela, l’offre française plus légère et hygiénique. Des Chinois qui sont aussi, de produits sont difficiles à transpor- de middle management, les Chinois était mal adaptée, car orientée vers De même, face à l’engouement plus en plus, devenus des clients… ter par avion, explique Bernard coûtent environ 30 % de moins que la moyenne gamme demandée par pour l’induction, la PME a déve- Grâce aux multiples partenariats Reybier. Idéalement, il faudrait les Français. Seule la main-d’œuvre noués avec des écoles de cuisine faire la même chose en Amérique non qualifiée reste nettement moins et des chefs prestigieux, grâce du Nord, mais nous ne sommes chère en Chine, avec un rapport de 1 Avec des salariés qui ont aussi à quelques produits devenus qu’une PME… » à 6. Il faut donc que la densité de 20 ans d’ancienneté en moyenne, culte comme le fameux « gobelet GYS, de son côté, vient d’ouvrir main-d’œuvre directe dans nos froissé » qui s’est vendu à plu- en Allemagne un vaste « campus » ­produits soit la plus faible possible ». «nous avons une lourde responsabilité sieurs millions d’exemplaires à employant 50 personnes et réunis- Plus facile à dire qu’à faire sans sociale. Mais nous ne pouvons nous travers le monde, Revol exporte sant forces de vente, showroom, doute… passer d’un volant minimum 66 % de ses 18 millions d’euros de bureau d’études et centre de for- Innovation, audace, prise de chiffre d’affaires. Chez Fermob, ce mation. « Nous avons aussi investi risques, tel est donc le lot quotidien d’intérimaires. C’est le seul moyen taux atteint 46 % pour un chiffre dans une usine en Chine. Nous de ces dirigeants de PMI. À l’heure pour nous de garder de la flexibilité. » d’affaires de 38 millions et, chez sommes en train de former le où l’industrie française s’interroge Olivier Passot (Revol) GYS, l’international apporte la middle management et nous sur ses faiblesses et son futur, leur moitié des 58 millions d’euros de ­commençons à y fabriquer des expérience vaut bien des beaux & © dr chiffre d’affaires. ­produits très simples, avec l’objectif discours ! Une internationalisation qui ne de monter en volume », précise le marché domestique. Par exemple loppé une gamme de cocottes bap- nuit pourtant pas, loin de là, aux Bruno Bouygues. un artisan français qui achète un tisée Revolution, capables de pas- usines françaises des trois PMI. Une menace pour le site de Saint- un site utile poste de soudure va souvent se ser des plaques à induction au four Revol fabrique toutes ses porce- Berthevin, qui emploie 320 salariés La Fabrique de l’industrie (www. contenter de la seule fonction on/off. classique ou au micro-ondes. Elle laines à Saint-Uze, au sud de Lyon, à proximité de Laval ? « Absolu- la-fabrique.fr), présidée par Louis Mais quand nous avons voulu pro- a pour cela créé une céramique avec 200 salariés. Fermob, lui, est ment pas, assure le dirigeant. Nous Gallois, se veut un lieu d’échanges de réflexions et de témoignages sur poser nos produits en Allemagne au technique brevetée, avec l’aide du implanté à Thoissey, dans l’Ain. sommes en train de faire également l’industrie et sur son devenir. début des années 2000, nous nous groupe de matériaux Imerys. Ob- Son usine, qui emploie 195 per- une grosse extension de notre usine 16 entreprises & innovation LA TRIBUNE VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2012

En une quinzaine d’années, Immersion est devenu un des leaders européens des systèmes de simulation le zoom visuelle et de réalité virtuelle sur mesure. Cette société bordelaise vient de décrocher un important contrat de la semaine en Russie et s’attaque désormais aux marchés américain et canadien. Transformer la réalité virtuelle en argent sonnant et trébuchant

Nicolas César, à Bordeaux Un simulateur de conduite conçu et installé par Immersion pour l'Institut français des sciences et technologies Un secteur prometteur est une petite en- des transports (IFSTTAR). [cyrille dupont / Immersion SAS/INRETS treprise qui ne LES CHIFFRES connaît pas la 20 millions d’euros. C’est, pour ’ l’heure, ce que ce marché émergent crise. En 2012, représente dans l’Hexagone, activités Immersion affi- civiles et militaires confondues. chera une croissance de 20 % avec C 60 millions d’euros. Ce sera, dans un chiffre d’affaires à 6,4 millions cinq ans, le CA du secteur en France, d’euros ! Et, le meilleur est encore selon les estimations d’Indira à venir. Cette société, basée à Bor- Thouvenin, présidente de l’Association française de réalité virtuelle, deaux, championne européenne augmentée, mixte et d'interaction 3D des solutions de simulation vi- (AFRV, 250 membres). suelle et de réalité virtuelle clés en main sur mesure, part à la Les acteurs conquête du monde. Elle vient de Cent. C’est, environ, livrer à Transmashholding,­ princi- le nombre d’entreprises françaises pal fabricant de matériel ferro- du secteur. Ce sont souvent des TPE, mais à la pointe de la technologie, viaire en Russie, une salle de revue comme (outre Immersion) Total de maquette numérique pour fa- Immersion, 3Dvia Studio ou briquer le futur tramway russe. Reviatech, mais aussi des laboratoires Mais surtout, cette PME inno- et universités : CNRS, Inria, École des mines, etc. « La France, troisième vante s’apprête à ouvrir des acteur mondial du secteur, a tous les agences aux États-Unis, avec 3D atouts pour profiter de l’éclosion de ce California, et au Canada avec Opti- marché », selon Indira Thouvenin. mumarc. « L’idée est que ces parte- naires soient les relais et distribu- La tendance teurs de nos solutions dans ces La 3D et la réalité augmentée se généralisent à grande vitesse : pays », explique le PDG, Chris- conception de produits en salles 3D tophe Chartier. dans l’industrie, formation et assistance aux interventions Une technologie qui plaît médicales, réalité augmentée sur les smartphones, TV interactive 3D. Selon aux industriels la présidente de l’AFRV, « c’est l’une De fait, le marché est en pleine des technologies qui va le plus se expansion. Et si, à 45 ans, le diri- développer. Car nous devenons de geant d’Immersion a aujourd’hui plus en plus nomades et travaillons davantage à distance ». une longueur d’avance sur ses concurrents, c’est qu’il a compris très tôt que la conception virtuelle l’air française, EADS, Airbus, Eu- une praticité à couper le souffle. a que les écrans, les projecteurs, les la 3D se répand au-delà de l’indus- 3D allait décoller dans l’industrie. rocopter, Areva… L’aéronautique L’enjeu de demain est justement PC, que nous ne fabriquons pas, trie, notamment dans le juteux Lorsqu’en 1994, après des études est son premier client. Récem- d’imaginer des applications amé- mais que nous choisissons et inté- marché de la sécurité. Actuelle- de marketing à Bordeaux, il crée ment, l’entreprise a réalisé un si- liorant l’usage et la simplicité de ces grons », précise-t-il. « On a su in- ment, Immersion travaille sur un sa société, le concept de réalité salles 3D. « En nover et se remettre en cause conti- important projet européen, Total virtuelle n’en est qu’à ses pré- 2010, nous étions nuellement », met en avant le PDG airport security system. L’objectif mices. « Les applications indus- La France, troisième les premiers au pour expliquer son suc- est d’optimiser les bu- trielles étaient encore quasi inexis- acteur mondial, a tous monde à présenter, à cès. Ici, pas moins d’un reaux des opérateurs des tantes », rappelle-t-il. Dès la fin la grande confé- tiers de l’effectif est dédié 20 % centres de contrôle dans des années 1990, il signe son pre- «les atouts pour profiter rence Siggraph aux à l’activité de recherche et les aéroports pour lutter mier « gros coup » en réalisant États-Unis, une développement, un tiers C'est la contre le terrorisme. Il de l’éclosion du marché. » croissance pour le groupe PSA le lancement table offrant à la aux solutions clés en s’agit de fusionner, d’in- Indira Thouvenin présidente de d'Immersion virtuel de la Xsara Picasso dans l'association française de réalité virtuelle fois une visualisa- main, et le reste au négoce en 2012, tégrer des ­données 66 concessions. tion en 3D des élé- et à l’administratif. De- avec un CA jusque-là éparpillées sur « Les industriels ont alors mesuré ments et une inte- puis sa création, l’entre- de 6,4 millions plusieurs écrans, de dif- tous les bénéfices de cette technolo- mulateur de tour de contrôle à raction tactile avec plusieurs prise, qui emploie actuel- d'euros férents types de capteurs pour 32 gie : raccourcissement des délais de 360 ° pour l’Enac (École nationale personnes », souligne Jean-Baptiste lement 32 collaborateurs, collaborateurs. en temps réel et sous- conception par rapport à une ma- de l’aviation civile) Toulouse. de la Rivière, directeur recherche a déjà livré près de systèmes dans une varié- quette physique, visualisation à Pour croître, Christophe Chartier et développement chez Immersion. 100 salles immersives. té de modes, y compris l’échelle réelle, facilitation du tra- a toujours misé sur l’innovation. Des salles qui coûtent entre fixe et mobile. Un outil précieux vail en équipe pluridiscipli­naire et Autour de ses salles immersives, ce Une salle 3D coûte 300 000 et 800 000 euros. qui peut servir aux pompiers et aux à distance, accélé­ ration­ du proces- PDG visionnaire a su développer jusqu'à 800 000 euros L’avenir s’annonce sous les meil- sociétés de sécurité… sus de décision », détaille Chris- des applications uniques, brevetées Autre avantage concurrentiel, la leurs auspices. « Même les sous- Pour Christophe Chartier, c’est tophe Chartier. Depuis, il enchaîne comme la table tactile multipoint maîtrise totale du processus de traitants des grands donneurs une évidence, le marché va « explo- les contrats. Aujourd’hui, Immer- et le Cube 3D, « Cubtile », qui per- fabrication. « Nous concevons aus- d’ordre commencent à s’équiper », ser » dans les prochaines années. La sion a séduit les plus grands : mettent de manipuler intuitive- si bien les logiciels, la mécanique, observe, plein d’ambitions Chris- crise n’a fait que retarder le décol- LVMH, PSA, Renault, l’armée de ment les objets avec un réalisme et que l’électronique de ces salles. Il n’y tophe Chartier. Mieux, l’usage de lage, mais la demande est là.▼ entreprises & innovation 17 VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2012 LA TRIBUNE

Un mentor à l’export pour aller toujours plus loin la bonne L’accompagnement à l’étranger pour prospecter, s’implanter : c’est le opération métier d’ALTIOS International. Pour ouvrir l’Europe de l’Est à ses clients, cette PME nantaise vient de prendre le contrôle d’une société en Pologne.

Frédéric ThuaL, à NANTES le dirigeant, qui vise aussi l’accom- ment de la France, qui tirent ­parti, pagnement d’entreprises polo- pour l’instant, de monnaies non istoriquement développée naises à l’export, grâce à un réseau attachées à l’euro et de charges sur les marchés lointains de 10 filiales et de 150 partenaires sociales et patronales bien infé- Hde l’Australie et des Bric établis dans 80 pays. rieures à celles de France. (Brésil, Russie, Inde et Chine), la Pour Altios International, qui « La demande explose dans les société nantaise Altios Internatio- voit des entreprises quitter la nouvelles technologies du numé- nal, spécialisée dans l’accompa- Chine pour les pays de l’Est, il rique ou des cartes à puces, la gnement des entreprises fran- s’agit aussi de s’enraciner durable- grande distribution, etc., des mar- çaises à l’export, vient de prendre ment dans cette partie de l’Europe chés s’ouvrent dans les biens de une participation majoritaire en plein essor. En particulier la consommations, la décoration, (51 %) dans la PME polonaise Pologne, où le taux de croissance l’immobilier, l’automobile, le tex- Logos, créée en 1993 à Cracovie, ressort à plus de 4 % par an depuis tile… Or, spécialisée vers les mar- par Christophe Lurka. 2007. En 2011 déjà, l’entreprise chés tchèque, polonais, roumain, « Nous avions besoin d’un parte- ouvrait une filiale à Moscou. Cette Logos représentait un “hub” natu- naire pour poursuivre notre déve- année, parallèlement à l’acquisi- rel vers les pays de l’Est », observe loppement et avoir une base en David Gérard, l’un des France pour accompagner l’essor Face à la langueur quatre directeurs asso- d’entreprises polonaises », explique ciés d’Altios. le fondateur de Logos, dont l’acti- de leurs marchés Mieux, la PME polo- vité reposait jusqu’ici à 95 % sur traditionnels, de plus naise se situe à un car- une clientèle de PME françaises refour stratégique, in- désireuses d’aller dans les pays de en plus de PME visent tersection des axes l’Est. En une dizaine d’années,­ l’Europe de l’Est. Moscou-Paris et Stoc- Logos a mené plus de 1 200 mis- kholm-Budapest. Avec sions vers la Pologne, la Répu- tion de Logos (23 personnes, CA une croissance de 30 % à 40 % par blique tchèque, la Hongrie, la Rou- 800 000 euros), Altios a ouvert an, Altios International a vu son manie… « La demande s’oriente deux filiales en Pologne et Répu- chiffre d’affaires passer de 2,5 à aujourd’hui beaucoup plus vers une blique tchèque. Des pays, contrai- 11,5 millions d'euros en 2012 et démarche multipays, d’où notre rement à la Chine, plus proches vise un CA de 40 millions d’euros volonté de rejoindre Altios », ajoute géographiquement et culturelle- à l’horizon 2016. ▼

onvaparlerdelui Olivier de la Clergerie directeur général de LDLC Du e-commerce au « concept store » Depuis sa création, LDLC 2006) ont, d’après Olivier de la grandes villes, même si nous réalise un parcours Clergerie, directeur général de ne nous fixons pas d’objectifs sans faute dans la vente en LDLC, prouvé leur complémen- de lieux, mais de candidats. » ligne de produits high-tech. Créé tarité avec la vente en ligne, À travers cette stratégie, LDLC en 1998, le groupe lyonnais, qui même s’ils ne représentent entend capter une clientèle peu compte 324 collaborateurs qu’une quinzaine de millions familière de la vente en ligne et et affiche 17,9 millions d’euros de CA. « Dans ces offrir plus de services à ses de chiffre d’affaires, deux villes, grâce à l’ouverture clients réguliers. Chaque bou- revendique le lea- des boutiques, nos ventes tique sera organisée en dership sur son mar- ont été dynamisées aussi bien « concept store ». Au minimum ché. Pour autant, le sur Internet que dans 150 m2, avec une zone de e-commerce ne les magasins », ex- conseil et de démonstration. sera désormais plique-t-il. Les produits seront organisés plus son seul LDLC a choisi en univers : informatique, hifi-tv, relais de crois- la fran- numérique, gps-téléphonie, sance. LDLC chise. gaming accessoires, etc. Des oriente désor- L’objectif est de bornes numériques permettront mais sa stratégie constituer un de consulter les produits du sur le dévelop- réseau de 15 catalogue et de réaliser des pement des points de vente achats express. Animés par des magasins en dur. d’ici trois ans et férus d’informatique et de high- Les deux points d’une quaran- tech, les points de vente dis- de vente que pos- taine d’ici cinq poseront de 1 000 à 1 500 réfé- sède la société à ans. « Ces ouver- rences en stock quand le site Lyon (depuis 1999) tures se feront en en propose plus de 20 000. ▼ et à Paris (depuis Olivier de priorité dans des  françoise sigot, à lyon la Clergerie. [DR] 18 entreprises & financement LA TRIBUNE VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2012

1 001 pharmacies est donc la pre- crowdfunding. Elle est précédée par mière société candidate du dispo- une campagne de votes des inter- Trouver de l’argent pour la sitif Via Invest, lancé par Via Inno- nautes (j’aime, je n’aime pas) pro- va, l’incubateur du pays de Lunel longée par une promesse d’investis- (Hérault). « Avec Via Invest, parti- sement. Wiseed promet un fichier start-up du coin de la rue culier et entrepreneur peuvent inves- de 10 000 investisseurs privés, dont tir dans la start-up du coin de leur 1 500 particulièrement actifs. « De- nouveau et Via Innova, l’incubateur du pays de Lunel (Hérault), a mis rue, et ainsi devenir un business- puis 2009, nous avons levé 3 mil- intéressant en place le dispositif Via Invest, qui permet aux particuliers angel », explique Pierre Alzingre, lions d’euros pour une vingtaine d’investir dans les petites entreprises locales. à partir de 100 euros… directeur de l’incubateur de Lunel d’entreprises, explique Thierry Mer- et adepte du « penser globalement, quiol, fondateur de Wiseed. Les agir localement ». Il espère ainsi investissements peuvent aller jusqu’à

Christian Goutorbe, à montpellier pharmacie sur Internet. Cette Toulouse). La jeune PME veut renforcer l’esprit de communauté 70 000 euros. Le ticket de base est à start-up (200 000 euros de fonds investir assez rapidement économique locale autour de la 100 euros. L’investissement moyen ever des fonds localement propres, trois salariés) est poussée 100 000 euros pour créer un cinquantaine de jeunes PME en- est à 1 600 euros. » auprès des particuliers, sur les rails depuis novembre 2011 ­réseau national de pharmaciens couragées par la structure. Selon Thierry Merquiol, sa socié- Lgrâce à Via Invest, c’est le par ses deux fondateurs Cédric capables de vendre et parfois Matériellement, l’opération est té permet de lever des fonds en cinq credo de 1 001 pharmacies, la nou- O’Neill (pharmacien diplômé de même de livrer via ce nouveau site « véhiculée » par Wiseed, une PME semaines, contre six mois via des velle place de marché de la para- Montpellier) et Sabine Safi (ESC 1001pharmacies. com. de Toulouse, spécialisée dans le investisseurs traditionnels. ▼

vite dit

Le groupe Eden- side, spécialiste des équipements de jar- din, compte trois nouveaux action- naires Nord Capital, Turenne Capital et Sipa- rex avec son FCPR Entre- preneur accompagnent le rachat de ce groupe qui dispose de huit filiales à l’étranger pour un chiffre d’affaires de 53 millions d’euros.

Naxicap entre au capital du groupe Capda  La filiale de Natixis veut soutenir la croissance de ce gestion- naire de 2 500 distribu- teurs automatiques (bois- sons, snack, etc.) installés principalement dans les entreprises et administra- tions. Capda vise 20 mil- lions de chiffre d’affaires d’ici cinq ans, contre 9 mil- lions d’euros aujourd’hui.

Le fabricant de saucissons secs UPCS lève 1 mil- lion d’euros  Le fonds régional d’investis- sement Rhône-Alpes 1, le Crédit Agricole Alpes Dé- veloppement et Expans­ invest (Banque Populaire des Alpes) apportent 800 000 euros à ce groupe, situé dans le Rhône, qui réalise près de 9 millions de CA. Les associés histo- riques d’UPCS bouclent le tour de table avec 250 000 € d’apport. ▼ entreprises & financement 19 VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2012 LA TRIBUNE

L’accueil des personnes âgées est en pleine forme LE MONTAGE Groupe spécialisé dans la prise en charge des personnes âgées, ORIGINAL Le Noble âge a décidé d’accélérer son développement. Il rachète et rénove ainsi des cliniques qu’il transforme en établissements flambant neufs. Il vise 70 établissements et 7 000 lits à l’horizon 2014.

différentes autorisations à recevoir tion, puis vend les murs de l’établis- Pascale Besses-Boumard et des appels d’offres à lancer. sement à des investisseurs pour ne e Noble Âge (221 millions Le Noble Âge déploie sa toile conserver que l’exploitation. d’euros de CA), spécialisé aussi bien dans le grand Ouest que L’entreprise est assez à l’aise avec Ldans la prise en charge de dans la région Paca, Rhône-Alpes le financement de son développe- personnes âgées, voit grand. À la ou l’Île-de-France. Il duplique à ment car elle a organisé avec succès tête aujourd’hui de 43 établisse- chaque fois le modèle de remise à l’an passé l’émission d’une OR- ments en phase d’exploitation et de neuf d’anciens établissements. Un NANE, titres obligataires suscep- 3 000 lits, le groupe a prévu de modèle qui trouvera encore plus sa tibles d’être transformés en actions, monter en puissance avec l’objectif place en 2015, avec la mise en pour 50 millions d’euros. Elle a de commercialiser 70 établisse- œuvre de la nouvelle loi parallèlement obtenu dif- ments et près de 7 000 lits sur toute Handicap, imposant aux férentes lignes de crédit la France et en Belgique en 2014. établissements de soins pour l’équivalent de Pour ce faire, Jean-Paul Siret, le pour personnes âgées de 60 millions d’euros. Le président de la société, a mis au mettre toutes leurs 50 Noble Âge fait d’abord point une démarche aujourd’hui chambres aux nouvelles millions appel à des financements bien rodée : il rachète de petites normes de circulation et d’euros : dédiés à la promotion c’est la valeur cliniques indépendantes, les re- de confort pour les han- de l’émission (d’une durée de 18 mois) groupe après de très importants dicapés. ORNANE lors de la phase initiale du travaux de rénovation pour en faire Pour financer ce déve- lancée avec projet, et se positionne de grands établissements neufs, de loppement, Jean-Paul succès l’an ensuite sur des crédits 90 à 200 lits suivant la spécialité Siret et sa direction finan- dernier par dédiés à l’exploitation Le Noble Âge. des soins proposés. Il intervient cière ont élaboré un pro- amortissables sur 10 ans ainsi à tous les niveaux de cessus assez sophistiqué, lorsque l’établissement a construction, faisant même des constitué à 65 % d’un endettement ouvert ses portes. L’ORNANE et les études d’urbanisme lorsqu’il envi- bancaire amortissable sur dix ans, lignes de crédit sont là pour com- sage d’étendre certaines unités. et à 35 % d’un financement sur bler le « trou noir » entre la fin des Chaque projet demande quatre à fonds propres. Avec la particularité travaux et le début de l’exploitation. cinq ans avant d’aboutir, compte que le groupe finance toute la partie À l’heure actuelle, le coût de la dette tenu des travaux de rénovation, des acquisition et travaux de rénova- du groupe s’élève à 3,5 %. ▼

150 millions franco-chinois pour soutenir les PME

nouveau et La Caisse çaises. « Le fonds vient de réaliser intéressant des dé- ses deux premiers investissements, pôts et son homologue dont un ticket de 10 millions chinoise viennent de lancer d’euros dans FDS, une société fran- un fonds d’investissement çaise spécialisée dans les joints destiné à favoriser l’interna- d’étanchéité pour les industries tionalisation des PME fran- pétrolière et gazière, et dont le çaises et chinoises. Lentement chiffre d’affaires s’élève à 160 mil- mais sûrement. Tel semble être lions d’euros. La présence du fonds l’adage des gouvernements français dans le capital de FDS lui facili- et chinois, qui réfléchissaient de- tera l’ouverture des marchés puis trois ans à la création d’un Ming-po Cai, président chinois du pétrole et du nucléaire », fonds d’investissement dédié aux de Cathay Capital et Édouard témoigne Édouard Moinet, asso- PME de l’Hexagone et de l’empire Moinet, associé. [alexis reau / SIPA] cié chez Cathay Capital. Le deu- du Milieu. Ce projet vient de voir le xième investissement, d’un mon- jour, avec le lancement, ce mois-ci, chinoise Cathay Capital. Ce FCPR tant de 15 millions d’euros, d’un fonds de capital-développe- investira à parts égales dans des concerne Kids Land, un distribu- ment de 150 millions d’euros, abon- sociétés françaises et chinoises à teur chinois de jouets, qui espère dé à parité par la Caisse des dépôts « fort potentiel de croissance » et disposer ainsi d’un accès plus aisé et consignations (CDC), le bras réalisant un CA de 10 à 200 millions aux fabricants français. armé financier de l’État, et son ho- d’euros, précisent la CDC et CDB. Il ne s’agit là que d’un début, mologue chinois, China Develop- Plus précisément, ce fonds aura « l’objectif étant d’effectuer quatre ment Bank (CDB). pour vocation de favoriser l’accès à cinq investissements par an, afin Sur le front des modalités, il s’agit des PME françaises à cet énorme d’investir la totalité du fonds en d’un fonds commun de placement à relais de croissance que repré- trois ou quatre ans », indique risque (FCPR) de droit français, sente la Chine. Parallèlement, il Édouard Moinet. Ce ne sont pas dont la gestion a été confiée à la so- facilitera les relations des PME les opportunités qui devraient ciété d’investissement franco- chinoises avec des marques fran- manquer. ▼ Christine Lejoux 20 territoires / france LA TRIBUNE VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2012

autres, du Nouveau portrait de la France*) qui les piste depuis long- temps. « Le travail est à la ville et Ces urbains qui la maison avec jardin à 30 ou 40 kilomètres. » Jean Viard, qui habite la Tour d’Aigues dans le Lubéron, les voit de sa fenêtre : un emploi sur deux qui se crée dans déboussolent la zone industrielle d’Aix-en-Pro- vence ou de Marseille est pris par quelqu’un qui n’y habite pas. Il va par exemple vivre dans le Lubé- les campagnes ron sud où certains villages ont vu leur population doubler ces vingt dernières années. « Il y a qualité de vie Ils travaillent en ville et 80 000 installations nouvelles en Paca chaque année, explique-t-il. vivent à la campagne : les extra-urbains, souvent Une moitié de jeunes couples diplô- attachés à ce que rien ne change, perturbent més, une autre de jeunes retraités. Ces deux populations ont une aspi- les politiques de développement économique ration à la qualité de vie à peu près semblable et perturbent totalement des communes. Les élus comprennent mal la vie des villages où ils s’installent, juste à côté des métropoles. » leurs attentes et n’arrivent pas à y répondre. Bien qu’on les quantifie encore mal, ces extra-urbains sont nom- breux. Hervé Le Bras, le directeur se transforme en ville fantôme. nouveauté, ce sont ces « extra-ur- de l’Institut national d’études Jean-Pierre GONGUET Désespérant. Pierre Veltz affronte bains » qui commencent à pertur- démographiques (Ined), estime e ne suis quand des agriculteurs, des écologistes ber bon nombre de politiques que l’exode rural s’est arrêté en même pas le patron et des extra-urbains particulière- communales ou intercommu- l’an 2000 et que, depuis, la migra- « d’un incinérateur ! » ment rebelles au changement, et, nales. Les extra-urbains n’ont rien tion s’est inversée : alors que la Ce cri du cœur vient surtout, totalement bloqués sur la à voir avec les néoruraux des an- population française a augmenté de Pierre Veltz, le construction. « Les maires sont nées 1970 et le retour à la terre. Ils de 9,2 %, celle des villes n’a pro- PDGJ du plateau de Saclay : depuis obligés de les suivre car ils ont tous n’ont pas grand-chose à voir non gressé que de 4,5 %. Et cela bien des mois, il essaie de négocier en tête le dicton “maire bâtisseur, plus avec les péri-urbains des que la notion statistique de ville quelques hectares de terre avec maire battu” », soupire-t-il. années 1980 et 1990 qui ont été soit de plus en plus large : sur ces les maires des communes du pla- obligés d’habiter à la périphérie vingt dernières années, la ville a teau pour construire et ainsi loger L’avènement de la des grandes villes pour cause de gagné 30 % en surface. chercheurs et étudiants. Il n’y ar- « civilisation barbecue » mètres carrés trop chers ou de la Il y a donc une mobilité éton- rive pas. C’est le Nimby (­ Not in my Que les agriculteurs, soutenus pénurie locative. Les extra-ur- nante de la population française backyard, « pas dans ma cour ») par les associations écolos, es- bains ont, eux, vraiment choisi de que les statisticiens et les sociolo- généralisé. Chacun se défausse saient de vendre leurs terres le travailler en ville et d’habiter à la gues sont en train de mettre en sur son voisin, personne ne veut plus cher possible, c’est, après campagne. « C’est un peu la civili- évidence, mais que les politiques toucher le PLU, rien ne se fait, et, tout, naturel. Que les écolos les sation barbecue », explique le so- et les administratifs n’ont tou- tous les soirs, le plateau de Saclay défendent, rien que d’habituel. La ciologue Jean Viard (auteur, entre jours pas prise en compte. Un exemple : la majorité des adultes provençaux sont aujourd’hui des zoom primo arrivants. Dans le Langue- doc, autour de Montpellier, idem. Lille, Lyon, Strasbourg ou Brest ne connaissent pas ce phéno- Paris doit-il encore payer pour la province ? mène, mais 50 000 personnes « Le paradoxe est que, en luttant contre les cela. Aujourd’hui, l’idée est à peu près acceptée. quittent chaque année Paris. La déficits, on modifie le système financier public Mais on n’en tire pas toutes les conséquences. société française est immensé- sans avoir aucune vision des effets que cela va Les Italiens par exemple ont compris qu’en éco- ment plus mobile que le croient avoir sur les territoires. » Pour Laurent nomie ouverte, plus on décentralise plus on les cercles politico administratifs. Davezies, professeur au Cnam, per- casse les mécanismes de solidarité, sonne ne connaît aujourd’hui, ne plus on appauvrit les pauvres. des Français de plus en serait-ce que région par région, les Aujourd’hui, on peut penser que plus mobiles, à tout âge effets redistributifs globaux de l’en- l’Île-de-France redistribue vers la Cette mobilité est tout à fait semble des budgets publics. Or, cette 25 Province, via le seul budget de l’État, explicable. Les énormes gains d’espérance de vie font que les redistribution est le principal instru- milliards 5 % de son PIB (soit 25 milliards) et ment de cohésion territoriale en d’euros par an que le Languedoc-Roussillon per- Français n’héritent plus pendant 5 km France. Un seul rapport existe sur la au minimum, çoit un montant de l’ordre de 9 % de leur vie active : il faut bien donc L’espace de vie question, et il date de 1996 ! c’est le son PIB (soit 6 milliards). Le budget bouger pour se loger. En 1950, un transfert estimé d’un Français autour « À l’époque, l’ensemble de la classe de la Sécurité sociale joue dans le Français vivait dans un espace de l’Île-de- qui n’excédait pas 5 kilomètres de son habitation politique était intimement persuadé France vers même sens, et multiplie finalement autour de son habitation. En que les territoires les moins développés la Province. le volume de ces transferts par deux. en 1950 finançaient les plus riches et qu’il fal- On serait donc, au total, face à un 2012, il fait en moyenne 45 km lait remédier à cela. Dans les sept prin- transfert de l’ordre de 10 % du tous les jours. Neuf fois plus et cipaux pays européens nous avons montré le PIB de la région Île-de-France au profit des cela change tout. Une mobilité contraire. Mécanisme simple : l’impôt est payé autres régions. qui se traduit à tous les âges de la en proportion du revenu, donc de la richesse du La question : faut-il y mettre un terme ? Ou vie : 48 % des retraités veulent territoire, et redistribué “a capita”, par tête accepter une bonne fois pour toutes que Paris, retourner au pays ou vivre sur les faits Le prix d’habitant. Le transfert va donc du riche au où est la richesse, paie pour les autres ? » leur lieu de vacances préféré, les exorbitant des loyers pauvre, de l’Île-de-France au Limousin, pas Sujet infiniment délicat dans un contexte de grandes villes sont de plus en dans les grandes villes plus peuplées de célibataires qui et l’augmentation l’inverse. Ça a été un tollé quand on a expliqué montée des égoïsmes territoriaux. &J.-P.G. s’évadent autour de la trentaine de l’espérance de vie – pour fonder une famille, et les qui fait que les Français territoires / france 21 VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2012 LA TRIBUNE

villages se peuplent de citoyens çaises ont moins de 1 000 habi- qui n’ont pas les mêmes attentes tants) sont d’autant plus réticents que les habitants traditionnels. qu’ils se sentent de plus en plus « On n’est pas forcément heureux menacés dans leurs prérogatives. entre 20 et 60 ans », lance Jean Évoquant les difficultés du loge- Viard. Toutes les enquêtes sur le ment, Daniel Canepa, le préfet 45 km bonheur montrent qu’avant d’Île-de-France, estime que « les 20 ans les Français sont heureux maires sont un peu frileux », mais La distance et qu’après 60 ans ils le sont de il « voit mal qu’on leur retire le per- moyenne parcourue nouveau. Dans les deux cas, l’ave- mis de construire ». chaque jour nir matériel ne les angoisse pas. Dire qu’on ne le fera pas, veut par un Français bien sûr dire que tout le monde y Besoin de crèches, pense. Et l’idée commence à faire en 2012 d’écoles, de supérettes… son chemin. Le foncier en France « En revanche, tous ces extra-­ est morcelé en 36 000 communes urbains sont assez fermés par rap- avec des élus qui d’un côté ac- port à la société, continue-t-il. Ils cordent des permis pour ne pas se ont l’angoisse du travail, ils sont en fâcher avec le voisin – « je rêve de “mode reproduction”, ils ont une faire un livre noir des délires de forte demande de protection face au l’urbanisme communal », s’amuse changement ur- bain : ils n’ont rien contre la Les maires ville puisqu’ils y sont souvent travaillent, mais ils ne supportent «déstabilisés et plus le logement peinent à élaborer urbain. Ils ne de nouveaux projets veulent donc pas que la commune de développement. » calme où ils ont Jean Viard, sociologue

choisi d’habiter © DR change. Ils veulent être sûrs qu’ils sont les der- Pierre Veltz – et de l’autre freinent niers à être venus s’implanter et que toute nouveauté sous la pression la porte s’est fermée derrière eux. des nouveaux arrivants. Et, bien sûr, ils veulent les mêmes Marylise Lebranchu, en charge avantages que dans les villes : du nouvel acte de la régionalisa- crèches, écoles et supérettes. Mais tion, pourrait réfléchir par pour tout le reste, c’est non : rien ne exemple à ce que le permis de doit bouger. Résultat : les maires construire soit remonté aux inter- sont souvent déstabilisés et peu communalités. Les maires (en capables d’élaborer de nouveaux particulier les maires ruraux) ont projets de développement. La crise déjà commencé leur lobbying politique du village est au cœur de contre l’idée. Mais elle est en l’air. notre crise politique. » Certains proposent Jean Viard vit par même que le permis de exemple sur un terri- construire soit remonté toire, le Lubéron sud, où 4,5 % au niveau départemen- les maires se sont tou- C’est la tal. Le Sénat vient de progression de jours mal adaptés aux la population passer à gauche ; il est migrations successives : urbaine depuis donc peu probable des rapatriés d’Afrique l’an 2000, qu’une discussion offi- du Nord dans les années pendant que cielle s’engage sur le 1960 aux jeunes retrai- la population sujet avant les élections française tés des années 2000, en augmentait municipales et sénato- passant par les ingé- de 9,2 %. riales de 2014, à moins nieurs de Cadarache et de vouloir le refaire bas- bientôt les chercheurs et culer à droite. Mais lais- travailleurs d’Iter qui ser les maires seuls face vont débarquer du monde entier aux conservatismes conjugués des et vouloir bien vivre en Provence. agriculteurs, des écologistes et des Face à cela « aucun projet, pas la extra-urbains, c’est de plus en plus queue d’une idée : personne ne risqué pour le développement comprend que deux retraités qui économique. ▼ s’installent avec des revenus fixes, c’est forcément un emploi dans la commune. Personne ne comprend *Nouveau portrait de la France, la socié- non plus que pour garder les jeunes té des modes de vie. Jean Viard, édi- actifs, il faut des crèches. » tions de l’Aube, 2012, 14,20 euros. Arrivés à la trentaine, de plus en plus de citadins Articuler le fonctionnement des s’évadent pour fonder une famille loin de la ville. [charon p. e. / urba images server] villages avec les villes, peu d’élus ont cette vision-là. Ni d’ailleurs les financements pour le faire. Et, à Partout la ville ? Conférences et ateliers, à Clermont- n’héritent plus pendant leur vie active –, La problématique Les villages force d’hésiter sur leur stratégie, Ferrand, du 26 au 28 septembre. poussent les jeunes familles à s’éloigner se peuplent de citoyens qui n’ont les communes se retrouvent sur la Un colloque organisé par l’Université pour se loger, tout en continuant à pas les mêmes attentes que les habitants défensive et périclitent, refusant européenne de l’accueil des nouvelles travailler en ville. Conséquence : en 2012, traditionnels. Les élus des petites tout développement social et poli- populations. Le Polydome - Centre des Congrès - Place du 1er mai un Français parcourt en moyenne 45 km communes ont du mal à adapter tique. Et les petits maires (les 63051 Clermont-Ferrand. par jour, contre 5 km en 1950. leur politique à cette nouvelle donne. trois quarts des communes fran- 22 territoires / france LA TRIBUNE VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2012

Une pépinière pour la glisse onvaparlerdelui Patrick Luxembourger au bord de l’océan maire de Terville (Moselle) nouveau et Aquitaine / À quelques minutes des spots de surf d’Anglet, Un homme d’affaires intéressant où le marché de la glisse est florissant, un centre d’affaires exclusivement dédié au secteur ouvrira ses portes le 25 septembre. municipal(es)

Nicolas César, à Bordeaux Avocat d’affaires élu voici une décennie à la tête de la commune la plus endettée de France, n ces temps de crise, pour Patrick Luxembourger a transformé un cas d’école réussir, une start-up doit de surendettement municipal en démonstration de Eentreprendre différem- redressement financier : aujourd’hui, le budget de ment. Tel est en filigrane le mes- Terville (7 000 habitants, en Moselle) affiche 20 millions sage porté par Olatu Leku (« Le d’euros d’investissements et prévoit l’extinction de Lieu où casse la vague », en la dette dès 2014. basque). Dans cette pépinière, sans Le maire n’est pas peu fier de l’accord équivalent sur le Vieux Continent, conclu avec le groupe immobilier Frey, qui s’apprête les PME et TPE de la glisse vont à implanter un complexe commercial à Terville. L’in- être amenées à partager leurs bu- vestisseur prendra à sa charge la reconstruction d’une reaux, show room, salles de confé- salle de rock et cédera à prix coûtant un terrain de rence, restaurant d’entreprise, etc. 2 500 m2. La commune, qui commercialisera la zone Mais, en échange, les créateurs via une société d’économie mixte, escompte une d’entreprise et les jeunes sociétés Dans un rayon de 50 kilomètres autour du site plus-value de 7 millions d’euros dès l’an prochain. coexistent plus de 40 marques de surf. [DR] disposent de ces services de qua- « Terville a connu la crise des finances lité à coût réduit dans un bâtiment publiques avec dix ans d’avance et s’en est sor- HQE et BBC de 3 300 m2 et d’un siasme Frédéric Basse, président l’objectif est de mieux structurer tie par le haut, sans augmenter les impôts ni réduire accompagnement des services du cluster aquitain EuroSIMA, qui une filière importante dans la ré- les investissements. Nous avons instauré un nouveau d’ESTIA-Entreprendre. Ce lieu, compte 125 membres, et directeur gion. Dans un rayon de 50 kilo- mode de management public pour faire mieux avec conçu comme une vitrine de la fi- général de Rip Curl Europe. mètres autour du site, coexistent moins. Un protocole d’accord nous a permis de lière, est situé sur un axe straté- plus de 40 marques de surf qui re- desserrer l’étau de la dette bancaire et nous avons gique, à quelques minutes des Troisième pôle mondial présentent au total 1,2 milliard retrouvé des marges de manœuvre en étalant notre spots de surf d’Anglet et du parc des industries de la glisse d’euros de chiffre d’affaires et 3 200 programmation financière sur vingt-cinq ans. Enfin, d’activités de Baia Park où un C’est le conseil régional d’Aqui- emplois. Sept jeunes start-up, dont nous avons réalisé quelques coups immobiliers. Sur « grand » du milieu, Volcom, a ins- taine et le conseil général des Pyré- Aspom, Napco, Skins, Sugarstudio le plan éthique, je ne vois rien à redire aux plus-values tallé son siège en 2009. « Dans un nées-Atlantiques qui, avec une par- et le cluster EuroSIMA ont déjà pris ainsi réalisées », explique l’élu du Nouveau Centre. contexte économique difficile, je suis ticipation du Feder et de l’État, ont leurs quartiers. Le Pays Basque/ Ancien cadre territorial devenu avocat persuadé qu’un tel projet de mutua- aidé la CCI Bayonne Pays Basque à Sud des Landes est le troisième pôle d’affaires au Luxembourg, Patrick Luxembourger attend lisation de services va dynamiser financer ce centre d’affaires mondial des industries de la glisse impatiemment l’épilogue d’un long combat juridique notre secteur d’activité », s’enthou- (6,5 millions d’euros environ). Car après l’Australie et la Californie. ▼ contre la Caisse d’épargne Lorraine-Champagne-Ar- dennes, qu’il accuse d’avoir sciemment poussé la municipalité précédente au surendettement. En mai 2010, le TGI de Metz a débouté la commune, qui réclamait 60 millions d’euros de dommages et intérêts. Le procès en appel attendu d’ici à la fin de l’année apportera une réponse à la question explosive des responsabilités des banques à l’égard des communes.▼ Pascale Braun, à Metz

Patrick Luxembourger gère un budget d’investissement de 20 millions d’euros. [JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN/ AFP]

24 territoires / international LA TRIBUNE vendredi 21 septembre 2012

Une tour de 250 m de haut érigée en bordure de la cité des Doges. Pour les uns, le projet du couturier Pierre le grand Cardin pose la question de la coexistence d’une cité historique avec un édifice moderne. Pour les autres, chantier c’est une occasion inespérée de relancer la vie économique et de sortir de la monoculture touristique. Venise coulée par Pierre Cardin ?

Éric Jozsef, à Venise Né dans la province de Trévise, à une vingtaine de kilomètres de Venise, le couturier français revient au ucun doge n’a ja- pays avec un projet architectural qui divise. [TIZIANA FABI / AFP] mais eu une telle audace. À 90 ans, le couturier fran- çais d’origine ita- Alienne Pierre Cardin sème depuis quelques semaines le trouble dans la lagune en projetant d’ériger un gratte-ciel de 250 mètres de hau- teur à l’entrée de Venise et d’offrir ainsi à la Sérénissime un dégage- ment vertical sans commune mesure avec les clochers des églises locales ou l’imposante ­coupole de « la Salute » à l’entrée du Grand Canal. « Je veux offrir à Venise un grand jardin pour l’éter- nité », a expliqué le styliste venu présenter, voici quelques ­semaines en Italie, son projet de tour ultramoderne et écologique. La mairie a déjà donné son accord. Mais dans les cafés vénitiens, l’idée provoque perplexité, ­critiques et interrogations.

« On ne la verra pas depuis Venise » Depuis longtemps, l’Arsenal, poumon économique de la cité, qui pendant des siècles a fourni à la République maritime des ­navires performants capables de défier les tempêtes et d’aborder les côtes les plus hostiles et recu- lées, a fermé ses portes. Et la ­modernité n’a plus vraiment droit de cité dans ce fragile ensemble ­urbanistique et artistique unique au monde. Au siècle dernier, l’acti- vité industrielle et portuaire a par un système éolien, photovol- bolique : ce sera notre Tour Eiffel ou cheveu sur la soupe et décider de ainsi été reléguée sur la terre taïque et géothermique. Les notre pyramide du Louvre », a sou- faire n’importe quoi », s’indigne-t- ferme, du côté de Mestre et Mar- ­maquettes présentées fin août ligné l’édile qui n’a pas hésité à Nous avions on chez Italia Nostra, une associa- ghera. C’est là, à l’ouest de la ville, révèlent une incontestable origi- comparer Pierre Cardin à Laurent besoin d’un tion de défense du patrimoine où que Pierre Cardin a décidé de nalité et élégance architecturales, le Magnifique, le prince de la «mécénat pour (…) l’on fait remarquer que le gratte- construire une véritable « ville digne héritage des palais de Palla- ­famille des Médicis, protecteur des ciel sera quasiment deux fois plus verticale » destinée à accueillir dio ou Sansovino. Mais elles arts et de la culture au temps de la réaliser une œuvre haut que le campanile de la place des logements privés, des hôtels posent la question de la coexis- Renaissance. symbolique : ce sera Saint-Marc et dépassera de et des restaurants, mais aussi des tence à quelques kilomètres de notre Tour Eiffel. » 100 mètres la plus grande chemi- piscines, un centre de recherche distance d’une cité historique, « Un projet digne née de Marghera. « Il est évident Luca Zaia, Président du sur le design et la préservée mais figée, d’un émir » conseil régional de Vénétie. que Pierre Cardin veut laisser une mode, des jardins sus- avec un édifice témoin Le chantier qui devrait coûter trace à Venise. S’il construisait un pendus, un auditorium, 5 000 de la modernité la plus entre 1,5 et 2 milliards d’euros gratte-ciel identique à Moscou ou un centre hospitalier et ouvriers devraient aboutie. « fera travailler au moins 5 000 ou- Chicago, il n’obtiendrait pas le même un héliport. travailler sur le Pour les autorités vriers », a calculé le couturier. Et agréable. » « On ne le verra pas de même effet, a souligné l’historien Sur un terrain de chantier, d’après ­locales, le projet repré- cela alors que le pôle pétrochi- Venise », a assuré, de son côté, d’art Tomaso Montanari. C’est un 65 hectares, désormais les estimations sente une occasion mique de Marghera est depuis des Pierre Cardin, qui avait initiale- projet digne d’un émir. » Pour le en friche, le Palais Lu- du couturier, inespérée de relancer la années en crise et que Venise ment imaginé ériger son gratte-ciel quotidien La Repubblica, le Palais qui financerait mière de Pierre Cardin ce projet vie économique et de connaît depuis des décennies un à Paris. Mais « l’île Seguin est trop Lumière est une sorte de « profa- devrait d’ici à trois ans de 2 milliards sortir, tout en la com- inexorable déclin démographique. petite et Montmartre n’est pas nation » : « Pourquoi Pierre Cardin surgir de terre comme d’euros. plétant, de la monocul- « Ce projet ne se situe pas dans le adapté », a expliqué le styliste né ne peut-il pas construire trois tours une sculpture contem- ture touristique. « Ce centre historique », a martelé le en Vénétie, dans la province de un peu plus basses ? » Dans l’en- poraine de 60 étages sera la porte d’accès à maire de la cité des Doges, Giorgio Trévise, à une vingtaine de kilo- tourage du styliste, on a en tout composée de six disques soutenus Venise », s’est ainsi réjoui le prési- Orsoni, ajoutant : « Actuellement, mètres de la Sérénissime. cas fait savoir que le projet n’était par trois tours effilées de hauteurs dent du conseil régional de Vénétie on voit depuis Venise tant de Les opposants au projet voient pas modifiable et qu’en cas de différentes. L’approvisionnement Luca Zaia. « Nous avions besoin ­laideur, entre autres des cheminées eux d’un très mauvais œil le ­blocage les centaines de millions énergétique de la structure d’un mécénat pour assainir les industrielles. Je crois que voir le ­retour au pays du styliste prodige. d’euros de travaux seront investies ­devrait être entièrement assuré ­terrains et réaliser une œuvre sym- Palais Lumière sera bien plus « On ne peut pas arriver comme un ailleurs. ▼ territoires / international 25 vendredi 21 septembre 2012 LA TRIBUNE

on en parle à bruxelles le carnet de notre correspondante, florence autret

Le cas Arnault met à nu l’hypocrisie fiscale de l’UE © DR

e jour où l’on apprenait que le milliardaire tank du PS francophone, a calculé que Mitt Romney, se livrent les pays de l’UE dès qu’il est question de français Bernard Arnault faisait le nécessaire le richissime candidat républicain à la Maison fiscalité. On ne compte plus les dossiers « plantés » au pour devenir un contribuable belge comme Blanche, paierait douze fois moins d’impôts s’il était niveau européen tels que l’harmonisation de la base les autres et mettre ainsi son héritage à l’abri résident en Belgique qu’il ne le fait aux États-Unis. d’imposition des sociétés, qui fond comme neige au des appétits de Bercy, un confrère demanda L’exonération des plus-values, le plafonnement des soleil sous le lobbying des grands groupes, ou la taxa- Lbenoîtement à une porte-parole de la Commission de revenus de valeurs mobilières et autres joyeusetés tion des revenus de l’épargne dans le pays de rési- Bruxelles : « Compte tenu des projets attribués à un certainement bien connues des avocats de Bernard dence, bloquée à cause du secret bancaire luxembour- ­célèbre milliardaire français, la Commission prévoit-elle Arnault, permettent de ramener ses revenus impo- geois et autrichien. de prendre de nouvelles initiatives en matière d’harmo- sables de 21 millions de dollars (2009) à… Si l’affaire Arnault pouvait contribuer nisation fiscale entre la France et la Belgique ? » Venant 400 000 dollars (soit 200 000 euros d’impôts ou un à débloquer tout cela et à ramener vers les d’un ressortissant de la perfide Albion, c’était évidem- taux effectif d’imposition de… 1 %). En France, Pierre caisses des États une partie des dizaines de milliards ment du pur sarcasme. Il y fut répondu dans une impec- Moscovici parle déjà de renégocier la convention qui que lui soustraient les diverses techniques d’optimi- cable langue de bois que la Commission européenne protège les Français installés outre-Quiévrain contre sation fiscale voire, dans d’autres cas, de fraude, « ne s’occupe pas des cas individuels ». une « double imposition ». ­certains se demandent à Bruxelles s’il ne serait pas En Belgique pourtant, l’affaire a relan- Ces développements montrent que le « cas Arnault », juste d’en reverser une infime fraction au quotidien de cé le débat sur l’imposition, pratique- s’il est exceptionnel par la fortune de l’intéressé, il- gauche puni de son impertinence ? Ou même à sa ment inexistante, des revenus du capital. lustre la plus banale des réalités : la concurrence ­victime d’un jour ? Pour service rendu à la « nation Une étude de l’institut Émile Vandervelde, le think- ­fiscale acharnée et le concours d’hypocrisie auxquels européenne », en quelque sorte. ▼ 26 vos finances LA TRIBUNE vendredi 21 septembre 2012

Encadrement des loyers, forte évolution du dispositif Scellier, frilosité proches du Scellier Social, avec un le bon des banques, l’investissement locatif est soumis à rude épreuve. Pour autant, plafonnement à la fois des loyers et plan si l’investisseur sait être sélectif, la pierre demeure un investissement attractif. des revenus des locataires, il pour- rait se révéler attractif pour cer- taines communes notamment celles faisant partie du projet Grand Paris qui seront bien desservies par Investir dans la pierre les transports », précise Marc Ge- doux, président de Pierre Étoile. A contrario, les communes plus proches de Paris dans lesquelles locative ? Oui, en province les prix de vente des biens sont nettement plus élevés, s’avéreront beaucoup moins rentables. « Cer- taines communes comme Neuilly

Rachel Montero cise Patrick Chappey, directeur ou encore Saint-Germain avec des de Gererseul. com. Or, cette ren- prix de vente des logements élevés, vec l’avalanche de tabilité pourrait bien subir une un encadrement des loyers et pas nouvelles disposi- nouvelle érosion du fait de l’enca- ou peu de possibilités de mettre en tions, réformes et drement des loyers. La mesure place un dispositif de défiscalisa- mesures, entrées entrée en application au 1er août tion n’affichent plus aucune renta- en vigueur ou à dernier concerne 27 villes en bilité. Le seul motif d’investisse- Avenir, les investisseurs du secteur France métropolitaine et ment dans ces communes ne peut immobilier ont sans doute du mal 11 agglomérations dans les être que patrimonial », précise à garder le cap, d’autant que DOM-TOM. La liste des Marc Gedoux. nombre d’entre elles auront un villes et agglomérations a impact plus ou moins direct­ sur été établie sur la base de Les petites surfaces sont l’investissement locatif. Ainsi, si deux critères : une évolution toujours plus rentables le gouvernement a affiché une moyenne des loyers supérieure à En réalité, pour dynamiser la réelle priorité pour l’accès au 3,2 % par an entre 2002 et 2010 rentabilité d’un bien immobilier, logement, il a annoncé une série et un loyer moyen supérieur à la meilleure méthode consiste à de mesures allant de l’encadre- 11,10 euros par m2 en 2011. Il utiliser le statut de loueur meublé ment des loyers à la création d’un s’agit des agglomérations de plus non professionnel (LMNP). nouveau dispositif de type Scel- de 50 000 habitants les plus ­Celui-ci offre un certain nombre lier Social, en passant par la chères où vivent 40 % de la popu- d’avantages : des loyers plus éle- ­possibilité pour le secteur public lation française. vés, une fiscalité plus attractive de céder du foncier avec une forte Depuis le 1er août, les proprié- (possibilité d’opter pour un décote. Et il ne faut pas oublier taires de logements dans ces ­régime de bénéfices non commer- les changements en matière de zones ne peuvent plus augmenter ciaux) qui permettent d’obtenir fiscalité, comme la hausse des leur loyer que dans la proportion une rentabilité moyenne de prélèvements et la modification de l’évolution de l’indice de réfé- l’ordre de 6 %. Et même sans aller de la taxe sur les plus-values. rence des loyers (IRL). Deux cas jusqu’à opter pour un LMNP, un de dérogation sont prévus et investisseur peut obtenir une la faible conséquence de peuvent donner lieu à une ­rentabilité sur son investissement l’encadrement des loyers ­augmentation plus forte, en cas de locatif supérieur à la moyenne Dans un tel contexte, la ques- relocation : un loyer manifeste- tive peu important. « En réalité, « Les propriétaires bailleurs de- nationale en s’intéressant à tion de la rentabilité des investis- ment sous évalué et la mise en l’encadrement des loyers n’aura viennent de plus en plus exigeants ­certaines villes de province. sements immobiliers se pose œuvre de travaux importants. que peu de conséquences dans un sur les garanties demandées. De ce « En province les prix de ventes ­d’autant plus que celle-ci a baissé Dans ce dernier cas, la hausse du contexte où la conjoncture écono- fait, les locataires éligibles des logements sont moins élevés ces dernières années en raison de loyer annuel pourra être d’un mique est mauvaise et où les loyers ­deviennent plus rares et peuvent qu’à Paris. Toutefois, certaines l’augmentation des prix des biens montant maximum équivalent à ont tendance à stagner,­ voire à comparer les prix », poursuit villes, notamment celles où il y a immobiliers. « Il y a une dizaine 15 % du coût réel des travaux. baisser », ­indique Patrick Chap- Patrick­ Chappey. beaucoup d’étudiants comme Tou- d’années, l’investissement locatif Si cette mesure visant à contenir pey. Un bailleur doit en effet tenir louse ou Montpellier, affichent des affichait une rentabilité d’environ les loyers aura un impact certain­ compte de la réalité économique l’immobilier ancien serait loyers élevés et donc une rentabilité 6 %, celle-ci est descendue main- sur la rentabilité de l’investisse- et de la valeur de marché de son moins intéressant supérieure », précise Patrick Chap- tenant en moyenne à 4 % », pré- ment locatif, il s’avérera en défini- bien pour trouver un locataire. Limité donc d’un point de vue pey. Les studios ou les ­petites général, l’impact pourrait davan- ­surfaces s’avèrent aussi toujours tage affecter la rentabilité de systématiquement plus rentables Focus ­certains biens, notamment les que les surfaces plus grandes (à logements à réhabiliter ou ceux partir de trois pièces). Enfin, autre nécessitant des travaux impor- argument en faveur de l’investisse- tants, comme des travaux d’isola- ment locatif : les taux d’intérêt sont Le Scellier a vécu, place au Duflot tion. Ces derniers devraient actuellement bas et devraient le Pour inciter les particuliers à actuellement en vigueur pour le moins intéresser les investisseurs rester durablement. investir dans l’immobilier Scellier classique (13 % sur car ils mettront plus de temps à Ainsi, sur vingt ans par exemple, ­locatif, le gouvernement va 9 ans) et pour le Scellier inter- amortir leur acquisition. Plus n’est-il pas rare de trouver des mettre en place, à partir de médiaire (17 % sur 12 ans et généralement, les bailleurs poten- prêts avec des taux d’intérêt infé- 2013, un nouveau dispositif 21 % sur 15 ans). En outre, a tiels pourraient être amenés à rieurs à 3,6 %. Ces niveaux ­fiscal. Selon la ministre du ­précisé Cécile Duflot, « un bonus privilégier – en dehors de Paris peuvent largement compenser Logement, Cécile Duflot, les est envisagé pour les bâtiments intra muros – l’immobilier neuf à des loyers qui évoluent avec nouvelles mesures seront plus / AFP EVRARD © JEAN-SEBASTIEN à très haute performance éner- l’ancien, surtout si le gouverne- ­modération avec toutefois une incitatives fiscalement « mais, gétique ». La réduction d’impôt ment opte comme il l’a laissé contrainte : l’investisseur doit en contrepartie, il comportera des exigences s’étalera entre 9 et 12 ans. L’investissement ­entendre pour la mise en place pouvoir présenter à son banquier sociales renforcées », a-t-elle expliqué dans ne devra pas dépasser 300 000 euros. Le d’un dispositif se substituant au un dossier suffisamment solide une entrevue au Figaro (19 sep- dispositif bénéficiera aux logements dont Scellier. Selon plusieurs sources, pour obtenir son aval car ceux-ci tembre 2012). Ainsi, le taux de réduction les loyers seront plafonnés et inférieurs de ce dispositif aurait pour but de sont devenus bien plus exigeants d’impôt sera compris entre 17 % et 20 % de 20 % aux loyers du marché, calculés pour favoriser l’investissement locatif en ce qui concerne la qualité de l’investissement, soit plus que les taux chaque agglomération. &J.-L. A. social dans le neuf. « Si le disposi- l’emprunteur et les garanties qu’il tif qui a vocation à remplacer le peut apporter. Ils rejoignent en Scellier affiche des caractéristiques cela les bailleurs. ▼ vos finances 27 vendredi 21 septembre 2012 LA TRIBUNE

Une niche fiscale cinéphile 3 % Le taux plancher investir Fin septembre, les Sofica, véhicules d’investissement pour l’immobilier autrement spécialisés dans le cinéma, vont commencer à collecter des fonds auprès du grand public. Un outil de défiscalisation intéressant, le chiffre Les taux d’intérêts des crédits mais qui n’est pas le seul réservé aux amoureux du septième art. décrypté immobiliers ne cessent de baisser et devraient rester durablement à des niveaux planchers. e dernier trimestre de l’année déduction non négligeable. Mais Infinitis, réseau de conseillers en est l’occasion pour les parti- attention : assimilée à une niche gestion de patrimoine indépen- Lculiers qui souhaitent alléger fiscale, elle s’inscrit désormais dans dants, propose un projet plus onne nouvelle pour les par la BCE ne cessent de baisser leur feuille d’impôt d’investir dans le plafond global qui leur est dédié. ­direct. Il consiste à investir direc- acquéreurs immobiliers et devraient rester à des niveaux des œuvres cinématographiques ou Autre contrainte, ces ­déductions tement dans des œuvres et à asso- Ben cette rentrée pour- planchers. C’est aussi parce dans l’audiovisuel. L’administration d’impôts sont assorties d’une pé- cier le souscripteur à l’œuvre tant placée sous le signe de qu’elles n’ont pas encore atteint fiscale va en effet bientôt délivrer riode de blocage de 5 ans mini- ­cinématographique en lui faisant l’incertitude. Malgré les leurs objectifs commerciaux ses agréments aux sociétés de ges- mum. Côté rémunération, si le assister aux tournages et aux craintes de certains profession- fixés pour 2012. Du coup, elles tion gérant des ­Sofica (Société pour souscripteur est en droit d’en at- avant-premières, tout en bénéfi- nels, les taux d’intérêt conti- n’hésitent pas à offrir des taux le financement du cinéma et de ciant d’une fiscalité très nuent de se situer à des niveaux attractifs et pourraient même se l’audiovisuel). Elles auront ensuite La rémunération attractive. « Pour particulièrement attractifs. montrer moins strictes sur le jusqu’à la fin de l’année pour collec- chaque lancement de Depuis le début du mois de profil des candidats à l’emprunt. ter des fonds auprès de particuliers des Sofica est film, une société est septembre, CAFPI, l’un des Il faut dire que la production qui veulent alléger la pression fis- aléatoire, elle varie créée. Elle finance le principaux courtiers en prêts de crédits a chuté de 30 % sur le cale pesant sur leurs revenus. « Le d’un film à l’autre. film et perçoit les reve- immobiliers, affirme parvenir à premier semestre 2012 par rap- souscripteur peut obtenir une réduc- nus liés aux entrées et négocier des taux nominaux port au S1 2011. Tendance que tion d’impôt pouvant aller jusqu’à aux ­produits dérivés. autour de 3 % pour des finance- les principales banques vont 36 % de son investissement, avec tendre une, celle-ci est aléatoire, Nous proposons aux particuliers ments accordés sur 15 ans, et sans doute vouloir inverser sur deux limites : cette réduction d’im- elle varie d’un film à l’autre. Il peut d’investir directement dans le capi- 2,74 % sur 10 ans. Avec un taux la seconde partie de l’année. pôt ne peut dépasser 25 % de son toutefois limiter le risque en adhé- tal de ces entreprises et de bénéfi- d’appel de 3,35 % sur 20 ans, la L’accès à la propriété pour les revenu global et l’investissement rant à un produit bénéficiant d’un cier à ce titre d’une réduction de Bourgogne se positionne bien, primo accédants demeure tou- maximum est de 18 000 euros. En adossement. « Certaines Sofica 18 % sur l’impôt sur le revenu l’Aquitaine et le Poitou-Cha- tefois un parcours semé d’em- 2012, la réduction d’impôt, en pre- adossent une partie de leur actif afin ( jusqu’à 100 000 euros investis par rentes se montrent également bûches si l’on en juge par la nant en compte ces contraintes, était de garantir une part de leurs rem- couple) et de 50 % sur l’ISF parmi les plus compétitifs. courbe des prix toujours ascen- au maximum de 6 480 euros », in- boursements. Dans ce cas, les pertes ( jusqu’à 90 000 euros investis) », Si les banques acceptent de dante dans les zones tendues, à dique Philippe Gury, responsable en capital éventuelles peuvent être explique Bruno Delpeut, président délivrer de tels taux, c’est certes commencer par Paris. ▼ produits chez Avenir Finance. Une limitées », précise Philippe Gury. d’Infinitis. ▼ R. M. parce que les taux d’intérêt fixés Pascale Besses-Boumard

Sicav : les actions américaines en forme

le classement Sur trois ans, c’est encore plus de la semaine frappant. Alors que ce même Dow Si investir directement en Jones progresse de 41 %, les sicav action effraie aujourd’hui plus les plus performantes ont dégagé d’un épargnant, ceux qui un gain compris entre 70 et 80 %. s’étaient risqués sur les entreprises Des taux d’intérêt historique- nord-américaines, via des sicav ou ment bas et un contexte de reprise FCP, ont eu le nez creux. Surfant en douceur de l’économie de sur la reprise des indices boursiers l’Oncle Sam ont permis aux américains depuis deux ans, les ­sociétés d’afficher de belles per- gérants spécialisés sur ces valeurs formances ces derniers mois, y outre-Atlantique ont manifeste- ­compris du côté des financières ment réussi à capter de belles après un millésime 2011 détes- ­histoires d’entreprises. Avec des table. Surtout, de nombreuses résultats bien plus brillants que entreprises technologiques ont ceux des grands indices de réfé- retrouvé les faveurs des investis- rence : si le Dow Jones a gagné seurs et… des sommets boursiers 21 % sur un an glissant, les meil- abandonnés depuis longtemps.▼ leurs fonds ont bondi du double. P. B.-B.

Performance Performance sur 1 an sur 3 ans glissant 1/ Groupama US Stock 42,8 % 58,2 % 2/ Pimco GIS Stocksplus 41,7 % 75,1 % 3/ Legg Mason Clearbridge US large cap 40,3 % 62,6 % 4/ ING Invest US Research Advantage 39,8 % 55,5 % 5/ Aberdeen Global American Equity fund 39,6 % 57,1 % 6/ JP Morgan America Equity 38,8 % 59,5 % 7/ Alliance Bernstein American growth 38,7 % 56,8 % 8/ Threadneedle Spec inv Fund American 38,3 % 71,2 % Source : Europerformance, a Six Company 28 les idées LA TRIBUNE VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2012

politiques se résolvaient à adopter une réglementa- tion novatrice conforme au marché, cela pourrait Mille milliards entraîner une croissance significative. Avec des investissements de plus de 270 milliards d’euros dans l’infrastructure de communication, on ne réus- sirait pas seulement à créer plusieurs centaines de d’euros pour milliers d’emplois en Europe, mais la productivité des usagers de l’industrie privée et de l’administra- tion publique augmenterait elle aussi. De plus, une industrie de l’informatique et de l’Internet euro- sortir l’Europe péenne, à l’image de Google, Amazon ou Facebook aux États-Unis, pourrait enfin se développer. Un autre exemple est l’approvisionnement en éner- gie : en Europe, il va falloir investir ces prochaines de la crise années, surtout du fait du « virage énergétique » allemand, 220 milliards d’euros dans les réseaux et Le professeur Roland Berger, fondateur du cabinet de conseil du même nom, le stockage. Cela requiert une politique de l’énergie propose de mobiliser les capitaux privés pour financer les gigantesques de dimension européenne et la sécurité de planifi- besoins en infrastructures dont l’Europe a besoin, dans les télécoms, cation nécessaire. Elles n’ont toujours pas été mises l’énergie, l’eau, les routes. Ce serait le troisième pilier d’un plan de en place. Au niveau de la canalisation et de l’épura- croissance qui compléterait l’effort fait par les états pour sauver l’euro. tion des eaux usées, on estime que l’attente en matière d’investissement s’élève à au moins 200 milliards d’euros. Et pour les travaux routiers, les besoins d’investissement sont évalués à 180 mil- n l’an III de la crise de la dette sou- et leur Union. Or, des programmes de croissance liards d’euros. veraine et de la crise financière, nos financés par l’État s’excluent eux-mêmes. D’une Malheureusement, en Europe, l’idéologie qui pré- dirigeants politiques ne semblent part, ils contribueraient à accroître encore l’endet- domine est que l’infrastructure doit rester aux plus connaître dans leurs pro- tement public, et de l’autre, ils ne résoudraient pas mains de l’État, avec des variantes bizarres d’un grammes de sauvetage de l’euro la crise de croissance, car il ne pays à l’autre. Ainsi, en France, que deux paquets de mesures : s’agit pas d’une crise de la l’approvisionnement en eau fait « l’austérité budgétaire » (pour les conjoncture, mais d’une crise partie du secteur privé, mais pays en crise) et le « financement » (pour les États structurelle de la compétitivité En Europe, l’État doit fournir l’électricité. En Emembres du Nord encore solvables, l’Allemagne en qu’on ne saurait maîtriser qu’en malheureu- Allemagne en revanche, l’alimen- particulier). Ces deux approches sont correctes et initiant des réformes structu- tation en eau est publique, tandis nécessaires, mais elles ne suffiront pas si l’on veut relles, y compris des réductions «sement, l’idéologie que l’approvisionnement en élec- éviter l’effondrement de la monnaie communautaire, des dépenses, des salaires et des qui prédomine est tricité est en grande partie effec- voire celui de l’Union européenne. coûts. Alors que faire ? que l’infrastructure tué par des entreprises privées. Pour sortir de la crise, une straté- doit rester aux Dans de nombreux pays, il existe L’europe divisée entre « Nordistes gie de croissance favorisée par des autoroutes à péage gérées par © DR vertueux » et « Sudistes prodigues » l’État, mais financée par le secteur mains de l’État. » des sociétés privées ; il n’y a qu’en Roland Entre-temps, cette vision focalisée sur l’austérité privé et satisfaisant aux principes Allemagne, pays de transit par Berger et l’aide financière a entraîné l’Europe dans une de l’économie de marché, s’im- excellence, que cela semble Professeur, fondateur et crise triple. Primo, elle a exacerbé la crise de la pose. Elle servirait à développer et à moderniser les impossible pour on ne sait quelle raison. Les inco- honorary dette publique et de l’euro. Secundo, l’économie de infrastructures européennes. On estime à pas moins hérences de ce genre sont légion. chairman de la zone euro et de l’UE se trouve maintenant en de 1 000 milliards d’euros les investissements néces- Roland Berger Strategy récession, conduite par les pays débiteurs avec saires, et cela uniquement pour l’UE. Et 170 000 mil- Un plan de croissance pour l’Europe Consultants leurs programmes d’austérité, qui ne sont pas sans liards provenant de fortunes privées à travers le soumis aux lois du marché rappeler ceux mis en œuvre en monde sont prêts à les financer. Un programme d’infrastructure financé au moins Allemagne dans les années 1920 La tâche de la politique consiste- partiellement par des investisseurs privés, conçu au siècle dernier. Et tertio, l’inté- rait à guider les capitaux privés sous la forme d’un plan de croissance pour l’Europe gration européenne fait face à Si nos vers les projets d’infrastructure, à soumis aux lois du marché, pourrait donc être le une grave crise politique. politiques instituer des réglementations troisième pilier encore manquant d’un programme L’économie des pays en crise est favorables à la concurrence et aux de sauvetage de l’euro cohérent, à côté de celui du en pleine contraction, avec son «adoptaient une investisseurs et un environne- changement structurel créé par l’austérité pour une cortège de chômage en hausse, de réglementation ment exempt d’idéologie et juri- meilleure compétitivité et une meilleure discipline destruction de patrimoine et de novatrice conforme diquement stable basé sur l’éco- budgétaire dans le Sud, et de celui du financement tensions sociales. Certains nomie de marché. provisoire solidaire destiné à calmer les marchés médias de ces pays fustigent le au marché, cela Au sommet de la liste de projets financiers fourni par l’Allemagne et les pays du Nord « diktat de Bruxelles », qui les fait pourrait entraîner potentiels, l’infrastructure de membres de la zone euro. plonger dans la pauvreté. Les une croissance télécommunications a besoin De cette façon, l’Europe pourrait en pleine crise se citoyens des pays du Nord, d’autoroutes de données à large donner une économie hautement novatrice et pro- encore sains financièrement, se significative. » bande pour assurer son renouvel- ductive dotée d’une excellente infrastructure. Les retrouvent dans une situation lement technologique. Une poli- fournisseurs de capitaux privés profiteraient de la indésirable sans y être pour quoi tique de régulation européenne croissance et de la productivité accrue, les salariés que ce soit. Ils ne veulent pas risquer leurs écono- remontant à l’ère du monopole postal et télépho- d’une hausse des emplois de haute qualité. mies pour aider les pays voisins à rembourser les nique empêche encore que les investissements Simultanément, les États pourraient réduire leur dettes qu’ils ont accumulées « à force de gabegie ». nécessaires soient attractifs. Ainsi, les grands opé- dette grâce à l’augmentation des rentrées fiscales et L’Europe est profondément divisée. rateurs de télécommunications comme France la réduction des dépenses sociales. De plus, on res- La croissance économique est nécessaire pour res- Telecom, Telecom Italia, telefonica etc., ne peuvent taurerait ainsi la confiance de la population dans taurer la confiance des citoyens dans leur monnaie pas mobiliser des capitaux privés. Si nos dirigeants l’euro et dans l’intégration européenne. &

 Société éditrice Directeur adjoint de la rédaction adjoint : Séverine Sollier. Laura Fort, Christine  Révision Cécile Le Liboux, Francys Gramet. François Roche. Directrice commerciale LA TRIBUNE NOUVELLE. S.A.S. au capital de Philippe Mabille. Lejoux, Sophie Rolland, Mathias Thepot.  Infographies ASKmedia. Aziliz de Veyrinas (40 78). Directrice de 3 200 000 euros. économie Rédacteur en chef : Robert Jules.  Édition Jean-Pierre Alesi.  Direction artistique Suppléments Pierre clientèle Clarisse Nicot (40 79). Directeur des établissement principal : 18, rue Pasquier, Rédacteur en chef adjoint : Romaric Godin. Ivan  Correspondants Florence Autret Chassagnard. systèmes informatiques Frédéric Leaux. 75008 Paris. Best, Jean-Christophe Chanut, Fabien Piliu, (Bruxelles). Rédacteur en chef Hebdo Actionnaires Directeur nouveaux médias Thomas Loignon. http://www.latribune.fr Abonnements Dorothée Rourre (44 22). Siège social : 10, rue des Arts, Sophie Péters.  Entreprise Rédacteur en chef : Jean-Louis Alcaïde. Jean-Pierre Gonguet. Groupe Hima, Hi-media/Cyril Zimmerman, JCG Rédacteur en chef Suppléments Medias, SARL Communication La Tribune 31000 Toulouse. Siren : 749 814 604 Michel Cabirol. Rédacteurs en chef adjoints : Imprimeries IPS, ZA du Chant des Oiseaux, 18, rue Pasquier 75008 Paris Delphine Cuny, Fabrice Gliszczynski. Sandrine Emmanuelle Durand-Rodriguez. Alain Ribet/SARL, RH Éditions/Denis Lafay. 80800 Fouilloy. Président, directeur de la publication Cassini, Juliette Garnier, Marie-Caroline Lopez, Management o Téléphone : 01 78 41 40 93. Pour joindre réalisation R&A N de commission paritaire : 0514 C 85607. Jean-Christophe Tortora. Dominique Pialot, Alain-Gabriel  Vice-président en charge des métropoles directement votre correspondant, composer Direction artistique Anne Terrin. ISSN : 1277-2380. Rédaction Verdevoye.  Finance Rédacteur en chef :  Jean-Claude Gallo. le 01 78 41 suivi des 4 chiffres mentionnés Rédacteur en chef édition Alfred Mignot. et des régions Directeur Un supplément gratuit LA TRIBUNE DES Directeur de la rédaction Éric Walther. Pascale Besses-Boumard. Rédacteur en chef  Secrétaire de rédaction Sarah Zegel. général Gautier Normand. Conseiller éditorial RÉGIONS est inséré dans cette édition. entre parenthèses. les chroniques 29 VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2012 LA TRIBUNE

DéFLATION, HYPERINFLATION, mais encore ?

au cœur de La vision que les dirigeants européens ont de la crise élude compétitivité des uns et des autres aurait simple- sa dimension internationale. Pourtant, nous pourrions, ment pour prix la diminution du « coût du travail », la crise comme le Japon, tomber dans une trappe… très durable ! accompagnée d’une cure d’amaigrissement de l’État- providence, ou bien la réévaluation de la monnaie des puissances émergentes. près la dénonciation des États mule la nécessité de contracter les revenus, donc la En Europe, on constate que la stratégie de désendet- dispendieux – devenue un peu consommation, pour en faire autant des importa- tement poursuivie crée une spirale économique et courte en ces temps de renfloue- tions, une option plus réaliste que le développement fiscale descendante faisant obstacle à la réalisation ment bancaire – les dirigeants des exportations. Une telle vision repose sur une du désendettement, comme la renégociation systé- politiques européens pensent appréhension européenne de la crise matique des « plans de sauve- avoir enfin trouvé un habillage éludant sa dimension internationale, tage » ou des objectifs dans ce présentable afin de poursuivre ne voulant y voir qu’une construction domaine le démontre. La trappe une stratégie de désendettement qui continue à leur européenne incomplète qu’il suffirait Si la dette est dans laquelle le Japon est donnerA bien du souci. Ils présentent la relance de d’achever. l’envers de la tombé, sans parvenir depuis à l’intégration européenne comme étant la voie royale Pourtant, les processus de désendet- «médaille d’un en sortir, devrait faire réfléchir permettant une sortie de crise, avec comme étapes tement américain et japonais sont les artisans de cette stratégie et une union bancaire succédant au traité budgétaire, tout aussi problématiques, mais la système financier les conduire à se demander s’ils suivie par une union politique. réflexion sur cette crise globale étant hypertrophié, ne s’y précipitent pas eux aussi. marginalisée, c’est comme s’ils n’est-ce pas la taille N’ayant comme seule ressource La stratégie de désendettement n’avaient pas de causes communes alternative que les mesures non François poursuivie crée une spirale descendante que l’on préfère ignorer. de celui-ci qu’il conventionnelles de banques Leclerc Le président de la Commission européenne, José Comment ne pas s’interroger sur la faut réduire ? » centrales dont la taille de bilan Ancien conseiller au développement Manuel Durao Barroso, évoque déjà comme point simultanéité de la crise de la dette au continue d’enfler, la Fed don- de l’Agence d’aboutissement « une fédération d’États-nations ». sein des pays occidentaux et sur nant la mesure. France-Presse, Les dirigeants politiques européens s’appuient sur l’incapacité dont leurs gouvernements font preuve Existe-t-il une autre option à terme que le choix il tient la chronique de « L’actualité deux piliers : la BCE et ses deux programmes de sou- quand il faut la résorber ? Sur la montée des ten- entre la déflation de longue durée et l’hyperinfla- de la crise » sur le tien aux banques et aux États d’une part ; une poli- dances récessives et déflationnistes qui, installées tion ? Si la dette n’est pas remboursable, ne faut-il blog de Paul Jorion. tique d’austérité budgétaire et de réformes structu- au Japon, menacent désormais toute l’économie pas envisager de la restructurer à grande échelle ? Si Il est l’auteur de Chroniques de la relles destinées à permettre le désendettement et occidentale et, par ricochet, celle des « pays elle est l’envers de la médaille d’un système financier grande perdition préparer le retour de la croissance, d’autre part. Le émergents » ? hypertrophié, n’est-ce pas la taille de celui-ci qu’il (éditions Osez la premier pilier permet de gagner du temps en espé- Ce ne serait qu’un mauvais et long moment à passer, faut réduire ? Comment attendre d’un système en République Sociale !, 2012, 168 p., rant que le second fera finalement son œuvre. prédisent ceux qui croient que tout pourrait redeve- crise chronique qu’il vous sauve quand il vit sous 8,50 euros). Derrière la recherche de la compétitivité se dissi- nir comme avant, ou presque. La recherche de la assistance permanente des banques centrales ? &

QUEL AVENIR POUR LE « MILLEFEUILLE À LA FRANçAISE » ?

La multiplication des échelons administratifs territoriaux domaine, en donnant à la Région un rôle de coordina- au cœur des ayant renforcé l’état… jacobin, seule une audace très tion purement nominal. C’est d’ailleurs l’état qui, le territoires girondine conduirait à une « République décentralisée ». plus souvent, pousse à une telle addition : la construc- tion des LGV en est sans doute la démonstration la plus éclatante. Les discussions actuelles sur le rôle a démocratie locale sera renforcée au compris au Sénat, est majoritairement à gauche. Trois futur des Régions dans la Banque publique d’investis- travers d’un nouvel acte de la décentra- enjeux, intimement liés, attendent le gouvernement sement sont un bon test sur les intentions du gouver- lisation qui fera l’objet d’une large de Jean-Marc Ayrault. nement en ce domaine. « consultation. » Voilà fixé par le Le premier enjeu porte sur les finances. La plupart des Cette confusion est aussi dangereuse pour l’exercice Premier ministre, dans son discours collectivités locales sont aujourd’hui confrontées à un de la démocratie locale : à force de brouiller la carte des de politique générale, le cap pour les effet de ciseau, leurs dépenses progressant plus vite que compétences, on altère aussi celle des responsabilités. collectivités territoriales. Une des leurs recettes. La crise économique ne fait qu’amplifier Difficile de déterminer clairement le bilan de chacun premières mesures consistera à revenir sur la loi du dans le temps l’écart entre les deux. Il en résulte un quand tous y contribuent. Mais la clarification est un L16 décembre 2010 portant réforme des collectivités accroissement de la dette qui – même si s’agissant des exercice politiquement et techniquement complexe. territoriales. collectivités locales, elle ne peut être que vertueuse, Le gouvernement Fillon, après l’avoir publiquement Si la décision de généralisation de l’intercommunalité puisque la loi leur interdit de financer par de l’endette- annoncé, a dû finir par y renoncer devant un projet de imposant à l’ensemble de communes de rejoindre une ment leurs dépenses de fonctionnement – a nécessai- loi dont il se dit qu’il comptait près de 900 pages ! structure intercommunale a largement fait consensus, rement des limites dans le contexte général encore Le troisième enjeu porte sur la carte des institutions il n’en est pas de même de la création des conseillers aggravé par les difficultés de Dexia. Or, le nouveau locales et sur l’éventualité de la suppression d’un ou © DR territoriaux qui prévoyait le remplacement du gouvernement ne pourra ni rétablir la taxe profession- plusieurs échelons. Le rapport Balladur avait, en 2009, Gilles Le conseiller général et du conseiller régional par un nelle, ni revoir les règles d’actualisation de la DGF. plaidé pour le couple agglos-Régions. La loi du Chatelier conseiller territorial qui se substituait à eux. Le pré- Quant à un éventuel nouveau levier fiscal, il est exclu, 16 décembre 2010 n’avait pas voulu faire de choix. Une avocat au sident de la République a annoncé son abrogation, ce compte tenu des besoins de l’État. simplification s’impose, passant par la voie de l’expéri- barreau de Lyon qui aboutira à une nouvelle définition des calendriers mentation pour l’exercice des compétences et par celle professeur de droit constitutionnel et électoraux locaux. Les états généraux de la démocra- À brouiller la carte des compétences, de la mutualisation, s’agissant des moyens. En tout état public à l’ENS Lyon, tie territoriale des 4 et 5 octobre prochains l’entéri- on altère aussi celle des responsabilités de cause, la réduction du nombre des acteurs locaux ancien directeur de neront certainement. Le deuxième enjeu porte sur les compétences. On a est une nécessité pour réellement faire de notre pays cabinet des ministres J.-J. Queyranne et Toutefois, l’abrogation d’une mesure, même embléma- mille fois insisté sur le fait qu’une des sources princi- une « République décentralisée ». Jusqu’à présent, la Roger-Gérard tique, ne suffit pas pour faire une politique. Un acte III pales de gaspillage des fonds publics réside dans la multiplication des échelons a été le gage de ce que Schwartzenberg, de la décentralisation, après la loi du 2 mars 1982 et la multiplication des interventions des collectivités ter- l’essentiel du pouvoir restait entre les mains de l’état : ancien directeur des services de la région révision constitutionnelle du 28 mars 2003, a été ritoriales sur les mêmes sujets. Le soutien aux entre- le millefeuille est d’abord le fruit de notre jacobinisme. Rhône-Alpes. annoncé. La définition de son contenu risque de s’avé- prises en est un exemple caractéristique, la loi autori- La nouvelle équipe saura-t-elle faire preuve d’une véri- rer redoutable, dans un contexte où le pouvoir local, y sant l’action de tous les niveaux de collectivités en ce table audace girondine ? & 30 L’interview LA TRIBUNE VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2012

C’est le premier jalon. D’ici à la fin de 2013, nous sortirons dix nouveaux modèles. Nous allons surfer sur une situation Carlos Tavares plus dynamique. Nous avons perdu des parts de marché en Directeur général délégué de Renault Europe parce que nous ne nous sommes pas laissé entraîner dans de trop fortes remises. Certains de nos concurrents sont dans des conditions désespérées avec des exigences de tré- sorerie telles qu’ils sont prêts à faire tourner les usines à n’importe quel prix et pratiquent pour cela de très forts « Nous allons faire rabais. En Europe, nous gagnons encore un peu d’argent. La Clio IV a suffisamment d’atouts pour que nos commerciaux s’astreignent à une grande discipline en matière de prix de vente. Cela devrait nous assurer une meilleure rentabilité. hésiter les clients ÄÄAvez-vous d’autres projets avec Daimler ? Les deux partenaires sont très contents de leur collaboration. Mercedes (Daimler) est très satisfait de la qualité du Citan (un Renault Kangoo restylé) que nous produisons pour eux de Volkswagen ! » à Maubeuge. Le programme conjoint de développement des futures Twingo et Smart se déroule bien. Nous progressons ensemble. Les moteurs diesel que nous fournissons à Le constructeur veut attaquer bille en tête son concurrent allemand sur tous les Mercedes pour sa nouvelle Classe A ont été très bien reçus créneaux… Sacrée gageure ! La Clio IV, qui se pose en rivale de la Polo, est le coup d’envoi par la presse allemande. D’autres projets communs naîtront d’un programme de dix nouveautés pour l’année 2013. Certes, Renault reste de nos collaborations. une entreprise fragile, mais est sauvée par la gamme « Entry » qui génère des marges nettement supérieures à 6 %. ÄÄComment la marque Renault peut-elle se développer paral- lèlement à une gamme de véhicules à bas coûts (Dacia) ? Nous ne parlons pas de « Low Cost » (bas coût) mais de Propos recueillis par Alain-Gabriel Verdevoye constate que la France a installé moins de bornes de recharge « Smart Buy » (achat malin). Les acheteurs de Dacia n’ont que la Norvège ou les Pays-Bas. Il suffirait que l’on soit plus pas forcément les revenus les plus modestes. Mais ils ont ÄÄLa Tribune – Renault peut-il produire encore en France ? actif sur ce plan pour que ça sécurise les clients et fasse décol- dépassé le stade de la carlos tavares – Dans chaque région du monde, 80 % des ler le marché de l’électrique. consommation de voitures que nous vendons sont produites dans la zone. La masse. Ils veulent un production en France est donc tirée essentiellement par le ÄÄComment Renault affronte-t-il aujourd’hui la crise ? moyen de locomotion, Oui, on peut marché européen. Je ne demande pas aux usines françaises L’entreprise est capable de survivre grâce à notre croissance pas un statut. C’est produire en d’avoir les performances économiques de l’Inde ou de la rentable hors d’Europe. On a fait 500 millions d’euros de une tendance socié- «France. Chine. Je leur demande d’être compétitives par rapport aux marge opérationnelle au premier semestre, avec un flux de tale de recherche de la autres sites européens. L’Alliance Renault-Nissan a deux sites trésorerie négatif de 100 millions. Ce sont des résultats simplicité. Au-dessus Mais il faut très performants de référence : l’usine Renault de Palencia acceptables dans le contexte actuel, mais trop faibles, qui de Dacia, il y a un dialogue avec (Espagne) et celle de Nissan à Sunderland (Grande- démontrent la fragilité de l’entreprise. Trois éléments nous Renault, la marque les partenaires Bretagne). Il n’y a pas de raison a priori qu’on soit moins per- tirent d’affaire. Tout d’abord, le succès de la gamme « Entry » cœur de gamme. Avec formant en France qu’en Espagne. Oui, on peut produire en (Logan, Sandero, Lodgy, Duster et maintenant Dokker, Renault, nous avons sociaux. » France. Mais il faut un dialogue avec les partenaires sociaux. Ndlr). Nous allons en vendre près d’un million en 2012 avec l’ambition de faire En période de crise, il est nécessaire d’avoir une convergence une très bonne rentabilité. Les marges sont nettement supé- hésiter les clients qui entre tous les acteurs pour se donner les moyens de recons- rieures à 6 %. Ensuite, nous gardons la tête hors de l’eau voudraient acheter une Volkswagen. Nous voulons proposer truire la compétitivité. Quand la création de richesse est grâce à l’internationalisation. En 1999, nous systématiquement un modèle alternatif à une Volkswagen, faible, tout le monde doit accepter des compromis. vendions 11 % de nos véhi- afin que les acheteurs se demandant pourquoi ils paieraient cules hors d’Europe. En plus cher la même chose. Avec la Clio IV, le client potentiel ÄÄLes pouvoirs publics peuvent-ils vous aider ? 2013, nous dépasse- d’une Polo va hésiter ! Il faut promouvoir ce que l’on sait faire. Renault rons les 50 %. Enfin, est ainsi extrêmement innovant dans la voiture on partage les coûts ÄÄQuels sont les marchés d’avenir pour Renault ? électrique. C’est une formidable opportunité. avec Nissan. Il y a l’Amérique latine, avec le Brésil. On a 7 % de parts de Nous avons déjà trois modèles commercialisés marché. On peut monter à 10 % à moyen terme. Nous sommes et bientôt un quatrième. Nous avons là ce que ÄÄPrévoyez-vous très satisfaits de nos résultats au Brésil, en Argentine, en les constructeurs allemands n’ont pas. Or, je un plan social ou Colombie, au Mexique, en Russie. Sur ces marchés, nous des fermetures de faisons de la croissance rentable. En Russie, nous avons 6 % sites en Europe ? de parts de marché et on pourra arriver à 8 ou 9 %. Avtovaz Il est comme ça ! À ce stade, il n’y (Lada) va produire aussi des Logan pour Renault qui s’ajou- a pas de plan teront à notre production de Moscou, où, à la mi-septembre, Lève-tôt ou couche-tard ? de suppression nous tournerons à un rythme de 6 000 heures par an, comme Lève-tôt et pas très couche-tard. d’emplois ou de notre meilleure usine de l’Alliance, celle de Nissan au fermeture de site. Mexique. L’Alliance Renault-Nissan utilisera les capacités Travail le week-end ou détente ? Détente. La situation est dif- d’Avtovaz et l’aidera à renouveler sa gamme. En Inde, on met ficile dans nos la pression pour produire plus. Et nous passerons de La qualité que vous préférez usines, nous la 1 500 Renault vendues en 2 011 à plus de 20 000 cette année. chez vos collaborateurs ? gérons à travers le La concision. chômage partiel. ÄÄEt la production en Chine ? Le défaut que vous ne pardonnez Mais la tempête en Nous sommes d’accord avec notre partenaire Dongfeng sur pas chez un collaborateur ? Europe risque de durer. ce que nous voulons faire. Nous avons déjà déposé un dossier Le manque de transparence. de demande de licence auprès de l’administration chinoise. Ce que vous détestez ÄÄVos ventes baissent plus que Si tout va bien, on y commencera la production en 2016. par-dessus tout au travail ? le marché en France et en Europe. Les réunions inutiles. Cela va-t-il continuer ? ÄÄQuels modèles manquent à votre gamme aujourd’hui ? Votre plus belle réussite Non. Le lancement de la Clio IV Il faut renforcer notre offre de « Crossovers » (4x4) avec une professionnelle ? Je n’ai pas prouve que Renault est de retour. large gamme sur tous les segments. Ça commencera en 2013. de réussites personnelles, que des Nous avons ainsi un très grand succès avec le Duster en réussites collectives. Mais je suis Europe, au Brésil, en Inde. On fait un gros effort pour que très fier de mes résultats sportifs. Je fais de la compétition auto Carlos Tavares annonce un Renault devienne un constructeur mondial. Il faut que nous depuis trente ans. formidable rebond de Renault, soyons capables d’introduire des véhicules pour plusieurs dès 2013… [PIERRE VERDY / AFP] marchés à la fois, pas seulement pour l’Europe. &