Hossein Débat Animé Par Yves Alion Après La Projection Du À Lm Le Vampire De Düsseldorf, À L’Ecole Supérieure De Réalisation Audiovisuelle De Paris Le 15 Mars 2007
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
robert hossein Débat animé par Yves Alion après la projection du À lm Le Vampire de Düsseldorf, à l’Ecole Supérieure de Réalisation Audiovisuelle de Paris le 15 mars 2007. Robert Hossein est un homme pour le moins éclectique : comédien et metteur en scène, aussi à l’aise au cinéma qu’au théâtre, il est de toute évidence une ¿ gure éminemment populaire du monde artistique de ce demi-siècle. Après une carrière théâtrale plutôt classique (mais précoce et vibrionnante), il s’est depuis quelques temps régalé à mettre en scène de grands spectacles hors normes, à l’occasion interactifs. Ce qui ne l’a pas empêché parallèlement de mener une belle carrière au cinéma, variée autant que durable. Même si les premiers rôles marquent davantage sa jeunesse que l’âge mur. Dans les années 60, il est sans conteste un jeune premier des plus en vue. C’est également à cette époque qu’il passe derrière la caméra pour bâtir une œuvre sans doute inégale mais qui comporte plusieurs réussites, dont laHossein.indd moins 3 contestable est Le Vampire 22/03/12 14:18 de Düsseldorf. Amoureux du cinéma de genre (il ira jusqu’à signer un western), Robert Hossein aime bien le baroque, la démesure, les dé¿ s. Peut-être une façon de se mesurer à l’éternité et d’y frotter sa foi, élément central de sa personnalité et de son rapport au monde. Le Vampire de Düsseldorf Hossein.indd 3 22/03/12 14:18 105 Hossein.indd 1 22/03/12 14:18 Ben-Hur, qui se passait au Stade de France devant 65 000 personnes. Les producteurs, hallucinés et affolés, anticipaient la catastrophe car les courses de chars ne pourraient pas avoir lieu avec des gars à poil dans la boue. La foule allait tout dévaster et il faudrait rembourser les spectateurs. J’ai pris le micro et j’ai annoncé au public qu’il n’y «Il pleuvait des hallebardes sur aurait pas de remboursement car le spec- les gladiateurs qui poussaient tacle allait continuer. Deux ans de travail méritaient bien d’attendre dix ou quinze des bateaux, sur les bagnards minutes que la pluie cesse ! La pluie n’a qui étaient à poil.» pas cessé et les comédiens ont continué de jouer. Il pleuvait des hallebardes sur les Entretien gladiateurs qui poussaient des bateaux, sur les bagnards qui étaient à poil. Les conducteurs des chars n’y voyaient plus rien. Ils étaient recouverts de terre rouge mais ils n’ont pas laissé tomber. A la ¿ n du spectacle, j’ai remercié Dieu. Et les 65 000 spectateurs se sont levés pour ovationner pendant dix minutes la performance de cette troupe. Cette ovation m’a permis de don- On retrouve, dans la première partie de votre carrière, une unité thématique ner à ces ¿ gurants le statut de comédien, c’est-à-dire celui d’intermittents du avec des ¿ lms tels que Toi, le venin, Le Vampire de Düsseldorf ou La Sen- spectacle. Ils l’avaient bien mérité. Nous avons ensuite monté N’ayez pas tinelle aveugle. Ces ¿ lms n’ont-ils pas en commun d’être des ¿ lms policiers peur ! Un spectacle, très objectif et sans complaisance, consacré à Jean- mettant en scène des personnages un peu désespérés ? Paul II que j’ai personnellement connu, que j’apprécie beaucoup même si Robert Hossein : Ce désespoir me vient sans doute d’un slogan entendu j’émets des réserves sur certains sujets. Dans ce spectacle aussi, je dois pendant ma jeunesse, qui ne m’a pas quitté: « Pleurer longtemps solitaire beaucoup aux comédiens et aux ¿ gurants. mène à quelque chose ». Il n’est malheureusement pas de moi, mais du poète et grand résistant René Char, qui a écrit les merveilleux Feuillets Votre foi vous vient-elle de vos origines d’Hypnos. Au milieu de ses compagnons, alors que le maquis était cerné russes ? de toutes parts, un jeune résistant de quatorze ans disait à René Char, qui R. H. : En dehors des «J’ai personnellement était colonel : « Monsieur, j’échangerais volontiers mon sabre, c’est-à-dire grands spectacles, il mon fusil, contre une tasse de café au lait. » Ce poète m’a énormément y a un ¿ lm auquel connu l’assassin de inspiré. Je vous recommande vivement de le lire. je tiens particulière- Raspoutine, le prince ment, certainement Félix Youssoupoff.» Et vous-même, pleurez-vous encore beaucoup ? à cause de mes ori- R. H. : Je vais être honnête avec vous. On pleure beaucoup sur soi-même gines russes. Il s’agit de J’ai tué Raspou- pendant des années et surtout quand on a vingt ans. Après, on pleure sur tine. J’ai personnellement connu l’assassin les autres quand on voit ce qui se passe et ce qui nous entoure. Je consacre J’ai tué Raspoutine de Raspoutine, le prince Félix Youssoupoff. du temps aux autres et aux jeunes car je me pré- Je l’ai rencontré à Paris, en compagnie de occupe beaucoup de leur situation. Quand nous «On pleure beaucoup sa femme. Il m’a donné la bague qu’il portait avons fait Ben-Hur, j’étais entouré de près de sur soi-même... surtout le jour où Raspoutine a été assassiné. Et j’ai quatre cents jeunes de dix-huit à vingt ans qui, quand on a vingt ans. prêté cette bague à l’acteur qui jouait le rôle pour la plupart, n’avaient strictement rien fait aupa- de Youssoupoff dans mon ¿ lm. ravant, empêtrés dans un quotidien sans avenir. Après, on pleure sur les Malgré cela, ils ont été admirables. Ils étaient de autres quand on voit ce Votre ¿ lmographie, en tant que metteur en toutes nationalités, de toutes religions. Et ils se qui se passe et ce qui scène, est conséquente. Pas moins de quinze sont formidablement bien entendus. On dit : « Le nous entoure.» ¿ lms, depuis Les salauds vont en enfer génie, c’est travailler dix-huit heures par jour et le jusqu’au Caviar rouge. Quels sont vos projets ? talent, c’est savoir en trouver aux autres. » Et je dois beaucoup aux autres. J’ai R. H. : Les salauds vont en enfer et Pardonnez une anecdote à ce sujet. La pluie s’était invitée à l’une des représentations de nos offenses étaient des adaptions de romans Une corde un colt 2 106 107 3 Hossein.indd 4 22/03/12 14:18 Hossein.indd 5 22/03/12 14:18 Jean Genet qui m’a permis, à dix-sept ans, de jouer au théâtre sous sa direction, Haute Surveillance. A dix-huit ans, j’ai écrit ma pre- mière pièce, Les Voyous, représentée au théâtre du Vieux-Colombier, dans laquelle je jouais aux côtés de Charles Denner, inconnu à l’époque, et Mouloudji. Ensuite j’ai continué mon métier au cinéma. J’ai eu la chance de rencontrer Jules Dassin et de jouer dans Du Les salauds vont en enfer ri¿ ¿ chez les hommes. Il avait fait des ¿ lms extraordinaires en Amérique et souhaitait trouver un inconnu pour jouer l’assassin, le jeune fou, dans son ¿ lm. A partir de là, ma carrière s’est accé- lérée. J’ai tourné près de cent ¿ lms. Mais, à vingt-cinq ans, j’ai cru que tout était déjà arrivé. J’ai commencé à me prendre au sérieux, bien vivre, bien manger, bien « Je suis arrivé au cinéma boire, au détriment de mon indépendance parce que j’avais monté une et de ma liberté qui en avaient pris un coup. Je suis tombé malade, au point de ne plus pièce qui avait eu un très Le Goût de la violence pouvoir jouer ni au théâtre ni au cinéma. J’ai très gros succès : de Frédéric Dard. Une corde, un alors décidé de tout arrêter, de me foutre des Les salauds vont en enfer. » colt est un western, pour changer claques et de recommencer à zéro. N’étant de registre ! Quant au Goût de la plus capable de jouer, j’ai décidé de mettre en scène. Et j’ai redémarré en violence et La Nuit des espions, montant L’Homme traqué, de Francis Carco, au Théâtre des Noctambules ils ont été tournés à Venise. Mon à Saint-Michel, avec Robert Dalban, plus connu au cinéma à cette époque, dernier ¿ lm, Le Caviar rouge date et Madeleine Sologne, l’héroïne de L’Éternel Retour. Voilà comment j’ai de 1986 et cela suf¿ t comme ça ! commencé en tant que metteur en scène de théâtre. J’ai monté pas mal de pièces, j’en ai écrites quelques unes, j’en ai jouées beaucoup. Et puis Comment avez-vous vécu le je suis arrivé au cinéma parce que j’avais monté une pièce qui avait eu un double statut d’acteur et de met- teur en scène ? R. H. : J’ai commencé comme ¿ gurant. Mes parents étaient Le Vampire de Düsseldorf formidables. Mon père était un génie. Il avait loué un vieux piano et composait des concertos, des sym- phonies et plus tard des musiques de ¿ lms. C’est d’ailleurs sa Symphonie des sables, qu’il a composée il y a bien des années, que l’on entend tout au long de mon spectacle Ben-Hur. « A dix-huit ans, j’ai écrit ma Mais, nous habitions une chambre de bonne rue de Vaugirard. Les toilettes première pièce, Les Voyous, étaient au second et l’eau sur le palier. représentée au théâtre du C’est vous dire ! J’ai commencé en es- Vieux-Colombier, dans sayant de trouver de la ¿ guration pour laquelle je jouais aux côtés bouffer. Par chance, c’était la grande époque de Saint-Germain des Prés, de Charles Denner, inconnu à avec Jean-Paul Sartre, Vadim, Mar- l’époque, et Mouloudji.