La Nécropole Du Néolithique Moyen De Sur Les Pâtureaux À Chichery
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La nécropole du Néolithique moyen de Sur les Pâtureaux à Chichery (Yonne) Philippe Chambon, Jean-Paul Delor, Anne Augereau, Juan Francisco Gibaja Bao, Katia Meunier, Aline Thomas, Pascal Murail, Danièle Molez To cite this version: Philippe Chambon, Jean-Paul Delor, Anne Augereau, Juan Francisco Gibaja Bao, Katia Meunier, et al.. La nécropole du Néolithique moyen de Sur les Pâtureaux à Chichery (Yonne). Gallia Préhis- toire – Préhistoire de la France dans son contexte européen, CNRS Éditions, 2010, 52, pp.117-192. 10.3406/galip.2010.2472. hal-02343302 HAL Id: hal-02343302 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02343302 Submitted on 19 Dec 2019 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. Distributed under a Creative Commons Attribution - NonCommercial - NoDerivatives| 4.0 International License LA NÉCROPOLE DU NÉOLITHIQUE MOYEN DE SUR LES PÂTUREAUX À CHICHERY (YONNE) Philippe CHAMBON 1, Jean-Paul DELOR 2, Anne AUGEREAU 3, Juan Francisco GIBAJA BAO 4, Katia MEUNIER 3, Aline THOMAS 5 et Pascal MURAIL 5 avec la collaboration de Danièle MOLEZ 1 À Jean-Paul Delor Mots-clés. Pratiques funéraires, Néolithique moyen, Cerny, sépultures type Balloy. Résumé. La nécropole de Sur les Pâtureaux à Chichery a été explorée entre 1981 et 1984 par J.-L. Tainturier puis par J.-P. Delor. Treize sépultures ont été mises au jour sur 600 m2, les limites du gisement n’étant vraisemblablement pas atteintes. Ces sépultures se rattachent essentiellement au type Balloy, reconnu dans une dizaine de gisements du Bassin parisien. Elles associent une architecture à même la fosse et un défunt inséré dans un contenant mobile, et sont attribuées à l’horizon Cerny. Les tombes sont installées sur deux à trois files dans un axe nord-ouest/sud-est, sans qu’on puisse supposer qu’elles étaient incluses dans un ou plusieurs monuments allongés, comme c’est souvent le cas pour ce type de sépultures. La population inhumée présente une composition compatible avec une population naturelle. Toutefois la concentration des plus jeunes sujets sur une petite surface peut aussi indiquer une sectorisation de la nécropole. Le mobilier associé aux sépultures est peu abondant et comprend uniquement de l’industrie lithique en silex, parmi laquelle dominent les armatures de flèche et les pics. Aucune trace macroscopique d’usage n’est visible sur les pièces. Une telle industrie ne dépare pas dans le contexte des sépultures de type Balloy, mais l’absence de tout autre mobilier est inédite. Si le Cerny est inévitablement la première référence pour une telle nécropole, quelques caractères de Sur les Pâtureaux incitent à la prudence. Les pics sont fréquents dans les habitats de cette culture, en revanche certaines armatures renvoient davantage vers le Rössen et Chassey. En outre, l’orientation des sépultures est celle qui prévaut dans le Mittelneolithikum rhénan. Les sept datations obtenues placent les tombes avant le milieu du Ve millénaire, soit dans la première partie de l’horizon Cerny. Elles assurent que les tombes de type Balloy existent en Bassin parisien dès le début de cet horizon, sans rapport avec l’un ou l’autre des faciès céramiques du Cerny. 1. CNRS, UMR 7041 : « Archéologies et sciences de l’Antiquité (ArScAn) », équipe Ethnologie préhistorique, Maison René-Ginouvès, 21 allée de l’Université, F-92023, Nanterre Cedex. Courriels : [email protected] ; [email protected] 2. UMR 5594 : « Archéologie, terre, histoire, sociétés (Artehis) », équipe Anthropisation de l’environnement, Université de Bourgogne, 6 boulevard Gabriel, F-21000 Dijon. Notre collègue, Jean-Paul Delor, n'aura pas vu ces pages publiées. Ni cet article, ni le programme qui le sous- tend n'auraient vu le jour sans son implication constante dans la recherche archéologique, et sans sa générosité. 3. Inrap, UMR 7041 : « Archéologies et sciences de l’Antiquité (ArScAn) », équipe Protohistoire européenne, Maison René-Ginouvès, 21 allée de l’Université, F-92023, Nanterre Cedex. Courriels : [email protected] ; [email protected] 4. Universidade do Algarve, Faculdade de Ciências Humanas e Sociais, Departamento de História, Arqueologia e Património, Campus de Gambelas, P-8005-139 Faro. Courriel : [email protected] 5. Université Bordeaux-I, UMR 5199 – De la Préhistoire à l’Actuel : Culture, Environnement et Anthropologie (Pacea), Université Bordeaux-I, Bâtiment B8, avenue des Facultés, F-33405 Talence Cedex. Courriels : [email protected] ; p.murail@ anthropologie.u-bordeaux1.fr Gallia Préhistoire, 52, 2010, p. 117-192 © CNRS Éditions, Paris, 2010 118 PHILIppE CHAMBON ET AL. Key-words. Burial practices, Middle Neolithic, Cerny, “Balloy type” graves. Abstract. The necropolis of Sur les Pâtureaux in Chichery (Yonne, France) was explored from 1981 to 1984 by J.-L. Tainturier, then by J.-P. Delor. Thirteen graves were uncovered over a surface of 600 m2 while the limits of the site have probably not been attained. Most of these graves are of the “Balloy type”, which is identified in around a dozen sites in the Paris Basin. They associate a “vault” installed within the grave and a defunct placed in a mobile container. They are attributed to the Cerny horizon. The tombs are installed in two to three rows following a north-west/south-east axis, though we cannot assume they were included in one or several elongated monuments, as is often the case for this type of burial. The population includes a significant number of very young individuals, indicating either that the selection of the subjects was not based on age, or that the necropolis was divided into sectors based on this same criteria. The objects associated with the graves are few and consist only of worked flint objects, mainly arrowheads and picks. No macroscopic traces of use are visible on them. Such a lithic industry is not incongruous in the context of Balloy-type burials, but the absence of any other objects is elsewhere unknown. While Cerny is undeniably the primary reference for such a necropolis, some features of Sur les Pâtureaux voice caution. Though picks are frequent in the habitats of this culture, some of the weapon armatures are more closely associated with the Rössen and Chassey cultures. Moreover, the orientation of the graves is the one most frequently given in the Mittelneolithikum of Rhineland. The seven dates obtained situate the tombs before the middle of the 5th millennium, or in the first part of the Cerny horizon. They confirm that Balloy-type tombs exist in the Paris Basin from the very beginning of this horizon, with no relation to the pottery facies of the Cerny culture. Translation: Magen O’FARRELL LA FOUILLE DE LA NÉCROPOLE DANS LOCALISATION GÉOGraPHIQUE SON CONTEXTE LOCAL ET RÉGIONAL ET CONTEXTE GÉOLOGIQUE Publier une fouille vingt ans après sa réalisation pour- À une douzaine de kilomètres au nord d’Auxerre, la rait sembler trop tardif et inutile. À l’époque, la recherche commune de Chichery est située dans la vallée de l’Yonne à privilégiait l’étude des sites d’habitat et les anthropologues environ 800 m au sud de sa confluence avec le Serein, puis étaient trop peu nombreux pour gérer les nécropoles à presque 4 km de sa confluence avec l’Armançon (fig. 1). appréhendées. Il revenait à chaque responsable d’opération La vallée, large en cet endroit de près de 2,5 km, est bordée de faire la preuve de ses compétences avec des fortunes de coteaux qui la dominent de 115 m à l’ouest (le Tertre) diverses. Fouiller est une chose, mais interpréter les don- alors qu’à l’est, la pente est plus douce et moins élevée, de nées issues de la fouille en est une autre. Concernant Sur 45 m en moyenne. les Pâtureaux, les données issues de la fouille étaient suffi- À l’altitude de 85 m sur la terrasse la plus récente, la samment novatrices et sans références directes avec d’autres nécropole s’établit sur un léger microrelief, en dehors de la sites du Bassin parisien pour nécessiter qu’elles soient zone de divagation moderne du lit de l’Yonne (fig. 2). Le réservées en attendant « des études complémentaires ». À cours actuel de la rivière, distant d’une centaine de mètres, l’évidence, des rapports pouvaient être établis avec le site comportait de nombreux gués dus à des hauts-fonds gré- de Passy sans pour autant en retrouver toutes les caracté- seux. Étudiés au siècle dernier par A.-H. Robillard pour ristiques. Les années ont passé et de nouvelles fouilles menées dans l’Auxerrois, sous la direction de véritables spécialistes et conservés sous l’autorité du Service régional de l’archéologie de du funéraire, nous permettent maintenant de reconsidérer Bourgogne, au dépôt de Passy (Yonne). Le générique de l’étude présentée dans notre article est le suivant : P. Chambon, les études des ces interventions déjà anciennes avec un autre regard et sépultures et la synthèse ; J.-P. Delor, la fouille et le contexte régional ; suivant une autre approche 6. A. Augereau, le mobilier lithique ; J. F. Gibaja Bao, l’étude fonction- nelle du matériel lithique ; K. Meunier, la céramique ; A. Thomas et P. Murail, l’anthropologie ; D. Molez, le dessin lithique. Nos remer- 6. L’étude et la publication de ce gisement s’insère dans les travaux du ciements à Laurence Astruc pour sa relecture de la traduction de la Programme collectif de recherche « Évolution, coexistence, confron- contribution de J.