V6proposition Dossier Pédagogique SIMONE En Aparté
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Dossier pédagogique SIMONE en aparté Conception, écriture et mise en scène : Arnaud Aubert Jeu : Sophie Caritté Création le 9 février 2021 à Lisieux (14) Spectacle tout public, dès 14 ans Ce dossier pédagogique s’adresse aux enseignants des collèges (à partir de la 3ème) et des lycées qui emmèneront leurs classes découvrir la création du Tanit Théâtre, « Simone en aparté ». Ce spectacle donne à entendre la parole intime de Simone Veil tout en abordant des thématiques comme l’évolution de la condition féminine depuis le 19ème siècle, la transmission de la mémoire de l’Histoire, la construction d’une Europe démocratique, le respect de l’intégrité et de la dignité de la personne… NB : Les programmes officiels prévoient que la Shoah soit abordée en classe dès l’école élémentaire, puis approfondie à différents stades du parcours secondaire général, technologique et professionnel. TANIT Théâtre - 11 rue d’Orival 14100 LISIEUX Renseignements, réservations : 02 31 62 66 08 - www.tanit-theatre.com SIMONE en aparté Conception, écriture et mise en scène : Arnaud Aubert Jeu : Sophie Caritté Scénographie : Hervé Mazelin Lumière et régie générale : Estelle Ryba Musique : Nicolas Girault Costumes : Yolène Guais avec la complicité de Sophie Lamarche Damoure pour le travail corporel TANIT Théâtre - 11 rue d’Orival - LISIEUX (14) mardi 9 février 2021 à 20h30 jeudi 11 février 2021 à 14h30 vendredi 12 février 2021 à 14h30 et 20h30 lundi 15 février à 14h30 mardi 16 février 2021 à 14h30 mercredi 17 février 2021 à 20h30 jeudi 18 février 2021 à 14h30 vendredi 19 février 2021 à 14h30 et 20h30 LE RAYON VERT - 14 rue de la Grâce de Dieu - SAINT-VALÉRY EN CAUX (76) jeudi 18 et vendredi 19 mars 2021 à 20h THÉÂTRE DE LISIEUX NORMANDIE (14) mardi 13 avril 2021 à 20h : Centre Culturel d’ Orbec vendredi 16 avril 2021 à 20h : lieu à préciser (Livarot ou Saint-Pierre-en-Auge) samedi 17 avril 2021 à 20h : Foyer Familial de Cambremer mardi 20 avril 2021 à 14h et 20h : Théâtre Lisieux Normandie L’équipe du Tanit Théâtre pourra, à la demande des établissements scolaires, mettre en place ateliers théâtre, rencontres, et « bords de scène » … en lien avec ce spectacle. Production TANIT Théâtre, compagnie subventionnée par la Région Normandie, la Communauté d'agglomération Lisieux Normandie, le Conseil départemental du Calvados et la DRAC Normandie, En coproduction avec le Théâtre Lisieux Normandie. Remerciements à Jean et Pierre-François Veil, à Karen Lemire et à la Médiathèque de Lisieux, ainsi qu’à l’association « Plaisir de lire » qui anime la bibliothèque de Cambremer. 2 Note d’intention du metteur en scène La bibliothèque personnelle de Simone et Antoine Veil (plus de deux mille ouvrages) a été léguée à la Bibliothèque de Cambremer, en Normandie. Ce n’est pas un hasard : pendant 45 ans, Simone et Antoine sont venus prendre du repos, au lieu-dit le Champ sombre, une modeste demeure normande, isolée au cœur d‘un vallon du Pays d’Auge. Un lieu refuge pour Simone où elle a écrit son autobiographie, Une Vie au titre « emprunté » à Maupassant. « Maupassant, Maupassant que j’aime, ne m’en voudra pas d’avoir emprunté le titre d’un de ses plus jolis romans pour décrire un parcours qui ne doit rien à la fiction ». Un lieu de création aussi pour moi qui vis à Cambremer et ai toujours été saisi d’une forte émotion devant cette femme libre, ardente, au destin exceptionnel dont j’ai voulu dévoiler les multiples facettes. Avec l’envie de faire résonner les pensées de Simone à des âges différents, de partager son regard sur la vie, la nature et l’humanité. Entrer dans son espace intime, ouvert et hors du temps, dans lequel la narration, l’apostrophe, la réflexion ou le souvenir seraient vécus comme un temps présent d’où l’on pourrait entendre avec simplicité la force de la lucidité et l’espoir qu’elle revendique. Tenter de saisir, à travers un kaléidoscope d’évocations, la nature de ses convictions et de ses engagements, ses doutes et ses colères parfois. Derrière ses combats qui sont devenus bien souvent des acquis, se dévoile une personne de caractère, d’une richesse hors du commun, d’une rare intelligence et d’une grande sensibilité. Dévoiler une part de son intimité pour toucher l’universalité. Evoquer sa singularité pour toucher l’intimité. Une vision fantasmée par l’imaginaire, qui propose aux spectateurs de vivre un moment unique, au plus proche de celle qui pourrait être notre alter-ego : la femme, la mère, la fille, l’épouse, la sœur, l’amie, la camarade… Arnaud Aubert 3 Ecriture scénique et scénographie A partir de matériaux variés (discours, interviews, photos, témoignages, documentaires, articles de journaux, autobiographie, biographies… ), Arnaud Aubert a organisé de manière non chronologique les différentes prises de positions de Simone Veil, ses champs d’action, les coulisses de ses combats politiques, les blessures et les drames qui ont émaillé sa vie. Une vie où la souffrance et le désespoir cèdent le pas devant la confiance inlassable dans l’humanité. Avec le scénographe Hervé Mazelin, ils se sont interrogés sur l’univers scénique d’où pourrait surgir le trait vif de la vie d’une telle personnalité et ont imaginé une scénographie d’ombre et de lumière. « Dans quelle parenthèse spatiale, faire évoluer la tragédie tour à tour sombre et lumineuse d’une existence si concrète, si engagée, devenue l’icône que l’on sait ? L’espace doit permettre une libre parole qui vagabonde au gré des pensées de notre héroïne sans s’encombrer d’éléments réalistes qui enfermeraient le spectateur dans une vision réductrice et didactique. Pour être à la hauteur du mythe, la scénographie doit être esthétique, lumineuse, presque incandescente. Le sol, carré, blanc photosensible, accueillera un élément s’élevant comme une vague sur lequel Simone lit, écrit ses discours, se refugie - métaphore universelle et poétique qui évoque la nature peinte de lumière, les jardins de Cambremer, les heures sombres de la déportation, ses engagements politiques et féministes. Un endroit hors du temps. Espace mental ? Lieu nu ? Lieu de mémoire? Sans doute tout cela ». Hervé Mazelin 4 Extraits de « Simone en aparté » … « Je ne crois pas que je sois une enfant difficile, mais insolente. C’est vrai… plutôt le goût de la contestation. L’esprit frondeur. Je me souviens, quelques jours je crois avant la rentrée scolaire... septembre 41, sur le balcon avec Claude ma cousine, André mon cousin et Denise ma sœur aînée, nous chantons... L’internationale... j’ai 14 ans et je n’ai aucune idée de ce que représente cette chanson à l’époque mais je sais qu’elle est interdite par le régime de Vichy, le gouvernement français, et nous sommes dénoncés par un voisin gendarme. Il y a un procès. Il s’en est fallu de peu que nos parents perdent la garde de leurs enfants. Moi, nous tous, nous écopons de 500 francs d’amende et de six mois de prison... avec sursis ! » … « Maman était le point central de la maison… Souvent Maman venait nous chercher au lycée. Elle avait l’air d’être notre sœur ainée, elle était très très belle, et tout le monde l’aimait. Tout ça faisait vraiment une atmosphère chaleureuse et extraordinaire. Tout était facilité par ça, ce sentiment toujours d’être aimée… Et mon enfance, c’est elle. Enfin c’est le souvenir d’elle. Même à Auschwitz, même vêtue de haillons et atrocement malade, elle impressionnait tout le monde – y compris des SS – par son allure, sa dignité, sa force morale. Incapable du moindre geste d’agressivité. Si quelqu’un s’avisait de voler sa soupe, elle expliquait qu’il avait probablement plus faim qu’elle. Ce qui me rendait malade ! Je ne supportais pas qu’on la vole ou qu’on la maltraite ! Alors je la défendais. C’était instinctif. Je veillais ! » … « Peu de temps après mon retour des camps, je me souviens avoir été chez le coiffeur. Avant la déportation, je n’avais jamais été chez le coiffeur. Et on m’a complètement brulé les oreilles parce que comme je n’avais pas l’habitude d’aller chez le coiffeur, je pensais qu’il était normal de... enfin je me suis dit j’ai très chaud, ça me brûle mais enfin ç’est peut-être toujours comme ça quand on va chez le coiffeur et donc je n’ai rien osé dire à la coiffeuse en disant « ça m’brûle » et quand elle a ôté le casque, le séchoir, et qu’elle a dit « mais pourquoi vous ne vous êtes pas plainte ? », je n’ai pas osé lui raconter mon histoire. Parler de la Shoah, et comment en parler ; ou bien ne pas en parler, et pourquoi ? Eternelle question. On a peur que les gens ne soient pas assez attentifs, et peur de ne pas le supporter. On a raison, même maintenant ils ne peuvent pas entendre. Certains répugnent à l’évoquer. D’autres ont besoin d’en parler. Mais tous vivent avec. Nous n’avons rien choisi. Nous ne sommes que des victimes honteuses, des animaux tatoués. Il nous faut vivre avec ça, et que les autres l’acceptent…» … « Les lois sont pensées pour ce que sont les hommes et beaucoup moins pour ce que sont les femmes. Sur beaucoup de questions, plus ou moins importantes, nous n’avons pas la même vision. Nous les femmes nous bousculons tout… Les femmes sont je le crois spontanément solidaires. Alors il faut qu’elles s’unissent pour faire progresser leurs droits, leur liberté, leur visibilité. Il faut qu’elles se lancent ! Qu’elles écoutent leur conscience, qu’elles s’épaulent, s’encouragent, se mobilisent.