Jury Et Démocratie: Une Liaison Fructueuse?: L'exemple De La Cour D
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Jury et démocratie : une liaison fructueuse ? : l’exemple de la cour d’assises française Dominique Vernier To cite this version: Dominique Vernier. Jury et démocratie : une liaison fructueuse ? : l’exemple de la cour d’assises française. Sociologie. École normale supérieure de Cachan - ENS Cachan, 2007. Français. tel- 00262251 HAL Id: tel-00262251 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00262251 Submitted on 11 Mar 2008 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. THÈSE DE DOCTORAT DE L’ECOLE NORMALE SUPERIEURE DE CACHAN Présentée par Dominique VERNIER pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L’ECOLE NORMALE SUPÉRIEURE DE CACHAN Domaine : Sociologie Sujet de la thèse : JURY ET DÉMOCRATIE : UNE LIAISON FRUCTUEUSE ? L’exemple de la cour d’assises française Tome I Thèse présentée et soutenue à Cachan le 3 octobre 2007 devant le jury composé de : Benoît BASTARD Directeur de recherches au CNRS Rapporteur Jacques COMMAILLE Professeur des Universités Directeur de thèse Guy CANIVET Membre du Conseil Constitutionnel Olivier PAYE Professeur aux Facultés de Saint Louis à Bruxelles Rapporteur Violaine ROUSSEL Maître de conférences à l’Université Paris VIII Saint-Denis Denis SALAS Maître de conférences à l’Ecole nationale de la magistrature Laboratoire Institut des sciences sociales du politique (ISP) ENS CACHAN 61, avenue du Président Wilson, 94235 CACHAN CEDEX (France) Remerciements Je tiens tout particulièrement à adresser mes remerciements à Jacques Commaille qui a accepté de diriger cette thèse, m’a accueillie toujours chaleureusement au laboratoire de l’Institut des Sciences sociales du politique dont j’ai pu ainsi partager les échanges intellectuels exigeants et stimulants. Et surtout qui m’a encouragée, soutenue et a répondu avec patience à mes interrogations et à mes inquiétudes. Ma reconnaissance se porte en deuxième lieu à Edouard Ebel et Francis Laffon qui ont pris le temps de relire entièrement cette thèse et m’ont apporté leurs critiques et remarques bienveillantes et utiles. J’exprime ma gratitude également à Pierre Averous, Geneviève Coudin, Vincent Drouin, Elisabeth Dupoirier, Nadine Faingold, Jean-Louis Missika Sylvaine Trinh et Didier Uri car ils ont tous d’une manière ou d’une autre nourri ma réflexion, ouvert des pistes auxquelles je n’avais pas songé ou ont dialogué avec moi sur la construction de mon plan. Mes recherches documentaires sur le jury à l’étranger ont été enrichies par les informations précieuses et les traductions que m’ont apportées Helga Fanderl (Allemagne), Marjolein Langerijs (Pays-Bas) et Elaine Norberto (Brésil). Un grand merci va à Sarah Laffon qui m’a aidée à la transcription des entretiens. Je voudrais remercier aussi celles et ceux qui m’ont mise en contact avec des jurés. Merci enfin et surtout aux jurés et aux magistrats qui ont accepté de me recevoir souvent longuement, sans qui cette thèse n’aurait tout simplement pas été possible. SOMMAIRE INTRODUCTION GENERALE p.6 CHAPITRE PRELIMINAIRE : p.18 I/ L’objet : la juridiction criminelle avec des jurés p.18 II/ La problématique : le jury comme institution politique p.27 III/ La méthodologie : des entretiens semi-directifs p.45 IV/ Les outils : une approche pluridisciplinaire p.55 1er volet - Aperçu macro-sociologique du sujet p.65 CHAPITRE I : Le jury, histoire d'une idée p.66 I/Les pratiques judiciaires qui pourraient être à l’origine du jury p.70 II/L’accès des Constituants à cette idée p.78 III/Le contexte dans lequel agissent les Constituants p.91 IV/ Les raisons avancées pour justifier le jury p.104 V/ Tensions et désaccords autour du jury p.116 CHAPITRE II: Jury et ordre politique p.141 I/La dimension politique de l’institution du jury p.143 II/Jury et régime politique : les deux termes d’une articulation p.153 III/ L’état des lieux : histoire politique et présence du jury p.176 2 ème volet - L'exemple de la cour d'assises française p.221 CHAPITRE III : Le décret-loi du 25 novembre 1941 ou la première remise en cause de la souveraineté du jury p.222 I/ Le contexte : une réforme qui vient de loin p.222 II/Le contenu de la réforme p.263 III/ Prolongements et conséquences de la loi de 1941 p.292 CHAPITRE IV: La loi du 28 juillet 1978 ou la tentative de faire du jury un miroir plus fidèle de la société p.317 I/Les déclencheurs apparents de la réforme p.318 II/De la commission Aussel à la promulgation du texte p.331 III/L’accueil du texte et les réactions qu’il a suscitées p.347 IV/ Le texte réduit-il le déficit de représentativité ? p.353 V/ Les effets inattendus de la loi de 1978 p.369 CHAPITRE V: L’appel aux assises, nouvelle exigence démocratique ?: la loi du 15 juin 2000 p.393 I/ Contexte de la réforme, analyse du débat p.398 II/Les réformes de Mmes Elisabeth Guigou et Marylise Lebranchu p.434 III/Sens et conséquences a posteriori de la réforme p.454 3 ème volet - Approche micro-sociologique du sujet : la parole aux acteurs p.468 CHAPITRE VI: Les acteurs de la cour d’assises en situation p.469 I/Les présidents de cours d’assises : une fonction très particulière p.476 II/ Les jurés : des citoyens comme les autres ? p.492 III/Le jury :un acteur à part entière ? p.542 IV/Magistrats et jurés : regards et perceptions croisés p.555 CHAPITRE VII: Participation et délibération, le travail des acteurs p.589 I/La participation à l’audience p.590 II/La contribution à la décision p.609 III/Les effets civiques et politiques des processus participatif et délibératif sur les acteurs p.649 CHAPITRE VIII: Bilan de la coopération entre jurés et magistrats au regard d’exigences démocratiques p.664 I/ Une coopération peu conflictuelle et apparemment souhaitée par les intéressés p.665 II/ Une coopération révélatrice de réels déficits démocratiques p.676 III/Le jury, trace toutefois d’une démocratie bien vivante p.693 CONCLUSION GENERALE P.711 Bibliographie p.740 Annexes p.757 Tableaux p.878 Table des matières détaillée p.893 Résumé p.908 Introduction générale INTRODUCTION GENERALE Chroniqueuse judiciaire depuis à peine deux ans et comptant dans mon expérience seulement une petite vingtaine de procès d'assises, je fus envoyée au printemps 1987 « couvrir » la fin du procès de Klaus Barbie1, ce qui signifiait rendre compte des audiences des trois dernières semaines d'un procès qui en comptait sept2. Très vite, je fus confrontée à des situations juridiques qui me semblaient relativement inextricables, à des questions apparemment techniques telles que celle-ci : un accusé peut-il refuser de comparaître, l’appareil judiciaire est-il en mesure de forcer l'ancien chef de la Gestapo de Lyon à être présent dans son box, quel en sera l'avantage pour la manifestation de la vérité si de toutes façons il se tait? Ces questions comportaient également une dimension politique manifeste : la France qui jugeait pour la première fois depuis la fin de la guerre un dignitaire nazi allait-elle parvenir à assurer la tenue du procès jusqu'à son terme? Et la réponse se trouvait apparemment non dans un ordre ou une consigne du pouvoir exécutif mais dans les mains d'un personnage, le président de la cour d'assises. Livrée à ce questionnement embarrassé de novice, je fus très rapidement fascinée par cette juridiction composée de trois magistrats professionnels et de neuf jurés tirés au sort3, qui vivent et réfléchissent ensemble parfois des semaines durant, souvent de manière de très intense, puis se quittent ensuite sans presque jamais se revoir4. Une telle 1Klaus Barbie, un Allemand alors âgé de 73 ans, avait été le chef de sections IV et VI du SIPO-SD de Lyon de 1942 à 1944. Il fut renvoyé devant la cour d'assises du Rhône pour "crimes contre l'humanité", en l'occurrence sa complicité notamment dans seize assassinats et 112 séquestrations et déportations. 2 Ouvert le 11 mai 1987 à Lyon, le procès s'acheva le 4 juillet de la même année par une condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité. Klaus Barbie mourut en détention le 25 septembre 1991. 3Dans sa formation de première instance. En appel, elle est composée de trois magistrats et de douze jurés. 4 Sur les 39 jurés avec lesquels je me suis entretenue dans le cadre de cette thèse, 37 jurés ne revirent pas, après la fin de la session, les autres membres du jury avec lesquels ils avaient siégé. Dans un cas, il s’est noué une amitié et dans un Introduction générale situation éveilla en moi une curiosité intellectuelle qui ne s'est jamais démentie depuis et qui a déjà rendu possible l'écriture d'un premier petit opuscule5 sur le sujet . Quelques dizaines de procès d'assises plus tard6, la juridiction criminelle où siègent clercs et profanes comptait moins de mystères pour moi mais suscitait toujours autant d'intérêt. Sans partager complètement le sentiment de ce magistrat qui peut apparaître légèrement paternaliste : "Moi ce qui m'émerveille tous les jours, c'est que l'on arrive à prendre des décisions qui ne sont pas aberrantes, c'est pour moi un sujet perpétuel d'émerveillement, parce que les jurés, moi je suis admiratif, je vous le dis franchement, parce qu'ils s'impliquent à fond dans l'affaire"7, je continuais de m'interroger sur cette juridiction, née sous le nom de tribunal criminel départemental le 16 septembre 17918, rebaptisée de son nom actuel (cour d'assises) par le code d'instruction criminelle de 1808, et qui vivait encore 216 années plus tard, non sans avoir été remaniée à de très nombreuses reprises.9 Deux séries de faits et une interrogation allaient plus directement m'inciter à opérer une plongée historico- sociologique dans cette institution, au point de vouloir en faire une thèse.