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Columbia Uttftser^ttp in tfyt Cttp of JJelo fJorlt LIBRARY Nattfantel (Eurrtw Munb for tiff fncrsaap «f tljp iCtlirai'g Eatablfetfrti 1900 DICTIONNAIRE DES TEBRES DD G0HTE NANTAIS ET DE LA LOIRE-INFERIEURE. ESSAl SUR LE DICTI0IMR1 DES TIMES ET DES SEIGNEURIES CttMPBISES DANS L'ANCIEN COMTE NANTAIS ET DANS LE TERMTOIRE ACTUEL DU DEPARTEMENT BE IA_ LpIRB - INFERIEURE , PAR ERNKST DE COMIJLIER. PARIS, NANTES, DDMOULIN , And GUERAUD ET Cie, Libraire-Iditeur, lm prime urs-Lihraire s, QOAI DES ADSDSTIHS, 13. PASSAGE BOBCHACD. 1857. INTRODUCTION. Les histoires particulieres des provinces embrassent un hori zon qui est trop vaste encore, pour qu'elles puissent recueiilir une foule de faits dont la memoire merite cependant d'etre con- servee et qui ont au moins un interet local. Dans un ordre de subdivision inferieur a celui des provinces , et qui permet de ne negliger aucun detail, on a ecrit les his toires de plusieurs villes et de queiques localites de moindre im portance; mais ce sont la des travaux isoles qui laissent entre eux d'immenses Iacunes. Les auteurs qui ont travaille sur les details d'un pays avec un plan d'ensemble, ont adopte la division par paroisses ou communes, et de ce systeme sont nes les dictionnaires de provinces ou de departements. -Aux points de vue geographique, statistique, descriptif et autres, qui serapportent directement au sol,ce choix ne laisse rien a desirer, sinon que, par la nature meme des choses, qui ne varient pas de commune a commune, il expose a des redites fastidieuses qu'on pourrait peut-etre eviter en modifiant legerement ce plan. C'est ainsi, par exem- ple, que les considerations geologiques se plient deja tres- difficilement aux limites administrativeset exigeraient un chapilre a part pour etre convenablement traitees. Ce leger inconvenient, s'il existait seul, ne meriterait guere d'etre signale; mais, ces dictionnaires ont, avant tout, la pre tention d'etre historiques; et sous ce rapport, qui interesse seul — 6 - la grande masse des lecteurs , la division consacree par l'usage n'a aucune raison d'etre, car la paroisse rurale n'a jamais forme une unite dans l'ordre politique et ne presente des-lors aucun corps saisissable pour l'histoire. Cependant, les auteurs de ces dictionnaires avaient, d'apres leur titre, un programme a remplir ; ils ont done raconte lon- guement, a chaque article, les fails d'un interet general qui , par hasard, se sont passes dans telle paroisse plut6t que dans telle autre, et a 1'accomplissement desquels elle a ete le plus sou- vent fort etrangere. Ils auraient ete tout aussi fondes a y placer les biographies des personnes celebres que chaque paroisse a produites; s'ils se sont bornes a citer leurs noms, ils devaient, par analogie, se contenter de rappeler que tel fait s'etait passe en tel lieu, a moins qu'ils n'eussent a rapporter quelque particula rity inedite. C'est un vice que de decouper l'histoire generale par lambeaux pour les repartir ga et la ; en les isolant de ce qui les a precedes et de ce qui les a suivis, on ote a ces episodes une grande partie de leur interet, et cet assemblage d'anecdotes incoherentes ne remplit aucun des buts que l'historien doit se proposer, e'est-a- dire d'instruire et de satisfaire 1'esprit. En dehors des villes, dont les communautes, plus ou moins emancipees, avaient une existence reelle, la seule subdivision de la province qui vecut de sa vie propre etait la terre ou la seigneu- rie, veritable molecule elementaire de la societe, dans son orga nisation feodale. Au point de vue historique, c'est done cette unite qui devrait servir de base a un dictionnaire de province. Le pere du Paz avait parfaitement compris cette verite, quand il a ecrit, non pas un recueil de genealogies, comme le titre general de son ouvrage le dit mal a propos, mais bien l'histoire de plusieurs grands fiefs de Bretagne; car les genealogies pures ou les filiations ne sont employees dans son livre que comme _ 7 — accessoires et pour rendre raison de la transmission des terres qui sont l'objet principal de son travail. Le plan de cet ouvrage etait excellent, et chaque fois qu'on le consulte, on regrette que ce judicieuxdominicain n'ait point eu de successeurs pour nous donner l'histoire de tous les grands fiefs de la Bretagne sur le plan qu'il avail si heureusement inaugure. Un dictionnaire des terres, qui aspire a etre complet, sans avoir la pretention d'atteindre ce but, doit se renfermer dans des limites infiniment plus resserrees qu'un recueil d'articles choisis arbitrairement el toujours peunombreux. L'auleur, pour rester dans une juste mesure, doit considerer que la chose qu'il imporlesurtout de connattre pour toutes les terres, c'est la suc^- cession des families qui les ont possedees; les epoques et les moyens des changements de mains. La se borne reellement l'his toire de la plupart d'entre elles, et la tache de l'auteur qui en traite dans leur ensemble ne va pas plus loin. La matiere, ainsi reduite a sa plus simple expression, n'en conserve pas moins un grand interet, soil qu'on la considere inlrinseque- ment,soitqu'on 1'envisagedans les applications qu'on en peutfaire. Pour justifier la premiere assertion, il suffit de remarquer la curiositeavec laquelle la plupart des proprielaires recherchent par quellesmains ont passe les terres qu'ils possedent, et comment elles Font successivement arrivees jusqu'a eux. Tout homme s'identifie naturellement avec laterre qui l'a nourri, et, pour peu qu'il pense^ son interet ne se borne pas a sa propriete; il s'etend encore aux terres de son voisinage. On peut dire avec verile que c'est bien la ce qui constitue reellement l'histoire de la paroisse, car c'est cette connaissance qui donne la vie a chaque manojr, a chaque ruine, a chaque lieu dont les ruines memes ont disparu- Sous le rapport des applications, nous remarquerons que la connaissance des proprietaires des terres est indispensable pour avoirTintelligence complete de l'histoire, par suite de l'usage _ 8 — vicieux ou elle est de ne designer quanlite d'individus que par Ienom seul de leur terre. Faute de cette connaissance, on ne reconnait pas les personnages qu'elle met en scene, et Ton s'expose a commettre les plus grossieres bevues. « C'est un vilain usaige, dit Montaigne (Essais, livre ler, » chap, XLVI) et de tres-mauvaise consequence en noslre » France, d'appeler chascun par le nom de sa terre et seigneu- » rie et la chose du monde qui fait le plus mesler et mesco- » gnoistre les races. » Or, la science des races ou des genealo gies est absolument necessaire pour bien comprendre l'histoire pendant toute la duree du regime feodal, ou 1'individualite ne parvenait jamais, quelque prononcee qu'elle fut, a s'isoler de son entourage; en sorte qu'il faut compter noh-seulement avec la personne, mais encore avec tout ce qui lui appartient. Bien peu de gens sont en etat de reconnaitre immediatement a quelle fa- mille appartenait le seigneur de tel fief a une epoque donnee, memeparmi les plus grands fiefs; cette connaissance n'a jamais etele partage que de quelques organisations privilegi6es; un aide- memoire en ce genre est done un livre generalement necessaire. Des qu'il s'agit de retrouver le nom patronymique d'un indi- vidu, au moyen du nom de terre sous lequel il est designe, il est clair que 1'ordre alphabetique est celui dans lequel les terres doivent etre rangees pour la facilite des recherches. Cette appli cation n'est pas d'ailleurs la seule a laquelle cet ordre convienne le mieux; il satisfait encore au desir que Ton eprouve en maintes circonstances d'avoir quelques renseignements sur une terre qui est nommee sans que sa position soit assignee. II ne suffit pas de savoir que telle personne possedait une terre de tel nom; il faut encore pouvoir dire au juste ou cette terre etait situee, un personnage est beaucoup mieux connu quand on l'a ainsi localise. Ce n'est pas la une exigence nouvelle que nous faisons surgir, nous ne faisons que constater l'existence d'un sentiment fort — 9 — repandu; si les biographes attachent un grand prix a fixer posi- tivement le lieu ou le hasard a fait naitre le personnage dont ils 6crivent la vie, il est plus interessant sans doute de connattre celui ou son existence s'est ecoulee, celui auquel ses inter&s les plus directs etaient attaches. L'histoire des terres est un flambeau qui eclaire les recherches locales; alors m6me qu'elle est encore incomplete, ellene laisse pas que de fournir aux archeologues de nombreux jalons pour les guider dans leurs investigations; le nom seul d'un seigneur est souvent pour eux une indication feconde, aussi cette histoire a-t-elle toujours ete regardee comme l'une des parties essentiel- les d'un Dictionnaire de province ou de departement. Si done, Ogee j Girault de Saint-Fargeau ou autres, qui se sont occupes de ce sujet, avaient traite convenablement cette partie, il serait superflu sans doule de la remanier en se bornant a intervertir l'ordre qu'ils ont suivi; il suffirait d'ajouter a leurs livres une table alphabeliquedes terres avec renvoi aux paroissesou il en est parle. Mais sous ce rapport, comme sous beaucoup d'autres, le Dictionnaire de Brelagne laisse infinimenk-a desirer; les omis sions, les assertions fausses^^hasardeejf^le defaut absolu de recherches y frappent tous les yeux attentifs; c'est un livre tres superficiel.Ce Dictionnaire, s'il avait ete bien execute, aurait ete un monument d'un grand prix: un digne el utile supplement a l'histoire des Benedictins.