Le Jeudi 29 Septembre 1994
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VOLUME 133 NUMÉRO 100 1ère SESSION 35e LÉGISLATURE Le jeudi 29 septembre 1994 Présidence de l’honorable Gilbert Parent CHAMBRE DES COMMUNES Le jeudi 29 septembre 1994 La séance est ouverte à 10 heures. communication tout en respectant les opinions de chacun, que ce soit sur le plan politique, culturel ou religieux. En ce qui concer- _______________ ne le Saint–Siège, parmi les pays occidentaux, c’est le Canada qui pouvait communiquer le plus ouvertement avec le Saint–Siè- Prière ge comme avec d’autres pays. Ce genre d’internationalisme est d’ailleurs à l’origine d’une réputation dont le Canada est très _______________ fier. En tant que participant, j’ai trouvé très enrichissant de consta- AFFAIRES COURANTES ter le degré de consensus obtenu sur des questions délicates et controversées qui sont au coeur même de la condition humaine. [Traduction] [Français] LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA La conférence a réuni plus de 180 délégations des réunions les POPULATION plus lointaines représentant divers systèmes politiques, cultures L’hon. Sergio Marchi (ministre de la Citoyenneté et de et religions. Elles ont convenu d’un vaste plan d’action. l’Immigration): Madame la Présidente, je suis heureux ce matin [Traduction] de faire rapport à la Chambre des travaux de la Conférence internationale sur la population et le développement, qui a eu Il s’agit d’un véritable programme international qui devrait lieu au Caire, plus tôt ce mois–ci, et où j’ai eu le privilège de favoriser les progrès tant du point de vue démographique que du diriger la délégation canadienne. point de vue du développement. Ce plan intègre les solutions À titre de chef de la délégation, je tiens d’abord à transmettre axées sur la démographie et le développement qui ont été mises les remerciements sincères du gouvernement canadien aux négo- de l’avant dans le passé. Dans les années 70, à Bucarest, on misait ciateurs très compétents qui, au nom du Canada, ont dirigé les sur le développement. On voyait là la solution miracle aux travaux menant au plan d’action. Ce groupe de fonctionnaires problèmes des populations et des nations consommatrices. Pour- dévoués a servi notre pays avec distinction. tant, cela n’a pas marché. Je mentionne également le travail des nombreux fonctionnai- Dans les années 80, on préconisait des interventions axées sur res qui ont consacré leurs journées complètes aux discussions. la démographie. Des chiffres tout à fait arbitraires étaient lancés Nous oublions souvent que ces gens travaillent pendant plusieurs et probablement imposés aux peuples et aux nations du globe. jours avant une conférence et parfois à la conférence même, alors Cela non plus n’a pas fonctionné. que ce sont les chefs d’État ou les chefs de délégation qui sont mis en valeur ou qui reçoivent le crédit, en cas de succès, ou le Dans les années 90, au Caire, la convergence s’est faite entre la blâme lorsque les choses ne se déroulent pas comme prévu. Il est planification familiale et le développement, à la fois pour le bien important qu’ils sachent que tous, nous apprécions les services de l’individu et celui de la nation. Je crois que c’est en agissant qu’ils ont rendus à la population en notre nom. sur les deux fronts à la fois que nous pourrons régler beaucoup des problèmes auxquels est confrontée la communauté interna- Je tiens ensuite à souligner que le Canada n’a pas seulement tionale. joué un rôle utile auprès des nombreux pays réunis au Caire, mais il a aussi été un excellent facilitateur. Le Canada a établi des Au Caire, on a aussi reconnu le rôle déterminant des femmes ponts entre différents pays qui défendaient des opinions diver- dans l’atteinte des objectifs sociaux et économiques. Dans notre gentes et qui, bien sûr, avaient de sérieuses réticences concernant discours officiel, nous avons repris les paroles du mahatma certains aspects de la première version du plan d’action. Gandhi qui a dit un jour: «Lorsque vous éduquez un homme, vous (1005) éduquez un individu; lorsque vous éduquez une femme, vous éduquez toute une communauté, toute une famille.» Je crois qu’il Le Canada n’a cherché ni à se faire remarquer ni à occuper la y a beaucoup de vrai dans ces paroles. Certaines personnes scène chaque jour, mais il a beaucoup travaillé en coulisses pour s’inquiètent lorsque nous parlons de donner du pouvoir aux tenter d’établir des rapports et maintenir ouvertes des voies de femmes. 6295 DÉBATS DES COMMUNES 29 septembre 1994 Affaires courantes Donner du pouvoir aux femmes veut aussi dire donner du aussi les avantages de l’immigration. Nous avons également été pouvoir à la famille. Dans bien des familles, la femme est le pivot en mesure de faire ressortir l’un de ces aspects positifs. central, l’ancre qui empêche les dérives. Donc, si nous élargis- sons le rôle de la femme, ses possibilités et ses droits, nous Malgré les difficultés et les défis auxquels nous faisons encore renforçons toute la famille dont elle est bien souvent responsa- face, nous étions également disposés à admettre que l’immigra- ble. tion avait contribué à bâtir un pays appelé Canada. C’est une chose dont les représentants internationaux—tant les ONG que Les gouvernements se sont entendus pour ne pas se contenter les gouvernements—n’avaient pas suffisamment entendu parler, de discours, mais pour agir, pour prendre des mesures suscepti- car on se contente souvent de parler des problèmes plutôt que des bles de réduire le taux de mortalité des mères et des enfants, pour avantages également. donner aux filles le même accès à l’éducation qu’aux garçons, Les délégués ont également insisté sur le besoin de coopéra- pour apporter plus d’attention aux besoins des adolescents en tion internationale accrue pour faire face aux défis auxquels les hygiène de la reproduction et pour améliorer l’accès aux services tendances actuelles de l’immigration nous confrontent tous. de santé de base. Nous avons parlé de prévention, de protection et enfin d’intégra- Au moment de prendre des engagements, les citoyens de la tion de ces immigrants. planète sont parvenus à un degré de consensus encore jamais [Français] atteint lors de précédentes conférences sur la population. Je sais qu’avant l’ouverture de la conférence du Caire, plusieurs élé- Le plan d’action du Caire sur l’immigration internationale est ments de l’ébauche de plan d’action ont suscité une grande le premier du genre à recevoir l’approbation d’un aussi grand controverse. Les médias ont mis l’accent sur ces éléments, mais nombre de nations. nous oublions que dans un monde aussi complexe que le nôtre, ce document recueillait un appui de 90 p. 100 avant même le début [Traduction] de la conférence. Ce plan servira maintenant de tremplin pour accomplir d’au- Pourquoi l’appui de 90 p. 100 des partis serait–il mauvais? Si tres progrès au niveau politique international et au niveau des j’avais obtenu des notes de 90 p. 100 au collège ou à l’université, activités de tous les jours. La conférence du Caire a donné au je serais devenu un spécialiste de l’aérospatiale. Si l’un des Canada un outil approprié et pratique pour faire avancer son partis avait gagné 90 p. 100 de l’appui populaire lors des derniè- programme en matière d’immigration internationale. res élections fédérales, il ferait figure de champion. Il nous faut davantage d’ententes bilatérales, nous avons da- vantage besoin d’un programme établi entre les différents pays (1010) pour régler d’une façon compétente ce problème de déplacement d’êtres humains. Un pays ne peut pas y réussir tout seul. On ne Comment se fait–il que l’on considère comme quelque chose devrait pas s’attendre à ce que le Canada y arrive tout seul. Aucun de négatif ou même comme un échec le fait que les représentants pays n’a la solution à ce genre de dilemme. d’un monde aussi hétérogène s’entendent sur 90 p. 100 d’un document? C’est peut–être parce qu’il reste 10 verges à franchir Si nous adoptons des programmes, si plus de pays entrouvrent et que ce sont les plus difficiles. leurs portes, cela rendra la vie non seulement plus facile et plus supportable pour les gens en quête d’un pays d’accueil, cela Il y avait dans le plan d’action plus d’éléments qui unissaient rendra également la vie plus facile et plus supportable pour les ce monde qu’il y en avait qui le divisaient. Un des résultats les pays qui ont fait leur part. plus remarquables de la conférence, c’est que les délégués ont adopté une nouvelle manière d’envisager les problèmes démo- Personne n’est responsable de tout le problème. Chacun d’en- graphiques. Au lieu de se préoccuper uniquement des objectifs tre nous en est responsable en partie. Une tâche intimidante démographiques—rien que les chiffres—ils ont sensiblement attendait les membres de la communauté mondiale qui se sont élargi leur champ de vision. Ils reconnaissent que le développe- réunis au Caire. Beaucoup prédisaient que la conférence allait ment social et économique est essentiel pour établir un équilibre sombrer dans la discorde et la confusion. Nous leur avons donné entre le nombre des habitants de la planète et leurs besoins tort en démontrant qu’il existait un consensus dans la commu- fondamentaux, qu’il s’agisse de la nourriture, du logement ou nauté mondiale et une détermination non seulement à nous atta- des autres nécessités de la vie. quer réellement aux problèmes mondiaux, mais à le faire ensem- ble.