LOUIS xiv les musiques du roi-soleil

collection CHâTEAU DE versailles menu

CD 1 tracklist CD 2 tracklist CD 3 tracklist un règne tout en musique de laurent brunner français / english le roi est mort français / english

Textes chantés / Sung texts CD 1 CD 2 CD 3 3 CD1 MARC-ANTOINE CHARPENTIER (1643-1704) TE DEUM h.146

1 Prélude 1’20 2 Te deum laudamus 1’01 3 Te æTernum PaTrem 4’08 4 Te Per orbem Terrarum 4’15 5 Tu devicTo morTis aculeo 1’12 6 Te ergo quæsumus, famulis Tuis subveni 2’13 7 æTerna fac cum sancTis Tuis 2’15 8 dignare domine | fiaT misericordia 3’59 9 in Te, domine sPeravi 2’12 menu

JEAN-BAPTISTE LULLY (1632-1687) TE DEUM lwv.55

1 Prélude 1’20 10 Te deum laudamus 2’57 2 Te deum laudamus 1’01 11 Tibi omnes angeli 1’15 3 Te æTernum PaTrem 4’08 12 Pleni sunT cæli eT Terra 3’18 4 Te Per orbem Terrarum 4’15 13 PaTrem immensæ majesTaTis 3’52 5 Tu devicTo morTis aculeo 1’12 14 Tu rex gloriæ, chrisTe 2’59 6 Te ergo quæsumus, famulis Tuis subveni 2’13 15 Tu ad dexTeram dei sedes 1’15 7 æTerna fac cum sancTis Tuis 2’15 16 Te ergo quæsumus, famulis Tuis subveni 3’30 8 dignare domine | fiaT misericordia 3’59 17 salvum fac PoPulum Tuum, domine 4’45 9 in Te, domine sPeravi 2’12 18 dignare domine die isTo 6’47 19 in Te domine sPeravi 2’04

ToTal Time: 55’17 LE POÈME HARMONIQUE VINCENT DUMESTRE conductor

soloists AMEL BRAHIM-DjELLOUL dessus AURORE BUCHER dessus REINOUD VAN MECHELEN haute-contre jEffREY THOMPSON taille BENOîT ARNOULD bass chorus CAPELLA CRACOVIENSIS jAN TOMASz ADAMUS conductor

MICHALINA BIENkIEwICz, ILONA fIjAł-zAjAC, jOLANTA kOwALSkA, MAgDALENA łUkAwSkA, SYLwIA OLSzYNS´ kA, ANTONINA RUDA, kATARzYNA wAjRAk dessus ANNA BOBER, łUkASz DULEwICz, DOROTA DwOjAk-TLAłkA, kATARzYNA fREIwALD, HELENA POCzYkOwSkA*, MAgDA NIEDBAłA haute-contre MACIEj gOCMAN*, SzCzEPAN kOSIOR, kAROL kUSz, kRzYSzTOf MROzINS´ kI, MARIUSz SOLARz, PIOTR SzEwCzYk tenor DAwID CHwISTEk, MAREk OPASkA, PIOTR kUMON, SEBASTIAN SzUMSkI*, PIOTR zAwISTOwSkI basse-taille · PIOTR BRAjNER, MICHAł DEMBINS´ kI, wOjCIECH góRA, RAfAł ŻzUR bass

*soloists in the petit chœur in lully’s te deum orchestra gILONE gAUBERT-jACQUES, LEONOR DE RECONDO, YUkI kOIkE, BéNéDICTE PERNET, SHIHO ONO, CATHERINE AMBACH, fIONA POUPARD dessus de violon jORLEN VEgA, jUSTIN gLORIEUx, SAMANTHA MONTgOMERY haute-contre de violon fRANçOISE ROjAT, ALAIN PégEOT, jOAN HERRERO taille de violon LUCAS PERES**, MATHILDE VIALLE viola da gamba THOMAS DE PIERREfEU**, TORMOD DALEN, MARjOLAINE CAMBON, PAULINE BUET basse de violon BéATRICE DELPIERRE, SOPHIE REBREYEND recorder, oboe MéLANIE fLAHAUT, STéPHANE TAMBY, kRYSzTOf LEwANDOwSkI recorder, bassoon jEAN-fRANçOIS MADEUf, jOëL LAHENS trumpet fRANçOIS gARNIER timpani fRéDéRIC RIVOAL** organ

**continuo

ANDRzEj zAwISzA rehearsal conductor for chorus MAROUAN MANkAR-BENNIS musical assistant

Le Poème Harmonique receives support from the Ministère de la Culture (DRAC Haute-Normandie), the Région Haute-Normandie and the Ville de . Mécénat Musical Société Générale is the principal patron of Le Poème Harmonique. Le Poème Harmonique is in residence at the Opéra de Rouen Haute-Normandie. For its rehearsals, Le Poème Harmonique is in residence at the Fondation Singer-Polignac. For its rehearsals, Le Poème Harmonique is in residence at the Fondation Singer-Polignac. menu

CD2 HENRy DU MONT (1610-1684) gRANDS MOTETS fOR THE CHAPEL Of LOUIS xIV AT THE LOuVRE

1 allemande 2’09 2 suPer flumina babylonis (Psalm cxxxvi) 11’28 3 allemande 2’42 4 dialogus de anima 19’03 5 allemande 3’03 6 ecce isTe veniT 10’29 7 Pavane 4’43 8 benedic anima mea (Psalm cii) 15’24 9 allemande grave 2’48

ToTal Time: 71'49 ENSEMBLE PIERRE ROBERT FRÉDÉRIC DESENCLOS organ, conductor

1 allemande 2’09 CHRISTINE-MARIA REMBECk soprano 2 suPer flumina babylonis (Psalm cxxxvi) 11’28 MARCEL BEEkMAN haute-contre 3 allemande 2’42 ROBERT gETCHELL taille 4 dialogus de anima 19’03 ROBBERT MUUSE basse-taille 5 allemande 3’03 MARC LABONNETTE bass 6 ecce isTe veniT 10’29 STEPHAN DUDERMEL, YANNIS ROgER violin 7 Pavane 4’43 EMILIA gLIOzzI cello 8 benedic anima mea (Psalm cii) 15’24 BENjAMIN PERROT theorbo 9 allemande grave 2’48 ALExANDRE SALLES bassoon

Works restored and edited by the Centre de Musique Baroque de Versailles: [1, 3, 5, 7, 9] Cahiers-32, 1993; [2] Carnet de laboratoire 1, 2005; [4] CMBV002, 1992; [6] Carnet de laboratoire 2, 2005; [8] CMBV027, 1998 CD3 VERSAILLES, L’îLE ENCHANTéE

DIVERTISSEMENT I jean-baPTisTe lu lly ( 1632-1687) 1 ouverTure | Psyché (Prologue) 2’23

DIVERTISSEMENT II jean henry dangleberT (1628-1691) 2 Prélude in g minor 1’34

michel lamberT (1610-1696) 3 vos méPris chaque jour 3’20

jacques chamPion de chambonnières (c.1601-c.1672) 4 sarabande in g 2’13

jean-baPTisTe lu lly 5 marche Pour la cérémonie des Turcs | 1’18

DIVERTISSEMENT III jean henry dangleberT 6 Prélude in g 2’03

michel lamberT 7 ombre de mon amanT 5’37

jean-baPTisTe lully | jean henry dangleberT 8 Passacaille for Two harPsichords | 3’54

gasPard le roux (?-c.1707) 9 gigue in g for Two harPsichords 1’00

jean-baPTisTe lu lly 10 rePrise de la marche Pour la cérémonie des Turcs | Le Bourgeois gentiLhomme 1’30 menu

DIVERTISSEMENT I DIVERTISSEMENT IV jean-baPTisTe lu lly ( 1632-1687) andré camPra (1660-1744) 1 ouverTure | Psyché (Prologue) 2’23 11 sommeil | L’ euroPe gALAnte 5’41

DIVERTISSEMENT II DIVERTISSEMENT V jean henry dangleberT (1628-1691) louis couPerin (1626-1661) 2 Prélude in g minor 1’34 12 Prélude in c 2’59 13 Passacaille in c 5’09 michel lamberT (1610-1696) 3 vos méPris chaque jour 3’20 DIVERTISSEMENT VI jacques chamPion de chambonnières jacques chamPion de chambonnières (c.1601-c.1672) 14 Paschalia for Two harPsichords 1’35 4 sarabande in g 2’13 andré camPra jean-baPTisTe lu lly 15 mes yeux | L’ euroPe gALAnte 4’17 5 marche Pour la cérémonie des Turcs | françois couPerin (1668-1733) Le Bourgeois gentiLhomme 1’18 16 allemande for Two harPsichords 4’31

DIVERTISSEMENT III DIVERTISSEMENT VII jean henry dangleberT marin marais (1656-1728) 6 Prélude in g 2’03 17 les voix humaines 4’09 jean henry dangleberT michel lamberT 18 Prélude in d minor 4’07 7 ombre de mon amanT 5’37 marin marais jean-baPTisTe lully | jean henry dangleberT 19 sarabande in d minor 3’22 8 Passacaille for Two harPsichords | Armide 3’54 DIVERTISSEMENT VIII gasPard le roux (?-c.1707) jean-baPTisTe lu lly 9 gigue in g for Two harPsichords 1’00 20 quels sPecTacles charmanTs | Le Bourgeois gentiLhomme 1’17 jean-baPTisTe lu lly 21 chaconne | AmAdis 6’44 10 rePrise de la marche Pour la cérémonie des Turcs | Le Bourgeois gentiLhomme 1’30 ToTal Time: 68'43 CAPRICCIO STRAVAgANTE ORCHESTRA SKIP SEMPé harpsichord and conductor

gUILLEMETTE LAURENS* mezzo-soprano [3, 7, 15] fLORIAN DEUTER, YANNIS ROgER, DAVID PLANTIER, RUTH wEBER, MICHELLE SAUVé, MARTHA MOORE, NADINE DAVIN, CAROLINE HOwALD, EMMANUELLE gUIgUES dessus, haute-contre, taille, quinte de violon jAY BERNfELD* [solo 17, 19], ARIANE MAURETTE* [solo 19], PASCALE jAUPART, DAMIEN LAU NAY, MICHELE zEOLI string bass CLéMENTINE HUMEAU, jASU MOISIO [solo 11] oboe SERgE SAITTA*, jULIEN MARTIN*, MARINE SABLONNIÈRE, ARIANE MAURETTE, CAROLINE HOwALD flute, recorder RADAMES PAz theorbo, guitar SkIP SEMPé*, OLIVIER fORTIN*, SéBASTIEN D’HéRIN harpsichord MICHÈLE CLAUDE percussion SANDRINE RONDOT soprano jOSé CANALES tenor RENAUD DELAIgUE bass * capriccio stravagante

Harpsichords by Bruce Kennedy 1985 (Skip Sempé), Martin Skowroneck 1963 (Olivier Fortin), Reinhard von Nagel 2001 (Sébastien d’Hérin) | Temperament and tuning: Karoly Mostis, Jean-François Brun

menu UN RÈgNE TOUT EN MUSIQUE

Plus que tout autre souverain de son temps, Louis XIV (1638-1715) a aimé les arts et les a portés à un développement exceptionnel. Toutes les disciplines firent l’objet de l’attention royale, tant par les moyens considérables que le monarque leur consacra que par la structuration de chacun des « Beaux Arts » en académie. Le résultat fut une fantastique moisson de chefs-d’œuvre, une période unique de travail commun entre la plupart des disciplines sur des projets phares et un retentissement international sans précédent. La France artistique de Louis xiv donnait le ton à l’Europe tout entière. répertoire sacré à la chapelle royale Sous le règne du « Plus Grand Roi du Monde », la musique sacrée royale se composait de trois formes essentielles : le grand motet (spécificité de la cour de France), le petit motet et les pièces d’orgue alternant avec le plain-chant. Le mélange des trois constituait la messe du roi, quotidiennement, mais aussi le corpus de toutes les cérémonies religieuses de prestige des principales églises comme Notre-Dame de ou la Sainte-Chapelle, qui entretenaient des formations musicales de haut niveau. La musique sacrée à Versailles alternait également « l’ordinaire » (l’office quotidien du roi) et « l’extraordinaire », comme l’interprétation d’un Te Deum pour une occasion particulière. La célèbre « pompe » versaillaise, illustrée ici par les glorieux Te Deum de Lully et de Charpentier réunissant solistes, grand chœur, orchestre, trompettes et timbales, était parfaitement contemporaine d’œuvres d’une exceptionnelle intimité, dans lesquelles la piété de la France baroque se voit sous son visage le plus humain.

14 FRANç A is

La construction de la chapelle royale « définitive » de Versailles, conçue par Hardouin-Mansart, ne s’acheva qu’en 1710, inaugurant le magnifique orgue Clicquot-Tribuot qui en est aujourd’hui encore le plus bel ornement, avec la somptueuse voûte peinte par Coypel, La Fosse et Jouvenet. Les musiciens prenaient place en galerie haute autour de l’instrument, notamment le chœur sur les bancs incurvés, disposés en gradins, qui sont toujours en place. À l’autre extrémité de la chapelle, sur la tribune royale, le roi écoutait l’office constitué d’une messe basse chuchotée par l’officiant devant l’autel situé en partie basse de la nef, alors que resplendissait à la galerie la Musique du Roi. Celle-ci interprétait en général un grand motet, puis un petit motet pour l’Élévation et terminait par le Domine salvum fac Regem (Dieu sauve le roi), qui était en quelque sorte l’hymne royal. Michel Richard de Lalande fut le principal compositeur de musique sacrée sous le règne de Louis XiV, mais son prédécesseur Henri Du Mont avait mis en place les structures du petit comme du grand motet, propres à la musique française. Ses œuvres produites au début du règne furent exécutées essentiellement au Louvre mais également dans les autres résidences royales : la Musique de la Chapelle suivait le roi dans ses déplacements, et Saint-Germain-en-Laye comme Fontainebleau recevaient les fastes de ces offices royaux. Après Du Mont, Lully, Lalande et Charpentier produisirent des chefs-d’œuvre dans le domaine sacré. Grâce à l’édition de très nombreuses partitions, ces musiques furent diffusées dans les provinces françaises, où elles résonnaient dans les cathédrales, mais parvinrent aussi dans toute l’Europe, influençant les compositeurs allemands et anglais notamment. Les grands motets de la cour résonnèrent ensuite au Concert Spirituel, créé à Paris en

15 1725, jusqu’à la fin de la monarchie : on y reprit régulièrement durant tout le xViiie siècle ceux qui avaient conquis le public, mêlant ceux de l’époque de Louis XiV avec les plus récents. La diffusion de la musique sacrée de la cour de Louis XiV fut donc extraordinaire pour son temps et revit aujourd’hui par les nombreux concerts donnés par Château de Versailles Spectacles dans la chapelle royale. diVertissements de cour et opéra Les musiques de divertissement de la cour de France connurent avec le règne de Louis XiV une apogée reconnue de toute l’Europe. Dès le début de la construction du « grand » château de Versailles voulu par le jeune souverain, Louis XiV y donna des fêtes somptueuses dans les jardins, celle des Plaisirs de l’Île enchantée de 1664 restant la plus mémorable. Les styles anciens, principalement l’air de cour et le ballet de cour, furent transfigurés par l’invention de la tragédie lyrique, dont Lully fut le génial initiateur. En quelques décennies, les talents conjugués de Molière avec Lully et Charpentier pour les comédies-ballets (la Marche des Turcs du Bourgeois gentilhomme est restée célèbre jusqu’à nos jours) tout comme le brillant duo de Quinault et Lully pour les tragédies lyriques créèrent des styles nouveaux qui devaient marquer la musique française pour un siècle et influencer toute la musique européenne. La déclamation du texte en musique doit évidemment beaucoup aux poètes car la voix devait prédominer durant le règne de Louis Le Grand, celle de l’opéra comme celle des airs intimistes, et même dans les œuvres instrumentales. Lully a conquis en peu de temps le cœur du roi puis celui du public avec ses œuvres dramatiques qui firent pleurer la cour et le souverain. Après avoir développé avec Molière la comédie-ballet, dont Le Bourgeois gentilhomme est le chef-d’œuvre, il inventa la tragédie lyrique, forme d’opéra qui est le parfait miroir de la splendeur versaillaise, avec des œuvres fortes qui devaient marquer le répertoire de l’Académie royale de musique jusqu’à la réforme de Gluck sous le règne de Louis xVi… Phaéton, Amadis, Armide enfin démontrent le génie d’un compositeur qui a su mêler les styles italien et français pour imposer un nouveau genre. Les parties d’orchestre y sont développées avec une

16 menu FRANç A is ampleur inconnue jusqu’alors, créant un véritable univers symphonique qui leur valut souvent d’être interprétées sous forme de suite. L’ouverture devint un morceau de bravoure, avec son rythme ample et glorieux : elle s’imposa vite à de nombreux musiciens européens. La chaconne ou la passacaille, pièces reposant sur la répétition cyclique, devinrent des morceaux emblématiques dans chaque tragédie lyrique. Les airs solistes y sont peu nombreux mais c’est une déclamation permanente qui s’installe, faisant avancer l’action au cœur de la musique, avec un rôle important donné au chœur. À la cour, même du temps de Louis XiV, aucun lieu n’existait à Versailles pour représenter l’opéra avec tous les moyens nécessaires : l’Opéra royal ne vit le jour qu’en 1770… On jouait donc à Paris, et pour Versailles ce furent souvent des extraits interprétés dans des salons, par actes complets. Une petite salle équipée de machines fut cependant aménagée dans l’aile sud pour un public limité à moins de deux cents personnes. Pour les grandes occasions, on utilisait la cour de marbre (, Persée) ou bien l’on montait des théâtres temporaires à Versailles, pour les mariages princiers notamment. La musique profane était surtout entendue en petit comité, et cela commençait par les instruments seuls. C’est l’âge d’or du clavecin, avec des maîtres d’exception comme Louis et François Couperin. C’est également l’apogée de la musique pour viole de gambe, incarnée par le génie de Marin Marais. Les princes et princesses pratiquaient ces instruments avec les meilleurs musiciens du royaume et faisaient donner des concerts dans leurs appartements, où les airs de cour et d’opéra permettaient d’entendre la quintessence de l’art vocal à la française. Les splendeurs de la musique de la cour de Louis XiV revivent aujourd’hui par les nombreux concerts donnés par Château de Versailles Spectacles dans l’Opéra royal, le salon d’Hercule ou la galerie des Glaces.

Laurent Brunner Directeur de Château de Versailles Spectacles

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menu LE ROI EST MORT

Après une semaine de lente agonie, Louis xiv s’éteint à versailles, le 1er septembre 1715 à 8 heures 15 du matin, peu avant son soixante-dix-septième anniversaire. Un règne de soixante- douze ans s’achève, le plus long de l’histoire de France.

Digne d’une tragédie de Racine, la mort de Louis xiv commence le 10 août 1715. À son retour de chasse de Marly, le roi ressent une vive douleur à la jambe. Son médecin Fagon diagnostique une sciatique. il ne variera pas de position. Mais des taches noires apparaissent bientôt : il s’agit d’une gangrène sénile. Malgré les douleurs atroces, le roi vaque à ses occupations habituelles sans bron- cher. il entend assumer ses fonctions jusqu’au bout. Le vieux chêne semble indéracinable et force l’admiration de chacun. Mais le 25 août, jour de sa fête, il doit s’aliter. il ne quittera désormais plus la chambre. La gangrène fait davantage son effet : elle atteint l’os, le 26. Les médecins se sentent désarmés. Le roi reçoit le jour même son arrière-petit-fils, âgé de cinq ans, le futur Louis xV, pour lui prodiguer ses conseils. il lui recommande de soulager son peuple et d’éviter autant que possible de faire la guerre : « C’est la ruine des peuples ! » Conscient d’avoir péché sur ce point, il lui demande de rester un « prince pacifique ». Mais la mort se fait plus longue que prévue. Le roi fait ses adieux à Mme de Maintenon à trois reprises, et à deux reprises à la Cour. On autorise Brun, un Provençal, à approcher le lit royal le 29 août. il prétend avoir un remède miracle. Le fait est que le roi se sent mieux. Mais le mal est là, toujours plus profond. Louis xiv tombe finalement dans un semi-coma les 30 et 31. il meurt le 1er septembre au matin. Son corps est exposé pendant huit jours dans le salon de Mercure. il est transporté le 9 à Saint-Denis. Texte extrait du site www.chateauversailles.fr, publié avec l’aimable autorisation de l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles.

menu A REIgN STEEPED IN MUSIC

More than any other sovereign of his time, Louis xiv (1638-1715) loved the arts and developed them to an exceptional degree. Every artistic discipline was subjected to royal attention, reflected in both the considerable resources the monarch devoted to them and the organisation of each of the ‘fine arts’ into an academy. The result was a fantastic harvest of masterpieces, a unique era of common endeavours combining most branches of the arts in flagship projects, which had an unprecedented international impact. Under Louis xiv, the artistic achievements of France set the tone for the whole of Europe. sacred repertory at the chapelle royale During the reign of the ‘Greatest King in the World’, royal sacred music took three essential forms: the grand motet (a specificity of the court of France), the petit motet, and organ pieces alternating with plainchant. The combination of these three elements went to make up the King’s Mass, celebrated daily, but also the central corpus of all the prestigious ceremonies held in the principal churches of the kingdom, such as Notre Dame and the Sainte Chapelle in Paris, which maintained musical establishments of a high standard. Sacred music at Versailles also alternated between ‘l’ordinaire’ (the daily service for the king) and ‘l’extraordinaire’, which might be a performance of a Te Deum for a special occasion. The celebrated ‘pomp’ of Versailles, illustrated here by the glorious Te Deum settings of Lully and of Charpentier for soloists, large chorus, and orchestra including trumpets and kettledrums, coexisted at precisely the same period with works of exceptional intimacy, in which the piety of Baroque France is seen in its most human light. The construction of the ‘final’ royal chapel at Versailles, designed by Hardouin-Mansart, was completed only in 1710, with the inauguration of the magnificent Clicquot-Tribuot organ which today

20 is still its finest adornment, along with the sumptuous ceiling painted by Coypel, La Fosse and e N glish Jouvenet. The musicians were placed in a high gallery around the instrument, notably the , which sat on the curved terraced benches that can still be seen today. At the other extremity of the chapel, in the tribune royale, the king listened to the daily service, which consisted of a Low Mass spoken quietly by the celebrant before the altar situated in the lower part of the nave, while the ‘Musique du Roi’ rang out resplendently from the gallery. The musicians generally performed a grand motet, followed by a petit motet for the Elevation, and ended with the Domine salvum fac Regem (God save the King), which was, so to speak, the royal hymn.

Michel Richard de Lalande was the principal composer of sacred music in the reign of Louis xiV, but it was his predecessor, Henri Du Mont, who had laid down the structures of the petit motet and grand motet, both specific to French music. The works he produced at the beginning of the reign were sung for the most part at the Louvre, but also in the other royal residences: the Musique de la Chapelle followed the king on his progresses, and Saint-Germain-en-Laye and Fontainebleau, among others, heard the splendours of these royal services. After Du Mont, Lully, Lalande and Charpentier all produced masterpieces in the sacred domain. Thanks to the publication of scores on a large scale, these works were diffused in the French provinces, where they were given in the cathedrals, but also reached the rest of Europe, influencing German and English composers especially. The grands motets of the court were subsequently heard at the Concert Spirituel, founded in Paris in 1725, right to the end of the monarchy: throughout the eighteenth century there were regular revivals of those motets which had pleased audiences, with works from the time of Louis xiV mingling with more recent examples of the genre. Thus the dissemination of the sacred music of Louis xiV’s court

21 was quite extraordinary for its period, and it has been given a new lease of life today by the many concerts organised by Château de Versailles Spectacles in the Chapelle Royale. court and operatic entertainments The entertainment music of the court of France enjoyed with the reign of Louis xiV a peak of achievement acknowledged all over Europe. Right from the start of construction work on the ‘great’ palace Louis desired to see at Versailles, the young sovereign gave sumptuous programmes of festivities in its gardens, with the grand divertissement Les Plaisirs de l’Île enchantée (Pleasures of the enchanted island) of 1664 the most memorable. The older styles, chiefly the air de cour and the ballet de cour, were transfigured by the invention of the tragédie lyrique, of which Lully was the inspired begetter. in the course of a few decades, the combined talents of Molière with Lully and Charpentier in comédies-ballets (the ‘March of the Turks’ from Le Bourgeois Gentilhomme is still famous even today) and the brilliant duo of Quinault and Lully in tragédies lyriques created new styles that were to leave their mark on French music for a century and influence the whole of European music. The musical declamation of the text obviously owes a great deal to the poets of the time, for the voice was destined to be the predominant element during the reign of Louis le Grand, in opera, the more intimate air de cour, and even in instrumental works. Lully swiftly conquered the king’s favour, then that of the public, with his dramatic works that wrung tears from court and sovereign alike. After developing with Molière the comédie-ballet, the masterpiece of which is Le Bourgeois Gentilhomme, he invented the tragédie lyrique, a form of opera that acted as the perfect mirror for the splendour of Versailles, with a series of powerful works that were to remain the mainstay of the repertory of the Académie Royale de Musique (the Paris Opéra) until Gluck’s reforms after the accession of Louis xVi. Phaéton, Amadis and finally Armide proclaim the genius of a composer who succeeded in combining the italian and French

22 menu styles, thereby establishing a new genre. He developed the orchestral parts on a scale previously unknown, creating a veritable symphonic universe, so that the music was frequently played in the form of orchestral suites.

The overture became a bravura showpiece, with its broad, majestic rhythms, and was soon adopted e N glish by numerous composers elsewhere in Europe. The chaconne or passacaille, pieces founded on cyclic repetition, became emblematic numbers in every tragédie lyrique. There were few solo airs, and the action moved forward through a style of permanent declamation, with an important role assigned to the chorus. in the time of Louis xiV, there was no dedicated venue at Versailles for performing opera with all the necessary resources: the Opéra Royal opened only in 1770. Hence full-scale operas were generally given in Paris, and Versailles often heard only excerpts or complete acts performed in the salons. Nevertheless, a small auditorium equipped with stage machinery was set up in the south wing for small audiences of less than two hundred spectators. For grand occasions, it was customary to use the Cour de Marbre (Alceste, Persée) or else to erect temporary theatres at Versailles, notably for the marriages of princes of the blood. Secular music was mostly heard in intimate surroundings, notably when it was played by instruments alone. This was the golden age of the harpsichord, with outstanding masters such as Louis and François Couperin, and also marked the peak of the repertory for viola da gamba, embodied in particular by the genius of Marin Marais. The princes and princesses played these instruments with the finest musicians in the kingdom and hosted concerts in their apartments where airs de cour and operatic airs represented the quintessence of vocal art à la française. The splendours of the music of Louis xiV’s court live once more today in the numerous concerts given by Château de Versailles Spectacles in the Opéra Royal, the Salon d’Hercule and the Galerie des Glaces (Hall of Mirrors). Laurent Brunner Director of Château de Versailles Spectacles

23 menu THE kINg IS DEAD

After a week of slow agony, Louis xiv passed away in versailles on 1 September 1715 at 8.15 in the morning, shortly before his seventy-seventh birthday. A reign of seventy-two years ended, the longest in the history of France.

Worthy of a tragedy of Racine, the death of Louis xiV began on 10 August 1715. On his return from hunting in Marly, the king felt a sharp pain in his leg. His doctor Fagon diagnosed sciatica and never budged from this position. But black spots soon began to appear: the sign of senile gangrene. Despite the atrocious pain, the king continued with his usual occupations without flinching. He intended to carry out his functions until the end. The old oak seemed ineradicable and won the admiration of all. But on 25 August, his feast day, he had to take to his bed. He was not to leave his bedchamber. The gangrene then affected his bones the next day. The doctors felt helpless. The king received on the same day his five-year-old great-grandson, the future Louis xV, to give him advice. He recommended him to relieve his people’s suffering and avoid war as far as possible: ‘it is the ruin of peoples!’ Aware of having failed on this point, he asked him to remain a ‘peace-loving prince’. But his death took longer than expected. The king made his adieux to Mme de Maintenon three times and twice to the court. A Provençal named Brun was allowed to approach the royal bed on 29 August: he claimed to have a miraculous cure. in fact, the king did feel better. But the disease was still there and making progress. Louis xiV finally went into a semi-coma lasting the next two days. He died on 1 September in the morning. His body was on view for eight days in the Mercury salon. He was transported to Saint-Denis on 9 September.

By kind permission of the Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles.

24 25 menu Te Deum

Tu ad dexteram Dei sedes, Te Deum laudamus, in gloria Patris. te Dominum confitemur. Iudex crederis esse venturus. Te aeternum Patrem, omnis terra veneratur. Te ergo quaesumus, famulis tuis subveni, Quos pretioso sanguine redemisti Tibi omnes angeli, Aeterna fac cum sanctis tuis tibi caeli et universae potestates, in gloria numerari. tibi cherubim et seraphim, incessabili voce proclamant : Salvum fac populum tuum, Domine, et benedic hereditati tuae. « Sanctus, Sanctus, Sanctus Et rege eos Dominus Deus Sabaoth. et extolle illos usque in aeternum. Pleni sunt caeli et terra Per singulos dies benedicimus te ; maiestatis gloriae tuae. » et laudamus nomen tuum in saeculum, et in saeculum saeculi. Te gloriosus Apostolorum chorus, te prophetarum laudabilis numerus, Dignare Domine die isto te martyrum candidatus laudat exercitus. sine peccato nos custodire. Miserere nostri, Domine, Te per orbem terrarum miserere nostri. sancta confitetur Ecclesia, Patrem immensae majestatis; Fiat misericordia tua, Domine, super nos, venerandum tuum verum et unicum Filium ; quemadmodum speravimus in te. Sanctum quoque Paraclitum Spiritum. In te Domine speravi non confundar in aeternum. Tu rex gloriae, Christe. Tu Patris sempiternus es Filius. Tu, ad liberandum suscepturus hominem, non horruisti Virginis uterum. Tu, devicto mortis aculeo, aperuisti credentibus regna caelorum. A Toi, Dieu, notre louange ! Montre-Toi le défenseur et l’ami Nous t’acclamons : tu es Seigneur ! des hommes sauvés par Ton sang ; A Toi, Père éternel, Prends-les avec tous les saints L’hymne de l’univers. Dans Ta joie et dans Ta lumière.

Devant Toi se prosternent les archanges, Les anges et les esprits des cieux ; Sauve ton peuple, Seigneur, Ils Te rendent grâce ; Et bénis Ton héritage. Ils adorent et ils chantent : Dirige les tiens Et conduis-les jusque dans l’éternité. Saint, Saint, Saint, le Seigneur, Chaque jour nous te bénissons Dieu de l’univers ; Et nous louons Ton nom à jamais Le ciel et la terre sont remplis Et dans les siècles des siècles. De Ta gloire, Daigne, Seigneur, en ce jour, C’est Toi que les Apôtres glorifient, Nous garder de tout péché. Toi que proclament les prophètes, Aie pitié de nous, Seigneur, Toi dont témoignent les martyrs ; Aie pitié de nous.

C’est Toi que par le monde entier Que ta miséricorde soit sur nous, Seigneur, L’Église annonce et reconnaît. Car nous avons mis en Toi notre espérance. Dieu, nous T’adorons : Père infiniment saint, En Toi, Seigneur, j’ai mis mon espérance : Fils éternel et bien-aimé, Que je ne sois jamais confondu. Esprit de puissance et de paix.

Christ, le Fils du Dieu vivant, Le Seigneur de la gloire, Tu n’as pas craint de prendre chair Dans le corps d’une vierge pour libérer l’humanité captive.

Par ta victoire sur la mort, Tu as ouvert à tout croyant les portes du Royaume ; Tu règnes à la droite du Père ; Tu viendras pour le jugement. We praise thee, O God : We therefore pray thee, help thy servants : we acknowledge thee to be the Lord. whom thou hast redeemed with thy precious blood. All the earth doth worship thee : Make them to be numbered with thy Saints : in glory everlasting. the Father everlasting. O Lord, save thy people : To thee all Angels cry aloud : and bless thine heritage. the Heavens, and all the Powers therein. Govern them : and lift them up for ever. To thee Cherubim and Seraphim : continually do cry, Day by day : we magnify thee; And we worship thy Name : Holy, Holy, Holy : ever world without end. Lord God of Sabaoth; Heaven and earth are full of the Majesty : Vouchsafe, O Lord : of thy glory. to keep us this day without sin. O Lord, have mercy upon us : The glorious company of the Apostles : praise thee. have mercy upon us. The goodly fellowship of the Prophets : praise thee. The noble army of Martyrs : praise thee. O Lord, let thy mercy lighten upon us : as our trust is in thee. The holy Church throughout all the world : O Lord, in thee have I trusted : doth acknowledge thee; let me never be confounded. The Father : of an infinite Majesty; Thine honourable, true : and only Son; Also the Holy Ghost : the Comforter.

Thou art the King of Glory : O Christ. Thou art the everlasting Son : of the Father. When thou tookest upon thee to deliver man: thou didst not abhor the Virgin’s womb.

When thou hadst overcome the sharpness of death: thou didst open the Kingdom of Heaven to all believers. Thou sittest at the right hand of God : in the glory of the Father. We believe that thou shalt come : to be our Judge. menu 2 Motet Super fluMina BaByloniS - psaume CXXXVI

Super flumina Babylonis, illic sedimus et flevimus : dum recordaremur tui Sion. In salicibus in medio ejus : suspendimus organa nostra. Quia illic interrogaverunt nos, qui captivos duxerunt nos : verba cantionum. Et qui abduxerunt nos : hymnum cantate nobis de canticis Sion. Quomodo cantabimus canticum Domini : in terra aliena ? Si oblitus fuero tui Jerusalem : oblivioni detur dextera mea. Adhæreat lingua mea faucibus meis : si non meminero tui. Si non proposuero Jerusalem : in principio lætitiæ mæ. Memor esto Domine filiorum Edom : in die Jerusalem.

Estant sur le bord des fleuves de Babylone, nous nous y assimes ; et nous souvenant de Sion, nous ne pûmes retenir nos larmes. Nous supendismes nos harpes, aux saules qui sont au milieu d’elle. Alors ceux qui nous avaient amenez captifs, nous voulurent obliger de chanter des airs de réjoüissance. Et ceux qui nous avaient arrachez de nostre païs nous dirent : chantez-nous quelqu’un des cantiques que vous chantiez en Sion. Comment pourrons-nous chanter les cantiques du Seigneur, dans une terre étrangère ? Si je t’oublie jamais, ô Jerusalem, que ma main droite sèche et soit en oubli. Que ma langue demeure attachée à mon palais, si je ne me souviens toûjours de toy. Si je ne me propose Jerusalem, comme le premier objet de ma joie. Souvenez-vous Seigneur des en/ans d’Edom, et de leurs cris, au jour de Jerusalem.

Upon the waters of Babylon, there we sat and wept: when we remembered Sion: On the willows in the midst thereof we hung up our instruments. For there they that led us into captivity required of us the words of songs. And they that carried us away said: Sing ye to us a hymn of the songs of Sion. How shall we sing the song of the Lord in a strange land? If I forget thee, O Jerusalem, let my right hand be forgotten. Let my longue cleave to my jaws, if I do not remember thee: If I make not Jerusalem the beginning of my joy. Remember, O Lord, the children of Edom, in the day of Jerusalem. 4 DialoguS De aniMa - cantique

Anima mea in dolore est et spiritus meus in amaritudine. Non est pax in ossibus meis a facie peccatorum meorum : et nunc quid faciam miser ? Ego dominus ulcissicens impietatem et vindictam faciens peccatorum, adhuc modicum et accendetur furor meus, ut deleam peccatores a facie Dei. Heu mihi Domine ! quia peccavi nimis in vita mea ; miser factus sum, et curvatus sum usque in finem ; et nunc quid faciam miser ? Frameam suscitabo in civitate quae devorabit impios et gladius meus inebriabitur in sanguine peccatorum. Timor et tremor venerunt super me et contexerunt me tenebrae : circumdederunt me gemitus mortis, pericula inferni invenerunt me ; et nunc quid faciam miser ? Praevaricatus es. Quid faciam miser ? Lassatus es in via perditionis. Quid faciam miser ? Dominum Deum tuum ad iracundiam provocasti. Quid faciam miser ? ubi fugiam nisi ad te Deus meus ?

Deprecare in fletu. Humiliare in pulvere. Inducere cilicio. Et ne tardes converti ad Dominum, quia benignus est et miserator, et propitius fiet peccatis tuis. Peccavi Domine ponam in pulvere os meum induam me cilicio et lacrymis meis stratum meum rigabo. Et ego avertam faciam meam a peccatis tuis et omnium iniquitatum tuarum non recordabor amplius. Clamabo die ac nocte. Et ego te exaudiam. Cumpungar in lacrymis. Et ego te consolabor. Squalebor in jejunio. Et ego te exaudiam. Sedebo in pulvere. Et ego te exaltabo. Quia benignitas et miseratio veniens veniet, et non tardabit.Congaudete (congaudeamus) caeli cives, Congaudete (congaudeamus) angeli, jubilantes modulemur Deo nostro canticum. Exultate (exultemus), jubilate (jubilemus), quia vobis (nobis) factum est super uno peccatore poenitente gaudium. Mon âme est douloureuse et mon esprit amer ; il n’y a pas de paix pour mes cendres, au vu de mes péchés Et maintenant, que ferais-je, malheureux ? Moi, Seigneur châtiant l’impiété et tirant vengeance des pécheurs, j’agissais jusqu’ici avec modération, et voici que ma colère s’accroît et me pousse à anéantir les coupables impénitents devant Dieu. Hélas, pauvre de moi, Seigneur, car j’ai trop péché tout au long de ma vie. Me voilà misérable et prostré ; et maintenant, que ferais-je, malheureux ? Je ferai surgir dans la cité la lance qui exterminera les impies et mon glaive s’enivrera du sang des pécheurs. J’ai peur et je tremble ; je suis plongé dans les ténèbres, environné de cris de mort ; les tourments de l’enfer m’ont assailli ! Et maintenant, que ferais-je, malheureux ? Tu es prévaricateur ! Que ferais-je, malheureux ? Tu t’es abandonné sur le chemin de la perdition. Que ferais-je, malheureux ? Tu as provoqué la colère de ton Dieu ! Que ferais-je, malheureux ? Où me réfugier, si ce n’est auprès de Toi, mon Dieu ?

Détourne par tes larmes la colère divine ! Humilie-toi dans la poussière ! Couvre-toi d’un cilice ! Et ne tarde pas à te retourner vers le Seigneur, parce qu’Il est bienveillant et miséricordieux et qu’Il se montrera indulgent pour tes péchés ! J’ai péché, Seigneur ; et plongerai mon visage dans la poussière, me vêtirai d’un cilice et verserai des torrents de larmes. Et moi, je détournerai mon regard de tes péchés et je perdrai le souvenir de tes iniquités ! Je crierai jour et nuit ! Et moi, je t’exaucerai ! Je me consumerai de larmes. Et moi, je te consolerai. Je me mortifierai par le jeûne. Et moi, je t’exaucerai ! Je siégerai dans la poussière. Et moi, je t’exalterai ! Parce qu’Il est bon et que Sa miséricorde va venir et ne tardera pas. Réjouissez-vous (réjouissons-nous), citoyens du Ciel, réjouissez-vous (réjouissons-nous), anges ! et, jubilant, nous chanterons un cantique en l’honneur de notre Dieu ! Exultez (nous exultons), jubilez (nous jubilons), car cette joie vous (nous) est donnée pour un seul pécheur repentant.

My soul is in pain and my spirit is bitter. There is no peace in my bones in the face of my sins, and what may I, miserable one, now do? The Lord punishing the impious and rewarding sinners with vengeance, I have always acted with moderation; now my anger is rising that I may annihilate the sinners before God. Alas for me, O Lord! for I hâve sinned too much in my time; now I am miserable and prostrate for ever; and what may I, miserable one now do? I shall make my lance to rise in the city to slay the impious, and my sword will be inebriated in the blood of the sinners. Fear and trembling will come upon me and weave shadows about me; the groans of the dead will be around me, the dangers of hell will be upon me; and what may I, miserable one, now do? You are corrupt. What may I, miserable one, now do? You are lost on the path of perdition. What may I, miserable one, now do? You have provoked the wrath of God. What may I, miserable one, now do? where can I fly, other than to you, my Lord?

Turn away divine wrath by your tears. Be humiliated in the dust. Put on a hair shirt. And do not wait to turn to God, who is benevolent and pities us, and will pardon your sins. I have sinned, Lord; I will bury my face in the dust, put on a hair shirt and pour forth streams of tears. And I shall avert my face from your sins and wipe away all trace of your iniquities. I will cry out day and night. And I shall answer your prayer. I will be consumed by tears. And I shall console you. I will be parched and starving. And I shall answer your prayer. I will be seated in the dust. And I shall exalt you. Because he is good and his pity will come and not tarry. Rejoice (let us rejoice), citizens of heaven, rejoice (let us rejoice), angels, and sing in jubilation our song of the Lord. Exult, (let us exult), jubilate (let us jubilate), for your (our) joy is over one sinner who repents. 6 Motet ecce iSte venit - cantique

Ecce iste venit saliens in montibus transiliens colles, similis est dilectus meus capreæ hinnuloque cervorum. En ipse stat post parietem nostrum, respiciens per fenestras, prospiciens per cancellos. En dilectus meus loquitur mihi : surge propera amica mea, columba mea, formosa mea : et veni. Jam enim hyems transiit ; imber abiit, et recessit. Flores apparuerunt in terra nostra : tempus putationis advenit. Vox turturis audita est in terra nostra : vineae florentes dederunt odorem suum. Surge amica mea, speciosa mea : et veni. Columba mea in foraminibus petræ, et veni in caverna maceræ, ostende mihi faciem tuam : sonet vox tua in auribus meis. Vox enim tua dulcis, et facies tua decora.

Le voici qui vient, sautant au-dessus des montagnes, passant par-dessus les collines ; mon bien-aimé est semblable à un chevreuil et à un faon de biche, le voici qui se tient derrière notre muraille, qui regarde par les fenêtres, qui jette sa vue au travers des barreaux. Voilà mon bien-aimé qui me parle et qui me dit : levez-vous, hâtez-vous, ma bien-aimée, ma colombe, mon unique beauté, et venez. Car l’hiver est déjà passé, les pluies se sont dissipées et ont cessé entièrement, les fleurs paraissent sur notre terre, le temps de tailler la vigne est venu ; la voix de la tourterelle s’est fait entendre dans notre terre ; les vignes sont en fleur, et on sent la bonne odeur qui en sort, levez-vous, ma bien-aimée, mon unique beauté, et venez. Vous qui êtes ma colombe, vous qui vous retirez dans les creux de la pierre, dans les enfoncements de la muraille, [venez et] montrez-moi votre visage, que votre voix se fasse entendre à mes oreilles ; car votre voix est douce, et votre visage est agréable.

The voice of my beloved, behold, he cometh leaping upon the mountains, skipping over the hills. My beloved is like a roe, or a young hart. Behold he standeth behind our wall, looking through the windows, looking through the lattices. Behold my beloved speaketh to me: Arise, make haste, my love, my dove, my beautiful one, and come. For winter is now past, the rain is over and gone. The flowers have appeared in our land, the time of pruning is come: the voice of the turtle is heard in our land: The vines in flower yield their sweet smell. Arise, my love, my beautiful one, and come: My dove in the clifts of the rock, and come in the hollow places of the wall, shew me thy race, let thy voice sound in my ears: for thy voice is sweet, and thy face comely. 8 Motet BeneDic aniMa Mea - psaume CII

Benedic anima mea Domino : et omnia, quae intra me sunt, nomini sancto ejus. Benedic anima mea Domino : et noli oblivisci omnes retributiones ejus. Qui propitiatur omnibus iniquitatibus tuis : qui sanat omnes infirmitates tuas. Redimit de intéritu vitam tuam : qui coronat te in misericordia et miserationibus. Qui replet in bonis desiderium tuum : renovabitur ut aquilae juventus tua. Faciens misericordias Dominus : et judicium omnibus injuriam patientibus. Notas fecit vias suas Moysi : filiis Israël voluntates suas. Miserator, et misericors Dominus : longanimis, et multum misericors. Non in perpetuum irascetur : neque in aeternum comminabitur. Non secundum peccata nostra fecit nobis : neque secundum iniquitates nostras retribuit nobis. Quoniam secundum altitudinem caeli a terra : corroboravit misericordiam suam super timentes se. Quantum distat Ortus ab Occidente : longe fecit a nobis iniquitates nostras.

Ô mon âme bénis le Seigneur : et que toutes mes entrailles loüent son saint nom. Ô mon âme bénis le Seigneur : et n’oublie jamais toutes les grâces que tu as receuës de luy. C’est luy qui te pardonne toutes tes offenses : c’est luy qui guérit toutes tes langueurs. C’est luy qui rachète ta vie de la mort : c’est luy qui te couronne de miséricorde et de grâce. C’est luy qui remplit tous tes désirs par l’abondance de ses biens : qui te réveille et te rajeunit comme l’aigle. Le Seigneur fait miséricorde : il fait justice à tous ceux que l’on opprime. Il fait connoistre ses voyes à Moïse : et ses volontés aux enfans d’Israël. Le Seigneur est clément et doux : il est lent à punir, et plein de miséricorde. Il ne témoignera pas toujours son indignation : et il ne gardera pas éternellement sa colère. Il ne nous a pas traitez selon nos péchez : et il ne nous a pas rendu ce que nos fautes méritent. Car autant que le ciel est élevé au dessus de la terre : autant il a affermy sa miséricorde sur ceux qui le craignent. Autant que le levant est éloigné du couchant : autant il a éloigné nos péchez de nous. Bless the Lord, O my soul: and let all that is within me bless his holy name. Bless the Lord, O my soul, and never forget all he hath done for thee. Who forgiveth all thy iniquities: who healeth all thy diseases. Who redeemeth thy life from destruction: who crowneth thee with mercy and compassion. Who satisfieth thy desire with good things: thy youth shall be renewed like the eagle’s. The Lord doth mercies, and judgment for ail that suffer wrong. He hath made his ways known to Moses: his wills to the children of Israël. The Lord is compassionate and merciful: long suffering and plenteous in mercy. He will not always be angry: nor will he threaten for ever. He hath not dealt with us according to our sins: nor rewarded us according to our iniquities. For according to the height of the heaven above the earth : he hath strengthened his mercy towards them that fear him. As far as the east is from the west, so far hath he removed our iniquities from us. 3 15 menu

Vos mépris chaque jour (Air de Zaïde) Me causent mille alarmes Mais je chéris mon sort Mes yeux, ne pourrez-vous jamais, Qu’il soit rigoureux forcer mon vainqueur à se rendre ; Faut-il, avec un cœur si tendre, Avoir de si faibles attraits ? Hélas, hélas, que dans mes maux Je trouve tant de charmes Au moment de mon esclavage, Je mourrais déplaisir, Quand on me conduisit dans ce riche Palais, Si j’étais plus heureux. Il parut à mes yeux l’Antre le plus sauvage, Je le fis retentir de mes tristes regrets, Je me fis une image affreuse Du Souverain que j’adore aujourd’huy ; 7 Mais, sa présence, enfin dissipa mon ennuy, Et je me trouvay trop heureuse Ombre de mon amant, ombre toujours plaintive, D’être captive auprès de luy. Hélas ! que voulez-vous ? je meurs. Les Beautez dont il est le maître, Soyez un moment attentive Par son ordre bientôt s’assemblent dans ces lieux ; Au funeste récit de mes vives douleurs. Amour, Amour, fay-luy connaître C’est sur cette fatale rive Le cœur qui le mérite mieux. Que j’ay veu vostre sang couler avec mes pleurs. Rien ne peut arrester mon ame fugitive, Mais, c’est luy que je vois, gardons-nous deparoitre, Je cède à mes cruels malheurs. Il n’est pas temps encor de m’offrir à ses yeux. 3 15

Thy disdain each day (Air of Zaide) Causeth me a thousand frights. Though harsh, Mine eyes, can you never I embrace my destiny. Force my conqueror to surrender? Must he, with a heart so compassionate Alas, by all my woes Consider such lame attractions? Am I charmed And I should die of pleasure At the moment of my enslavement, Were I any happier. When I was brought to this opulent palace, It seemed to my eyes but a savage cave, Which I departed echoing with my sad regrets, 7 I invented a frightful image Of the Sovereign whom today I adore; Shadow of my beloved, shadow ever sorrowful, But his presence drove away my sadness Alas! what do you want ? I will die. And I found myself more than happy To be a captive in his Court. Wait for just a moment and hear The sorry tale of my bitter woes. The beauties of which he is master It is here on this fatal shore By his command soon gathered in this haven; That I saw your blood run with my tears. Love, make him recognize Nothing could stop my fleeing soul, The heart which is more worthy. And I surrender to my wretched luck. But it is he whom I see; let us not appear, The time has not yet come for him to notice me. CD1 recorded on 25 march 2013 at the CHAPELLE ROYALE, VERSAiLLES PALACE recordinG enGineer, editinG, masterinG: FRÉDÉRiC BRiANT recordinG producer: ALiNE BLONDiAU P 2013 ALPHA CD2 recorded in septemBer 2004 at church oF SAiNT-RÉMY, DiEPPE recordinG enGineer, recordinG producer, diGital editinG: MANUEL MOHiNO P 2004 ALPHA CD3 recorded in July 2001 at church oF NOTRE-DAME DU LiBAN, PARiS recordinG enGineer, diGital editinG: HUGUES DESCHAUx musical editinG: SKiP SEMPÉ, OLiViER FORTiN, JAY BERNFELD P 2001 ALPHA, RMN, CRYO, CHÂTEAU DE VERSAiLLES

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