MrcT-t7_o2 62t6ri *q6- , ^l { z.or3-6iztis'i . \ 162,rb{s NATIONS UNIES MECANISME POUR LES TRIBUNAUX PNNAUX INTERNATIONAUX

Receivedby the Registry Mechanismfor InternationalCriminal Affaire No. MICT-12-02 Tribunals FRANCAIS l4/0612013l5:09 -frt-olY\ou.,'*q,.F. Original: ANGLAIS

LE PROCUREUR

c.

PROTAIS MPIRANYA

onuxrnvrE ACTED'ACCUSATION VrOOrrrn

Le Procureurdu Tribunalpdnal international pour le Rwanda,agissant en vertu despouvoirs d lui conf6rdspar I'article 17 du Statutdu Tribunalp6nal international pour le Rwanda(le < Statut>), accuse

Protais MPIRANYA.

Descrimes 6nonc6s ci-apris :

En vertu de I'article2 du Statut:

Premierchef - - Deuxidmechef COMPLICITEDANS LE GENOCIDE(subsidiairement au premierchef)

En vertu de I'article3 du Statut : Troisidmechef - ASSASSINATconstitutif de crimecontre I'humanitd Quatridmechef - EXTERMINATION constitutivede crimecontre I'humanitd Cinquidmechef - VIOL constitutifde crimecontre I'humanitd Sixidmechef - PERSECUTIoNconstitutive de crimecontre l'humanit6 Septidmechef - AUTRESACTES INHUMAINS constitutifsde crimescontre l'humanitd

En vertu de I'article4 du Statut : - Huitidmechef MEURTREcommis en violationde l'article3 communet du protocoleII

P(RM)12-0001(F)

Traductioncertifi6e par la SSLdu TPIR €zoL,',

CHARGESrvrpurnns A r,'accusn

l. Sur la basedes faits exposdsdans le prdsentacte d'accusation,Protais MPIRANYA est poursuivi pour :

Premier chef - Gdnocide en application des articles 2.3 a), 6.1, et 6.3 du Statut (par. 22 d 56\ Deuxidme chef - Complicitd dans le gdnocideen applicationdes articles2.3 e),6.1, et 6.3 du Statut(par.22 i 56, subsidiairementau chef 1) Troisidme chef - Assassinatconstitutif de crime contre l'humanitd en application des articles3 a), 6.1,et 6.3 du Statut,(par. 24, 25, 33 d 46 et 57 d 69) Quatridmechef - Extermination constitutive de crime contre I'humanit6 en application desarticles 3 b), 6.1, et 6.3 du Statut(par. 24,25,33 d 46 et 57 it 69) Cinquidmechef - viol constitutif de crime contre I'humanit6 en application des articles 3 g), 6.1, et 6.3 du Statut-ci-aprds ddsignd< viol > - (par.47 d 56) Sixidme chef - Pers6cutions constitutivesde crimes contre I'humanitd en application desarticles 3 h), 6.1 et 6.3 du Statut(par.24,25,33 d 46 et 57 it 69) Septidmechef - Autres actes inhumains constitutifs de crimes contre l'humanit6 en applicationdes articles 3 i), 6.1,et 6.3 du Statut(par. 46 et 63) Huitidme chef - Meurtre commis en violation de l'article 3 Commun aux Conventions de Gendve de 1949 (Article 3 commun) et du Protocole additionnel II du 8 juin 1977 relatif d la protection des victimes des conflits armds non internationaux (Protocole additionnel II), ci-aprds ddsign6 (( meurtre constitutif de crime de guerre >, en application des articles 4 a), 6.1,et 6.3 du Statut(par.24,25, 33 d 46 et 57 it 69)

2. Les paragraphes3 d 21 s'appliquent d I'ensemble des chargesimput6es dans le pr6sent acte d'accusation.

II. UNTTNTTTONSET ALLEGATIONS GBNERALES

3. Aux fins du pr6sentacte d'accusation, le terme<< commis >> s'entend du fait que l'accus6 a commisle crimereprochd, pour avoir directementou mat6riellementperpdtrd le crime en question,parce qu'il a jou6 un rdle ddcisif dans leur perpdtration,y compris en agissantpar le truchementd'autres personnes ou en crdantles conditionspropres d permettreleur ex6cutionpar d'autrespersonnes ou en contribuantd ce faire,ou en 6tant partied uneentreprise criminelle commune (< ECC >).

4. Le terme (( concours>, utilisd sans autre qualificatif, s'entend d'une contribution modeste,d'une contributionnotable ou d'une contributionsubstantielle de l'accusdd quelquechose. P(RM)12-0001(F)

Traductioncertifide par la SSLdu TPIR 6rrt,!

5. Les termes < conscient)) ou ( conscience>, utilisds sans autre qualificatif, s'entendent notamment du fait de savoir avec certitude, ou de celui d'€tre conscient de ce qu'il est possible,ou qu'il est probableque quelquechose se produise,ou du fait d'Otreconscient de la possibilitd de la survenancede quelquechose.

6. Les termes < portant atteinte )) ou ( porter atteinte >, utilis6s sans autre qualificatif, s'entendentdu fait de porter gravement atteinte d l'int6grit6 physique ou -"ntul" d,un" personne.

7. Tel qu'alldgud dans le pr6sent acte d'accusation, le comportement criminel de protais MPIRANYA 6tait inspird par I'intention de d6truire en tout ou en partie le groupe ethnique comme tel, et l'accus6 a agi de manidre discriminatoire contre les , les opposantspolitiques au rdgime et les personnesqui leur dtaient associdesde m6me que les casquesbleus pour des motifs inspirds par des considdrationsd'ordre racial et politique.

8. Les personnes qui ont particip6 aux actes criminels imputds dans le prdsent acte d'accusation 6taient anim6es de l'intention de d6truire en tout ou en partie le groupe ethnique tutsi comme tel et ont agi de manidre discriminatoire contri les Tutsis, les opposantspolitiques et les personnesqui leur dtaientassocides de m€me que les casques bleus pour des motifs inspirds par des consid6rationsd'ordre racial et poiitique. protais MPIRANYA dtait conscientde ces faits.

IIr. L'ACCUSE

9. Protais MPIRANYA est nd dans la commune de Giciye, pr6fecture de Gisenyi au Rwanda.

10. Lors des dvdnementsvis6s dans le pr6sent acte d'accusation, l'accusd rdsidait dans le secteurde Kimihurura, pr6fecturede Kigali-Ville.

ll.De janvier d juillet 1994,ProtaisMPIRANYA avait le grade de major et exergaitles fonctions de commandant du Bataillon de la Garde prdsidentielle des Forces arm6es rwandaises(( FAR >). Le Bataillon de la Garde prdsidentielle6tait charg6 d'assurer la s6curitd du Pr6sidentde la Rdpublique rwandaise.Protais MPIRANYA 6tait dgalement le commandantdu camp de la Garde prdsidentielleconnu aussi sous le nom de < Camp Kimihurura > situ6 dans le secteurde Kimihurura, commune de Kacyiru, pr6fecture de Kigali-Ville.

12'Entre le 6 avril et le l7 juillet 1994,Protais MPIRANYA exergait une autoritd effective sur ses subordonn6s,y compris toutes les unit6s relevant du Bataillon de la Garde P(RM)12-0001(F)

Traductioncertifide par la SSL du TPIR .4r/ S ltars

prdsidentielle,notamment la l' Compagnie, la 2" Compagnie, le Quartier g6n6ral et la Logistique ainsi que la Compagniedes servicescompos6e de sp6cialistes,le Groupe de sdcuritdet d'intervention de la Garde pr6sidentielleconnu sous le nom de < GSIGP > de m€me que les membresdu Bataillon para-commandoplac6s sous son commandementen 1994.

13. Protais MPIRANYA exergait6galement une autorit6 effective sur les membresdes FAR qui, sans Otredirectement plac6s sous ses ordres, dtaient quand-m€meses subordonnds, attendu que tous les officiers militaires des FAR avaient le pouvoir et le devoir de faire respecterles rdgles gdndralesde discipline par les 6l6mentsrelevant de leur autorit6, y compris ceux n'appartenantpas d leurs unitds'.

14. Protais MPIRANYA exergait dgalementun contr6le effectif sur les et les membres de la population civile dans les secteursde Kimihurura et de Nyarugenge en raison de son grade, de l'autorit6 dont il 6tait investi et du rdle qu'il jouait dans la formation militaire et la fourniture d'armes d ceux-ci. Les membres des Interahamwe et la population civile 6taient r6quisitionn6s lors des op6rations des FAR etlou 6taient entrain6set armdspar ProtaisMPIRANYA ou en son nom.

15. Protais MPIRANYA pouvait : i) ordonner ir toutes les personnesrelevant effectivement de son contrOled'agir, ou les emp€cher d'agir, y compris de participer i la commission de crimes ; ii) prendre, autoriser d prendre, mettre en branle et recommander des mesuresdisciplinaires et des poursuitesjudiciaires destindesi punir des actescriminels ; iii) contrdler la distribution des annes et des munitions fournies au Bataillon de la Garde pr6sidentielle,aux militaires et aux autrescriminels.

16. Protais MPIRANYA 6tait anim6 de l'intention de voir ses subordonnds ainsi que d'autres personnes identifi6es dans le prdsent acte d'accusation participer d la commission des crimes qui y sont imputds, et 6tait instruit du fait qu'ils y avaient pris part attendu qu'il avait lui-m€me participd d leur perpdtration.En outre, ces crimes, qui 6taient g6n6ralis6s,ont 6td commis d grandedchelle au vu et au su de tout le monde. Les endroits of ces crimes ont 6td commis jouxtaient le camp Kimihurura placd sous le commandementde Protais MPIRANYA ; il se trouvait au Rwanda au moment oi se perp6traientces crimes et il 6tait le sup6rieur hidrarchique des personnesqui les ont commis. Protais MPIRANYA savait ou avait des raisons de savoir que ses subordonn6s participaientir la commissiondes crimes reproch6s.

t Arr€t6 prdsidentielno 413102du 13 ddcembre1978, portant Rdglement de disciplinedes Forcesarm6es

Rwandaises.

P(RM)12-0001(F)

Traductioncertifide oar Ia SSL du TPIR €tzt, t

IV. CONTEXTE DES CRIMES

lT.Entre le 6 avril et le 17juillet 1994,les citoyensrwandais dtaient identifids selon les classificationsethniques suivantes : , Tutsi et Twa, qui dtaientdes groupes prot6g6s au sensde la Conventionsur le gdnocidede 194g.

18.La situationqui pr6valaitau Rwandaentre le 6 avril et le l7 juitlet l994peut6tre d6crite commesuit : partoutau Rwandades attaquesgdn6ralisdes etlou systdmatiquesdtaient perpdtr6escontre la populationcivile pour des motifs discriminatoiresfondds sur l'appartenancede certainsde sesmembres au groupeethnique tutsi et pour desmotifs politiques.Au coursdesdites attaques, certains citoyens r*unduis ont tud despersonnes perguescomme dtant des Tutsis ou portdatteinte d leur int6grit6physique ou mentale. ces attaquesse sont traduites par la mort d'un grandnombre de perionneir.

19'Entre le 6 avril et le.17juillet 7994,un gdnocidea 6td perpdtrdau Rwandacontre le groupeethnique tutsi'.

20' Les crimes visds dans le prdsentacte d'accusationont dtd perpdtr6sdans le cadre d'attaquesgdn6ralis6es et syst6matiques.Protais MPIRANYA avait connaissancede ces attaqueset des crimes qui en ont rdsult6 attendu: i) qu'il avait particip6 d leur perp6trationpar ses actes ou omissions; ii) qu'il occupait la position d6crite au paragraphe14 ci-dessus; iii) que les crimes commis dtaientde notoridt6publique ; vi) que les Interahctmwe,dont Andrd NZABANTURERA, Noi:l KAVTINDERI, Vincent NGENDAHIMANA, alias <,et vedaste MUSASIRA, alias <, avaientfrdquemment un accdssans restriction au camp Kimihururapour recevoirdes arrneset rendre compte d Protais MPIRANYA de leurs activit6s ; iv) que protais MPIRANYA 6taitprdsent d Kigali (Rwanda)au momentoi cescrimes ont dt6commis.

2l'Entre le 6 avril et le 17 juillet 1994,il y avait un conflit arm6 non internationalau Rwandaa'Protais MPIRANYA dtait instruitde ce fait et sesactes s'inscrivaient dans le cadrede ce conflit armdou sejustifiaient par sonexistence. L'existence du conflit arm6 a tout au moinsjou6 dansune largemesure sur la capacitdde ProtaisMpIRANyA d commettredes crimes de guerre,sa d6cision de les commettre,la fagondont ceux-ciont

'Yoir Le Procureurc. Karemeraet al.,Dlcision faisantsuite d I'appelinterlocutoire interjet6 par le procureur de la ddcisionrelative au constatjudiciaire,l6juin 2006. 3Id. a Le Rwandaa adhdr6le 5 mai 1964 auxConventions de Gendvedu 12 ao0t 1949 eta adhdrdle 14 novembre 1984aux Protocoles additionnelsy relatifsde 1977.Le Rwandaa adh6r6d la Conventionsur le gdnocidele

16avril 1975en mettantdes r6serves au regardde sonarticle IX. P(RM)12-0001(F)

Traductioncertifide par la SSL du TpIR 6 t6"L,l'

6td commiset I'objectif pour lequel ils ont 6t6 commis.Les victimes des crimes de guenedtaient des personnes qui ne prenaientaucune part active aux hostilit6s.

V. RELATION CONCISE DES FAITS

22.En d6cembre 1993, Protais MPIRANYA a ordonn6 d des 6l6ments du Bataillon de la Garde prdsidentielle d'arr€ter et de tuer les Tutsis qui avaient rendu visite au Front patriotique rwandais (( FPR >) au CND. Par suite de cet ordre, plusieurs Tutsis ont 6t6 tu6s avant et aprds le 7 avril 1994 par des dldments du Bataillon de la Garde prdsidentielleet des Interahamwe dirigds par Andrd NZABANTERURA.

23.Le 5 janvier 1994, Protais MPIRANYA a incitd les dl6mentsdu Bataillon de la Garde pr6sidentielle et les Interahamwe venant de Kigali d emp€cher le d6roulement de la t6rdmonie de prestation de serment des ministres et du Prdsident de la Rdpublique. Protais MPIRANYA se tenait ir l'entrde du CND oi devait se ddrouler la cdrdmonie de prdsidentielle et des prestation'Interahamwe, de serment et en pr6sencedes membres de la Garde il a refoul6 les officiers de la MINUAR et refusd I'accds d la c6r6monied certains opposantspolitiques, y compris Landouald NDASINGWA. En cons6quencede ces actes, seul le Prdsident avait pu pr€ter serment, ce qui fait que I'objet de la c6r6monie.c'est-ir-dire l'installation du Gouvernementtransitoire d base 6largie pr6vu par les Accords d'Arusha n'avait pas pu Otreatteint.

24.Par ailleurs, vers la fin du mois de janvier 1994,ProtaisMPIRANYA a mis les militaires de |a Garde pr6sidentielleau courant de l'existence d'un plan visant d tuer les politiciens influents et de haut rang, partisans d'un partage du pouvoir avec le FPR, en cas d'assassinatdu PrdsidentHabyarimana. Protais MPIRANYA a ordonnd aux militaires de repdrer les domiciles de Ddsird MURENZI, Landouald NDASINGWA, Fr6d6ric NZAMABURAHO, Theoneste GAFARANGA, Thomas KABEJA, . Faustin TWAGIRAMUNGU et JosephKAVARUGANDA, entre autres, et de les tuer en cas de d6cds du Pr6sident. Protais MPIRANYA a ensuite ordonnd aux militaires de prot6ger les partisans du rdgime Habyarimana, y compris Matthieu NGIRUMPATSE, Edouard KAREMERA et Ferdinand KABAGEMA, au cas oir le Pr6sidentvenait d €tre assassin6'

25. Ces actes ont eu pour effet d'inciter les soldats de la Garde pr6sidentielle d tuer les personnesdont les noms figuraient sur la liste de Protais MPIRANYA. Pour ces motifs, protais MPIRANYA a engagdsa responsabilitd pour avoir incit6 les assaillantsd donner la mort ir ces personnes.Protais MPIRANYA a dgalementengagd sa responsabilitdpour avoir incitd d donner la mort aux membres des familles, aux domestiques et aux employ6s proches des personnesfigurant sur sa liste attendu qu'il savait qu'il 6tait trds probable que ceux-ci soient tuds durant les attaquescontre les personnesfigurant sur sa liste.

P(RM)r2-0001(F)

Traductioncertifide par la SSL du TPIR 6 tsL':

Entrainement militaire :

26. A des dates non pr6cis6es comprises entre le ddbut de l'annde 1993 et le mois d'avril 1994, Protais MPIRANYA, agissant de concert avec des coauteurs de I,ECC, notamment Aloys NTABAKUZE, commandantdu Bataillon para-commando,Joseph NZIRORERA, secrdtaire national du Mouvement rdvolutionnaire national pour le ddveloppement(< MRND >), Matthieu NGIRUMPATSE, Prdsidentnational du MRND et Anatole NSENGIYUMVA, commandant des opdrations militaires de l'Armde, a organisd,facilitd et assurdla formation militaire desInterahamwe dans diverseslocalitds du pays, et plus particulidrement d Gabiro, Gako, Mutara, Ruhengeri et au camp Kimihurura. L'objectif des entrainements6tait de prdparer les Interihamwe et de les doter des outils n6cessairesd l'dlimination des personnes identifi6es comme dtant membresdu groupe ethniquetutsi. Les dirigeantset miliciens Interahamwe entrain6spar ProtaisMPIRANYA, de concert avec le Bataillon de la Garde pr6sidentielleont, entre le 6 avril etle l7 juillet 1994sur les ordresde ProtaisMPIRANYA, commis le gdnocided Kimihurura ou facilit6 sa commission en ce lieu.

27. A des dates non prdcisdescomprises entre les mois de mars et d'avril 1994, protais MPIRANYA a assurd et supervisd,au camp Kimihurura, l'entrainement militaire des Interahamwe et des membres de la population civile r6sidant dans le secteur de Kimihurura dans le cadre des op6rationsd'appui aux FAR dans le cadre du conflit arm6 non internationaldont le Rwanda 6tait le th66tre.Protais MPIRANYA a dgalementremis d ces recrues divers dquipementsmilitaires tels que des armes d feu ei des grenades. Malgrd le caractdreg6ndralis6 des massacresde civils tutsis perpdtrdsdans le secteurde Kimihurura dds le 6 avril 1994, Protais MPIRANYA s'6taif gard6 d'enjoindre aux recruesen questionde ne pas tuer les civils tutsis innocents.

28.Cela 6tant, les op6rationsd'entrainement et de distribution d'armes effectu6esau camp Kimihurura dtaient constitutives d'actes d'incitation d tuer les Tutsis adressdsaux Interahamwe etaux membres de la population civile r6sidantd Kimihurura en ce qu,ils leur ont donnd les moyens et l'autorisation implicite de perp6trerdes massacres.Entre le 6 avril etle 17 juillet 1994, donnant suite aux instructionsde Protais MPIRANYA, des Interahamwe armds ainsi que des membres de la population civile ont, en collaboration avec des militaires des FAR relevant du commandementde l'accusd,tud des civils tutsis rdsidant dans le secteurde Kimihurura ou portd atteinte d leur intdgritd physique. A cet 6gatd, Protais MPIRANYA a incitd les Intercthamwevenant de Kimihurura d tuer les Tutsis.

Distribution d'armes :

29.Entre le 6 et le 14 avril 1994, Protais MPIRANYA a distribud aux Interahomwe originaires de [Kimihurura] divers types d'armes tels que des armes d feu, des grenades ainsi que des munitions. Au cours de ladite p6riode, des Interahamwe au nombre desquels figuraient notamment Andr6 NZABANTURERA, No€l KAVLTNDERI, < Gaparata> et V6dasteMUSASIRA 6taient autorisdsd accddersans restriction au camp Kimihurura pour y recevoir des armes, des vivres, des uniformes militaires. et dei P(RM)12-0001(F)

Traductioncertifide par la SSLdu TPIR { t/1.Lls

mddicamentsde m€me que pour rendre compte d Protais MPIRANYA de leurs activit6s quotidiennes.

30. La distribution d'armes et d'autres biens a permis de manidre rdgulidre aux Interahamwe de Kimihurura et aux membres de la population civile de se doter des moyens de perp6trer les massacres; elle les a incitds ir continuer d commettre les crimes et a contribu6 de manidre non ndgligeable d la poursuite des crimes. A cet 6gard,Protais MPIRANYA a incitd les Interahamwed continuer de tuer les Tutsis.

Barrages routiers :

31. Dans la nuit du 6 avril 1994,Protais MPIRANYA a ordonnd aux militaires de la Garde prdsidentielleet du Bataillon para-commandode renforcer les barragesroutiers et d'en driger d des endroits stratdgiquesd Kigali afin que les Tutsis puissent€tre identifi6s et tuds. Des Tutsis ont 6td effectivementtuds d ces barrasesroutiers.

32.Le l0 avril 1994,des militairesdu Bataillon de la Gardepr6sidentielle ont ordonn6aux Interahamwe etaux membresde la population civile de la cellule de Rugaramad'6riger et de tenir des barages routiers en des endroits stratdgiques de la cellule. En consdquence,un barrageroutier aEtd etabli prds de la maison d'un certain GAHIGI et d une date non prdcis6e, des Interahqmwe et des militaires du Bataillon de la Garde pr6sidentielletenant le barrageont tud en ce lieu un Tutsi pr6nommdEMMANUEL.

Tueries perp6tr6es dans le secteur de Kimihurura :

Cellule de Rugando :

33. Dans la nuit du 6 avril 1994,ProtaisMPIRANYA a ordonnd i des militaires du Bataillon de la Garde pr6sidentiellecommandds par le sergent RURIKUJISHO et accompagn6s des caporauxBUREGEYA et NTARE de se rendre dans la cellule de Rugando pour y distribuer des armes aux Interahamwe dirig6s par Andrd NZABANTERURA. Les militaires ont effectivement livrd les arrnesd Andrd NZABANTERURA d sa rdsidence. Imm6diatementaprds, les Interahamwe munis de ces arrnesse sontjoints aux militaires pour attaqueret tuer des centainesde civils tutsis rdsidant dans la cellule de Rugando. Au nombre des Tutsis tuds, il y avait Ddsir6 MLTNYANGEYO et sa famille ainsi que MUNYERAGWE et sesdeux smurs.

34.Le 8 avril 1994 ou vers cette date, des militaires du Bataillon de la Garde pr6sidentielle ont tu6 une femme qu'ils considdraientd tort comme une Tutsie dans la cellule de Rugando, tout prds de la cellule oi elle vivait, alors qu'elle venait de quitter le camp Kimihurura oir elle s'6tait rendue pour recevoir des soins mddicaux d la suite d'une blessurepar balle dont elle avait 6tevictime. P(RM)12-000r(F) grS,,i,

ii) Cellule de Rugarama :

35. Le 7 avril1994, vers 6 h 30 du matin, un groupede militairesde la Gardepr6sidentielle et du Bataillon para-commandocomprenant les adjudantsKINyAKURA, RULINDA et URUBONYE, les sergents RURIKUJISHO et HABIMANA ainsi que les caporaux HABYARIMANA et < Tindo > ont attaqud la rdsidencede Landouald-NOASINGWA, un Tutsi, qui dtait Vice-Pr6sidentdu Parti libdral (( PL >) et Ministre du travail et des affaires sociales.La victime a dtd mise d mort en compagnie des membresde sa famille, notamment sa femme, ses enfants et sa mdre. Aprds avoir pill6 la maison avec le concours desInterahamwe, ils y ont mis le feu.

36.Le 7 avril 1994, entre 7 et9 heures du matin, des militaires du Bataillon de la Garde prdsidentielle et un groupe d'Interahamwe arm6s comprenant <, Jean KAVTINDERI et GASTON, dirig6s par Noel KAVLINDERI, ont fouilld les maisons de Tutsis rdsidant dans Ia cellule de Rugarama et ont tud plusieurs civils. Au nombre des Tutsis tuds figuraient :

a' VIANNEY et son ami LAURENT, Bosco SIMBA et le frdre d'une femme tutsie appel6eMUTONI ;

b. Un vieil homme du nom de KAGAME, un employ6 d'un ressortissantfrangais appel6 DAVID et sa famille, MUKAGASANA, la femme d'un commerganttutsi appeldMLINYABAGISHA, et

c. un commerganttutsi, Boniface NTAWUHIGANAYO.

37. Les assaillantsont dgalementtud les personnessuivantes consid6rdesir tort comme 6tant des Tutsis : AMINA et son b6b6, la femme d,ALpHoNSE, une femme du nom de < Mama Muteteri > ainsi qu'un gargonappeld NJENJE. 38. Le 8 avril 1994 ou vers cette date, l'adjudant RULINDA du Bataillon de la Garde prdsidentielle, agissant de concert avec un groupe d'Interahamwe dirig1 par No€l KAVLINDERI et comprenant Vedaste MUSASIRA, a attaqud,la r6sidenci dL Jer6me MUREGO, un commerganttutsi, et a enlevd les membres de sa famille avant de les tuer dans la petite for6t situ6e au camp Kimihurura. Entre le 6 avril et le 17 juillet 1994, les militaires de la Garde prdsidentielleet les Interahamwe ont utilis6 ladiie for€t comme charnier pour entreposerles corps de certainesde leurs victimes.

39.Le l0 avril 1994 ou vers cette date, Protais MPIRANYA a remis une arme d f-eu d Innocent MBARUSHIMANA, un cdldbre Interahamwe, en lui disant qu,il devait en faire usagepour tuer les Tutsis et toutes les personnesqui s'opposaientau rdgime. C,est de cette fagon que Protais MPIRANYA a incitd Innocent MBARUSHIMANA ii tuer les Tutsiset les opposantspolitiques au r6gime.

P(RM)12-0001(F)

Traductioncertifi€e par la SSLdu TplR € tzL,-'

40. Le 10 avril 1994 ou vers cette date, des militaires de la Garde prdsidentielleau nombre desquels figuraient les adjudants KINYAKURA, RULINDA, USHIZIMPUMU et URUBONYE, les sergents RURIKUJISHO et HABIMANA ainsi que le caporal HABYARIMANA ont, avec le concours d'un groupe d'Interahamwe compos6 notamment de Jean KAVUNDERI, Appolinaire MBONYENGIYE, Vedaste MUSASIRA, Wenceslas SERINDA, Jean UGIRASHEBUGA, alias <, et Innocent MBARUSHIMANA agissantsous les ordres de No€l KAVTINDERI, enlev6 et tu6 aprdslui avoir extorqudde l'argent, la femme de JeanMURENZI, un Tutsi, ainsi que cinq autresmembres de sa famille dans la petite for€t situdeau camp Kimihurura.

4l.Le 10 avril 1994 ou vers cette date,des militaires du Bataillon de la Garde prdsidentielle ont, en collaboration avec un Interahamwe, atlaqud la rdsidence de J6r6me MUREGO dans la cellule de Rusaramaet l'ont tud en ce lieu.

42.Le l0 avril 1994,des militairesdu Bataillon de la Gardeprdsidentielle ont ordonndaux Interahamwe et aux membresde la population civile de la cellule de Rugaramad'6riger et de tenir des barragesroutiers d l'int6rieur de la cellule, suite d quoi un barrageroutier a ete etabli prds de la maison de GAHIGI dans la cellule de Rugarama.Entre le 10 avril et le 17 juillet 1994, les Interahamwe et les militaires du Bataillon de la Garde pr6sidentielletenant le barrageroutier ont tud un homme tutsi du nom d'EMMANUEL.

43. Entre le 7 et le 30 avril 1994, un militaire du Bataillon de la Garde prdsidentielle, agissantde concert avec un Interahamwe nomm6 MATABARO, a pris pour cible et tud un homme tutsi ddnomm6 Callixte KAYIRANGA dans la for6t situde au camp Kimihurura. Le frdre de KAYIRANGA, le d6nomm6 FrangoisRUSEZERA, a lui aussi dt6 tu6 sur la route situde d proximitd du domicile de Valens KAJEGUHAKA, d Kimihurura. iii) Cellule de Kimicanga :

44.Le 7 avril 1994 ou vers cette date, des militaires du Bataillon de la Garde pr6sidentielle au nombre desquels figurait le sergent RUYCYAMA, agissant de concert avec des Interahamwe dirig6s par < Gaparata>, ont attaqudet tud un commerganttutsi, Revocate SEBISHYLJNDU, et sa femme d leur domicile sis dans la cellule de Kimicanga.

45.Le 7 avril1994 vers 6 heuresdu matin, environ l0 militairesde la Gardeprdsidentielle dirigds par le sergentRUCYABA sont arrivds au domicile de Thomas KARANGWA, un Tutsi. Ils sont entr6s par effraction dans l'enceinte du domicile de KARANGWA et ont tir6 des grenadesdans la maison d travers les fen0tres,tuant celui-ci de m€me que sa femme enceinteet son fils.

P(RM)12-0001(F) 10 6il L,.:

iv) Enceinte de I'IFAK :

46'Le l3 avril 1994ou vers cettedate, des militaires du Bataillon de la Gardepr6sidentielle et des Interahamwe ont attaqud les r6fugi6s tutsis regroupdsdans l'enceinte de I,IFAK connu aussi sous le nom de < Frdres Sal6siens>>, tuant plusieurs hommes, femmes et enfants tutsis, et en blessantd'autres. Au cours de l'attaqui, un Interahamwe s,6tait servi d'une machettepour amputer la main droite de Godefroii fr4UfagAZI. un Tutsi.

Viols dans le Secteurde Kimihurura

47. Entrele 7 avrilet le 17juillet 1994,des militaires du Bataillonde la Garde prdsidentielle et des dldmentsdes Interahamwe ont viol6 des femmestutsies. dans les circonstances expos6esci-aprds :

48. Entre le7 et le 8 avril 1994, lors d'une attaqueperpdtrde par des militaires du Bataillon de la Garde prdsidentielle et des Interahamwe, des -"-b.". de la famille de Jdr6me MUREGO, un Tutsi, ont 6td violdes d la rdsidencede V6daste MUSASIRA par des Interahamwe,au nombre desquelsfiguraient VddasteMUSASIRA, NoeIKAVUNDERI, Jean KAVUNDERI, Saleh HABIMANA et BUROKO. Une fois violdes, les membresde la famille de JdrdmeMUREGO ont 6td tudespar les assaillantsle 8 avril 1994.

49. Entre juillet le 7 avril etle 17 1994, TWAGIRAYEZU, un militaire du Bataillon de la Garde prdsidentielle, a pris en otage une femme rdpondant au nom de MUKAYIRANGA, mais dgalementconnue sous le nom de Macipoto, au domicile de ses parents sis dans la cellule de Kimicanga, et l'a violde d plusieursreprises. Le pdre de MUKAYIRANGA dtait hutu et sa mdre tutsie mais elle avait 6td prise pour une Tutsie du simple fait de son apparencephysique.

50. Entre le 14 juillet avril et le 17 1994, WenceslasSERINDA, un Interahamwe notoire, a viold Vestine UMWARI, une femme tutsie, d deux reprises d son domicile sis dans la cellule de Rugarama.

5l'Entre le 14 avril et le 17 juillet 1994, GervaisRWAMANYWA a viold Vestine UMWARI d sondomicile sis dans la cellulede Rusarama.

52.Entrele 15 avril etle 17juillet 1994,NZOVU,un militairedu Bataillonde la Garde prdsidentielle,a viol6 VestineUMWARI au domicilede WenceslasSERINDA.

53.Entre le 7 avril etle 17juillet 1994,NZOVU a extraitChantal MUKAGASANA, une femmetutsie, de la rdsidencede WenceslasSERINDA et l'a conduited un endroitsitud

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non loin du camp de la Garde prdsidentielleoir il l'a garddeen otageet viol6e d plusieurs reprises.

54.A une date non prdcisdedu mois d'avril 1994,un sergentdu Bataillon de la Garde presidentiellea viol6 MediatriceMUKASAFARI, une femmetutsie, i son domicilesis dansla cellulede Rugarama.

55. Aprds avoir viol6 MUKASAFARI, le sergentde la Garde pr6sidentielleen question s'est rendu au domicile de MUTONI, une femme tutsie, et l'a violde sur les lieux.

56.Le 7 avril 1994, des militaires du Bataillon de la Garde pr6sidentielleet du Bataillon para-commandoont attaqu6le domicile de F6licien NGANGO. Au cours de l'attaque, un des militaires a viol6 une femme derridre le domicile en questionavant de la tuer.

Meurtre de dignitaires politiques et de l0 casquesbleus belgesde la MINUAR

57. Dds les premidres heures de la matin6e du 7 avrrl 1994, des militaires appartenantau Bataillon de la Garde prdsidentielle, au Bataillon para-commando, au Bataillon de reconnaissanceet d d'autres unitds de l'armde rwandaise, ainsi que des dl6ments des Interahamwe ont enlevd et tu6 des dignitaires politiques de m€me que d'autres personnalitdsimportantes de la prdfecturede Kigali-Ville, tels qu'identifids de manidre plus spdcifique aux paragraphes59 d 69 du pr6sent acte d'accusation, dans le but de crder un vide politique et de faire dchouerla mise en Guvre desAccords d'Arusha.

58. Au cours de cette pdriode, des dldmentsde la Garde prdsidentielleont escortdet protdgd au camp Kimihurura, des dignitaires du parti MRND tels que Casimir BIZIMIINGU, le Ministre de la santd, et Ferdinand NDAHIMANA, le Directeur glneral de I'Office rwandaisd'information (ORINFOR).

D Assassinat d'Agathe UWILINGIYIMANA, Premier Ministre du Gouvernement de transition, et profanation de son cadavre

59. Dans la nuit du 6 avril 1994,d la suite de la mort du PrdsidentHabyarimana, Thdoneste BAGOSORA. le Directeur de cabinet du Ministre de la ddfense,a pr6sid6 la r6union d'un comitd de crise composd d'officiers supdrieursde l'arm6e et de la gendarmerie nationaled l'6tat major des arm6es,au camp Kigali. La rdunion en question s'6tait tenue avec la participation du g6n6ralDallaire, le commandantde la MINUAR.

60. Au coursde laditer6union, le g6ndralDallaire a proposdque le PremierMinistre Agathe UWILINGIYIMANA, qui incarnaitl'autoritd politique supr6me d l'6poque,s'adresse i la nation sur les ondesde RadioRwanda dds les premidresheures du 7 avril 1994,de

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sorte d dissiper les craintes de la population et lui donner l'assuranceque la direction politique du pays 6tait toujours en place.

61. Th6oneste BAGOSORA a refusd de reconnaitre l,autorit6 d,Agathe UWILINGIYIMANA et ne l'a jamais consult6e comme l'avait propos6 Dallaire. En consdquence,tous les efforts ddployds par la MINUAR en vue de permettreau premier Ministre de s'adresserd la nation par messageradiodiffus6 ont 6t6 contrecarr6spar les militaires de l'armde rwandaisequi relevaientde l'autoritd de ThdonesteBAGOSORA.

62. Dans la matinde du 7 avril 1994, ProtaisMPIRANYA, de concert avec Francois-Xavier NZUWONEMEYE, le commandant du Bataillon de Reconnaissance,et , le commandant de l'escadron A du Bataillon de reconnaissance,ont ordonnd d leurs subordonndsau nombre desquelsfiguraient des militaires du Bataillon de la Garde pr6sidentielle et du Bataillon de reconnaissance,de se ddployer et de se lancer d la recherchedu Premier Ministre, Agathe UWILINGIYIMANA, pour la tuer.

63. Les militaires ont d6sarmdet arrdtd l0 casquesbleus belges et environ 5 casquesbleus ghan6ens de la MINUAR affectds d la garde de la Rdsidence d,Agathe UWILINGIYIMANA, et les ont conduits au camp Kigali. Par la suite, les militaires ont assassin6Agathe UWILINGIYIMANA et ont profand son corps en enfongant une bouteille de boisson sucr6e dans son vagin et en exposant son corps nu d la vue des passants. Les militaires ont dgalement ex6cutd le mari d'UWILINGIyIMANA, son secrdtaireparticulier Ignace MAGORANE et un domestique.L'attaque en question a 6td supervis6e par le capitaine Gaspard HATEGEKIMANA du Bataillon ie la Garde prdsidentielle.

ii) Assassinatde 10 casquesbleus belges

64.Au coursde la m€mejournde, les 10 casquesbleus belges qui avaientdt6 ddsarm6s et an€t6si la rdsidenced'UWILINGIYIMANA ont dtdtuds par les militairesdes FAR au campKigali.

iii) Assassinat de Joseph KAVARUGANDA, pr6sident de la Cour constitutionnelle

65.Le 7 avril 1994 vers 6 heures 30 du matin, un groupe d'assaillantscomposd d,environ l0 membres de la Garde pr6sidentielleet du Bataillon para-commandoet dirigd par le CapitaineKABERA, a attaqu6le domicile de JosephKAVARUGANDA, qui a Etea6€t6 et conduit au camp Kimihurura oir il a dtd tu6.

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iv) Assassinatde Fr6d6ric NZAMURAMBAHO. Pr6sidentdu PSDet Ministre de I'agriculture

66.Le 7 avril 1994, vers 7 heures du matin, des militaires du Bataillon de la Garde prdsidentielleont attaqu6la rdsidencede Frdddric NZAMURAMBAHO, le Prdsidentdu Parti social ddmocrate (( PSD >) et I'ont tu6, ainsi qu'd peu prds huit membres de sa famille.

v) Assassinatde FaustinRUCOGOZA, responsabledu MDR et Ministre de I'Information

67.Le 7 avril 1994, vers l0 heures du matin, des 6l6ments du Bataillon de la Garde pr6sidentielle ont conduit Faustin RUCOGOZA, un membre du Mouvement ddmocratiquer6publicain (< MDR >), et quatre membres de sa famille, dont son 6pouse et sesjeunes enfants, au camp Kimihurura. L'adjudant RULINDA du Bataillon de la Garde pr6sidentiellea inform6 l'accusd de la prdsencede RUCOGOZA audit camp. A l'instigation et sur l'ordre de MPIRANYA, MURWANASHYAKA du Bataillon para- commando a ouvert le feu et tu6 RUCOGOZA en m€me temps que les membres de sa famille. Leurs corps ont dtdjetds dansune tranchdecreus6e au camp Kimihurura.

vi) Assassinatde F6licien NGANGO, Vice-Pr6sident du PSD et candidat potentiel au poste de Pr6sident de I'Assembl6e transitoire pr6vue par les Accords d'Arusha

68. Le 7 avril1994, des militaires de la Garde pr6sidentielleet du Bataillon para-commando ont pris d'assaut la r6sidencede Fdlicien NGANGO, le Vice-Prdsidentdu PSD, et ont tud les membresde sa famille, dont son dpouseet sesenfants.

69. Entre le l0 et le 20 avril 1994, des Interahamwe, au nombre desquelsfigurait Andrd NZABANTURERA, ont conduit Fdlicien NGANGO au camp Kimihurura oil il a 6t6 intenogd par MPIRANYA qui a ensuiteordonn6 d ses subordonndsde le tuer. Le sous- lieutenantHAKIZIMANA du Bataillon para-commando,en compagnied'6l6ments de la Garde pr6sidentielle,I'a emmen6avec lui, suite d quoi il a 6td tue et son corpsjetd dans la for6t situdeau camp Kimihurura.

VL RBSPONSABILITE DE L'ACCUSE :

70. Sur la basedes faits exposdsaux paragraphes a) 22 it 56 du pr6sentacte d'accusation,la responsabilitdde Protais MPIRANYA est engag6e pour gdnocide ou d titre subsidiaire pour complicit6 dans le g6nocide,tel qu'expos6en son paragraphel. P(RM)12-0001(F) 14 6qL', t

b) 33 d 69 du prdsent acte d'accusation, protais MPIRANYA est responsable d'assassinat, d'extermination, de viol, de pers6cution et d'autres actes inhumains constitutifs de crimes contre I'humanitd de m6me que de meurtre constitutif de crime de guerre,tel qu'exposden son paragraphel.

Responsabilit6de I'accus6en vertu de I'article 6.1 du Statut

Tl.Protais MPIRANYA est responsablede la forme 6l6mentairede I'ECC ((ECC I)) e raison des crimes d lui imput6s au paragraphel. L'objet de I'ECC etait de d6truire le groupe ethniquetutsi au Rwanda et de tuer les politiciens partisansdu partagede pouvoir avec le FPR, parti politique d'obddience tutsie, ainsi que toutes autres personnes considdr6escomme des sympathisantsde la causetutsie ou du FPR et de porteiatteinte d leur intdgritd physique. Protais MPIRANYA avait pr6vu que ces crimes aient lieu et il avait connaissancede leur commission. L'ECC congue et ourdie avant le 6 avril 1994a effectivement6t6 mise en Guvre entre le 6 avril et le l7 iuillet 1994.

72.L'ECC avait pour membres les autoritds militaires dont les noms suivent : protais MPIRANYA, Th6onesteBAGOSORA, directeur de cabinet du Ministre de la d6fense, Francois-Xavier NZUWONEMEYE, commandant du Bataillon de reconnaissance, Innocent SAGAHUTIJ, commandant de l'Escadron A du Bataillon de reconnaissance. Aloys NTABAKUZE, commandant du Bataillon para-commando et Anatole NSENGIYUMVA, commandantdes op6rationsmilitaires d Gisenyi.

T3.Etaient 6galement parties d I'ECC les 6l6ments et officiers de la Garde prdsidentielle dont les noms suivent : le capitaine KABERA ; les sergents RURIKUJISHO, HABIMANA, RUYCYAMA et RUCYABA ; les adjudantsKINYAKURA, RULINDA et UROBoNYE; les caporaux HABYARIMANA et < Tindo > ; les soldats TWAGIRAYEZU et NZOVU. Un militaire du Bataillon para-commando du nom d'URWANASHYAKA de m€me que des dldments non identifi6s du Bataillon de la Garde prdsidentielle, du Bataillon para-commandoet du Bataillon de reconnaissance y dtaienteux aussiparties.

T4.Etaient en outre parties d ladite ECC les dirigeants des Interahamwe Andre NZABANTERURA, qui dtait le Pr6sident de cette milice dans la cellule de Rugando, et Noel KAVUNDERI, le Vice-Prdsidentdes Interahamwe du secteurde Kimihr.u.u : des dl6ments des Interahamwe tels que ( Gaparata>>, Wenceslas SERINDA, Jean UGIRASHEBUGA, alias < Birahaha >, Appolinaire MBONYENGE, Jean KAVUNDERI, vedaste MUSASIRA, GASTON, Saleh HABIMANA, BURoKo, < Bandit >, Innocent MBARUSHIMANA, et Isaac NKUBITO, le Prdsidentdu MRND dans la commune de Kacyiru, en plus d'autres personnes dont l'identitd n'est pas connue.

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75. Les personnescitdes ci-dessus ont agi de concert avec l'accus6pour planifier et mettre ir ex6cution, soit directement soit par I'entremise de leurs subordonndes,le dessein commun de I'entreprise criminelle commune. A titre subsidiaire,quand bien m€me ces personnesn'auraient pas 6td anim6es de cette intention ou n'auraient pas partagd le desseincommun, Protais MPIRANYA et les individus parties d I'ECC qui dtaient, eux, habitdspar l'intention prohibdeet qui partageaientavec lui le desseincommun s'6taient servi du reste d'entre eux pour commettre les crimes imput6s au paragrapheI de l'acte d'accusation.

76.Par ses actes et ses omissions, Protais MPIRANYA a ordonnd d des 6l6ments du Bataillon de la Garde pr6sidentielle,du Bataillon para-commando,des Interahamwe et d'autres assaillantsde commettre les crimes reprochds, et les a supervisdsde m6me qu'incitds, encouragdset aid6s i les perpdtrer. Cela 6tant, il a contribu6 de manidre substantiellei la commission de ces crimes. Les autresmembres de l'ECC ont contribud de fagon substantielled la mise d exdcutiondu desseincommun de I'ECC, tel qu'all6gud aux paragraphes22d 69 de l'acte d'accusation.

77. S'agissant des crimes vis6s aux chefs 5 et 7, Protais MPIRANYA porte, d titre subsidiaire,la responsabilit6de leur perp6trationsur la basede la forme 6largie de l'ECC (ECC III), 6tant entendu qu'ils 6taient la consdquencenaturelle et prdvisible de la mise en Guvre du dessein commun de I'ECC. Les crimes vis6s aux chefs 5 et 7 ont etd perpdtr6sen exdcution du desseincommun par les parties d I'ECC ou par des personnes par elles utilis6es. Protais MPIRANYA savait que ces crimes pouvaient rdsulter de la mise en Guvre du desseincommun de I'ECC, mais ce fait ne l'a pas emp0ch6de prendre d6libdr6ment le risque de leur perpdtration. La volontd de Protais MPIRANYA de prendre un tel risque est cristallis6e dans sa participation continue d I'ECC tout en sachantque ces crimes pouvaientr6sulter de la mise en Guvre de cette entreprise.

78. S'agissant des crimes imputds aux troisidme, quatridme, sixidme et huitidme chefs d'accusation relativement aux faits alldguds au paragraphe 64, Protais MPIRANYA porte d titre subsidiaire la responsabilitdde leur perp6tration sur la base de I'ECC III, dtant entenduque ces crimes dtaient la cons6quencenaturelle et prdvisible de la mise en Guvre du desseincommun poursuivi d travers cette infraction. Les crimes imput6s aux troisidme, quatridme, sixidme et huitidme chefs relativement aux faits exposds au paragraphe64 ont 6td perp6tr6s en exdcutiondu desseincommun form6 par les partiesd I'ECC ou par des personnespar elles utilisdes. Protais MPIRANYA savait que ces crimes pouvaient rdsulter de la mise en Guvre du desseincommun poursuivi d travers I'ECC, mais il a d6libdr6mentpris le risque de les voir se perp6trer.La volont6 de Protais MPIRANYA de prendre un tel risque est cristallis6e dans sa participation continue d I'ECC tout en sachantque ces crimes pouvaient r6sulter de la mise en Guvre de cette entreprise.

79.Protais MPIRANYA voit sa responsabilit6pdnale s'engager pour avoir ordonn6de commettreles crimes reprochds tel qu'exposdaux paragraphes24,35, 57 d 63, 65, 66, 68 et69. ProtaisMPIRANYA avait le pouvoirde donnerdes ordresaux militairesdu

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armdes rwandaisesd'empdcher etlou de punir ses subordonn6spour tous leurs actes illdgaux; iii) que Protais MPIRANYe etait le supdrieur hidrarchique des auteurs des crimes ; iv) que la Garde prdsidentielle et le Bataiilon para-commandorelevant de son commandementde m€me que les Interahamwe utilisds lors d'opdrationsdes FAR 6taient des organisationsdangereuses que Protais MPIRANYA se devait de contr6ler afin de protdger les droits des tiers d €tre dpargn6sde leurs actes ; v) qu,en dissimulant, en toldrant et en refusant de s'opposer aux crimes alors qu'en tant que supdrieur,il devait intervenir, Protais MPIRANYA a donnd I'impressitn d'aiguiflonnei les auteurs dr commettre les crimes exposds au paragraphe70 ci-dessus.protais MpIRANyA avait la capacitdde prendre les mesuresque lui imposait son devoir car il en avait les pouvoirs.

Responsabilit6de I'accus6en vertu de I'article 6.3 du statut

84'La responsabilitdde Protais MPIRANYA.en tant que supdrieurhidrarchique est engagde en raison de la commission par sessubordonnd, o, d" leur participationd la commission descrimes imputds au paragrapheI de l,acted'accusation.

85' Protais MPIRANYA exergait un contrdle effectif sur ses subordonnds qui avaient commis les crimes_reprochds et particip6 d leur commission, attendu qu;il avait la capacite mat6rielle d'empdcherou de punir leurs actes.Entre autressubordonn6s protais MPIRANYA avait sous ses ordres les dldmentsdu Bataillon de la Garde prdsidentielle, du Bataillon para-commando relevant directement de son commandement, des Interahamwe ainsi que d'autres assaillantsrdsidant dans les secteursde Kimihurura et de Nyarugenge qui dtaient les auteurs matdriels des crimes imputds uu purug.uphe I ci- dessus.

86.Protais MPIRANYA savait ou avait des raisonsde savoirque ses subordonndsse livraient d des actes criminels,eu dgardd ra positionqu'ir occupait et au caractdre gdn6ralisddes massacres et desfaits reprochds.

87' ProtaisMPIRANYA n'a pas su utiliserdes pouvoirsdont il dtait investi,tel qu,exposd auxparagraphes I I e 15,pour emp€cher ses subordonn6s de commettredes crimes ou de participerd leur commission'pour ouvrir desenquOtes sur ceux de sessubordonn6s qui avaientcommis cescrimes ou particip6d leurcommission ou encorepour lespunir.

VII. CIRCONSTANCBSAGGRAVANTES

Les faitsexposds dans le prdsent acted'accusation sont en outretous considdr6s comme 6tant descirconstances aggravantes.

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de son Bataillon de la Garde prdsidentielle, du Bataillon para-commando relevant commandementainsi qu?ux Interahamwe et autresassaillants ainsi que de les contrOler, ont tel qu'exposd aux paragraphes1l d 15. Les ordres donnds par Protais MPIRANYA de manGre directe et substantielle i la commission des crimes reproch6s. "onio.r*protais MPIRANYA avait l'intention de voir commettre des crimes en ex6cution de ses de leur ordres et 6tait conscient du fait que la perpdtrationde tels actespouvait r6sulter mise en Guvre. g0. La responsabilit6 p6nale de Protais MPIRANYA est engagde au titre de l'infraction Par ses d'incitation,telle qu'expos6eaux paragraphes24,29,35, 39, 57 d 63, et 65 d 69' de la actes etlou omissions, Protais MPIRANYA a incit6 des 6l6ments du Bataillon d'autres Garde prdsidentielle, du Bataillon para-commando' des Interahamwe, et de assaillantsi perpdtrer ces crimes. La conduite de Protais MPIRANYA a concouru de voir fagon substunti.it" dr la commission des crimes reproch6s. Il avait l'intention que la commettre des crimes en exdcution de ses ordres et il 6tait conscient du fait perpdtrationde crimes allait rdsulterde ces actesd'incitation.

d'aide et g1. La responsabilit6de Protais MPIRANYA est engagdeau titre de l'infraction 65 d d'encouragement,telle qu'exposdeaux paragraphes24,27,29,31 d33,57 i 63, et de la 69. par ses actes etlou ies omissions, il a ordonnd d des 6l6ments du Bataillon d'autres Garde pr6sidentielle, du Bataillon para-commando, des Interahamwe, et d de mOme assaillantsde commettre ou d'aider d commettre des crimes, et les a supervisds que qu'incit6s, et encourag6sir ce faire, tout en leur apportant son soutien moral ainsi a son approbationtacite et son concoursd cet 6gard.La conduite de ProtaisMPIRANYA de fagon substantielled la commission des crimes reprochds. Il savait, au il allait moins,"orr"ou* qu'il 6tait probable que des crimes soient commis et que de par ses actes, contribuer d leur commission'

gZ.Laresponsabilit6 de Protais MPIRANYA est engagdepour complicit6 dans le gdnocide, Protais tel qu;exposd aux paragraphes22 iL 56. Par ses actes eVou ses omissions, MpIRANyA a ordonnd d-d"r {ldments du Bataillon de la Garde prdsidentielle, du ou Bataillon para-commando,des Interahamwe et d d'autres assaillantsde commettre d d'aider ir commettre des crimes, et les a supervisds,de m€me qu'incit6s et encouragds et son ce faire, tout en leur apportantson soutien moral ainsi que son approbationtacite concours d cet 6gard. La conduite de Protais MPIRANYA a concouru i la commission question des massacresrelproch6s. En outre, il 6tait conscient du fait que les crimes en allaient €tre commis et que sa conduite allait concourir d leur commission.

g3. protais MpIRANYA 6tait l6galementtenu d'agir d l'effet d'emp6cher les crimes imput6s p6nal rwandais au paragraphe70 de l'acte d'accusationattendu i) qu'il ressort du Code quiconque s'abstient po-tt"l d une personne en qu'est puriiUt. de sanctionspdnales, 9. prdter' ii) que Protais peril i'assistance QUe, sans risque pour lui, il pouvait ; Forces MpneNyA 6tait ldgalement tenu en vertu du Rdglement de discipline des

' Articles 256 et258du Codep6nal du Rwanda,l8 ao6t 1977,D1qetloi n" 21177.

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Au nombre des autres circonstancesaggravantes retenues contre MPIRANYA figurent, notamment:

i) Le fait qu'il ait abusdde sa position et de la confiance qui avait 6td plac6e en lui iD Le caractdreprdm6ditd de sesactes iii) Les traitementscruels et ddgradantsinfligds d sesvictimes iv) La vulndrabilitddes victimes et l'impact descrimes sur leurspersonnes v) La durde des infractions commises vi) La persistanceavec laquelle il a commis sescrimes les uns aprdsles autres vii) Le statutcivil des victimes, et viii) Le fait que pendant si longtemps il ait rdussi d 6viter d'€tre arr€t6 et de rdpondredes crimes qui lui sont imputds.

88. Les actes et omissions de Protais MPIRANYA ddcrits ci-dessus sont punissablesen vertu des articles 22 et23 du Statut.

Fait d Arushale 3 aotft2012

Le Procureur

Hassan Bubacar JALLOW

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