Le Tertiaire redresséLes failless de la bordure occidentale du Vercors de Crest à P.Beaudoin

Situation géographique et géologie générale.

La zone étudiée s’étend du Sud à Crest au Nord à Barcelonne et d’Est en Ouest de la bordure occidentale du Vercors au bassin molassique de Valence.

Itinéraire

Crest : escalier des cordeliers et Tour de Crest – crêtes des Roches fontainr de Saboury

Baume Cornillane : Grotte de la Dame et circuit par le château et le Pas du Pont Barcelonne : conglomérat Burdigalien et

vestiges du château

A partir de la fin du Crétacé supérieur la région commence à être émergée. Les dépôts de la période qui suit, de l’Eocène supérieur au début de la transgression marine Miocène, sont continentaux. Lors de la Phase extensive de rifting de cette période les failles hercyniennes cévenoles et de Nîmes ont rejoué en même temps que se créaient des failles normales Nord-Sud. Ce sont ainsi formés des petits bassins lacustres de décrochement en « pull apart » lieux de dépôts de calcaires lacustres et de molasse sableuses. Commenceront alors ensuite les transgressions de la mer Miocène du Burdigalien à l’Helvétien dont on observe l’histoire le long de la bordure occidentale du Vercors et autour du petit bassin de Crest. Lors de la tectonique tardive (Pliocène), qui verra la surrection du Vercors, un grand pli bordier anticlinal, parfois droit, déjeté, couché, faillé, plonge sous la plaine de Valence. Cette tectonique a redressé, jusqu’à la verticale dans certains secteurs, les dépôts tertiaires.

C’est cette histoire que nous étudierons ici sur le terrain entre Crest et Barcelonne. Vercors :passage du domaine de plateforme carbonatée au domaine Vocontien.

De l’Est de Crest au sud de la Baume Cornillane le Crétacé inférieur de la bordure occidentale du Vercors appartient au domaine Vocontien. Le faciès Urgonien de plateforme carbonatée présent au Nord y a complètement disparu pour faire place au Barémo-Bédoulien plus ou moins marno-calcaire. On est d’abord dans le domaine hémipélagique puis franchement Vocontien (pélagique). La limite approximative entre les

1 domaines de plateforme carbonatée et domaine Vocontien est présenté ci-dessous sur fond de carte géologique au 1/250000.

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Stratigraphie et faciès observés du Tertiaire.

On ne s’intéressera ici qu’au Tertiaire, les niveaux du Crétacé inférieur (Valanginien, Hauterivien Barémien) n’apparaissant qu’en certains endroits au cœur de combes d’un anticlinal érodé.

Eocène. Seul l’Eocène supérieur est présent avec le niveau du Ludien représenté par des conglomérats à éléments locaux anguleux (grotte de la Dame) et des molasses sableuses difficilement différentiables de l’Oligocène inférieur (Sanoisien).

Grotte de la Dame conglomérat Calcaire lacustre Chattien

Eocène - Ludien la Baume Cornillane

Oligocène. Cette période est représentée par divers niveaux du Stampien représentés par des dépôts de calcaires lacustres puis de marnes argilo-sableuses (entre et la Baume Cornillane) puis de calcaires lacustres du stampien terminal et du Chattien (la Baume Cornillane).

Miocène. L’Aquitanien est absent. La transgression Miocène commence au Burdigalien par l’avancée d’un golfe avec des dépôts de conglomérats (Barcelonne) et des faluns de bord de mer à très nombreux débris de Pectinidés et lamellibranches dans une matrice sableuse ou argilo-sableuse (escalier des Cordeliers à Crest et La Baume cornillane). Elle s’étend à l’Helvétien en envahissant tout le bassin de Valence et déposant des molasses sableuses jaunâtres faiblement glauconieuses.

Burdigalien de l’Escalier des Cordeliers à Crest

Burdigalien à Pectinidés

de la Baume Cornillane

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Conglomérat Burdigalien redressé

de Barcelonne

Le schéma ci-contre montre, pour le bassin de Crest, l’origine des apports venant des zones émergées ou d’origine fluviatile. Pour la zone étudiée les apports viennent surtout des zones calcaires proches, à peine émergées.

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Quaternaire. Les zones de cœur d’anticlinal érodé sont généralement couvertes d’éboulis et d’éluvions qui masquent souvent le Néocomien.

Bordure occidentale du Vercors.

Le Vercors se termine en plongeant sous la plaine de Valence par une structure anticlinale d’axe grossièrement Nord-Sud observable depuis les Monts du Matin jusqu’à la Raye. Le sommet de cet anticlinal est éventré par l’érosion et la karstification et décalé par des failles postérieures, laissant place à des combes où on trouve les niveaux du Néocomien et faisant apparaitre une barre Urgonienne (crêt) d’altitude comprise entre 800 et 1100m. Plus au Sud, dans le domaine Vocontien, la combe se referme et l’axe du pli se redresse et une série de failles méridiennes en estompent le dessin.

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La Baume Cornillane

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Crête des roches Véore

Burdigalien redressé

Le raccordement de la bordure occidentale du Vercors et de la plaine de Valence constitue topographiquement un « piedmont ». La structure anticlinale est coupée par des rivières qui après avoir franchi les combes entrainent les matériaux d’érosion en vastes cônes de déjection beaucoup plus marqués au Nord que dans la zone de l’étude et s’étalant sur un substratum Miocène Helvétien, le découpant en collines. Dans le secteur étudié d’Ourches à Barcelonne les rivières entraînent les alluvions vers la Véore et son cône de déjection de plus au Nord.

Bibliographie : carte et notice feuille de Valence 1/250.000 carte et notice feuille de Crest 1/50.000 carte et notice feuille Die 1/50.000 carte et notice feuille 1/50.000 synthèse géologique du Sud-Est de la (BRGM) contacts entre la plaine de Valence et les monts du Matin et la Raye (Y.Thomas) au contact du Vercors et de la plaine de Valence (M.Wullschleger) la moyenne vallée du Rhône (P.Mandier) guide Masson

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Compléments historiques

Implantation de la ville de Crest.

La ville et sa tour sont bâties à cheval sur la limite des terrains Oligocène et Miocène redressés constituant une barre rocheuse qui est recoupée par la rivière Drôme et constituait un gué permettant un franchissement aisé de la Drôme. Le pont routier actuel a sa pile Sud sur la barre de molasse à pectinidés.

Escalier des Cordeliers

Fontaine de Saboury

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Brève histoire de la Tour de Crest

Cette tour ou plutôt ces trois tours accolées et son mur bouclier sont ce qui reste d’une citadelle commencée au début du XII, avec la création de Crest, et détruite en 1633 sur ordre du roi Louis XIII. Elle n’en est pas moins le plus haut donjon de France avec ses 52m.de haut.

Les origines de Crest restent obscures. On l’attribue vers 1120 à la famille des Arnaud vassal de l’Evêque de Die jusqu’en 1201, tandis que Adémar de Poitiers comte de Valentinois en revendique des droits pour ses gens dès 1188 . Crest a un château supérieur des Arnaud et un château inférieur des Adémar. Il va en résulter un conflit d’un siècle et demi aboutissant au traité de Lyon en 1356 qui donne la possession intégrale de Crest aux comtes Valentinois. Au cours des siècles suivants, les souverains cèdent le Valentinois à Borgia (1498), à Diane de Poitiers (1548) puis aux Grimaldi en 1643. A la fin du XVIème, lors des guerres de religion, les protestants tenteront à plusieurs reprises, mais sans succès, de s’emparer des fortifications de Crest. En 1633 le roi Louis XIII ordonne le démantèlement plusieurs places fortes du Dauphiné dont Crest. Les protestations des consuls de la ville permettent de sauver la Tour. La tour sert alors de prison pour des protestants, des opposants à la monarchie, des libertins et des condamnés de droit commun ou par lettre de cachet. Les conditions de détention très variables ont été souvent cruelles. Les tentatives d’évasion furent nombreuses. La tour continue d’être une prison sous la révolution et la IIIème République. Elle devient propriété du département en 1811 puis cédée au ministère de la Guerre. De 1851 à 1852 des centaines de républicains, insurgés contre le coup d’Etat du Président Louis Napoléon en décembre 1851, y furent emprisonnés dans des conditions très difficiles. En avril 1852 la tour est totalement évacuée. En 1873 la tour est remise aux Domaines puis classée monument historique en 1877. En 1878 la tour vendue aux enchères est acquise par Maurice Chabrière qui l’offre à la ville de Crest qui refuse. Restaurée par Eugène Arnaud elle est achetée par la Commune de Crest beaucoup plus tard en 1988.

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