Le Courant «Bordiguiste»
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LE COURANT «BORDIGUISTE» (1919-1999) Italie, France, Belgique DDDDDDD Onorato DAMEN Amadeo BORDIGA Ottorino PERRONE Philippe Bourrinet Le Courant 'Bordiguiste' (1919-1999) Italie, France, Belgique Sommaire Introduction 5 1. La gauche italienne (1912-1926) 14 1. La naissance du Parti socialiste italien 2. La Gauche dans le parti (1912-1918) 3. A la conquête du parti (1918-1921) 4. Bordiga et le PCd'Italia 5. La bolchevisation et la réaction de la Gauche 6. Les rapports avec Korsch 7. L'itinéraire de Bordiga après 1926 2. Vers le communisme de gauche allemand ? 45 1. Bordiga et le KAPD avant 1926 2. Pappalardi et les "bordiguistes" italiens 3. Le "Réveil communiste" (1927-1929) 4. L’influence du KAPD : "I'Ouvrier communiste" (1929-1931) 3. La naissance de la fraction de gauche du PCI (1927-1933) 57 1. Les militants: une immigration ouvrière; Ottorino Perrone (Vercesi) 2. L'organisation de la Fraction: France, USA, Belgique 3. La conférence de fondation de Pantin; premiers contacts avec l’Opposition française 4. "Prometeo" et Trotsky 5. Dans l’Opposition internationale: rapports avec la N.O.I., l'Opposition allemande et française 6. L'expulsion de la Fraction de l'Opposition trotskyste: raisons et conséquences Bilan 95 4. Le poids de la contre-revolution 102 1. "Quand il est minuit dans le siècle" 2. "Bilan” face à I'antifascisme et au Front populaire 3. Le congrès de la Fraction (1935) 4. L'isolement de la Fraction 5. Discussions avec l’Union communiste; la Comunist league of struggle; la RWL de Oehler 2 Le Courant 'Bordiguiste' (1919-1999) Italie, France, Belgique 6. Rupture définitive avec le trotskysme et début d'une communauté de travail avec la LCI belge 5. La fraction italienne devant les evenements d'Espagne 132 1. La majorité de la fraction face au drame espagnol 2. Vers la scission: arguments et activité de la minorité en Espagne 3. De rupture en rupture. Naissance de la Fraction belge (février 1937) 4. Contacts avec Ie Mexique: Paul Kirchhoff et le "Grupo de trabajadores marxistas" 5. La naissance du "Bureau international des fractions"; faiblesse de la Gauche communiste 6. Vers la guerre ou vers la revolution mondiale? 157 1. Guerre ou révolution? 2. Les racines de la querre impérialiste : décadence du capitalisme; nécessité de I'internationalisme 3. La discussion sur l`économie de guerre 4. Guerres localisées ou guerre mondiale? La "théorie" de Vercesi 7. Bilan de la Révolution russe? 175 1. La méthode de "Bilan" 2. Le point de départ : le parti 3. Les conditions de la révolution mondiale 4. Syndicats et lutte de classe 5. La défaite de la Révsolution russe 6. La nature de I'Etat "prolétarien" russe 7. L'Etat dans la période de transition 8. De la fraction au parti 205 1. Le choc de la guerre 2. Le "noyau de la gauche communiste" (1942) 3. Les RKD-CR et Ie "Spartacusbond" de Hollande 4. L'impact des événements italiens de mars 43 sur la Fraction italienne 5. Les divergences politiques avec Vercesi 6. 'L'Italia di domani' : l'activité de Perrone dans la 'Coalizione antifascista" de Bruxelles 7. Création de la Fraction française et rupture avec la Fraction italienne 3 Le Courant 'Bordiguiste' (1919-1999) Italie, France, Belgique 9. Le partito comunista internazionalista (1943-1982) 231 1. Naissance du PCInt: Damen et "Prometeo" 2. La 'Frazione di sinistra dei comunisti e socialisti" de Bordiga et Pistone 3. La Fédération des Pouilles: Ie POC entre trotskysme et bordiguisme 4. Le congrès de Torino (décembre 1945) du PCInt 5. Evolution du parti après 1946 : les scissions 6. La Gauche communiste de France ('Internationalisme') Conclusion 254 Bibliographie 258 Notices Biographiques 280 4 Le Courant 'Bordiguiste' (1919-1999) Italie, France, Belgique INTRODUCTION La Gauche communiste italienne (Sinistra italiana) est aujourd’hui encore inconnue, sinon méconnue, dans le pays où elle a surgi, et dans ceux où elle s’est développée, dans l’immigration, en France et en Belgique.. Surgie, dès avant la Première Guerre mondiale en Italie, autour de Bordiga qui en fut le principal artisan, elle se trouva de 1921 à 1925 à la tête du Parti communiste d’Italie. A cette époque le courant de Gramsci ne jouait encore qu’un second rôle dans ce parti; comme courant de droite, il eut bien du mal, malgré les pressions de l’IC, à évincer la direction de gauche qui était soutenue par la majorité du PCd’I. En 1926, l’ancienne majorité “ bordiguiste ”, à la suite du congrès de Lyon, était exclue peu à peu du parti. Bientôt, son militant le plus en vue, Amadeo Bordiga, était emprisonné. À sa libération, il se retirait de toute activité militante, pour se consacrer à sa profession d’ingénieur architecte. Il ne sortira de son silence qu’en 1944 . C’est sans Bordiga, et en dehors de l’Italie - où les lois “ fascistissimes ” empêchaient toute activité politique organisée - que la Gauche communiste italienne va se perpétuer. Devenue Fraction de gauche du PCI en 1927, puis fraction de la gauche communiste en 1935, elle va de sa fondation à Pantin jusqu’en 1945 - date de sa dissolution - reprendre l’héritage du Parti de Livourne dirigé par Bordiga. Exilée après 1926, la Gauche communiste italienne va perdre de plus en plus ce qu’il pouvait y avoir d ”italien ” dans ses origines et son développement. C’est un groupe d’ouvriers italiens immigrés en France et en Belgique qui reprend la tradition du PCd’I à ses débuts. Sans patrie ni frontières, comme les travailleurs immigrés obligés de s’expatrier, fortement attachée à la tradition de l’Internationale communiste, la Fraction “ italienne ” est vraiment internationaliste. Elle sera présente non seulement en France et Belgique, mais aux U.S.A.; elle aura pendant quelques années des militants exilés en Russie et des contacts jusqu’avec le lointain Mexique. Echappant au phénomène de repliement sur soi, si fort dans les groupes politiques d’immigrés, elle chercha toujours la confrontation avec tous les groupes sortis ou expulsés du Komintern : 5 Le Courant 'Bordiguiste' (1919-1999) Italie, France, Belgique depuis les trotskystes jusqu’aux “ communistes de gauche ” ayant rompu avec Trotsky. Cette persévérance dans les discussions internationales, en dépit des ruptures successives avec ces groupes, fut fructueuse. La création d’une Fraction belge (issue de la Ligue des communistes internationalistes de Hennaut ) en 1937; puis d’une Fraction française en 1944, aux côtés de la Fraction italienne montraient un élargissement indéniable de son influence, d’ailleurs plus idéologique que numérique. Désormais, la Gauche communiste italienne cesse d’être spécifiquement “ italienne ”, pour devenir la Gauche communiste internationale en 1938, avec la fondation d’un Bureau international des fractions. Internationaliste, la “ Gauche italienne ” l’a été jusqu’au bout dans ses positions politiques et son activité. Internationalisme signifiait pour cette petite organisation d’ouvriers, ne pas trahir la cause du prolétariat mondial. Dans une période historique qui fut particulièrement terrible pour les petits groupes révolutionnaires, de plus en plus isolés du prolétariat, elle fut l’une des très rares organisations qui choisirent d’aller à contre-courant. Elle refusa de soutenir la “ démocratie ” contre le “ fascisme ”; elle rejeta la “ défense de l’URSS ”, et les “ luttes de libération nationale ”. Dans une période qui était toute tournée vers la guerre, elle préconisa inlassablement, comme Lénine en 1914, le “ défaitisme révolutionnaire ” contre tous les camps militaires; elle défendit inlassablement la nécessité d’une révolution prolétarienne mondiale, comme unique solution à un monde qui agonisait dans les crises, les guerres, la terreur massive. En dépit de l’hostilité qu’elle pouvait rencontrer en milieu ouvrier, où l’immense majorité suivait les consignes du Front populaire et de “ l’antifascisme ”, elle opposa sa propre consigne qui était de ne pas trahir. Pour cela, isolée déjà, elle fit le choix difficile de s’isoler encore plus pour pouvoir défendre sans faiblesse les positions internationalistes contre la guerre. Lors de la guerre en Espagne, elle fut en France l’un des rares groupes qui refusèrent de soutenir - même de façon critique - le gouvernement républicain, et appelèrent à la “ transformation de la guerre impérialiste en guerre civile ”. Soutenue en cela que par une minorité de la LCI de Belgique, et un petit groupe mexicain, elle vit son isolement devenir total : que ce soit avec l’Union communiste en France; la LCI en Belgique; la RWL (Revolutionary Workers League) des USA. Elle-même, comme prix de la défense intransigeante de ses positions, connut une scission en son sein, entraînant le départ d’une importante minorité. Affaiblie numériquement, la Fraction de gauche sortit pourtant renforcée idéologiquement. Lorsque la guerre éclata, guerre qu’elle croyait repoussée 6 Le Courant 'Bordiguiste' (1919-1999) Italie, France, Belgique à une échéance plus lointaine, elle fut avec les Internationalistes hollandais, les RKD allemands et les Communistes révolutionnaires français, l’un des rares groupes à dénoncer la guerre impérialiste, les fronts de résistance, pour leur opposer la nécessité d’une révolution prolétarienne balayant tous les blocs et fronts militaires, quels qu’ils soient. Au massacre d’ouvriers dans la guerre, elle opposa leur fraternisation, par-delà les frontières. Pour caractériser ses positions, certains historiens et/ou adversaires politiques lui ont accolé la double étiquette d ”ultra-gauche ” et de “ bordiguisme ”. En fait, la Gauche communiste “ italienne ” ne fut ni “ ultra-gauche ” ni “ bordiguiste ”. Elle s’en est d’abord toujours défendue. Elle ne cherchait pas .la “ singularité ” dans ses positions bien qu’attaquée par Lénine - avec le KAPD - dans “ L’extrémisme, maladie infantile du communisme ”, elle fut avant tout une expression de gauche du Komintern, dont elle voulut continuer la tradition révolutionnaire de ses deux premiers congrès. C’est pourquoi, elle fut l’un des premiers courants de gauche de l’Internationale communiste à surgir en son sein, elle fut l’un des derniers à en sortir, et moins d’elle même qu’à la suite de son expulsion.