LA RHÉTORIQUE DE LA DÉPOSSESSION Ou L'imaginaire
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Université Aix-Marseille I / Université de Provence ******** École doctorale 355 « Espaces, Cultures, Sociétés » THESE pour obtenir le grade de Docteur de l’Université Aix-Marseille I Formation doctorale : ANTHROPOLOGIE Présentée par Andrea CERIANA MAYNERI LA RHÉTORIQUE DE LA DÉPOSSESSION Ou l’imaginaire de la sorcellerie chez les Banda de la République centrafricaine Sous la direction de Bruno MARTINELLI Membres du Jury : Filip DE BOECK (rapporteur) Professeur d’Anthropologie, Universiteit Leuven Rémy BAZENGUISSA-GANGA Professeur de Sociologie à l’Université de Lille I Jacky BOUJU Anthropologue, Maître de Conférences à l’Université de Provence Aix-Marseille I Francesco REMOTTI Professeur d’Anthropologie Culturelle à l’Università degli Studi di Torino Bruno MARTINELLI Professeur à l’Université de Provence Aix- Marseille I 1 REMERCIEMENTS Au moment des remerciements, c’est un monde peuplé de personnes très éloignées les unes des autres qui (re-)prend vie devant nous. En 2005 et 2006, nous avons eu la chance d’être guidés et aidés par Noël Innocent Palou, qui nous a accompagnés dans d’innombrables périples d’un côté à l’autre du pays banda, sans que nous sachions parfois ni où nous allions ni comment faire pour revenir à la maison. À Bambari, nous avons bénéficié du soutien, de l’hébergement et – dans de moments particulièrement difficiles – de l’amitié de Gabriel Andjigbodepou et de Robert-Claude Goffete II. C’est grâce à eux si, loin de chez nous, nous nous sommes toujours sentis en famille. Nous avons rencontré M. Victor Madayeka un jour de 2005, par hasard, en nous arrêtant sur la route devant sa maison alors que nous hésitions au tout début de nos enquêtes. Ensemble, on a vécu de très belles aventures et nous avons appris un très grand nombre de choses sur les Banda et sur nous-mêmes. Nos idées sur la dépossession doivent beaucoup à nos discussions et à notre amitié. M. Frameau nous a initiés en 2005 à la culture, l’histoire, les coutumes banda. Pendant longtemps, il nous a attendus assis devant sa maison, et nous avons passé avec lui des matinées et des après-midi en l’écoutant parler, en observant ses gestes. Nous sommes honorés d’avoir voyagé dans le passé avec lui. Notre étude est dédiée aussi à sa mémoire. Avec Hassan Lawane nous avons voyagé et collaboré en 2007 et 2008 : sa collaboration et ses contacts ont été indispensables pour mener nos recherches à terme. À Bambari, en 2007, la collaboration de Simplice Beassoum Passi a été particulièrement précieuse. Avec Maître Benoît Mberna-Djim-Aroum, au Parquet de Bambari, nous avons discuté de notre recherche, exposé nos idées, écouté les siennes. C’est grâce à son aide aussi que nous avons pu consulter des documents précieux pour nos enquêtes. Annick et Thomas ont été de vrais amis que nous étions contents de retrouver sur le terrain. C’est en suivant leur exemple que nous nous sommes plongés dans la vie de quartier à Bambari. Et en plus on s’est bien amusés. Les missionnaires de la Maison Comboni nous ont accueillis à notre arrivée à Bangui, en 2005. Grâce à eux – et au Père Euro tout particulièrement – nous avons commencé nos enquêtes centrafricaines sans (trop de) soucis. En Italie, nous sommes particulièrement reconnaissants aux membres du Dipartimento di Scienze Antropologiche, Archeologiche e Storico Territoriali de l’Università degli Studi di Torino, parmi lesquels nous avons toujours trouvé une ambiance chaleureuse et un débat stimulant. Voici plus de dix ans M. Francesco Remotti nous a initiés à l’Anthropologie Culturelle. En 2004-2005, la rencontre avec M. Bruno Martinelli nous a obligés à nous confronter avec la discipline ethnographique, en contribuant à préciser notre prédilection pour 2 le terrain africain. Notre étude a vu le jour au croisement de ces différentes experiences de recherche scientifique. Nous tenons à remercier tout particulièrement M. Roberto Beneduce qui nous a soutenus et conseillés dans ce périple anthropologique. Pour leur aide, leurs conseils ou leur encouragement, nous sommes très reconnaissants à Florence Bernault, Didier Carité, Marcel Diki-Kidiri, Wiel Eggen, Juan Fandos-Rius, Tamara Giles-Vernick, Jan-Lodewijk Grootaers et le Père Louis Sénéchal. Que l’on veuille bien nous pardonner d’éventuelles omissions. En Afrique et en Europe, nous avons eu la chance de partager des moments de recherche avec Aleksandra Cimpric. Au-delà du fieldwork, notre amitié a été la boussole la plus importante pour ne pas nous perdre dans les territoires imaginaires de la sorcellerie équatoriale. Il y a des personnes qui ne sont pas mentionnées dans ces pages. Elles font partie – ou elles ne font plus partie – de notre vie. Ce qui demeure un non-dit, surtout dans des remerciements, c’est cette correspondance entre la vie d’une recherche s’étalant sur des années et des trajectoires personnelles. Certains nous reconnaîtrons dans ces pages, de la même façon que nous les reconnaissons dans tout ce que nous avons écrit. 3 TABLE DES MATIÈRES Introduction LA CROYANCE À LA SORCELLERIE COMME « DISCOURS SUR LE PASSÉ » I. La « rhétorique de la dépossession » 12 II. La rhétorique de la dépossession et l’interprétation du passé 15 III. La dépossession : géographie et chronologie postcoloniales 18 IV. Le prophète Ngoutidé 20 V. Conclusion 23 Première Partie LE TERRAIN : CROYANCES À LA SORCELLERIE ET PROVOCATIONS ETHNOGRAPHIQUES EN AFRIQUE ÉQUATORIALE Chapitre premier – L’ensemble ethnoculturel banda : présentation historique et situation socio-démographique actuelle I. Les Banda de la Ouaka 27 II. État de l’art 30 III. Les débuts des migrations banda 34 IV. De l’étymologie populaire aux procédés de feedback 37 V. Rabah et al-Sanusi. « L’époque de la guerre » : 1879-1911 39 VI. L’insertion des Banda dans l’économie mondiale de l’époque : choix et stratégies 41 VII. Les Banda et De La Rochejacquelein, ou les préjugés des auteurs coloniaux 46 VIII. Les premières missions d’exploration et l’implantation des Compagnies Concessionnaires 48 IX. Le faux résistant anticolonial Baram Bakie 51 X. L’implantation des premières missions religieuses parmi les Banda 56 XI. André Gide : des Banda qui « s’exhibent contre rétribution » 61 XII. Barthélémy Boganda, son décès et l’accès du pays à l’Indépendance 63 XIII. L’après Indépendance 67 4 XIV. Situation économique et contexte démographique actuels de la RCA 68 XV. « Les événements » : les mutineries de 1996-1997, la tentative du coup d’État du 28 mai 2001, le coup d’État du 15 mars 2003 71 XVI. L’État entrepreneur de régression 74 Chapitre II – La sorcellerie équatoriale : croyances et ethnographies provocatrices I. Prémisse 77 II. La notion d’imaginaire : points de repère philosophiques 79 III. L’imaginaire de la sorcellerie 83 IV. Imaginaire, temporalités et dépossession 85 V. Le sorcier banda : eyiõndro. « Porter la sorcellerie en soi » ou « être un sorcier » 87 VI. Les protagonistes de la « rencontre coloniale » et « la question de l’õndro » 89 VII. L’interprétation coloniale : le « sorcier » comme un criminel 94 VIII. La sorcellerie : le problème de la terminologie 95 IX. Edward E. Evans-Pritchard et la sorcellerie des Azande 99 X. La croyance à la sorcellerie et la sociologie de la connaissance 102 XI. Modernité et sorcellerie 105 XII. Les limites de la notion de « modernité » 109 XIII. La dépossession et la « tradition de l’invention » 111 XIV. Sorcellerie, innovation 113 XV. La modernité de la sorcellerie en question 116 XVI. L’ethnographie de la sorcellerie comme provocative situation 119 XVII. Sorcellerie et pouvoir : des accusations « horizontales » 122 XVIII. Sorcellerie et pouvoir : des soupçons « verticaux » 125 XIX. « L’étirement de la parenté » 128 XX. Des « imaginaires de pérégrination » 134 XXI. De « l’imaginaire de pérégrination » à la dépossession 138 XXII. L’imaginaire de la sorcellerie : un problème d’extraversion scientifique 141 XXIII. Retour sur la provocation 148 XXIV. Désagréger la notion d’occulte 152 XXV. Prendre au sérieux l’imaginaire de la sorcellerie 154 5 Deuxième Partie HISTOIRE ET ETHNOGRAPHIE DU CULTE SEMALÌ DE NGAKOLA Chapitre III – Histoire et ethnographie du culte semalì I. Les descriptions coloniales du semalì 159 II. Le culte semalì de Ngakola 163 III. Le mythe : Ngakola, Tere et Yilingu 167 IV. Le mythe de Tere et Ngakola dans l’interprétation de Didier Bigo 169 V. Les ambivalences de la figure mythique de Ngakola 171 VI. Le problème du « Dieu des Banda » : Yilingu, Yavoro 174 VII. De l’eyilingu au « Dieu banda » Yilingu 177 VIII. Rœ. Le Père Tisserant et « le mieux doué des internes » 179 IX. Un working misunderstanding 182 X. Les degrés initiatiques du semalì. La langue secrète ndeka 185 XI. Similitudes et différences entre le semalì et la ganza banda 190 XII. Le semalì selon le Père Joseph Daigre : « Ici tout sentiment humain est écarté » 197 XIII. Le semalì selon l’abbé Barthélémy Boganda : « une monstruosité » 201 XIV. Le Père Tisserant : « la grande action politique du Ngakola » et « la tyrannie des chefs de clan » 205 XV. Les paliers du pouvoir segmentaire dans l’ancienne société banda : l’eyiewo, l’eyigbenge, les alaba 207 XVI. Orthodoxie et hétérodoxie des cultes initiatiques oubanguiens 212 XVII. La réorganisation administrative coloniale et son influence sur le semalì 214 XVIII. Félix Éboué et « l’affaire Makondo et consorts » 218 XIX. Les ayo comme source d’autorité 224 XX. Différences et similitudes entre les associations semalì banda et mani zande 226 XXI. Des associations « for the practice of magic » 228 XXII. Élasticité et ambiguïtés des cultes banda : l’arbre ẽnge et le culte kudu 232 XXIII. Le « principe de réversibilité » des ayo 234 XXIV. Conclusion 236 6 Chapitre IV – Du semalì à la sorcellerie. Dérisions et stéréotypes I. Similitudes et contradictions des souvenirs du semalì 239 II. Le semalì : l’initiation de Louise 241 III.