<<

POUR LA SEMAINE SAINTE

ITALIE XVir SIÈCLE

GIACOMO ANTONIO PERTI LUIGI ROSSI

FONDATION SOCIÉTÉ GÉNÉRALE POUR LA MUSIQUE LA SOCIÉTÉ GÉNÉRALE ET LES ARTS FLORISSANTS ASSOCIENT LEURS TALENTS. MUSIQUE !

Lully, Charpentier, Monteverdi, Purcell, Rameau, et bien d'autres encore,

un répertoire exceptionnel pour un ensemble unique.

Fondé par William Christie en 1979, l'ensemble "Les Arts Florissants" joue un

rôle capital dans la redécouverte d'œuvres baroques françaises et européennes.

L'association des Arts Florissants et de la Société Générale permet de faire

revivre et de diffuser ce patrimoine musical auprès d'un public de plus en plus nombreux.

Place à la musique !

FONDATION SOCIÉTÉ GÉNÉRALE POUR LA MUSIQUE Conjuguons nos talentS. della PASSIONE Musique de Giacomo Antonio PERTI (1661-1756) POESIE DE GIACOMO ANTONIO BERGAMORI

Entracte

ORATORIO per la SETTIMANA SANTA omms?) Musique de Luigi ROSSI (1598-1653) POESIE DE GIULIO CESARE RAGGIOLI

MARS 1989

AQUITAINE SAINT-MEDARD-EN-JALLES le 16 à 21 h ÉGLISE

SEMAINES CHORALES DE TOURCOING TOURCOING le 18 à 20 h 30 ÉGLISE NOTRE-DAME DES ANGES

SEMAINE SAINTE A CAEN

CAEN le 20 à 20 h 30 ÉGLISE NOTRE-DAME DE LA GLORIETTE

CENTRE de MUSIQUE BAROQUE de VERSAILLES VERSAILLES le 21 à 20 h 30 CHAPELLE ROYALE ENREGISTRÉ PAR

SEMAINE SAINTE en ARLES

ARLES le 22 à 21 h 00 ST-MARTIN-DU-MÉJAN

VENDREDI SAINT à COLMAR

COLMAR le 24 à 20 h 30 MUSÉE D'UNTERLINDEN

Avec la participation de la Fondation Société Générale pour la Musique du Ministère de la Culture et du Conseil Régional d'Aquitaine LPRO 1988/05 CHANTEURS

PERTI Agnès MELLON Maria Maggiore Véronique GENS Maria di Magdalena

Gérard LESNE Giovanni

Jean-Paul FOUCHECOURT Giuseppe d'Arimatia

Bernard DELETRÉ Il Centurione

ROSSI Agnès MELLON Vergine Véronique GENS Claire BRUA

Gérard LESNE Dominique VISSE Demonio

Jean-Paul FOUCHECOURT François FAUCHÉ Pilato

Bernard DELETRÉ Demonio

TOUS Coro di demoni

INSTRUMENTISTES

Violons Frederic MARTIN Gustavo ZARBA

Violoncelle Elisabeth MATIFFA

Violone Jonathan CABLE

Lirone Erin HEADLEY

Harpe Andrew LAWRENCE-KING

Théorbe Stephen STUBBS

Orgue/ Clavecin Christophe ROUSSET

Direction : WILLIAM CHRISTIE LES ARTS FLORISSANTS WILLIAM CHRISTIE au service de Luigi Rossi

FRANCE

Deux oratorios :

901091 IL PECATOR PENTITO * LUIGI "Mi son fatto nemico" ROSSI O CECITÀ DEL MISERO MORTALE

ORATORIOS Agnès Mellon, , Guillemette Laurens, alto I es Arts Florissants William Christie Dominique Visse, haute-contre Michel Laplénie, Etienne Lestringant, ténors , baryton Gregory Reinhart, basse

CD HMC 901091 Enregistrement janvier 1982

LUIGI ROSSI ORATORIO PER LA SETTIMANA SANTA |S5S™* VIENT DE PARAITRE US ARTS r-tORISSANTS WIUIAM CHRISTIE ^Sfà; ORATORIO PER LA SETTIMANA SANTA51' Oratorio pour la Semaine Sainte UN PECCATOR PENTITO "Spargete sospiri" Un pécheur repenti A. Mellon, J. Feldman, M.-C. Vallin, M. Zanetti, sopranos D. Visse, V. Darras, G. Lesne, hautes-contre I. Honeyman, M. Laplénie, J.-P. Fouchécourt, ténors P. Cantor, F. Fauché, A. Sicot, basses

CD HMC 901297 - MC HMC 401297 * En co-production avec la \5MHS Enregistrements février 1984 et juillet 1986

Les Arts Florissants sont financés par le Ministère de la culture, le Conseil Régional d'Aquitaine et la Fondation Société Générale pour la Musique 4/3/ Joy

GESÙ Giacomo AL SEPOLCRO Antonio PERTI

O XJI T O \ I O Fatto Cantare dall ' Illuftrifsima ORATORIO Arciconfraternità DE LA PASSION DI S. MARIA DELLA MORTE La feradel Venerdì Santo dell'Anno 17071

POESIA DEL SIG.G1AC0 AIO ANTONIO BERG AMORI Introduction MUSICA

DEL SIG. GIACOMO ANTONIO PERTl Dans ses oratorios, Perti développe Maltro di Capella della Perinfìgne '.' Collegiata di S.Petronio. une riche gamme de thèmes, extraits de lAncien Testament {Abraham victorieux, le Renvoi d'Agar, thème repris dans Sarah, ou encore Moïse guide du peuple hébreu), du I'M- Nouveau Testament {la Naissance du Sei- gneur, la Mort du juste ou le Trépas de Saint In Bologna, nella Stamperia del Pulzoni, alla Kofa Joseph, le Fils prodigue), ou de l'hagiographie Con licenza de'Superiori. {Les deux lis pourpres du martyre de Sainte Séraphie et Sainte Sabine, Imelda Lambertini sainte bolonaise, Saint Galgano, Saint Pétrone fait évêque de Bologne par Dieu). Mais son sujet le plus cher, qu'il mit en musique sur différents livrets ou élabora en plusieurs INTERLOCUTORI versions successives, c'est la passion du Christ"».

V Oratorio de la Passion (1685) que Maria. nous reproduisons ici, entre dans cette catégorie. Il montre le Christ mort entouré des témoins de la tragédie du Golgotha : S. Maria Maddalena. Marie, Marie-Madeleine, Jean, Joseph d'Arimathie et le Centurion. Les nombreu- ses Dépositions que l'école picturale de S. Giovanni. Bologne nous a laissées, marquant la détresse et l'effroi sur les visages du petit groupe, trouvent des voix et une interpréta- Centurione. tion sonore dans l'œuvre musicale du maître de Saint Pétrone ; et les figures de la cité, paraissent recevoir, ici, vie et mouve- Giufeppe ab Arima- ment dans leurs poses désespérées : les Marie de Nicolas de l'Arca à Sainte Marie tea. de la Vie, le groupe du Sépulcre de Mazza en l'église Sainte Marie Madeleine, la Pietà de donnent le sentiment véritablement très Lombardi en la Cathédrale, et le groupe réussi d'une effusion constante et infinie de douloureux d'Onofri en la basilique de détresse et de douleur"(2). Saint Pétrone. Ce quintette réclame un certain enga- Il apparaît clairement, par le silence du gement au niveau de l'exécution, c'est Christ, que notre oratorio doit être consi- peut-être pour cette raison qu'il fut ôté des déré comme une Déposition, une Mise au versions suivantes par l'auteur ; mais il fut tombeau ou une Pietà ; d'ailleurs une des l'objet d'un intérêt particulier, en dehors de versions de 1703 porte le titre de Jésus au l'œuvre, et Eitner en signale par exemple Sépulcre; mais chez Perti, dans d'autres trois copies dans les bibliothèques de Ber- œuvres, le drame de la passion est vécu lin(3). étape par étape, aux pieds du Calvaire et Airs et récitatifs se succèdent dans la Jésus entonne des récitatifs et des airs. première partie avec une belle alternance : Divisé en deux parties traditionnelles, récitatifs efficaces et expressifs, airs parfois l'oratorio débute par une ouverture pour éclatants, souvent légers, riches en in- violons, aux lignes simples, mais émou- ventions et attrayants dans leur jeu avec les vante et légère, alternant divers mouve- instruments à cordes. Signalons surtout ments, un Grave, un Allegro, un Grave, un l'air de Marie : "Membra squallide e Allegro, respectivement homophones et cadenti". contrapuntiques, puis termine sur un Ada- La seconde partie est introduite par gio de quelques mesures. La dialectique est une brève ouverture en mi mineur à deux mise en valeur par l'entrelacement des temps : "Mortale, non più" et le mélodieux modes de do mineur et de sol mineur. et émouvant air de Madeleine : "Ah ! Per Dans la version de 1703, l'ouverture a été me che non fece il mio Gesù !" remplacée par un autre morceau sympho- nique enrichi par la section des violes ; pas- On trouve certains défauts dans Y Ora- sage adroit dans la construction des parties torio de la Passion : quelques imitations et, et dans le recours au procédé des soli et des çà et là, quelques accents grandiloquents ; tutti, à la manière du concerto grosso. mais il montre, chez le jeune Perti, une rare maîtrise de la construction, un équilibre Après le récitatif du Centurion et un dans la forme, dans les moyens et surtout air avec Da capo (système également adopté une fidélité sincère et respectueuse au pour les autres airs) très suggestif dans son thème, qui s'élève souvent à de véritables dialogue avec le leitmotiv des violons, moments de poésie. nous trouvons un morceau d'ensemble à cinq voix d'une très belle facture. "La Le texte est l'œuvre de Giacomo vigueur dans l'ampleur de phrasé de ce Antonio Bergamori, fécond homme de let- concert, dit Vatielli, réside dans l'effet que tres bolonais, auteur de livrets d'opéra et en l'auteur a su tirer des mots : "Accresce un particulier de textes d'oratorios. mar di pianto". Les diverses voix qui alter- nent, se superposent, et avancent en une Giuseppe VECCHI marche ascendante et en un crescendo, Traduction Irène Limon

(1) : Giacomo Antonio Perti 1661-1756. Oratorio de la Passion, 1685, Présentation par G. Vecchi dans le cycle "la musique baroque à Bologne" Manifestations pour le tricentenaire de G.A. Perti, Concert d'ouverture 26 Mars 1961. Ces notes proviennent de cet ouvrage.

(2) : F. Vatielli "L'oratorio à Bologne à la fin du XVIIe siècle" tiré de "Notes d'archives pour l'histoire de la musique" XV. 1938, p. 81. (3) R. Eitner Quellen Lexicon, Band 7, p. 383. ORATORIO DELLA PASSIONE ORATORIO DE LA PASSION PRIMA PARTE PREMIÈRE PARTIE Centurione Le Centurion Cieli, voi che ascondete deux, 0 vous qui cachez In faccia al giorno istesso al sole i raggi, A la face du jour les rayons du soleil, Monti, voi che scuotete Monts, 0 vous qui secouez Con infausti presaggi En présage mauvais Le tremanti cervici e'I'dorso annoso, Votre nuque tremblante, votre dos chargé d'ans, Morti, voi che il riposo Morts, 0 vous qui quittez Delle tombe lasciate, Le repos de la tombe, Pietre, voi che spezzate Pierres, 0 vous qui, froissées, Il nativo rigor sciogliete in polve, Changez en poudre votre dureté première, Voi, confusi elementi, 0 vous, éléments confondus, Voi, novelli portenti, 0 vous, prodiges inouïs, Ombre caliginose, idee d'horrore, Ombres brumeuses, visions d'horreur, Imagini di duolo e di timore, Images d'épouvante et de douleur, Voi pur, voi mi svelate Voici que vous me révélez La natura sconvolta, La Nature bouleversée, La maestade offesa, La Majesté offensée, L'innocenza tradita, L'Innocence trahie, E al morir di Giesù morta la vita. Et, cependant que meurt Jésus, morte la Vie. () (aria) Palesate, miei lumi, al mio core Expliquez, mes yeux, à mon cœur Perche foste voi ciechi sin qui ! Pourquoi vous fûtes si aveugles jusqu'ici! Ma vi sento risponder col pianto : Mais quoi, je vous entends répondre en pleurs : O core, perche tu fra tanto "Mon cœur, pourquoi être resté aussi longtemps Sordo fosti ad un nume così ? Sourd à pareil Seigneur ?" Maria, Giovanni, e voi che qui d'intorno Toi Marie, toi Jean, et vous qui alentour Raddopiate col pianto Redoublez par vos larmes Gl'ondeggianti torrenti al Divin Sangue, Les torrents ondoyants du Sang Divin, Non isdegnate, a parte del vostro duol, Oh ne méprisez pas, auprès de votre deuil, Nel suo dolor costante, Constant dans son tourment, Un cor pentito, un centurione amante. Un cœur qui se repent, un centurion aimant. Maria Marie Oh di misera madre Oh d'une pauvre mère, Oh di figlio innocente acerba sorte ! Oh d'un fils innocent le rude sort ! Oh mia vita infelice ! Oh viva morte ! Oh ma vie malheureuse ! Oh ma vivante mort ! Choro Choeur O d'immenso rigore Oh d'immense rigueur Eccesso lagrimabile ! O d'amore Excès digne de larmes ! Oh de l'Amour Prodigio tormentoso, aspro consiglio ! Apre dessein, prodige déchirant ! Ch' a pie del morto figlio, Faut-il qu'aux pieds de son fils mort D'una madre che langue Une mère languissante accroisse Accresce un mar di pianto a un mar di sangue. D'un océan de pleurs un océan dé sang! Maria Marie Mio figlio, ah non più mio se a me ti tolse Mon fils — ah non plus mien Lo sdegno altrui, l'altrui crudele eccesso, Si le mépris, la cruauté, à moi t'ont arraché — Deh, quale ho di te stesso Hélas, que j'ai de toi un spectacle funeste Spettacolo funesto a me d'avante ! Qui se présente devant moi ! Dove del tuo sembiante, Où caches-tu l'éclat de ce Visage Reso un tempo del Cielo, ascondi il raggio ? Qu'un temps nous a rendu le Ciel? Qual disaggio maligno, Et quel mal délétère Fra si strane vicende, Par d'étranges malheurs Obbrobrio della terra a me ti rende ? Te rend à moi comme l'opprobre de la terre ? Qual ti vidi ah più non sei, Tu n'es plus tel que je t'ai vu Cara prole, amato Figlio, Cher enfant, mon Fils aimable, Gioia un tempo, hor mio tormento, Jadis ma joie, ores tourment, Già contento, hor mio cordoglio. Jadis content, ores mon deuil. Oh rigor d'acerbo orgoglio ! Oh rigueur d'un cruel orgueil ! Oh d'ardire empio consiglio ! Oh verdict d'une audace impie ! Di ria sorte ah fati rei ! D'un sort cruel ah destins coupables ! Centurione Le Centurion Ah fu delle mie colpe Ah ce fut de ma faute entière L'horribil pondo e'I'temerario ardire L'horrible poids, l'audace téméraire Che l'indusse a morire. Qui le firent mourir ! (aria) (aria) Marmi, voi che vi spezzate Marbres qui vous brisez, Insegnate a questo seno Enseignez à mon cœur Lo spezzarsi hel dolor! A se briser de douleur. Tombe, voi che vi squarciate Tombeaux qui vous ouvrez, Per pietà mostrate almeno Montrez du moins par pitié, Come può, fra tanto horrore, Comment, parmi tant d'horreur, Dalla colpa e dall'errore De la faute et de l'erreur Risvegliarsi questo cor ! Mon cœur peut se réveiller. Maria Marie Giovanni ah tu del figlio Jean, ah toi de mon fils Discepolo più caro e più gradito, Disciple le plus cher, le mieux aimé, Dì se in lui più ravisi Dis-moi : vois-tu encor sa première beauté ? La primiera beltà, se più il conosci ? Et le reconnais-tu encore ? Del campo il bel fior è sfrondato, e perchè La belle Jkur des champs s'est Janée. Ah pourquoi Sì tenero giglio Un si tendre lis Già reso vermiglio Teint de vermillon Tra spine moleste Par les épines rudes, Tra siepi sì infeste Par les haies ennemies Più giglio non è ? N'est-il plus un lis ? Languente e cadente, Languide, affaissée, D'Amore l'ardore L'ardeur de l'Amour Deforme si fe. S'est défigurée. Del campo il bel fiore sfrondato è : perchè ? La belle fleur des champs s'est fanée. Ah pourquoi ? S. Giovanni Jean Nò, che non è più fiore Non non, il n'est plus fleur Se ben, cinta la fronte L'enflant de Nazareth Da corona de spine, Puisqu'avec le front ceint Fatto rè di dolori D'un diadème d'épines Il Nazareno germe, il Re de fiori. Le Roi des fleurs s'est fait Roi des douleurs. (aria) (aria) Non ti conosco, nò, bel fior del campo. Non, je ne te reconnais plus, beau lis des champs ! Troppo a me sembri diverso, Ton apparence est trop changée, Nel tuo sangue ah troppo asperso. Inondé, ah, de trop de sang. Vario sei de quel che fosti Tu es bien différent de ce que tu étais, E tuoi vesti hai già deposti Et tu as laissé ta beauté D'empio tronco al duro inciampo. Sur l'obstacle rugueux de ce tronc criminel. S. Maria Maddalena Marie Madeleine Ah ch'io sola il raviso, Laissez-moi seule à le dévisager ! Perche io sola l'offesi, e perche io sola Moi seule, je l'ai offensé, et c'est moi seule, Maddalena infelice, Madeleine désespérée, Con l'ardir de falli miei, De par mes Jautes insensées Lo sfrondai, lo distrussi e tale il fei. Qui l'ai fané, qui l'ai détruit et rendu tel. D. Maria Maddalena Marie Madeleine Sapete perche quel fulgido labro Savezoous pourquoi sa lèvre brillante Di rose vezzose la pompa spogliò ? A perdu l'éclat des roses charmantes ? Fù solo perche di finto cinabro Oui c'est parce que, de cinabre feint, Con pompa fallace De splendeur trompeuse, Mio volto mendace Mon visage traître Un di s'adornò. Une fois s'est peint. Sapete che fa quel sesto di spine Savez-vous pourquoi ce cercle d'épines Ch'annoda, ch'inchioda la fronte al mio Rè ? Qui lie, qui chue le front de mon Roi ? Mostrando mi va l'error del mio crine, Il montre l'erreur de ma chevelure, Rimprovera i fiori Il blâme les fleurs Ch'in mezzo agl'Amori Qui feignaient le bonheur Mentirno il seren. Au milieu des amours. S. Giovanni Jean Ti viddi io pur sù l'adorate cime Moi je t'ai pourtant vu sur la cime adorable Del sereno Tabor cinto d'intorno Du beau Thabor, tout entouré Di luminosi raggi al par del giorno, De lumineux rayons, comme le Jour lui-même : Et hor del giorno ad onta Maintenant, pour la honte du jour, Te veggio horrido aspetto e'I'giorno estinto : Je te vois ravagé, je vois le jour éteint, Te da la morte, et quei da l'ombre avinto. Toi vaincu par la mort, et lui vaincu par l'ombre. Maria ben a raggion ti stempri i lumi, Marie, bien à raison tu fais fondre tes yeux, A ragione io di pianto humido ho il ciglio, Et moi-même à raison j'ai les cils pleins de larmes : Io privo del , e tu del Figlio. Moi, j'ai perdu mon Maître, et toi ton Fils. (aria) (aria) Se al cader che fa col giorno Puisqu'en tombant avec le jour Entro il mare il sol s'asconde, Le soleil se cache dans l'onde, Questo Sol al sol più adorno Ce vrai Soleil bien plus brillant que le soleil, Che fù scorso all'alta mole Qui rayonna sur la montagne haute, Tomba avrà, pria che s'invole, Avant de disparaître aura sa sépulture Del mio pianto in mezzo all'onde. Dans l'océan de mes pleurs. Ma che rimiro oh cieli ! Que vois-je donc, 0 ciel! L'Arimateo Gioseppe, Joseph l'Arimathée Che l'incarco innocente Qui l'innocent fardeau Al duro tronco affisso Attaché à la croix Vuol sprigionar dal contumace legno ! Veut libérer du tronc qui s'y refuse. Rinnovatevi O fiumi Recommencez, 0 fleuves de mes pleurs Del pianto mio su gli affannati lumi, Sur mes yeux attristés ! E l'ufficio pietoso Que la pieuse mission Di raccor del suo sangue De cueillir de son Sang L'ancor tiepide stille a me si ceda, Les gouttes encor tièdes me soit donnée, e tal contento il mio morir preceda ! Et que ma mort de cette joie soit précédée ! Gioseppe Joseph l'Arimathée Barbara crudeltà Cruauté barbare, Che vuoi di più ? Que veux-tu encor ? Saziati del rigor, Sois repue de rigueur, Dà fine al tuo furor : Mets fin à ta fureur : Morto è Giesù. Jésus est mort. Fù abbastanza bersaglio Il fut assez la cible, De l'ebrea crudeltà l'esangue pondo, Cet exangue fardeau, de la cruauté juive. E pur non sazia a pieno Mais tu n'es pas rassasiée, Aprirle vuoile, ancor che estinto, il seno. Et tu lui veux ouvrir le sein après sa mort ! Che cercasti in questo petto Que cherches-tu dans sa poitrine Reso esangue, O crudeltà ? Vide de sang 0 Cruauté ? Forse il cor veder credesti ? Croyais-tu donc y voir son cœur ? Non sapesti Et ne savais-tu pas Che d'Amor con rare imprese Que, rare exploit d'amour, Fè di lui dono cortese Sa pitié, même à toi, Anche a te la sua pietà ? L'avait courtoisement donné ? Maria Marie Gioseppe, ah mentre il pondo Joseph, hélas, tandis que tu détaches De l'esangue mio figlio Du bois dur de la croix Sciogli dal duro legno, a me concedi Le corps exangue de mon Fils, ah laisse-moi Che per brev'hora a sostenerlo io vegno : T'aider à le porter un bref instant : Sù quell'humida fronte Je veux sur cet humide front Vuò rinovare i baci. Déposer de nouveaux baisers. Maddalena Marie Madeleine Ed io, quel piede ch'un dì lavai Moi, ce pied qu'un jour j'ai lavé, Del pentimento all'onde, Par l'eau du repentir et les larmes du deuil Con lagrime di duolo, vuò rilavar, Je veux le laver encore, Poi rasciugar col crine. Et l'essuyer de mes cheveux. Centurione Le Centurion Su le piaghe divine Sur les divines plaies, Anch'io lasciar desio Je veux aussi laisser Orma di vero amor col pianto mio. Des traces d'amour vrai, avec mes larmes. S. Giovanni Jean Et io, sul sacro petto Et moi, sur la poitrine sainte Che fu riposo un giorno a mie pupille, Où ma paupière un jour a trouvé le repos, Vuò che da lumi anch'il mio cor si stille. Je veux que, par mes yeux, mon cœur même dégoutte. Maria Marie Membra squallide e cadenti, Membres ballants, déchiquetés, Tra mie braccia ah sì venite ! Entre mes bras, ah oui, venez ! Corpo lacero et esangue, Corps lacéré, vidé de sang Sì ritoma in questo seno, Retourne dans mon sein, Sin ch'io possa, afflitta, almeno Pour qu'au moins, affligée, Darti lagrime per sangue Je puisse te donner mes larmes comme sang E lavar le tue ferite. Et laver tes plaies.

PARTE SECONDA (DELL'ORATORIO) SECONDE PARTIE

Maria Marie Membra adorate e care Chers membres bien-aimés Che in questo afflitto seno Qui dans ce sein meurtri Per far più vivo il duol morte tornate, Revenez morts, pour mon grand deuil, Deh per pietà lasciate, Par pitié, laissez-moi, Se il ciel vuol che così pur vi riveda, Puisque le Ciel veut bien qu'ainsi je vous revoie, che per brev'hora a ribaciarvi io rieda, Laissez-moi le bonheur de vous baiser encore ! Ostri innocenti e candidetti avori, Incarnat innocent, blancheur d'ivoire Che alternando tra voi le rose ei gigli Qui, faisant alterner les roses et les lis, Un dì infiorate questo amato pondo, Un jour avez fleuri cette dépouille aimée, Sol di morte in pallori, Rien qu'en pâleurs de mort, Sol di sangue in rosori Rien qu'en rougeurs de sang Per maggior mio tormento ah vi cangiaste. Pour mon plus grand tourment vous vous êtes changés. Da che il duol fa guerra all'alme, Depuis que la douleur a fait la guerre aux âmes, Pari al mio dolor non fù. Il n'y eut pas de deuil pareil à ma douleur. Voi ch'il piede a me movete, Vous qui venez vers moi, Il mio figlio deh scorgete Ah regardez mon Fils, E poi dite a questo core Et dites à mon cœur Ch'è trafitto dal dolore Transpercé de douleur Se il mio figlio ei sembra più ! S'il ressemble encore à mon Fils ! Ma il di lui sangue almeno Mais que son Sang du moins, Sparso non fosse a più torrenti in vano Répandu à torrents, n'ait pas coulé en vain, E non fosser quei colpi Et que ces coups, Che a me il rendono ignoto Qui me le font méconnaissable, Per tant'alme ostinate andati a vuoto ! Pour toutes ces âmes rétives n 'aientpas été donnés en vain. Centurione Le Centurion Ah per me ciò non segua ! All'empio giogo Ah pour moi qu'il n'en soit rien ! Au joug impie De le colpe primiere : torre io mi vuò, De mes péchés anciens je me veux arracher, Già ch'ogni grave eccesso Puisque le Ciel veut pardonner Vuole a pentito core il ciel rimesso. Au cœur qui se repent les fautes les plus lourdes.

Maria Marie Mortale non più crudeltà ! Mortel, assez de cruauté ! Raffrena il fallire ! Renonce au péché ! Centurione Le Centurion Mio core non più crudeltà ! Mon cœur assez de cruauté, Sospendi l'ardire ! Assez d'audace ! Maria + Centurione Marie et le Centurion E in nodo perfetto Par un nœud parfait D'amore, d'affetto, D'amour, de tendresse Te stesso incatena Toi-même enchaîne-toi A tanta bontà. A tant de bonté. S. Giovanni Jean Maria deh mi concedi Marie ah laisse-moi, Che in rimirar quel petto Voyant cette poitrine Sovra di cui posar mi fu concesso, Où il me fut donné de reposer, Distinguendo più appresso Observant dé plus près Quel gran rogo d'amore Ce grand brasier d'amour Onde ad amar il mio Signor apprisi, Où j'appris à aimer mon Seigneur, Gli sforzi del suo amore anch'io palesi. Laisse-moi témoigner des efforts de l'Amour.

(segue l'aria) (aria)

Di più di quel che fe Pouvais-tu rien vouloir de plus L'amoroso Giesù 0 humanité Che potevi bramar O humanità ? Que ce que l'amoureux Jésus a fait Che richieder di più Et qu'est-ce que ta foi Poteva la tua fè ? Pouvait réclamer de plus ? Che più sperar? Espérer de plus ? Che più far mai per te Et qu'est-ce que sa pitié La sua pietà ? Pouvait faire de plus pour toi ?

S. Maria Maddalena Marie Madeleine Ah per me che non fece Ah que n'a donc pas fait pour moi Il mio Giesù ? Mon doux Jésus ? Piante care che piagate Chers pieds meurtris M'insegnate Qui m'enseignez Il sentier della virtù, Le chemin de la vertu, voi svelate a miei pensieri Vous révélez à mes pensées Che il sentiero de piaceri Que le sentier dés plaisirs Sparso è sol d'acuti chiodi, N'est semé que de clous aigus, Ch'ha sol nodi Qu'il me réserve qu'entraves Per chi servo al mondo fù. A qui fut l'esclave du monde.

Centurione Le Centurion Il più confuso io resto O mio Signore, Et moi je suis le plus confus, 0 mon Seigneur, Perche il più ingrato e sconoscente io sono. Etant le plus ingrat, le moins reconnaissant. Ma un cortese perdono Mais réponds, je te prie, Dona, ti prego, a questi voti miei, Par un courtois pardon à ma prière, Tu, che quel nume sei Toi, ce Seigneur Che il facil varco a la clemenza apristi, Qui as ouvert un large accès à la clémence, Ch' ad assolver venisti ! Toi qui es venu pour absoudre !

Questo cor che troppo è reo, Ce cœur trop coupable, Del mio duol fatto trofeo, Changé en trophée de douleur, A tua croce appenderò ; Je le suspendrai à ta croix. Poi da te con fermo affetto Et puis j'implorerai de toi, avec amour, Un cor mondo implorerò. Que ta vue me procure un cœur pur.

Maria Marie Ma per ritorre a più crudeli eccessi Mais pour soustraire à d'encor plus cruels excès Il defonto mio figlio Mon fils défunt, Che solo è all'empietà bersaglio e segno, Cible et mire de la seule iniquité, Gioseppe, te il consegno. Joseph, à toi je le confie. Tu gli ufficii pietosi Les pieux devoirs, c'est toi Porgerai per mercede al tuo maestro. Qui les rendras à ton maître, en récompense. Sappi sol che congiunti a questa saima Mais sache bien qu'unis dans ce dépôt funèbre Chiuderai della tomba entro l'horrore Tu scelleras dans l'horreur du tombeau Del figlio il corpo e della madre il core. Le coprs du fils et le cœur de la mère.

(aria) (aria)

Per seguir quel pondo amato Pour suivre la dépouille aimée Si divide il cor da sè, Le cœur se sépare de soi : E piagato, tormentato, Tourmenté, couvert de plaies Fa mancar lo spirto in me. Il fait s'éteindre mes esprits en moi. S. Gioseppe Joseph d'Arimathée Spettacolo più atroce e più funesto Stupide de trop d'horreur, le soleil Non vidde mai da la celeste mole, Ne vit jamais du haut du ciel Reso per troppo horror stupido, il sole. Spectacle plus atroce et plus funeste. Ma per scemare in parte Mais pour calmer un peu Il concepito duolo a un sen traffitto, La douleur d'un cœur transpercé, Mentre l'esangue incarco a me si cede, Tandis qu'on me confie cet exanque fardeau Degl'Angeli di pace Vous, bataillons heureux Voi pietose accorrete Des Anges de la Paix, O fortunate squadre Accourez, pitoyables, A sostener l'abbandonata madre ! Pour soutenir la mère déplorable.

S. Giovanni Jean Io di figlio fra tanto Moi désomais j'endosserai Sosterrò le vicende e'1 dolce nome. La condition et les doux nom de fils.

S. Maria Maddalena Marie-Madeleine Io di quel marmo algente Héritière, dans ma douleur, de tant d'amour Che tomba è del mio bene Je resterai au pied Voglio restare al piede, De ce marbre galcé D'un tanto amor, nel mio dolore, herede. Qui est la tombe de mon bien.

Centurione Le Centurion Et io, poi che non sdegna Et moi, puique ce Seigneur amoureux D'haver nei marmi l'amoroso Nume Daigne accepter Si pietoso ricetto ? Le pauvre asile de ces marbres, Sede imploro a Lui stesso Je l'implore de venir Lui-même Entro il mio petto. Prendre place dans ma poitrine.

(Aria) (aria) Non lasciar, ti prego, a marmi, Mon cœur, ne laisse pas aux marbres O mio cor, si nobil palma. Une gloire aussi belle. Sù, nel duol o mai ti spezza Allons, brise-toi de douleur, E a lasciar la sua durezza Et qu'avec toi toute âme apprenne Con te ancora apprenda ogni alma. A quitter sa dureté. Che a tal prova d'amore, Devant si grand gage d'amour, E più che pietra a non spezzarsi il core. Il serait plus dur que la pierre Le cœur qui ne se romprait pas.

Traduction Jean-Pierre Darmon Luigi ROSSI : ORATORIO PER LA SETTIMANA SANTA

A la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle, il était d'usage en Italie de diriger des « exercices spiri- tuels » informels: prières, sermons, et musique, en langue italienne plutôt qu'en latin, dans des salles de prières plutôt que dans des églises. Cette pratique occupa dès lors une place de plus en plus importante parmi les efforts de l'Église catholique à renforcer la ferveur religieuse de chacun. Au début du XVIIe siècle, ces exercices comprenaient l'exécution de dialogues en musique, basés sur des thèmes religieux— souvent tirés de la Bible — parfois dans le style de l'opéra mais généralement sans mise en scène ni costumes. Le terme italien oratorio signifiait à cette époque à la fois un lieu de prières et l'exercice spiri- tuel que l'on y pratiquait. Mais avant le milieu du XVIIe siècle, il aura acquis un sens nouveau : la composition musicale exécutée en principe dans un lieu de prières et au cours d'un exercice spirituel. Le premier témoignage écrit nous permettant de supposer que le terme oratorio commençait déjà à signifier un genre musical, nous vient de Rome et remonte à l'année 1640 environ. Les premières compositions dont les sources manuscrites portent le nom d'oratorio proviennent également de la Rome du milieu du siècle. Y? Oratorio per la Settimana Santa en fait partie.

D'après ses sources manuscrites conservées dans la collection Barberini de la Bibliothèque du Vatican, cette composition est anonyme. En 1954 elle fut attribuée par le musicologue italien Alberto Ghislanzoni — et d'après des réalités historiques — à Luigi Rossi (1598-1653), compositeur au service du Cardinal Antonio Barberini à Rome. Celui-ci pratiquait avec générosité le mécénat musical, assurant son soutien aux lieux de prières de Rome, et était par ailleurs un des neveux du Pape Urbain VIII. Les récentes recherches de la spécialiste américaine Margaret Murata ont mis en doute l'attribution de cette œuvre à Luigi Rossi. Il est en tout cas généralement admis qu'elle fut composée par l'un des contempo- rains romains de Rossi au service de la famille Barberini, peut-être Marc'Antonio Pasqualini, à défaut de Rossi lui-même.

Le nom du librettiste de l'Oratorio per la Settimana Santa — titre du manuscrit — est Giulio Cesare Raggioli. Il occupait le poste de maestro da camera chez un autre neveu du Pape, Taddeo Barberini, Prince à la cour de Palestrina mais résidant surtout à Rome. Le de Raggioli représente à bien des égards le type-même du livret d'oratorio du XVIIe siècle. La structure de l'œuvre en deux parties distinctes est caractéristique : il était en effet courant dans les lieux de prières italiens de l'époque, que les prêtres intercalent entre les deux parties leurs sermons portant sur les thèmes des oratorios. Autre carac- téristique, le dialogue entre les solistes interprétant des rôles du drame (Ponce Pilate, deux Démons et la Vierge Marie) et les ensembles représentant des groupes de personnages (la foule, ou Turba, le Chœur des Démons). Plus rare au XVIIe siècle par contre, l'absence d'un narrateur — généralement appelé le Testo et racontant l'histoire sous forme de récitatif — tout comme le rôle de l'Evangéliste dans une Passion liturgique.

Le thème du livret — la crucifixion de Jésus — convient évidemment à la Semaine Sainte, mais la façon dont il est traité frappe par son originalité. La première partie de l'oratorio peut être divisée en deux grands tableaux. Dans le premier, la foule harcelante demande, par des appels en masse, que Barabbas soit gracié. Après une longue hésitation et une agonie que traduisent d'émouvants passages de récitatifs et d' (à ce moment comme dans toute l'œuvre, l'adaptation émotionnelle et rhétorique de la musique au texte prend une place importante), Pilate concède, déclare son innocence, lave ses mains et leur rend Barabbas. Dans le second tableau, apprenant la nouvelle de la mort prochaine de Jésus, les Démons — individuellement et en chœurs — exultent d'une joie insistante, triomphante et scandaleuse. Cette réjouissance à l'annonce de la crucifixion est plutôt inattendue dans un oratorio de la Passion, mais on en comprend vite la raison. Au début de la deuxième partie, le premier Démon incite les autres à un plaisir encore meilleur, et une musique joyeuse et des rires nous annoncent la mise en croix. Soudain, le texte et la musique chan- gent brutalement de ton et l'on entend pour la première fois la voix de la Vierge Marie qui, par ces quel- ques mots, implore la pitié : « Cieli, stelle, pietà ! » (Cieux, étoiles, pitié !). Puis les Démons confirment que Jésus est mort. A ce moment commence la grande lamentation émouvante de la Vierge : « Tormenti non più ». Elle entend et commente douloureusement l'atrocité des hurlements, clameurs, sifflements et éclats de rire de l'enfer, et implore de nouveau la pitié des cieux et des étoiles. Sa terrible plainte se poursuit, alternant avec le choeur des Démons qui commentent sa détresse et l'irrationnalité de la foi. Le chœur final, mentionné dans le manuscrit comme «Madrigale ultimo», est essentiellement un commentaire sur la lamentation de Marie, une interprétation de la crucifixion et un moyen de donnera l'auditeur de plus vives émotions.

La lamentation de la Vierge est le noyau central de l'oratorio. Tout le reste, et particulièrement la joie des Démons, contribue à illustrer le drame. Les contrastes entre les Démons et la Vierge sont intenses : ce sont des moments extrêmes de plaisir et de détresse, de joie et de douleur. Au XVIIe siècle, le public adorait les lamentations — elles deviendront éléments de base de l'opéra — et musicalement celle-ci appartient déjà à l'opéra. Mais les lamentations de la Vierge ont une longue histoire, remontant au Stabat Mater du Moyen-Age, et même plus loin. On les retrouve dans les sacre rappresentazioni, dans les madrigaux spirituels des XVIe et XVIIe siècles, et dans les laude et cantates pour voix seule chantées dans des lieux de prières. La lamentation enregistrée ici — et donc tout l'oratorio — fait partie de cette longue histoire.

HOWARD) E. SMITHER

Traduction Brigitte Barchasz © Harmonia Mundi

Photo Marie-Noëlle Robert Concert Monteverdi du 5 février 1989 au Théâtre du Cbâtelet, Paris ORATORIO PER LA SETTIMANA SANTA ORATORIO POUR LA SEMAINE SAINTE (Giulio Cesare Raggioli)

PRIMA PARTE PREMIÈRE PARTIE Turba La foule Baraba a noi si dia ! Qu'on nous donne Barabbas! Le turbe d'Israel Gesù non chiedono, Les foules d'Israël ne veulent pas Jésus, e a te preside nostro a dir' sen' riedono Et à toi, notre Préfet, se moquent bien de demander che grazia o dono ci sia. Qu'on lui fasse pardon ni grâce. Baraba a noi si dia ! Qu'on nous donne Barabbas ! Pilato Pilate A lo strepito insano A la clameur démente di popolari strida De la populace stridente chi resister confida ? Qui tenterait de résister ? Di sostenere invano A soutenir en vain giuste lance d'Astrea suda il mio stento, Le juste effort d'Astrée ma force s'est épuisée, con popolo inumano, Contre un peuple inhumain, in cui d'ogni ragione il lume ha spento Chez qui l'aveugle envie et la native barbarie cieco livore e ferità natia. Ont obscurci toute raison. Turba La foule Baraba a noi si dia ! Qu'on nous donne Barabbas ! Pilato Pilate Baraba il seduttore, Barabbas le séducteur, l'omicida rapace, L'homicide rapace, fatto da voi per tanta grazia audace, Rendu audacieux par une telle grâce, vedrassi ancor di nuovi falli autore ? Encor d'autres méfaits le verrons-nous auteur ? Che purtroppo a le colpe ampia è la via C'est que large est la voie qui mène aux fautes, e '1 fallire e '1 peccar mai non s'oblia. Et les erreurs, et les péchés, ne s'oublient pas. Turba La foule Baraba a noi si dia ! Qu'on nous donne Barabbas ! Pilato Pilate E di Gesù che fia ? Et de Jésus, qu'en sera-t-il? Quei che non mai fallì, Celui qui n'a jamais péché, a chi darassi, a chi, turba feroce ? A qui le donnerai-je, à qui, foule féroce ? Turba La foule Alla croce, alla croce ! A la croix 1A la croix ! Pilato Pilate Alla croce il vostro re ? A la croix votre roi ? Turba La foule Che re ? Quel roi ? Del nostro inclito stuolo, De notre multitude illustre, sola fenice e re, Cesare è solo. Le seul phénix et le seul roi, c'est César seul. Pilato Pilate E risplender per un empio Et c'est pour un impie que l'on verra briller si vedrà nel vostro petto Dans votre cœur di pietà nobile affetto ? Le noble sentiment de la pitié ? E con tragico scempio Et dans une tragique horreur contro d'un'alma ch'è di colpe ignuda Contre une âme exempte de faute vedrassi ognor più cruda Verra-t-on toujours plus hautes imperversar di voi l'ira e la voce ? Se déchaîner votre colère et votre voix ? Turba La foule Mora, sì, mora in croce ! Qu'il meure, si, qu'il meure en croix ! Pilato Pilate Di si rigida sentenza D'une si dure sentence l'innocenza L'innocence le querele a le stelle erger saprà, Saura se plaindre jusqu'au ciel, e di grave torto Et de la lourde injustice ch'io comporto Dont je me fais complice chi mai giusta cagione addur' potrà ? Qui pourra jamais rendre une juste raison ? Turba La foule Così varia è la fortuna Diverse est la fortune come è varia altrui la cuna ; Comme sont divers les berceaux; così varia è la sorte, il fato è vario ; Comme est divers le sort, le destin est divers, altri al trono riserba, altri al Calvario. Qui voue les uns au trône, et les autres au Calvaire. Pilato Pilate Troppo i lumi vi benda invido velo. Le voile de la haine a trop bandé vos yeux. Turba La foule E troppo in te s'appanna Et toi tu perds trop de vue la luce del tuo bene. Le fanal de ton intérêt. Giudice che non danna Un juge qui ne condamne pas reo che re si fa dire, Un criminel soi-disant roi, anzi alle pene di ritrarlo procura, Et qui s'efforce même à le soustraire aux peines, l'amicizia di Cesare non cura. De l'amour de César fait peu de cas. Pilato Pilate O di colpo mortale aspra puntura ! Oh de ce coup mortel l'âpre morsure ! Cedi, cedi, mio zelo ! Que cède, que cède mon zèle ! Punirà l'ira del cielo C'est la colère du ciel tanto error', si grave fallo. Qui punira si lourde erreur et tant de faute. Ben del sangue d'un giusto, e i cielo sallo, Le ciel sait bien que de ce sang innocente io mi sono : D'un juste, je suis innocent: le mani io lavo, e Baraba a voi dono. Je me lave les mains, et Barabbas vous livre. Turba La foule Se gelata paura il cor t'ingombra ; Si l'épouvante glacée t'emplit le cœur, se paventi, se t'adombra Si tu as peur, et te demandes dove possa quel sangue a cader' vada, Sur qui ce sang pourra bien retomber, sì, sì, sopra a noi cada. Que ce soit donc sur nous, oui, sur nous, qu'il retombe. De' temuti tuoi perigli Que les punitions, les malheurs le vendette e le sciagure Des risques que tu crains de prendre cadan' pure a noi sopra e i nostri figli. Retombent aussi sur nous, et sur nos fils. Cada intanto trafitto Mais que tombe, cloué sur le bois de la croix, sopra d'un legno il Nazzareno invitto, Le Nazaréen invincible, e sia d'un re mentito al folle orgoglio Et que l'orgueil dément de ce prétendu roi come scettro una canna, un tronco il soglio. N'ait qu'un roseau pour sceptre, et pour trône une souche. Demonio Le démon Respirate, atre caverne, Respirez, sombres cavernes, là nel Baratro profondo ; Là-bas, au Baratbre profond; non più, no, lagrime eterne Et que les larmes éternelles faccian' mare al basso mondo ! Cessent d'être une mer pour le monde d'en bas ! Gioite ornai gioite, Soyez contents, soyez contents, voi che la giù nella tartarea stanza Vous qui, là-bas, dans la demeure du Tartare, già per antica usanza Selon l'antique coutume, non altro mai che lagrimar' sentite. N'avez jamais ouï que des pleurs, Gioite ornai gioite. Soyez contents, soyez contents l Coro di demoni Chœur des démons Contro fatai decreto Contre un décret fatal come puote l'inferno esser mai lieto ? Comment se pourrait-il que l'Enfer soit joyeux ? Demonio Le démon Di stupor', di meraviglia De stupeur, d'étonnement, innarcate le ciglia, Ecarquillez vos yeux, O sempre al mal' compagni e spiriti rei, Amis, toujours, du mal, esprits pernicieux: ch'oprar più non potea l'ingegno e l'arte, Le génie, l'invention ne pouvaient faire mieux, si che fra neri inchiostri e bianche carte Et par le papier bbtnc et l'encre noire vivran' vita immortale i gesti miei. Vivra d'une vie immortelle ma gloire. Colui ch'ai mondo uscì Celui qui vint au monde per debellar' l'inferno, Pour combattre l'Enfer, ond'ho rossore eterno, — Ce dont je sens une éternelle honte sin di Pluto la fronte impallidì : Car le front de Pluton en a pâli — pria che tramonte il dì, Avant que le jour ne tombe de' suoi fasti la luce in fumo andrà. Verra sa splendeur partir en fumée. Morirà, morirà ! Il mourra, il mourra ! Coro di demoni Choeur des démons Morirà, morirà ! // mourra, il mourra ! Un demonio Un démon Il fatto è di te degno L'exploit est digne de toi: e ridir' non ti sia greve Redis-nous, si cela ne te pèse pas, quanto deve al tuo merto il nostro regno. Tout ce que doit notre royaume à ton mérite. L'altro demonio Le démon Attenti ! Udite ! Il preside Pilato, Soyez attentifs ! Ecoutez ! ostinato, Le Préfet Pilate, obstiné, con sembianza è giusta e pia, Avec ses grands airs de piété sostenea Soutenait che dannar innocente ei non potea Qu'innocent il ne pouvait il figliolo di Maria. Condamner le fils de Marie. Allor' ch'all'interesse Alors j'ai défait les plans le piante io sciolsi de son intérêt pour Jésus : e fei salirlo in scena, Je l'aijait apparaître, e al primo passo appena Et dès le premier pas ch'ei nella corte impresse, Qu'il fit au tribunal tanto fé, tanto oprò J'ai fait tant et si bien che giustizia e pietade al ciel volò. Que ses airs de piété se sont évaporés. Ragione all'odio cesse, La raison fit place à la haine e ben tosto vedrassi, Et bientôt l'on verra, con solleciti passi Grâce aux rapides pas d'ore fugaci e corte, D'instants fugaces et courts, chi vita esser dicea chinarsi a morte. Celui qui se vantait d'être la vie Vedrassi com'è pria Céder à la mort. già di poggiare al ciel chiusa la via On verra, comme avant, e dai labbri gelati Pour accéder au ciel la voie déjà fermée, spirar' la verità gli ultimi fiati. Et des lèvres gelées la Vérité pousser son ultime soupir. Coro di Demoni Choeur des démons O menzogne fortunate, 0 mensonges bienheureux trionfate, trionfate ! Triomphez ! Triomphez ! Fugate le grida, Chassez les cris, le strida, Les grincements, e con strano portento Et, prodige étonnant, s'odano rimbombar là nel tormento, Que l'on entende retentir dans le lieu du tourment, ne' più profondi orrori, Dans les horreurs les plus profondes, vittoriose armonie, vanti canori. Harmonies de victoire et chants d'orgueil. Suonino, tuonino, gioiose trombe, Que sonnent, que tonnent les joyeuses trompettes, e sol' gioia rimbombe Et que les chants entrecoupés d'Echo en fête, nelP Èrebo fumante Dans l'Erèbe fumant, con le tronche sue voci Eco festante. Ne fassent retentir que de la joie.

SECONDA PARTE SECONDE PARTIE

Demonio Le démon O del tartareo speco O vous du caverneux Tartare, dell'antro cieco 0 vous de l'antre obscur, del regno della morte Du royaume de Mort, dalla nemica sorte Au sort infortuné, dannati amici ad eternare i pianti, Amis damnés à d'éternelles larmes, come in si lieta e sospirata aurora Comment en ce matin joyeux, tant espéré, per noi non sia posa e non si riede ancora N'avons-nous pas encore de paix, con deliri vaganti ? Et ne rions-nous pas en de joyeux délires ? Demoni Les démons Al riso, al suono, ai canti ! Aux rires ! A la musique ! Aux chants ! Demonio Le démon Stige, Averno, che fai ? Styx, Averne, que faites-vous ? Quando mai di Lete e dAcheronte, Quand, sur les rives du Léthé, de l'Achéron, dell'acceso Flegetonte, De l'incandescent Phlégéton, di Cocito su le sponde Du Cocyte, verra-t-on si giocose increspar' l'onde Si gaîment se plisser l'onde ? si vedranno, e quando mai ? Quand donc ? Demoni Les démons Stige, Averno, che fai ? Styx, Averne, que faites-vous ? Demonio Le démon Quando mai l'atra magione, Quand donc la sombre maison, con più ragione Ayant avec raison sepolti i gemiti, Enseveli ses plaintes, con lieti fremiti De ses joyeux tremblements Assourdira-t-elle le ciel, la terre et l'océan ? il ciel, la terra, il mare assordirà ? La Vierge Vergine Firmaments constellés, ayez pitié! Cieli, stelle, pietà ! Les démons Demoni Qui s'est fait le fils de Dieu, Chi si fe prole divina, Qui nous a préparé des outrages, chi di noi gl'oltraggi ordì Déjà pencbe la tête vers le sol, già nel suol la fronte inchina, Et voici que le jour déjà pour lui s'éclipse. già per lui s'eclissa il di. Le Nazaréen odieux, L'inimico Nazzareno, La beauté des vivants, die viventi la beltà, A défailli, cloué sur un morceau de bois, sovra un legno venne meno, Et reste attaché à un tronc, catenato a un tronco sta Lui qui, un jour, fut adoré des rois. chi da regi adorato un tempo fù. La Vierge Vergine Assez de tourments ! Tormenti non più ! Malheureuse, voici que j'entends, Misera, e quale io sento, Contents, triomphants, trionfator contento, Avec des cris, des sifflements, con urli e con sibili, D'affreux hurlements, con gridi orribili, Et des mots de raillerie, con voci di scherno, Rire l'abîme et festoyer l'enfer, rider gl'abissi e festeggiar l'inferno Et les monstres des affreux cloîtres se vanter e degli orrendi chiostri D'avoir éteint la beauté! dell'estinta beltà pregiarsi i mostri ? Qu'il est grand ce trophée d'une haine démente ! Che d'insano livore alto trofeo ! Toute beauté est tombée Ogni beltà cadeo Avec mon fils adoré Jésus. con l'adorato mio figlio Gesù. Assez de tourments ! Tormenti non più ! Cieli, stelle, pietà Firmaments constellés, ayez pitié d'una madre dogliosa, lagrimosa, D'une dolente mère en pleurs, ch'a soffrire tanto martire Qui, ayant perdu son cœur già perduto il suo cor, più cor non ha. A souffrir un tel martyre, n'a plus de cœur. Cieli, stelle, pietà ! Firmaments constellés, ayez pitié ! Maria si more : Marie se meurt ! s'a me fu tolto il core, Si l'on m'a arraché le cœur, se del fonte di vita io resto priva, Si je reste privée de la source de vie, com'esser può ch'io viva ? Comment se peut-il que je vive ? Fate ch'io mora almeno Faites qu'au moins je meure non senza core in seno, Sans que mon propre sein de mon cœur reste vide, e sia poi di quest'alma alma il dolore. Afin que de cette âme soit la douleur. Rendetemi il mio core ! Ah, rendez-moi mon cœur ! Demoni Les démons Turbe amiche, udite, udite Foules amies, oyez, oyez come al ciel chiede pietà Comme elle implore bx pitié questa misera e non sa Du ciel, cette pauvresse : elle ne sait pas che sotto orrido velo Que sous un voile épouvantable già chiuso il cielo Le ciel déjà fermé sua fatai disavventura Ne voit pas, n'entends pas, ou ne fait aucun cas o non vede, o non ode o non la cura. De son malheur fatal. Vergine La Vierge Asprissimi chiodi, 0 clous très rigoureux dure chiavi spietate Clefs dures, impitoyables, ch'ove aprite, rompete e lacerate, Qui brisez, lacérez tout ce que vous ouvrez, voi che ligato e stretto Vous qui, de vos noeuds de fer infrangibles, con saldi e ferrei nodi Etroitement liez et mariez a una croce sposate il mio diletto A une croix mon bien aimé, e me crudi vedovate Et qui, cruels, me rendez veuve e di sposo e di figlio e del mio amore, Et époux, et de fils, et de tout mon amour, rendetemi il mio core ! Ah, rendez-moi mon cœur ! Si, chiodi durissimi, Clous très durs, oui, frangetevi, spezzatevi, piegatevi ! Fracassez-vous, tombez en pièces, ployez-vous ! E fia ben degno vanto Et puissent s'enorgueillir di questo pianto Mes pleurs ch'ammollisca del ferro anco il vigore. D'avoir même du fer amolli la vigueur. Rendetemi il mio core ! Ah, rendez-moi mon cœur ! E tu, croce ingemmata Et toi, croix constellée dai mbini del cielo, Par les rubis du ciel, già vile e nudo stelo Tronc vil et dénudé ch'ogni gioia, ogni bene a me rapisti, Qui m'a pris tout mon bien, toute ma joie, e compagna a due padri, Et qui, habitué aux larcins, ai furti avvezza, M'as dépouillée de toute ma richesse, me d'ogni mia ricchezza impoveristi, Moi, la compagne de deux pères, io t'abbraccio e t'onoro, Je te tiens embrassée, et t'honore. rendimi il mio tesoro ! Ah, rends-moi mon trésor ! Demoni Le démon O follia di cieca fé ! 0 folie d'une aveugle foi ! Dal ferro ingiurioso Du fer injurieux d'un legno sanguinoso D'un tronc ensanglanté costei spera pietà, chiede mercè ! Elle espère pitié, elle attend la merci ! Vergine La Vierge E tu, figlio, perché ? Et toi, mon fils, pourquoi ? Se per me, Si le ciel, d'accord e col ferro e col legno il ciel d'accordo, Avec le fer, avec le bois, con oltraggiose note, Appelé par mes cris véhéments, alle preghiere mie, chiamato, è sordo, Reste sourd à mes prières, come esser' può che tua pietà infinita Comment ta pitié infinie peut-elle tolérer te comporti deriso e me schernita ? Qu'on se rie de toi, et moi, qu'on me méprise ? Deh, come esser mai puote Hélas, comment est-il possible che tu, figlio, acconsenti Que toi, mon fils, tu consentes che sótto rio flagel' d'aspri tormenti, Que sous les coups cruels d'affreux tourments, se tanto ardir'mi lice, S'il m'est permis d'oser ce reproche, mon fils, figlio, ch'io sia tua madre e sia infelice ? Je puisse être ta mère et être malheureuse ? Errai, ah, figlio, errai ! Ah, j'ai eu tort, mon fils, j'ai eu tort ! Se pur mai Ou s'il est vrai cader'mai può nella tua madre errore, Que nul tort ne saurait incomber à ta mère, errò d'amor' bendato il mio dolore. C'est ma douleur, aveuglée par l'amour, qui a eu tort. Demoni Les démons Cosi d'empio dolor forza omicida, C'est ainsi que la force meutrière d'une grande douleur, ove a battaglia sfida, Quand elle livre bataille, ove ad'un cor fa guerra, Quand elle combat un cœur, ogni vigor di sofferenza atterra, Abat, par la souffrance, toute vigueur, ch'ai fin petto di selce, alma di smalto Tant qu'à la fin cœur de silex, âme d'airain d'ostinato martir cede all'assalto. Cède à l'assaut de l'incessant martyre. Vergine La Vierge Votisi pur dei mali Que la coupe des maux l'urna su le vitali Soit vidée sur les ombres ombre di questa spoglia. Vives de cette dépouille. Ecco Pancilla tua pronta a tua voglia : Voici que ta servante est prête à ton vouloir : s'a te piace il mio pianto, occhi piangete ; Si ma plainte te plaît, pleurez, mes yeux, pleurez se t'aggrada il mio duolo, Si ma douleur te plaît, è poco un petto solo. C'est trop peu d'un seul cœur. Dolori, tormenti, crescete ! Douleur, tourments, croissez! Piangete occhi, piangete ! Pleurez, mes yeux, pleurez! In lagrime quest'anima Qu'en larmes mon âme disciolgasi, dissolvasi, si stempre ! Se disloque, se dissolve, qu'elle fonde! Occhi piangete, si, piangete sempre ! Pleurez, mes yeux, pleurez, pleurez toujours! Madrigale ultimo Dernier Madrigal Piangete occhi, piangete ! Pleurez, mes yeux, pleurez ! Dolori, tormenti, crescete, Douleurs, tourments, croissez! che per un Dio che langue, Car pour un Dieu qui souffre, per un figlio che more, Car pour un Fils qui meurt, che versa per amore un mar' di sangue, Et verse par amour un océan de sang è poco ogni tormento, ogni dolore. Ne peut suffire aucun tourment, nulle douleur. O d'eccelsa pietà nobile insegna, De très haute piété 0 noble Enseigne, ch'ai suoi seguaci il vero calle addita Qui montre à qui le suit le vrai chemin di vincer morte e d'eternarsi in vita Pour vaincre Mort et pour rendre éternelle sa vie, e lacerand' insegna Et qui, nous lacérant, enseigne che per salir' di vera gloria al trono Que pour monter au trône de vraie gloire e le pene e i martir' le penne sono. Les peines et les martyres sont nos ailes !

Traduction Jean-Pierre Darmon © Harmonia Mundi

n ' ' i <-i i^,nn ^ i >-m ,a r t> r Photo Jean-Luce Huré Répétition du 9 mai 1988 au Grand Théâtre de Bordeaux Bicentenaire de fa Ré voiuf/on Française

PROGRAMME

ROUGET de l'ISLE Offrande à la Liberté (1793)

GOSSEC Hymne à l'Etre Suprême (1794)

PLEYEL Variations pour orchestre (1792 ?)

CHERUBINI Hymne Funèbre (1797)

MEHUL Chant du Départ (1794)

GOSSEC Le Triomphe de la République (1793) lyrique en un acte

avec

V. Gens - N. Rime - J.P. Fouchécourt - P. Cantor - J.F. Gardeil - N. Rivenq CHŒUR et ORCHESTRE des ARTS FLORISSANTS Dir. WILLIAM CHRISTIE

CALENDRIER

16 AVRIL DUISBURG (RFA) Mercatorhalle en inauguration des Duisburger Akzente 89

18 AVRIL KARLSRUHE (RFA) Badisches Staatstheater dans les Rencontres Européennes de la Culture 89 avec la participation de l'Association Française d'Action Artistique

10 MAI BORDEAUX (Aquitaine) Grand Théâtre première française au Mai de Bordeaux 89

11 MAI LAON Maison des Arts et Loisirs WILLIAM CHRISTIE

William Christie (né en 1944 aux U.S.A.) commence ses études musicales avec sa mère, puis étudie le piano, l'orgue et le clavecin.

En 1966, il obtient, à l'Université de Harward, un diplôme d'Histoire de l'Art. De 1966 à 1970, à l'Uni- versité de Yale, il poursuit des études de clavecin (avec Ralph Kirkpatrick), de musicologie et d'orgue. Puis il est nommé directeur du Collegium Musicum du Darth- mouth College (New Hampshi- re). A partir de 1971, il s'établit en Europe. En 1972, il enregistre son premier disque pour l'O.RT.R, devient un proche collaborateur de Geneviève Thibault de Cham- bure (Société de Musique d'Au- trefois, Paris) et poursuit ses étu- des de clavecin avec Kenneth Gibert et David Fuller. Il donne des récitals dans les principaux festivals européens. Il devient membre de l'ensemble « Concer- to Vocale » et enregistre chez Har- monía Mundi, Arion et Decca.

En 1978, il fonde « Les Arts Floris- sants », ensemble vocal et instru- mental considéré aujourd'hui comme l'un des meilleurs pour la musique baroque. De 1978 à 1983, il est professeur à la Sommer Aca- démie fur Alte Musik d'Inns- brück. En 1982, il est le premier américain nommé au Conserva- toire National Supérieur de Musi- que de Paris. Parallèlement à sa carrière de claveciniste, William Christie a acquis une réputation de spécialiste de musique baroque française et italienne, en contri- buant à la renaissance des techni- Photo Michel Szabo ques vocales des XVIIe et XVIIIe siècles.

Pour ses enregistrements et concerts, il a reçu plusieurs Grands Prix du Disque, le Prix Mondial de Mon- treux, le Prix Edison en Hollande, le Gramophone Record of the Year en Grande-Bretagne, le Deut- scher Schallplatten Preis et le Grand Prix de l'Académie Charles Cros.

Il a participé, en 1983, au Tricentenaire de la naissance de Rameau, en dirigeant Anacréon, Hippolyte et Aride (à L'Opéra-Comique), et en enregistrant l'intégrale des œuvres pour clavecin. Il a été en 1987, l'un des artisans du succès dAtys de Lully. Agnès MELLON, Après ses études auprès de Jean Laurens, Nicole Fallien à Paris, et Lilian Loran à San Fran- cisco, la soprano Agnès MELLON débute dès 1980 une carrière de soliste, particulière- ment axée sur le répertoire baroque. De 1981 à 1985, elle chante dans l'ensemble LES ARTS FLORISSANTS dirigé par Wil- liam CHRISTIE, avec qui elle a enregistré régulièrement des disques et participé à de nom- breux festivals européens. Remarquée lors de ces concerts grâce à l'agilité et la clarté de sa voix, la sensibilité de ses interprétations, elle est engagée régulièrement par des chefs de renommée internationale, comme Philippe HERREWEGHE, Jean-Claude MALGOIRE, Gustav LEONHARDT, Sigiswald KUIJKEN, , John Eliot GARDINER, ... en France et à l'étranger. Elle participe aussi à des productions d'Opéra : festival d'Innsbriick, Opéra du Rhin, Opéra Comique de Paris, Opéra de Lyon.

Véronique GENS, Soprano Commence à chanter dès l'âge de cinq ans dans les «Chanteries à Cœur Joie» d'Orléans. En 1981, elle est admise au Conservatoire d'Orléans et suit la classe de chant de Jacqueline BONNARDOT. De 1981 à 1987, elle chante en soliste à l'occasion des concerts organisés par le Conserva- toire d'Orléans, en particulier le de Fauré (mars 84) avec Gérard SOUZAY. En 1985, elle entre au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans la classe d'interprétation de musique vocale ancienne de William CHRISTIE, puis obtient en 1987 un 1er Prix de Chant à Orléans, et un 1er Prix d'interprétation au CNSM de Paris. Depuis, elle participe régulièrement aux concerts des Arts Florissants en France et à l'étran- ger : Atys de Lully, Didon et Enée de Purcell, David et Jonathas de M.-A. Charpentier. Dernièrement, elle a chanté au Metropo- litan de New York dans les Leçons de Ténèbres de Couperin, sous la direction de William CHRISTIE.

Claire BRUA, soprano Claire BRUA commence ses études de chant au conservatoire de Nice dans la classe d'Al- bert Lance tout en poursuivant une maîtrise de lettres. Elle étudie ensuite à Paris avec Lorraine Nubar et Ruth Falcon puis avec Marie-Thérèse Cahn. En 1987 elle entre au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans la classe de William Christie. Celui-ci la convie a participer à plusieurs concerts avec Les Arts Flo- rissants sous sa direction. Elle a participé, entre autres, à la création de l'Opéra de Maurice Ohana, La Célestine, en juin 1988 à l'Opéra de Paris.

Gérard LESNE, Haute-contre Après des études de Musicologie à la Sorbonne, il se consacre à la pratique du chant Médiéval et Baroque. En 1979 débute sa collaboration avec l'ensemble de René CLE- MENCIC. Avec le CLEMENCIC CONSORT de VIENNE il fera de très nombreux concerts et enregistrements parmi lesquels, le cycle de concerts à la Brahmssaal au Musik- verein de Vienne, le Festival Van Vlaanderen, le Festival de Wallonie, Internationales Brucknerfest de Linz, ainsi que de nombreuses productions scéniques comme "ASSA- LONE PUNITO" de ZIANI, au Festival de Carynthie, "ORFEO" de SARTORI à la Bien- nale de Venise, "l'OLYMPIADE" de VIVALDI au Bruckner Festival de Linz, "NAR- CISO" de Domenico SCARLATTI au Festival de Musique Ancienne de la Fondation Gulbenkian à Lisbonne. Il collabore depuis 1981 avec l'ensemble ORGANUM avec lequel il a déjà fait de nombreux concerts et enregistrements, ainsi qu'avec l'ensemble CLEMENT JANEQUIN, l'ensemble LA GRANDE ECURIE ET LA CHAMBRE DU ROY... En 1985 il crée l'ensemble IL SEMINARIO MUSICALE. Gérard LESNE participe régulièrement aux tournées des ARTS FLORISSANTS, et a enregistré avec eux les "SELVA MORALE" de MONTEVERDI, les "MADRIGAUX" de GESUALDO, les "PETITS MOTETS" de LULLY, plus récemment "DAVID et JONATHAS" de CHARPENTIER et les "CANTATES" de MONTECLAIR. Dominique VISSE, Haute-contre A l'âge de 11 ans, Dominique VISSE devient petit chanteur de la Maîtrise de Notre-Dame de Paris. Il commence alors des études d'orgue et de flûte qu'il complète ensuite au Conserva- toire de Versailles. D'abord instrumentiste passionné de musique médiévale et de la Renais- sance, il utilise occasionnellement sa voix de haute-contre, puis décide de la travailler. Il ren- contre alors, durant des stages d'interprétation de la musique ancienne, des spécialistes en ce domaine : Alfred Délier, René Jacobs et Nigel Rogers. En 1978, il devient membre de l'en- semble CLÉMENT JANEQUIN et travaille avec William Christie au sein de l'ensemble LES ARTS FLORISSANTS. Il étudie la technique vocale avec Jean Laurens depuis 1980. La clarté et l'agilité de sa voix lui permettent d'aborder tout le répertoire du Moyen-Age à l'époque baroque. Ses activités de soliste le font se produire en France et à l'étranger et colla- borer avec de nombreux ensembles.

Jean-Paul FOUCHÉCOURT, Ténor Sur les conseils de Cathy BERBERIAN, Jean-Paul FOUCHECOURT a débuté le chant et l'art lyrique en 1982 au CNSM de Paris dans les classes de Peter GOTTLIEB et Gabriel BAC- QUIER, après avoir étudié (en 1981) la direction d'orchestre avec Pierre DERVAUX à l'école Normale de Musique de Paris.

Bien que saxophoniste "classique", titulaire du 1er Prix du CNSM de Paris et de Prix Interna- tionaux, il abandonne cette activité pour se consacrer entièrement au chant et à la direction d'orchestre. Depuis juin 1986, il est membre des ARTS FLORISSANTS, et à ce titre il a chanté en Europe, en URSS, aux États-Unis et au Canada, et enregistré plusieurs disques, au nombre desquels la Selva Morale de Monteverdi, les Madrigaux de Gesualdo et les Petits Motets de Lully. L'Opéra de Paris l'a sollicité pour le rôle de Morphée dans Atys de Lully, puis pour le Magni- ficat de Bach à l'Opéra de Paris.

François FAUCHE, Basse Né en 1962, il étudie très jeune le chant au Conservatoire de Toulouse ainsi qu'avec Jean Lau- rens et Jeanine Tavernier à Paris. Membre des Arts Florissants depuis 1982, il participe régulièrement avec cet ensemble à de nombreux concerts dans les plus grands festivals européens et a enregistré de nombreux dis- ques. Il a pris part à des productions lyriques et à des enregistrements sous la direction de chefs réputés, tels que Jean-Claude Malgoire (Neptune dans le "Retour d'Ulysse" de Monteverdi,) René Jacobs ("Xerse" de Cavalli) ou Sigiswald Kuijken ("" de Rameau).

Bernard DELETRE, Basse Originaire du Nord, Bernard DELETRÉ est titulaire d'un premier prix de chant du Conserva- toire National Supérieur de Musique Paris (1981). Après un bref passage au Groupe Vocal de France, il se lance dans une carrière de soliste d'opéra et d'oratorio tant en France qu'à l'étranger. Il aborde également le théâtre musical avec l'atelier Lyrique du Rhin (83-84) et la Péniche-Opéra (84-85) dont il est vice-président. Il apporte sa contribution à la création contemporaine avec divers enregistrements à Radio- France. Très éclectique dans ses choix, il s'attache à prendre contact avec toutes les formes de l'art lyri- que, de "Atys" de Lully avec William CHRISTIE, à "L'Opéra d'Aran" de Gilbert Bécaud, de "Iphigénie en Aulide" de Gluck, à Aix-en-Provence, à "O comme eau" de Claude PREY. Bernard DELETRÉ assure en outre la direction artistique du chœur d'enfants Les Petits Chanteurs de Valenciennes. Avec LES ARTS FLORISSANTS, il a enregistré "Atys" de Lully.

Christophe ROUSSET, Claveciniste Après ses études en France auprès d'Huguette DREYFUS et de Kenneth GILBERT et en Hol- lande avec Bob ASPEREN, Christophe ROUSSET obtient le Premier Prix au Concours International de Bruges, attribué une seule fois jusqu'alors, à Scott Ross. Il débuta aussitôt une carrière de soliste qui le fit se produire sur les scènes les plus importantes (Amsterdam, Saintes, Rome, Aix, Cologne, Berlin, Montréal...). Il est également recherché comme pédagogue — cours d'été de Castelfranco Veneto (Italie), Rio de Janeiro (Brésil), La Haye (Hollande) — et accompagne les plus grands solistes, dont les frères KUIJKEN, Agnès MELLON etc.. Il a enregistré W.-F. Bach chez EMI, Boccherini et Couperin à deux clavecins avec William CHRISTIE chez HARMONIA MUNDI. En outre, depuis la production de Atys de Lully par LES ARTS FLORISSANTS en 1986 à l'Opéra Comique, il est l'assistant de William CHRISTIE aux Arts Florissants. LES ARTS FLORISSANTS L'ensemble vocal et instrumental LES ARTS FLORISSANTS a été fondé par William CHRISTIE en 1979 à Paris, trois siècles après la création de l'œuvre de Marc-Antoine CHARPENTIER qui lui a donné son nom.

Son répertoire est formé en grande partie d'œuvres inédites des XVIIe et XVIIIe siècles, puisées notamment dans les collections de la Bibliothèque Nationale. Les productions d'opéra des ARTS FLORISSANTS, avec ou sans mise en scène, ont rencontré la plus grande faveur : Actéon, de Marc- Antoine CHARPENTIER (Chambord 1981), IlBallo delk Ingrate de MONTEVERDI (Besançon 1982), Didon et Enée de PURCELL (Atelier Lyrique du Rhin 1983), Anacréon et Pygmalion de RAMEAU (Paris 1983), Médée de CHARPENTIER (Paris 1984), puis à nou- veau Anacréon et Actéon (Festival d'Edimbourg 1985), et enfin Atys de LULLY à l'Opéra de Paris qui s'est vu décerner le Grand Prix du Meilleur Spectale Lyrique 1987, a été repris en Janvier 1989, à la salle Favart à Paris, et sera donné en mai prochain à New York. C'est au Théâtre Gabriel que les chefs d'État de sept grands pays réunis au sommet de Versailles en juin 1982 ont applaudi une belle interprétation, précisément des Arts Florissants de CHARPENTIER, mis en scène par Jorge LAVELLI, et dans ce même théâtre du Châ- teau de Versailles, Mikhaïl GORBATCHEV et François MITTERRAND ont assisté en octobre 1985 à une représentation d'Anacréon et Actéon. La qualité de la Discographie de l'ensemble lui a valu les plus brillantes distinctions : Prix Mondial de Montreux 1982 ; Grand Prix du Disque de l'Académie Charles Cros 1981,1983 et 1985 ; Prix Gramophone 1983 et 1985 ; International Record Critics Award 1985 ; Prix Opus U.S.A. 1985 et 1987 ; Grand Prix in honorem Charles Cros 1987 ; Deutscher Schallplatenpreis 1987. Réclamé dans le monde entier, l'ensemble aura visité en 1987 la R.F.A., la Suède, la Tunisie, les Pays-Bas, la Suisse, les U.S.A., le Canada et l'U.R.S.S. et en 1988 l'Espagne, l'Angleterre, les Pays Bas, l'U.RS.S., les U.S.A. et la R.F.A. Les ARTS FLORISSANTS sont financés par le Ministère de la Culture, la Région Aquitaine et la Fondation Société Générale pour la Musique.

Concert Monteverdi du 5 février 1989 au Théâtre du Cbâtekt, Paris Photo Marie-Noëlle Robert LES ARTS FLORISSANTS

10, rue de Florence, 75008 PARIS - Tél. : (1) 43.87.98.88 - Télex: 632139 TELEXTLT1002 - FAX: (1) 43.87.37.31 Délégué artistique : Christophe MANGÉ Administrateur : Bruno SCHUSTER Attaché de direction : Chargé de production : Administrateur adjoint : François VIENNE Christopher BAYTON Anne POURSIN Secrétaire de direction : Corinne AMBROISE de COETLOGON

Régisseur de la tournée : Bernard MOSNIER harmonía mundi

FRANCE

DISCOGRAPHIE LES ARTS FLORISSANTS WILLIAM CHRISTIE

ANDRE CAM PR A MICHEL LAMBERT Cantates françaises Airs de Cour à plusieurs voix GRAND PRIX IN HONOREM CHARLES CROS 1987 (France) HMC 1123 RADIO-FRANCE HMC 901238 JEAN-BAPTISTE LULLY Atys. Opéra en cinq actes MARC-ANTOINE CHARPENTIER GRAND PRIX IN HONOREM CHARLES CROS 1987 (France) Actéon. Opéra de chasse (H.481) DEUTSCHER SCHALLPLATTENPREIS 1987 (REA.) Intermède nouveau pour PREMIO CAMERISTICO 1987 (Italie) «Le mariage forcé» (H.494/9-11) OPUS AWARD 1987 (U.S.A.) GRAMOPHONE RECORD AWARD 1983 (G.B.) GRAND PRIX DE LA CRITIQUE HMA 1901095 pour le meilleur spectacle lyrique de l'année 1987 (France) HMC 901257.59 Les Antiennes «O» de l'Avent (H.36 à 43) HMC 901249 (extraits) FRANCE MUSIQUE „ . -, OPÉRA DE PARIS Noëls pour les instruments (H.534) Petits Motets GRAND PRIX DU DISQUE DE HMC 901274 FRANCE MUSIQUE L'ACADÉMIE CHARLES CROS 1981 (France) HMC 5124 SOCIÉTÉ MARC-ANTOINE CHARPENTIER / E.CS. MICHEL PIGNOLET DE MONTECLAIR La Mort de Didon. Cantates «Les Arts Florissants», Idyle en musique (H.487) HMC 901280 PRIX MONDIAL DU DISQUE DE MONTREUX1982 HMA 1901083 Altri Cariti David et Jonathas, Tragédie en 5 actes (H.490) Madrigaux des VIIe et VIIIe Livres HMC 901289.90 FRANCE MUSIQUE HMA 1901068 SOCIÉTÉ GÉNÉRALE Médée. Opéra en cinq actes (H.491) Il Ballo delle Ingrate. Sestina GRAND PRIX DU DISQUE DE HMC 901108 L'ACADÉMIE CHARLES CROS 1985 (France) Selva Morale e Spirituale (extraits de) INTERNATIONAL RECORD HMC 901250 CRITICS AWARD 1985 GRAMOPHONE RECORD AWARD 1985 (G.B.) ETIENNE MOULINIÉ OPUS AWARD 1985 (U.S.A.) Cantique de Moyse HMC 901139.41 SOCIÉTÉ MARC-ANTOINE CHARPENTIER/E.C.S. GRAND PRIX DU DISQUE DE L'ACADÉMIE CHARLES CROS 1983 (France) Deux Oratorios HMC 1055 Caecilia, Virgo et Martyr (H.413) Filius prodigus (H.399). Magnificat à 3 voix (H.73) HENRY PURCELL HMC 90066 Dido and ./Eneas Oratorio de Noël (H.416) HMC 905173 RADIO-FRANCE FONDATION TOTAL POUR LA MUSIQUE Sur la Naissance de N.S. Jésus-Christ (H.482) HMC 905130 SOCIÉTÉ MARC-ANTOINE CHARPENTIER/BULL JEAN-PHILIPPE RAMEAU Pastorale sur la naissance de N.S.Jésus-Christ (H.483) Anacréon. Ballet en un acte In nativitatem D.N.J.C. canticum (H.414) HMA 1901090 RADIO-FRANCE HMC 901082 LUIGI ROSSI Le Reniement de Saint-Pierre (H.424) Il pecator pentito et O Cecità (Oratorios) Méditations pour le Carême (H.380 à 389) HMC 901091 GRAND PRIX IN HONOREM CHARLES CROS 1987 (France) HMC 905151 SOCIÉTÉ M.-A. CHARPENTIER/SOCIÉTÉ GÉNÉRALE Oratorio per la Settimana Santa HMC 901297

CARLO GESUALDO A PARAÎTRE : Madrigaux MARC-ANTOINE CHARPENTIER (extraits des Livres III, IV, V, VI) Te Deum - Missa Assumpta est Maria - Litanies de la Vierge HMC 901268 HMC 901298 fé® WILLIAM CHRISTIE

MINISTÈRE DE LA CULTURE / CONSEIL RÉGIONAL D AQUITAINE