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Document généré le 30 sept. 2021 16:45 Séquences La revue de cinéma Trames sonores François Vallerand Numéro 159-160, septembre 1992 URI : https://id.erudit.org/iderudit/50151ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) La revue Séquences Inc. ISSN 0037-2412 (imprimé) 1923-5100 (numérique) Découvrir la revue Citer ce compte rendu Vallerand, F. (1992). Compte rendu de [Trames sonores]. Séquences, (159-160), 4–6. Tous droits réservés © La revue Séquences Inc., 1992 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ PRIMEURS ET cet égard certaines des plus belles et des plus simples mélodies jamais PROGRAMMES écrites par Goldsmith, témoin d'un DOUBLES optimisme peu fréquent chez cet artiste plutôt tourmenté. Curieusement pour cette musique qui chante les beautés simples de la nature, Pour rédiger cette chronique, je l'électronique tient ici une place plus vois beaucoup de films et j'écoute pas importante que dans beaucoup mal de musique; je reçois et j'achète d'autres oeuvres de Goldsmith. Mais il aussi un grand nombre de disques de faut admirer avec quel doigté le bandes sonores. Très souvent, je compositeur sait doser sa présence constate que l'ensemble de cette dans la texture orchestrale, lui musique est si médiocre qu'il ne Violence et passion réservant le rôle des voix de la forêt folkloriques irlandais, l'oeuvre laisse mérite même pas d'être mentionné. Je ou, dans un passage plus musclé, celui une place — modeste il est vrai — me retrouve alors devant une sorte de Il est indéniable pour moi que je des forces destructrices du feu. À cet aux Chieftains, le merveilleux groupe syndrome de la page blanche: de quoi n'aurais pas apprécié autant Basic égard, la musique qui accompagne la irlandais de musique celtique vais-je pouvoir entretenir mes lecteurs Instinct et Medicine Man n'eut été découverte du village amazonien par traditionnelle qui lui confère un qui puisse les intéresser, sachant qu'il de la présence de premier plan de la la jeune biologiste est en soi une pièce certain caractère d'authenticité est toujours préférable de musique du génial Jerry Goldsmith. d'une rare subtilité. Comme dans sa musicale. La musique de ce film ne recommander des oeuvres d'une On a beaucoup discuté autour du film partition pour Under Fire. Goldsmith brise pas les conventions et, même si certaine tenue plutôt que de s'en de Verhoeven, de sa thématique utilise avec bonheur des rythmes sud- elle demeure sans surprises, elle reste prendre à des trucs insignifiants? On sulfureuse qui n'a pas été du goût de américains sans tomber dans le trivial. une oeuvre très agréable à écouter sur m'a déjà fait remarquer que j'avais un tout le monde, et de son graphisme Comment cet homme modeste, d'une le disque MCA qui livre en prime la penchant partial avoué pour la audacieux. Cependant, j'arrive mal à réserve et d'une timidité légendaires, désormais inévitable chanson du musique de film américaine et deux comprendre pourquoi il ne fut presque peut faire preuve d'autant de générique final interprété par une ou trois auteurs en particulier. Ce n'est jamais fait mention de la musique de sensibilité et de créativité, avec une vedette de l'heure; ici cette fois, c'est pas tout à fait exact. Je défendrai Jerry Goldsmith qui, sans violence, musique tantôt colossale, musclée et Enya qui donne la version anglaise de toujours une musique qui me parle, patiemment, d'une manière retenue et brutale, tantôt sensuelle, lyrique et sa chanson-titre. Au risque de me fait appel à mes émotions et me fait presque imperceptible, telle une économique.et arrive en plus à se tromper encore une fois — mais vibrer, peu importe son origine. Mais araignée, tisse de sa présence sinueuse renouveler avec un tel éclectisme et à l'Academy et moi n'avons il se trouve que. dans ce sens, les et insidieuse une toile inextricable entrer dans le tissu dramatique d'un définitivement pas les mêmes goûts Américains me parlent plus que les autour des personnages et de leurs film, demeure pour moi une énigme en musique de film — voilà trois autres. J'ajouterai, d'autre part, n'en relations passionnelles. La musique passionnante et émouvante à la fois, partitions qui mériteraient bien, eu déplaise aux cinéphiles, que ce ne relève et accentue avec finesse la source de curiosité et d'admiration égard à ce qui se fait par ailleurs, une sont pas toujours les meilleurs films manipulation perverse qu'exerce la avec chaque nouvelle partition. Basic nomination à un Oscar. qui possèdent une partition musicale belle blonde sur l'obstiné policier Instinct et Medicine Man de Jerry intéressante et que bien des navets ne suicidaire. En des mains moins Retour aux sources méritent d'être mentionnés qu'en expertes, le film n'aurait pas eu autant raison de la qualité de leur musique. de sensualité, de force et d'efficacité. Devant un évident manque Cela dit, je dois reconnaître que la En un mot, c'aurait été un moins bon Medicine d'oeuvres intéressantes à publier, les musique de film américaine semble film. Je crois que là réside la force et maisons de disques de musique de s'enliser dans une autre de ces le génie de Jerry Goldsmith: pouvoir film se tournent de plus en plus vers périodes stériles qui relèvent des brosser un tableau psychologique des le répertoire. Puisque je viens de contraintes mercantiles que lui situations et des personnages avec une mentionner les Chieftains, il serait imposent producteurs et fabricants de musique qui va littéralement chercher utile je crois de noter la sortie toute mise en marché. Il en ressort des le spectateur et qui le manipule à son récente d'un disque entièrement produits sans âme, presque gré au profit du plus grand effet du consacré à leur musique de film. Cette interchangeables d'un film à l'autre, spectacle cinématographique. En sympathique anthologie reprend en résultat plus d'une technique que d'un écoutant sa partition pour Basic effet des extraits de cinq films et d'une véritable processus créateur. Les Instinct, on pense bien sûr aussitôt à mini-série télé (The Year of the jeunes musiciens de la présente Bernard Herrmann. Mais l'évocation Goldsmith sont deux chefs-d'oeuvre French) auxquels ont participé les six génération, les Kamen, Silvestri, n'est pas servile car Goldsmith, grâce que l'on pourra apprécier longtemps musiciens du groupe, dirigés par Horner, Elfman, Eidelmann et les a un lyrisme plus détendu et le recours dans leur intégralité sur disques Paddy Moloney, qui en est aussi le autres ont bien du mal à surpasser, à des sonorités électroniques et un Varèse Sarabande. compositeur. Sauf Barry Lyndon de même à égaler, leurs aînés dont ils ont dynamisme soutenu, est bien loin des Stanley Kubrick et The Grey Fox de plutôt tendance à plagier le style. sévères maniérismes morbides du Sentiers battus Philip Borsos, la plupart des films Parmi la production uniforme et vieux maître. Autant Basic Instinct sont peu connus. On regrettera à cet laminée de ces derniers mois, trois est une oeuvre angoissante et Far and Away de Ron Howard a égard que les notes du livret films récents, aux mérites variables, et pessimiste, autant Medicine Man permis à John Williams de livrer une d'accompagnement soient pour le certes discutables, brillent par la marque une ouverture sur la nature et partition haute en couleurs et au mois succinctes. Tous ces films qualité de leur musique composée par la vie avec une musique lumineuse caractère épique indéniable. possédaient une partition fortement - qui d'autre! Jerry Goldsmith et John comme on en trouve peu chez ce Construite sur deux très beaux thèmes inspirée du folklore irlandais et s'il ne Williams. musicien. Medicine Man contient à complémentaires aux accents s'agit pas au sens strict de musique LAMES SONC folklorique authentique — le groupe manière d'Henry Mancini et Elmer Records de Grande-Bretagne) réédite les commandait. L'enregistrement est souvent accompagné par un Bernstein, on y reconnaît déjà deux disques très rares tirés du très mono trahit par endroits son âge. mais orchestre symphonique — les l'écriture serrée et anguleuse ainsi que riche catalogue Capitol. Si The la qualité de l'oeuvre et son partitions de Treasure Island (avec le sens de la mélodie qui fera la Agony and the Ecstasy d'Alex North interprétation inspirée par Ernest Gold Charlton Heston et Oliver Reed), fortune de Barry avec les premiers a connu, ilya une quinzaine d'années, — qui allait l'année suivante se rendre Three Wishes for Jamie, et Tristan James Bond et la richesse de films une inabordable réédition très limitée célèbre avec sa partition d'Exodus — and Isolde (avec Richard Burton) comme King Rat. The Knack et et en définitive introuvable en en font une pièce que tout demeurent de bons exemples même The Lion in Winter. En provenance du Japon, la partition de cinémélomane aura intérêt à d'intégrations d'éléments folkloriques complément de programme, ce disque George Antheil pour The Pride and découvrir. dans un tissu musical contemporain. de 75 minutes nous propose the Passion de Stanley Kramer n'a Publiée par RCA, cette compilation l'enregistrement complet de son Trois westerns procure près d'une heure d'écoute album Stringbeat.