31 03 18/ REVUE DE LA PRESSE CONGOLAISE DE CE SAMEDI (CongoForum)

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SOMMAIRE Dans la presse parue à Kinshasa en ce samedi 31 mars 2018, figurent principalement des commentaires sur la mort à Bruxelles de l’ancien Premier ministre, le sénateur André Bo- Boliko, sur l’élection de Félix Tshisekedi à la tête de l’UDPS ainsi que sur la question de la double nationalité. Exit Bo-Boliko Après la disparition à Bruxelles de l’ancien Premier ministre de la RDC, André Bo-Boliko, le Bulletin de l’ACP titre: « Un message de condoléance du Président à la famille de Boboliko Lokonga ». Pour ce média, le Président de la République, Joseph Kabila Kabange, a adressé vendredi un message de condoléance au Sénat, aux familles biologique, politique et syndicale de M. André Boboliko Lokonga, décédé dans la nuit de jeudi à vendredi à Bruxelles, en Belgique. « Dans son message, le Chef de l’Etat, qui a exprimé sa tristesse pour la disparition de ce grand homme d’Etat, a mis en exergue le parcours élogieux de ce syndicaliste et homme politique. Joseph Kabila a, à cette occasion, instruit à ce que des funérailles dignes soient organisées en l’honneur de l’illustre disparu ». Congolité Le Potentiel revient sur le dossier de la double nationalité et titre en manchette : « Double nationalité : effet boomerang ». Le Procureur général de la République a bel et bien ouvert une boite de pandore en ouvrant une information judiciaire sur la prétendue double nationalité de Moïse Katumbi, constate ce quotidien. Ce tabloïd pense que « le PGR devra désormais aller jusqu’au bout de sa logique en dénichant les Rwandais, Tanzaniens, Américains, Belges, Français, Canadiens et autres Britanniques qui œuvrent présentement dans les institutions de la République. » Ce journal note que ce n’est pas aujourd’hui où tous les cadres de la MP, même ceux qui détiennent la nationalité congolaise concurremment avec une étrangère, pourra recourir à la justice pour traiter cette question. « Tout indique que Kinshasa devra se faire très mal s’il tient à remettre cette question sur la place publique. », analyse Le Potentiel. Fatshi Actualité.cd annonce « Félix Tshisekedi élu président de l’UDPS avec 98,38 % ». Ce media en ligne informe que « Félix Tshisekedi a été élu président de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) dans la nuit du vendredi 30 à ce samedi 31 mars. Il succède ainsi à Etienne Tshisekedi, son père biologique décédé à Bruxelles depuis le 1er février 2017. Son investiture est prévue ce samedi 31 mars. » Cette source rapporte que à main levée, 790 délégués soit 98,38 % sur les 803 qui ont participé au vote, ont voté pour le président du Rassemblement, ancien secrétaire général adjoint de l’UDPS en charge des relations extérieures. L’info en Lignes des Congolais de Belgique précise : « Par 790 voix contre 8 à son challenger Guy Bao, Félix Tshisekedi a été élu Président de l'UDPS. C'était à l'issue d'un vote à main levée vers 3 heures du matin le 31 mars 2018, lors du congrès extraordinaire de l'UDPS à Kinshasa. A l'issue de l'élection, Félix Tshisekedi a félicité le secrétaire Général Jean Marc Kabund-A- Kabund dont le dynamisme et la détermination ont permis l'organisation de cet événement. Le programme avait prévu que cette élection ait lieu durant la journée du 31 mars. Mais les congressistes ont décidé de travailler non-stop. La cérémonie de clôture aura lieu le 31 mars, et le nouveau Président prononcera alors son discours officiel ». Majorité TouteHeure.com se penche sur la guerre des dauphins au sein de la Majorité présidentielle (MP) et titre : « RDC : le compte Twitter de soutien à Minaku pour la présidentielle est un ‘‘faux’’ ». Ce site relaye un communiqué du cabinet du président de l’Assemblée nationale et secrétaire général de la MP sur un « faux » compte Twitter qui a été attribué à Aubin Minaku. « ‘‘Le cabinet de l’honorable président de l’Assemblée nationale prévient instamment l’opinion contre la mise en selle, par un réseau d’inconnus amateurs de la cybercriminalité, d’un faux compte ou mieux d’un compte piraté indument attribué à l’honorable Aubin Minaku Ndjalandjoko, pour diffuser sans frein le fruit amer de leur médisance et de leur intoxication médiatique’’ », écrit TouteHeure.com, relayant ce document signé jeudi dans la soirée par Jean-Pierre Lihau, directeur de cabinet du président de l’Assemblée nationale. Le matin de ce même jeudi, rappelle ce média, un compte Twitter nommé « Aubin Minaku 2018 » a publié un message à l’effigie du président de l’Assemblée nationale mentionnant: « présidentielle, l’alternance est encore possible. Un seul homme : Aubin Minaku ». Rappel : Les 7 conditions à défaut desquelles une élection sera NULLE.

L’élection est un processus complexe, une machine aux multiples rouages, et il faut que chacun de ceux-ci fonctionne impeccablement pour que l’élection puisse être valable. Si un seul de ces rouages est défectueux ou grippé, cela met à néant la validité de tout le processus et les élections sont nulles. Schématiquement, ces conditions sont au nombre de sept:

1 – Le corps électoral doit être correctement connu et identifié. Là où, comme en RDC, le dernier recensement remonte au Déluge, ce recensement doit avoir lieu avant que l’on n’envisage d’organiser des élections . 2 – L’organisation pratique et matérielle des élections doit être confiée à une institution neutre et apolitique. C’est actuellement un point d’achoppement en RDC. 3 – Lorsque l’obstination d’un Président, jamais élu comme en RDC, ou simplement arrivé en fin de mandat, rend une Transition indispensable, celle-ci ne peut être présidée que par une personne consensuelle et qui s’engage à ne pas être candidate. 4 – La certification des résultats doit être confiée à un pouvoir judiciaire parfaitement indépendant. 5 – Toutes les opérations, depuis les bureaux de vote jusqu’à la proclamation finale, doivent être parfaitement transparentes, soumises à l’observation, tant des témoins désignés par les candidats que des observateurs nationaux ou internationaux. En particulier, les opérations électroniques doivent être, soit évitées, soit soumises à une surveillance particulièrement scrupuleuse. (Même si elles ne concernent que la transmission des résultats des bureaux locaux au bureau central. Le souci affiché de « gagner du temps »peut cacher une intention de gagner l’élection… en trichant). 6 – Les élections doivent être organisées par ordre d’importance croissante : régionales et locales, d’abord, provinciales et législatives ensuite, présidentielle en fin de parcours. 7 – Là où, comme en RDC depuis les élections de 2011, l’on vit sous un régime illégitime, il ne saurait être question d’impunité. Il faut des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et origines des irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilité électorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir une protestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que son candidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge.

Il est indispensable que TOUTES ces conditions soient réalisées EN MEME TEMPS. Sans quoi l’on s’expose aux pires aventures telles celles dont la RDC donne, pour son malheur, le triste exemple à l’Univers entier. Dans ce pays, en effet, aucune de ces sept conditions n’a jusqu’ici été respectée. L’on pourrait ajouter une huitième condition aux sept énumérées ici : le soutien ferme et sélectif de la «communauté internationale » aux démocraties en construction. Mais cela ne dépend pas des pays africains eux-mêmes.

Presse et documents étrangers « "Cobalt éthique", un nouveau projet de traçage électronique du cobalt en RDC » annonçait Financial Times le 29 mars. Un nouveau projet (pilote) de traçage électronique du cobalt pourrait être lancé dans quelques jours en RDC. Dénommé « Cobalt éthique », ce programme aurait pour objectif entre autres de limiter les abus, dont le travail des enfants, dans les mines. Cette annonce faite par Financial Times n'est jusqu’ici confirmée par aucune source gouvernementale. Selon FT, "Cobalt éthique" sera supervisé par le cabinet britannique d’audit RCS Global. Il sera testé, selon la même source, dans cinq mines du pays. Le projet permettra ainsi de taguer électroniquement tous les minerais qui y seront extraits. Le parcours de ces minerais sera suivi de l’extraction jusqu'à la transformation en produit fini. Toutes les tentatives d'avoir le point de vue des responsables du ministère des mines à ce sujet se sont avérées vaines. Depuis quelques temps, le prix du cobalt a plus que doublé au cours de la dernière année. Il a atteint son plus haut niveau depuis 2008, en raison de la demande de plus en plus croissante des constructeurs des voitures électriques. Certains analystes projettent que la demande de cobalt va doubler dans les dix prochaines années, du fait de son utilisation dans les batteries des voitures électriques. A propos du Congo, une expertise belge qui fait désordre… Colette Braeckman - Le Soir –le 24 mars 2018 D’ici quelques semaines, la Belgique défendra sa candidature à un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité et l’un de ses arguments portera sur son expertise africaine. Pourquoi pas ? Cette expertise est nourrie par le passé colonial, par l’effort de coopération mené depuis des années, par un souci constant porté, malgré vents et marées, à un Congo souvent traité comme un enfant unique, gâté par la nature et monopolisant l’attention. Mais surtout, cette expertise est celle de milliers de citoyens belges, nés au Congo ou liés à ce pays par mille liens de famille, de travail, d’affection, qui veillent à ce que le courant continue à circuler et alimentent d’innombrables réseaux de solidarité. Un tel maillage, au niveau des populations, donne effectivement aux Belges une connaissance du Congo inégalée. Peut-on dire pour autant que le monde politique soit en phase avec cet intérêt, voire cette empathie du public ? Pas vraiment. On se souvient des compromissions avec le régime Mobutu, d’une rupture trop brutale suivie par une décennie d’indifférence, on se rappelle les élans et les efforts de Louis Michel suivis par l’arrogance d’un Karel De Gucht… Les hauts et les bas, les glaciations et les réchauffements, sans oublier les affaires…Aujourd’hui aussi, la politique africaine de la Belgique fait désordre : en cette période cruciale où le Congo bascule entre la préparation des élections et la tentation de la violence, l’ambassadeur est prié de s’éterniser loin du terrain et aucune explication n’est donnée à cette absence, sauf le soupçon de désaccords au sommet. Quant aux Congolais qui sont, eux, de vrais spécialistes de la Belgique, ils jouent en virtuoses sur les contradictions du pouvoir : Kabila discute avec Charles Michel mais laisse Reynders dans l’antichambre, des experts essaient de forcer la porte et de contourner les sanctions tandis que des alliés européens rompent discrètement le front de la solidarité et, en douce, délivrent des visas ou signent des contrats…Bref, le « front » est divisé : les uns rêvent tout haut d’une « transition sans Kabila » sans savoir comment on s’y prendra pour dégommer l’occupant du fauteuil présidentiel, d’autres, plus réalistes et sans illusions, prennent acte de la promesse d’élections qui seront de toutes manières contestées. Sur un seul point cependant, il y a unanimité : alors que le Congo a réussi à faire reculer les géants du secteur minier, à leur faire accepter une plus juste rémunération du prix du cobalt et autres matières premières stratégiques, cette incontestable victoire, qui, pour une fois, réjouit l’opinion congolaise et suscite un peu d’espoir, n’a été saluée que par le pesant silence des experts de tous bords… Le bal des dauphins de Joseph Kabila « Dossier » de Jeune Afrique À neuf mois de l’élection présidentielle en RD Congo, Joseph Kabila semble envisager de céder son fauteuil. En coulisses, l’agitation grandit entre les prétendants, dont certains font déjà figure de favoris. Présidentielle en RDC : Joseph Kabila en quête du dauphin idéal Pierre Boisselet et Trésor Kibangula - Jeune Afrique - le 26 mars 2018 À officiellement neuf mois de l'élection présidentielle, Joseph Kabila semble envisager de céder son fauteuil. Mais à qui ? En coulisses, l'agitation grandit entre les prétendants. Une curieuse fièvre s’est emparée des grandes universités de Kinshasa ces derniers mois. Les caciques de la majorité s’y pressent pour obtenir un doctorat, puissant sésame dans ce pays qui valorise les titres universitaires parfois jusqu’au fétichisme. Mais après son obtention, le nouveau diplômé est généralement la cible d’attaques et se voit accusé d’avoir triché. C’est ce qui est arrivé au président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku Ndjalandjoko, en décembre dernier. Puis à l’ancien Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, en février. Emmanuel Ramazani Shadary, le chef du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, au pouvoir), est pour sa part inscrit à l’école doctorale de l’université de Kinshasa depuis 2015… Une loi électorale avantageuse L’élection présidentielle, qui devrait donner un successeur à Joseph Kabila, n’est pas étrangère à cette agitation. Sa date, officiellement fixée au 23 décembre prochain, demeure encore très incertaine. Mais plusieurs signes tendent à montrer que le chef de l’État envisage désormais de céder son fauteuil, au moins pour un temps. En décembre, le Parlement a adopté une nouvelle loi électorale qui devrait favoriser les partis riches et puissants comme le sien : elle introduit des seuils de représentativité et relève le montant des cautions à payer pour se porter candidat. Puis, en janvier, les statuts du PPRD ont été réformés, créant un poste de président qui semble taillé sur mesure pour Joseph Kabila après son départ. Si le calendrier électoral est respecté, le parti devrait désigner son candidat avant le mois d’août. Une étrange campagne a donc commencé, où personne n’est déclaré, mais où coups bas et intoxications pleuvent. Chacun tente de se positionner, en prenant soin de ne pas paraître forcer la main du chef. Tout le monde le sait en effet : lui seul prendra la décision, selon ses propres critères. Le premier d’entre eux sera sans nul doute la loyauté ­– une loyauté aveugle, à n’en pas douter. Joseph Kabila est d’une méfiance extrême et il a des intérêts, notamment économiques, à protéger. La mésaventure de son ancien homologue angolais, José Eduardo dos Santos, rapidement marginalisé après son départ du pouvoir en 2017, n’a pu que renforcer sa vigilance. Une alternative géographique La popularité est donc à double tranchant : le candidat devra en avoir assez pour se faire élire (avec l’appui de la machine étatique), mais pas au point de pouvoir s’émanciper de la tutelle de Joseph Kabila. L’origine régionale devrait en revanche être déterminante. On dit le chef de l’État échaudé par la confiance qu’il avait accordée à des personnalités originaires de l’est du pays, comme Vital Kamerhe, Moïse Katumbi et Pierre Lumbi, aujourd’hui passés dans l’opposition. Par ailleurs, étant donné que la RD Congo aura eu deux présidents successifs issus du Katanga (Sud-Est), il a tout intérêt à mettre en œuvre une alternance géographique. Vient ensuite le critère sécuritaire : le président sortant entend bien garder le contrôle sur l’armée et les services, colonne vertébrale du régime, et le candidat devra lui faciliter la tâche. Enfin, et dans une moindre mesure, Kabila pourrait être attentif à l’image du candidat auprès de la communauté internationale. Lassés par plus d’une année et demie de crise politique, les Occidentaux, tout comme les pays voisins de la RD Congo, pourraient mettre en sourdine leurs nombreuses réserves quant au scrutin en préparation si le candidat du pouvoir leur sied. Ce qu’il fallait voir sur la photo de la rencontre Kabila – Gizenga Trésor Kibangula - Le patriarche , chef du Parti lumumbiste unifié (Palu), a été reçu lundi par le président congolais Joseph Kabila à Kinshasa. Si rien n’a filtré de l’entretien entre les deux hommes, une photo de la rencontre permet d’en comprendre les enjeux. Aucun communiqué officiel n’a sanctionné la rencontre. Juste deux ou trois photos, opportunément relayées par l’équipe de communication de la présidence de la RDC, pour confirmer l’effectivité du rendez-vous entre Antoine Gizenga et Joseph Kabila. D’autant que, quatre jours plus tôt, de fausses rumeurs circulaient déjà sur la Toile autour d’un tête- à-tête entre les deux hommes, démenties plus tard par des cadres du Parti lumumbiste unifié (Palu). Du coup, ce lundi 19 mars, c’est bien le patriarche et chef du Palu, malgré ses 92 ans, qui a fait cette fois-ci le déplacement de sa résidence à celle du chef de l’État, située au quartier « GLM », au centre-ville de Kinshasa. De quoi ont-ils parlé ? « Je n’ai pas le droit de m’exprimer là-dessus. Veuillez vous référer aux instances du parti », répond, laconique, Serge Lukoki, « Parsec » – entendez secrétaire particulier – d’Antoine Gizenga, pourtant présent lors de l’entretien. Qu’à cela ne tienne, essayons de faire parler les photos de la rencontre. On y voit en effet Serge Lukoki assis entre le chef de l’État et le leader du Palu. Marié à la fille de Ida Nzumba, nièce d’Antoine Gizenga, et de Lambert Matuku Memas, ministre du Travail – présents tous les deux dans la délégation -, il a la confiance du patriarche. Très affaibli par l’âge, ce dernier perd petit à petit son audition et sa voix devient de plus en plus inaudible. Lukoki lui sert donc à la fois de porte-voix pour transmettre ce qu’il dit et de haut-parleur pour lui répéter dans l’oreille ce que disent ses interlocuteurs. Mais « pas sûr que le vieil homme ait encore tout son esprit », souffle un visiteur régulier de la famille. Ce dernier fait aussi remarquer qu’Antoine Gizenga est assis sur un fauteuil différent des autres. Faute de pouvoir marcher seul, il se serait rendu de son véhicule à la salle d’audience, porté sur la chaise. En août dernier déjà, c’est la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) qui avait emmené ses matériels à la résidence d’Antoine Gizenga afin qu’il soit inscrit sur le nouveau fichier électoral. Sur une autre photo, on peut clairement apercevoir Ida Nzumba qui se tient à droite d’Antoine Gizenga (voir ci-dessous). Après le divorce retentissant début 2016 entre le vieil homme et son épouse, « c’est elle, la nièce, qui pallie le vide laissé », poursuit notre source. À l’en croire, avec l’aide de sa fille, Ida Nzumba assiste son oncle et en prend soin au quotidien. À chaque instant. Ils ont emmené et exhibé le vieux à Kabila comme un trophée Ont également assisté à l’entretien et identifiables sur la même photo Wolf Kimasa, fraîchement nommé secrétaire permanent du Palu en remplacement de Lugi Gizenga, fils d’Antoine Gizenga, et Martin Kabwelulu, cadre du parti et indéboulonnable ministre des Mines. C’est en fait le tableau complet de ceux qui se sont opposés à la tentative du rapprochement de ces derniers jours entre leur formation politique et des partis d’opposition. Ce sont eux en effet qui viennent de remporter la bataille interne du positionnement politique du Palu. Et ils sont venus en rassurer le président de la République. Dans leur gibecière, « ils ont emmené et exhibé le vieux [Gizenga] à Kabila comme un trophée », se désole un cadre du Palu. Lugi Gizenga et l’ancien Premier ministre , qui ont proclamé la fin de l’alliance avec la famille politique de Kabila, ont été révoqués, le 15 mars, des instances du parti. Ces désormais ex-haut-responsables du Palu considèrent en effet que l’accord qui liait leur parti et le camp présidentiel en 2006 et en 2011 avait pris fin depuis 2016, date de la fin théorique du second mandat constitutionnel de Kabila. Serge Lukoki, lui, n’a pas été inquiété alors qu’il a cosigné avec les deux autres – Lugi Gizenga et Adolphe Muzito – le communiqué conjoint sanctionnant le contact entre le Palu et le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba. Aujourd’hui, Gizenga fils encaisse. « Il ne veut pas désacraliser davantage le père », estime une source au sein du Palu. Antoine Gizenga est une icône politique en RDC. Il fut entre autres vice-Premier ministre au sein du gouvernement conduit par à l’indépendance du pays, en 1960. Monusco : un mandat renouvelé, pour quoi faire ? Christophe RIGAUD – Afrikarabia – le 27 Mars 2018 La mission de l’ONU en République démocratique du Congo (RDC) a été reconduite pour un an en pleine crise pré-électorale. Mais la Monusco fera-t-elle mieux qu’en 2011, où le scrutin avait été entaché de nombreuses irrégularités ? On peut en douter. Le mandat de la Monusco, la Mission des Nations-Unies au Congo, la plus grande et la plus coûteuse du monde, a été renouvelé jusqu’en mars 2019. Un défi historique attend la Monusco à un moment le pays se déchire dans l’attente du départ du président Joseph Kabila qui s’accroche à son fauteuil en retardant la tenue des élections. Prévue en 2016, la présidentielle doit maintenant se tenir fin 2018… si tout va bien. Comme toujours, le nouveau mandat des casques bleus se résume à une suite de déclarations de bonnes intentions déjà vues et déjà entendues depuis plus d’une décennie. La mission sera tournée, comme depuis sa création, autour de deux axes : la protection des civils et l’assistance technique et logistique du processus électoral en cours. Aucune solution nouvelle pour stopper la violence Concernant la protection des civils, la Monusco et ses 16.000 hommes n’a jamais démontré une efficacité redoutable. Les foyers de tensions se multiplient aux quatre coins du Congo, au Nord et Sud-Kivu, dans les Kasaï, au Tanganyika ou en Ituri, et les déplacés n’ont jamais été aussi nombreux… environ 4 millions ! Les groupes armés sont désormais plus de 140 dans l’Est du pays et les massacres à répétition dans le territoire de Beni ensanglantes la région depuis 2014 sans que les casques bleus ou l’armée ne réussissent à y mettre fin. Ce nouveau mandat n’apporte aucune solution nouvelle pour juguler efficacement cette spirale de la violences qui augmente à mesure que les élections s’éloignent. En déplacement au Nord-Kivu, la nouvelle patronne de la Monusco, Leïla Zerrougui, n’a d’ailleurs rassuré personne : « Ce n’est pas la Monusco qui va ramener la paix et la sécurité pour la population (sic). Ce que nous amenons c’est un appui en expertise mais aussi un appui de forces militaires » a-t-elle déclaré à Goma. Un terrible aveu pour une mission censée protéger les civils. Le spectre des élections chaotiques de 2011 Mais le plus inquiétant se situe sans doute sur l’assistance technique et logistique de la Monusco pour soutenir le processus électoral. Si la résolution « souligne la nécessité de faire tout ce qui est possible afin d’assurer que les élections du 23 décembre 2018 soient organisées avec les conditions de transparence, de crédibilité, d’ouverture et de sécurité»… ce qui a été loin d’être le cas lors de la dernière présidentielle de 2011. Les élections s’étaient révélées un fiasco et des fraudes massives avaient été dénoncées par l’ensemble des observateurs internationaux. La participation de la Monusco à l’organisation du scrutin avait alors suscité l’indignation de l’opposition congolaise qui avait contesté la réélection de Joseph Kabila… point de départ de la crise politique actuelle. Rien n’indique pour l’instant dans le nouveau mandat, que la Monusco ne se retrouvera pas dans la situation délicate de 2011 à soutenir de nouvelles élections chaotiques. Numéro d’équilibriste En fait, par cette nouvelle résolution, la Monusco ne fait que sauver sa peau. Sous le feu des critiques de la communauté internationale pour son impuissance et son inefficacité, et sur la sellette à Kinshasa qui l’accuse d’ingérence dans ses affaires intérieures, la Monusco est condamnée à un numéro d’équilibriste : renforcer son action militaire sur le terrain pour être plus efficace tout en ménageant le pouvoir en place avec qui elle doit coopérer. Avec ce nouveau mandat, la Monusco a tout de même réussi à maintenir ses effectifs, alors que Kinshasa faisait pression pour une réduction du nombre d’hommes sur le terrain. Le pouvoir devra donc encore composer avec la présence de casques bleus sur le terrain et faire ses combines politiques pour garder le contrôle du pays sous les radars de la communauté internationale. C’est la seule petite victoire de cette résolution. Mais encore une fois, ce nouveau mandat n’apporte rien de neuf et d’innovant capable d’inverser le cycle de la violence et de la répression politique. La présence de casques bleus dans les zones urbaines pendant les manifestations de l’opposition devrait d’ailleurs être l’une des priorités de la Monusco. Sinon, encore une fois, l’ONU sera condamnée à un rôle d’observateur et non d’acteur… son plus mauvais rôle. Le mandat de la Monusco renforcé en vue des élections VOA Afrique – le 27 mars 2018 Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté à l'unanimité mardi une résolution qui renouvelle le mandat de ses Casques bleus en République démocratique du Congo et les charge d'aider à la préparation des élections. Présenté par la France, ce texte prolonge le mandat de la Monusco, la plus importante force de l'ONU au monde, jusqu'en mars 2019 et souligne la nécessité de protéger les civils d'ici les élections historiques prévues en décembre pour organiser le départ du président Joseph Kabila. La résolution "souligne la nécessité de faire tout ce qui est possible afin d'assurer que les élections du 23 décembre 2018 sont organisées avec les conditions requises de transparence, de crédibilité, d'ouverture et de sécurité". Le Conseil appelle le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à préparer des plans incluant "toutes les options" en cas de besoin, dont l'envoi de renforts venus d'autres missions de l'ONU.. M. Guterres devra faire le point sur ces plans de contingence devant le Conseil dans 90 jours. La résolution semble ne pas apporter quelque chose de nouveau, selon des analystes. "Je ne vois pas ce qui pourra changer si le mandat de la Monusco reste le même. Si la Monusco ne passe pas d’une mission d’observation à une mission d’imposition de paix, je ne vois pas comment elle pourra contraindre le gouvernement congolais à organiser les élections au 23 décembre. Moi, je doute que le gouvernement voudrait vraiment aller aux élections à cette date ", affirme à VOA Afrique Kalele Kabila, professeur de sociologie politique à l’université de Kinshasa. L’analyste rappelle que déjà "les forces de sécurité empêchent les Casques bleus à observer les manifestations " exigeant l’application complète de l’accord politique du 31 décembre 2016. M. Kalele rappelle aussi qu’une précédente résolution du Conseil de sécurité sur la Monusco évoquait déjà des élections qui n’ont pas été tenues en dépit justement de l’accord politique entre le gouvernement et l’opposition.. Le plus grand pays d'Afrique sub- saharienne (2,3 millions de km2) n'a jamais connu de transition pacifique depuis son accession à l'indépendance en 1960. D'après la résolution, les plus de 16.000 militaires de la Monusco seront chargés de soutenir le processus électoral, notamment l'inscription des électeurs, le scrutin et la transition au sommet du pouvoir attendue le 12 janvier. La mission fournira une assistance technique et logistique pour soutenir le processus électoral. Elle formera en outre la police congolaise pour qu'elle assure la sécurité le jour du vote.. La Monusco relèvera tout atteinte aux droits de l'homme et les signalera au Conseil de sécurité. Cette nouvelle résolution intervient dans un contexte de tensions entre l'ONU et le président Kabila, sur fond de crise politique, sécuritaire et humanitaire. Une précédente résolution, en mars 2017, envisageait déjà une élection présidentielle en décembre 2017, un scrutin finalement reporté d'un an par les autorités congolaises, officiellement pour cause de violences dans le Kasaï (centre). Le président Joseph Kabila restera au pouvoir au moins jusqu'à début 2019, plus de deux ans après la fin de son second mandat, le 20 décembre 2016 d'après la Constitution. La RDC exclut tout financement extérieur des élections de décembre VOA Afrique / AFP – le 25 mars 2018 La République démocratique du Congo a annoncé dimanche avoir décidé de financer sur fonds propres les élections qui permettront d'élire un successeur au président Joseph Kabila, invitant les bailleurs étrangers à orienter l'argent prévu pour les élections à d'autres secteurs. "La RDC dispose des moyens pour financer seule les élections du 23 décembre puisque nous enregistrons une embellie dans les finances de l’État", a déclaré à l'AFP Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais. "Il y a eu deux propositions que avons repoussées parce qu'il est exclu que les prochaines élections soient financées par l'extérieur", a ajouté M. Mende. "Nous ne voulons plus revivre les expériences du passé où ceux qui apportent des financements ont tendance à vouloir orienter l'issue des élections", a-t-il expliqué. Les participants à la réunion interinstitutionnelle ont "décidé de manière souveraine que la RDC va financer sur fonds propres les élections du 23 décembre 2018", a pour sa part déclaré le ministre congolais de l'Intérieur Henri Mova, à la télévision d’État. "Des montages financiers pour le financement des élections existent. Nous invitons les partenaires à les orienter vers d'autres secteurs", a ajouté M. Mova. La réunion interinstitutionnelle présidée par le président Kabila samedi a mis autour de la table notamment des ministres, les présidents des chambres du parlement, les chefs de l'armée et de la police, les présidents de la commission chargée d'organiser des élections (Céni) et celui de l'organe de suivi de l'accord du 31 décembre signé sous l'égide de l’Église catholique (CNSA). Le calendrier de la Céni prévoit la tenue de trois scrutins (présidentiel, législatif et local) le 23 décembre dans un immense territoire de 2.345.000 km2 dépourvu d'infrastructures routières. Mardi, le Conseil de sécurité de l'ONU doit décider du renouvellement du mandat de la mission de l'ONU au Congo (Monusco) qui devrait intégrer la question électorale en plus de celle de la protection de la population, selon une source diplomatique européenne à Kinshasa. "Nous somme dirigés par des gens qui ne nous aiment pas" (Docteur Mukwege) AFP – le 26/03/18 "Nous sommes dirigés par des gens qui ne nous aiment pas" s'est emporté samedi le célèbre gynécologue congolais Denis Mukwege qui soigne les femmes violées dans l'est de la République démocratique du Congo, en dénonçant le refus de Kinshasa de participer à une conférence des donateurs. "Quand on voit l'état des malades que nous soignons ici, et que le gouvernement congolais refuse de participer à une conférence pour lever des fonds en faveur des déplacés en RDC, je considère que c'est un nouveau scandale", a-t-il déclaré à la presse dans son hôpital Panzi de Bukavu (est) où il a reçu le commissaire européen à l'Aide humanitaire Christos Stylianides. Une conférence sous l'égide de l'UE et de l'ONU est annoncée le 13 avril à Genève pour lever 1,7 milliard de dollar en faveur de l'action humanitaire en RDC. Kinshasa a refusé d'y participer, estimant que le niveau de la crise humanitaire en RDC n'est pas aussi "excessif" que le prétend l'ONU, qui a classé la RDC parmi ses urgences absolues, a déclaré vendredi le Premier ministre par interim, José Makila. "Quand on sait que nos frères du Kasaï ont tout perdu, et qu'une famine est annoncée, avec des dizaines de milliers d'enfants qui vont mourir de faim s'il n'y a pas d'aide humanitaire; quand on voit tous les villages détruits en Ituri (...) sans soutien du gouvernement congolais; si le gouvernement congolais en plus de cela refuse à la communauté internationale de lever des fonds pour aider sa population, c'est tout à fait criminel", s'est emporté le docteur Mukwege, l'une des voix de la société civile congolaise. Son hôpital à Bukavu peut recevoir jusqu'à 450 patientes, dont 200 femmes victimes de viols perpétrés par les miliciens actifs dans les deux provinces du Kivu. "En 2015, on avait observé une diminution sensible des violences sexuelles.. Malheureusement, depuis fin 2016-2017, il y a une augmentation. Le profil des victimes a changé. Le pourcentage d'enfants violées a augmenté et cela nous inquiète beaucoup", a- t-il dit. Ituri : la situation humanitaire toujours catastrophique Aline Nzuzi – Les Dépêches de Brazzaville – le 26 Mars 2018 Le constat sur le terrain est déplorable, selon une délégation de Cartitas Congo qui vient de conduire récemment une mission dans la province. Composée de l’abbé Eric Abedilembe, premier secrétaire exécutif adjoint de Caritas Congo, et d'Emmanuel Mbuna, coordonnateur national du service de promotion du partage et de solidarité/Urgences, la délégation devrait accompagner les Caritas Bunia et Mahagi-Nioka à pouvoir définir ensemble un plan de réponse du réseau Caritas, en s’accordant sur les besoins urgents des personnes déplacées et exprimer la solidarité de Caritas Congo aux évêques de Bunia et de Mahagi-Nioka face à la crise humanitaire dans la province de l’Ituri. Au regard de la réalité sur le terrain, la délégation a conclu que la situation humanitaire est déplorable. «La question de la situation humanitaire dans le territoire de Djugu mérite bien d’être posée. Au vu des dégâts enregistrés, il faut dire que la situation est catastrophique : environ trois cent vingt personnes tuées, plusieurs villages brûlés, plusieurs écoles fermées, des églises vandalisées, des hôpitaux, centres de santé et champs détruits, la circulation routière entre Bunia et Mahagi coupée, les élèves n’étudient plus , a affirmé l’abbé Eric Abedilembe. Il convient, a-t-il expliqué, d’affirmer haut et fort que la situation humanitaire à Djugu, Mahagi et Aru est plus que dramatique et préoccupante. Autant les violences n’ont pas encore dit leur dernier mot, autant la population continue à se déplacer sans espoir du lendemain car ils sont sur plusieurs axes, a-t-il poursuivi. Un nombre important de déplacés se retrouve dans la ville de Bunia qui compte aujourd’hui deux sites, dont l’un est installé près de l’hôpital général avec 1 049 ménages, soit 6 294 personnes, et l’autre près de la Procure de Bunia avec 350 ménages, soit 2 100 personnes, a souligné le premier secrétaire exécutif adjoint de Caritas, précisant que la majorité de ces déplacés est constituée des femmes et enfants. Parlant des besoins de ces déplacés, l’abbé Eric Abedilembe les catégorise en deux. Dans un premier temps, a-t-il fait savoir, il s’agit des besoins humanitaires. « Les personnes déplacées dorment à la belle étoile. Elles n’ont rien à manger et vivent dans des conditions hygiéniques infrahumaines. Elles ont donc besoin d’une assistance humanitaire en matière de vivres, d'articles ménagers essentiels, d'abris, d'installations sanitaires et autres du même genre », a-t-il indiqué. Dans un second temps, a-t-il ajouté, il s’agit des besoins sécuritaires. De fait, toutes ces personnes ne demandent qu’une seule chose : être sécurisées pour retourner dans leurs villages et continuer à vaquer à leurs activités quotidiennes. « Il se dégage donc que le besoin sécuritaire est plus qu’urgent au stade actuel pour permettre à la population de retourner dans ses différents villages », a insisté l’abbé. Pour ce qui est de la réponse humanitaire, l'abbé Eric Abedilembe reconnaît qu’elle s’organise déjà localement pour parer à cette crise humanitaire qui sévit en Ituri et plus particulièrement à Bunia. Dans cette ville, la Caritas diocésaine et les autres acteurs humanitaires sont mis en contribution pour une prise en charge des déplacés vivant dans les sites. Parmi ces organisations, certaines ont la responsabilité de gérer les sites à l’exemple de Caritas Bunia, d’autres y apportent des bâches pour la construction des abris de fortune, d’autres enfin des vivres et de l’eau. « Il faut dire qu’en ville de Bunia, les acteurs humanitaires sont bien mobilisés pour assister tant soit peu les déplacés. Mais le problème humanitaire et sécuritaire se pose à un titre particulier pour les déplacés se trouvant à l’intérieur du territoire de Djugu où l’accessibilité n’est pas possible ainsi que pour ceux se trouvant sur les territoires de Mahagi, de Aru et pour ceux qui sont réfugiés en Uganda. Ces catégories ne reçoivent jusque-là aucune assistance », a annoncé le secrétaire exécutif adjoint de Caritas Congo. Un opérateur portuaire mondial remporte une concession pour le premier port en eau profonde de la RDC Fret Maritime International /Afrique – le 28 mars 2018 DP World, opérateur mondial de ports et de terminaux, a remporté une concession de 30 ans - avec possibilité de prolongation supplémentaire de 20 ans - pour la gestion et le développement d'un nouveau projet de port multifonctionnel à Banana, République démocratique du Congo (RDC). Le port de Banana sera le premier port en eau profonde du pays le long de son petit littoral de 37 kilomètres, qui n'a actuellement que le port fluvial de Matadi. DP World créera une coentreprise avec un contrôle de 70%, avec une participation de 30% du gouvernement de la RDC, pour gérer et investir dans le port de Banana. La première phase du projet Greenfield, avec un investissement initial estimé à 350 millions de dollars US, comprendra un quai de 600 mètres et une extension de cour de 25 hectares avec une capacité de 350 000 EVP et 1,5 million de tonnes pour les marchandises générales. La construction devrait débuter cette année et devrait durer environ 24 mois. Ce développement donne à la République Démocratique du Congo l'opportunité d'être connectée aux voies commerciales mondiales, d'avoir accès à un large éventail de marchés mondiaux et de réduire sa dépendance aux ports des pays voisins, a déclaré le président du groupe, le Sultan Ahmad ben Suleman, PDG de DP World. Le groupe d’experts électoraux n'a toujours pas commencé à travailler RFI – le 29.03.2018, Le renouvellement du mandat de la Monusco est l'occasion chaque année pour le Conseil de sécurité de donner sa position sur la situation en République démocratique du Congo. Ce texte adopté mardi 27 mars met l'accent sur l'organisation des élections libres et transparentes le 23 décembre 2018, comme promis par le gouvernement et la commission électorale. Le Conseil de sécurité s'est notamment félicité de la création d'un groupe international d'experts électoraux, présenté comme l'un des instruments que la communauté internationale compte utiliser pour suivre le processus électoral. Mais à ce jour, ce groupe n'a toujours pas commencé à travailler. L'idée avait germé en septembre dernier, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, elle avait même été acceptée, ne cessent de répéter les diplomates, par le gouvernement congolais comme par la commission électorale. Sept mois plus tard, rien, la SADC, la Communauté des Etats d'Afrique australe, n'a toujours pas désigné son expert. Les autres, UE, UA, OIF notamment, sont partis, temporairement ou pas. « Tous les experts seront disponibles si nécessaire, mais la Ceni les boude», assure un diplomate occidental.Du côté de la Commission électorale, on assure que la balle est dans le camp de la communauté internationale et du gouvernement congolais. Et quand on évoque la signature des termes de référence de ce groupe, réclamé depuis des mois par la communauté internationale : « nous, on n'a rien à signer », assure cette source à la Ceni. Ce qui bloquait jusqu'ici en tout cas, c'était la reconnaissance par la commission électorale de l'indépendance de ce groupe d'experts, de sa capacité à critiquer le processus. Mais aussi la présence de l'Union européenne, au motif que la RDC ne serait pas membre de cette organisation. Mais cette dernière difficulté aurait été aplanie, car il était prévu que l'UE finance les élections. Mais aujourd'hui rien n'est moins sûr, avant même le vote de la résolution, la RDC avait dit refuser tout financement étranger. « La Ceni ne veut pas de regard extérieur et la communauté internationale refuse d'en tirer les conclusions », déplore un expert électoral congolais. RDC-France : Lumumba et Anzuluni écrivent à Macron pour dénoncer la « tiédeur surprenante » de Paris Jeune Afrique - le 29 mars 2018 « Liberté, égalité, ambiguïté ? » C'est le titre de la missive adressée par les deux activistes congolais au président français. Il y dénoncent notamment la poursuite de la coopération militaire entre les deux pays. Le 22 mars, le lanceur d’alerte congolais Jean-Jacques Lumumba, réfugié en France, et son compatriote Floribert Anzuluni, du mouvement citoyen Filimbi, ont envoyé une lettre à Emmanuel Macron, le président français, intitulée « Liberté, égalité, ambiguïté ? ». Ils s’y indignent de la « tiédeur surprenante » des réactions de Paris face au « coup d’État constitutionnel dont est victime toute une nation » et dénoncent « la poursuite de la coopération militaire et sécuritaire » avec Kinshasa. « Il n’est pas trop tard » Dans cette lettre au vitriol, les deux activistes s’interrogent sur les raisons qui sous-tendent ce positionnement de la France. « Intérêts industriels ? Pétrole du Lac Albert à travers la récente prolongation de la licence d’exploration de la multinationale Total ? Contrats Juteux ? Serait-ce, comme semblent le soutenir certains analystes, l’écœurante raison de votre position mollasse, matérialisée notamment par la poursuite de la coopération militaire et sécuritaire avec un régime sanguinaire, face à la situation tragique de la République démocratique du Congo ? » « Nous refusons de croire que les valeurs qui fondent la France et qui l’ont située aux côtés du peuple congolais opprimé, dès le début de cette lutte pacifique pour l’alternance politique, soient réduites au silence, pire encore à une tiédeur ambigüe, indigne du pays d’Aimé Césaire », continue le courrier, qui enjoint à Emmanuel Macron de faire évoluer la position française vis-à-vis de Joseph Kabila. « Il n’est pas trop tard », écrivent-ils. Quelle coopération militaire et sécuritaire ? En avril dernier, cependant, alors que la RDC et la Belgique rompaient leur coopération militaire, le ministre congolais de la Défense affirmait à Jeune Afrique que la coopération militaire avec la France, qu’il qualifiait de « très étroite », était maintenue. Une coopération qui porte notamment sur l’équipement d’instituts de formation et de forces navales. Lors d’un point presse au Quai d’Orsay, le 28 février, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères avait expliqué que « la coopération de sécurité et de défense conduite par la France en RDC a connu une diminution ces dernières années et a été adaptée au regard de l’évolution de la situation intérieure ». Cette coopération a été « réorientée vers l’aide à la formation des cadres de l’armée congolaise, en dehors de toute activité opérationnelle » et « aucun coopérant français n’intervient dans des activités liées, de près ou de loin, au maintien de l’ordre », affirme encore Paris. Le Quai d’Orsay a assuré, lors du même point presse, que « la France n’a pas autorisé depuis novembre 2016 d’exportation de matériel de guerre, létal ou non létal, à destination de la RDC. » (http://www.congoforum.be/fr/nieuwsdetail.asp?subitem=41&newsid=210361&Actualitei t=selected pour lire ou télécharger le texte intégral de la lettre) Le Premier ministre Bruno Tshibala a été opéré « en urgence » de l’œil gauche à Paris Jeune Afrique - le 29/03/2018 Bruno Tshibala n’a plus remis les pieds dans ses bureaux de la primature depuis près d’un mois. Que fait-il à Paris depuis le 3 mars ? Pourquoi n’a-t-il toujours pas regagné le pays ? Comment va-t-il ? Sur les réseaux sociaux et dans les rues de Kinshasa, la longue absence du chef du gouvernement de la RDC suscite un certain nombre d’interrogations. Près d’un mois après son arrivée à Paris, Bruno Tshibala n’est toujours pas rentré à Kinshasa. De sources concordantes, des raisons de santé ont contraint le Premier ministre de la RDC à prolonger son séjour. Il a notamment subi une nouvelle opération à l’œil gauche en urgence, le 15 mars. Opération en urgence D’après nos informations, des raisons de santé ne sont pas étrangères à ce prolongement du séjour ô combien agité du Premier ministre congolais en France. Bruno Tshibala a en effet été opéré à l’œil gauche dans une clinique du 8ème arrondissement de Paris, spécialisée notamment dans l’ophtalmologie. L’opération chirurgicale a été effectuée « en urgence », dans l’après-midi du jeudi 15 mars, selon un compte-rendu de prise en charge que Jeune Afrique a pu consulter. Ce jour-là, tout est allé très vite. Alors que Bruno Tshibala visitait la librairie des éditions L’Harmattan, rue des écoles, dans le 5ème arrondissement de Paris, il s’est plaint des douleurs à l’œil gauche et a demandé à être conduit immédiatement à l’hôpital. Bruno Tshibala a été pris en charge, quelque vingt minutes plus tard, par le Samu. Une fois arrivé à la clinique, il a été immédiatement vu par un chirurgien pour être opéré. Il a quitté la clinique et a regagné son hôtel, dans le même arrondissement parisien, dans la soirée. Ses proches rassurent Mais, officiellement, tout va bien. « En RDC, tout le monde sait que Bruno Tshibala avait été tabassé par des militaires sous Mobutu et avait eu depuis des soucis à son œil gauche. Ce jour-là, à la librairie, il avait juste demandé qu’on lui trouve une écharpe car il avait froid. Il n’a eu aucun souci de santé », tente de minimiser Freddy Kita, vice-ministre de la Coopération internationale. Présent dans la délégation du Premier ministre, cet ancien proche de l’opposant Eugène Diomi Ndongala confirme par ailleurs que Bruno Tshibala s’est bien rendu, quelques jours plus tôt, à Marseille pour un « contrôle médical » auprès de son ophtalmologue. Il était alors question, selon lui, de « retirer deux ou trois fils [de suture] laissés dans l’œil gauche du Premier ministre lors de l’opération chirurgicale de septembre dernier ». Mais « Bruno Tshibala va bien, rassure-t-il. À Paris, le Premier ministre est allé à la clinique mardi [26 mars] pour un autre contrôle de son œil. Il n’a pas été hospitalisé. Il continue à travailler et à recevoir à son hôtel. » Le chef du gouvernement poursuit son séjour en Europe pour des raisons d’État Mêmes éléments de langage à Kinshasa. « Le chef du gouvernement poursuit son séjour en Europe pour des raisons d’État. En quittant le pays, son agenda était clair et chargé : plusieurs rendez-vous y étaient notamment prévus avec des partenaires et investisseurs étrangers », avance sans plus de détails Patrick Mutombo, son fils et conseiller, resté dans la capitale congolaise. Grand absent de la réunion interinstitutionnelle, présidée le 24 mars à Kinshasa par le président Joseph Kabila, Bruno Tshibala, dont un possible remplacement se murmure dans les officines politiques dans la capitale congolaise, pourrait rentrer au pays « incessamment », selon son accompagnateur Freddy Kita. Mode : Kabila, Soro… Ce que leur barbe révèle d’eux Léo Pajon – jeune Afrique- le 29 mars 2018 Sagesse, pouvoir, virilité... Certains hommes politiques arborent une barbe pour des raisons allant bien au-delà du simple phénomène. Tour d'horizon. La barbe de combat de Soro « Il la portait à l’université lorsqu’il était déjà politiquement engagé dans les combats étudiants, remarque l’un de ses conseillers. Quand il était Premier ministre, au sommet de sa carrière, son menton était bien lisse, puis il s’est remis à la porter à la suite de ses ennuis avec la justice. Pour moi, c’est dans l’adversité qu’il laisse pousser. » Affirmation de la virilité (la production de testostérone est de fait en lien étroit avec sa croissance), la barbe peut manifester une envie de combattre ou d’affirmer sa force. La barbe de sagesse de Kabila Il s’est laissé pousser la moustache, l’a coupée, se l’est à nouveau laissé pousser… Mais depuis que des poils blancs viennent lui éclaircir le menton, Joseph Kabila a choisi de conserver un bouc neigeux. Pourquoi ? Sans doute parce que depuis l’Antiquité grecque, la barbe est synonyme de sagesse et d’expérience. Les grands philosophes de l’époque (Platon, Socrate, Aristote) sont tous représentés avec cet attribut. La barbe répond aussi au mot en lingala scandé par les militants du parti présidentiel « wumela », qui signifie « longue vie ». Mais cette barbiche, qui rappelle également sa longévité au pouvoir, est peut-être aussi une maladresse politique. La barbe cool de M6 L’hebdomadaire marocain Telquel rappelait dans un article de mars 2017 que le poil royal divise… La barbe de trois nuits type jet-setteur insouciant est condamnée par certains, quand d’autres y voient un rapprochement du ould chaâb (« fils du peuple ») avec les jeunes Marocains urbains, également séduits par une pilosité plus abondante. Peut-être qu’un conflit plus intime se joue sur le menton du roi : Hassan II lui aurait interdit, jeune homme, de se laisser pousser la barbe… Est-ce là une façon de se détacher de l’héritage paternel ? Le retour de la barbe, des musiciens aux politiques Stars de la musique et du cinéma, sportifs et hommes politiques ont définitivement succombé à l’appel du poil au menton. Pourquoi ? Comment ? Enquête. Tous les coiffeurs de Monrovia vous le diront… Dans la capitale libérienne, la mode, actuellement, en matière de pilosité, est d’exiger une « coupe Weah » pour ressembler au chef de l’État. Non pas pour imiter feu sa coupe de cheveux (les tifs ont déserté depuis longtemps le crâne de l’ancien buteur), mais pour imiter celle de sa barbe, qu’il porte courte, soigneusement dessinée, de la mandibule aux maxillaires. Le phénomène vient en fait conforter une tendance lourde. Fini les mentons lisses, les pommes d’Adam nues, les lèvres bêtement isolées au beau milieu d’un océan d’épiderme glabre : la barbe s’est durablement invitée sur les visages masculins, et l’Afrique n’est plus épargnée. Dans le nord du continent, cela n’a rien d’étonnant… Tandis que dans le Sud le maintien de la pousse est moins évident. D’autant que la barbe, piège à chaleur et à poussière, peut, selon plusieurs témoignages de nos collaborateurs, transformer le bas du visage en marigot suintant. « Hirsutisation » des personnalités noires Mais aujourd’hui, le velu est devenu la norme. Et l’on assiste à une « hirsutisation » des personnalités noires, tous secteurs confondus. Pensez à la musique et aux buissons généreux qui couvrent les visages de DJ Arafat ou de Fally Ipupa. Songez à la coquetterie poivre et sel dont s’est affublé Idris Elba (régulièrement élu homme le plus sexy de la planète ciné). Et pour rester dans le septième art, scrutez attentivement l’affiche du « blackbuster » Black Panther, sur laquelle aucun des grands rôles masculins n’est imberbe. Sur les terrains de foot, Serge Aurier ou Lassana Diarra s’offrent des barbes aussi bien entretenues que les pelouses des stades. Tandis qu’en politique, arboré par des figures du militantisme noir (Patrice Lumumba, Nelson Mandela, Steve Biko, Malcolm X…) il y a plus d’un demi-siècle puis délaissé, le poil signe un retour audacieux et définitif chez des personnalités de premier plan telles que Guillaume Soro ou Joseph Kabila. Ce sont des sportifs ou des rappeurs américains comme Rick Ross qui ont mis la barbe à la mode Influence américaine Reste à comprendre les motivations et les conséquences de ce pubescent come-back. Pour Nash Barber, coiffeur officiel de Serge Aurier et de DJ Arafat, également consulté par plusieurs joueurs du PSG et par « la moitié de l’équipe nationale de Côte d’Ivoire », l’influence est américaine. « Ce sont des sportifs ou des rappeurs américains comme Rick Ross [qui arbore un monstre velu aussi fourni qu’une barbe à papa] qui ont mis la barbe à la mode. Aujourd’hui, elle fait chic, elle n’est plus réservée aux motards et aux islamistes» La tendance serait apparue vers 2015, année qui voit la plus forte hausse du nombre de barber shops, des salons plutôt haut de gamme réservés aux hommes, aux États-Unis et en Europe. Elle consacre en fait selon les magazines masculins un retour de la virilité, de l’audace et de la fantaisie… dans une certaine mesure. Car la barbe qui s’invite depuis quelques années sur les mâchoires « hype » se doit d’être parfaitement entretenue, dessinée, voire parfumée ! Le souci du poil des hommes noirs D’innombrables tutoriels sont venus prêter main-forte aux anciens imberbes sur internet, tandis qu’une armada de produits nouveaux, lotions miracles et brosses en poils de sanglier s’invitent désormais dans les échoppes spécialisées disposant de corners dédiés aux hommes. Le cabinet international de recherche et de conseil Kline & Company observait en 2015 une croissance de 9 % des ventes de produits capillaires professionnels pour messieurs aux États-Unis et de 6 % en Europe. La barbe se porte bien, toutes communautés confondues… et pourtant les grands noms de l’industrie cosmétique n’ont tout bonnement rien prévu d’adapté aux hommes noirs. « Les peaux pigmentées ont des fibres d’élastine et de collagène plus solides, plus de couches cornées au niveau de l’épiderme, et les hommes en général ont une peau plus épaisse, rappelle Leslie Carombo, cosmétologue spécialiste des peaux noires et métissées. Le poil des hommes noirs, qui pousse de manière hélicoïdale, est souvent incarné. » Il faut donc, selon elle, veiller à mieux hydrater les peaux noires et à utiliser des produits émollients (qui ramollissent l’épiderme) et exfoliants pour faciliter la sortie des poils et ainsi éviter l’apparition de boutons, puis de taches pigmentaires. « Ces produits n’existent pas sur le marché européen et africain, regrette Leslie Carombo. Certains consommateurs importent des lotions américaines, mais on y utilise certains actifs cosmétiques interdits en France. » La solution ? Se changer soi-même en petit chimiste : mélanger de l’huile d’argan (ou autre produit hydratant) et des huiles plus assainissantes (à base de lavande et de citron). Pour les plus aisés, la cosmétologue conseille de se rendre au moins une fois par mois chez un professionnel, qui, à coups de serviette chaude, vous détendra la couenne. Nous nous sommes rendu compte que le marché afro de la barbe avait été totalement sous-estimé », relate Karim Saïdani La nature ayant horreur du vide, le marché de la barbe afro attire déjà une poignée d’entrepreneurs avisés comme Karim Saïdani, responsable du développement du Comptoir de la barbe, créé il y a deux ans et dont le chiffre d’affaires a été depuis « multiplié par quatre », en ciblant notamment une clientèle noire. La société commercialise ainsi un « kit afro », vendu 55 euros, composé d’une huile à barbe conçue pour les barbes « bouclées, frisées et crépues » et d’un peigne en bois de palissandre « plutôt qu’en matière plastique ou composite qui génère de l’électricité statique et fait rebiquer le poil », précise Karim Saïdani. « Lorsque nous avons fait de la veille avant de nous positionner, nous nous sommes rendu compte que le marché afro avait été totalement sous-estimé, alors que c’est celui qui se développe le plus et le plus vite, note-t-il. Les grandes marques ont un temps de réaction lent et souffrent aussi d’une méconnaissance de la communauté. » Depuis, il confie avoir été contacté par Babyliss, et négocier avec le Cameroun ainsi que le Maroc pour développer une offre sur le continent. Les coiffeurs africains, qui concoctaient avec plus ou moins de sérieux des mixtures d’huiles végétales et essentielles, mélangeaient des produits cosmétiques ou n’utilisaient aucune lotion particulière, vont peut-être enfin disposer de produits professionnels… et accélérer la pénétration du poil. En Afrique du Nord, le poil est politique Au Maghreb et au Moyen-Orient, la barbe est un marqueur religieux et politique fort depuis des siècles. Dans l’Égypte antique, déjà, les pharaons (y compris les reines) se paraient parfois de postiches pour marquer leur puissance. L’islam est ensuite venu étoffer les rangs des grands hommes à la pilosité abondante, les croyants se conformant pour la plupart à la parole du Prophète, retranscrite dans les hadiths : « Laissez-vous pousser la barbe abondamment et taillez-vous les moustaches. Différenciez-vous ainsi des polythéistes » (c’est-à-dire, à l’origine, des ennemis perses qui se laissaient pousser la moustache).

Schématiquement, on pourrait dire que le poil divise aujourd’hui la classe politique, puisque les « barbus » représentent l’islam politique tandis que les politiciens rasés de frais ou moustachus sont généralement des tenants de la laïcité. Toujours est-il que sa valeur symbolique reste forte, à tel point qu’il arrive que l’on prive des opposants politiques de leurs moustaches pour les abaisser ! Les membres du Hamas se sont ainsi saisis de rasoirs pour humilier leurs rivaux du Fatah. Katumbi et Gizenga : deux culs entre quatre chaises Damien Glez – Jeune Afrique – le 28 mars 2018 La présidentielle congolaise se tiendra-t-elle à temps ? L’élection arlésienne commence enfin à se profiler et les armes sont fourbies par des politiciens fourbus. Les cas de certaines figures présidentiables commencent même à alimenter un certain suspense… Deux personnalités retiennent particulièrement l’attention, toutes deux présidentiables : Moïse Katumbi et Antoine Gizenga. Le premier entend bien concourir à la magistrature suprême, comme en témoigne le lancement récent de sa machine de guerre électoraliste : le mouvement « Ensemble pour le changement ». Katumbi victime de sa nationalité « italienne » Mais la candidature de l’ex-gouverneur du Katanga pourrait être empêchée par sa présumée double nationalité, que le droit congolais ne reconnaît pas. Un document de la mairie de la ville italienne de San Vito dei Normanni confirme que l’opposant a été Italien pendant dix-sept ans, de 2000 à 2017. Cet élément biographique est lié à la naissance de son père sur une île grecque de Rhodes alors sous domination italienne. Si Moïse Katumbi détenait cette citoyenneté européenne au moment où il annonçait son intention de briguer la magistrature suprême de République démocratique du Congo, quelle nationalité retiendra-t-on pour le moment précis de son dépôt formel de candidature ? Antoine Gizenga croit que c’est son tour La seconde personnalité qui retient l’attention des Congolais, ces derniers jours, est Antoine Gizenga, le patriarche du Parti Lumumbiste Unifié (Palu), nonagénaire parfois surnommé « le Bouteflika congolais ».. Alors que son parti a changé de directoire et envisage une plateforme électorale avec l’opposition, Gizenga a été reçu, lundi par le président Joseph Kabila. Objectif de la visite ? Témoigner sa fidélité à l’alliance avec la majorité au pouvoir. Une candidature de l’ancien Premier ministre Gizenga pourrait cacher deux scénarios : une stratégie d’opposition sincère favorable à un Palu dégagé de son alliance conjoncturelle. Ou une trajectoire plus machiavélique qui relève peut-être de la science-fiction. Certain que son âge ne lui permettrait pas d’arriver confortablement au terme de son mandat présidentiel, Antoine Gizenga se ferait élire avec le soutien du régime sortant, avant de céder son fauteuil au dauphin constitutionnel : le président du Sénat, poste qui serait occupé entretemps par… Joseph Kabila. Au Botswana, la démission exemplaire du président Khama AFP – le 29.03.2018 Des chants et des cadeaux pour un événement rare. Au Botswana, la petite ville de Serowe (est) a fêté cette semaine l’enfant du pays, le président Ian Khama, qui s’apprête à démissionner dans le cadre d’une transition politique présentée comme exemplaire. A des milliers de personnes massées dans une “kgotla”, une cour traditionnelle, pour l’implorer de renoncer à écourter son mandat, M. Khama, 65 ans, a répondu mardi qu’il tournait la page de sa vie publique sans regrets ni amertume, serein. “J‘étais un soldat, je n’avais aucun intérêt à entrer en politique”, a-t-il lancé à la foule en guise de testament, “et j’ai plein de projets pour l’avenir, très loin de la vie politique”. Au pouvoir depuis 2008, Ian Khama rendra officiellement ce samedi 31 mars 2018 les clés du pays, dix-huit mois avant la fin de son mandat et les élections générales, pour respecter à la lettre la Constitution qui limite à dix ans le règne de ses chefs d’Etat. Sous sa direction, le discret Botswana – 2,2 millions d’habitants pour un territoire un peu plus grand que la France – a connu une période de forte croissance économique, dopée par ses très lucratives exportations de diamants et de viande bovine. Il s’est aussi imposé sur le continent africain en modèle en matière de bonne gouvernance et de protection de l’environnement, particulièrement riche en faune et flore sauvages. Mardi donc, le futur ex-président a conclu à Serowe une tournée d’adieux entamée en décembre, qui l’a conduit dans la totalité des 57 circonscriptions du pays. Honnête Un retour aux sources pour cet ancien pilote militaire qui cultive une image d’homme proche du peuple, même si son père Seretse Khama fut, de 1966 à 1980, le premier président de l’ancienne colonie britannique devenue indépendante. “C’est un homme honnête, direct” qui fait preuve d’un “réel amour”, a loué une octogénaire de sa ville, Edna Monyena, vêtue d’un pagne bleu floqué du portrait du président. La ville de Serowe a couvert son héros d’une pluie de cadeaux à la mesure de sa fierté et de sa reconnaissance: un véhicule 4×4, 143 vaches, des centaines de poulets, l‘équivalent de 44.000 dollars en liquide et une luxueuse caravane aussitôt baptisée par son frère Tshekedi Khama la “présidence mobile”… “J’aurais voulu qu’il reste cinquante ans de plus au pouvoir, jusqu‘à ce que le Tout-puissant le rappelle auprès de lui”, s’est pâmée une de ses “groupies”, Sadie Moleta, 23 ans. Franc et direct, Ian Khama s’est fait une réputation de ne pas s’embarrasser outre-mesure des usages diplomatiques. Ses sorties contre ses homologues en témoignent. Lorsque l’Américain Donald Trump a évoqué les Etats africains comme des “pays de merde”, il n’a pas hésité à faire convoquer son ambassadeur à Gaborone. Ni à réclamer la démission de son voisin du Zimbabwe Robert Mugabe ou celle du président de la République démocratique du Congo Joseph Kabila. S’il s’affiche volontiers en contraire de ces deux-là, le dirigeant du Botswana n’est toutefois pas exempt de reproches. Leader moral Sous sa férule, son Parti démocratique du Botswana (BDP) a remporté haut la main les élections de 2009 et 2014. Mais les critiques de M. Khama ont pointé du doigt sa méthode toute militaire d’exercer le pouvoir, aux limites de l’autocratie. Sur le plan économique, d’autres ont souligné la persistance, depuis 2009 et la baisse des cours mondiaux du diamant, d’un fort taux de chômage dans son pays. “Sur le plan international, il se présente volontiers en leader moral de la région, en exemple de président qui respecte les lois et les coutumes en démissionnant et se permet d’inviter les présidents Kabila et Mugabe à respecter la démocratie et l’Etat de droit”, note l’analyste Matteo Vidiri, du cabinet BMI Research. “Mais le ralentissement de l‘économie et la grogne croissante de sa population écornent la belle image du président spécial d’un pays qui échappe à la malédiction des pays riches en ressources naturelles”, ajoute-t-il. Ses adversaires politiques vont jusqu‘à reprocher à Ian Khama d’avoir favorisé une société de “mendiants”. “Il a tué l’esprit d’autonomie en créant une dépendance à l’aumône”, regrette Kesitegile Gobotswang, le vice-président du Parti du Congrès du Botswana (BCP), rappelant que “l‘économie a perdu des emplois sous son règne”. Le successeur de Ian Khama, l’actuel vice-président Mokgweetsi Masisi, 55 ans, sera investi dimanche. Le plan secret de Kabila divise la majorité Hubert Leclercq – La Libre – le 29 mars 2018 Ambiance électrique à Kinshasa où les dossiers politiques se succèdent et s’entrechoquent sur un rythme effréné. Ce jeudi en fin de journée, le CNSA conseillait ainsi au ministre de l’Intérieur Henry Mova de reconnaître l’UDPS du secrétare général Jean-Marc Kabund au détriment de la formation conduite par Tharcisse Loseke, le bras droit du Premier ministre Bruno Tshibala. « On ne va quand même pas abandonner la conduite de l’UDPS entre les mains de l’équipe de Tshibala », explique un proche de Joseph Olenghankoy, le président du CNSA. « Depuis que ces gens se sont installés à la primature, ce bâtiment est devenu un ring de boxe. Ils sont incapables de travailler. C’est une honte« . Mais le dossier le plus chaud ces dernières heures, c’est celui du découpage des scrutins. Un scénario qui a déjà été évoqué mais que la garde rapprochée de Kabila, le président hors mandat, veut toujours imposer. Il s’agit de post-poser la présidentielle et de n’organiser en décembre prochain, que les élections provinciales et législatives. « Ce scénario est toujours sur la table. La Kabilie a pris conscience que l’élection présidentielle sera placée sous très haute surveillance. Il sera difficile de tricher à grande échelle. Or tout le monde a compris que sans ce tripatouillage massif, la majorité présidentielle n’a aucune chance de passer. Il faut donc d’abord faire en sorte que la présidentielle suive les législatives. La majorité parlementaire qui pourrait sortir de ces législatives truqées, parce que moins surveillées, serait largement en faveur des Kabilistes. Suffisamment pour leur permettre de revoir la constitution et de modifier le mode de désignation du président. Le président serait donc élu au scrutin indirect par les députés« , nous explique un des proches collaborateurs de la présidence qui a déjà évoqué ce scénario. Des législatives dès cet été ! « Il faut que le peuple reste sur ses gardes. Kabila envoie de la poudre aux yeux », explique un autre membre de la majorité présidentielle, qui ne cesse de répéter que 98% de cette majorité ne veut pas du plan de Kabila mais que personne n’ose bouger. Il partage la même lecture que son collègue de la majorité. Il martèle, la voix nouée, que « le président préfèrera mettre le feu à Kinshasa plutôt que d’abandonner le pouvoir. Il va endormir tout le monde. Il discute encore directement avec certains membres de l’opposition pour essayer de continuer à affaiblir le camp d’en face. La communauté internationale, elle, regarde. Elle gronde mais ne bouge pas. Kabila se joue d’elle ». Notre interlocuteur se fait plus précis. « Retenez bien ce que je vous dis, Kabila va annoncer, pour démontrer sa soit-disant bonne volonté, l’organisation des législatives pour cet été. Pourquoi attendre ? Et tant pis si ça viole l’accord prévoit l’organisation de tous les scrutins en décembre. Ensuite, quand il sera parvenu à ses fins, quand il aura sa majorité parlementaire, il va expliquer que ces élections ont coûté très cher, qu’il n’a plus assez d’argent pour organiser la présidentielle comme elle était prévue et qu’il faut un scrutin indirect. Il pense qu’il pourra alors changer la constitution. Il est prêt à tout sacrifier pour rester en place. Le sang va couler. C’est inévitable », prévient-il. « Il faut que tout le monde tienne le cap. On devait organiser des présidentielles en 2016, puis en 2017. Finalement, pour éviter le chaos, sur la pression de la communauté internationale et des évêques, on a laissé ce Monsieur prolonger son règne. Cette fois, il ne faut plus céder. La RDC est devenue un enfer. Quatre-vingt millions de Congolais vivent cet enfer au quotidien, il ne faut pas permettre que cette situation se perpétue ». L’Ituri enterre « Sarkozy » et attend la « pax Kabila » AFP - le 30 mars 2018 L’Ituri a enterré « Sarkozy » jeudi avec les honneurs. Le commissaire de police Nicolas est une victime collatérale de la reprise inexpliquée des tueries dans cette province du nord- est de la République démocratique du Congo, où le président Joseph Kabila est attendu pour lancer une « conférence sur la paix ». Le débonnaire commandant Nicolas, que tout le monde surnommait « Sarkozy » pour cause d’homonymie avec l’ex-président français, a fait les frais du réveil des hostilités entre deux des communautés locales, les Hema et les Lendu. Une des multiples zones de tensions à neuf mois des élections dans l’est de la RDC frontalier de six pays – Soudan du Sud, Ouganda, Rwanda, Burundi, Tanzanie, Zambie. Éleveurs et commerçants, la minorité hema est comparée aux Tutsi, face aux Lendus plus nombreux, agriculteurs comme les Hutu. Depuis début février, des tueries ont fait plus de 120 morts d’après un décompte de l’AFP, principalement des Hema dans le territoire de Djugu, qui ont fui par dizaine de milliers, en Ouganda ou dans la province et son chef-lieu Bunia. A Bunia, quelque 10.000 déplacés hema survivent sur un site derrière l’hôpital général. Huit enfants sont morts de diarrhée ou de paludisme depuis février, d’après le coordonnateur du site, le révérend-pasteur Ignace Bingi. Et c’est aux abords de ce camp que « Sarkozy » le policier, membre d’une autre communauté, a été tué d’une pierre dans la tête. L’officier de police a voulu protéger un ministre provincial lendu sur le point de se faire lyncher alors qu’il participait à une distribution humanitaire ce 15 mars en faveur des déplacés hema, d’après les témoignages. « La pierre qui a tué Nicolas me visait », affirme à l’AFP le ministre, Didi Angaika, qui raconte avoir été confondu avec un chef coutumier lendu par les hema: « Une femme m’a dit: +Nous allons te tuer+ ». Par son sacrifice, « Sarkozy » a peut-être épargné à l’Ituri un bain de sang. « Je ne sais pas ce que ma mort aurait pu signifier pour ma communauté », admet le ministre lendu. Une provocation appelant des représailles sanglantes, selon des observateurs locaux. L’Ituri attend le président congolais Joseph Kabila, qui doit annoncer les modalités d’une « conférence pour la paix » dans cette province riche en or. – ‘Découper son voisin’ – En attendant le président, l’heure est à l' »accalmie » des tensions, d’après plusieurs sources. L’armée qui a lancé une offensive après les tueries affirme avoir tué 28 « assaillants » et perdu dix hommes. Des réfugiés congolais reviennent de l’Ouganda et 6.000 déplacés ont regagné les chefferies de Djugu, l’épicentre des violences, affirme la chaîne d’État RTNC. En 1999-2003, un conflit Hema-Lendu avait fait 50.000 à 60.000 morts jusqu’à l’intervention de la force européenne Artemis sous commandement français. Hema comme Lendu, personne ne comprend la reprise des violences alors que le gouverneur a évoqué fin 2017 la démobilisation des miliciens du FRPI, actif dans le sud de l’Ituri. « J’ai vécu la guerre de 1999 », reprend Didi Angaika, le ministre lendu qui a failli se faire tuer. « A l’époque, il y avait un absence totale de l’État congolais. Aujourd’hui, il y a un gouvernement qui a largué un bon nombre de militaires sur le terrain ». A l’époque également, l’Ouganda voisin s’invitait dans le conflit. « Maintenant, il n’y a aucune raison pour se lever le matin et commencer à découper son voisin », selon un des députés de Djugu, Jean-Baptiste Dhetchuvi, un Hema d’un parti d’opposition, pour qui l’origine des violences ne fait pas de doute: « Ce sont des combattants lendu ». Les Lendu du nord et du nord-ouest « n’ont plus de complexes d’infériorité par rapport aux Hema » mais ceux du sud « végètent dans la misère » et certains ont pu lancer « les hostilités », selon un rapport du pasteur Ignace Bingi, fruit de ses échanges avec les rescapés hema. « Un bon nombre de Lendu ont adhéré à une secte dénommée Codeco, où ont leur fait boire des drogues », ajoute le rapport du pasteur. « On ne sait pas qui tue qui », réplique Jean-Marie Ndjaza Linde, premier vice-président d’une association culturelle lendu. « Tout ce qui se passe à Djugu se résume en quatre mots: manipulation, provocation, réaction et diabolisation des Lendu », affirme-t-il. « Nous demandons aux Lendu de résister aux provocations ». Juste après le premier massacre, le président de la commission électorale Corneille Nangaa s’est rendu en Ituri le 5 février, affirmant que « les Ituriens ont le droit d’aller aux élections du 23 décembre dans la sérénité ». « C’est une situation qui risque d’impacter négativement sur le calendrier électoral si rien n’est fait », a-t-il ajouté d’après des élus locaux et des médias. Une petite phrase qui a réveillé le souvenir des violences au Kasaï (centre), qui ont servi de prétexte aux autorités pour reporter les élections de décembre 2017 à décembre 2018. Congrès de l’UDPS: les éclaircissements de Me Mukendi wa Mulumba Marie-France Cros – la Libre – le 30 mars 2018 L’UDPS doit tenir ces 30 et 31 mars son second congrès. Il s’agira essentiellement d’élire le successeur du défunt Etienne Tshisekedi. La Libre Afrique.be a demandé à l’ancien bâtonnier Jean-Joseph Mukendi wa Mulumba, membre du parti, d’éclaircir certains points obscurs. L’UDPS avait organisé son premier congrès en décembre 2010, soit 28 ans après sa création, en 1982. Il s’agissait de désigner le candidat à la présidentielle de 2011 (élection qui s’avèrera « non crédible » en raison de fraudes massives) – Etienne Tshisekedi – et produire de nouveaux statuts. Ceux-ci avaient été légalisés par le notariat de l’Hôtel de Ville de Kinshasa fin janvier 2011, non sans difficulté, le notaire-fonctionnaire ayant préalablement accepté des statuts pour l’UDPS déposés par une personne non reconnue pour le faire. Statuts non vus par le congrès Mais là ne s’arrêtent pas les difficultés. En effet, deux ans plus tard, le 25 janvier 2013, Etienne Tshisekedi faisait notarier une nouvelle version des statuts, dont il avait modifié certains articles sans en référer au congrès de l’UDPS, pourtant seul dépositaire de ce droit selon les statuts de 2010. En 2015, des dissidents de l’UDPS avaient déposé plainte en Belgique, tandis qu’une autre plainte était déposée devant le tribunal de grande instance de Matete (Kinshasa), contre Etienne Tshisekedi, pour cette raison. Depuis lors, l’UDPS, principal parti d’opposition, a fait l’objet d’une attention particulière des kabilistes, qui se sont attachés à accroître ses divisions en jouant sur l’argent et les ambitions personnelles. Et, surtout, le 1er février 2017, il y a un peu plus d’un an, Etienne Tshisekedi décédait à Bruxelles, laissant le parti désemparé par la disparition de son « lider maximo » adulé. En avril 2017, la direction de la principale tendance de l’UDPS avait annoncé que le congrès ne pourrait « être convoqué avant l’enterrement d’Etienne Tshisekedi« , par « respect« . Mais l’absence d’autorisation de Kinshasa pour enterrer le défunt dans son pays s’est tellement prolongée que cette position est devenue impossible à tenir. Relancer la machine UDPS Plusieurs groupes dissidents ont tenté d’organiser un congrès pour relancer la machine, dans le désordre. Dans la pratique, on s’aperçoit que la principale tendance est celle actuellement chapeautée par le secrétaire général Jean-Marc Kabund a Kabund, dont Felix Tshisekedi, fils de l’éminent disparu, n’est que l’adjoint. C’est elle qui appelle au congrès des 30 et 31 mars, auquel devraient participer quelque 600 personnes et où Felix Tshisekedi présentera sa candidature à la présidence du parti. Pour éclaircir l’imbroglio juridique, La Libre Afrique a interrogé Me Jean-Joseph Mukendi. LLA: Quels sont les « bons statuts », ceux de 2010 rédigés dans le cadre du congrès, ou ceux de 2013? Me Mukendi: Nous retenons les statuts de 2013, les derniers, parce que, des actions en justice lancées contre eux à Bruxelles et à Kinshasa, la première n’a pas de suite – comment la poursuivre quand la personne visée, Etienne Tshisekedi, est décédée? – et la seconde était une citation directe d’Etienne Tshisekedi et est donc éteinte depuis sa disparition. LLA: Le congrès de 2010 avait prévu la création d’une Convention démocratique du parti, organe de concertation des responsables de l’UDPS, mais cela n’a jamais été fait. Cela ne pose-t-il pas problème? Me M: Oui. Mais la personne qui devait la créer est décédée. L’article 26 (NDLR: des statuts de 2013) indique que l’interim du président du parti est exercé par un directoire composé du président en exercice de la Convention démocratique – qui n’existe pas – du président de la Commission électorale permanente et du Secrétaire général du parti. Seul ce dernier existe, en la personne de Kabund a Kabund. Et il ne peut pas créer la Convention démocratique. C’est donc un cas de force majeure. Par conséquent, c’est le Secrétaire général qui a convoqué le congrès. LLA: Le congrès extraordinaire de cette fin mars traitera-t-il d’un autre sujet que la désignation d’un président du parti? Désignera-t-il un candidat à la présidentielle? Me M: Non, la présidence du parti sera le seul thème abordé. Mais une fois le président choisi, celui-ci pourra convoquer un autre congrès avec d’autres objectifs. Une opposition politique atomisée – L’Eglise contre Kabila François Misser – Le Monde Diplomatique – Avril 2018 Voir document PDF en annexe © CongoForum, le samedi 31 mars 2018