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DES LIVRES

VENDREDI 11 JANVIER 2002

DOSSIER ESSAIS Sous le signe de Paris : Guerre et terrorisme : le grand œuvre André Glucksmann, de Karlheinz Stierle François Heisbourg, Page II Michael Barry, Philippe HISTOIRE Muray, Emmanuel Goujon... LE MONDE DES LIVRES DE POCHE Page IV Logiques de résistance Page IX Page XI Pages V à VIII

Pierre Senges oiseaux, les insectes, les serpents ment à miner toute une civilisa- dans le Jardin botanique pour disséminer les pollens d’al- tion urbaine est-il salubre ou de Grenoble. lergies, encourage la prolifération non ? Ce cinglé vise-t-il à transfor- des algues tueuses et étudie leur mer sa ville peuplée d’endormis, a acheminement sans obstacles de de résignés, et d’aigris sans fou- des instruments de vengeances, la mer aux lavabos. gue en jardin d’Eden ? Est-ce un de pieds de nez ou d’attentats Le délire de cet adventiste pour paradis dont il plante les racines, expédiés à d’anciennes connais- qui le lierre grimpant constitue après avoir envisagé de lever une sances honnies. Dans Ruines-de- une armée des ombres est prétex- armée de révolutionnaires chena- Rome, qui joue encore sur l’inven- te à cours de jardinage autant que pans, de conduire une croisade Pierre Senges, taire encyclopédique, la profu- d’insurrection ; il vous apprend à tel le joueur de flûte de Hamelin sion verbale ludique et érudite, faire la différence entre laurier entraînant dans son sillage la hor- l’utilisation d’un corpus scientifi- sauce et laurier rose. C’est un his- de des révoltés bougons et des que pour refaire le monde, l’im- torien redoutable qui vous rappel- contribuables contrariés, de pro- précateur misanthrope est un le qu’en 1897, aux Etats-Unis, la voquer une crue d’eaux dorman- employé du cadastre qui sème la jacinthe d’eau causa tant de tes emportant portefeuilles, mauvaise graine. Millénariste dégâts (« invasion, débordements, ministres et marchands de bien décidé à activer le processus de chaussées rompues, accrocs divers, dans un inexorable raz de marée, l’Apocalypse, il se mue en jardi- cultures étouffées sous le poids de d’improviser une fronde de chif- nier prédateur. C’est un insoumis, la mauvaise herbe ») que le secré- fonniers convertis à l’urgence un fonctionnaire incorrect. Devin tariat d’Etat à la guerre envoya d’un recyclage écologique et pervers, élucubrateur d’oracles sur le terrain des anciens soldats moral ? catastrophes, régisseur de prophé- du général Grant. Ce coquin Binant subtilement les champs ties macabres, criminel de la mau- entretient par ailleurs une idylle de l’ambiguïté, octroyant à son vaise augure, il lit la Bible à platonique avec sa voisine de insurgé des traits de caractère l’envers. potager, surnommée dame- fleur bleue et des fantasmes à Ce solitaire, « célibataire que les d’onze-heures, dont il imagine la l’eau de rose, Pierre Senges ne chats finissent par quitter l’un nudité d’après le linge qu’elle fait résout pas la question du bien et après l’autre comme les chèvres de sécher sur son balcon, et dont il du mal. Cette restitution de la sau- Seguin », et qui a « même renoncé se demande si elle partagerait sa vagerie considérée comme un des fascination pour l’ac- beaux-arts suggère l’irruption du couplement des lom- meilleur et du pire, la sédition Jean-Luc Douin brics. Il ne dédaigne libératrice comme l’extermina- pas d’être poète, se tion insidieuse, le pieux prosélytis- à l’achat d’un poisson rouge de prenant pour un Arcimboldo du me comme le fascisme de routi- peur qu’il ne devienne, à [son] jeu agraire et parsemant ses plate- ne. Au fil de sa recension, Senges contact, neurasthénique »,s’aper- bandes de chimères florales. Le cite l’herbe-à-tous-maux, capable la révolution çoit un beau jour qu’un pépin, un paragraphe qu’il consacre aux de soigner toutes blessures, mais noyau négligemment planté au impatientes n’y-touchez-pas, qui nul ne sait si celui qui applique- pied d’un immeuble, une fois ger- le voit penché sur les bulbes et rait ce remède au pied de la lettre mé, fait pénétrer ses racines sous duvets, attentif à faire le tour des en ferait un remède toxique ou les fondations, pousse dans les gaines, oser des frottis, expert en un aphrodisiaque, un poison ou SYLVAIN FRAPPAT POURcaves, « LE MONDE » encercle les parkings, s’in- vaginules, gorges, calices, pétales un élixir de jouvence. troduit dans les bouches d’aéra- et sépales, ne laisse aucun doute tions, lézarde les façades. S’inves- sur ses fantasmes érotiques. (1) Verticales 2000. « Points » Seuil, P 941. tissant dès lors d’une mission radi- Il est une question que le lec- calement rédemptrice («couvrir teur se posera tout au long de ce RUINES-DE-ROME la ville sous la masse végétale »), programme de mutinerie par le de Pierre Senges. cet hurluberlu à mine de Tourne- sabotage végétal : cet acharne- Ed. Verticales, 252 p., 15 ¤. sol s’enivre de nomenclatures botaniques, choisit les fougères « pour leurs noms de succubes », La révolution cherche inspiration et idées de greffe dans les friches des cimetiè- res, « auprès des concessions per- pétuelles tombées en déshérence ». Il profite de ses nuits blanches pour aller marcotter en douce dans les jardins publics, transfor- mer les rosiers en réseau de ron- ces et d’épines ; lance des galets par les plantes contre la vitre des serres afin d’ouvrir un passage aux lierres, l’une de ses armes destructrices ; aux cactus et aux philodendrons ; par les plantes Un jardinier entreprend elle prolifère de préférence sur les ensemence clandestinement la façades dévastées et les décom- terre de ses voisins en lançant des de planter bres ; elle doit son nom – symboli- graines à l’aide d’un élastique, ou que – aux tableaux des peintres les crachant « en direction du de mauvaises graines du XVIIIe siècle qui, à l’image meilleur point de chute » après d’Hubert Robert, firent de l’objet avoir initié leur germination par l y aurait aujourd’hui sur et d’étouffer une ville archéologique un ornement pictu- la salive. Terre deux cent quarante mille ral et s’inspirèrent des fouilles Ce semeur de troubles à la Iespèces végétales. Pierre Senges sous la végétation. d’Herculanum pour composer « chorégraphie comique d’éleveur en honore deux cent trente-huit, des paysages de la Rome antique de poules » compte sur l’éclabous- égrenant les charmes vicieux de Avec ce roman étonnant, décadente, sites de cités sacca- sure des autos roulant dans les fla- la renoncule scélérate et de la cen- gées, de ruines envahies d’herbes. ques pour arroser la garance au taurée chausse-trape, de l’ache « Ruines-de-Rome », Les lecteurs du premier roman bord des autoroutes, et sur la pat- rampante, la coquecigrue, la de Pierre Senges, Veuves au te levée d’un épagneul pour queue-de-scorpion, ou du silène on retrouve avec bonheur maquillage (1), savent l’art (jubila- mouiller ses mimosas le long des attrape-mouche, du sarrasin de toire) et la manière (litanique) grands boulevards. Il niche en sif- Tartarie, du désespoir des singes. la nature subversive avec lesquels cet adepte des exer- flotant ses glands dans les pans A-t-il pour autant signé un her- cices de haute voltige littéraire de mur, les barbacanes et les bier sélectif ? Et pourquoi a-t-il de Pierre Senges. célèbre ses cérémonies funèbres. chantepleures, mais aussi dans choisi d’ériger la ruine-de-Rome En quatre cent quatre-vingt-dix- les bureaux à bonne épaisseur de a ou cymbalaire des murailles en Un manuel d’horticulture neuf paragraphes déclinés com- moquette, sous les couvertures, couverture ? Il s’agit d’un roman me dans un film de Peter Gree- tapisseries ou coussins de salles orchestré comme un subversif semant les racines d’une naway, il décrivait le lent protoco- d’attente, fauteuils dont la cha- manuel d’horticulture, dont les le taxidermiste selon lequel six leur de tous ceux qui y prendront plantes sont les actrices d’un mutinerie jubilatoire femmes à vocation de mantes reli- place attiseront le processus de la minutieux travail de sape, et où le gieuses déchiquetaient (à sa forêt vierge. Il déplore la dispari- Guerre narrateur (faux père tranquille) et d’une apocalypse demande) le corps d’un scribe tion des enragés qui, jadis, soule- conte sa diabolique mise en place grincheux et se servaient de ses vaient les pavés au pied-de-biche d’un chaos. La ruine-de-Rome botanique organes prélevés un à un comme en faisant face aux compagnies aux feuilles palmatilobées est de cadeaux empoisonnés, sordi- républicaines, mobilise les et terrorisme www.lemonde.fr 58e ANNÉE – Nº 17717 – 1,20 EURO - MÉTROPOLITAINE -- VENDREDI 11 JANVIER 2002 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

Droits des handicapés L’euro est-il inflationniste ? b b a Les députés L’enquête du « Monde » révèle quelques dérapages des prix dans le petit commerce Laurent Fabius mettent fin promet d’être « vigilant » b Les économistes estiment qu’il n’existe pas de risque d’une relance à l’arrêt Perruche de l’inflation b La hausse des prix n’a été que de 1,4 % en 2001 b Bon départ pour les soldes en euros HUIT JOURS après l’arrivée des Le ministre de l’économie, Lau- a pièces et billets en euros, la ques- rent Fabius, reconnaît l’existence L’enfant handicapé tion commence à se poser : le passa- de « quelques dérapages », dont cer- LAURENT PHILIPPE ge à la monnaie unique risque-t-il tains ont justifié la saisine des ne pourra plus de relancer l’inflation ? Pour l’ins- observatoires départementaux de DANSE tant, la réponse est négative selon l’euro. Mais il a promis de rester demander réparation les économistes qui soulignent que « vigilant » pour éviter de laisser le jeu des hausses et des baisses et « gâcher cette grande réforme ». Noblesse en cas d’erreur celui de la concurrence devraient Les soldes, qui ont commencé le de diagnostic prénatal s’équilibrer. L’année 2001 s’est ter- 9 janvier, ne sont pas perturbées du hip-hop minée sur un rythme normal de glis- par le changement de monnaie, qui sement de l’indice des prix, de oblige pourtant les magasins à affi- En 1993, naissait au Théâtre Jean-Vilar le a Arrêt Perruche, + 0,1 %, ce qui porte l’inflation sur cher sur leurs produits un triple, voi- l’ensemble de l’année à 1,4 au lieu re un quadruple étiquetage, signa- festival Suresnes Cités Danse. En dix ans, Cour de cassation, de 1,6 % en 2000. Preuve que les lant les prix et les rabais en francs, cette manifestation, point de rencontre craintes d’un dérapage anticipé des en euros et en pourcentage. entre les plus grands chorégraphes con- Comité d’éthique : prix avant le passage à la monnaie L’avènement de l’euro permet de temporains et les meilleurs danseurs de unique n’étaient pas fondées. lever le voile sur une partie de l’éco- hip-hop, a donné ses lettres de noblesse tous les textes Pourtant, les associations de con- nomie parallèle, souvent illégale, à cette discipline surgie de la rue. Cha- sommateurs soulignent qu’elles en forçant les détenteurs de fonds à pour comprendre sont assaillies de plaintes de particu- changer leur monnaie ou à investir que édition du festival a livré son lot de liers qui signalent des augmenta- massivement en espèces pour blan- pièces majeures. Croisement d’artistes et tions abusives de prix depuis le chir leur argent accumulé en francs d’œuvres qui ont regonflé le moral de la a er Enquête : deux 1 janvier. Les arrondis effectués grâce à la fraude fiscale ou à des danse, Suresnes joue le rôle d’un vrai par les petits commerçants, à l’occa- activités relevant du banditisme. conservatoire. Cette année, autour de familles se racontent sion de la conversion de leurs prix en euros, sont pour l’essentiel, à Lire pages 14 et 15 Doug Elkins, invité d’honneur, la compa- Lire pages 9, 11 et 12 l’origine de cette « inflation per- gnie Montalvo-Hervieu (photo), Blanca Li et notre éditorial page 13 çue » par les consommateurs. f www.lemonde.fr/euro et bien d’autres. p. 26 et 27 Les médecins Un musée pharaonique à 3 kilomètres à vol de faucon de la pyramide de Kheops LE CAIRE Le nouveau Grand Musée devra héberger dont la construction devrait prendre de trois à négocient de notre correspondant toutes les pièces qui se trouvent dans l’actuel quatre ans. Farouk Hosni, qui couve patiem- Les dimensions et le coût du projet sont Musée égyptien. Mais, pour donner plus ment le projet depuis les années 1980, a affir- LES SYNDICATS médicaux pharaoniques. Le ministère égyptien de la d’éclat à son projet, le ministre de la culture, mé que les 400 millions d’euros seront préle- a et la Sécurité sociale devaient culture a décidé de relever le défi et de lancer, Farouk Hosni, ce Jack Lang de la vallée du Nil, vés dans les caisses du ministère de la culture. engager, jeudi 10 janvier, une négo- mercredi 9 janvier, un concours international n’a pas hésité à mettre Toutankhamon (vers Mais, en ces temps de crise, d’effondrement D. R. ciation sur la revalorisation des d’architecture pour la construction d’un 1354-1346 av. J.-C.) à contribution. Le jeune des recettes touristiques (– 70 %) et de restric- honoraires des généralistes. Les gigantesque nouveau musée. Avec 50 hecta- roi, dont le principal mérite est d’avoir miracu- tions budgétaires, il faut disposer de la pierre MODES DE VIES caisses d’assurance-maladie ont res de superficie et un coût de 400 millions leusement échappé aux pilleurs de tombes, philosophale pour mener à bien l’opération. proposé un « plan pluriannuel de d’euros, le Grand Musée égyptien se veut trônera en effet au centre du nouveau Grand Farouk Hosni n’étant pas Harry Potter, il a revalorisation » de la profession grand comme la pyramide de Kheops. Une Musée égyptien. Il faut dire que Toutankha- évoqué la possibilité d’un emprunt auprès de Téléphone d’un montant de 600 millions pyramide dont il ne sera d’ailleurs qu’à 1 ite- mon a de quoi meubler : trois mille cinq cents la Banque mondiale à 0,5 % d’intérêt, mais d’euros sur trois ans. Elles propo- rou, moins de 3 kilomètres à vol de faucon. Le pièces qui vont du masque, ce chef-d’œuvre dont le montant n’a pas été avancé. Et le jetable sent aussi que le tarif de certaines concours, organisé sous le patronage de d’orfèvrerie, au sarcophage en or massif, en musée pourrait bien doubler sa surface Après le stylo-bille ou le rasoir, le télé- consultations « complexes » soit l’Unesco et supervisé par l’Union internationa- passant par le mobilier funéraire – une collec- (100 hectares), avec de nouveaux frais à la clé, phone mobile se veut jetable. Randi porté à 20 euros. Soutenus par la le des architectes, sera doté de prix totalisant tion bien à l’étroit aujourd’hui dans le musée si l’armée acceptait d’abandonner des ter- plupart des partis politiques, 1 million d’euros. Après des éliminatoires, en situé au bord du Nil, bâtiment centenaire qui rains qu’elle occupe. Altschul, une Américaine du New Jer- l’Union nationale des omniprati- août, le gagnant sera connu en juin 2003. Son croule sous les milliers d’objets allant de l’épo- « Pourquoi ne pas, tout bonnement, lancer sey, en a eu l’idée, et sa société s’apprê- ciens français (majoritaire) et le projet devra être ultramoderne tout en que prédynastique à la conquête d’Alexandre une souscription internationale auprès des mil- te à commercialiser cet objet, qui libére- syndicat MG-France demandent la offrant « un lien visuel fort » avec le site des le Grand. lions d’égyptomaniaques ? », se demandent ra l’utilisateur du souci de l’abonne- revalorisation de toutes les consul- pyramides. Signe de modernisme, le ministè- A cet amoncellement de trésors il faut ajou- des amoureux de l’Egypte ancienne, qui crai- ment et du rechargement des batte- tations, qui sont, depuis plusieurs re de la culture a créé un site Internet ter les pièces enfermées dans les réserves, gnent que le projet ne stagne dans les maréca- années, bloquées à 17,53 euros. (www.gem.gov.eg) où n’importe quel candi- dont les experts estiment le nombre à cent mil- ges des finances déficientes. ries. Une technologie qui est à la télé- dat disposant de 400 euros peut s’inscrire en le. Reste maintenant à trouver les fonds pour phonie mobile ce que le Kleenex fut Lire page 6 ligne. réaliser cette nouvelle merveille d’Egypte, Alexandre Buccianti aux mouchoirs de Cholet. p. 24 Un président Equations et calculs pour l’Union du candidat Jospin L’ANNÉE 2001 de Lionel Jospin sur sa capacité à vaincre la malédic- s’était achevée par une addition dou- tion de la Ve République : cette coutu- loureuse : confronté à une série de me selon laquelle nul ne saurait pas- mouvements sociaux, le premier ser directement de la tête du gouver- ministre s’était trouvé contraint de nement à celle de l’Etat – c’est-à-dire céder aux personnels des hôpitaux et de la gestion des affaires à la prési- des cliniques privées, aux policiers et dence d’une nation. La statistique est aux gendarmes, allouant aux protes- édifiante qui mérite d’être élargie MAISONNEUVE/SIPA tataires autant d’enveloppes budgé- au-delà des seules périodes de coha- EDUCATION taires successives, au risque d’enta- bitation : jamais, depuis 1958, un pre- VALÉRY GISCARD D’ESTAING mer le(s) crédit(s) du gouvernement, mier ministre sortant n’est parvenu à voire son autorité. Pour le candidat – l’Elysée. Jacques Chirac (en 1986) et L’attrait de PRÉSIDENT de la convention plus que « probable » – du Parti socia- Edouard Balladur (en 1993) sont les qui doit préparer la réforme de liste à l’élection présidentielle, la nou- seuls à avoir tenté l’aventure, tous l’enseignement l’Union européenne, Valéry Gis- velle année débute par une arithméti- deux face à François Mitterrand, card d’Estaing explique dans Le que autrement encourageante : pour avec l’insuccès que l’on sait. Plus édi- Pour la première fois depuis cinq ans, le Monde comment il imagine sa la première fois depuis un an, M. Jos- fiant encore : sur les quinze chefs de ministère de l’éducation nationale a tâche. Il doit rencontrer Silvio Ber- pin a dépassé, cette semaine, M. Chi- gouvernement (dont M. Chirac à constaté en 2002 une augmentation lusconi le 11 janvier à Rome. rac dans un sondage d’intentions de deux reprises) qui ont précédé M. Jos- du nombre de candidats aux concours vote (BVA-Paris Match), tant au pre- pin, six seulement ont été en mesure Lire pages 2 et 3 mier tour qu’au second. de se porter candidats. de l’éducation. Cette hausse, 3 % pour Semblable chiffre ne suffit certes Les deux seuls qui l’aient empor- le secondaire, devrait permettre d’évi- f www.lemonde.fr/ue pas à annoncer un renversement de té (Georges Pompidou et Jacques ter une crise des recrutements. p. 8 tendance – deux études publiées ces Chirac) n’ont obtenu leur victoire Afrique CFA 1000 F CFA, Algérie 35 DA, Allemagne 1,50 ¤, jours-ci donnent d’ailleurs encore qu’après une période d’éloigne- f www.lemonde.fr/education Antilles-Guyane 1,50 ¤, Autriche 1,50 ¤, Belgique 1,20 ¤, Canada 2,50 $, Danemark 15 KRD, Espagne 1,50 ¤, Finlande 2,00 ¤, une courte avance au chef de l’Etat. ment forcé du pouvoir (raccourcie Grande-Bretagne 1 £, Grèce 1,50 ¤, Irlande 1,50 ¤, Italie 1,50 ¤, Ajouté à la baisse sensible de la cote dans le cas de M. Pompidou par la International...... 2 Tableau de bord ...... 18 Luxembourg 1,20 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 14 KRN, Pays-Bas de sympathie de M. Chirac (Le Mon- démission du général de Gaulle, 1,50 ¤, Portugal cont. 1,50 ¤, Réunion 1,50 ¤, Suède 16 KRS, France...... 6 Carnet...... 21 Suisse 2,40 FS, Tunisie 1,5 DT, USA (NY) 2 $, USA (others) 2,50 $. de du 9 janvier), il affecte néanmoins en 1969). Société...... 8 Aujourd’hui ...... 22 le statut de favori jusqu’ici dévolu au Régions ...... 10 Météorologie ...... 25 E président en exercice, et rassure les M 00147 - 111 - 1,20 Hervé Gattegno Horizons ...... 11 Jeux ...... 25 partisans du premier ministre, après Entreprises...... 14 Culture ...... 26 de longs mois d’incertitudes, qui ont Lire la suite page 13 Abonnements ...... 16 Guide culturel ...... 28 principalement porté sur l’intensité 3:HIKKLE=\UVWUZ:?k@b@l@b f Communication...... 17 Radio-Télévision ...... 29 de son envie d’accéder à l’Elysée et www.lemonde.fr/presidentielle2002 2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002

UE Nommé, lors du conseil euro- d’Estaing entame une première série roger sur la finalité du projet euro- b VGE note que, dans les différents des propositions au Conseil euro- péen de Laeken, en décembre 2000, de consultations dans les différentes péen » et met en garde contre les ris- pays, « la volonté de progresser péen. b Cette Convention sera cons- président de la Convention chargée capitales. b Dans un entretien au ques d’un blocage général du systè- domine ». La Convention, qui tien- tituée de 105 membres, parlementai- de proposer une réforme des institu- Monde, l’ancien président français me lorsque 25 ou 30 pays auront dra sa séance inaugurale le res européens, nationaux et repré- tions européennes, Valéry Giscard estime qu’il faut « à nouveau s’inter- adhéré à l’Union européenne. 28 février, aura un an pour formuler sentants des gouvernements. Un premier galop d’essai pour la réforme des institutions européennes Président de la Convention chargé de proposer une nouvelle architecture politique de l’UE, Valéry Giscard d’Estaing a entamé une tournée des capitales. Dans un entretien au « Monde », l’ancien président français estime qu’à 25 ou 30 pays membres, « le système actuel cesse de fonctionner »

LES FÊTES de fin d’année auront nement, José Maria Aznar, qui prési- dent du Conseil Silvio Berlusconi, diplomatie italienne. Un petit-déjeu- peuples. La seconde étape pourrait pays fondateurs ; il faut que nous puis- été studieuses pour Valéry Giscard de depuis le 1er janvier l’Union, il qu’il sera le premier responsable ner avait initialement été prévu consister à rendre cohérentes les diffé- sions dire ce que les gens attendent de d’Estaing, nommé par le Conseil doit rendre visite au chancelier étranger à voir depuis la démission entre les deux hommes, qui se con- rentes propositions avancées pour l’Europe, sans qu’il s’agisse d’impres- européen de Laeken, le 15 décem- Schröder le 24 janvier à Berlin et à du ministre italien des affaires étran- naissent de longue date, à l’occasion organiser l’Europe, à dévider jus- sions personnelles ou de conversations bre, président de la Convention Tony Blair le 4 février à Londres. gères, le très europhile Renato Rug- d’une rencontre entre les ministres qu’au bout l’écheveau de leurs consé- superficielles. Il faut aller au fond des chargée de lancer la refonte du pro- M. Giscard d’Estaing était attendu giero, et sa décision de prendre en des affaires étrangères des grands quences. Et la troisième consisterait, choses, c’est très nécessaire, parce jet politique européen qui fera l’ob- dès vendredi 11 janvier à Rome charge lui-même, pour une période pays européens, prévue initialement pour la Convention, à comparer les qu’on dit des choses fausses », souli- jet d’un nouveau traité en 2004. pour une rencontre avec le prési- indéterminée, la direction de la pour mercredi à Paris. Mais celle-ci avantages et les inconvénients de ces gne M. Giscard d’Estaing. Avec ses deux vice-présidents, l’ita- avait finalement été reportée. formules, à exprimer le cas échéant A l’automne, celui-ci souhaiterait lien Giuliano Amato, ancien prési- Manifestement soucieux de mon- une préférence, voire à articuler sa parvenir à achever la deuxième pha- dent du Conseil jusqu’en juin 2001, Batailles pour obtenir un siège trer qu’il entend ne pas être absent propre proposition ». se. IL s’agit à la fois, dans son esprit, socialiste, et le belge Jean-Luc de la discussion européenne, au de faire des recherches sur un cer- Dehaene, ancien premier ministre Les tractations vont bon train pour s’assurer un siège à la Conven- moment où elle se noue, le prési- « ALLER AU FOND DES CHOSES » tain nombre de questions essentiel- chrétien-démocrate, il lui a fallu met- tion. Le premier ministre belge Guy Verhofstadt avait, au conseil de dent du Conseil a mis à la disposi- La séance inaugurale de la Con- les, comme l’avenir financier de tre en place un programme de tra- Laeken, déclaré sans rencontrer d’opposition que les deux pays ayant tion de M. Giscard d’Estaing un vention aura lieu le jeudi 28 février à l’Union, la répartition des compéten- vail et bien sûr aussi régler les ques- un vice-président – l’Italie avec Giuliano Amato et la Belgique avec appareil de l’armée de l’air italienne Bruxelles et son président ira rendre ces en son sein ; et parallèlement de tions d’intendance. Cette Conven- Jean-Luc Dehaene – n’auraient pas de représentant de leur gouverne- pour qu’il puisse venir s’entretenir compte de ses premiers pas dès le tester les différends modèles institu- tion, qui comprendra 66 membres ment à la Convention. Ce n’est pas ce qui ressort des conclusions écri- avec lui à Rome. Sommet européen de Barcelone en tionnels qui ont été proposés – le plus 39 des pays candidats, soit au tes de Laeken et Silvio Berlusconi a remis en cause ce compromis Au cours de l’entretien qu’il a mars. Les conclusions de la première modèle fédéral allemand, le modèle total 105, devra rendre ses recom- oral. Le représentant du gouvernement allemand pourrait être Peter accordé au Monde, que nous étape seront ensuite présentées au de fédération d’Etats-nations des mandations d’ici 2003. Glotz, ancien secrétaire général du Parti social-démocrate (SPD). publions ci-dessous, le président de Conseil européen qui aura lieu à la Français, celui de la Commission, les L’ancien chef de l’Etat, qui avait L’ancien président de l’Union démocrate-chrétienne (CDU), Wol- la Convention a également évoqué fin de la présidence espagnole à idées britanniques notamment –, reçu à déjeuner chez lui, le 4 janvier, fgang Schäuble, pourrait représenter le Bundestag. le programme de travail qu’il envisa- Séville en juin. « Il faut essayer de pour voir qu’elles seraient leurs con- Romano Prodi, le président de la La France serait représentée exclusivement pas des hommes. Il geait. Il a indiqué que la Convention voir s’il y a une demande qui est au séquences à un objectif de dix, vingt Commission, a entrepris cette semai- s’agirait du député socialiste Alain Barrau et du sénateur RPR Hubert comporterait trois étapes : « La pre- fond assez homogène dans toute l’Eu- années. Ce n’est qu’après que la Con- ne des consultations avec les capita- Häenel. Pierre Moscovici souhaiterait représenter le gouvernement. mière sera une période d’écoute, d’en- rope ou si elle comporte des différen- vention fera ses recommandations. les européennes. Reçu mercredi à La parlementaire européenne et socialiste française Pervenche Beres quête, pour identifier le contenu de ces sensibles suivant les régions de l’Eu- Madrid par le président du gouver- a dû céder la place au socialiste Olivier Duhamel. – (Corresp.) l’attente et du besoin d’Europe des rope : le Nord, le Sud, l’Est, l’Ouest, les H. de B. et Ar. Le. 105 membres pour une année de travail Valéry Giscard d’Estaing, président de la Convention sur la réforme de l’Europe b La Convention tiendra sa séance mars 2002), deux représentants des inaugurale le 28 février. Ses parlements nationaux, deux « La volonté de progresser domine au sein de l’Union » travaux, qui seront publics, membres du Parlement européen, dureront une année. Son président deux Commissaires européens : le « Lors du débat sur la ratifica- – M. Berlusconi, le président quinze a dilué la capacité de déci- – Quelle va être votre méthode présentera à chaque sommet des français Michel Barnier et le tion du traité de Nice, à l’Assem- du conseil, n’est pas vraiment sion de l’Union. Chacun a pu se de travail ? chefs d’Etat et de gouvernement un portugais Antonio Vitorino. blée nationale, vous aviez quali- clair sur ce point, c’est le moins rendre compte, à Nice, puis dans – Nous allons travailler avec le rapport oral sur l’avancement des b Au total, la convention comptera fié de “fuite en avant” la future qu’on puisse dire après le limo- les récentes réunions, qu’à 25 ou triangle institutionnel européen travaux. Elle devra soumettre des 66 membres : le président et les conférence de 2004 sur la réfor- geage de son ministre des affai- 30 le système cessait de fonction- – le Conseil, la Commission et le propositions au conseil européen, vice-présidents ; 15 représentants me de l’Union européenne. Vous res étrangères, le très européen ner. Ceux qui ne souhaitent pas Parlement – en cherchant à nous point de départ à une conférence des gouvernements (un par êtes aujourd’hui le président de Ruggiero ? que l’Europe marche s’en accom- placer au milieu. Nous ne sommes intergouvernementale chargée de Etat-membre) ; 30 membres des la Convention qui doit la prépa- – Sa position européenne appel- modent. Les autres voient bien pas rattachés à l’un des sommets réformer l’Union. parlements nationaux (2 par rer. N’est-ce pas contradictoire ? le une clarification. C’est pourquoi qu’il faut à nouveau s’interroger du triangle. C’est le Conseil qui b La convention sera présidée Etat-membre) ; 16 membres du – Les négociations des traités je suis à Rome ce vendredi pour le sur la finalité du projet européen. nous a désignés, mais nous allons par Valéry Giscard d’Estaing. Parlement européen ; deux d’Amsterdam et de Nice avaient rencontrer. Il est essentiel pour la – Votre nomination n’est travailler avec le Parlement, seule L’ancien président du conseil représentants de la Commission. laissé un sentiment de frustration. suite de la Convention de pouvoir donc pas juste un souhait de Jac- expression démocratique du niveau italien, Giuliano Amato, et b S’y ajouteront 39 représentants Mais il y a eu depuis un certain pro- compter sur une contribution posi- ques Chirac de vous voir à européen, et avec la Commission, l’ex-premier ministre belge des treize pays candidats à grès. On a vu que, si on continuait à tive de l’Italie, qui a été présente à Bruxelles pendant la campagne compte tenu de son importante mis- Jean-Luc Dehaene sont l’adhésion – y compris donc la utiliser la méthode de la conféren- toutes les étapes de la construction électorale ? sion d’initiatives et de propositions. vice-présidents. Turquie. Ils n’auront pas de droit de ce intergouvernementale (CIG) européenne. – Ce type de commentaire est – Vous n’êtes pas le représen- b La Convention comptera un vote. pour réformer l’Union, on allait à » La présidence de M. Ciampi, piteux, au sens du français du tant des exécutifs ? présidium de quinze membres : b 13 personnes auront un statut une impasse. Dans un tel système qui a une position morale forte, XVIe siècle ! Ce serait plausible si le – Non. Nous avons été créés par outre le président et le d’observateur : trois représentants de négociation, chacun défend son est, elle, considérée comme une for- président de la République avait les exécutifs, mais nous ne sommes vice-président, s’y ajouteront neuf du comité économique et social, point de vue national et ses inté- ce de propositions. Et puis il y a monté cette manœuvre. Mais c’est pas une section de l’exécutif. Nous membres (les représentants des trois représentants des partenaires rêts. A Quinze, ce système se blo- Tony Blair, dont il faut lire le der- moi qui ai pris l’initiative de lui écri- sommes une institution en soi, qui gouvernements espagnol, danois et sociaux, six représentants des que. D’où l’idée de réunir une con- nier discours à Birmingham, où il re. Il faut voir les choses simple- aura des rapports avec les trois grec, qui exerceront la présidence régions d’Europe, et le médiateur vention. porte un jugement très sévère sur ment : il était important que cette sommets du triangle. tournante de l’Union jusqu’en européen. » Au début, on pensait assigner l’attitude britannique vis-à-vis de Convention soit de présidence – Vous aviez souhaité dans le à la Convention un objectif assez l’Europe au cours des vingt-cinq française et j’avais certains titres passé une fédération dans la con- modeste, celui de préparer pour dernières années, en appelant la fédération, aujourd’hui vous 2004 une nouvelle CIG, en se limi- Grande-Bretagne à s’impliquer défendez une union d’Etats à tant à quatre points : la répartition d’avantage. Les pays du Benelux « Ce qui me paraît compétence fédérale… des compétences, l’insertion de la sont pour que les choses avancent, – Depuis le début de l’histoire Charte des droits fondamentaux l’Espagne est prudente, mais elle irréaliste, européenne, il faut avoir l’esprit en dans le dispositif institutionnel, le est favorable à une avancée réaliste état de veille, ne pas se laisser rôle des Parlements nationaux, la de l’Europe. Bref, la volonté de pro- c’est l’Europe à deux enfermer dans des formules rigi- simplification des textes. Les Fran- gresser domine. des, car les choses changent. Ce çais pensaient qu’il fallait s’en tenir – Vous pensez que M. Blair vitesses. Vous ne qui me paraît irréaliste, c’est l’Euro- là. Le débat a changé de nature peut bouger ? pe à deux vitesses. Vous ne pouvez quand les Allemands, puis – Lorsque j’ai eu l’occasion de pouvez pas, dans un pas, dans un système d’ensemble, d’autres, comme le président ita- parler avec lui, je lui ai indiqué dire qu’il y a les bons et les moins lien, ont évoqué l’hypothèse d’une qu’il ne s’agissait pas seulement système d’ensemble, bons. Cette approche, qui est celle structure fédérale pour l’Europe, la d’améliorer ce que nous avions du noyau dur, n’est pas la meilleu- possibilité d’une Constitution. Le fait depuis les années 1950 jus- dire qu’il y a les bons re. Le système qui aurait ma préfé- président de la République françai- qu’aux années 1990, mais qu’il rence, c’est celui qui a permis se, le premier ministre ont évoqué s’agissait de reprendre les choses et les moins bons » l’union monétaire de l’Europe ; on à leur tour cette idée de Constitu- un peu en amont, de voir com- fait l’accord avec tout le monde, tion. On a assisté peu à peu à un ment bâtir un système qui tienne mais on n’oblige pas tout le monde mouvement pour élargir la discus- compte des nouvelles données : la pour le faire. J’ai été impliqué dans à l’appliquer. sion. La Convention, lancée au réunification allemande, l’élargis- plusieurs initiatives européennes : – Et les coopérations renfor- sommet de Laeken, en décembre, sement vers l’Est, la mondialisa- la création du Conseil, le Parle- cées ? va plus loin que ce qui était prévu à tion. Il faut entreprendre ce travail ment, la monnaie, la présidence du – Depuis qu’elles existent, elles l’origine. Chose tout à fait inatten- avec une nouvelle approche et la mouvement européen, j’ai siégé n’ont jamais été utilisées. L’ incon- due, il y a dans la déclaration de volonté d’aboutir. Il m’a exprimé comme député au Parlement euro- vénient de ce type de démarche, Laeken une référence explicite à son accord. J’ai le sentiment d’une péen, où j’ai fait adopter le princi- c’est qu’on risque d’aboutir à des une Constitution. disponibilité pour une réflexion pe de subsidiarité. séries d’accords qui rendraient l’Eu- – Veut-on vraiment des réfor- positive. – On a aussi parlé de votre rope définitivement illisible. Or, mes ? Beaucoup de dirigeants se – Vous n’avez pas parlé des âge . dans les demandes à l’Europe, il y a contenteraient de la situation Français ! – C’est une question qui pouvait celle de plus de visibilité. actuelle ? – Paris a souhaité que la France parfaitement se poser. Mais amu- – Quel est votre sentiment sur – Nous sommes au début d’un assume la présidence de la Conven- sez-vous à observer que ceux qui l’engagement allemand dans cet- processus. Nous verrons ce qui tion. Le président de la République ont parlé de mon âge étaient géné- te négociation ? émerge. Le système actuel fonction- s’est fortement impliqué, le pre- ralement les mêmes que ceux qui – L’Allemagne a une très grande ne de manière très déficiente. La mier ministre également. C’était le soutenaient un candidat plus âgé, importance en Europe, elle n’a pas difficulté de la coordination des signal d’une volonté, d’un intérêt d’ailleurs parfaitement valable. Il y craint d’exprimer des positions glo- positions européennes après les pour qu’elle aboutisse. a eu un article très désagréable bales sur le futur de l’Europe. Ses attentats du 11 septembre l’a mon- – Le ministre des affaires dans la presse américaine, celui du idées doivent être étudiées dans tré. Nous risquons de nous trouver étrangères, Hubert Védrine, Wall Street Journal. J’ai envoyé une toutes leurs conséquences. La vie dans une impasse, surtout dans la n’en a jamais été un grand parti- lettre de lecteur pour leur dire : “Si du couple franco-allemand reste perspective d’une Europe à 25 ou san… vous voulez améliorer les liens vivante. J’étais très attaché à cette 30 membres ; nous avons vu réap- – Il était au début plutôt réservé. entre l’Europe et les Etats-Unis, ne intimité. Elle s’est relâchée à la réu- paraître un style de négociations Mais il a été très opérationnel dans traitez pas la Convention européen- nification allemande. Mais on l’a classiques, où chacun ne pense la préparation de Laeken et a joué ne comme nous n’avons jamais trai- vue revivre dans les derniers mois. qu’à son intérêt national. un rôle positif. L’idée est claire té la Convention de Philadel- Ce n’est pas une chose secondaire, » Les dirigeants d’un certain pour tout le monde, maintenant phie !”. Le président de la Conven- mais une chance de progresser nombre de pays sont convaincus que l’élargissement est acquis dans tion de Philadelphie était un ancien pour toute l’Europe. » qu’il faut avancer. C’est très net son principe politique, que le systè- général à la retraite, il est vrai victo- chez nos partenaires allemands. me n’est pas en état de fonction- rieux, George Washington, qui Propos recueillis par C’est traditionnellement vrai chez ner si on ne le reprend pas plus en avait quitté son commandement Henri de Bresson nos partenaires italiens… amont. Le passage de douze à quatre ans auparavant. et Arnaud Leparmentier INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 / 3

Menacé par la hausse du chômage, M. Schröder Les Américains veulent mettre tente de relancer une politique de l’emploi en sommeil des armes Le nombre de chômeurs en Allemagne devrait rapidement passer le seuil des quatre millions nucléaires sans les détruire Pour le onzième mois consécutif, les chiffres du pourrait être franchie cet hiver. A quelques mois se déclare désormais prêt à stimuler les créations chômage en Allemagne sont à la hausse, et la bar- des élections législatives, le chancelier Schröder, d’emplois. Son bilan économique est déjà forte- re des quatre millions de demandeurs d’emploi qui avait écarté jusqu’alors tout plan de relance, ment critiqué par ses adversaires politiques. Moscou salue le maintien du moratoire sur les essais

FRANCFORT Dans les prochains jours, le cela « ne peut remettre en cause » selon les experts les plus pessimis- LES ÉTATS-UNIS ont indiqué, cekeeper, prévue par le traité de notre correspondant chancelier a indiqué vouloir « ren- les objectifs de rigueur budgétaire tes. Si elle se confirme, cette pers- mercredi 9 janvier, vouloir garder START II non encore ratifié par le La politique dite de la « main forcer ses efforts » pour relever le poursuivis par son ministre des pective risque de réduire à néant le en réserve – et non les détruire sys- Congrès. Les Etats-Unis remplace- tranquille » prônée depuis l’été par niveau des rémunérations les plus finances, Hans Eichel. bilan du gouvernement Schröder tématiquement – une partie des ront aussi les missiles balistiques le gouvernement allemand a-t-elle modestes. Encore embryonnaire, ce reca- en matière d’emploi. Bien que le milliers de leurs ogives nucléaires de quatre sous-marins stratégi- vécu ? Gerhard Schröder, de plus drage s’explique par une raison nombre de chômeurs demeure lar- devant être mises au rebut, tout ques par des missiles de croisière en plus sous pression, n’a pas tardé SUBVENTIONNER LES SALAIRES simple : la hausse régulière du chô- gement inférieur au record établi en renonçant pour le moment à (Le Monde des 16-17 décembre à réagir aux dernières statistiques Différents modèles sont à l’étu- mage depuis le début de l’année sous Helmut Kohl (4,5 millions reprendre les essais. Ces orienta- 2001). Des responsables militaires sur le chômage, publiées mercredi de, qui font actuellement l’objet place le gouvernement dans une lors de l’hiver 1997), le chômage tions figurent dans un document ont expliqué que, si Washington 9 janvier. « Naturellement attristé » d’expériences pilotes dans certai- position de plus en plus délicate touchait 4,2 millions de personnes sur la politique nucléaire militaire veut garder des ogives en réserve, par des chiffres « bien trop élevés », nes régions allemandes. Il s’agit, dans la perspective des élections en décembre 1998, à peine deux que le Pentagone a présenté, la c’est pour dissuader des menaces le chancelier a promis de prendre en gros, de subventionner les bas législatives du 22 septembre pro- mois après l’arrivée au pouvoir de veille, à huis clos, aux élus du Con- nucléaires, biologiques ou chimi- des décisions dans les prochains salaires afin de les rendre plus chain. De l’avis général, la politi- la coalition rouge-verte. grès. ques, par exemple de la Chine. jours pour tenter d’inverser la ten- attractifs que les allocations ver- que économique sera l’un des thè- La pression est d’autant plus for- En novembre 2001, le président La veille de la présentation de la dance. A moins de dix mois des pro- sées en cas de chômage. « On peut mes clefs de la campagne électora- te pour M. Schröder que l’un de ses George W. Bush avait indiqué à Nuclear posture review, George chaines élections législatives, il par exemple imaginer un système où le, au moment où l’Allemagne se rivaux potentiels lors du prochain son homologue russe, Vladimir W. Bush avait indiqué qu’il souhai- compte en particulier voler au les cotisations d’assurance santé, demande comment sortir au plus scrutin, Edmund Stoiber (CSU), qui Poutine, son intention de ramener tait maintenir le moratoire, décidé secours des bas salaires. retraite et chômage habituellement vite de la récession. D’après la pres- pourrait prendre l’ascendant sur la l’arsenal nucléaire américain à par son père en 1992, sur une sus- Pour le onzième mois consécutif, à la charge du salarié sont assumées se allemande, le gouvernement présidente de la CDU, Angela Mer- une quantité pouvant varier entre pension unilatérale, par les Etats- la progression du chômage est en par l’Etat, pour augmenter la rému- serait sur le point de revoir à la kel, dans la course à l’investiture, 1 700 à 2 200 têtes contre environ Unis, de leurs essais nucléaires. La effet préoccupante, bien qu’elle res- nération nette », explique-t-on baisse ses prévisions officielles ne manquera pas de mettre en 6 000 actuellement. Moscou envi- presse américaine avait aupara- te inférieure aux pronostics les plus dans l’entourage de M. Schröder. pour 2002, avec une croissance de avant les bonnes performances de sageait des réductions à hauteur vant relaté que le Pentagone et le sombres : en données corrigées des Une autre formule prévoit au 0,75 %, c’est-à-dire en stagnation la région qu’il dirige, la Bavière. En de 1 500 ogives par pays, mais ministère de l’énergie (chargé de variations saisonnières (CVS), le contraire d’alléger les charges par rapport à l’an dernier. décembre, ce Land a enregistré un avait émis le souhait que ces bais- mettre au point et de produire en nombre de sans-emploi a progressé pesant sur les employeurs afin taux de chômage parmi les plus bas ses soient inscrites dans des trai- série les têtes nucléaires) cher- de 6 000 personnes, à 3,943 mil- qu’ils répercutent cet avantage sur AU-DELÀ DU SEUIL du pays. M. Stoiber a d’ores et déjà tés formels et vérifiables. Depuis, chaient à élaborer, en commun, lions. En données brutes, la hausse les salaires. A plus long terme, le Le chancelier a déjà fait une commencé à attaquer le chef du le Pentagone avait été chargé de est plus spectaculaire encore, avec chancelier allemand, qui s’est gar- croix sur l’un de ses principaux gouvernement sur son bilan. Il pro- faire des propositions concrètes près de 175 000 chômeurs supplé- dé jusqu’ici d’initier le moindre objectifs de début de mandat : des- pose en particulier de libéraliser sous la forme d’une révision de la Si Washington veut mentaires (soit 9,6 % de la popula- plan de relance, a même précisé cendre au seuil des 3,5 millions de davantage le marché du travail, tan- stratégie nucléaire (Nuclear postu- tion active). Cette progression pous- mercredi vouloir « naturellement chômeurs à l’automne 2002. Or, dis que M. Schröder est prudent sur re review). garder des ogives se M. Schröder à changer de rythme soutenir les signes de redressement cet hiver, le nombre de sans- ce terrain pour ne pas brusquer ses C’est ce document – le premier en matière de politique de l’emploi, par des investissements publics ». emploi devrait même passer la bar- alliés traditionnels, les syndicats. du genre depuis 1994 – qui a été en réserve, c’est quitte à prendre le contre-pied de la Sans en dire plus sur ses inten- re des quatre millions de person- soumis au Congrès. Exposant à la position adoptée ces derniers mois. tions, mais tout en précisant que nes, voire grimper à 4,3 millions Philippe Ricard presse les grandes lignes de la nou- pour dissuader des velle stratégie, le sous-secrétaire à la défense, J.D. Crouch, a indiqué menaces nucléaires, que l’administration n’avait pas Silvio Berlusconi plus que jamais « convaincu d’être dans le vrai » encore décidé combien de têtes biologiques, nucléaires seraient concernées ROME res, « plus on me critique, plus je bunal de Rome, pour obtenir le cler son intervention dans le pro- par la décision de les mettre de ou chimiques, par de notre correspondante suis convaincu d’être dans le vrai », rachat d’une société publique d’ali- cès SME. côté sans pour autant les détruire « Je pense être la personne juste, a rétorqué Silvio Berlusconi. mentation, la SME. Arguant de ce fait, les conseils comme les premiers accords exemple de la Chine au poste juste et en plus je m’amu- Vendredi 11 janvier, Silvio Ber- Le tribunal milanais repren- de Cesare Previti ont fait valoir START de désarmement l’ont pré- se. » Silvio Berlusconi a fait son lusconi recevra Valery Giscard dra-t-il ses audiences interrom- que M. Brambilla aurait dû se trou- vu pour les stocks les plus entrée, mercredi 9 janvier, à la tête d’Estaing et Giulio Amato, nou- pues le 3 janvier ? Depuis cette ver à son nouveau poste ce 3 jan- anciens. une position nuancée sur un tel de la Farnesina, les affaires étran- veaux dirigeants de la Convention date, les défenseurs des deux mis vier. L’audience avait été ren- « Au fur et à mesure des réduc- sujet (Le Monde du 9 janvier). Le gères, à peine libéré de son minis- pour la réforme des institutions en examen n’ont pas ménagé leurs voyée au 11 janvier. Entre-temps tions, a commenté, de son côté, le porte-parole de la Maison Blan- tre récalcitrant Renato Ruggiero, européennes. Il devra simultané- efforts pour faire ajourner ce pro- ils ont reçu une aide de poids : porte-parole de la Maison Blan- che a, du reste, exprimé à sa façon qui a démissionné le 5 janvier. mardi 8 janvier, le ministre de la che, Ari Fleischer, certaines têtes les réflexions en cours. « Nous Recevant de jeunes diplomates ita- justice, Roberto Castelli, a annon- nucléaires perdront leur statut opé- n’avons jamais exclu, a dit M. Fleis- liens, il a présenté la réforme, La France veut être « attentive » cé que M. Brambilla, contraire- rationnel et seront détruites, cher, que des essais puissent se révé- « pas une révolution », qu’il entend ment à son souhait, ne pourra pas d’autres seront désactivées [ce qui ler nécessaires pour nous assurer mener pendant cet intérim « aussi Le cumul par Silvio Berlusconi de la présidence du conseil et de la bénéficier d’une seconde proroga- implique, en particulier, que tête que notre arsenal, tout en étant long qu’il le faudra ». « Plus de gilet conduite de la diplomatie a été évoqué, mercredi 9 janvier, au palais tion. Il doit « immédiatement » et vecteur ne sont plus assemblés] réduit, restera sûr et sans risque. » comme celui-ci », a-t-il indiqué, le de l’Elysée lors du conseil des ministres. Après la communication tra- rejoindre sa nouvelle affectation. et, enfin, d’autres seront gardées A Moscou, par la voix du porte- doigt pointé sur la tenue d’apparat ditionnelle du ministre des affaires étrangères Hubert Védrine, la Enfin le garde des sceaux conteste mais placées en statut de non- parole du ministère russe des affai- du secrétaire général du ministère, politique européenne de l’Italie a été l’objet de plusieurs commentai- même la légitimité de la première déploiement, pour nous prémunir res étrangères, Alexandre Iakoven- et moins de cocktails inutiles. res. Le président de la République, le premier ministre et le ministre prorogation. contre tout événement internatio- ko, la Russie s’est déclarée satisfai- Les ambassadeurs italiens vont de la défense sont notamment intervenus pour souligner la nécessité Pour saisir l’enjeu de ce nou- nal imprévu ». te de la position de M. Bush. Elle a devoir retrousser leurs manches, d’être « attentifs ». Un des intervenants a cependant fait remarquer veau rebondissement dans la La dissuasion des Etats-Unis ne jugé la décision, par les Etats- faire plus de lobbying pour la que Silvio Berlusconi n’était pas « une anomalie » par rapport à l’opi- bataille qui oppose depuis sera plus seulement fondée sur Unis, du maintien de son moratoi- « défense des intérêts des petites et nion italienne et qu’il continuait à bénéficier d’une grande popularité l’automne le gouvernement à une des armes nucléaires stratégiques re « particulièrement importante moyennes entreprises italiennes ». dans son pays, même si la presse est très critique à son égard. majorité de magistrats, la récusa- offensives, comme pendant la dans la mesure où Washington con- « Il est juste que nos diplomaties se D’une manière plus générale, la diplomatie française constate que tion éventuelle d’un juge entraîne- guerre froide, mais sur une pano- tinue obstinément de refuser de rati- reconvertissent et fassent des choses si le gouvernement italien s’est montré négatif sur quelques dossiers rait le renvoi du procès SME à un plie d’autres moyens classiques et fier l’accord sur l’interdiction com- qu’elles font déjà aujourd’hui mais particuliers (avion de transport A-400M, par exemple), il n’a durable- horizon tel qu’alors les défen- sur la défense antimissile, a souli- plète des essais nucléaires »,le qui deviendront peut-être plus ment bloqué aucune décision européenne importante. seurs feront jouer l’argument de gné le responsable du Pentagone. Comprehensive test ban treaty importantes », a assuré le prési- prescription des faits. Dans de « A ce stade, il n’y a pas de recom- (CTBT). dent du Conseil. précédentes affaires, Silvio Berlus- mandations pour développer de L’importance des accords inter- La Confindustria, l’équivalent ment surveiller le tribunal de cès. Le 3 janvier, Cesare Previti coni a finalement bénéficié de cet- nouvelles armes nucléaires », a dit nationaux en matière de non-pro- italien du Medef, s’est aussitôt Milan, où se tient un procès dans récusait l’un des trois juges en te prescription. M. Crouch. lifération et de réduction des réjouie. Quant aux critiques de cet lequel il est accusé de « corruption séance, Guido Brambilla. En octo- Le juge Vittorio Cardacci, qui Mais il a annoncé plusieurs étu- armements stratégiques « a gran- intérim et de ce cumul des fonc- en actes judiciaires » avec un de bre, ce dernier avait été muté à sa préside le tribunal jugeant l’affai- des, dont l’une visant à « modifier di, a ajouté M. Iakovenko, depuis tions, qu’elles soient exprimées ses anciens défenseurs, l’avocat demande au tribunal de tutelle de re SME, a saisi le 9 janvier son col- une arme [nucléaire] actuelle pour la décision erronée des Etats-Unis par des responsables de la coali- Cesare Previti. M. Berlusconi est Milan, mais il avait aussitôt bénéfi- lègue de la cour d’appel de Milan, qu’elle pénètre mieux des bunkers de sortir du traité ABM de limita- tion de L’Olivier (centre-gauche) soupçonné d’avoir acheté une déci- cié d’une prorogation de ses fonc- Giuseppe Grechi, d’une demande enfouis profondément », un objec- tion des défenses antimissiles ».Le ou des ministres de pays partenai- sion judiciaire en sa faveur d’un tri- tions actuelles afin de pouvoir bou- de « mise à disposition »de tif également recherché par des 13 décembre 2001, Washington a, M. Brambilla pour permettre la armes classiques pour répondre à en effet, dénoncé le traité ABM de poursuite du procès. La réponse des besoins apparus notamment 1972 pour permettre le déploie- est très attendue et, dans tous les pendant les opérations dans les ment d’un bouclier antimissile Slobodan Milosevic continue de nier la légitimité du TPI cas, relancera la polémique entre Balkans et en Afghanistan. après 2004-2005. Des discussions le président du Conseil et la Selon le Washington Post, le seul russo-américaines sur des réduc- LA HAYE (TPIY) roriste Carlos, la juridiction interna- te affaire », a-t-il ajouté, annonçant magistrature. engagement ferme pour Washing- tions d’armes stratégiques dans correspondance tionale « cache des tendances inquié- la création, « à Paris, d’une commis- ton est la destruction de 50 silos les deux pays doivent reprendre à A l’occasion de sa dernière com- tantes derrière un formalisme de faça- sion internationale pour rétablir la Danielle Rouard de missiles intercontinentaux Pea- la mi-janvier. – (AFP, AP.) parution préparatoire avant l’ouver- de ». Il lui reproche notamment de vérité sur les événements ». ture de son procès le 12 février « changer constamment ses règles de A l’audience, les juges ont vaine- pour crimes contre l’humanité au procédure » et de « fournir à l’accusé ment exhorté Slobodan Milosevic à Kosovo, Slobodan Milosevic a, une des pièces à charge rédigées principa- prendre officiellement un avocat nouvelle fois, nié l’impartialité du lement en anglais ». plutôt que de se faire conseiller en Tribunal pénal international pour coulisse. Ils ont également insisté l’ex-Yougoslavie (TPIY). « MANIPULATIONS » auprès de la procureur, Carla Del « Une cour est censée être neutre et Me Jacques Vergès et son confrè- Ponte, pour qu’elle réduise le nom- sans parti pris. Or, ici, le juge est bri- re néerlandais, Nico Stijnen, ont bre de témoins à charge. Elle entend tannique, et l’acte d’accusation dressé déposé fin décembre une plainte faire défiler 110 témoins à la barre, contre moi est étayé par des renseigne- auprès de la Cour européenne des dont 48 survivants (900 victimes ments fournis par les services secrets droits de l’homme de Strasbourg sont recensées dans l’acte d’accusa- britanniques », a dénoncé, mercredi pour contester la légalité du trans- tion), 25 à 30 politiciens, 11 experts, 9 janvier, l’ancien président yougos- fèrement de Slobodan Milosevic à et une vingtaine de personnes pro- lave. A l’extérieur de la salle La Haye. C’est à ce titre qu’il s’est ches de l’ancien pouvoir à Belgrade. d’audience, quelques-uns de ses entretenu mercredi après-midi Les juges lui ont demandé de limiter « amis » déclinaient les mêmes argu- avec l’accusé. « J’ai trouvé un hom- ce nombre à 90 et de réduire de moi- ments. L’avocat français Me Jacques me en forme et très combatif », a rela- tié le nombre de dépositions écrites Vergès s’emportait ainsi contre un té l’avocat français. « Nous allons versées au dossier. Le procès devrait « tribunal illégitime » et « la stratégie dénoncer l’opération de manipula- durer au moins six mois pour la seu- de l’OTAN qui constitue un véritable tion qui a eu lieu au Kosovo pour pro- le présentation des éléments à char- génocide ». Présent dans les tribu- voquer l’intervention de l’OTAN [au ge. Quant à l’accusé, s’il ne dit mot nes, Me Vergès, qui a rejoint le Comi- Kosovo, de mars à juillet 1999] », sur le sujet, ses avocats pour ses té international pour la défense de a-t-il précisé. Concernant les quel- affaires belgradoises affirment qu’il l’ancien président yougoslave (Le que 4 000 corps exhumés de diffé- veut convoquer à la barre une tren- Monde du 14 décembre), a distillé rents charniers, Me Vergès a estimé taine de politiques de haut rang, ses arguments contre le TPIY, « insti- que, « dans toute guerre, il y a des cri- anciens ou actuels ministres, chefs tution illégale créée par le Conseil de mes de guerre, des deux côtés ». «Je d’Etat ou de gouvernement. sécurité de l’ONU ». Pour l’ancien conteste la responsabilité du chef de défenseur de Klaus Barbie et du ter- l’Etat [Slobodan Milosevic] dans cet- Alain Franco 4 / LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 INTERNATIONAL

Le président Pastrana annonce solennellement Autour de l’Afghanistan, que le processus de paix a échoué en Colombie le dispositif militaire Le chef de l’Etat donne quarante-huit heures à la guérilla pour se retirer de la zone qu’elle contrôle allié se renforce Dans un brusque revirement, le président colom- sus de paix entamé lors de son arrivée au pou- res pour quitter la zone démilitarisée qui leur bien, Andrés Pastrana, a annoncé, mercredi 9 jan- voir il y a trois ans avec la guérilla des FARC avait avait été accordée pour les négociations. Il a reje- vier, dans une allocution télévisée, que le proces- échoué. Les rebelles ont donc quarante-huit heu- té sur les FARC la responsabilité de la crise. Des avions-espions surveillent la Somalie

BOGOTA La fermeté du gouvernement s’ins- AU QUATRE-VINGT-quatorziè- que, le Rubis, voué au renseigne- de notre correspondante crivait également dans un contexte me jour de la campagne antiterro- ment. A ce jour, les avions du Char- Trois ans et deux jours après son international marqué par le durcis- riste « Liberté immuable », le dis- les-de-Gaulle ont effectué plus de inauguration officielle, le proces- sement de Washington en matière positif militaire allié en Afghanis- cent cinquante sorties au-dessus de sus de paix engagé par le président de lutte contre le terrorisme. Les tan et dans la région tend à s’étof- l’Afghanistan : 60 % d’entre elles colombien, Andrés Pastrana, et les FARC sont depuis longtemps sur la fer et à être plus diversifié. La mise sont destinées à des opérations Forces armées révolutionnaires de liste noire du département d’Etat. en œuvre de la Force internationa- dites « air support » (soutien rappro- Colombie (FARC) semblait, mercre- Dans l’après-midi de mercredi, le d’assistance pour la sécurité ché d’unités au sol) et les 40 % res- di 9 janvier, définitivement rompu. le porte-parole des FARC, Raul (ISAF) à Kaboul et le recours à des tantes sont des missions de recon- Dans une allocution télévisée pro- Reyes, avait vivement démenti les incursions, notamment aériennes, naissance. A quoi il faut ajouter noncée à 21 h 30, le chef de l’Etat a déclarations du haut-commissaire en direction de la Somalie, via le deux vols quotidiens d’avions- confirmé les propos de son haut- pour la paix, l’accusant de mentir survol – discret – par des avions de radars embarqués Hawkeye pour la commissaire pour la paix, qui avait et de « jeter de l’huile sur le feu ». reconnaissance chargés d’identi- police de l’espace aérien, en concer- quelques heures plus tôt quitté le Mais le chef de l’Etat a rejeté sur la fier d’éventuelles menaces, expli- tation avec des Awacs américains. siège des négociations dans le sud guérilla l’exclusive responsabilité quent cette évolution. du pays : « Il est entendu, pour le de l’échec des négociations. « Les « Nous tenons la Somalie à la lou- VULNÉRABILITÉ DE L’ISAF gouvernement, que les FARC se sont contrôles ne sont pas négociables », pe », a confié récemment le géné- Pour l’heure, à l’exception des retirées du processus de paix. » a-t-il assuré. « J’ai été critiqué pour ral américain Tommy Franks, qui bombardiers lourds B-52 et B-1, les Par conséquent, a précisé mes excès, jamais pour mon man- commande les opérations en Américains, les Britanniques et les Andrés Pastrana, le délai de qua- que de générosité. » Andrés Pastra- Afghanistan. Le numéro deux du Français sont condamnés à en appe- rante-huit heures, accordé aux gué- na a appelé à l’union et au calme Pentagone, Paul Wolfowitz, expli- ler à leur aviation embarquée. La dif- rilleros pour abandonner la zone les 40 millions de Colombiens, et que au New York Times que ce ficulté tient au besoin en ravi- dite de détente (les 42 000 km2 de notamment les familles des otages pays, qui a abrité des camps d’en- tailleurs en vol pour des missions territoire amazonien qui leur ont aux mains des FARC, les habitants traînement du réseau Al-Qaida et qui excèdent quatre heures. Ce qui été cédés pour la tenue des négo- de la zone de détente et les investis- qui est aujourd’hui sans véritable requiert deux ou trois ravitaille- ciations de paix) « aurait commen- seurs. « Nous ne sommes pas au exécutif, « attire les terroristes com- ments en vol. Peu ou pas armés et, cé à courir ». Grande comme la Suisse, peu- taires à ses frontières et en avait bord d’une terrible guerre sans mer- me un aimant ». Aussi des avions donc, plus légers, les avions-espions En utilisant le conditionnel, en plée de quelque 100 000 habitants, autorisé les survols aériens. Les ci », a-t-il affirmé, en rappelant américains P3 Orion de patrouille peuvent survoler Kaboul. Les avions s’abstenant de prononcer le mot cette zone est devenue le principal FARC, jugeant que la sécurité de que, « de fait et malheureusement, maritime, du type de celui qui fut de combat alourdis par leur arme- de « rupture » et en rappelant que enjeu d’un processus de paix dans leurs négociateurs n’était plus assu- la confrontation armée n’a jamais intercepté par la Chine en ment, sont limités à la moitié sud de « les portes du dialogue et de la lequel les questions procédurières rée, exigeaient depuis lors la sus- cessé tant que duraient les négocia- avril 2001, sont-ils mobilisés pour l’Afghanistan, sauf à augmenter le négociation restent ouvertes », ont largement évincé les négocia- pension des contrôles pour repren- tions ». la surveillance de la Somalie. A la nombre de rendez-vous en vol, rela- Andrés Pastrana entendait-il signi- tions de fond. Depuis octobre dre le dialogue. En début de soirée, réunis au fin du mois, outre trois de leurs fré- tivement acrobatiques, grâce à une fier qu’il gardait l’espoir d’un revi- 2001, le dialogue entre le gouverne- palais présidentiel, les principaux gates qui seront basées à Djibouti, noria de ravitailleurs américains, bri- rement de dernière minute des ment et les FARC était de nouveau OPINION EXASPÉRÉE candidats à l’élection présidentiel- les Allemands ont prévu de station- tanniques et français. FARC ? Bien peu y croyaient mer- au point mort. A la suite d’un Le gouvernement a maintenu sa le de la mi-2002 avaient tous mani- ner trois avions de patrouille mari- Indépendamment des avions credi soir. Cependant que l’armée accord pour engager des pourpar- position, soutenu par de larges sec- festé leur soutien à M. Pastrana. time ATL-1 à Mombasa (Kenya), à américains qui protègent les quel- colombienne était mise en état lers sur un éventuel cessez-le-feu, teurs d’une opinion publique exas- Tout en déplorant l’échec des négo- distance suffisante pour observer que 4 000 GI engagés dans la tra- d’alerte et que des tanks étaient le gouvernement colombien avait pérée par l’apparente stérilité du ciations, ils ont suggéré une rapide la situation en Somalie. que des talibans, cette couverture déployés aux abords de la capitale, alors accepté de proroger une nou- processus de paix et par les militai- médiation, sous une forme ou sous aérienne de troupes au sol va le haut commandement militaire velle fois la zone de détente (jus- res, qui accusent la guérilla d’avoir une autre, de la communauté inter- COMMANDEMENT UNIQUE devoir être encore plus active en rai- déclarait avoir mis au point les der- qu’au 20 janvier). Mais le chef de développé des cultures illicites nationale. Depuis peu, les Français ont déta- son du déploiement de l’ISAF à niers détails du « plan de reconquê- l’Etat avait parallèlement annoncé dans cette zone et d’y retenir les ché à Djibouti deux avions ATL-2, Kaboul. La force internationale te » de la zone de détente. le renforcement des contrôles mili- civils pris en otages contre rançon. Marie Delcas plus modernes que les appareils comprendra, d’ici à la fin de janvier, allemands, venus de France. Offi- 4 500 hommes détachés par une ciellement, ces ATL-2 de patrouille douzaine de nations participantes, maritime, qui sont les yeux et les dont 550 Français issus des troupes Socialiste, femme, fille de général assassiné et ministre de la défense au Chili oreilles du commandement, sont de marine, du génie parachutiste et censés contrôler la mer Rouge et le des forces spéciales. Sa sécurité est DANS SA BOUCHE, c’était bien davantage douleur persiste, mais, si mon père était vivant, crimes commis par la « caravane de la mort », golfe d’Aden. Mais leur endurance devenue un impératif militaire et qu’une clause de style. Lorsqu’elle a pris ses il aurait été très fier », a commenté mardi la une unité militaire qui avait exécuté à travers – ils tiennent jusqu’à une dizaine elle commence, de fait, par la garan- fonctions et passé pour la première fois les nouvelle ministre. le pays soixante-quinze prisonniers politiques d’heures d’affilée en vol – leur per- tie d’une protection aérienne. troupes en revue, mardi 8 janvier, la nouvelle Michelle Bachelet, jusqu’à présent chargée en octobre 1973. La nomination de Michelle met de surveiller le trafic maritime L’ISAF n’a aucun pouvoir de coer- ministre de la défense chilienne a eu un mot de la santé dans le gouvernement de centre gau- Bachelet se veut un geste de réconciliation, a devant la Somalie si des fidèles cition contre des armées pour la « famille militaire » et pour ses mem- che au pouvoir au Chili, est également la pre- résumé le ministre de l’intérieur, José Miguel d’Oussama Ben Laden et du mol- dans la capitale afghane. Il n’a pas bres dont elle connaît « depuis le berceau tous mière socialiste à détenir ce portefeuille clé Insulza. lah Omar s’y réfugiaient. été prévu qu’elle soit autorisée à les les codes et toutes les manières d’être ». depuis Orlando Letelier, ministre de Salvador C’est bien ainsi que semblent l’avoir com- Tous les mouvements aériens démilitariser. « A mesure que le Michelle Bachelet est en effet fondée à avoir Allende, assassiné à Washington, en 1976, par pris les rares responsables militaires à s’être dans la zone sont contrôlés depuis séjour de l’ISAF se prolongera, cette son idée sur la question : fille d’un général de la police secrète du régime d’Augusto Pinochet. exprimés à l’occasion du remaniement gouver- un poste de commandement uni- force se fera plus visible chaque jour et l’armée de l’air, elle a connu, enfant, les us et nemental. « La nomination est une attribution que des opérations aériennes elle constituera une cible de choix coutumes des casernes où son père était affec- « UN GESTE DE RÉCONCILIATION » propre du président de la République, et la nomi- – attribué à un général américain – pour des attaques de guérilla et des té. Plus tard, en 1974, à l’âge de vingt et un Par le choix de ce médecin de formation, qui nation faite par le président de la République ne qui est implanté sur la base d’Al- embuscades », prévient un expert. ans, elle a appris sa mort dans une cellule de la a déjà travaillé aux côtés de ministres de la peut être critiquée et ne peut causer de surpri- Kharg (Arabie saoudite). Le rôle attribué à l’ISAF contient en prison de Santiago. Un arrêt du cœur – avait défense au cours de ces dernières années, le se », a sobrement commenté le commandant Américains, allemands ou fran- lui-même sa vulnérabilité. L’un des diagnostiqué l’institution militaire – consécu- président Ricardo Lagos, fragilisé par des élec- en chef de l’armée de l’air, le général Patricio çais, ces appareils participent aussi risques les plus courus est l’existence tif aux tortures que ses pairs lui avaient infli- tions législatives remportées d’extrême jus- Rios. L’officier supérieur a aussi souhaité que à la mission de surveillance générale de mines. Mais, à terme, la sédentari- gées, après l’avoir arrêté au lendemain du tesse le 16 décembre 2001, fait un geste de l’on n’épilogue pas davantage sur la symboli- au profit du dispositif naval allié qui sation de la force dans un environne- coup d’Etat du 11 septembre 1973 pour « trahi- plus en faveur de la normalisation des rela- que de l’ascendance de la nouvelle ministre : croise en mer d’Oman et qui est sus- ment hostile en est un autre. Les son de la patrie », c’est-à-dire pour être demeu- tions entre l’armée et le pouvoir politique. Elu « On a beaucoup parlé du père de la ministre ceptible d’agir pour l’Afghanistan. Américains et les Français, en parti- ré loyal au gouvernement d’Unité populaire en mars 2000, il avait manifesté cette préoccu- Bachelet. Changeons un peu de sujet. La minis- Sous les ordres d’un amiral améri- culier, n’ont pas oublié les agres- de Salvador Allende, qui lui avait confié des res- pation tout au long de la gestion politique du tre a perdu son père. Comment il est mort, ce cain installé à Bahreïn, cette armada sions contre leur contingent, en octo- ponsabilités dans l’organisation de l’approvi- bras de fer qui avait opposé Augusto Pinochet n’est ni sa faute ni la mienne. » comprend à l’heure actuelle une cin- bre 1983, à Beyrouth. Ils ne sont pas sionnement en biens alimentaires d’un pays au juge Juan Guzman, lorsque celui-ci s’est quantaine de navires de plus d’une à l’abri d’attaques, contre leurs instal- paralysé par la grève des camionneurs. «La efforcé d’inculper l’ancien dictateur pour les Cécile Chambraud demi-douzaine de pays différents. lations, de la part de talibans qui vou- La France y est notamment présen- draient se faire sauter au moyen te avec le porte-avions Charles-de- d’un véhicule piégé. Gaulle et avec ses navires d’escorte, Les Argentins tentés par l’émigration pour échapper à la crise dont un sous-marin nucléaire d’atta- Jacques Isnard BUENOS AIRES veille au soir, devant le consulat anéanti par la récession et a vendu noms prétentieux (Aristocracia), de de notre envoyée spéciale espagnol. Les mieux organisés ont ses biens les uns après les autres. perfides pancartes annoncent la Le soleil en plus, ça vous a des apporté un fauteuil pliant et se ser- « La fête est finie. Et qui paie l’addi- liquidation du stock, des soldes de Sept militaires américains tués allures de Pologne au bord du gouf- vent du coussin comme chapeau. tion ? Nous. » « Ce n’est pas seule- 50 % ou, plus infâme encore, «on fre au siècle dernier sauf que, relève La chemise collée au corps par la ment l’économie, c’est l’incertitude, accepte les patacones », monnaie de sueur, Fernando Narbon, 45 ans, l’insécurité, la crise morale » qui le singe avec laquelle sont payés les dans un accident d’avion au Pakistan REPORTAGE ne se rend même plus compte qu’il poussent au départ. « On ne vit fonctionnaires. « L’Argentine est une est là, debout, depuis douze heu- plus, on ne regarde plus un arbre, coquille vide », résume Fernando. LA MORT de sept marines, mer- agents de la sécurité et des policiers, « On ne vit plus, res : « A ce stade-là, on n’est plus un on ne fait plus attention s’il fait nuit « On dirait un pays pour de vrai, se credi soir 9 janvier, dans l’accident de quitter la ville pour regagner on ne fait plus être humain, on est une machine », ou s’il fait jour. » Il a pleuré d’émo- mêle un monsieur dans la file, mais de leur avion dans le sud-ouest du leurs anciennes casernes. S’ils sont attention s’il fait nuit dit-il. Pour lui, dont les parents tion en descendant dans la rue, en derrière la façade il n’y a rien. » Pakistan, constitue l’incident le du Panchir, ils doivent retourner ou s’il fait jour » sont arrivés d’Espagne sous le fran- décembre, avec des dizaines de Ailleurs dans la ville, la nervosité plus meurtrier subi par les Etats- dans le Panchir », a-t-il précisé. quisme « parce qu’ils crevaient la milliers de voisins, « mais ça, on monte dans l’attente de l’annonce Unis depuis le début de leur enga- faim », la décision d’entamer une aurait dû le faire il y a trente ans ». des modalités concrètes de la déva- gement sur ce théâtre d’opéra- RAPPEL À L’ORDRE amèrement Pepe, 20 ans, « les Polo- procédure d’émigration en sens luation du peso, que le nouveau tions. Chargé du ravitaillement en Après ces trois jours, la Force inter- nais, ils vivaient la fin du communis- inverse a été particulièrement diffi- PERFIDES PANCARTES gouvernement ne cesse de retar- carburant, l’avion – un Hercules nationale d’assistance à la sécurité me et nous on vit la fin du néolibéra- cile. « Je l’ai fait, explique-t-il, pour Buenos Aires a encore de beaux der. Les banques privées, essentiel- KC-130 – s’est écrasé dans une (ISAF) « patrouillera dans la ville lisme » : rien ne ressemble plus à mes enfants, qui ont quinze et dix- restes par endroits – le quartier du lement étrangères, attendent en zone montagneuse alors qu’il était avec nos forces de police », a ajouté le une file d’attente désespérée huit ans et aucun avenir ici. » consulat est de ceux-là. Mais ses bou- vain des instructions de la banque en phase d’atterrissage près du chef de la sécurité publique, le géné- qu’une autre file d’attente désespé- Ancien libraire, Fernando a vu tiques de luxe, vides de tout client, centrale. Dans les petits commer- camp militaire de Chamsi. Le secré- ral Din Mohammad Djurhat, en indi- rée. Lorsque la monnaie et l’écono- « le produit de vingt ans de travail » trahissent la vérité. Derrière des ces, on entend cliqueter les appa- taire à la défense, Donald Rums- quant que le départ des unités mili- mie s’effondrent, lorsqu’il devient reils à recoller les étiquettes de prix, feld, a indiqué ne pas connaître taires afghanes sera assuré par la impossible de prévoir de quoi qui montent. Face à la pénurie artifi- avec précision les causes, apparem- police et les unités de la garnison de demain sera fait, lorsque l’espoir dis- Assouplissement des restrictions bancaires cielle de médicaments, du person- ment accidentelles, de l’incident. Kaboul. « Nous n’avons pas besoin paraît pour faire place à une vertigi- nel hospitalier menace de se mettre A Kaboul, le pouvoir intérimaire que la force internationale intervien- neuse sensation de vide, les Argen- Le gouvernement argentin a tenté, mercredi 9 janvier, de calmer la en grève. Très préoccupée par les a donné, mercredi, trois jours aux ne dans l’opération », a-t-il souligné. tins réagissent comme ailleurs, en tension en annonçant un assouplissement des restrictions bancaires. tensions sociales, l’Eglise argentine moudjahidins armés encore pré- Le pouvoir intérimaire a rappelé à faisant la queue des nuits entières Les Argentins pourront désormais retirer jusqu’à 1 500 pesos par demande à la classe politique de fai- sents dans la capitale pour évacuer l’ordre les autorités de Kandahar qui pour quitter leur pays. mois de leurs comptes courants et 1 200 de leurs comptes d’épargne. re son autocritique. Et dans une bel- cette dernière. « Le gouvernement ont laissé en liberté d’anciens res- A Buenos Aires, depuis deux La banque centrale a, de son côté, encore reporté d’une journée la le unanimité les membres du gou- a décidé hier [mardi] d’appliquer ponsables talibans, dont l’ex-minis- semaines, les consulats d’Espagne reprise des opérations de changes, qui devait avoir lieu jeudi. vernement et du Parlement rejet- l’accord de sécurité comme cela tre de la justice. Contrairement à ce et d’Italie, deux pays dont viennent A Washington, les Etats-Unis se sont dits « impatients de voir le gouver- tent catégoriquement la suggestion avait été convenu à Bonn », a décla- qui avait été annoncé localement, le beaucoup de familles argentines, nement mettre en place un programme économique crédible » pour négo- du président Duhalde de renoncer ré le ministre de l’intérieur, You- porte-parole de l’actuel ministère sont pris d’assaut. Mardi 8 janvier, cier avec le Fonds monétaire international la restructuration de la dette à leur salaire pendant trois mois nès Kanouni, en évoquant l’accord des affaires étrangères a indiqué dans une chaleur étouffante, une publique et un prêt. L’actuel plan a suscité un tollé international, surtout « pour donner l’exemple ». signé en Allemagne début décem- que l’ex-ministre de la défense tali- bonne centaine de personnes atten- en Espagne, deuxième investisseur en Argentine, et, avec la dévaluation, bre. « Nous avons ordonné à tous ban ne figurait pas parmi ces diri- dent leur tour, la plupart depuis la certaines entreprises étrangères craignent jusqu’à 45 % de pertes. Sylvie Kauffmann les hommes armés, à l’exception des geants. – (AFP, AP, Reuters.) INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 / 5 Violents affrontements La branche armée du Hamas revendique l’attaque intercommunautaires à Belfast BELFAST. De violents affrontements ont opposé, mercredi 9 janvier, contre un poste de Tsahal en territoire israélien les communautés protestantes et catholiques du nord de Belfast, la capitale de l’Irlande du Nord, obligeant la police et l’armée à interve- nir pour s’interposer. Les heurts, qui ont fait une trentaine de bles- L’accrochage marque une rupture de la trêve décrétée par le mouvement palestinien le 21 décembre sés, ont commencé près de l’école catholique de Holy Cross, située dans une enclave protestante, dont les extrémistes protestants ten- Le Mouvement de la résistance islamique palesti- israélien à la lisière de la bande de Gaza. L’atta- acte est une illustration de la politique de l’Auto- tent depuis la rentrée scolaire de bloquer l’accès. nien Hamas a revendiqué l’attaque, mercredi que a fait six morts : quatre militaires israéliens rité palestinienne. L’Autorité a condamné l’atta- Les dirigeants politiques ont lancé des appels au calme. Eux-mêmes 9 janvier, d’un poste de Tsahal, en territoire et les deux assaillants. Pour Ariel Sharon, cet que et ordonné une enquête. étaient occupés à Londres par la discussion aux Communes d’un projet de loi sur le désarmement de l’IRA et des milices protestan- LA BRANCHE armée du Mouve- maient les Brigades. Dans un com- ces palestiniennes, une douzaine sions sur Yasser Arafat pour qu’il tes. Malgré les protestations de David Trimble, le chef de l’exécutif ment de la résistance islamique muniqué reçu par l’agence Reu- de chars et des bulldozers ont par s’explique sur la livraison d’armes régional, les députés britanniques ont prolongé jusqu’en 2007 le Hamas, les Brigades Ezzedine ters, les Brigades affirment que ailleurs détruit trente-cinq mai- interceptée par Israël. délai donné à ces organisations pour achever le démantèlement de Al-Qassam, a rompu, mercredi leur action vise à riposter aux sons et en ont endommagé quatre Cette attaque « est particulière- leurs arsenaux. – (AFP.) 9 janvier, la trêve dans les attaques incursions israéliennes en territoi- autres, lors d’une incursion, dans ment préoccupante car elle survient anti-israéliennes décrétée par le re palestinien, aux meurtres de la nuit, à Rafah, dans le sud de la à un moment ou la situation sur le DÉPÊCHES mouvement le 21 décembre 2001. Palestiniens et à « la piraterie con- bande. Ils se sont ensuite retirés. terrain était devenue relativement a ZIMBABWE : l’élection présidentielle qui opposera le président Lesdites Brigades ont de fait reven- sistant à s’emparer d’un bateau ». Le gouvernement israélien doit se calme », a déclaré le porte-parole Robert Mugabe à Morgan Tsvangirai, son principal opposant, aura diqué l’attaque menée aux premiè- C’est une allusion à l’arraisonne- réunir dans les jours pour discuter de la Maison Blanche Ari Fleis- lieu le samedi 9 et le dimanche 10 mars, a annoncé, mercredi 9 janvier, res heures du jour par deux Palesti- ment, une semaine plus tôt par la de « la politique à l’égard de l’Auto- cher. « Il est du devoir de M. Arafat le ministère de l’information. Cette élection va se dérouler dans un niens contre un poste de l’armée marine israélienne, en mer Rouge, rité palestinienne ». de prendre des mesures immédiates contexte de grave crise économique et de violences. Dans un commu- israélienne, en territoire israélien, du Karine A, un bateau chargé d’ar- L’Autorité palestinienne a rapi- pour arrêter les dirigeants terroris- niqué, les autorités militaires ont laissé entendre mercredi qu’elles ne à la lisière de la bande de Gaza (Le mes destinées, selon Israël, à dement réagi à l’attaque, affir- tes et démanteler les réseaux de la toléreraient pas la victoire de M. Tsvangirai. – (AFP.) Monde du 10 janvier). Outre les l’Autorité palestinienne. mant, dans un communiqué : terreur présents dans la région », a KOSOVO : les désaccords entre les partis politiques albanais deux assaillants, quatre militaires « nous n’accepterons sous aucun a-t-il ajouté. du Kosovo concernant le partage du pouvoir risquent de bloquer israéliens ont été tués. COMMISSION D’ENQUÊTE prétexte cette violation de notre déci- Quant à l’affaire du Karine A, une nouvelle fois l’élection, jeudi 10 janvier, d’Ibrahim Rugova à la Dans un premier temps, c’est un Le premier ministre israélien, sion nationale de décréter le cessez- elle est « une autre raison préoccu- présidence de la province. L’administrateur par intérim de la mission dirigeant en exil du Hamas, Khaled Ariel Sharon a très vivement réagi le-feu et nous allons agir contre tou- pante prouvant qu’il est plus impor- de l’ONU au Kosovo (Minuk), Charles Brayshaw, a appelé dans un Mechaal qui, dans des déclara- à cet « acte terroriste » qui est, te atteinte à notre sécurité. La direc- tant que jamais que le président communiqué « toutes les forces politiques au Kosovo à multiplier leurs tions à la télévision du Hezbollah a-t-il dit, « une conséquence de la tion palestinienne dénonce cette Arafat démontre qu’il est un hom- efforts (…) et à montrer qu’elles sont prêtes à assumer la responsabilité libanais, a affirmé avoir été infor- stratégie terroriste de Yasser Ara- attaque qui fournit à Sharon un pré- me de paix et non un homme de de gouverner ». – (AFP.) mé par les Brigades qu’elles fat », le président de l’Autorité texte pour poursuivre ses agressions guerre », a déclaré M. Fleischer. Il a ÉTATS-UNIS : une juge fédérale américaine devrait rendre le étaient les auteurs de l’attaque. palestinienne. La radio israélienne et sa politique de bouclage », ajou- a indiqué que les Etats-Unis conti- 15 janvier, au plus tôt, sa décision d’autoriser ou non la retransmis- Khaled Mechaal a identifié les a affirmé que Tsahal riposterait te le communiqué. Une commis- nuaient « à examiner les faits » sion télévisée du procès du Français Zacarias Moussaoui, premier deux membres du commando com- dans les vingt-quatre heures. Jus- sion d’enquête a été confiée au res- mais qu’il paraissait « clair que les inculpé en liaison avec les attentats du 11 septembre. Ce procès, prévu me étant Imad Abou Razek et qu’aux premières heures de la ponsable des forces de la sécurité armes étaient destinées à être à la mi-octobre à Alexandria, près de Washington, est une « affaire Mohammed Abou Jamous. Quel- matinée du jeudi, l’armée avait palestinienne de Gaza, Abdel reçues par les Palestiniens », com- extraordinaire », a déclaré, mercredi 9 janvier à l’issue de l’audience, ques heures plus tard, la revendica- détruit deux postes des forces Razek Al Majaidah. me le soutiennent les Israéliens. – l’avocat de la chaîne câblée Court TV, qui a demandé à retransmettre tion était confirmée sur le site palestiniennes et fermé trois Le président américain, George (AFP, Reuters.) les audiences. Les avocats de Zacarias Moussaoui, demeuré silencieux internet du Hamas. « Nous avons bureaux de la police navale dans la W. Bush a condamné l’attaque pendant sa comparution, estiment qu’une retransmission protégerait accompli la volonté de Dieu », affir- bande de Gaza. D’après des sour- palestinienne et accentué ses pres- f www.lemonde.fr/israel-palestiniens les droits de la défense. – (AFP.) « Il est préférable d’endurer les douleurs de la paix que l’agonie de la guerre » RAMALLAH radio palestinienne n’est plus qu’un de notre envoyé spécial champ de ruines, et la gigantesque Si Yasser Arafat est toujours antenne gît, à terre, désarticulée. reclus au siège de l’Autorité palesti- Dans la rue Irsal, à moitié condam- nienne à Ramallah, la ville est un née par d’énormes rochers, les lam- padaires ont été couchés et les REPORTAGE câbles électriques arrachés. Un peu plus loin, le commissariat de police Ramallah affiche a été réduit à néant, avec les murs ses blessures et attend, éventrés et les fenêtres vides. Une résignée, la prochaine pelleteuse débarrasse les gravats. incursion israélienne Ramallah affiche ses blessures et attend, résignée, la prochaine incur- sion israélienne. « Que pouvons- peu moins inaccessible. La distance nous faire contre l’une des armées les d’une vingtaine de kilomètres qui la plus puissantes au monde ? Nos sol- sépare de Jérusalem a souvent été dats seront balayés », déplore un un véritable parcours du combat- habitant. tant pour les utilisateurs de cette Ramallah se demande de quoi route. Le check-point de Qalandiya sera fait son avenir. « On attend était une insurmontable épreuve de désespérément un signe d’Israël, force pour tous les automobilistes mais rien ne vient », note Mousta- obligés de patienter des heures pha Barghouti, l’un des principaux avant de pouvoir franchir les contrô- responsables du Parti populaire les tatillons. palestinien, qui dirige la plus impor- Aujourd’hui, le flux est plus rapi- tante organisation non gouverne- de en dépit des barrières métalli- mentale de santé. ques fichées dans le sol et destinées à canaliser le flot des véhicules. Les BILAN INTERMINABLE pluies diluviennes et la neige qui Il dénonce le renforcement de l’oc- tombent depuis plusieurs jours y cupation, les humiliations et les sont sans doute pour quelque cho- entraves à la liberté d’aller et venir. se. Mais aussi une baisse de la ten- Il montre la carte de tous les check- sion, en raison du calme qui a préva- points dressés à Gaza et en Cisjorda- lu la semaine dernière, à tel point nie : près de trois cents, dont 220 que le ministre de la défense, Benya- sous contrôle armé. Il énumère les min Ben Eliezer, a reconnu que chiffres de ce qu’il appelle « le pire cette période avait été « la plus tran- siège de l’histoire de la population quille depuis le début de l’Intifada, le palestinienne », qui interdit à 3,2 mil- 28 septembre 2000 ». lions de personnes de sortir des vil- Qu’en sera-t-il après l’attaque per- les sans permission, de se rendre à pétrée mercredi 9 janvier à l’aube Jérusalem pour prier sans permis, par le Hamas, en territoire israélien, d’utiliser l’aéroport international de au sud de la bande de Gaza ? Dans Tel Aviv, de se déplacer dans la crainte de représailles, une forte d’autres zones, y compris à Gaza. Le présence militaire palestinienne bilan est interminable : « 947 morts, était déjà notable dans les rues de 25 000 blessés dont 2 000 gravement Ramallah, au cours de la matinée. atteints, 31 personnes mortes faute de Partout des soldats sur le qui-vive, à soins au barrage, un tiers des victimes chaque carrefour. sont des enfants, 4 700 maisons ont Tout près, à Beituna, à proximité été démolies. » d’Ofer, la base militaire israélienne, Moustapha Barghouti est convain- une certaine anxiété est palpable. cu qu’un nouvel apartheid se met en Des hommes en armes sont postés à place et qu’une pression internatio- une station-service. La route lon- nale comme celle qui s’est exercée geant la base est un no man’s land sur l’Afrique du Sud est nécessaire depuis que le poste de police palesti- pour aboutir à une solution, qui rési- nien a été réduit en un tas de gra- de en trois points : « une initiative de vats. Le curieux qui s’aventure s’ex- paix internationale, l’intervention pose à être immédiatement pris d’une force de sécurité et la mise en dans le collimateur d’un fusil M-16. application des résolutions de Ramallah est sous bonne garde et la l’ONU ». « Il n’y a pas d’autre possibi- présence militaire palestinienne lité », assure-t-il, tout en constatant apparaît bien dérisoire. qu’Israël est entre les mains des mili- Deux blindés israéliens, un char et taires depuis plusieurs gouverne- un véhicule de transport de troupes, ments et que « ce n’est pas dans leur sont postés à moins d’un kilomètre intérêt de faire la paix ». Ce qui ne de la résidence forcée de Yasser Ara- l’empêche pas de penser qu’un jour fat. Les locaux de l’Autorité palesti- prochain, un Etat palestinien verra nienne portent toujours les traces le jour en raison de la ténacité de des récents coups portés par Tsahal. son peuple. Un immeuble proche de la résiden- Comme le dit une inscription sur ce est détruit. Si la hausse du canon la route de Ramallah : « Il est préféra- avait été relevée de quelques centi- ble d’endurer les douleurs de la paix mètres, l’obus aurait explosé dans que l’agonie de la guerre. » les bureaux du dirigeant palestinien. Juste à côté, l’emplacement de la Michel Bôle-Richard 6 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002

SANTÉ Les négociations entre la de 20 euros pour une consultation et che, soutiennent ce mouvement, que PROGRAMME, le RPR conserve les cales b JEAN-PIERRE CHEVÈNEMENT, CNAM et les représentants syndicaux de 30 euros pour la visite à domicile. les Français approuvent. Une maniè- grandes lignes du plan Juppé, mais qui a placé le professeur François des médecins généralistes se sont Une augmentation jugée excessive re pour les candidats aux élections abandonne le principe des sanctions Morvan dans son équipe de campa- ouvertes jeudi 10 janvier à Paris. Les par Mme Guigou. b TOUS LES PARTIS, présidentielle et législatives de se financières en cas de dépassement gne, a fait des médecins une de ses médecins réclament des honoraires de l’extrême droite à l’extrême gau- ménager un électorat. b DANS SON des quotas de prescriptions médi- cibles électorales. Le soutien des politiques renforce la détermination des généralistes Alors que les négociations sur la revalorisation de leurs honoraires ont débuté, jeudi 10 janvier, entre la CNAM et leurs syndicats, les médecins veulent poursuivre leur action. A cent jours de la présidentielle, du RPR à Lutte ouvrière, tous les partis cherchent à ménager cet électorat

QUE de sollicitude ! Jamais, de ter les négociations avec la des, il n’est pas question d’accepter été déficitaire en 2001 et le restera ques médicales qui doit faire l’objet déclarait, mercredi, qu’elle ne serait mémoire de généraliste, un de leur « Sécu », l’UNOF a finalement déci- « une hausse symbolique de l’ordre en 2002. Dès l’ouverture des négo- des discussions ». La secrétaire natio- « pas choquée que l’argent de la mouvement n’en avait recueilli dé d’y participer. Mercredi, Claude d’environ un euro ». Encore moins ciations, le président de la nale à la solidarité juge que les géné- Sécurité sociale serve à augmenter autant. Un mois et demi après le Maffioli, le président de la Confé- de lancer d’autres chantiers (aides à CNAMTS, Jean-Marie Spaeth, a ralistes doivent relever les « nou- les honoraires des consultations des début du conflit, sept Français sur dération des syndicats médicaux l’installation, réforme de la nomen- proposé de porter à 20 euros le veaux défis » du vieillissement de la généralistes plutôt qu’à financer les dix le soutiennent ou éprouvent de français – dont l’UNOF est une des clature des actes professionnels, tarif de certaines consultations population, de la permanence des 35 heures ». La candidate de Lutte la sympathie pour lui, selon un son- principales composantes –, a expérimentation d’autres modes de « complexes » (environ 40 % des soins, de la prise en charge des ouvrière concède qu’il existe des dage CSA publié, jeudi 10 janvier, annoncé qu’il profiterait de cette rémunération que le paiement à consultations) et de consacrer maladies de longue durée et des « différences sociales » entre méde- par Le Parisien. Et voilà que les rencontre pour « expliquer qu’auj- l’acte, etc.) tant que ses revendica- 600 millions d’euros sur trois ans à urgences sociales. cins, mais elle salue le « rôle social » hommes politiques de tous bords ourd’hui il y a incendie et qu’il est tions n’auront pas été satisfaites. « un plan de revalorisation du Les autres partis, en revanche, que certains jouent en « zone rura- se penchent désormais au chevet indispensable de l’éteindre avant de Le gouvernement n’a pas l’inten- métier de généraliste ». approuvent ces revendications. Le le » et « dans les grandes cités ». de médecins qui se sentent sou- reconstruire ». Encouragé par la for- tion de se montrer aussi large. L’UNOF et MG-France devaient FN a exprimé sa « solidarité » et le vent ravalés au rang de soutiers du te mobilisation des 55 000 généra- La ministre de l’emploi et de la refuser ces propositions. M. Chas- MNR de Bruno Mégret son « sou- système de santé. Ces soutiens, listes, le syndicat a maintenu jus- solidarité est certes passée, en sang reconnaît que l’intransigeance tien ». La présidente du RPR, Michè- L’Assemblée nationale qui viennent de la droite comme qu’au bout ses exigences : une aug- quelques jours, d’un refus de toute de son syndicat sur les honoraires le Alliot-Marie, juge leurs revendica- de la gauche, et même de l’extrê- mentation de 17,53 à 20 euros de hausse générale des honoraires à est renforcée par l’appui que les par- tions « parfaitement légitimes », aménage les sanctions me gauche, sont les bienvenus la consultation et de 20,58 à une acceptation sous condition. tis politiques apportent aux généra- même si le mouvement gaulliste fait pour l’Union nationale des omni- 30 euros de la visite à domicile. Mais Elisabeth Guigou estime que listes à quelques mois de l’élection désormais amende honorable sur la Les députés devaient exami- praticiens français (UNOF) et Les points de vue sont, pour la revendication tarifaire des méde- présidentielle. Seul le PS a adopté partie du plan Juppé relative aux ner, jeudi 10 janvier, la proposi- MG-France, qui ont engagé, jeudi l’heure, difficiles à concilier. «Ce cins, dont elle chiffre le coût à une ligne proche de celle du gouver- sanctions infligées aux médecins en tion de loi déposée par le prési- 10 janvier, de difficiles négocia- n’est pas une séance de négociation, 1,37 milliard d’euros – chiffre con- nement et de la CNAMTS. Dans cas de dépassement des objectifs de dent de la commission des affai- tions sur une revalorisation des mais une réunion de crise », a préve- testé par les syndicats –, est « exces- l’éditorial du journal du PS, L’Heb- dépenses. Philippe Douste-Blazy res sociales de l’Assemblée natio- honoraires avec les trois caisses nu Michel Chassang, président de sive » et incompatible avec la situa- do des socialistes, Marisol Touraine (UDF), ancien ministre de la santé, nale, Jean Le Garrec (PS, Nord), d’assurance-maladie (salariés, agri- l’UNOF, avant l’ouverture des dis- tion financière de la Caisse natio- estime que, « s’il ne faut pas exclure et Jacques Barrot (UDF), ex-ministre et Claude Evin (PS, Loire-Atlanti- culteurs, indépendants). cussions. Pour le syndicat, à l’origi- nale d’assurance-maladie des tra- la revalorisation de la consultation, des affaires sociales, souhaitent que que), inscrite à l’ordre du jour Après avoir envisagé de boycot- ne du mouvement de grève des gar- vailleurs salariés (CNAMTS), qui a c’est l’ensemble des nouvelles prati- l’on donne « un signal fort » aux prioritaire à la demande du gou- médecins sur les rémunérations en vernement. L’objectif de ce tex- échange d’une « évaluation de la qua- te, portant sur les relations con- lité » de leur pratique. ventionnelles entre les profes- La CNAM propose de revaloriser à 20 euros certaines consultations sions de santé et les organismes ARLETTE EN RENFORT d’assurance-maladie, est de réta- LE PRINCIPE de la revalorisation des tarifs n’a pas signé la convention actuellement en projet en ce sens est prêt, qui propose une Le président de Démocratie libé- blir le cadre conventionnel adop- médicaux des médecins généralistes étant vigueur et qui réclame que le tarif de la consul- extension de l’utilisation de l’actuelle majora- rale, Alain Madelin, voit dans té par le Parlement, le 4 décem- acquis, la question reste entière de son mon- tation passe à 20 euros (actuellement fixé à tion dite « de maintien à domicile des personnes l’« étatisation » du système de san- bre 2001, dans le cadre de la loi tant et du coût qui en résultera pour la Sécurité 17,53 euros), le coût d’une telle mesure peut âgées dépendantes ». té « l’origine du dysfonctionnement de financement de la Sécurité sociale. Jean-Marie Spaeth, président de la Cais- être estimé à un peu plus de 300 millions L’approche du syndicat MG-France est diffé- de plus en plus évident de l’organisa- sociale pour 2002, et censuré par se nationale d’assurance-maladie (CNAM), d’euros, 70 % de cette somme concernant les rente. S’il réclame une moindre revalorisation tion des soins, de la paupérisation et le Conseil constitutionnel, le devait pour sa part ouvrir les négociations en caisses de Sécurité sociale. du tarif de la consultation – le passage à de la déconsidération des profession- 18 décembre 2001, pour des rai- proposant notamment, jeudi 10 janvier, de por- 18,50 euros est, selon lui, un préalable à toute nels ». En attendant des « réformes sons de procédure. Débattu en ter à 20 euros le tarif de certaines consultations RÉDUIRE LE NOMBRE DE VISITES négociation, ce qui induirait un coût de l’ordre plus profondes », le candidat à l’Ely- plein conflit avec les médecins, de médecine générale, celles qu’il qualifie de « Contrairement à ce qu’a pu déclarer Elisa- de 150 millions d’euros –, il entend aussi que les sée prône des « mesures d’urgen- ce dispositif vise à alléger le « complexes » parce que, à la différence de cel- beth Guigou, nos revendications concernant une pouvoirs publics et la Sécurité sociale s’enga- ce », comme l’augmentation des mécanisme actuel de maîtrise les dites « courantes », elles se caractérisent par consultation à 20 euros et une visite à 30 euros ne gent sur un plan pluriannuel d’investissement honoraires, la suppression des quo- des dépenses d’honoraires médi- des investigations cliniques ou une écoute parti- représenteraient pas, pour la Sécurité sociale, un visant à revaloriser le métier de généraliste. Il tas d’actes médicaux et l’abandon caux et à supprimer les sanctions culière du patient. Selon la CNAM, ces consulta- coût de 1,2 milliard d’euros, explique le docteur souhaite que la qualité de l’offre de soins offer- des sanctions collectives. tarifaires pour les professions tions représenteraient aujourd’hui près de 40 % Michel Chassang, président de l’UNOF. Il faut te soit équivalente à celle existant aujourd’hui Porte-parole du candidat Jean- ayant passé convention avec l’as- de l’activité des généralistes. Aucun accord sur en effet savoir que le passage de la visite à dans le secteur des spécialités médicales. «Le Pierre Chevènement, Michel surance-maladie. ce point ne devrait être trouvé, les revendica- 30 euros n’aurait pratiquement aucun impact différentiel entre les deux secteurs est de l’ordre Suchod juge que les hausses récla- tions formulées par les deux principaux syndi- dès lors que ne seraient remboursées que celles de deux milliards d’euros, c’est donc cette somme mées par les praticiens libéraux cats de médecins généralistes portant très clai- qui sont médicalement justifiées. Cette mesure que la collectivité doit investir pour que les soixan- sont « parfaitement raisonnables ». Les syndicats de généralistes ont rement sur une revalorisation immédiate du permettrait de réduire de moitié le nombre des te mille généralistes remplissent leur mission de Ce constat est partagé par Marie- maintenu leur appel, le 23 janvier, tarif de base de toutes les consultations. visites, qui représentent en moyenne 30 % de l’ac- soins dans un cadre équivalent à celui des cin- George Buffet, ministre de la jeu- à « 24 heures sans toubibs ».Ils Quel serait le coût d’une telle mesure ? Les tivité des généralistes. » Dans un tel dispositif, quante mille spécialistes », souligne le docteur nesse et des sports, et secrétaire viennent de recevoir le renfort de évaluations dont on dispose dans ce domaine les personnes qui ne répondraient pas aux critè- Pierre Coste, président de MG-France. Sur ce nationale du PCF, qui juge que, plusieurs syndicats de spécialistes varient entre 150 millions et 2 milliards d’euros res retenus (personnes handicapées ou âgées chapitre, le président de la CNAM devait, à 20 euros la consultation, « ce n’est (chirurgiens, ophtalmologistes, (984 millions à 13,12 milliards de francs). Pour de plus de quatre-vingts ans, très jeunes l’ouverture des négociations, proposer d’inves- pas trop » pour des praticiens qui angéilogues), du syndicat des l’Union nationale des omnipraticiens de enfants, etc.) et qui auraient pu se déplacer au tir, sur trois ans, près de 600 millions de francs. « contribuent aux liens entre les homéopathes et de SOS-médecins. France (UNOF), branche de la Confédération cabinet du médecin ne seraient remboursées populations en très grande difficul- des syndicats médicaux français (CSMF), qui que sur la base d’une consultation normale. Un Jean-Yves Nau té ». Quant à Arlette Laguiller, elle Jean-Michel Bezat Le RPR s’efforce de rétablir les liens rompus après le plan Juppé Le candidat Jean-Pierre Chevènement Le projet gaulliste prévoit une « loi quinquennale de programmation de santé » soigne les médecins ALAIN JUPPÉ avait déjà fait Dinorino Cabrera. La présidente du la contractualisation, le RPR propo- tection alimentaire. Priorité serait JEAN-PIERRE CHEVÈNEMENT des relations du corps médical avec amende honorable, le 10 juillet RPR leur a assuré qu’« il est indis- se la transformation des agences donnée à la prévention, à l’éduca- n’a pas réagi personnellement au la droite. Pour mémoire, en 2001, devant des professionnels de pensable de reconstruire rapidement régionales d’hospitalisation en tion sanitaire et au développement mouvement des médecins généralis- avril 1995, M. Chirac drainait près santé réunis par le Club Perspecti- un nouveau système conventionnel agences régionales de santé, afin de la recherche, avec, notamment, tes, mais son porte-parole, Michel de la moitié des intentions de vote ves Public, Privé (C3P), créé par des librement négocié, basé sur la con- d’intégrer tous les acteurs locaux la création d’un institut national du Suchod, lui a apporté le soutien du des médecins (49 %) à l’élection pré- patrons de cliniques privées, quel- fiance entre les partenaires ». du système de santé, y compris les cancer. candidat à l’élection présidentielle sidentielle et l’actuel premier minis- ques heures précisément après le C’est dire à quel point le mouve- patients. Enfin, en matière d’assurance- en affirmant que le système de tre, 20,6 %. discours « fondateur » qu’avait pro- ment gaulliste se préoccupe de réta- A partir de conférences régiona- maladie, le RPR « envisage » une soins français avait « besoin d’être Quelques jours après l’annonce noncé M. Juppé, alors premier blir des liens avec les professions les chargées d’évaluer la situation déduction fiscale des cotisations repensé » et les professionnels officielle de sa candidature, l’ancien ministre, le 15 novembre 1995, médicales, indépendamment sanitaire de la population, le Parle- pour une couverture complémen- d’être « rémunérés correctement ». ministre de l’intérieur a entamé son devant l’Assemblée nationale, sur même du mouvement en cours des ment serait saisi, dès le début de la taire. Ce dispositif serait progres- La relative discrétion du candidat patient travail de lobbying en la réforme de la protection sociale. médecins généralistes. La défec- du MDC sur ce conflit tranche avec publiant, le 14 septembre, un long Mardi 15 janvier, ce sera au tour de tion des médecins, lors des élec- la manière dont, depuis son entrée entretien dans Le Quotidien du Nicolas Sarkozy d’intervenir, dans tions législatives de 1997, reste con- 71 % des Français approuvent le mouvement en campagne en septembre, il labou- médecin. Il y plaidait pour une le même cadre, sur la modernisa- sidérée comme une des causes prin- re systématiquement le terrain des « réforme en profondeur » du systè- tion du système de santé. Au cours cipales de l’échec de la droite. Lors Le mouvement des généralistes est perçu favorablement par 71 % professionnels de la santé à travers me de soins et pour une plus grande des derniers mois, l’ancien secrétai- du dernier des forums hebdomadai- des Français, selon un sondage du CSA publié, jeudi 10 janvier, par interviews et tribunes, avec l’aide « coordination » de la médecine de re général du RPR a consacré plu- res destinés à préparer le « projet Le Parisien : 38 % d’entre eux « soutiennent » leurs revendications ; du cancérologue François Morvan, ville avec l’hôpital. « On ne fera pas sieurs journées à visiter des établis- d’alternance », qui était précisé- 33 % disent qu’elles leur inspirent de la « sympathie ». En revanche, chef de service à l’hôpital de Pontoi- l’économie d’une meilleure rémunéra- sements hospitaliers. Mercredi ment consacré, mardi 8 janvier, à 4 % se disent « hostiles » et 8 % « opposés » à la grève pour obtenir des se (Val-d’Oise), qui alimente sa tion des médecins de ville, estimait 9 janvier, enfin, Michèle Alliot- la santé, Pierre Morange, député revalorisations d’honoraires. réflexion sur les questions de santé. M. Chevènement, car il y a une crise Marie a de nouveau reçu des repré- des Yvelines, l’a encore reconnu : Ce taux de sympathie est inférieur à celui que les Français avaient Depuis son accident anesthési- qui retentit sur le système hospitalier sentants des syndicats des profes- « Nous n’avons pas fait que de bon- exprimé pour les personnels hospitaliers, en janvier 2000 (92 %), les que en septembre 1998, M. Chevè- lui-même, notamment dans le domai- sions médicales : le président de la nes choses. » Le secrétaire national policiers, en novembre 2001 (90 %), ou pour les salariés de Moulinex, nement entretient des relations pri- ne des urgences. » Et le candidat CSMF, Claude Maffioli, et celui du à la santé du RPR, lui-même méde- en août (87 %), et les routiers, en septembre 2000 (88 %). Le mouve- vilégiées avec le corps médical. Et poursuivait : « La rémunération des Syndicat des médecins libéraux, cin généraliste, a ajouté : « Depuis ment est moins soutenu par les personnes se déclarant proches du celui-ci le lui rend bien. Certes, les gardes est insuffisante. Il faut encou- vingt-cinq ans, seule la droite a eu le PCF (58 %), des Verts (65 %) ou du PS (66 %) que par celles qui sont pro- médecins continuent à voter majori- rager les médecins de ville à prendre courage de réformer notre système ches du RPR (78 %) ou de l’UDF (80 %). Ce sondage a été réalisé par tairement à droite, mais l’apparition en charge la petite urgence. » de santé, quitte à en payer un prix téléphone, le 9 janvier, auprès d’un échantillon représentatif de du député de Belfort dans le paysa- « Le plan Juppé doit être revu, politique élevé. » 1 000 personnes de 18 ans et plus (méthode des quotas). ge électoral bouscule un peu les car- déclarait encore le candidat à l’élec- tes. Selon un sondage, paru début tion présidentielle. On ne peut pas INTÉGRER LES PATIENTS octobre dans l’hebdomadaire continuer à gérer de manière si diffé- Le nouveau projet du RPR en prochaine législature, d’une «loi sif, « sur le modèle des aides pour le Impact Médecin, réalisé auprès de rente l’enveloppe de la médecine de matière de santé préserve en gran- quinquennale de programmation de logement ». Il permettrait de réfor- 330 praticiens, dont 150 médecins ville et celle de l’hôpital. » Un mois de partie le plan Juppé de 1995, santé », qui définirait les objectifs à mer la couverture maladie univer- généralistes, le candidat recueille- plus tard, dans Impact Médecin, STEINER, A FLEUR D’ALCANTARA sauf sur un point particulièrement atteindre et les moyens correspon- selle (CMU), à laquelle la droite rait 12,2 % des intentions de vote M. Chevènement se disait partisan venez découvrir la collection des sensible : « Nous avons définitive- dants, et qui serait évaluée chaque reproche d’avoir introduit des des médecins au premier tour de de « relever très substantiellement les CANAPÉS STEINER à des ment compris, depuis 1997, que les année à l’occasion de l’examen du effets de seuil « pervers ». Le RPR l’élection présidentielle, en deuxiè- indemnités de garde et d’introduire prix tout à fait exceptionnels. sanctions collectives (…) sont ineffi- projet de loi de financement de la estime qu’ainsi la protection com- me position derrière Jacques Chirac un élément forfaitaire de rémunéra- OUVERTURE EXCEPTIONNELLE LES DIMANCHES 20 ET 27 JANVIER caces, injustes et, surtout, porteuses Sécurité sociale. Le RPR souhaite la plémentaire de tous les Français (25,6 %) et devant Lionel Jospin tion, afin de donner au médecin plus d’effets pervers inacceptables », est- création d’un grand « ministère serait généralisée, « sur une base (10,5 %) (Le Monde du 8 octobre de temps pour accueillir les Topper Espace Steiner il écrit dans l’avant-projet consacré d’Etat de la santé », qui aurait aussi évidemment volontaire ». 2001). Cette intrusion du candidat patients ». e 63,rue de la Convention - Paris 15 à la réforme du système de santé. une mission de « vigilance » en Chevènement s’effectue dans un Tél.:01 45 77 80 40 - M° Boucicault - Parking gratuit Favorable à la régionalisation et à matière d’environnement et de pro- Jean-Louis Saux contexte d’importante dégradation Christine Garin FRANCE LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 / 7

Les aménagements de la loi sur la présomption Jacques Chirac sollicite d’innocence divisent la majorité plurielle M. Balladur pour animer Lionel Jospin a assuré aux députés que « la sécurité et la lutte contre l’impunité sont des devoirs d’Etat » sa campagne à Paris Lionel Jospin, mercredi 9 janvier, à l’Assemblée le trouble au sein de la majorité plurielle. Noël nagement de la loi Guigou. Le PCF, quant à lui, a nationale, a acté la modification de la loi sur la Mamère, candidat des Verts à la présidentielle, mis en garde le gouvernement contre la tenta- présomption d’innocence. Cette décision sème avait déjà fait savoir son opposition à un réamé- tion de céder « aux pressions de la droite ». L’ancien premier ministre réserve sa réponse

RIEN de tel qu’un échange entre laire de la garde des sceaux, Maryli- tre toutes les surenchères, qu’elles retour « au bon sens » avec des QUI dirigera la campagne de Jac- désigné pour diriger les listes de la chefs pour valider une affaire com- se Lebranchu, paraîtra dans les pro- émanent de la droite, du PS ou du modifications qui « permettront à la ques Chirac à Paris ? A cette ques- droite à Paris, le choix de la person- plexe. C’est donc Jean-Marc chains jours pour préciser « l’inter- gouvernement. Je ne déterminerai police de faire son travail » tout en tion, l’Elysée semble avoir trouvé ne chargée de mener les deux cam- Ayrault, président du groupe socia- prétation de certaines dispositions ». mon vote qu’à la fin de l’examen. A réservant la position des élus du une réponse : ce pourrait bien être pagnes n’aurait alors posé aucun liste de l’Assemblée nationale, qui a Avant de formuler les « ajuste- priori, je ne dis pas que je vais voter MDC. Edouard Balladur, actuel député problème », indique un conseiller servi de partenaire au premier minis- ments » de la loi Guigou, le premier pour. » Nicole Bricq (Seine-et-Mar- A droite, les trois groupes ont du XVe arrondissement, conseiller de l’ancien premier ministre en tre pour acter, mercredi 9 janvier, la ministre a refait l’historique de ce ne), Gérard Gouzes (Lot-et-Garon- réussi à harmoniser leurs positions de Paris et candidat malheureux ajoutant, un brin ironique et revan- réforme de la loi sur la présomption texte voté le 15 juin 2000. « La com- ne) et Christine Lazerges (Hérault) mais, derrière la volonté « de ne fai- contre le même Jacques Chirac en chard : « La grande bonne idée a été d’innocence, dite loi Guigou. Profi- mission Truche, mise en place à la partagent les mêmes inquiétudes re aucun cadeau au gouvernement », 1995. En tout cas, les deux « ex- loupée. » tant de la séance des questions au que M. Loncle. on perçoit l’embarras. Claude Goas- amis de trente ans » se sont parlé gouvernement, le maire de Nantes Parmi les partenaires de la majori- guen (DL, Paris) a déclaré, mardi, durant le week-end des 5 et 6 jan- QUATRE GROUPES RIVAUX a interrogé Lionel Jospin sur les sui- A droite, derrière la té plurielle, Noël Mamère, candidat qu’il voterait en faveur de la proposi- vier 2002 et c’est le président de la Depuis la défaite historique de la tes qui seront données au rapport des Verts à l’élection présidentielle, tion de loi, avant de se rétracter le République qui aurait sollicité son droite en mars 2001, l’Elysée ne sait de Julien Dray (PS, Essonne). Et tant volonté de « ne faire avait déclaré dès mardi son opposi- lendemain. « La France est à feu et à ancien adversaire. Après plusieurs plus à qui confier l’animation de la pis pour les quolibets adressés par tion à un réaménagement de la loi sang, nous ne servirons pas de cau- travaux d’approche entamés à la campagne du futur candidat Chi- les députés de la droite, qui n’ont aucun cadeau Guigou. Le PCF a fait savoir son hos- tion au gouvernement mais, si nos mi-décembre par Jérôme Monod, rac dans la capitale. En effet, l’op- pas résisté à la tentation d’ironiser tilité « à toute remise en cause de la amendements sont pris en compte, conseiller politique à l’Elysée, « Chi- position parisienne se divise désor- sur une réponse connue depuis la au gouvernement », loi » et mis le gouvernement en gar- nous jugerons de la situation à ce rac a bien pris l’initiative de joindre mais en quatre groupes rivaux au veille. de contre la tentation de « céder moment-là. » Le président du grou- directement Balladur », a confirmé Conseil de Paris. « Chirac sait qu’il M. Jospin a, d’abord, assuré que on perçoit l’embarras aux pressions de la droite ». Pour les pe RPR, Jean-Louis Debré (Eure), a au Monde l’un de ses proches. L’his- a besoin des voix des Parisiens pour « la sécurité de [ses] concitoyens et la communistes, il faut, cependant, préconisé un vote négatif « en l’état toire ne dit pas si les deux hommes gagner la présidentielle, mais il sait lutte contre l’impunité sont des « régler immédiatement les dysfonc- actuel » en jugeant les réformes se sont effectivement rencontrés aussi qu’il a un très gros problème. devoirs d’Etat ». Dans un style très demande du président de la Républi- tionnements de l’appareil policier et insuffisantes. « Nous voterons contre ou si leur entretien s’est déroulé Ni Philippe Séguin, ni Françoise de pédagogique, il a esquissé, ensuite, que au début de l’année 1997, avait judiciaire révélés à l’occasion de la parce que, si l’idée de la loi est plutôt par téléphone. Reste que, pour Panafieu ne peuvent rassembler nos les grandes lignes de la proposition formulé des propositions tendant à mise en œuvre de la loi ». Enfin, bonne au départ, il n’y a pas de l’heure, M. Balladur a demandé à forces dans la capitale », notent les de loi socialiste qui sera rapportée mieux garantir dans notre pays la pré- Christiane Taubira (PRG, Guyane) – moyens supplémentaires », a affir- son interlocuteur de patienter et balladuriens qui, anticipant déjà par M. Dray et dont l’examen a été somption d’innocence », a-t-il rappe- candidate à la présidentielle – a mé, mercredi, sur RTL, le président qu’il réserve sa réponse dans l’at- sur les résultats des élections légis- fixé au 22 janvier. Le candidat « pro- lé. « Le débat a conduit l’Assemblée, déploré, lors de la séance des ques- du groupe UDF, Philippe Douste- tente « d’arguments supplémentai- latives, redoutent une nouvelle bable » à l’élection présidentielle a sur la base d’amendements émanant tions au gouvernement, les change- Blazy (Haute-Garonne). res », précise son entourage. déroute. plaidé pour « une meilleure défini- de la majorité comme de l’opposition, ments annoncés par M. Jospin. Jean- « Si, lors des élections municipa- tion des motifs qui peuvent conduire à aller plus loin que ne le proposait le Pierre Chevènement a salué le Elie Barth les, il y a un an, M. Balladur avait été Yves Bordenave à considérer une personne comme gouvernement », a ajouté M. Jospin, suspecte et à la placer en garde à associant ainsi toutes les familles vue ». Il s’est déclaré favorable à politiques à l’élaboration de la loi « l’élargissement des délais dont dis- Guigou. « Mensonges ! Menson- poseront les enquêteurs dans la garde ges ! », ont, alors, tempêté les élus à vue (…) et à la prise en compte de la de la droite, les socialistes applaudis- répétition d’actes délictueux pour per- sant chaleureusement M. Jospin. mettre le placement en détention Pour autant, la cohésion au sein provisoire ». du PS n’a pas tardé à s’effriter. «Je Autant de décisions arrêtées dès ne suis pas très à l’aise car on va modi- mardi lors du traditionnel petit fier une loi sous la pression des événe- déjeuner réunissant le premier ments, a déclaré dans les couloirs ministre et les hiérarques du PS (Le François Loncle (Eure). Je serai extrê- Monde du 8 janvier). M. Jospin a mement vigilant lors de l’étude de la confirmé, par ailleurs, qu’une circu- proposition de loi et je m’élèverai con- Trois sondages donnent M. Chirac favori pour la présidentielle TROIS SONDAGES réalisés les 4 et 5 janvier donnent à nouveau Jac- ques Chirac gagnant à l’élection présidentielle. Selon une étude de la Sofres, publiée par Le Nouvel Observateur daté 10-16 janvier et une autre, de Louis Harris, à paraître dans Valeurs actuelles du 11-17 jan- vier, M. Chirac arriverait en tête au premier tour avec 27 % des suffra- ges exprimés, devant Lionel Jospin (24 %), si l’élection avait lieu aujourd’hui. M. Chirac l’emporterait au second tour avec 51 %. Un dernier sondage, réalisé par Ipsos et publié dans Le Point daté 10-16 janvier, le président de la République serait en tête au premier tour avec 28 % de voix, contre 23 % pour le premier ministre, et gagne- rait au second avec 52 % des suffrages. Le président du FN, Jean- Marie Le Pen, et le député de Belfort Jean-Pierre Chevènement, se dis- puteraient la troisième place. Si la Sofres les place ex aequo (9 %), Louis Harris accorde 9 % des voix à M. Le Pen et 8 % à M. Chevène- ment, et Ipsos 9 % au président du FN et 11 % à l’ancien ministre. Les sénateurs refusent l’obligation de créer des conseils de quartier LES SÉNATEURS ont approuvé, mercredi 9 janvier, la création de conseils de quartier dans les villes de plus de 20 000 habitants, contre 50 000 dans le projet adopté par les députés en juin. Ils ont en revan- che refusé de la rendre obligatoire. Ils ont ainsi assoupli une des princi- pales dispositions, défendue par le ministre de l’intérieur, Daniel Vaillant, du projet de loi sur la démocratie de proximité débattu en première lecture, depuis mardi 8 janvier, au Sénat. Les sénateurs criti- quent également l’élection au suffrage universel direct, dès 2007, des conseillers des structures intercommunales. Un nombre record d’ora- teurs se sont inscrits dans ce débat, près de 680 amendements ayant été déposés, parmi lesquels celui de la commission des lois visant à permettre la publication des sondages électoraux jusqu’à la veille du scrutin à 0 heure. Le gouvernement escompte malgré tout voir ce tex- te adopté définitivement avant la fin de la législature, le 22 février.

DÉPÊCHES a FRONT NATIONAL : Jean-Marie Le Pen a annoncé au Monde, lors de ses vœux à la presse, mercredi 9 janvier, à Saint-Cloud, qu’il se rendra à la mi-janvier, en Afrique du Sud. « Je suis invité de façon offi- cielle et j’ai tout à fait l’intention de rencontrer les plus hautes autorités de ce pays », a expliqué le président du FN, qui espère rencontrer M. Mandela. Un homme qui, dit-il, « a fait preuve d’une grande capaci- té à établir la paix et la réconciliation entre les Africains du Sud ». a UDF : François Bayrou s’est dit persuadé, mercredi 9 janvier, que, « le moment venu », les Français « imposeront un changement pro- fond ». Présentant ses vœux à la presse en présence de l’ancien pre- mier ministre Raymond Barre, député (app. UDF) du Rhône, le candi- dat à l’élection présidentielle, qui est crédité par les sondages de 3 à 5 % d’intentions de vote, a évoqué une « drôle de campagne », par ana- logie avec la « drôle de guerre » de 1939-1940. « Quelle que soit la durée de la vraie campagne, le choix des Français s’exerce avec la même force, avec la même dureté », a assuré M. Bayrou. a UNEDIC : Dominique Chertier, directeur général de l’Unedic, a annoncé aux partenaires sociaux, mercredi 9 janvier, son départ du régi- me d’assurance-chômage. Arrivé à l’Unedic il y a près de dix ans, M. Chertier a géré deux grandes réformes du régime : celle du début des années 1990, instituant la dégressivité des allocations chômage, et celle de 2000, la supprimant et créant le pare. L’actuel président de l’Unedic, Michel Jalmain (CFDT), a salué son « grand professionnalisme ». 8 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002

ÉDUCATION Pour la première de ce « renversement de tendan- vent désormais s’inscrire dans plu- de recrutement. b RELANCÉE il y a sions », a annoncé Jack Lang, lors de fois depuis cinq ans, le nombre de ce ». Mais ces statistiques globales sieurs académies pour renforcer un an, la réforme de la formation ses vœux. b A l’IUFM d’ANTONY, les candidats aux concours de l’ensei- sont à prendre avec précaution non leurs chances, mais aussi parce qu’el- des enseignants tarde à se mettre en futurs enseignants marquent leur gnement a augmenté en 2002. Le seulement parce que, dans le primai- les ne donnent aucune indication sur place. b L’ANNÉE 2002 « sera mar- préférence pour les stages et le « ter- ministère de l’éducation se réjouit re notamment, les candidats peu- les disciplines « à risque » en termes quée par toute une série de déci- rain » à la formation théorique. Le nombre de candidats à l’enseignement repart à la hausse Pour la première fois depuis cinq ans, selon des estimations rendues publiques par le ministère de l’éducation nationale, le nombre des inscrits aux concours de l’enseignement a augmenté en 2002. La rue de Grenelle estime que cette tendance permettra d’éviter une crise des recrutements

ENGAGEZ-VOUS ! Le nombre 145 000 incrits aux concours en 2002 présent, avec une pression au sud de net du ministère présentant le information précise sur les discipli- de candidats aux concours de l’en- la Loire et des tensions dans les aca- métier d’enseignant passaient de nes « à risque », en termes de recru- seignement a augmenté en 2002 CONCOURS DES PERSONNELS ENSEIGNANTS, D'ÉDUCATION démies du Nord. Ces résultats amor- 13 000 à 27 000 par jour. Le dernier tement. Depuis plusieurs mois, les pour la première fois depuis cinq ET D'ORIENTATION DANS LE SECOND DEGRÉ cent un rééquilibrage », note facteur est plus conjoncturel. De inquiétudes, relayées par les syndi- ans, selon des estimations rendues 164,5 en milliers de personnes inscrites Gérard Gonfroy, président de la l’aveu du ministère, le contexte éco- cats et les directeurs d’IUFM, por- publiques, lundi 7 janvier, par le 160 conférence des directeurs d’IUFM. nomique, plus difficile depuis le tent moins sur l’évolution de l’en- ministère de l’éducation nationale. NOMBRE DE CANDIDATS Plusieurs facteurs expliquent, 11 septembre 2001, a contribué à semble des recrutements que sur 140 145,0 Ce « renversement de tendance » est selon le ministère, ce renversement renforcer les attraits de la fonction quelques disciplines touchées par jugé « extrêmement réjouissant » 120 de tendance. En premier lieu figure publique. une baisse des effectifs étudiants par Jack Lang, qui voit dans cette 100 l’accroissement du nombre de pos- Des interrogations subsistent ou une forte concurrence des entre- évolution « un effet du climat cons- 80 72,1 tes mis aux concours. Après des néanmoins, rappelées par les syndi- prises du secteur privé. tructif créé depuis deux ans au sein 60 années de réduction des emplois cats enseignants. D’abord parce En physique, en mathématiques, de l’éducation nationale ». De précé- NOMBRE DE POSTES offerts aux candidats – de que ces estimations concernent uni- en langues vivantes, dans l’ensei- 40 21,6 dentes statistiques, portant sur les OFFERTS 21 625 postes en 1994 à 13 590 en 20 17,2 préinscriptions dans les instituts uni- 2000 pour le secondaire —, le gou- 0 16,8 versitaires de formation des maîtres vernement a décidé d’augmenter à Une année « marquée par une série de décisions » (IUFM), avaient laissé craindre, en 1991 93 95 97 99 01 02 nouveau les places aux concours septembre 2001, une très nette dimi- pour répondre aux départs en L’année « sera marquée par toute une série de décisions », a promis nution du nombre de candidats aux Pour l'ensemble des concours de l'enseignement (CAPES, CAPET, retraite. « L’annonce du plan plu- Jack Lang lors de ses vœux à la presse, mercredi 9 janvier. Plusieurs concours de l’enseignement (Le CAPLP, agrégation, CPE, etc.), on comptait un peu plus de huit riannuel a constitué un signe fort », chantiers « en voie d’achèvement » visent à préparer la rentrée 2002. Monde du 20 septembre 2001). candidats inscrits pour un poste dans le second degré en 2002. Pour la argue Jack Lang, rappelant que, en La mise en application de la réforme du collège sera présentée « dans L’augmentation la plus significati- première fois depuis cinq ans, le nombre de candidats a augmenté de novembre 2000, le gouvernement les quinze jours » : nouvelle sixième, itinéraires de découverte, cahier ve concerne le second degré (collè- 3 % en 2002. s’est engagé à recruter des exigences du collégien et nouveau brevet. En janvier, un plan ges et lycées) : alors que le nombre 185 000 enseignants sur cinq ans. « santé à l’école » sera annoncé. de candidats a diminué de près de L’évolution est plus complexe à l’heure, d’évaluer la part de l’aug- Pour la première fois, par Les nouveaux programmes de l’école primaire seront diffusés 15 % sur les cinq dernières années, décrypter pour l’enseignement pri- mentation due aux doubles inscrip- ailleurs, le ministère a publié en « avant février ». En février seront aussi précisées les conditions de la il augmente de 3 % en 2002 sur les maire. Le ministère affiche une aug- tions et celle résultant d’un éven- octobre 2001, avant le début des rentrée universitaire 2002 : rénovation du DEUG, crédits européens, 25 académies étudiées par le minis- mentation de 27 % des candidatu- tuel accroissement des vocations. inscriptions, le nombre de postes, réforme des IUFM. Pour Jean-Luc Mélenchon, ministre délégué à l’en- tère. La hausse concerne aussi l’en- res tout en reconnaissant que, discipline par discipline. Jusque-là, seignement professionnel, « il reste cent jours pour mettre en place les seignement professionnel (+ 4 %) et d’une année à l’autre, les chiffres ne CAMPAGNE DE PUBLICITÉ les candidats devaient s’inscrire premiers lycées de métiers, boucler la réforme du CAP, formaliser la l’enseignement technique (+ 10 %), sont pas comparables. Contraire- La Rue de Grenelle en tire néan- sans savoir combien de places maquette de la licence professionnelle, aboutir à un référentiel européen directement concernés par la con- ment aux années précédentes en moins un bilan positif. Au mini- seraient disponibles. des diplômes professionnels ». currence du secteur privé. « Nous effet, les candidats ont pu se présen- mum, souligne M. Duwoye, «le S’est ajouté, en second lieu, le avons enrayé la chute, ce qui devrait ter dans deux académies différentes fait que les candidats s’inscrivent travail de communication en direc- nous permettre d’éviter une crise de – l’une en Ile-de-France et la deuxiè- dans deux académies montre qu’ils tion du grand public. Au moment quement les inscriptions adminis- gnement professionnel, il subsiste recrutement », explique Pierre-Yves me à choisir parmi les 27 autres aca- ont envie d’entrer dans le métier. où était diffusée à la télévision la tratives. Il faudra attendre les un risque de désaffection. Le minis- Duwoye, directeur des personnels démies —, ce qui a mécaniquement Cela dénote une attirance réelle campagne de publicité sur le épreuves écrites pour mesurer le tère promet de publier rapidement enseignants au ministère. Toute- accru le nombre de candidatures au pour l’enseignement ». La procédu- métier d’enseignant, la plate-for- nombre de présents aux concours, des données plus précises pour cha- fois, du fait de l’augmentation paral- niveau national. Il suffirait ainsi re de double inscription a égale- me d’information téléphonique a qui constitue l’indicateur le plus que discipline. Celles-ci devraient lèle des places aux concours ensei- qu’un quart des candidats, soucieux ment eu un effet d’un point de vue reçu plus de 500 appels quotidiens. pertinent. Dans le primaire notam- permettre de préparer la prochaine gnants (+ 27 % entre 2000 et 2002), de maximiser leurs chances de réus- géographique. Les candidatures 60 % des demandes provenaient de ment, la possibilité donnée aux can- campagne de communication du le nombre de candidats inscrits par site, aient décidé de s’inscrire deux ont augmenté de 59 % à Versailles, salariés désireux de s’informer sur didats de s’inscrire dans deux aca- ministère sur le métier d’ensei- poste continue de décroître : ils fois pour expliquer l’ensemble de la de 62 % à Paris, de 42 % à Montpel- les métiers de l’enseignement, démies pourrait augmenter les gnant, campagne centrée sur les étaient près de onze pour un poste hausse. Les inscriptions s’effectuant lier, 39 % à Lille et de 29 % à Créteil. notamment dans l’enseignement déperditions au moment des épreu- disciplines jugées les plus fragiles. en 2000 ; ils sont à peine plus de académie par académie, le ministè- « La répartition des candidats sur le professionnel. Dans le même ves. Ensuite parce que ces statisti- huit en 2002. re est dans l’impossibilité, pour territoire était très mauvaise jusqu’à temps, les connexions au site Inter- ques globales n’apportent aucune Luc Bronner Relancée il y a un an, la réforme de la formation A l’IUFM d’Antony, les futurs professeurs des écoles préfèrent des enseignants tarde à se mettre en place l’expérience de terrain au « matraquage de notions » EN FÉVRIER 2001, Jack Lang née universitaire (de mai à décem- vient encore « de voir sa faisabili- « JE VIENS uniquement en cours par exemple intéressée par les enseigné une quinzaine d’années à relancait la réforme de la forma- bre), ne changera qu’en 2003. té », souligne-t-on au ministère. parce qu’on doit signer la feuille de pédagogies alternatives mais se gar- l’étranger sous des statuts précai- tion des enseignants. Objet de Autre nouveauté, le programme Autre point majeur, la rénova- présence. » A Antony-Val-de-Biè- dera bien d’en faire état « lors de res et a passé le concours pour réflexion depuis quatre ans, elle national du concours, fondé sur tion de la deuxième année d’IUFM vre (Hauts-de Seine), l’un des cinq l’entretien d’admissibilité ». «On devenir titulaire, rêvent de pouvoir n’est pas encore traduite dans la des épreuves de sciences et lettres, a fait l’objet d’un « cahier des char- centres de l’institut universitaire de nous dit comment penser, comment multiplier les lieux d’observation, réalité. Du moins dans deux fait encore l’objet de discussions. ges » commun aux futurs profes- être, s’insurge Aurélie, vingt-quatre « parce qu’on n’aura jamais plus aspects essentiels : la rénovation La conférence des directeurs seurs des premier et second REPORTAGE ans, pourtant fille d’instituteurs. Il cette possibilité dans notre vie profes- des concours de recrutement et la d’IUFM jugeait que l’épreuve de degrés, rédigé par Philippe Mei- faut rentrer dans le moule éducation sionnelle ». « Il ne faut pas négliger réforme de la deuxième année français, davantage basée sur la lit- rieu, directeur de l’IUFM de Lyon, « Je n’ai appris des nationale. » l’intérêt des modèles », insiste-t-il, d’études en institut universitaire térature que sur la maîtrise de la et remis le 5 novembre au minis- choses qu’en stage », « Le bon enseignant d’IUFM, exprimant son envie de voir fonc- de formation des maîtres (IUFM). langue, favorisait un seul profil tre. M. Meirieu a identifié une tren- n’hésite pas à déclarer décrivent de concert Marion et tionner une classe de primo-arri- Témoin de la complexité du dos- d’étudiants. Les directeurs ont été taine de « passages obligés » pour Inès, vingt-deux ans Lucile, c’est celui qui nous considère vants – c’est-à-dire d’enfants de sier, le comité de suivi de la réfor- entendus. Reste aux syndicats à cette seconde année de formation sur un pied d’égalité, qui nous écou- migrants ne parlant pas français – me instauré par M. Lang ne com- donner leur avis. Le changement censée mieux préparer au métier : te et qui est allé sur le terrain. » Ace ou une classe d’éducation spéciali- mencera véritablement à travailler interviendra à la session 2003. ils devraient selon lui concerner les formation des maîtres (IUFM) de titre, les maîtres formateurs sont sée accueillant des élèves handica- que le 14 janvier, longtemps après Quant aux concours du second principes du service public, l’éthi- l’académie de Versailles, Inès, vingt- unanimement salués. Ces institu- pés. Autant de vœux irréalisables, une réunion d’installation confi- degré, sujet épineux qui voit s’af- que professionnelle, le travail en deux ans, qui a réussi le concours teurs ou professeurs des écoles, qui par manque de moyens. dentielle tenue en octobre 2001. fronter les différentes chapelles dis- équipe, mais aussi la gestion d’une d’entrée dans le métier à l’été 2001, consacrent une partie de leur servi- Cet appétit de terrain, certains « Tout sera applicable à la ren- ciplinaires, « c’est toujours le statu classe, la discipline et les sanc- dresse, comme beaucoup de ses ce à encadrer les stagiaires, savent l’ont eu bien avant l’IUFM, pour trée 2002 », assure pourtant l’en- quo », souligne un responsable syn- tions, les univers culturels des ado- coreligionnaires, un bilan sévère de mieux que quiconque répondre affermir une vocation naissante. tourage du ministre, qui annonce dical. « Nous souhaitons bonne lescents… Le ministère dira ce qu’il son premier trimestre de forma- aux attentes de leurs futurs collè- Salima, vingt et un ans, en premiè- une série de textes réglementaires chance au haut comité de suivi des en retient début février. tion. « Je n’ai appris des choses gues. Les postulants à ces postes- re année pour préparer les épreu- pour le début du mois de février. concours » installé officiellement Au-delà de cette partie commu- qu’en stage », estime la jeune fem- clés se font pourtant de plus en ves du mois de mai, a suivi l’an der- Au-delà de cette date butoir, les le 3 janvier, ironise Gérard Gon- ne, la formation des professeurs me, originaire de Bordeaux. plus rares. Dans les Hauts-de-Sei- nier, pendant sa licence à l’universi- changements ne pourront pas être froy, président de la conférence des écoles, d’une part, des collèges La réforme des IUFM a beau être ne, seuls 80 des 120 postes de maî- té de Créteil, sept demi-journées intégrés aux plans de formation des directeurs d’IUFM. et des lycées, d’autre part, conti- sur les rails, les futurs professeurs tres-formateurs sont pourvus. de stage de « préprofessionnalisa- des IUFM. nuera d’être différenciée. Les pre- des écoles n’en sentent guère le tion » dans des écoles ; à Nanterre, L’un des points les plus délicats STAGE D’UNE VINGTAINE D’HEURES miers auront des stages en respon- souffle et continuent de formuler UNE ALTERNANCE « COMME LES BTS » Delphine, inscrite aussi en premiè- à faire aboutir est la rénovation Le ministère avait aussi prévu sabilité plus longs (neuf semaines les mêmes griefs que leurs prédé- « Ce sont des gens en or. Leurs con- re année, a bénéficié d’une décou- des concours. Elle vise à assurer qu’avant de passer le concours de au lieu de huit). Leur formation cesseurs à l’encontre de l’enseigne- seils sont précieux », clame Laurent, verte plus large encore, avec une une meilleure égalité entre les professeurs de collège ou de lycée théorique bénéficiera désormais ment délivré. « Les cours théoriques vingt-six ans, qui a connu un demi-journée hebdomadaire tout divers candidats, qu’ils soient étu- tout postulant effectue un stage d’une durée encadrée de 450 heu- sont extrêmement pesants », juge apprentissage « à rebours » : recalé au long de l’année. Autant d’expé- diants en première année d’IUFM d’une vingtaine d’heures dans un res en moyenne (M. Meirieu propo- sans détour Marion, vingt-sept ans. au concours 2000, il redoublait sa riences qui évitent de « voir débar- ou à l’université. Le ministère a dif- établissement, base d’une épreuve sait qu’elle dure de 360 à 450 heu- En première année – qui n’est pas première année d’IUFM quand il a quer, comme le raconte Eva, aide- féré l’une des mesures prévues orale préprofessionnelle au con- res maximum). Le texte concer- indispensable pour se présenter au été appelé, en janvier 2001, au titre éducatrice dans une école d’applica- pour les professeurs des écoles : la cours. La mesure s’appliquera nant les professeurs du second concours mais augmente nette- des listes complémentaires, à assu- tion, des stagiaires de deuxième date des épreuves d’admissibilité, « avec prudence » de façon expéri- degré n’est pas encore finalisé. ment les chances d’être reçu –, on rer un remplacement en petite sec- année d’IUFM, et donc reçus au con- qui devait être avancée dans l’an- mentale l’année prochaine. Il con- Malgré les difficultés matérielles accepte le bachotage. Cette année, tion de maternelle. « Là, plus ques- cours, qui rencontrent des enfants rencontrées par les IUFM, d’autres on s’attendait à des choses prati- tion de théorie. On se forme sur le tas pour la première fois ». points de la réforme ont avancé ques, à des outils. « On nous en don- avec les collègues. Pendant trois ou C’est le cas notamment de ceux plus vite. Les « dominantes » en ne peu. » Sans dénier l’importance quatre semaines, on patauge mais qui ont préparé le concours par le art, sport ou langue vivante propo- des savoirs disciplinaires (français, après c’est génial », se souvient-il. biais du Centre national d’enseigne- sées aux professeurs des écoles se maths, langues…), beaucoup regret- Depuis la rentrée, il est revenu à ment à distance. « C’est pour cela sont mises en place dans la majori- tent que l’approche soit trop uni- l’IUFM, en deuxième année cette que j’ai fait aide-éducatrice. Comme té des IUFM, mais avec des horai- versitaire, « de celui qui sait tout fois, renforcé dans sa vocation un test. Pendant les deux premiers res très variables, d’une vingtaine vers celui qui ne sait rien, même si on mais toujours plus enclin aux expé- mois, je me disais d’ailleurs : si c’est d’heures annuelles à plus de a eu des expériences », déplore riences de terrain qu’au « matra- cela une classe, je n’en veux pas ! » 70 heures. Officialisées en 2002, Marion, qui s’estime plus souvent quage de notions ». Aujourd’hui, elle veut s’assurer de elles devront être recadrées. Enfin, « jugée que conseillée ». Pour les futurs enseignants, cette réussir le concours et s’est inscrite l’accompagnement des débutants, « On nous infantilise », résume quête de la mise en situation existe deux fois, à Versailles et à Créteil, inauguré en région parisienne, Lucile, vingt-cinq ans. Certains évo- à tous les stades de la formation. dont les concours ont pourtant lieu devrait concerner, à raison de quent même une sensation de « for- Certains aspirent même à une for- le même jour : « Je me présenterai deux semaines de formation, tous matage ». « C’est comme si on nous mation en alternance, « comme les là où le rapport entre le nombre de les enseignants nouvellement nom- clonait pour être tous pareils », raille BTS », tout en reconnaissant que la candidats et le nombre de postes més à la rentrée. Eva, vingt-quatre ans, aide-éduca- mise en œuvre est délicate. offerts sera le plus avantageux ! » trice préparant le concours avec D’autres, à l’instar de Jean-Philip- Nathalie Guibert des horaires aménagés. Elle se dit pe, trente-trois ans, qui a vécu et Marie-Laure Phélippeau SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 / 9 Les RG contestent avoir mis sur L’Assemblée nationale examine un texte écoutes un chercheur de l’Inserm DANS SON ÉDITION du 11 janvier, l’hebdomadaire Le Point rappor- destiné à mettre fin à la jurisprudence Perruche te qu’un chercheur de l’Institut national de la santé et de la recher- che médicale (Inserm), auteur d’un rapport dénonçant la nocivité du sel ajouté dans les produits alimentaires, aurait été l’objet d’une L’amendement gouvernemental interdit aux enfants de demander réparation d’une erreur de diagnostic prénatal écoute administrative des renseignements généraux (RG). Dans une étude adressée à l’Agence française de sécurité sanitaire des ali- L’Assemblée nationale a examiné, jeudi 10 janvier, fin à la jurisprudence Perruche. Cet arrêt de la Cour d’avorter en raison d’une faute médicale. Désor- ments (Afssa), et qui heurtait de front l’industrie agroalimentaire, la proposition de loi de Jean-François Mattéi et un de cassation indemnise les enfants nés handicapés mais, seuls les parents pourront engager une action Pierre Meneton avait indiqué que l’excès de sel ajouté dans les ali- amendement gouvernemental destinés à mettre lorsque leur mère a été privée de la possibilité en réparation (lire aussi notre éditorial page 13). ments était à l’origine de 75 000 accidents cardio-vasculaires en Fran- ce, dont 25 000 s’étaient conclus par des décès. LES DÉPUTÉS devaient exami- Le deuxième alinéa définit les con- découlant, tout au long de sa vie, de national consultatif des personnes Interrogée par Le Monde, jeudi 10 janvier, la direction centrale des ner, jeudi 10 janvier dans la mati- ditions de l’action en réparation son handicap, déduction faite du handicapées pour présenter au renseignements généraux (DCRG) a déclaré « après vérification » née, la proposition de loi présentée engagée par l’handicapé lui-même, montant des allocations et prestations milieu associatif le texte du gouver- que la DCRG « n’avait jamais mis sur écoutes » M. Meneton. Elle sou- par Jean-François Mattéi, député et non par ses parents. « La person- de quelque nature qu’elles soient, nement. « On est parti sur une bonne ligne par ailleurs que le fac-similé de la demande d’écoutes repro- (DL) des Bouches-du-Rhône, desti- ne née avec un handicap dû à une dont cette personne bénéficie au titre base qui sera sans doute améliorée duit par Le Point comporte une erreur manifeste. L’intitulé du docu- née à mettre fin à la jurisprudence faute médicale peut obtenir la répara- de la solidarité nationale ou de sécuri- par le travail parlementaire », estime ment « Ministère de l’intérieur, direction des renseignements géné- Perruche ainsi qu’un amendement tion de son préjudice lorsque l’acte té sociale. Les organismes sociaux ne Patrick Cohet, directeur général de raux » ne correspond pas à l’intitulé usuel des demandes d’écoutes gouvernemental adopté à l’unanimi- fautif a provoqué directement le han- peuvent exercer de recours à l’encon- l’Unapei, l’une des principales asso- qui porte en en-tête : « Ministère de l’intérieur, direction générale de té, mercredi 9 janvier, par la commis- dicap, l’a aggravé, ou n’a pas permis tre de l’auteur de la faute pour obte- ciations de parents d’enfants handi- la police nationale, direction centrale des renseignements généraux ». sion des affaires sociales de l’Assem- de prendre les mesures pour l’atté- nir le remboursement des allocations capés. blée qui va dans le même sens (Le nuer. » Le lien de causalité entre la et prestations versées. » Une fois voté par l’Assemblée, le Monde du 13 décembre). Rendu le faute et le dommage doit être La jurisprudence Perruche, qui texte sera présenté au Sénat le Cinq enseignants suspendus après 17 novembre 2000, l’arrêt Perruche « direct »: la faute ne peut pas être indemnisait pour la première fois les 22 janvier et inscrit à l’ordre du jour permet d’indemniser un enfant han- une erreur de dépistage car elle doit enfants, et non les seuls parents, de la commission mixte paritaire du dicapé dont la mère a été privée de avoir directement provoqué, aggra- avait notamment pour but d’éviter 30 janvier. Afin d’assurer son vote des fouilles à corps sur des élèves la possibilité d’avorter en raison vé ou non atténué le dommage. que les handicapés soient privés de définitif avant la fin de la législature, d’une faute médicale avérée. leurs indemnités à la mort de leurs la proposition de loi sera insérée CINQ ENSEIGNANTS et deux aides-éducatrices de l’école primaire Dans sa version finale, l’amende- ACTION ENGAGÉE PAR LES PARENTS parents. Pour contourner cet écueil, dans le projet de loi sur les droits Jean-Zay-1, à Châteauroux (Indre), ont été suspendus de leurs fonc- ment gouvernemental comporte Le troisième alinéa interdit aux Bernard Kouchner a annoncé que des malades. « J’espère que l’on ne tions après avoir pratiqué, le 18 décembre, des fouilles à corps sur quatre alinéas. Le premier reprend enfants de demander réparation « l’indemnisation ne s’éteindrait pas croira pas que tout sera réglé avec cet- une soixantaine d’élèves à la suite d’un vol d’argent dans le porte- le principe énoncé par M. Mattéi, lorsque la faute médicale est une avec le décès des parents » (Le Mon- te loi, prévient Marie-Sophie Desaul- monnaie d’une aide-éducatrice. Un conseil de discipline à l’encontre soutenu par des élus d’autres sensi- erreur de diagnostic prénatal qui n’a de du 7 janvier). le, présidente de l’Association des des enseignants se prononcera à la fin du mois sur cette affaire. Le bilités politiques, notamment le pas permis de déceler le handicap, Enfin, le quatrième et dernier ali- paralysés de France (APF). Alors que procureur de la République, Pierre Valleix, a par ailleurs enclenché Mouvement des citoyens, et par dif- comme dans le cas de Nicolas Perru- néa précise que « les dispositions de le gouvernement vient de traiter la une enquête préliminaire pouvant déboucher sur l’ouverture d’une férentes associations de parents che. Seuls les parents pourront alors la présente loi sont applicables aux ins- question de la dépendance des person- information judiciaire. d’enfants handicapés : « Nul ne peut engager une action en répara- tances en cours, à l’exception de celles nes âgées en instituant l’Allocation « Des enfants ont pleuré, beaucoup ont manifesté une grande inquiétu- se prévaloir d’un préjudice du seul tion. « Lorsque la responsabilité d’un où il a été irrévocablement statué sur personnalisée d’autonomie, alors de de devoir ainsi retirer un pantalon, un collant, un pull-over, a décla- fait de sa naissance. ». Ce premier ali- professionnel ou d’un établissement le principe de l’indemnisation. » qu’il a suffi de quelques mois pour ré le recteur de l’académie d’Orléans-Tours, Christian Nique. C’est néa devrait permettre d’apaiser le de santé est engagée vis-à-vis des « C’est un amendement de compro- décider de légiférer sur l’arrêt Perru- une affaire très grave. » « Il semble que la dignité des élèves n’aurait débat parlementaire. « Même si juri- parents d’un enfant né avec un handi- mis et d’équilibre », note Mme Royal che, le problème de la prise en charge pas été pleinement respectée », a déclaré mercredi 9 janvier Jack diquement, cette phrase n’est pas très cap non décelé pendant la grossesse à en soulignant que « c’est la première des personnes handicapés n’est, lui, Lang, ministre de l’éducation. Pour la ministre déléguée à la famille utile, il fallait quand même la retenir la suite d’une faute caractérisée, les fois qu’une loi rectifie une jurispru- toujours pas réglé», fait-elle remar- et à l’enfance Ségolène Royal, il s’agit d’« un comportement d’extrê- pour des raisons politiques », confie titulaires de l’autorité parentale peu- dence très récente de la Cour de cassa- quer. me violence, d’atteinte à l’intimité d’enfant, d’abus de position domi- Ségolène Royal, ministre déléguée à vent demander une indemnité desti- tion ». La ministre, qui s’est finale- nante ». la famille et aux personnes handica- née à la personne handicapée, corres- ment ralliée à l’idée de légiférer, a Paul Benkimoun pées. pondant aux charges particulières réuni, mercredi 9 janvier, le Conseil et Sandrine Blanchard DÉPÊCHES a DROGUE : quarante kilos d’héroïne ont été saisis, mardi 8 jan- vier à Montpellier (Hérault), au domicile de trois frères, dont deux sont en prison pour trafic de stupéfiants. Le troisième frère, âgé de La justice ordonne la remise en liberté d’une Ivoirienne maintenue en zone d’attente 20 ans, a été arrêté au moment de la saisie de la drogue. L’héroïne, d’une valeur de 8 millions d’euros (plus de 52 millions de francs), C’EST au tour de la justice de nées que leur demande d’asile soit chambre de la cour d’appel, Bruno des arrivées d’étrangers en zone d’at- était destinée au marché régional et devait être écoulée par une ving- dénoncer la situation dans les zones prise en compte. Et sont souvent Boval, s’est rangé à ces arguments. tente, prévient l’Anafe. Il faut que les taine de trafiquants qui auraient été identifiés. d’attente. Dans une décision rendue réembarqués de force vers leur pays L’ordonnance de remise en liberté pouvoirs publics redéfinissent une réel- a VOL À MAIN ARMÉE : trois hommes encagoulés, dont l’un le 29 décembre 2001, la cour d’appel d’origine (Le Monde du 11 décembre sonne en effet comme une condam- le politique d’accueil et permettent un était porteur d’une arme de poing, ont attaqué une agence du Cré- de Paris a ordonné la remise en liber- 2001). nation du ministère de l’intérieur. accès permanent aux associations. » dit lyonnais de Soisy-sur-Seine (Essonne) mercredi 9 janvier. Ils sont té d’une Ivoirienne, en invoquant Selon un procédé dénoncé par les Mme D. a été maintenue dans des repartis avec un butin principalement constitué de billets en francs explicitement les conditions déplora- militants associatifs, la police aux conditions « portant atteinte à la Sylvia Zappi déjà « trouillotés ». bles dans lesquelles elle était mainte- frontières (PAF) n’a pas « entendu » dignité des personnes », écrit le nue à l’aéroport de Roissy-Charles- la demande d’asile formulée par magistrat, qui précise que le ministè- de-Gaulle. C’est la première fois, Mme D.. Les policiers ont tenté par re de l’intérieur « ne peut pas sérieu- selon plusieurs associations, qu’une deux fois de la réexpédier vers Abid- sement invoquer la force majeure décision de maintien à l’encontre jan, mais la jeune femme a refusé pour justifier la perpétuation d’une d’un étranger non admis sur le terri- d’embarquer. Le 27 décembre, la situation devenue désormais quasi- toire est cassée pour ce motif. Voilà jeune femme est parvenue à contac- permanente ». L’administration s’est des mois que les zones d’attente ter son avocate, Hélène Gacon, et par ailleurs rendue responsable sont régulièrement dénoncées com- lui a raconté ses difficultés. L’avoca- d’une « voie de fait » en n’enregis- me des « zones de non-droit » par les te a réussi, en téléphonant à l’offi- trant pas la demande d’asile lorsque associations et les parlementaires. cier de la PAF, à éviter un renvoi for- Mme D. l’a présentée. Le soir de Noël, le 24 décembre cé et a fait appel de la décision de L’Association nationale d’assistan- 2001, Mme Soussaba D., jeune Ivoi- maintien. ce aux frontières pour les étrangers rienne débarquant à Roissy munie (Anafe) devait évoquer cette situa- d’un faux passeport, s’est vue refu- « ATTEINTE À LA DIGNITÉ » tion auprès du cabinet de Daniel ser l’entrée sur le territoire français Pour Me Gacon, les conditions de Vaillant, jeudi 10 janvier. L’Anafe et a été placée en zone d’attente. Les maintien « déplorables » de sa clien- devait être reçue dans l’après-midi locaux hôteliers prévus à cet effet te sont constitutives d’une voie de par un conseiller du ministère de l’in- étant saturés, la jeune femme a été fait – « elle est maintenue toute la térieur. Des associations avaient maintenue dans une salle d’embar- journée dans une salle d’attente sur- déjà tenté d’alerter les pouvoirs quement d’Air France du terminal peuplée où les étrangers sont obligés publics, lors d’une entrevue à Mati- 2 B, réquisitionnée par le ministère d’uriner dans des bouteilles », a-t-elle gnon, le 10 décembre 2001. Les con- de l’intérieur. Derrière de timides expliqué à l’audience, excipant le seillers du premier ministre les paravents, des dizaines d’étrangers témoignage écrit d’Amnesty Interna- avaient alors renvoyés vers la place sont retenus dans une grande préca- tional, en visite sur les lieux ce jour- Beauvau. « Nous allons demander rité. Dormant par terre ou sur des là. Elle a aussi critiqué le refus de la au ministre [de l’intérieur] ce qu’il sièges métalliques, ne pouvant se PAF d’enregistrer la demande d’asi- entend prendre comme mesures pour laver, ils attendent de longues jour- le de sa cliente. Le président de faire face à l’accroissement constant Les restes d’un prélat français emportés vers la Nouvelle-Zélande UN PETIT CERCUEIL d’un mètre de long pour con- pays. » En 1840, il assista au traité de Watangi, qui tenir les restes d’un grand homme : les ossements de donnait la Nouvelle-Zélande à la Couronne anglaise : Mgr Pompallier, premier évêque d’Auckland, mort et invité à prendre la parole par le gouverneur anglais enterré à Puteaux en 1871, ont pris l’avion pour la Hobson, il demanda seulement la liberté religieuse, Nouvelle-Zélande, jeudi 10 janvier. On imagine mal, avant de se retirer pour ne point prendre part à la en France, la notoriété de ce saint homme aux antipo- signature. Bon pasteur, mais piètre gestionnaire, il des. « Et pourtant, raconte le Père Jean-Yves Rio- revint en France en 1868, fatigué, vieilli et ruiné. Il creux, recteur de Notre-Dame de Paris et aumônier mourut à Puteaux dans l’indifférence, en 1871. des Océaniens, il est aussi connu là-bas que Lafayette Mais les Maoris n’avaient pas oublié « bishop Pom- aux Etats-Unis… » pallier ». A chaque génération, un enfant portait pieu- Il faut dire qu’il avait fière allure, Jean-Baptiste sement comme prénom le patronyme du prélat fran- François Pompallier, quand il prit la mer pour les îles çais : « Pomparie » en maori. « Depuis plus d’un siè- du bout du monde, en 1836. Ce fils de soyeux lyon- cle, explique le Père Henare Tate, vicaire épiscopal du nais, aumônier du collège de La Favorite, venait diocèse d’Auckland pour les Maoris, nous disons solen- d’être nommé évêque de toute l’Océanie occidentale nellement à chaque nouvel évêque : “Tu marcheras sur par le pape Grégoire XVI. Le plus grand diocèse du les traces de Mgr Pompallier”. » monde : un sixième de la planète ! Il partait avec la La tombe du cimetière de Puteaux était devenue bénédiction du roi des Français, Louis-Philippe 1er,et un lieu de pèlerinage pour les catholiques néo- les prières de la reine Marie-Amélie. Mgr Pompallier zélandais, qui représentent 15 % de la population, cinglait vers les mers lointaines avec l’enthousiasme mais 25 % chez les Maoris. En 1997, l’Eglise de Nou- propre à cette époque romantique, sans connaître ni velle-Zélande demanda officiellement l’autorisation le pays ni sa langue. Le voyage dura un an. La routi- de ramener les restes de Mgr Pompallier dans son ne : un mort en route, deux missionnaires laissés à diocèse. Une première exhumation eut lieu l’année Wallis et Futuna, dont l’un, Pierre Chanel, devait mou- suivante : on trouva dans le cercueil, à côté des osse- rir martyr. ments, une mule épiscopale ornée d’une croix bro- dée, et les perles d’un collier maori. « JE SAIS COMBIEN JE T’AIME » Mercredi soir, une délégation de quarante Maoris Le 13 janvier 1838, Mgr Pompallier célébrait sa pre- a pris possession solennellement des restes du pre- mière messe sur le sol néo-zélandais. En quelques mier évêque d’Auckland, lors d’une messe célébrée à mois, le prélat français apprit le maori. Il fit l’acquisi- Notre-Dame de Paris. Femmes et hommes ont enton- tion d’un bateau, le Santa Maria, pour sillonner son né un cantique à la Vierge, composé par Mgr Pompal- immense diocèse. A un chef maori qui lui souhaitait lier : « Mo Maria aianei », « Notre chant est pour toi la bienvenue, il fit cette réponse, restée gravée dans Marie ». les mémoires : « Je sais combien je t’aime, puisque pour toi et ton peuple, j’ai quitté ma famille et mon Xavier Ternisien 10 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 La côte basque étouffe sous la demande de logements Les deux tiers des habitants des Pyrénées-Atlantiques se concentrent sur moins d’un dixième de leur territoire : le bord de l’océan. Du fait d’un urbanisme parcellaire, le marché immobilier, d’achat ou de location, est bloqué. Le foncier disponible devient rare et se loger coûte cher

BAYONNE population de 1992 et 1999 : 70 % à l’agence d’urbanisme du Pays nous devons prévoir trente mille souci que n’a pas Jean-René de notre correspondant des habitants du Pays basque de basque, balaie d’abord quelques habitants de plus. Cela passe par Etchegaray, puisque le parc de LANDES A tous les visiteurs, l’agence EH France résident sur un rivage qui idées toutes faites : « Des terrains, des lotissements communaux en péri- en compte déjà 30 % : OCÉAN Hossegor Immobilier de Saint-Pierre-d’Iru- ur ne correspond qu’à 9 % de ce terri- il y en a, assure-t-il. Encore faut-il phérie, voire des constructions socia- « Nous jouons plutôt sur la rénova- ATLANTIQUE 3 o A6 d be, près de Bayonne, dans les Pyré- A toire. Ce constat ne suffit pourtant bien les utiliser. Mais sans véritable les en milieu rural. » « Surtout, insis- tion du centre-ville pour faire reve- A64 nées-Atlantiques, délivre le même Bayonne pas à décrire un espace de plus en schéma directeur, la population te M. Iputcha, il faudrait déconcen- nir les jeunes couples au cœur de la message : « Il n’y a rien à louer. » plus écartelé entre trois logiques. s’est diluée avec du grand parcellai- trer l’activité : entreprises, bureaux cité. » Grâce, notamment, à des « Cette situation est dramatique, se St-Jean-de-Luz Saint-Pierre La première est la densification re dévoreur de terrain. » « Il reste et lycées, trop confinés sur la côte, et aides à l’habitat ancien. « Cette d'Irube désole son responsable, Michel Arbonne d’une zone urbaine qui franchit la du foncier disponible, insiste M. Les- rapprocher emplois et habitat. » politique de reconquête et de densi- Harriague. Seul fonctionne le bou- Saint-Sébastien PYR. -ATLANT. frontière, va de Bayonne à Saint- bats. Mais il n’est pas encore ouvert Mettre un peu plus de ville à la fication, menée de pair avec des ter- che-à-oreille, et les loyers sont N Sébastien (soit un total de à l’urbanisation. » campagne : Jean Bareille, maire rains qui resteraient aux mains des i v chers. » Le constat est général e 600 000 habitants). La deuxième Ce blocage tiendrait de la frilosi- dans ce département : la pénurie dominante est un tourisme encore té des collectivités, de l’attache- règne. Sur la côte basque, il est dif- ESPAGNE Saint-Jean- très estival, qui reste une activité ment à la terre ancré dans les Une forte progression de la population ficile de louer, pas facile d’acheter Pied-de-Port dominante sur la côte basque, esprits, mais aussi de la spécula- et guère évident de construire. Et 15 km d’où des équipements spécifiques tion. « Résultat, nous vivons ici une De 1990 à 1999, la population du Pays basque a continué de s’accroî- ce n’est pas mieux à l’intérieur, en peu utilisés en hiver et des résiden- urbanisation horizontale qui frôle le tre, passant de 249 641 à 260 382 habitants. Les naissances équilibrant milieu rural. ces secondaires en nombre : 22 % gaspillage, souligne Philippe à peine les décès, cette progression est due essentiellement à des per- Aussi les prix élevés rendent-ils des logements sur la côte, près de Fénot, directeur du COL (un cons- sonnes venues du reste de la France : des retraités, certes, mais sur- délicat l’accès au logement pour héberger leurs cadres venus de la moitié à Saint-Jean-de-Luz. tructeur de logements sociaux). tout des cadres et des techniciens changeant d’emploi et leurs les particuliers, notamment sur l’extérieur, ou pour trouver des Enfin, ce littoral est l’un des deux Lorsque Saint-Sébastien accueille familles. Plus que sur la communauté d’agglomération Bayonne- Bayonne, où, rappelle l’adjoint au terrains afin de s’implanter ou de couloirs de circulation entre l’Espa- entre quatre cents et six cents loge- -Biarritz (BAB), bien embouteillée, ces arrivants se fixent sur le maire chargé de l’urbanisme, Jean- se développer. gne et le reste de l’Europe, concen- ments à l’hectare, Bayonne n’en a reste de la côte – par exemple à la périphérie de Saint-Jean-de-Luz – René Etchegaray (UDF), « cin- Comme ailleurs dans l’Hexago- trant routes, voie ferrée et une que quatre-vingts, et l’ensemble de ou sur les contours de BAB : dans la banlieue de Bayonne, le canton quante-cinq pour cent des ménages ne, la côte basque vit une urbanisa- autoroute de plus en plus saturée la communauté d’agglomérations de Saint-Pierre-d’Irube a, en neuf ans, accueilli 1 615 personnes sup- ont des revenus faibles et ne paient tion croissante autour des agglo- de camions internationaux. Bayonne-Anglet-Biarritz à peine plémentaires, pour atteindre 13 066 habitants. Or le parc de loge- pas d’impôts, un taux qui est de qua- mérations. De plus, elle subit un La gestion de l’espace est deve- vingt-cinq. » ments était très insuffisant pour les besoins. Les personnes venant de rante pour cent à Biarritz ». Cette attrait pour le littoral. Ces deux nue un dossier crucial pour le Pays l’extérieur ont donc le plus grand mal à trouver un toit sur la côte et rareté affecte aussi les entrepri- mouvements ont été mis en évi- basque. Pour s’en tenir au seul PRIX DISSUASIFS reportent leur demande vers le Pays basque intérieur ou le sud des ses, qui éprouvent des difficultés à dence par les recensements de la logement, Bernard Lesbats, expert Enfin, la priorité accordée au Landes. – (Corresp.) tourisme a suscité une survalorisa- tion de la côte, « une notoriété qui TROIS QUESTIONS À… ce : se loger ici coûte cher. Pour Que proposez-vous pour fige ce secteur », selon M. Lesbats. d’Arbonne, une commune de collectivités, permettra de souffler aller à l’essentiel, c’est le foncier 3dénouer cette situation ? Pourtant, les données de la cham- 1 400 habitants au sud-est de Biar- un peu », espère Jean-Marie DENIS CANIAUX qui ne va pas : l’urbanisation, jus- Il y a du foncier disponible pour bre des notaires des Pyrénées- ritz, le souhaite, mais avec mesure. Etchart, directeur du PACT, un qu’à présent, a été surtout horizon- construire. Mais la volonté et les Atlantiques montrent que 54 % « La pression pour construire est ici office de réhabilitation. Vous êtes urbaniste et direc- tale, si bien qu’un habitat peu den- choix ne sont pas toujours au ren- des biens vendus sur la côte bas- très forte, reconnaît-il, mais, sans Chacun s’attend, cependant, à 1teur adjoint du PACT-CDHAR, se allié à des plans d’occupation dez-vous. Les schémas de cohéren- que sont achetés par des person- réserves, la municipalité n’a pas les l’arrivée de nouveaux flots que un organisme qui soutient la réha- des sols pas vraiment coercitifs ce territoriale (SCOT) en cours nes qui y vivent déjà. Il y a peu de moyens d’une politique foncière. » pourraient apporter le TGV Atlan- bilitation de l’habitat ancien aboutit à un marché très tendu. d’élaboration devraient préparer Girondins ou de Parisiens, même Il place ses espoirs dans l’intercom- tique ou l’euro : déjà, depuis autour de Bayonne. Comment l’avenir, par exemple en ména- si cinq mille retraités sont venus munalité et les schémas de cohé- 1990 au moins, des salariés de expliquez-vous la pénurie de loge- Faites-vous un constat iden- geant des réserves foncières et en résider dans ce secteur entre 1982 rence territoriale (SCOT) : suite à Saint-Sébastien et alentours ont ments sur la côte basque ? 2tique pour l’accession à la recommandant une certaine densi- et 1990. Quant au logement collec- la récente loi sur la solidarité et le investi dans l’immobilier de l’autre Il n’y a pas une mais plusieurs propriété ? té. A plus court terme, les plans tif, le prix au mètre carré est deve- renouvellement urbain (SRU), côté de la frontière. Avec la trans- causes à cette pénurie. D’abord, Le prix d’achat de la moindre locaux d’urbanisme devraient pré- nu dissuasif pour les autochtones, deux ensembles se dessinent ici, parence des prix et des échanges l’importance des résidences secon- maison sur la côte basque dépasse voir des emplacements réservés qui doivent se rabattre sur un loca- l’un autour de Bayonne, l’autre plus denses entre les deux côtés de daires dans le parc (22 %) et la pré- les 150 000 euros (1 million de pour faire des logements sociaux. tif rarissime, même à la campagne, pour la côte basque sud. la Bidassoa, la monnaie unique férence des propriétaires pour les francs), et, pour un appartement, Et le recours plus fréquent à car les propriétaires préfèrent En poussant les collectivités à pourrait pousser des habitants locations saisonnières. Par ailleurs, il faut compter au minimum entre des procédures d’aménagement louer pour l’été, une option plus plus de volontarisme sur le fon- d’Irun et d’au-delà à rechercher aujourd’hui, on dénombre sur la 1 500 et 1 800 euros le mètre carré concerté (ZAC), par exemple, per- rémunératrice à court terme. cier, ces dispositifs les amèneront des logements plus spacieux, côte entre quatre mille et cinq neuf (de 10 000 à 12 000 francs). mettrait de développer un habitat « Pour en sortir, la priorité, c’est aussi à des arbitrages pas forcé- moins bruyants et meilleur mar- mille demandes de location à Les jeunes, les personnes en diffi- correspondant aux besoins. le foncier, tranche Christian Iput- ment très populaires autour des ché autour de Hendaye et de Saint- l’année en résidence principale, culté et, de manière plus générale, cha, directeur du Comité interpro- terres agricoles, des futurs axes Jean-de-Luz. preuve que l’on ne construit pas beaucoup de gens d’ici n’arrivent Propos recueillis par fessionnel du logement. Car les de transport ou du seuil minimum assez de logements. Conséquen- plus à se loger. Michel Garicoix financements pour bâtir existent et de 20 % de logements sociaux. Un M. Gx L’avant-projet de loi sur les risques industriels préconise de renforcer la sécurité autour des usines existantes YVES COCHET, ministre de pera à hauteur de 25 %. Ces urbaine. Pour chaque usine, « plu- l’aménagement du territoire et cagnottes indemniseront les tra- sieurs dizaines d’habitations » et de l’environnement, a remis, mar- vaux sur les habitations aux quelques bâtiments publics di 8 janvier, à TotalFinaElf et à abords des établissements et per- seraient susceptibles d’être amé- plusieurs autres groupes chimi- mettront, le cas échéant, des relo- nagés, préemptés ou fermés. ques l’avant-projet de loi sur les gements à distance. risques industriels qu’il avait lui- « A terme, il s’agirait de créer des RÉSIDENCE ÉTANCHE même annoncé le 28 septembre zones inconstructibles », explique L’estimation des coûts des tra- 2001, une semaine après la catas- le cabinet de M. Cochet. Jusqu’à vaux de sécurité pour les loge- trophe de Toulouse. La copie a présent, seules les usines créées ments en zone à risques est enco- été adressée également, pour depuis 1987 sur des sites nou- re assez imprécise. Une pièce- consultation, aux associations de veaux donnaient droit à dédom- refuge de confinement coûterait défense de l’environnement. magement des habitants par les 1 000 euros. Selon le ministère de Le projet de loi invente « une exploitants. Dans les faits, la loi l’environnement, « plusieurs mil- méthode » pour les usines existan- de 1987 n’a débouché sur aucun liers ou dizaines de milliers tes, autour desquelles l’exigence versement d’indemnités ni sur d’euros » seront nécessaires pour de sécurité de la part des rive- aucune demande de déplacement. rendre une résidence entière- ment étanche au bruit ou à une explosion. Au niveau national, les Vers de nouvelles directives européennes mesures de protection coûte- raient, au total, « plusieurs dizai- Yves Cochet, le ministre de l’environnement, a présenté au conseil nes de millions d’euros ». européen de l’environnement, le 29 octobre 2001, un mémorandum Outre la maîtrise de l’urbanis- des mesures qui pourraient être prises au niveau communautaire me, le projet de loi vise à dévelop- pour les usines à risque. Parmi elles figure la proposition d’abaisser per « la démocratie du risque ».Il le seuil de nitrate d’ammonium au-dessus duquel une firme qui confère aux comités d’hygiène, utilise cette substance est soumise à la directive Seveso 2. Présent de sécurité et des conditions de dans les principaux engrais fabriqués en France, le nitrate est à l’ori- travail (CHSCT) des entreprises gine de l’explosion de l’usine AZF de Toulouse. Selon M. Cochet, «la un droit de commander des quantité de nitrate d’ammonium impliquée dans la catastrophe de études sur les dangers liés aux Toulouse est probablement inférieure aux seuils fixés » par la directive, matières utilisées. qui prévoit des contraintes de sécurité draconiennes de production et Il crée l’obligation pour l’Etat de sécurité. Le ministre espère obtenir gain de cause, en mars, au d’installer des comités locaux prochain conseil européen des ministres de l’environnement. Il d’information et de prévention organise, les 12 et 14 février, à Lille, un séminaire européen sur la sur les risques industriels, qui maîtrise de l’urbanisme autour des sites industriels. auront « un pouvoir de contre- expertise ». Ils regrouperont des industriels, des experts, des repré- rains s’est accrue depuis quel- Depuis une quinzaine d’années, sentants des collectivités locales ques années, et plus encore au en effet, les entreprises nouvelles des salariés. Enfin, la loi appro- lendemain de la tragédie de Tou- se sont implantées à l’écart des fondit les contrôles des risques louse. Il prévoit la création de zones peuplées. En cas de nouvel- chez les sous-traitants. plans de prévention des risques le étude qui démontrerait la dan- Le projet devrait être déposé en technologiques (PPRT), qui asso- gerosité accrue d’une installation conseil des ministres au début du cieront les entreprises, les orga- ou d’une extension d’un établisse- mois de février. Si ce texte a été rédi- nismes publics de contrôle et les ment, la future loi assigne au seul gé en un délai record, il a peu de associations locales pour évaluer industriel le devoir d’indemniser chance d’être débattu au Parlement les besoins de sécurité. les riverains pour leurs travaux ou avant la fin de cette législature. leur déménagement. Mais, à Matignon, on se dit certain « ZONES INCONSTRUCTIBLES » Au total, d’« un tiers à la moitié qu’« il sera repris par le prochain gou- Il envisage la mise en place de des 670 établissements à hauts ris- vernement, qu’il soit de droite ou de fonds régionaux de financement, ques » en France seront concer- gauche », car, ajoute-t-on, « le sujet qui seraient abondés par les nés globalement par les disposi- est très consensuel ». industriels et par les collectivités tions de la nouvelle loi. Soit uni- locales, et auxquels l’Etat partici- quement ceux qui sont en zone Béatrice Jérôme LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 / 11 HORIZONS ENQUÊTE

ES médias n’ont rete- nu que le nom de Nicolas Perruche. Pourtant, depuis l’ar- rêt du 17 novembre 2000 décidant d’in- demniser cet enfant né lourdement han- dicapé après une erreur médicale, la Cour de cassa- Ltion a jugé quatre autres affaires similaires, dont une seule – celle de Lionel, trisomique – a donné lieu elle aussi à une décision d’in- demnisation. Ces familles se sont tournées vers la justice pour demander réparation du préjudice subi par leur enfant afin qu’il puis- se vivre dignement. Elles ont cha- cune une histoire singulière. Aucu- ne n’aurait imaginé que leur démarche entraînerait un tel débat médico-juridique, politique et éthi- que. Deux d’entre elles ont accep- té de témoigner sur leur vécu long et douloureux de parent d’enfant handicapé victime d’une faute médicale.

b Anne Manankoff et son fils Lionel, trisomique. Pendant toute sa grossesse, Anne Manankoff a « fait confian- ce » à son gynécologue. Elle était étudiante en faculté d’anglais, elle avait vingt ans, c’était son premier enfant, alors, pour choisir son médecin, elle avait regardé dans l’annuaire « celui qui indiquait le plus de spécialités ». Elle avait lu « échographie, stérilité », cela lui semblait bien. A seize semaines d’aménorrhée, le gynécologue lui propose, sur ordonnance, de réali- ser une prise de sang permettant de détecter un éventuel risque de trisomie 21. Les analyses du labora- toire étant directement envoyées au médecin, Anne Manankoff demande, lors de la visite suivante, les résultats. « Tout est normal », lui répond le gynécologue. La jeune femme, « en toute confian- ce », ne demande pas à lire les documents du laboratoire. A Histoires de handicap l’échographie morphologique, l’an- nonce d’un « fémur court » inquiè- te Mme Manankoff. « Le père, d’ori- « préjudice d’être né ». «Onena entrent en contact avec un avocat frais » de la pression médiatique gine sénégalaise, est très grand et je Plusieurs familles ont engagé pris plein la tête, on s’est retrouvés spécialisé et décident, un an après autour de l’arrêt Perruche, rendu ne comprenais pas comment mon comme coupables ; on a le sentiment la naissance de leur fille, d’enclen- quelques mois plus tôt, et notam- bébé pouvait avoir de petites jam- une action en justice d’avoir toute la France contre nous cher une procédure judiciaire. ment des lobbies « des médecins, bes. Alors le médecin me disait : alors que l’on ne pense qu’au bien de « Jusqu’à l’arrêt Perruche, person- des assurances et des extrémistes anti- “Vous êtes d’origine celtique, les Bre- pour que leur enfant notre fille », raconte ce père, les lar- ne ne s’est intéressé à notre affaire. avortement ». « Pourquoi fait-on des tons ont un physique trapu”. » La mes aux yeux. Directeur d’entrepri- Nous n’avons jamais voulu ce tapage échographies ? C’est une grande mas- grossesse se poursuit, la future handicapé victime se, il s’insurge contre « cette société médiatique, nous sommes restés dans carade. Nous sommes dans une socié- mère pense sans arrêt à cette his- judéo-chrétienne qui confond la l’ombre pendant dix ans, jusqu’à ce té hypocrite qui ne prend pas ses res- toire de « fémur court », comme si d’une faute médicale morale et le droit ». Il a accepté de que l’affaire Perruche – que nous ponsabilités », considère-t-il. Les elle avait un pressentiment. Mais, parler pour dire ce qu’il a sur le n’avons pas attendue pour défendre 200 000 francs de préjudice moral à chaque échographie, le gynécolo- obtienne réparation. cœur, mais il a souhaité garder notre fille – nous déboule devant », « ont simplement permis de payer les gue découvre « un beau bébé ». l’anonymat pour « protéger » Vanes- souligne le père, qui se définit com- avocats ». Un mois avant le terme, le 27 jan- Deux d’entre elles sa [le prénom a été changé] et ses me « un citoyen lambda qui deman- vier 1995, Mme Manankoff accou- trois grandes sœurs. de que justice soit rendue ». En pre- ANESSA ne marchera jamais che d’un petit garçon prénommé ont accepté de raconter Vanessa est née le 31 octobre mière instance, en 1995, le tribunal et ne pourra pas avoir une Lionel. « A la naissance, j’ai tout de 1989, atteinte d’une grave malfor- a notamment reproché à l’un des Vvraie vie de femme. «Nous suite été frappée par ses yeux obli- leur quotidien éprouvant, mation congénitale du rachis appe- deux médecins attaqués « les men- avons voulu nous battre pour son ave- ques. Je le trouvais mignon et en lée spina bifida. « J’ai assisté à l’ac- tions fausses écrites de sa main sur les nir, pour qu’elle soit moins dépen- même temps j’avais l’impression de avec l’espoir qu’une loi couchement, ce fut terrible. Les infir- deux comptes rendus d’échogra- dante de nous. Pourquoi n’assu- voir un petit diable. » Inquiet par le mières ont tout de suite appelé le phie ». Les docteurs ont alors inter- re-t-on pas l’indemnisation financiè- manque de tonus de l’enfant, le ne remettra pas en cause médecin et Vanessa a été transportée jeté appel de cette décision. En re de ces enfants-là ? La société est pédiatre demande l’examen du dans un hôpital pour enfants. Le len- 1997, la cour d’appel de Versailles a mal à l’aise face au handicap, il faut caryotype. « Cinq jours après sa l’arrêt Perruche demain, nous apprenions que notre confirmé le jugement et condamné arrêter de se mettre un masque. » Le naissance, alors que j’allais sortir de fille serait paralysée des jambes et les médecins à verser 200 000 francs handicap de Vanessa, ses parents le la maternité, le pédiatre m’a télé- sur leur indemnisation incontinente à vie. Nous avons eu le aux parents, au titre de l’indemnisa- vivent « au jour le jour ». « Depuis phoné pour m’annoncer que Lionel sentiment que tout s’effondrait. » tion de leur préjudice moral. En douze ans, c’est un combat perma- était atteint d’une trisomie 21. J’ai Sentiment d’autant plus fort que revanche, elle a débouté le couple nent, pour qu’elle ait une place à hurlé, je ne comprenais pas », 650 000 francs au titre du préjudi- Aujourd’hui, Lionel a sept ans rien, pendant les neuf mois de gros- de leur demande d’indemnisation l’école, des loisirs comme les autres. raconte la jeune femme, les yeux ce subi par Lionel et 100 000 francs et, depuis la mort de sa grand- sesse, ne laissait présager la surve- de leur enfant. Malgré tous les Téléthons du monde, embués. « Mon gynécologue m’a au titre du préjudice économique mère, il est accueilli la journée dans nue de malformations. Les deux « Je suis incapable de dire ce que il faut se battre chaque année », dit que ce n’était pas un drame, de la mère. Réaffirmant l’arrêt Per- un institut médico-éducatif. Il a échographies effectuées à la dix-hui- l’on aurait fait il y a douze ans si les explique son père. qu’il existait des trisomiques qui ruche, la Cour de cassation a, dans trois frères et sœurs de deux autres tième et trente-cinquième semaines médecins nous avaient informés du Quant à l’argent, c’est aussi le avaient le bac et m’a redit que mon un arrêt du 28 novembre 2000, pères, partis eux aussi. « Je n’ai pas d’aménorrhée avaient conclu à un handicap de Vanessa pendant la gros- nerf de la guerre pour améliorer la taux lors de la prise de sang avait accordé la « réparation intégrale » eu de chance avec les hommes, examen normal même pour le « sui- sesse. C’est comme si on vous deman- vie de Vanessa. « Heureusement que été normal. » du préjudice de Lionel et a ren- aucun n’a voulu vivre avec moi à cau- vi du rachis ». Les quatre premiers dait : “Que feriez-vous s’il vous restait je suis cadre et que j’ai une bonne Elle décide alors d’obtenir les voyé l’affaire devant la cour d’ap- se de Lionel », raconte Mme Manan- mois de sa vie, Vanessa les a passés un mois à vivre ?”, en sachant que mutuelle. On se rend compte qu’un documents de son analyse biologi- pel de Paris pour réévaluer, à la koff. « Depuis plus de trois ans, le dia- à l’hôpital pour y subir douze inter- c’est une hypothèse, et de se retrouver enfant handicapé dans une famille que. « Je suis allée au laboratoire et hausse, le montant des indemni- gnostic de l’autisme a été posé. Lionel ventions. « Cette période a été très réellement face à cette situation. On avec peu d’argent, c’est comme une après avoir beaucoup insisté ils ont tés. « J’ai appris en même temps a de graves troubles du comporte- difficile. Nous avons failli perdre deux ne peut pas savoir, c’est impossible. » deuxième injustice », estime-t-il. fini par me donner les résultats. que les médias que mon dossier pas- ment. Il faut le surveiller constam- « Nous avons acheté un fauteuil qui C’était édifiant. J’étais dans une sait en Cour de cassation. Je suis ment, il jette tous les objets par terre, lui permet de se déplacer sans que zone à risque qui aurait dû entraî- contente, mais j’ai peur que la loi à il n’est toujours pas propre et mange « Nous entendions les infirmières dire que quelqu’un ait besoin de la pousser. Il ner une amniocentèse. Le labora- venir annule tout, il y a de telles pres- mixé », énumère sa mère, qui se dit a coûté 130 000 francs, la Sécurité toire m’a dit que ce n’était pas leur sions », s’inquiète-t-elle. Pour l’ins- « fatiguée » par cette « vie inferna- Vanessa était dans “le service des erreurs sociale ne rembourse que problème et que j’aurais dû être tant, elle vit grâce au RMI et aux le ». « J’aimerais être aidée par quel- 50 000 francs. Il a fallu aussi une voi- informée par mon médecin. » Sou- allocations et n’a « pas touché » à qu’un de compétent comme l’était d’échographie”, cela nous a confortés ture spéciale, et maintenant qu’elle a tenue par sa mère, qui l’aide à rédi- l’argent qui lui a été versé. « J’at- ma mère, pour que Lionel progresse douze ans il faudrait que l’on aména- ger les courriers, Mme Manankoff tends que tout soit fini. » Après, elle et aussi pour que je puisse sortir le dans l’idée qu’il y avait eu un problème » ge la salle de bains, mais l’Etat ne décide d’intenter une action en jus- l’utilisera pour s’acheter « une mai- week-end et partir un peu en vacan- répond jamais présent. » Collégien- tice, parce qu’elle « ne supporte son avec un jardin et rémunérer une ces. » Pour elle, légiférer contre l’ar- ne en classe de cinquième, Vanessa pas l’attitude du médecin qui ne lui personne qui m’aidera à m’occuper rêt Perruche « équivaut à remettre fois notre fille. Nous entendions les Mais ce dont le père de Vanessa est « n’est pas au courant de toute cette a rien dit » et parce qu’elle se sent de Lionel ». en cause le droit à l’avortement et à infirmières dire que Vanessa était « sûr », c’est que lui et sa femme affaire judiciaire. C’est déjà suffisam- « victime d’une injustice. Celle de L’arrivée de cet enfant a fait fuir placer les médecins au-dessus de dans “le service des erreurs d’écho- n’ont « pas eu le choix, la possibilité ment compliqué comme cela, nous ne pas avoir pu choisir ». Et son le père et a « totalement boulever- tout ». graphie”, cela nous a confortés dans de se prononcer sur une interruption verrons plus tard », explique son choix aurait été d’avorter. «Onne sé » la vie de Mme Manankoff. «Je l’idée qu’il y avait eu un problème », de grossesse ». « Les médecins ne père. En attendant, ses parents garde pas un enfant trisomique à me sentais sans avenir. » Sa mère, b M. M et sa fille Vanessa, se souvient le père. Lorsqu’il interro- sont pas responsables du handicap conservent pour elle tous les docu- vingt ans », dit-elle clairement. éducatrice spécialisée, l’a beau- atteinte d’un spina bifida. ge la direction et l’échographiste de de notre fille, mais en mettant “OK” ments de son histoire. « Si au moins En mars 1998, le tribunal de gran- coup aidée à élever Lionel. « Elle C’est un père révolté, combatif et la clinique où Vanessa est née, pour à l’examen de sa colonne vertébrale notre affaire peut servir à ce que les de instance de Brest a jugé que le s’en occupait tout le temps, c’était meurtri. Révolté par « le menson- tenter de comprendre pourquoi la alors qu’ils ne l’avaient pas vue, ils échographistes soient mieux formés, médecin n’avait pas donné à la son premier petit enfant, j’étais sa ge » qui entoure les débats sur l’ar- malformation de sa fille n’avait pas ont commis une faute qui nous a tant mieux. » En revanche, la pers- jeune femme une information fille unique. Elle réussissait à capter rêt Perruche, combatif pour que sa été détectée, il sent que ses ques- empêchés d’exercer notre droit de pective d’une loi contre l’arrêt Perru- appropriée et l’a condamné à ver- son attention, elle me disait fille « fasse sa vie et soit à l’abri », tions « provoquent une gêne ». choisir. » che scandalise la famille. « C’est une ser 75 000 francs en réparation du qu’avec beaucoup d’amour on arri- meurtri par l’image que lui renvoie En mars 1990, Vanessa peut enfin Le 13 juillet 2001, la Cour de cas- parade pour interdire aux gens de por- préjudice moral. En revanche, il a verait à quelque chose. » Mais sa la société d’être « du côté des rentrer chez elle. Sa mère arrête de sation a rejeté le pourvoi en considé- ter plainte. Si on pond une loi à cha- estimé irrecevable la demande d’in- mère est tombée gravement mala- méchants ». Lui et sa femme n’en travailler pour se consacrer entière- rant que « les conditions médicales que fois que des lobbies s’insurgent, demnisation d’un préjudice per- de, une tumeur au cerveau l’a peuvent plus de « se battre depuis ment à sa fille. Les parents veulent de l’interruption de grossesse pour ce n’est plus la démocratie. J’espère sonnel de l’enfant. En appel, la emportée il y a un an. « C’était la douze ans » et d’entendre depuis comprendre. Ils s’informent dans motif thérapeutique n’étaient pas réu- que les femmes vont se réveiller. » cour de Rennes, par arrêt du seule qui me soutenait, autour de quelques mois le terme d’« eugénis- les moindres détails sur la maladie nies ». Le père de Vanessa ne com- 19 janvier 2000, a, au contraire, moi personne n’a accepté que j’at- me » et les expressions chocs telles de Vanessa, assistent à un colloque prend pas ce jugement et a le senti- Sandrine Blanchard condamné le gynécologue à payer taque un médecin. » que « choix de vie ou de mort » ou consacré à l’erreur médicale, ment que son affaire a « fait les Dessin Serguei 12 / LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 HORIZONS-DOCUMENTS Comprendre l’arrêt Perruche

mises à l’occasion de cet examen ont fait obstacle à ce choix de être possible un jour grâce au développement des traitements Voici la mère et sont donc directement la cause de la naissance d’un géniques, chimiques ou chirurgicaux in utero. Aujourd’hui, Le texte de l’arrêt Perruche enfant atteint d’un handicap, étant observé qu’une autre nor- cependant, cette hypothèse demeure largement théorique : lors- Vu les articles 1165 et 1382 du code civil les principaux me constante du droit de la responsabilité est que le tiers à un qu’un test diagnostique détecte une rubéole maternelle, un dé- Attendu qu’un arrêt rendu le 17 décembre 1993 par la cour contrat qui subit un préjudice du fait de son exécution défec- sordre génétique ou un syndrome malformatif fœtal, seule l’in- d’appel de Paris a jugé textes tueuse peut en demander la réparation (cf. supra le même arrêt terruption médicale de grossesse, qui n’est pas un traitement du de première part, que M. X…, médecin, et le Laboratoire de du 18 juillet 2000) et que le droit à réparation du dommage fœtus, permet d’éviter la naissance d’un enfant handicapé. Le biologie médicale d’Yerres, aux droits duquel est M. K…, de référence résultant d’une faute procède d’une « exigence constitutionnelle lien de causalité entre l’erreur diagnostique et le handicap est avaient commis des fautes contractuelles à l’occasion de posée par l’article 4 de la Déclaration des droits de l’homme et du donc, dans ce cas, fort indirect : lorsque les parents indiquent recherches d’anticorps de la rubéole chez Mme Perruche alors sur l’arrêt citoyen de 1789 », comme l’a précisé le Conseil constitutionnel que leur choix, si le diagnostic correct leur avait été communi- qu’elle était enceinte, dans sa décision n˚ 99-419 DC du 9 novembre 1999 (JO du 16 qué, eût été l’interruption de grossesse, on peut arguer que la de deuxième part, que le préjudice de cette dernière, dont Perruche, novembre 1999, p. 16 967). naissance de l’enfant handicapé et donc ses souffrances sont en l’enfant avait développé de graves séquelles consécutives à Toutefois, sur le terrain primordial du principe du respect de effet le résultat de l’erreur ou du défaut, l’alternative étant l’in- une atteinte in utero par la rubéole, devait être réparé dès lors qui permet la personne humaine, on pouvait se demander s’il était légiti- terruption dite « thérapeutique » de grossesse. En revanche, le qu’elle avait décidé de recourir à une interruption volontaire me qu’un enfant puisse invoquer une telle faute, sans laquelle il handicap lui-même n’a aucun lien causal avec la faute profes- de grossesse en cas d’atteinte rubéolique et que les fautes com- d’indemniser ne serait pas venu au monde, pour demander la réparation du sionnelle, il est dû à l’infection maternelle, au désordre généti- mises lui avaient fait croire à tort qu’elle était immunisée con- préjudice lié à son handicap. L’hésitation était d’autant plus que ou aux troubles du développement qui sont les seuls vrais tre cette maladie, un enfant pertinente que sont en jeu des valeurs fondamentales de notre facteurs en cause. Indépendamment du préjudice subi par les de troisième part, que le préjudice de l’enfant n’était pas en civilisation quant au respect de la vie et de l’égale dignité de parents, qui peut en effet légitimement donner droit à répara- relation de causalité avec ces fautes, né handicapé tous les êtres humains, quels que puissent être leurs handicaps. tion, la reconnaissance de la responsabilité des professionnels que cet arrêt ayant été cassé en sa seule disposition relative L’assemblée plénière n’ignorait certes pas ces impératifs fon- dans un préjudice dont l’enfant serait victime conduit à la déduc- au préjudice de l’enfant, l’arrêt attaqué de la cour de renvoi dit lorsque damentaux d ’une société démocratique, mais il lui est apparu tion qu’il eût mieux valu qu’il ne naquît pas,voire qu’il avait un que « l’enfant Nicolas Perruche ne subit pas un préjudice indem- que le respect effectif, et pas seulement théorique, de la person- droit à ne pas naître handicapé, compte tenu de la piètre qualité nisable en relation de causalité avec les fautes commises » par sa mère ne passait par la reconnaissance de l’enfant handicapé en tant de la vie qui lui est imposée. (...) des motifs tirés de la circonstance que les séquelles dont il que sujet de droit autonome et que devait être reconnu son était atteint avaient pour seule cause la rubéole transmise par a été privée droit propre à bénéficier d’une réparation du préjudice résul- sa mère et non ces fautes et qu’il ne pouvait se prévaloir de la tant de son handicap – et exclusivement de celui-ci – de façon à Le risque d’une pression « normative » décision de ses parents quant à une interruption de grossesse, de lui permettre de vivre dans des conditions conformes à la digni- Attendu, cependant, que dès lors que les fautes commises té humaine malgré ce handicap. L’assemblée plénière n’igno- sur les professionnels et les parents par le médecin et le laboratoire dans l’exécution des contrats la possibilité rait pas davantage que dans un cas voisin le Conseil d’Etat (14 De nombreux spécialistes du diagnostic prénatal, cytogéné- formés avec Mme Perruche avaient empêché celle-ci d’exercer février 1997, Rec p. 44) avait préféré n’accorder une indemnisa- ticiens, généticiens et échographistes, ont récemment manifes- son choix d’interrompre sa grossesse afin d’éviter la naissance d’avorter tion qu’aux parents sous la forme « d’une indemnité en capital té leur inquiétude des possibles répercussions sur leur prati- d’un enfant atteint d’un handicap, ce dernier peut demander représentant le versement d’une rente mensuelle de 5 000 F pen- que d’une reconnaissance d’un « droit à ne pas naître handica- la réparation du préjudice résultant de ce handicap et causé en raison d’une dant toute la vie de l’enfant ». Mais les inévitables aléas inhé- pé ». Ces médecins, biologistes et échographistes font remar- par les fautes retenues. (...) rents au versement d’un capital (séparation ou divorce des quer que la détermination du niveau de handicap au-delà Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, siégeant en assem- faute médicale parents avec partage du capital entre eux, décès qui entraîne duquel ce droit serait applicable comporte des dangers redou- blée plénière, et prononcé par le premier président en son aussi un partage dont l’enfant handicapé peut n’avoir qu’une tables, et est, en fait, inapplicable. Fonder uniquement l’inter- audience publique du dix-sept novembre deux mille. avérée. faible part successorale, placement hasardeux, dilapidation… ) ruption de grossesse sur des critères objectifs de gravité du Président : M. Canivet, Premier président ne permettent pas d’être certain que l’enfant en sera le réel handicap ne tiendrait en effet aucun compte de l’appréciation Rapporteur : M. Sargos, assisté de Mme Bilger-Paucot, audi- « Le Monde » bénéficiaire sa vie durant. La défense de son intérêt, comme la par la mère de ce qu’est pour elle le choix légitime en fonction teur présentation de la dignité de ses conditions de vie futures, des informations qui lui ont été fournies – en particulier en ce Avocat général : M. Sainte-Rose publie l’arrêt paraissent mieux assurées par l’attribution d’une indemnisa- qui concerne les souffrances probables de l’enfant et de ses Avocats : Me Choucroy - Me Le Prado - S.C.P. Piwnica et tion qui lui soit propre. propres convictions morales. (...) Molinié - S.C.P. Gatineau de la Cour On soulignera enfin que cette décision, qui se situe dans le Au-delà des moyens nécessaires à la détection du risque prolongement direct de la loi précitée du 17 janvier 1975, ne pour l’enfant d’être atteint d’un handicap d’une particulière de cassation du saurait en aucun cas s’interpréter comme pouvant ouvrir à un gravité, les spécialistes du diagnostic prénatal seraient enclins, enfant handicapé un recours contre sa mère fondée sur son afin de se préserver, à proposer à la femme la panoplie com- Les explications 17 novembre refus de recourir à une interruption de grossesse ; nul, en effet, plète, en développement rapide, des moyens de dépistage dis- n’est en droit de lui imposer un tel choix, ce à quoi reviendrait ponibles et, pour eux-mêmes, de développer la panoplie com- 2000 sur le cas l’admission de sa responsabilité. Et cet arrêt n’implique pas plète des projections juridiques. La femme enceinte, pourtant de la Cour de cassation davantage un risque de dérive de l’IVG pour motif thérapeuti- prête à accueillir dans sa famille l’enfant quel que soit son han- de Nicolas que dès lors que celle-ci est, aux termes de l’article L. 2 213-1 du dicap, se verrait éventuellement dissuadée de donner suite à code de la santé publique, subordonnée à l’existence d’une for- son projet de laisser se prolonger la grossesse. dans son rapport annuel 2000 Perruche, te probabilité que l’enfant à naître soit atteint d’une affection La loi donne aujourd’hui la possibilité à des femmes infor- Alors qu’elle venait de commencer une grossesse, une fem- d’une particulière gravité reconnue comme incurable au mées du risque que leur enfant soit affecté d’un handicap pro- me avait été atteinte par une maladie infectieuse virale, la le commentaire moment du diagnostic. fond, de faire en conscience le choix d’une interruption théra- rubéole, qui, lorsque la femme n’est pas déjà immunisée, com- peutique de grossesse ou bien de n’y pas recourir. Il s’agit de porte un risque très élevé d’atteinte fœtale extrêmement grave explicatif paru la part du législateur d’une marque de confiance en la respon- et incurable. Compte tenu de ce risque, elle avait pris la déci- sabilité da la mère et du respect de sa liberté. La reconnaissan- sion de recourir à une interruption volontaire de grossesse s’il dans le rapport L’avis du Comité consultatif ce d’un singulier droit « à ne pas naître handicapé », de par les s’avérait qu’elle n’était pas immunisée et avait demandé à son recours judiciaires qui s’ensuivraient, conduirait sans doute à médecin et à un laboratoire de réaliser un sérodiagnostic de la annuel 2000 ce que s’exerce une forte pression sociale en faveur de l’élimi- rubéole. Par suite d’une faute – qui n’était plus discutée devant national d’éthique nation des fœtus anormaux selon des critères médicaux de gra- la Cour de cassation – le médecin et le laboratoire l’ont infor- de la haute Mme Elisabeth Guigou, ministre de l’emploi et de la solidari- vité, Cette tendance à une définition sociale des critères, mée qu’elle était immunisée, alors qu’en réalité elle ne l’était té, a saisi le Comité consultatif national d’éthique en date du médico-scientifiques ou autres, de la « bonne naissance » pas, de sorte qu’elle a renoncé à recourir à une interruption de juridiction, 15 mars 2001 à propos des interrogations soulevées par un peut être étymologiquement et historiquement qualifiée grossesse et a mis au monde par la suite un enfant atteint de arrêt du 17 novembre 2000 de la Cour de cassation, concer- d’eugénique. sévères handicaps consécutifs à l’atteinte rubéolique in utero. et l’avis, rendu nant la réparation, dans le cadre de recours judiciaires, du pré- Le Comité consultatif national d’éthique La femme et son mari ont engagé une action contre le méde- judice subi par un enfant gravement handicapé depuis sa nais- Rappelle sa position constante en ce qui concerne le devoir cin et le laboratoire en demandant que soit réparé non seule- le 29 mai 2001, sance. (...) impérieux de solidarité de la société, en particulier en faveur ment leur propre préjudice, mais également celui subi par leur des plus malheureux de ses membres. Les personnes handica- enfant du fait du handicap l’affectant. La cour d’appel avait du Comité pées sont de ceux-là, que leur handicap soit acquis ou congéni- refusé d’admettre ce dernier préjudice par des motifs tirés de la Handicap congénital tal, héréditaire ou sporadique. Ce devoir social doit s’appliquer circonstance qu’il n’existait pas de lien de causalité entre les consultatif (...) Il est des situations où le diagnostic d’une affection ou sans distinction à ceux qui en ont besoin, sans préjudice des cir- fautes commises et les séquelles de la rubéole et que l’enfant d’un désordre du développement in utero n’a pas été posé, et où constances à l’origine du handicap. Lorsque le handicap peut ne pouvait se prévaloir du choix de ses parents quant à une national le handicap ne se révèle qu’après la naissance. Tel peut être le être relié à une intervention humaine, sa prise en charge doit interruption de grossesse. cas de maladies génétiques, d’accidents chromosomiques, de être assurée a priori, indépendamment d’éventuels recours judi- L’Assemblée plénière, retenant que l’enfant justifiait d’un d’éthique, désordres du développement d’origines diverses ou d’infections ciaires en réparation du préjudice à la demande des parents et, préjudice réparable résultant du handicap, a prononcé une cas- parasitaires ou virales (toxoplasmose, rubéole et infection à dans ce cas, de leur issue. Privilégier les situations où le handi- sation. saisi cytomégalovirus). Le diagnostic de ces situations était possible, cap pourrait être attribué à une faute médicale et relever d’une En ce qui concerne le lien de causalité, cette décision se relie mais, soit le test n’en a pas été fait alors que le contexte et par- responsabilité individuelle introduirait d’inacceptables discrimi- à une norme constante du droit de la responsabilité – aussi par Elisabeth fois la réglementation en vigueur l’imposaient, soit ses résultats nations entre les personnes handicapées. De plus, une telle bien contractuelle que délictuelle –, à savoir qu’une personne ont été trompeurs du fait d’une insuffisance technique et (ou) position encouragerait la recherche systématique d’une respon- peut engager sa responsabilité non seulement si elle cause un Guigou médicale. Les parents n’ont de ce fait pas pu exercer leur choix sabilité fautive, même invraisemblable, devant tout handicap, dommage, mais également si elle ne l’empêche pas alors qu’el- de poursuivre ou d’interrompre une grossesse risquant de don- puisque ce serait là le seul moyen d’assurer l’avenir matériel de le le pouvait et le devait (pour donner un exemple récent, on ner naissance à un enfant gravement handicapé. Ils déclarent ces personnes. La reconnaissance d’une responsabilité, humai- renverra à l’arrêt précité du 18 juillet 2000, Civ. 1, Bull. n˚ 221, souvent que, s’ils avaient été informés, ils auraient demandé l’in- ne, individuelle ou collective, dans la survenue d’un handicap où la responsabilité d’une clinique repose sur le fait qu’elle n’a terruption de la grossesse. Ces parents sont certainement fon- peut légitimement conduire à des réparations, dans le cadre de pas pris les mesures de surveillance nécessaires pour empêcher dés à demander réparation dans les conditions déjà discutées recours judiciaires. Le sort de la personne handicapée ne doit que l’une de ses patientes ne tente de se suicider). dans ce texte, par application des règles usuelles du droit de la cependant pas dépendre de celles-ci. Il doit être assuré indépen- En l’espèce, le contrat formé entre, d’une part, la mère, responsabilité. Mais qu’en est-il des enfants handicapés eux- damment d’elles comme la manifestation de la responsabilité d’autre part, le médecin et le laboratoire, mettait à la charge de mêmes ? collective de la société envers ses membres fragilisés. ces derniers l’obligation de procéder à un sérodiagnostic de la La question centrale, d’un point de vue juridique, est celle du 2) Dans le cas des handicaps congénitaux, la solidarité socia- rubéole et d’en communiquer le résultat à la femme afin de lui lien de causalité entre l’erreur diagnostique et le handicap. Dans le doit être garantie de telle sorte que la décision de la mère permettre, conformément à la liberté qui lui est ouverte par la l’hypothèse d’école où le diagnostic d’une affection in utero mise au courant du risque de naissance d’un enfant handicapé loi n˚ 75-17 du 17 janvier 1975, de mettre en œuvre la décision aurait permis d’entreprendre un traitement de nature à éviter le ne dépende que de son appréciation personnelle de la situation qu’elle avait prise de recourir à une interruption volontaire de handicap, ou si un geste médical diagnostique ou thérapeutique et de sa responsabilité envers l’enfant qui pourrait naître, en grossesse pour empêcher la naissance d’un enfant atteint d’un est directement à l’origine de celui-ci, cette causalité peut être particulier de sa souffrance possible, et non pas des difficultés handicap d’une particulière gravité et incurable. Les fautes com- établie. Une intervention thérapeutique prénatale sera peut- matérielles d’accueil et de soins qu’elle et son conjoint auraient à affronter sans disposer de l’aide nécessaire et possible. 3) La reconnaissance d’un droit de l’enfant à ne pas naître Les textes fondamentaux d’éducation spéciale (AES). Pour les activités à des établissements de relative à la protection des dans certaines conditions apparaîtrait hautement discutable adultes, elle réglemente l’emploi et le travail protégé ou en versant une personnes contre la discrimination sur le plan du droit, inutile pour assurer l’avenir matériel des b La loi du 30 juin 1975 reclassement professionnel des contribution au Fonds pour en raison de leur état de santé ou personnes souffrant de handicaps congénitaux et redoutable d’orientation en faveur des travailleurs handicapés, précise les l’insertion professionnelle des de leur handicap inscrit dans le code sur le plan éthique. En effet, un tel droit risquerait de faire personnes handicapées affirme que conditions de leur orientation par les personnes handicapées. Ce fonds pénal l’interdiction de refuser aux peser sur les parents, les professionnels du diagnostic prénatal « la prévention et le dépistage des commissions techniques d’orientation participe au financement d’actions personnes handicapées l’accès à et les obstétriciens, une pression normative d’essence eugéni- handicaps, les soins, l’éducation, la et de reclassement professionnel d’insertion professionnelle de l’emploi, au logement ou aux activités que. formation et l’orientation (Cotorep) et crée l’allocation aux travailleurs handicapés en milieu de consommation et de loisirs. 4) Ainsi qu’il l’a indiqué à de multiples reprises depuis 1985, professionnelle, l’emploi, la garantie adultes handicapés (AAH). ordinaire de travail. Il est géré par b La loi n˚ 91-663 du 13 juillet 1991 le Comité consultatif national d’éthique est attaché au respect d’un minimum de ressources, b La loi du 10 juillet 1987 en faveur une association agréée par le ministre portant diverses mesures destinées des principes éthiques et des bonnes pratiques dans la réalisa- l’intégration sociale et l’accès aux de l’emploi des travailleurs chargé de l’emploi, l’Association à favoriser l’accessibilité aux tion des diagnostics prénatals et la mise en œuvre de la réani- sports et aux loisirs du mineur et de handicapés institue pour tout nationale de gestion du Fonds pour personnes handicapées des locaux mation néonatale. Le Comité approfondit actuellement sa l’adulte handicapés physiques, employeur public ou privé d’au moins l’insertion professionnelle des d’habitation, des lieux de travail et réflexion sur plusieurs de ces questions et fera connaître pro- sensoriels ou mentaux, constituent une 20 salariés l’obligation d’employer personnes handicapées (Agefiph). des installations recevant du public chainement son avis. Cependant, le but des guides de bonne obligation nationale ». Pour les une proportion de travailleurs b La loi d’orientation sur rappelle les obligations d’accessibilité pratique en ces matières est de donner toutes leurs chances enfants et adolescents handicapés, handicapés correspondant à 6 % de l’éducation du 10 juillet 1989,en déjà inscrites dans la loi du 30 juin aux enfants et toutes les informations aux parents de nature à elle institue l’obligation éducative, l’effectif. Cette obligation s’applique garantissant à chacun le droit à 1975 d’orientation en faveur des leur permettre de faire un choix en conscience. En aucun cas précise les conditions de leur également aux fonctions publiques de l’éducation, affirme la priorité à personnes handicapées mais l’établissement de critères normatifs définissant par eux- orientation par les commissions l’Etat, territoriale et hospitalière. Les l’intégration scolaire des jeunes insuffisamment appliquées, en les mêmes, indépendamment du sentiment de la mère, un seuil de départementales de l’éducation employeurs peuvent s’en acquitter en handicapés. inscrivant dans le code de la gravité justifiant l’élimination des fœtus anormaux ne serait spéciale (CDES) et crée l’allocation tout ou partie en sous-traitant des b La loi n˚ 90-602 du 12 juillet 1990 construction et de l’habitat. acceptable au regard d’une réflexion éthique fondée sur la liber- té du choix de personnes responsables et dignes. HORIZONS-ANALYSES LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 / 13 L’ONU prise au piège de la conférence de Durban 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD – 75242 PARIS CEDEX 05 CE DEVAIT ÊTRE « une occasion rare pour embarrassantes que la peine de mort, la discrimi- ce que le représentant du Sénégal a qualifié de Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 202 806 F l’humanité de prendre son avenir en main », selon nation toujours présente aux Etats-Unis ou le « très grave précédent ». Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 Changement d’adresse et suspension : 0-825-022-021 (0,99 F la minute). la haut commissaire des Nations unies aux droits sort réservé aux Amérindiens. Achevée dans la Une réunion en novembre à New York entre Internet : http: // www.lemonde.fr de l’homme, Mary Robinson. Ce fut, à maints confusion, malgré une prolongation de vingt- la ministre sud-africaine des affaires étrangères, égards, un rendez-vous manqué. Quatre mois quatre heures pour tenter de sauver les apparen- Nkosazama Dlamini Zuma, et son homologue ÉDITORIAL après sa clôture officielle, la Conférence mondia- ces, la conférence de Durban a été occultée trois belge, Louis Michel, pour l’UE avait permis d’en- le contre le racisme, la discrimination raciale, la jours plus tard par le fracas des attentats du visager un dénouement. Mais le débat a été xénophobie et l’intolérance, qui s’est tenue du 11 septembre 2001, et ses documents adoptés à relancé à l’ONU à Genève par certains pays du 31 août au 8 septembre 2001 à Durban, en Afri- la sauvette n’en finissent toujours pas de susciter groupe africain, emmenés par l’Algérie, le Nige- Faute médicale et handicap que du Sud, continue de diviser la communauté des remous. La polémique a rebondi sur le conte- ria et le Kenya. « Si l’impasse devait se prolonger, internationale. Fait sans précédent, non seule- nu des textes péniblement négociés in extremis à il faudrait envisager à la limite une nouvelle confé- EPUIS plus d’un an, la dans lesquels les fautes médica- ment l’Assemblée générale annuelle de l’ONU à Durban entre l’UE et l’Afrique du Sud. rence ministérielle », va jusqu’à avertir l’ambassa- jurisprudence Perru- les étaient patentes. En outre, si New York s’est séparée, fin décembre, sans avoir Un accord était intervenu sur la formulation deur d’Algérie, Mohamed Dembri. En tout cas, che soulève des elle est attentive à la réparation pu entériner comme prévu le rapport final de la des principes généraux, mais la querelle touche un indispensable consensus pour limiter les Dcontroverses éthiques des fautes, elle sait qu’il est conférence, mais il aura fallu attendre le 3 jan- maintenant à l’emplacement de trois paragra- dégâts se fait toujours attendre. Pour ajouter à tellement passionnées qu’elles impossible d’imposer à la méde- vier pour que les textes contestés de Durban phes concernant le passé, le groupe africain sou- l’imbroglio, d’aucuns évoquent même la possibi- finissent par passer sous silence cine une obligation de résultat. soient enfin disponibles, moyennant quelques haitant qu’ils soient inscrits dans le programme lité de revenir sur le Proche-Orient. Si le nœud le contenu de ce fameux arrêt. Dans l’arrêt Perruche comme aménagements de forme. d’action et non dans la déclaration, afin de leur n’est pas tranché au cours de la prochaine Rendue le 17 novembre 2000, la dans la jurisprudence sur la res- Portant plus particulièrement sur le passé, à donner davantage de poids. Les pays européens Assemblée des Nations unies à New York en décision de la Cour de cassation ponsabilité médicale, elle se con- savoir sur l’époque de l’esclavage et du colonialis- ne veulent pas céder sur ce point, craignant février, la session de la commission des droits de affirme le principe de l’indemni- tente de fixer une obligation de me, et opposant principalement le groupe afri- d’ouvrir la voie à des réclamations financières l’homme risque fort de s’en ressentir en mars à sation des enfants nés handica- moyens : le praticien doit agir cain à l’Union européenne, ces nouveaux tiraille- auxquelles ils n’entendent pas s’engager. Genève. pés dès lors qu’en raison d’une dans les règles de l’art, ne pas ments sont révélateurs du goût amer laissé par la Le litige tourne autour d’une première version Face à cet affligeant spectacle, les Etats-Unis faute médicale avérée leur mère commettre de graves négligen- conférence de Durban. L’exercice semblait présentée le 24 septembre 2001 par l’Afrique du ont beau jeu de dire qu’ils ont eu raison de par- a été privée de la possibilité ces, et dire qu’il ne sait pas lors- d’autant plus périlleux que les deux précédentes Sud et une seconde mouture proposée le 25 octo- tir, tandis que Kofi Annan, trop occupé par d’avorter. Contrairement à ce que l’état de la science ne lui réunions de l’ONU contre le racisme, en 1978 et bre par le Haut-Commissariat aux droits de d’autres priorités, laisse les organisateurs s’enli- qui est souvent avancé, cet arrêt permet pas d’être formel. 1983 à Genève, avaient déjà montré leurs limi- l’homme à Genève. La déclaration reconnaît que ser et qu’un diplomate européen prédit « la mort ne prévoit pas la réparation d’un L’échographie, qui ne peut tes, capotant sur l’assimilation du sionisme au la traite et l’esclavage « constituent un crime de Durban ». Loin des implacables réalités des hypothétique « préjudice de détecter qu’environ 70 % des racisme, et donc boycottées par les Etats-Unis. contre l’humanité », ce qui laisse entrevoir un discriminations quotidiennes et des frustrations vie » : il se contente d’indemni- malformations, n’est d’ailleurs Pourtant, à l’aube d’un nouveau millénaire, cette encouragement à l’aide au développement sans sociales, ce jeu de dupes dont l’ONU ne sort pas ser le handicap de l’enfant. pas directement concernée par troisième tentative se voulait symbolique à plus pour autant impliquer nécessairement des répa- grandie n’est finalement que le reflet avec fard « Devait être reconnu, précise l’arrêt Perruche : aucun échogra- d’un titre dans la perspective d’un indispensable rations. Faute de rapport final sur Durban, la des antagonismes du monde. le rapport annuel de la Cour de phe n’a jamais été rendu respon- travail de mémoire pour préparer l’avenir. commission chargée du dossier à l’ONU a décidé cassation, le droit propre de l’en- sable d’un handicap dans le Le choix du lieu d’abord : sur un continent de suspendre ses travaux jusqu’à nouvel ordre, Jean-Claude Buhrer fant à bénéficier d’une réparation cadre de cette jurisprudence. encore marqué par les séquelles de l’esclavage et du préjudice résultant de son han- Beaucoup de malentendus du colonialisme, dans un pays enfin débarrassé dicap – et exclusivement de celui- faussent donc le débat. Il reste de l’apartheid, et dans une ville qui avait vu naî- ci – de façon à lui permettre de que, au-delà de la stricte inter- tre l’action non violente du mahatma Gandhi. Hyperespace par Fabio Viscogliosi vivre dans des conditions confor- prétation juridique de l’arrêt Une participation élargie ensuite, qui devait per- mes à la dignité humaine malgré controversé, sa forte portée sym- mettre aux voix les plus diverses de se faire enfin son handicap. » En limitant l’in- bolique justifie l’intervention du entendre. La rencontre de Durban a cependant demnisation aux parents, com- législateur. Les risques de dérive été loin de tenir ses promesses. Déjà, les travaux me la justice le faisait jusque-là, existent, qu’il appartient aux préparatoires avaient laissé apparaître au grand la Cour de cassation craignait élus de circonscrire. Quel que jour de profondes divergences sur des questions que, si ceux-ci venaient à dispa- soit le texte adopté par l’Assem- aussi épineuses que le Proche-Orient et la raître ou à divorcer, l’avenir des blée nationale au terme de la dis- demande de réparations, avancée par des pays enfants ne soit pas assuré. cussion, jeudi 10 janvier, il devra africains, pour l’époque de l’esclavage et de la Bien des médecins, et notam- protéger l’enfant handicapé des colonisation, sans négliger la situation des peu- ment des échographistes, redou- aléas de la vie, ce qui n’était pas ples autochtones, toujours privés de leurs droits tent que cette jurisprudence le cas avant la jurisprudence Per- les plus élémentaires dans les Amériques et n’ouvre la voie à une médecine ruche, maintenir le principe de ailleurs, ou encore le sort des travailleurs consumériste qui serait tentée la responsabilité médicale des migrants et des réfugiés. C’est dire que, avant d’assigner les praticiens en jus- praticiens, qui est une garantie même de commencer, la conférence contre le tice à la moindre « imperfec- pour le patient, mais aussi assu- racisme était mal partie. A vouloir trop embras- tion » de l’enfant. Au vu de l’ar- rer l’avenir de cette médecine ser sans tenir compte des contingences temporel- rêt Perruche, ces peurs semblent infiniment précieuse qu’est la les ni des intérêts politiques en jeu, les responsa- infondées. La Cour, qui a été sai- médecine fœtale, en aidant la bles de l’organisation faisaient certes preuve de sie à de nombreuses reprises, profession face aux exigences bonnes intentions, mais se vouaient par là même n’a retenu que deux dossiers, des assureurs. à marcher sur une corde raide.

0123 VIRULENTE POLÉMIQUE est édité par la SA LE MONDE Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani Rien n’y a fait : ni l’optimisme à tout crin affi- Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; Noël-Jean Bergeroux. ché par la haut commissaire ni les efforts pathéti- Directeurs généraux adjoints : Edwy Plenel, René Gabriel ques du pays hôte n’ont suffi à assurer le succès Secrétaire général du directoire : Pierre-Yves Romain des travaux. Dans le droit fil des carences des Directeur de la rédaction : Edwy Plenel débats préparatoires, jusqu’au bout, les deux Directeurs adjoints : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau Directeur artistique : Dominique Roynette ; adjoint : François Lolichon principales pierres d’achoppement du Proche- Secrétaire général : Olivier Biffaud ; déléguée générale : Claire Blandin Chef d’édition : Christian Massol ; chef de production : Jean-Marc Houssard Orient et de l’esclavage auront hypothéqué la Rédacteur en chef technique : Eric Azan ; directeur informatique : José Bolufer réunion, reléguant à l’arrière-plan les multiples Rédaction en chef centrale : Alain Frachon, Eric Fottorino, Laurent Greilsamer, facettes du racisme à travers le monde. Michel Kajman, Eric Le Boucher, Bertrand Le Gendre En lever de rideau, le Forum des ONG avait Rédaction en chef : Alain Debove (International) ; Anne-Line Roccati (France) ; Anne Chemin (Société) ; déjà donné le ton, dans une cacophonie qui a Jean-Louis Andréani (Régions) ; Laurent Mauduit (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; accompagné la conférence de bout en bout. La Josyane Savigneau (Culture) ; Serge Marti (Le Monde Economie) virulente polémique autour de leur déclaration Médiateur : Robert Solé n’a guère contribué à apaiser les esprits, et Mary Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg Robinson s’est vue contrainte de regretter en Directeur des relations internationales : Daniel Vernet public de devoir, pour la première fois, refuser Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président de présenter un document des ONG aux Nations Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), unies, en raison de « termes blessants et inaccepta- André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) bles à l’égard d’un pays ». Le Monde est édité par la SA LE MONDE Face au langage outrancier et insultant systé- Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. Capital social : 166 859 ¤. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, matiquement employé à leur encontre, Israël et Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, les Etats-Unis ont choisi de quitter les lieux. Sans Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations. doute le prétexte ainsi trouvé convenait-il à Washington, peu soucieux de revenir sur la traite des esclaves et de répondre à des questions aussi ILYA50 ANS, DANS 0123

A l’hiver 1987, M. Mitterrand cara- que les évolutions –, on pourra difficultés du quotidien (des inonda- Le devoir civique du savant Equations colait dans tous les sondages, culmi- objecter que cette addition inclut tions de la Somme à l’explosion de nant même à 58 % d’intentions de Jean-Pierre Chevènement dans le Toulouse) et subit les caprices de la UNE DÉCOUVERTE scientifique ont été demandées par les autorités vote au second tour entre les mois camp de la gauche, alors qu’il est conjoncture (de la remontée du chô- couronnant des recherches entrepri- civiles ou militaires de son pays ? et calculs de décembre 1987 et de février 1988 probable que celui-ci attire sur son mage à la chute de la croissance), ses dans l’intention la plus pure et L’avènement de la paix serait (il l’emporta finalement avec 54 %). nom des sympathisants de la droite qui prend ses responsabilités dans le but le moins intéressé peut moins aléatoire si le monde Même dopé par une situation inter- qui ne se reporteraient pas, lors (devant un juge comme devant les avoir des conséquences imprévisi- d’aujourd’hui comprenait que, lors- du candidat Jospin nationale qui a contribué à magni- d’éventuel second tour, sur le candi- citoyens) ; et qu’il n’a pas besoin, bles et incalculables. Selon l’usage que la recherche scientifique dépas- fier le chef de l’Etat depuis les événe- dat Jospin. Mais il est également pour l’heure, de se montrer porteur qui en sera fait, elle pourra aussi se les frontières que la nature elle- Suite de la première page ments du 11 septembre, même vrai que cette arithmétique inclut, de grandes idées ni de propositions bien servir au bien-être ou à la des- même a fixées, il peut devenir après avoir disposé de cinq longues de même, Jean-Marie Le Pen au précises, propres à forger une ambi- truction de l’humanité. En bonne impossible d’arrêter la perversion Comme si une distance raisonna- années de cohabitation pour se sein du camp de droite, quand tout tion collective. Rédigé dans l’incerti- logique, le savant ne saurait être de l’esprit humain et d’empêcher la ble avec l’action gouvernementale refaire une santé politique, M. Chi- indique que le président du Front tude et dans le compromis, le « Pro- tenu pour légalement responsable destruction de la vie elle-même, à s’imposait à qui veut acquérir l’étof- rac n’a pas dépassé, dans les simula- national ne mobilisera pas ses parti- jet socialiste » élaboré sous la de la façon dont ses semblables utili- moins d’en appeler de bonne foi à fe du présidentiable. tions de deuxième tour, les 53 %. sans pour contribuer à une réélec- conduite de Martine Aubry est à cet- seront ses travaux, sans quoi la une juridiction internationale, qui Confronté à cette forme de sorti- A cette référence s’ajoute un tion de M. Chirac. te image : banal et attentiste. recherche scientifique n’aurait plus est encore, hélas !, à créer. Le secret lège institutionnel, M. Jospin s’est autre constat mathématique : dans Cette prudence tactique a, pour de sens. reste le plus grand mal du savoir efforcé de dissiper les superstitions, toutes les enquêtes publiées au DESCENTE VERTIGINEUSE M. Jospin, une autre vertu : elle évi- Mais, au point de vue civique com- moderne, comme le dit Defresne, et considérant que quatre décennies cours des derniers mois, le total des Ces équations posées, le calcul de te l’ouverture de divergences trop me au point de vue moral, ce savant le temps de la concorde n’est pas et demie de Ve République suffrages annoncés aux candidats Lionel Jospin se fonde sur un dou- manifestes avec ses partenaires citoyen d’une nation, cet homme encore proche. Le concile de Latran n’étaient pas suffisantes pour confé- de gauche et d’extrême gauche ble pari. Celui, d’abord, que l’image d’aujourd’hui (Verts, communistes parcelle d’humanité, que doit-il fai- avait proscrit l’emploi de l’arbalète, rer aux précédents la force d’une apparaît nettement supérieur à la du président de la République est et radicaux), qui sont appelés à être re en conscience s’il se rend compte considérée comme un engin guer- règle. En 1997, après la dissolution, somme attribuée aux candidats de bien plus profondément atteinte ses alliés de demain (perspective que sa découverte peut servir à rier inhumain. On sait ce qu’il en le candidat socialiste n’avait-il pas droite et d’extrême droite. En 1995, que les apparences ne l’ont montré dans laquelle, bien sûr, Jean-Pierre détruire en masse ses semblables ? advint ! conjuré un premier sort, en offrant stimulés par le duel entre Jacques jusqu’à ce jour. Déstabilisé par Chevènement pourrait trouver sa Et plus spécialement que fera-t-il si à la gauche son premier succès aux Chirac et Edouard Balladur, les l’échec de sa dissolution, en 1997, place). Mais elle contribue large- les recherches dont les conséquen- Professeur André Lemaire élections législatives qui ne suive candidats de droite et d’extrême qui a durablement affaibli l’autorité ment, aussi, à l’atonie d’une campa- ces lui paraissent inhumaines lui (11 janvier 1952.) pas une présidentielle victorieuse ? droite avaient réuni un total d’envi- présidentielle, dépourvu de bilan gne présidentielle dont les deux prin- Avant même que les chiffres ne ron 59 % des suffrages exprimés au véritable et largement discrédité à cipaux concurrents s’emploient tou- commencent à lui sourire, le pre- premier tour ; sept ans après, les titre personnel par les « affaires » jours à retarder le coup d’envoi. Evo- 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS mier ministre, donné perdant dans estimations n’attribuent qu’autour qui ont hanté son septennat, M. Chi- quant sa candidature « probable », toutes les enquêtes d’opinion de 45 % à l’ensemble des postulants rac serait promis, selon l’analyse en le 7 décembre 2001 sur France 2, le Adresse Internet : http: // www.lemonde.fr publiées depuis des mois, pouvait du même camp, comme si la candi- cours à Matignon, à une descente premier ministre avait assuré : «Ce Télématique : 3615 code LEMONDE trouver quelques raisons d’espérer dature de M. Chirac avait d’ores et vertigineuse dès lors que l’ambition ne sera pas seulement une question dans la comparaison avec la campa- déjà écrasé celles des autres leaders du candidat effacera le prestige du de probabilités, ce sera aussi une Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 gne de 1988 – celle qui, opposant de ce qui constituait, en 1995, sa président. Le second pari découle question de désir », admettant impli- Index du Monde : 01-42-17-29-89. M. Chirac premier ministre au prési- majorité. Outre les réserves tradi- du premier : M. Jospin considère, citement le sien. Il lui reste désor- Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 dent sortant, François Mitterrand, tionnelles qu’il convient d’apporter dès lors, qu’il lui faut apparaître, jus- mais cent jours pour se faire désirer. ressemble le plus à l’affrontement aux prévisions des instituts de son- qu’au bout, comme l’homme qui Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 qui s’annonce. dage – et quitte à n’en considérer gouverne la France, qui affronte les Hervé Gattegno 14 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002

PRIX Huit jours après l’arrivée des s’est terminée sur un rythme normal consommateurs soulignent qu’elles effectués par les petits commerçants France le 9 janvier, ne sont pas per- pièces et billets en euros, les écono- de glissement de l’indice des prix, sont assaillies de plaintes de particu- à l’occasion de la conversion des prix turbés par le changement de mon- mistes s’interrogent : le passage à la preuve que les craintes d’un dérapa- liers qui signalent des augmenta- en euros sont pour l’essentiel à l’ori- naie, clients et commerçants se foca- monnaie unique risque-t-il de relan- ge anticipé n’étaient pas fondées. tions abusives de prix depuis le gine de cette « inflation perçue ». lisant surtout sur l’affichage des cer l’inflation ? b L’ANNÉE 2001 b POURTANT, les associations de 1er janvier. b LES ARRONDIS de prix b LES SOLDES, qui ont commencé en rabais en pourcentage. Le passage à l’euro va-t-il réveiller l’inflation ? Alors que l’usage de la nouvelle monnaie européenne se répand plus vite que prévu, des craintes commencent à poindre sur un risque de dérapage des prix lié à leur conversion du franc à l’euro. Le petit commerce est particulièrement montré du doigt par les associations de consommateurs

LA MONNAIE UNIQUE est-elle « Tous les ministères indiquent que vé des prix effectué en décembre. ses de prix. Si on laisse de côté les à la baguette, en passant par la par- chez UFC-Que Choisir ?. Aupara- inflationniste ? Non, affirment les les accords de stabilité des prix sont Mais l’enquête de janvier, qui est légumes, dont les prix se sont envo- tie de billard, la Mobicarte, le pres- vant il existait deux prix ronds, 5 et autorités politiques et monétaires. plutôt bien respectés, affirmait-on à en cours, constituera le moment de lés à cause du gel, le nombre de pro- sing ou le coiffeur, certains actes de 10 francs, et aujourd’hui les deux Huit jours après l’introduction de Bruxelles mardi. Dans tous les Etats vérité. Depuis juin 2001, près de testations dénote une vigilance consommation courante sont épin- prix ronds sont 1 et 2 euros, ce qui l’euro, aucun dérapage général des on constate des hausses de prix, mais deux cents fonctionnaires sillon- accrue de la part des consomma- glés. « Ce mouvement est sensible fait 1,50 franc et 3 francs d’augmen- prix dû à l’euro n’est constaté, ni en aucun d’entre eux ne fait état d’une nent la France pour contrôler l’évo- teurs. A la fédération UFC-Que dans les restaurants, brasseries, mais tation. » Le problème, c’est que la France ni en Europe. Laurent hausse générale. » lution du prix de 20 000 produits et Choisir ?, on reçoit entre cinq et dix aussi dans les boulangeries, où des recherche de prix « psychologi- Fabius a bien relevé quelques services dans près de 2 800 points courriers consacrés à l’euro, sur la hausses du prix de la baguette de ques » est souvent à sens unique, « dérapages » çà ou là (lire ci-des- DES ACCORDS DE MODÉRATION de vente. Pour le moment, la DGC- centaine reçus chaque jour. « Nous 20 à 60 centimes de francs nous sont comme ce coiffeur parisien qui a sous), au point que « des observatoi- Les entreprises de la distribution CRF n’a pas relevé de dérapage et avons reçu une dizaine de courriels signalées, indique Frédérique Pfrun- fait passer la coupe de 35,06 euros res départementaux de l’euro ont été ont signé au niveau européen un n’a constaté que neuf cas sur en moins de deux jours sur l’augmen- der, responsable de l’euro à la (230 francs) à 37 euros depuis le saisis », mais rien d’affolant pour engagement de stabilité globale 1 000 de conversion erronée. tation du prix des parcmètres à CLCV (Consommation, logement 1er janvier. l’instant. En France, les prix à la con- des prix entre le 1er novembre Pourtant, sur le terrain, les asso- Paris », indique Christian Huard, et cadre de vie). En fait, ce sont les Les exploitants de distributeurs sommation ont augmenté de 0,1 % 2001 et le 31 mars 2002, ce qui signi- ciations de consommateurs consta- président de Conso France, qui commerces qui sont passés directe- automatiques de boissons et de en décembre, portant le glissement fie que baisses et hausses doivent tent une multiplication de courriers regroupe six associations de con- ment d’un tarif en franc à un tarif en confiseries invoquent des raisons des prix sur un an à 1,4 % (contre s’équilibrer. Cet engagement a été de particuliers signalant des haus- sommateurs. Du café au comptoir en euro, sans pratiquer le double affi- purement techniques. « Les pièces 1,6 % en 2000), indique l’Insee, jeu- relayé en France par des accords chage, qui en ont souvent profité de 1 et 2 centimes d’euros sont trop di 10 janvier. Les craintes d’un déra- nationaux (hors produits agricoles, pour augmenter les prix. Lorsqu’on légères pour être utilisées dans nos page anticipé n’étaient donc pas saisonniers, et à cours variable) Le franc en voie de disparition rapide leur demande des explications, cer- machines, nous avons donc été obli- fondées. entre les représentants de l’indus- tains mettent cela aussi sur le compte gé de prendre les pièces de 5 centi- En Europe, « l’inflation s’est élevée trie alimentaire et ceux de la gran- « D’ici la fin de cette semaine, nous nous attendons à ce que presque du passage aux 35 heures. » mes comme base de calcul », expli- en décembre à environ 2 %. D’après de distribution. toutes les transactions en liquide soient effectuées en euros », a annoncé que Jean-Loup Bariller, délégué les chiffres que nous détenons actuel- « Le ralentissement des prix consta- la Banque centrale européenne, mercredi 9 janvier. Le passage à POUR LES PETITS MONTANTS général de Navasa, le syndicat pro- lement, nous attendons le même taux té depuis la fin d’octobre dans la l’euro devrait donc être effectif bien avant la fin de la période de dou- La recherche de prix psychologi- fessionnel du secteur. Aussi, dans pour janvier, puis pour le mois ou les grande distribution se poursuit. L’ac- ble circulation des monnaies, qui prend fin au plus tard le 27 février ques en euros dans les nouvelles les collectivités ou les entreprises, deux mois suivants », déclare David cord favorise cette modération », (le 17 en France). En France, dans les grandes surfaces, les paiements grilles de tarif est également res- le café est-il passé de 2,50 francs Byrne, commissaire européen char- constatait la Direction générale de en espèces, « très largement supérieurs à la moyenne », sont déjà réali- ponsable de la valse des étiquettes. (0,38 euro) à 0,40 euro. « L’augmen- gé de la protection des consomma- la concurrence, de la consomma- sés pour les deux tiers en euros, affirme leur fédération, la FCD. Plus « Ce mouvement de hausse était pré- tation est d’autant plus compréhensi- teurs, dans un entretien au Finan- tion et de la répression des fraudes de 80 % des paiements à Paris et dans sa banlieue se font désormais visible pour les petits montants, esti- ble que nos prix n’ont pas bougé cial Times Deutschland, jeudi. (DGCCRF) lors de son dernier rele- en euros, selon la Chambre de commerce et d’industrie de Paris. me Anne Millaut, responsable euro depuis près de dix ans », justifie M. Bariller. En revanche, chez Selec- ta, le leader du secteur, présent principalement dans les gares et le Pour l’Insee, augmentations et diminutions devraient s’équilibrer métro, on affirme qu’« il y aura plu- tôt une baisse des tarifs : dans les dis- « IL SERAIT DOMMAGE de gâcher cette sages. L’Insee parle d’une « pondération psy- ment ou encore les biens durables, la majori- ble… » Certains évoquent quand même le tributeurs du métro, sur 43 produits, grande réforme par des dérapages non fon- chologique » qui ne correspond pas à la répar- té des prix fixés en euros tomberont proba- coût du passage à l’euro pour les commer- 41 baissent ». dés » dans des secteurs comme « les cafés-res- tition réelle des dépenses. « En particulier, blement ronds dans la nouvelle monnaie çants, qui ont dû changer de caisse enregis- De fausses rumeurs sont à l’origi- taurants et certains services », a déclaré Lau- l’évolution des prix des produits alimentaires après une période de transition. Du temps treuse, parfois embaucher, et qui pourraient ne de politiques de prix fantaisis- rente Fabius, mercredi 9 janvier. Cette mise apparaît nettement sur-pondérée et celle des du franc, dans le secteur des services, 60 % être tentés de répercuter ces dépenses dans tes. En Picardie ou dans les Landes, en garde du ministre de l’économie et des services sous-pondérée » par rapport à leur des prix des produits d’une valeur comprise leurs prix. « Au maximum, on estime le coût selon Conso France, certains com- finances tranche avec la sérénité qu’il a affi- poids réels, estime l’Insee. entre 100 et 300 francs se terminaient par du passage à l’euro à 0,5 point de PIB, suppor- merçants ont invoqué une préten- chée jusqu’ici, et avec les prévisions rassuran- 9 ou 0,50 francs. Dans le secteur de l’habille- té de manière à peu près équivalente par le sec- due suppression des pièces de 1 et tes du gouvernement, qui table sur 1,6 % d’in- « PRIX PSYCHOLOGIQUES » ment, ce pourcentage montait à 96 % pour teur public et les entreprises. Ce qui signifie 2 centimes d’euro pour arrondir flation en 2002. Pourtant, pour les économis- Effectivement, depuis quelques mois, les les prix entre 100 et 1 000 francs. C’est ce que l’effet maximum sur les prix serait de leurs prix aux 5 centimes d’euro tes, il n’y a aucune raison que le passage à prix alimentaires comme ceux des produits que l’Insee appelle des « prix psychologi- 0,4 point. Comme il serait étalé sur deux ou supérieurs. D’autres « taxent » les l’euro soit inflationniste, en tout cas dans d’entretien, de soin ou d’hygiène corporelle, ques ». « En réalité, c’est le passage futur aux trois ans, cela ne représenterait pas plus de clients qui continuent à payer en des proportions notables. Certes, l’indice des ont été relativement dynamiques. Et le bascu- grilles de prix psychologiques en euros qui sem- 0,2 point par an. Ce qui reste modeste », esti- francs. « La demi-baguette coûtait prix augmentera peut-être d’un ou deux lement du franc vers l’euro a justement com- ble déterminant », estime l’Institut. Tout me Nicolas Sobczak, chez Goldman Sachs. 1,90 franc. Ce matin, sur une pièce dixièmes de point, avec le changement de mencé bien plus tôt pour ces produits large- dépendra du type de pratique d’arrondis qui Il est un autre sujet que les économistes de 2 francs, la boulangère ne m’a monnaie. Mais rien ne permet d’anticiper ment vendus par la grande distribution. En sera appliqué. « En admettant que tous les abordent quand ils parlent de l’euro et de l’in- pas rendu de monnaie en euros sous des variations plus amples. conséquence, depuis le printemps 2001, les agents se coordonnent pour arrondir systémati- flation : l’harmonisation européenne rend la prétexte de règle des arrondis ! », Dans sa note de conjoncture de décembre, ménages anticipent une accélération de l’in- quement vers le haut ou vers le bas, l’impact comparaison entre les salaires des différents proteste Jacqueline, dans le Val-de- l’Insee constate certes que « la perspective du flation, « alors même que l’inflation d’ensem- de l’inflation serait de + 1 % ou de – 1,1 %. Le membres de l’Union européenne beaucoup Marne. Une boulangerie parisienne passage à l’euro suscite auprès des ménages ble a reculé de manière significative », pour- résultat final devrait être plus proche du milieu plus immédiate et pourrait en accélérer la a même mis une affichette signa- français des craintes inflationnistes », mais suivent les statisticiens, et attribuent leurs de la fourchette », estiment les experts de convergence. « On peut imaginer que dans les lant à son « aimable clientèle que les estime que « ces craintes ne sont pas fon- craintes au passage à l’euro. A tort, selon l’Institut. entreprises multinationales, les salariés espa- pièces de 5, 10 et 20 centimes de dées ». Elles s’expliquent par l’appréciation l’Insee qui estime que le changement de Pour Jean-Paul Fitoussi, de l’OFCE, quoi gnols ou portugais revendiquent un aligne- francs ne sont plus acceptées ». Une en quelque sorte subjective qu’ont les ména- monnaie a été plus souvent « l’occasion de qu’il arrive, « c’est la demande qui compte. Si ment de leurs salaires sur ceux de leurs homolo- initiative illégale, mais la boulangè- ges de l’inflation. La hausse des prix de cer- procéder à des ajustements nécessaires » que certains augmentent leurs prix, par le jeu des gues français ou allemands », développe re répond au client récalcitrant : tains produits, ceux qu’ils achètent régulière- d’augmenter les prix sans justification. arrondis, d’autres joueront la stratégie inverse. Patrick Artus, de la Caisse des dépôts et « Ce n’est pas vous qui allez faire ma ment comme les produits alimentaires ou les Pour l’Insee, s’il existe un risque inflation- A terme, ceux qui avaient augmenté leurs consignations. Ce qui ne manquerait pas, caisse ce soir ! » produits d’entretien, suffit à faire redouter niste lié à l’euro, il est ailleurs : comme tarifs seront sans doute ensuite amenés à les par ricochet, d’avoir des effets sur les prix. une accélération de l’inflation, quand bien c’était le cas pour les prix en francs dans cer- baisser. A moins qu’il y ait une entente entre Stéphane Lauer même les prix, dans l’ensemble, resteraient tains secteurs comme les services, l’habille- les commerçants, ce qui semble peu proba- Virginie Malingre et Cécile Prudhomme ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 / 15 Journaux, taxis, cinémas… dans la vie courante, les dérapages troublent les consommateurs LES HAUSSES routes avec l’accord des pouvoirs même, le cinéma parisien Action temps, le tarif résidentiel, réservé b Le prix de la première rechar- publics à 6 % en moyenne. Christine (6e) fait payer sa carte aux Parisiens, passe pour la jour- ge Mobicarte de l’opérateur de b La place pour le tournoi de d’abonnement 40 euros (soit née de 2,29 euros (15 francs) à un téléphonie mobile Orange est pas- tennis du stade Roland-Garros, à 262,38 francs) et 250 francs (soit demi-euro (3,28 francs), soit une sé, le 15 novembre, de 70 francs Paris (16e arrondissement), a été 38,11 euros). baisse de près de 80 %. (10,67 euros) à 15 euros, soit une augmentée de 5 % (contre 3 % les b La course de taxi à Paris. La b Dans une laverie automati- augmentation de 40 %. Toutefois, années précédentes) : le siège prise en charge passe à 2 euros que parisienne, rue de Belleville l’opérateur souligne que le prix de numéroté passe de 19,81 euro à (13,12 francs contre 13 francs aupa- (19e), le prix d’un cycle de lavage la minute de communication n’a 21 euro. ravant) et la « chute », c’est-à-dire ordinaire est passé de 20 francs à pas changé. Simplement, le con- b La place de cinéma a vu son l’unité de tarif, à 0,60 euro 3,10 euros (20,33 francs). sommateur doit au minimum con- prix évoluer « pour moitié à la haus- (3,94 francs contre 3,87 francs). b Prendre un café au Café sommer 30 minutes de communica- se et pour moitié à la baisse », affir- Globalement la hausse s’élève à Beaubourg, à Paris (4e), coûte tion tous les deux mois. me Jean-Marie Dera, directeur du 1,9 %, soit 0,5 % dû aux commodi- désormais 2,7 euros (17,71 francs) b La presse. Le magazine Elle réseau UGC. UGC a choisi « d’ar- tés d’arrondis. contre 17 francs auparavant. est passé à 2,20 euros (14,45 francs rondir les tarifs aux 10 centimes b L’heure de stationnement à b Le vestiaire du restaurant Bar- contre 14 francs auparavant). Zur- d’euros les plus proches ». Au multi- Paris va augmenter en moyenne de rio Latino à Paris coûte désormais ban coûte 0,80 euro (5,25 francs) plexe de l’UGC Ciné-Cité Bercy 30 %. Elle est désormais comprise 2 euros par objet contre 10 francs contre 5 francs auparavant. L’Ex- (12e), le tarif normal est passé à entre 3 euros (19,68 francs) et précédemment. press et La Vie financière augmen- 8,10 euros (53,13 francs) contre 1 euro de l’heure selon l’arrondisse- tent (2,8 euro contre 2,74), tandis 53 francs avant le 1er janvier. Cer- ment. La municipalité assure que la LES BAISSES que Le Point ou Le Nouvel Observa- tains cinémas ont connu une certai- décision, prise en juin, n’a rien à b Le prix du Big Mac de McDo- teur baissent de 3,05 euros à ne confusion : par exemple, le ciné- voir avec l’euro. « C’est une déci- nald’s a été ramené de 19,50 francs 3 euros. Le Monde est passé à ma MK2-Bastille, à Paris (12e), fait sion politique de déplacement », à 2,95 euros (19,35 francs). Le ham- 1,2 euro contre 1,14 euro en sep- payer sa clientèle 8 euros la place pour inciter à l’utilisation d’autres burger baisse lui aussi : il s’affiche tembre. Les journaux de rue Maca- ou 51 francs (7,77 euros). De modes de transport. Dans le même à 0,75 euros (4,97 francs) contre dam ou L’Itinérant qui coûtaient 5 francs. En moyenne, la chaîne de Le quadruple étiquetage 10 francs (1,52 euro) depuis leur restauration affiche une baisse de création, sont passés à 2 euros. Euro FM, pour guider les mal-voyants ses tarifs de 0,3 %. b L’enseigne Pizza Hut a aug- b Le quotidien est pas- n’effraie pas les chasseurs de soldes menté tous ses tarifs à l’automne Aider les aveugles et les mal-voyants à s’adapter à la monnaie uni- sé à 1 euro, soit une baisse de 7 % 2001. que : c’est l’objectif d’Euro FM, une station de radio qui devait com- par rapport au prix en francs. RIEN ne semble avoir arrêté les pas bouger », raconte Nathalie, ven- b Le groupe Nestlé recomman- mencer à émettre jeudi 10 janvier à partir de 12 heures, à Paris et b Au « Cirque », un bistrot du Parisiens. Ni la conjoncture écono- deuse chez Kenzo, au Printemps. de aux commerçants dans une bro- dans la région parisienne. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) deuxième arrondissement de mique, ni le passage à l’euro. Ils « Moi, je préférerais être à la caisse chure de facturer ses sucreries lui a accordé une autorisation temporaire d’émettre sur la fréquence Lyon, le pot de côtes-du-rhône est sont nombreux à s’être rués, dès que de ranger les vêtements », lance (Smarties, Lion, Kitkat, Crunch…) 93,9 MHz, jusqu’au 15 avril. Sa programmation est composée d’infor- passé de 50 francs à 7,60 euros mercredi matin, dans les magasins une de ses collègues visiblement au prix unique de 0,85 euros mations pratiques pour « prévenir les erreurs pouvant intervenir lors (49,85 francs). épuisée, qui tente de redonner un (5,58 francs), plus que les 5 francs de la manipulation des euros », de conseils juridiques, de forums de b Pour une grille de loto, il faut REPORTAGE semblant d’ordre à son rayon souvent pratiqués avant, mais dans discussion, etc. payer 1,2 euro au lieu de 8 francs dévasté. Au Comptoir des coton- le même temps le poids du produit Cette initiative vient du Comité national pour la promotion sociale (1,22 euro). Mais pour les jeux de Doivent être affichés niers, des vendeurs s’interpellent : a été lui aussi revu à la hausse. des aveugles et des amblyopes. Estimé à 230 000 euros, le finance- grattage, il faut débourser 1 ou au moins l’ancien prix « Qu’est-ce que tu vendras demain ? « Votre tiroir-caisse va sourire », ment d’Euro FM n’a pas encore été bouclé. Son fondateur, Hamou 2 euros contre 5 et 10 francs (0,76 en francs et en euros – Je ne sais pas. Les gens vont s’atta- conclut la brochure de Nestlé. Bouakkaz, qui est conseiller à la mairie de Paris pour les questions et 1,52 euro) auparavant. Mais les b et le prix soldé en euros quer aux meubles ! » Tarifs autoroutiers : la haus- liées aux handicaps, estime qu’au-delà de cette expérience, « les mal- gains augmentent eux aussi dans Les clients ne semblent pas se a été fixée par les sociétés d’auto- voyants mériteraient une radio en permanence ». les mêmes proportions. déroutés par l’affichage des prix. pour la première journée des sol- « Moi, l’euro, ça ne me gêne pas. des d’hiver. Ceux-ci ont été fixés C’est le pourcentage de remise que je du 9 janvier au 17 février, pour que regarde. Et je le trouve très attractif : Comment le banditisme s’adapte à la monnaie unique leur terme coïncide avec la fin de la – 50 %, c’est incroyable, surtout dans circulation du franc. Pendant cinq les grandes marques », explique L’EURO ne consacre pas seulement l’avène- perdre toute valeur après l’adoption de l’euro. bres du banditisme français, associés à des semaines et demi, les soldeurs affi- une paisible quinquagénaire, les ment d’une monnaie commune pour les Euro- Dès la fin de 2000, les enquêteurs chargés de membres de groupes mafieux russes avaient cheront au moins trois étiquettes : bras chargés de paquets. péens, il permet aussi de lever le voile sur une suivre les activités criminelles de ces organisa- mis leurs moyens en commun pour acheter des l’ancien prix en francs et en euros partie de l’économie parallèle, souvent illégale, tions ont pu ainsi constater des mouvements terrains et des propriétés au Portugal et en Ita- et le prix soldé en euros, comme le FILES D’ATTENTE en forçant les détenteurs de fonds à changer inhabituels qu’ils ont, depuis, liés à l’arrivée de lie, estimant, sans doute, que les contrôles, recommande le secrétariat d’Etat à Le luxe aussi solde à tour de leur monnaie ou, pour certains, à investir massi- la monnaie unique. moins draconiens que les pays d’Europe du la consommation. bras. Chez Dior, au premier étage vement au moyen d’espèces. Dans les deux cas, Les douaniers français et certains services de Nord, offraient davantage de sécurité. Chez Morgan, sur les Champs- du Printemps, une hôtesse et un la démarche revient à blanchir les francs accu- police, postés à des endroits stratégiques entre Les autorités espagnoles ont, enfin, signalé Elysées (8e), on a fait l’effort d’un gros cordon rouge filtrent les mulés, au fil des années, grâce à la fraude fisca- la France et des pays offrant des régimes avan- au service policier européen, Interpol, qu’elles quadruple affichage : les anciens clients : une entrée pour une sortie, le, à des activités relevant du banditisme. La tageux à ceux qui y déposaient des fonds, tels la avaient pu identifier un certain nombre de res- prix en francs et en euros, le prix pas plus ! Le procédé est le même, manifestation la plus visible de ce phénomène Suisse ou le Luxembourg, ont ainsi intercepté sortissants français, russes, ukrainiens et ita- soldé en euros, plus le pourcentage en plus rudimentaire, au rayon reste sans conteste l’apparition de nombreuses des véhicules suspects transportant des som- liens devenus, dans un temps très court, grâce de remise. A quelques pas de là, Gucci chaussures des Galeries grosses coupures dans les commerces, aux péa- mes importantes. Des arrestations similaires au versement d’espèces importantes, proprié- dans la boutique Charles-Jourdan, Lafayette. Temps d’attente : quin- ges d’autoroute ou directement dans les ban- ont été effectuées par les policiers allemands et taires de voitures de luxe, tels que des Merce- les vendeurs ont rajouté à la main ze minutes seulement contre plus ques. Ils proviennent d’une masse considérable italiens. Si certains propriétaires des voitures des. Les ventes de véhicules de cette marque la conversion des prix en francs. d’une heure pour pénétrer dans la en espèces estimée, rien qu’en France, à n’étaient que des fraudeurs au fisc, d’autres pré- prestigieuse ont augmenté de 40 % pour la « C’est un vrai succès pour un jour boutique Gucci à La Madeleine. 150 milliards de francs. Dès le premier trimes- sentaient de solides états de service au sein du seule année 2001. de semaine. Visiblement, les gens ont Une file d’attente de 80 mètres tre 2001, plus de dix milliards de francs prélevés grand banditisme. En Corse, notamment en Balagne, les poli- pris leur RTT pour profiter de cette s’était même formée en fin de mati- sur cette manne avaient déjà été injectés dans ciers ont, enfin, pu vérifier que des investisse- première journée de soldes », se féli- née dans la rue, incitant la maison l’économie. Cette tendance s’est, depuis, accen- IMMOBILIER ET AUTOMOBILES DE LUXE ments dans l’immobilier, des achats de terrains cite une vendeuse. Elle est inter- florentine à offrir des cafés chauds tuée, au point, selon les experts d’influer nota- De même, des investigations ont permis de et de commerces avaient été réalisés par des rompue par la demande pressante à ses clients persistants. blement sur la consommation. constater que des voyous originaires du Var personnes considérées comme des prête-noms d’une caissière : « Tu n’as pas un Dernière embûche : l’attente aux Au sein de cette population figurent égale- avaient transféré des fonds, en espèces, en de piliers de l’un des groupes les plus impor- billet de 5 euros ou de 20 euros ? Je caisses. A 18 h 30, aux Galeries ment des organisations plus structurées appar- Espagne et fortement investis sur la côte touris- tants du banditisme français, surnommée la te les rendrai demain ! ». Lafayette, il a suffi qu’un client tenant, pour certains, au milieu du banditisme tique espagnole. Mêlant leurs achats à un mou- Brise de mer. Depuis 2000, une cinquantaine Sur le boulevard Haussmann, les paie en… dollars pour que la caissiè- français et européen voire aux bandes mafieu- vement général vers l’immobilier, ils ont ainsi d’acquisitions, effectuées par ces personnes, embouteillages sont dignes d’un re en perde son latin. Et que la file ses, notamment celles de l’Europe de l’Est. Les contribué, à coups de millions de francs, à l’en- surtout, en 2001, relèveraient directement d’un samedi. « Les gens arrivent par d’attente s’allonge encore. sommes considérables amassées et déposées, volée des prix, parfois évaluée à plus de 40 %. blanchiment d’argent lié à l’arrivée de l’euro. vagues. C’est un tourbillon. A 11 heu- en francs, par les voyous et escrocs, dans des Une autre affaire a permis de réunir suffisam- res, à 16 heures 30, on ne pouvait Véronique Lorelle coffres dans des paradis fiscaux, menaçaient de ment d’éléments pour affirmer que des mem- Jacques Follorou 16 / LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 ENTREPRISES Boeing enregistre une chute Les liens entre le groupe en faillite Enron de ses commandes de 45 % FRAPPÉ par la crise du transport aérien consécutive au ralentisse- et l’administration Bush se précisent ment économique et amplifiée par les attentats du 11 septembre 2001, Boeing a annoncé, mercredi 9 janvier, une chute de 45 % de ses commandes fermes d’avions commerciaux en 2001. Le constructeur Une enquête criminelle sur la diffusion de fausses informations a été ouverte mercredi aéronautique américain a reçu 335 commandes brutes, alors qu’il en contre 608 en 2000. Les commandes nettes, qui tiennent compte des La faillite d’Enron en décembre 2001 – la plus département de la justice a ouvert une enquête tisseurs. Les multiples liens financiers et person- conversions et des annulations, se sont élevées à 272 unités en 2001. importante de l’histoire américaine – pourrait criminelle car certaines opérations financières nels entre Enron et la famille Bush amènent celle- Boeing a livré 527 avions, soit 62 % des livraisons effectuées dans l’aé- éclabousser l’administration républicaine. Le semblent avoir eu pour but de tromper les inves- ci à se justifier. ronautique civile. Mais le ralentissement des commandes va se tradui- re dans le rythme de production au cours des prochaines années. NEW YORK s’effondrer avec celle des titres Lay, président et fondateur d’En- Sous la pression, la Maison Blan- Boeing, qui tire environ 60 % de son chiffre d’affaires de la vente d’avi- de notre correspondant Enron, tombés en moins d’un an ron, et la famille Bush font l’objet che a confirmé six rencontres en ons civils, compte en effet ne livrer que 350 à 400 appareils en 2002 et Un mois après la mise en règle- de 85 dollars à moins de 1 dollar. d’un début de polémique. M. Lay 2001 entre M. Cheney ou des mem- moins encore en 2003. ment judiciaire d’Enron, la plus Le septième groupe américain, est un proche de George Bush, bres de son cabinet et des diri- grande faillite de l’histoire améri- dont le chiffre d’affaires dépassait ancien président des Etats-Unis, geants d’Enron afin d’évoquer la caine devient une affaire criminelle 100 milliards de dollars en 2000, a de son fils, actuel président répu- crise énergétique. Des réunions Prague reporte la privatisation et politique. Le département de la reconnu, il y a deux mois, avoir blicain, et du vice-président Dick révélées par le représentant démo- justice a annoncé, mercredi 9 jan- surévalué pendant quatre ans ses Cheney. Selon le Center for Public crate Henry Waxman. Deux de ces vier, l’ouverture d’une enquête cri- profits de près de 600 millions de Integrity (Centre pour l’intégrité rencontres se sont produites après de sa compagnie d’électricité minelle portant sur la diffusion par dollars. La société, considérée par publique), Enron et ses cadres ont l’adoption de la loi sur l’énergie. la société d’informations ayant Wall Street comme l’une des plus apporté en tout 623 000 dollars à La dernière s’est tenue le 10 octo- LE GOUVERNEMENT tchèque a interrompu, mercredi, la procédure sciemment trompé les investis- innovantes pour avoir transformé bre 2001, six jours seulement de privatisation de son électricité, après une nuit de négociations seurs. Le ministère de la justice des l’électricité, le gaz, le papier et avant la révélation par Enron de infructueuses avec EDF. Le groupe français, grand favori pour l’em- Etats-Unis a formé une équipe spé- même la bande passante des Le groupe a reconnu ses problèmes. « Enron n’a pas don- porter face au tandem italo-espagnol Enel-Iberdrola, aurait pourtant ciale et y a associé les procureurs réseaux de télécommunications en né la moindre information sur sa offert un prix conforme à l’objectif de Prague, soit 200 milliards de fédéraux de Houston (Texas), où marchandises vendues sur un mar- il y a deux mois avoir situation lors de ses réunions », affir- couronnes (plus de 6 milliards d’euros). se trouve le siège d’Enron, de San ché, publiait des comptes totale- me David Addington, un des con- Deux écueils gênent la transaction : les polémiques autour de la sécuri- Francisco et de New York. Une pro- ment obscurs. « Des pratiques surévalué pendant seillers de Dick Cheney. « Il n’y a té de la centrale nucléaire de Temelin, près de la frontière autrichien- cédure sans précédent. Le départe- comptables illégales semblent proba- pas eu la moindre discussion à la ne, et l’obligation faite au propriétaire de CEZ d’acheter 28 millions ment du travail et la Securities bles », a reconnu, devant une com- quatre ans ses profits Maison Blanche sur les finances de tonnes de charbon local par an sur quinze ans pour alimenter ses Exchange Commission (SEC), auto- mission parlementaire, Joseph d’Enron », a confirmé mercredi le centrales (Le Monde du 10 janvier). Un nouveau schéma de vente de la rité de contrôle des marchés, ont Berardino, directeur général d’Ar- de 600 millions porte-parole de la présidence. Il a CEZ va être présenté d’ici au 28 février. lancé de leur côté des investiga- thur Andersen, société qui certifie ajouté que George Bush envisage tions civiles. « Cette enquête sera les bilans d’Enron. de dollars une réforme afin de mieux proté- centralisée par le département de la La justice s’intéresse tout parti- ger les pensions des salariés. Crédit martiniquais : le Fonds justice, cela permettra peut-être à la culièrement à la façon dont le grou- Dernier avatar, à la suite d’une machine à scandale de Washington pe a sorti de son périmètre compta- George W. Bush pour financer sa plainte déposée par plusieurs de ne pas tout transformer en règle- ble et transféré des milliards de carrière. M. Lay lui a donné plus créanciers d’Enron, le juge fédéral de garantie des dépôts est débouté ment de comptes politique »,a dollars de dettes dans des partena- de 100 000 dollars lors de l’élection de Houston a déclaré, mercredi, déclaré mercredi Robert Bennett, riats. Ces opérations ont permis à présidentielle. Il a également con- qu’il avait autorité pour bloquer le LE TRIBUNAL de grande instance (TGI) de Paris a annoncé, mercredi, l’avocat d’Enron. Enron de conserver son crédit tribué au financement du recomp- milliard de dollars d’actions ven- qu’il déboutait le Fonds de garantie des dépôts (FGD) dans l’affaire du Mais la « machine à scandale » auprès des agences de notations et tage des voix en Floride et lui a fait dues par 29 dirigeants et anciens Crédit martiniquais, cette banque privée dont la faillite virtuelle, en sera difficile à arrêter. Les princi- des établissements bancaires et de un autre don de 100 000 dollars dirigeants du groupe. L’accusation 1997, a conduit l’Etat à organiser un plan de sauvetage. Le FGD, qui a paux cadres du groupe énergéti- continuer à financer son activité lors de son entrée en fonctions. met notamment en cause, pour financé l’opération au nom des banques de la place, avait assigné en res- que ont cédé en 2001 pour plus de de courtage d’énergie. M. Lay a aussi donné 25 000 dol- fraude comptable, Kenneth Lay et ponsabilité les anciens dirigeants du Crédit martiniquais, son actionnai- 1 milliard de dollars (1,12 milliards L’affaire n’est pas seulement lars à un comité dirigé alors par le Wendy Gramm, femme de Phil re majoritaire Cofidom et ses commissaires aux comptes en mai 2000, d’euros) d’actions Enron, tandis judiciaire. L’annonce du départe- sénateur John Ashcroft, aujour- Gramm, sénateur du Texas, et en vue d’obtenir le remboursement des 228 millions d’euros. Le TGI a que les salariés n’en avaient pas le ment de la justice intervient au d’hui ministre de la justice… et membre du conseil d’Enron. estimé que l’action du fonds était prescrite, pour avoir été intentée plus droit et ont vu, impuissants, la moment même où les liens person- dont l’administration vient de trois ans après les faits reprochés. Toutefois, le jugement du TGI ne valeur de leurs fonds de pension nels et financiers entre Kenneth d’ouvrir une enquête sur Enron. Eric Leser disant rien sur le fond, le revers subi par le FGD ne préjuge en rien de sa capacité future à se retourner contre les dirigeants d’un établissement pour lequel il intervient, estimait, mercredi, un avocat. Le plan social de Henkel prévoit une « rente » aux salariés de plus de cinquante-trois ans 37 millions de Français possèdent Le groupe chimique va supprimer 3 000 emplois dans le monde dont une centaine en France un téléphone mobile LE GROUPE chimique allemand rance-vie collectif, ce capital sera ration correspond à l’évolution du interne, externe ou par des départs Henkel a engagé un plan de res- géré par un organisme financier marché et des produits. Spécialisée anticipés », assure Alain Landon, LE MARCHÉ de la téléphonie mobile est resté soutenu en 2001. Selon tructuration de sa branche déter- ou par une compagnie d’assuran- dans la fabrication de berlingots directeur des ressources humai- le bilan publié mercredi par l’Autorité de régulation des télécommuni- gents qui devrait se traduire, en ces. Trois d’entre eux sont en com- de détergents liquides de marque nes, qui se refuse à confirmer le cations (ART), le nombre de possesseurs de téléphones mobiles en France, par la suppression d’une pétition pour cette initiative peu Mir, dont la vente a considérable- montant de ce plan évalué aux France a atteint les 37 millions au 31 décembre 2001. La croissance de unité de production de 75 salariés usitée dans les procédures de ment chuté, l’usine de Saint-Far- environs de 150 millions d’euros. 24,6 % affichée en 2001 est toutefois en retrait par rapport à la hausse à Saint-Fargeau-Ponthierry (Seine- plans sociaux. Ce dispositif, qui geau tournerait à 30 % de ses capa- Délégué central CFDT, Jean- explosive de 44 % de l’année précédente. 61,6 % des Français sont et-Marne) et par le regroupement pourrait concerner 40 personnes cités. Cette activité serait transfé- Claude Gillet n’est guère surpris équipés contre 49,4 % en 2000. des activités sur deux sites, à Saint- à Reims et 35 à Saint-Fargeau, rée à Saint-Pierre-lès-Nemours de ces décisions, qui s’inscrivent Sur ce marché, Orange (France Télécom) maintient sa position de soli- Pierre-lès-Nemours (Seine-et-Mar- devrait coûter entre 150 000 et qui, avec 168 salariés, bénéficiera dans un plan international du grou- de leader avec 48,2 % de part de marché, suivi de SFR (Vivendi Univer- ne) pour les produits liquides et à 180 000 euros par salarié. Cette d’une augmentation de la produc- pe prévoyant 3 000 suppressions sal) dont les parts de marché s’érodent légèrement à 34,2 %, alors que Reims (Marne) pour les poudres aide s’ajoutera aux primes de tion de flacons plastique indivi- d’emplois parmi les 60 000 salariés Bouygues Telecom s’arroge 17,9 % du nombre total d’abonnés. de lessive. Au total, une centaine départ et de licenciement. duels. Parallèlement, serait créée dans les détergents, les cosméti- d’emplois seraient supprimés d’ici S’il n’entend pas faire appel aux une unité d’extrusion en sous- ques, les colles et adhésifs. Il à 2003, sur un effectif de produc- aides publiques, le groupe Henkel traitance comptant 25 salariés. s’étonne toutefois que ce projet Le directeur de Leumi France mis tion de 650 salariés. « assumera toutes les responsabili- intervienne un mois après l’ouver- Dans le projet de plan social qui tés de la nouvelle loi de modernisa- « PROCÉDÉ MALHONNÊTE » ture d’une partie du capital coté en sera soumis, jeudi 17 janvier, au tion sociale en matière de restructu- La direction de Henkel a, par Bourse à l’ensemble du personnel. en examen pour blanchiment comité central d’entreprise, le ration », précise Michel Charuel, ailleurs, confirmé la modernisa- « L’argent des salariés va servir à groupe envisage de proposer des directeur de la branche détergents tion de l’unité de fabrication de financer les départs et à virer des LE DIRECTEUR GÉNÉRAL de la filiale française de la banque israé- départs en préretraite et en cessa- pour la France et le Benelux. Le détergents en poudre (marques Le gens. Le procédé est malhonnête », lienne Leumi a été mis en examen, mercredi, pour « blanchiment tion anticipée d’activité dès l’âge groupe a prévu des aides au démé- Chat, Supercroix, X-Tra…) à Reims estime-t-il. Il craint surtout que de aggravé » dans le cadre d’une affaire de pratiques bancaires suspectes de cinquante-trois ans, dont il nagement et à la reconversion des où un investissement de 5 millions nouvelles restructurations n’inter- entre Israël et la France. Dans ce même dossier, les présentations de entend assurer l’intégralité de la salariés mutés de Ponthierry à d’euros sera réalisé dans des instal- viennent après celle des unités de plusieurs cadres de la Société générale, placés en garde à vue, lundi charge financière. Il a prévu de Nemours, voire au siège d’Henkel lations moins polluantes. Toute- production en Europe. Bien que 7 janvier, devaient se poursuivre, jeudi 10 janvier, dans le cabinet du verser une « rente » mensuelle à Boulogne-Billancourt (Hauts-de- fois, 30 emplois sur 235 devraient démentie par la direction de Hen- juge d’instruction Isabelle Prévost-Desprez, chargée de l’enquête. équivalant à 70 % du salaire brut Seine). Il s’est aussi engagé à met- être supprimés. kel-France, qui compte 700 salariés Le directeur du contentieux au sein du service des affaires juridiques jusqu’à l’âge prévu de la retraite tre en œuvre des mesures de réin- « L’essentiel est de proposer une au siège de Boulogne-Billancourt, de la banque s’est vu notifier le statut de témoin assisté au terme de sa des salariés volontaires. Placé dustrialisation du site. solution au personnel, que ce soit la crainte d’un regroupement des comparution, mercredi soir. Le responsable de l’Inspection générale sous la forme d’un contrat d’assu- Pour la direction, cette restructu- sous la forme d’un reclassement services administratifs dans un cen- et le chef des opérations internationales devaient être, quant à eux, tre européen aurait été évoquée. présentés, jeudi, au magistrat. Pour le président de la Société généra- le, Daniel Bouton, son groupe, respecte « rigoureusement » les règles Michel Delberghe sur le blanchiment.

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TOULOUSE Marc Garcia, fondateur d’Euro- dans un des deux studios à leur dis- vée il y a un an de Matthieu Beau- aux jeunes ? Cette polémique, qui Trautmann, alors nouvelle minis- de notre envoyée spéciale pe 2, nommé à la tête du Mouv’ il y position. A l’étage, le reste des équi- val, directeur des programmes et a accompagné le lancement du pro- tre de la culture et de la communi- Le Mouv’ (s’installe à Paris. Un a près de trois ans. L’éventualité pes, dont la rédaction, s’est réparti de l’information, a fait souffler un jet en juin 1997, a rebondi ces der- cation, et malgré de multiples poing s’est affiché sur les pan- d’un déménagement des équipes dans les différentes pièces d’un vent nouveau. « Les formats des nières semaines. Face à l’arrivée du oppositions au sein de Radio Fran- neaux publicitaires depuis le 1er jan- vers la capitale est pour l’instant appartement bourgeois. Aux pla- reportages ou des chroniques étaient Mouv’ à Paris, les radios privées ce, Le Mouv’ a survécu. La nomina- vier. Sur les phalanges, trois chif- réfutée. La radio, qui a rompu les fonds moulurés, aux colonnes et chaotiques et variaient de deux à dix qui concentrent l’audience de cette tion de Jean-Marie Cavada à la tête fres : 92.1. C’est la fréquence FM amarres avec la Maison Ronde cheminées en marbre sont venus minutes. Nous les avons rebalisés en tranche d’âge (NRJ, Fun Radio, Sky- de Radio France avait relancé les de la radio qui fait ses premiers pour s’ancrer à Toulouse en 1998, s’ajouter des structures métalli- privilégiant les formats courts. Nous rock…) sont montées au créneau et spéculations sur l’avenir de cette pas, depuis le 17 décembre, à Paris. compte bien rester au bord de la ques qui courent le long des parois devons fabriquer des produits que ont interpellé le Conseil supérieur radio confidentielle, créditée de Une opération coup de poing, véri- Garonne, même si elle est à la et protègent fils électriques et les jeunes ont l’habitude de consom- de l’audiovisuel (CSA). « Je pense 0,7 % d’audience à Toulouse, son table tournant pour la petite der- recherche de locaux plus spacieux. réseaux informatiques. Les murs mer », précise M. Beauval, transfu- qu’il y a la place pour une alternati- principal bassin d’écoute. En 2000, nière du groupe Radio France, qui, sont couverts d’affiches de concert ge de M6, qui avoue en souriant ve aux radios privées », affirme le Plan bleu (Le Monde du 26 mai après bien des péripéties, espère se TOILETTAGE DE LA GRILLE ou de festival, ce qui donne à l’en- avoir été affublé du surnom de M. Garcia. Mais cette place est 2000) a attribué au Mouv’ des fré- hisser au rang de média national. Aujourd’hui, le Mouv’ est au semble un petit air de local d’étu- « Castrator » à son arrivée. Il a bien difficile à trouver. quences à Lyon, Marseille et Lille, Cette radio de service public cen- cœur de la Ville rose, et les pas- diant, impression renforcée par les accentué la tonalité rock de la sta- Depuis sa création, Le Mouv’ a un mouvement décisif pour lui per- sée séduire des auditeurs âgés de sants qui se promènent le long du accumulations de gadgets et d’ob- tion, un recentrage décidé après vu les obstacles se multiplier. Le mettre d’atteindre un public jeune 18 à 35 ans couvre désormais un boulevard Carnot, l’œil attiré par jets kitsch. l’échec d’une période initiale projet a bien failli ne pas résister à et urbain. Cette attribution avait auditoire potentiel de 16 millions l’habillage jaune et bleu de la vitri- La recherche de locaux plus fonc- vouée à l’éclectisme musical. la dissolution décidée quelques provoqué quelques levées de bou- d’habitants. « L’arrivée à Paris mar- ne, ont tout loisir de voir les anima- tionnels est à l’image du toilettage Est-il légitime que le service jours seulement après sa naissan- clier, car elle s’est faite au détri- que un nouveau début », affirme teurs enregistrer leur émission de la grille des programmes. L’arri- public finance une radio destinée ce. Après un conflit avec Catherine ment de FIP, privée d’antenne dans ces trois villes. Aujourd’hui, Le Mouv’ est diffu- Les stations « jeunes » sé dans une dizaine d’aggloméra- « C’est la radio qui me réveille, c’est avec la radio que je m’endors » tions françaises. « Nous atteignons L’institut Médiamétrie ne 5,2 % d’audience à Toulouse, et tota- comptabilise que les auditeurs ELLES ONT la fraîcheur et les fondateur de Virgin. Le nom de té de programmation inégalée : cette station « pour petits de lisons 200 000 auditeurs », affirme âgés de plus de 15 ans. rires de leurs quinze ans. Et, com- Ouï FM est répété par chacune en « On peut écouter des vieux Pink 12-13 ans qui s’enferment le soir M. Garcia, qui précise : « Il faut dix b NRJ (100.3 FM) : née en 1981, me la plupart des lycéens, sont un murmure courant le long de la Floyd, des tubes des années 1980 et dans leur chambre pour écouter les ans pour installer une telle radio. » elle attire chaque jour 5,86 millions accros à la radio. Céline, Adèle, table. Le groupe relativement dis- des super-nouveautés de la scène cochonneries racontées par Di Les radios privées créés il y a vingt d’auditeurs. La station appartient Anne-Sophie dite « Fatso », Mari- parate est soudé dans ce choix, française », expliquent Céline et Fool », dit l’une d’elles. « Ça y est, ans ont marqué leurs territoires principalement à Jean-Paul même s’il existe des variantes. Anne-Sophie. les hormones s’agitent, alors on écou- musicaux. En faisant le choix du Baudecroux, président de NRJ REPORTAGE Anne-Sophie écoute aussi Nova. te Di Fool », plaisante Bianca. rock, Le Mouv’ est confronté à la Group, à 72,58 % et 21,41 % Pour Adèle, c’est Ouï FM, « com- QUESTION DE STYLE Question animateurs, les sanc- concurrence de Ouï FM ou de du capital est en Bourse. Dans ce groupe me tout le monde », et quelques Ici, choisir une radio c’est dire tions tombent, définitives. Skyrock RTL 2. La voie est étroite, d’autant b Fun Radio (101.9 FM) : créée d’élèves de seconde, fois NRJ et Fun Radio. Marine, qui on est. Une question d’âge, – « que du rap, c’est soûlant » – est que la radio de service public doit en 1984, elle appartient au groupe choisir une fréquence, moins diserte, avoue à la troupe mais surtout de style. « La musique banni pour cause d’Arthur « vrai- cultiver sa différence : un tiers du RTL et totalise 3,34 millions c’est dire qui on est qu’elle n’écoute pas beaucoup la qu’on écoute dépend de la façon ment trop méchant ». Adoptant une temps d’antenne est réservé à l’in- d’auditeurs quotidiens. radio. Elle préfère les disques de dont on pense, dont on s’habille », moue réprobatrice, elles le jugent formation et aux magazines, le quo- b Skyrock (96 FM) : créée en 1986, metal et de punk, or, « pour ces fait observer Anne-Sophie. « désagréable avec les personnes ». ta de chansons françaises doit être elle attire 3,34 millions d’auditeurs ne « Toutine », Bianca « Enki », ou musiques-là, y a pas de radio », « Avant, quand j’étais avec les Même si, confie-t-on, « le pire, c’est respecté, et Le Mouv’ a pour mis- cumulés. Elle est détenue à 20 % Juliette sont en classe de seconde affirme-t-elle. racailles de 18 ou 19 ans, ceux qui Max sur Fun Radio ». Des commen- sion de détecter de nouveaux par Pierre Bellanger et à 80 % par au lycée Claude-Monet (Paris 13e). Pourquoi ce choix indiscuté ? portent des marques, j’écoutais com- taires de filles ? « Non, les garçons talents. Avec son arrivée à Paris, la Morgan Grenfell Private Equity La radio ? « J’écoute tout le « Parce qu’on a du goût, plus que me eux Skyrock, parce que c’est bran- sont d’accord », disent-elles. radio des jeunes espère gagner en (filiale de la Deutsche Bank). temps », lâche doucement l’une parce que c’est dans le coup », affir- ché », explique, calmement, Céli- Entre deux éclats de rire, elles notoriété et en crédibilité et renfor- b Ouï FM (102.3 FM) : créée en d’elles. « C’est la radio qui me me, sans hésiter, Anne-Sophie. ne. NRJ ? « Si quelqu’un écoute disent rêver d’une station qui mêle- cer ses partenariats avec des festi- 1988, elle est détenue à 100 % réveille, c’est avec la radio que je Toutes opinent de la tête, visible- NRJ, c’est péjoratif », affirme une rait rock, salsa, reggae-ragga, avec vals comme le Printemps de Bour- par Virgin Radio International. m’endors. D’ailleurs, souvent, c’est ment satisfaites. En théorie, autre. « Ça veut dire qu’il aime tout un peu de rap aussi. Sur leur bande ges. Le pari du service public n’est Diffusée seulement à Paris, elle ma mère qui vient l’éteindre », Ouï FM n’est pas faite pour les ce qui est commercial », explique FM, ça n’existe pas. pas encore gagné. est écoutée par 464 000 auditeurs. raconte Céline, qui écoute encore « jeunes » mais plutôt pour les Bianca. Fun Radio ? Elles regar- b Le Mouv’ (92.1 FM) : la dernière un peu Skyrock mais ne jure plus, 20-35 ans. Elles l’ont pourtant dent du haut de leurs quinze ans Florence Amalou Laurence Girard née de Radio-France (1997) depuis un an et demi, que par «la découverte chacune de leur côté, n’apparaît pas dans les radio 100 % rock », Ouï FM. Cette quand elles étaient en classe de troi- classements. Elle attirerait station parisienne appartient au sième. Depuis, elles lui sont fidèles 200 000 auditeurs. Britannique Richard Branson, le en raison, disent-elles, d’une varié- Après l’explosion d’AZF, la « thérapie collective » de M’Toulouse TOULOUSE phe, se réunissent aussitôt. L’idée et, surtout, imaginer une radio à la de notre correspondant régional surgit : appliquer jusqu’au bout la dimension tragique de l’événe- Radio M’Toulouse, créée à la sui- conception de service public de ment. « On a immédiatement com- te de l’explosion de l’usine AZF, Radio France et, en l’occurrence, pris qu’il fallait créer quelque chose émettra encore un mois. Le Conseil créer une radio spécifique de servi- qui mette les gens en relation, qui supérieur de l’audiovisuel (CSA) a ce et de solidarité. La loi autorise le leur parle et leur serve à parler », autorisé, mardi 8 janvier, cette sta- service public à préempter une fré- explique Isabelle Delaude. « Une tion temporaire locale, animée par quence. A Toulouse, ce sera celle radio qui ne se repose jamais », ajou- Radio France, jusqu’au 8 février. parfois utilisée par les universités. te Alain Gastal, un des journalistes L’équipe aurait bien vu la station Lundi 8 octobre, tout est en pla- associés au projet. A une popula- perdurer, mais au sein de l’autorité ce. Radio M’Toulouse, « M comme tion toulousaine traumatisée, révol- de régulation, on estime depuis aime », émet sur une fréquence tée, souvent désespérée, il s’agit Paris que « ce n’est pas forcément provisoire en onde moyenne, avant tout de rendre service, de dans l’air du temps ». avant que le CSA, présidé par l’an- fournir des informations, de per- M’Toulouse est pourtant une bel- cien maire de Toulouse, Domini- mettre les témoignages, d’assurer le aventure : jeudi 4 octobre, quin- que Baudis, l’autorise à migrer sur un lien. Tous les jours, de 8 heures ze jours après l’explosion d’AZF, le la FM. « Les nuits ont été très cour- à 20 heures, l’antenne résonne PDG de Radio France téléphone à tes », témoigne Isabelle Delaude, d’un seul thème : la catastrophe et ses troupes toulousaines – les cor- rédactrice en chef du Mouv’, qui ses conséquences. respondants pour Inter et Info et la prend en charge la rédaction. « C’est une radio comme je n’en radio jeune, le Mouv’–, pour s’en- avais jamais entendu », raconte une quérir de la situation. « N’y a-t-il SERVICE, SOLIDARITÉ, TÉMOIGNAGE des journalistes qui, sur la base du pas quelque chose à faire ? », Il a fallu trouver un local (un volontariat, fait partie de la centai- demande Jean-Marie Cavada, ancien appartement en voie de ne de personnes du réseau de impressionné par l’ampleur du dra- démolition), l’aménager, y installer Radio France venues participer à me toulousain. Les équipes, très un studio, mobiliser des journalis- l’expérience toulousaine, à raison présentes sur le terrain depuis les tes, des animateurs, des techni- d’une semaine chacune. premières heures de la catastro- ciens (une vingtaine de personnes) M’Toulouse est une radio fami- lière à laquelle on téléphone, sur laquelle on se raconte, s’interpelle, s’interroge, une radio qui est tou- Bruxelles pourrait mettre jours dans l’urgence… Proximité, services, solidarité, témoignages, débats sont les maîtres mots. en cause la privatisation de la SFP « Nul doute que nous avons servi de thérapie collective », estime Alain LA PRIVATISATION de la Société française de production (SFP) «ne Gastal, qui se souvient avec émo- passera pas comme une lettre à la poste », a affirmé le porte-parole du tion de ce salarié d’AZF, blessé par commissaire européen chargé de la concurrence, Mario Monti, cité, l’explosion, qui appelait tous les mercredi 9 janvier, par La Correspondance de la presse. Le gouverne- jours pour essayer de comprendre ment français a décidé en octobre de céder la SFP pour 4,57 millions l’imprévisible. d’euros à Euromédia Télévision, associé à Bolloré Investissement. La Quasi naturellement, la radio Commission européenne attend des renseignements complémentai- trouve donc son audience. Tout le res de l’Etat français, sollicités le 13 décembre. La Commission dispo- monde s’en saisit comme d’un sera de deux mois pour avaliser l’opération ou ouvrir une enquête outil : les élus, les industriels, les pour décider si la somme débloquée par l’Etat en accompagnement syndicats, les associations de victi- du plan social est juridiquement possible. mes, les assureurs, les médecins, les experts. Aujourd’hui encore, DÉPÊCHE l’antenne résonne du débat qui a TÉLÉVISION : Catherine Tasca, ministre de la culture et de la mobilise les esprits : faut-il ou non communication, a affirmé, lors des vœux, mercredi : « Nous saurons permettre au pôle chimique de consolider et adapter les dispositifs existants pour les rendre encore plus redémarrer ? M’Toulouse disparaî- efficaces, notamment dans le contrôle des mouvements de concen- tra-t-elle après que les conséquen- tration. » A propos de l’actionnariat de Canal+ après le rachat de USA ces du drame se seront estom- Networks, elle a estimé « important qu’il y ait une bonne régulation qui pées ? « Tant qu’il y aura des problè- affine les outils de suivi des actions capitalistiques ». Le Conseil supé- mes, dit Alain Gastal, nous n’aban- rieur de l’audiovisuel est confronté dans ce dossier à un problème d’in- donnerons pas les gens. » terprétation de la loi et en a appelé au Conseil d’Etat. Jean-Paul Besset 18 / LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 FINANCES ET MARCHÉS

EUROPE TABLEAU DE BORD ÉCONOMIE FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT100 PARIS CAC 40

5220,71 5187,20 4546,01 lier ancien ont continué de pro- annoncé Transdev mercredi. 5296 5369 4682 Les PME investiront gresser de 6,5 % en moyenne en AFFAIRES 5138 5296 4589 2001, a signalé, jeudi, la Fédération b GAZPROM : la justice russe 4979 5223 4495 moins en 2002, nationale des agents immobiliers INDUSTRIES a interpellé, mercredi, le plus 4821 5150 4401 (Fnaim). En 2000, la hausse avait proche collaborateur de l’ancien été de 10 %. Selon la Fnaim, le Sud- 4662 5076 4307 selon la BDPME b BRANDT : le tribunal de patron du groupe Gazprom, et Ouest est la région où la hausse a 4503 5003 4213 commerce de Nanterre scellera lancé une enquête sur des [[[ [[[ [[[L’ENQUÊTE semestrielle de été la plus forte (10 %), suivi de le 15 janvier l’avenir des salariés détournements d’actifs. 10 O. 22 N. 10 J. 10 O. 22 N. 10 J. 10 O. 22 N. 10 J. |conjoncture de la Banque du déve- près par le Sud-Est (9,7 %). Dans le du fabricant français Cette décision montre la loppement des PME, fondée sur Nord-Est et en Ile-de-France, les Indices cours Var. % Var. % d’électroménager (11 000 salariés). détermination du Kremlin Europe 9h57 f se´lection 10/01 09/01 31/12 1 000 questionnaires reçus en prix ont gagné respectivement Les cinq offres de reprise partielle à reprendre le contrôle EUROPE EURO STOXX 50 3688,82 – 0,92 – 3,08 décembre 2001, confirme le ralen- 4,7 % et 4,1 %. In fine, le prix (Arcelik-Beko, Candy, de la plus grosse entreprise EUROPE STOXX 50 3581,14 – 0,79 – 3,39 tissement de l’activité des petites moyen du mètre carré en France des cadres de Brandt, Elco du pays. EUROPE EURO STOXX 324 309,06 – 0,87 – 1,74 et moyennes entreprises en France s’est élevé à 1 529 euros. et Whirlpool) ont été examinées EUROPE STOXX 653 293,28 – 0,66 – 1,82 en 2001. Dans l’industrie, en à huis clos, mercredi 9 janvier. b AIR LIB : la compagnie PARIS CAC 40 4546,01 – 0,89 – 1,70 moyenne, la progression de l’activi- a ALLEMAGNE : la balance com- aérienne française en grande PARIS MIDCAC ...... té est retombée à 3,7 % (contre merciale a enregistré un excé- b BEGHIN-SAY : le conseil difficulté devrait voir son horizon PARIS SBF 120 3141,89 – 0,90 – 1,08 8,8 % en 2000). Pour le transport, dent de 5,9 milliards d’euros en d’administration du groupe s’éclaircir. Selon La Tribune du PARIS SBF 250 ...... elle est de 3 % (contre 11,5 %) et de novembre, contre un excédent de sucrier a pris connaissance jeudi 10 janvier, Crédit Agricole PARIS SECOND MARCHE´ ...... 2,5 % pour l’hôtellerie-restaura- 4,8 milliards d’euros un an plus des offres recueillies par Indosuez viendrait au secours du AMSTERDAM AEX 493,28 – 1,11 – 2,66 tion (contre 5 %). La décélération tôt, signalent les chiffres provisoi- BNP-Paribas dans le cadre transporteur en mettant sur pied BRUXELLES BEL 20 2667,82 – 0,39 .... est plus faible dans la construction res publiés, jeudi, par l’Office fédé- d’une éventuelle cession un GIE fiscal permettant de FRANCFORT DAX 30 5220,71 – 1,28 .... (5,4 % contre 6,8 %). En revanche, ral allemand des statistiques. Sur de sa filiale italienne Eridania, « bénéficier des retombées de la LONDRES FTSE 100 5187,20 – 0,79 – 0,58 les PME du commerce de détail les onze premiers mois de 2001, a indiqué Béghin-Say, mercredi. transaction financière portant sur MADRID STOCK EXCHANGE 7975,80 – 1,12 – 5,02 augmentent leurs ventes (7,1 % l’économie allemande a dégagé un le rachat de deux Airbus A 340 MILAN MIBTEL 30 32139 – 1,11 – 0,38 contre 5,7 % en 2000). Le rythme excédent cumulé de 77,9 milliards b AVENTIS : le groupe acquis par Flightlease ». ZURICH SPI 6337,80 – 0,35 .... des embauches dans les PME s’est d’euros. pharmaceutique songerait à maintenu au niveau record de fermer son centre de recherche FINANCES ´ 2000. En revanche, seulement 76 % a ESPAGNE : la production de Romainville (Seine AMERIQUES des chefs d’entreprise ont déclaré industrielle a baissé de 4,7 % en Saint-Denis), selon un document b LA POSTE : l’entreprise avoir investi en 2001 contre 84 % novembre par rapport au même interne de la direction révélé publique a annoncé à la NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR en 2000. Plus inquiétant, l’indica- mois de 2000, a précisé, jeudi, l’Ins- par les syndicats. Ce centre fédération Sud-PTT, mercredi, son 10094,09 2044,89 0,893 teur prévisionnel d’évolution du titut national de la statistique de recherche, que le groupe avait intention de supprimer 600 postes 10259 2059 0,913 volume des investissements de la (INE). En octobre, la production auparavant songé à vendre, dans ses 21 centres financiers 10018 1961 0,906 BDPME pour 2002 a brutalement industrielle avait encore progressé emploie 900 personnes. (traitement de chèques postaux) fléchi, tombant à son plus faible de 3 %. 9776 1863 0,899 en France, à la faveur de départs niveau depuis le lancement de l’en- b FIAT : le groupe automobile en retraite. 9535 1765 0,891 quête en 1985. a JAPON : la baisse du yen par italien lancera une augmentation 9293 1668 0,884 rapport au dollar « est allée trop de capital de 1,02 milliard d’euros b CAISSE D’ÉPARGNE : 9052 1570 0,877 a ARGENTINE : les autorités loin », s’est exclamé, jeudi, un [[[ [[[ [[[ entre le 14 janvier et le 4 février, le personnel du 10 O. 22 N. 9 J. 10 O. 22 N. 9 J. 10 O. 22 N. 10 J. américaines ont pressé, mercre- haut responsable du ministère a-t-il indiqué mercredi. Fiat avait Languedoc-Roussillon di, le nouveau président argentin japonais des finances. « Le yen est annoncé en décembre son poursuivait, jeudi 10 janvier, le Indices cours Var. % Var. % Eduardo Duhalde, de prendre rapi- dans une période de correction mais Ame´rique 9h57 f se´lection 09/01 08/01 31/12 intention de faire appel au marché mouvement de grève interrompu dement des mesures économiques je pense qu’il est allé trop loin et E´TATS-UNIS DOW JONES 10094,09 – 0,56 .... en vue de réduire son vendredi au niveau national, pour crédibles pour que l’Argentine puis- qu’aucune situation de marché ne le E´TATS-UNIS S&P 500 1155,14 – 0,48 0,61 endettement. obtenir l’embauche de 140 se obtenir une aide financière du fera reculer encore unilatérale- E´TATS-UNIS NASDAQ COMPOSITE 2044,89 – 0,53 4,84 personnes. – Fonds monétaire international ment », a ajouté le directeur géné- b TORONTO TSE INDEX 7775,78 0,08 1,14 DAEWOO-FSO : les six BOVESPA 14020,79 .... 3,26 (FMI). « Nous espérons que des ral adjoint du ministère des b SAO PAULO banques polonaises créancières FIMATEX : la filiale de MEXICO BOLSA 369,74 – 1,10 3,64 mesures seront bientôt prises pour finances. a de la filiale polonaise du courtage en ligne de la Société BUENOS AIRES MERVAL ...... permettre au FMI de fournir une Les ventes de véhicules impor- constructeur coréen Daewoo Générale, a annoncé, jeudi, l’arrêt SANTIAGO IPSA GENERAL 97,04 – 1,70 – 10,97 assistance financière » à l’Argenti- tés ont baissé de 2,9 % en décem- ont annoncé, mercredi, qu’elles de ses activités au Royaume-Uni CARACAS CAPITAL GENERAL 6529,94 – 1,24 – 0,61 ne, a déclaré Paul O’Neill, secrétai- bre passant sur un an à 26 313 uni- ont trouvé un accord sur (2 000 comptes) et en Espagne re américain au Trésor. tés, a annoncé, jeudi, l’Association l’endettement de l’usine. Le (1 000 comptes), dans le cadre de a Le ministre argentin de l’éco- des importateurs automobiles Tribunal régional de Varsovie son programme de réduction des ASIE - PACIFIQUE nomie, Jorge Remes Lenicov, a japonais (JAIA). « Les ventes ont sta- avait rejeté, fin 2001, coûts. Elle se recentre sur la annoncé, mercredi 9 janvier, un gné en raison de la récession »,a la demande de mise en faillite France et l’Allemagne. TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng EURO / YEN assouplissement des restrictions déclaré Ai Okumura, porte-parole de Daewoo-FSO, déposée 10538,43 11256,07 118,20 bancaires, en portant le plafond de de la JAIA. Parmi les constructeurs par un sous-traitant. b CIGNA : le groupe américain retrait autorisé de 1 000 pesos par étrangers, Renault a enregistré la 11064 11892 119,1 d’assurances, spécialisé dans les mois à 1 500 pesos. Cet encadre- plus forte baisse avec un repli de b VALEO : BNP Paribas a soins de santé et les retraites des 10844 11473 116,7 ment des retraits a pour but de pro- 42,6 % de ses ventes. Celles de franchi le seuil de 5 % salariés, a annoncé, mercredi, 10624 11054 114,3 téger les établissements financiers BMW sont en recul de 16,2 %. du capital et des droits de vote qu’il allait supprimer environ 10404 10635 111,8 qui « pourraient faire faillite » s’ils de l’équipementier automobile, 2 000 emplois sur 43 900, afin 10184 10216 109,4 devaient rendre en un temps limité a CORÉE DU SUD : l’économie pour s’établir à 6,64 %, à la suite d’améliorer la rentabilité 9964 9797 106,9 l’argent déposé chez eux. devrait croître de 3,2 % en 2002, de l’acquisition, le 4 janvier, et l’efficacité des services [[[ [[[ [[[ après une croissance de 2,6 % en d’un bloc d’actions. à la clientèle. 10 O. 22 N. 10 J. 10 O. 22 N. 10 J. 10 O. 22 N. 10 J. a MEXIQUE : l’inflation a 2001, a annoncé, jeudi, le Fonds Indices cours Var. % Var. % atteint, en 2001, son niveau le monétaire international (FMI). Cet- Zone Asie 9h57 f SERVICES b ING : le bancassureur se´lection 10/01 09/01 31/12 plus bas depuis 1968 avec une te prévision est inférieure à celle néerlandais a annoncé, mercredi, TOKYO NIKKEI 225 10538,43 – 1,18 – 0,04 hausse de 4,40 %, a signalé, jeudi, estimée à 4 % par le gouvernement b TRANSDEV : l’italienne avoir acquis, via sa filiale française HONGKONG HANG SENG 11256,07 – 1,61 – 1,24 la banque centrale du Mexique. sud-coréen. « Nous avons récem- Compagnia di San Paolo ING Bank, 100 % des actions de SINGAPOUR STRAITS TIMES 1704,82 1,10 5 Les prix ont baissé de 0,14 % en ment revu à la baisse notre prévision Investimenti Patrimoniali (CIP) Deutsche Bank SA, filiale de SE´OUL COMPOSITE INDEX 90,97 – 3,67 8,67 décembre par rapport à novembre, de progression du PIB en Corée du a acquis 7 % du capital de la Deutsche Bank en France, SYDNEY ALL ORDINARIES 3351,80 – 0,09 – 0,24 une première également, depuis Sud pour 2002 à 3,2 % contre 4,5 % société de transports française spécialisée dans le conseil BANGKOK SET 20,90 – 0,33 5,93 1968, précise la banque centrale. prévu au début de 2001 » a indiqué (groupe Caisse des Dépôts), ainsi patrimonial auprès des BOMBAY SENSITIVE INDEX 3384,31 – 0,49 3,74 Charles Adams, sous-directeur du qu’un siège d’administrateur, a particuliers. WELLINGTON NZSE-40 2107,20 1,08 2,63 a FRANCE : les prix de l’immobi- FMI pour la zone Asie-Pacifique.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone Euro Hors zone Euro Euro contre f Taux contre franc f Taux Euro contre f 09/01 FRANC ...... 6,55957 EURO ...... 0,15245 COURONNE DANOISE. 7,4383 Action Merrill Lynch PARIS NEW YORK DEUTSCHEMARK ...... 1,95583 DEUTSCHEMARK ...... 3,35385 COUR. NORVE´GIENNE 7,9475 Merrill Lynch a LIRE ITALIENNE (1000) . 1,93627 LIRE ITAL. (1000) ...... 3,38774 COUR. SUE´DOISE ...... 9,2460 en dollars à New York LA BOURSE de Paris s’inscrivait LES VALEURS américaines ont ter- PESETA ESPAG. (100) .... 1,66386 PESETA ESPAG. (100) .... 3,94238 COURONNE TCHE`QUE 32,2830 ESCUDO PORT. (100).... 2,00482 ESCUDO PORT. (100) .... 3,27190 DOLLAR AUSTRALIEN . 1,7070 supprimé 9 000 postes 60 en baisse dans les premiers échan- miné en baisse, mercredi 9 janvier, SCHILLING AUTR. (10) . 1,37603 SCHILLING AUTR. (10).. 4,76703 DOLLAR CANADIEN .... 1,4231 57,99 ges, jeudi 10 janvier, l’indice les prises de bénéfice ayant eu rai- PUNT IRLANDAISE...... 0,78756 PUNT IRLANDAISE...... 8,32894 DOLLAR HONGKONG . 6,9571 supplémentaires le 9 janv. CAC 40 perdant 0,77 %, à son de la hausse qu’avaient susci- FLORIN NE´ERLANDAIS 2,20371 FLORIN NE´ERLANDAIS 2,97660 DOLLAR NE´O-ZE´LAND 2,0812 FRANC BELGE (10) ...... 4,03399 FRANC BELGE (10) ...... 1,62607 FORINT HONGROIS ....244,1900 55 4 551,87 points, dans le sillage de tée les commentaires optimistes MARKKA FINLAND...... 5,94573 MARKKA FINLAND...... 1,10324 LEU ROUMAIN...... 28573 S’IL SUBSISTAIT encore un doute Wall Street. L’indice des valeurs de grandes sociétés technologi- DRACHME GREC. (100). 3,40750 DRACHME CREC. (100). 1,92503 ZLOTY POLONAIS ...... 3,5578 sur l’ampleur des difficultés de la vedettes de la place parisienne ques pendant une bonne partie de finance américaine, l’annonce, mer- 50 avait terminé, mercredi, sur un la séance. L’indice Dow Jones, qui Coursdechangecroise´s credi 9 janvier, par Merrill Lynch gain de 0,41 %, à 4 587,01 points. avait momentanément gagné de 9 000 suppressions d’emplois 1,2 %, a fini en repli de 0,56 % (soit Cours Cours Cours Cours Cours Cours 10/01 9h57 f DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S. supplémentaires le lève. La premiè- 45 FRANCFORT 56,46 points), à 10 094,09 points, DOLLAR ...... 0,75554 0,89310 0,13616 1,44280 0,60230 re société de Bourse des Etats-Unis tandis que l’indice Standard YEN ...... 132,35500 ..... 118,20000 18,01500 190,91000 79,71500 a réduit ses effectifs de plus de LE DAX de la Bourse de Francfort & Poor’s 500, utilisé comme réfé- EURO...... 1,11970 0,84602 ..... 0,15245 1,61550 0,67435 FRANC...... 7,34435 5,54960 6,55957 ..... 10,59645 4,42350 21 % en un an les ramenant de 40 ouvrait en baisse de 0,42 %, jeudi, rence par les gérants de fonds, a LIVRE ...... 0,69310 0,52380 0,61905 0,09435 ..... 0,41755 72 000 à 57 000 personnes. Non pour s’établir à 5 265,81 points. reculé de 0,48 % (soit 5,57 points), FRANC SUISSE ...... 1,66030 1,25430 1,48255 0,22605 2,39545 ..... seulement Merrill Lynch a perdu L’indice des trente principales capi- à 1 155,14 points. L’indice Nasdaq ses stars de la nouvelle économie – 35 talisations boursières du marché a fini en retrait de 0,53 % (ou Taux d’inte´reˆt(%) Matif Peter Golob, le banquier des grou- J A S O N D J allemand des actions avait gagné 10,85 points), à 2 044,89 points, pes de télécommunications, et Hen- 2001 02 1,0 %, mercredi, à la clôture, à après avoir gagné jusqu’à 2,1 % Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier Taux 09/01 f j. j. 3 mois 10 ans 30 ans Cours 9h57 f 10/01 prix prix ry Blodget, l’analyste de l’Internet Source : Bloomberg 5 288,21 points. pendant la séance. FRANCE ...... 3,35 3,26 4,98 5,32 Notionnel 5,5 – mais elle doit aussi revoir ses ALLEMAGNE .. 3,31 3,31 4,89 5,28 DE´CEMBRE 2002 32 89,30 89,35 ambitions internationales. Il n’est té de banque privée au Canada, en LONDRES TAUX GDE-BRETAG. 3,88 4,01 4,97 4,69 Euribor 3 mois plus question d’aller chercher les Afrique du Sud et en Australie. Nous ITALIE...... 3,31 3,26 5,14 5,57 JANVIER 2002 .... NC NC NC JAPON ...... 0,01 0,01 1,38 2,54 épargnants sur tous les continents. avons aussi fermé ou regroupé des L’INDICE Footsie de la Bourse de LES MARCHÉS d’obligations euro- E´TATS-UNIS... 1,66 1,68 5,10 5,55 La moitié des fermetures de postes bureaux en Europe, en Asie et aux Londres perdait 0,52 % dans les péennes s’inscrivaient en hausse SUISSE ...... 1 1,64 3,36 3,85 Pe´trole se font hors des Etats-Unis. Etats-Unis, et je pense que ces res- premiers échanges, jeudi, à dans les premiers échanges jeudi PAYS-BAS...... 3,27 3,26 5,01 5,33 Cours Var. % Au Japon, la société a annoncé le tructurations sont suffisantes », 5 201,5 points. L’indice des cent 10 janvier, profitant de la baisse de En dollars f 09/01 08/01 licenciement de 1 200 personnes, a-t-il ajouté. Ces ajustements principales valeurs britanniques la Bourse la veille. Evoluant à Matie`res premie`res BRENT (LONDRES) ...... 20,90 + 0,05 plus de 70 % de ses équipes com- devraient permettre une réduction avait terminé en repli de 0,42 %, à l’inverse du cours, le taux de l’em- WTI (NEW YORK) ...... 20,32 – 2,21 Cours Var. % LIGHT SWEET CRUDE.... 20,70 + 0,24 merciales, et la fermeture de 20 suc- de coûts de 1,4 milliard de dollars 5 228,5 points, en clôture, la veille. prunt d’Etat à dix ans se détendait En dollars f 09/01 08/01 cursales sur 28. Merrill Lynch a ven- dès 2002, les charges de restructura- à 4,96 % en France et à 4,89 % en ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE du l’année dernière sa filiale de tion (2,2 milliards de dollars) por- TOKYO Allemagne. CUIVRE 3 MOIS...... 1556,50 – 0,54 Or courtage canadienne et compte tant sur le dernier trimestre 2001. ALUMINIUM 3 MOIS...... 1419 – 0,49 PLOMB 3 MOIS ...... 523,50 – 0,10 limiter son engagement au côté de Merrill Lynch a annoncé une baisse LA BOURSE de Tokyo a fini la Cours Var % MONNAIES ETAIN 3 MOIS...... 3935 – 0,25 En euros f 09/01 08/01 la banque britannique HSBC dans d’environ 8 % de son chiffre d’affai- séance en baisse de 1,18 %, jeudi, ZINC 3 MOIS...... 826,50 – 0,06 NICKEL 3 MOIS...... 6055 – 0,74 OR FIN KILO BARRE ...... 10000 .... un service en ligne pour particu- res lors des trois derniers mois de l’effet positif de la baisse du yen L’EURO restait faible, jeudi, sur le OR FIN LINGOT...... 10070 – 0,10 ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE liers fortunés (à partir de l’année 2001 par rapport aux trois sur les valeurs exportatrices marché des changes, tandis que le ONCE D’OR (LO) $ ...... 278,85 .... ARGENT A TERME ...... 4,76 + 2,15 ` 100 000 dollars soit 112 057 euros). mois précédents, à moins de 5 mil- s’étant amenuisé. Le repli de Wall yen regagnait du terrain après que PIECE FRANCE 20 F ...... 58 + 0,17 PLATINE A TERME ...... 61327,00 .... PIE`CE SUISSE 20 F ...... 57,50 – 0,17 « Lors des trois derniers mois, nous liards de dollars. Ces annonces ont Street, mercredi, a également pesé plusieurs hauts responsables japo- GRAINES DENRE´ES $/BOISSEAU PIE`CE UNION LAT. 20 .... 57 – 0,87 avons passé en revue chacun de nos fait monter l’action Merrill lynch sur une tendance déjà affectée par nais eurent fait part de leurs inquié- BLE´ (CHICAGO)...... 302,25 – 0,17 PIE`CE 10 DOLLARS US ... 196 + 0,38 MAIS (CHICAGO) ...... 210 .... PIE`CE 20 DOLLARS US ... 378 .... métiers afin d’ajuster notre taille à la de 2,75 %, à 57,99 dollars, dans un le dénouement de participations tudes face au rapide affaiblisse- SOJA TOURTEAU (CHG.) 153,30 .... PIE`CE 50 PESOS MEX. .... 380 – 0,26 nouvelle conjoncture », a expliqué marché en baisse. En 2001, elle a croisées entre les sociétés japonai- ment de la devise japonaise. SOFTS $/TONNE Stan O’Neal, le président de Merrill perdu près de 24 %. ses. L’indice de référence Nikkei a L’euro cotait 0,8918 dollar, et le CACAO (NEW YORK) ...... 1398 + 0,65 Cotations, graphiques et indices en temps Lynch. « Nous avons vendu ou perdu 125,55 points, à billet vert s’échangeait à CAFE´ (LONDRES) ...... SUCRE BL. (LONDRES)...... re´elsurlesiteWebdu«Monde». réduit significativement notre activi- Eric Leser (à New-¥ork) 10 538,43 points. 132,02 yens. www.lemonde.fr/bourse FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 / 19

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours VALEURS EUROPE´ENNES 293,28 3688,82 362 4785 337 4403

VALEURS EUROPÉENNES 300,26 b 3811,40 Mercredi 9 janvier, le titre de l’al- que de matériel électrique et élec- 311 295,63 4020 295,34 3724,10 3718,19 lemand SAP a enregistré un bond tronique Dixons a abandonné, 298,47 286 3638 3781,32 de 13 %, à 167,30 euros. Le pre- mercredi, 4,7 %, à 227,91 pence

261 293,28 3255 mier concepteur européen de logi- après avoir annoncé des bénéfices 3688,82 ciels a fait une pré-annonce sur ses semestriels plus faibles que prévu. 235 2873 [[[[[[[[ [[[[[[[[ résultats, laissant entendre une b Le groupe néerlandais de super- 10 JANV. 11 JUIL. 10 JANV. VLMMJ 10 JANV. 11 JUIL. 10 JANV. VLMMJ hausse des ventes de logiciels plus marchés Ahold a cédé, mercredi, rapide au quatrième trimestre 3,18 %, à 28,90 euros, après avoir NXT GB 2,76 .... UNIBAIL FR e 57,60 + 0,35 SEAT PAGINE GIA IT e 0,90 – 2,17 WELLA AG VZ DE e 55 – 1,26 2001 que le pensaient de nom- surpris les opérateurs en annon- P & O PRINCESS GB 6,37 .... VALLEHERMOSO ES e 7,35 .... SEAT PAGINE GIA IT e 0,90 – 2,17 f DJ E STOXX N CY G P 372,22 – 0,28 breux analystes. çant une provision importante liée PERSIMMON PLC GB 4,95 – 0,33 WCM BETEILIGUNG DE e 12,30 + 0,82 SECURICOR GB 1,96 .... b PREUSSAG AG DE e 32,50 + 0,62 f DJ E STOXX FINS P 233,32 – 0,69 SECURITAS -B- SE 21,63 – 0,99 Le groupe néerlandais d’électro- à la crise argentine. RANK GROUP GB 3,64 – 0,88 SERCO GROUP GB 6,14 – 2,56 COMMERCE DISTRIBUTION b RICHEMONT UNITS CH 22,58 + 0,45 SGL CARBON DE e 28,40 – 1,39 nique grand public Philips a gagné, Deutsche Telekom a perdu, ALLIANCE UNICHE GB 8,52 .... RYANAIR HLDGS IR e 13,42 .... SHANKS GROUP GB 2,84 .... mercredi, 4,01 %, à 35 euros, après mercredi, 1,84 %, à 19,18 euros, ALIMENTATION ET BOISSON AVA ALLG HAND.G DE e 40 .... SAIRGROUP N CH 1,39 – 6,82 SIDEL FR e 50,05 + 0,10 BOOTS CO PLC GB 9,41 + 0,87 que Taiwan Semiconductor Manu- après que le magazine allemand SAS DANMARK A/S DK 9,81 .... ALLIED DOMECQ GB 6,29 – 0,26 SINGULUS TECHNO DE e 33,90 – 0,29 BUHRMANN NV NL e 13,65 – 1,02 SEB FR e 70,25 – 1,06 ASSOCIAT BRIT F GB 7,92 .... SKF -B- SE 22,39 .... facturing Co (TSMC) – dont Philips Capital a écrit que l’opérateur ris- e CARREFOUR FR e 55,35 – 0,36 SIX CONTINENTS GB 11,93 – 0,40 BBAG OE BRAU-BE AT 42,50 .... SMITHS GROUP GB 11,43 – 1,26 détient 30 % du capital – a fait état quait de connaître des pertes jus- e CASTO.DUBOIS FR e 59,25 – 2,79 SODEXHO ALLIANC FR e 47,30 + 0,42 BRAU UNION AT 41,42 .... SOPHUS BEREND - DK 21,98 .... CC CARREFOUR ES e 13,31 – 1,41 de ventes en hausse pour le sixiè- qu’en 2004 et songeait à baisser le THE SWATCH GRP CH 100,06 .... CADBURY SCHWEPP GB 7 + 0,46 SPIRENT GB 2,97 – 2,13 CHARLES VOEGELE CH 45,84 – 0,29 THE SWATCH GRP CH 21,47 – 0,47 CARLSBERG -B- DK 46,11 + 0,73 STOLT NIELSEN LU e 136,50 .... me mois consécutif. paiement annuel de son dividende D’IETEREN SA BE e 182 – 1,46 TELE PIZZA ES e 1,68 – 0,59 CARLSBERG AS -A DK 41,14 + 0,66 TELE2 -B- SE 40,34 – 0,93 b Le premier détaillant britanni- pour réduire sa dette. DEBENHAMS GB 6,27 – 0,51 THOMSON MULTIME PA 36,51 – 0,52 COCA COLA HBC GR 15,96 .... THALES FR e 38,76 – 0,84 DIXONS GROUP GB 3,70 + 0,44 WILSON BOWDEN GB 13,25 .... DANISCO DK 39,66 – 0,67 TOMRA SYSTEMS NO 10,44 .... e GAL LAFAYETTE FR e 162,90 + 0,56 WM-DATA -B- SE 2,95 – 1,44 DANONE FR 131,70 + 0,46 TPI ES e 4,21 – 1,86 DE e 42,55 – 0,47 e DELTA HOLDINGS GR 8,06 .... GEHE AG KON. VOPAK NV NL e 19 .... WOLFORD AG AT 9,90 .... TRAFFICMASTER GB 0,87 .... e DIAGEO GB 12,35 – 0,26 GUCCI GROUP NL 96,65 – 0,26 Code Cours % Var. LONZA GRP N CH 720,71 + 0,09 WW/WW UK UNITS IR e 0,90 .... UNAXIS HLDG N CH 128,29 – 1,04 10/01 9h57 f ELAIS OLEAGINOU GR 18,16 .... GUS GB 10,59 – 0,61 pays en euros 09/01 NORSK HYDRO NO 47,44 .... f DJ E STOXX CYC GO P 131,04 – 0,79 VA TECHNOLOGIE AT e 25,15 – 0,98 e – HENNES & MAURIT SE 22,87 – 0,47 e HEINEKEN HOLDIN NL 30,84 1,47 VEDIOR NV NL e 14,01 + 0,07 RHODIA FR 9,79 + 0,82 KARSTADT QUELLE DE e 43,19 + 0,44 e HELLENIC SUGAR GR 9,08 .... VESTAS WIND SYS DK 27,02 – 0,74 AUTOMOBILE SOLVAY BE 67,30 – 0,96 KINGFISHER GB 5,93 .... KAMPS DE e 8,85 .... FR e 64,60 + 0,94 SE 22,98 – SYNGENTA N CH 57,06 – 0,71 PHARMACIE VINCI GB 5,67 – 2,23 AUTOLIV SDR 0,47 KERRY GRP-A- GB 22,71 – 0,35 e MARKS & SPENCER e TESSENDERLO CHE BE e 27,50 – 0,04 VIVENDI ENVIRON FR 37,52 – 0,95 BASF AG BE 43,20 + 0,12 ACTELION N CH 47,66 + 0,71 GB 6,40 – MATALAN GB 5,11 – 1,25 f – KINGFISHER 0,50 VOLVO -A- SE 18,93 .... BMW DE e 39,90 – 1,24 DJ E STOXX CHEM P 344,15 0,49 ALTANA AG DE e 52,30 + 0,10 e METRO DE e 40,60 – 0,25 KONINKLIJKE NUM NL 25,22 – 0,32 VOLVO -B- SE 19,68 – 0,82 CONTINENTAL AG DE e 15,65 – 1,57 AMERSHAM GB 10,67 .... e MFI FURNITURE G GB 2,13 .... MONTEDISON IT 2,71 .... WARTSILA CORP A FI e 23 + 2,82 DAIMLERCHRYSLER DE e 47,30 – 3,47 ASTRAZENECA GB 49,65 – 0,74 NEXT PLC GB 14,45 .... ´ NESTLE N CH 236,63 + 0,14 XANSA GB 5,95 + 0,82 FIAT IT e 18 – 0,66 CONGLOMERATS AVENTIS FR e 76,25 + 0,39 PINAULT PRINT. FR e 147,30 – 0,54 NORTHERN FOODS GB 2,68 .... ZARDOYA OTIS ES e 10,70 – 0,65 IT e 12,25 + 0,82 e BB BIOTECH CH 80,96 – 1,03 SIGNET GROUP GB 1,62 – 0,99 FIAT PRIV. D’IETEREN SA BE 182 – 1,46 PARMALAT IT e 3,17 – 0,94 – e f DJ E STOXX IND GO P 353,25 0,68 MICHELIN FR 38,25 + 0,08 GBL BE e 300,10 .... CELLTECH GROUP GB 14,16 + 0,34 PERNOD RICARD FR e 84,50 – 1,05 VALORA HLDG N CH 182,54 – 2,17 e e PEUGEOT FR 45,40 – 0,77 GEVAERT BE e 33,98 + 1,28 DISETRONIC HLDG CH 872,15 – 1,90 RAISIO GRP -V- FI e 1,03 .... VENDEX KBB NV NL 13,30 – 0,15 e e PIRELLI SPA IT 2,02 – 0,98 INCHCAPE GB 10 – 0,16 ELAN CORP IR 47,01 – 1,96 SCOTT & NEWCAST GB 8,37 – 0,38 W.H SMITH GB 7,60 .... e e ASSURANCES DR ING PORSCHE DE 439 – 0,34 KVAERNER -A- NO 1,05 .... ESSILOR INTL FR 32,75 + 0,31 SOUTH AFRICAN B GB 7,69 – 0,63 WOLSELEY PLC GB 9,16 .... e e RENAULT FR 42,86 + 0,82 MYTILINEOS GR 5,18 .... FRESENIUS MED C DE 68,05 – 1,06 TATE & LYLE GB 5,46 + 1,50 AEGIS GROUP GB 1,60 .... f DJ E STOXX RETL P 295,45 – 0,52 e VALEO FR 45,15 – 0,77 UNAXIS HLDG N CH 128,29 – 1,04 H. LUNDBECK DK 26,89 .... TOMKINS GB 3,56 – 1,35 AEGON NV NL e 27,79 – 1,03 e VOLKSWAGEN VZ DE 34,40 – 1,99 ORKLA NO 19,19 .... GALEN HOLDINGS GB 10,51 – 0,76 UNILEVER NL e 63,50 .... AGF FR e 53,10 – 0,56 f DJ E STOXX AUTO P 212,94 – 1,90 SONAE SGPS PT e 0,88 .... GAMBRO -A- SE 6,87 – 0,78 WHITBREAD PLC GB 9,28 – 0,52 ALLEANZA ASS IT e 12,53 – 0,08 HAUTE TECHNOLOGIE f GLAXOSMITHKLINE GB 27,80 – 0,69 ALLIANZ N DE e 263 – 0,08 DJ E STOXX CONG P 329,98 .... f DJ E STOXX F & BV P 222,56 – 0,22 AIXTRON DE e 28,05 – 2,33 H. LUNDBECK DK 26,89 .... ASR VERZEKERING NL e 81,10 .... ALCATEL-A- FR e 19,63 – 2,09 BANQUES NOVARTIS N CH 38,74 – 0,35 AXA FR e 23,07 – 0,73 ALTEC GR 2,73 .... TE´LE´COMMUNICATIONS NOVO-NORDISK -B DK 42,35 – 1,56 BALOISE HLDG N CH 99,05 – 0,68 ABBEY NATIONAL GB 16,42 – 0,78 BIENS D’E´QUIPEMENT ARC INTERNATION GB 0,79 .... NOVOZYMES -B- DK 22,18 – 1,20 BRITANNIC GB 12,09 – 1,45 ABN AMRO HOLDIN NL e 18,92 – 0,63 EQUANT NV NL e 13,94 – 1,27 ARM HOLDINGS GB 5,67 – 2,50 ORION B FI e 21,77 .... ABB N CH 12,24 + 0,28 CATTOLICA ASS IT e 24,20 – 0,21 ALL & LEICS GB 13,85 – 0,46 ATLANTIC TELECO GB 0,08 .... ASML HOLDING NL e 22,40 – 0,18 OXFORD GLYCOSCI GB 11,83 .... ADECCO N CH 65,41 + 0,57 CGNU GB 13,16 – 0,12 ALLIED IRISH BA GB 19,88 .... BRITISH TELECOM GB 5,75 .... BAAN COMPANY NL e 2,67 .... PHONAK HLDG N CH 28,13 – 0,24 AGGREKO GB 5,46 .... CNP ASSURANCES FR e 35,23 – 0,48 ALMANIJ BE e 36,80 – 0,65 CABLE & WIRELES GB 5,35 – 0,60 BAE SYSTEMS GB 5,24 – 0,61 QIAGEN NV NL e 22,36 – 1,89 ALSTOM FR e 12,99 + 0,46 CODAN DK 16,94 .... ALPHA BANK GR 19,52 .... COLT TELECOM NE GB 1,99 – 2,38 BALTIMORE TECH GB 0,29 + 5,88 ROCHE HLDG G CH 75,89 + 0,22 ALTRAN TECHNO FR e 54,55 – 1,71 CORP MAPFRE R ES e 18,50 .... B.P.C.INDUSTRIA IT e 10,15 + 0,10 DEUTSCHE TELEKO DE e 18,85 – 1,31 BROKAT TECHNOLO DE e 0,10 .... SANOFI SYNTHELA FR e 80,90 – 0,06 ALUSUISSE GRP N CH 851,87 .... ERGO VERSICHERU DE e 333 + 5,05 B.P.EMILIA ROMA IT e 31,55 .... E.BISCOM IT e 52,55 – 1,31 BULL FR e 1,19 – 1,65 SCHERING AG DE e 57,60 – 0,09 ARRIVA GB 5,06 .... ETHNIKI GEN INS GR 10,10 .... B.P.LODI IT e 8,40 – 1,64 EIRCOM IR e 1,30 .... BUSINESS OBJECT FR e 42,56 – 0,58 SERONO -B- CH 956,66 – 1,05 ASSA ABLOY-B- SE 17,03 – 0,32 EULER FR e 41,80 + 0,43 B.P.NOVARA IT e 6,61 – 0,75 ELISA COMMUNICA FI e 14,60 – 0,68 CAP GEMINI FR e 87 – 2,25 SHIRE PHARMA GR GB 13,24 – 1,33 ASSOC BR PORTS GB 6,50 .... FONDIARIA ASS IT e 5,76 + 0,52 B.P.SONDRIO IT e 10,80 .... ENERGIS GB 1,08 – 2,90 COMPTEL FI e 3,48 – 0,85 SMITH & NEPHEW GB 6,50 .... ATLAS COPCO -A- SE 26,34 – 0,61 FORTIS (B) BE e 27,50 .... B.P.VERONA E S. IT e 11,07 – 0,54 EUROPOLITAN HLD SE 7,41 – 0,72 DASSAULT SYST. FR e 56,15 – 0,62 SSL INTL GB 9,05 – 0,36 ATLAS COPCO -B- SE 24,98 + 0,65 FRIENDS PROVIDE GB 3,25 + 0,50 BANCA ROMA IT e 2,48 – 1,20 FRANCE TELECOM FR e 44,38 – 1,44 F-SECURE FI e 1,30 – 1,52 SULZER AG 100N CH 194,04 + 0,35 ATTICA ENTR SA GR 4,94 .... GENERALI ASS IT e 31,10 – 0,16 BANCO SABADELL ES e 14,95 .... HELLENIC TELE ( GR 18,44 .... FILTRONIC GB 5,74 – 2,20 SYNTHES-STRATEC CH 740,99 – 0,09 BAA GB 9,37 – 0,51 GENERALI HLD VI AT e 152 – 0,03 BANK OF IRELAND GB 17,02 .... KINGSTON COM GB 1,87 – 4,13 FINMATICA IT e 19,90 – 2,31 UCB BE e 44,29 – 1,23 BBA GROUP PLC GB 4,74 + 0,34 INDEPENDENT INS GB 0,10 .... BANK OF PIRAEUS GR 9,32 .... KONINKLIJKE KPN NL e 6,18 – 0,96 GETRONICS NL e 4,16 – 1,65 INTERAM HELLEN GR 4,98 .... BANKINTER R ES e 30,22 – 0,98 KPNQWEST NV -C- NL e 8,46 – 2,08 (Publicite´) GN GREAT NORDIC DK 6,92 – 0,96 IRISH LIFE & PE GB 11,88 .... BARCLAYS PLC GB 36,67 – 0,92 VODAFONE LIBERT NL e 10,26 – 1,35 INFINEON TECHNO DE e 25,01 – 1,34 LEGAL & GENERAL GB 2,63 – 0,61 BAYR.HYPO-U.VER DE e 35,30 – 1,40 VODAFONE N DE e 215 .... INFOGRAMES ENTE FR e 16,24 – 0,18 MEDIOLANUM IT e 10,60 – 1,12 BBVA R ES e 12,92 – 1,15 MOBILCOM DE e 26 – 1,55 INTRACOM R GR 13,30 .... MUENCH RUECKVER DE e 300,30 – 0,13 BCA AG.MANTOVAN IT e 9,64 – 1,93 OLD MUTUAL GB 1,68 – 0,95 KEWILL SYSTEMS GB 0,73 – 2,17 POHJOLA GRP.B FI e 23,30 + 1,30 BCA FIDEURAM IT e 9,63 – 0,62 OLIVETTI IT e 1,45 – 0,68 LEICA GEOSYSTEM CH 108,17 .... PRUDENTIAL GB 12,53 – 0,39 BCA LOMBARDA IT e 9,80 .... PANAFON HELLENI GR 6,20 .... LOGICA GB 10,83 – 2,19 RAS IT e 12,68 – 0,16 BCA P.BERG.-C.V IT e 18,40 – 0,27 PT TELECOM SGPS PT e 9,15 .... LOGITECH INTL N CH 44,69 – 2,79 ROYAL SUN ALLIA GB 6,46 – 1,72 BCA P.MILANO IT e 3,99 – 0,99 SONERA FI e 5,84 – 1,68 MARCONI GB 0,65 .... SAI IT e 16,31 + 2,84 BCO POPULAR ESP ES e 36,40 – 0,84 SONG NETWORKS SE 1,12 – 4,59 MB SOFTWARE DE e 0,20 .... SAMPO-LEONIA -A FI e 8,85 + 1,14 BCP R PT e 4,17 .... SWISSCOM N CH 322,49 + 0,42 NOKIA FI e 26,15 – 1,69 SCHW NATL VERS CH 584,82 .... BIPOP CARIRE IT e 1,83 – 0,54 T.I.M. IT e 6,15 – 1,13 OCE NL e 11,91 – 1,57 SCOR FR e 40,81 + 0,02 BK OF SCOTLAND GB 13,37 .... TDC DK 38,32 – 0,70 ROY.PHILIPS ELE NL e 34,64 – 1,03 SKANDIA INSURAN SE 8,06 – 2,61 BNL IT e 2,47 .... TELE2 -B- SE 40,34 – 0,93 PSION GB 1,49 – 1,08 ST JAMES’S PLAC GB 5,64 .... BNP PARIBAS FR e 104,10 – 0,10 VODAFONE TELECE PT e 9,57 .... SAGE GRP GB 4,01 – 2,75 STOREBRAND NO 6,92 .... BSCH R ES e 9,05 – 2,16 TELECOM ITALIA IT e 9,59 – 1,13 SAGEM FR e 72,40 – 0,82 SWISS LIFE REG CH 479,35 – 0,42 COMM.BANK OF GR GR 35,90 .... TELECOM ITALIA IT e 5,87 – 0,51 SAP AG DE e 163,80 – 1,80 SWISS RE N CH 111,55 – 0,30 COMMERZBANK DE e 18,10 – 1,09 TELEFONICA ES e 14,05 – 2,63 SAP VZ DE e 153,99 .... TOPDANMARK DK 27,16 .... CREDIT LYONNAIS FR e 37,17 – 0,38 TELEF.MOVILES ES e 7,99 – 0,87 SEZ HLDG N CH 55,10 – 1,21 ZURICH FINL SVC CH 267,73 – 1 CS GROUP N CH 48,37 – 0,63 TELENOR NO 4,81 .... SIEMENS AG N DE e 77,60 – 1,15 f 328,39 – 0,47 DANSKE BANK DK 17,34 + 0,78 TELIA SE 4,95 – 0,43 DJ E STOXX INSU P SPIRENT GB 2,97 – 2,13 DEXIA BE e 15,42 + 1,31 TISCALI IT e 10,38 – 1,14 STMICROELECTRON FR e 37,70 – 2,43 DNB HOLDING NO 5,27 .... VERSATEL TELECO NL e 1,02 – 0,97 THINK TOOLS CH 16,77 .... DRESDNER BANK N DE e 41 – 0,36 VODAFONE GROUP GB 2,72 – 1,75 MEDIAS THUS GB 0,86 + 3,92 EFG EUROBK ERGA GR 15,36 .... f DJ E STOXX TCOM P 467,41 – 1,70 BSKYBGROUP GB 12,22 – 1,69 TIETOENATOR FI e 30,75 – 1,09 ERSTE BANK AT e 54,97 – 0,04 CANAL PLUS FR e 3,59 + 0,84 f DJ E STOXX TECH P 505,86 – 1,59 ESPIRITO SANTO PT e 14,55 .... CAPITAL RADIO GB 12,59 – 0,13 FOERENINGSSB A SE 13,95 .... CONSTRUCTION CARLTON COMMUNI GB 4,17 – 1,53 HALIFAX GROUP GB 13,45 .... ACCIONA ES e 38,70 – 0,77 DLY MAIL & GEN GB 11,31 .... SERVICES COLLECTIFS HSBC HLDG GB 12,83 – 1,24 e ACESA R ES e 10,51 – 0,85 ELSEVIER NL 13,57 – 0,44 ACEA IT e 7,30 – 0,27 IKB DE e 13,40 + 0,37 ACS ES e 26,77 + 0,45 EMAP PLC GB 12,74 – 0,25 AEM IT e 2,20 – 0,45 INTESABCI IT e 2,77 – 1,42 e AGGREGATE IND GB 1,41 .... FOX KIDS EUROPE NL 11,50 .... BRITISH ENERGY GB 3,77 .... JULIUS BAER HLD CH 396,86 – 0,51 WILLIAM DEMANT DK 30,25 .... BODYCOTE INTL GB 3,56 + 0,92 AKTOR SA GR 8,76 .... FUTURE NETWORK GB 0,84 – 1,89 CENTRICA GB 3,67 – 0,44 BE e 36,70 – WS ATKINS GB 10,67 .... BRAMBLES INDUST GB 5,85 – 1,63 KBC BANCASSURAN 1,13 GRANADA GB 2,38 – 0,68 e AMEY GB 6,16 .... e e EDISON IT 8,41 + 0,12 LLOYDS TSB GB 11,72 – 0,55 ZELTIA ES 8,50 – 1,73 BUDERUS AG DE 29,15 – 1,19 e AUREA R ES e 21,22 + 0,09 GRUPPO L’ESPRES IT 3,60 – 1,91 ELECTRABEL BE e 220,90 – 0,90 MONTE PASCHI SI IT e 2,82 – 1,40 f DJ E STOXX HEAL 518,42 – 0,17 CAPITA GRP GB 7,68 + 0,21 + BOUYGUES FR e 37,65 – 2,46 GWR GROUP GB 4,43 1,48 ELECTRIC PORTUG PT e 2,35 .... NAT BANK GREECE GR 25,98 .... CDB WEB TECH IN IT e 3,76 .... e BPB GB 5,12 .... HAVAS ADVERTISI FR 8,74 – 2,78 ENDESA ES e 16,60 – 1,13 NATEXIS BQ POP. FR e 94,50 – 0,94 CGIP FR e 38,84 – 0,69 e BRISA AUTO-ESTR PT e 4,50 .... INDP NEWS AND M IR 2,08 .... ENEL IT e 6,24 – 0,79 NORDEA SE 6,06 – 0,88 E´NERGIE CHUBB GB 2,75 .... BUZZI UNICEM IT e 7,55 – 0,26 INFORMA GROUP GB 4,46 .... EVN AT e 46,30 + 0,63 ROLO BANCA 1473 IT e 17,75 – 0,56 CIR IT e 0,98 – 2 e CIMPOR R PT e 19,56 .... BG GROUP GB 4,48 + 0,36 LAGARDERE SCA N FR 46,82 – 2,21 FORTUM FI e 5,20 .... ROYAL BK SCOTL GB 27,51 – 1,05 COBHAM GB 17,58 – 1,45 COLAS FR e 63 + 0,64 BP GB 8,45 – 0,19 LAMBRAKIS PRESS GR 4,60 .... GAS NATURAL SDG ES e 18,03 – 0,66 S-E-BANKEN -A- SE 10,82 – 0,99 COOKSON GROUP P GB 1,58 – 2 e CRH PLC GB 31,03 – 1,03 CEPSA ES e 12,58 – 0,16 M6 METROPOLE TV FR 30,80 – 0,61 HIDRO CANTABRIC ES e 26,95 .... SAN PAOLO IMI IT e 11,97 – 1,56 COPENHAGEN AIRP DK 75,42 + 0,18 e FCC ES e 23,56 – 2,36 COFLEXIP FR e 165,80 – 0,12 MEDIASET IT 8,67 – 1,92 IBERDROLA ES e 13,61 – 0,29 STANDARD CHARTE GB 13,58 – 1,06 DAMPSKIBS -A- DK 7421,05 .... GRUPO DRAGADOS ES e 14,80 – 1,99 DORDTSCHE PETRO NL e 2,50 .... MODERN TIMES GR SE 25,96 .... INNOGY HOLDINGS GB 3,28 .... STE GENERAL-A- FR e 64,50 – 1 DAMPSKIBS -B- DK 8469,68 .... e GRUPO FERROVIAL ES e 19,95 – 1,72 GBL BE e 59,05 – 0,67 MONDADORI IT 7,31 – 2,14 ITALGAS IT e 10,78 .... SVENSKA HANDELS SE 16,44 – 0,33 DAMSKIBS SVEND DK 11118,13 – 0,24 e HANSON PLC GB 7,66 + 0,21 ENI IT e 13,74 – 0,15 NRJ GROUP FR 21,85 – 0,59 KELDA GB 5,77 – 0,28 SWEDISH MATCH SE 6 .... DE LA RUE GB 7,24 .... HEIDELBERGER ZE DE e 57,60 – 0,86 ENTERPRISE OIL GB 9,65 + 0,51 PEARSON GB 13,33 – 1,67 NATIONAL GRID G GB 7,45 .... UBS N CH 56,05 – 0,48 e E.ON AG DE e 57,40 – 0,98 e HELL.TECHNODO.R GR 6,60 .... GBL BE 59,05 – 0,67 PRISA ES 10,13 – 1,27 INTERNATIONAL P GB 3,30 + 0,49 UNICREDITO ITAL IT e 4,57 – 0,87 ELECTROCOMPONEN GB 9,29 – 0,17 e HERACLES GENL R GR 12,26 .... HELLENIC PETROL GR 6,90 .... PROSIEBEN SAT.1 DE 6,70 – 0,74 OESTERR ELEKTR AT e 84,50 – 0,18 f DJ E STOXX BANK P 269,54 – 0,72 ENIRO SE 8,17 .... e HOCHTIEF DE e 18,45 + 0,82 LATTICE GROUP GB 2,49 .... PT MULTIMEDIA R PT 8,02 .... PENNON GROUP GB 9,65 .... e EPCOS DE e 53,30 – 0,47 e HOLCIM CH 247,79 – 1,21 OMV AG AT 92 + 0,44 PUBLICIS GROUPE FR 28,74 – 5,77 POWERGEN GB 12,28 .... EUR AERO DEFENC FR e 14,62 – 0,95 IMERYS FR e 110 + 0,09 PETROLEUM GEO-S NO 7,55 .... PUBLIGROUPE N CH 224,46 – 0,90 SCOTTISH POWER GB 6,64 – 0,48 PRODUITS DE BASE e EUROTUNNEL FR e 1,13 .... ITALCEMENTI IT e 8,80 – 0,34 REPSOL YPF ES 14,09 + 2,85 REED INTERNATIO GB 9,52 – 1,01 SEVERN TRENT GB 11,30 + 0,58 e e EXEL GB 13,28 + 0,24 ACERALIA ES 18,10 – 0,82 LAFARGE FR e 104,80 – 1,78 ROYAL DUTCH CO NL 54,20 – 0,73 REUTERS GROUP GB 11,18 – 3,35 SUEZ FR e 32,34 + 1,22 e e IT e 1,02 – e ACERINOX R ES 37,47 – 3,18 MICHANIKI REG. GR 2,58 .... SAIPEM IT 5,90 .... FINMECCANICA 0,97 RTL GROUP LU 44,50 .... UNION FENOSA ES e 17,18 – 1,04 e – ALUMINIUM GREEC GR 34,64 .... NOVAR GB 2 – 1,59 SHELL TRANSP GB 7,48 – 0,64 FINNLINES FI 24,67 0,32 SMG GB 2,41 .... UNITED UTILITIE GB 9,79 + 0,50 – e ANGLO AMERICAN GB 19,17 – 1,08 PILKINGTON PLC GB 1,79 + 0,91 STATOIL NO 7,86 .... FKI GB 2,91 1,10 SOGECABLE R ES 25,40 – 2,35 VIRIDIAN GROUP GB 8,36 + 0,58 e + ASSIDOMAEN AB SE 28,12 .... RMC GROUP PLC GB 10,02 + 1,31 TOTAL FINA ELF FR 156,20 – 0,57 FLS IND.B DK 9,41 1,45 TAYLOR NELSON S GB 3,10 .... f DJ E STOXX PO SUP P 286,72 – 0,10 BEKAERT BE e 40,38 – 1,27 SAINT GOBAIN FR e 174 – 1,42 IHC CALAND NL e 53,50 – 0,56 FLUGHAFEN WIEN AT e 29,50 + 0,27 TELEWEST COMM. GB 1,02 – 1,56 BHP BILLITON GB 6,03 – 1,32 SKANSKA -B- SE 7,68 – 0,70 f DJ E STOXX ENGY P 315,56 – 0,52 GAMESA ES e 14,79 – 0,40 TF1 FR e 30,55 – 1,45 BOEHLER-UDDEHOL AT e 44,12 .... TAYLOR WOODROW GB 2,91 + 1,12 GKN GB 4,64 – 0,35 TRINITY MIRROR GB 7,03 + 0,23 BUNZL PLC GB 6,85 .... TECHNIP-COFLEXI FR e 150,40 – 0,27 GROUP 4 FALCK DK 124,36 – 0,11 UNITED PAN-EURO NL e 0,55 + 1,85 CORUS GROUP GB 1,28 .... TITAN CEMENT RE GR 39,32 .... SERVICES FINANCIERS GROUP 4 FALCK DK 124,36 – 0,11 UTD BUSINESS ME GB 11,52 .... GR 3,62 e – GUARDIAN IT GB 2,13 – 2,22 VIVENDI UNIVERS FR e 56,95 – 1,47 EURO ELVAL .... UPONOR -A- FI 19,01 4,95 3I GROUP GB 13,64 – 2,09 e e e – ______SE 25,74 HAGEMEYER NV NL 20,86 .... VNU NL 34,89 1,36 HOLMEN -B- .... CIMENTS VICAT / FR 58,50 .... ALPHA FINANCE GR 44,90 .... NL e 2,25 + e + HALKOR GR 4,44 .... WOLTERS KLUWER NL e 24,93 – 0,60 ISPAT INTERNATI 0,45 VINCI FR 64,60 0,94 AMVESCAP GB 16,92 – 1,87 GB 15,69 – e – HAYS GB 3,41 + 1,44 WPP GROUP GB 11,94 – 2,51 NOUVEAU JOHNSON MATTHEY 0,21 WIENERBERGER AG AT 15,88 0,63 BHW HOLDING AG DE e 27,10 – 0,37 M-REAL -B- FI e 7,45 .... f 230,17 – 1,19 HEIDELBERGER DR DE e 47 .... f DJ E STOXX MEDIA P 308,16 – 1,52 DJ E STOXX CNST P BPI R PT e 2,25 .... ´ AT e 55,50 HUHTAMAKI FI e 37,50 .... MARCHE MAYR-MELNHOF KA .... BRITISH LAND CO GB 7,43 .... FI e 12,50 – IFIL IT e 5,15 + 0,59 OUTOKUMPU 1,19 CALEDONIA INV.S GB 14,19 + 0,34 FR e 61,20 – 0,97 CONSOMMATION CYCLIQUE IMI PLC GB 4,48 + 0,36 BIENS DE CONSOMMATION Cours % Var. PECHINEY-A- CANARY WHARF GR GB 7,40 .... 10/01 9h57 f FI e 4,30 + IND.VAERDEN -A- SE 18,17 .... en euros 09/01 RAUTARUUKKI K 3,12 ACCOR FR e 41,10 + 0,27 CATTLES ORD. GB 4,90 – 0,98 AHOLD NL e 29,05 + 0,52 GB 22,24 – INDRA SISTEMAS ES e 9,54 – 1,14 RIO TINTO 1,36 ADIDAS-SALOMON DE e 84 – 0,77 CLOSE BROS GRP GB 13,92 – 2,16 ALTADIS ES e 18,05 – 0,82 GR 4,08 GB 2,10 – AMSTERDAM SIDENOR .... AGFA-GEVAERT BE e 14,14 – 2,48 COBEPA BE e 61,05 .... INVENSYS 1,52 AMADEUS GLOBAL ES e 7,12 – 1,93 GR 8,60 SILVER & BARYTE .... AIR FRANCE FR e 17,56 + 0,63 CONSORS DISC-BR DE e 11,14 – 2,11 INVESTOR -A- SE 12,33 .... ATHENS MEDICAL GR 3,82 .... AIRSPRAY NV 17,30 + 1,76 GB 2,55 – SMURFIT JEFFERS .... AIRTOURS PLC GB 4,12 .... CORIO NV NL e 25,98 + 0,12 INVESTOR -B- SE 12,17 0,44 AUSTRIA TABAK A AT e 83,50 .... ANTONOV 0,60 .... FI e 15,18 – STORA ENSO -A- .... ALITALIA IT e 1,01 .... CORP FIN ALBA ES e 22,31 – 1,11 ISS DK 59,02 0,90 AVIS EUROPE GB 2,83 .... C/TAC 2,69 + 0,37 FI e 15,11 e + STORA ENSO -R- .... AUSTRIAN AIRLIN AT e 8,27 .... DEPFA-BANK DE e 62,35 + 0,08 JOT AUTOMATION FI 0,62 1,64 BEIERSDORF AG DE e 126,50 .... CARDIO CONTROL 4,10 – 0,49 SE 31,47 – SVENSKA CELLULO 0,34 AUTOGRILL IT e 10,82 – 1,46 DROTT -B- SE 11,36 + 0,48 KINNEVIK -B- SE 18,28 – 0,59 BIC FR e 39,07 – 0,20 CSS 23,90 .... DE e 17,20 – e THYSSENKRUPP 1,43 BANG & OLUFSEN DK 30,92 + 0,44 EURAZEO FR e 61,50 + 0,74 KONE B FI 85 .... BRIT AMER TOBAC GB 9,13 – 0,53 HITT NV 7 .... BE e 45,31 – e UMICORE 1,26 BENETTON IT e 13,70 – 0,36 EURONEXT NL e 20,30 .... LEGRAND FR 153 – 0,07 CASINO GP FR e 81,75 + 0,31 AMERICA SUL PREF-B ...... FI e 39,25 – e UPM-KYMMENE COR 0,13 BERKELEY GROUP GB 12,02 + 1,09 FINAXA FR e 82,50 + 3,13 LINDE AG DE 47 – 0,42 CLARINS FR e 62 – 0,32 NEDGRAPHICS HOLD 4 .... FR e 14,61 – e USINOR 0,61 BRITISH AIRWAYS GB 3,77 – 1,27 FORTIS (B) BE e 27,50 .... MAN DE 26 – 0,76 COLRUYT BE e 47,94 – 1,46 SOPHEON 0,48 – 2,04 GR 9,28 VIOHALCO .... BULGARI IT e 9,53 – 1,65 FORTIS (NL) NL e 27,07 .... MEGGITT GB 3,05 .... DELHAIZE BE e 56,20 – 2,43 PROLION HOLDING 94 .... AT e 31,85 – e VOEST-ALPINE AG 0,25 CHRISTIAN DIOR FR e 35,63 – 0,47 GECINA FR e 92,55 .... METSO FI 12,83 – 0,93 FIRSTGROUP GB 4,56 .... RING ROSA 0,03 .... FR e 19,07 e WORMS N .... CLUB MED. FR e 43,30 – 0,35 GIMV BE e 31,01 – 0,13 MG TECHNOLOGIES DE 10,53 – 2,50 GALLAHER GRP GB 7,26 – 0,22 UCC GROEP NV 7 .... f 204,80 – 0,54 DJ E STOXX BASI P COMPASS GROUP GB 7,85 + 0,21 GREAT PORTLAND GB 3,88 – 0,83 MORGAN CRUCIBLE GB 3,44 – 1,39 GIB BE e 44,50 .... DT.LUFTHANSA N DE e 16,80 – 0,59 HAMMERSON GB 7,11 – 1,12 EXEL GB 13,28 + 0,24 GIVAUDAN N CH 342,78 – 0,20 ELECTROLUX -B- SE 16,87 – 0,32 ING GROEP NL e 27,67 – 1 PACE MICRO TECH GB 5,80 + 0,28 HENKEL KGAA VZ DE e 64,50 .... BRUXELLES CHIMIE e PARTEK FI e 10 .... EM.TV & MERCHAN DE 1,71 – 6,56 LAND SECURITIES GB 12,51 – 0,64 ICELAND GROUP GB 2,57 – 0,63 ARTHUR 2,70 .... e + + PENINS.ORIENT.S GB 3,89 – 0,82 AIR LIQUIDE FR 151,80 0,40 EMI GROUP GB 5,82 – 0,83 LIBERTY INTL GB 7,92 0,41 IMPERIAL TOBACC GB 14,92 – 0,43 ENVIPCO HLD CT 0,45 .... e e PERLOS FI e 11 – 1,35 e AKZO NOBEL NV NL 49,20 – 2,19 EURO DISNEY FR 1,04 .... LONDON STOCK EX GB 6,85 .... JERONIMO MARTIN PT 8,90 .... FARDIS B 14,70 .... BASF AG DE e 43,20 + 0,12 HDP IT e 3,42 – 0,29 MARSCHOLLEK LAU DE e 58,60 .... PREMIER FARNELL GB 5,69 – 1,12 KESKO -B- FI e 10,51 .... BAYER AG DE e 38,17 – 0,21 HERMES INTL FR e 177,20 + 0,91 MEDIOBANCA IT e 12,50 .... RAILTRACK GB 4,53 .... L’OREAL FR e 77,90 – 0,70 BOC GROUP PLC GB 17,13 – 0,84 HILTON GROUP GB 3,72 – 0,86 METROVACESA ES e 15,43 – 0,39 RANDSTAD HOLDIN NL e 15,90 – 0,81 LAURUS NV NL e 5,15 – 1,90 e CODES PAYS ZONE EURO e – e + e RENTOKIL INITIA GB 4,41 – 1,80 CELANESE N DE 23,30 0,85 HUGO BOSS AG VZ DE 25 2,46 MONTEDISON IT 2,71 .... MORRISON SUPERM GB 3,18 .... FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne CH 71,83 – NL e 30,70 – GB 10,88 – REXAM GB 6,77 – 0,24 GB 16,40 – CIBA SPEC CHIMI 0,47 HUNTER DOUGLAS 0,32 PROVIDENT FIN 0,59 RECKITT BENCKIS 0,68 IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande CH 22,48 – 1,04 ES e 22,06 – 1,96 NL e 40,45 + 0,50 REXEL FR e 65,05 – 1,36 GB 4,95 – 1,92 CLARIANT N INDITEX R RODAMCO EUROPE SAFEWAY LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche COLOPLAST -B- DK 71,93 – 0,93 J D WETHERSPOON GB 6,16 – 2,31 RODAMCO NORTH A NL e 51,85 + 0,48 RHI AG AT e 5 .... SAINSBURY J. PL GB 5,77 – 0,28 FI : Finlande - BE : Belgique - GR : Gre`ce. DEGUSSA (NEU) DE e 29,70 – 1,33 KLM NL e 13,70 + 0,96 ROLINCO NV NL e 25,05 – 0,48 RIETER HLDG N CH 235,95 + 0,58 STAGECOACH GROU GB 1,21 + 1,35 DSM NL e 44,31 – 1,12 LVMH FR e 46,63 – 2 SCHRODERS GB 14,63 – 2,69 ROLLS ROYCE GB 2,86 – 0,56 TERRA NETWORKS ES e 9,32 – 2,10 CODES PAYS HORS ZONE EURO EMS-CHEM HOLD A CH 4306,67 – 0,47 MEDION DE e 49,90 – 0,80 SIMCO N FR e 78,45 – 0,13 SANDVIK SE 25,52 – 0,84 TESCO PLC GB 3,91 – 0,41 CH : Suisse - NO : Norve`ge - SE : Sue`de e e ICI GB 6,85 – 1,40 MOULINEX FR 0,01 .... SLOUGH ESTATES GB 5,14 – 2,15 SAURER N CH 21,30 – 1,87 TPG NL 23,29 – 0,47 GB : Grande-Bretagne - DK : Danemark. KEMIRA FI e 6,75 – 0,74 NH HOTELES ES e 11,06 + 0,09 TECAN GRP N CH 72 + 1,43 SCHNEIDER ELECT FR e 54 – 0,28 WANADOO FR e 5,94 – 2,62 20 / LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 FINANCES ET MARCHÉS

AIR LIQUIDE...... w 151,30 992,46 +0,07 151,20 EULER...... w 42 275,50 +0,91 41,62 PEUGEOT...... w 45,44 298,07 – 0,68 45,75 w w w Compen- ALCATEL A...... 19,41 127,32 – 3,19 20,05 EURAZEO...... 61,80 405,38 +1,23 61,05 PINAULT-PRIN ...... 146,70 962,29 – 0,95 148,10 Cours Cours % Var. sation ALCATEL O ...... 9 59,04 – 2,07 ... EURO DISNEY ...... w 1,04 6,82 ... 1,04 PLASTIC OMN...... 71,30 467,70 +2 ... International f en euros en francs veille Une se´ lection (1) VALEURS FRANCE ALSTOM ...... w 12,91 84,68 – 0,15 12,93 EUROTUNNEL ...... w 1,14 7,48 +0,88 1,13 PROVIMI ...... w 23,45 153,82 – 0,26 23,51 ALTRAN TECHN .... w 54,30 356,18 – 2,16 55,50 FAURECIA...... w 61,30 402,10 +0,82 60,80 PSB INDUSTRI...... 88,95 583,47 – 0,17 ... ADECCO ...... 65,75 431,29 +1,54 ... ARBEL...... 3,40 22,30 +6,25 ... F.F.P. (NY)...... w 101,40 665,14 +0,10 101,30 PUBLICIS GR...... w 29,05 190,56 – 4,75 30,50 AMERICAN EXP...... 41,85 274,52 – 0,85 ... VALEURS FRANCE AREVA CIP ...... 168,90 1107,91 +0,36 ... FIMALAC...... w 41,76 273,93 +0,63 41,50 REMY COINTRE..... w 27,31 179,14 +0,48 27,18 AMVESCAP EXP...... b L’action Publicis perdait 6,56 %, jeudi ATOS ORIGIN...... w 78,25 513,29 – 2,80 80,50 FINAXA ...... 83 544,44 +3,75 ... RENAULT ...... w 43,06 282,46 +1,29 42,51 ANGLOGOLD LT .... 44,10 289,28 +2,39 ... 10 janvier, dans les premiers échanges, à AVENTIS ...... w 76,50 501,81 +0,72 75,95 FONC.LYON.#...... 26,95 176,78 +0,19 ... REXEL...... w 65,05 426,70 – 1,36 65,95 A.T.T. #...... 21 137,75 – 1,87 ... AXA ...... w 22,93 150,41 – 1,33 23,24 FRANCE TELEC ..... w 44,35 290,92 – 1,51 45,03 RHODIA ...... w 9,80 64,28 +0,93 9,71 BARRICK GOLD...... 19,11 125,35 – 0,21 ... 28,5 euros. Le groupe de publicité a lancé un BACOU DALLOZ ...... FROMAGERIES...... ROCHETTE (LA ...... COLGATE PAL...... appel au marché pour 600 millions d’euros BAIL INVESTI...... 123,40 809,45 +0,41 ... GALERIES LAF ...... w 163 1069,21 +0,62 162,00 ROUGIER #...... DIAGO PLC...... d’obligations convertibles ou échangeables BAZAR HOT. V...... GAUMONT # ...... 46,33 303,90 – 1 ... ROYAL CANIN...... w 139,60 915,72 +0,07 139,50 DOW CHEMICAL...... BEGHIN SAY ...... w 43,19 283,31 +0,44 43,00 GECINA...... w 92,55 607,09 ... 92,55 RUE IMPERIAL...... 1598 10482,19 +3,20 ... DU PONT NEMO ... 49,50 324,70 – 1,30 ... en actions, à échéance de seize ans. BIC...... w 39,07 256,28 – 0,20 39,15 GENERALE DE...... 14,03 92,03 – 0,85 ... SADE (NY) ...... ECHO BAY MIN ...... 0,65 4,26 +4,84 ... b L’action Orange cédait 0,30 %, jeudi BNP PARIBAS...... w 103,60 679,57 – 0,58 104,20 GEOPHYSIQUE...... w 33,93 222,57 – 0,21 34,00 SAGEM ADP...... 51,70 339,13 – 0,86 ... ELECTROLUX ...... matin, à 28,5 euros. L’action Vivendi Uni- BOLLORE...... w 256,20 1680,56 +1,26 253,00 GFI INFORMAT ..... w 12,91 84,68 – 2,57 13,25 SAGEM S.A...... w 72,20 473,60 – 1,10 73,00 ELF GABON...... 159 1042,97 – 1,24 ... BOLLORE INV...... 53,75 352,58 – 1,10 ... GRANDVISION...... w 16 104,95 +2,17 15,66 SAINT-GOBAIN...... w 174,50 1144,64 – 1,13 176,50 ERICSSON #...... w 5,83 38,24 – 2,83 6,00 versal (principal actionnaire de SFR) recu- BONGRAIN ...... 42,94 281,67 +0,12 ... GROUPE GASCO ... 78,80 516,89 – 0,13 ... SALVEPAR (NY ...... 52 341,10 +0,19 ... FORD MOTOR #..... 17,98 117,94 – 2,81 ... lait de 2,08 %, à 56,60 euros. Le titre BOUYGUES ...... w 37,55 246,31 – 2,72 38,60 GROUPE PARTO.... 65,10 427,03 +2,76 ... SANOFI SYNTH...... w 81 531,33 +0,06 80,95 GENERAL ELEC ...... w 43,42 284,82 – 1,32 44,00 BOUYGUES OFF..... w 42,25 277,14 +1,08 41,80 GR.ZANNIER ( ...... 80 524,77 ...... SCHNEIDER EL...... w 54,10 354,87 – 0,09 54,15 GENERAL MOTO.... 56,40 369,96 +0,53 ... Bouygues perdait 2,54 %, à 37,62 euros. A la B T P (LA CI...... GUYENNE GASC ... w ...... 86,00 SCOR SVN ...... w 40,85 267,96 +0,12 40,80 GOLD FIELDS...... 5,97 39,16 +2,93 ... fin 2001, Orange détenait 48,2 % du marché BULL# ...... w 1,20 7,87 – 0,83 1,21 HAVAS ADVERT ..... w 8,58 56,28 – 4,56 8,99 S.E.B...... w 71 465,73 ... 71,00 HARMONY GOLD .. 7,61 49,92 +3,40 ... français de la téléphonie mobile (stable BURELLE (LY) ...... 51,85 340,11 – 2,17 ... IMERYS ...... w 109,30 716,96 – 0,55 109,90 SEITA...... 46,71 306,40 – 0,68 ... HITACHI # ...... BUSINESS OBJ ...... w 42,46 278,52 – 0,82 42,81 IMMEUBLES DE ...... SELECTIBAIL(...... 16 104,95 ...... HSBC HOLDING .... w 12,80 83,96 – 1,54 13,00 depuis un an), SFR se situait à 33,9 % (con- CANAL + ...... w 3,58 23,48 +0,56 3,56 IMMOBANQUE ...... SIDEL...... 50 327,98 ...... I.B.M...... w 139,30 913,75 – 1,69 141,70 tre 34,3 % à la fin 2000), tandis que la part de CAP GEMINI...... w 87 570,68 – 2,25 89,00 IM.MARSEILLA ...... SILIC...... 162 1062,65 ...... I.C.I...... marché de Bouygues Telecom s’établissait à CARBONE-LORR.... w 31,90 209,25 – 0,31 32,00 INFOGRAMES E .... w 16,06 105,35 – 1,29 16,27 SIMCO...... w 78,45 514,60 – 0,13 78,55 ITO YOKADO # ...... 45,40 297,80 – 5,79 ... CARREFOUR ...... w 55,20 362,09 – 0,63 55,55 INGENICO ...... w 24,35 159,73 – 0,65 24,51 SKIS ROSSIGN ...... 15,29 100,30 +0,72 ... I.T.T. INDUS ...... 56 367,34 – 1,67 ... 17,9 % (contre 17,5 %), selon des chiffres CASINO GUICH...... 60 393,57 – 1,64 ... ISIS...... SOCIETE GENE ...... w 64,40 422,44 – 1,15 65,15 MATSUSHITA...... 14,71 96,49 – 5,71 ... publiés par l’Autorité de régulation des télé- CASINO GUICH...... w 81,50 534,60 ... 81,50 JC DECAUX ...... w 12,82 84,09 – 1,76 13,05 SODEXHO ALLI ...... w 47,27 310,07 +0,36 47,10 MC DONALD’S...... 30,22 198,23 – 1,14 ... w w communications (ART). CASTORAMA DU ... 59,20 388,33 – 2,87 60,95 KAUFMAN ET B..... 17,75 116,43 +4,60 ... SOGEPARC (FI ...... MERK AND CO...... 65,75 431,29 – 1,65 66,85 CEGID (LY) ...... 86,50 567,40 – 1,70 ... KLEPIERRE ...... w 108,70 713,03 +0,37 108,30 SOPHIA ...... w 31,60 207,28 – 0,94 31,90 MITSUBISHI C...... 7,47 49 – 0,13 ... b Le titre Carrefour cédait 1,26 %, jeudi CEREOL ...... w 28,95 189,90 +0,17 28,90 L’OREAL...... w 77,65 509,35 – 1,02 78,45 SOPRA GROUP ...... w 41,82 274,32 – 0,43 42,00 NESTLE SA #...... w 236,10 1548,71 +0,04 236,00 matin, à 54,85 euros. Le distributeur devait CERESTAR...... w 31,50 206,63 +0,16 31,45 LAFARGE ...... w 105 688,75 – 1,59 106,70 SPIR COMMUNI .... w 76 498,53 +0,60 75,55 NORSK HYDRO...... CFF.RECYCLIN ...... LAGARDERE ...... w 46,63 305,87 – 2,61 47,88 SR TELEPERFO ...... w 25 163,99 – 2,91 25,75 PFIZER INC...... 45,10 295,84 – 1,16 ... publier son chiffre d’affaires annuel, jeudi CGIP ...... w 39,03 256,02 – 0,20 39,11 LAPEYRE ...... w 50 327,98 – 1,96 51,00 STERIA GROUP...... 33,60 220,40 – 2,04 ... PHILIP MORRI ...... w 52,70 345,69 – 2,23 53,90 soir après la clôture du marché, et donner CHARGEURS...... LEBON (CIE) ...... SUCR.PITHIVI ...... 394 2584,47 ...... PROCTER GAMB .... 86,50 567,40 – 1,70 ... des précisions sur l’impact de la crise argenti- CHRISTIAN DI...... w 35,47 232,67 – 0,92 35,80 LEGRAND ORD. .... 153 1003,61 – 0,07 ... SUEZ...... w 32,07 210,37 +0,38 31,95 RIO TINTO PL...... 22,50 147,59 – 0,35 ... CIC -ACTIONS ...... 121 793,71 +0,25 ... LEGRAND ADP...... 121,10 794,36 – 1,70 ... TAITTINGER ...... SCHLUMBERGER... w 59,10 387,67 – 0,08 59,15 ne sur son activité. CIMENTS FRAN ..... w 48,15 315,84 +0,94 47,70 LEGRIS INDUS ...... w 23,30 152,84 – 3,12 24,05 TECHNIP-COFL ..... w 150,40 986,56 – 0,27 150,80 SEGA ENTERPR...... b L’action Faurecia gagnait 0,66 %, jeudi CLARINS...... w 62,20 408,01 ... 62,20 LIBERTY SURF...... 3,59 23,55 – 2,45 ... TF1...... w 30,44 199,67 – 1,81 31,00 SHELL TRANSP ...... matin, à 61,2 euros. L’équipementier auto- CLUB MEDITER ..... w 43,47 285,14 +0,05 43,45 LOCINDUS...... 129,80 851,43 +0,23 ... THALES ...... w 38,90 255,17 – 0,49 39,09 SONY CORP. # ...... w 55,10 361,43 +1,75 54,15 CNP ASSURANC .... w 35,05 229,91 – 0,99 35,40 LOUVRE #...... 62,05 407,02 – 1,43 ... THOMSON MULT . w 36,62 240,21 – 0,22 36,70 T.D.K. # ...... mobile a annoncé un repli de 2 % de son chif- COFACE...... w 47,60 312,24 – 0,83 48,00 LUCIA...... 11,10 72,81 +0,91 ... TOTAL FINA E ...... w 155,30 1018,70 – 1,15 157,10 TOSHIBA #...... 4 26,24 – 3,61 ... fre d’affaires au quatrième trimestre 2001, à COFLEXIP ...... 165,90 1088,23 – 0,06 ... LVMH MOET HE.... w 46,25 303,38 – 2,80 47,58 TRANSICIEL # ...... w 39,65 260,09 – 1,37 40,20 UNITED TECHO..... 73 478,85 – 2,67 ... COLAS...... 63 413,25 +0,64 ... MARINE WENDE... w 71,25 467,37 +0,35 71,00 UBI SOFT ENT ...... w 37,15 243,69 ... 37,15 ZAMBIA COPPE...... 2 374,4 millions d’euros, et une progression CONTIN.ENTRE...... MARIONNAUD P .. w 56,60 371,27 +0,18 56,50 UNIBAIL (POR...... w 57,60 377,83 +0,35 57,40 ...... annuelle de 14,5 %, à 9 610,7 millions. CRED.FON.FRA...... MATUSSIERE F...... 9,80 64,28 +1,03 ... UNILOG ...... w 76 498,53 – 1,11 76,85 ...... CREDIT LYONN ..... w 37,10 243,36 – 0,56 37,31 MAUREL ET PR...... 18,25 119,71 +0,27 ... USINOR...... w 14,60 95,77 – 0,68 14,70 ...... CS COM.ET SY...... 8,42 55,23 – 0,94 ... METALEUROP ...... 4,55 29,85 ...... VALEO ...... w 45,10 295,84 – 0,88 45,50 CREDIT AGRIC...... w 18,48 121,22 – 0,11 18,50 MICHELIN ...... w 38,34 251,49 +0,31 38,22 VALLOUREC ...... w 57,90 379,80 +1,58 57,00 ABRE´VIATIONS DAMART ...... 79,50 521,49 – 1,73 ... MONTUPET SA...... 10,95 71,83 ...... VICAT...... ´ B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = Nantes. PREMIER MARCHE DANONE...... w 132,20 867,18 +0,84 131,10 NATEXIS BQ P ...... w 94,55 620,21 – 0,89 95,40 VINCI...... w 64,70 424,40 +1,09 64,00 ______w – DASSAULT-AVI...... 320 2099,06 ...... NEOPOST ...... 33,20 217,78 ... 33,20 VIVARTE ...... 129,20 847,50 4,01 ... SYMBOLES DASSAULT SYS...... w 56 367,34 – 0,88 56,50 NEXANS...... w 16,25 106,59 – 4,41 17,00 VIVENDI ENVI...... w 37,69 247,23 – 0,50 37,88 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; JEUDI 10 JANVIER Cours a` 9h57 DEV.R.N-P.CA...... 14,70 96,43 +2,08 ... NORBERT DENT ... 23,15 151,85 – 0,64 ... VIVENDI UNIV ...... w 56,75 372,26 – 1,82 57,80 a coupon de´tache´ ; b droit de´tache´ ; # contrat d’animation ; w DEVEAUX(LY)# ...... 70,35 461,47 – 4,22 ... NORD-EST...... 27,10 177,76 – 2,24 ... WANADOO...... 5,93 38,90 – 2,79 6,10 o = offert ; d = demande´ ; x offre re´duite ; y demande re´duite ; Dernier jour de ne´ gociation des OSRD : 25 janvier + w + DMC (DOLLFUS..... 8,30 54,44 0,61 ... NRJ GROUP...... 21,85 143,33 – 0,59 21,98 WORMS (EX.SO...... 19,25 126,27 0,94 ... d cours pre´ce´dent ; w_Valeur pouvant be´ne´ficier du service w w DYNACTION ...... OBERTHUR CAR.... 8,60 56,41 – 1,38 8,72 ZODIAC...... 213 1397,19 – 2,87 219,30 ` ´ ´ Compen- w de reglement differe. Cours Cours % Var. EIFFAGE ...... 72,05 472,62 +0,21 71,90 OLIPAR...... sation France f en euros en francs veille ELECT.MADAGA ...... ORANGE ...... w 9,78 64,15 – 1,41 9,92 ...... DERNIE`RE COLONNE PREMIER MARCHE´ (1) : (1) ELIOR ...... w 8,20 53,79 +0,74 8,14 OXYG.EXT-ORI...... 360 2361,45 +0,84 ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : ACCOR ...... w 40,99 268,88 ... 40,99 ENTENIAL(EX...... 29,48 193,38 – 0,07 ... PECHINEY ACT...... w 60,60 397,51 – 1,94 61,80 ...... montant du coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement AFFINE...... 36,87 241,85 ...... ERAMET ...... 35 229,58 ...... PECHINEY B P ...... 55,60 364,71 – 2,80 ...... dernier coupon ; Jeudi date´ vendredi : compensation ; AGF ...... w 53,30 349,63 – 0,19 53,40 ESSILOR INTL ...... w 32,75 214,83 +0,31 32,65 PENAUILLE PO...... w 41 268,94 – 1,91 41,80 ...... Vendredi date´ samedi : nominal. AIR FRANCE G ...... w 17,50 114,79 +0,29 17,45 ESSO ...... 83 544,44 +0,36 ... PERNOD-RICAR .... aw 83,85 550,02 – 0,89 85,40 ......

CMT MEDICAL ..... 12,80 83,96 +1,99 HF COMPANY ...... 34,90 228,93 – 0,29 NICOX #...... 51,95 340,77 – 1,70 GEODIS...... 26,15 171,53 – 0,27 COALA # ...... 19 124,63 ... HIGH BON DE ...... 4,33 28,40 +8,25 OLITEC...... 10,56 69,27 – 3,12 GFI INDUSTRI...... 22,82 149,69 +0,31 NOUVEAU COHERIS ATIX...... 10,44 68,48 – 3,78 HIGH CO.#...... 115 754,35 +1,41 OPTIMS # ...... 1,70 11,15 +3,03 SECOND GRAND MARNIE .. d 7500 49196,78 ... COIL...... 13,02 85,41 ... HIGHWAVE OPT ... w 3,54 23,22 +4,12 OXIS INTL RG ...... 0,25 1,64 ... ______GROUPE BOURB... d 57 373,90 ... ´ COM 6 ...... 2,07 13,58 +3,50 HIMALAYA ...... 1,61 10,56 – 2,42 PERF.TECHNO...... d 0,01 0,07 ... GROUPE CRIT ...... 23,50 154,15 ... MARCHE CONSODATA ...... d 13,50 88,55 ... HI MEDIA ...... 0,75 4,92 ... PERFECT TECH .... 6,60 43,29 ... ´ HERMES INTL...... w 176,90 1160,39 +0,74 CONSODATA NV.. d 19,50 127,91 ... HOLOGRAM IND.. 4,50 29,52 – 4,05 PHARMAGEST I.... 15,99 104,89 – 4,54 MARCHE HYPARLO #(LY ...... 32 209,91 ... MERCREDI 9 JANVIER CONSORS FRAN .. 2,65 17,38 +2,32 HUBWOO.COM ..... 1,80 11,81 – 3,74 PHONE SYS.NE..... d 2,65 17,38 ... IMS(INT.META ...... 7,70 50,51 – 1,16 CROSS SYSTEM.... 1,17 7,67 – 3,31 IB GROUP.COM .... 2,13 13,97 – 4,05 PICOGIGA...... 5,35 35,09 +2,88 JEUDI 10 JANVIER INTER PARFUM .... 56,80 372,58 +2,71 Une se´ lection. Cours releve´sa` 18 h 17 CRYO # ...... 4,65 30,50 +1,75 IDP ...... 0,92 6,03 – 5,15 PROLOGUE SOF ... 4,95 32,47 – 2,75 JET MULTIMED .... 14,90 97,74 +6,43 CRYONETWORKS. 10 65,60 +2,04 IGE +XAO ...... 9,50 62,32 – 3,55 PROSODIE #...... 34,40 225,65 +1,47 Une se´ lection. Cours releve´ sa` 9h57 LAURENT-PERR .... d 24,03 157,63 ... CYBERDECK # ...... 0,64 4,20 – 3,03 ILOG #...... 14,80 97,08 +7,87 PROSODIE BS ...... d 1,80 11,81 ... LDC ...... 112,40 737,30 +0,27 Cours Cours % Var. CYBER PRES.P ...... 14,99 98,33 – 2,03 INFOSOURCES...... 0,78 5,12 +8,33 JEAN CLAUDE...... 1,39 9,12 +2,21 Cours Cours % Var. LECTRA (B) #...... 5,35 35,09 +0,94 Valeurs f en euros en francs veille Valeurs f en euros en francs veille CYBERSEARCH ..... 1,95 12,79 +3,72 INFOTEL # ...... 28,50 186,95 – 0,18 QUALIFLOW ...... 6,85 44,93 +0,59 LOUIS DREYFU ..... d 14,10 92,49 ... A NOVO # ...... w 17,60 115,45 +0,23 CYRANO #...... d ...... INFO VISTA ...... 4,02 26,37 – 1,23 QUANTEL ...... 4,10 26,89 ... AB GROUPE ...... 28,54 187,21 +1,21 LVL MEDICAL...... 24,21 158,81 +0,04 AB SOFT ...... 6 39,36 ... D INTERACTIV ..... 1,15 7,54 +3,60 INTEGRA...... 1,49 9,77 +18,25 R2I SANTE...... 3,96 25,98 – 10 ACTIELEC TEC ...... 5,90 38,70 – 0,34 M6-METR.TV A...... w 30,77 201,84 – 0,71 ABEL GUILLEM..... 5,35 35,09 ... DIREKT ANLAG .... 15,50 101,67 +0,58 INTEGRA ACT...... R2I SANTE BO ...... d 0,02 0,13 ... ALGECO #...... 97 636,28 +0,73 MANITOU #...... 69 452,61 ... ACCESS COMME .. 4 26,24 – 2,91 DALET # ...... 2,36 15,48 +19,19 INTERACTIF B...... d 0,15 0,98 ... RECIF # ...... 15,95 104,63 +0,95 ALTEDIA...... 30,10 197,44 +0,17 MANUTAN INTE... 37,50 245,98 +0,13 ACTEOS ...... 2,58 16,92 – 0,77 DATASQUARE #.... 0,65 4,26 – 17,72 INTERACTIF B...... d 0,30 1,97 ... REGINA RUBEN ... 0,46 3,02 +9,52 ALTEN (SVN) ...... w 17,41 114,20 – 1,64 PARC DES EXP ...... d 94 616,60 ... ADL PARTNER ...... 10,46 68,61 – 1,23 DEVOTEAM #...... 19,02 124,76 +3,37 IPSOS # ...... w 66,35 435,23 +0,15 REPONSE # ...... 11,25 73,80 +0,45 APRIL S.A.#( ...... 18,50 121,35 – 0,64 PCAS #...... 23,65 155,13 ... ALDETA ...... d 2,10 13,78 ... DMS #...... 11,50 75,44 +2,04 IPSOS BS00...... 1,08 7,08 – 4,42 RIBER #...... 4,85 31,81 ... ARKOPHARMA # .. 49,50 324,70 – 0,40 PETIT FOREST...... 45,75 300,10 – 0,09 ALGORIEL #...... 4,99 32,73 ... DURAN DUBOI .... 17,44 114,40 – 2,57 IT LINK...... 6,30 41,33 +2,44 RIGIFLEX INT...... 31 203,35 ... ASSYSTEM # ...... 29,75 195,15 +0,85 PIERRE VACAN...... 72,60 476,22 +0,07 ALPHA MOS #...... 3,94 25,84 – 0,25 DURAND ALLIZ.... d 0,27 1,77 ... ITESOFT...... 1,61 10,56 +1,90 RISC TECHNOL .... 8,50 55,76 +4,17 AUBAY ...... 4,05 26,57 ... PINGUELY HAU .... w 11,77 77,21 – 0,84 ALPHA MOS BO.... 0,33 2,16 +57,14 DURAN BS 00 ...... d 0,12 0,79 ... IXO...... 0,45 2,95 ... SAVEURS DE F...... 12,01 78,78 – 2,28 BENETEAU #...... 88,20 578,55 +0,80 POCHET...... d 100 655,96 ... ALTAMIR & CI ...... 70 459,17 – 1,13 EFFIK # ...... 24,80 162,68 – 0,80 IXO DS01 PRE...... d 0,01 0,07 ... SELF TRADE...... 2,40 15,74 – 2,04 BOIRON (LY)#...... 74,90 491,31 +1,70 RADIALL # ...... 74,95 491,64 – 1,06 ALTI #...... 10,23 67,10 – 2,48 EGIDE #...... 104,50 685,48 +0,38 IMECOM GROUP.. d 1,41 9,25 ... SITICOM GROU.... 5,54 36,34 +0,18 BONDUELLE...... 47 308,30 – 2,08 RALLYE (LY)...... w 50,45 330,93 – 0,10 ARTPRICE COM.... 4 26,24 +2,56 EMME NV ...... 14,27 93,61 +0,78 INTERCALL RE ...... d 14,15 92,82 ... SODITECH ING .... 3,50 22,96 – 5,66 BQUE TARNEAU... d 87 570,68 ... RODRIGUEZ GR ... w 62,80 411,94 +0,32 ASTRA ...... 0,72 4,72 – 1,37 ESI GROUP ...... 15 98,39 – 5,66 KALISTO ENTE...... 1,38 9,05 ... SOFT COMPUTI.... 3,70 24,27 +1,37 BRICORAMA # ...... 56,85 372,91 – 0,09 SABATE-DIOSO ..... 16,45 107,90 +0,92 AUFEMININ.CO.... 1 6,56 – 0,99 ESKER...... 4,98 32,67 – 0,40 ORCHESTRA KA .... 0,80 5,25 – 3,61 SOI TEC SILI...... w 25,78 169,11 +3,74 BRIOCHE PASQ .... 67 439,49 ... SECHE ENVIRO ..... 79 518,21 – 1 AUTOMA TECH .... 3,14 20,60 – 3,09 EUROFINS SCI...... 18,10 118,73 ... KEYRUS PROGI ..... 0,96 6,30 – 5,88 SOLUCOM ...... 24,09 158,02 ... BUFFALO GRIL..... 8,80 57,72 +0,57 SINOP.ASSET...... d 27,50 180,39 ... AVENIR TELEC...... d 0,18 1,18 ... EURO.CARGO S.... d 13,40 87,90 ... LA COMPAGNIE.... 6,39 41,92 +2,90 SQLI ...... 1,35 8,86 – 2,88 C.A. OISE CC ...... d 95,35 625,45 ... SIPAREX CROI ...... 24,45 160,38 – 0,20 AVENIR TELEC...... w 1,85 12,14 +1,09 FI SYSTEM # ...... 2,07 13,58 +1,47 TETE DS LES ...... d 1,17 7,67 ... STACI # ...... 1,45 9,51 +7,41 C.A. PARIS I...... 70,75 464,09 +0,57 SOLERI ...... d 140 918,34 ... BAC MAJESTIC...... 2,58 16,92 – 0,39 FIMATEX # ...... 3,44 22,56 +1,18 LEXIBOOK # S...... 16,75 109,87 – 3,74 STELAX...... 0,67 4,39 +8,06 C.A.PAS CAL...... 139 911,78 ... SOLVING #...... 49,50 324,70 +0,22 BARBARA BUI ...... 10,78 70,71 ... FLOREANE MED .. 8,84 57,99 – 1,78 LINEDATA SER...... 19,50 127,91 – 1,27 SYNELEC # ...... 12,60 82,65 +0,80 CDA-CIE DES...... d 53,60 351,59 ... SPORT FIVE ...... d 154 1010,17 ... BCI NAVIGATI...... 4,58 30,04 – 0,43 FI SYSTEM BS...... d 0,11 0,72 ... LYCOS EUROPE..... 0,82 5,38 ... SYSTAR # ...... 3,85 25,25 ... CEGEDIM #...... 50,80 333,23 ... STEF-TFE # ...... 58 380,46 ... BELVEDERE...... 23,47 153,95 – 6,31 GAMELOFT COM . 0,75 4,92 – 1,32 LYCOS FRANCE..... b 1,57 10,30 – 8,19 SYSTRAN ...... 2,04 13,38 – 2,39 CIE FIN.ST-H ...... d 142 931,46 ... SYLEA ...... d 40 262,38 ... BOURSE DIREC .... 2,24 14,69 +0,90 GAUDRIOT #...... 34,90 228,93 – 0,20 MEDCOST #...... 1,21 7,94 – 1,63 SOI TEC BS 0...... 13,25 86,91 – 5,36 CNIM #...... 52,05 341,43 +0,10 SYLIS # ...... 21,20 139,06 ... BRIME TECHN...... d 0,35 2,30 ... GENERIX # ...... 16,80 110,20 – 6,67 MEDIDEP #...... 20,44 134,08 – 1,35 TELECOM CITY..... 2,88 18,89 +6,27 COFITEM-COFI..... d 60 393,57 ... SYNERGIE (EX ...... 32,50 213,19 ... BRIME TECHNO... 36,50 239,42 +1,39 GENESYS #...... w 13,94 91,44 – 2,11 MEMSCAP ...... 2,94 19,29 – 2 TEL.RES.SERV...... 1,74 11,41 – 2,25 DANE-ELEC ME.... 4,32 28,34 +1,65 TEAM PARTNER ... 4,05 26,57 – 3,57 BUSINESS ET ...... 9,28 60,87 +0,98 GENSET...... w 7,68 50,38 +0,92 METROLOGIC G ... 60 393,57 – 3,23 THERMATECH I.... 14 91,83 ... ETAM DEVELOP ... 11,20 73,47 – 8,35 TRIGANO...... w 37,30 244,67 +0,81 BUSINESS INT ...... 1,98 12,99 – 1,49 GENUITY INC...... 1,61 10,56 +4,55 MICROPOLE UN ... 4,30 28,21 +1,42 TISCALI SPA ...... 10,53 69,07 +0,48 EUROPEENNE C... 54,50 357,50 +0,28 UNION FIN.FR...... 35 229,58 – 0,06 BVRP ACT.DIV...... 9,35 61,33 ... GL TRADE #...... 41,70 273,53 +1,71 MILLIMAGES...... 7,48 49,07 +3,17 TITUS INTERA ...... 3,59 23,55 – 0,28 EXPAND S.A...... d 50,90 333,88 ... VILMOR.CLAUS ..... 70,50 462,45 – 0,63 CAC SYSTEMES..... d 3,73 24,47 ... GPE ENVERG.C..... 0,75 4,92 ... MONDIAL PECH ... d 5,61 36,80 ... TITUS INTER...... 1,14 7,48 +0,88 FINATIS(EX.L ...... d 120,20 788,46 ... VIRBAC...... 92 603,48 – 0,54 CALL CENTER...... 8,10 53,13 – 0,61 SILICOMP # ...... 22,95 150,54 +1,91 NATUREX...... 14,85 97,41 ... TRACING SERV..... 18,20 119,38 – 1,19 FININFO...... 33,18 217,65 – 0,03 ...... CARRERE GROU... 18,50 121,35 ... GUILLEMOT BS.... 7,55 49,52 ... NET2S # ...... 5,14 33,72 – 1,15 TRANSGENE # ...... 7,44 48,80 +0,54 FLEURY MICHO ... 23,70 155,46 – 1,25 ...... CAST ...... 3,06 20,07 – 1,29 GUILLEMOT # ...... 18,50 121,35 ... NETGEM...... 2,28 14,96 – 2,56 UBIQUS ...... 2,87 18,83 ... FOCAL GROUPE ... 54,50 357,50 – 0,91 ...... CEREP...... 17,90 117,42 +1,70 GUYANOR ACTI ... 0,13 0,85 ... NETVALUE #...... 1,44 9,45 – 0,69 UMANIS #...... 3,57 23,42 +10,87 GECI INTL...... 7,65 50,18 +6,25 ...... CHEMUNEX ...... 0,55 3,61 ... GENESYS BS00 ..... 0,64 4,20 +8,47 NEURONES # ...... 3,77 24,73 – 0,53 UNION TECHNO.. d 0,04 0,26 ... GENERALE LOC.... 15,60 102,33 +0,19 ......

E´CUR. MONE´TAIRE C ...... 224,79 1474,53 09/01 CIC ECOCIC ...... 361,64 2372,20 09/01 CM FRANCE ACTIONS...... 34,55 226,63 09/01 OBLITYS C ...... 114,31 749,82 09/01 E´CUR. MONE´TAIRE D...... 187,24 1228,21 09/01 CIC ELITE EUROPE...... 129,37 848,61 09/01 CM MID. ACT. FRANCE ...... 31,42 206,10 09/01 OBLITYS D...... 112,52 738,08 09/01 SICAV et FCP E´CUR. OBLIG. INTERNAT. D. 175,40 1150,55 09/01 CIC E´PARGNE DYNAM. C..... 2074,94 13610,71 09/01 CM MONDE ACTIONS...... 314,52 2063,12 09/01 PLE´NITUDE D PEA ...... 42,79 280,68 09/01 E´CUR. TECHNOLOGIES C ..... 40,41 265,07 09/01 CIC E´PARGNE DYNAM. D .... 1636,61 10735,46 09/01 CM OBLIG. LONG TERME .... 104,48 685,34 09/01 POSTE GESTION C...... 2631,30 17260,20 09/01 E´CUR. TRIMESTRIEL D ...... 274,39 1799,88 09/01 CIC EUROLEADERS ...... 389,34 2553,90 09/01 CM OPTION DYNAM...... 31,07 203,81 09/01 POSTE GESTION D ...... 2332,60 15300,85 09/01 Une se´ lection. Cours de cloˆ ture le 9 janvier E´PARCOURT-SICAV D ...... 28,55 187,28 09/01 CIC FRANCE C ...... 35,39 232,14 09/01 CM OPTION E´QUIL...... 53,99 354,15 09/01 POSTE PREMIE`RE...... 7147,17 46882,36 09/01 GE´OPTIM C ...... 2343,74 15373,93 09/01 CIC FRANCE D...... 35,39 232,14 09/01 CM OBLIG. COURT TERME .. 165,54 1085,87 09/01 POSTE PREMIE`RE 1 AN ...... 42670,17 279897,97 09/01 Fonds communs de placements CIC HORIZON C...... 68,44 448,94 09/01 CM OBLIG. MOYEN TERME.. 342,74 2248,23 09/01 POSTE PREMIE`RE 2-3 ...... 9242,15 60624,53 09/01 e 164,51 PRIMIEL EURO C ...... 56,02 367,47 09/01 Valeurs unitaires Date E´CUREUIL E´QUILIBRE C ...... 37,75 247,62 09/01 CIC HORIZON D ...... 66,02 433,06 09/01 CM OBLIG. QUATRE...... 1079,11 09/01 E´metteurs f REVENUS TRIMESTRIELS ..... 789,35 5177,80 09/01 Euros francs ee cours E´CUREUIL PRUDENCE C ...... 34,71 227,68 09/01 CIC MENSUEL...... 1430,72 9384,91 09/01 Fonds communs de placements SOLSTICE D...... 362,70 2379,16 09/01 E´CUREUIL VITALITE´ C ...... 40,88 268,16 09/01 CIC MONDE PEA...... 28,46 186,69 09/01 CM OPTION MODE´RATION . 19,44 127,52 09/01 CIC OBLI COURT TERME C .. 24,69 161,96 09/01 THE´SORA C ...... 190,06 1246,71 09/01 AGIPI ´ 158,66 1040,74 09/01 CIC OBLI COURT TEME D.... 19,59 128,50 09/01 ASSET MANAGEMENT THESORA D...... 08 36 68 56 55 TRE´SORYS C...... 47742,12 313167,78 09/01 AGIPI AMBITION (AXA) ...... 25,57 167,73 09/01 (2,21 F/mn) CIC OBLI LONG TERME C .... 15,52 101,80 09/01 AGIPI ACTIONS (AXA)...... 26,27 172,32 09/01 CIC OBLI LONG TERME D.... 15,33 100,56 09/01 ATOUT CROISSANCE D...... 348,51 2286,08 09/01 AME´RIQUE 2000 ...... 127,38 835,56 09/01 Fonds communs de placements CIC OBLI MONDE ...... 407,26 2671,45 04/01 ´ ATOUT EUROPE C ...... 508,35 3334,56 09/01 ASIE 2000...... 82,82 543,26 09/01 DEDIALYS FINANCE ...... 82,52 541,30 09/01 3615 BNP CIC OR ET MAT...... 108,31 710,47 09/01 ´ ATOUT FRANCE C...... 197,02 1292,37 09/01 NOUVELLE EUROPE ...... 217,99 1429,92 09/01 DEDIALYS MULTI-SECTEURS 63,27 415,02 09/01 08 36 68 17 17 (2,21 F/mn) 168,01 1102,07 ´ ´ ATOUT FRANCE D ...... 175,21 1149,30 09/01 CIC ORIENT ...... 08/01 SAINT-HONORE´ CAPITAL C . 3645,14 23910,55 09/01 DEDIALYS SANTE ...... 89,25 585,44 09/01 CIC PIERRE ...... 34,61 227,03 09/01 SAINT-HONORE´ CAPITAL D . 3302,94 21665,87 09/01 DE´DIALYS TECHNOLOGIES .. 36,09 236,73 09/01 ANTIN OBLI. MT C ...... 154,72 1014,90 08/01 ATOUT FRANCE ASIE D ...... 77,25 506,73 09/01 ST-HONORE´ CONVERTIBLES 339,99 2230,19 09/01 DE´DIALYS TELECOM ...... 47,37 310,73 09/01 ANTIN OBLI. MT D...... 142 931,46 08/01 ATOUTFRANCEEUROPED.. 176,90 1160,39 09/01 Fonds communs de placements ´ ´ ´ ST-HONORE´ FRANCE...... 56,96 373,63 09/01 OBLITYS INSTITUTION. C..... 99,25 651,04 09/01 ANTIN OBLI. SPREADS C...... 188,28 1235,04 08/01 ATOUT FRANCE MONDE D .. 44,87 294,33 09/01 CIC PEA SERENITE...... 170,28 1116,96 04/01 ST-HONORE´ PACIFIQUE...... 78,40 514,27 09/01 POSTE EUROPE C ...... 93,22 611,48 09/01 BNP MONE´ COURT TERME.. 2510,36 16466,88 08/01 ATOUT MONDE C...... 52,65 345,36 09/01 CIC EUROPEA C ...... 10,52 69,01 09/01 ´ ST-HONORE´ TECH. MEDIA .. 117,22 768,91 09/01 POSTE EUROPE D...... 88,91 583,21 09/01 BNP MONE´ PLACEMENT C .. 13760,58 90263,49 08/01 ATOUT SELECTION D ...... 104,34 684,43 09/01 CIC EUROPEA D...... 10,25 67,24 09/01 ST-HONORE´ VIE SANTE´ ...... 371,08 2434,13 09/01 POSTE PREMIE`RE 8 ANS C ... 200,05 1312,24 09/01 BNP MONE´ PLACEMENT D.. 12014,30 78808,64 08/01 CAPITOP EUROBLIG C...... 101,83 667,96 09/01 CIC EURO OPPORTUNITE´ .... 31,92 209,38 09/01 ´ POSTE PREMIE`RE 8 ANS D... 180,35 1183,02 09/01 ´ ´ 78465,92 514702,69 CAPITOP EUROBLIG D...... 84,01 551,07 09/01 CIC GLOBAL C...... 246,04 1613,92 09/01 ST-HONORE WORLD LEAD. . 95,19 624,41 09/01 BNP MONE TRESORERIE ..... 08/01 REMUNYS PLUS ...... 103,52 679,05 09/01 BNP OBLI. CT...... 166,95 1095,12 08/01 CAPITOP MONDOBLIG C...... 45,33 297,35 09/01 CIC GLOBAL D ...... 246,04 1613,92 09/01 WEB INTERNATIONAL ...... 27,83 182,55 09/01 BNP OBLI. LT ...... 34,53 226,50 08/01 CAPITOP REVENUS D ...... 173,98 1141,23 09/01 CIC HIGH YIELD ...... 102,76 674,06 10/07 SG ASSET MANAGEMENT ` KLEBER EURO SOUVERAIN C 1976,98 12968,14 08/01 DIEZE C...... 438,64 2877,29 09/01 CIC JAPON ...... 7,75 50,84 09/01 LEGAL & GENERAL BANK Serveur vocal : INDICIA EUROLAND D ...... 111,37 730,54 08/01 ´ ´ Fonds communs de placements CIC MARCHESEMERGENTS 109,50 718,27 04/01 08 36 68 36 62 (2,21 F/mn) INDICIA FRANCE D ...... 369,69 2425,01 08/01 CIC NOUVEAU MARCHE´ ...... 5,77 37,85 09/01 ´ 1838,79 12061,67 09/01 STRATE´GIE IND. EUROPE .... 199,72 1310,08 08/01 BNP MONE ASSOCIATIONS.. INDOCAM AME´RIQUE C...... 40,71 267,04 09/01 23,52 154,28 08/01 CADENCE 1 D...... 156,97 1029,66 09/01 CIC PROFIL DYNAMIQUE..... Fonds communs de placements INDOCAM ASIE C ...... 17,88 117,29 09/01 CIC PROFIL E´QUILIBRE...... 18,68 122,53 08/01 CADENCE 2 D...... 154,82 1015,55 09/01 BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT ´ INDOCAM FRANCE C ...... 337,50 2213,85 09/01 CIC PROFIL TEMPE´RE´...... 135,77 890,59 08/01 STRATEGIE CAC ...... 5881,11 38577,55 08/01 CADENCE 3 D...... 153,14 1004,53 09/01 ´ 228,51 1498,93 www.bpam.fr 01 58 19 40 00 INDOCAM FRANCE D...... 277,42 1819,76 09/01 CIC TAUX VARIABLES...... 197,46 1295,25 04/01 STRATEGIE INDICE USA...... 9481,38 62193,78 08/01 CONVERTIS C ...... 09/01 INTEROBLIG C ...... 59,28 388,85 09/01 BP OBLI HAUT REND...... 110,94 727,72 08/01 INDOCAM MULTI OBLIG. C.. 189,36 1242,12 09/01 CIC TECHNO. COM...... 85,52 560,97 09/01 www.lapostefinance.fr INTERSE´LECTION FR. D...... 75,21 493,35 09/01 BP MEDITERRANE´EDE´V...... 55,79 365,96 08/01 CIC USA ...... 18,52 121,48 09/01 Sicav Info Poste : Fonds communs de placements SE´LECT DE´FENSIF C...... 193,54 1269,54 09/01 BP NOUVELLE E´CONOMIE ... 95,67 627,55 08/01 CIC VAL. NOUVELLES...... 295,16 1936,12 09/01 08 92 68 50 10 (2,21 F/mn) ATOUT VALEUR D...... 78,03 511,84 08/01 SE´LECT DYNAMIQUE C ...... 242,25 1589,06 09/01 BP OBLIG. EUROPE ...... 52,47 344,18 09/01 CAPITOP MONE´TAIRE C...... 192,98 1265,87 11/01 ´ ´ ADDILYS C ...... 107,63 706,01 09/01 SE´LECT E´QUILIBRE 2...... 169,94 1114,73 09/01 BP SECURITE...... 103762,47 680637,19 09/01 CAPITOP MONE´TAIRE D...... 182,96 1200,14 11/01 www.clamdirect.com ADDILYS D...... 106,78 700,43 09/01 SE´LECT PEA DYNAMIQUE .... 145,81 956,45 09/01 CYCLEO EUROPE CYCLIQUE. 109,45 717,94 08/01 INDOCAM FONCIER...... 94,17 617,71 09/01 AMPLITUDE AME´RIQUE C.... 25,96 170,29 09/01 SE´LECT PEA 1 ...... 209,98 1377,38 09/01 CYCLEO EUROPE CROISSAN 118,04 774,29 08/01 INDOCAM VAL. RESTR. C ..... 268,99 1764,46 08/01 EURCO SOLIDARITE´...... 226,43 1485,28 08/01 ´ AMPLITUDE AME´RIQUE D ... 25,15 164,97 09/01 SG FRANCE OPPORT. C...... 433,28 2842,13 09/01 CYCLEO EUROPE DEFENSIV. 98,86 648,48 08/01 MASTER ACTIONS C...... 41,61 272,94 07/01 LION 20000 C/3 11/06/99 ...... 493,08 3234,39 09/01 AMPLITUDE EUROPE C...... 32,46 212,92 09/01 SG FRANCE OPPORT. D...... 405,69 2661,15 09/01 EUROACTION MIDCAP...... 131,01 859,37 09/01 MASTER DUO C...... 14,27 93,61 07/01 LION 20000 D/3 11/06/99 ...... 415,26 2723,93 09/01 AMPLITUDE EUROPE D...... 31,09 203,94 09/01 SOGENFRANCE C ...... 469,46 3079,46 09/01 FRUCTI EURO 50 ...... 97,56 639,95 09/01 MASTER OBLIGATIONS C ..... 31,02 203,48 07/01 SICAV 5000 ...... 159,83 1048,42 09/01 AMPLITUDE FRANCE ...... 84,22 552,45 09/01 SOGENFRANCE D...... 423,06 2775,09 09/01 FRUCTIFRANCE C ...... 82,65 542,15 09/01 MASTER PEA D...... 12,48 81,86 07/01 SLIVAFRANCE ...... 275,98 1810,31 09/01 AMPLITUDE MONDE C ...... 228,13 1496,43 09/01 SOGEOBLIG C...... 113,75 746,15 09/01 FRUCTIFONDS FRANCE NM 193,53 1269,47 09/01 OPTALIS DYNAMIQ. C ...... 18,65 122,34 08/01 SLIVARENTE...... 39,74 260,68 09/01 AMPLITUDE MONDE D...... 204,62 1342,22 09/01 SOGE´PARGNE D...... 44,51 291,97 09/01 OPTALIS DYNAMIQ. D...... 17,49 114,73 08/01 SLIVINTER ...... 154,62 1014,24 09/01 www.cdcixis-am.fr AMPLITUDE PACIFIQUE C.... 15,81 103,71 09/01 SOGEPEA EUROPE...... 224,54 1472,89 09/01 OPTALIS E´QUILIB. C ...... 18,85 123,65 08/01 TRILION...... 743,45 4876,71 09/01 AMPLITUDE PACIFIQUE D ... 15,11 99,12 09/01 SOGINTER C...... 52,73 345,89 09/01 OPTALIS E´QUILIB. D...... 17,15 112,50 08/01 Fonds communs de placements E´LANCIEL EURO D PEA ...... 98,32 644,94 09/01 OPTALIS EXPANSION C ...... 14,90 97,74 08/01 Fonds communs de placements ACTILION DYNAMIQUE C.... 183,69 1204,93 09/01 E´LANCIEL FRANCE D PEA .... 40,56 266,06 09/01 ´ MULTI-PROMOTEURS OPTALIS EXPANSION D...... 14,54 95,38 08/01 DECLIC ACTIONS EURO ...... 15,51 101,74 08/01 ACTILION DYNAMIQUE D.... 173,03 1135 09/01 E´MERGENCE E.POST.D PEA . 30,86 202,43 09/01 ´ LIVRET BOURSE INVEST...... 188,19 1234,45 06/01 OPTALIS SE´RE´NITE´ C ...... 18 118,07 08/01 DECLIC ACTIONS FRANC ..... 53,61 351,66 08/01 ACTILION PEA DYNAMIQUE 67,33 441,66 09/01 ETHICIEL C ...... 106,39 697,87 09/01 ´ NORD SUD DE´VELOP. C...... 514,76 3376,60 06/01 OPTALIS SE´RE´NITE´ D ...... 15,81 103,71 08/01 DECLIC ACTIONS INTER...... 34,49 226,24 09/01 ACTILION E´QUILIBRE C ...... 178,55 1171,21 09/01 GE´OBILYS C ...... 122,19 801,51 09/01 ´ NORD SUD DE´VELOP. D ...... 397,26 2605,85 06/01 PACTE SOL. LOGEM...... 76,99 505,02 08/01 DECLIC BOURSE PEA...... 51,51 337,88 08/01 ACTILION E´QUILIBRE D...... 166,94 1095,05 09/01 GE´OBILYS D...... 111,41 730,80 09/01 ´ ´ PACTE SOL.TIERS MONDE.... 82,01 537,95 08/01 DECLIC BOURSE EQUILIBRE 16,71 109,61 08/01 Sicav en ligne : ACTILION PEA E´QUILIBRE ... 167,64 1099,65 09/01 INTENSYS C ...... 20,77 136,24 09/01 DE´CLIC OBLIG. EUROPE...... 16,71 109,61 08/01 08 92 68 09 00 (2,21 F/mn) ACTILION PRUDENCE C ...... 173,64 1139 09/01 INTENSYS D...... 17,65 115,78 09/01 DE´CLIC PEA EUROPE...... 24,40 160,05 08/01 E´CUR. 1,2,3... FUTUR D...... 51,30 336,51 09/01 www.cic-am.com ACTILION PRUDENCE D...... 161,81 1061,40 09/01 KALEIS DYNAMISME C...... 221,08 1450,19 09/01 DE´CLIC SOGENFR. TEMPO... 59,57 390,75 08/01 E´CUR. ACTIONS EUROP. C ... 17,54 115,05 09/01 INTERLION ...... 235,95 1547,73 09/01 KALEIS DYNAMISME D ...... 213,61 1401,19 09/01 FAVOR ...... 312,72 2051,31 09/01 E´CUR. ACTIONS FUTUR D.... 64,80 425,06 09/01 CIC CAPIRENTE MT C...... 35,93 235,69 09/01 LION ACTION EURO ...... 90,25 592 09/01 KALEIS DYN. FRANCE C PEA 80,50 528,05 09/01 SOGESTION C...... 48,56 318,53 08/01 ´ E´CUR. CAPITALISATION C.... 44,34 290,85 09/01 CIC CAPIRENTE MT D ...... 26,68 175,01 09/01 LION PEA EURO...... 91,34 599,15 09/01 KALEIS EQUILIBRE C...... 203,92 1337,63 09/01 SOGINDEX FRANCE C ...... 520,57 3414,72 08/01 ´ E´CUR. DYNAMIQUE+ DPEA. 43,08 282,59 09/01 CIC AME´RIQUE LATINE ...... 115,24 755,92 09/01 KALEIS EQUILIBRE D...... 196,21 1287,05 09/01 ...... ´ ´ ´ E´CUR. E´NERGIE D PEA...... 44,25 290,26 09/01 CIC CONVERTIBLES...... 5,49 36,01 08/01 KALEIS SERENITE C...... 192,63 1263,57 09/01 E´CUR. EXPANSION C...... 14850,83 97415,06 09/01 CIC COURT TERME C ...... 34,32 225,12 08/01 KALEIS SE´RE´NITE´ D ...... 184,98 1213,39 09/01 E´CUR. EXPANSIONPLUS C.... 42,48 278,65 08/01 CIC COURT TERME D...... 27,14 178,03 08/01 CM EURO PEA...... 21,64 141,95 09/01 KALEIS TONUS C PEA...... 70,57 462,91 09/01 ´ e ee E´CUR. INVESTISSEMENTS D 52,94 347,26 09/01 CIC DOLLAR CASH...... 1426,19 .... 09/01 CM EUROPE TECHNOL...... 4,55 29,85 09/01 LIBERTE´SETSOLIDARITE´ .... 101,76 667,50 09/01 LEGENDE : Hors frais. A titre indicatif. LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 / 21

Naissances – Nancy. Autrey-sur-Madon. –Mme Jacqueline Bouvier-Grunberg, – Martine et Sylvie Retana, Souvenir Conférences son épouse, ses filles, Louve Odette Couture-Michel, Evelyne, Gérald et Hélène, Michel Fichet, – Avignon (Vaucluse). – Samedi 12 janvier 2002, à 14 heures, est heureuse de la naissance de sa petite son épouse, ses enfants et sa belle-fille, Les familles Retana, Valls, Miró et le Collège de philosophie accueillera en sœur, Sophie Surya Devi-Couture, Dimitri, David, Benjamin, Parès, A la mémoire de mon frère, Sorbonne Françoise Dekeuwer-Défossez CharlElie Bertrand Couture ses petits-enfants, ont la douleur de faire part du décès de (juriste) et François de Singly (socio- Ambre, et Annie Verdellet, Nicole et Pierre, Jacques VEIL, logue), sur le thème : « Les mutations du Jean Thomas Couture, Charles RETANA, licencié ès lettres, lien familial », à l'occasion de la parution sa sœur et son frère, chevalier de la Légion d'honneur, le 6 janvier 2002, chez ses parents, dit Tom Novembre, Colette et Jean-Jacques Meyer, cofondateur avec Roland Barthes du no 2 de la revue Comprendre. Le lien et Valentine de Beauregard, chevalier de l'ordre national Valérie JOUANIN ses cousins, du Mérite, du Groupe Théâtral Antique familial (PUF, 2001). ses enfants et leurs compagnes, de la Sorbonne en janvier 1936, et Eric RIBAUT, Ses amis, ancien capitaine Université de la Sorbonne, Et tous ceux qui l'ont connu, de l'armée républicaine espagnole, bibliothécaire diplômé amphithéâtre Cauchy, et ses grands-parents, Shaan, Yamée, (concours 1939), 17, rue de la Sorbonne, Paris-5e. Agatha, Oscar, ont la tristesse de faire part du décès de combattant volontaire de la Résistance, Jeannine et Jean-Claude JOUANIN. déporté politique à Mauthausen, ses petits-enfants, né à Paris, le 14 juillet 1917. Jean-Jacques GRUNBERG, Vendredi 11 janvier 2002, 3, impasse du Moulin-de-la-Seine, survenu le 5 janvier 2002, à l'âge de ont la douleur de faire part du décès de Frappé en 1940 par les lois de Vichy, de 20 h 15 à 21 h 30, 77310 Ponthierry. survenu le 5 janvier 2002. quatre-vingt-huit ans. il devient agriculteur dans le Var. « Comment comprendre la réincarnation ? » Marie Hélène BARUT Les obsèques ont eu lieu dans la plus L'inhumation a eu lieu dans l'intimité Jean-Pierre COUTURE, familiale. Résistant, chargé de mission Loge unie des théosophes, et Michel DELAMAR, architecte Ensdba, stricte intimité. 11 bis, rue Kepler, Paris-16e. Monique et Jean MONCADE, (photographie du sabordage de la flotte décorateur Ensad, « La nuit tombe - la nuit qui ne connaît de Toulon, surveillance d'un agent Entrée libre et gratuite. ont la très grande joie d'annoncer la architecte décorateur antiquaire, – La présidente Tél. : 01-47-20-42-87. naissance de pas l'histoire. » double), il est arrêté près d'Hyères (Var), expert national en antiquités, Et les membres de l'Association des André Malraux, fin novembre 1943, incarcéré aux www.theosophie.asso.fr amis d'Honoré Daumier Les Chênes qu'on abat... Baumettes, à Marseille, puis à Aix-en- Apolline, officier de la Légion d'honneur, s'associent dans leur douleur à Zuka Provence. Université de Paris-Sorbonne le 29 décembre 2001, déporté et médaillé de la Résistance, Mitelberg et sa famille, après le décès, 6, rue Albert-Bayet, équipe « Sens et texte » agent des réseaux de la France libre, survenu lundi 7 janvier 2002, de 75013 Paris. Gravement malade, il est transféré au chez croix de guerre 1939-1945, 24, rue du Côteau, DEA de langue française. Anne-Lise et Olivier. centre du boulevard Baille, à Marseille, Le professeur Gilbert Lazard, trois citations, Louis MITELBERG, 92370 Chaville. pour être soigné sous surveillance dit Tim, membre de l'Institut, 101, boulevard Voltaire, médaille des Blessés, pénitentiaire. diplôme de la Reconnaissance dessinateur et sculpteur. donnera une conférence, 75011 Paris. – Dominique Simon et Marie-Louise britannique, salle des actes, Qu'il s'agisse de ses dessins dans de grands Le Guennou, Repris par la Gestapo, il est, sous son le jeudi 17 janvier 2002, à 18 heures. journaux, comme l'hebdomadaire L'Express, ou et leurs enfants, faux nom, « abattu au cours d'une « Qu'est-ce qu'un sujet ? Catherine et Marc HIMBERT Robert et Françoise Richards, tentative d'évasion », dans la nuit du survenu à Autrey-sur-Madon, le 7 janvier de ses sculptures, telle celle d'Alfred Dreyfus Qu'est-ce qu'un objet ? » partagent avec érigée boulevard Raspail, à Paris, l'œuvre de Philippe et Anne Richards, 10 au 11 janvier 1944, son corps est (Entrée dans la limite Luce, Marion, Marie-Alice 2002, dans sa quatre-vingt-troisième Marie-Thérèse Camus, remis à la police française, qui l'enterre année. Tim, dans toute sa diversité, marque des places disponibles.) et Anne-Laure profondément l'histoire de la presse et de l'art ont la tristesse de faire part du décès de dans un carré spécial du cimetière Saint- la joie d'annoncer la naissance de en France. La dernière œuvre de Tim, réalisée Pierre, à Marseille. La cérémonie religieuse sera célébrée me pour l'Association des amis d'Honoré Daumier, M Elisabeth SIMON, Communications diverses Jean-Baptiste, ce jeudi 10 janvier 2002, à 10 heures, en née Elisabeth Bien plus tard, sa véritable identité l'église d'Autrey-sur-Madon (Meurthe-et- est une statue de Daumier créant Ratapoil. Cette statue, qui va être installée à l'Assemblée STROWSKA de ROBKOWA, enfin reconnue, il a été fait chevalier de Pour l'épée d'académicien Moselle), suivie de l'inhumation au le 5 janvier 2002. nationale le 23 janvier 2002, illustre le lien qui la Légion d'honneur à titre posthume d' cimetière sud de Nancy. unit les deux grands artistes que sont Daumier survenu le 8 janvier 2002, dans sa « Mort pour la France » et inhumé dans 47, rue du Général-Leclerc, et Tim. quatre-vingt-dix-septième année. le caveau de famille au cimetière israélite à l'occasion de l'élection de 95500 Gonesse. – M. et Mme Jean-Philippe Dagnaud, (Le Monde du 9 janvier) de Fontainebleau (Seine-et-Marne). Les obsèques seront célébrées le Angelo RINALDI Delphine, Céline et Guillaume, samedi 12 janvier, à Cervières (Loire). Charles, Elisabeth et Constantin M. Pascal Culerrier me A son souvenir, j'associe celui de mon –M Mélik Nafilyan, à l'Académie française, ses amis ont SCHLUMBERGER et Mme, née Emmanuelle Dagnaud, autre frère, son épouse, L'auditoire Cervières, constitué un comité pour lui offrir l'épée ont la joie d'annoncer la naissance de Julien, Thomas, Marie et Lucie, Christine et François Eymard- 42440 Noiretable. traditionnelle. ses enfants et petits-enfants, Duvernay, Claude VEIL, Lila, ont la douleur de faire part du décès de (19 octobre 1920 - 22 novembre 1999). Joëlle Nafilyan, Ceux qui désireraient s'associer à ce Katerine et Jean-Philippe Chaboud, – Paul Cuny, témoignage peuvent adresser leur le 21 décembre 2001, , Hélène Douine-Veil. M. Louis DAGNAUD ses enfants, Jean Marie, Elisabeth Versteege souscription aux Editions Grasset et officier de l'ordre national du Mérite, Ses petits-enfants et arrière-petits- et leurs enfants, Schlumberger/Aubert, Fasquelle, 61 bis, rue des Saints-Pères, enfants, Dominique et Suzette Fagart, Paris-6e, sous forme de chèque bancaire 37, avenue Reille, en son domicile, le 7 janvier 2002, dans M. et Mme Michel Nafilyan, Jérôme Fagart et Anne Garnier, Colloques 75014 Paris. libellé « Pour l'épée d'Angelo Rinaldi ». sa soixante-quatorzième année. Et tous ses proches, Vincent, Isabelle Flouquet « THÉÂTRE ET INCARNATION » ont la tristesse de faire part du décès de et leurs enfants, autour du théâtre de Gabriel Marcel. Anniversaires de naissance La cérémonie religieuse a été célébrée Gérard Pazzoni, Colloque samedi 19 janvier 2002, La Maison des écrivains dans l'intimité familiale. Mélik NAFILYAN, Michel et Odette Pariot 9 h 30 - 17 h 30, 53, rue de Verneuil, Paris-7e – Bon anniversaire. et leurs enfants, à l'Institut de France, 23, quai Conti, Il repose au cimetière de Neuilly-sur- survenu le 4 janvier 2002. Isabella Versteege, Mardi 15 janvier, 19 h 30 e Paris. Entrée libre. Bonne et urose année. Seine, auprès de son épouse ont la douleur de faire part du décès avec M. Belay, P. Colin, J. Deschamps, Cycle Ecrivains de passage L'inhumation a eu lieu dans l'intimité soudain de A.-A Devaux, Y. Formery, Fr. Frappat, Rencontre avec l'écrivain philippin J. tm. Jeanine. familiale au cimetière de Caucade, à D. Guénoun, J.-L. Jeener, Francisco Sionil José. Nice, le 9 janvier 2002. Marie-Thérèse VERSTEEGE, G. de Lacoste, J. Mambrino, A. Mary, Avec ses traducteurs : Ghislain Cet avis tient lieu de faire-part. Ripault et Amina Saïd. – Nous sommes heureux de souhaiter survenu le 6 janvier 2002. R. Monod, X. Tilliette. un joyeux anniversaire à – Beynost (Ain). Lyon. Saint-Parize- Renseignements : 01-43-26-84-32. 6, avenue Georges-Lecointe, Lundi 21 janvier, 19 heures le-Châtel (Nièvre). Chazey-sur-Ain. La cérémonie religieuse sera célébrée Philippe, Paul, 1180 Uccle (Belgique). Cycle Des passants considérables le vendredi 11 janvier, à 10 h 30, en , lu par Jacques Darras, 8, rue des Imbergères, Mme Albert Peillon, e Débats 92330 Sceaux. l'église Saint-Etienne du Mont, Paris-5 . Pierre Lartigue, Michèle Métail et né le 11 janvier 1962. Les familles Peillon, Rolhion, Daguet, COLLÈGE INTERNATIONAL Chamouton et alliées, . « Je cherche le Seigneur, il me répond : DE PHILOSOPHIE Présentation : Bernard Leuilliot. Notre papa, que nous aimons très fort. – Le directeur de la bibliothèque de ont la douleur de faire part du décès de De toutes mes frayeurs, il me délivre. » l'université de Paris-III-Sorbonne Ps. 33. Débat « Italie : la résistible chute de Entrée : 3 e (gratuit pour les Jean-Baptiste, Anne-Louise et Jérôme. nouvelle, M. Albert PEILLON, retraité IBM, la démocratie » adhérents, étudiants, chômeurs). Le personnel de la bibliothèque, M. Drach, P. Fabbri, V. Fabbri, Renseignements au 01-49-54-68-87. apprennent avec tristesse le décès de Mariages survenu à l'âge de quatre-vingts ans. Anniversaires de décès E. Jozsef, F. Noudelmann, J. Risset, – En nous souvenant, gardons vie à B. Sebaste, E. Traverso, G. Vattimo et Julien HIRSINGER Colette GANA, LE COLLÈGE P. Vauday débattront autour de la et conservateur en chef, La cérémonie religieuse aura lieu le DES ÉTUDES JUIVES vendredi 11 janvier 2002, à 10 heures, en Alice BERTHELOT, Aurélia AINSCOUGH question de la démocratie en Europe. de l'Alliance israélite universelle l'église de Beynost, suivie de qui a contribué au développement de la 12 janvier, 18 heures-22 heures, salle Dialogue biblique : ont convolé, en tête à tête, le l'inhumation. décédée par accident sur les lieux d'une Dussane, Ecole normale supérieure, bibliothèque. chasse, il y a six ans, le 14 janvier 1996. « Le Loup et l'Agneau », 25 décembre dernier, à Las Vegas. 45, rue d'Ulm, Paris. avec Claude Cohen-Boulakia, Ils adressent à sa famille et à ses Pas de fleurs, mais des dons au profit du centre Léon-Bérard de Lyon. Elle avait vingt-deux ans. Pierre Gibert, Jacques Goldberg, Avec eux, parents et amis proches leurs sincères condoléances. L'accès à toutes les activités du Tobie Nathan, Daniel Sibony, s'en réjouissent. Collège est libre et gratuit (dans la La famille remercie toutes les La messe de 12 heures du samedi Shmuel Trigano, Yves Charles Zarka. personnes qui partageront sa peine. 12 janvier 2002 sera célébrée à son limite des places disponibles). intention, en l'église Saint-Germain-des- Renseignements sur salles, Décès – Gilles Garnier, Dimanche 13 janvier 2002 Prés, à Paris-6e. répondeur : 01-44-41-46-85. Autres (9 h 30 - 18 heures). – Troyes (Aube). son époux, – Juliette et Sylvain Peuchmaurd, Alain Mac Moy, renseignements : 01-44-41-46-80. Amphithéâtres Guizot (matin) ses enfants, et Descartes (après-midi). Le Seigneur a rappelé à lui son père, Sa famille, – Le 25 décembre 2001, une messe a e Les familles Germain, Lucker, été célébrée en l'église d'Acon (Eure), à Sorbonne, 17, rue de la Sorbonne, Paris 5 . me Et ses amis, Cours (PAF.) M Jean-Marie CASAL, Klasser, Flahaut, Salez, Pasteau, Lemire ont la tristesse de faire part du décès de l'intention de née Geneviève BELL, et Garnier, PHOTOGRAPHIE Renseignements : 01-53-32-88-55. archéologue, Ses amis et amies, Michel PEUCHMAURD, André DEGUELDRE, Cours technique et théorique. ont la tristesse de faire part du décès de chevalier de l'ordre du Mérite, Labo NB, l'art du tirage NB, Soutenances de thèse le mardi 8 janvier 2002, à l'âge de qui nous quittait le soir de Noël 1998. analyse de l'image, réflexion. quatre-vingt-douze ans. Catherine survenu le 17 décembre 2001. Atelier recherche et création, – Emmanuelle Isnard-Dhonte a GERMAIN-LUCKER, Nous rappelons ici son souvenir à pH. Neutre. La cérémonie religieuse aura lieu le ceux qui l'ont connu et aimé. soutenu, le 7 janvier 2002, sa thèse de Les obsèques ont eu lieu dans la plus Tél. : 01-43-61-47-60. doctorat en droit : « L'embryon humain samedi 12 janvier, à 10 heures, en survenu le 5 janvier 2002. l'église de Sainte-Savine, suivie de stricte intimité, à Saint-Denis-le-Ferment 30, cours Albert-Ier, in vitro et le droit : approche (Eure). comparative ». Le jury, présidé par l'inhumation au cimetière de Troyes Les obsèques civiles auront lieu le 75008 Paris. (Aube), où seule la famille se rendra. M. le professeur Olivier Moreteau samedi 12 janvier, à 11 h 15, dans la Formations informatique à domicile (Lyon-3), composé de Mmes les sépulture de famille, au cimetière – Françoise Picard, – Le 10 janvier 1998 (prise en main matériel, Internet, professeurs Jacqueline Rubellin-Devichi Un registre à signatures tiendra lieu de parisien de Saint-Ouen (Seine-Saint- son épouse, multimédia, bureautique), condoléances. (Lyon-3), Catherine Labrusse-Riou Denis), 13, avenue du Cimetière- Ulysse KIFFER dépannage micro. (Paris-1), Marie-France Callu (Lyon-3) Une équipe de formateurs Fleurs naturelles seulement. Parisien. Bernard et Susan Picard, et de M. le professeur Jean-Louis son frère et sa belle-sœur, nous quittait accidentellement. et de techniciens à votre service Touraine (Lyon-1), lui a décerné la en Ile-de-France. De la part des familles Casal, Bell et Fleurs sans couronnes. mention Très Honorable avec les Ayez une pensée pour lui. ALDISA Semichon. Paul et Annette Marx, félicitations du jury (à l'unanimité) et Un registre à signatures sera tenu à Pour toute information, proposition de subvention et d'attribution son oncle et sa tante, votre disposition pour recueillir vos contactez le 01-46-67-18-90. de prix. Cet avis tient lieu de faire-part. leurs enfants et petits-enfants, témoignages de sympathie et d'amitié. Françoise PASQUIER 20, rue des Noës, Serge et Susanne Picard, 10000 Troyes. Gilles Garnier, nous a quittés il y a un an. 28, rue de Merlan, et leurs enfants, 93130 Noisy-le-Sec. Olivier Picard, – Jean-François Jarrige, Nous gardons le souvenir de ses rires, Alain Mac Moy, François et Alison Picard, de sa chaleur, de ses enthousiasmes. Et les membres de la Mission 80, boulevard de Port-Royal, et leur fille, Nous savons l'importance excep- archéologique de l'Indus et de 75005 Paris. Valérie Picard, tionnelle de son œuvre d'édition. l'UMR 9993 CNRS/Musée Guimet, ont le regret d'annoncer la disparition de – Versailles. Mâcon. ses neveux et nièces, Association des amies et amis de Françoise Pasquier, Le constat est économique, la réalité est sociale. http://www.fpasquier-éditrice.org Geneviève CASAL, Les familles Gilbert, Geay, Bomal Robert Créange, ont la douleur de faire part du décès de son beau-frère, DOSSIER cofondatrice, avec son mari, Jean-Marie Casal, de la Mission archéologique de M. Henri GILBERT, ont la tristesse de faire part du décès de RUBRIQUE l'Indus. Enset 38-40 IMMOBILIÈRE/AGENDA La fragile liberté des professeur agrégé, – Simone Geber-Nodiot, Jean-Louis PICARD, Tous les mercredis datés jeudis son épouse, survenu le 3 janvier 2002, dans sa survenu le 8 janvier 2002. TARIFS 2002 Sa famille, quatre-vingt-quatrième année. travailleurs Ses amis, ◗ PARTICULIERS : ont la très grande tristesse de faire part L'incinération a eu lieu le mercredi 9 Les obsèques auront lieu dans la plus du décès de janvier 2002, dans l'intimité familiale. stricte intimité. FORFAIT 5 LIGNES indépendants (25 caractères ou espaces par ligne) Jean GEBER, 33 bis, rue Champs-Lagarde 5, rue Lebon, - 2 Parutions : 93 t / 610,04 F TTC 78000 Versailles. 75017 Paris. - 4 Parutions : 132 t / 865,86 F TTC survenu le 8 janvier 2002, en son 18,50 t / 121,35 F TTC la ligne suppl. domicile parisien, dans sa quatre-vingt- Pour agir unième année. TARIF CARNET 2001-2002 ◗ ABONNÉS : L'inhumation aura lieu le samedi FORFAIT 5 LIGNES MENSUEL sur l’économie 12 janvier, à 14 h 45, au cimetière du E (25 caractères ou espaces par ligne) Montparnasse. Tarif à la ligne : 22 - 144,31 F TTC t N° 4 - 2 Parutions : 80 / 524,77 F TTC E Tarif abonnés : 18,50 E - 121,35 F TTC - 4 Parutions : 112 t / 734,67 F TTC 3,8 « La mort, ça fait partie 17,50 t / 114,79 F TTC la ligne suppl. emparez-vous du programme. » Tél. 01-42-17-39-80 — Fax : 01-42-17-21-36 m 01.42.17.39.80 10, rue du Trésor, e-mail: [email protected] Fax : 01.42.17.21.36 du social 75004 Paris. 22 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002

SCIENCES A l’heure où les tran- aux attaques des pirates. Malgré la celles des photons, pourraient offrir message émis le dénature aussitôt. un code simple avec l’embryon d’un sactions financières, le commerce en mise en place de clés de cryptage une solution. Ces grains de lumière Une expérience a été conduite avec de ces fameux ordinateurs quanti- ligne et les messageries réclament complexes, la confidentialité abso- permettent un cryptage sûr – dit succès sous le lac de Genève. Une ques dont la théorie affirme qu’ils des liaisons sécurisées, beaucoup lue n’existe pas. b LES PROPRIÉTÉS quantique – des liaisons, car le sim- banque suisse s’y intéresse. b DES seront capables de démonter les s’inquiètent de leur vulnérabilité de l’infiniment petit, en particulier ple fait d’observer illégalement un CHERCHEURS sont parvenus à casser plus complexes des cryptages. Les propriétés des photons promettent des communications inviolables La cryptographie quantique sort des laboratoires de physique théorique. Une banque collabore avec une équipe de chercheurs de l’université de Genève pour valider ce procédé qui offrirait, en principe, une confidentialité absolue des échanges

« UN ESPION a été détecté sur la donc été établie. Son objectif : vali- a-t-il levé des fonds auprès d’inves- mations relatives aux cartes de cré- ligne. L’opération est interrompue. » der les expériences du lac de Genè- tisseurs privés pour financer un dit ou de messages électroniques. A Déconfiture du cyberpirate tentant ve dans un environnement de taille laboratoire de recherche installé quand un Internet Explorer quanti- d’intercepter un numéro de carte de réelle. Les transactions seront effec- près de Boston, un siège à New que ? « Pas avant cinq à dix ans », crédit. Vaincu par la cryptographie tuées entre les différents bâtiments York et neuf salariés, la plupart estime le chercheur. Car il reste à quantique qui, aujourd’hui, sort du de la banque, distants de moins de scientifiques, dont une « pointu- surmonter un obstacle important domaine de la science-fiction. Les 25 kilomètres. L’expérience devrait re », Hoi Kwong-lo, un théoricien pour que la cryptographie quanti- premiers produits pourraient être débuter prochainement. débauché de Hewlett-Packard. que se banalise : l’altération du commercialisés rapidement. Et ce « Nous commencerons la valida- Alléché lui aussi par les bénéfices signal au sein des fibres optiques. pour le plus grand bonheur des tion sur tout ce qui n’est pas sensible, potentiels de la cryptographie quan- Mais, rapporte la revue Nature du sociétés qui réclament des liaisons comme les messages bureautiques tique, le patron de Microsoft, Bill 22 novembre 2001, des chercheurs protégées car cette technologie par exemple », précise Ernst Mess- Gates, s’est offert les services de de l’université d’Innsbruck (Autri- rend les transmissions ainsi cryp- che), Ignacio Cirac et Peter Zoller, tées inviolables. Impossible de voir estiment que les liaisons quantiques sans être vu. Commerce électroni- Une idée trop longtemps oubliée sur de « très longues distances » sont que, transactions bancaires, messa- « possibles ». ges électroniques et même les con- BB84, pour Bennett Brassard 1984. Imaginé dans les années 1970 « En théorie, leur système permet versations téléphoniques, bref, tout par Stephen Wiesner, un physicien de Boston, ce protocole de crypto- d’aller à l’infini », commente Grégoi- ce qui peut transiter par des fibres graphie quantique resta ignoré jusqu’au début des années 1980. « Per- re Ribordy, un chercheur de l’équi- optiques est donc au premier chef sonne à l’époque ne parlait ni d’ordinateur quantique ni de communi- pe de Nicolas Gisin expérimentant, concerné par cette technique pro- cation quantique », se souvient Nicolas Gisin, spécialiste en fibres elle aussi, cette voie qui s’appuie metteuse. optiques et en optique quantique. L’idée est alors reprise par Charles non plus sur des liaisons point à Son principe repose sur la faculté Bennett, physicien chez IBM, et Gilles Brassard, spécialiste de crypto- point, mais sur des liaisons établies DESSIN CHRISTOPHE BRUNCK/AGNÈS quantique qu’ont les particules de graphie de l’université de Montréal. Bennett et Brassard effectuent à l’aide de répétiteurs quantiques, lumière, les photons, de se « trans- phie, c’est la clef qui permet que appliquée de l’université de alors une première démonstration réussie sur une distance de 30 cen- placés entre l’émetteur et le récep- former » lorsqu’ils sont observés. d’ouvrir un code secret. Qu’un indé- Genève, l’a expérimenté sur une dis- timètres. Mais la distance est trop faible pour avoir un intérêt prati- teur. Et « on peut en mettre des mil- Envoyés en éclaireurs, les uns à la sirable se trouve sur la ligne pour tance de 25 kilomètres, sous le lac que et les essais en restent là. liers », précise Grégoire Ribordy. suite des autres, dans une fibre opti- tenter de l’intercepter, et l’émetteur Léman, entre 1995 et 2000. L’émet- C’est alors que Nicolas Gisin a vent de ces expériences. « J’ai com- L’équipe autrichienne a d’ailleurs que, leur changement d’état averti- en sera immédiatement averti. Il lui teur se trouve à Nyon, le récepteur pris que ce n’était pas qu’une belle idée futuriste, mais que c’était réalisa- démontré la faisabilité théorique de ra aussitôt de la présence d’un suffira alors de stopper la transmis- à Genève, chacun dans un central ble immédiatement. » Les expériences menées sous le lac de Genève cette approche. espion. Cette série de photons sion. téléphonique. ont fait la preuve que des applications industrielles étaient possibles. Aujourd’hui, nombreux sont ceux codés en 0 et 1 sert en même temps Dans le cas contraire, la transmis- « Nous avons utilisé les fibres opti- qui croient à la cryptographie quan- de clef quantique : en cryptogra- sion des données se poursuit avec la ques du réseau de Swisscom, l’opé- tique et aux enjeux économiques certitude que la ligne est « claire ». rateur suisse de télécommunica- mer. Une fois rodée, la technologie Mike Freedman, médaille Fields qu’elle sous-tend. Enthousiastes, Une fois la clef échangée, le messa- tions », raconte-t-il. La source qu’il sera utilisée pour les transactions 1986 (l’équivalent d’un prix Nobel Grégoire Ribordy et son équipe Les étranges ge crypté est envoyé par le même utilise avec son équipe n’émet bancaires. « Pas avant deux ans », de mathématiques) pour travailler viennent d’ailleurs de créer leur canal, selon les méthodes de crypto- qu’un photon à la fois. « C’est plus précise le banquier. Quant au cher- sur ce thème au sein de Microsoft start-up, id Quantique, qui commer- lois des particules graphie classique. Le destinataire facile, explique le physicien, car le cheur, il estime que sa technologie Research. Selon Daniel Gottesman, cialisera dès 2002 le système déve- peut alors décoder son message. taux d’erreur augmente avec l’intensi- pourrait déboucher sur des applica- un ancien chercheur de l’équipe, cet- loppé par l’université de Genève. Des lois bien étranges régissent Secret absolu garanti. D’où l’intérêt té de la source. Nous créons une tions commerciales dans un avenir te technologie serait destinée aux le comportement des particules de cette approche par rapport à la impulsion laser d’intensité suffisam- proche. « Dans un an pour les tran- applications Internet : envoi d’infor- Sylvie Lasserre élémentaires. Atomes, protons, méthode classique pour laquelle ment faible pour que la probabilité sactions bancaires, car elles utilisent neutrons, photons, etc, ont un aucun code, aussi complexe soit-il, de générer deux photons soit infi- des lignes point à point – une seule comportement qui défie notre n’est incassable. Il reste en effet tou- me. » Mais cette technique a ses fibre. C’est le domaine le plus abouti entendement. Deux principes gou- jours possible dans ce cas d’intercep- limites : « Pour les liaisons point à aujourd’hui. » L’ordinateur quantique vernent le monde de l’infiniment ter discrètement une clef et de ten- point, l’atténuation du signal rend le Bob Gelfond, un trader milliardai- petit, le monde quantique. Le pre- ter de la casser à l’aide de puissants photon indétectable au-delà d’une re de Wall Street, a beaucoup misé mier est le principe de superposi- ordinateurs même si les temps de cinquantaine de kilomètres. » sur cette technologie. En 1999, effectue ses premiers calculs tion : les objets quantiques, des calculs nécessaires pour le faire peu- Les résultats obtenus ont cepen- après avoir fait fortune avec Amazo- photons par exemple, peuvent se vent, avec les clefs les plus comple- dant été suffisants pour que le ne, il fonde MagiQ Technologies. 15=3×5.Le calcul peut paraître ailleurs, dans la conception même trouver dans deux états différents xes, réclamer des dizaines, voire des marché s’intéresse de près aux expé- Son objectif : commercialiser un sys- enfantin, mais il est célébré par la de l’embryon d’ordinateur qui a sans qu’on puisse prévoir a priori centaines d’années. riences de Nicolas Gisin. A commen- tème de cryptographie quantique revue Nature datée 20-27 décem- permis de la réaliser. lequel avant d’avoir effectué une cer par la banque suisse Lombard- via deux ordinateurs reliés par fibre bre 2001, car il a été réalisé par un Isaac Chuang, qui a dirigé ces tra- mesure. Le second est le principe TESTS AVEC UNE BANQUE Odier de Genève dont le directeur optique. Les clients visés sont « des embryon d’ordinateur quantique. vaux, avait déjà été à l’origine de d’indétermination de Heisenberg Dans le monde, trois ou quatre informatique Ernst Messner estime institutions financières et d’autres… » Et il suggère que cette machine plusieurs « premières » : un proto- qui postule que toute mesure ou équipes ont utilisé un outil mathé- que se « prévaloir de transactions Bob Gelfond n’envisage pas pourrait, un jour, connaître des type à deux q-bits en 1996, une que toute observation d’un systè- matique, l’algorithme BB84, qui per- sécurisées par un protocole quanti- cependant la vente de produits opé- applications pratiques. Cette pre- machine à trois q-bits en 1999, à me quantique le perturbe aussitô- met à cette cryptographie quanti- que sera un excellent argument mar- rationnels avant quatre à cinq ans mière opération, la décomposition cinq en 2000. Cette fois, une for- tet modifie irrémédiablement son que d’exister. L’équipe de Nicolas keting ». Une collaboration entre la bien qu’il se flatte de tests réussis d’un nombre en facteurs premiers, mule à sept q-bits a été nécessaire état. Gisin, directeur du Groupe de physi- banque et l’université genevoise a sur plus de 15 kilomètres. Aussi est essentielle en cryptanalyse, pour réaliser la factorisation. une discipline qui consiste à décou- Leur support : des atomes de car- vrir les clefs de chiffrement des bone et de fluor inclus dans une messages codés. solution dopée avec des composés Ces clefs sont en effet souvent ferreux. Cette soupe, placée au composées à partir de la multiplica- cœur d’une machine à résonance tion entre eux de nombres pre- magnétique, a subi toute une série miers, divisibles uniquement par 1 d’impulsions électromagnétiques et par eux-mêmes, comme 3 et 5. afin de réaliser pas à pas les étapes Car, s’il est facile de créer des clefs de l’algorithme de Shor. Tout en de cette manière, la décomposi- évitant les effets indésirables, com- tion du nombre ainsi obtenu en me la décohérence du système, qui ses facteurs premiers est si ardue fait perdre aux atomes leurs pro- qu’elle peut demander plusieurs priétés quantiques. Et en dispo- centaines d’années aux ordina- sant d’un dispositif de mesure suf- teurs actuels. Le temps de calcul fisamment subtil pour tirer profit croît en effet de façon exponen- d’une des propriétés des q-bits, tielle avec la taille des clefs. qui est précisément de changer Mais les ordinateurs quantiques d’état lorsqu’on veut le mesurer. – où les 0 et les 1 (bits) figurés par « En dépit de ses propriétés excep- les portes logiques des transistors tionnelles, notre molécule est claire- sont remplacés par l’information ment poussée dans ses derniers portée par l’orientation du champ retranchements par l’algorithme de magnétique de simples atomes Shor », reconnaissent les signatai- (q-bits, pour bits quantiques) – res de l’article. De la même façon, offrent, en théorie, une puissance ils admettent que si leur méthode de calcul en parallèle incommensu- de stockage de l’information quan- rable. tique dans des noyaux atomiques En 1994, Peter Shor, des labora- est en principe extensible à des sys- toires AT & T, avait imaginé un tèmes comportant de nombreux algorithme mettant à profit cette q-bits, leur expérience ne prouve propriété pour factoriser de très pas que ce changement d’échelle grands nombres dans un temps soit possible. « polynomial », ce qui signifie, en Nul doute cependant que leurs langage mathématique, que l’ac- résultats raviveront la compétition croissement de la taille des clefs de avec les autres équipes en lice qui, cryptage ne serait plus un obstacle elles, tablent sur des q-bits fixés insurmontable. sur des substrats solides ou sur des photons prisonniers dans des cavi- UNE SOUPE D’ATOMES tés optiques. L’article des chercheurs du cen- La cryptographie quantique se tre Almaden d’IBM et de l’univer- trouve à son tour être le théâtre de sité Stanford, en Californie, que l’éternel conflit entre l’épée et la vient de publier Nature, décrit le cuirasse : si les communications premier « craquage » d’une clef de cryptées par des grains de lumière, cryptage par cet algorithme utilisa- les photons, ne peuvent en théorie ble seulement sur un ordinateur être cassées par des ordinateurs quantique. Certes, l’opération classiques, le calculateur quanti- peut paraître modeste puisqu’elle que pourrait un jour être en mesu- ne concernait que la factorisation re de le faire. en nombres premiers du chiffre 15 : soit 3 × 5. La performance est Hervé Morin AUJOURD’HUI-SPORTS LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 / 23 Monaco écarte l’OM Le gel des terrains entraîne une multiplication de la Coupe de la Ligue MONACO l’a emporté 2-1 à l’arraché, mercredi 9 janvier, sur l’Olympi- des reports et une congestion du calendrier que de Marseille, en huitièmes de finale de la Coupe de la Ligue de football. Shabani Nonda, l’attaquant monégasque, a ouvert la marque àla45e minute, sur penalty, Marseille égalisant une demi-heure plus Vingt et un matches de football ont déjà été reportés. Trouver des dates libres devient problématique tard avec un autre penalty, transformé par le Brésilien André Luiz. L’Allemand Oliver Bierhoff a inscrit le but décisif à la 88e minute. Face à la vague de froid et au gel des pelouses, ans d’un système de chauffage unique en reportés. Le derby Lille-Lens, qui devait se dis- « Nous sommes sur la bonne voie », a déclaré l’entraîneur de Monaco, les clubs de football se trouvent bien démunis, à Europe. Seuls cinq clubs de D1 n’ont pas encore puter vendredi 11 janvier en match avancé de la Didier Deschamps. Lorient, dernier du championnat de France, s’est l’exception de Sochaux, qui s’est doté il y a deux été touchés par la multiplication des matches 21e journée du championnat, est menacé. également qualifié pour les quarts de finale de la Coupe de la Ligue, prévus les 26 et 27 janvier, en battant Auxerre (1-0) grâce à un but de AU FC METZ, on commence à Le FC Metz n’est pas le seul club « Pour l’instant, il n’y a pas lieu Une dérive que dénonce l’Union Jean-Claude Darcheville. trouver le temps long. « Cela fait touché par la vague de froid. Au de s’affoler, tempère André nationale des footballeurs profes- un mois que l’on n’a pas joué, en total, vingt et une rencontres, cou- Préaud, président de la commis- sionnels (UNFP) : « Jusqu’où DÉPÊCHES raison des conditions climatiques, pes et championnats D1 et D2 sion d’organisation des compéti- va-t-on aller ?, s’interroge Philippe a BASKET-BALL : le Français Tony Parker, qui évolue au sein des constate Patrick Razurel, le direc- confondus, ont été reportées tions à la Ligue nationale de foot- Piat, son président. C’est la course San Antonio Spurs, a été retenu dans la sélection des neuf rookies teur général depuis le début de la saison. En ball (LNF). Il nous reste quelques à la compétition : le calendrier (débutants première année) pour le All Star Game de la ligue nord- du club de D1, seuls cinq clubs ont disputé possibilités. Dès aujourd’hui, on se devient un casse-tête et les joueurs américaine de basket (NBA), qui se disputera les 9 et 10 février. C’est football lor- leurs vingt rencontres : Guingamp, réunit pour trouver des solutions. risquent d’en subir le contrecoup. » la première fois qu’un Français figure dans cette sélection. rain. Du coup, Sochaux, Rennes, PSG et Rennes. On va caser des matches pendant Autre problème en suspens : la a Villeurbanne a créé la surprise, mercredi 9 janvier, lors de la on se retrouve Neuf rencontres de D1 ont déjà les dates réservées aux coupes retransmission télévisée des mat- 10e journée de l’Euroligue, en s’imposant largement sur le terrain de la avant-dernier été reportées. Il faut remonter à la d’Europe. Le 26 janvier, réservé aux ches. Si les rencontres reportées se formation italienne de Pesaro (65-99). du champion- saison 1984-1985 pour trouver quarts de finale de la Coupe de la jouent en définitive aux mêmes a CYCLISME : le corps de Fausto Coppi, le champion cycliste italien nat de D1, trace d’une pareille débâcle. De Ligue, on fera jouer les clubs évincés dates que les matches de coupes mort en 1960, pourrait être exhumé à des fins d’analyses toxicologi- FOOTBALL avec trois ren- quoi inquiéter les responsables de de cette compétition et qui comp- d’Europe, comment assurer leur ques, a révélé un quotidien italien, mercredi 9 janvier. Coppi est offi- contres en retard. » l’organisation des compétitions : tent des matches en retard. Mais diffusion ? Certains clubs vont se ciellement décédé des suites d’une malaria contractée au Burkina Et peut-être bientôt quatre, car outre le risque d’un championnat c’est sûr, si la vague de froid conti- trouver lésés, d’autant qu’ils Faso, mais un moine bénédictin français a affirmé récemment que le le match Metz-Sedan, prévu faussé, comment dénicher, dans nue, cela va poser problème… » devront jouer à des horaires inha- coureur aurait été empoisonné par vengeance, à la suite de la mort samedi 12 janvier, est sérieuse- un calendrier surchargé, des dates Pouvait-on éviter ce chaos ? Qu’il bituels. En filigrane, se dessine d’un jeune coureur ivoirien. ment compromis, de même que le libres pour ces rencontres repor- fasse froid en hiver ne devrait aussi une polémique sur le pas- a DOPAGE : Colette Besson, championne olympique du 400 m aux derby Lille-Lens, qui doit se dispu- tées ? La date « recours » du pourtant pas surprendre grand sage de dix-huit à vingt clubs en Jeux olympiques de Mexico en 1968, a été nommée présidente du labo- ter la veille. Les températures res- 16 janvier est d’ores et déjà monde. « C’est vrai, confesse D1 la saison prochaine. « Nous ratoire national antidopage de Châtenay-Malabry (Yvelines). Agée de tent glaciales dans l’est de la occupée par neuf rencontres en Jacques Thebault, directeur géné- étions contre », rappelle Patrick cinquante-cinq ans, Colette Besson est nommée pour quatre ans. France et une bonne couche de retard. Et, si l’on regarde de près le ral de la LNF, on avait un peu per- Razurel, du FC Metz. « Nous, on a FOOTBALL : le Suisse Joseph Blatter, président de la Fédération neige recouvre la pelouse du stade calendrier, il ne reste plus guère de du de vue ce phénomène. La saison subit ce choix », estime André internationale de football (FIFA), a annoncé, mercredi 9 janvier à Can- Saint-Symphorien. Le FC Metz est cases libres. Coupe du monde dernière, on n’avait remis aucune Préaud, de la commission d’organi- nes, qu’il briguerait un nouveau mandat de quatre ans, le 29 mai, lors donc obligé de se rabattre sur des 2002 oblige, la saison est très res- rencontre. » sation. « Quelle incohérence ! », du congrès de la FIFA, qui doit se tenir à Séoul. rencontres amicales, comme celle serrée, car les compétitions natio- s’insurge l’UNFP. Seul Jacques The- a Deux footballeurs de Chelsea (D1 anglaise), John Terry et Jody disputée mardi à Niort. « Il nous en nales doivent impérativement se « QUELLE INCOHÉRENCE ! » bault se démarque : « Les clubs qui Morris, et un joueur de Wimbledon (D2 anglaise), Desmond Byrne, coûte 12 000 euros en frais de dépla- terminer le 11 mai. Si le mois de Les premiers concernés sont les ne jouent pas en coupes d’Europe se ont été inculpés de coups et blessures, mercredi 9 janvier, par un tribu- cement et on se prive des recettes à février, d’ordinaire le plus froid, joueurs, qui vont devoir se coltiner plaignent de ne pas disputer assez nal de Londres, et laissés en liberté sous caution. Ils sont soupçonnés domicile, lâche Patrick Razurel. est identique à ceux des années un calendrier infernal, avec des de matches. Les clubs ont des effec- d’avoir provoqué une bagarre dans un club privé, au cours de laquelle Sans compter l’effet désastreux sur passées, le football professionnel rencontres tous les trois jours, dis- tifs importants : en cette période sur- une jeune femme a été blessée, mais ont plaidé non coupables. le moral des joueurs. » va droit dans l’impasse. putées sur des terrains délicats. chargée, c’est l’occasion de les faire a TENNIS : le Français Nicolas Escudé a déclaré forfait en quarts de tourner. En Angleterre, la situation finale du tournoi de Sydney, jeudi 10 janvier, devant l’Argentin Juan est dix fois pire… » Ignacio Chela. Egalement qualifié pour les quarts, son compatriote Toujours plus de rencontres, des Julien Boutter a été battu par le Bélarus Max Mirnyi (6-4, 6-2). A Sochaux, on joue sur une pelouse chauffée par câbles Coupes d’Europe qui n’en finis- sent plus d’étirer leurs formules, LOTO SAUF CATACLYSME, toutes les rencontres pré- chauffage se met automatiquement en route sur la quitte à lasser le public, et déjà a Résultats des tirages no 3 effectués mercredi 9 janvier. Premier vues cette saison à Sochaux auront bien lieu. Profi- zone, comme par thermostat. Un déclenchement 2004 qui se profile avec le cham- tirage : 2, 8, 12, 19, 45, 48 ; numéro complémentaire le 46. Rapports tant de la rénovation de son stade, il y a deux ans, le manuel est aussi possible. pionnat d’Europe des nations et pour 6 numéros : 399 951 ¤ ; 5 numéros et le complémentaire : club du Doubs s’était offert une pelouse dotée d’un « Nous avions réalisé une simulation en chambre de les Jeux olympiques…. Attention 16 487,4 ¤ ; 5 numéros : 548,4 ¤ ; 4 numéros et le complémentaire : système de chauffage adapté aux rigueurs climati- refroidissement avant d’opter pour cette solution de au grand embouteillage si, l’hiver, 28,6 ¤ ; 4 numéros : 14,3 ¤ ; 3 numéros et le complémentaire : 3,4 ¤ ; ques de sa région. Depuis un mois et l’arrivée des pre- chauffage par câbles, se souvient Serge Voyenet, direc- ce phénomène climatique qui 3 numéros : 1,7 ¤. Second tirage : 5, 7, 10, 21, 36, 44 ; numéro complé- miers frimas, la température, constamment négative teur de la société CGEV d’Omon et responsable du revient curieusement tous les ans mentaire le 22. Rapports pour 6 numéros : 1 710 264 ¤ ; 5 numéros et en journée, peut flirter avec la barre des – 15 degrés la projet global. Une tonne de pelouse avait été prélevée et s’en mêle une nouvelle fois. le complémentaire : 6 937,50 ¤ ; 5 numéros : 664,1 ¤ ; 4 numéros et le nuit. Ce qui n’empêche pas les matches de se succé- envoyée pour réaliser des tests. » Aujourd’hui, il fau- complémentaire : 31,4 ¤ ; 4 numéros : 15,7 ¤ ; 3 numéros et le complé- der normalement, au rythme du calendrier. drait que la température au niveau de la surface soit Gérard Davet mentaire : 3,6 ¤ ; 3 numéros : 1,8 ¤. Le système de chauffage de la pelouse se compose inférieure à – 20 degrés pour que le chauffage, alors à de câbles en aluminium massif, disséminés sous le ter- pleine puissance (825 kw), ne puisse éviter le gel de la rain. Enterrés à 28 cm de profondeur, ils sont reliés à pelouse. Cette première pelouse chauffée par câbles huit transformateurs électriques capables de délivrer d’Europe a coûté 274 408 euros (1,8 million de francs) une puissance de 145 kW chacun. « En faisant circuler à Sochaux, qui a également investi dans un système un courant à basse tension à l’intérieur, il se produit un mêlant des fibres synthétiques à des brins d’herbe échauffement du câble qui s’étend ensuite à la terre, naturels (Le Monde du 7 août 2001). selon le principe du rayonnement », explique Jean- Si aujourd’hui la pelouse du stade Bonal – qui avait Claude Beisser, responsable du projet et directeur déjà, à la fin des années 1980, la réputation d’être la 2002 technique de la société Thermalu, spécialisée depuis plus belle du championnat de France – ne redoute une quinzaine d’années dans ce type de chauffage. plus le gel, elle ne craint pas non plus la neige. Le club Pour couvrir toute la surface du terrain, un hectare, a eu l’occasion de le vérifier cette saison, lors de la 55 km de câbles et 33 résistances ont été nécessaires. venue du PSG, en décembre 2001. Les flocons étaient tombés dans la nuit précédant le match, prenant par Prix du livre RH EFFICACE MÊME CONTRE LA NEIGE surprise les météorologues et de vitesse les responsa- « L’installation a aussi tenu compte de l’orientation bles du terrain. Déclenché tardivement, le système de nord-sud du stade Bonal », fait remarquer Philippe chauffage avait permis d’éviter leur accumulation au Sciences Po Syntec Recrutement Georgel, responsable de la pelouse sochalienne. Une sol. Un coup de balai sur la pelouse, quelques heures partie du terrain étant quasiment toujours à l’ombre, avant le coup d’envoi de la rencontre, avait malgré il a fallu procéder à un découpage en zones et équiper tout été nécessaire. chacune d’elles de sondes. Dès que la température au niveau du sol descend en dessous de 4 degrés, le Pierre Lepidi Remise du Prix le 5 Février Bordeaux-Bègles va engager des poursuites judiciaires 6 ouvrages nominés après le désengagement soudain de Thierry Lacroix BORDEAUX corbeille de mariage, en janvier, deuxième division – le club occupe de notre correspondante entre 600 000 et 750 000 euros actuellement la dernière place de Les fiançailles entre le Club ath- pour développer le marketing du la poule 2 du Top 16 – l’a-t-elle fait létique Bordeaux-Bègles-Gironde CABBG. fuir ? Pour toute réponse, l’arrière (CABBG) et Thierry Lacroix, Il s’occupait déjà de la saison en de Perpignan a envoyé lundi un actuel joueur cours et de celle à venir : « Toutes communiqué à l’AFP dans lequel il de Perpignan les demandes des entraîneurs regrette « l’échec dans la recherche et prétendant devaient être présentées en priorité d’investisseurs », mais se dit prêt à la direction à Thierry Lacroix, puis Alain Moga « à boucler les dossiers en cours » et générale du [président de la SASP] entérinait, à finir son « action bénévole d’aide club giron- assure Christian Martinez, l’entraî- au marketing ». din, n’auront neur. Il était président avant Les joueurs, les supporteurs, les duré que l’heure. » Fin décembre 2001, l’an- sponsors, les partenaires et les diri- RUGBY neuf mois. Et cien demi d’ouverture du XV de geants sont « en état de choc », la rupture risque de laisser des tra- France avait même envoyé un fax comme le titrait, mardi, Midi olym- ces. Le conseil d’administration de avec une liste d’éventuels spon- pique, l’hebdomadaire du rugby. la société anonyme sportive et pro- sors à contacter à Bernard « Cette décision est incompréhen- fessionnelle (SASP) du club profes- Magrez, actionnaire minoritaire sible mais cela ne change rien à sionnel s’est réuni à Bègles, mer- de la SASP (23 % des parts) et PDG mon engagement en tant qu’action- credi 9 janvier. Il a décidé d’enga- d’un important groupe girondin naire », précise Bernard Magrez. ger des poursuites judiciaires pour de vins et spiritueux. Thierry Reste à trouver de nouveaux les préjudices moraux et financiers Lacroix s’était engagé sur la partici- partenaires financiers et les causés par le désistement inexpli- pation d’ « investisseurs anglo- 750 000 euros prévus dans le bud- qué et soudain de Thierry Lacroix saxons » qui devaient reprendre get de cette saison pour des (Le Monde du 5 janvier). 60 % des parts de la SASP apparte- actions de marketing. Le budget Pourtant, tout avait bien nant aux frères Moga. Sans jamais 2001-2002 s’élève à 4,2 millions commencé : l’ancien international dévoiler leur nom. d’euros. « J’ai renoué avec trois avait séduit, en mars 2001, les trois contacts laissés en sommeil depuis frères Moga, coprésidents et princi- « DÉCISION INCOMPRÉHENSIBLE » l’annonce de Thierry Lacroix, souli- paux mécènes du CABBG. Ils Depuis le 23 décembre, Alain gne Alain Moga. Mais, si on ne réus- détiennent 69,7 % des parts de la Moga n’a plus de nouvelles de son sit pas à sensibiliser des investisseurs SASP et, depuis trois ans, ont ex-futur partenaire. Aucun diri- d’ici à la fin mars, on ne se battra www.syntec-recrutement.org investi plus de 1,5 million d’euros geant, actionnaire ou journaliste, plus, et les frères Moga ne sauveront à titre personnel dans le club. n’a eu d’explication sur les raisons plus le club. Ce serait dommage, car Selon les dirigeants, Thierry de cette volte-face. Les investis- il reste encore des choses à faire en Lacroix, également consultant seurs mystérieux se sont-ils désis- matière sportive. » en partenariat avec pour France Télévision, avait tés ? Ont-ils jamais existé ? La annoncé qu’il déposerait dans la crainte d’une rétrogradation en Claudia Courtois 24 / LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 AUJOURD’HUI-MODES DE VIES La guerre du téléphone jetable aura-t-elle lieu ? Un jour de colère, une Américaine du New Jersey a inventé le premier appareil portable qu’on met à la poubelle après usage. Samsung prépare de son côté un ordinateur « Kleenex ». Mais les compagnies françaises restent réticentes face à cette mode du high-tech éphémère

LES OBJETS de haute technolo- tions technologiques, aux utilisa- que le « phone-card-phone », ture du portable jetable. Certes, gie jetables, tel est le nouveau teurs ponctuels, ainsi qu’aux gens celui de la carte prépayée. On Alexandre Balloy, responsable de « concept » en provenance des qui ont du mal à s’adapter aux nou- peut appeler un correspondant, la veille technologique au sein du Etats-Unis d’Amérique. Après le velles technologies ». Finalement, mais pas recevoir de messages ; département Marketing-produit stylo-bille, le mouchoir et la cou- cela peut faire pas mal de monde, une heure de communication à de Bouygues Telecom, reste che en papier, le rasoir et l’appa- puisque le marché est estimé, sens unique pour un peu moins ouvert à l’innovation et affirme : reil photo, le téléphone mobile se pour les seuls Etats-Unis, à de 200 francs. Là encore, l’appa- « Nos choix passeront avant tout veut éphémère, dégageant ainsi 100 millions d’unités pour son reil ne sera, au moins dans un pre- par des considérations comme la l’utilisateur du souci de l’abonne- lancement et à 300 millions d’uni- mier temps, disponible que sur le sécurité du client, la qualité d’écou- ment auprès d’un opérateur tés potentielles vendues dès la marché nord-américain. te et la capacité de ce mobile à pro- autant que de la préoccupation première année. La technologie mise en œuvre mouvoir nos services sur notre de recharger les batteries. Randi est à la téléphonie mobile ce que réseau. » Mais, en ayant fait le Altschul, une Américaine du New le Kleenex est aux mouchoirs de choix de la carte SIM et de la gam- Jersey, en a eu l’idée un jour La technologie mise Cholet. A la place des circuits me de services autorisés par SMS d’énervement, après avoir failli imprimés, les jetables se nouris- ou le WAP, les opérateurs hexago- balancer son cellulaire par la fenê- en œuvre est à sent d’une encre conductrice sur naux ne voient pas bien ou peut tre de sa voiture. Dieceland, la fir- une feuille de papier. Le problè- être leur intérêt, ni celui de l’usa- me qu’elle a créée, après avoir la téléphonie mobile me, explique l’opérateur français ger, s’ils adoptent le portable jeta- fait carrière dans l’industrie du Bouygues Telecom, est que « ces ble. D’autant plus que, comme le jouet, s’apprête à commercialiser ce que le Kleenex appareils, ne disposant pas d’une note Sébastien Goalès, de France l’objet, capable d’émettre des autonomie suffisante pour être Télécom, « un téléphone mobile appels, mais non d’en recevoir. est aux mouchoirs reliés à une base de transmis- est un objet technologique pointu, Le principe est simple : l’appareil sion », le signal se propage de télé- qui coûte à l’achat entre 1 500 et est vendu pré-chargé avec un de Cholet phone en téléphone pour aboutir 4 000 francs. Un jetable à 100 ou temps d’appel limité. Une fois le à un mobile assez proche d’une 200 francs ne rendra évidemment temps écoulé, il finit à la poubel- antenne du réseau, qui, «au pas les mêmes services. D’ailleurs,

le, à moins d’être rechargé grâce Il va sans dire qu’une telle pers- final, transmettra l’appel ». nous n’avons pas eu d’offres de D.R. à l’introduction d’une Visa ou pective crée de l’émulation : Hop- « Autrement dit, poursuit Alexis constructeurs allant dans ce Hop-On Wireless sera « destiné aux personnes disposant d’une Master Card. On Wireless, une autre société Mollet, chargé de la communica- sens ». d’un petit budget ou aux vacanciers ayant oublié leur portable ». Lui-même de format d’une car- américaine, promet elle aussi un tion de l’entreprise, ce système ne A ces réticences bien légitimes te de crédit, ultraplat, le « phone- téléphone portable jetable, qu’el- peut fonctionner que si le nombre s’en ajoute une autre, qui réunira lisation du portable jetable porte- plifications technologiques sédui- card-phone » a une autonomie de le compte bien commercialiser en d’appareils jetables en activité est aisément France Télécom et tous rait le coup de grâce aux cabines ront vraiment les utilisateurs. 60 minutes et ne devrait pas coû- Europe. Il sera « destiné aux per- suffisamment important. » ceux qui sont trop impécunieux téléphoniques, pourtant si prati- Car, comme le notait le psycha- ter plus de 15 dollars (16,50 ¤). sonnes disposant d’un petit budget C’est peu dire que les opéra- pour dépenser 15 euros afin d’ob- ques lorsque l’on n’est pas équipé nalyste Serge Tisseron dans Peti- Selon Dieceland, il s’adresse aux ou aux vacanciers ayant oublié teurs français ne sont pas très tenir l’objet, ou bien décidément d’un cellulaire. tes mythologies d’aujourd’hui « jeunes, toujours avides d’innova- leur portable ». Même principe chauds pour se lancer dans l’aven- réfractaires au mobile. La généra- Mais l’idée du high-tech jetable (Aubier, 2000), le téléphone cellu- est cependant dans l’air, pas seu- laire ne se limite pas à sa fonction lement pour la téléphonie. Sam- de transmission vocale. Véritable sung prépare ainsi un ordinateur « peluche » interactive, il est à bas prix (200 dollars, soit envi- caressé, choyé, customisé par son ron 220 ¤), commercialisé dans propriétaire. Loin, en somme, un emballage scellé qui interdit d’être abandonnable comme un tout bidouillage ou modification vulgaire Kleenex. et muni d’un processeur à tout fai- re. Reste à savoir si de telles sim- Marc Coutty Le tricotin se tricote un destin dans l’art contemporain QU’EST-CE qui sort quand on rebiffe contre le sort d’animatrice lui tire la queue ? Le tricotin, sorte branchi-brancha auquel on aurait de joujou malicieux qu’il s’agit tôt fait de la réduire pour affirmer d’avoir bien en main pour y pren- une démarche artistique finement dre le maximum de plaisir. Conseil novatrice. Articulant sa passion de pro. Plasticienne et champion- pour le dessin, son goût des perfor- ne de tricotin, Olga Boldyreff fait mances et son penchant au bavar- sa pelote depuis dix ans grâce à ce dage, elle développe son travail en passe-temps populaire qui consis- trois temps : une déambulation te à entourer des fils de laine entre dans la ville qui l’accueille dont quatre pointes plantées dans une elle tire une série de dessins brû- figurine de bois pour fabriquer de lés, des conversations tricotin longs boudins. avec le public, une exposition Le tricotin, sur le point de tom- d’œuvres murales à base de trico- ber en désuétude, est en passe de tin. « Le tricotin, c’est une ligne devenir la marotte de l’art contem- pure. Pour mes wall-drawings, porain. Du FRAC Nord - Pas de j’imagine donc des paysages très Calais à la galerie Granit de Bel- simples inspirés de mes premiers fort en passant par le Musée des croquis dont le dessin va être cerné beaux-arts de Valenciennes, le tri- par une chaînette de laine. On les cotin d’Olga attire les foules. « J’ai monte et les démonte à volonté et même fait le tour de l’Europe grâce chacun tient dans une boîte. » Sim- à lui », s’exclame en riant cette artiste d’origine russe formée aux Beaux-Arts de Nantes dans les « Avec le tricotin, années 1980. « C’est vrai que ça paraît culotté on tisse de la pensée à première vue de gagner sa vie avec un objet aussi dérisoire. J’en et de la parole suis moi-même toujours étonnée. Quand j’ai commencé il y a dix ans en même temps à sortir mon tricotin dans les trans- ports en commun pour passer le qu’on s’active temps, je n’aurais jamais imaginé un tel engouement. C’est en obser- avec l’aiguille » vant la façon dont on venait sponta- nément me parler quand je tricoti- nais que j’ai eu l’idée d’en faire des ples et beaux, délicatement émo- performances. » Dans les maisons tionnels, ses dessins de tricotin de quartier, les jardins publics, les possèdent une sorte de majesté bibliothèques ou les galeries mar- juvénile. Parallèlement, cette artis- chandes, Olga Boldyreff se pose te « itinérante ludo-conceptuel- donc sagement avec son tricotin le » comme se définit Olga Boldy- et attend (jamais longtemps) que reff, rédige des petits fascicules, les gens s’assoient à côté d’elle collectage des histoires des habi- pour papoter. A propos du trico- tants des villes où elle a résidé. tin d’abord, puis de fil en aiguille à « J’aime votre tricotin, lui dit quel- propos de tout et du reste : l’enfan- qu’un de Saint-Thélo ( Côtes-d’Ar- ce, la famille, le passé, la mémoi- mor). J’en ferais bien pendant des re… « C’est un objet qui met en joie heures. C’est tellement drôle de voir et entraîne une complicité immédia- la cordelette s’allonger. On peut te avec les gens, hommes et femmes, penser à des tas de trucs. Vous pou- de quelque origine qu’ils soient, vez compter sur moi, je viendrai poursuit Olga Boldyreff. Qui n’a voir les dessins que vous fabriquez pas tricotiné quand il était petit, fait avec cette cordelette. » La vie ne des concours de longueur juste pour tenant qu’à un fil, bienvenue dans le plaisir ? Avec le tricotin, on tisse la grande famille du tricotin ! de la pensée et de la parole en même temps qu’on s’active avec Rosita Boisseau l’aiguille. C’est incroyable comme les gens plongent vite dans des confi- e Dessin Tricotin Conversation, dences intimes très librement. Et FRAC Nord - Pas-de-Calais, 930, puis on rêve, on rigole, on blague. avenue de Rosendaël, 59 240 Dun- Et quand on ne parle pas la même kerque. Expo en appartement du langue, on communique à travers 26 janvier au 23 mars 2002. Tél. : les gestes même du tricotinage. » 03-28-65-84-20. Espace Faux Mou- En plein dans la tendance art vement, Metz. Du 25 février au relationnel, Olga Boldyreff se 8 mars 2002. Tél. : 03-87-37-18-22. AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 / 25 ------Nuages sur le Nord-Ouest 11 JANVIER 2002 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI. L’anticyclone qui a cies et passages nuageux se succè- vers 12h00 DU VOYAGEUR régné sur l’Europe de l’Ouest pen- dent. Il fait de 3 à 5 degrés. dant plusieurs jours se décale vers Poitou-Charentes, Aquitaine, l’est. En conséquence, les perturba- Midi-Pyrénées. Sur le Poitou-Cha- Peu a ÉTATS-UNIS. La compagnie nuageux tions atlantiques glissent sur le rentes, des nuages circulent et Belfast aérienne américaine Northwest Liverpool nord-ouest de la France, accompa- apportent de petites pluies. Plus Dublin suspendra à partir du 11 janvier Varsovie Kiev er gnées d’air plus doux et de faibles au sud, le soleil domine après la Amsterdam et jusqu’au 1 mars son vol quoti- pluies. dissipation des brumes matinales. Berlin Brèves dien et direct Paris-Detroit, déci- éclaircies Bretagne, pays de Loire, Basse- Les températures s’échelonnent Londres sion consécutive à la chute du o Bruxelles Normandie. Le ciel est gris et les de 9 à 13 degrés. 50 Prague trafic vers les Etats-Unis, depuis éclaircies se font rares. Des pluies Limousin, Auvergne, Rhône- Couvert les attentats du 11 septembre se produisent par moments, sur- Alpes. Le matin, les brouillards Paris Strasbourg Vienne 2001. Le transporteur envisage tout le matin. Les températures localement givrants sont toujours Budapest de reprogrammer, dès le sont voisines de 10 à 12 degrés. d’actualité dans les vallées. Nantes Brume 1er mars, cinq liaisons directes Berne brouillard Nord-Picardie, Ile-de-France, Ailleurs et dans l’après-midi, le Bucarest par semaine, puis de reprendre Centre, Haute-Normandie, Arden- soleil reste généreux. Les tempéra- Lyon Milan sa desserte quotidienne à partir nes. Les nuages dominent et tures varient entre 4 et 8 degrés. Belgrade Sofia Averses du 6 avril. apportent quelques gouttes de Languedoc-Roussillon, Proven- a SARDAIGNE. Spécialiste de la Toulouse Istanbul temps à autre. Le sol peut être glis- ce-Alpes-Côte d'Azur, Corse. Le Corse, Ollandini Voyages propo- sant au petit matin sur les Arden- Languedoc et les Cévennes restent Rome Pluie sera, à compter du 3 mai, un vol nes. Les températures de l’après- exposés à l’arrivée de nuages Barcelone Naples charter hebdomadaire direct à midi sont voisines de 6 à 8 degrés. venus de la mer. Ailleurs, le ciel est 40 o Madrid destination d’Olbia (Sardaigne), Champagne, Lorraine, Alsace, bleu. Les températures sont Lisbonne Athènes Orages au départ de Paris, Toulouse et Bourgogne, Franche-Comté. Sur comprises entre 6 et 14 degrés. Bordeaux. Prix à partir de l’Alsace et la Franche-Comté, la Séville 235,80 ¤ A/R. Une nouvelle des- grisaille peut encore dominer dans Neige serte qui justifie les neuf pages certaines vallées alors que le soleil Alger Tunis consacrées à l’île italienne dans brille ailleurs. Sur la Champagne, la nouvelle brochure du voyagis- o o o la Lorraine et la Bourgogne, éclair- Rabat 0 10 20 Vent fort te. PRÉVISIONS POUR LE 11 JANVIER 2002 PAPEETE 25/30 S KIEV -4/1 C VENISE -1/8 S LE CAIRE 7/15 P Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 23/29 S LISBONNE 8/13 N VIENNE -4/-2 C NAIROBI 18/24 C et l’état du ciel. S : ensoleillé; N : nuageux; ST-DENIS-RÉ. 24/28 S LIVERPOOL 3/8 S AMÉRIQUES PRETORIA 19/32 S EUROPE LONDRES 2/8 N BRASILIA 21/25 C RABAT 12/20 N C : couvert; P : pluie; * : neige. AMSTERDAM 0/4 P LUXEMBOURG -5/0 N BUENOS AIR. 22/32 S TUNIS 8/15 S FRANCE métropole NANCY -2/3 S ATHENES 5/11 S MADRID -2/8 C CARACAS 22/30 S ASIE-OCÉANIE AJACCIO -1/14 S NANTES 3/11 P BARCELONE 4/9 S MILAN -2/6 S CHICAGO -3/2 S BANGKOK 21/33 C BIARRITZ 1/13 S NICE -1/12 S BELFAST 3/10 P MOSCOU -5/2 C LIMA 20/21 C BEYROUTH 8/12 S BORDEAUX 1/10 S PARIS 3/8 C BELGRADE -2/1 C MUNICH -9/-3 S LOS ANGELES 13/18 S BOMBAY 21/32 S BOURGES 1/6 S PAU -3/10 S BERLIN -6/-1 C NAPLES 3/13 S MEXICO 5/22 S DJAKARTA 26/28 P BREST 4/11 P PERPIGNAN 0/13 N BERNE -4/0 C OSLO -7/1 S MONTREAL -2/3 P DUBAI 20/28 C 4/8 P RENNES 2/10 P BRUXELLES 1/4 C PALMA DE M. 5/14 S NEW YORK 4/7 S HANOI 20/23 C CHERBOURG 3/9 P ST-ETIENNE -3/5 S BUCAREST -5/0 S PRAGUE -5/-3 C SAN FRANCIS. 9/15 S HONGKONG 14/23 S CLERMONT-F. -2/7 S STRASBOURG -6/2 S BUDAPEST -9/-3 C ROME 3/11 S SANTIAGO/CHI 14/32 S JERUSALEM 7/13 S DIJON -3/3 S TOULOUSE -1/9 S COPENHAGUE -3/1 N SEVILLE 7/15 S TORONTO -3/3 C NEW DEHLI 8/22 S GRENOBLE -8/4 S TOURS 3/8 P DUBLIN 2/10 P SOFIA -8/3 C WASHINGTON 3/9 S PEKIN -3/12 S LILLE 2/6 C FRANCE outre-mer FRANCFORT -4/-1 N ST-PETERSB. -2/1 N AFRIQUE SEOUL 0/5 S LIMOGES 2/7 S CAYENNE 22/29 P GENEVE -3/3 C STOCKHOLM -2/2 S ALGER 6/17 S SINGAPOUR 26/29 P LYON -3/4 S FORT-DE-FR. 25/29 S HELSINKI -3/2 S TENERIFE 19/22 C DAKAR 20/24 C SYDNEY 17/26 S MARSEILLE 0/11 S NOUMEA 24/30 S ISTANBUL 2/6 S VARSOVIE -5/-3 C KINSHASA 22/30 P TOKYO 5/13 S Situation le 10 janvier à 0 heure TU Prévisions pour le 12 janvier à 0 heure TU

VENTES ADJUDICATIONS Résultats de la vente de statuettes en biscuit des XVIIIe et XIXe siè- Le rayonnement de la peinture flamande cles, mardi 18 décembre, à l’Hôtel George-V, à Paris (Le Monde du GAIE, profane, colorée, la pein- qui met l’accent sur leur message de nombreux artistes flamands égale, ces dernières se révèlent les danses (24 400 ¤). Organisée 14 décembre). ture flamande séduit les Euro- humaniste. C’est la thèse de Flo- des XVIIe et XVIIIe siè- cles sont toujours moins chères. Les dimen- par la galerie Virginie Pitchal, l’ex- b Suite de trois groupes en bis- péens depuis le XVe siècle. Au rence de Voldère, antiquaire spé- accessibles à partir de sions de l’œuvre ont, bien sûr, position « Fêtes et festins » a éga- cuit de la manufacture du duc XVIe siècle, Peter Brueghel l’An- cialiste de la peinture flamande, 15 000-30 000 ¤. une influence sur son prix. lement des œuvres de l’école fla- d’Angoulême, vers 1785, 274 ¤. cien, ses fils et leurs suiveurs la et auteur d’un livre sur le sujet où Les prix dépendent avant tout Grâce à une technique spécifi- mande. Tout à la fois scène de b Groupe représentant la leçon de mènent à son apogée, révélant elle décrypte, image par image, du talent et de la notoriété de l’ar- que, l’état de conservation est en réjouissances et portrait de musique, en biscuit de Niderviller, l’univers pittoresque de la paysan- tous les thèmes abordés. tiste, mais aussi du sujet. Les ker- général très bon : exécutée sur- famille, Le Dîner de fête de Mel- XVIIIe, 534 ¤. nerie flamande, la vie quotidien- messes paysannes et les paysa- tout sur panneau de cuivre ou de chior Brassauw (1709-1757) évo- b Le Baiser donné. Groupe en bis- ne, les saisons, les fêtes. KERMESSES PAYSANNES ges, en particulier les vues d’hi- chêne, et non sur toile, la peintu- que la joie d’une famille réunie cuit de Niderviller, XVIIIe, 762 ¤. Au-delà de l’aspect anecdoti- Au sommet de cet art, les ver animées de patineurs, gar- re flamande a pu traverser les siè- autour d’une belle table dans les b Henri IV et Sully, groupe en que, ses œuvres paraissent œuvres des Brueghel restent les dent la préférence du public. cles avec des couleurs d’une gran- Flan- dres du XVIIe siècle biscuit de Niderviller, modèle de aujourd’hui étonnamment moder- plus cotées, se négociant aux Viennent ensuite les natures de fraîcheur. Un bleu caractéristi- (33 539 ¤). Cyfflé marqué, vers 1780, 457 ¤. nes, et les historiens actuels en alentours du demi-million mortes, puis les scènes mytho- que, obtenu avec des pigments Un panneau de David Vinck- b Deux groupes formant pen- donnent une lecture renouvelée, d’euros au minimum. A l’opposé, logiques et religieuses. A qualité de lapis-lazuli que l’on retrouve boons (1576-1632) montre une dants en biscuit de Niderviller, souvent, notamment dans les pay- élégante compagnie attablée à représentant la Ravaudeuse et le sages, apporte un charme l’ombre d’un bosquet, en bordu- Savetier, modèle de Cyfflé, vers Calendrier b Hazebrouck (Nord), COLLECTIONS supplémentaire. re d’un château (229 000 ¤). 1780, 838 ¤. du vendredi 11 au dimanche b Barjac (Gard), cartes postales, Parmi les œuvres présentées b Statuette de Vénus en biscuit ANTIQUITÉS-BROCANTES 13 janvier ; tél. : 03-28-41-77-06. samedi 12 et dimanche par Florence de Voldère dans sa Catherine Bedel de Sèvres, de la fin du XVIIIe, b Bordeaux-Port (Gironde), b Paris Espace Auteuil,du 13 janvier ; tél. : 04-66-24-50-65. galerie, ce fond bleu se retrouve 3 201 ¤. jusqu’au dimanche 13 janvier ; vendredi 11 au lundi 14 janvier ; b Paris, Espace Champerret, sur un paysage avec personnages e Galerie Florence de Voldère, Lou- b Deux statuettes symbolisant tél. : 05-56-62-10-69. tél. : 01-40-62-95-95. disques, samedi 12 et dimanche de Joseph Van Bredael vre des antiquaires, 2, place du l’Eté et l’Hiver, en biscuit tendre b Monte-Carlo, jusqu’au b Coullons (Loiret), 13 janvier ; tél. : 01-43-35-52-52. (1688-1739), où ses nuances Palais-Royal, 75001 Paris ; tél. : de Vincennes, XVIIIe, 4 268 ¤. dimanche 13 janvier ; tél. : (377) samedi 12 b Limoges (Haute-Vienne), variées accentuent l’effet de pers- 01-40-15-93-26. Du mardi au di- b Statuette de Molière, en biscuit 97-98-50-00. et dimanche 13 janvier ; autour du parfum, pective (100 000 ¤). Un classique manche inclus, de 11 à 19 heures. de Sèvres, datée 1892, 2 744 ¤. b Paris, place de la Bastille, tél. : 03-86-74-62-89. samedi 12 et dimanche paysage d’hiver avec patineurs « Fêtes et festins », galerie Virgi- b Statuette de Crillon, un des du jeudi 10 au dimanche b Champagne-sur-Seine 13 janvier ; est l’œuvre de Josst Cornelis nie Pitchal, 40, rue Jacob, 75006 ; compagnons d’armes d’Henri IV, 20 janvier ; tél. : 01-56-53-93-93. (Seine-et-Marne), samedi 12 tél. : 05-55-03-17-04. Droogsloot (1586-1666), annoncé tél. : 01-42-61-16-33. Du mardi au en biscuit dur de Sèvres, datée b Lisieux (), et dimanche 13 janvier ; b Trets (Bouches-du-Rhône), à 30 500 ¤. Dans la gamme des samedi, de 10 h 30 à 19 heures, 1819, 7 622 ¤. Préemptée par le du vendredi 11 au dimanche tél. : 02-38-93-89-79. vieux papiers, dimanche réjouissances paysannes, les ama- jusqu’au 31 janvier. Musée de Versailles. 13 janvier ; tél. : 02-31-86-43-38. b Ormesson-sur-Marne 13 janvier ; tél. : 04-42-61-44-60. teurs pourront admirer une scène b La Leçon de flûte, groupe de b Saint-Gély-du-Fesc (Hérault), (Val-de-Marne), samedi 12 b Loison-sous-Lens de taverne de Jan Molenaer e La Peinture flamande, du XVIe deux personnages, en biscuit ten- du vendredi 11 au lundi et dimanche 13 janvier ; (Pas-de-Calais), dimanche (1654- 1690), où une jeune fille au XVIIIe siècle, par Florence de dre de Vincennes, vers 1752, 14 janvier ; tél. : 04-67-70-20-54. tél. : 02-37-24-51-60. 13 janvier ; tél. : 03-21-42-63-29. doit désigner les cavaliers pour Voldère. Ed. Flammarion, 65 ¤. 9 909 ¤.

Retrouvez nos grilles MOTS CROISÉS PROBLÈME No 02- 010 sur www.lemonde.fr L’ART EN QUESTION No 256 En collaboration avec la

123456789101112 Qui sont en droit de recevoir. - 8. En marge pour attirer l’atten- L’Archipel I tion. Le strontium. Bout de ciga- re. - 9. Coule en Algérie et au II Maroc. Capitale pour les Armé- des voluptés « A Tahitian niens. - 10. Peut-être propre, Belle », III mais bien fatiguée. Lâché après LES AVENTURES du navigateur chromolitho- un mauvais coup. - 11. Très salée. Bougainville, qui découvrit un nou- graphie, vers 1930. IV Région en Grèce. - 12. Héros à vel éden tahitien, et le voyage vers Musée Troie. Bien arrivés . l’Enfer de La Pérouse, disparu aux des beaux-arts, V rivages noirs de Vanikoro, n’ont ces- fonds Bouge, sé d’alimenter une imagerie popu- Chartres. VI Philippe Dupuis laire, qui a trouvé ses sources dans Actuellement leurs récits et dans ceux des grands à l’exposition VII SOLUTION DU N° 02 - 009 navigateurs de la fin du XVIIIe siècle « Kannibals et du début du XIXe siècle. Les figu- et vahinés, VIII Horizontalement res emblématiques du bien et du imagerie des mers I. Optimisation. - II. Réalisatrice. - mal que sont le cannibale et la va- du Sud », IX III. Dix. Roche. AB. - IV.Inégal. LSD. - hiné y jouent un rôle de premier au Musée national V. Ne. Egaré. Oïl. - VI. Aménités. - ordre. Le cannibale, d’allure terri- des arts d’Afrique X VII. Tram. Tresses. - VIII. Ivres. Talé. - fiante, le corps nu, bariolé de rou- et d’Océanie, IX. Oté. On. Merlu. - X. Né. Placarder. ge, de blanc et de noir, capture les à Paris, jusqu’au Blancs pour les dévorer. La vahiné

RMN 18 février. HORIZONTALEMENT IX. Trois lettres pour faire tout Verticalement « enchante les voyageurs et effraie sauter. Sans avenir. - X. Canton 1. Ordination. - 2. Peine. Rvte (vert). les missionnaires ». Elle est le sym- dessinées, réclames, cinéma, cartes Bougainville atteint l’île de Ta- I. Des tropiques au salon, il de l’Orne. Dégrossies à la machi- - 3. Taxe. Aare. - 4. Il. Gemme. - 5. bole de la femme jeune et belle, postales, photographies, disques et hiti en 1768 ? Comment l’appelle- pend et prend racines. - II. Com- ne. Mirage. Sol. - 6. Isolant. Na. - 7. Sac. vouée aux plaisirs, affichant une objets présentés dans cette exposi- t-il : me un plat qui ne l’est plus. Rire. - 8. Athlète. Ma. - 9. Très. Ester. - liberté de mœurs qui fascine les tion illustrent le regard que l’Occi- b La Nouvelle Cythère ? Apporte un peu d’air frais. - III. VERTICALEMENT 10. II. Dossard. - 11. Oca. Elle. - 12. voyageurs. L’Enfer contre le Para- dent a porté sur les peuples d’Océa- b La Nouvelle Eve ? Retiré. Modèle réduit dans les Nébuliseur. dis ! Littérature populaire, bandes nie, et invitent à une découverte b Les Nouvelles Hébrides ? airs. Les poitevins sont aujour- 1. Attirent l’attention par tous plus authentique des civilisations Réponse dans Le Monde du d’hui protégés. - IV. Des bagatel- les moyens. - 2. Sans unité. - 3. des mers du Sud. 18 janvier. les sans importances. Démons- Hameau antillais. Pour choisir, tratif. - V. Fait monter la fièvre. circuler et même jouer. - 4. Arti- Bercée d’illusions. - VI. Fut com- cle. Tout en bas de l’échelle chez Réponse du jeu no 255 paru dans Le Monde du 4 janvier. muniste en son temps. Romains. les Grecs. - 5. Fournit la petite C’est la comtesse de Montesquiou qui fut la gouvernante du roi de Crier en forêt. - VII. Belle, elle graine. Jase et jacasse si on la Rome. La comtesse de Genlis fut la gouvernante des enfants du duc et peut finir camée. Eliminé. - VIII. retourne - 6. Donne des prix aux de la duchesse d’Orléans, et madame l’amirale Bruat fut la gouvernante Belle en mer. Sans aucun effet. - toiles de qualité. Bien serré. - 7. du prince impérial, fils de Napoléon III. 26 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002

FESTIVAL En dix ans, la manifes- grands chorégraphes contemporains boussait de son talent la scène choré- ver, Blanca Li, Bruno Dizien, Denis entre le hip-hop et la danse contem- tation Suresnes Cités Danse, organi- et les meilleurs danseurs de hip-hop. graphique et, depuis, chaque édition Plassard, Abou Lagraa ou Choréam. poraine : « Aller vers autrui, vers sée par le directeur du Théâtre Jean- b DÈS LA PREMIÈRE ÉDITION, l’Amé- du festival a livré son lot de pièces b DANS UN ENTRETIEN au Monde, d’autres esthétiques, c’est finale- Vilar, Olivier Meyer, est devenue le ricain Doug Elkins, invité d’honneur majeures, comme celles de Rock Olivier Meyer explique pourquoi il ment augmenter sa propre créativi- point de rencontre entre les plus de cette édition anniversaire, écla- Steady Crew, Willi Ninja, Savion Glo- n’a eu de cesse de créer des ponts té et renforcer sa propre identité. » Dix coups de cœur pour fêter les dix ans de Suresnes Cités Danse En 1993, un festival original naissait au Théâtre Jean-Vilar de Suresnes. Il est devenu le rendez-vous annuel des plus grands chorégraphes contemporains et des meilleurs danseurs de hip-hop, enthousiasmés par un projet qui a donné ses lettres de noblesse à une discipline surgie de la rue

SURESNES CITÉS DANSE, qui l’obscurité, chaque apparition est fête sa dixième édition, est née spectrale. Des hommes en cache- d’une émotion intense. Celle d’Oli- poussière couverts d’inscriptions vier Meyer, directeur du Théâtre totémiques croisent une fille aux Jean-Vilar, découvrant, ébahi, l’ap- bras serpentins ; une autre étire les pétit de danser du New-Yorkais membres d’un homme assis en Doug Elkins – un des premiers cho- tailleur sur un tapis de fakir hérissé régraphes à travailler avec des de pointes. « J’écris sur le béton des interprètes hip-hop. Mais pas seu- souvenirs de pyramides », dit un lement. Elkins, c’est la rue et son danseur. Comme son titre l’indi- esprit de liberté, son esprit de lut- que, le spectacle de Bruno Dizien te, le besoin vital de se produire rugit à l’oreille de qui sait l’en- autant en extérieur que dans les tendre. théâtres, mais aussi l’instinct fon- ceur autant que frondeur de celui AMOUR REBELLE qui capte tout, du folklore aux Entre gags à la pelle et amour pointes du ballet, de la danse orien- rebelle, Elle semelle de quoi (Car- tale au hula-hoop. Il enjambe d’un men) ?, de Denis Plassard, désha- grand jeté panoramique, aussi bille en 2001 Carmen en commen- intelligent que drôle, une histoire çant par les baskets. Clowneries en de la danse qui prend à partie dans tout genre avec échasses et duo un même élan les ballets russes ou d’amour entortillé à souhait, la Yvonne Rainer, grande papesse de Carmen de Plassard fouette Bizet, la post-modern dance des années qui en redemande. L’une des 1970. Sans oublier John Travolta séquences chorégraphiques colle et sa fièvre disco-kitsch. Invité tellement aux paroles de l’œuvre d’honneur permanent, il sera pré- du musicien qu’on jurerait voir la sent cette année avec The House traduction du texte dans une nou- Project. velle langue des signes hip-hop. L’Américain a transmis à Cités Nettement moins uppercut et Danse son identité singulière : explicite, Abou Lagraa réussit en assurer les liaisons tumultueuses, 2001 un travail sur le fil avec Passa- mais fructueuses, du hip-hop et de ge, pièce abstraite et incarnée, la danse contemporaine afin que dont l’intensité ne se dément pas. naissent des créations inédites Cernés par des rectangles de lumiè- dont le seul critère est l’enjeu artis- res rouges, bleus et verts, trois tique. D’une certaine manière, hommes livrent une danse sculptu- Suresnes joue le rôle de conserva- LAURENT PHILIPPE rale et limpide, enchaînement de toire où s’invente, mine de rien, un Répétitions du spectacle de la création 2002 de la compagnie Montalvo-Hervieu. prouesses qui semblent couler de vrai répertoire signé par des per- source. Ondulations, glissements sonnalités extra-fortes. Croise- me leur volonté d’épauler les vier 2001 avec quelle finesse il s’est Depuis 1994, il est devenu une star, issue : le plaisir. Avec son intuition au sol, spirales, Passage restitue la ments d’artistes et de pièces qui petits frères de leur quartier. inventé sur mesure, maniant les ima- celle du show Bring In’Da Noise, coutumière, l’Andalouse a saisi le pulsion archaïque du hip-hop avec ont regonflé le moral de la danse. ges et la vidéo en maître, un Solo for Bring In’Da Funk (pour lequel il a hip-hop au collet et exacerbé ce qui une rare élégance. En même temps que Elkins, Oli- LE PUBLIC PARISIEN ÉBERLUÉ Two qui est une grande vadrouille remporté un Tony Award en 1996), en fait la puissance : son énergie, Dans ce registre proche de la vier Meyer avait invité pour une En 1993, toujours, Niels Robitsky, urbaine chorégraphiée en miroir. et rôle principal du film de Spike expression de la fureur de vivre de transe, Epsilon, de la compagnie première édition, restée légendai- baptisé (Fire) Storm par Wiggles, Superbe ! Lee, Bamboozled. ses interprètes. Avec pour seul décor Choréam, toujours en 2001, re, les Rock Steady Crew. On les appartenait aux Rock Steady Crew. A la même époque, on découvrait, Le souvenir est toujours vivace une rampe de roller, elle convoque déroule une saga hip-hop des ori- avait vus à New York juste avant Né en Allemagne de l’Est, il a décidé toujours à New York et dans les boî- des Noires américaines d’Urban toutes les techniques de la glisse gines du monde et de l’évolution. leur venue à Suresnes. Eux aussi depuis de s’installer à Berlin. Pour tes de nuit, les danseurs de vogueing, Bush Women et de leur danse radica- pour remonter le hip-hop à bloc. Mi-guerriers urbains, mi-ani- ont contribué à forger une âme à l’avoir suivi dans sa ville d’élection, style inspiré par les poses sophisti- le, agressive, mettant en scène des Assauts d’acrobaties et d’exploits, maux issus d’une jungle incon- Cités Danse. Plus tendus, plus du quartier turc de Kreuzberg aux quées des grands mannequins du états de vie des sans-abri. Les débuts Macadam Macadam fonce à toute nue, les danseurs encagoulés font durs, issus du quartier de Spanish lieux alternatifs d’extrême gauche, magazine Vogue. Accompagné d’Ar- de Suresnes Cités Danse, c’était cet- vitesse mais déraille au bon moment palpiter une danse nerveuse et Harlem, pour eux, la danse c’est on sait de quelle intelligence exigean- chie Burnett, Willi Ninja, héros te danse américaine, noire, métis- vers le burlesque. Défilé de mode souple, savamment désarticulée, sauve qui peut la vie. Après bien te il est doué. Marié et associé à magnifique du film Paris is burning, sée, diverse, mais aussi l’arrivée de façon boy’s band, duo de clowns en prise avec les traditions indien- des péripéties qui les mèneront de Nathalie Van Bossé, dite Jazzy, il de Jennie Livingston, tragi-comédie créations françaises qui allaient s’im- kung-fu ou chasse à l’homme déli- nes et africaines. Sur une musi- Hollywood à Broadway, ces stylis- danse avec elle, ou en solo. Storm, sur les travestis new-yorkais, a laissé poser avec d’autres qualités, rante, Blanca Li sait l’art de péter les que jazzy lyrique griffée de beats tes de très haut niveau se sont qui a le plus beau des styles, est le public parisien éberlué. d’autres tonalités, alliance d’interprè- plombs avec un chic ravageur. secs, Choréam impose son rêve regroupés autour de Steve Clemen- autant respecté par ceux qui partici- Mais aussi Savion Glover, épous- tes hip-hop et de chorégraphes Tout aussi détonant, J’ai un dra- d’un geste chorégraphique uni- te, dit Wiggles. On devrait les nom- pent aux grands défis internatio- touflant adolescent, qui a changé contemporains. gon dans l’oreille, mis en scène par versel. Suresnes 2002 commence mer tous, de Gabriel Dionisio, dit naux, solistes hip-hop purs et durs, notre regard sur les claquettes, Macadam Macadam, signé par Bruno Dizien, en 2000, entrelace aujourd’hui. Kwikstep, à Leon Chesnay, Twister que par l’ensemble des acteurs du avec sa frappe brute née dans la Blanca Li en 1999, déferle comme un un d’images énigmatiques pour les intimes. Leur magnétisme spectacle vivant. Victime d’une frac- jungle des villes, son grand corps, ouragan sur le public, balayant tous sorties d’un imaginaire en roue Rosita Boisseau a enflammé Suresnes. Com- ture aux cervicales, on a vu en jan- ses épaules légèrement voûtées. ses repères pour ne lui laisser qu’une libre. Sur le plateau rongé par et Dominique Frétard José Montalvo et Blanca Li soufflés par la puissance du hip-hop LORSQU’EN 1996 le chorégra- d’éléphants, d’enfants, de vieilles ment de soi qui ne se paie pas de cultures. Amoureux des gens, ils phe José Montalvo croise sur le pla- dames et de zèbres. Une spirale de mots. En hip-hop, on fait ce que l’on affirment aussi leur désir d’une dan- teau de Suresnes Chantal Loïal, plaisir à laquelle les interprètes con- dit. » A Suresnes, José Montalvo se démocratique « jonglant avec les Mokthar Niati, Laurent Chedri, tribuent largement. plonge jusqu’au cou dans ce flot différences pour en finir avec les iné- Walid Boumhani, Sala Ben- « Je connaissais le hip-hop depuis d’énergie du hip-hop. En même galités ». « Suresnes, comme lemqawanssa, Simahmed Benhali- le début des années 1980, se rappel- temps, il discute avec les danseurs d’ailleurs la Maison de la danse de ma pour les mettre en scène dans le José Montalvo. J’avais rencontré sur tous les sujets qui les tarau- Lyon, qui nous a toujours soutenus, a Pilhaou Thibaou II, il ne se doute des danseurs dans les studios que le dent : vie dans les banlieues, solitu- permis une amplification de mon pas une seule seconde que ces couturier Paco Rabanne prêtait gra- de, injustice, intolérance. esthétique, conclut José Montalvo. mêmes danseurs l’accompagneront tuitement à des chorégraphes dans « Pour la première fois, ils trou- encore sept ans plus tard. Entre- le 19e arrondissement de Paris. vaient non seulement un espace pour DANSER, UN BESOIN « VITAL » temps, ils auront sillonné la planète J’avais été soufflé à l’époque par la travailler, mais un lieu de rencontres, Plus hip et hop que Blanca Li, en tous sens avec Paradis, le bien- puissance du hip-hop. Je découvrais d’échanges, où leurs revendications l’exubérante Andalouse au nom nommé, qui propulse José Montal- des mouvements, des enchaînements pouvaient s’exprimer librement, dit coréen, c’est difficile ! Formée chez vo et sa complice Dominique Her- que je n’aurais jamais crus possibles José Montalvo. Ma rencontre avec Martha Graham à New York au vieu en haut de l’affiche internatio- corporellement. Ce que j’apprécie eux a incarné une réflexion sur la début des années 1980, c’est dans nale et envoie le public au septième surtout dans cette danse, ce sont ses danse que je menais depuis mes la Grosse Pomme qu’elle s’emballe ciel. fulgurances, sa liberté, son côté rebel- débuts. Nous évoquions en perma- pour le hip-hop au point de fonder PHILIPPE CIBILLE De Shanghaï à Rio, les specta- le aussi. Elle a quelque chose de dio- nence le fait qu’ils se sentaient exclus un groupe de flamenco-rap, Las « Macadam Macadam », de Blanca Li. teurs plébiscitent ce collage mali- nysiaque, exige une mise en jeu pro- de la danse officielle, qu’ils étaient Xoxonees (les Petites Foufounes). cieux de danse contemporaine, afri- fonde de l’être à laquelle personne fort peu représentés sur les plateaux « A l’époque, le hip-hop était à cha- Depuis sa création, Macadam la vie. Je mets donc en scène un caine et hip-hop dialoguant au ne peut rester insensible. Sans des théâtres. Au début des années que coin de rue. On voyait les mecs Macadam a connu une diffusion jeune homme qui a choisi d’être dan- galop avec des images projetées oublier cette dimension de dépasse- 1990, j’avais mis en place le concept avec leurs gants blancs smurfer au sans précédent parmi les produc- seur et affirme sa volonté, envers et “des danses à voir et à danser”, sorte son d’un gros ghetto blaster et imiter tions de Suresnes (cent représenta- contre tout. » d’installation chorégraphique in situ Michael Jackson. L’été, ils organi- tions en deux ans) et commence que j’ai réalisée dans différentes vil- saient des soirées dehors dont tout le une carrière internationale. Parallè- R. Bu les et pour laquelle je collaborais monde profitait. Parallèlement, je lement, Blanca Li a tourné son pre- avec des groupes d’amateurs hip- donnais des cours de gym à des gos- mier long métrage, Le Défi (2000), hop, flamenco ou traditionnels. Il y ses qui me montraient des pas et ne produit par Jean-Claude Fleury : avait déjà dans ces interventions, ces demandaient qu’à danser dès que je quarante minutes de danse et cent mosaïques de danses, l’embryon de branchais la musique. J’ai immédia- cinquante hip-hopeurs autour de ma démarche artistique, ce désir de tement été séduite par cette énergie- l’histoire d’une mère bourgeoise et sortir des cloisonnements pour parler là. Dans mon premier spectacle, de son fils dingue de hip-hop... du monde dans sa diversité. » Dont Nomadas, j’avais déjà intégré des « J’avais depuis longtemps envie acte. rappeurs. Alors, quand j’ai débarqué de réinventer le genre de la comédie Pilhaou Thibaou (1996), puis La à Suresnes pour créer Macadam musicale, explique-t-elle. Le hip- Mitraillette en état de grâce (1997) tis- Macadam, en 1999, je me suis sentie hop m’est apparu comme la manière sent les premiers pans de cette très proche de ce milieu. Evidem- la plus crédible, la plus forte aussi, « fresque baroque » dont José Mon- ment, il s’agissait du mouvement de parler de la passion de la danse talvo et Dominique Hervieu conti- français mais qui, contrairement à aujourd’hui. Ces jeunes dansent par- nuent de nouer les fils, bricolant ce que je pensais, ne copiait pas les ce que c’est vital pour eux, parce leur identité de citoyen du monde Américains et avait une véritable qu’il leur faut prouver leur existence, en prise avec une multiplicité de identité. » marquer leur identité et réussir dans CULTURE LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 / 27

Ce que je crois, Pris sur le vif

CHRISTIAN GANET par Stéphanie KARINE SAPORTA directrice du Centre chorégraphique national de Caen Nataf « Dans cette virtuosité du hip-hop, il y « Lorsqu’on nous demande si a de l’héroïsme qui est une sorte de nos spectacles sont romantisme. Cette virtuosité est un contemporains ou hip-hop, dépassement, une recherche pour sortir José Bertogal et moi-même, de soi, proche de la transe, qu’on peut qui avons formé la compagnie relier avec une culture, le plus souvent Choréam, répondons que, arabe, dans laquelle le sacré existe finalement, on s’en fiche. Ce encore. Ces corps-là me rappellent des n’est pas qu’on se détache du continents perdus. Ceux des enfants mouvement hip-hop – on sait surtout avec lesquels j’ai travaillé, princes décalés, altiers, vivant parfaitement quelles sont nos dans des environnements qui ne correspondent pas à leur racines –, mais il nous semble imaginaire ancestral. Je me sens proche d’eux. » plus important aujourd’hui de chorégraphier une danse belle, KADER ATTOU intelligente, sensible. On sait compagnie Accrorap parfaitement que nos spectacles « Je suis persuadé que le mouvement sont nourris à 100 % par ce désir hip-hop reste et restera une forme, une de paix et de combat qui est au culture et que son évolution passe par le « Nuit blanche », spectacle chorégraphié par Abou Lagraa pour la compagnie Baraka. cœur du hip-hop. Simplement, travail acharné des gens qui le représentent. on le revendique moins pour ne Ce qui manque aujourd’hui, il me semble, pas être enfermés dans un genre. dans les spectacles hip-hop, les miens y Olivier Meyer, directeur du Théâtre Jean-Vilar de Suresnes Avec le temps, on a réuni les compris, c’est la poésie. Celle du quotidien, gens et les ingrédients qui nous ces petites rencontres, ces anecdotes qui embellissent la vie de tous conviennent pour créer des les jours. Un regard furtif, un mot d’enfant. » « Faire émerger d’autres formes pièces qui ressemblent aux artistes que nous sommes NATHALIE PERNETTE devenus. L’aspect humain de chorégraphe de danse, d’autres énergies » notre travail – nous collaborons « Ce que j’apprécie chez ces danseurs hip-hop, avec les mêmes danseurs depuis c’est leur entraide, leur motivation. Ils Olivier Meyer a lancé Cités Danse des années 1990, il ne se passait pas hop que dans la danse contempo- dix ans – est au moins aussi s’applaudissent. Ils sont bosseurs, généreux, en janvier 1993. Depuis dix ans, il n’a grand-chose. Je suis parti aux Etats- raine : la loi de l’argent n’im- important pour nous que le ouverts à toutes les propositions. Ils vivent tout cessé de créer des alliances entre le Unis où Doug Elkins, mais aussi la pose-t-elle pas ses règles ? résultat artistique. On a démarré à fond, mettant la danse au premier plan. On ne hip-hop et la danse contemporaine, journaliste Sally Sommers m’ont – Il n’y a pas de lien entre la créa- la danse avec passion et compris ressent pas la tension qui existe parfois chez les pressentant dans ces rencontres un introduit dans le milieu hip-hop, tion artistique et le volume d’ar- qu’on pouvait y créer quelque danseurs contemporains. Je sais déjà que cette réel potentiel artistique. Ce en quoi il celui des danses sophistiquées des gent. Je refuse de raisonner en ter- chose de singulier. En devenant expérience est trop courte. Je vais poursuivre et a eu du flair. Mieux : de la persévé- night-clubs, mais aussi dans celui mes de catégories, de savoir qui va adultes et épanouis, on vise plus approfondir mon travail avec eux. » rance. des claquettes du troisième millénai- vers qui. Je ne vis pas la danse à haut et plus grand, avec toujours « Quel est le premier spectacle re, version militante, à la Savion Glo- coup d’étiquettes. J’ai provoqué des ce goût de la découverte des de hip-hop que vous ayez vu ? ver. Les artistes que je rencontre me échanges, passé des commandes et danses nouvelles. En ce moment, JEAN-CLAUDE – Celui de Doug Elkins qui, dans le confirment dans mon désir de faire formalisé ces rencontres, organi- nous nous confrontons au house GALLOTTA quartier de La Paillade, présentait émerger d’autres formes de danse, sant les auditions de danseurs hip- hip-hop avec de jeunes directeur du Centre dans le cadre du festival Montpellier- d’autres énergies, des vitesses qui hop, assurant le suivi. La liste est interprètes qui nous initient chorégraphique Danse un travail qu’il avait préparé correspondent à notre époque. longue des créations. C’est José à ce style complexe. national de Grenoble avec un groupe de jeunes, les Mega – Certains danseurs hip-hop Montalvo qui, avec La Mitrailleuse Parallèlement à nos créations, la « J’ai travaillé avec des danseurs Cool Rap. Il y avait une prise de ris- craignent de perdre leur identité en état de grâce, opère un démarra- pédagogie est très importante issus de la même banlieue où que que je ne voyais plus souvent en allant vers d’autres formes de ge foudroyant. C’est Dominique pour nous. Modestement, nous j’ai été élevé, l’immigration dans la danse et, en même temps, danse : n’est-ce pas une crainte Rebaud avec Mouv’ment, Karine pensons avoir une mission maghrébine ayant succédé à une fragilité cassante. Les Mega légitime ? Saporta, invitée deux fois, avec auprès des jeunes. C’est un vrai celle des Italiens, à laquelle ma Cool n’étaient pas des virtuoses – Je comprends cette peur, ces Break Me Babe et Mister Mytho. plaisir pour nous que d’offrir à famille appartenait. Pour nous, la danse était honteuse. Si on mais ce qu’ils dégageaient était pro- angoisses, mais aller vers autrui, C’est Laura Scozzi avec Etant donné d’autres ce que nous avons voulait s’en sortir, il y avait le foot. Aujourd’hui, ces jeunes peuvent fondément humain, touchant. C’est vers d’autres esthétiques, prendre le la conjoncture actuelle. C’est Régis traversé depuis notre exprimer leur énergie, leur rébellion en dansant. L’aspect une porte qui s’ouvrait que je ne con- risque de l’influence, c’est finale- Obadia. C’est Blanca Li dont Maca- adolescence. Notre danse est spectaculaire du hip-hop était aussi un danger qui pouvait naissais pas, un espace inconnu sur ment augmenter sa propre créati- dam Macadam a tourné partout en une sorte de médicament qui empêcher son évolution. Il n’en est rien. Des danseurs ont entamé lequel j’ai eu envie de bâtir. Il y a vité et renforcer son identité. Europe, et même aux Etats-Unis. peut faire du bien. » un formidable travail sur la narration, la dramaturgie, sans crainte dans le travail de Doug Elkins un L’union, ce n’est pas se perdre, c’est – Comment s’est passé le de désarçonner leur public. » joyeux foisonnement de toutes les créer de la diversité. Avoir peur de premier contact des chorégraphes techniques, de toutes les musiques. perdre quelque chose est éminem- contemporains avec le hip-hop ? Elkins est un précurseur, son œuvre ment destructeur. Pas seulement – Ça a souvent été un choc fort. DENIS PLASSARD est la matrice de tout ce que l’on a dans le domaine artistique, mais Mais pas toujours. Parfois, il man- compagnie Propos vu se développer ces dernières dans nos vies. Un artiste est profon- quait l’envie ou le courage d’aller Ce que je crois, « Je n’étais pas franchement amateur de hip-hop années. dément singulier, original. Doug Elk- vers l’autre. Parfois des revendica- avant l’an dernier. Je pensais que c’était une – Comment est née la manifesta- ins n’est pas clonable. tions de territoires ont empêché danse stérile, branchée uniquement sur la tion Cités Danse ? – Il y a beaucoup moins de l’échange. Quand Pina Bausch vient par Farid Berki performance, presque une gymnastique. Ça a – A l’époque en France, au début moyens financiers dans le hip- créer à l’Opéra de Paris, le choc été pourtant une révélation. C’est une danse n’est-il pas immense ? Il faut pou- « Vingt ans après la naissance du plus fine, plus organisée que je croyais. Elle est voir s’abandonner pour mieux se mouvement hip-hop en France, extrêmement précise et codée, et permet une Rendez-vous Carte blanche à Mourad retrouver soi-même, ce qui suppose nous traversons une période de réelle écriture. On sent dans cette danse ses racines ancestrales. Cela Merzouki avec 10 Coredence, une vraie confiance en soi. Mais confusion. Les programmateurs m’a donné envie de chercher moi-même d’où je viens, quelle est ma b Suresnes Cités Danse, du Choréam et Käfig. l’évolution est phénoménale. La projettent des désirs de danse, moi qui suis originaire de Bourgogne. » 11 janvier au 10 février 2002 Vendredi 25 et samedi 26 janvier à notion d’effort, qui seule permet spectacles qu’ils n’arrivent pas Théâtre de Suresnes Jean-Vilar, 21 heures, salle Jean-Vilar. d’entrer dans un cadre artistique à combler avec les créations qui 16, place Stalingrad. Tél : b Enfouies sous le Ciel… rigoureux, a été parfaitement inté- leur sont présentées. 01-46-97-98-10 et dans les Fnac, (création) grée. Les retards au rendez-vous Ils ont des attentes qu’ils ne nous Virgin, BHV, Galeries Lafayette. Cyril Viallon (chorégraphie et pour les répétitions n’existent plus. laissent pas le MAX-LAURE De15,24 ¤ à 18,29 ¤. mise en scène), par la compagnie Avant tout, ce que nous voulons temps de BOURJOLLY Passeport Jeunes (trois Caryatides. communiquer, c’est la joie d’avoir réaliser. Les compagnie Boogi Saï spectacles) : 22,87 ¤. Navette Samedi 26 janvier à 18 heures et sous nos pieds cette terre pour sou- artistes sont « La danse hip-hop est un gratuite Paris-Suresnes-Paris,45 dimanche 27 janvier à 17 heures, tenir nos danses. Que la terre est la très sollicités cri et doit le rester sous minutes avant les salle Aéroplane. même pour toutes les danses. A par de peine de se vider de son représentations, à l’angle de b Macadam Macadam Suresnes, les artistes ressentent multiples GABIN NUISSIER sens et de devenir une l’avenue Hoche et de la place de Blanca Li. cette nécessité de faire comprendre actions compagnie Aktuel Force simple forme esthétique. Charles-de- Gaulle. Mardi 29, mercredi 30, jeudi à chacun qu’il y a un absolu besoin pédagogiques « Dans Conquistador, récente L’urgence pour moi b Eclats de Danse (création) 31 janvier à 21 heures, de fraternité. Suresnes, c’est pres- et sociales qui création de la compagnie, j’ai aujourd’hui, après avoir Coordination : Dominique vendredi 1er et samedi 2 fevrier à que une utopie dont le mouvement laissent peu d’espace à la rassemblé autour des parlé du bonheur pendant Rebaud. 21 heures, salle Jean-Vilar. n’est pas linéaire, plutôt sinusoïdal. réflexion. Il faut nous laisser le interprètes de la compagnie des des années, est d’évoquer Vendredi 11 et samedi 12 janvier à b Création 2002 (titre en cours) Il y a des résistances, des retours en temps de nous construire à notre danseurs danois, un Japonais, le malaise de notre société, 21 heures, salle Jean-Vilar. de José Montalvo et Dominique arrière, mais nous créons beaucoup rythme. Nous venons du chaos, des Américains. Nous sommes le manque de rencontre b Cités Danse Variations Hervieu par la compagnie d’œuvres qui parlent au public, et pas de la structure. On nous dix en scène pour un vrai travail entre les gens malgré les Elle Semelle de quoi ? (Carmen), Montalvo-Hervieu. Musiques qui n’arrêtent pas de tourner. demande de réagir comme si collectif. Le petit message : outils modernes de de Denis Plassard. Le Charmeur traditionnelles du golfe – Qui vous a particulièrement nous étions nés là-dedans. Du briser les frontières quelles communication que sont la de serpents, de Faizal Zeghoudi arabo-persique interprétées sur étonné ? coup, on perd le sens de notre qu’elles soient pour atteindre vidéo ou le portable. On (création 2002). Délicieuses, de scène par Saeid Shanbehzadeh et – Laura Scozzi demandant aux danse. Il faut nous reposer les l’essence d’un seul langage. peut désormais Nathalie Pernette (création Habib Meftahboushehri. danseurs d’être en costume-cravate questions de base. Je suis Grâce au hip-hop, nous avons communiquer sans se 2002). Mercredi 6, jeudi 7, vendredi 8 et et aux filles en tailleur Chanel, et d’ailleurs en train d’écrire appris à contrôler une énergie parler ni entendre le son Salle Aéroplane, les samedis 12 et samedi 9 février à 21 heures, salle réussissant une très belle pièce. un solo que j’ai intitulé Sur le fil que nous pensions impossible à de la voix. Ma nouvelle 19 janvier à 18 heures, les Jean-Vilar. Laura Scozzi, toujours, qui nous a pour identifier ce qu’il m’est vital maîtriser, il faut maintenant que pièce, Virtualité ou illusion dimanches 13 et 20 janvier à b The House Project (titre « scotchés » quand elle a convaincu de raconter sur un plateau. Le le mouvement devienne comme du bonheur, tende mettre 17 heures, lundi 14, mercredi 16 et provisoire) (création) le merveilleux Zouheir Baki de se hip-hop est une expression une respiration. » en scène ce paradoxe. » jeudi 17 janvier à 21 heures. de Doug Elkins. transformer en femme-serpent et spontanée et accessible à tous, et b Allegoria Stanza (création) Vendredi 8 et samedi 9 fevrier à en Wonder Woman. Cette il importe d’en garder l’esprit. Abou Lagraa (chorégraphie et 23 heures, dimanche 10 février à transgression tranquillement assu- Les jeunes chorégraphes, de plus mise en scène), par la compagnie 17 heures, salle Aéroplane. mée par quelqu’un d’un milieu très en plus forts techniquement, La Baraka, Charles Picq b Scène ouverte macho m’a étonné. La femme, c’est n’ont pas les problèmes de (installation vidéo). Jeunes compagnies hip-hop l’altérité. » reconnaissance que nous avions. Vendredi 18 et samedi 19 janvier à Samedi 2 février à 15 heures et Du coup face à la demande 21 heures, salle Jean-Vilar. 18 heures, salle Aéroplane, tarif Propos recueillis par extrêmement cadrée des b Rencontres hip-hop unique : 7,62 ¤. Dominique Frétard programmateurs, ils finissent par se perdre de vue et ne plus savoir ce qu’ils ont envie de montrer. Leur naïveté les piège dans une problématique culturelle qui n’est pas la leur. Le hip-hop n’a pas besoin d’aligner des arguments ou des thèmes pour exister. Il est d’abord plaisir du mouvement, combat intérieur, dépassement de soi. Heureusement, il y a toujours le circuit des battles, ces compétitions où les jeunes se retrouvent nombreux. Il nous faut veiller à ne pas être instrumentalisés par les diffuseurs et inventer nos alternatives créatives propres. » 28 / LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 CULTURE Les œuvres mystérieuses SORTIR PARIS Piano classique et accordéon voyageur, improvisation et Chants et danses courtois écriture, folklores et jazz… ce duo des héritiers du Caravage de la Chine ancienne acoustique réunit Patrick Scheyder Chen Mei-O, musicologue et et Marc Perrone, et fait le lien chanteuse de Nankuan entre des univers contrastés. A Toulouse, une exposition étudie patiemment accompagnée de son ensemble Olympic Café, 20, rue Léon, Han Tang Yue-fu (plusieurs fois Paris-18e.Mo Château-Rouge. l’histoire du caravagisme en Languedoc. primé en Chine), présentent 21 heures, le 11. à Chaillot quatre « concerts Tél. : 01-42-52-42-63. 7 ¤. A la clé, quelques révélations inattendues de geste » où, selon la tradition Les talents jazz du label Naïve ancestrale de la dynastie Han, Au rock, à la chanson et aux lement précis, prennent, dans l’œu- musique et danse sont associées. musiques du monde, le label Naïve LE TEMPS DU CARAVAGISME, vre, une importance si considéra- But de la compagnie fondée a ajouté le jazz à son catalogue. LA PEINTURE DE TOULOUSE ET ble que l’on finit par ne plus voir à Taïpei en 1983 par la Un parti pris qui passe par l’écoute DU LANGUEDOC DE 1590 À 1650. qu’eux, et les plis de la chemise, et musicologue ? « Refonder une de nouveaux talents ou qui Musée Paul-Dupuy, 13, rue de la les plumes blanches. Ce qui pour- tradition en s’appuyant sur la accompagne des parcours déjà Pleau, Toulouse (Haute-Garon- rait faire dire que la toile est ratée, tradition. . A la musique Nankuan établis. Les formations de ne). Tél. : 05-61-14-65-50. Du mar- faute de cohérence et d’équilibre se mêlent la « grâce des l’harmoniciste Olivier Ker Ourio et di au dimanche, de 10 heures à entre les différents éléments. A mouvements de danse » et «la du pianiste Jean-Pierre Como 17 heures. Entrée : 4,57 ¤. Jus- l’inverse, on peut aimer cette hété- beauté des chants » contenus dans seront sur les deux scènes du qu’au 18 mars. rogénéité – l’aimer d’autant plus le Théâtre du Jardin des Poiriers, Sunset/Sunside, le 11 janvier ; que son auteur est inconnu. genre théâtral traditionnel auquel celles du saxophoniste Sylvain TOULOUSE Chen Mei-O a soustrait l’aspect Beuf et du pianiste Baptiste de notre envoyé spécial BROUILLONS ET CHEFS-D’ŒUVRE narratif. Ces chants, interprétés Trotignon, le 12 janvier. C’est un tableau extrêmement S’agit-il, comme on l’a soutenu par cinq danseuses et autant de Sunset/Sunside, 60, rue bizarre : on n’y voit d’abord parfois, de Simon Vouet, de Barto- musiciens, sont rythmés en des Lombards, Paris-1er.Mo Châtelet. qu’une chemise blanche dont les lomeo Manfredi ou du mystérieux contrepoint par de fins bâtons de 21 heures, les 11 et 12. Tél. : plis sont vivement éclairés par une et anonyme maître du Jugement de bambou, les sikuai. 01-40-26-21-25. De 12 ¤ à 15 ¤. lueur venue de la gauche et une Salomon ? Aux attributionnistes le Théâtre national de Chaillot, salle Orchestre de Paris aile, dont quelques plumes sont, soin d’en décider, à supposer Gémier : 1, place du Trocadéro, Invité par l’Orchestre de Paris, e o de la même manière, illuminées qu’ils le puissent. Une évidence COLLECTION PARTICULIÈRE/D.R. Paris-16 .M Trocadéro. 20 h 30, Guennadi Rozhdestvensky donne d’une lumière légèrement nacrée. s’impose, malgré ces incertitudes : Guy François, « L’Apparition de la Vierge à saint François », jusqu’au 19 janvier ; 15 heures, la magnifique Huitième symphonie La chemise et l’aile sont celles d’un cette Délivrance de saint Pierre est étude pour Frère Léon, pierre noire dimanche ; relâche lundi. Tél. : de son ami et compatriote Dmitri ange, d’un ange adolescent age- un chef-d’œuvre du caravagisme, et rehauts de craie, 27,2 × 21,9 cm. 01-53-65-30-00. De 11 ¤ à 23 ¤. Chostakovitch et, plus étonnant, nouillé dans une prison. Il vient tel qu’il s’est développé en France Tupi Nagô deux partitions d’Albert Roussel délivrer saint Pierre, que son irrup- dans la première moitié du A ces questions, les travaux de François pour une Apparition de la Depuis l’époque où il animait le rarement jouées en France. Va tion lumineuse réveille. Barbu, XVIIe siècle. L’histoire des héritiers Jean Penent, commissaire de l’expo- Vierge à saint François d’Assise, les dancing de la Coupole, Tupi Nagô, encore pour le Festin de l’araignée, chauve, enveloppé dans une cou- du Caravage (1573-1610), maître sition, s’efforcent d’apporter des figures de saints du même et celles le groupe brésilien le plus excitant qui, à défaut d’être souvent donné verture brune, il a un geste d’ef- des compositions violemment éléments de réponse. Il risque des de Tournier, une très théâtrale Dis- de la capitale, a fait son chemin. au ballet ou au concert, est un titre froi. éclairées, est connue pour ce qui hypothèses ; il propose des réattri- pute des philosophes attribuée au L’année 2001 a été connu de la plupart des La toile figure donc – et c’est son est de l’Italie, de l’Espagne ou des butions qui – c’est la loi du genre – même maître du Jugement de Salo- particulièrement faste pour cette mélomanes ; mais que penser du titre – une Délivrance de saint Pier- Flandres parce qu’elle passe par seront contestées. Péripéties habi- mon – décidément bon peintre. joyeuse bande dirigée par le rare Résurrection op. 4, jamais joué, re. A gauche, dans le coin, un gar- des peintres tels que Gentileschi, tuelles en histoire de l’art et, som- Et puis il y a Frère Ambroise Fré- percussionniste Silvano Michelino, sinon par Michel Plasson qui l’a dien dort et tout son corps semble Ribera ou La Tour. Elle l’est moins me toute, secondaires : l’essentiel deau, qui serait né vers 1589 et puisqu’elle a non seulement sorti enregistré ? La raison pour laquelle tomber en avant sous le poids de pour ce qui est du Languedoc, ce dans la mise en lumière de quel- mourut à Toulouse en 1673. Il y un nouvel album plutôt réussi le chef russe a dû accepter (ou a eu l’accablement. Un deuxième gar- qui fait tout l’intérêt de l’exposi- ques artistes, Nicolas Tournier, les travaillait depuis 1640, sous l’habit (Abracadabrasil / Night & Day) envie) de diriger cette pièce de dien dort, à l’arrière-plan, mais il tion qui se tient à Toulouse. François, des anonymes, et de quel- des Frères Augustins. Son Saint mais également remporté la Kora jeunesse (1903) – et premier essai est, lui, si peu visible qu’on le con- Courageusement, elle affronte ques toiles étonnantes. Toutes ne Roch et l’ange a de quoi laisser pan- d’or 2001 en Afrique du Sud, symphonique – de Roussel est fond avec un tas d’étoffes avant les lacunes des archives, la pauvre- sont pas admirables. Nombreuses tois ; tant par ses dimensions catégorie « Diaspora Amérique qu’il s’agit d’un « prélude d’identifier son épaule, sa chevelu- té des biographies et les doutes, sont celles qui sentent le labeur monumentales que par la violence latine ». symphonique d’après Tolstoï ». re et sa main, crispée sur la poi- les doutes sans solution définitive. trop long, les efforts trop insis- du clair-obscur, le pathétique des New Morning, 7-9, rue Salle Pleyel, 252, rue gnée d’une lanterne éteinte. Qui est ce maître du Jugement de tants, le souci écrasant de bien fai- expressions et le détail d’une natu- des Petites-Ecuries, Paris-10e. du Faubourg-Saint-Honoré, Encore n’est-ce pas tout. Il reste Salomon ? Où étaient Guy et Jean re qui égare ou, plus platement, la re morte aux oignons et au pain Mo Château-d’Eau. 20 h 30, le 11. Paris-8e.Mo Ternes. 20 heures, à observer la partie la plus étrange François dans les années 1620 ? maladresse d’une main qui hésite. qui prend une importance démesu- Tél. : 01-45-23-51-41. le 11. Tél. : 01-45-61-53-00. du tableau, le fond. C’est un mur, Quelles sont exactement les Les premières salles mettent à rée. Quant à son Bienheureux Patrick Scheyder / Marc Perrone De 15 ¤ à 30 ¤. celui de la cellule. Sur ce mur, le influences qui se sont exercées en l’épreuve la constance et la curiosi- Guillaume de Toulouse tourmenté peintre a eu l’idée de tracer des Languedoc et d’où venaient- té du visiteur, confronté à des par les démons, daté de 1657, il a graffitis à l’imitation de ceux que elles ? De Rome, de Naples ou de œuvres peu abouties. Au deuxiè- la particularité inattendue d’an- GUIDE traçaient les captifs avec un char- Séville ? Comment ont-elles voya- me étage viennent les révélations noncer, avec trois siècles et demi bon de bois. Il y a là le dessin d’un gé ? Quels artistes en ont été les qui justifient l’exposition : la Déli- d’avance, le style de Gérard oiseau dans sa cage, un calendrier, colporteurs, recopiant des modè- vrance de saint Pierre et ses graffitis Garouste. TROUVER SON FILM RÉGIONS un pendu et des inscriptions. Ces les, les diffusant par le dessin et la de prisonniers donc, de fort intéres- détails, d’un réalisme exceptionnel- gravure ? santes études dessinées par Guy Philippe Dagen Tous les films Paris et régions sur le Un fil à la patte Minitel, 36-15 LEMONDE, ou tél. : de Georges Feydeau, mise en scène de 08-36-68-03-78 (0,34 ¤/min). George Lavaudant. Nice (Alpes-Maritimes). Théâtre de ENTRÉES IMMÉDIATES Nice, promenade des Arts. 20 h 30, les Mister Green, 86 ans, sur les épaules de Philippe Clay 12, 15, 16, 18 ; 15 heures, le 13 ; Le Kiosque Théâtre : les places de cer- 19 h 30, le 17. Tél. : 04-93-13-90-90. De Depuis la création de Visites à bousculé par ceux qui possé- sera aux saluts. Car ce corps occu- tains des spectacles vendues le jour 10 ¤ à28¤. VISITES À MISTER GREEN, de Mister Green, le public se presse daient le sésame. On aurait dit pe tout : l’espace physique de la même à moitié prix (+ 2,44 ¤ de com- La Princesse Maleine mission par place). de Maurice Maeterlinck, mise en scène Jeff Baron. Adaptation : Stépha- au La Bruyère, ce petit théâtre un personnage d’Emmanuel scène, bien sûr, qu’il partage avec Place de la Madeleine et parvis de la d’Yves Beaunesne. nie Galland et Thomas Joussier. (362 places) où le temps semble Bove. Est-il finalement entré ? Il un seul protagoniste, Thomas gare Montparnasse. De 12 h 30 à Toulouse (Haute-Garonne). Théâtre de Mise en scène : Jean-Luc Tar- oublier la nuit de Pigalle. Le pre- n’était en tout cas pas dans la sal- Joussier ; l’espace mental des spec- 20 heures, du mardi au samedi ; de la Cité, 1, rue Pierre-Baudis. 20 h 30, dieu. Avec Philippe Clay et Tho- mier vendredi de janvier, un le, à attendre, comme tous les tateurs, qui ne peut s’empêcher 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. les 12, 15, 18 ; 16 heures, le 13 ; mas Joussier. jeune homme pestait calmement autres, que la lumière se lève sur de nourrir des réflexions sur le La Raison d’être de la littérature 19 h 30, les 16 et 17. Tél. : LA BRUYÈRE, 5, rue La Bruyère, de n’avoir pas en poche les Philippe Clay. temps et son usure, ici vus en de Gao Xinjian, mise en scène de Serge 05-34-45-05-05. 8 ¤ et 17 ¤. Paris-9e.Mo Saint-Georges. Tél. : 16,77 ¤ qui lui auraient permis C’est pour lui que les specta- direct. D’une certaine manière, Avédikian. Josef Nadj Théâtre international de langue fran- Orléans (Loiret). Le Carré Saint-Vin- 01-48-74-76-99. Du mardi au d’entrer. « Vous n’auriez pas teurs viennent au La Bruyère. Philippe Clay ne joue pas Mister cent, boulevard Aristide-Briand. samedi, à 21 heures ; dimanche, moins cher ? », demandait-il à la Alertés par le bouche à oreille, Green, il ne l’incarne pas, il le çaise, 211, avenue Jean-Jaurès, Paris-19e.Mo Porte-de-Pantin. 20 h 30, 20 h 30, le 12 ; 17 heures, le 13. Tél. : à 15 heures. De 12,96 ¤ à 32,01 ¤. caissière. Et il restait là, avec sa ou se souvenant, pour les plus « campe », comme on disait autre- les 11 et 12 ; 16 heures, le 13. Tél. : 02-38-62-75-30. 19,82 ¤. Durée : 1 h 35. gabardine, solitaire laconique, âgés, d’une voix trempée dans le fois. C’est cela qui assure le succès 01-40-03-93-95. De 6 ¤ à18¤. Jusqu’au vinaigre qui chantait Mes universi- de l’Américain Jeff Baron, joué 2 février. tés, et de la carcasse de Valentin pour la première fois en France. Thomas Lebrun, Laure Bonicel, le Désossé dans French Cancan. Ses Visites à Mister Green met- Geneviève Sorin Sur le plateau aux dimensions tent en scène un jeune cadre de Théâtre du Lierre, 22, rue du Chevale- e o modestes, Philippe Clay paraît banque new-yorkais, Ross, con- ret, Paris-13 .M Bibliothèque-François- encore plus grand qu’il n’est. damné par le juge à aller rendre Mitterrand. 19 heures et 21 heures, les 11, 12. Tél. : 01-45-86-55-83. 9 ¤ Immense, tout en jambes. Mais visite à un vieil homme qu’il a ren- 12,50 ¤. ce n’est pas cette stature qui épa- versé en conduisant trop vite. Pen- Orchestre philharmonique te le public. dant six mois, il se rend chez lui de Radio-France chaque semaine. Entre les deux Œuvres de Brahms. Myung-Whun UN ARBRE COURBÉ PAR LE TEMPS hommes que tout oppose en appa- Chung (direction). Ce qui suscite l’admiration de la rence – l’âge, la condition sociale, Théâtre musical de Paris, 1, place du salle, au point qu’elle applaudit la conception de la vie – se joue Châtelet, Paris-1er.Mo Châtelet. 20 heu- pendant la représentation, c’est un duel fondé sur l’aveu. Ross est res, le 11. Tél. : 01-40-28-28-40. De 10 ¤ que l’acteur se casse en deux pour rejeté par ses parents depuis qu’il à58¤. Jean-Pierre Como Trio donner corps aux quatre-vingt-six leur a avoué son homosexualité. Sunside, 60, rue des Lombards, ans de son personnage, Mister Mister Green a renié sa fille Paris-1er.Mo Châtelet. 21 heures, le 11. Green. Il est comme un arbre cour- quand elle a épousé un non-juif. Tél. : 01-40-26-21-25. 12,15 ¤. bé par le temps. Une pliure hono- Peut-on s’entendre, d’une géné- rable et douloureuse se dépose ration l’autre, quand les choix des sur ses reins. Les jambes restent enfants contredisent ceux des droites mais écartées, pour main- parents ? La pièce de Jeff Baron tenir un équilibre compromis. Le est écrite comme une prescrip- visage assure de fiers redresse- tion. Rien ne manque pour soi- ments, mais la main gauche ne gner le désir supposé du public : maîtrise pas un tremblement, que croire que tout peut s’arranger si la main droite tente de masquer l’on se parle. Mais que resterait-il en se refermant comme une sans la méchanceté de Mister coquille sur les doigts distordus. Green, dont à l’évidence se régale Il est à se demander si l’intérêt Philippe Clay, et sans l’attente des premier des Visites à Mister Green saluts ? ne réside pas dans ce corps dont chacun attend de voir comment il Brigitte Salino RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 / 29 JEUDI 10 JANVIER GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 18.00 La Guerre en couleurs. 20.30 Football. 16.40 Baby Doll aa TÉLÉVISION ARTE Stalingrad. Dieppe. Chaîne Histoire Tournoi international de Maspalomas. Elia Kazan (Etats-Unis, 1956, v.o., & 20.55 La Rafle du Vél-d'Hiv. 18.30 Sous la mer. Les requins-marteaux Finale des perdants. Eurosport 110 min) . Cinétoile 19.00 Voyages, voyages. Invités : Michel Muller ; André Pousse ; du Soudan. Voyage 18.05 Pierre et Jean aa TF 1 Trinidad et Tobago. Maurice Rajsfus ; MUSIQUE André Cayatte (France, 1943, 19.45 Arte info, Météo. 18.30 Une histoire du football européen & 18.10 Star Academy. En direct. Michèle Cointet. La Chaîne Histoire 75 min) . CineClassics 20.15 Reportage. Ghettos de riches ? (1956-1996). [3/8]. Planète 21.00 Julian Rachlin 18.55 Le Bigdil. 19.00 Another Day in Paradise aa 20.45 Insomnia a MAGAZINES 19.00 Pilot Guides. La Norvège. Voyage et Itamar Golan. Muzzik Larry Clark (Etats-Unis, 1999, 19.55 Météo, Journal, Météo. Film. Erik Skjodbjaerg %. 21.55 Saxes Summit. 105 min) !. CineCinemas 1 20.55 Fabio Montale. Chourmo [2/3]. 19.00 Explorer. Grandes aventures. 19.05 Le Grand Jeu, URSS/EU. 22.15 Thema. L'aventure cathare. Festival international de jazz 20.40 Pandora aaa 22.45 Quelque chose demeure ici. 22.15 Les Cathares. La bataille de Berlin, le pont aérien [1/6]. 1917 - 1938 : Les raisins de Montreux 1996. Avec Deep Purple ; Albert Lewin (Etats-Unis, 1951, Téléfilm. Douglas Jackson %. 23.50 La Fiancée des ténèbres aa de 1948. Sur les murailles de la colère. Histoire Hans Dulfer ; David Sanborn. Muzzik 125 min). Festival 0.25 Star Academy. Film. Serge de Poligny. de glaces de la Terre de Baffin 20.00 Pearl Harbour. [2/2]. Héritage 22.00 Rythme et danse à la Waldbühne. aa 1.15 Le Mythe cathare. (Arctique canadien). Chasseurs d'une attaque. National Geographic 20.45 La Menace de tornades. National Geographic Avec Susan Graham (soprano), Alain Corneau (France, 1977, 20.05 Mon frère, ma sœur, jumeaux- Eitetsu Hyashi (percussions japonaises). 120 min). 13ème Rue FRANCE 2 20.05 Temps présent. M6 cobayes du Dr Mengele. Histoire Par l'Orchestre philharmonique aa & Micmac sur le tarmac. TSR de Berlin, dir. Kent Nagano. Mezzo 20.50 Sixième sens 17.00 Des chiffres et des lettres . M. Night Shyamalan (EU, 1999, 16.05 M 6 Music. 22.05 Open club. 20.15 Hollywood Stories. 23.05 Marciac Sweet 2000. ? 17.30 Pyramide. Roman Polanski. Paris Première 105 min) . Canal + Vert 18.05 Friends. 17.30 Le Pire du Morning. Daniel Toscan du Plantier. CineClassics Avec Kenny Barron ; Ben Riley ; & 20.15 Reportage. Ghettos de riches ? Arte Kyi-oshi Kitagawa. Muzzik 20.55 Tout ce que vous avez toujours 19.00 On a tout essayé. 17.55 Le Flic de Shanghai . 22.20 La Roue du temps. 18.55 The Sentinel%. Le Pont arc-en-ciel en Chine. RTBF 1 21.00 Benny Goodman. Mezzo 0.05 Jazz à Vienne 2000. voulu savoir sur le sexe sans 19.50 Un gars, une fille. Freddie Hubbard, trompette. Muzzik aa 19.54 Le Six Minutes, Météo. 22.45 La Route. Invitées : Françoise Hardy 21.55 1914-1918. jamais oser le demander 20.00 Journal. Woody Allen (Etats-Unis, 1972, v.o., 20.05 Malcolm &. et Souad Massi. Canal Jimmy Les derniers témoins. Chaîne Histoire % 20.30 Question ouverte. TÉLÉFILMS 85 min) . Canal Jimmy Invité : Alain Juppé. 20.40 Décrochages info, Caméra Café. 22.55 Recto Verso. 22.00 Voiliers aa 21.00 L'Appât 20.50 Météo, Point route. 20.50 J'embrasse pas a Bertrand Tavernier. Paris Première du XXIe siècle. National Geographic 20.55 Fabio Montale. Bertrand Tavernier (France, 1995, Film. André Téchiné ?. 23.15 Campus, le magazine de l'écrit. José Pinheiro. [2/3]. TF 1 115 min) ?. Paris Première 21.00 Envoyé spécial. Une femme a 22.16 Thema. Les Cathares. Arte à tout prix ; Naissance et handicap ; 22.55 Un vampire à Brooklyn Les livres qui révèlent les coulisses 20.55 Terre étrangère. Luc Bondy %. TMC 21.00 Guerre et amour aa Film. Wes Craven ?. de la campagne électorale. 22.35 Patrick Dupond, P.s : Chirurgie esthétique : 22.45 Quelque chose demeure ici. Woody Allen (Etats-Unis, 1975, v.o., la folie plastique ches les ados. 0.45 E = M 6 découverte. Invités : Claude Allègre ; & le talent insolent. Téva Douglas Jackson %. TF 1 85 min) . Cinétoile 23.15 Campus, le magazine de l'écrit. Jean-Christophe Mitterrand ; aa Erik Israelewicz ; Jacques Attali ; 22.50 Les Secrets de la Méditerranée. 23.45 Les Amants du Tage. 22.10 L'Etoffe des héros Les livres qui révèlent les coulisses Raphaëlle Bacqué ; Julian Barnes ; La lagune de Venise. Odyssée David Delrieux. Festival Philip Kaufman (Etats-Unis, 1983, de la campagne électorale. RADIO & David Lodge ; Eric Reinhardt ; 190 min) . CineCinemas 2 0.45 Journal de la nuit, Météo. 23.30 Sujet tabou. aa Pierre Senges. France 2 Tuer est mon métier. France 3 SÉRIES 22.40 Shakespeare in Love John Madden (Etats-Unis, 1998, FRANCE-CULTURE 23.35 Les Enfants de la danse. Téva & FRANCE 3 DOCUMENTAIRES 19.55 Les Anges du bonheur. 125 min) . CineCinemas 1 20.30 Michel Foucault Manny &. Téva aa SPORTS EN DIRECT 23.50 La Fiancée des ténèbres 18.20 Questions pour un champion. et la littérature. 17.15 Le Chemin de fer 22.30 L'Instit. Le Mot de passe. TV 5 Serge de Poligny (France, 1945, 18.45 La Santé d'abord. Un si cruel savoir, sur Crébillon. du diable. Odyssée 22.30 The Practice. Hiérarchies. Série Club 85 min). Arte 20.00 Basket-ball. aa 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. 21.00 Le Gai Savoir. 17.35 Microbes. [4/4]. Euroligue masculine. Panathinaïkos - 23.55 Six Feet Under. 0.25 Le Mariage de Chiffon 20.15 Tout le sport. Invité : Guillaume Pigeard de Gurbert. La révolution biologique. Planète Pau-. Pathé Sport An Open Book (v.o.) %. Canal Jimmy Claude Autant-Lara (France, 1941, 22.00 Journal. 100 min) &. CineClassics 20.20 Le Journal du Dakar. 20.55 Police Python 357 a 22.10 Multipistes. Film. Alain Corneau %. 22.30 Surpris par la nuit. 23.00 Météo, Soir 3. 23.30 Sujet tabou. Tuer est mon métier %. FRANCE-MUSIQUES 0.25 Europeos. étaient peuplées à 50 % de ces 20.00 Festival de Lucerne. TF 1 Arte Donné le 15 septembre 2001, cathares, dits « albigeois ». Reli- CANAL + au Palais de la Culture et des Congrès 20.55 Fabio Montale 22.15 Thema : gieux dualistes, pour lesquels il exis- de Lucerne, par l'Orchestre 17.20 Fourmiz a philharmonique de la Scala, Le premier volet de cette série de L’aventure cathare tait un Dieu supérieur et un Dieu Film. Eric Darnell et Tim Johnson &. dir. Riccardo Muti : œuvres de Rossini, fiction adaptée de la trilogie poli- Les XIIe et XIIIe siècles sont en Occi- inférieur, les cathares croyaient en f En clair jusqu'à 20.44 Stravinsky, R. Schumann. 22.00 En attendant la nuit. cière de Jean-Claude Izzo a battu dent des temps rudes et violents, l'origine divine de l'âme, enfermée 18.40 Dieu, le Diable et Bob &. 19.05 Le Journal. 23.00 Jazz, suivez le thème. des records d’audience, jeudi 3 jan- marqués par des poussées de dissi- dans une « tunique de peau » dont Taking a Chance on Love. 19.25 + de cinéma, + de sport. vier. Plus de douze millions de dence religieuse. C'est sur ce ter- elle devait s'affranchir. Diffusé en 19.50 Le Zapping. téléspectateurs ont suivi les aven- reau que le catharisme s'est déve- ouverture d'une passionnante 19.55 Les Guignols de l'info. RADIO CLASSIQUE tures de ce policier marginal en fin loppé. Apparu dans les Balkans thema, Les Cathares, documentaire 20.05 Burger Quiz. 20.00 Les Rendez-Vous du soir. de carrière, interprété par Alain vers 950, il a rapidement essaimé de l'historien Michel Roquebert et 20.45 Soirée Sundance. Œuvres de Granados, Albeniz, 1.35 Halloween, la nuit Memento a De Sarasate, Rodrigo. Delon. Le deuxième épisode, dif- dans l'Europe entière. C'est en de l'archiviste paléographe Anne e des masques aa Film. Christopher Nolan %. 20.40 XXII Festival Piano aux Jacobins. fusé ce soir, est tiré de Chourmo et France qu'il allait le plus rapide- Brenon, réalisé par Cherma Sar- 22.35 Roberd Redford, interview &. Œuvres de Haydn, Mozart, John Carpenter. & réalisé par José Pinheiro. Sans ment prendre racine : en 1200, cer- miento, retrace la trajectoire de Avec Donald Pleasence, 23.25 Trois saisons. Film. Tony Bui . Brahms, R. Schumann. Jamie Lee Curtis (Etats-Unis, 1978, 1.10 Notre-Dame de Paris 22.50 Les Rendez-Vous du soir (suite). grande subtilité mais efficace. taines contrées du Languedoc cette « religion alternative ». v.o., 85 min) ?. Cinéfaz Film. Jean Delannoy. Œuvre de Mahler.

VENDREDI 11 JANVIER GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 18.30 Didier Daeninckx. 18.30 Ton Koopman dirige J.-S. Bach. 13.05 Cet obscur objet du désir aa TÉLÉVISION FRANCE 5/ARTE L'état des lieux. Planète Enregistré en 1997. Luis Buñuel (France, 1977, 18.30 Bibliothèque Médicis. 18.30 Sous la mer. Par l'Amsterdam Baroque Orchestra 105 min) %. CineCinemas 2 13.45 Le Journal de la santé. et l'Amsterdam Baroque Choir, Désir d’Europe. Avec Jacques Delors ; Maldives, la raie aigle de mer. Voyage aa TF 1 dir. Ton Koopman. Mezzo 14.50 L'Etoffe des héros 14.05 Espagne. Des royaumes musulmans Pierre Moscovici ; Jean-Marc Ferry ; Philip Kaufman (Etats-Unis, 1983, 19.00 Biographie. Boris Eltsine, le choix 13.55 Les Feux de l'amour. à l'Union européenne. Jean François-Poncet. Public Sénat 19.30 Classic Archive. 185 min) &. CineCinemas 2 15.05 Voyance, fantasme ou réalité ? du peuple. La Chaîne Histoire David Oïstrakh (violon). Mezzo 14.45 Le Mariage de mon ex. 15.45 Zoulou aa 16.05 Nagaland interdit. 19.00 Pilot Guides. Thaïlande, Laos. Voyage 20.30 Kenny Burrell Trio. Téléfilm. Harvey Frost. MAGAZINES Cy Endfield (GB, 1964, v.o., 17.05 Les Refrains de la mémoire. 19.20 La Vie des oiseaux. [9/10]. Enregistré en 1990. Muzzik 135 min) &. Cinétoile 16.25 Alerte à Malibu. 13.00 Explorer. Grandes aventures. Les difficultés parentales. Planète 22.15 Marciac Sweet 99. 17.20 Melrose Place. 17.35 100 % question. La bataille de Berlin, le pont aérien 19.55 Notre XXe siècle. Avec Charlie Haden, batterie ; 18.10 et 1.25 Star Academy. 18.05 C dans l'air. de 1948. Sur les murailles de glaces La conquête de l'espace. Odyssée Gary Foster, timbales ; 19.00 Tracks. de la Terre de Baffin (Arctique 18.55 Le Bigdil. Alan Broadbent, piano ; 19.45 Arte info, Météo. canadien). Chasseurs 20.00 A la recherche Larance Marable, percussions. Muzzik 19.55 Météo, Journal, Météo. de tornades. National Geographic du sous-marin I-52. Nat. Geographic 20.50 Stars à domicile. 20.15 Reportage. La Guerre de l'eau. 22.50 Tchaïkovski. 20.45 Deux femmes à Paris. 16.05 Recto Verso. [5/8]. Quatuor n˚1 en ré majeur, opus 11. 23.10 Sans aucun doute. 20.15 Asie du Sud-Est. Téléfilm. Caroline Huppert. Bertrand Tavernier. Paris Première Laos, les paysans et le riz. Planète Enregistré en 1987. 17.00 Les Lumières du music-hall. Avec Mikhaïl Kopelman (violon), 22.25 La Vie en face. 20.15 Hollywood Stories. Andrei Abramenkov (violon), FRANCE 2 La Fabrique des juges. Antoine. Le Grand Orchestre Roman Polanski. Paris Première du Splendid. Paris Première Dmitri Chebaline (alto), 23.20 Profils - La Revue. 20.15 Reportage. La Guerre de l'eau. Arte Valentin Berlinski (violoncelle). Mezzo 13.55 Derrick. 17.10 et 21.10 100 % Politique. 15.00 Un cas pour deux. 0.30 Le Dessous des cartes. Arménie 21.00 Tueurs nés. [7e volet]. Les prédateurs 23.15 Cecil Taylor au piano solo. [2/2] : Vieille nation, nouvel Etat. Invités : Jean Glavany, Stéphane Rozès, 16.05 Commissaire Lea Sommer. Alain-Gérard Slama. LCI de l'océan. National Geographic Festival de Munich 1984. Muzzik 0.40 Miracle à Milan aa 16.50 Un livre. 18.05 C dans l'air. France 5 21.00 Mémoire de l'Europe. 23.45 J.-S. Bach. Oratorio de Noël. Film. Vittorio De Sica. [8/10]. Economie. Histoire Enregistré en 1982. 16.55 Des chiffres et des lettres. 18.40 Le Club de l’Economie. Par le Concentus Musicus de Vienne 17.30 Pyramide. Invité : Jean-François Théodore. LCI 21.00 André Ceccarelli. et le Tölzer Knabenchor, M6 A cœur battant. Muzzik dir. Nikolaus Harnoncourt. Mezzo 18.05 Friends. 19.00 Explorer. Volcans d'Islande. 18.55 On a tout essayé. 13.35 Soleil de cendre. L'ours des Andes. 21.00 La Nouvelle-Zélande. Banc de sable Téléfilm. Carl Schenkel &. 16.05 Sixième sens aa 19.50 Un gars, une fille. Déluge au Brésil. National Geographic du bout du monde. Voyage TÉLÉFILMS 15.25 Destins croisés. M. Night Shyamalan. 20.00 Journal, Météo, Point route. 19.00 Tracks. The White Stripes. Vibrations : 22.00 Océan de cristal. Nat. Geographic 16.20 M6 Music. 18.25 Trois saisons. Edwin Baily. TPS Star Avec Bruce Willis, 20.55 Nestor Burma. Electro-Sound mexicain. Arte 22.05 Paroles de détenus. Odyssée Haley Joel Osment (Etats-Unis, 1999, 18.45 Un pique-nique chez Osiris. La Plus Noble Conquête de Nestor &. 17.30 Le Pire du Morning. 20.05 Open club. 105 min) ?. Canal + 22.25 La Vie en face. Nina Companeez. [2/2]. Festival 22.30 Bouche à oreille. 17.55 Le Flic de Shanghaï. Daniel Toscan du Plantier. CineClassics La Fabrique des juges. Arte 16.35 S'en fout la mort aaa 18.54 Compagnon de route. 19.05 La Couleur de l'amitié. Claire Denis (France, 1990, 22.35 Commissaire Montalbano. 20.10 La Vie des médias. 23.00 Les Secrets Kevin Hooks. Disney Channel Le Voleur de goûter &. 18.55 The Sentinel. L’année 2002 vue par les publicitaires. 90 min) &. Cinéfaz du « Titanic ». National Geographic 19.54 Le Six Minutes, Météo. Invité : Jean-Marie Colombani, 20.40 L'ennemi est parmi nous. 16.40 Pandora aaa 0.30 Journal, Météo. Jonathan Darby %. Festival & directeur du Monde. LCI 23.20 Les Aventuriers Albert Lewin (Etats-Unis, 1951, 0.50 Passion Dakar. 20.05 Malcolm. Lundimanche . 20.10 L'Hebdo. Spécial présidence belge : de l'Egypte ancienne. Les Egyptiens 20.45 Deux femmes à Paris. 125 min). Festival 1.20 Envoyé spécial. 20.38 Un jour à part. Ces dames de la présidence. RTBF 1 à la recherche de leur passé. Caroline Huppert. Arte 16.50 La Main du diable aa 20.40 Caméra Café. 20.55 Thalassa. Les Galapagos. France 3 Une saison à Saqqarah. Histoire 20.45 L'Avocat du démon. Maurice Tourneur (France, 1942, FRANCE 3 20.50 Invasion. 0.30 Les Secrets de la Méditerranée. Jeff Bleckner %. RTL 9 80 min) &. CineClassics Téléfilm. Armand Mastroianni %. 21.00 Une histoire de spectacle. aa 13.55 C'est mon choix. Invité : Patrick Bosso. Paris Première La lagune de Venise. Odyssée 20.50 Pour une poignée de diamants. 17.30 Parade de printemps 0.00 Nuit Buffy contre les vampires. Roger Young. [1 et 2/2]. TF 6 Charles Walters (Etats-Unis, 1948, 15.00 Mensonge et trahison. Facteur Yoko &. Phase finale %. 21.55 Des livres et moi. Paris Première SPORTS EN DIRECT 20.50 Invasion. 105 min). TCM Téléfilm. Larry Peerce. Cauchemar %. 22.40 On ne peut pas plaire Armand Mastroianni. [1 et 2/2] %. M6 18.55 Allemagne année zéro aaa 16.30 MNK. 13.30 Combiné nordique. à tout le monde. France 3 21.05 Une niche pour deux. Roberto Rossellini (France - Italie, 17.35 A toi l'actu@. Coupe du monde. Epreuve de ski 1947, 70 min). Histoire RADIO 22.50 Paris dernière. de fond (7,5 km). Eurosport Alex Zamm. Disney Channel 17.50 La Piste du Dakar. 19.15 Une bringue d'enfer aa 18.15 Un livre, un jour. Spéciale Marseille. Paris Première 14.15 Biathlon. Coupe du monde. SÉRIES Kevin Reynolds (Etats-Unis, 18.20 Questions pour un champion. FRANCE-CULTURE 23.05 Chacun son monde, le sens 10 km poursuite dames. Eurosport 1985, 90 min). TCM du voyage, le voyage des sens. 18.30 Football. Tournoi d'Antalya (Turq.). 18.15 L'Instit. Le Mot de passe. TV 5 18.50 Le 19-20 de l'info, Météo. 19.30 Appel d'air. Boréale attitude. Invitée : Danielle Mitterrand. Voyage Göteborg - Fenerbahçe. Eurosport 18.35 Ricky ou la belle vie. 20.15 Tout le sport. 20.30 Black and Blue. 23.20 Profils. La Revue. 20.30 Football. Tournoi international Ça c'est de la conduite. TMC 20.20 Le Journal du Dakar. Invité : Georges Paczynski. Invité : Jean Nouvel. Arte de Maspalomas. Finale. Eurosport 18.55 The Sentinel. 20.55 Thalassa. Les Galapagos. 21.30 Cultures d'islam. 20.45 Football. Championnat de France D1. Témoin à charge &. M6 22.15 Météo, Soir 3. 22.00 Journal. DOCUMENTAIRES Lille - Lens. Canal + 19.00 Les Rues de San Francisco. 22.40 On ne peut pas plaire 22.10 Multipistes. Le clown de la mort. 13ème RUE à tout le monde. 22.30 Surpris par la nuit. 17.05 Les Refrains de la mémoire. DANSE [1/23]. Nouvelle vague, 1960. France 5 19.55 Le Caméléon. 0.45 Ombre et lumière. 0.05 Du jour au lendemain. Chute libre. Série Club 17.05 Les Mystères de l'Histoire. 21.00 Russlan et Ludmila. Invasion EU. La Chaîne Histoire Chorégraphie d'Andreï Petrov. 20.45 New York District. La loi du silence. CANAL + FRANCE-MUSIQUES Un secret bien gardé %. 13ème RUE 17.25 Al-Qantara Musique de Glinka. Enregistré en 1993. Par le ballet du Kremlin. Mezzo 15.40 La Légende des animaux. 18.00 Le Jazz est un roman. 20.55 Cadfael. & ou vacances en exil. Planète Le Moineau du sanctuaire %. TMC Le loup et le fantôme de la taïga . 19.05 Le Tour d'écoute. aa 17.30 D'îles en îles. Saint-Martin. Voyage MUSIQUE 20.55 Nestor Burma. La Plus Noble 16.05 Sixième sens 20.00 Concert franco-allemand. Film. M. Night Shyamalan ?. 18.00 Retour à la vie sauvage. Conquête de Nestor &. France 2 En direct. Par l'Orchestre 17.45 et 20.35, 23.30 Beethoven. 17.50 Star Hunter. philharmonique de Radio France, L'ours polaire 22.35 Commissaire Montalbano. Coriolan, ouverture en ut mineur. & f En clair jusqu'à 20.05 dir. Myung-Whun Chung : œuvres emprisonné. National Geographic Enregistré en 1975. Par l'Orchestre Le Voleur de goûter . France 2 de Brahms : Symphonie n˚1 op. 68 ; 18.05 Notre XXe siècle. philharmonique de Berlin, 23.20 Les Chemins de l'étrange. 18.40 Tom et Jerry. Symphonie n˚2 op. 73. ème 21.00 Un homme dans la foule aaa Cent ans de féminisme. Odyssée dir. Herbert von Karajan. Mezzo Strike two. 13 RUE 18.50 Dieu, le Diable et Bob. Lettres à des amies-enfants, Elia Kazan. Avec Andy Griffith, 22.30 Alla breve. Patricia Neal (Etats-Unis, 1957, v.o., 19.15 Le Journal. de Ballereau, par l'Ensemble SIC, 120 min) &. Cinétoile 19.25 + de cinéma. Spécial Sundance. Jody Pou, soprano. 22.45 Jazz-club. 22.10 West Side Story aa 19.40 + de sport. Robert Wise et Jerome Robbins 19.50 Le Zapping, Les Guignols. (Etats-Unis, 1960, 150 min). Festival 20.05 Football. Championnat D 1 : RADIO CLASSIQUE politique, a des fréquentations a Lille - Lens. Arte TPS Star 22.45 Brubaker 20.00 Les Rendez-Vous du soir. d'extrême droite. Le contexte est Stuart Rosenberg (Etats-Unis, 1980, 22.50 Encore + de cinéma. Œuvres de Rebel, Couperin, 130 min) %. CineCinemas 3 20.45 Deux femmes à Paris connu : Munich, 1939, la débâcle, 23.10 Les Vestiges du jour aa 23.00 La Plage Leclair, De Mondonville. 23.00 La ville gronde aa Film. Danny Boyle %. A l'origine, une histoire vraie, celle l'Occupation, Vichy et les lois anti- D’après un livre de Kazuo Ishi- 20.40 Debussy et ses peintres. Mervyn LeRoy (Etats-Unis, 1937, v.o., 0.55 « La Plage ». Le making of. 22.42 Les Rendez-Vous du soir (suite). 100 min). TCM de Maya, la mère de Nine et de juives... Ici, l'originalité réside guro, une chronique du temps 1.10 Raccroche ! Œuvres de Vanhal, Beethoven. aa Serge Moati, jeune juive tuni- dans le fait qu'il s'agit d'un film passé (ici centrée sur l’aristocratie 23.10 Les Vestiges du jour Film. Diane Keaton (v.o.) &. 0.00 Les Nuits de Radio Classique. James Ivory (Etats-Unis, 1993, sienne qui suit son mari, journa- essentiellement féminin, écrit par britannique d’avant-guerre et ses 128 min) &. TPS Star liste au Populaire de Léon Blum, à Nine Moati, réalisé par Caroline serviteurs) comme les affectionne 0.25 Quatre mariages SIGNIFICATION DES SYMBOLES Paris. Nous sommes en 1934. Iso- Huppert et produit par Françoise particulièrement le réalisateur aa et un enterrement Les codes du CSA Les cotes des films lée, Maya (Romane Bohringer) se Castro, qui raconte une belle his- James Ivory. Reconstitution soi- Mike Newell (Grande-Bretagne, 1994, & aaa 115 min) &. Cinéstar 1 Tous publics On peut voir lie d'amitié avec Maud (Julie toire d'amitié et de solidarité entre gnée, belles images, réalisation % Accord parental souhaitable a aa A ne pas manquer 0.40 Ziegfeld Follies aaa ? aaa Depardieu), une modiste délurée deux femmes, Maud et Maya, psychologique feutrée, interpréta- Accord parental indispensable Chef-d’œuvre ou classique Vincente Minnelli (Etats-Unis, 1946, ? ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + habitant son immeuble. Maya est appartenant à deux camps enne- tion impeccable d’Anthony Hop- v.o., 110 min). TCM ! DD Dernière diffusion aa Public adulte de gauche tandis que Maud, géné- mis. Un film où les hommes sont kins et Emma Thompson. Un beau 0.45 Adieu, poulet ? Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Pierre Granier-Deferre (France, # Interdit aux moins de 18 ans les sourds et malentendants reuse mais sans réelle conscience quasi inexistants. travail d’adaptation littéraire. 1975, 90 min) &. Cinétoile 30

VENDREDI 11 JANVIER 2002 Une autre enquête ouverte en Suisse Bruxelles Campagne d’en France veut casser par Pierre Georges vise les comptes de M. Marchiani CENT JOURS ? Oui cent jours, jours pour perdre, cent, ni plus ni le monopole pile-poil, avant le premier tour de moins. A cheval, tous, c’est main- la présidentielle, le 21 avril. C’est tenant ou jamais. Rompez. » D’importantes sommes proviendraient de l’homme d’affaires Iskandar Safa des concessionnaires drôle comme un chiffre rond, faci- Oui, on imagine tout cela, et lement convertible sans fabuleux comme déjà une odeur de pou- LA JUSTICE suisse enquête elle Genève, provoquant ainsi l’ouver- reste. Nous avons fait des affaires BRUXELLES convertisseur, peut surprendre. dre sur le doux pays de France. aussi, parallèlement à la justice ture de plusieurs procédures pour ensemble, avant qu’il devienne pré- de notre bureau européen Cent jours déjà ? Encore ! A pei- Ou alors des affiches placardées française, sur les liens financiers « blanchiment ». fet, mais il n’a jamais travaillé pour Bruxelles veut introduire davanta- ne ! Si peu ! aux murs de la cité pour nous unissant les deux négociateurs de L’une d’entre elle aurait établi moi ni été employé par une de mes ge de concurrence dans la distribu- Mais alors, demain c’est bien- dire que, si la mobilisation n’est l’affaire des otages du Liban : l’existence de mouvements de sociétés ». M. Safa avait néanmoins tion automobile européenne : le tôt ! L’élection arrivant à la vites- pas l’élection, cela y ressemble l’homme d’affaires franco-libanais fonds réguliers entre des comptes ajouté : « Mon amitié pour lui est tel- commissaire Mario Monti vient de se d’un cheval au galop, hop, furieusement. Iskandar Safa et le député euro- ouverts en Suisse par Iskandar Safa le que s’il avait besoin de mon aide, boucler un projet législatif qui hop, hop, trois mois pour fran- Cent jours, et pour les plus bra- péen (RPF) Jean-Charles Marchia- et ceux de Jean-Charles Marchiani. même financière, je serais là. » modifie les règles actuelles, au pro- chir la rivière des tribunes. Et ves, ou plutôt les plus nombreu- ni. Les développements de cette Durant une période allant de la fin fit des consommateurs. Il devrait nous qui n’avons rien vu venir. ses troupes, toujours pas de chefs instruction, conduite à Genève par des années 80 jusqu’à 1997, l’hom- « JE NE VEUX PAS RÉPONDRE » faire l’objet d’une adoption par la Sans angoisse particulière. Ni déclarés. Au sens de la déclara- le juge Daniel Devaud, ont suscité me d’affaires aurait versé plusieurs L’entourage de M. Marchiani, indi- Commission le 30 janvier. remords notable. Il faut dire que tion la plus évidente, la plus néces- l’interrogatoire de M. Safa, en qua- millions de francs au collaborateur quait, lui, ces derniers jours, que Actuellement, la distribution nous avons tous des explications saire qui soit : « Cette campagne, lité de témoin, à l’automne 2001, de Charles Pasqua. Ancien agent l’ancien préfet aurait sollicité à plu- automobile est régie par un systè- à faire valoir, et même des mots j’en serai, j’en suis, j’y vais, nous y soit plusieurs mois avant que celui- des services secrets français – dont il sieurs reprises une « aide financiè- me dérogatoire aux règles commu- signés par les autorités les plus allons. En route, cap sur l’Elysée, ci ne soit visé par un mandat d’ar- fut écarté en 1969 –, M. Marchiani re » auprès de certains proches, nautaires, qui combine les princi- compétentes – le mollah Omar, vive la France ! » Pas de chefs rêt international, émis à son encon- avait ensuite entrepris une carrière dont M. Safa, afin d’assurer sa pro- pes de « sélectivité » et d’« exclusivi- Wim Duisenberg et le Père donc, mais déjà l’ombre ici du tre par la juge parisienne Isabelle privée : secrétaire général de Servair tection alors qu’il redoutait la mena- té » : les constructeurs choisissent Noël – à présenter pour excuser grand chef sortant, là du grand Prévost-Desprez (Le Monde daté (1976 – 1980) puis du groupe Méri- ce de groupes islamistes. Interrogé leurs revendeurs et, en échange, cette approche buissonnière d’un chef probable. Bien au chaud der- 6-7 janvier 2002). dien (1980 – 1983), avant d’intégrer en qualité de témoin par la brigade leur assurent une sorte de monopo- événement majeur. rière leurs troupes précisément, Mercredi 9 janvier, le procureur le cabinet de M. Pasqua au ministè- financière dans le cours de l’affaire le territorial. Ils leur réservent la Cent jours. Autant dire une car tout l’art est de ne pas sortir général de Genève, Bernard Bertos- re de l’intérieur (1986 – 1988), sous Falcone, au printemps 2001, le fils vente, mais aussi les prestations de campagne d’en France. Et déjà, prématurément de la tranchée. sa, a confirmé au Monde qu’une la première cohabitation – période de M.Marchiani avait indiqué que service après-vente. Les associa- dans les états-majors, une appro- Histoire de ne tromper personne, « le financement de la protection [de tions de consommateurs considè- che qui doit se faire nettement et surtout pas l’adversaire. son père] à l’étranger est assuré par rent que ce système leur est défavo- plus fiéreuse que la nôtre. On Patience. De toutes les maniè- Otages du Liban: un ancien ambassadeur accuse des personnalités chrétiennes ». Lui- rable. Les concessionnaires les plus imagine les plans déroulés sur la res, l’élection viendra à qui sait même mis en examen dans ce dos- dynamiques déplorent de ne pou- table et les stratèges déjà à l’œu- attendre. Et nous sommes tous La droite, qui n’était pas encore au pouvoir, négociait en parallè- sier, le 22 mai 2001, pour « recel voir vendre des voitures sur le terri- vre. On imagine les fourriers rap- totalement capables d’attendre, le, en mars 1986, le sort des Français détenus au Liban, a affirmé d’abus de biens sociaux » et « trafic toire d’un confrère. Ils n’ont pas pelés, car sans fourriers point de pas encore aspirés par l’enjeu, ni sur Radio France internationale (RFI), mercredi 9 janvier, Eric Rou- d’influence », l’ex-préfet avait décla- non plus le droit de vendre, chez bottes et sans bottes point de vraiment saisis par une frénétique leau, l’ancien ambassadeur de France en Tunisie, que François Mit- ré au juge Courroye : « Je suis mena- eux, des voitures à une personne bruit afférent et nécessaire à la envie de voter. Pas même, impa- terrand avait chargé d’une mission afin d’obtenir la remise en liber- cé par des organisations. Un certain qui serait en fait un intermédiaire métaphore militaire. On imagine tients, au balcon du grand Opéra té des otages. Cette initiative aurait retardé de deux ans la libéra- nombre de personnalités etrangères soucieux de revendre à bas prix, et les trésoriers, convertis eux à national, à taper des pieds : tion des Français détenus par le Hezbollah, selon M. Rouleau. Ce assurent ma protection à l’étranger non un client final. l’euro, nerf précisément de la « Commencez, commencez ». dernier dit avoir été chargé, le 7 mars 1986, d’une « mission secrète sur lesquelles je ne peux pas parler Ce règlement devant expirer en guerre élective. On imagine le Cent jours. Le compte à en Iran pour essayer de libérer tous les otages de l’époque ». Arrivé à sinon pour dire que même dans la lut- septembre 2002, les services de rappel des militants, même ceux rebours débute qui se finira, pour Tunis, « une connaissance », Abou Iyad, chef du renseignement de te contre le terrorisme, elles n’ont Mario Monti ont décidé d’imposer de la territoriale, préposés à la les défaits, par un compte à l’OLP, lui aurait déclaré, en « ricanant » : « Mon cher ami, vous arri- jamais été en infraction avec les lois aux concessionnaires de choisir garde des marchés, gares et revers. Les sondages sont dans vez trop tard, les dirigeants de l’opposition de la droite ont déjà fait des pays d’accueil ». entre la sélectivité et l’exclusivité. Si autres tréteaux. leur phase horloge comtoise qui des propositions alléchantes. Vous allez perdre votre temps. » Selon Questionné sur l’existence de les constructeurs optent pour l’ap- On imagine qu’on ne rigole disent oui, qui disent non. Et les M. Rouleau, les libérations, qui étaient acquises le 13 mars 1986, comptes qu’il détiendrait à l’étran- proche sélective – cas le plus proba- plus, mais alors plus du tout, aux services de communication avaient été annulées le lendemain. ger, et sur lesquels il aurait perçu des ble –, les revendeurs n’auront plus petits déjeuners de travail et qu’il œuvrent. Par exemple, cette « commissions », M. Marchiani avait de monopole géographique. Ils s’y trouve toujours un père sévè- main amicale de Lionel Jospin sur déclaré : « Sur tout ce qui concerne pourront, réciproquement, démar- re pour sonner le rappel et interdi- l’épaule de Jacques Chirac ! Quel- information judiciaire pour « blan- durant laquelle il négocia la libéra- l’étranger, je ne veux pas répondre ». cher chez les autres. Si les construc- re la dissipation : « Camarades, le trouvaille ! Quelle humanité ! chiment d’argent » était en cours tion des otages français au Liban. Il Dans une note transmise à la jus- teurs optent pour l’exclusivité, le compagnons, amis, cent jours ! Quel beau bris d’armure, juste depuis le mois de mars 2001. retrouva ensuite le monde des affai- tice le 19 janvier 2001, la DST évo- distributeur ne pourra pas démar- Cent jours pour gagner, cent avant les hostilités ! Cette procédure avait été diligen- res entre 1988 et 1993, en tant que quait l’existence de versements, en cher ailleurs que dans sa zone, mais tée à la suite de commissions roga- conseiller pour le Moyen-Orient du espèces et en chèques, de M. Safa au il sera libre de vendre à tous les toires adressées au mois de janvier groupe Thomson. profit de M. Marchiani ou de son clients qui se présenteront chez lui. précédent par les juges Philippe Son retour auprès de M. Pasqua, entourage. Le document suggérait Dans les deux cas, les concession- DÉPÊCHES Courroye et Isabelle Prévost-Des- en 1993, sous la deuxième cohabita- que l’origine de ces fonds pourraient naires ne seront plus contraints de a DANEMARK-UNION EUROPÉENNE : le ministre danois des affai- prez, dans le cadre de l’affaire Fal- tion (1993-1995), prélude son entrée être liée à l’affaire des otages. «Il proposer un service après-vente, res étrangères, Per Stig Moeller, a évoqué, mercredi 9 janvier à Copen- cone – les ventes d’armes vers l’An- en politique. Nommé préfet du Var s’agirait d’une partie de la rançon tandis que des réparateurs agréés hague, l’éventualité d’un référendum sur l’adoption de l’euro par son gola –, à la justice genevoise. Les par M. Chirac en 1995, il fut candi- débloquée par l’Etat français et conser- seraient libres de pratiquer ou non pays dans le courant de l’année 2003. A 53 %, les Danois avaient dit magistrats français recherchaient dat à la mairie de Toulon en 2001, vée par les négociateurs, en l’occurren- la vente d’automobiles. « non » à la monnaie unique lors de la consultation populaire de septem- la trace de comptes bancaires éven- après s’être fait élire au Parlement ce MM. Marchiani et Safa », indiquait Enfin, la Commission souhaite bre 2000. – (AFP.) tuellement détenus par des person- européen sur la liste de M. Pasqua la note – publiée dans Le Monde du favoriser la vente multimarques : a ÉTATS-UNIS : le secrétaire américain à l’énergie, Spencer Abra- nalités impliquées dans le dossier en 1999. 8 janvier. Tous les responsables et les concessionnaires pourront ham, a annoncé mercredi, au Salon de l’automobile de Detroit, le lance- Falcone – entre autres Charles Pas- M. Safa, qui se trouve à l’étranger protagonistes de l’époque ont démen- exposer des marques différentes ment d’un projet de recherche sur les automobiles à piles à combustible. qua, Jean-Charles Marchiani, Jean- et a annoncé son intention de se pré- ti l’existence d’une telle « rançon ». sur un même point de vente, alors Cette initiative, baptisée « Freedom CAR », se substitue à un program- Christophe Mitterrand. La senter prochainement à la justice que pour l’instant ils doivent créer me lancé en 1994 par l’administration Clinton pour développer une auto- révélation publique de cette française (Le Monde du 8 janvier), Hervé Gattegno des sociétés différentes et des mobile consommant moins de 3 litres d’essence aux 100 km. – (AFP.) demande d’entraide avait conduit avait indiqué, à propos de M. Mar- et Fabrice Lhomme sites séparés. plusieurs banques suisses à se chiani : « C’était un ami bien avant Tirage du Monde daté jeudi 10 janvier 2002 : 494 483 exemplaires. 1-3 manifester auprès du parquet de l’histoire des otages du Liban et il le f www.lemonde.fr/pasqua-affaires Rafaële Rivais

Dans 0123 du lundi 14 janvier daté mardi 15 janvier 2002 Découvrez un 123 plus complet

Nouveau : retrouvez une page quotidienne “Union européenne”… Mais aussi, chaque jour, plus d’informations sur la vie des entreprises, de nouvelles pages Bourse… Plus de sciences, de sports, de nouvelles technologies et plus de culture… de toutes les cultures. VENDREDI 11 JANVIER 2002

DOSSIER ESSAIS Sous le signe de Paris : Guerre et terrorisme : le grand œuvre André Glucksmann, de Karlheinz Stierle François Heisbourg, Page II Michael Barry, Philippe PATRICK CHAMOISEAU HISTOIRE Muray, Emmanuel Goujon... LE MONDE DES LIVRES DE POCHE Page IV Logiques de résistance Page IX Page XI Pages V à VIII

Pierre Senges oiseaux, les insectes, les serpents ment à miner toute une civilisa- dans le Jardin botanique pour disséminer les pollens d’al- tion urbaine est-il salubre ou de Grenoble. lergies, encourage la prolifération non ? Ce cinglé vise-t-il à transfor- des algues tueuses et étudie leur mer sa ville peuplée d’endormis, acheminement sans obstacles de de résignés, et d’aigris sans fou- des instruments de vengeances, la mer aux lavabos. gue en jardin d’Eden ? Est-ce un de pieds de nez ou d’attentats Le délire de cet adventiste pour paradis dont il plante les racines, expédiés à d’anciennes connais- qui le lierre grimpant constitue après avoir envisagé de lever une sances honnies. Dans Ruines-de- une armée des ombres est prétex- armée de révolutionnaires chena- Rome, qui joue encore sur l’inven- te à cours de jardinage autant que pans, de conduire une croisade taire encyclopédique, la profu- d’insurrection ; il vous apprend à tel le joueur de flûte de Hamelin sion verbale ludique et érudite, faire la différence entre laurier entraînant dans son sillage la hor- l’utilisation d’un corpus scientifi- sauce et laurier rose. C’est un his- de des révoltés bougons et des que pour refaire le monde, l’im- torien redoutable qui vous rappel- contribuables contrariés, de pro- précateur misanthrope est un le qu’en 1897, aux Etats-Unis, la voquer une crue d’eaux dorman- employé du cadastre qui sème la jacinthe d’eau causa tant de tes emportant portefeuilles, mauvaise graine. Millénariste dégâts (« invasion, débordements, ministres et marchands de bien décidé à activer le processus de chaussées rompues, accrocs divers, dans un inexorable raz de marée, l’Apocalypse, il se mue en jardi- cultures étouffées sous le poids de d’improviser une fronde de chif- nier prédateur. C’est un insoumis, la mauvaise herbe ») que le secré- fonniers convertis à l’urgence un fonctionnaire incorrect. Devin tariat d’Etat à la guerre envoya d’un recyclage écologique et pervers, élucubrateur d’oracles sur le terrain des anciens soldats moral ? catastrophes, régisseur de prophé- du général Grant. Ce coquin Binant subtilement les champs ties macabres, criminel de la mau- entretient par ailleurs une idylle de l’ambiguïté, octroyant à son vaise augure, il lit la Bible à platonique avec sa voisine de insurgé des traits de caractère l’envers. potager, surnommée dame- fleur bleue et des fantasmes à Ce solitaire, « célibataire que les d’onze-heures, dont il imagine la l’eau de rose, Pierre Senges ne chats finissent par quitter l’un nudité d’après le linge qu’elle fait résout pas la question du bien et après l’autre comme les chèvres de sécher sur son balcon, et dont il du mal. Cette restitution de la sau- Seguin », et qui a « même renoncé se demande si elle partagerait sa vagerie considérée comme un des fascination pour l’ac- beaux-arts suggère l’irruption du couplement des lom- meilleur et du pire, la sédition Jean-Luc Douin brics. Il ne dédaigne libératrice comme l’extermina- pas d’être poète, se tion insidieuse, le pieux prosélytis- à l’achat d’un poisson rouge de prenant pour un Arcimboldo du me comme le fascisme de routi- peur qu’il ne devienne, à [son] jeu agraire et parsemant ses plate- ne. Au fil de sa recension, Senges contact, neurasthénique », s’aper- bandes de chimères florales. Le cite l’herbe-à-tous-maux, capable çoit un beau jour qu’un pépin, un paragraphe qu’il consacre aux de soigner toutes blessures, mais noyau négligemment planté au impatientes n’y-touchez-pas, qui nul ne sait si celui qui applique- pied d’un immeuble, une fois ger- le voit penché sur les bulbes et rait ce remède au pied de la lettre mé, fait pénétrer ses racines sous duvets, attentif à faire le tour des en ferait un remède toxique ou les fondations, pousse dans les gaines, oser des frottis, expert en un aphrodisiaque, un poison ou SYLVAIN FRAPPAT POURcaves, « LE MONDE » encercle les parkings, s’in- vaginules, gorges, calices, pétales un élixir de jouvence. troduit dans les bouches d’aéra- et sépales, ne laisse aucun doute tions, lézarde les façades. S’inves- sur ses fantasmes érotiques. (1) Verticales 2000. « Points » Seuil, P 941. tissant dès lors d’une mission radi- Il est une question que le lec- calement rédemptrice (« couvrir teur se posera tout au long de ce RUINES-DE-ROME la ville sous la masse végétale »), programme de mutinerie par le de Pierre Senges. cet hurluberlu à mine de Tourne- sabotage végétal : cet acharne- Ed. Verticales, 252 p., 15 ¤. sol s’enivre de nomenclatures botaniques, choisit les fougères « pour leurs noms de succubes », La révolution cherche inspiration et idées de greffe dans les friches des cimetiè- res, « auprès des concessions per- pétuelles tombées en déshérence ». Il profite de ses nuits blanches pour aller marcotter en douce dans les jardins publics, transfor- mer les rosiers en réseau de ron- ces et d’épines ; lance des galets par les plantes contre la vitre des serres afin d’ouvrir un passage aux lierres, l’une de ses armes destructrices ; aux cactus et aux philodendrons ; Un jardinier entreprend elle prolifère de préférence sur les ensemence clandestinement la façades dévastées et les décom- terre de ses voisins en lançant des de planter bres ; elle doit son nom – symboli- graines à l’aide d’un élastique, ou que – aux tableaux des peintres les crachant « en direction du de mauvaises graines du XVIIIe siècle qui, à l’image meilleur point de chute » après d’Hubert Robert, firent de l’objet avoir initié leur germination par l y aurait aujourd’hui sur et d’étouffer une ville archéologique un ornement pictu- la salive. Terre deux cent quarante mille ral et s’inspirèrent des fouilles Ce semeur de troubles à la Iespèces végétales. Pierre Senges sous la végétation. d’Herculanum pour composer « chorégraphie comique d’éleveur en honore deux cent trente-huit, des paysages de la Rome antique de poules » compte sur l’éclabous- égrenant les charmes vicieux de Avec ce roman étonnant, décadente, sites de cités sacca- sure des autos roulant dans les fla- la renoncule scélérate et de la cen- gées, de ruines envahies d’herbes. ques pour arroser la garance au taurée chausse-trape, de l’ache « Ruines-de-Rome », Les lecteurs du premier roman bord des autoroutes, et sur la pat- rampante, la coquecigrue, la de Pierre Senges, Veuves au te levée d’un épagneul pour queue-de-scorpion, ou du silène on retrouve avec bonheur maquillage (1), savent l’art (jubila- mouiller ses mimosas le long des attrape-mouche, du sarrasin de toire) et la manière (litanique) grands boulevards. Il niche en sif- Tartarie, du désespoir des singes. la nature subversive avec lesquels cet adepte des exer- flotant ses glands dans les pans A-t-il pour autant signé un her- cices de haute voltige littéraire de mur, les barbacanes et les bier sélectif ? Et pourquoi a-t-il de Pierre Senges. célèbre ses cérémonies funèbres. chantepleures, mais aussi dans choisi d’ériger la ruine-de-Rome En quatre cent quatre-vingt-dix- les bureaux à bonne épaisseur de ou cymbalaire des murailles en Un manuel d’horticulture neuf paragraphes déclinés com- moquette, sous les couvertures, couverture ? Il s’agit d’un roman me dans un film de Peter Gree- tapisseries ou coussins de salles orchestré comme un subversif semant les racines d’une naway, il décrivait le lent protoco- d’attente, fauteuils dont la cha- manuel d’horticulture, dont les le taxidermiste selon lequel six leur de tous ceux qui y prendront plantes sont les actrices d’un mutinerie jubilatoire femmes à vocation de mantes reli- place attiseront le processus de la minutieux travail de sape, et où le gieuses déchiquetaient (à sa forêt vierge. Il déplore la dispari- narrateur (faux père tranquille) et d’une apocalypse demande) le corps d’un scribe tion des enragés qui, jadis, soule- conte sa diabolique mise en place grincheux et se servaient de ses vaient les pavés au pied-de-biche d’un chaos. La ruine-de-Rome botanique organes prélevés un à un comme en faisant face aux compagnies aux feuilles palmatilobées est de cadeaux empoisonnés, sordi- républicaines, mobilise les II / LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 dossier b

Un maître livre. C’est assurément la qualification qui Sous le signe de Paris convient à l’essai l’horizon, tel qu’il a été préalable- breuses et admirables sur Baudelai- de Karlheinz Stierle, LA CAPITALE DES SIGNES ment deviné, et aussi désiré, ne re formeraient d’ailleurs à elles seu- Paris et son discours soit jamais perdu de vue. les un livre. Mais il faudrait citer universitaire allemand (Der Mythos von Paris) Jean Starobinski, qui signe la pré- aussi les chapitres sur Rousseau, de Karlheinz Stierle. face du livre et dans la filiation Diderot, Hugo, Balzac, Vigny ou de Constance encore peu Traduit de l’allemand par duquel il faut placer Stierle (né en Nerval… Et peut-être s’étonner de Marianne Rocher-Jacquin, 1936), reprend une expression de l’absence de Rimbaud et de connu en France. préface de Jean Starobinski, ce dernier évoquant « la chaîne de Lautréamont. éd. de la Maison des sciences l’écriture et de la lecture » qui va de Paris est une scène mouvante, Dans « La Capitale des de l’homme, 630 p., 42,68 ¤. la « ville comme texte » aux « textes cachée, souterraine, nocturne, en sur la ville » et vice versa. Ayant même temps qu’exposée au plein signes », passionnante e livre ressemble à son « beaucoup à dire », Stierle « respi- jour, jusqu’à l’obscénité : « Tout ce sujet : étendu, multiple, re large », dit Starobinski. Il s’ins- qui est présent, écrit Stierle, tout ce traversée de Paris insaisissable, privé d’un crit ainsi dans cette « chaîne » qui qui apparaît dans le champ de centre à partir duquel fait de lui non seulement un criti- vision, est déjà rongé par l’absent inspirée de Walter sonC espace entier serait percepti- que, un « lecteur en dernière instan- auquel il renvoie en en masquant la ble, riche en revanche d’une épais- ce », mais l’auteur d’un « texte sur vue. » La ville est elle-même une Benjamin, l’essayiste seur temporelle mesurable car la ville ». Et pas le moindre. « ruche de mots qui ne diversement inscrite. Professeur C’est à Walter Benjamin et à son se taisent jamais ». La démarche de a mis ses pas dans de littérature romane et de théorie livre inachevé et posthume sur les l’essayiste ne tombe cependant de la littérature à l’université de passages parisiens au XIXe siècle jamais dans l’idéalisme qui consis- ceux des écrivains du Constance – où il a succédé en (traduit en français au Cerf en terait à poser un « esprit » préala- 1988 à Hans Robert Jauss –, Karl- 1989) que Karlheinz Stierle a ble au « discours de la conscience XIXe siècle qui, de Balzac heinz Stierle pose dans son impres- emprunté la notion de lisibilité. Et de la ville » et à faire parler cet sionnant ouvrage un concept qui, c’est à partir de Benjamin, dont il esprit, telle une table tournante. à Baudelaire, ont peu à sous sa plume, est à peine une se réclame, qu’il a développé l’idée Dans son introduction, qui est un métaphore : celui de lisibilité, appli- d’un avènement de la modernité irréprochable discours de métho- peu constitué le « mythe qué à Paris, qui peut alors, en toute dont Paris serait le théâtre privilé- de, Stierle – comme Michel Deguy logique, être qualifié de « capitale gié. Mais le mot de théâtre est ina- dans un livre récent (1) – cite Paul de Paris » et participé des signes ». Nous ne sommes déquat, car la capitale française Valéry, qui écrivait en 1937 : «Il donc pas dans l’abus de langage n’est pas d’abord ce décor somp- m’apparaît que penser Paris se com- à l’élaboration qui fait couramment parler de la tueux ou misérable qu’un certain pare, ou se confond, à penser l’es- « lecture » d’un tableau ou d’un nombre d’écrivains secondaires prit même. » Phrase étonnante, stu- de sa « conscience ». film. comme Rétif de la Bretonne ou péfiante même, qui, si on la rappor- Avant de tenter de décrire le pro- Eugène Sue ont imaginé et mis en te à la modernité dont la ville por- Ecrivain, enseignant jet dont ce livre monumental et scène. Plus précisément, nous som- te les signes impossibles à rassem- magnifique de rigueur est l’aboutis- mes encore là à un stade élémentai- bler dans un seul regard, ou un sement (ou peut-être encore l’éta- re, naïf, de la perception. Stade seul livre, fait de Paris le centre de et éditeur à Istanbul, EUGÈNE ATGET/BHVP/ IN « PARIS, EUGÈNE ATGET », ÉDITIONS TASCHEN, 2000 pe…), il convient de saluer le geste qu’un Louis-Sébastien Mercier au « Hôtel du Jura, église Saint-Séverin, rue des prêtres-Saint-Séverin » notre monde spirituel en même e Enis Batur considère de l’essayiste allemand. Un geste XVIII siècle, que Balzac, Hugo, (5e arrondissement de Paris), 1899, par Eugène Atget. temps que physique. Comme le sans exemple, du moins dans la Nerval et surtout Baudelaire – poè- romantisme, qui avait tenté de pen- de son côté que Paris culture française. Et puisque c’est te absolu de « la noire majesté de la talent, le bonheur ou le malheur, plaît à les établir. Certaines sont ser la nature, cette modernité inau- de Paris qu’il s’agit, le salut doit se plus inquiétante des capitales » –, par l’avenir ou par le passé »,un évidentes : Breton et Aragon, com- gurée au XIXe siècle sur les ruines est sa ville d’écriture. faire évidemment encore plus res- au siècle suivant, dépasseront grâ- mythe s’élabore, s’amplifie, se mul- me Rilke, suivent les traces de Ner- de celui-ci est une pensée essentiel- pectueux. Exigeant, détaillé et foi- ce à leur génie. Une prise de tiplie, se complique. Ce mythe ne val, qui lui-même poursuit le fantô- lement urbaine, dont le centre L’Indienne de langue sonnant, parfois difficile, l’ouvrage conscience beaucoup plus risquée naît pas de la simple fantaisie, me de Jean-Jacques Rousseau, mythique serait Paris. A la suite de de Stierle (paru en 1993 en Allema- et révélatrice, une poétique, mais de la pleine mobilisation du saluant au passage celui de Rétif, Walter Benjamin, Karlheinz Stierle anglaise Rhadika Jha, gne) se joue des genres et des spé- c’est-à-dire aussi une connaissance regard et du désir, du rêve et de avant d’être englouti par la nuit a magnifiquement établi la géogra- cialités dont l’Université française de la ville, se substitue à la descrip- l’imaginaire – et c’est ici que la parisienne qui se confond avec sa phie et l’histoire de cette pensée, enfin, fait circuler a fait loi : philosophe, historien et tion ou à la narration de celle-ci. notion difficile de lisibilité trouve propre nuit... D’autres sont plus qui est celle d’une ville advenant à critique littéraire, l’auteur sait être sa valeur et son sens. Une dialecti- secrètes, et remontent à l’Antiqui- la conscience. l’odeur des épices dans également sociologue, urbaniste PAROXYSME DE DISSONANCE que se dessine où lecture et écritu- té, avec Juvénal ou Horace, pas- Patrick Kéchichian ou psychologue. Il n’y a pas une dis- Lorsque Mercier compare Paris re entrent en résonance. Ce qui est sent par Montaigne, puis Boileau les sous-sols de la ville cipline en majesté du haut de à une « mer bouleversée, chaque écrit dans la pierre, qui porte nom et La Bruyère. Pascal n’est pas (1)Spleen de Paris (Galilée, « Le Monde laquelle il s’agirait de réfléchir, de jour, par tous les vents qui y souf- ou trace, croise le temps, fomente loin. Les lieux, rues et places, des livres » du 23 novembre 2001) découper la réalité ou de trancher flent en sens contraire », ou bien, une mémoire. D’elle naît toute monuments, sont des figures, pré- en elle. Au contraire : une fois le sur un autre plan, quand Heinrich une littérature qui, à son tour, sentes ou effacées, comme un e Karlheinz Stierle participera à un sujet posé – et le travail préparatoi- Heine, en 1832, décrit la capitale rend la ville lisible. palimpseste à déchiffrer. Ou com- débat-rencontre avec Yves Bonnefoy re qui consiste à le bien poser est comme le « rendez-vous » de « tout Dans la succession de ce temps me un poème à inventer. Baudelai- et Jean Starobinski mardi 22 janvier essentiel –, il faut s’orienter vers ce qui est grand par l’amour ou par et la constitution de cette mémoi- re l’inventa, jusqu’au « paroxysme à 17 h 30 à la Maison des sciences de lui sans l’altérer ou le réduire. Tous la haine, par le sentiment comme re, des généalogies s’établissent. de la dissonance », dans les proses l’homme, salle 214 (54, bd Raspail, les chemins sont bons, pourvu que par la pensée, par le savoir ou par le Stierle, tout au long du livre, se du Spleen de Paris. Les pages nom- Paris-6e).

livraisons b PARIS 60, de Robert de Goulaine « Des morceaux qui s’assemblent » De lourds Robert de Goulaine est un écrivain qui a le sens de la langue autant que celui de l’observation. Sa rêverie est informée et docu- mentée, et ses souvenirs, qui remontent à plusieurs générations, Enis Batur, enseignant et éditeur à Istanbul, juxtapose dans « Amer savoir » n’hésitent pas à emprunter les voies du fantastique. Nerval n’est pas loin. Mais un Nerval qui aurait su domestiquer son angoisse. les visages, les faits et les gestes, les regards furtifs de ses souvenirs parisiens parfums Le récit à caractère autobiographique qu’il a imaginé ici mêle ces divers talents, qui devraient toujours être indissociables. Son tera par « Tout a commencé »,ona Paris. Il a renoncé au cinéma et pen- observation des lieux perdus ou retrouvés, d’une époque révolue AMER SAVOIR l’impression d’entrer dans un se être un raté. Il y reste cinq L’ODEUR (Smell) mais point trop ancienne, prend ainsi une saveur particulière. Des d’Enis Batur. roman… qui s’achève trois pages années, oubliant vite ses cours à de Rhadika Jha. figures apparaissent, dont la ville, sans le savoir, s’est enrichie. Un Traduit du turc par Ferda Fidan plus loin. Tout au long du livre, Paris-IV pour se promener dans les Traduit de l’anglais (Inde) bel hommage que la nostalgie exalte (éd. Bartillat, 166 p., 17,90 ¤). Actes Sud, 334 p., 22,90 ¤. l’auteur ou le narrateur, des person- rues, lire, commencer à écrire. De la par Dominique Vitalyos, b PARIS, de Victor Hugo En librairie le 25 janvier. nages sous pseudonymes ou hétéro- poésie d’abord, puis « peu à peu des Picquier,352 p., 19 ¤ Chez le même éditeur, préface ce texte de nymes, nous mènent et nous per- essais, de longs essais, mais pas de commande qui date de 1867, année de l’Exposition universelle. nis Batur est graphomane, dent dans un dédale de ruelles, de romans. J’ai des doutes en ce qui con- îla, jeune fille d’origine « Paris était haï, c’est un devoir de l’aimer. » Texte magnifique et par goût et par profession. chemins, de réflexions et de mots, cerne le roman, tellement commercia- indienne mais dont la emporté d’un visionnaire de l’Histoire (éd. Bartillat, 119 p., L’écriture est sa vie. A l’ap- comme lors d’un voyage initiatique lisé. J’aimerais toutefois écrire un famille a vécu depuis trois 12,90 ¤). proche de la cinquantaine, qui débuterait par un passage au roman classique… en deux pages. générations au Kenya, arri- b EN PARLANT UN PEU DE PARIS, de Claude Dubois Eil a publié une centaine de livres, ce sein d’un labyrinthe. Et y reviendrait Depuis la fin du XXe siècle, on s’éloi- Lve en banlieue parisienne, prise en Claude Dubois, alias Titi, tient une rubrique dans le Figaroscope qui pose question : comment abor- toujours. Car, chaque fois que l’hom- gne de toutes les théories. Tout nous charge, après l’assassinat de son depuis 1987. Le charme du vieux Paris, de ses lieux et de ses visa- der une telle œuvre par le biais d’un me écrit ce fatidique « Tout a com- amène à l’écriture multiple, la confu- père, par un oncle et une tante incon- ges, de ses faits divers et de ses « stigmates », est rendu présent seul livre, qui n’est d’ailleurs qu’un mencé », il est toujours à la même sion des genres, l’imaginaire et le réel. nus. Sa mère et ses petits frères ont, dans ces chroniques gouailleuses, dans la bonne tradition « apa- élément d’un quatuor (le deuxième place, dans cette chambre d’hôtel, à A chacun de trouver sa forme ». eux, pris le chemin de l’Angleterre. che »… (éd. Jean-Paul Rocher, volume I, 194 p., 18,29 ¤). P. K. est actuellement en cours de traduc- Paris, carrefour de l’Odéon, tentant Dans Dense, il tente de faire com- Le choc est brutal pour la jeune fille, tion) ? Il aurait voulu construire une d’écrire ce livre, ce livre qui commen- prendre que cela vaut non seule- qui se voit confinée d’abord dans sorte d’anthologie de 400 pages, ce et ne commence pas, ce livre sans ment pour ses écrits, mais que cha- l’appartement, puis, quand elle s’est mais nous n’avons à notre disposi- cesse commencé et recommencé, cun de ses livres est un bras d’une avérée incapable d’aider sa tante tion que Dense (1), un journal tenu « morceaux qui s’assemblent »: œuvre tentaculaire. aux travaux du ménage, dans l’épice- lorsqu’il était en résidence, en « coupes, images, extrêmes imaginai- En Turquie, on le reconnaît dans rie de son oncle près de la porte de février 1995, à la Maison des écri- res, observations, bribes de récit, voix, la rue, ses photos paraissent dans la La Chapelle. Mais Lîla a un don, elle vains étrangers et des traducteurs mélodies, visages, faits et gestes, presse turque pour un oui, pour un est très sensible aux odeurs, et en de Saint-Nazaire (MEET), qu’un regards furtifs, douleurs », auxquel- non, pour illustrer un sujet sur les particulier, à celles des épices qui poème en édition bilingue intitulé les, au fil du texte, viennent se juxta- barbus, sur le tabac ou même… sur embaument tant le magasin que la Le Sarcophage des pleureuses (Fata poser des photos, des détails rêvés, la littérature. Ses goûts et ses inté- cuisine familiale. Morgana), et cet Amer savoir qui avoués, véridiques. Passent aussi rêts ne font pas de lui « un écrivain Malheureusement, après un joli débute par cette formule énigmati- quelques clochards parisiens, Anna turc de base. Mes premiers livres ont début, le livre s’enlise vite, quand que : « Tout a commencé. » Karina, Sophie Carles. En fond sono- été chahutés, les gens disaient : qu’est- Lîla s’émancipe et passe d’homme Comme dans un roman ? un re : Bach, Glenn Gould, du fado. ce que c’est que cet étranger qui écrit en homme pour se faire un chemin récit ? une confession ? Quelques Chaque fois, «il» repart, pour le en turc ? ». Mais, contrairement à dans la vie. Le trait est lourd, les his- pages plus loin, d’autres interroga- Lubéron, Marseille ou Etretat jus- Nedim Gürsel, qui s’est établi en toires convenues. Les descriptions tions surgissent : l’homme dont il qu’à ce qu’enfin il puisse accomplir France, il vit et enseigne en Turquie, qu’elle donne d’un milieu parisien est question et qui écrit dans sa son retour, ayant pris le temps de où il est également directeur édito- branché tiennent du feuilleton télévi- chambre d’hôtel, à Paris, carrefour revenir sur ses pas. rial d’une grande maison d’édition : sé de prime time. Quant aux par- de l’Odéon, qui est-il ? de qui s’agit- Curieux livre, impressionnant, Yapi Kedri, qui publie quelque fums qui parcourent le livre, ils sem- il ? « N’est-ce pas de l’auteur de ces déstabilisateur, érudit, curieux hom- 200 titres par an, dans tous les blent versés à l’arrosoir plutôt qu’au lignes ? Si, bien sûr ; mais on ne peut me aussi. Enis Batur parle extrême- domaines et s’enorgueillit d’avoir vaporisateur. Ce n’est qu’à la fin de pas dire que “l’homme” soit l’auteur ment bien français, ayant suivi les publié, entre autres, A la recherche l’histoire que l’on retrouve une origi- en personne : car l’un est l’objet des cours du collège des frères catholi- du temps perdu et Voyage au bout de nalité, une mélancolie, une petite commentaires de l’autre. L’auteur est ques de Saint-Joseph à Istanbul. Un la nuit. Mais, comme dans Amer idée qui flotte, une odeur qui enva- plus que l’homme, l’homme est moins jeune disciple de l’abbé Pierre l’a savoir, tout le ramène toujours à hit les sous-sol de la ville et les que l’auteur. (…) L’auteur est un des « mis sur le chemin » en lui donnant Paris : « En dix ans, j’ai écrit vingt couloirs du métro, juste un avatars du Personnage : voilà une rai- à lire le Journal d’un curé de campa- livres à Paris. Mais jamais sur Paris moment, le temps que l’héroïne son suffisante pour distinguer l’Auteur gne de Bernanos, Flaubert, La Modi- – on voit que le Coran a été donné retrouve ses sens auprès d’un de l’Homme. Et si chez l’Auteur, il y fication de Michel Butor ou Marte- aux Arabes, parce qu’on n’y trouve marionnettiste, et suffisamment de avait plus d’un auteur et, chez l’Hom- reau de Nathalie Sarraute, en lui fai- jamais de dromadaire. » jugeote pour, non pas vivre sa vie, me, plus d’un homme ? » sant découvrir aussi que le cinéma Martine Silber n’en demandons pas tant, mais Au chapitre suivant, qui lui aussi pouvait être un art. Il a vingt ans retrouver l’homme qu’il lui faut. – comme tous ceux à venir – débu- quand il décide de partir étudier à (1) Ed. MEET. M. Si. littératures LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 / III b Conte sous la lune Au-delà des morts Steven Millhauser n’a jamais vraiment quitté la sphère de l’enfance. Les personnages de « Nuit enchantée », A 34 ans, Etgar Keret est un faux ingénu, comme où les rêves paraissent plus crédibles que la réalité, lui ressemblent en témoigne son premier roman. Drôle de rencontre

mant, gracieux, singulier, que les vivent mes personnages. » Il est vrai NUIT ENCHANTÉE pesanteurs et les violences du réel LA COLO DE KNELLER que l’après-vie d’Hayim n’a rien de (Enchanted Night) effleurent parfois, sans jamais le (Hakaytana chel Kneller) très exaltant : pizzaiolo au « Kami- de Steven Millhauser. pénétrer tout à fait. d’Etgar Keret. kaze » (sic), il se compare lui-même Traduit de l’anglais (Etats-Unis) Au gré d’une déambulation à la Traduit de l’hébreu àun« petit paquet pitoyable » que par Françoise Cartano, fois nonchalante et précise, l’auteur par Rosie Pinhas-Delpuech, l’on jette « comme une tablette de Albin Michel « Les grandes nous transporte dans une sorte de Actes Sud, « Lettres chocolat périmé ». traductions », 188 p., 14,90 ¤ lanterne chinoise, traversée de hébraïques », 96 p., 12 ¤. Drôle et pathétique, la fable très lumières clignotantes. Les feux de païenne d’Etgar Keret donne à lire ans La Vie trop brève signalisation, qui passent du rouge ifficile de résister au notre monde moderne, un monde d’Edwin Mullhouse au vert, quelques néons, ici où là, et charme enfantin d’Etgar sans repère, désespéré et chaoti- (Albin Michel), prix toutes les nuances de vert pour bai- Keret qui vous avoue que. Un monde où la vie ressemble Médicis étranger 1975, gner ce paysage plongé dans la – alors même que vous à une partie de foot, injuste et mal- StevenD Millhauser évoquait un cata- pénombre. La pelouse d’un jardin, venezD de commander des brochet- honnête, et où rien ne semble valoir clysme dont toute son œuvre ulté- par exemple, devient « vert émerau- tes – qu’il est devenu végétarien à la peine, surtout dans un pays rieure semble conduire l’écho : le de sous le clair de lune, un vert de con- l’âge de cinq ans, en regardant (Israël) où, comme le souligne Etgar suicide, à l’âge de onze ans, d’un te de fées, le vert des cités englouties Bambi. Qu’il aurait dû être ingé- Keret, « la première chose que l’on te auteur génial, follement épris de per- dans des lacs perdus au sein des pro- nieur et non écrivain. Qu’il a été demande quand tu sors avec une fection et déjà lassé du monde – le fondeurs de sombres forêts ». L’écritu- publié parce qu’il arrivait systémati- fille, ce n’est pas si elle est jolie ou sym- monde des adultes, lieu de déperdi- re, à son tour, se fait sautillante, poé- quement en retard à ses cours et pa, mais pour quel parti elle vote ». tion du songe et de la poésie. Pour- tique et très ponctuée, presque dan- qu’il fallait bien trouver une excuse. C’est aussi la voix d’une génération quoi si jeune ? Parce que l’idée d’al- sante, pour suivre le rythme de cet- Mais ne vous méprenez pas : sous que ce jeune auteur israélien extrê- ler plus loin m’ennuyait, répondit te ballade au royaume des rêves et ses allures d’ingénu, Etgar Keret, mement populaire donne à enten- un jour l’auteur, qui avait pourtant des secrets, des cachettes et de l’ef- trente-quatre ans, est d’une lucidité dre. Une génération où, « après prévu d’accorder vingt-deux ans fraction. Et la lune, au sommet du tout à fait déconcertante, comme avoir vu tellement de films améri- d’existence à ce personnage, né la tableau, mène la gigue en prodi- en témoigne La Colo de Kneller. cains à l’eau de rose, il est difficile de même année que lui et portant un guant sa blancheur « de papier ». Dans ce premier roman (1), Etgar dire encore “je t’aime” à une fille nom très proche du sien. Depuis ce Tel un joueur de flûte, celui de la Keret imagine un au-delà étrange- sans avoir l’air pathétique ». Une JEAN-CHRISTIAN BOURCART POUR « LE MONDE » premier roman, manifeste plus ou Millhauser, à Saratoga Springs (Etat de New York), en janvier. fable, l’astre tire les personnages ment similaire au monde d’ici-bas. génération désenchantée, égoïste moins volontaire, Millhauser n’a dans son sillage et permet à l’auteur Mêmes rêves et mêmes espoirs, et cynique – une génération « déjà jamais vraiment quitté la sphère enfants anonymes, sortis de leurs Enfin et surtout, leurs pérégrina- de porter sur le monde le regard sur- mêmes cauchemars et mêmes préju- morte ». Pourtant, malgré leur pessi- obsédante des souvenirs d’enfance lits pour obéir au son d’une flûte. tions nocturnes les emmènent dans plombant du miniaturiste qu’il affec- gés : « Ici, c’est comme avant d’avoir misme, les personnages d’Etgar et du rêve. Même quand ses person- Ce qu’ils ont en commun ? un univers où les chimères parais- tionne tant. La composante sexuelle fini, sauf que c’est pire », commente Keret gardent au fond d’eux une nages sont devenus grands, même D’abord, quel que soit leur état civil, sent plus crédibles que la réalité. de la fable n’est pas absente non Ari. Compagnon de route d’Hayim, lueur, un désir, celui d’aimer et quand ils ont dépassé la barre fatidi- ce sont des individus en situation Divisant son livre en chapitres très plus, bien qu’elle soit abordée de le narrateur, Ari a préféré mettre fin d’être aimé : « Je pense que mon que des onze ans. d’enfance : aucun n’a charge de courts, surmontés de titres énigmati- biais, avec la lune comme partenai- à ses jours, comme d’ailleurs tous livre est un moyen de dire qu’il faut Car ils ont tous les âges, les noc- famille, les relations amoureuses ques ou amusants, Millhauser les re ambigu. les autres personnages. Tels Don vivre pleinement sa vie. J’aime beau- tambules qui se faufilent à pas de sont fantasmées, pour la plupart, et suit dans l’obscurité, déplaçant son Le tout dans un périmètre très res- Quichotte et Sancho Pança, Hayim coup cette phrase de Faulkner : loup sous le ciel « bleu foncé » de cet- certains vivent encore chez leurs regard de l’un à l’autre à mesure que treint, probablement la pointe d’un et Ari sont à la recherche de “Between nothing and grief, I te étonnante et délicieuse Nuit parents. Ensuite, ils ne dorment pas les heures passent. Et bâtit, au fil de quartier, en lisière des bois. Car la l’amour vrai. Et, comme dans le would always choose grief” [“Entre enchantée. Il y a Haverstraw, trente- la nuit, pour des raisons variées. cette promenade, un conte char- forêt, chez Millhauser, est le lieu du plus célèbre des romans picares- le vide et le chagrin, je choisirai tou- neuf ans, toujours chez sa mère, et b rêve, qu’elle soit composée de vrais ques, un énoncé résumant les aven- jours le chagrin”] ». D’où ce mélan- Danny, qui vit avec ses parents, sans extrait arbres ou de futaies symboliques, tures à suivre figure en tête des ge savamment dosé de naïveté et guère plus qu’un duvet sur la lèvre. comme dans le formidable Martin courts chapitres qui composent ce de lucidité, d’ironie grinçante et Laura, si jeune dans son joli jean, et « Sombres et suaves, sombres et suaves, les notes de la nuit attirent les Dressler (Albin Michel, 2000). Ici, récit. Un « format » qu’Etgar Keret d’humour tendre qui émane de ce la bande des fillettes qui pénètrent enfants plus profond dans les bois, entre des troncs d’arbres gros comme l’éclat de la lune parvient à traverser revendique, dicté par son écriture : texte, comme de son brillant masquées dans le salon des gens, des pattes d’éléphant, sous des branches qui courent comme de l’encre les branches d’épicéas, mais aussi la « Quand j’écris long, j’ai l’impression auteur. passé minuit. Coop, qui a déjà fait sur le bleu du ciel de nuit : branches d’encre baveuse et arbres éléphants, « forêt intérieure », encore qualifiée de perdre ce qui fait l’essence même Emilie Grangeray tous les métiers du monde, et «la les racines râpeuses, et les feuilles cric crac. La lune est coupée par de peti- de « forêt primitive ». Là se trouve la de mon écriture, de mes émotions. » femme qui vit seule », mais aussi tes brindilles noires. La lune est une assiette ébréchée. Derrière chaque beauté convoitée par le jeune Une technique qui lui permet aussi (1) Etgar Keret est aussi l’auteur de Mrs Kasco, la soixantaine, et quanti- arbre, murmures et mouvements. Cet arbre est un squelette : son étrein- Edwin Mullhouse, loin des jardinets d’introduire d’emblée l’ironie qui le trois bandes dessinées – dont La Jour- té de figures sorties du temps, com- te sera celle de la mort. Là ! un arbre sorcière. L’arbre du mort. Aiguë et bien rangés qui « s’étendent sur tou- caractérise : « L’énoncé devant cha- née de la terre, éd. du Masque/Hachette me un mannequin descendu de sa profonde, aiguë et profonde la musique de la nuit s’élève. A travers les te la largeur de l’Amérique »,en que chapitre fait très conte de fées ; livre –, de deux recueils de nouvelles et vitrine et des poupées qui font la bois lunaires marchent les enfants silencieux, des enfants sombres sur dehors du monde des grands. ce qui contraste avec le texte qui suit : de trois scénarios. Son film Malka Red- java dans un grenier, ou bien des lesquels ondulent des taches de lune. » (p. 165) Raphaëlle Rérolle à savoir la réalité merdique de ce que Heart a obtenu l’Oscar israélien. Sommes-nous tous hongrois ? La chute des classes Sionil Rencontre avec Péter Esterházy, auteur d’une saga familiale Deux romans croquent à vif les déchéances et princière passée au filtre de la mécanique quantique de l’aristocratie anglaise au XIXe siècle universel de cantiques, Harmonia Caelestis, re confrontés aux pièges de la réali- qui elle-même disparaîtra. Le HARMONIA CAELESTIS œuvre « rudimentaire, hésitante et té et à ceux de la fiction. A quoi il LA SPLENDEUR constructeur d’automobiles, autre- A L’OMBRE DU BALETE de Péter Esterházy. erronée » du reste. S’il suffit à cer- faut ajouter ici les pièges de la tra- DES AMBERSON fois méprisé, devient un dieu à son (Tree) Traduit du hongrois par Joëlle tains d’une Rolls d’occasion dans duction dont se sont remarquable- (The Magnificent Ambersons) tour. Le temps change les rôles et de F. Sionil José. Dufeuilly et Agnès Járfás. le garage de papa pour se considé- ment tirées les deux traductrices de Booth Tarkington. aplanit les différences, jusqu’à les Traduit de l’anglais (Philippines) Gallimard, 610 p., 35 ¤. rer comme le nombril du monde, qui ont su jouer sur tous les cla- Traduit de l’anglais rendre invisibles : ne restent alors par Amina Saïd, Péter Esterházy, lui, préfère l’in- viers pour rendre la musique de se par Jacqueline Duplain, qu’un nom à demi effacé dans un Fayard, 240 p., 19,80 ¤. ventaire sec pour solde de tout livre et son humour bariolé. Phébus, 296 p., 19,50 ¤. livre, et la possibilité du souvenir et ar où commencer face à compte. En quatre pages, il expé- La première partie intitulée du pardon. n a parlé de lui pour le cet énorme livre de plus die tout ce qui fit le trésor fami- « Phases numérotées de la vie de BASIL Cette mélancolie tempérée d’es- prix Nobel : Sionil est en de six cents pages, qui lial : Cupidon serti de diamants, la famille Esterházy » relate l’his- de W. Wilkie Collins. poir est aux antipodes de la frénésie effet considéré comme relaie Les Buddenbrook à colliers de six cent cinquante-deux toire de la lignée depuis les lointai- Traduit de l’anglais par qui parcourt Basil, étrange roman l’un des meilleurs écri- l’étatP d’embryon ? Une somme, un perles, ticket mensuel de tramway, nes origines. On y découvre ce Marie-Thérèse Carton-Piéron, noir dont les personnages tourmen- vainsO de l’Asie du Sud-Est. Son puzzle, une histoire de famille qui étendards en taffetas doré, etc., musicien improvisé chef de guerre Phébus, 400 p., 22 ¤. tés s’adonnent à tous les excès. œuvre romanesque se concentre ne remonte pas seulement à la terminant la liste par cette simple qui bat les Turcs à plate couture Excès de privation d’abord, comme sur un territoire restreint, un terroir grand-mère ou à l’arrière-grand- phrase : « Pauvre défunt Mon père, pour avoir eu cette idée aussi ue la classe sociale ait été il se doit quand, né dans la meilleu- qui prend valeur universelle. Un can- mère mais jusqu’au XVIe siècle pauvre, pauvre ». Comme si Pré- rocambolesque que géniale, pour certaines familles re aristocratie d’un père respec- ton minuscule des Philippines, celui dans les contrées de ce qui va deve- vert et Rabelais s’étaient donné contraire à toute les lois de la haut placées l’équivalent tueux de la généalogie, on épouse de Rosales. Il a écrit sur cette région nir la Mitteleuropa. Péter Ester- rendez-vous au bord du Danube. guerre : copier sa stratégie militai- Q du système des castes en la fille, jolie sans doute, d’un bouti- un cycle de cinq volumes accompa- házy est le descendant des princes re sur le système de la dramaturgie Inde, la littérature du quier dont la vulgarité morale n’a gnant une famille, des Ilokanos, eth- Esterházy de Hongrie, famille UN HUMOUR BARIOLÉ lyrique. La seconde partie intitulée XIXe nous le rappelle avec force. Les d’égale que la dureté et l’ambition. nie à laquelle il appartient. Po-on d’aristocrates familiers des empe- Il y a du baroque dans cette « Confessions d’une famille Este- obligations qu’imposait l’apparte- Mais le vrai centre du roman, ce narrait une migration de paysans reurs et des rois. Lorsque le Parti œuvre, mais du baroque revisité rházy » raconte l’histoire de sa nance, les privilèges qu’elle accor- n’est ni Basil, jeune homme un peu contraints de quitter leurs villages communiste impose un régime sta- par les mathématiques, la forma- plus proche parenté après l’effon- dait, avaient la même valeur de niais, condamné pour un an à la pour aller défricher des terres plus linien en 1949, la famille de Péter tion de base de Péter Esterházy drement de la monarchie jusque contrainte que les murs d’une pri- chasteté, ni le couple infernal qui le ou moins promises autour de Rosa- Esterházy choisit de rester au pays qui, comme dans les livres précé- dans les années 1970 : « Je ne vou- son. Les audacieux qui tentaient reçoit, ni son père affamé de respec- les (1). Son ancêtre était le Moïse de plutôt que de partir en exil. Pas de dents (Les Verbes auxiliaires du lais pas aller au-delà, empiéter sur d’enfreindre ses lois risquaient à tabilité, ni son épouse médiocre et cet exode raconté avec sensibilité. ressentiment, pas d’apitoiement cœur, Une femme, chez Gallimard), la période où j’étais devenu écri- tout le moins le malheur, souvent la vaniteuse, mais Mannion, son rival, Dans A l’ombre du balete, arbre – pas de honte non plus quand on joue à mêler le jeu de l’arithméti- vain. Je ne voulais pas que l’écrivain déchéance et la mort. A moins que une créature issue de l’enfer, privé immémorial, Sionil traite aujour- lui demande par exemple si l’Este- que avec celui de littérature. «Il parle de l’écrivain écrivant. » le romancier n’ait choisi, tout au par la déchéance d’un père des « pri- d’hui d’une époque plus récente, rházy de l’affaire Dreyfus était de n’y a aucune intention dans le fait Bien que la figure du « père » contraire, de punir ceux qui, com- vilèges sociaux » auxquels il a droit, celle de sa jeunesse. Né en 1924, il a sa famille : « On n’est pas responsa- que la première partie du livre soit revienne comme un leitmotiv, me Georgie Amberson, étaient les et dont la vie entière se passe à exer- connu l’occupation japonaise, les ble de ses ancêtres. Il a d’ailleurs été divisée en 371 séquences ! Mais véri- Péter Esterházy se défend d’avoir esclaves de leur orgueil. Dans La cer sa vengeance. troubles révolutionnaires qui la sui- banni à l’époque par un conseil fiez ! C’est peut-être un nombre pre- eu un quelconque compte à régler Splendeur des Amberson, que le film Le roman chemine entre révéla- virent, et dont son père fut victime. familial. » On n’est pas responsa- mier. » Et il sort de nulle part un avec « son » père. Pas de psycholo- d’Orson Wells fit injustement tions, coups de théâtre et tempêtes, Ce père veuf, bourgeois terrien ble de les ancêtres, mais ses ancê- papier qu’il déplie, immense gie, pas d’imago. Construction et oublier, on assiste à la montée en apparitions effrayantes, scènes de dépendant d’un seigneur absten- tres sont peut-être responsables tableau où ne s’alignent que des déconstruction sur les ruines d’une puissance d’une famille, dans une violence, défigurement et convul- tionniste, domine ces chroniques de vous. chiffres écrits à la main : la table famille qui rappellent davantage ville encore provinciale, grâce à la sions ; Mannion est un spectre, un d’enfance où l’écrivain s’attarde sur Ce livre est une véritable galerie de permutation des chapitres. l’effondrement de notre monde spéculation immobilière. démon, un possédé ; les femmes des thèmes d’intérêt inégal. Il évo- des Pères doublée d’une galerie Car ici, la famille n’est pas le clan politique et de ses blocs que la Sur un fond tissé de mesquine- sont des anges, suaves et asexués que la cousine aguichante, la tante des Glaces, car le coup de maître monolithique. Les frontières de décomposition de la famille moder- ries, la splendeur des Amberson (Clara, la sœur), ou des êtres dégra- pincée et les vieux domestiques. La de Péter Esterházy est d’appeler l’identité explosent plutôt qu’elles ne – avec un continuel jeu de balan- éclate « comme une fanfare de cui- dés en proie à leurs instincts les couleur locale, généreusement badi- chacun de ses ancêtres mâles : ne s’affermissent et donnent au cier entre les deux parties : tel per- vres dans un cortège funèbre ». Geor- plus bas (Margaret, l’aimée) ; les geonnée, parsème le texte de mots « mon père ». Prince déchu mais livre une valeur universelle. Si on sonnage sympathique apparaît gie, le fils, beau comme un dieu, pères, aristocrates ou petits-bour- en italique, et les anciens du village écrivain virtuose. Le premier ins- lui fait remarquer qu’il s’inscrit à ensuite comme un fieffé antisémi- insolent et hautain, intact comme geois, se montrent abusifs et font le prédisent que l’enfant deviendra tant d’égarement passé, on voit contre-courant de la tendance te ; tel « gigantesque connard dans ces êtres qui n’ont pas souffert, pro- malheur de leurs enfants, avec leur écrivain. Malgré ces complaisances, voler d’un coup toute la poussière actuelle à écrire des histoires linéai- le plus mauvais sens du terme » com- voque autour de lui une sorte de fas- épouse ce sont des tortionnaires. le personnage du père retient l’at- qui recouvre les armures, les dol- res, la réponse ne se fait pas atten- me digne de compassion. Fort de cination mêlée d’aigreur. L’histoire Wilkie Collins a le goût de l’obscur tention avec ses colères et son cha- mans, les couronnes et les bottes à dre : « Les histoires ne vont pas tout cette double perspective, Péter est celle de sa chute, qui suit de peu chez les êtres et, comme les auteurs grin, sa cruauté et ses tentations, sa hautes tiges et l’on acquiert une droit. Les mots encore moins. » Sur- Esterházy évite le kitsch, le pathos, celle de sa famille – un roman d’ap- de romans noirs, celui des gouffres, solitude et ses frustrations. C’est lui familiarité avec ces illustres incon- tout dans un pays comme la Hon- la nostalgie, l’agressivité, pour lais- prentissage, somme toute, dont le de l’intensité, de la démesure. Tous et lui seul qui confère au texte sa nus brusquement rapprochés par grie – et ce n’est pas le seul – où il ser vibrer toutes les harmoniques temps serait le maître d’œuvre. Les les ressorts du roman victorien sont dignité et son émotion. cette dénomination unique, com- faut se réapproprier la langue des grandes et des petites passions générations et les fortunes se succè- là, on ne peut s’arrêter de lire, c’est Jean Soublin me ce « père », ami de Haydn, qui dévoyée par les épreuves des péri- – résolument terrestres. dent, l’aristocratie terrienne cède la passionnant. publia en 1711 à Vienne un recueil péties politiques. Pièges de l’écritu- Pierre Deshusses place à la bourgeoisie industrielle, Christine Jordis (1) Fayard 2001. IV / LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 littératures b Chamoiseau, guerrier de la douceur Dans une somme romanesque impressionnante, l’auteur antillais de « Texaco » ( 1992) laisse résonner « les voix effacées des peuples caraïbes » à travers le destin d’un mythique défenseur des opprimés

onirique et hallucinée dans sa pro- prochent de Genet et de Pasolini. Cette formation politique, amou- BIBLIQUE duction, a attendu dix ans depuis Il choisit, en deuxième lieu, un reuse et poétique, conduit Baltha- DES DERNIERS GESTES Texaco, ne fait pas ici appel, chez le héros mythique, mythique du zar, devenu adulte, à combattre de Patrick Chamoiseau. lecteur, à la seule capacité de s’aban- moins selon son système poétique. auprès de tous les peuples oppri- Gallimard, 792 p., 25 ¤. donner à l’envoûtement de la lan- Il s’agit, comme toujours chez lui, més à travers le monde. En Améri- gue et au charme d’aventures « hau- d’un homme très simple, très pau- que du Sud, au Vietnam, en Algérie, l faut avoir de la patience et tes en couleur », comme on dit. vre, très impulsif, mais élu. On suit en Palestine, en Bosnie, en Iran, en du temps pour lire le cinquiè- Entendez « pittoresques », avec ce le déroulement de son existence Afrique. C’est un mercenaire au me roman de Patrick Chamoi- que l’adjectif implique de paternalis- depuis sa mort, son agonie. Il meurt grand cœur et un amant léger qui seau. Il en faut, parce qu’il les me condescendant. Bien entendu, il lentement sous nos yeux, dans sa pourtant vénère les femmes et célè- mérite.I Alors le lecteur se rendra y avait déjà tout autre chose qu’une misérable case. Le narrateur, qui est bre les mères. compte, après des moments d’exal- complaisance folklorique dans Chro- l’auteur lui-même, lassé, peut-être, En troisième lieu, Patrick Chamoi- tation, de très vive émotion, de rire, nique des sept misères, dans Solibo de ses propres fictions, enquête sur seau choisit un mode de narration de stimulation de l’intelligence, de magnifique et dans Texaco. Les sou- la réalité de ces événements, au qui circule naturellement entre le stupeur ou de léger enivrement, venirs d’enfance de Chamoiseau moyen de toutes sortes de docu- récit mythologique de fondation du qu’il est en présence d’un grand (Antan d’enfance et Chemin d’école) mentations (articles, interviews, monde, la description ethnologique livre, d’un livre qui va compter dans avaient montré combien, chez lui, émissions), pour reconstituer la des pratiques de sorcellerie et des l’histoire de la littérature caribéen- l’émotion affective et poétique et « spirale d’un incertain » qu’est la croyances populaires, l’essai politi- ne (sur les traces de Césaire et Glis- l’acuité de l’interprétation histori- vie totale d’un homme. Et, conclut- que sur la colonisation et le roman sant) et de la lutte contre la coloni- que et politique étaient liées. Et ses il, moins un homme qu’un « systè- fantastique ou visionnaire. C’est sation (sous l’égide de Frantz essais, rédigés seul (Ecrire en pays me ouvert » : « Une interaction de dans ce dernier registre que l’écri- Fanon), mais aussi dans celle du dominé) ou en collaboration (Eloge faits, d’événements, de sensations, de vain est, de loin, le plus inspiré : sa roman tout court. Bien que ce ne de la créolité et Lettres créoles), paroles, de gestes, dont l’architecture description des êtres fabuleux et soient pas deux références propres avaient révélé, outre ses positions était mouvante, incertaine, modifia- des paysages lui donne élan et liber- à Patrick Chamoiseau (qui rend de politiques intransigeantes, son ble par l’irruption d’un élément nou- té. Cette liberté n’est pas seulement nombreux hommages au cours de extrême sensibilité aux différentes veau qui mettait en relief une compo- l’usage du langage antillais, avec sa narration, mais à de tout autres cultures, susceptibles d’éclairer et sante ancienne ». ses régionalismes et ses néologis- modèles : Rabelais, Shakespeare, d’enrichir la sienne, et aux multi- mes, ses curiosités syntaxiques et Keats, Milton, Lautréamont, Joyce, ples styles romanesques adoptés ÉLAN ET LIBERTÉ lexicales, qui nous ont été rendues Amado, Marquez, Faulkner…), on par ses prédécesseurs : l’admiration De ce héros, M. Balthazar Bodule- familières par d’autres écrivains, pense à deux autres grands romans fait partie intégrante de son esthéti- Jules, on apprend la naissance, com- parfois plus insistants, c’est aussi de la fin du siècle dernier, deux que. Comme le dit la dernière phra- me dans un conte de fées ou une celle d’un regard humain, dont inclassables monumentaux, ambi- se du présent livre, « la haine n’est saga archaïque. Une fée Carabosse, l’auteur s’explique clairement. tieux, fracassants, qui avaient abor- pas passée par nous ». une accoucheuse diablesse, Yvon- A propos des deux androgynes dé, comme lui, les problèmes essen- Non, jamais la haine ne passe par nette Cléoste, va jeter sur le bébé, à du livre (l’instituteur-institutrice tiels de l’oppression, du combat Patrick Chamoiseau : ce qui signifie l’insu de ses parents, une malédic- Déborah-Nicol et le danseur Polo armé, des mythologies, de la force que la haine des négriers, des tion : cette démone poursuit le Carcel), Chamoiseau réfléchit à son de la poésie contre la chiennerie colons, des oppresseurs n’aura pas « jeune bougre » toute sa vie attrait pour l’incertain et le double, politique, de l’ambiguïté sexuelle, le dernier mot, mais également que durant. Elle finit par représenter le figures généralisées d’un autre de la féminité, de la maternité, des le langage rationnel et aimant sera mal à elle toute seule. Et c’est au monde, un arrière-monde rêvé où mystères du temps, de la sainteté, toujours privilégié par l’écrivain. mal que Balthazar déclare la errent douloureusement les du sacrifice, de l’héroïsme : Un cap- Pourtant Chamoiseau choisit, pour guerre. Sauvé puis trahi par un vivants et les morts, et qui « susci- FRANÇOIS LAROULANDIE POUR « LE MONDE » tif amoureux de Jean Genet et Pétro- ce roman complexe, de grands et « homme des bois », qui viendra tent chez lui une sollicitude naturel- le de . Ces deux longs détours. accents évangéliques), des confiden- çonné de mépris à l’égard du peu- assister à son agonie, il est élevé le, sans pitié ni surprise ». Les « tris- livres, posthumes, avaient laissé per- Il choisit, en premier lieu, une ces sur le travail en cours, des aveux ple caribéen), des poèmes (des pro- tout d’abord dans la forêt par une tesses millénaires » de tous les oppri- plexe la critique, prise au dépourvu ampleur de narration exceptionnel- et des revendications d’incertitude, verbes fournis comme une longue « Mentô », figure protectrice et més (« femmes, enfants, guerriers devant un genre apparemment mal- le, qui lui permet des digressions, des déclarations d’intention, des mélopée en appendice, un éton- bienfaisante, nommée Man humiliés, dieux décomposés ») trou- mené, et secouée par des voix trop des répétitions comme on en trou- analyses littéraires (trois passages nant Livret des Lieux du deuxième l’Oubliée, puis confié par cette der- vent dans l’écrivain et son person- fortes, trop singulières et par une ve dans les épopées, de fréquents extraordinaires et délibérément monde, définition d’une sorte d’uto- nière à la garde d’un étrange institu- nage un écho vibrant, attentif à polyphonie d’où ne se dégageait changements de rythme, des varia- contradictoires sur l’ami-ennemi pie poétique, de manifeste de la teur, Nicol Timoléon, qui est en réa- « la littérature de l’impossible », àla pas immédiatement l’harmonie. tions de tonalité, des adresses au Saint-John Perse, admiré comme création imaginaire, et un monolo- lité une femme, Déborah, ardente « permanence d’un indicible », àla Contrairement à ses précédents lecteur (deux pages, 716 et 745, des- poète sensualiste, novateur, lyrique gue final de son héros, écrit dans pasionaria travestie. Déborah vit « douceur – ou l’énergie claire –, romans, Patrick Chamoiseau, qui, si tinées, l’une aux jeunes drogués, et comme homme noble et pro- une prose admirable), des avec sa sœur Sarah et sa nièce [qui], associée à l’amour, s’élargit en l’on met à part L’Esclave, le vieil l’autre aux combattants de la liber- fond, mais violemment critiqué réflexions politiques, enfin, qui sont Sarah-Anaïs-Alicia, dont Balthazar tendresse ». homme et le molosse, parenthèse té, sont de véritables prières aux comme « béké », colon blanc soup- l’objet premier de ce livre et le rap- s’éprend. René de Ceccatty Corrida cosmique Un voyage dans le XXe siècle enchante toujours par sa singularité baroque Georges Belmont publie le premier volume de sa « mémoire » dans lequel il raconte que l’on retrouve dans une très belle histoire d’amour brûlante et flamboyante les grands écrivains de son temps, comme Samuel Beckett, dont il fut très proche

africaines racontent qu’elles sont à Elle attend le moment magnifique, droite et extrême gauche dos à Robert Desnos… » Et c’est en effet L’ATLANTIQUE l’origine du langage ; et surtout le concours de toutes les circons- SOUVENIRS dos. Dès la fin des années 1920, pour ces portraits, ces croquis, ces ET LES AMANTS l’oiseau-lyre, croisement de coq et tances pour le vaincre peut-être, D’OUTRE-MONDE « il suffisait d’ouvrir les journaux. A silhouettes parfois (Maurice Blan- de Patrick Grainville. de paon (adoration intacte de arrivant tout près de l’abîme qui Histoire d’une naissance la Chambre des députés, Herriot chot) qu’on éprouve non seule- Seuil, 284 p, 18 ¤. Grainville pour tout ce qui est l’envoûte comme un « goulet de sa de Georges Belmont. pour la gauche, Tardieu pour la ment de l’intérêt (car les manques hybride), l’oiseau rococo par excel- mort, le berceau de sa rédemp- Calmann-Lévy, 440 p., 22,85 ¤. droite occupaient chacun une extré- sont aussi intéressants) mais du atrick Grainville est un lence, la « star » de la volière qui a tion ». mité de la balançoire du pouvoir ; à plaisir à ce voyage subjectif dans amant du monde. Il veut le pouvoir d’imiter tous les cris de Quant à Eric, il tourne autour de i l’on s’intéresse à l’histoi- la tribune, les invectives que l’on se une partie du XXe siècle, et aussi en étreindre tous les élé- la nature, les bruits de l’univers. la souche, son arène à lui, qu’il a re littéraire française du lançait étaient autant de clins d’œil du XIXe (lorsqu’il évoque ses ments, fait de chacun de Mais l’animal essentiel du livre, arrachée à la falaise : il se met à la XXe siècle, il faut absolu- à la camaraderie de l’esprit ». Plus parents). Car Belmont est né en sesP romans, depuis La Toison (au c’est le taureau, cette « bête profon- peindre, installe en elle une série ment avoir ce premier tard, Belmont, de retour à Paris 1909 (Sartre, qu’il ne fait que croi- Seuil, comme tous ses romans), de » comme le dit Léna. « Certains de petits miroirs circulaires, l’ha- volumeS de « la mémoire » (il préfè- après un séjour à Dublin, et après ser rue d’Ulm, est de quatre ans une sorte de totalité brûlante. Il taureaux ont des courroux rentrés, bille d’une panoplie de fétiches, re le singulier) de Georges Bel- avoir démissionné de l’Ecole nor- son aîné, et porte toujours sa prose, ses thè- des caractères tenaces et tordus, voudrait la métamorphoser en un mont, grand éditeur, grand traduc- male supérieure, ce qui fit scanda- est née en 1908). Son enfance est mes, au maximum d’incandescen- sont un mélange de génie et de totem faramineux. Il peut, à tout teur, ami de jeunesse de Samuel le, doit trouver des petits boulots : plutôt bucolique, à Belley dans ce. Mais sa flamboyance n’est pas névroses », en particulier Orion, moment, dans la fièvre de sa trans- Beckett, auteur du premier article « Je devais ce travail, écrit-il à pro- l’Ain, sa ville natale. Sans oublier seulement une esthétique : elle est caractériel, hargneux et sagace qui formation, son accélération éper- français sur le magistral Finnegans pos de l’un d’eux, avec un article et le village de Belmont, qui lui don- de plus en plus une éthique com- refuse le jeu, comme le constate due, perdre la beauté, le monde : Wake de Joyce. Mais il faut aussi une nouvelle sur l’Irlande et deux nera son nom de plume. Très tôt, il me si l’affirmation de sa singularité Angel, l’ami retrouvé d’Eric, l’ap- Grainville nous offre une belle oublier ce titre, Souvenirs d’outre- ou trois chroniques ou critiques litté- est un grand lecteur : « Très jeune, baroque, de sa fougue et de sa prenti matador, qui s’entraîne avec métaphore de l’artiste qui, dans sa monde – qui veut rivaliser avec raires, payés des misères, à la fidèle j’acquis ainsi un goût pour la fré- liberté imaginatives était le moyen lui. Dans tout ce qui concerne la liesse lucide, se hâte de subjuguer Mémoires d’outre-tombe, de Cha- camaraderie de Thierry Maulnier quentation des grands morts ; il ne de défier, de répliquer à la tiédeur corrida, Grainville ne recherche la matière qui se cabre, s’échappe teaubriand – et essayer de ne pas [l’un de ses condisciples]. Renfor- m’a jamais quitté et je lui dois certai- normative du moment, à la volon- pas la scène de genre, le folklore jusqu’au moment où il plantera trop s’irriter de la phrase qui clôt cés de , de Mauri- nement ma chance d’être allé d’ins- té générale de ressemblance. plus ou moins sanglant ; ce sont sur elle ses banderilles définitives. l’avant-propos de l’éditeur, mal- ce Bardèche et de quelques autres, tinct, ensuite, vers les grands Jamais autant que dans L’Atlan- juste des ébauches, des répétitions C’est à une autre corrida, bien heureusement anonyme. Le texte dont un certain Gérard de Catalo- vivants. » tique et les amants on a ressenti, générales de combats qu’il décrit, plus perverse, sournoise et clandes- de Belmont s’arrête fin février gne, lui-même menant une revue Les grands vivants – ou qui vont chez lui, une telle jubilation dans dans les arènes de fortune où tine, que se livre Pascal, l’homme 1940, sur une dernière rencontre nommée Occident, il avait noyauté devenir tels – arrivent très vite. la montée vers l’hyperbole, l’ascen- Angel essaie d’amener Orion à masqué, à double fond, le virtuose avec Joyce et sur une allusion à Fin- avec ce groupe, selon la tactique D’abord , qui « don- sion vers la fable. Bien sûr, ses per- « donner le meilleur de lui-même, à du rapt qui a photographié Léna negans Wake. « Se doutait-il chère à l’autre extrême, au Parti nait à l’esprit des suées d’enthousias- sonnages ne sont pas précisément offrir le maximum de ses dons ».Il dans ses poses les plus intimes. [Joyce], commente l’éditeur, que communiste, une vieille publica- me. Avec lui, l’ivresse de Dieu et de dans la mesure : Eric et Léna, sou- saisit la « transe exacte » de la corri- Elle a l’impression d’une « bou- la parution dans toute son étendue tion, La Revue française, catholi- Spinoza devenait surréaliste ». dés à leur moto, « gémellés dans da. « On est hors de soi et complète- cherie » accomplie à son insu et, de son livre gigantesque et nocturne que et droitière, dont une cadette Vailland, condisciple de khâgne, leur gaine noire », emportés par le ment en soi, au plus précis, au point parcourue par des flambées de allait être le dernier coup de cymba- ambitieuse avait usurpé légalement n’ira pas rue d’Ulm, contrairement désir de brûler, de renaître, d’être central », dit Angel. honte et de rage, tue, pour se ven- les d’une époque qui semble à elle le nom, en le coiffant de l’épithète à Belmont, qui s’y ennuie, préfé- « fulgurants », fuient, loin d’une Grainville sait exprimer l’accord ger, l’oiseau-lyre. Nous sommes ici seule résumer tout le XXe siècle ? » “Nouvelle”, pour la supplanter très rant bars et vie nocturne. Mais à mauvaise histoire dans le Nord, sacré entre l’homme et l’animal. dans une comédie barbare où On sait que les Français ont un gra- vite dans le succès. Le but de Ulm, Belmont fait une rencontre vers le Sud sans faille, vers plus de Dans cette accalmie cosmique, triomphe le goût du sang. Mais la ve problème avec leur « passé qui Thierry et de son équipe était de qui oriente tout le livre, toute sa soleil encore : ils croient qu’à un avant que ne s’écarte d’elle-même vraie tragédie, c’est la mort d’An- ne passe pas », la défaite de raviver la vieillerie et de lui rendre vie peut-être – dont son séjour à certain degré de lumière « le mal l’épée de vérité, Orion devient gel, dont le cœur est transpercé, 1940 et Vichy, mais ignorer que la une vigueur combative en la tirant Dublin (même s’il avait d’abord s’évapore ». Grainville témoigne Orion Noir, l’équivalent du Mino- dans le brouillard de pluie, par la seconde moitié du XXe siècle a exis- plus ou moins sournoisement vers choisi Londres) d’où il reviendra d’une sensualité archaïque, crue et taure. Ce qui est très beau dans le corne d’Orion. Une sorte de silen- té n’est sûrement pas une solu- une allégeance maurassienne. » Le marié. Samuel Beckett est lecteur enchantée lorsqu’il les transforme, roman, c’est que la corrida envahit ce descend sur le roman, le récit tion. moins que l’on puisse dire est que d’anglais et Belmont l’un des rares dans leurs étreintes, en « anges le paysage, imprègne, plus ou devient presque nu comme si la A dire vrai, le malaise du titre et tout cela est un peu court. On anglicistes. Leurs déambulations cannibales ». moins consciemment, les gestes mort, seule, avait le pouvoir de sus- de l’avant-propos ne se dissipe aimerait connaître son opinion dans Paris la nuit sont magnifi- Ce qui leur plaît dans la maison des personnages. Quand Léna, qui pendre l’imaginaire, d’interrompre pas totalement à la lecture. Geor- d’alors et celle d’aujourd’hui. ques, comme le sont leurs ivresses de Pascal, où ils aboutissent, dans commence à aimer secrètement la fantasmagorie. Elle rend la cour- ges Belmont n’a pas le talent de et l’observation par Belmont de les Landes, c’est le côté vif, sauva- Angel, malgré son hostilité de se des amants, qui croient peut- Simone de Beauvoir pour la chro- CROQUIS, SILHOUETTES cette étrange personne qui n’est ge. Grainville y installe, avec une départ à la corrida, surfe sur les être moins à la grande fable de la nique d’une époque, d’un milieu, Contrairement à ce qu’affirme le pas encore écrivain, mais qui impo- alliance de démesure et de préci- vagues de l’Atlantique, entrant liberté crue en repartant vers le d’un groupe. Des années 1930, si prière d’insérer du livre, Belmont se un très particulier silence. Grâ- sion délicate, un bestiaire comme dans une volupté précise et se don- Sud, plus consciente, plus grave. importantes, non pas pour résu- ne « brosse » pas « un tableau ce à Beckett, Belmont lit Joyce, et originel : chiens, que Pascal élève, nant l’illusion de dominer le flot, On dirait que Grainville regarde le mer le XXe siècle mais pour com- magistral d’une époque légendai- son destin, sans doute, en est chan- un peu fous, animés de violence et de le terrasser, de le tuer, elle voit cœur fixe de sa flamboyance avant prendre la catastrophe de re », mais seulement « de quelques gé. Grâce à Beckett, ces Souvenirs d’amour qui, lorsqu’ils s’accou- dans le récif de pierres roses, dans d’embraser à nouveau le monde. 1940-1945, on ne sait jamais vrai- hommes qui l’ont illustrée : Joyce et d’outre-monde sont indispensa- plent, ont l’air de « piller la volup- cette « corne de corail qui perce la Et c’est très beau. ment ce que pense Belmont, sinon Beckett, mais aussi André Gide, bles. té » ; grues, dont de vieilles fables peau de l’océan » son Orion, à elle. Jean-Noël Pancrazi qu’il renvoie sans cesse extrême Jean Paulhan, Roger Vailland, Josyane Savigneau TIMOTHY ROMANS ESSAIS ACTUALITÉS FINDLEY POLICIERS Réédition du Les livres à 10 francs sont-ils Page VI Les sœurs « Candomblé solubles dans l’euro ? Tran-Nhut de Bahia » Page VIII Page VII de Roger Bastide Page VIII Méphistophéliquement vôtre, Herr Goethe

Méphisto. Si, dans le conte popu- LE TROISIÈME FAUST Avec l’intelligence rusée laire, Méphisto quitte Faust après de Marc Petit. la signature du pacte pour ne réap- Gallimard, « Folio », qu’on lui connaît, paraître qu’au moment de s’empa- 200 p., 4,50 ¤. rer de son âme, dans l’œuvre de Première édition : Stock, 1994. Marc Petit lance Goethe, Faust et Méphisto par- tent et voyagent ensemble, compa- l y a des livres que l’on a irré- un envoyé très spécial gnons inséparables. Blackwell et sistiblement envie de lire à Goethe, eux, sont compagnons haute voix. Ils demandent du aux trousses d’un jour car, pour mener sa mis- souffle, de la dramatisation, sion à bien, notre Rouletabille (ou unI accompagnement sonore et de l’auteur de Faust. Tintin) va endosser tour à tour les même gestuel, appellent l’empha- rôles des différents intervenants se, la virulence, l’ironie, la diction, Diableries garanties prévus ce 1er octobre 1831 dans le ton juste et la respiration adéqua- l’agenda du grand homme : Frie- te. Le Troisième Faust fait partie de drich John (encore un, à ne pas ceux-là. D’ailleurs, les premier et Revenons toutefois à ces quel- confondre avec Friedrich Krause, deuxième Faust étaient des œuvres ques mots liminaires : « Récit colli- le valet), secrétaire de Son Excel- dramatiques, le troisième, par con- gé des papiers inédits de Lucian lence, puis le Dr. Vogel, son méde- séquent, ne peut être qu’une pièce Blackwell et augmenté de notes et cin, et Johann Heinrich Meyer, de théâtre, habilement déguisée en d’une postface de Friedrich Gottlob son marchand d’art… Lucian roman en six actes, et injouable. Schnepfendreck, professeur à l’uni- Blackwell aura même la témérité Sauf pour le lecteur amené à faire versité d’Iéna. » On sait le peu de de devenir Goethe lui-même, pre- l’acteur et à se donner en spectacle. cas que Goethe lui-même faisait nant le thé en sa compagnie. De quoi faire ricaner l’auteur. Sous des professeurs ajointeurs de Et de quoi parlent-ils donc ? De LORENZO MATTOTTI cape. Car il s’amuse, l’auteur, il se notes, qu’il accusait de « pisser la disposition des organes inter- détaillé, donné en annexe (2). Per- b moque, il galège, en diable d’hom- contre les arbres », et, si on ne le nes des mollusques de la classe sonnages secondaires, peu nom- extrait me ; et il est armé, à fleuret mouche- sait pas, Marc Petit nous en infor- des céphalopodes. De la tête de breux puisque illico presto rempla- « – Ah, ah ! Elle est bien bonne, s’écria Goethe en embrochant l’animal. S’il té : méfiance ! Il en sait trop, et me : note 1, page 38 de l’édition chou (Brassica oleracea) qui don- cés par l’intrépide jeune homme, est un exemple qui se retourne contre Cuvier, c’est bien celui-là ! Qu’une bien malin qui démêlera le vrai du sus-citée. Ajoutons à cela que le ne naissance à la spirale et à l’héli- à l’exception de quelques Wolf et partie des pattes se soit transformée en mâchoires ou bien l’inverse, nous faux, l’érudition de la mise en boîte. professeur Friedrich Gottlob ce. Du rythme de la nature. De la du malheureux poète Gustav Pfi- sommes confrontés à un cas de métamorphose progressive d’un organe, Mais, déjà, les premiers mots (« Dieu soit loué », pour les fran- queue des cochons en tire-bou- zer. Restent les femmes, la belle qui est la preuve de l’évolution des espèces. Que dit Cuvier ? La fixité règne, du premier acte sonnent : « Ça, cophones) Schnepfendreck chon. Sans oublier une fugitive Ottilie, fantasque et prompte aux et s’il arrive du nouveau, c’est par à-coups, à la faveur de catastrophes quel toupet. » Nous sommes à emprunte son prénom et ses initia- apparition d’Ouroboros, le ser- affinités électives, la jeune Clara imprévisibles. Voilà comment on concilie Jéhovah et Vulcain, Metternich et er Weimar, le 1 octobre 1831. Un les à Schiller, illustre poète et pent qui se mord la queue (que Wieck, « la petite fée », femme- Danton, les ténèbres du dogme et la folie furieuse des bonnets rouges ! Sot- jeune journaliste américain, grand ami de Goethe, qui ensei- Marc Petit affectionne au point de enfant pianiste, et les souvenirs et tise du siècle ! Ce n’est pas Vulcain qui mène le bal de la Nature, mais le Lucian Blackwell – dont le nom, gnait l’histoire à l’université d’Ié- l’avoir choisi pour titre d’un autre les murmures des amours passées. doux Neptune ; le feu sert à cuire, mais c’est des eaux que sortent les créatu- comme c’est étrange, évoque un na, ville voisine de Weimar. Son roman). Et de musique un peu, et Martine Silber res dont nous nous régalons. La Nature est sage, et elle a aussi le sens de puits noir –, va s’introduire chez patronyme signifie « fiente de d’art, et de littérature, et de Faust, l’humour : pourquoi pas des pattes-mâchoires ? Cela vaut bien une vierge Goethe, soucieux de constater bécasse » (1). il fallait bien. (1) Les lecteurs perspicaces et adeptes qui enfante, ne croyez-vous pas ? l’avancement du Deuxième Faust Si toutes ces précisions donnent Unité de temps classique, unité d’ énigmes se rendront p. 146 pour lire Je ne dis mot. Goethe avala sa coupe de champagne d’un trait, comme un et de faire « le récit circonstancié à croire qu’on a affaire à une paro- de lieu aussi : la maison de la note apparemment absconse que Cosaque sa vodka. des faits et gestes de cette mystérieu- die légère, que le lecteur veuille Goethe, véritable labyrinthe, l’on éclairera peut-être en rappelant – Rappelez-vous, mon petit Vogel : « Qui se fait vert, les chèvres le bouf- se célébrité, du matin au soir ».En bien nous en excuser. Il n’en est chambres et antichambres, esca- que Mardochée Klein apparaissait déjà fent », comme nous disons chez nous à francfort...Ohé, Friedrich ! Débar- échange de ce scoop, son patron, rien. Marc Petit n’est pas un lier en spirale, salons et salles d’ex- dans L’Architecte des glaces, Histoires rasse-nous de ces fossiles et apporte la suite !... Sans façons, ein echt M. Jove, propriétaire du Baltimore auteur de simple divertissement. position que Goethe et son exégè- sans fin ou Le Nain Géant et, à y bien Frankfurter Essen comme le faisait ma mère : un puissant bouillon suivi Herald, lui a promis 5 000 dollars Entre Lucian Blackwell et Goethe te occuperont tour à tour, au ris- réfléchir, entre Klein et Petit… d’une paire de saucisses et d’une salade de chou. Au fait, vous qui êtes si (ce qui devait sûrement faire beau- va s’amorcer un dialogue qui vau- que de perdre le lecteur, qui se (2) Egalement en annexe, un portrait érudit, docteur Loisellus, savez-vous comment on dit « Wurst » en latin ? » coup d’argent en 1831). dra bien celui de Faust et de reportera donc avec profit au plan de Goethe. Notre Kafka Fragile constance des Indiens Pueblo sur un ton de procès-verbal. C’est MON KAFKA la plus singulière complainte du Récit empreint de respect sur le sort réservé aux populations indiennes des Etats-Unis d’Alexandre Vialatte. sort humain qu’on ait écrite ». 10/18, 200 p., 6,90 ¤. Il s’oppose à la récupération années 1930, L’Homme qui a tué le que je ne sais pas. » A force de dou- nent les Blancs, leur avidité et leur Première édition : nihiliste de l’écrivain : « Je croyais L’HOMME QUI A TUÉ LE CERF cerf retrace l’histoire croisée de la tes et de confiance en soi, grâce à racisme. éd. Les Belles Lettres, 1998. lancer un des princes de l’humour. (The Man Who Killed communauté indienne Pueblo et l’aide discrète, quasiment tacite, Seul espoir, celui « d’apprendre Je retrouve un des rois des ténè- the Deer) de Martiniano, l’un de ses mem- de son épouse, Celle-qui-joue- de ce peuple, avant qu’il ne soit ans une ville alleman- bres. » Vialatte n’est pas un théori- de Frank Waters. bres. avec-les-fleurs, de ses amis Pale- balayé de la surface de la Terre, de, pendant l’hiver cien. Il propose un Kafka subjec- Traduit de l’anglais (Etats-Unis) L’une comme l’autre luttent mon et Byers, après un passage laquelle leur appartenait pourtant 1926, un facteur appor- tif. C’est la vertu de Kafka d’être par Daniel Bismuth pour trouver et asseoir leur place par l’expérience du peyotl, il com- en priorité, cette vérité qui leur est tait à un jeune Auver- un génie dont on se sent proche. Gallimard, « Folio », 448 p., 7 ¤ dans le monde. Pour le conseil des prendra et admettra qu’il ne peut propre, mais qui doit appartenir à gnatD de vingt-cinq ans, un livre On peut le vérifier, avec la célè- Première édition : sages, le point crucial réside dans exister de solution individuelle et tous – cette vérité simple et prodi- étrange qui allait changer sa vie : bre Lettre au père (1), jamais éd. du Rocher, 1992. l’espoir de récupérer un territoire encore moins individualiste, que gieuse de la solidarité qui relie l’hom- Le Château. Il le compare à un envoyée. Publiée en tant que tel- dans lequel se trouve le Lac-de- l’on ne peut échapper à ses racines me à tout ce qui respire et ne respire « œuf d’ange ». L’auteur était le, et non plus sous la forme d’ap- ublié aux Etats-Unis en l’Aube, lieu sacré de cérémonies et pas plus qu’à son histoire. pas, à tout ce qui vit maintenant et mort deux ans plus tôt, à Prague. pendice à d’autres textes, on la 1942, ce roman est l’œu- de cultes vitaux pour la commu- Contrastant avec cette issue opti- qui vivra encore ». « Chaque hiver le vent de la neige reçoit en pleine figure : « Il m’arri- vre d’un écrivain qui a nauté. Pour Martiniano, il s’agit de miste, le futur promis aux habi- Au moins sur un point, l’histoire apportait un nouveau message, ve d’imaginer la carte de la Terre consacré sa vie aux civili- se faire admettre tel qu’il est par tants des réserves indiennes tel aura donné tort à Frank Waters et énigmatique, et inachevé. » déployée et de te voir étendu trans- sationsP amérindiennes, en particu- son groupe, lui qui tout jeune a été qu’il transparaît dans ce roman est à son récit empreint de respect et Alexandre Vialatte est ainsi deve- versalement sur toute sa surface. Et lier celles du sud-ouest des Etats- retiré aux siens pour être éduqué à particulièrement sombre. Pour de discrétion : grâce à leur téna- nu le « prophète étonné » de Kaf- j’ai l’impression que seules peuvent Unis. Frank Waters, né en 1902 et l’école des Blancs. Pas plus qu’il ne Byers, seul Blanc du village accep- cité, à la fidélité en leurs croyances ka. Les deux écrivains se ressem- me convenir pour vivre les contrées mort en 1995, a écrit une douzaine les comprend, il ne veut admettre té par les Indiens et dans lequel on génération après génération, les blent peu. Kafka est un génie, Via- que tu ne recouvres pas ou celles de fictions et une quinzaine d’es- les coutumes de son peuple. peut voir un double de l’auteur qui Indiens Pueblos de Taos récupé- latte, un merveilleux styliste. Son qui ne sont pas à ta portée. » sais parmi lesquels seul Le Livre du Au fil du roman, cependant, à vécut longtemps auprès des Pue- raient définitivement le Blue Lake, goût littéraire le porte peu sur Parmi ces contrées, il y avait la Hopi a été traduit en français, par travers une quête initiatique qu’il blos, les « Peaux-Rouges, avec leur le Lac-de-l’Aube du roman, en l’avant-garde. littérature. les Editions du Rocher. ne maîtrise pas vraiment, Martinia- entêtement, leur goût du secret tradi- 1970. Ce lac et les terres qui l’entou- Il le compare à Pascal. Les livres A. S. Situé dans un village fictif no se rapprochera de plus en plus tionnel et leur résistance opiniâtre rent leur avaient été confisqués en de Kafka sont « des cauchemars nommé La Oreja, très inspiré de la de sa communauté : « Je ressens devant tout changement » ne pour- 1906 pour être intégrés à un parc de scrupuleux rédigés par un iro- (1) Traduit de l’allemand par Marthe fameuse cité de Taos, au Nouveau- simplement, comme toujours, qu’il raient résister longtemps dans cet- national. niste et par un roi de la parabole Robert, « Folio », 100 p., 2 ¤. Mexique, probablement dans les existe en moi un pouvoir qui sait ce te « sorte de petit zoo » où les confi- Jean-Louis Aragon VI / LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 le Monde des poches b

livraisons jeunesse b GIANNINO FURIOSO OU LE JOURNAL D’UN FRIPON, de Les enfants chagrins Vamba Le titre initial du livre (Il Giornalino di Gian Burrasca : Le Petit journal de Jean l’Ouragan) donne le ton d’emblée. « Hénaur- Trois livres, sous coffret, pour aborder l’univers pessimiste et mélancolique mes » bêtises, gamineries et désobéissances désopilantes : le jour- nal de ce garnement – paru initialement en Italie en 1907-1908 et de l’écrivain canadien, Timothy Findley demeuré depuis lors un inusable succès de librairie – est aussi d’une drôlerie et d’une fraîcheur de ton qui n’ont pas pris une son nord-américaine, moins sujet- uns aux autres, se dénoueront ride. On dit qu’il compte parmi les livres de chevet d’Umberto LE DERNIER DES FOUS te à l’effroi que les compatriotes dans le sang et dans la mort. Eco. Il serait vraiment dommage de passer à côté de ce récit qui a (The Last of the Crazy People) de l’auteur. Timothy Findley reprendra le fait les délices de générations de petits et de grands, de l’autre de Timothy Findley. C’est que Le Dernier des fous,ce thème de la famille et du chagrin côté des Alpes (traduit de l’italien par Nicolas Cazelles, Phébus, Traduit de l’anglais (Canada) par très beau livre, montrait l’intimité d’un enfant, sous une forme moins coll. « Libretto », 352 p., 9,90 ¤. A partir de dix ans). Fl. N. Nadia Akrouf, « Motifs », 344 p., canadienne sous un jour assez noire et sans doute moins réussie, b JOURNAL D’UNE PRINCESSE, de Meg Cabot 6,56 ¤. Première édition : déplaisant. On y découvrait, à tra- dans Nos adieux. Et ce n’est pas un Pauvre Mia, n’avait-elle pas assez de soucis, entre ses disputes Le Serpent à plumes, 1995. vers le regard de Hooker, un hasard si l’un de ses autres sujets avec Lilly, ses déboires sentimentaux et les embarrassantes enfant de onze ans, les tares d’un de prédilection, la guerre, se marie amours de sa mère ? Pour couronner le tout, cette collégienne es romans sont comme monde colonial en désagrégation. souvent avec celui de la vie familia- new-yorkaise de quinze ans découvre qu’elle est en réalité la une série de branches dis- L’une reflétant l’autre, comme le, la seconde n’ayant rien à envier fille d’un prince et qu’elle va, en droite ligne, hériter de sa cou- semblables, accrochées au deux sphères aux prises difficiles à la première en matière de violen- ronne. Vivant et proche comme un journal intime, ce livre tronc d’un arbre unique : avec ce qui leur est extérieur, la ce et de cruauté. – dont a été tiré le film Princesse malgré elle, de Gary Marshall mêmeS lorsqu’ils explorent des famille y servait de miroir à la socié- R. R. avec Julie Andrews – parlera notamment à toutes les adolescen- registres assez différents, les livres té. Et quelle famille ! Car Hooker tes et préadolescentes, qui l’avaleront d’un trait (traduit de l’an- de Timothy Findley conservent vit dans l’ombre portée de la folie e A signaler : Guerres de Timothy Fin- glais – Etats-Unis – par Josette Chicheportiche, Le Livre de toujours une secrète et forte cohé- maternelle, aux côtés d’un père dley, traduit de l’anglais (Canada) par poche Jeunesse, coll. « Mon bel oranger », 286 p., 5,20 ¤. A par- rence d’ensemble. L’inspiration ce – fait courir, de livre en livre, totalement retranché dans ses pen- Eric Diacon, Le Serpent à plumes, tir de dix ans). Fl. N. peut être presque sentimentale, des ramifications qui relient ferme- sées, mais aussi d’un frère qui fini- « Motifs », 322 p., 6,86 ¤. (Première bLA SORCIÈRE ET LE COMMISSAIRE, de Pierre Gripari comme dans Nos adieux, aux limi- ment les textes entre eux. ra par mourir de ce que la vie ne édition : Fayard, 1979.) Nos Adieux, tra- « Libérez la sorcière ! » Le slogan est scandé par Pierre Gripari lui- tes du fantastique, dans Le Chas- La guerre en est une, comme la soit pas un poème. Tous, ils déam- duit par Isabelle Maillet, « Motifs », même qui se fait fondateur et acteur du MLS (Mouvement pour la seur de têtes (1) et Pilgrim (Le Ser- présence d’enfants et de la cellule bulent dans un monde hermétique- 324 p., 6,56 ¤ (Première édition : Le libération des sorcières). Singulièrement attachante, sa sorcière pent à plumes, 2000) ou plutôt réa- familiale conçue à l’image d’une ment clos, privé d’air et de con- Serpent à plumes, 1998.) Les trois, en rend les gens heureux en les transformant en animaux multicolo- liste, dans Guerres, l’œuvre n’en prison, telle qu’elle apparaissait nexions avec le réel. Un drôle d’uni- coffret : 20 ¤. res ou autres objets délirants. Ainsi, l’employé du métro devient conserve pas moins une trame uni- dès son premier roman. Paru en vers où seules les servantes noires, « une taupe orange », la couturière « une araignée mauve » et le que. Car, outre la qualité de son 1964 et rejeté, d’emblée, par tous à la frontière entre l’intérieur et 1) Le Chasseur de têtes, traduit par Nési- facteur « un congélateur ». Un portrait drôle et riche en couleurs, style, ce romancier canadien de les éditeurs canadiens auxquels l’extérieur, semblent encore vivan- da Loyer, Gallimard, « Folio », 784 p., d’une vieille femme excentrique et touchante qui fera fondre les soixante et onze ans – sans doute Findley l’avait présenté, ce texte tes. Et où, bien sûr, les liens furieux 10,30 ¤ (Première édition : Le Serpent cœurs et rire les petits et les grands (illustrations de Claude Lapoin- l’un des mieux introduits en Fran- fut finalement publié par une mai- qui enchaînent les individus les à plumes, 1995.) te, Grasset Jeunesse, 29 p., 5,95 ¤. A partir de sept ans). St. L. b LES RÊVES DE MAMAN PRODUISENT DES MONSTRES, d’Alberto Moravia Ce recueil de nouvelles est une savoureuse petite cosmogonie où Alberto Moravia, en maître d’œuvre plein d’humour, orchestre En argots et en prose L’Egypte en son univers autour d’une singulière allégorie de la création du monde. « Mère Na Ture », une matrone gigantesque, et « Péh-réh- ther-nelh » gouvernent la Terre et ses habitants. Mais de façon Quelques textes de Marcel Schwob pour renouer avec l’esprit onirique beaucoup plus souple qu’aujourd’hui, car, lorsqu’on n’est pas content, il suffit d’aller voir Mère Na Ture pour se plaindre de la de l’écrivain érudit, rêveur et tourmenté doux-amer façon dont elle conçoit le monde. Moravia s’amuse et les grands thèmes se succèdent selon une logique aussi instructive que diver- de Monelle (1894), chef-d’œuvre cey, traduit par… Marcel Schwob. tissante : la gourmandise (« Balance, je te hais »), l’arrivisme DIALOGUES D’UTOPIE plus souvent cité que réellement Il n’était que justice de retrouver L’ÉPÎTRE DES DESTINÉES (« Déluge, fin du monde, etc. »), le mensonge (« Per Che de Mer et de Marcel Schwob. lu, est à peine plus connu que les l’esprit rêveur et tourmenté de cet (Risâlat al-Basâ’ir fi-l-Masâ’ir) San Glier, amour menteur »)… Un torrent de bonne humeur et une Ed. Ombres, « Petite contes et récits, composés dès les érudit, épris du jargon des de Gamal Ghitany. leçon de vie (illustrations d’Anaïs Vaugelade, L’Ecole des loisirs, Bibliothèque », 160 p., 9,76 ¤. années 1880 et régulièrement Coquillards, compagnons de Fran- Traduit de l’arabe (Egypte) 93 p., 8 ¤. A partir de neuf ans). St. L. repris en volume. Marcel Schwob çois Villon, comme de l’argot des par Edwige Lambert. b POUR DU GRAVIER DANS NOS CHAUSSETTES, de Claire ans aller jusqu’à définir les croise un goût précieux pour l’éru- apaches des barrières, pour l’anni- Seuil, « Points », 344 p., 6,95 ¤ Laroussinie contours plus ou moins dition – historique, artistique, phi- versaire de la collection et son Quand le monde du silence et des sourds rencontre celui du théâ- flous d’une société secrè- losophique ou linguistique –, une cent cinquantième volume. Repre- onsidéré comme l’un tre, la magie opère à la fois dans les cœurs et dans les esprits. te, le cercle des lecteurs de palette où l’ironie le dispute à la nant, selon un ordre strictement des meilleurs écrivains Tout commence avec cette lettre signée « Domonique » dont MarcelS Schwob (1867-1905) reste tendresse et un sens aigu de l’in- chronologique qui bouscule quel- égyptiens actuels, émane un mal de vivre intense, et qui va conduire le destinataire plutôt réservé, malgré les réédi- quiétant qui se joue aux marges du que peu le lecteur, des textes Gamal Ghitany sait per- vers une vibrante histoire d’amour. Jérémiah, attaché à cette tions, désormais régulières, de ce fantastique et de la perversité publiés entre mai 1889 et juin 1895 pétuerC en la renouvelant la tradi- lettre qui pourtant ne lui est pas directement adressée, décide maître du « symbolisme déca- savante. On ne peut mieux l’abor- et deux inédits, Dialogues d’utopie tion égyptienne, abandonnée, voi- d’en faire une pièce où les dialogues seront mimes et langage dent » que son goût du bizarre, du der qu’avec Cœur double (1891), Le mêle l’analyse quasi ethnogra- re rejetée, par nombre de ses pré- des signes. Entre mises en scène théâtrales et jeux amoureux se fantasque et d’un hédonisme Roi au masque d’or (1892), Vies ima- phique (l’irrésistible « Psychologie décesseurs. Souvent ses romans tisse une conquête de soi à travers les autres et les émotions volontiers onirique, ne vouait pas ginaires (1896) ou La Croisade des du bonneteau »), le reportage cin- semblent l’œuvre d’un conteur, (L’Ecole des loisirs, coll. « Medium », 128 p., 7,50 ¤. A partir de à la pleine lumière. Traducteur (sa enfants (1896). glant, qui prophétise l’abandon de prenant son temps, ménageant le douze-treize ans). St. L. version de Moll Flanders de Daniel C’est avec ce dernier titre que les la peine capitale à l’occasion de suspense, gardant les mots en bou- Defoe a toujours les honneurs de éditions toulousaines Ombres « L’Exécution » de l’assassin de che comme une douceur, un livraisons essais la « Bibliothèque de La Pléiade », inaugurèrent, il y a juste dix ans, l’huissier Gouffé, l’évocation histo- baqlawa, un gâteau au miel, et arra- mais il « passa » aussi Shakespea- leur « Petite bibliothèque » qui n’a rique (« Les Rouges à Bâle chant à ses auditeurs-lecteurs, un b L’EFFET DE SERRE, d’Hervé Le Treut et Jean-Marc Jancovici re ou ses contemporains Wilde et cessé, au fil de la décennie écou- [1430] »), la fantaisie improbable cri d’effroi, une malédiction à voix Etant donné l’importance du problème du changement climati- Stevenson), journaliste (il dirigea lée, de charmer. Pêle-mêle, Paul- (le désopilant « Articles d’expor- basse, un soupir ou des larmes. que, il est assez curieux que l’on ne trouve pas aisément de syn- le supplément littéraire de L’Echo Jean Toulet et Sheridan Le Fanu, tation ») et, le plus souvent, la say- Mais, de son attachement à ce thèse claire du sujet : l’ouvrage, petit mais dense, d’Hervé de Paris au début des années Nikolaï Leskov et Isabelle de Char- nète ombreuse, contemporaine ou passé littéraire – tout comme il se Le Treut et Jean-Marc Jancovici vient avec brio combler ce man- 1890), Marcel Schwob manifeste rière, les Mémoires de la Reine Mar- non, qui donne sa lumière d’or ter- passionne pour cette Egypte anti- que. Les deux auteurs sont des spécialistes de première qualité une curiosité aussi éclectique qu’in- got et une nouvelle d’Hector Ber- ni à une prose subtile, palette de que dont personne ne se préoccu- – le premier est un modélisateur notoire, l’autre un polytechni- satiable qui en fait un auteur à lioz, les aphorismes de Füssli et un visions oniriques qui se joue des pe et qu’il a fait revivre dans un cien indépendant – qui savent vulgariser sans déformer. La pre- part. roman illustré de Rodolphe Töp- langages (les notes donnent les livre Pyramides (Sindbad/Actes mière partie de l’ouvrage explique les bases du phénomène clima- Transposition sur un ton nietzs- pfer, la correspondance d’Ales- équivalences nécessaires pour Sud) – il tire une sorte de Sagesse tique à l’œuvre, sans en cacher les incertitudes, par exemple sur chéen des amours, classiques jus- sandro Scarlatti avec son mécène savourer les argots mis en jeu par qui lui permet de parler avec dis- le rôle des nuages dans l’effet de serre, tandis que la deuxième qu’au poncif, du poète et d’une florentin et Les Derniers Jours d’Em- Schwob) et des temps. tance et recul de l’Egypte d’aujour- partie présente ses implications économiques et politiques. Les prostituée tuberculeuse, Le Livre manuel Kant de Thomas De Quin- Ph.-J. C. d’hui, et en particulier du Caire, sa auteurs pensent que prévenir les risques majeurs liés au change- ville, comme dans son livre le plus ment climatique exige « que nous développions une société » récent (Les Récits de l’institution, sobre « en réduisant notre consommation matérielle » (Flamma- Seuil), parabole de la folie dictato- rion, « Dominos », 128 p., 6,25 ¤). H. K. riale, des désastres provoqués par b LA PHOTOGRAPHIE À PARIS, de Virginie Chardin Traité romanesque de la peur nécessaire le pouvoir des multinationales, et La photographie est à la mode. Les expositions et festivals pullu- du gâchis humain qui en résulte. lent, les prix enflent, des lieux ouvrent. Pour s’y retrouver et s’in- L’Epître des Destinées ramène le former, Virginie Chardin propose un guide sur la seule ville de Le Suédois Stig Dagerman plaide pour l’angoisse, lecteur dans les années 1970, au Paris, riche en adresses et conseils, parfois hors des sentiers bat- moment de la présidence d’Anouar tus, découpé en quatre parties sensibles : voir (du musée au livre), seul moteur qui donne de l’élan à l’action El Sadate : libéralisation économi- acheter (galeries), apprendre (écoles, centres de formation, clubs que à tous vents, répression des photo), matériel (neuf et occasion, réparations, laboratoires, enca- Enrôlée dans une neutralité sous Celui de la guerre d’Espagne, intellectuels et des « Nassériens » drement). Avec, en prime, des adresses pour « se faire tirer le por- LE SERPENT uniforme, dans la défection des contée par un de ses compagnons de gauche, rapprochement avec les trait » et un calendrier de manifestations (éd. Parigramme, coll. (Ormen) esprits. Encouragée, par les aboie- d’infortune, qui avait tenté de « sau- pays arabes modérés, conflit avec « Paris est à nous », 112 p., 5,34 ¤). M. G. de Stig Dagerman. ments martiaux, à cultiver les ges- ver son âme » en s’enrôlant chez les Israël (« guerre d’usure » puis b LA TYRANNIE DE LA COMMUNICATION, d’Ignacio Ramonet Traduit du suédois tes du crime, par le mime de Républicains. Le front de l’écriture « guerre du Kippour » en 1973), A défaut de se renforcer en s’appuyant toujours davantage sur par Carl-Gustaf Bjurström combats absurdes. Avant d’être aussi bien. Scriver peut reprendre visite de Sadate à Jérusalem une information exigeante, la démocratie est-elle en train d’aban- et Hervé Coville, lâchée dans la course aux filles et des mains du soldat de base l’éten- (novembre 1977), accords de donner le terrain à la tyrannie de la communication ? Ignacio Gallimard, « L’Imaginaire », aux cuites sans fin des nuits d’été. dard frappé du reptile, le brandir Camp David et traité de paix (mars Ramonet, qui dirige, depuis 1991, Le Monde diplomatique, est un 282 p., 7,50 ¤. Première édition : Une mise aux arrêts de l’intelli- pour retarder l’avancée des forces 1979). De cette décennie prodigieu- observateur privilégié des mutations accélérées que connaît le sys- Denoël, 1966. gence, dans le temps ralenti d’une conjointes de l’angoisse et de la nor- se, Ghitany tire un livre doux- tème d’information mondial depuis que la télévision a imposé aux Suède encaserneuse, dont Stig malisation. Stig Dagerman tiendra amer, plein de compassion pour autres médias sa logique toute technologique de rapidité, de réalis- a peur en tête. Spasmes Dagerman décrirait la mécanique quelques années encore, avant d’en- les petites gens détruits morale- me attaché à l’image, de compétition liée au libéralisme économi- qui éveillent et anéantis- en faisant encre de son sang. traîner son serpent avec lui dans la ment et physiquement, ayant per- que. Quand la surenchère dans l’« hyperémotion » conduit à décon- sent, qui se redoutent, se Le jeune homme enregistre tout. mort. Il avait trente et un ans. Scri- du tous leurs repères et qui se lais- ceptualiser toujours plus l’information, la place est libre pour un cultivent. La peur est le L’aveu de la peur généreusement ver : « L’homme angoissé doit être sent tenter et compromettre par « messianisme médiatique » qui ne s’embarrasse guère de scrupu- Lbagage premier de l’homme. Une distribué à ses personnages ouvre à symbolisé par celui qui va au fond de tous les vices de la nouvelle société les. L’aventure de « Loft Story » a conduit Ignacio Ramonet à ajou- couronne d’épines qui s’enfonce deux battants les portes du roma- sa peur, qui la connaît le plus et la de consommation. ter dans la présente édition, un chapitre consacré au « conformis- lentement sur son crâne. Une série nesque. Il lui doit son hyperesthé- craint la moins parce qu’il la fré- A la manière des motifs de la me de l’abjection » que dénonça, avant lui, Paul Virilio. On pourra de boîtes de plus en plus étroites sie. La précision optique et sonore quente sans arrêt. Cet homme, c’est mosaïque andalouse qui figure sur toujours juger excessive une telle mise en garde, mais qui le broient. Une machine à gra- de ses descriptions. La faculté de le poète. » les murs de la mosquée, des histoi- certainement pas dénuée de tout fondement (Gallimard, ver en profondeur les ébranle- sentir plusieurs choses simultané- Jean-Louis Perrier res se mêlent et s’entrecroisent, « Folio/Actuel », 304 p., 6,25 ¤). A. My ments quotidiens. Un supplice ment. Face aux rétrécisseurs de cer- commencent bien, finissent mal, le b LA PHILOSOPHIE DES SCIENCES, de Dominique Lecourt nécessaire. Un serpent. Mais le ser- veaux, enfonçant « l’anneau de fer conteur parfois reprend souffle L’ambition avouée de ce petit livre est de présenter un tableau pent est moins que la peur. Il en est de l’Etat » de plus en plus bas sur pour méditer un temps sur les aussi complet que possible de la philosophie des sciences. Le for- l’instrument, l’appendice, un frag- les crânes, cet anarcho-socialiste maux de l’époque, laisser entendre mat de la collection dicte des choix draconiens, surtout lorsque le ment. Une tentative de la saisir. proclame l’alerte générale des sensi- ce qui l’a poussé à écrire ce livre, domaine à couvrir est vaste et comparable, comme Kant l’assu- Une représentation maladroite. Un bilités. Sa phrase courte, est une sa volonté de témoigner des rait, à « une arène tout particulièrement destinée à exercer les forces signe honni et glacé qui se contor- défense, légitime, et un remède, « changements qui ont affecté l’es- des lutteurs ». Le plus simple est de choisir son camp, de s’y tenir sionne et se garde de mordre. La brûlant, contre le froid qui saisit sentiel ». et de déployer un aimable résumé de doctrines bien connues, en peur est une bouche sifflante qui ceux qui ont su conscience garder. L’ironie s’efface peu à peu pour gauchissant les positions adverses au nom de l’absence de techni- condamne à vivre la peur. Entraînés, malgré eux, avec tous les laisser la place à la compassion, à cité. C’est ce que Dominique Lecourt s’est refusé à faire. Aussi Le Serpent (1945) est le premier autres, dans l’engrenage implaca- un sentiment de désolation. «Il reconstitue-t-il fidèlement le programme du Cercle de Vienne, roman et le credo de Stig Dager- ble, qui conduit à la peur de la peur. eût suffi que les circonstances fus- auquel il n’adhère pas, avant d’entraîner ses lecteurs vers la tradi- man (1923-1954), étoile et drapeau « La tragédie de l’homme d’aujour- sent autres. Mais il arriva ce qu’il tion française de réflexion philosophique des sciences. « La scien- noirs de la Suède d’après-guerre. Il d’hui, c’est qu’il a cessé d’avoir le cou- arriva et il arrivera ce qui doit arri- ce crée de la philosophie », assurait Bachelard : tel est le fil direc- porte à la profusion le récit presque rage d’avoir peur », dira son double, ver. Car nul n’échappe aux desseins teur de cet ouvrage d’initiation non dépourvu d’originalité (PUF, documentaire de la défaite d’un l’écrivain Scriver. Seul, ce courage de Dieu. » « Que sais-je ? », 128 p., 6,50 ¤). J.-P. T. pays à travers celle de sa jeunesse. donne l’élan pour monter au front. M. Si. le Monde des poches LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 / VII b

livraisons De fantastiques inspecteurs b L’ONCLE ROBINSON, de Jules Verne « Les Robinsons ont été les livres de mon enfance, et j’en ai gardé un impérissable souvenir », écrivit Jules Verne dans la préface à Secon- Chet Williamson, écrivain d’horreur, et John Maddox Roberts, connu pour ses romans policiers, de patrie. En témoigne ce roman inachevé écrit vers 1861 et qui, plus que de l’ouvrage fondateur de De Foe, montre l’influence du parviennent à croiser les univers de la « fantasy » et du polar Robinson suisse de J. D. Wyss. Mais il s’inscrit déjà dans le cadre des « Voyages extraordinaires ». Refusé par Hetzel, au motif qu’il Magazine, revue de fantastique des privilèges de la « fantasy » servation et les capacités de avait des enfants pour héros, le roman ne fut jamais terminé, mais MEURTRE AU CORMYR moderne qui a publié la plupart que de faire surgir les monstres déduction de celui qui fait fonc- Jules Verne s’en est très visiblement inspiré pour écrire ce qui est (Murder in Cormyr) des maîtres du genre et il a par la au gré du bon vouloir de tion de détective. Passer d’une sans aucun doute son chef-d’œuvre, L’Ile mystérieuse, publié en de Chet Williamson. suite écrit plusieurs romans de l’auteur ! L’enquête menée par époque historique ancienne à un 1874, dans lequel Cyrus Smith occupe une place analogue à celle Traduit de l’anglais cette veine (Soul Storm, Ash Wed- Jasper et son maître Bénélaïus au état de civilisation fort proche de d’Harry Clifton. Avec eux, être Robinson, c’est savoir exploiter au (Etats-Unis) nesday, etc.) dont un a été traduit sujet de deux meurtres se déroule celle-ci (Tarsis est menacée par mieux les ressources de la nature grâce à des connaissances par Michèle Zachayus, en France dans la collection « Ter- comme il se doit dans un royau- des hordes barbares, comme le encyclopédiques. (Le Livre de poche 318 p., 4,45 ¤. Première édi- Fleuve noir, reur » (Pocket) : La Forêt maudite. me imaginaire vaguement moye- fut Rome) n’a pas dû représenter tion : Le Cherche Midi, 1991). 250 p., 5,33 ¤. Il figure également au sommaire nâgeux, entre les tavernes bon- pour lui un challenge très difficile. b LES MAGICIENS DE CAPRONA, de Diana Wynne Jones Inédit. de 999, l’anthologie-manifeste dées où se concentre la vie sociale Aussi s’est-il attaché à soigner l’as- Une ville italienne de la Renaissance, mais située dans « un monde d’Al Sarrantonio avec une nouvel- du bourg et un marais hanté par pect « fantasy » du roman en fai- parallèle où la magie est aussi commune que les mathématiques », CRIME À TARSIS le d’humour noir qui en est le fantôme d’un cruel brigand. Et sant de Tarsis une cité étrange et deux familles de sorciers, les Montana et les Petrocchi, sur qui (Murder in Tarsis) d’ailleurs une de ses plus belles le roman met en scène quelques décadente où se côtoient des peu- repose l’intégrité de la cité, mais qu’une violente inimitié oppose de John Maddox Roberts. gemmes. personnages archétypaux du ples très différents, en la dotant depuis des générations de façon aussi violente que celle qui dres- Traduit de l’anglais Mais le récit policier n’est pas genre : le magicien (Bénélaïus est d’un monstre mythique, le behir, sait les Capulets contre les Montaiguts, une force mystérieuse qui (Etats-Unis) étranger à Chet Williamson qui a un sorcier doté de quelques pou- que les héros devront affronter, semble affaiblir chaque jour un peu plus les pouvoirs des deux par Isabelle Trouin, également collaboré au Alfred Hit- voirs), la belle aventurière, la bête en plaçant l’intrigue sous le signe dynasties sorcières, un chaos politique qui s’accentue de façon Fleuve noir, chcock’s Mystery Magazine et a fabuleuse (en l’occurrence une du dragon pourvoyeur de magie. inquiétante et un apprenti magicien un peu malhabile. Tels sont 250 p., 5,34 ¤. même vu une de ses nouvelles « A hydre), etc. Et aussi en choisissant comme les ingrédients de ce très joli roman fantastique pour la jeunesse Inédit. season pass » (1) faire partie de la Le récit est narré à la première héros un groupe de personnages, appartenant au cycle de « Chrestomanci », d’une inspiration enle- sélection pour le prestigieux personne, avec une distance un en marge de la société, très inspi- vée, qui mêle humour, fantaisie et tendresse avec brio. (Traduit de ’époque est – on le sait – Edgar Poe Award. Meurtre au Cor- peu espiègle, par Jasper qui s’avè- rés de Fritz Leiber : un mercenaire l’anglais par Sabine Sirat. Gallimard, « Folio Junior », 294 p., au mélange des genres. myr se situe délibérément dans re un conteur allègre, d’une « wat- frappé de malédiction, un poète 6,29 ¤). Les éditions Fleuve noir l’orbe holmesienne. L’un des sonité » irréprochable quoiqu’un tueur à gages et une voleuse, qui b BIOS, de Robert Charles Wilson nous proposent sous enquêteurs, Jasper – celui qui rem- peu irrévérencieuse. L’ensemble vont constituer une sorte de Premier roman inédit paraissant dans la collection, Bios est l’œu- l’étiquetteL générique de la « trilo- plit dans l’affaire un rôle analo- est d’une lecture extrêmement confrérie à laquelle d’autres per- vre d’un auteur qui s’est déjà distingué avec des titres comme Mys- gie des mystères » un hybride gue à celui d’Archie Goodwin plaisante… sonnages viendront se joindre. Ce terium ou Darwinia. Il signe là une très étrange histoire d’amour et d’un type nouveau, un croise- dans les romans mettant en scène sont eux qui vont remplir la fonc- y aborde le thème de l’exploration planétaire d’une façon extrême- ment original entre la « fantasy » Nero Wolfe – est en effet un admi- UNE GREFFE RÉUSSIE tion d’enquêteurs, mais dans des ment radicale. En effet, Isis, la planète dont il est question, n’abrite et le roman policier. Deux romans rateur inconditionnel d’un ouvra- John Maddox Roberts possède conditions particulières : ils doi- pas seulement un écosystème très différent de celui de la Terre, de cette trilogie sont particulière- ge populaire, Les Aventures de la double casquette d’auteur de vent résoudre l’affaire du meurtre mais aussi et surtout d’une dangerosité extrême, comme vont pou- ment intéressants, quoiqu’ils Camber Fosrick qu’il relit sans se « fantasy » – il a signé plusieurs de l’ambassadeur Yalmuk sous pei- voir s’en apercevoir les membres des diverses expéditions scientifi- soient parus aux Etats-Unis dans lasser et toujours avec émerveille- Conan – et d’écrivain policier. ne de finir sur l’échafaud… ques qui tentent à sa surface ou dans ses mers d’en percer les deux collections inspirées, de ment. « Le détective Fosrick se fai- C’est dans ce second domaine La greffe est réussie : la révéla- secrets. Même Zoe Fisher, l’exploratrice génétiquement modifiée manière plus ou moins lointaine, sait fort de démêler n’importe quel- qu’il s’est particulièrement distin- tion de l’identité du coupable à la pour affronter cet environnement létal, n’échappera pas à un des- par des univers de jeux de rôles le énigme grâce à son brillant gué avec une série de romans poli- fin du roman constitue pour le lec- tin cruel. Bios est le récit terrible de son expédition. (Traduit de l’an- – lesquelles sont d’une qualité lit- esprit de déduction. » Il utilise ciers historiques se déroulant teur une parfaite surprise, un vrai glais – Etats-Unis – par Gilles Goullet, Gallimard, « Folio SF », téraire en général très moyenne, d’ailleurs parfois pour confondre dans la Rome antique et mettant coup de théâtre et son mobile 310 p., 7,59 ¤). On notera dans la même collection la réédition du mais représentent un nouvel ava- des coupables des astuces que en scène Decius Caecilius Metel- appartient au domaine propre de chef-d’œuvre de Walter Jon Williams : Sept jours à expier. tar significatif de la culture de l’hôte du 221 B Baker Street lus, un ancien légionnaire qui fait la « fantasy ». Dans Crime à Tar- b AU BOUT DU LABYRINTHE, de Philip K. Dick masse américaine. Ils sont intéres- n’aurait pas reniées. Aussi, quand partie de la commission des vingt- sis, l’intrigue policière épouse par- Sur la planète Delmak-O, se trouve réuni un petit groupe disparate sants parce que la tentative Jasper est bombardé « détective six chargée de faire la police dans faitement l’univers où elle se de colons, brutalement abandonnés à leurs seules ressources, qui, qu’ont risquée les auteurs de gref- adjoint » et chargé par son maître la cité impériale. Seul SPQR a été déploie et elle garde, jusqu’à son comme sur l’île des Dix petits nègres, ne tarde pas à être frappé par fer une intrigue policière sur un de missions d’observations et d’in- traduit en France chez J’ai Lu, terme, son potentiel de mystère. une étrange décimation. Mais les disparitions et les résurrections décor de fantasy s’avère, dans les vestigations, essaie-t-il de se mon- mais il a fait partie de la sélection John Maddox Roberts a réussi là s’enchaînent en kyrielle dans cet univers fluctuant qui tient tout deux cas, réussie. Ils sont intéres- trer à la hauteur de son héros pour le grand prix de littérature un véritable tour de force. autant de l’asile d’aliénés pour expérimentateur galactique que du sants aussi parce que leurs favori… Et il se révélera au final policière en 1993 (2). C’est assez Jacques Baudou labyrinthe flou. Philip K. Dick y explore une fois de plus les thèmes auteurs ne viennent pas de la litté- bien plus finaud limier qu’il n’y dire sa qualité ! voisins de l’univers truqué, de l’illusion et du réel, des glissements rature « rôliste », mais d’autres paraît ! John Maddox Roberts est donc (1) Publiée dans l’anthologie Mystè- de réalité, mais d’une façon plus hallucinée encore que d’ordinaire. horizons : ce qui explique sans Car Chet Williamson a ingénieu- rompu à l’exercice de style qui res 87 sous le titre « Un abonnement Il y fait preuve aussi de préoccupations métaphysiques (il y invente doute cette réussite… sement fomenté une solution à consiste à concevoir une intrigue pour la saison » (Livre de poche). rien moins qu’une religion, le psychofaçonneur m’en soit témoin !) Chet Williamson est surtout double détente en permettant au policière dans un contexte où elle (2) Une de ses nouvelles policières his- qui finiront par phagocyter l’œuvre ultérieure jusqu’à l’ésotéris- connu comme écrivain d’horreur. fantastique de faire irruption une ne peut utiliser que des moyens toriques, « Plus efficace que le glai- me. (Traduit de l’anglais – Etats-Unis – par Alain Dorémieux, Il a fait ses débuts de nouvelliste fois qu’une explication rationnel- restreints, où elle ne peut guère ve », est parue dans l’anthologie Petits collection 10/18, 250 p., 7,29 ¤). dans le Rod Serling’s Twilight Zone le a été donnée. Et c’est bien là un s’appuyer que sur le sens de l’ob- crimes du temps jadis (Le Masque). J. B.

livraisons Le mandarin mène sa barque b RETOUR CHEZ LES VIVANTS, de Peter Dickinson Pour une fois c’est le cadavre qui mène l’enquête, enfin presque. e Depuis la mort de sa femme et l’accident cardio-vasculaire qui l’a fou- A l’aube du XVII siècle, le jeune mandarin Tân doit faire face à une énigme que seules ses capacités droyé, l’ex-commissaire de Scotland Yard Jimmy Pibble n’est plus que l’ombre de lui-même. Enfermé dans un mouroir de luxe, il est, à de fin lettré lui permettront de résoudre soixante-quatre ans, réduit quasiment à l’état de légume. Le moindre geste lui coûte un effort surhumain, un instant de concentration et pouvoir est d’autant plus passion- pays. A la fin du XVIe siècle et au c’est aussitôt la syncope. Dans ces conditions, il a décidé d’en finir, ce LE TEMPLE DE LA GRUE nant que le mandarin Tân est un début du XVIIe, les luttes incessan- qui n’est pas simple. Il faut se lever, s’habiller, déjouer la surveillance ÉCARLATE lettré, recruté par un de ces tes entre la dynastie des Lê et les des infirmières, gagner l’espèce de tour dont est flanquée la clinique, des sœurs Tran-Nhut. fameux concours impériaux qui usurpateurs Mac soutenus par la gravir les escaliers sur les fesses et se jeter dans le vide. Il y est presque Picquier poche, 378 p., 9,50 ¤. permettent, et c’est son cas, à des Chine se sont soldées par la victoi- parvenu quand il tombe sur un cadavre qui va amorcer tout douce- (Première édition : Philippe hommes de basse extraction de re des premiers. Le pays a donc ment l’éveil de ses vieux réflexes. Sur un schéma classique, pour ne Picquier, 1999.) parvenir au sommet de l’Etat. retrouvé une unité qui sera rapide- pas dire rebattu, Peter Dickinson réussit le tour de force de bâtir une Mais ce qui rend singulier le ment mise à mal par la rivalité intrigue particulièrement originale avec des personnages étonnants, e juge Ti n’a qu’à bien se roman des sœurs Tran-Nuth c’est entre les seigneurs du Sud et ceux et, surtout, un climat oppressant, mélange d’hallucinations, de délires tenir. Voilà qu’un jeune la capacité à susciter un climat du Nord. Dans ce climat confus, la et de froide déduction (Traduit de l’anglais par Catherine Cheval, mandarin, aussi expert d’étrangeté sans jamais pourtant lutte d’influence reste virulente « Rivages/Mystère ». Inédit, 310 p., 8,99 ¤). dans les décisions de jus- recourir au fantastique. Le livre entre le bouddhisme déclinant et b SCANDALE ET CALOMNIE, d’Anne Perry Ltice que dans la résolution des énig- commence et s’achève par deux le confucianisme devenu philoso- Dans le petit monde de l’aristocratie victorienne, le bien le plus pré- mes les plus obscures, vient de se scènes nautiques particulièrement phie d’Etat et que des lettrés com- cieux c’est la réputation. Par conséquent, le crime le plus odieux est la lancer sur ses traces. Il est vrai que réussies. On voit d’abord le manda- me le mandarin Tân sont chargés diffamation. Le prince Friedrich, qui a renoncé au trône d’un petit le pays et l’époque sont bien diffé- rin revenant d’un de ces banquets d’appliquer. Etat allemand pour les beaux yeux de Gisela, vient de mourir d’une

rents. Le juge de Robert Van Gulik MARC GANTIER où on a voulu lui vanter les char- Les divergences portent entre chute de cheval chez ses amis anglais Lord et Lady Wellborough mais exerçait sa sagesse dans la Chine mes d’une gamine de quinze ans autres sur les questions sexuelles la comtesse Zorah ose affirmer qu’il s’agit d’un crime déguisé. Gisela du VIIe siècle, le mandarin Tân vit à diverses : récriminations en tous comme il y en a, semble-t-il, énor- et les positions diverses dans les- aurait profité de l’accident pour empoisonner son mari. Pour quelle la charnière du XVIe et du XVIIe siè- genres, convoitise des familles qui mément dans cette province. Il a quelles seront surpris certains per- raison ces amants exemplaires auraient-ils pu en arriver à une telle cle dans l’actuel Vietnam. ont une gamine à marier et qui la un peu abusé des agapes, mais sonnages ne sont pas seulement extrémité ? Des mobiles politiques, du dépit amoureux, des intérêts En imaginant ce personnage de verraient bien épouser un grand d’abord il doit, en pleine nuit, tra- matière à des considérations sur la sordides ? L’accusation de la comtesse Zorah semble ridicule et scan- mandarin, dont c’est ici la deuxiè- personnage, etc. verser un lac pour regagner ses gymnastique amoureuse. C’est en daleuse et il faut toute l’audace de sir Oliver Rathbone, le meilleur me aventure après L’Ombre du prin- Parmi les affaires pendantes, quartiers. La barque n’est pas effet dans la lecture d’un manuel avocat londonien, pour tenter de la défendre dans le procès pour dif- ce, les sœurs Tran-Nuth ont dû celle du temple de la grue écarlate confortable, les vagues sont un de sexualité taoïste écrit en Chine famation qui lui est intenté. Il faut aussi tout le talent de Monk, le penser à Van Gulik qu’elles citent paraît facile à régler. Le temple, peu fortes, ses porteurs de palan- sous la dynastie des Soei et dans fameux détective, pour débrouiller cette affaire qui dévoile, une fois d’ailleurs en référence, non pas autrefois prospère, est en pleine quin n’ont pas le pied marin et on l’étude des remèdes contre la syphi- encore, les dessous douteux d’une société hypocrite et guindée (Tra- pour ses romans policiers mais décadence, ses bâtiments mena- peut se demander si le spectacle lis que le mandarin Tân découvrira duit de l’anglais par Alexis Champon. 10/18, « Grands détectives », pour son principal travail de réfé- cent ruine et certains aimeraient étrange qu’il découvre dans l’obs- la clef de l’énigme. Ce qui permet 416 p., 8,50 ¤. Inédit). En même temps que Scandale et calomnie, repa- rence, La Vie sexuelle dans la Chine bien qu’il soit fermé parce que sa curité est une hallucination due à aux auteurs, sans aucun didactis- raissent trois aventures de William Monk regroupées en un coffret. ancienne (Gallimard, 1971). Le pro- fréquentation devient dangereuse, ses libations excessives ou une me, d’aborder la question de la pla- Un étranger dans le miroir, Un deuil dangereux et Défense et trahison. cédé est le même que dans les pas seulement en raison de son manifestation du monde des ce de la femme dans cette société ( respectivement : 7,79 ¤, 8,57 ¤ et 8,50 ¤. Le coffret : 24,80 ¤). aventures du célèbre juge chinois : état de délabrement mais aussi par- esprits. Toute une bande de par une réflexion digne des tra- b LONDRES EXPRESS, de Peter Loughran reconstituer une civilisation anti- ce que ses bonzes semblent plus nabots difformes se promènent vaux sociologiques de Van Gulik. Un marin, ça ne devrait jamais prendre le train. Mais le héros de Peter que par le biais du roman policier férus d’arts martiaux que de médi- sur des embarcations de fortune et Pour des raisons à la fois d’héri- Loughran a loupé l’embarquement à cause d’une bordée un peu trop en mêlant subtilement les données tation et constituent un danger l’un des monstrueux gamins se tage et de culte des morts, il est mouvementée et doit rejoindre Londres en train pour retrouver l’équi- historiques et ethnologiques au pour la sécurité publique. Parmi noie sous les yeux du mandarin qui indispensable pour chaque famille page. Les idées sombres, la gueule de bois, plus deux bonnes sœurs et mécanisme de l’intrigue. Le dosage les défenseurs du temple, il y a un ne parvient pas à le sauver. Cauche- de s’assurer une descendance une gamine dans son compartiment : voilà de quoi lui gâcher le voya- n’est pas toujours facile à réussir, entrepreneur qui rêve peut-être mar ou réalité ? Il s’avérera par la mâle. « Dans cette suprématie ge. Notre marin gamberge, rumine son existence minable et finit par les sœurs Tran-Nuth, d’origine tout simplement de se voir confier suite que les gamins dénommés confucianiste de l’enfant mâle, les commettre un acte irréparable. C’est une sorte de version infernale vietnamienne et qui vivent à Paris, la restauration de l’édifice. Bref, le « les Rejets de l’Arbre nain » étaient femmes sont laissées pour compte : de La Modification, que Marcel Duhamel, qui a traduit lui-même le y parviennent avec brio. problème ressemble à un conflit bien réels et se trouvaient au cœur la femme réduite à une matrice livre dans un argot qui fleure bon les années 1960, jugeait « insaisissa- Le mandarin Tân, frais émoulu d’intérêts assez classique et Tân, de l’affaire du temple de la grue nourricière, la sœur ravalée au ble, impossible à cataloguer », se demandant s’il avait bien sa place des concours impériaux, vient qui se fait fort de le régler aisé- écarlate où ils étaient hébergés par deuxième rang. Et le mercure, élé- dans la Série Noire. Policier ou pas, l’unique roman traduit en fran- prendre son premier poste dans la ment, a en réalité d’autres soucis les moines pour des raisons assez ment taoïste, allait révéler ce que les çais d’un auteur né à Liverpool en 1938 est d’une noirceur impression- province de Haute Lumière. Le pré- en tête. En tant que mandarin civil obscures. nantis étaient en réalité : des mons- nante (Traduit de l’anglais par Marcel Duhamel, Gallimard, « Folio cédent roman évoquait sa forma- par exemple, il a sous ses ordres un Il est évidemment plus difficile, tres. » Mais c’est déjà trop en dire, policier », 250 p., 5 ¤. Première édition : Gallimard, 1967). tion, mais c’est ici que Tân par- mandarin militaire, mais celui-ci, même pour un fin lettré, d’exercer gardons-nous de déflorer la revan- b LE BÉNÉFICE DU DOUTE, d’Alice Blanchard vient à acquérir son statut de per- Quôc, sorte de matamore local, sa sagacité dans un climat où les che des sœurs Tran-Nuth, qui, par C’est comme si les Atrides débarquaient dans l’Etat du Maine. Rachel sonnage récurrent. Sa position est doublé d’un don Juan, possède évi- superstitions les plus ébouriffantes une subtile alchimie, font magnifi- enquête sur une affaire qui rappelle étrangement celle sur laquelle plutôt délicate, il doit faire ses demment, par sa fonction, une réel- se mêlent à la réalité quotidienne. quement revivre la civilisation de son père travaillait une vingtaine d’années plus tôt avant de se suici- preuves et n’a guère que son ami le le capacité de nuisance et n’appré- Cela ne manque pas de pimenter leurs ancêtres tout en créant un der, peut-être pour avoir découvert que le coupable était son propre lettré Dinh sur qui il puisse se repo- cie pas beaucoup sa position de d’un certain exotisme le récit de personnage attachant qui n’a pas fils. Ou peut-être pas. Un premier roman d’une efficacité troublante ser. A peine débarqué, le jeune subalterne. l’enquête tout en éclairant une fini de faire parler de lui. (Traduit par Rebecca Satz, Pocket, 446 p., 6,50 ¤. Première édition : mandarin est assailli de demandes Le démontage des rouages du période cruciale de l’histoire du Gérard Meudal Belfond, 1999). G. M. VIII / LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 le Monde des poches b Le livre à 10 francs Le candomblé déchiffré L’ouvrage fondamental de l’ethnologue Roger Bastide est réédité. En témoignant de cette extraordinaire se perd dans l’euro survivance de croyances africaines au Brésil, il n’abandonne jamais vraiment son sens de la poésie e livre à 10 francs est-il soixantaine de titres par an, avec de l’approche défendue par l’eth- limpidité et sens poétique. La plus des rites importés du golfe de Gui- soluble dans l’euro ? Le un tirage – qui a également été LE CANDOMBLÉ DE BAHIA nologue français s’appuyait sur un grande ville noire du Brésil, Salva- née dans les navires négriers, et passage à la monnaie réduit – de 8 000 exemplaires. de Roger Bastide. extrême souci du travail de ter- dor de Bahia, est ainsi peuplée de colorés aux lueurs du nouveau européenne a été l’occa- Selon sa responsable, Sandrine Transe et possession du rite rain, une rigueur sans doute acqui- légendes, d’ombres et de lumiè- monde. sion,L pour les éditeurs, de se poser Palussière, le changement de prix – du Candomblé, se dans une famille de religion pro- res. Les Brésiliens se sont souvent la question des tarifs des livres à qui représente tout de même une « Terre humaine » poche, testante. « On rencontre assez facilement, étonnés – en bien – que les plus bas prix et de parfois revoir leur hausse de 64 % – « n’a pas eu d’im- 448 p., 27,29 ¤. Roger Bastide, pour être euro- dans les carrefours de Bahia ou sur grands spécialistes de la culture concept. La réponse a été très pact significatif sur les ventes ». Première édition, Plon, 1958. péen, porte un regard large sur les des chemins écartés, des poules mor- africaine du nouveau monde fus- variée d’une maison à l’autre. Mille Mille et Une Nuits s’éloigne des cri- rites afro-brésiliens du candom- tes, généralement noires, et conte- sent français : Roger Bastide, et Une Nuits a renoncé depuis le tères de la grande diffusion, à la a préface de cette réédi- blé, religion synchrétique née pen- nant dans leur cavité des grains de donc, l’un des piliers de la culture printemps 2001 au symbole des recherche de textes décalés ou d’es- tion d’un des ouvrages les dant la période esclavagiste de la maïs, de la petite monnaie, une boî- francophone aux Amériques, mais 10 francs pour adopter des tarifs à sais contestataires plus conformes plus fondamentaux quant rencontre de l’animisme africain te d’allumettes ou un bout de rou- aussi Pierre Verger, photographe, 1,95 ¤ (12,80 F) et 2,5 ¤ (16,40 F). à son image, comme en témoigne L à la civilisation afro-brési- et du catholicisme portugais. La leau de tabac. Ce sont des ebo, ethnologue, philosophe, qui, dès Librio a scrupuleusement respecté son partenariat avec Attac. lienne est signée par Fernando description des rituels, leur topolo- c’est-à-dire des sacrifices faits à 1946, commence à la demande de la parité à 1,52 ¤, le Livre de poche Henrique Cardoso, qui, avant gie, l’explication apportée aux Exu. Mais comme un peu de la force Théodore Monod, alors directeur a préféré arrondir à 1,5 ¤. Maxi- UNE ÉCONOMIE DE MASSE d’être élu président de la Républi- multiples symboles : Roger Basti- mystique continue à palpiter dans de l’Institut français d’Afrique noi- Livres en profite pour lancer une Librio maintient sa position de que du Brésil, fut l’élève de Roger de ne simplifie jamais, ni ne globa- ces poules mortes que les gens ren- re de Dakar (IFAN), à photogra- cinquantaine de titres vendus dans collection pour un large public et a Bastide à l’université de Sao Pau- lise, il cherche à comprendre ce contrent en rentrant chez eux ou en phier les rites des deux côtés de ses magasins à 1 euro, jusqu’à épui- choisi la stricte équivalence des lo, par où était aussi passé Claude que les adeptes veulent dire par allant se promener, on prend l’Atlantique, avant de les compa- sement de leur tirage (25 000 exem- 10 francs : 1,52 ¤. « On veut montrer Lévi-Strauss. A l’époque, l’étu- les transes, comment un culte de peur » : Roger Bastide n’est jamais rer. Pierre Verger devint babalao, plaires). Mais la surprise est venue que Librio ne bouge pas son prix », diant en sociologie préparait une possession qui s’est développé à abscons, jamais obscur. Il sait grand initié, sans jamais perdre de de Folio. La filiale poche de Galli- explique Alain Flammarion, direc- thèse de doctorat sur l’esclavage une époque de censure totale (l’es- relier croyances et vie quotidien- sa lucidité. Mais cette pénétration mard lance en janvier des livres à teur d’Union-Distribution. « Nous des Noirs dans le sud du Brésil. clavage) a pu à ce point imprégner ne, sans oublier l’usage éventuel d’une culture radicalement diffé- 2 euros (« Le Monde des livres » vendons chaque année plus de 4 mil- « Bastide nous ouvrait des horizons une civilisation. « Le candomblé fait des ebo par les partis politi- rente passait par la morale et la du 14 décembre 2001), en affi- lions d’exemplaires. Les professeurs culturels. Parlant toujours en fran- de Bahia “de rite nagô”, est un des ques et clubs de football rivaux. tolérance, ce que Bastide résumait chant clairement et fortement le n’hésitent pas à les faire acheter à çais dans ses cours…, il nous mettait livres majeurs de notre généra- Panthéon de dieux, les Orixas, aux ainsi : « Il reste à montrer que ces prix en couverture. leurs élèves, qui n’auraient pas forcé- en contact avec la littérature socio- tion », selon Jean Malaurie, direc- volontés souvent imprévisibles cultes ne sont pas des tissus de Le patron de Folio, Yvon Girard, ment accès à ces textes. » Cette pres- logique traditionnelle et, au-delà, teur de la collection « Terres – ce qui nécessite de maintenir un superstition, qu’ils sous-tendent au a longtemps fait partie des pour- cription scolaire est le point fort de avec la psychanalyse, l’introduction humaines ». Bastide a ceci de com- dialogue constant avec eux, le can- contraire une cosmologie, une psy- fendeurs des livres à 10 francs. «Il Librio et sa grande réussite, qui a du psychodrame dans ma sociolo- mun avec ses confrères de l’école domblé est à manier avec précau- chologie et une théodicée. Que la y a dix ans, j’ai pris mon bâton de vivement concurrencé les classi- gie, les représentations collectives, française d’ethnologie (Claude tion. Fille et fils des dieux, pae ou pensée africaine est une pensée pèlerin pour dire que les livres à ques des autres éditions. Si le suc- les théories de recherche quantitati- Lévi-Strauss, Michel Leiris, Marcel mae (père et mère) des saints (les savante. » 10 francs, ce n’était pas bien, mais cès de la collection ne s’est pas ves de Lazarsfeld… ». L’éclectisme Griaule, etc.), qu’il écrit bien, avec prêtres) veillent à la continuation Véronique Mortaigne le temps a passé », reconnaît Yvon démenti, Librio a atteint un seuil, à Girard. Le changement d’attitude 4,5 millions d’exemplaires. La collec- est venu au printemps 2001, lors tion a réduit sa production, en sor- de la révision des tarifs, en vue du tant quatre titres par mois en 2001, passage à l’euro. « On s’est aperçu contre huit les dernières années. Nous sommes tous poreux que la catégorie 1 de Folio – qui Les titres sont tirés à 40 000 exem- était peu utilisée – correspondait à plaires. « C’est une économie de mas- peu près à 2 euros. On a décidé de se. Il faut vendre beaucoup d’exem- Boris Cyrulnik démontre que, du micro-organisme à l’homme, c’est l’échange faire ce clin d’œil. » plaires pour être rentable », ajoute Folio publie quinze titres en jan- Alain Flammarion. Hélène Amalric, avec le monde extérieur qui permet aux êtres vivants de se développer vier. Dix autres volumes paraîtront directrice littéraire de J’ai lu, précise en mars puis en octobre. Il s’agit que, « en dehors des scolaires, les lec- peut priver les hommes de toute gue » qui pourrait bien être l’éner- sensorialité. Il montre comment, pour l’essentiel de nouvelles extrai- teurs de Librio sont plutôt des grands L’ENSORCELLEMENT capacité à définir leur « statut sur gie commune à la structure biolo- entre la mère et le nouveau-né, tes de recueils de Giono, Fitzge- lecteurs et acheteurs de livres ». Elle DU MONDE la planète » ; il peut les rendre inap- gique élémentaire et à l’homme dans la configuration sensorielle rald, Sciascia, James, Kessel, regrette « l’opposition qui existe de Boris Cyrulnik. tes à s’interroger sur leur « droit de capable d’une pensée qui « façon- du sein et du visage, se constituent Daeninckx ou Benacquista. « C’est encore chez certains libraires ». Odile Jacob/Poches, 310 p., vivre, de mourir », et tout autant ne son monde ». les « premiers textes de base com- un accès bon marché à des textes Librio n’a pas franchi les portes des 7,50 ¤. Première édition : sur un droit de « tuer les autres » « Tous les organismes sont portementaux ». Il décrit l’articula- essentiels, pour attirer un jeune enseignes Relay, filiale d’Hachette éd. Odile Jacob, 1997. fondé sur une hiérarchisation un poreux », note Cyrulnik. Depuis le tion de la biologie de l’enfant avec public qui n’a pas beaucoup de sous Distribution Services. peu rapide des êtres vivants. Bref, niveau biologique élémentaire, l’histoire de la mère. Il retrace la et de temps pour la lecture », expli- Devant l’arrivée du livre à n connaît bien, désor- il peut rendre l’humain incapable c’est l’échange avec le monde exté- « dramaturgie des premiers que Yvon Girard. Avec cette collec- 10 francs, les deux grands groupes mais, la méthode Cyrul- de comprendre l’essentiel de son rieur qui leur permet de vivre, de repas », le passage du corps à tion, Folio veut, à l’occasion de ses avaient adopté une attitude plutôt nik, faite d’observations histoire, ce qui a fait de lui « le seul se développer et de tenter de deve- corps au face-à-face, la naissance trente ans, s’adresser à un public attentiste. Du côté de Vivendi Uni- O et de rapprochements animal capable d’échapper à la nir eux-mêmes. C’est ainsi que les de l’altérité. plus jeune et faciliter son implanta- versal, Pocket n’a jamais franchi le qui bousculent plus que de monta- condition animale ». animaux sont « ensorcelés » quand On n’en finirait pas de sitôt avec tion dans les hypermarchés. Les cap. Chez Hachette, Le Livre de ges intellectuels trop vite rassu- ils perçoivent la sensorialité d’un cette invention d’un « monde inter- tirages vont de 18 000 à 30 000 poche s’est implanté sur ce terrain rants. « Il n’y a rien de pire qu’une VERS L’ÉNERGIE COMMUNE autre, son odeur, sa couleur, sa mental ». Il permettrait aux hom- exemplaires. avec parcimonie. Il a cependant mis explication, a-t-il écrit ailleurs, Boris Cyrulnik est neurologue, posture. Ils s’orientent selon mes, via la parole, d’habiter un Cette évolution de Folio inter- en place un certain nombre de pour arrêter un processus de com- psychiatre et psychanalyste. Il qu’une chose les attire ou les monde absent, un « monde imper- vient alors que la marque qui a lan- titres, aujourd’hui à 1,5 ¤, principa- préhension. » enseigne l’éthologie humaine à repousse, les stimule ou les indiffè- çu », quitte à oublier qu’on « peut cé le livre à 10 francs en France, en lement pour répondre à la concur- On ne s’étonne pas qu’ici il Marseille et anime un groupe de re. Mais ils savent aussi faire un à la fois lire Proust et se laisser 1993, Mille et Une Nuits, a totale- rence de Librio sur le front des clas- mette d’emblée le lecteur en garde recherche en éthologie clinique à détour. Ils savent inventer un influencer par une substance qui ment réorienté sa stratégie. Après siques. Son directeur, Dominique contre les envolées théoriques qui l’hôpital de Toulon-La Seyne. « leurre », comme le vanneau hup- modifie son humeur ». Oublier avoir connu des difficultés, la socié- Goust, garde un scepticisme certain introduisent chacun de ses chapi- C’est déjà en parcourant le « mon- pé, feignant d’avoir une aile brisée donc que le sentiment de soi a té a été reprise par Fayard. Au prin- sur le concept : « Ce n’est pas le prix tres. Inévitables, sans doute, de vivant », humain ou animal, pour attirer sur lui le prédateur et bien deux racines, l’une biologique temps 2001, la collection a aban- qui peut définir un concept éditorial. depuis que les hommes ont appris qu’il avait observé l’affectivité, ce le détourner ainsi de ses petits. (sans dopamine, pas de plaisir), donné les livres à 10 francs pour un On est sorti de l’effet de mode des à vivre dans « un monde de repré- « liant sensoriel » qui structure L’ensorcellement n’en est que plus l’autre sociale. Il faut louer Cyrul- double système de tarification, à années 1990. Le succès divers des col- sentations abstraites », de telles entre les vivants « un véritable évident, témoignant du « proces- nik de nous rappeler magistrale- 12,80 F (1,95 ¤) pour les titres classi- lections montre que ce n’est pas la envolées fortes de concepts sou- organe de la coexistence » (Les sus graduel de la sémiotisation du ment qu’en cas de grand désarroi ques, prescrits à l’école, et 16,40 F révolution que l’on a prédite pour vent trop généraux conduisent, Nourritures affectives, Odile Jacob, monde » qui va permettre à l’être nous avons toujours à notre dispo- (2,50 ¤) pour les autres titres. Mille l’édition de poche. » assure-t-il, à « mépriser le réel »,à 1993, repris par Odile humain de se pourvoir d’un sens sition cet ensorcellement qui n’a et Une Nuits publie désormais une Alain Salles « mépriser nos racines animales », Jacob/Poches). Il poursuit ici l’in- qui lui est propre, le « sentiment de d’autre fonction que de « nous fai- à oublier que notre condition vestigation en tentant de faire soi ». re éprouver le délice d’être avec ». humaine est d’être, avant tout, apparaître la « caractéristique du Boris Cyrulnik démonte ces Des milliards d’animalcules s’en « un état unique du vivant ». vivant », cet « ensorcellement », « scénarios interactifs » qui, peu à souviennent, eux, tous les jours. L’oubli peut se révéler tragique : il cette « affinité pour le proche analo- peu, harmonisent l’histoire et la André Meury Walter Benjamin ou le regard philosophique Lettres et essais : un volume rassemble tout ce qu’Adorno a écrit à et sur Benjamin. Il donne une leçon de philosophie vivante

liberté – et que, dans ces condi- tibilité technique, Adorno se mon- à propos de l’admirable Sens uni- SUR WALTER BENJAMIN, tions, ils doivent résister ensemble. tre assez souvent déconcerté par la que, il avance que, là, « la pensée (Über Walter Benjamin) « Quand j’ai reçu, à New York, à méthode de Benjamin, qu’il n’est renonce à toutes les apparences de de Theodor W. Adorno. l’automne 1940, la nouvelle de sa pas loin de juger une absence de la certitude (…), à la division, à la Traduit de l’allemand mort, écrit Adorno, j’ai vraiment méthode. Il réclame plus de dialec- conclusion et à la déduction, elle par Christophe David, très littéralement eu le sentiment tique, des raccourcis moins raides, s’en remet totalement à la chance et Gallimard, « Folio Essais », que, par cette mort qui avait inter- sinon moins de raccourcis. Il suggè- au risque, elle mise sur l’expérience 240 p., 6,30 ¤. rompu l’achèvement d’une grande re qu’il faudrait à ces essais des pour atteindre l’essentiel ». Première édition française : œuvre, la philosophie avait été mise définitions « fortes », des repères Dix ans plus tard, l’accord est éd. Allia, 1999. à mort dans ce qu’elle pouvait espé- établis, des références peut-être trouvé : « J’ai découvert que le rer de meilleur. » plus conventionnelles, mais d’une regard philosophique de Benjamin e 1923, année de leur L’ouvrage est en deux parties : le nature plus strictement théorique. avait quelque chose d’absolument rencontre à Francfort, recueil des textes d’Adorno dans Que la pensée de Benjamin aille de incommensurable, comme s’il était jusqu’en 1940, année du lesquels il a défendu, après 1945, Baudelaire à l’architecture, du ciné- l’organe particulier de choses qui D suicide de Benjamin à l’œuvre de Benjamin, l’a expli- ma au dadaïsme, il l’admet, il l’ad- n’étaient liées qu’à lui, et j’ai surtout Port-Bou (Espagne), Adorno et quée, l’a préfacée, lui a permis de mire, mais avec inquiétude. Ce qui découvert cette force caractéristique Benjamin furent des partenaires, ne pas disparaître d’abord, puis de donne, dans une lettre de 1938 : qui lui permettait de s’immerger des alliés, des amis. Des partenai- gagner la place centrale qui lui « Si l’on voulait s’exprimer de façon dans le concret pour l’interpréter. » res parce que leur correspondance revient – et qu’elle a fini par obte- extrême, on pourrait dire que votre Les lignes qui suivent contiennent était échange d’arguments et d’ob- nir ; puis des extraits des lettres travail se situe au carrefour de la la meilleure définition de Benja- jections, hors de toute considéra- qu’il a adressées à Benjamin à magie et du positivisme. Cet endroit min, qui « arrachait directement le tion d’âge ou de notoriété : dans le mesure qu’il lisait ses essais, le plus est ensorcelé. Seule la théorie pour- contenu intellectuel, le contenu spiri- dialogue philosophique, ils étaient souvent avant leur publication. Ni rait briser l’envoûtement : votre théo- tuel des détails, aux figures concrè- des égaux. Des alliés, parce l’une ni l’autre ne se prêtent au rie à vous, la théorie spéculative, tes sans passer par le concept ». qu’Adorno s’efforça d’aider Benja- résumé, d’autant moins que la pen- positivement et sans inhibition spécu- C’est aussi la meilleure défini- min financièrement en lui passant sée d’Adorno sur Benjamin évolue, lative. » tion de la philosophie quand celle- commande des contributions pour que ce soit dans l’entre-deux-guer- Tout en s’excusant pour «lafor- ci, au lieu de se retirer dans le com- l’Institut für Sozialforschung, qu’il res ou après 1945, et que cette évo- me grincheuse de ces gloses », mentaire des auteurs passés, si faisait vivre, avec Horkheimer. lution va de pair avec celle de l’en- Adorno les multiplie. Plus tard, il grands soient-ils, a l’audace de s’at- Des amis, parce que leurs rela- semble de sa philosophie. On s’en s’est convaincu que la puissance et taquer au présent – une audace tions se fondent sur la conviction tiendra donc à un point. Dans les la singularité de la pensée benjami- qu’à leur insu Benjamin a inoculée qu’ils sont, tous deux, des clandes- lettres écrites à propos de Paris, nienne tenaient à cette faculté à l’auteur des Minima moralia,à tins de la pensée libre dans un mon- capitale du XIXe siècle et de l’œu- qu’il avait d’abord tenue pour Adorno lui-même. de qui ne tolère ni la pensée ni la vre d’art à l’époque de sa reproduc- « magique » et suspecte. En 1955, Philippe Dagen essais LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 / IX b

Fondement premier de la démocratie, la parole du peuple Logiques de résistance ne fut perceptible torien discret – le grand public n’a commodes simplifications (l’indocili- LA RÉBELLION FRANÇAISE guère pu le lire qu’au hasard d’une té de certaines provinces est envisa- sous l’Ancien Régime Mouvements populaires et Vie quotidienne en Savoie aux XVIIe- gée sans ce déterminisme qui ruinait conscience sociale (1661-1789) XVIIIe siècles, cosigné par son épouse une récente Histoire de France des que lors de ces de Jean Nicolas. Renée (Hachette, 1979) et d’un plus régions), l’historien étudie les fau- Seuil, « L’Univers historique », confidentiel encore Annecy sous la teurs de troubles (fraudeurs, contre- « émotions » dont 624 p., 28 ¤. Révolution bien antérieur à la fièvre bandiers, déserteurs…) comme ceux En librairie le 23 janvier commémorative de 1989, qui le vit qui les rejoignent, complices ou le vocabulaire trahit signer toutefois chez Privat une Révo- relais (forestiers, forgerons, bou- LES PATRIOTES lution dans les Alpes, Dauphiné et chers, cabaretiers…). Leurs cibles la dimension affective La gauche républicaine Savoie. Jean Nicolas avait, sous un aussi : la Ferme et plus largement le et la nation 1830-1870 titre aujourd’hui repris à l’identique monde du fisc, l’affameur – le res- plus que le contenu de Philippe Darriulat. en sous-titre, édité chez Maloine sort frumentaire est un des plus Seuil, « L’Univers historique », (1985) les actes d’un ambitieux collo- récurrents –, le seigneur, le patron… contestataire. 336 p., 23 ¤. que, qu’il avait organisé à Paris en Comme, en marge des atteintes mai 1984. Aujourd’hui, à une échelle matérielles (salaire, subsistance, Au nom de l’instinct rois Glorieuses, révolte des chronologique réduite de moitié et impôt), le réinvestissement possible canuts lyonnais, insurrec- sur les bases des frontières nationa- de hantises immémoriales, gravées du refus, sursaut pour tions républicaines et ultimes les actuelles, il reprend seul le projet. dans l’inconscient commun et T sursauts vendéens, l’installa- Et le résultat de l’enquête est pro- promptes à resurgir. Plus que le rejet la dignité, la liberté et tion houleuse de la Monarchie de prement impressionnant, sans qu’il de la contrainte, sursaut pour la Juillet trahit une effervescence dont y ait même de révélations. Certes, le dignité et la liberté, l’historien y lit l’invention, la gauche, les enjeux semblent neufs. Pour les mythe d’un relatif apaisement repé- l’instinct même du refus, exacerbé plus radicaux, il s’agit de retrouver ré naguère dès les années 1670 s’ef- par l’entité collective. e au XIX siècle, l’élan de l’été 1789, de refermer la fondre sans appel, Nicolas décomp- A lire Les Patriotes de Philippe Dar- parenthèse réactionnaire ouverte au tant quelque huit mille cinq cents riulat, le peuple en mouvement est se fit nationaliste, Congrès de Vienne et de reprendre actes de rébellion entre 1661 et 1789 encore au cœur de ces démocrates la geste révolutionnaire, porteuse (les camisards comme Cartouche ou qui rêvent, à l’âge romantique, de l’utopie parvient d’une espérance démocratique offer- Mandrin sont moins singuliers république quand les notables se te par la Grande Nation aux peuples qu’on ne l’a dit). Et la réévaluation contentent d’aménager le modèle encore à bousculer la vie d’Europe. Mais les mouvements des grèves industrielles en surpren- monarchique. Ce peuple acteur insurrectionnels qui touchent tant le dra plus d’un (« on voit déjà naître enfin, c’est la nation en armes dont parlementaire et continent que la France, matrice l’idée d’une classe dangereuse, redou- ils portent le deuil amer, « enfants COLLECTION PRIVÉE/BRIDGEMAN ART LIBRARY/KEN WELSH d’un nouveau discours patriotique, table en tout état de cause, et dont les du siècle » orphelins d’une grandeur Mythe du peuple rebelle : la prise de la Bastille revue au XIXe siècle. de grands commis sont-ils si différents des émotions explosions manifestent […] une mali- patriotique tombée au feu à Water- populaires de l’ère absolutiste ? gnité fondamentale »). Jean Nicolas loo. Spoliés d’un héritage unique, qu’ils luttent contre la tyrannie du dont le passé garantit des comporte- cherchent à concilier Encore faut-il évaluer strictement est particulièrement précieux, ces jeunes hommes « de gauche » tsar. « Affaire d’instinct », ce nationa- ments spécifiques tenus pour natio- ces rumeurs d’antan… quand il récuse simplement la subor- – puisque désormais leur attache- lisme farouche n’est temporaire- naux, et… « les autres ». sens de l’Etat Avec La Rébellion française, Jean dination de la nature nouvelle des ment à la question sociale et leur soif ment récusé que lorsque le bellicis- Ce « nous » marque une union Nicolas nous offre un livre d’histoire émotions populaires, sensible dès le de laïcisation, plus encore que leur me du Second Empire le détourne. affective où le sentiment d’apparte- et idéal républicain. à contre-courant des productions mitan du siècle des Lumières, aux patriotisme fervent et leur attache- L’excellent travail de Philippe Dar- nance tend un pont entre les insur- actuelles. Dense, référencé avec une réflexions politiques de l’heu- ment aux principes du suffrage uni- riulat sait ne pas négliger les figures, gés de la Commune, qui prolongent De bon augure minutie exemplaire, croisant les re. Tout au plus reconnaît-il la ren- versel et au respect des libertés fon- plus ou moins célèbres, mais les une tradition d’exaltation patrioti- méthodes spécifiques de l’historien contre entre la pratique et la théorie, damentales, permettent ce type de subordonne à leur engagement. que – celle de « la maison commune pour 2002 avec les leçons du sociologue com- même si l’on sent qu’il voit mal l’om- catégorisation – rêvent dès 1830 de Parallèlement à l’enseignement d’his- de 92 » –, et les rebelles de l’Ancien me de l’anthropologue, revisitant un bre directe des Philosophes dans l’ef- reprendre la Grande Révolution toriens de métier, écrire vise à rendre Régime. Même logique de l’incident chantier – celui des tensions sociales fervescence grandissante qui interrompue. En résistance. Chan- sa conscience au peuple et son histoi- déclencheur, même surgissement et des soulèvements populaires – conduit une génération pléthorique tres enflammés d’une politique colo- re à la patrie (de Quinet à Lamartine d’un refus jusque-là refoulé, même très fréquenté naguère, tant par les de petits lettrés « frottés de latin et de nialiste outrancière, prosélytisme et Blanc). Au risque de développer le attente souterraine révélée en princi- tenants d’une histoire quantitative juridisme », battant le pavé urbain national oblige, les Républicains prô- complexe d’une « universalité » –la pe partagé. L’attitude rebelle tenue qui ne jurait que par le sériel que par en mal de reconnaissance – ce sont nent la nation comme une idée, à France, « pilote du vaisseau de l’hu- pour archaïque, à l’opposé d’une ges- les champions d’une histoire des sen- eux qui fournissent orateurs et libel- l’opposé de la conception boutiquiè- manité » selon Michelet, étant sup- tion raisonnable des tensions socia- sibilités. Avec une honnêteté scrupu- listes –, à devenir des rebelles, des re prêtée au voisin d’Outre-Manche posée œuvrer « pour le compte du les, pourrait bien constituer, à suivre leuse, Nicolas ne récuse aucun révolutionnaires. (anglophobie dont l’antiaméricanis- genre humain tout entier » – que les la conclusion de la somme de Jean apport mais reprend toute la docu- La vraie prouesse de Jean Nicolas me actuel semble l’héritage). Parce Européens Mazzini, Mickiewicz ou Nicolas, « un mode qui fait du heurt mentation – pléthorique, et pour- tient tout entière dans son métier. que la nation est plus qu’un sol, plus Engels observent avec une exaspéra- et de la rupture le principe du change- tant trop lacunaire pour asseoir de Menant une typologie aussi serrée qu’un sang : il est des « Français du tion légitime. Il y a, d’un côté, un être ment dans l’espace français ». confortables certitudes. C’est un his- qu’argumentée, ce qui lui interdit les Nord » – entendez les Polonais, puis- collectif, « nous », longtemps muet, Philippe-Jean Catinchi

livraison L’Etat comme passion simple b AUX MARGES DE LA RÉPUBLIQUE, de Jean-François Sirinelli Une Chambre Ce texte parut initialement dans La Démocratie en France, collectif diri- gé par Marc Sadoun (Gallimard, 2 vol., 2000). « Forme française de la Du premier Cabinet Laval à la présidence du Conseil constitutionnel, démocratie libérale » selon Maurice Agulhon, la République est ici étu- diée comme un organisme vivant dont un long siècle de pratique per- Léon Noël n’a reconnu d’autre légitimité que celle de la puissance publique met d’évaluer la vitalité. Reflet d’une sensibilité qui parut d’abord parti- à part sane au nom de la référence à sa matrice révolutionnaire, combattu poursuite de son ambassade te institution de la République longtemps et cycliquement « rajeuni » au sortir de crises qui auraient LÉON NOËL auprès du gouvernement polonais ayant décidé de ne pas s’appliquer pu le tuer, « refondé » et stabilisé dans sa cinquième mouture De Laval à de Gaulle en exil à Angers, ce fut donc la loi, et de garder fermées ses LA CHAMBRE ARDENTE (1958/62), le régime a connu depuis deux décennies des redéfinitions via Pétain (1888-1987) Rethondes puis, un service en archives, ce n’est pas là qu’Yves Aventuriers, utopistes, qui ne sont que l’écho des mouvements qui agitent la cité. Mais la confi- d’Yves Beauvois. appelant un autre, le poste exposé Beauvois a pu mesurer – c’est un excentriques du Palais-Bourbon guration économique et sociale, exclusion en tête, s’avère aussi déter- Presses universitaires de délégué général du gouverne- des plus brillants chapitres de de Bruno Fuligni. minante que la pratique répétée de la cohabitation depuis 1986 pour du Septentrion, 472 p., 30,49 ¤. ment en zone occupée. Il s’agit, l’ouvrage – comment Léon Noël Ed. de Paris-Max Chaleil, comprendre les « ratés du système ». A méditer depuis le transfert de pour Vichy comme pour Léon manœuvra en 1962 pour concilier 248 p., 18,29 ¤. l’agora politique sur la scène médiatique (PUF, 144 p., 15 ¤). Ph.-J. C. e Léon Noël, les livres Noël, de tout faire pour affirmer sa fidélité gaulliste avec sa réelle d’histoire se souvien- la souveraineté des pouvoirs indignation face à la désinvolture a-t-il meilleur antidote à la nent qu’il fut du petit publics français sur le territoire dont fit preuve le général de Gaul- morosité qui menace à l’ap- D groupe d’hommes qui, national. Convergence de courte le à l’égard de l’instance qu’il avait proche des consultations élec- le 22 juin 1940 à Rethondes, signè- durée : Noël doit rapidement, sur pourtant créée. Y torales que la lecture de La rent par délégation du gouverne- injonction allemande, quitter un Pour raconter et comprendre Chambre ardente, de Bruno Fuligni ? ment du maréchal Pétain la poste où il a eu l’occasion, en quel- cette vie si intimement liée à l’his- Secrétaire des débats à l’Assemblée convention d’armistice avec l’Alle- ques semaines seulement, de toire de la France de ce siècle, nationale, l’homme avait déjà fait magne. Lui aussi s’en souvint mesurer la ligne de plus grande Yves Beauvois a donc dû et su join- preuve d’un bel esprit d’originalité en – fort longtemps, car il mourut en pente de l’Etat français, les conces- dre, à des sources publiques aussi contant une « Histoire des monar- 1987, à l’âge de quatre-vingt-dix- sions répétées à l’occupant. variées que les postes successive- chies privées, principautés de fantai- neuf ans – tant cette association Alors même qu’il aurait pu être ment occupés par Léon Noël, un sie et autres républiques pirates » au souvenir de la défaite pesa sur un espoir du nouveau régime – le matériau précieux et inédit, les car- (L’Etat, c’est moi, éd. de Paris, 1997). la suite de sa carrière. maréchal Pétain a de la considéra- nets personnels de l’ambassadeur. Profitant au mieux des archives parle- Une carrière qui avait fort tion pour lui, et il fut des équipes L’ensemble, servi par une plume mentaires, il nous restitue les trajec- brillamment commencé : lors- Laval avant-guerre –, à cette politi- particulièrement agréable à lire, toires singulières de représentants du qu’au sortir du cabinet de Pierre que de renoncement il entend est essentiel à la compréhension peuple oubliés. Parfois la seule trace Laval, en 1932, il entame le par- résister, de sorte qu’il n’aura pas de l’Etat contemporain, vu du de leur action, puisqu’on ne sait qua- cours diplomatique qui le mènera de peine à se présenter, après- côté de l’un de ses plus impor- siment rien de Marthe Simard, délé- à Prague et à Varsovie, il est un guerre, comme résistant. De fait, il tants serviteurs. guée des Français libres du Canada à des hauts fonctionnaires les plus fut bientôt proche de la sensibilité On ne peut s’empêcher toute- la Consultative d’Alger (1944), alors prometteurs de la République. gaulliste, mais sans qu’on le retrou- fois de regretter que l’éditeur, que les Françaises n’ont pas encore Jeune membre du Conseil d’Etat, ve dans aucune autre organisation pourtant presses d’université, ait le droit de vote… il s’était distingué par sa participa- dissidente qu’un petit groupe de poussé le mépris de l’érudition On suit donc avec délectation les tion active au délicat règlement notables résolus à s’abstenir de (ou le sens de l’économie) jusqu’à tribulations du général irlandais Mac du contentieux, ouvert depuis tout appui à Vichy. Le souvenir de avoir extirpé de la thèse dont est Adaras, élu des Basses-Alpes malgré 1905, entre l’Eglise catholique et Rethondes, encore et toujours, et tiré l’ouvrage jusqu’à la dernière une campagne xénophobe, comme l’Etat. Son cursus honorum fut cette absence d’engagement lui note. Les noëlistes acharnés se le combat du député noir de Dakar, ensuite impressionnant : bras interdiront un retour en force référeront donc au texte intégral Blaise Diagne, contre la Fédération droit du haut commissaire de dans l’Etat de la France libérée. dans les bibliothèques universitai- française de boxe qui disqualifie ini- France en Rhénanie occupée, pré- res, les autres liront avec une quement le Sénégalais Battling Siki, fet du Haut-Rhin, directeur de la AU SERVICE DU GÉNÉRAL curiosité avivée cette belle rela- coupable d’avoir défait sur le ring sûreté et secrétaire général du C’est donc un homme dépité tion de la longue vie d’un homme Georges Carpentier. On repère la ministère de l’intérieur, de là secré- qui tentera une incursion dans la pétri, un peu trop sans doute, du biaude auvergnate de Christophe Thi- taire général du gouvernement politique, en assumant un mandat sens de l’Etat. vrier, qui ne veut d’autre habit que sa – fonction qu’il cumula, étranges de député RPF dans son Yonne Marc Olivier Baruch blouse d’ouvrier, ou la djellaba du temps, avec celle de ministre de natale, alors que ni la profession docteur Philippe Grenier, « bey de France en Tchécoslovaquie –, parlementaire ni même le suffra- e Deux autres grands commis de Pontarlier »… Mais par-delà l’anecdo- ambassadeur à Varsovie enfin, ge universel ne présentent à ses l’Etat, les frères Cambon, Paul te, dans cette galerie d’« excentri- poste qui n’avait pas l’importance yeux la légitimité et la dignité qu’il (1843-1924) et Jules (1845-1935), tous ques », se lisent les espoirs et les de celui qu’il convoitait, Rome, y a à servir l’Etat. Il lui faudra deux administrateurs, puis diploma- fulgurances d’une passion politique mais qui n’en offrait pas moins un attendre l’arrivée au pouvoir de tes, font l’objet d’une monographie qui a ses martyrs, tel Philibert Bes- vaste champ d’action à un homme « son » général pour obtenir un précieuse sur l’univers du Quay d’Or- son, tenu pour fasciste mais assassi- qui, à un sens aigu de l’Etat mêlait poste qui lui paraisse à la hauteur say au début du XXe siècle (La Répu- né dans les geôles de Vichy, enfin un sens non moins aigu de la de capacités qu’il n’a jamais sous- blique des diplomates. Paul et Jules réhabilité en juin 2000, grâce à son brigue. estimées, en devenant, pour six Cambon 1843-1935, de Laurent Villa- utopie monétaire, l’europa, dont on Après l’écrasement de la Polo- ans, le premier président du te, éd. Science Infuse [distr. Les Bel- aura presque retrouvé le nom. gne par les divisions nazies, et la Conseil constitutionnel. Cette hau- les Lettres], 416 p., 18 ¤). Ph.-J. C. X / LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 dossier b

Les attentats du 11 septembre contre le World Trade Center Guerre et terrorisme à New York et le Pentagone à Washington ont suscité Assassins sans frontières de nombreuses Qui sont les tueurs du 11 septembre ? Des islamistes, des révolutionnaires, des militants ? publications sur Non, dit André Glucksmann, des nihilistes. Pour comprendre ce qui se passe, Dostoïevski serait plus utile que le Coran l’islamisme, Ben Laden, DOSTOÏEVSKI les terrorismes et À MANHATTAN d’André Glucksmann. les nouveaux désordres Laffont, 282 p., 21 ¤. mondiaux. Ainsi que sur e 11 septembre aurait pu être un jour comme tant le sort de l’Afghanistan d’autres à Manhattan, fin L d’été et routine. Rien à et de ses habitants. signaler, dépêches habituelles, nou- velles sans nouveauté. Gens qui tra- Ainsi, André Glucksmann vaillent, enfants qui jouent. Misère du monde, petites joies singulières, s’interroge sur le absurde et rassurante répétition de la vie comme elle va, injuste et nihilisme qui unit dans bigarrée, pacifique et cruelle. Il en fut tout autrement, soudain : délu- l’histoire contemporaine ge de feu dans la ville, corps en lam- beaux sur les trottoirs, milliers de les extrémistes terroristes personnes assassinées sans com- bat, sans préavis, sans mobile expli- religieux, ethniques ou qué. Meurtre anonyme et massif, aveugle et minutieux, inhumain et étatiques, François obscène. Chacun s’en souvient, oui, sans doute. Est-ce si sûr ? Heisbourg se penche Savons-nous garder vif le choc que ce jour-là nous avons tous res- sur ce qu’il appelle senti, partout ailleurs qu’à Manhat- tan, nous autres gens des villes, « la nouvelle guerre », des démocraties, des pays en paix, de tous les lieux du monde où l’on et Philippe Muray se veut civilisé, quels que soient le niveau de vie, la langue, la culture, interpelle un Occident la religion ? Nous souvenons-nous encore assez de cet effroi d’apoca- qu’il accuse de s’être lypse, cette terreur d’insécurité, ce sentiment de temps ébranlé qui autodétruit... nous a tous touchés ? Suffit-il de FRÉDÉRIC SAUTEREAU / L’ŒIL PUBLIC quelques semaines, de quelques Une femme découvre les ruines du World Trade Center, à New York, le 25 septembre 2001. belles opérations militaires, pour que se referme l’angoisse et que Disons d’emblée qu’il s’agit d’un ment. Sans condition, de manière pourvoira. Ou le genre humain, ou qui risque de ne pas avoir prise sur l’on parle – enfin, ou déjà – livre utile, voire indispensable. Il aveugle et illimitée. Il souligne que personne. En attendant, il faut la singularité des événements. Il d’autre chose ? Sans doute est-ce rompt en effet avec les quantités ce ne sont pas des crève-la-faim, désorganiser, défaire, désunir. serait possible encore de regretter la tendance d’une époque zappeu- phénoménales de bêtise et de suffi- mais bien des ingénieurs, des Tuer. Sans fin, en grand, efficace- que sa plume, vive et aisée, l’em- se, avide de s’étourdir en passant à sance qu’amoncelèrent sur les cadres, des gens intégrés et ins- ment, à tout prix. Voilà ce qu’ont porte souvent loin de son sujet, l’image suivante. Ce n’est pourtant cadavres, dès les premiers jours, truits. Ce qu’ils veulent ? La victoi- en commun les nihilistes d’hier et dans une course haletante qui va pas ainsi que nous en sortirons. Au les prétendus commentaires de pré- re de l’islam, le bien du peuple ceux d’aujourd’hui. Voilà pourquoi de la Tchétchénie aux sites Web contraire. tendus intellectuels. Que n’a-t-on palestinien ? Allons donc ! Ils dési- Glucksmann conseille de « sous- des néonazis américains en pas- « Il faut savoir émotion garder », pas lu, en effet, dans le genre « pas rent exactement ce dont rêvait titrer CNN avec Dostoïevski ». sant par Homère ou par Madame insiste André Glucksmann. Cette dupe » ! De pseudo analyses « à déjà Netchaïev en 1869, lorsqu’il Bovary. Ce serait passer à côté de belle maxime constitue la première qui profite le crime ? » suggérant écrivait : « Notre mission est la des- UNE SORTE D’ANTIHISTOIRE l’essentiel. phrase de son nouvel essai, Dos- de tourner son regard vers la CIA, truction terrible, totale, générale et Intéressant et utile, ce livre n’est Le plus important, à nos yeux, toïevski à Manhattan. Qu’on cesse le KGB, le Mossad. D’insupporta- impitoyable », avant de conclure : pas dépourvu de défauts. On peut est sans doute ce que ce volume d’en appeler à la raison pour bles détournements de sens insi- « Nous devons nous unir au monde lui reprocher de n’avoir retenu, développe le moins : l’hypothèse estomper les traits trop rudes du nuant que c’était bien la faute à hardi des brigands (…). Unir ce dans l’histoire complexe de l’élabo- d’une histoire qui se défait, qui massacre. Qu’on arrête de relativi- l’Amérique, à son arrogance et à sa monde en une force terrible et ration de la notion de nihilisme au dénoue à mesure tout ce que les ser, de supposer, d’échafauder des richesse, heureux de pouvoir con- invincible. » cours du XIXe siècle, qu’une facette siècles avaient su tramer. A plu- hypothèses ou des théories. Regar- clure sur l’air connu : « Les vrais res- Des nihilistes russes aux réseaux assez simple, la volonté de destruc- sieurs reprises en effet, l’essayiste dons, si possible, l’horreur en face. ponsables sont les victimes. » D’igno- d’Al-Qaida, la filiation n’est évi- tion. De Hegel à Heidegger, ou semble envisager l’existence d’une Conservons, autant que faire se bles – oui, ignobles – confusions demment pas directe. L’approche bien de Schopenhauer à Nietz- sorte d’antihistoire, comme on peut, la part d’appréhension et de entre les luttes des pauvres et les de Glucksmann est intéressante en sche, ce qu’on a dénommé « nihi- parle d’antimatière. Ce qu’il appel- stupeur, qui nous fondit dessus ce néonazis de Ben Laden, entre les cela qu’elle rassemble les diverses lisme » possède pourtant plu- le nihilisme serait alors le dissol- jour-là. Non pas, évidemment, miséreux qui ont raison de se révol- associations modernes d’assassins sieurs sens, allant du registre de la vant de la civilisation. On ne sau- pour demeurer dans l’hébétude et ter et les tueurs islamistes. Le pre- sans frontières dans un même métaphysique à celui de l’éthique. rait exclure que nous n’en sortions la sidération, mais afin de puiser mier mérite de l’essai de Glucks- engagement commun : faire table Des analyses très serrées seraient pas. L’involution vers la barbarie dans une émotion toujours présen- mann est de déblayer le terrain de rase du présent tel qu’il est, ne pas requises pour comprendre leur peut se poursuivre, l’humanité te les éléments d’une réflexion ces décombres d’idées. en laisser pierre sur pierre. Violen- lien éventuel au nihilisme russe et devenir crépusculaire. Il faudrait vive. Tel est, en gros, l’intention de Il rappelle que les tueurs du ce illimitée, tant qu’il reste du à cette destruction active qui évo- dire comment, pourquoi, envisa- départ du philosophe dans ce texte 11 septembre n’ont rien demandé. vieux monde, des pans de mur que la pulsion de mort. On pour- ger les issues possibles. Le pro- rédigé sous le coup – de l’émotion, Pas d’exigence formulée. Aucun debout. Demain, quand tout sera rait aussi faire grief à Glucksmann chain livre ? et de l’événement. objectif affiché. Détruire seule- par terre, on improvisera. Dieu y d’une explication trop générale, R.-P. D. « Le nihiliste escamote méthodiquement le mal et la cruauté » Pour André Glucksmann, le nihilisme est mieux compris et dévoilé par la littérature que par la philosophie

« Comment définissez-vous au ques, étatiques. Posons la question mal et la cruauté jusqu’à s’autori- » Lorsqu’une société ne peut – Que serait un “crépuscule ter- rance sauvent la Russie et l’Europe. juste le nihilisme ? Dans vos analy- de Socrate : quelle “forme caracté- ser de leur non-existence. Ce trait plus vivre comme avant, lorsque roriste de l’humanité” ? Vous Jusqu’à quand ? Puisque la brutali- ses, il apparaît principalement ristique” unifie cette multiplicité ? spécifique, que la littérature relè- les liens traditionnels se brisent envisagez une régression vers la té exterminatrice d’un membre per- comme volonté de néant, désir de Ma réponse : le nihilisme, présent ve, échappe trop souvent aux pen- sous les assauts d’une inévitable barbarie, une sorte de dissolution manent du Conseil de sécurité est destruction. La notion, telle qu’elle dans les grandes idéologies des- seurs. occidentalisation, sans aucun de ce que l’histoire a construit. admise par les démocraties, son s’est élaborée tout au long du tructrices (nazisme, communisme, Etat de droit pour prendre la relè- Qu’est-ce qui rend cette perspecti- exemple fera école. D’autres peu- XIXe siècle, n’est-elle pas bien plus islamisme), et qui les sous-tend – En reliant les attentats du 11 sep- ve, la tentation nihiliste croît. En ve possible ? ples se retiendront moins de répli- complexe ? Pourquoi avoir réduit toutes, mais qu’aucune ne résume. tembre à une volonté anonyme butte à l’“agression” des Lumiè- – Un crépuscule terroriste de quer, œil pour œil, à la dévastation le nihilisme à ce seul aspect ? A la fois expérience sensuelle d’anéantissement, en en faisant res franco-anglaises, l’Allemagne l’humanité ? Tandis que les experts par la dévastation. Nulle – Qu’est-ce qui fait l’universalité (Emma Bovary), militante (Net- l’emblème d’une lutte entre nihilis- du XVIIIe et la Russie du XIXe siè- rêvent d’une fin de l’histoire et des “régression” n’est en vue, mais du 11 septembre ? Quel dénomina- chaïev) et spirituelle (par-delà le me et civilisation, ne risquez-vous cle ont connu le séisme culturel guerres, ou cauchemardent autour une barbarie on ne peut plus teur commun entre Pol Pot, Ben bien et le mal), le nihilisme est un pas de passer à côté des causes poli- qui ébranle aujourd’hui globale- d’un “choc des civilisations”, il faut moderne, celle de l’exterminateur Laden et autres massacreurs de phénomène social total, une straté- tiques et idéologiques effectives de ment la planète. Des intellectuels plutôt craindre un pourrissement (avec ou sans Etat, avec ou sans plus ou moins grande pointure ? gie positive de la cruauté dont seu- ces crimes ? iraniens voient dans la nihiliste rampant, universel. Cha- Dieu) qui se permet tout et celle L’histoire contemporaine nous le la littérature (russe et française) – Pour saisir le nihilisme dans “révolution khomeyniste” non un que jour, depuis près de trois ans, des braves gens qui le regardent fai- confronte à un essaim d’extrémis- sut dévoiler la banale énormité. ses causes politiques et idéologi- atavisme, mais une inquiétante les Tchétchènes sont martyrisés re. On risque ainsi, tranche par tran- mes terroristes religieux, ethni- » C’est pourquoi je privilégie ques “effectives”, comme vous annonce. La dictature politique par la soldatesque russe. Raflés, che, le crépuscule de l’humanité. délibérément la littérature aux dites, je le déchiffre au ras de l’ex- du Chah, qui a entamé manu mili- pillés, torturés, exécutés, violés en dépens d’une tradition spéculative périence historique comme une tari l’éradication d’un mode de public, les enfants devant les – Quels sont, ou quels seraient, les qui, au long du XIXe siècle jusqu’à réponse catastrophique aux défis vie ancestral, et la dictature théo- parents, les femmes devant les remèdes ? Heidegger, définit en creux le nihi- d’un déracinement qui va s’accélé- logique des mollahs, loin de réta- hommes et vice versa. Silence mon- – Les remèdes relèvent du domai- lisme par ce qu’il n’est pas : oubli rant. Je scrute le nihilisme dans blir l’ordre ancien (qui distinguait dial. Abandon cosmique. Com- ne public et du pense-bête : oppo- de Dieu, occultation de l’Etre, per- ses récurrences, dans sa séculaire spirituel et temporel), en achève ment ne deviennent-ils pas fous, ser le courage aux tueurs, la volon- te des valeurs suprêmes, manque durée, dans son ampleur désor- l’irréversible subversion. Schéma ivres de tout faire sauter ? Ils sont té de vivre libre aux plaisirs de la ser- de bons sentiments, etc. Pareille mais planétaire. De Guernica parent en Afghanistan : dix plus de cent mille dispersés dans la vitude volontaire, aider les démo- définition, moins “complexe” que (1937) au 11 septembre 2001, le années d’invasion soviétique grande Russie. Tous révulsés par crates et les tolérants. Eût-on soute- cacophonique, confond modernité massacre des civils (90 % des victi- désertifient le pays ; dans les rui- l’enfer infligé à leur minuscule nu Massoud, Kaboul aurait été et nihilisme. Qu’il se réclame d’un mes actuelles) est devenu un nes s’installent les “étudiants en patrie. libéré plus tôt et les tours de New Dieu vivant dont il se fait l’instru- mode dominant de prise et de con- théologie”. Lorsque les démocra- » Aucun ne benladénise encore. York tiendraient peut-être debout. ment ou d’un Dieu mort dont il servation du pouvoir. Sur une tes algériens dénoncent les inté- Refusant de faire payer le civil Se rappeler à temps que le prési- prend la place, le nihiliste opère bonne part des terres émergées, gristes du FIS comme les “fils du russe, ils ne touchent pas aux cen- dent Maskhadov est un Massoud dans le “tout est permis”, son origi- un adolescent s’assure le pain, des FLN”, ils soulignent le mimétisme trales nucléaires, si facilement à tchétchène. Et ainsi de suite… » nalité spécifique tient dans le fait femmes et les galons à la pointe du nihilisme d’Etat et du nihilis- portée d’une attaque-suicide. Leur Propos recueillis par qu’il escamote méthodiquement le de son kalachnikov. me anti-Etat. retenue, leur courage, leur endu- Roger-Pol Droit dossier LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 / XI b Les questions soulevées par le 11 septembre Paradoxes gorbatchéviens Plusieurs ouvrages interrogent les conséquences encore largement imprévisibles des attentats Le dernier président de l’Union soviétique raconté de New York et de Washington et les changements radicaux qui pourront en découler par son ancien porte-parole, Andreï Gratchev

à partager le ministère français des qui sont « animés d’une vision trans- ment d’exceptionnalisme », allant et se forme le futur chef de l’URSS, HYPERTERRORISME : affaires étrangères. Dans un recueil cendantale exclusive ». La vraie nou- au-delà des craintes pour la sécurité LE MYSTÈRE GORBATCHEV qui comme tout homo sovieticus LA NOUVELLE GUERRE d’essais – Les Leçons du 11 septem- veauté des attaques du 11 septem- puisqu’il toucherait à la conviction La Terre et le Destin mène une existence schizophrène de François Heisbourg. bre –, Pascal Boniface n’accorde pas bre tient moins au nombre des victi- d’une sorte d’adéquation entre la d’Andreï Gratchev. entre la révérence due aux dogmes Ed. Odile Jacob, 270 p., 20 ¤. la même importance aux attentats mes qu’à la mise en œuvre simulta- société américaine et la nature Traduit du russe par Galia et l’expérience cruelle de la réalité. perpétrés par les émules de Ben née de moyens utilisés séparément humaine. Ackerman et Pierre Lorrain, Quand Gorbatchev est élu secré- LES LEÇONS Laden et à la chute du mur de Berlin. dans divers attentats terroristes anté- La deuxième conséquence est éd. du Rocher, 388 p., 22 ¤. taire général en 1985, il ne choque DU 11 SEPTEMBRE Il écrit : « Les problèmes essentiels, rieurs. Les auteurs laissent ouverte géostratégique. Les alliances dans personne, ou presque, en criti- sous la direction qu’il s’agisse du processus de paix au l’hypothèse de l’utilisation par des lesquelles sont engagés les Etats- ndreï Gratchev a accompa- quant la gestion passée et en de Pascal Boniface. Proche-Orient, de la lutte contre les terroristes de moyens non conven- Unis doivent être revues. La forma- gné Mikhaïl Gorbatchev annonçant des changements aussi PUF, 134 p., 16,77 ¤. inégalités économiques, de la protec- tionnels, comme le nucléaire ou le tion d’une coalition antiterroriste jusqu’à ses ultimes heures décidés que vagues. Ses pairs sont tion de l’environnement, des guerres biologique, qui sont cependant limi- – il s’agit plutôt de différentes coali- A au pouvoir, au départe- habitués et prêts pour un nouveau UN MONDE À REPENSER civiles en Afrique, etc., ne sont ni boule- tés par des verrous technologiques tions à géométrie variable dont la ment international du comité cen- jeu pourvu que les règles ancien- coordonné par Eric versés ni résolus. » Il prend cepen- pas simples à surmonter, encore que taille et les missions sont inverse- tral puis en tant que porte-parole nes soient respectées. Or en décré- de Maisonneuve et Jean Guellec. dant la précaution d’ajouter que, « l’épandage de substances radioacti- ment proportionnelles – a déjà du premier et dernier président de tant la glasnost, c’est-à-dire une Ed. Economica, 208 p., 19 ¤. « selon les conclusions qui seront ves [paraisse] plus facilement réalisa- entraîné des revirements politiques ; l’Union soviétique. Il est donc bien forme de libre expression, Gorbat- tirées des événements et les modifica- ble », de même que l’arme chimique. elle a accéléré le rapprochement placé pour tenter de percer «le chev introduit un changement tel ’activité de l’édition veut b Washington-Moscou et relativisé la mystère Gorbatchev », même s’il des règles du jeu qu’il en sera lui- aujourd’hui que soient extrait notion d’« Etats voyous », « centrale peut être soupçonné, a contrario, même victime. publiés des livres disséquant dans la vision américaine de l’après- d’une trop grande familiarité avec L des événements à peine « Entre 1618 et 1648, une grande partie de l’Europe fut le siège d’une guerre froide ». Les attentats et la son objet d’étude. Il évite ce risque UN INEFFAÇABLE MÉRITE achevés dont les conséquences sont guerre qui ressemblait à certains égards au processus dans lequel le mon- riposte américaine reposent aussi la avec brio, utilisant à la fois ses En refusant d’utiliser la coerci- encore largement imprévisibles. Les de est entré avec les attentats du 11 septembre. La durée d’abord : s’il est question des relations transatlanti- informations de première main, tion – à quelques exceptions près attentats du 11 septembre contre le un point sur lequel s’accordent à peu près tous les protagonistes et obser- ques. L’OTAN, après avoir invoqué l’ouverture de certaines archives et qu’Andreï Gratchev ne passe pas World Trade Center à New York et vateurs, c’est que la lutte engagée sera longue, marquée par de multiples l’article 5 sur la défense mutuelle, un libre arbitre lui donnant la dis- sous silence –, il se prive en même le Pentagone à Washington ont ainsi péripéties. Ensuite, il y a la géométrie variable des coalitions. (…) Impor- doit se chercher une nouvelle raison tance indispensable pour écrire temps de l’énorme pouvoir dont suscité de nombreuses publications tance aussi des facteurs non militaires, évidente dans le conflit actuel. d’être sous peine de se retrouver inu- l’histoire de la perestroïka et de dispose tout secrétaire général du allant de la simple brochure repro- (…) Ensuite encore, la nature non étatique de certains des principaux tile. L’Europe, qui était en train de son héros, qui est aussi l’histoire PC soviétique et par là du moyen duisant des articles parus dans la protagonistes : nébuleuse non gouvernementale de l’hyperterrorisme construire une politique commune de l’effondrement du communis- d’imposer sa volonté. Sans doute presse à l’assemblage de contribu- aujourd’hui, bandes armées plus ou moins livrées à elles-mêmes jadis. Et de défense, tout en souhaitant profi- me. Echec ou réussite ? La seule pense-t-il que les bénéficiaires du tions diverses, jusqu’au livre cons- enfin, le caractère chaotique de certains Etats servant de réceptacle à la ter des dividendes de la paix, doit se réponse possible à cette question nouveau cours – qu’ils soient intel- truit et pensé comme tel. violence organisée… » (Hyperterrorisme : la nouvelle guerre, pp. 201-202) demander comment « européaniser tient dans un paradoxe : Gorbat- lectuels, paysans agrandissant C’est le cas de Hyperterrorisme : la les contributions nationales à la défen- chev a échoué parce qu’il a réussi, leurs lopins, coopérateurs lancés nouvelle guerre, signé par François se de nos sociétés », une ambition qui ou pour dire la même chose en ter- sur le marché, nationalistes baltes Heisbourg et préparé par les cher- tions des orientations politiques, des Les premières conséquences sont va bien au-delà des « missions de mes inversés, Gorbatchev a réussi rêvant d’indépendance, etc. – lui cheurs de la Fondation pour la changements fondamentaux pourront d’ordre militaire. Elles vont à Petersberg » qu’elle s’était modeste- parce qu’il a échoué. en sauront gré quand il se trouvera recherche stratégique, qu’il dirige. en découler ». rebours des conceptions américai- ment assignées. Car s’il y a un « mystère Gorbat- aux prises avec les conservateurs. Le livre offre une vue et une appré- Ce sont justement ces change- nes sur la « guerre zéro mort » ou sur Choc des civilisations, Moyen- chev », il y a surtout les « para- Bien sûr, il se trompe : « Mettant à ciation d’ensemble sur ce que Fran- ments fondamentaux qu’examine la nécessité que tout engagement à Orient, modernisation du monde doxes Gorbatchev ». Certes, on profit le droit de choisir, la popula- çois Heisbourg et ses collaborateurs pour sa part François Heisbourg. Il l’extérieur soit accompagné d’une arabe, avenir de la mondialisation, peut s’interroger sur les raisons tion était prête à se détourner de appellent « la double rupture », soit propose d’abord une définition de « stratégie de sortie ». L’outil classi- place des Etats-Unis dans le monde qui ont amené un apparatchik lui », écrit Andreï Gratchev. Com- le passage à l’hyperterrorisme et la « l’hyperterrorisme » comme «la que, écrit Heisbourg, « devra cohabi- et donc des autres puissances (secon- conformiste – mais s’il n’avait pas me au moment du putsch fin brutale de la guerre froide. Ils conjonction de la destruction de mas- ter avec une forme nouvelle de systè- daires) par rapport à eux : ce sont là été « dans la ligne », comment d’août 1991 où les Moscovites sont prennent ainsi une position très net- se, rendue possible par l’accès aux mes de force dont on ne fait qu’entra- quelques-unes des questions posées aurait-il pu arriver au sommet ? – à descendus dans la rue pour défen- te dans la discussion qui occupe les technologies contemporaines [Ben percevoir les contours » : haute tech- par le 11 septembre. Les sceptiques identifier les tares du système puis dre la démocratie naissante sans chancelleries et les observateurs sur Laden a retourné contre l’Occident nologie, notamment de la puissance diront qu’elles existaient aupara- à les combattre, avant de vouloir voir à qui ils en étaient redevables. la question de savoir si le 11 septem- ses armes et ses moyens],etdela aérospatiale, action des forces spé- vant. C’est vrai. Convenons au réformer le « socialisme réel » et Gorbatchev a donné aux Russes le bre introduit une nouveauté radicale nature apocalyptique des organisa- ciales, guerre psychologique, guerre moins – et le livre de François Heis- d’ouvrir la boîte de Pandore de la droit de se passer de leur dirigeant dans les relations internationales. teurs des attentats », qui n’ont plus de l’information et protection du bourg a le mérite d’apporter des élé- démocratie. Andreï Gratchev mon- suprême. C’est son ineffaçable Un autre chercheur, Pascal Bonifa- d’objectifs politiques, comme avant sanctuaire. Car une des autres nou- ments de réflexion – que leur possi- tre bien la complexité de la société mérite. Que les Russes fassent de ce, directeur de l’Institut de recher- la disparition de l’URSS, qui n’ont veautés de l’après-11 septembre est ble solution apparaît sous un jour soviétique, la « perfection »du ce droit un usage sujet à caution ches internationales et stratégiques, pas de revendications identitaires, la découverte par les Etats-Unis de radicalement différent. totalitarisme et en même temps est une autre affaire. est d’un avis opposé, qu’a tendance nationalistes ou séparatistes mais leur vulnérabilité, la fin d’un « senti- Daniel Vernet ses failles dans lesquelles grandit D. V.

Et aussi… L’insolence afghane L’Occident interpellé Dictionnaire – Ben Laden et l’Amérique, de Florent Blanc (Bayard, 242 p., 18,90 ¤). L’histoire du royaume montagnard « épicentre Philippe Muray et Emmanuel Goujon souhaitent, – Terrorismes, vers un nouveau dés- ordre mondial, de Bruno Tessarech, du tremblement de terre » du 11 septembre à leur manière, une remise en cause de nos sociétés des rébellions Amaury Guibert et Maëlle Joulin (Mango Document, 90 p., 6,50 ¤). pièces le mouvement taliban, dans cause d’eux, que nous ne reconnais- – Les Guerres de demain, de Pascal LE ROYAUME le but de démanteler l’appareil CHERS DJIHADISTES… sons pas un monde que nous MONDES REBELLES Boniface (Seuil, 214 p., 13,50 ¤). DE L’INSOLENCE d’Etat afghan, de détruire l’identi- de Philippe Muray. avions nous-mêmes défiguré. Guérillas, milices, – Quelle géopolitique au XXIe siè- par Michael Barry. té nationale au nom d’un islam Ed. Mille et Une Nuits- La charge de Philippe Muray est groupes terroristes, cle ?, de Gérard Dussouy (éd. Flammarion 528 p., 21 ¤. « intellectuellement desséché » afin Fondation du 2 mars, jubilatoire et serait presque réjouis- sous la direction Complexe, 406 p., 28,81¤). En librairie le 18 janvier d’assurer la domination des Pach- 128 p., 8,99 ¤. sante si elle n’était pas trop systé- de Jean-Marc Balencie – L’Aide humanitaire, aide à la touns sur les autres ethnies (Tad- En librairie le 22 janvier matique. Elle ne laisse aucune et Arnaud de La Grange. guerre ?, de Marc-Antoine Pérouse n republiant son histoire jiks, Hazaras, Ouzbeks…). Tout lueur qui ne vienne « d’un magasin Ed. Michalon, 1 660 p., 45 ¤. de Montclos (éd. Complexe, 206 p., de l’Afghanistan depuis cela avec la bénédiction tacite de DEPUIS LE 11 SEPTEMBRE de farces et attrapes ». A l’instar de 18,29 ¤). 1501, accompagnée d’une Riyad et de Washington. Car, d’Emmanuel Goujon. notre semblant de résistance au ter- our la troisième fois, Jean- – Vaincre le IIIe totalitarisme, E très longue postface en avant de dénoncer aujourd’hui le Gallimard, « Continents noirs », rorisme. Les djihadistes nous imagi- Marc Balencie, chercheur d’Amir Jahanchahi (Ramsay, 202 p., forme de diatribe rédigée à chaud terrorisme des talibans, le départe- 92 p., 10 ¤. nent « vautrés dans des plaisirs et à l’IRIS, et Arnaud de La 16 ¤). après le 11 septembre, Michael ment d’Etat s’était félicité en 1996 des loisirs qui nous ont ramollis. Eh P Grange, journaliste au – 11/9, autopsies des terrorismes, Barry fait œuvre de mémoire. Il de l’instauration d’un régime capa- a lettre ouverte que Philip- bien ! Nous lutterons comme des Figaro, publient ce dictionnaire un recueil d’entretiens avec Noam rappelle les origines tumultueuses ble de « rétablir rapidement l’ordre pe Muray adresse aux lions pour protéger notre ramollisse- des rébellions, qui s’est enrichi de Chomsky (Le Serpent à plumes, de ce royaume montagnard « inso- et la sécurité ». « chers djihadistes et assimi- ment ». 400 pages depuis la première édi- 156 p., 11 ¤), dont un autre dialo- lent » envers des voisins aux dents L lés » est une lettre piégée. Vus d’Abidjan, nous ne sommes tion en 1997. Comportant plus de gue, avec Denis Robert et Weronika longues. Il le replace dans le DANS UN « TROU NOIR » Car, sous prétexte de faire des pas beaucoup plus présentables. cinq mille entrées, à la fois thémati- Zarachowicz, paraît aux éditions contexte du djihad contre l’inva- Le grand intérêt de cet ouvrage remontrances à Ben Laden et Emmanuel Goujon, Français des ques et géographiques, Mondes des Arènes (Deux heures de lucidité, sion soviétique pendant les est de nous rappeler l’insondable consorts pour s’être laissé aller à Antilles travaillant en Afrique, n’est rebelles s’intéresse d’abord aux 200 p., 12 ¤). années 1980 qui a donné les prémi- capacité d’erreur de dirigeants une « violence inexcusable » et pas loin de partager le pessimisme conflits internes et aux acteurs – L’Esprit du terrorisme, de Jean ces du conflit actuel. Il pointe politiques et de nous mettre en menacer de commettre encore de Philippe Murray. S’il y a une non étatiques des relations interna- Baudrillard (éd. Galilée, 46 p., 12 ¤). enfin du doigt les responsables : le garde contre tout suivisme politi- « d’affreuses exactions », c’est à guerre des civilisations, dit-il, « l’Oc- tionales. Des noms ont disparu – Pour comprendre l’intégrisme Pakistan, les Etats-Unis et les isla- quement correct. Car quel aurait nous qu’il parle. C’est nous que, cident est foutu ». Car le seul moyen (Canada, Slovaquie, Niger…), ce islamiste, de Martine Gozlan (Albin mistes obtus et fanatiques qui ont été le sort de l’Afghanistan si le selon les moments, il tance ou il de gagner cette guerre serait de qui semble indiquer que des ten- Michel, « Espaces libres », 200 p., poussé sur ce terreau fertile et qui protecteur américain ne l’avait pas plaint. Pas sur le mode insupporta- renoncer à tout ce en quoi l’Occi- sions présentes sous une forme 6,60 ¤). ont fini, juste avant que abandonné une fois l’armée rouge ble – « nous l’avons bien cher- dent croit. « C’est que le meilleur pas nécessairement violente se – Ben Laden, secret de famille de Washington ne lance ses bombar- défaite et s’il n’avait pas sous-trai- ché ! » –, mais sur un ton plus sub- allié des islamistes, c’est l’Occident sont apaisées. D’autres sont appa- l’Amérique, d’Arundhati Roy (Galli- diers contre Oussama Ben Laden, té cette assistance à ses pires enne- til et plus provocateur qu’il a déjà lui-même. Manque d’idéologie, pas rus (Tanzanie, Namibie, Népal, mard, 32 p., 3,89 ¤). par se débarrasser du seul homme mis après les Soviétiques, le Pakis- utilisé contre la modernité dans de spiritualité, pas de foi ; donc rien Ouzbékistan, Kirghizstan…) parce – Pour un islam de paix, Revue providentiel qu’était le comman- tan et l’Arabie saoudite ? Que Après l’Histoire (« Le Monde des pour déplacer les montagnes ; l’ère que la situation de ces pays s’est « Question de » nº 126 (Albin dant Massoud auquel ce cher- serait devenu Ben Laden sans le livres » du 19 mai 2000). du vide, l’empire des vanités ». A tra- dégradée ou parce que le travail Michel). cheur – ancien coordinateur de soutien initial de Washington et la Et pour nous dire quoi ? Que vers des échanges avec des amis dis- scrupuleux des auteurs les a ame- – Afghanistan, la mémoire assassi- Médecins du monde en Afghanis- duplicité de la monarchie wahhabi- nous avons cessé d’exister depuis persés dans le monde, grâce à l’e- nés à s’adjoindre dans ces domai- née, compte rendu d’un colloque tan – voue une véritable véné- te ? Et les talibans auraient-ils pu longtemps en tant qu’êtres mail – une technique moderne qui nes l’apport de nouveaux spécia- tenu à l’Unesco, le 2 mars 2001 (Mil- ration. prendre le pouvoir si les stratèges humains ; que « ces chers djihadis- ne fait pas en soi la modernité –, listes. le et une nuits, 140 p., 2,50 ¤). Pour Michael Barry, l’Afghanis- américains n’avaient pas lâché tes » se sont trompés en croyant Emmanuel Goujon montre com- « L’islam transnational » occupe – Dieu, guerre et autres paysages, tan a été victime à la fois des ambi- Massoud pour faire plaisir à leurs s’attaquer à une civilisation : « il n’y ment les attentats du 11 septembre naturellement une place importan- de Niccolo Rinaldi, qui a été char- tions pakistanaises, de la duplicité alliés ? a pas de civilisation » depuis qu’un et leurs suites ont été reçus hors de te dans cette nouvelle édition de gé de l’information des Nations saoudienne et des incohérences Ce qui permet à l’auteur de dire gigantesque programme de régres- l’hémisphère Nord. Mondes rebelles. Et il faut rendre unies en Afghanistan (L’Harmat- de la diplomatie américaine. Or ce que « l’épicentre du tremblement sion est présenté comme un « tra- Beaucoup de bruit, pas pour rien justice aux deux responsables, qui tan, 270 p., 22 ¤). sont aujourd’hui ces mêmes pays de terre » du 11 septembre « était vail d’intérêt général ». La fête a certes, mais pour un nombre de vic- n’avaient pas attendu les attentats – Ce qui arrive, de Paul Virilio qui sont au cœur de la coalition bien Kaboul. Deux lignes sismiques remplacé le commerce de l’intelli- times qu’on enregistre couram- du 11 septembre et la guerre en (éd. Galilée, 120 p., 17 ¤, en librairie anti-terrorisme chargée d’éradi- s’y sont croisées pour se renforcer à gence, « Loft Story » l’esprit criti- ment hors de l’Amérique « éternelle Afghanistan contre Ben Laden, le 16 janvier). quer Al-Qaida et les talibans. Les l’échelle planétaire : d’abord l’idéo- que. La déconstruction est devenue et messianique », avec laquelle le Mollah Omar et leurs troupes pour – Les Drapeaux de l’islam, de Pier- critiques sont féroces, l’auteur ne logie extrémiste de l’islamisme cris- la forme de la modernité et le des- tiers-monde a du mal à s’identifier. se poser la question. Dès la premiè- re C.Lux-Wurm (Buchet-Chastel, cache ni ses sympathies ni ses ini- tallisée autour de la figure de Ben tin s’appelle la traçabilité. L’Occi- Avec cette question lancinante : re édition et sous la plume de Jean- 350 p., 45 ¤) mitiés, tant le « royaume de l’inso- Laden ; mais aussi l’ambition territo- dent était fondé sur la raison, et « Pourquoi une vie vaut-elle plus Christophe Rufin, ils mettaient en – Sous le pseudonyme de Jugurtha lence » lui tient à cœur. riale et froidement stratégique de la nous n’avons de cesse de la faire qu’une autre ? » La réponse ne sau- garde contre la tentation de voir paraît Le Journal d’Oussama Ben L., Une fois les Russes partis, après stratocratie pakistanaise, devenue péricliter. A dire vrai, l’Occident rait évidemment être morale. Elle dans l’intégrisme islamique « l’en- lettres apocryphes afghanes, suppo- l’échec de leur « grand jeu » en l’alliée plus ou moins opportuniste n’existe plus. C’est un lieu vide que est stratégique. Mais alors elle est nemi global » dont l’effondrement sé décrire l’Occident vu par Ben Asie centrale, les Afghans ont été de Ben Laden, aux dépens de les pirates de l’air ont transformé dérisoire, face à cette interpellation de l’Union soviétique et du com- Laden et qui, en voulant critiquer la manipulés par les services spé- l’Afghanistan ». Reste à ce dernier en champ de ruines. En croyant que Philippe Muray résume ainsi à munisme avait privé l’Occident. formule « deux poids, deux mesu- ciaux d’Islamabad (l’ISI), dans le à sortir du « trou noir » dans nous anéantir, Ben Laden et ses dis- l’adresse des « chers djihadistes » : Pour qui s’intéresse à ce qui se pas- res », comporte sur le « lobby juif » but de les vassaliser. Le général lequel ses divisions claniques et ciples nous ont rendu service. Ils « A la différence des nôtres, vos se dans le monde, loin des chancel- et Israël des appréciations pour le Babar, ministre de l’intérieur de les ambitions de ses voisins l’ont nous ont donné à voir « l’écroule- démolitions s’effectuent en toute illé- leries, Mondes rebelles constitue moins équivoques (Diffusion Inter- Benazir Bhutto, a utilisé les servi- plongé. ment de notre propre royaume », et galité ». un guide irremplaçable. national Edition, 91, avenue de ces de Ben Laden et créé de toutes Patrice de Beer maintenant nous pouvons dire, à D. V. D. V. Clichy, Paris-17e, 236 p., 18,29 ¤). XII / LE MONDE / VENDREDI 11 JANVIER 2002 actualités b L’EDITION FRANÇAISE La rentrée de janvier s’impose b José Bové entre Messier et Lagardère. Jean-Marie Messier, Le début de l’année est le second temps fort, après l’automne, de la vie du livre. Un millier de romans, d’essais et de documents PDG de Vivendi Universal, s’était félicité, dans un débat télévisé avec vont chercher une place sur les tables des libraires l’intéressé, que José Bové soit publié dans une de ses maisons, à l’époque a rentrée littéraire de jan- l’Afghanistan et le nouveau désor- son. D’autre part, beaucoup de et aux jurés des prix littéraires, com- plus sceptique : « La rentrée de jan- La Découverte, avec un grand suc- vier prend de plus en plus dre mondial alimentent de nom- deuxième ou troisième livres d’au- me nous le faisons en été. J’espère que vier est assez artificielle. Avec l’explo- cès. José Bové avait ensuite choisi d’importance. Un bon mil- breux livres (lire pages X et XI), tout teurs remarqués préfèrent l’hiver les livres resteront sur les tables au sion démographique dans le domaine Plon, autre filiale de Vivendi, pour lier de livres arrivent en comme la mondialisation et, bien pour s’imposer, comme Christian moins jusqu’à la fin du mois de mars de la littérature, il faut bien gérer les un nouvel ouvrage en collaboration deuxL mois sur les tables des librai- sûr, Victor Hugo. Garcin (Gallimard), Anna Gavalda ou du semestre. Est-ce que ça vaut le flux. D’abord le temps de lecture man- avec François Dufour, prévu initiale- res. 460 romans (dont 284 français Depuis quelques années, la ren- (Le Dilettante), Eric Reinhardt coup de tout miser sur la rentrée que pour les libraires. On sort de la ment le 14 février : Le Grain du mon- et 176 étrangers) et 47 essais littérai- trée littéraire d’hiver prend une (Stock) ou Pierre Senges (Vertica- d’automne, surtout si l’on fait partie rentrée d’automne et de la rentrée de. L’agriculture racontée aux cita- res vont côtoyer près de 500 essais importance croissante, sans que les, lire page I). des éditeurs qui ne sont pas automati- universitaire, et d’un mois de décem- dins. Fayard, filiale du groupe Lagar- et documents, selon les chiffres cette évolution soit facilement da- Stock a franchi un pas supplémen- quement récompensés par les jurys ? bre très actif pour les libraires, alors dère, vient de publier, avec un tirage publiés par Livres Hebdo. Il y avait à table. Il y a une dizaine d’années, taire en concevant sa rentrée de jan- Il faut créer des tendances, et au bout qu’au mois d’août on se retrouve de 30 000 exemplaires, un autre livre peu près autant de romans en 2000 les rôles étaient soigneusement par- vier comme sa rentrée d’automne. du semestre il y a le prix du Livre autour des livres de la rentrée. La du leader paysan, cette fois-ci avec (288 textes français, mais « seule- tagés : l’automne était marqué par « On publie nos huit romans français Inter, qui se vend mieux que beau- croissance de janvier a été plutôt Gilles Luneau, Paysan du monde. ment » 167 étrangers). la frénésie de la course aux prix qui du premier semestre à la même date coup d’autres prix d’automne. » lente, mais elle était prévisible. Je suis Comme l’indique Le Canard enchaî- Le nombre de premiers romans emballait la machine éditoriale, tan- et on ne publiera rien avant le mois sûr qu’on trouvera quelque chose né du 9 janvier, Plon a été très irrité diminue : 35, contre 42 il y a un an dis que l’hiver était le temps des écri- d’août, explique Jean-Marc Roberts, « IL FAUT GÉRER LES FLUX » pour la légitimer, comme c’est le cas par la parution de ce livre. «Nous et 82 à l’automne 2001. L’inflation vains consacrés ou déjà récompen- PDG de Stock. J’ai constaté que, Charles Kermarec, le patron de la avec les prix en automne. Je préfére- l’avons découvert en décembre », est forte du côté de la non-fiction. sés. C’est le cas cette année de Chris- pour les auteurs peu connus, paraître librairie Dialogues, à Brest, se ré- rais que la pression soit divisée par explique son PDG, Olivier Orban, Le magazine professionnel recense tine Arnothy, René Belletto, Ber- après le 15 février était souvent un jouit de la croissance de la rentrée douze. L’un des meilleurs mois en qui hésite entre le maintien de la près de 150 documents de plus. Pré- nard Clavel, , désastre. Sauf exception, ils passaient de janvier. Il fait partie des libraires librairie est juillet, alors qu’il n’y a pra- parution du livre en février à la veille sidentielle oblige, il y a deux fois , Patrick Grainville, inaperçus, car les journaux consa- qui ne se plaignent pas de la surpro- tiquement pas de nouveautés. » du Salon de l’agriculture et le report plus de livres politiques qu’en 2001. Alexandre Jardin, Philippe Labro ou crent moins de place à la littérature. duction éditoriale. « Janvier était un Après avoir connu deux années en septembre. Quoi qu’il en soit, le Si les années électorales sont consi- Gilles Perrault. De même, les Janvier est un rendez-vous important mois faible, maintenant c’est devenu quasiment euphoriques en 2000 et symbole de la lutte antimondialisa- dérées comme des périodes peu auteurs jugés trop fragiles pour sup- pour la littérature. Auparavant, on l’un des meilleurs mois du premier 2001, l’édition et la librairie vont tion sera très présent en librairie, favorables à la vente de livres, elles porter la fièvre automnale étaient publiait les auteurs importants et semestre. C’est venu lentement mais devoir confirmer leur bonne santé puisque Denis Pingaud consacre en génèrent une production impor- réservés pour janvier. Mais les car- ceux qu’on avait découragés de pa- sûrement. Les éditeurs ont peur de en 2002, dans une conjoncture éco- février, au Seuil, un livre à La Longue tante des personnalités politiques tes se sont brouillées. D’une part, raître en septembre. J’ai fait le pari perdre de la visibilité pour les auteurs nomique tendue, avec le passage à Marche de José Bové. qui ne se traduit pas nécessai- certains écrivains, sans nécessaire- d’une nouvelle rentrée. Les livres moins médiatisés à l’automne. Ils ont l’euro, deux échéances électorales b Henri Bovet chez Tallandier. rement par des succès de vente ment participer à la course aux prix, étaient prêts début décembre 2001. plus de chances en janvier. » et une Coupe du monde, qui n’inci- Henri Bovet a été nommé directeur (Le Monde du 12 novembre 2001). aiment se mêler à la bataille d’au- Ils ont été envoyés tôt en service de A Toulouse, Christian Thorel, de tent pas forcément à la lecture. éditorial des éditions Tallandier. Les événements du 11 septembre, tomne, à l’image de Jean d’Ormes- presse aux journalistes, aux libraires la librairie Ombres blanches, est Alain Salles Ancien journaliste, Henri Bovet, âgé de quarante-trois ans, a été direc- teur éditorial aux éditions First et au Grand Livre du mois. Il prendra ses fonctions en mars à la place de Patri- ce Maubourguet, qui assure la transi- tion. Les éditions Tallandier sont Un an avec Hugo Fièvre littéraire à La Cadière-d’Azur une filiale du Seuil (34 %) et de la Financière Tallandier, présidée par Bernard Wouts, PDG du Point, pro- rois ans après l’année Bal- d’un texte. Nous déroulerons le fil as de café huppé, de critiques impatients ni fond comme la forme. Le nombre des lecteurs passe à priété de François Pinault. Cette filia- zac, qui nous avait fait par- chronologique d’une œuvre, qui d’éditeurs fébriles. Le prix « Un livre au villa- cent, puis au double, au triple. Des fiches de lecture sont le a été créée lorsque l’éditeur de la tir à la découverte de cin- pour l’essentiel a été publiée de 1820 ge » est né un peu par hasard. Mais il a transfor- mises au point, et chacun est appelé à noter, pour parve- rue Jacob a cédé deux de ses revues, quante héros de La Comé- à 1880, en évoquant tous les Hugo : mé le village de La Cadière-d’Azur (Var), et nir à une première sélection de vingt finalistes. L’Histoire et La Recherche, au groupe Tdie humaine, « Le Monde des le poète, le romancier, le dramatur- ceuxP qui y vivent. Tout est parti de la réflexion d’un hom- Le Point (Le Monde du 31 mai 2001). livres » va proposer à ses lecteurs de ge, le politique, le pamphlétaire, me : François Dufour. Ce fou de littérature, qui a été « UNE SORTE D’IMPATIENCE DU LIVRE » passer un an avec Victor Hugo, à l’amant, le père, le grand-père, etc. sélectionné comme juré du dernier Livre Inter, est égale- La Cadière est devenue « un véritable salon littéraire à Rectificatif l’occasion du bicentenaire de sa nais- Nous suivrons l’écrivain année par ment l’un des médecins de ce village provençal de ciel ouvert, où l’on sentait une sorte d’impatience du b Les deux romans de Julio Corta- sance. Pour une exploration d’une année, ou presque. Nous oublierons 4 200 habitants accroché à une colline tout en vignoble livre », témoigne Hélène, qui avoue s’être « laissé pren- zar évoqués par , œuvre protéiforme qui embrasse certaines années pour nous attarder de Bandol. « Lors de mes visites à domicile, je me suis ren- dre au piège des pages ». Les rencontres impromptues ou dans « Le Monde des livres » du tous les genres littéraires, et couvre plusieurs semaines sur d’autres. Au du compte que les malades ont toujours de la lecture à por- suscitées se multiplient, jusqu’à cette fiévreuse soirée de 28 décembre 2001, L’Examen et pratiquement tout le XIXe siècle. cours de cette longue promenade, tée de main… » C’est ainsi que le projet a pris corps : décembre où quarante-cinq lectrices et lecteurs se sont Journal d’Andrés Fava, sont des iné- Chaque semaine, à partir du nous découvrirons des aspects insoli- pourquoi ne pas créer un véritable prix populaire, dont retrouvés pour quatre heures de débats au terme des- dits publiés par Denoël et non des 18 janvier, en page IV, « Le Monde tes ou méconnus de son œuvre, les jurés seraient des villageois pas forcément férus de lit- quels sont retenus les cinq nominés, pour le prix rééditions, comme l’indiquait le des livres » donnera la parole à Vic- dont certains se cachent dans ses térature, mais qui pourraient y prendre goût ? Pourquoi (1 000 euros) qui sera décerné le 27 avril : Respire, d’An- sous-titre de l’article. tor Hugo, en proposant l’extrait écrits les plus célèbres. ne pas les amener à se prononcer sur les premiers ne-Sophie Brasme (Fayard), Trente jours pour trente ans, romans parus au cours de l’année ? de Thierry Buron (Romillat), Dictionnaire Jeanne Ponge, François Dufour en parle autour de lui, et rencontre le de Fabienne Mourier (L’Escarbille), C’était tous les jours même enthousiasme : celui d’une retraitée anglaise tempête, de Jérôme Garcin (Gallimard), et Morte,de amoureuse de littérature française, de la jeune poisson- Fabienne Valère (Arléa). nière Marie, qui se propose de transformer sa camionnet- Avant même le vote final, le village s’anime de sugges- te en « biblio-poisso-bus » à l’occasion de ses tournées tions, de projets. En attendant la préparation du deuxiè- en périphérie du village, du pharmacien, qui met à dispo- me prix, il a été décidé d’enregistrer sur cassettes les sition une partie de son officine pour déposer la centai- livres sélectionnés pour que les pensionnaires de la mai- ne de livres que tous les éditeurs contactés ne tarderont son de retraite puissent participer à la fête. D’aucuns pas à envoyer. Entre-temps, on crée une association, et sont passés de la lecture à l’écriture, suggérant que des chacun y va de sa cotisation en plus des premiers bou- nouvelles du cru soient soumises aux nominés qui à leur quins qu’il faudra acheter sur ses propres deniers pour tour deviendront jurés. Comme le fait remarquer Simon lancer l’opération. De la place du village au zinc d’un Nizard, un des participants actifs de cette fête : « Une seu- bar, de la pharmacie au bureau de tabac, on ne parle le lettre sépare solitaire de solidaire. Ensemble nous avons plus que de littérature. Et c’est l’occasion de rencontres, uni les deux mots par la magie du livre. » de rapprochements, d’échanges parfois orageux, sur le José Lenzini (à Toulon)

AGENDA A L’ETRANGER b LES 11 ET 12 JANVIER. ZOLA. b MONDE : Harry Potter en chiffres et en comprimés A Paris, la BPI organise un cycle de Aux Etats-Unis, les quatre titres des aventures de Harry Potter deux colloques sur « Les métamor- restent en tête des ventes et ont achevé l’année en faisant enco- phoses de l’argent ». Le premier est re mieux que prévu, atteignant les 40 millions de dollars consacré à Zola et à l’argent au (44,8 millions d’euros). Depuis sa sortie le 16 novembre, le film a travers de l’œuvre de l’écrivain (à rapporté 300,6 millions de dollars en Amérique du Nord à sa mai- 11 heures, Centre Pompidou, entrée son de production, Warner Bros. Si, en France, la société Alacar rue Saint-Martin, 75004 ; petite salle ; a vendu plus de 3 millions de fèves à l’effigie de l’apprenti sor- rens. : 01-44-78-49-02). cier, l’Association médicale australienne dénonce la vente de b LE 14 JANVIER. DEGUY. A comprimés d’ecstasy avec une sorcière sur un balai. Un Autri- Paris, l’Institut des textes et ma- chien, Alois Gmeiner a, lui, créé un numéro vert pour que ses nuscrits modernes (CNRS) reçoit compatriotes puissent déverser leur bile contre le jeune Harry ; il Michel Deguy pour une conférence a l’intention de rassembler ces messages de haine dans un livre. « Penser, parler, écrire : le même » (à On a aussi brûlé quelques exemplaires du livre ici et là, en parti- 17 h, ENS, 46, rue d’Ulm, salle des culier au Nouveau-Mexique. Cela n’a pas empêché Joanne Kath- conférences ; rens. : 01-44-32-32-33 leen Rowling (74,4 millions d’euros gagnés au cours des douze ou irene.fenoglio @ens. fr). derniers mois) de convoler en justes noces avec son compagnon b LE 15 JANVIER. TABUCCHI. de longue date, le médecin Neil Murray, le 26 décembre 2001. Et A Paris, la Librairie Gallimard et la d’écrire le dernier chapitre des aventures de Harry, annonçant Maison de l’Amérique latine organi- plus d’histoires entre filles et garçons dans les volumes à venir et sent une rencontre avec Antonio également la mort d’un des principaux personnages… De quoi Tabucchi, pour la parution d’Il se fait maintenir le suspense en attendant le cinquième volume, qui tard, de plus en plus tard, aux éditions selon certains, se fait attendre ! Christian Bourgois (à 19 heures, 217, b ÉTATS-UNIS : sur les routes avec James Waller boulevard Saint-Germain, 75007 ; James Waller, l’auteur de Sur la route de Madison – douze mil- rens. : 01-49-54-75-00). lions d’exemplaires vendus dans le monde –, va publier la suite b LE 15 JANVIER. ALTÉRITÉ. sous le titre A Thousand Country Roads, chez un tout petit édi- A Paris, Yirmiyahu Yovel, de l’Uni- teur, Iron Mountain Press. Ses dirigeants, Mike et Jean Hardy, versité hébraïque de Jérusalem, sont aussi libraires à Alpine et Marathon (Texas), et James Wal- inaugurera le cycle des conféren- ler fait partie de leurs clients habituels. Il aime bien faire les cho- ces Alberto Benveniste sur le thè- ses à petite échelle et a vendu lui-même son premier livre en par- me « La nouvelle altérité : dualités courant les routes dans son camion. Le premier tirage sera de marranes des premières généra- 25 000 exemplaires. tions » (à 17 heures, salle Liard, b PRIX LITTÉRAIRES 17, rue de la Sorbonne, 75005 ; Avalanche de prix en Espagne : après le prestigieux prix Cervan- rens. : 01-43-56-81-33 ou abenve tes attribué à l’écrivain colombien Alvaro Mutis (qui le recevra [email protected]). comme le veut la tradition le 23 avril, jour anniversaire de la b LE 17 JANVIER. GAO XINGJIAN. mort de Cervantes, des mains du roi Juan Carlos), le 58e prix A Chambéry, l’Observatoire de l’écri- Nadal a été attribué à une jeune romancière, Angela Vallvey ture, de l’interprétation et de la dont le roman Los estados carenciales est une parodie des livres lecture propose une rencontre avec d’aide à la vie quotidienne. Le prix catalan Josep Pla a été obte- le professeur Noël Dutrait sur le nu par une journaliste Eva Piquer pour Una victoria diferent. Le thème « Gao Xingjian, un Prix Nobel prix international Union latine de littératures romanes a été inattendu » (à 19 h 30, 46, rue Juive- octroyé à Rome à l’écrivain cubain, vivant à Londres, rie, 73000 Chambéry ; rens. : Guillermo Cabrera Infante (qui avait obtenu le prix Cervantes 04-79-70-57-02). en 1997).