Un Avocat Dans Le Siècle. De Poincaré À Mitterrand. Pris Sur Le Vif. Portraits
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de POINCARÉ à MITTERRAND Pris sur le vif Portraits contemporains Jean-Louis AUJOL Éditions GAZETTE DU PALAIS 3, Boulevard du Palais, 75004 Paris 12, Place Dauphine, 75001 Paris DU MÊME AUTEUR LE CARDINAL DUBOIS Ed. du Bateau Ivre, Paris 1948. LE PROCÈS BENOIST MÉCHIN Ed. Albin Michel, Paris 1949. L'EMPIRE FRANÇAIS DU MISSISSIPPI Collection "A titre d'ailes", G.F.P.E. 1954. LES MAINS DE PILATE Ed. Jean-Pierre Ollivier, Paris 1976. CE CÈDRE QU'ON ABAT Ed. Cary script, Paris 1988. A mes enfants Marguerite et Bernard A la mémoire de ces grands aînés qui me tendirent leurs mains : Vincent de Moro Giafféri, Henry Torrès, Albert Gautrat, André Toulemon. Préface Jean-Louis A UJOL, historien et homme de lettres, est un des rares survivants d'une race d'avocats qui a marqué l'histoire de France de la moitié du XXe siècle. Sa carrière est de celles qui exaltent et suscitent chez les candidats au C.A.P.A., leur vocation. Jean-Louis AUJOL n'a pas attendu l'ouverture des frontières, le droit d'établissement, la libre circulation des personnes, l'internationalisation des marchés, pour être au vrai sens du terme, un avocat « international ». Ses souvenirs que nous publions, n 'ont rien de comparable avec les anecdotes et faits divers de « justice de paix », que juges et avocats se plaisent à raconter en des « mémoires » que l'évolution des idées et des mœurs affadie et qui n 'intéressent que leur auteur. Son livre est d'une autre dimension. C'est à travers la carrière exceptionnelle d'un homme de caractère indépendant de tous les pouvoirs, — du politique en particulier —, la révélation de faits vécus, de secrets de l'histoire contemporaine. Sa première chance il la doit à sa Corrèze natale, à ce village de Ste Féréole où il a partagé les bancs de l'école avec le père de Jacques Chirac. Un oncle maire de Brive le recommande à Henry de Jouvenel, rédacteur en chef du Matin. Il en devient le secrétaire et pénètre dans l'intimité d'un grand quotidien national dont le patron, Buneau-Varilla disait que sa position valait celle d'un trône. Il fait ainsi la connaissance de Colette, alors épouse d'Henry de Jouvenel, et de tout ce que compte Paris de personnalités du monde de la politique, des arts et des lettres : Maginot, Paul-Boncour, Princesse Bibesco, Marguerite Moréno, Elvire Popesco... Quel enchantement, quelle découverte pour un jeune provincial sans relations, mais aussi quelle école ! Henry de Jouvenel est nommé Haut Commissaire au Liban ; Jean- Louis Aujol l'y suit. A Beyrouth il rencontre celui qui devint le général Catroux. Il quitte le Moyen-Orient pour accompagner Henry de Jouvenel à la Société des Nations, où il connait Aristide Briand, Louise Weiss et bien d'autres personnalités françaises et étrangères. Au Moyen-Orient et à Genève il noue un tissu de relations qu'il enrichit au fil du temps. Conseil et ami des Emirs, en particulier de Fayçal d'Arabie Saoudite et de sa famille, il est le spécialiste des questions du Moyen-Orient. Des hommes politiques le consultent et l'écoutent. Cette ouverture sur le monde a contribué au succès de sa carrière d'avocat. Il traverse les années noires de l'occupation en apportant sa contribu- tion à la résistance. Grâce aux ressources de son imagination il réussit à soustraire de la déportation, par des subterfuges habiles, ses clients israé- lites. Il y fut encouragé par sa collaboratrice, Me Jacqueline Rochette, militante de la résistance active, amie, notamment de Marie-Madeleine Fourcade. A la libération son concours fut naturellement recherché pour assurer la défense dans divers procès de collaboration : Joinovici, Scaffa, Be- noist-Méchin lui confièrent leurs intérêts. Ses clients furent multiples et célèbres : Le Grand Mufti de Jérusalem, Saïd Abd-el-Kader, la princesse de Bourbon-Parme, le Grand Duc Vladi- mir de Russie, le Prince Napoléon, la reine Géraldine d'Albanie, le Roi Pierre II de Yougoslavie dont il devint l'ami et le confident ; (il nous dévoile le choix de Winston Churchill qui préféra Tito au résistant de la première heure, le général Mikhaïlovic). Avocat du Gotha, il était également celui des gens de lettres et des artistes : Lucien Descaves, Jean-Jacques Bresson, Christian Jacques, Tonia Navar, Madeleine Robinson... Il plaida aussi bien des affaires politiques, comme celles de la Cagoule, du complot de Paris, de l'Internationale des traitres, des géné- raux, qui comparurent devant le Tribunal Militaire composé notamment par les généraux de Lattre de Tassigny, Koenig, Revers, que des dossiers mondains tel celui « des ballets roses », ou des dossiers de presse en assurant la défense du « Caporal épinglé », Jacques Perret. Sur un autre registre il défendit le parfumeur Yves Rocher, et Jeanne Gatineau. Il pénétra même un instant dans le monde des truands avec le cas de l'impénétrable Jo Attia. Il est impossible de résumer en une préface ce livre riche en évène- ments qui recouvre un demi-siècle d'histoire. De l'auteur le Président René Mayer qui fut son ami, disait : Jean-Louis Aujol n'a pas cédé au travers des auteurs de Mémoires. Il n'écrit pas pour se justifier, mais en témoin des évènements vécus qu'il rapporte et dont il révèle les secrets qu'il a partagés ; il en est soit le procureur, soit l'avocat ou le juge. Il ne recherche pas le beau rôle, mais l'authenticité du récit. Il a l'art de le faire avec simplicité, vivacité, précision. Il est aussi agréable de le lire que de l'écouter. Cette fresque historique est complétée de portraits pris sur le vif, ceux d'illustres personnalités contemporaines qu'il a connues et qu'il fait revivre en un art incomparable : Alphonse XIII, Pierre II de Yougoslavie, le roi Fayçal d'Arabie Saoudite, Winston Churchill, Jean Monnet, Edgar Faure, Sean Mac Bride (Prix Nobel), son ami de toujours Alexandre de Maren- ches, le Maréchal Juin, le Maréchal de Lattre de Tassigny, le Général Catroux, le Général Weygand, Moro de Giafféri, René Floriot, Colette, Joseph Kessel, Marcel Aymé, Gen Paul, Cécile Sorel, Elvire Popesco, Jacques Tati, Madeleine Robinson. L'épilogue de cette vie réussie mélée à l'histoire nous le lisons sous sa plume dans sa conclusion : « Merci. Oui, je suis reconnaissant à cette profession qui fut la mienne et que j'avais choisie à l'âge où seuls les jeux importent, des joies qu'elle m'a accordées. Son exercice fut tout au long de ces années un enchante- ment. Merry Bromberger qui fut longtemps chroniqueur judiciaire avant de devenir un grand journaliste et un remarquable historien de notre temps, avait écrit dans un compte-rendu de procès, que j'étais l'avocat des Rois. Il voulait probablement m'être agréable, et je ne cache pas qu'il est des choix plus flatteurs, les uns que les autres. Cependant viennent à mon esprit bien d'autres rappels d'affaires dont les protagonistes appartiennent à des milieux sociaux très variés, des plus modestes aux plus illustres, et qui m'ont permis de retirer la certitude qu'il n'y a pas de petites causes lorsqu'elles ».concernent des individus aux prises avec les drames, que toute Jean-Louis Aujol en me faisant l'honneur de préfacer cet ouvrage a cédé à l'amitié, qu'il m'a manifesté en m'appelant à le rejoindre il y a plus Note de l'auteur Ayant désiré grouper mes sou- venirs par catégories, l'ordre chrono- logique n'est intervenu qu'à l'inté- rieur de chaque chapitre. AVANT-PROPOS D ans ma famille, on conservait les cartes postales. C'était, au début du siècle, le moyen de rêver. C'est ainsi que j'ai trouvé, un soir d'automne, dans ma maison limousine, une carte qui m'avait été envoyée en 1910 par ma grand-mère. L'adresse portait simplement sous mon nom : « avocat ». J'avais huit ans. Si un doute sur la précocité de ma vocation pouvait exister, le voici levé. Aux « Sciences Po » j'hésitais pourtant quelque peu, Henry de Jouvenel, auprès de qui déjà je travaillais, me poussant à préparer le concours des Affaires Etrangères. Le goût du verbe fut le plus fort. A cette époque, être avocat, c'était avant tout, plaider. D'aucuns pensent aujourd'hui que, comprise ainsi, cette profession privilègerait les envo- lées lyriques, au détriment du droit. Quoi qu'il en soit, c'est avec enthousiasme, mais avec un esprit combattant, que je commençais ma carrière ; je n'étais pas éloigné de considérer l'appareil judiciaire et ses lois comme mes adversaires naturels. Je n'ai jamais pu complètement éteindre en moi cette tendance à la rebellion. Elle se fortifia lorsque je découvris le champs clos de la justice politique. Dans « Les mains de Pilate » j'ai laissé libre cours à ce sentiment. (1) (1) Éditions Jean-Pierre OLLIVIER. Paris 1976 Mais ce sont les personnages rencontrés sur ma route en ce temps qui fut le leur et le mien, qui m'ont incité à écrire ce livre. Il ne s'agit pas de me raconter, mais d'évoquer les autres, ceux qui ont eu leur nom retenu par l'histoire, petite ou grande, aussi bien que les inconnus. Ils colorent tous à leur façon, le siècle, et, appartenant aux milieux les plus divers, ils donnent un aperçu original de ce temps. Récit de voyage si l'on veut, de celui que nous accomplissons tous. Le mien déjà long, peut être porteur de souvenirs plus nombreux. Et pour ceux qui ont tendance à vilipender leur temps, à maudire le ciel de les avoir fait vivre à une époque aussi cruelle, je dirai simplement que les époques se valent, comme tous les hommes se ressemblent.