La Pointe Du Raz
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302 Fig. 1 : Le projet "Grands sites" de 1977 C:Onslrudlons._.,,.,. C.Onslrudlons '9olff l à """""'"' .fbUIHexlstnes.,..,...., ... .,_A:>Ulese xtsr....,.es C:Omptexe lolriSUque l\:>ulesta ff( -Elwqdel.,._,.· Fig. 3 Le projet en 1995 et le cadre légal Figures article ci-contre B. Fichaut et al. liiJ NOS, loi 1ittoral" El Etang de Laoual LJ NO, zone "nauelle" ~ Principatesroutes El NC ~ BH lsolé • UetNA ~ Limitedu site classé en 1930 ~ 1"""8nta1ion nowele (cité, parking ) Cahiers Nantais n° 47-48 S ün ite actuelle du &ite dassé [J1J Pa"'-ing c~émentaire 303 Lapointe du Raz, (Finistère, France): aménagement modèle ou modèled'aménagement? ThePointe du Raz(Finistère, France) : exemplaryplanning or a planningmode/ ? Bernard FICHAUT• Université de Bretagne Occidentale, GÉOLITIOMER-Brest-UMR 6554-CNRS Littoral. Environnement, Télédétection, Géomatique BP 817 - 29 285 - BREST Cedex - France Max JONIN•, Maurice LE DÉMÉZET* Institut de Géoarchitecture, BP 809 - 29 285 - BREST Cedex- France Frédéric BIORET• Université de Bretagne Occidentale. GÉOSYSTÈME-UMR 6554-CNRS Littoral , Environnement, Télédétection, Géomatique BP 809 - 29 285 - BREST Cedex - France *Société pour /'Étude et la Protection de la Nature en Bretagne. Résumé : La pointe du Raz. extrême avancée de la Bretagne-Sud dans l'océan Atlantique, représente un site paysager célèbre , de grande portée symbolique. Une importante fréquentation touristique de longue date (800 000 personnes par an), en l'absence de toute gestion a entraîné une forte dégradation. L'intérêt d'une réorganisation et d'une réhabilitation est apparu depuis longtemps déjà, bien que diversement partagé. En 1977 , le site est déjà retenu dans une première opération "grand site national". La direction départementale de !'Équipement propose un projet de réhabilitation qui est unanimement rejeté par les acteurs locaux. En 1989, le site est de nouveau retenu parmi les grands sites nationaux dont la réhabilitation est prioritaire. Un nouveau projet s'élabore avec l'assentiment des acteurs locaux. Pourquoi ce revirement ? Sur ces douze années, quelles évolutions , quels changements dans le contexte général de l'environnement, dans le contexte local, chez les acteurs impliqués, dans le projet lui-même ? Le projet actuel envisage des aménagements lourds en site classé (loi du 2 mai 1930) et en zone littorale sensible (loi Littoral, 1986) . Il implique fortement l'État à travers le ministère de l'Environnement et le Conservatoire du Littoral. L'exemplarité est-elle bien celle que les acteurs affichent ? Mots-clés : Aménagemenr - Loi Littoral - Site classé Abstract : The "pointe du Raz", the western extremity of Brittany in the Atlantic Ocean, represents a well-know landscape of great symbolic importance. Subjected to a heavy frequency of tourist visits (800 000 p.a .) for many years, the absence of any management has led to serious degradation. The need to reorganise and rehabilitate the site has been apparent for a long time, although not uniformly recognised . In 1977, the site was already included in an initial operation as a "grand site national" (important national site) . The "direction départementale de l'Equipement" proposed a rehabilitation project which was unanimously rejected by local representatives. In 1989, the site was again identified as one of the "important national sites" which should receive priority in the rehabilitation programmes . A new project was prepared with the agreement of local representatives. Why this change ? During these twelve years, what changes had taken place in the general environmental context , in the local context, among the relevant actors. and in the project itself? The present project envisages some major improvements on the classified site (loi du 2 mai 1930) and in the sensitive coastal zone (Littoral law, 1986). It heavily involves the state through the Ministry of the Environment and the Conservation agency for the coastal zone (Conservatoire du littoral). The examplarity of this action, is it really what the relevant actors claim? Keywords : Planning - Littoral Law - Classified site L'extrémité du Cap Sizun, pointe sud du Finistère, est un des sites touristiques les plus célèbres et les plus visités de France. Elle est constituée de deux pointes rocheuses granitiques, les pointes du Van et du Raz, encadrant un profond rentrant, la baie des Trépassés. Les pointes sont constituées de falaises abruptes et élevées. Le plateau sommital, dont l'altitude oscille entre 50 et 70 m environ, est très exposé aux vents et aux embruns dans les parties les plus avancées. Dans les secteurs non dégradés par les actions anthropiques, les sols peu profonds et peu évolués, de type ranker, portent une végétation de lande rase, plus rarement de pelouse. Le littoral de la baie est constitué d'un cordon de galets qui barre une dépression. Il protège un massif dunaire surtout étendu vers le sud, et un étang de barrage entouré d'une zone humide annulaire dans la partie centrale. Cahiers Nantais n° 47-48 304 Le site, et plus particulièrement la pointe du Raz, est très fréquenté depuis le début de ce siècle au moins. On estime à 800 000 par an le nombre de visiteurs sur cette pointe , contre 300 000 environ sur la pointe du Van. L'impact de cette fréquentation est remarquable. Divers aménagements ont été conçus en dépit du bon sens et sans aucun souci d'intégration paysagère, le tapis végétal a disparu ou est endommagé sur environ huit hectares . Depuis de nombreuses années, on s'intéresse régulièrement à la réhabilitation du site ; aujourd'hui, une opération est en cours de réalisation . Très médiatisée, coûteuse (50 MF environ), elle mobilise l'Etat, les collectivités territoriales, le Conservatoire du littoral. des mécènes . Est-elle exemplaire pour autant ? S'inscrit-elle en rupture par rapport aux modes d'aménagement des espaces côtiers qui ont eu cours durant les trente dernières années ? Il nous a semblé intéressant de confronter les projets et les idées pour tenter de répondre à cette interrogation. I - UNE FRÉQUENTATION ANCIENNE La fréquentation et l'aménagement du site, et plus particulièrement de la pointe du Raz, datent de plusieurs décennies. En 1904, des documents photographiques atteste de l'affluence des visteurs au pied de la statue de Notre Dame des naufragés . En 1909, un poste de télégraphie sans fil est édifié sur l'extrémité de la pointe et, en 1910, on construit le sémaphore et des logements pour les gardiens. En 1930, on dénombre quatre hôtels et, avant-guerre, de nombreuses automobiles roulent et stationnent sur la lande . En 1929, dans le journal "l'Illustration", René Villard, dans un article intitulé Sauvons la pointe du Raz pose les problèmes dus à l'invasion par les touristes et évoque l'érosion du sol. Le tourisme est déjà critiqué, l'auteur parle des "magasins à souvenirs" et des "bibelots soi-disant bretons". Le Touring Club de France saisit le préfet du Finistère pour le classement du site. Celui-ci interviendra en 1942 mais ne concernera que la partie la plus avancée de la pointe (Fig. 3). Pendant la guerre, l'armée allemande occupe le site et y installe de nombreux ouvrages de défense. A leur départ les soldats les détruisent et brûlent tous les autres bâtiments à l'exception du sémaphore . Dès 1950, le tourisme reprend et des baraques s'installent, disséminées sur la lande en retrait du sémaphore. Le timbre poste gravé par Henri Cheffer en 1948 immortalise le paysage "sauvage" du site. Des photos aériennes de cette époque montrent que le couvert végétal de l'extrême pointe n'a pas encore disparu, et qu'il subsiste au moins de vastes îlots résiduels de lande rase. A partir de 1945, et pendant quinze ans, discussions, projets divers examineront la situation de la pointe du Raz et les problèmes liés à la fréquentation et à la dénudation du sol. En 1958, deux hôtels sont bâtis en plein site classé. En 1962, la cité commerciale est construite, elle aussi en site classé. Elle témoigne toutefois de la volonté de l'État d'aménager le site. Un parking de deux hectares est implanté sur la lande et recouvert d'un bitume rouge, peut-être supposé évoquer la couleur des bruyères en fleurs. Ce parking est payant en période estivale ; les recettes sont encaissées par la municipalité de Plogoff. Parallèlement, la pointe du Van commence à être elle aussi fréquentée, mais les visiteurs y sont moins nombreux, la dégradation est moins rapide . II - 1976, PREMIÈRE OPÉRATION "GRAND SITE", UN ÉCHEC En 1976, le ministre de la qualité de la vie décide de lancer des études expérimentales en vue de procéder à la remise en état de certain s sites prestigieux dégradés par une fréquentation humaine intensive et par des réalisations insolites . Cette opération dite opération Grands Sites est une mesure d'intérêt national qui doit assurer la protection du site mais aussi sa réhabilitation en lui redonnant son caractère naturel. L'ensemble constitué par les pointes du Raz et du Van et la baie des Trépassés, est retenu pour une étude pi!ote. Le préfet du Finistère conduit cette étude confiée à la direction d'un urbaniste en chef de l'Etat. Les principaux objectifs de l'opération visent à remettre le site en état, puis à le protéger, mais aussi à réanimer l'économie d'une région en voie de dépeuplement. Il s'agit de transformer le tourisme de passage en tourisme de séjour, en dotant cette partie du cap d'infrastructures touristiques légères mais dynamiques. Le parti pris d'aménagement adopté par le chargé d'étude consiste à reconstituer une large bande naturelle continue en arrière du trait de côte, par un repli généralisé des aménagement s et des axes de circulation automobile (Fig. 1) . Ce repli s'accompagne d'une remise en état des sites dégradés , de la réalisation d'un réseau de chemins et sentiers pédestres, de la mise en souterrain des réseaux de fils aériens .