Rapport d’expertise :

Avis sur l'état de catastrophe naturelle liée à une remontée de nappe sur la commune de Vif (38) BRGM/RP-60831-FR Février 2012

Cadre de l’expertise :

Appuis aux administrations  Appuis à la police de l’eau ❑

Date de réalisation de l’expertise : 19 janvier 2012

Localisation géographique du sujet de l’expertise : Avenue du Général de Gaulle 38450 VIF

Auteurs BRGM : S. OROFINO

Demandeur : Préfecture de l’Isère

Avis sur l'état de catastrophe naturelle liée à une remontée de nappe sur la commune de Vif (38)

L’original du rapport muni des signatures des Vérificateurs et Approbateurs est disponible aux Archives du BRGM. Le système de management de la qualité du BRGM est certifié AFAQ ISO 9001:2008. Ce rapport est le produit d’une expertise institutionnelle qui engage la responsabilité civile du BRGM.

Ce document a été vérifié et approuvé par :

Approbateur : Nom : A. BRENOT Date : 14/02/2012

Vérificateur : Nom : Y. SIMEON Date : 14/02/2012

Mots clés : expertise – appuis aux administrations – Hydrogéologie, Inondation, remontée de nappe, hydrogéologie, Appui aux administrations - Rhône-Alpes, Isère, Vif.

En bibliographie, ce rapport sera cité de la façon suivante :

S. OROFINO (2012) – Avis sur l'état de catastrophe naturelle liée à une remontée de nappe sur la commune de Vif (38). Rapport BRGM/RP-60831-FR. 21 pages, 7 illustrations, 2 annexes.

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Synthèse

Contexte :

Date de la formulation de la demande d’expertise au BRGM : 16/01/2012 Demandeur : Préfecture de l’Isère Nature de l’expertise / question posée : Il a été demandé de fournir un avis technique sur le phénomène d’inondation par remontée de nappe observé à Vif (38) entre le 05 et le 06 janvier 2012. Le rapport indiquera l’origine et les caractéristiques du débordement, l’intensité du phénomène (durée de retour ou positionnement par rapport à quelques références). Ces éléments serviront à valider la demande de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle sollicitée par la commune. Situation du sujet : parcelles en contrebas de l’Avenue du Général de Gaulle 38450 VIF Date d’occurrence ou de constat : Evénement qui s’est déroulé entre le 05 et 06 janvier 2012. Nature de l’intervention du BRGM : Visite de terrain en présence de Melle SANTOS (DGS Vif) et M. VINCENT (DST Vif). Enquête de voisinage et prise de contact téléphonique avec un des sinistrés.

Faits constatés / dossier examiné :

Le jour de la visite, aucune présence d’eau n’a pu être observée sur site. En revanche, le niveau atteint par les eaux a laissé une marque sur les murs extérieurs de la maison située le plus proche de la route. Le niveau dépassait alors de quelques centimètres le seuil de la porte d’entrée et des portes fenêtres. Il était donc de l’ordre de trente centimètres sur le terrain. De plus, les traces d’un important ruissellement ont pu être observées dans la parcelle agricole située en bordure de route et juste à l’amont des parcelles concernées par l’inondation. Cet écoulement, issu du débordement du bief voisin, a très légèrement raviné la parcelle agricole. Les services de la mairie, présents lors de la visite, ont pu faire une description précise de l’événement, corroborée par l’enquête de voisinage et un échange téléphonique avec un des sinistrés (P. JOURNET) qui a vu sa cave inondée par 1 m d’eau. Aucun sous-sol n’a pu être visité du fait de l’absence des propriétaires ; des photos nous ont cependant été transmises par P. JOURNET, montrant l’eau pénétrant dans le sous-sol via les gaines de protections des réseaux liés à la piscine implantée sur la parcelle. Enfin, la visite de terrain a permis de constater que les parcelles dont les habitations ont vu leur sous-sol inondé sont situées légèrement au-dessus de la parcelle en bord de route, ce qui explique qu’elle n’est pas été inondée en surface lors de l’événement étudié.

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Diagnostic du BRGM :

Compte tenu de la topographie du site et de sa géologie, il apparaît que le terrain naturel doit permettre une évacuation des eaux pluviales relativement bonne pour des événements courants. En effet, aucun riverain n’a rapporté de véritable fréquence d’inondation superficielle de la partie basse du site, le long de la route, même si ceci a déjà pu être observé dans le passé d’après les services techniques de la commune de VIF. Après analyse de la description de l’événement ayant eu lieu du 05 au 06 janvier 2012, il apparaît donc fort probable que les sous-sols des habitations de ce secteur aient pu être inondés par un phénomène de remontée de nappe très local. Cette remontée de la nappe superficielle aurait ainsi été induite par le débordement du bief longeant la parcelle agricole voisine. L’important volume d’eau généré par ce débordement s’est écoulé très rapidement vers le bas des parcelles qui, à cet endroit, forme une cuvette entre la route (Avenue du Général de Gaulle = D8) et le coteau. Le terrain superficiel, limono-graveleux, semble présenter de bonnes capacités d’infiltration ; ainsi, couplée à une inondation superficielle, l’importante infiltration des eaux du bief (associé à un événement pluvieux long) a provoqué un dôme piézométrique, présentant un rayon d’action surement supérieur à 100 mètres et pouvant de ce fait inonder les sous-sols des habitations voisines par remontée locale du niveau de la nappe. L’infiltration des eaux de ruissellement à la parcelle a pu aggraver ce phénomène.

Recommandations du BRGM :

Pour des événements pluvieux plus important, ou comme dans le cas présent, dans le cas de débordement du bief, il apparaît que ce site est exposé à un risque d’inondation superficiel mais également par remontée de nappe, pour les raisons suivantes : Ces parcelles constituent une cuvette créée entre la route construite sur talus (D8) et le coteau. Aucune évacuation pour les eaux pluviales n’est mise en place, tout le ruissellement est géré par des puits perdus infiltrant l’eau dans le terrain. Il n’existe aucun ouvrage hydraulique permettant de franchir la digue formée par la route et de conduire les eaux vers la rivière Gresse s’écoulant plus à l’ouest. La capacité d’infiltration est suffisamment bonne pour permettre une recharge rapide de l’aquifère superficiel. Cependant, la zone non-saturée de cet aquifère est assez réduite, offrant une capacité de stockage limitée, et réduite latéralement du fait de la présence de la route construite sur une digue très compactée (Information de la DST de VIF). Il en résulte donc un important dôme piézométrique qui se propage vers les habitations plus éloignées de la route, permettant l’inondation des sous-sols sans qu’il y ait inondation superficielle de la parcelle. Ces deux facteurs aggravants le risque d’inondation par remontée de nappe pourraient être corrigés par la mise en place de structures (ou ouvrages hydrauliques) facilitant le passage de l’eau sous la route D8. Un réseau de fossés, réalisé en bordure est de la route, pourrait conduire à une canalisation franchissant la route vers l’ouest en direction de la Gresse. Cette canalisation pourrait alors être prolongée par un fossé jusqu’à la rivière. En suivant ce schéma, la gestion des eaux pluviales des habitations pourraient ne plus se faire par infiltration à la parcelle mais par évacuation via ces fossés. Enfin, il est recommandé de procéder à un entretien régulier du bief afin d’éviter tout débordement futur.

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Sommaire

1. Contexte de l’expertise ...... 7

2. Situation du site ...... 7

2.1 CONTEXTE GEOGRAPHIQUE ...... 7

2.2 CONTEXTE GEOLOGIQUE LOCAL ...... 9

2.3 CONTEXTE HYDROGEOLOGIQUE LOCAL ...... 10

3. Faits constatés et éléments recueillis...... 10

3.1 DESCRIPTION DU PHENOMENE ...... 10

3.2 HISTORIQUE DU PHENOMENE ...... 14

3.3 INFORMATIONS SUR LA COMMUNE ...... 14

4. Diagnostic du BRGM ...... 15

5. Recommandations du BRGM ...... 15

Table des illustrations

Illustration 1 : Localisation du site sur fond de carte IGN ...... 8 Illustration 2 : Secteur inondé sur photo aérienne ...... 8 Illustration 3 : Carte Géologique du secteur ...... 9 Illustration 4 : Photographies des habitations sinistrées ...... 11 Illustration 5 : Zone de débordement du bief et digue formée par la route RD8 ...... 12 Illustration 6 : Inondation du sous-sol (Photos P. JOURNET – Maison C) ...... 13 Illustration 7 : Suivi du niveau de la nappe des alluvions du Drac ...... 15

Table des annexes

Annexe 1 : Demande d'appui par le BRGM ...... 17 Annexe 2 : Fiche descriptive de l’entité hydrogéologique 325C...... 18

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Avis sur l'état de catastrophe naturelle liée à une remontée de nappe sur la commune de Vif (38)

1. Contexte de l’expertise

Les 05 et 06 janvier 2012, un événement pluvieux, décrit comme intense par les riverains, a été observé sur la commune de Vif (38) où plusieurs habitations ont pu subir l’influence du vent (déplacement de tuiles des toitures des habitations, déracinement d’arbres) et de la pluie (inondations). La commune a alors formulé une demande de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle auprès de la préfecture de l’Isère. Le Service Interministériel de Défense et de Protection Civile, instruisant le dossier, a donc sollicité le Bureau de Recherches Géologiques et Minières BRGM afin d’obtenir un avis technique sur le phénomène d’inondation par remontée de nappe observé sur certaines habitations de la commune de Vif (38) lors de cet événement, et plus particulièrement dans le secteur du Genevray, au sud du bourg (cf. demande d’appui dans les annexes). Le présent rapport rend compte du contexte hydrogéologique local ainsi que des informations recueillies lors de la visite de terrain effectuée sur site en présence des services de la mairie de Vif. Le diagnostic tend à apporter des éléments de décision à la préfecture de l’Isère quant à la reconnaissance de la situation de catastrophe naturelle pour ce site et cet événement. Quelques recommandations sont formulées à l’usage de la préfecture et de la mairie de Vif.

2. Situation du site

2.1 CONTEXTE GEOGRAPHIQUE

Le site d’expertise est situé sur la commune de Vif (38), à 1 km au sud du bourg, le long de la route départementale D8, nommée Avenue du Général de Gaulle (cf. Illustration 1).

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Illustration 1 : Localisation du site sur fond de carte IGN

Ce secteur est constitué de parcelles agricoles de taille importante souvent interrompues par des lotissements d’habitation, développé autour d’une allée principale. La route départementale D8, construite sur talus, coupe cette zone de plaine selon un axe nord-est/sud-ouest. L’Illustration 2 présente plus particulièrement le site concerné par le phénomène d’inondation, objet de ce rapport.

A B C

Illustration 2 : Secteur inondé sur photo aérienne

Légende :

Zone inondée en surface

Débordement du bief

A Maison sinistrée

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2.2 CONTEXTE GEOLOGIQUE LOCAL

Le site étudié est implanté au centre de la plaine alluviale de la Gresse. Les alluvions modernes (Fz) plutôt argileuses reposent ici sur des alluvions fluvio-glaciaires (Fwp) de la progression wurmienne qui forment la base des coteaux de cette vallée à fond plat (large terrasse). L’ensemble a été déposé sur les formations de marnes et de calcaires marneux du Jurassique (J5-6 à l’ouest et J1-2 à l’est). Immédiatement au sud du Genevray, on rencontre les marnes noires du Jurassique (J3-4) équivalentes aux « terres noires » du Diois et du Gapençais. Aucun ouvrage BSS n’est référencé à proximité du site. En revanche, un piézomètre (07968X0006/P2) dans le centre du bourg de Vif montre la présence de plusieurs dizaines de mètres d’alluvions récentes (>45m). Le forage implanté juste au sud du Genevray (07967X0043/F) révèle quant à lui la présence de formations jurassiques à moins de 13 m de profondeur sous les alluvions. Le site constitue une cuvette coincée entre les coteaux et le talus supportant la route D8 (Avenue du Général de Gaulle).

Illustration 3 : Carte Géologique du secteur

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2.3 CONTEXTE HYDROGEOLOGIQUE LOCAL

Contrairement aux alluvions du Drac, observables plus au nord (vers Reymure), qui sont sablo- caillouteuses et fortement aquifères, la vallée de la Gresse montre des alluvions assez argileuses. Les quantités d’eau mobilisables sont relativement faibles. Au droit du site, une entité hydrogéologique a été identifiée dans le cadre de l’élaboration de la Synthèse Hydrogéologique de Rhône-Alpes, menée par le BRGM et l’Agence de l’Eau. Cette entité est référencée 325C et nommée « alluvions de la vallée du Drac ». La fiche descriptive de cette entité est fournie dans les annexes. Des essais de perméabilité type Lefranc ont été réalisés dans le forage implanté juste au sud du Genevray (07967X0043/F). Ces tests révèlent des perméabilités de valeurs moyennes allant de 3 à 6.10-4 m/s dans des alluvions sablo-graveleuse à veines argileuses. Les foreurs travaillant dans ce secteur ont connaissance d’une nappe superficielle peu productive, séparé de l’aquifère principal sous-jacent par une couche imperméable noire. Ces formations ont été observées lors de la foration du forage de la maison C en 2002 où la couche imperméable aurait été reconnue sous environ 7 m d’une formation limono sableuse.

3. Faits constatés et éléments recueillis

3.1 DESCRIPTION DU PHENOMENE

Afin de mieux se représenter les faits, il est recommandé de consulter l’Illustration 2. Le phénomène n’a pas été directement observé dans le cadre de cette expertise mais les faits nous ont été relatés par les services de la mairie de Vif et les riverains. Le phénomène qui a été décrit consiste en une inondation superficielle, par débordement du bief longeant la partie sud du site, de la partie basse de la parcelle agricole ainsi que de la maison A. Les maisons B et C ont vu, quant à elles, leur sous-sol inondé par de l’eau pénétrant par différents orifices alors que leur terrain n’était pas submergé. Les traces de débordement du bief et de ruissellement vers la parcelle agricole étaient encore nettement visibles lors de notre visite de terrain, comme en témoigne une des photos ci-dessous. Le propriétaire de la maison C, placé le plus en hauteur par rapport à la dépression, au pied de fluvio-glaciaire, nous a rapporté ses observations et transmis certaines des photos ci- dessous. Le niveau d’eau aurait ainsi atteint près d’un mètre dans son sous-sol, l’eau pénétrant par 3 voies distinctes : le local technique de la piscine par les gaines de protection des câbles et tuyaux, le puits perdu utilisé comme rejet de la pompe à chaleur de l’habitation et le puits perdu utilisé pour évacuer les eaux pluviales en bas de l’accès au sous-sol (plan incliné).

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A B C

A B C

Illustration 4 : Photographies des habitations sinistrées

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C A B

RD8

Illustration 5 : Zone de débordement du bief et digue formée par la route RD8

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Entrée d’eau

Illustration 6 : Inondation du sous-sol (Photos P. JOURNET – Maison C)

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3.2 HISTORIQUE DU PHENOMENE

L’événement étudié a été précédé de journées pluvieuses. Le 05 janvier 2012 a été marqué par des pluies continues et relativement importantes si l’on en croit les riverains. Ces pluies ont également été accompagnées de vents violents ayant entrainés le déplacement de tuiles sur certaines toitures ainsi que le déracinement d’arbres sur la commune de Vif. En fin de journée, le bief, en crue, a vu son lit obstrué par des embâcles qui l’ont dérivé vers la parcelle agricole située juste en contre bas en rive droite. Le bief s’est alors déversé pendant quelques heures vers notre secteur d’étude. La partie base de la parcelle agricole (le long de la RD8) ainsi que la maison C ont été inondées. Au cours de la nuit, l’eau à envahit le sous-sol des maisons B et C, provoquant un court-circuit général sur l’installation électrique située dans le sous-sol de la maison C. En l’absence d’ouvrage hydraulique permettant l’évacuation des eaux pluviales sous la route RD8 vers la rivière Gresse, les pompiers ont été dans l’obligation de pomper les eaux superficielles et de les rejeter dans le réseau d’évacuation des eaux usées. Environ 7h de pompage ont été maintenues à un débit de l’ordre de 30 m³/h sans résultat probant. L’eau accumulée dans cette cuvette s’est finalement évacuée naturellement par infiltration au cours de la journée du 06 janvier 2012. Les embâcles du bief ont été retirés afin de stopper son débordement.

3.3 INFORMATIONS SUR LA COMMUNE

Ce secteur n’est pas classé en zone inondable. La commune dispose d’un réseau séparatif de gestion des eaux pluviales. Les eaux pluviales sont gérées à la parcelle par infiltration dans des puits perdus et un réseau d’évacuation des eaux usées longe la RD8. Aucun ouvrage hydraulique ne permet le franchissement de la voirie par les eaux de ruissellement. Le BRGM suit depuis plusieurs années, en temps réel, les variations du niveau de la nappe des alluvions du Drac, décrit dans la fiche de l’entité hydrogéologique 325C fournie dans les annexes. L’ouvrage de suivi est le piézomètre référencé en BSS sous le numéro 07968X0186/RE11. Il est implanté au nord du bourg de Vif, dans le hameau de Reymure. La chronique couvrant l’événement nous intéressant est présentée sur l’Illustration 7 ci-après. Le graphique indique ici la profondeur de l’eau par rapport à un repère proche du niveau du terrain naturel. Cette nappe se situe donc à environ 17m de profondeur. Il y apparait clairement que le niveau global de cette nappe augmente régulièrement (de l’ordre de 10 cm / jour) depuis le début de l’année 2012, celle-ci étant naturellement rechargée par les précipitations hivernales. Aucune onde de crue particulière n’est observée. Le phénomène expertisé se place donc dans un contexte très local car la nappe principale, suivie seulement deux kilomètres plus à l’aval du site, également sur la commune de Vif, ne montre qu’une variation de niveau de l’ordre du centimètre dans la nuit du 05 au 06 janvier 2012. La forte variation du niveau de la nappe superficielle au droit du site, provoquant l’inondation des sous-sols de 2 habitations par une remontée du niveau de cette nappe de plusieurs mètres, trouve donc bien son origine dans un phénomène très local, dont l’intensité n’est pas forcément liée à la période de retour de l’événement mais plus à des facteurs localement aggravants (retenue d’eaux superficielles provoquant un dôme piézométrique).

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Illustration 7 : Suivi du niveau de la nappe des alluvions du Drac

4. Diagnostic du BRGM

Compte tenu des événements décrits et des observations effectuées, il est clairement établi que les eaux du bief, associées aux eaux du ruissellement naturel de cette période pluvieuse, se sont accumulées dans cette cuvette et ont inondé la maison C et une partie de la parcelle agricole. Il est fort probable que cette accumulation, en s’infiltrant, a initié la formation d’un dôme piézométrique dans l’horizon limono-sableux superficiel, c'est-à-dire une remontée de la nappe, qui s’est propagée sur quelques centaines de mètres, pénétrant ainsi dans les sous-sols des maisons B et C, sans qu’il y ait inondation du terrain superficiel de ces constructions. Il paraît juste, dans ce contexte, de parler d’inondation par remontée de nappe, même si ce terme désigne souvent un phénomène de grande ampleur (impact sur plusieurs centaines de km²). La période de retour de l’événement responsable n’est pas déterminable et l’intensité de cette remontée n’est pas proportionnelle à la pluviométrie. Elle résulte plus probablement d’une combinaison de facteurs aggravants, à commencer par le détournement du bief à cause des embâcles.

5. Recommandations du BRGM

Compte tenu de la configuration du site, il est recommandé deux actions distinctes : 1. Procéder à un entretien soigné et régulier du bief, et en particulier de ses berges, afin d’éviter tout nouveau débordement qui peut être ici assurément considéré comme facteur aggravant mais également probablement comme facteur déclenchant, 2. Réaliser ponctuellement le long de la voirie (RD8) des ouvrages d’évacuation des eaux pluviales vers la Gresse. Dans ce contexte, des fossés collectant les eaux pluviales pourraient les diriger vers un ouvrage hydraulique permettant le franchissement de la RD8. De l’autre côté de la voirie, de nouveaux fossés pourraient permettre d’acheminer les eaux collectées vers la Gresse. Les eaux pluviales des nouvelles constructions pourraient être dirigées vers ces fossés.

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Avis sur l'état de catastrophe naturelle liée à une remontée de nappe sur la commune de Vif (38)

Annexe 1 : Demande d'appui par le BRGM

BRGM-RP-60831-FR 17 Avis sur l'état de catastrophe naturelle liée à une remontée de nappe sur la commune de Vif (38)

Annexe 2 : Fiche descriptive de l’entité hydrogéologique 325C

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325C – ALLUVIONS DE LA VALLEE DU DRAC

CONTEXTE GEOGRAPHIQUE ET GEOMORPHOLOGIQUE INFORMATIONS PRINCIPALES

Nature : Système aquifère Cette entité est un complexe aquifère formé par la plaine alluviale des confluences Romanche-Drac et Drac-Isère. Elle s’étend de au nord à Notre-Dame-de-Commiers au sud. Elle est limitée géographiquement à l’ouest puis au nord par les massifs subalpins du Vercors (158) et de Chartreuse Thème : Alluvial (E16A), à l’est par les formations sédimentaires du bassin versant du Drac (E17B). Le bassin versant drainé présente une superficie totale de 3 554 km² et une altitude moyenne de 1 610 mètres. Type : Poreux

Superficie totale : 89 km2

GEOLOGIE HYDROGEOLOGIE

En aval de Notre-Dame-de-Commiers, l’entité s’écoule entre les Les alluvions torrentielles de cet aquifère sont très diverses en perméabilité et en épaisseur : calcaires (Jurassique Supérieur et Crétacé) du Vercors en rive gauche et la  Dans la plaine du Drac actuel, à l’amont du Pont-de-Claix, la partie inférieure est constituée de sables argileux lacustres, la partie supérieure d’alluvions grossières montagne du Connex (Trias formé de tufs, dolomies et marnes gypseuses) torrentielles à perméabilité comprise entre 2.10-2 et 5.10-3 m/s. L’épaisseur du niveau aquifère est comprise entre 40 mètres à l’amont et 20 mètres à l’aval, puis le massif cristallin de Belledonne en rive droite. Elle repose dans une vallée glaciaire, formée lors des avancées et des reculs du glacier.  Dans la plaine de Reymure (ancien cours du Drac), le remplissage est de même type, la puissance de l’aquifère atteint localement 70 mètres,  Entre Varces et Vif (vallée de la Gresse), les galets torrentiels sont recouverts par une dizaine de mètres d’argiles légèrement sableuses caractérisant un épisode La dépression est remplie à la base de sédiments lacustres lacustre. La perméabilité de cette formation est de l’ordre de 1.10-6 m/s. La nappe de la Gresse n’a que peu d’influence sur la nappe de la plaine, d’épaisseurs très variables (> 400 mètres d’épaisseur au forage de -3 Beauvert) et ensuite d’alluvions torrentielles (> 70 mètres d’épaisseur au  A l’est de la Gresse jusqu’aux collines liasiques, les alluvions ont une bonne perméabilité (K = 10 à 5. 10 m/s). Cette plaine est le siège du cours d’eau actuel du niveau de Reymure). Drac à l’est de Reymure et de l ‘ancien lit du Drac à l’ouest. Une grande partie de l’écoulement de la nappe court-circuite le trajet actuel du Drac et passe par son ancien lit doté d’une forte perméabilité et d’une grande épaisseur, Au niveau de ce système, plusieurs rivières confluent avec le Drac, la  La vallée du Lavanchon est remplie par d’anciennes alluvions sableuses du Drac, perméables, recouvertes par des niveaux argileux épais de 10 mètres environ. Romanche en rive droite, la Gresse et le Lavanchon en rive gauche. La nappe captive devient artésienne dans la région de Claix. La perméabilité de ces sables est de l’ordre de 10-3 m/s, Les vallées de ces deux dernières rivières sont séparées de celle du  A l’aval du Pont-de-Claix, les formations torrentielles (épaisses de 15 à 22 mètres avec des intercalations moins perméables à Beauvert) se prolongent jusque Drac par des barres calcaires du Lias et Jurassique moyen à supérieur, sous Grenoble où elles s’entrecroisent avec des alluvions plus fines de l’Isère, affectées par des cluses (Varces, Reymure, Saut-du-Moine), anciens lieux  La ville de Grenoble est construite sur le cône de déjection du Drac. Le remplissage alluvial est tributaire des deux rivières. A l’est prédominent les alluvions de de passage du Drac à la faveur de fracture NW/SE. l’Isère (K = 1.10-3 m/s) avec une épaisseur mouillée de l’ordre d’une dizaine de mètres, à l’ouest, les alluvions du Drac (K = 5.10-3 m/s) de 40 mètres de puissance, L’aquifère qui repose sur un substratum calcaire et marneux (série  Immédiatement à l’aval du Pont de la Rivoire, l’écoulement souterrain se fait suivant l’axe de la vallée et la nappe est alimentée par le Drac. Une partie de mésozoïque), est constitué : l’écoulement emprunte la trouée de Reymure en direction de la vallée de la Gresse vers l’ouest. Ensuite, dans la plaine de Reymure, les lignes de courant - de dépôts fluvio-glaciaires argileux anciens (base de l’aquifère), s’orientent vers le nord suivant un ancien cours du Drac qui rejoint la vallée actuelle au niveau de la confluence de la Gresse. Dans le secteur de Fontagneux et - d’alluvions anciennes, peu argileuses, dont l’épaisseur excède en Rochefort, la piézométrie est fortement influencée par les pompages de la ville de Grenoble et par des canaux de réalimentation artificielle implantés entre le Drac général 60 mètres, et les captages. L’autre branche de la nappe emprunte l’actuelle vallée du Drac. Dans ce couloir alluvial, la piézométrie est fortement marquée par les échanges - d’alluvions modernes, en couches de 25 à 30 mètres d’épaisseur, (drainage puis alimentation) de la nappe avec le canal de fuite de l’aménagement hydroélectrique de Champ II. A , les pompages industriels provoquent une décroissant progressivement vers le nord, forte dépression piézométrique. Au niveau de la cluse du Saut-du-Moine, l’écoulement s’oriente vers l’ouest en direction de la plaine de . - d’une couche superficielle de limons plus ou moins imperméables,

dont l’épaisseur varie de 1 à 5 mètres. Cette couche est souvent placée au-dessus du toit de la nappe.

325C – ALLUVIONS DE LA VALLEE DU DRAC

DESCRIPTION DE L’ENTITE HYDROGEOLOGIQUE

Généralités : Nappe contenue majoritairement dans les alluvions sableuses et caillouteuses du Drac. Limites de l’entité : Les limites avec les formations sédimentaires du bas bassin versant de l'Isère (E13B), du bassin versant de la Romanche (E14B) et du bassin versant du Drac (E17B) sont étanches. En effet, ces domaines hydrogéologiques de montagne sont considérés comme peu aquifères. Le domaine karstique du Vercors (158) pourrait alimenter les alluvions de l’Isère et les limites sont donc à affluence faible. Enfin, au nord, l’entité est en continuité hydraulique avec les alluvions de l'Isère entre et Grenoble (325B) qui l’alimente et en aval de Grenoble (325D) qui la draine. Cependant lorsque l’entité est séparée des alluvions de l’Isère (325B et 325D) par le cours d’eau drainant, la limite est de type drainage. Substratum : Marnes et marno-calcaires mésozoïques (E17B). Lithologie/Stratigraphie du réservoir : Alluvions. État de la nappe : Libre. Type de la nappe : Monocouche. Caractéristiques : Non renseignées dans la bibliographie. Prélèvements connus (données Agence de l’eau 2006) : AEP de Varces Allières et Risset (15 596,7 Mm3/an). Utilisation de la ressource : A l’amont, la nappe contenue dans la plaine de Reymure (vallée de la Gresse), constitue la réserve en eau potable de la ville de Grenoble ; elle est exploitée par forages ou captages de sources dans les secteurs des Mollots, Rochefort, Fontagneux. A l’aval, depuis Jarrie jusqu’à Grenoble, elle est essentiellement exploitée pour des usages industriels (14 405,2 Mm3/an). Les prélèvements sont très importants dans ce secteur fortement industrialisé et urbanisé, mais ils ont tendance à baisser ces dernières années. En 1999, les prélèvements étaient supérieurs à 500 000 m3/an. Alimentation naturelle de la nappe : Apports souterrains du Drac en amont, et infiltration des eaux de ce cours d’eau dans la partie perméable du lit majeur. La part des précipitations infiltrées au niveau de l’impluvium est négligeable. Qualité : On observe une minéralisation croissante d’amont en aval. Dans le secteur amont, les eaux sont d’excellente qualité. En revanche, certaines zones sont polluées, en particulier à l’aval des usines pétrochimiques de l’agglomération grenobloise. A Jarrie, les eaux sont localement contaminées par le chlorure de sodium et le mercure mais ces éléments ne se retrouvent plus à l’aval du Saut du Moine. Vulnérabilité : Forte vulnérabilité : la protection de surface est peu épaisse et relativement perméable. Les risques de pollution depuis les écoulements de surface amont restent faibles de part la faible urbanisation et industrialisation de cette zone (ainsi qu’un bénéfice d’une protection de la zone par de vastes périmètres réglementaires). En revanche, à l’aval, de nombreuses industries chimiques entraînent une forte pollution (chlorures, sulfates, phénols…). Bilan : Ce système aquifère présente une grande importance pour l’agglomération grenobloise. Il est donc nécessaire de tout mettre en œuvre pour qu’il garde sa qualité de l’amont jusqu’à l’aval. Cependant, la capacité naturelle d’exploitation de cet aquifère n’est pas atteinte sachant que les possibilités d’alimentation induites en bordure du Drac sont importantes et devraient permettre une exploitation supplémentaire. Principales problématiques : Extractions de graviers, qualité des eaux du Drac.

BIBLIOGRAPHIE PRINCIPALE CARTES GEOLOGIQUES CONCERNEES :

Direction Régionale de l’environnement Rhône-Alpes, 1999 Synthèse Institut Dolomieu, 1993 Étude de la nappe alluviale du Drac, 15 p. 1/250 000 LYON N°29 hydrogéologique départementale - département de l’Isère, 134 p. Document D16330. 1/50 000 GRENOBLE N°772 Institut Dolomieu, 1990 Étude de la nappe alluviale du Drac, 26 p. Ref. Société des eaux de Grenoble - Institut Dolomieu, 2000 Etude de la nappe 1/50 000 VIF N°796 D14008. alluviale du Drac, 24 p. Document D24100. 1/50 000 N°797 Institut Dolomieu, 1991 Étude de la nappe alluviale du Drac, 64 p. SOGREAH, 2006 – Etudes des conditions d'écoulement de la nappe du Drac Document D14849. et du décrochage de la nappe en amont de la plaine de Reymure CARTES HYDROGEOLOGIQUES CONCERNEES : Institut Dolomieu, 1992 Étude de la nappe alluviale du Drac. Document SOGREAH Ingénierie / SIBENSON Environnement, Bassin Versant du Drac D15485. – Etude préalable à une gestion intégrée – Annexe 1, 113 p. 1/50 000 – Cartes de vulnérabilité à la pollution des nappes d’eau souterraine : GRENOBLE, VIF 1/50 000 – Carte hydrogéologique – GRENOBLE

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Coupe N°37

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