MÉMOIRE DES DÉLIBÉRATIONS DU CONSEIL EXÉCUTIF SÉANCE DU 28 SEPTEMBRE 1994 A 10 h 00 SOUS LA PRÉSIDENCE DU PREMIER MINISTRE MONSIEUR

Membres du Conseil exécutif présents: Monsieur Jacques Parizeau, Premier ministre Madame , Ministre déléguée aux Affaires intergouvernementales canadiennes Monsieur Paul Bégin, Ministre de la Justice et ministre responsable de l'application des lois professionnelles Madame , Ministre de la Sécurité du revenu et ministre responsable de la Condition féminine Monsieur , Ministre de l'Environnement et de la Faune Monsieur , Ministre des Finances et ministre du Revenu Monsieur , Ministre d'État au Développement des régions, ministre des Affaires municipales, Leader parlementaire du gouvernement et ministre responsable de la réforme électorale Madame Rita Dionne-Marsolais, Ministre déléguée au Tourisme et ministre responsable de la Régie des installations olympiques Monsieur , Ministre de l'Éducation Monsieur François Gendron, Ministre des Ressources naturelles Madame , Ministre d'État à la Concertation et ministre de l'Emploi Monsieur Jean-Pierre Jolivet, Whip en chef du gouvernement Monsieur , Vice-premier ministre, ministre des Affaires internationales, de l'Immigration et des Communautés culturelles et mi ni stre responsable de la Francophonie Monsieur Marcel Landry, Ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation Monsieur , Ministre délégué à la Restructuration Monsieur Jacques Léonard, Ministre des Transports Madame , Ministre de la Culture et des Communications et ministre responsable de l'application de la Charte de la langue française Madame , Ministre déléguée à l'Administration et à la Fonction publique, présidente du Conseil du trésor et ministre responsable de la Famille Monsieur Serge Ménard, Ministre de la Sécurité publique Monsieur Daniel Paillé, Ministre de l'Industrie, du Commerce, de la Science et de la Technologie Monsieur , Ministre de la Santé et des Services sociaux MÉMOIRE DES DÉLIBÉRATIONS LE 28 SEPTEMBRE 1994

LE RÔLE DES MINISTRES ET LE FONCTIONNEMENT DU CONSEIL DES MINISTRES

Le Premier ministre indique à ses collègues qu'il souhaite faire une présentation sur la façon dont il voit les choses. Un Conseil des ministres sans solidarité est l'expression d'un désordre insupportable. La solidarité doit se manifester tous les jours et elle n'existe que dans la mesure où les membres du conseil échangent beaucoup entre eux, collectivement ou par groupes. Il faut constamment maintenir le contact. Lorsque l'on accepte d'être ministre, on doit aussi en accepter les dures contraintes, lesquelles peuvent devenir insupportables et forcer quelqu'un à démissionner. Ce qui est le plus difficile, c'est la guérilla constante à laquelle les ministres sont confrontés. Il faut établir une grande confiance pour y faire face.

Une équipe ministérielle doit aussi reposer sur l'intégrité personnelle de chacun de ses membres. C'est là la condition qui permet de conserver le respect de ses collègues. Il faut être intraitable sur ce plan. Il existe certaines règles qui doivent guider la conduite des ministres, comme celle qui concerne les conflits d'intérêts. Les premières de ces règles ont été établies en 1976 et ont été modifiées, par la suite, une première fois en 1981, et après cela sous le régime de monsieur Bourassa. Ces règles comportent des dispositions précises quant aux fiducies sans droit de regard. Personnellement, le Premier ministre a déjà récemment mis sur pied une telle fiducie. De nouvellés règles sont en préparation à cet égard et, dès qu'elles auront été adoptées, tous devront s'y conformer sans délai. Il n'est pas suffisant d'être intègre, il faut aussi le paraître.

Quant à la fonction de député qu'un ministre doit aussi exercer, il faut que tous s'astreignent à passer une journée par semaine dans leur comté et cela, malgré les nombreux défis qui attendent les ministres et malgré l'entourage de nombreux fonctionnaires. Il n'y a rien comme les contacts directs avec la population pour conserver une image claire de la réalité. Cet exercice hebdomadaire est le meilleur chien de garde d'une vision réaliste de ce qui se passe dans la population.

Par ailleurs, le gouvernement doit, dès le début, créer et maintenir une impression et une réalité de mouvement. Dans le passé, on a souvent dénoncé la torpeur qui s'était installée au gouvernement précédent depuis un an. Les appareils administratifs se sont arrêtés et les projets sont restés sans décision. Il faut retrouver le dynamisme normal qui doit animer un gouvernement. Par exemple, le 13 septembre dernier, une bretelle d'autoroute a été ouverte afin de donner accès à une école. De tels gestes peuvent être posés partout. Les députés vont ratisser leur comté et communiquer ce genre de besoins au délégué régional. Un autre exemple de cette inertie, c'est le cas d'une PME de 100 employés qui a développé un filtre qui fonctionne avec de la tourbe et qui est susceptible de remplacer les champs d'épandage. Même si cette découverte a été conçue avec l'aide financière et technique du ministère de l'Environnement et de la Faune, cette entreprise a lutté pendant dix-huit mois après la mise au point de son invention afin d'obtenir un certificat d'autorisation de ce ministère.

D'autre part, notre agenda de réalisation des prochaines semaines ne devra pas être celui proposé par les appareils administratifs, mais celui que nous avons nous-mêmes décidé. Certains gestes que nous poserons nécessiteront de la législation, mais ce n'est pas nécessairement cette voie qui sera suivie. D'ailleurs, il serait étonnant que l'Assemblée nationale débute ses travaux avant la fin du mois de novembre. Quant à la Loi 142, nous convoquerons de nouveau le sommet qui a précédé l'adoption de cette loi et un projet de loi sera déposé pour la modifier. Le consensus du sommet devra cependant tenir compte de l'entente intervenue avec l'Ontario en matière de commerce interprovincial. La Loi 145 sur la fiscalité municipale fera également l'objet d'une consultation analogue. Toutes nos premières semaines à la direction du gouvernement doivent être marquées par des annonces portant sur des projets ou des gestes qui auront été décidés. Ces annonces devront être coordonnées à partir du Cabinet du Premier ministre. 2

Quant au référendum, il ne faudra pas utiliser la forme d'organisation électorale qui a été utilisée pour la dernière élection. Il faut aussi se rappeler que la campagne référendaire a déjà débuté. Rien ne serait plus dommageable pour cette cause que de faire des hypothèses quant au report de sa date et quant au résultat des sondages. De telles hypothèses donnent l'impression à la population que le gouvernement ne sait pas où il va. C'est la raison pour laquelle le discours d'intronisation était rédigé de façon à ne pas donner de fausses impressions. Il faut donc que tous déploient toute l'énergie dont ils sont capables et que le gouvernement ouvre les gaz afin de gagner ce référendum dans l'horizon prévu. Notre gouvernement est là pour le gagner. Une foule de gestes seront d'ailleurs posés en ce sens. Il faut graduellement préparer des groupes susceptibles d'être intéressés à la cause de la souveraineté et à son cheminement. Une telle démarche se fera en compagnie du ministre qui est associé au groupe concerné. Des rencontres auront lieu avec les chefs syndicaux afin d'identifier les choses les plus importantes. Il souhaite aussi rencontrer, les représentants des associations patronales pour voir quelles perspectives se présentent de ce côté. Les penchants politiques des représentants de ces associations patronales varient selon la composition de leur conseil d'administration. Il y aura aussi des rencontres avec les sous-ministres et les dirigeants d'organismes. Il faudra aussi clarifier les règles du jeu avec les régies régionales de la santé et des services sociaux. Il sera aussi nécessaire de rencontrer rapidement les représentants de l'Union des municipalités du Québec et ceux de l'Union des municipalités régionales de comté.

Notre gouvernement doit aussi établir sa position en regard de ses relations avec le gouvernement fédéral et celui des autres provinces. Il y a déjà des conférences fédérales-provinciales auxquelles on nous convie. Certaines d'entres elles sont inscrites à l'ordre du jour de la présente séance. Nos troupes se sont longuement employées à attaquer le système fédéral. Il ne faut donc pas que le gouvernement s'engage dans de telles conférences dans l'immédiat. La population pourrait trouver curieux que le gouvernement aille dans cette direction immédiatement. C'est pourquoi le gouvernement du Québec déléguera des fonctionnaires à certaines conférences. Dans d'autres cas, les ministres du gouvernement seront présents. Chaque conférence sera examinée à son mérite, jusqu'à ce que le Conseil des ministres ait établi une position d'ensemble à cet égard.

Monsieur Chevrette signale qu'il a déjà été contacté par son homologue fédéral en vue d'une telle rencontre. Le Premier ministre lui répond qu'il faudra se concerter et consulter madame Beaudoin. Quant aux relations internationales du Québec, ce sujet sera abordé ultérieurement.

Monsieur Brassard est d'avis, quant au référendum, qu'il est nécessaire de rassembler une vaste coalition dont le cœur serait le gouvernement du Québec et le Bloc Québécois. Cette alliance avec le Bloc Québécois doit être plus forte maintenant que le Parti Québécois est au pouvoir. Il faut établir à cet égard des mécanismes de coordination précis. Le Premier ministre indique que le désir du Bloc Québécois d'appuyer le gouvernement du Québec représente plus que de bonnes intentions.

Pour monsieur Bernard Landry, les séances du Conseil des ministres sont le lieu où il est possible d'aller au fond des choses. La phrase employée par le Premier ministre au sujet de la certitude du référendum, lors de son discours de présentation, était impeccable et il faut s'en tenir à cela publiquement. Mais, entre nous, l'urgence référendaire doit être constamment présente. Les avions gros porteurs ont une vitesse au sol, une vitesse de décollage à atteindre lorsque le pilote décide de s'envoler. Mais, il faut aussi un mécanisme pour faire avorter le décollage si les résultats des sondages ne sont pas au rendez-vous. Le Québec ne peut se permettre de perdre ce référendum. On doit donc mettre immédiatement sur pied une cellule référendaire pour procéder à l'organisation du référendum. Le compte à rebours est déjà commencé.

Monsieur Gendron se dit très heureux de l'appel à la solidarité lancé par le Premier ministre. Il est nécessaire que les ministres discutent entre eux et ce, d'abord collectivement lors des séances du Conseil des ministres. Il serait d'ailleurs approprié de rappeler cette maxime de temps à autre. Il a déjà existé des moments de méfiance entre 3

nous lorsque les discussions n'y étaient plus. En deuxième lieu, il serait nécessaire de faire rapidement des tours de table sur le moment à établir pour le déclenchement du référendum. Le délai de huit à dix mois et l'horizon 1995 lui apparaissent justes. Mais, il faut également discuter de la possibilité d'avoir un bouton de décélération en cas de déboires importants, même si tous travailleront à plein régime, puisqu'une deuxième défaite référendaire serait catastrophique pour le Québec. En troisième lieu, il dit souhaiter obtenir des clarifications sur ce qui a été décidé lors de la récente réunion des délégués régionaux.

Pour madame Harel, ce que les Québécois semblent reprocher au Premier ministre, c'est qu'une défaite référendaire pourrait expédier le Québec dans les limbes au plan constitutionnel. Par contre, si on donne l'impression qu'il est possible que le référendum soit retardé, on donne aussi l'impression qu'on craint de le perdre.

Le Premier ministre souligne, qu'après cette première réaction sur la question référendaire, il sera possible d'en discuter davantage lors d'une réunion spéciale du Conseil des ministres.

Pour monsieur Chevrette, il est nécessaire de réfléchir sur les moyens à prendre pour gagner ce référendum. Si le gouvernement actuel est pris au sérieux en tant que gouvernement, il sera pris au sérieux lors du référendum. Dans ce sens, il existe des changements peu coûteux qui peuvent rapporter beaucoup. Chaque ministre devrait s'astreindre à identifier trois ou quatre mesures à mettre de l'avant dans l'immédiat. Quant à la date du référendum, il faut s'en tenir à l'horizon choisi jusqu'à la dernière minute. C'est d'ailleurs la façon de négocier en matière de relations de travail lorsqu'une date de grève a été fixée. Il croit aussi nécessaire de discuter collectivement de stratégies référendaires. Entre-temps, il faut maintenir le cap. Quant aux récentes déclarations de certains délégués régionaux, il semble que certains d'entre eux n'aient pas compris le rôle qui leur est assigné, puisque certains ont fait des promesses. Cependant, il faut que tous reconnaissent que cette structure peut être très utile à l'approche du référendum.

Monsieur Léonard rappelle que, lors de la campagne électorale, plusieurs médias ont prédit que le résultat serait tout autre lors du référendum. C'est pourquoi plusieurs ont des hésitations. Il faut donc renforcer l'idée que le gouvernement gagnera son référendum. Il faut mettre sur pied une organisation hâtive et poser toute une série d'autres gestes. Il ne faut pas oublier que, cette fois-ci, c'est le gouvernement du Parti ·Québécois qui a le fardeau de la preuve. Il faut donc compléter les études entreprises sous l'égide de la commission Bélanger-Campeau et entreprendre d'autres études. De cette façon, on sera en mesure d'assurer la formation de nos membres et de leur fournir tout l'argumentaire requis. Quant à la liste de projets réclamés par les députés et délégués régionaux, il est d'abord nécessaire de définir les vraies priorités avec les élites locales.

Selon monsieur Ménard, il faut penser au référendum mais aussi aux lois qui s'y rattachent. Une de ces lois revêt une grande importance. Il s'agit de celle qui instituera la carte d'électeur. Une telle carte pourrait s'avérer très utile. Il faut qu'il s'agisse d'une carte d'électeur et non d'une carte d'identité obligatoire, laquelle peut être perçue comme une atteinte à la liberté. Une telle carte d'électeur devrait être arrimée aux autres cartes comme la carte d'assurance maladie et le permis de conduire avec photographie. Par ailleurs, la structure du référendum cristallise les partis, alors qu'il existe des souverainistes chez les libéraux et dans d'autres partis. Beaucoup de libéraux souhaitent le renouvellement de la constitution canadienne et il serait possible de leur démontrer qu'un tel renouvellement doit passer par un vote positif lors du référendum.

Madame Malavoy est d'avis que l'élément le plus important est l'articulation qu'il faut établir avec les collègues du Bloc Québécois, surtout dans une région comme l'Estrie. Il est donc nécessaire que le Premier ministre discute d'un tel arrimage avec le chef du Bloc Québécois. D'autre part, nous aurons à parler abondamment de stratégie, mais il faut également parler de nos convictions. Cette dimension devrait être abordée en premier lieu. 4

Pour monsieur Jolivet, il faudrait examiner la possibilité de mettre sur pied une commission parlementaire itinérante sur la souveraineté. Il rappelle que le Parti Québécois a beaucoup discuté de cette question dans la période qui a suivi l'échec de l'Accord du Lac Meech.

Il demande, par ailleurs, si les délégués régionaux seront d'office présidents des caucus régionaux de députés. Il demande enfm, quant à la Loi 142, s'il est possible de déposer une loi entièrement nouvelle à la reprise des travaux parlementaires.

Monsieur Garon rappelle qu'en 1980, immédiatement après le débat référendaire qui a eu lieu à l'Assemblée nationale, l'option souverainiste était en avance. Si le référendum a été perdu par la suite, c'est que le doute s'est installé chez les électeurs. Il est donc primordial que le gouvernement ne contribue pas à semer le doute quant à la date de la tenue du référendum. Le premier élément d'une victoire, c'est la confiance. Il a déjà fait appel à des gens âgés de son comté en leur demandant de lui faire confiance quant au maintien de leurs prestations de retraite, et cet appel a été positif. Par ailleurs, il est également nécessaire que le général en chef, lors de ce référendum, soit aimé de la population. Enfin, il faut aussi faire appel au sentiment nationaliste des Québécois. Quant aux élites, elles se joindront à nous, en cours de route, lorsque notre cause aura atteint un certain momentum. Quant aux chefs syndicaux, il faudra leur demander une trêve jusqu'au référendum. Le gouvernement doit également présenter un budget populaire que les syndicats défendront également.

Selon madame Beaudoin, il faut revenir aux choses fondamentales comme le pourquoi et le comment. Il n'est pas suffisant d'affirmer, il faut démontrer. L'existence d'un bon gouvernement ne suffira pas. Il faut un supplément d'âme en de telles circonstances. Le Québec constitue une nation et il faut revenir aux concepts de base. Il faut aussi arrimer et coordonner nos actions avec celles du Bloc Québécois, qui est notre principal partenaire. Quant aux relations fédérales-provinciales, elles sont restées au même point qu'il y a douze ans. Les fonctionnaires au Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes ont tourné en rond durant toute cette période. Cependant, une réforme considérable se dessine du côté fédéral, c'est-à-dire la réforme de la sécurité sociale.

Selon madame Marois, l'agenda du gouvernement est clair et doit le demeurer, puisque les médias seront tentés de triturer le gouvernement sur cette question. Il n'y a pas eu de véritable débat sur la souveraineté durant la dernière campagne électorale, et c'est la raison pour laquelle l'option souverainiste n'a pas connu de meilleur résultat dans les sondages. Cependant, lorsque la campagne référendaire battra son plein et qu'elle sera menée avec une bonne stratégie et une bonne organisation, les choses seront différentes. Elle ajoute qu'elle se dit d'accord pour rechercher l'appui des syndicats, mais également celui des milieux culturels. Elle croit que les dirigeants syndicaux sont prêts à conclure une trêve avec le gouvernement. Quant à la rapidité avec laquelle le gouvernement veut agir durant les prochains mois, il faudra que ces actions s'inscrivent dans le cadre des ressources existantes.

Il est d'ailleurs possible de réaliser nos engagements électoraux dans ce contexte. Par ailleurs, il est nécessaire que les militants du Parti Québécois connaissent bien le cahier des engagements du gouvernement. Il faudra également que les ministres rendent visite aux milieux régionaux avec l'aide des délégués régionaux.

Monsieur Le Hir se dit également d'accord p.our que le gouvernement tienne parole quant à la date du référendum, même s'il doit y avoir un léger décalage de quelques mois. Le gouvernement devra aussi avoir une idée plus précise des moyens qui sont nécessaires pour assurer une victoire. Il faudra aussi tenir compte de l'opinion des hommes d'affaires qui agissent comme des leaders dans leur milieu et que la population considère comme une caution au plan économique. De plus, contrairement au référendum de 1980, le risque n'est plus dans notre seul camp. Il y a, par exemple, la perspective d'une crise des liquidités fmancières au gouvernement fédéral d'ici un an. Le gouvernement fédéral aura réalisé des réductions de dépenses qui augmenteront le risque de demeurer au sein du régime actuel. Il faut démontrer le bien-fondé de notre position 5

en nous servant de la balance des inconvénients, car rien n'est parfait de chaque côté.

Monsieur Bernard Landry se dit d'avis qu'il faut livrer cette bataille pour la gagner et démontrer que le peuple québécois est un vrai peuple. Il ajoute qu'il est entré en politique en raison de cet idéal d'un Québec souverain qui serait décentralisé et plus égalitaire. Il faut démontrer que nous sommes attachés à notre chef et à notre peuple. Il ne faut pas non plus mener une guerre des chiffres, mais faire appel aux émotions.

Pour madame Blackburn, même si les partisans de la souveraineté seront plus déterminés à gagner qu'en 1980, la population votera autant avec son cœur que sa raison. D'autre part, il faut que les ministres qui ont un poids considérable sur l'opinion des membres de la base jouent un rôle très actif. La même consigne devrait s'appliquer aux députés. Monsieur Paillé se dit d'accord avec madame Blackburn. Il a récemment eu l'occasion de rappeler à ses militants que le Parti Québécois avait remporté l'élection. Il faut conserver notre optimisme et répéter constamment que l'on va remporter ce référendum. Il ajoute que, par ailleurs, lorsqu'il s'adresse à des personnes âgées, il fait appel à la vie meilleure que la souveraineté apportera à leurs enfants et petits-enfants. Il ajoute qu'il souhaite que l'on précise le rôle des délégués régionaux.

Le Premier ministre indique que, même si le rôle des délégués régionaux lui paraissait clair hier, il s'est rendu compte que quatre entrevues de type serum ont été données aux médias en même temps par des délégués régionaux. Il indique qu'il se propose donc de préparer une proposition écrite sur le rôle de ces délégués.

Il ajoute que les sujets abordés lors de cette discussion seront repris et que des réponses aux questions posées seront données dans le cadre de réunions spéciales du Conseil des ministres qui seront plus propices à ce genre d'échanges.

PROBLÉMATIQUE RELATIVE À L'APPROVISIONNEMENT PÉTROLIER DE LA MOYENNE ET BASSE-CÔTE-NORD (RÉF.: 4-0221)

Le ministre des Ressources naturelles soumet un mémoire portant sur la problématique relative à l'approvisionnement pétrolier de la Moyenne et de la Basse-Côte-Nord. Ce mémoire propose d'assurer la sécurité d'approvisionnement en produits pétroliers des populations des municipalités isolées de la Moyenne et de la Basse-Côte-Nord par la création d'une fiducie, qui acquerrait des actifs d'Ultramar et les loueraient à cette entreprise afin qu'elle continue à approvisionner la région désignée.

Monsieur Gendron explique à ses collègues que l'Entreprise Ultramar ne fait pas ses frais avec ses installations de la Moyenne et de la Basse-Côte-Nord. De plus, elle fonctionne en contravention des normes environnementales. Il a de plus appris que la succursale canadienne d'Ultramar était à vendre et que la compagnie mère exigeait qu'elle se départisse d'abord de ses actifs déficitaires avant cette vente. Les réservoirs de -l'entreprise ont été délibérément maintenus à un bas niveau. Il est donc urgent de régler le problème, puisque l'automne et l'hiver sont à nos portes. SOQUIP-ATLANTIQUE a conclu une entente de principe avec Ultramar, en vertu de laquelle une fiducie serait constituée au bénéfice du gouvernement. Cette fiducie ferait l'acquisition des actifs d'Ultramar pour la somme de 1,00 $, tandis que cette entreprise injecterait dans la fiducie une somme de 1 M$ qui correspond au coût de restauration de ses sites en cas de fermeture. Ultramar serait locataire de ces installations et continuerait à approvisionner la Moyenne et la Basse-Côte-Nord, jusqu'à ce qu'un autre fournisseur prenne la relève. C'est la fiducie qui assumerait le risque environnemental. Cependant, tous ces équipements devront être mis aux normes environnementales. Cette mise aux normes entraînerait des coûts de 3 M$, dont 1 M$ proviendrait de la fiducie qui serait créée. De plus, il faut signaler qu'Hydro-Québec alimentera éventuellement en électricité une partie de cette région, ce qui entraînerait une diminution de 60 % de la rentabilité des installations d'Ultramar. Il est donc possible qu'Hydro-Québec contribue au maintien des installations d'Ultramar en versant une somme de 1 M$, puisée à même son fonds 6 environnemental. Puis, monsieur Gendron fait la lecture des recommandations de son mémoire.

Le Premier ministre constate que le Conseil du trésor et le ministère des Finances n'ont pas d'objèction quant à cette proposition.

Monsieur Perron, délégué régional de la région de la Côte-Nord, remercie les membres du Conseil des ministres pour l'occasion qui lui est fournie de présenter, en tant que délégué régional, le point de vue de sa région sur ce dossier. Il s'agit là d'une première. Il se dit d'accord avec les recommandations 1 a), de même que 5 et 6 du mémoire. Quant à la recommandation 1 b ), il n'est pas d'accord avec le coût de restauration de 800 k$ que prévoit Ultramar et qui se retrouve dans cette recommandation. Il croit plutôt que le coût de restauration est de 1,8 M$ et ce, si l'on se fie aux conclusions du Rapport Mallette et Maheux sur le sujet. Il souhaite donc que l'entreprise Ultramar contribue pour une somme supérieure à 800 k$. Quant à la recommandation 2 qui prévoit une contribution éventuelle d'Hydro-Québec à même le fonds environnemental, il signale que beaucoup de municipalités de la Côte-Nord auront besoin de puiser dans ce fonds. Il ajoute qu'il faut impliquer davantage le ministère de l'Environnement et de la Faune. De plus, les installations d'approvisionnement d'Ultramar seront démantelées à deux endroits, même si le gouvernement conclut une entente avec cette entreprise. Il ne croit donc pas que ces deux stations, qui vont de toute façon disparaître, doivent faire partie du protocole d'entente à intervenir. Enfin, il indique qu'il souhaite que ce mémoire soit reporté d'une semaine afin de pouvoir vérifier toutes ces données qui ne concordent pas.

Monsieur Brassard indique que son ministère n'a été d'aucune façon impliqué dans ce dossier. De plus, il existe un doute juridique quant à la validité de l'entente projetée. En effet, le projet d'entente limite la responsabilité d'Ultramar dans une mesure plus grande que ce que prévoit la Loi sur la qualité de l'environnement. Il reconnaît toutefois que l'entreprise Ultramar accepte d'assumer le passif environnemental, jusqu'à concurrence d'une somme de 800 k$. Mais, c'est le gouvernement du Québec qui devra éponger les dépenses additionnelles. Il comprend bien l'urgence de la situation, mais il ne souhaite pas qu'une telle entente serve de précédent pour l'avenir. Il demande donc également que ce dossier soit reporté.

Le Premier ministre demande s'il existe d'autres alternatives. Il demande, en outre, si le fait de reporter le dossier d'une semaine entraînera des conséquences graves. Monsieur Perron lui répond qu'il n'y aura pas de conséquences fâcheuses, puisqu'il existe encore des réserves pétrolières pour un certain temps. Le Premier ministre conclut la discussion en indiquant que les intéressés examineront s'il n'existe pas d'autres solutions. Monsieur Gendron signale qu'on lui avait laissé entendre que les représentants du ministère de l'Environnement et de la Faune étaient d'accord avec le projet. Il reconnaît cependant que ce ministère n'a pas été tellement impliqué dans le dossier. Il ajoute qu'il sait que la solution proposée n'est pas tout à fait conforme aux pratiques habituelles du ministère de l'Environnement et de la Faune. Le Premier ministre indique que le dossier est reporté d'une semaine.

M. Perron se retire.

MANDAT DE LA DÉLÉGATION QUÉBÉCOISE LORS DE LA RÉUNION DU 1 CONSEIL DES MINISTRES RESPONSABLES DES TRANSPORTS ET DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE AU CANADA, LE 5 OCTOBRE 1994, À WINNIPEG (RÉF.: 4-0219)

MANDAT DE LA DELEGATION QUEBECOISE À LA RÉUNION DU CONSEIL CANADIEN DES MINISTRES DES FORÊTS QUI SE TIENDRA LE 5 OCTOBRE 1994 À FREDERICTON, NOUVEAU-BRUNSWICK (RÉF.: 4-0220) 7

Le ministre des Transports, en son nom et au nom de la ministre déléguée aux Affaires intergouvernementales canadiennes, soumet un mémoire portant sur le mandat de la délégation québécoise lors de la réunion du Conseil des ministres responsables des transports et de la sécurité routière au Canada, le 5 octobre 1994, à Winnipeg. Ce mémoire vise à définir le mandat qui sera donné à la délégation québécoise lors de la réunion du Conseil des ministres responsables des transports et de la sécurité routière au Canada qui doit se tenir à Winnipeg, le 5 octobre 1994.

Le ministre des Ressources naturelles, en son nom et au nom de la ministre déléguée aux Affaires intergouvernementales canadiennes, soumet un mémoire daté du 27 septembre 1994 et portant sur le mandat de la délégation québécoise à la réunion du Conseil canadien des ministres des forêts qui se tiendra, le 5 octobre 1994, à Fredericton, au Nouveau-Brunswick. Ce mémoire vise à définir le mandat qui sera donné à la délégation québécoise à la réunion annuelle du Conseil canadien des ministres des forêts qui se tiendra à Fredericton, au Nouveau-Brunswick, le 5 octobre 1994.

Monsieur Léonard explique à ses collègues qu'il s'agit là de la 1re conférence à laquelle le ' Québec participerait. La présente séance constitue la dernière occasion pour le Conseil des ministres de se prononcer là-dessus. Au cours de cette conférence, on abordera la politique routière nationale et le financement du réseau routier au moyen d'une taxe fédérale de 0,02 $ sur le litre d'essence. Quant au financement de l'application du Code de la sécurité routière, il en discutera avec la Société de l'assurance automobile du Québec.

C'est la privatisation du Canadien national qui constitue la question importante qui sera abordée au cours de cette réunion. On sait que le ministre fédéral des Transports est en faveur de la privatisation de cette société d'État. Il signale que le transport ferroviaire sera le mode de transport du XXf siècle. La privatisation du Canadien National aurait un impact considérable sur les régions, surtout sur la région de Montréal, puisque le siège social du Canadien National ne serait peut-être plus situé à Montréal, surtout si l'acquisition était faite par le Canadien Pacifique. Il existe d'autres aspects négatifs pour le Québec qui seront traités lors de cette réunion, mais c'est sûrement la fusion CN-CP qui est la plus importante au plan économique.

Madame Beaudoin suggère qu'on discute plus à fond du mandat à confier aux représentants du Québec à ces conférences d'ici la tenue de telles conférences.

Monsieur Gendron indique que la conférence qui le concerne est la conférence annuelle des ministres des Forêts. Les sujets importants qui seront traités lors de cette conférence sont la coopération fédérale-provinciale en matière de foresterie, dont le développement durable, les duplications et les relations de travail. Quelques autres sujets seront abordés, lesquels ne posent pas de problème. Cependant, il ne souhaite pas que le Québec s'engage dans une coopération fédérale-provinciale en matière de foresterie. Monsieur Bernard Landry ajoute que le gouvernement fédéral n'a rien à faire en ce domaine. Il suggère que, lors de cette conférence, on profite de l'occasion pour signaler d'autres empiétements.

Le Premier ministre indique que le ministre des Transports doit se rendre à la réunion des ministres des Transports pour une seule raison, aftn de s'opposer à la vente du CN et ce, en compagnie de madame Beaudoin. Après la déclaration de monsieur Léonard au début de cette réunion, c'est un fonctionnaire qui le remplacerait et qui agirait comme observateur, tout en indiquant qu'il s'agit là de la juridiction du Québec. Cela donnerait le temps au gouvernement du Québec de préparer sa position quant à sa participation à ces conférences. Monsieur Léonard souhaite que l'on étudie attentivement cette question en début de semaine, puisqu'en cas de vente du CN au secteur privé, le gouvernement du Québec aurait beaucoup plus de difficultés à récupérer les anciens actifs du CN en cas de souveraineté. 8

Pour monsieur Garon, le Québec devrait favoriser une meilleure intégration du transport maritime et du transport ferroviaire, afin que le Québec redevienne la voie de pénétration du continent nord-américain. Une telle politique pourrait aider à la prospérité de Québec et de Montréal en tant que villes portuaires. Par ailleurs, madame Dionne-Marsolais est d'avis que le Québec ne devrait déléguer aucun représentant à la Conférence des ministres responsables des Forêts. Monsieur Gendron lui répond qu'il est nécessaire de déléguer un fonctionnaire pour faire part aux participants à cette conférence que le domaine de la forêt n'est pas de juridiction fédérale. Monsieur Bernard Landry croit au contraire qu'il faut y déléguer plus qu'un seul fonctionnaire. Il faudrait, par exemple, déléguer monsieur Hugues Morrissette, du Secrétariat au Saint-Laurent, à la réunion des ministres des Transports. Monsieur Léonard souhaite aussi que monsieur Michel Champoux y assiste.

Monsieur Bernard Landry raconte, qu'en 1981, le gouvernement du Québec s'était fait bousculer pour assister à une telle conférence immédiatement après l'élection. Il souhaite, cette fois-ci, qu'on laisse au nouveau gouvernement le temps de s'installer. Le Premier ministre ajoute, quant à la réforme fédérale de la sécurité sociale, qu'on ne connaît pas encore le contenu du projet fédéral.

Madame Beaudoin souhaite que le gouvernement donne un coup de barre à l'égard de toutes ces conférences, sans quoi il sera constamment aux prises avec une gestion du cas par cas. Le Premier ministre conclut qu'il n'est pas possible de discuter, dès à présent, des positions globales du gouvernement du Québec à cet égard, mais que cela sera fait prochainement.

LA SÉANCE EST LEVÉE À 14H30

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