Mémoire Du 28 Septembre 1994
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MÉMOIRE DES DÉLIBÉRATIONS DU CONSEIL EXÉCUTIF SÉANCE DU 28 SEPTEMBRE 1994 A 10 h 00 SOUS LA PRÉSIDENCE DU PREMIER MINISTRE MONSIEUR JACQUES PARIZEAU Membres du Conseil exécutif présents: Monsieur Jacques Parizeau, Premier ministre Madame Louise Beaudoin, Ministre déléguée aux Affaires intergouvernementales canadiennes Monsieur Paul Bégin, Ministre de la Justice et ministre responsable de l'application des lois professionnelles Madame Jeanne Blackburn, Ministre de la Sécurité du revenu et ministre responsable de la Condition féminine Monsieur Jacques Brassard, Ministre de l'Environnement et de la Faune Monsieur Jean Campeau, Ministre des Finances et ministre du Revenu Monsieur Guy Chevrette, Ministre d'État au Développement des régions, ministre des Affaires municipales, Leader parlementaire du gouvernement et ministre responsable de la réforme électorale Madame Rita Dionne-Marsolais, Ministre déléguée au Tourisme et ministre responsable de la Régie des installations olympiques Monsieur Jean Garon, Ministre de l'Éducation Monsieur François Gendron, Ministre des Ressources naturelles Madame Louise Harel, Ministre d'État à la Concertation et ministre de l'Emploi Monsieur Jean-Pierre Jolivet, Whip en chef du gouvernement Monsieur Bernard Landry, Vice-premier ministre, ministre des Affaires internationales, de l'Immigration et des Communautés culturelles et mi ni stre responsable de la Francophonie Monsieur Marcel Landry, Ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation Monsieur Richard le Hir, Ministre délégué à la Restructuration Monsieur Jacques Léonard, Ministre des Transports Madame Marie Malavoy, Ministre de la Culture et des Communications et ministre responsable de l'application de la Charte de la langue française Madame Pauline Marois, Ministre déléguée à l'Administration et à la Fonction publique, présidente du Conseil du trésor et ministre responsable de la Famille Monsieur Serge Ménard, Ministre de la Sécurité publique Monsieur Daniel Paillé, Ministre de l'Industrie, du Commerce, de la Science et de la Technologie Monsieur Jean Rochon, Ministre de la Santé et des Services sociaux MÉMOIRE DES DÉLIBÉRATIONS LE 28 SEPTEMBRE 1994 LE RÔLE DES MINISTRES ET LE FONCTIONNEMENT DU CONSEIL DES MINISTRES Le Premier ministre indique à ses collègues qu'il souhaite faire une présentation sur la façon dont il voit les choses. Un Conseil des ministres sans solidarité est l'expression d'un désordre insupportable. La solidarité doit se manifester tous les jours et elle n'existe que dans la mesure où les membres du conseil échangent beaucoup entre eux, collectivement ou par groupes. Il faut constamment maintenir le contact. Lorsque l'on accepte d'être ministre, on doit aussi en accepter les dures contraintes, lesquelles peuvent devenir insupportables et forcer quelqu'un à démissionner. Ce qui est le plus difficile, c'est la guérilla constante à laquelle les ministres sont confrontés. Il faut établir une grande confiance pour y faire face. Une équipe ministérielle doit aussi reposer sur l'intégrité personnelle de chacun de ses membres. C'est là la condition qui permet de conserver le respect de ses collègues. Il faut être intraitable sur ce plan. Il existe certaines règles qui doivent guider la conduite des ministres, comme celle qui concerne les conflits d'intérêts. Les premières de ces règles ont été établies en 1976 et ont été modifiées, par la suite, une première fois en 1981, et après cela sous le régime de monsieur Bourassa. Ces règles comportent des dispositions précises quant aux fiducies sans droit de regard. Personnellement, le Premier ministre a déjà récemment mis sur pied une telle fiducie. De nouvellés règles sont en préparation à cet égard et, dès qu'elles auront été adoptées, tous devront s'y conformer sans délai. Il n'est pas suffisant d'être intègre, il faut aussi le paraître. Quant à la fonction de député qu'un ministre doit aussi exercer, il faut que tous s'astreignent à passer une journée par semaine dans leur comté et cela, malgré les nombreux défis qui attendent les ministres et malgré l'entourage de nombreux fonctionnaires. Il n'y a rien comme les contacts directs avec la population pour conserver une image claire de la réalité. Cet exercice hebdomadaire est le meilleur chien de garde d'une vision réaliste de ce qui se passe dans la population. Par ailleurs, le gouvernement doit, dès le début, créer et maintenir une impression et une réalité de mouvement. Dans le passé, on a souvent dénoncé la torpeur qui s'était installée au gouvernement précédent depuis un an. Les appareils administratifs se sont arrêtés et les projets sont restés sans décision. Il faut retrouver le dynamisme normal qui doit animer un gouvernement. Par exemple, le 13 septembre dernier, une bretelle d'autoroute a été ouverte afin de donner accès à une école. De tels gestes peuvent être posés partout. Les députés vont ratisser leur comté et communiquer ce genre de besoins au délégué régional. Un autre exemple de cette inertie, c'est le cas d'une PME de 100 employés qui a développé un filtre qui fonctionne avec de la tourbe et qui est susceptible de remplacer les champs d'épandage. Même si cette découverte a été conçue avec l'aide financière et technique du ministère de l'Environnement et de la Faune, cette entreprise a lutté pendant dix-huit mois après la mise au point de son invention afin d'obtenir un certificat d'autorisation de ce ministère. D'autre part, notre agenda de réalisation des prochaines semaines ne devra pas être celui proposé par les appareils administratifs, mais celui que nous avons nous-mêmes décidé. Certains gestes que nous poserons nécessiteront de la législation, mais ce n'est pas nécessairement cette voie qui sera suivie. D'ailleurs, il serait étonnant que l'Assemblée nationale débute ses travaux avant la fin du mois de novembre. Quant à la Loi 142, nous convoquerons de nouveau le sommet qui a précédé l'adoption de cette loi et un projet de loi sera déposé pour la modifier. Le consensus du sommet devra cependant tenir compte de l'entente intervenue avec l'Ontario en matière de commerce interprovincial. La Loi 145 sur la fiscalité municipale fera également l'objet d'une consultation analogue. Toutes nos premières semaines à la direction du gouvernement doivent être marquées par des annonces portant sur des projets ou des gestes qui auront été décidés. Ces annonces devront être coordonnées à partir du Cabinet du Premier ministre. 2 Quant au référendum, il ne faudra pas utiliser la forme d'organisation électorale qui a été utilisée pour la dernière élection. Il faut aussi se rappeler que la campagne référendaire a déjà débuté. Rien ne serait plus dommageable pour cette cause que de faire des hypothèses quant au report de sa date et quant au résultat des sondages. De telles hypothèses donnent l'impression à la population que le gouvernement ne sait pas où il va. C'est la raison pour laquelle le discours d'intronisation était rédigé de façon à ne pas donner de fausses impressions. Il faut donc que tous déploient toute l'énergie dont ils sont capables et que le gouvernement ouvre les gaz afin de gagner ce référendum dans l'horizon prévu. Notre gouvernement est là pour le gagner. Une foule de gestes seront d'ailleurs posés en ce sens. Il faut graduellement préparer des groupes susceptibles d'être intéressés à la cause de la souveraineté et à son cheminement. Une telle démarche se fera en compagnie du ministre qui est associé au groupe concerné. Des rencontres auront lieu avec les chefs syndicaux afin d'identifier les choses les plus importantes. Il souhaite aussi rencontrer, les représentants des associations patronales pour voir quelles perspectives se présentent de ce côté. Les penchants politiques des représentants de ces associations patronales varient selon la composition de leur conseil d'administration. Il y aura aussi des rencontres avec les sous-ministres et les dirigeants d'organismes. Il faudra aussi clarifier les règles du jeu avec les régies régionales de la santé et des services sociaux. Il sera aussi nécessaire de rencontrer rapidement les représentants de l'Union des municipalités du Québec et ceux de l'Union des municipalités régionales de comté. Notre gouvernement doit aussi établir sa position en regard de ses relations avec le gouvernement fédéral et celui des autres provinces. Il y a déjà des conférences fédérales-provinciales auxquelles on nous convie. Certaines d'entres elles sont inscrites à l'ordre du jour de la présente séance. Nos troupes se sont longuement employées à attaquer le système fédéral. Il ne faut donc pas que le gouvernement s'engage dans de telles conférences dans l'immédiat. La population pourrait trouver curieux que le gouvernement aille dans cette direction immédiatement. C'est pourquoi le gouvernement du Québec déléguera des fonctionnaires à certaines conférences. Dans d'autres cas, les ministres du gouvernement seront présents. Chaque conférence sera examinée à son mérite, jusqu'à ce que le Conseil des ministres ait établi une position d'ensemble à cet égard. Monsieur Chevrette signale qu'il a déjà été contacté par son homologue fédéral en vue d'une telle rencontre. Le Premier ministre lui répond qu'il faudra se concerter et consulter madame Beaudoin. Quant aux relations internationales du Québec, ce sujet sera abordé ultérieurement. Monsieur Brassard est d'avis, quant au référendum, qu'il est nécessaire de rassembler une vaste coalition dont le cœur serait le gouvernement du Québec et le Bloc Québécois. Cette alliance avec le Bloc Québécois doit être plus forte maintenant que le Parti Québécois est au pouvoir. Il faut établir à cet égard des mécanismes de coordination précis. Le Premier ministre indique que le désir du Bloc Québécois d'appuyer le gouvernement du Québec représente plus que de bonnes intentions. Pour monsieur Bernard Landry, les séances du Conseil des ministres sont le lieu où il est possible d'aller au fond des choses.