La journée de l’écolier Le béret enfoncé jusqu’aux oreilles, l’écharpe de laine Les derniers jours d’été, on couperait le bout pour rêche nouée sous le nez, Ostinde navigue d’un bord à laisser passer les orteils grandissants. l’autre du chemin pour casser la glace des ornières. Mu- sette au dos, il sautille en claquant des sabots. Sa mère Aujourd’hui, chemin faisant, Ostinde a rencontré les lui a fourrés d’une peau de lapin grossièrement décou- Joseph, Adrien, les autres, et les filles. Il est 8h30. La pée. cloche sonne. Ils s’alignent sous le préau, devant la porte Ce matin, après lui avoir fait ingurgiter une assiette de la classe. de soupe, elle a glissé dans les mains d’Ostinde, un galet « Montrez-moi vos mains » dit le maître. Les enfants tout rond, chauffé à la cheminée, qui diffuse dans ses s’exécutent. Comme chaque matin, Toinou est aiguillé mitaines une douce chaleur. Ostinde aime bien aller à vers le robinet et le savon, avec pour consigne de se l’école. Avant d’y partir, il aide à soigner les bêtes, mais « récurer ». ce n’est pas sa mission. Sa mission, c’est d’avoir le certifi- Ostinde pense que lui a bien de la chance d’avoir une cat d’études. maman pointilleuse qui ne laisserait jamais partir ses enfants sans un « tour de museau » ni un lavage de Sa sœur Ernestine traîne les pieds sur le chemin. Elle mains. En plus, aujourd’hui, on est lundi, et hier, il a eu préfèrerait rester à la maison… Les parents lui font droit, devant la cheminée, au bain dans la lessiveuse. Il régulièrement remarquer qu’avant 1850, bon nombre de garde encore sur les bras l’odeur âcre mais délicieuse, de filles n’étaient pas « instruites en écriture, au motif l’eau puisée dans « la toupine » suspendue dans l’âtre. qu ‘elles pouvaient en faire mauvais usage » et que l’éco- Comme chaque jour, « Monsieur », en blouse grise, le, gratuite depuis Monsieur Jules Ferry, c’est-à-dire vérifie l’alignement des sabots que les enfants ont troqués 1880, était une véritable chance. » contre les « caoutchoucs », puis, il commence la vraie Pas toujours se disait Ostinde, lequel, s’il aimait l’é- journée de classe. Au tableau noir, il écrit la date et le cole en général, redoutait quelques matières en particu- titre de la leçon, toujours le même à 8h30: « Morale ». lier. Ce qui lui plaisait avant tout, c’étaient les rites, Les enfants écoutent, bras croisés, le maître raconter un repères rassurants. fait divers. Le premier de la journée surtout : l’allumage du poêle. Aujourd’hui, il s’agit d’un incendie. Monsieur ne Sous l’œil vigilant du maître, chacun apportait sa bûche. s’attarde ni sur le nombre de morts, ni sur les dernières À tour de rôle, à l’aide du pique feu, ils soulevaient le paroles du carbonisé, ni sur le descriptif des hurlements. couvercle de fonte, libérant les flammes dans lesquelles les Non. L’histoire dit comment, où, et pourquoi. Le maître grands jetaient le bois, régulièrement, tout au long de la s’appesantit sur l’imprudence, l’inconscience, l’ignorance. journée. Quand son tour venait, il lançait sa bûche un La réflexion serpente dans les rangs, mobilisatrice, fédé- peu trop fort, juste pour faire jaillir des étincelles, au ratrice, constructive, et le maître, de ce magmas de cogita- risque de voir troué son tablier. tions, tire une morale claire comme un son de galoche : « L’ignorance peut conduire au sinistre ! ». C’était Madame Apollonie qui, au village, confection- Il n’y a qu’un vœu que Ostinde a du mal à prononcer nait les tabliers : noirs gansés de rouge pour les garçons, Pourtant, le maître en a longuement parlé la semaine gris ou à fleurettes (selon le tissu qu’on avait) pour les dernière, il a multiplié les exemples dramatiques, mis en filles. garde contre les tentations, la futilité, l’envie, la jalou- Elle recommandait les manchettes pour préserver sie…malgré tout, il n’est pas parvenu à convertir Ostin- l’usure aux coudes et prévoyait des ourlets si longs qu’on de à ce qu’il appelle : « le culte de l’Épargne » car il à pouvait pousser comme un échalas pendant l’année sco- deux raisons à cela : d’abord il n’a pas d’épargne, ensuite, laire sans supplément de dépense vestimentaire. il a du mal à compter... Délesté au printemps du « tricot de peau », de la che- Déjà, dans les petites classes, avec la maîtresse (la mise de laine, de la chemise et du « tricot », la carrure, femme de Monsieur), il redoutait les séances de bûchettes même élargie, pouvait s’y faire une place jusqu’aux gran- censées matérialiser le système décimal. des vacances. Ce serait alors le temps de remiser les sa- Il garde un sentiment de honte indélébile du jour où, bots, d’enfiler les « kneps ». ayant aligné dix paquets de dix bûchettes, « Madame »

164 avait demandé : « Ostinde dix paquets de dix bûchettes, et tancer les étourdis. Il leur laisse pressentir d’atroces ça fait combien ?…et qu’il s’était entendu répondre : catastrophes ferroviaires si les calculs de certains de- « des fagots Madame ! ». Heureusement, la pédagogue vaient tomber aux mains des aiguilleurs. jouait peu de la badine et il s’en était tiré par un coup de Il enchaîne sur la nécessité de posséder « le bagage sang aux joues. mathématique », propre à faciliter la résolution des pro- C’eût été dans la classe du maître, le roseau lui aurait blèmes domestiques : utilisation de la balance Roberval probablement cinglé le bout des doigt, assorti d’une cen- pour la pesée des poulets au marché, de la balance à pla- taine de lignes à écrire au détriment de quelques teaux pour les grammes de clous, de la géométrie pour les récréations. futurs charpentiers, du mètre pliant pour les maçons, de la chaîne d’arpenteur pour clore les conflits de voisina- Ce matin, il lui tarde d’y être en récréation ! Depuis ge…et des racines carrées pour le Certificat d’Études une demi-heure, Adrien fait miroiter une agate qu’il Dans tout ce fatras, Ostinde n’est intéressé que par compte bien lui gagner à la prochaine partie. Il n’est pas une chose : les instruments. Hier, il a astiqué les poids de sûr, d’ailleurs, qu’il veuille jouer. Depuis quelques temps, cuivre de la balance, épousseté la règle plate suspendue Adrien semble de plus en plus attiré vers le coin des fil- au tableau près de l’équerre et du rapporteur. Le seul les…de même que Félicie regarde constamment vers celui dont il sache parfaitement se servir…c’est le compas des garçons. pour faire des rosaces. Il est vrai que le spectacle y est permanent, entre les bagarres, les jeux de saute-moutons, gendarmes et vo- Il aime bien le dessin, Ostinde. Il aimerait faire autre leurs, cache-cache (ça, c’était pratique pour être tranquil- chose que respecter les consignes strictes du maître…mais le et regarder Félicie), les barres, ou encore, l’épervier. Les il faudra attendre 1950 pour que la création personnelle filles, elles, se contentent de discuter, de sauter à la corde soit autorisée ! Pour l’instant, il bleuit les raisins à l’au- ou de pousser du pied un galet sur leur marelle. tomne, fait des frises et des rosaces en hiver, croque des jonquilles au printemps et voit arriver juillet avec les épis Mais pour l’instant, les heures de classe s’étirent. Le de blé et les coquelicots. maître a posé un inextricable problème de trains qui par- tent à la même heure, ne roulent pas à la même vitesse, ne Midi. Mme Apollonie (celle des tabliers) apporte dans s’arrêtent pas le même temps et doivent arriver à Bor- sa marmite en fer blanc quelques haricots qu’elle a cuisi- deaux à une heure plus qu’improbable qu’il faudrait nés et qui viennent agrémenter le pain et le lard. Le repas pourtant bien trouver sachant que l’un parcourt 205 km est expédié, le maître rejoint son épouse à l’étage au- et l’autre 127. Ostinde préfère ne pas voyager. dessus de la classe pour prendre son repas, tandis que Son train est en panne comme son porte-plume. D’ail- Mme Apollonie assure la surveillance de la cour. La par- leurs, il faudra en changer la plume. Tout à l’heure, en tie de billes peut recommencer. recopiant la morale, il a un peu écrasé ses pleins, et ses déliés se font plus épais. Il n’aime pas çà Ostinde! Il est 13h30. La classe reprend avec la leçon de choses. le meilleur en écriture. Monsieur amène sur le bureau le récipient dans lequel, la Plus fort que les filles, mais moins fort quand même semaine dernière, il avait posé les haricots (c’est le jour !) que sa mère qui pouvait calligraphier en gothique et même sur du coton mouillé. Miracl : une feuille minuscule trem- déchiffrer un acte notarié ! Lui il écrit en « rondes », blote au sommet d’une fine tige. Monsieur explique, et parfois en « anglaises ». Il adore le petit crissement de la pour ce, accroche au tableau, par deux œillets métalli- plume sergent-major sur le papier, il adore poser propre- ques, une planche cartonnée, descriptif détaillé de la ger- ment le buvard sur la page écrite à l’encre violette, puis mination des graines. lire à l’envers, le message à décoder. Les pensées d’Ostinde rejoignent les champs de blé et Il adore le buvard rapporté de Toulouse par le père de d’orge, jusqu’à sentir l’odeur des moissons…D’un coup René. Il adore remplir l’encrier de porcelaine et faire, sur de baguette, Monsieur rappelle les rêveurs à l’ordre et son cahier de brouillon, des pâtés violets, fermer prompte- poursuit l’histoire de la naissance des plantes. ment la page, la rouvrir, puis lire dans la symétrie des Ostinde se rappelle la leçon dernière où il a abordé taches, de fabuleuses histoires. « Le corps humain ». C’était un peu dégoûtant cet étalage 10h30. Ostinde a eu l’agate et même le « boulard ». de viscères, surtout après le ragoût de Mme Apollonie. Revenu en classe, il écoute le maître corriger le problème Sur la planche, on ne pouvait pas savoir si c’était un

165 garçon ou une fille. Le maître n’avait pas précisé. sur le cou. La broderie au point de tige « Bébé », devait « çà l’aurait mené trop loin » avait commenté Tonton. marquer la fin de l’ouvrage. Cela permettrait d’attaquer Ostinde avait retenu qu’un foie humain devait peser au trimestre suivant le point lancé, aux fins d’agrémenter entre 1,5 et 2 kg…depuis, il avait un poids sur l’estomac le tablier de devant avec ceinture et bavette. Ostinde ne et commençait à regretter d’avoir, incité par Tonton, bu se lassait pas de voir coudre les filles. deux doigts de vin chaque dimanche. Leurs gestes avaient quelque chose d’apaisant. Elles Le jour de la leçon, le maître avait détaillé les méfaits semblaient filer le temps, tranquillement. Il aimait bien de l’alcool et écrit au tableau une maxime incitative à les voir raccommoder, tricoter, il trouvait que ça leur l’abstinence absolue. Tonton disait souvent à allait beaucoup mieux que de trimballer la chaîne Ostinde « Te fais pas de bile ! » Maintenant, l’élève sa- d’arpenteur ou de faire des mathématiques. vait bien qu’il fallait s’en faire un peu et que c’était nor- mal. À part cette leçon peu ragoûtante, les leçons de cho- 15h :La leçon de choses finie, Ostinde range son ses lui plaisent. On y apprend les travaux des champs, cahier dans le bureau. Quelques couvercles claquent par l’entretien des sols, des arbres fruitiers et le nom des plan- inadvertance. Monsieur tance les élèves bruyants et tes. Souvent, maître et élèves partent en ramasser dans distribue des calottes aux récidivistes. Ostinde passe son les chemins puis les collent dans un herbier avec des doigt sur le couvercle patiné de son pupitre et devine les feuilles en papier de soie. mots gravés au compas, par les élèves qui l’ont précédé. Un jour, Monsieur a conduit sa classe chez le maré- Lui a juste gravé un L…L comme Louise, L comme chal ferrant qui a montré comment il ferrait les chevaux. Loire….Il avait pourtant étudié par chœur sa leçon : Ostinde entend encore le bruit puissant et clair du mar- « La Loire est le plus long fleuve de . Elle naît à teau sur l’enclume. Un autre jour, Monsieur a demandé 1408 mètres au Mont Gerbier- de- Jonc et se jette dans de capturer des insectes le jeudi pour la leçon du l’Océan Atlantique. » La veille, sur la toile cirée de la vendredi. Adrien est arrivé avec un gros lucane. cuisine, il avait fait la carte de France. Avec un crayon Le maître a endormi tous les insectes au formol et de couleur bleue,il avait dessiné les affluents, puis bordé tout le monde a cherché à les identifier à l’aide d’un d’une frange bleu outre mer, les plages de l’Atlantique et grand livre. Puis, les grands ont recopié le nom sur de de la Méditerranée. C’était facile avec la boîte de 12 petites étiquettes et ont épinglé l’insecte dessus avec des crayons (dont un blanc) qu’il avait eue à Noël l’an passé. épingles comme celles que l’on met aux ourlets des tabliers Il avait bien travaillé, bien étudié. avant de les coudre. Le lendemain, quand Ostinde est Mais quand il était arrivé au tableau, il avait vu les entré en classe, il a poussé un hurlement : le lucane tour- yeux bleus de Louise le regarder intensément…bleus nait autour de l’épingle. Le maître l’a libéré. On n’en a comme le bleu des cours d’eau de sa carte et il s’y était plus parlé. L’étiquette est restée dans la boîte. Ce n’était noyé dedans ! Le maître n’avait pas apprécié. Il avait mis pas la peine d’y remettre un autre lucane. Personne zéro et intimé à Ostinde l’ordre de copier cent fois n’oublierait. « J’étudierai ma leçon de géographie ». Pour détendre l’atmosphère, Monsieur avait proposé Ostinde n’avait pas pleuré. Il avait fait ses lignes. de faire chant. Madame était venue avec son violon et ils D’abord une colonne de « J’étudierai », puis une colonne avaient chanté « ô douce nuit », « Mon beau sapin » et de « ma leçon » et une troisième avec « de géographie », « À la claire fontaine » en canon et à deux voix. Quand car Joseph lui avait assuré que ça allait ainsi plus vite! Ostinde l’avait raconté à Tonton, il avait dit : « Tout se Tout en faisant son pensum, Ostinde rêvait à l’étonnan- perd ! De mon temps, on apprenait des chants patrioti- te leçon de géographie que Monsieur avait intitulé : ques, ça vous forgeait un homme ça ! »…et d’entonner : « Nos Colonies ». Il avait découvert avec stupeur qu’il « Le régiment de Sambre et Meuse… ». avait des compatriotes « aux Afriques », noirs de peau, et Après le chant, du coup, Madame était restée et avait quelques peu différents en us et coutumes des Français enchaîné sur la couture avec les filles. Monsieur avait qu’il avait jusqu’alors côtoyés. désigné Ostinde et quelques autres pour faire lire les petits, tandis que les autres avaient eu récréation, ce qui, Demain, il y aura Histoire. C’est épatant l’histoire se aux yeux d’Ostinde récompensait les mauvais élèves et dit Ostinde Il apprend avec enthousiasme que Clovis, Roi s’avérait parfaitement injuste. des Francs, est mort en laissant quatre fils. (comment En couture, les filles confectionnaient depuis au pouvait-on « laisser » quatre fils quand on était roi !), moins quatre séances, un bavoir doublé, avec boutonnière que Pépin le-Bref était le père de Charlemagne,

166 l’Empereur à la barbe fleurie (comme illustré page fond du préau où se balance la corde lisse. Il est aussi le suivante). Il sait maintenant que Saint-Louis rendait la seul à faire la croix de fer aux anneaux justice sous un chêne et que Louis XIV avait des talons Ce matin, les participes passés truffant la dictée sur hauts et rouges ! « L’éloge du travail et de l’honnêteté » ont scié le socle Mais l’histoire qu’il préfère, c’est celle que lui raconte sur lequel il se croyait installé au moins jusqu’au Certifi- sa grand-mère quand elle évoque « La Septante » et les cat d’Études. affres de l’expédition des soldats (dont son grand-père Généralement, à l’évocation des exploits de Joseph, le Jean-Baptiste), en culottes garance. Monsieur en avait père d’ Ostinde, pourtant esprit éclairé, protestait contre vanté le courage et le patriotisme. le fait de sacrifier une heure par semaine, deux parfois, à À cette histoire-là, Ostinde y croit vraiment. Il peut l’enseignement de l’éducation physique. Il arguait du fait la toucher au grenier, dans la malle aux affaires de ce que tous ces galapiats couraient les chemins dès que fer- « pauvre Jeantou ». L’histoire des Louis « Le Bègue », mait l’école, que charger et décharger une charrette de « Le Fainéant », « Le Gros », « Le Jeune », « Le Hutin », foin faisait les biceps plus que quelques battement des « Le Grand », « Le Roi Soleil », « Le Bien Aimé », lui bras et que les kilomètres quotidiens pour aller en classe semble une pantalonnade de marionnettes, promptes à suffisaient à entretenir l’endurance. l’armement, pour gagner des bouts d’une France irréelle. Il aurait bien préféré une leçon de mathématiques supplémentaire. Tonton, lui, dit que le sport, c’est l’ave- Sa France à lui, c’est celle des champs traversés au- nir, puisque de toute façon, on fait de moins en moins jourd’hui par le chemin de fer dont il rêve d’emprunter les d’efforts physiques. Il dit qu’on va déjà à l’école à vélo… wagons pour découvrir la mer. Pour l’instant, il doit se et qu’il mettrait sa main au feu qu’on irait bientôt en contenter des descriptions du maître et d ‘écouter le bruit voiture ! des vagues dans l’énorme coquillage rosé qu’avait apporté « Ostinde on y va ? dit Adrien Louise, un jour de leçon des choses. - On y va Au fil des années, la géographie fait travailler l’ima- - Ça va chauffer chez moi, en rentrant ! se lamente gination de Ostinde et imprime à jamais dans sa cervelle, Ostinde des paysages typiques : « Vierzon, nœud ferroviaire », - Tu veux réviser en marchant ? ça t’évitera une bulle « La Côte d’Azur et ses palmiers », « Nantes et les paque- demain propose Adrien bots en partance pour les Amériques », les mines de char- - Bof ! bon du nord de la France et les pays de bocages de la - Allez ! Juste les conjonctions de coordination Normandie. - Fastoche ! ...et les enfants de chanter « Mèzouédonc Le tout s’assortissant des coiffes des Alsaciennes Ornicar ? Mais zou est donc Ornicar ?.. comme sur les paquets de biscuits, des binious bretons, - Et les mots commençant par ap ? des tabliers à rayures des Niçoises vendeuses de fleurs… - prennent deux « p » sauf apercevoir,apéritif, apla- tout un petit monde qu’Ostinde aime à retrouver dans le nir, aplatir, apostrophe….. livre magique du « Tour de France par deux enfants ». - Et par ac ? - Deux « c .» sauf académie, acacia, acajou, acanthe, 16h30 La cloche sonne. Ostinde va pouvoir rentrer a capella fait malicieusement Ostinde en cassant la glace chez lui. Il attend Adrien et Joseph pour faire route en- du chemin. semble. Ernestine part avec les voisines, deux grandes qui ne traînent guère en chemin. Adrien teste du bout de sa galoche, la solidité de la Joseph est aux cabinets. Il a attendu le départ de mare gelée, Joseph dérobe aux arbres des stalactites de Riri, expert en facéties, lesquelles consistent, à regarder glaçons qu’il distribue comme des récompenses. par-dessous ou par- dessus la porte. À la croisée des chemins, les enfants se séparent. Ostinde, seul dans la nuit tombée, allume sa lampe Ce soir, Ostinde n’est pas fier. Ses cinq fautes à la électrique. Plus qu’un kilomètre. C’est comme si c’était dictée assorties d’un zéro et d’une kyrielle de règles de fait ! grammaire à copier, l’ont fait choir de son piédestal. Ce qui l’avait hissé au sommet de la gloire, était le Annie Jardel grimper à la corde. Il y excelle. Il peut atteindre en quel- ques secondes et avec élégance le piton fiché dans le pla- (Nouvelle imaginée d’après des souvenirs, des documents et des témoignages.)

167

168 Épilogue

Le groupe histoire d’A C T A s’est attaché à réunir des documents pour retracer l’histoire de l’école publique et laïque dans la communauté de communes de « Vals et Villages en Astarac ».

Les générations des périodes les plus anciennes ont disparu, mais des traces écrites sont restées. Jusqu’en 1950-1960, l’école communale (la classe unique dans beaucoup de communes) a marqué les générations, dans un même esprit. Ceux qui l’ont vécue retrouveront avec plaisir, sans doute, leur enfance. Pour les plus jeunes, il s’agit d’une époque révolue, mais c’est pour eux l’occasion de comprendre l’école d’aujourd’hui.

L'exode rural s'amplifiant, vers 1960 les premières fermetures d'école sont effectives. , en 1959 ; Idrac-Respaillès en 1965 ; Saint-Martin de Horgues en 1966 ; Belloc-Saint Clamens en 1972 ; en 1976 ; Loubersan en 1983 ; Ponsampère en 1992.

Les communes qui ont réussi à maintenir les effectifs doivent s'adapter à de nouvelles conditions. Pour éviter les fermetures de classe, il faut faire en sorte que les écoles de campagne offrent les mêmes possibilités, le même attrait que les écoles des villes.

D'un point de vue administratif, les premiers Regroupements Pédagogiques Intercommunaux (RPI) voient le jour dans le . Dans VVA, ce sont Saint-Élix-Theux, Saint-Michel et Montaut d'Astarac qui se regroupent. D’autres suivront un peu plus tard...

D'un point de vue pédagogique, au niveau national, de nouvelles Instructions Officielles prônent le tiers-temps pédagogique. L'école s'ouvre sur le monde, le collège va accueillir tous les élèves. En 1989, le ministre de l'Éducation nationale va mettre l'enfant au centre du système éducatif.

Au niveau local, les enseignants du primaire vont essayer de lutter contre l'isolement des écoles rurales. Les rencontres interécoles vont débuter dès 1980. Petit à petit les élèves vont se rencontrer régulièrement. Les sorties sportives, les visites culturelles, les classes découvertes vont offrir à nos élèves de la campagne la possibilité d'échanger et de connaître le monde qui les entoure.

Les PAE (Projet d'Action Éducative), les FAI (Fond d'Aide à l'Innovation) vont leur permettre un accès plus important à la culture. La mise en place des Projets d'École va donner une légitimité administrative à ce travail. Les Conseils d’École vont légitimer les parents d’élèves qui deviennent officiellement partie prenante de la vie de l’école. Le Bassin des Écoles de l'Astarac préfigure le regroupement intercommunal. L'école a dû s'adapter à la société nouvelle.

Certains acteurs ont envie de se mobiliser, pour aider A C T A à collecter des traces de ce passé proche, encore bien présent dans leur mémoire.

Ce seront peut-être d’autres « Histoires d'écoles »...... Un autre ouvrage !

169 170 Sources documentaires

Archives Départementales du Gers :  Monographies des communes de Clermont-Pouyguillès, Idrac-Respaillès, Labéjan, Loubersan, Lagarde-Hachan, St-Élix-Theux, St-Martin, St-Michel, St-Ost  Extraits de délibérations des Conseils municipaux  Registres de la série T

Archives communales  Monographie de St-Médard  Registres matricules des écoles  Extraits de délibérations des Conseils municipaux  Mobilier et matériel pédagogique

Extraits de  Colette, « Claudine à l’école », Gallimard  Daniel Pennac, « Merci », Gallimard  Gilbert Sourbadère, « La Terre et les Hommes en Gascogne », Publication Chambre d’Agriculture du Gers

Les autres illustrations (photos de classe, objets, manuels scolaires, diplômes…) ont été prêtés gracieu- sement par les familles de VVA.

1892

Photo école Lagarde-Hachan

171 Remerciements

Vous qui avez, par votre dynamisme et votre enthousiasme, permis que l’exposition « Histoire des écoles dans V V A » ait été un succès en 2003, merci.

Vous qui avez adhéré au projet de poursuivre un travail de recherche historique, avec l’envie de parvenir à une réalisation écrite, merci.

Vous qui avez mis au service d’ACTA, votre temps, votre énergie, votre volonté, vos compétences, pour impulser, alimenter, encourager, faire vivre, les travaux d’écriture, merci.

Les recherches historiques aux Archives Départementales du Gers, dans les mairies de VVA; le choix, le tri, le classement, l’analyse, la copie des documents; la collecte des photos d’écoles dans les familles; les témoignages écrits ou oraux; la structure et la présentation des chapitres; L’écriture, la mise en forme, l’harmonisation des textes; l’illustration des pages avec des objets-souvenirs ou des collections personnelles; la lecture, la relecture, les corrections….

autant d’activités qui ont demandé de la motivation, de l’investissement, de la persévérance, de la responsabilité, du courage et du plaisir, vous qui avez participé, collaboré, apporté votre aide, merci.

Monsieur le Président de VVA, Mesdames et Messieurs les Maires, pour la patience, la bonne humeur, la disponibilité, le soutien, les encouragements, la confiance, dont vous avez fait preuve, face aux sollicitations d’ACTA, durant ces deux années de travaux, merci.

Hélène Teisseire, dont les conseils judicieux, la lecture attentive, les corrections scientifiques, ont guidé les différentes phases de cet ouvrage, merci.

La Présidente

« À chaque personne remerciée, il pense qu’il est en train d’oublier quelqu’un… et dès qu’il remercie chaleureusement la personne dont il vient de se souvenir, on voit se peindre sur son visage la terreur d’un nouvel oubli » * Extrait de « Merci », Daniel Pennac

172 Sommaire

Préface…………………………..………………...… 3 Introduction …………...….……………….…..…... 5 Avant-propos ….……………………...……………. 6

La grande Histoire de l’école …….………....…..… 7 Les « régents » ……...…………….……..…………. 11

L’école publique dans VVA………..... 14

L’école de garçons…………….…………..……….. 19

L’école de filles……………….………..…………… 33

L’école mixte………………….……..…………...… 43

Les élèves …………………………...…...…………. 47

L’école communale ………………...……………… 67

À chaque commune son école……….. 83

Bazugues …………………………....…………… 85 Belloc Saint-Clamens, ………..………….………. 89 , ………………………..…………….…. 95 Clermont-Pouyguillès, …………..………………. 99 Idrac-Respaillès, ………………...……...…...…... 103 Labéjan ………………………...……...………… 107 Lagarde-Hachan ………………...…...…………... 113 Loubersan ……………………...…………...…… 119 Miramont-d’Astarac …………...……………...... 123 Moncassin, …………….………..……………….. 129 Ponsampère ……………………..……………….. 135 Saint-Elix-Theux ………………..……………….. 139 Saint-Martin …………………..………………..... 145 Saint-Médard ………………….……..…………... 149 Saint-Michel ……………………..….………...… 155 Saint-Ost ………………………..…………….….. 159

« La journée de l’écolier » .……...…...………..…… 164 Épilogue …………………..……………...………… 169 Sources documentaires ..…………...……………… 171 Remerciements …………………..………...……… 173

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Achevé d’imprimer en janvier 2006 sur les Presses de l’Imprimerie du Prieuré

Z.I. de l’Hippodrome - Rue Fédérico Garcia Lorca—32000 Siret 330 395 476 00022

Dépôt légal du 1er trimestre 2006

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