La. Tribune SHERBROOKE, Que
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
La. Tribune SHERBROOKE, Que. Vol. 3, No 41 — 14 octobre 1961 !>l lOI rts I IS( Ol lit KS— \t»IK 60 Le syndicalisme an Canada *wt *<L ? * C? ÎL F at.â PIRSPICUVIS I Après une ère prodigieuse, le syndicalisme doit maintenant chercher des voies nouvelles l*ar (piiy l-ournii'r Rédocteur de Perspectives AMAIS, dans l'histoire, le monde n'a évolué si vite cir sa législation ouvrière. que durant le dernier demi-siècle. Politique, scien Le mouvement ouvrier n’avait pas les reins solides ce, technologie et société om fait de tels pas que Ici et là. au hasard d’un pays trop vaste et arbitrairement l'humanité fait face à une alternative étrange: tracé d'un océan à l'autre, des associations d'ouvriers avaient s’auto-détruire ou accéder à un bien-être inimagi germé, la plupart en réaction contre des patrons intransi nable encore. geants ou des industries qui les exploitaient En cinquante ans, nous avons survécu à deux guerres ef L'expansion syndicale ne suivit donc pas de ligne détermi froyables, le colonialisme a éclaté, l'atome a dévoilé des née, mais s'accomplit selon les besoins Rien, ni personne routes insoupçonnées et le fruit de l'égalité entre les hommes n’avait l'influence nécessaire pour canaliser les efforts des a mûri rapidement. Les gouvernements ont de gigantesques travailleurs proportions, les responsabilités sociales aussi et, miracle de Les employés des chemins de fer profitèrent de la crois l’électronique, les machines “pensent". sance rapide de ce moyen de transport pour s'organiser et. Dans ces perspectives, comment analyser une situation, pour freiner l'installation de nouvelles machines, les travail l’isoler pour la disséquer à sa guise? Les problèmes sont plus leurs américains de la chaussure fondèrent les Chevaliers de relatifs que jamais, plus dépendants de leurs contextes Les Saint-Crépin situations domestiques, les problèmes internes n'existent plus Au Canada, les forces restaient minces et divisées quand la moindre étincelle dans un pays inconnu risque Il fallut choisir entre aliéner son autonomie ou péricliter d'allumer une conflagration On tendit la main de l'autre côté de la frontière C'est ainsi qu'on ne peut aborder la syndicalisme cana Typographes, maçons, bnqueteurs et machinistes réussi dien sans toucher une situation politique d'autant plus com rent. grâce à l'aide de leurs confrères américains, à asseoir f plexe que, face à un inévitable internationalisme, on y dé leurs associations sur des bases solides. cèle deux formes de nationalisme, celui du Canada français L'aide n'était pas désintéressée. En constituant des unions par rapport à la nation de langue anglaise et celui de cette internationales (union américaine qui a des membres ou des dernière par rapport aux Etats-Unis ou à la Grande-Bretagne. “locaux" canadiens), les travailleurs américains s'assuraient On touche aussi une situation économique bien peu relui que les Canadiens du même métier ne l'exerceraient pas à des sante. puisque des intérêts américains détiennent les deux conditions inférieures à celles que leurs unions feraient pré tiers de notre industrie primaire. valoir aux Etats-Unis. Quant aux répercussions du syndicalisme dans notre con Pendant que des liens solides s'établissaient ainsi entre les texte social, elles sont nombreuses et la stricte interdépen ouvriers des deux pays, rien n'était tenté pour grouper entre dance du syndicalisme et du système économique nord- eux les travailleurs canadiens. américain n'est pas la moins étonnante. Ce phénomène échappe à la plupart des leaders syndicaux, rN 1871, on fit un premier pas dans cette direction Quinze peut-être parce que l'intégration du syndicalisme au système syndicats formèrent l'assemblée industrielle de Toronto capitaliste s'est effectuée subtilement et chacun des com et leur exemple fut suivi à Hamilton et Ottawa. promis qui l'a amenée n'apparaissait pas comme tel au début. Après avoir végété durant la crise economique de 1870, Mais c'est un fait accompli et toute analyse qui n'en tient les syndicats reprirent leur marche ascendante Aux Etats- pas compte est pure spéculation. Unis, le travail d'organisation des Chevaliers du Travail Quand le syndicalisme s'est-il engagé sur cette voie d'évi fit boule de neige. tement? Ils apportaient un concept nouveau: l'organisation indus Je ne crois pas qu'on puisse fixer de date précise. trielle (l'organisation des travailleurs d une même industrie Dans le feu du début, les leaders syndicaux n'avaient sans égard au métier qu'ils exercent). qu’un objectif ultime, la révolution. Si le mot n'était pas Jusqu'à ce jour, on avait toujours conçu l’organisation Z— pour tous chargé de dynamite, il signifiait tout de même de syndicale selon le métier des travailleurs, indépendamment profonds bouleversements, puisqu'il s’agissait d'instaurer un de l'employeur pour lequel ils l’exerçaient. C'était le syndi ordre socialiste — à tout le moins un ordre très socialisant calisme de métier. — là où le capitalisme était en plein épanouissement. Moins de vingt ans après leur fondation, les Chevaliers C'est à la suite d'échecs répétés qu'on commença à mettre du Travail comptaient 250 locaux canadiens et près d'un de l’eau dans son vin. million de membres en Amérique du Nord L'agitation politique des premiers syndicalistes, leur volon Si les Chevaliers avaient réussi à constituer une certaine té d'obtenir des réformes monétaire et agraire et leurs efforts unité dans le mouvement ouvrier, ils avaient aussi favorisé pour fonder des coopératives de production furent autant de inconsciemment l'édification d'une opposition consistante, la gestes qui curent l'effet d'un caillou dans l'eau. Après cer Fédération américaine du Travail et son pendant canadien, tains résultats, les initiatives mouraient doucement comme le Congrès des Métiers et du Travail les rides à la surface de l’eau En 1898, lors de sa réunion de Winnipeg, le Congrès, déjà Le syndicalisme n’avait pas la partie facile. Contre lui, vieux de 12 ans, se traça une ligne de conduite radicale. les employeurs ne cessaient de manifester leur hostilité et la Dorénavant, cet organisme, qui groupait plus de la moitié loi reléguait ses activités au rang de la conspiration. des syndiqués canadiens, lutterait pour obtenir l'instruction En 1872, quand les typographes se mirent en grève pour gratuite obligatoire, la surveillance gouvernementale de l'in obtenir la journée de neuf heures, 24 de leurs leaders furent dustrie, une loi du salaire minimum, l'étatisation des che arrêtés II fallut une assemblée tapageuse de 10,000 Toron- mins de fer, de l'électricité, du télégraphe et la plupart des tois ainsi que d'habiles manoeuvres politiques de la part de services publics, l'abolition du Sénat ainsi que diverses autres sir John Macdonald pour amener le gouvernement à adou mesures de moindre importance. (Suite à la page suivante) Photos Bert Beaver Perspectives Au pelil malin ou le soir, à la sortie des usines, les essaims d'ouvriers ont aminci depuis quelques années. Malgré les efforts des syndicats, la machine a gruge petit à petit la main-d'œuvre. 3 PIRSPICTIVES 14 octobr* 1Ï8I MHUONS 7 Le 471577•• " ..... (Suite de la page preeedente) 7M3% < ci ambitieux programme était fidèle a l'idéo Mie était simple à souhait. Né des abus du logie première du syndicalisme les Chevaliers capitalisme, le syndicalisme n'irait nulle part s'il du I ravail n'avaient pas non plus abandonne leur tentait de le remplacer. Dorénavant, il accepterait lidclité aux principes originaux, même si elle se le capitalisme comme un mal necessaire, adopte manifestait de layon beaucoup plus diffuse rait même certaines de ses formules (les cartels, l.cs ( hevaliers étaient devenus le mrlling pot les investissements, la bureaucratie, etc.) et re de toutes les idées salvatrices imaginées par les jetterait toute action p< ’pique. Non seulement il ouvriers, les petits bourgeois ou les fermiers et. ne serait plus question de parti ouvrier, mais les même s'ils avaient toujours favorisé l'organisation syndicats n'endosseraient aucun parti officiel industrielle, leurs rangs comportaient plusieurs Accessoire jusque-là, la convention collective unions de metier II aurait fallu des chefs brillants devint l'essentiel. pour mettre a profit ces éléments riches et corn C'est par elle, et par elle seule, que les syndi posites, mais les ( hevaliers suivaient un exécutif qués obtiendront de meilleurs salaires, des condi dépassé par l'ampleur du mouvement. tions de travail plus favorables, des fonds de pen le passé encore jeune du syndicalisme n’était sion. des compensations de toutes sortes. pas reluisant la plupart des grèves avaient failli, I.e convoi disparate du syndicalisme, constitué l'organisation s'était accomplie au petit bonheur, ici et là d'éléments moribonds ou presque, s'en les syndicats les plus progressistes mouraient avant gagea. la Fédération du Travail battant la marche, d'avoir vécu et une rivalité croissante divisait les sur la voie d'évitement. Il laissait bien en place, partisans de l'organisation industrielle et ceux de sur la voie principale, le convoi homogène du l'organisation par métier. capitalisme, plus puissant que jamais. Pauvres moyens s'il en est pour un mouvement Cette orientation ne fui pas longue à se refléter qui devait instaurer un nouvel ordre social! sur notre syndicalisme et à diluer même l'ambi En pareilles circonstances, l’avènement de tout tieux programme de Winnipeg. leader imbu d’esprit pratique devait avoir des ré percussions durables. Ce leader, il avait nom Sa ÏAANS notre province, le syndicalisme s'était 1939 1944 1949 1954 1959 muel Gompers déjà orienté différemment. * Pourcentage en noir le fondateur de la Fédération américaine du Assez heureux dans le recrutement des travail Moin-doeuvre totale représentant les Travail commenya d'abord par tirer de sages leurs québécois, les Chevaliers du Travail rencon Travailleurs salaries leyons des expériences passées, il traya.