21/11/2018 Les conseillers communaux du canton de Neuchâtel ne sont pas

 20.11.2018, 18:12 Les conseillers communaux du canton de Neuchâtel ne sont pas égaux face à leurs notes de frais

PREMIUM

Les statuts des élus professionnels communaux neuchâtelois en matière de notes de frais diffèrent d'une commune à l'autre. Keystone

 20.11.2018, 18:12 Les conseillers communaux du canton de Neuchâtel ne sont pas égaux face à leurs notes de frais

PAR ANABELLE BOURQUIN , NICOLAS WILLEMIN

https://www.arcinfo.ch/articles/regions/canton/les-conseillers-communaux-du-canton-de-neuchatel-ne-sont-pas-egaux-face-a-leurs-notes-de-frais-800738 21/11/2018 Les conseillers communaux du canton de Neuchâtel ne sont pas ENQUÊTE Entre notes de frais et indemnités forfaitaires, les élus des communes neuchâteloises ne sont pas soumis au même régime. Si les abus semblent peu probables, les disparités en termes de montants octroyés sont importantes. Les conseillers communaux jouent la carte de la transparence et dévoilent leurs chiffres.

Contrairement à Genève, il ne semble pas possible de tricher avec les notes de frais dans le canton de Neuchâtel. Du moins pas avec de grandes sommes, ni sur du long terme. En revanche, le montant des forfaits de dédommagement et les notes de frais remboursées présentent de grandes disparités entre les communes.

Comme le démontre notre enquête, menée auprès des sept exécutifs professionnels neuchâtelois (à mi- temps au moins), un conseiller communal peut difficilement tricher, sachant qu’un contrôle très rigoureux des notes de frais a été mis en place.

L’élu doit fournir ticket, noms des personnes présentes et motif de la note de frais. Une double signature est par ailleurs nécessaire pour valider le remboursement; un journal des comptes détaillé peut être exigé pour chaque élu, et une fiduciaire indépendante procède à des pointages.

Par ailleurs, un élu peut difficilement confondre sa carte de crédit personnelle avec sa carte de crédit professionnelle puisqu’aucune commune n’en délivre. Entre zéro et 15’000

En revanche, il existe une grande disparité entre les montants des forfaits versés aux élus, selon la commune dans laquelle ils siègent: ceux-ci varient entre zéro franc pour (qui n’octroie aucun forfait à ses conseillers communaux), à 15’000 francs à Neuchâtel, forfait le plus élevé.

Nous avons rencontré un membre «représentatif» de chaque commune, qu’il en soit le président ou qu’il dirige un dicastère nécessitant à de nombreux déplacements et repas d’affaires, afin que chacun s’explique.

Contrairement à Genève, les communes neuchâteloises n’ont pas abusé des deniers publics. D’abord parce que, de l’aveu de leurs élus, champagne hors de prix, belles voitures, luxe et appels du Qatar ne font pas partie du langage courant. Ensuite parce que le canton, tout simplement, n’en a pas les moyens…

Avec plus de 120’000 francs de notes de frais l’an dernier, l’exécutif de la Ville de Genève fait donc figure d’exception, comme l’ont confirmé les récents articles de la presse romande.

NEUCHÂTEL: «NI EXPLOITÉE, NI GÂTÉE»

https://www.arcinfo.ch/articles/regions/canton/les-conseillers-communaux-du-canton-de-neuchatel-ne-sont-pas-egaux-face-a-leurs-notes-de-frais-800738 21/11/2018 Les conseillers communaux du canton de Neuchâtel ne sont pas

C’est à première vue le forfait le plus élevé des communes neuchâteloises. Pourtant, l’exécutif de la capitale cantonale ne s’estime pas verni en touchant un forfait bien plus généreux que celui de sa voisine chaux-de- fonnière, comparable en termes d’habitants et de salaires de ses élus communaux. «Notre forfait doit nous permettre de couvrir toutes nos dépenses», explique Christine Gaillard, présidente de Neuchâtel.

En effet, la Ville n’autorise pas à ses élus de se faire rembourser trajets ou repas professionnels. «Nous ne pouvons pas forcément compter sur les 5 voitures électriques de la Ville, très prisées. Tous nos déplacements en Suisse et en voisine sont à notre charge. Les seuls repas pris en charge par la Ville sont des assemblées générales ou des réunions officielles.»

Christine Gaillard «ignore» si elle utilise l’entier de son forfait. «Mais je ne me sens ni exploitée, ni gâtée.» A la question de savoir s’il ne serait pas plus équitable d’ajuster un forfait en fonction des besoins de chaque dicastère, sachant que tous ne sont pas soumis aux mêmes contraintes, Christine Gaillard est catégorique: «J’ai géré deux dicastères. Avant, je voyageais plus. Désormais, j’ai davantage de repas d’affaires. Ça se vaut.»

LA CHAUX-DE-FONDS: «ON M’A REFUSÉ 12 FRANCS»

«Le système que nous appliquons à La Chaux-de-Fonds me semble juste, d’autant que nous demandons à nos collaborateurs et citoyens de se serrer la ceinture. Montrons l’exemple.»

Théo Huguenin-Elie, en charge de l’Urbanisme, des bâtiments et des relations extérieures, ne fait pas la fine bouche. Le forfait de 500 francs qu’il touche mensuellement «est suffisant. J’y vois une participation honnête à mes dépenses. S’il est dépassé, tant pis pour moi.»

Lorsque l’élu doit se faire rembourser des dépenses professionnelles directement liées à sa fonction, il a recours aux notes de frais. Selon lui, cette pratique ne peut pas être sujette à tricherie. «Mon forfait servira à payer, par exemple, un repas que je prends seul, dans un cadre professionnel. Je ne peux pas facturer cela

https://www.arcinfo.ch/articles/regions/canton/les-conseillers-communaux-du-canton-de-neuchatel-ne-sont-pas-egaux-face-a-leurs-notes-de-frais-800738 21/11/2018 Les conseillers communaux du canton de Neuchâtel ne sont pas à la Ville. En revanche, je peux faire une note de frais si je mange avec un patron d’entreprise, car c’est ma fonction qui m’amène à être là. Une exception: les repas avec les collaborateurs ne sont pas pris en charge.»

Et tout est vérifié, «On a refusé de me rembourser 12 francs de parking à Besançon. Le Service des finances a considéré que ça devait être pris sur mon forfait.» En cas de doute sur une note de frais, le Service des finances peut saisir le Conseil communal, habilité à trancher sur un remboursement.

ELUS VAUDRUZIENS MIEUX PAYÉS MAIS MOINS INDEMNISÉS

A première vue, la différence des forfaits dans les deux communes semblables de Val-de-Travers et Val-de- Ruz semble disproportionnée. Les élus de la première touchent un montant cinq fois supérieur à celui de leurs voisins: 10’000 francs par an contre 2000. Par contre, ils touchent un salaire inférieur, soit 15’000 francs de moins par an.

Le président de commune de Val-de-Travers Frédéric Mairy assume cette différence de montant de forfait: «Il existe depuis la création de la commune en 2009 et se justifie par le fait que nous sommes les élus professionnels les moins bien payés du canton.

En septembre dernier, le Conseil général a révisé le règlement des conseillers communaux et cette somme n’a pas été remise en question. En fonction des dicastères, certains de mes collègues dépensent d’ailleurs plus que ces 10 000 francs.»

Du côté de Val-de-Ruz, le président de la commune, Cédric Cuanillon, n’est pas jaloux du forfait cinq fois supérieur versé à Val-de-Travers. Mais il explique que les 2000 francs annuels ne couvrent de loin pas les frais effectifs. «Ils sont trois à quatre fois plus élevés. Nous ne nous plaignons cependant pas et nous faisons profil bas!» Tout comme leurs voisins, les élus vaudruziens ne peuvent rien se faire rembourser en sus du forfait.

Cédric Cuanillon va même jusqu’à rembourser à la commune les indemnités de déplacement qu’il touche de la caisse de pension Prévoyance.ne lors de séances à La Chaux-de-Fonds alors qu’il s’y rend avec sa voiture privée.

https://www.arcinfo.ch/articles/regions/canton/les-conseillers-communaux-du-canton-de-neuchatel-ne-sont-pas-egaux-face-a-leurs-notes-de-frais-800738 21/11/2018 Les conseillers communaux du canton de Neuchâtel ne sont pas

LA GRANDE BÉROCHE A SUIVI L’EXEMPLE DE

Les statuts des élus à l’exécutif des communes de Milvignes et de La Grande Béroche sont similaires. Leur taux de travail est de 50% et leur salaire brut mensuel est très proche (250 francs de différence).

Concernant le forfait professionnel, les élus de Milvignes touchent 2400 francs par an, contre 2000 francs pour leurs collègues de La Grande Béroche. Mais cette différence s’estompe si l’on tient compte du fait que les uns doivent payer l’intégralité de leur facture téléphonique, alors que les autres non.

Président de la commune de La Grande Béroche, François Del Rio explique que le montant du forfait a été fixé lors de la création de la commune, au début de cette année, en regardant ce qui se faisait à Milvignes. «Ce forfait comprend toutes nos dépenses», ajoute-t-il.

«Par contre, s’il y a un repas de représentation, par exemple quand nous recevons le Conseil d’Etat, la facture est envoyée à l’administration communale. Mais c’est très rare!» Francois del Rio note que le plus gros problème des membres de son exécutif reste le pourcentage de travail: «Nous sommes payés à 50%, mais nous sommes souvent occupés à plus de 100%.»

A Milvignes, le conseiller communal Grégory Jaquet note qu’il n’a jamais vu une note de frais d’un de ses collègues. «Nous ne touchons rien en dehors du forfait. Après les révélations sur ce qui passait à Genève, nous en avons parlé en séance et nous étions tous sur la même longueur d’onde: personne n’aurait l’idée de faire des notes de frais.»

LE LOCLE: NI CHAMPAGNE, NI PINCE-FESSES

https://www.arcinfo.ch/articles/regions/canton/les-conseillers-communaux-du-canton-de-neuchatel-ne-sont-pas-egaux-face-a-leurs-notes-de-frais-800738 21/11/2018 Les conseillers communaux du canton de Neuchâtel ne sont pas

Le Locle est la seule commune à exécutif (semi) professionnel du canton à ne pas offrir de forfaits à ses conseillers communaux. Ses élus peuvent en revanche se faire rembourser leurs frais professionnels.

https://www.arcinfo.ch/articles/regions/canton/les-conseillers-communaux-du-canton-de-neuchatel-ne-sont-pas-egaux-face-a-leurs-notes-de-frais-800738 21/11/2018 Les conseillers communaux du canton de Neuchâtel ne sont pas Selon les décomptes que nous avons vérifiés, les notes de frais sont dérisoires. «Quand je vois ce qui se passe à Genève, je me dis qu’ici, on est vraiment des pinglets! On ne vit pas dans le même monde», lance son président Miguel Perez.

Les comptes 2016 de la Ville confirment un total de moins de 5000 francs de notes de frais pour l’ensemble du conseil communal. L’an dernier, ce montant était inférieur de 1000 francs. «Nous ne sommes pas plus vertueux que les autres, mais notre collège fonctionne avec des besoins modestes», explique Miguel Perez en présentant sa comptabilité détaillée.

Afin de limiter les dépenses, l’écologiste dit veiller à utiliser une des deux voitures des Services de la Ville, «ce qui évite de se faire rembourser les kilomètres, passablement chers». Très pragmatique, il évite les réunions de travail au bistrot: un seul dîner a fait l’objet d’une note de frais en un an. «Les séances sont tout autant efficaces avec un sandwich.»

Tricher, Miguel Perez assure que même si lui ou un collègue voulait le faire, ce serait impossible. «Nous devons tout justifier: avec qui nous étions et dans quel cadre. Présenter un ticket de caisse ne suffit pas.» Il rit et lance: «De toute façon, ça ne nous viendrait pas à l’esprit de flamber cinq bouteilles de Dom Pérignon un soir dans un pince-fesses!»

Groupe ESH Médias : Le Nouvelliste – Arcinfo – La Côte – Realdeals – OhBox – La Clé – Jobeo – OhPass – Winterpass – ID Loisirs © 2018 Arcinfo - created by iomedia

https://www.arcinfo.ch/articles/regions/canton/les-conseillers-communaux-du-canton-de-neuchatel-ne-sont-pas-egaux-face-a-leurs-notes-de-frais-800738