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Séquences La revue de cinéma

The Wild Bunch Martin Girard

Vidéo : des images pour tous Number 177, March–April 1995

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Publisher(s) La revue Séquences Inc.

ISSN 0037-2412 (print) 1923-5100 (digital)

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Cite this article Girard, M. (1995). The Wild Bunch. Séquences, (177), 45–48.

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1919<

THE

«JE vouUis Aussi MONTRER pu'il LE CABINET DU DOCTEUR CALIGARI y A TOUJOURS (JAINS LA QUERRE, IA Vision du .réel déformée selon les normes VÎOIENCE, l'IlORREUR, UN MOMENT subjectives de l'artiste, transformation du décor pour créer une nouvelle atmos­ (J'ÉTRANqE bEAUTÉ À IAPUEIIE ON phère, instauration d'un univers «autre», EST SENSible, pAR EXEMplE (IEVANT proche de l'hallucination, retour en force du romantisme, lié à l'angoisse tragique de lES pEÎNTURES (IE bATAÎllE.» notre temps: c'est l'expressionnisme. Ce qui donna au cinéma allemand sa place (SAM PEckiNpAri À pRopos (JE importante pendant les premières années de l'après-guerre, ce furent justement ces Thi Wild BuNch) INCH filmS où se combinaient les théories mo­ dernes et l'ancien goût «hoffmanesque» de l'Allemagne pour la terreur. C'est ainsi que les Allemands n'hésitèrent pas à peupler leur cinéma de scénarios morbides, de revenants, de vampires, de châteaux han­ Emilio Fernandez et Jaime Sanchez tés et de monstres avec une louable cons­ e succès récent de films comme , tance. Le Cabinet du docteur Caligari Natural Born Killers et C'est arrivé près de de Robert Wiene restera à tout jamais le L chez vous a relancé plus que jamais le sempi­ chef-d'œuvre de cette époque. Cette his­ ternel débat sut la violence au cinéma. Ot, les argu- toire de somnambule exhibé par un ments demeurent toujours les mêmes, tant du côté étrange docteur parmi les attractions d'un des détracteurs de la violence filmique que du côté champ de foire, de disparitions mystérieu­ des cinéphiles plus tolérants. Ce débat souvent stérile ses, de personnages qui perdent la raison, a connu récemment un nouveau rebondissement avec frappa durablement les spectateurs. Le la réédition du film de , The Wild personnage du docteur fou, constante de Bunch (La Horde sauvage, 1969). Il faut d'abord la littérature populaire, deviendra, à partir expliquer qu'à l'époque de sa sortie, ce westetn avait de Caligari, un cliché de cinéma. .Mais c'est surtout l'étrangeté des décors (toiles été amputé de plusieurs scènes par le producteur Phil peintes agressivement, rues en zigzag, Feldman qui considérait l'ensemble un peu trop long. perspectives déformées), le maquillage vio­ Il faut également préciser tout de suite qu'aucune des lemment stylisé des acteurs et la construc­ scènes retranchées au montage original ne l'a été pour tion éclatée du récit qui permirent à l'ange e cause de violence excessive. Pour célébrer le 25 anni­ noir du bizarre d'étendre son aile sur He versaire du film, le disttibuteut Warner Bros, en a fait cinéma allemand jusqu'à la veille du par­ tirer de nouvelles copies en y replaçant les scènes cou­ lant, aussi bien chez les maîtres (Murnau, pées à sa sortie, soit l'équivalant d'à peu près dix Lang) que dans la production allemande. minutes. Warner a ensuite soumis cette copie au bu­ L'avènement d'Hitler mettra un terme à reau de sutveillance de la Motion Picture Association cette expression d'«art décadent». of America afin d'obtenit le classement requis pour l'exploitation. Ot, à la grande surprise du distributeur, les censeurs américains ont classé le film NC-17, la nouvelle appellation de l'ancien «X rated». Ot, aucun grand studio américain n'accepte de distribuer un film avec ce classement, car plusieurs chaînes de

No 177 — Mars/avril 1995 45 moyens? Avez-vous considéré les effets s que pourrait gné, je suis surtout déconcerté par la façon dont les A relire aujourd'hui les provoquet ur le public une pareille utilisation de la cinéastes aujourd'hui traitent leur film et le public. violence dans un film?» (...) Le producteur Phil Feldman a déclaré que les critiques de l'époque, on Phil Feldman: «La vérité n'est pas toujouts belle à coupures n'avaient rien à voir avec les critiques au voir; mourir n'a rien de joli. L'industrie du cinéma a sujet de la violence du film. Les deux extraordinaires réalise jusqu'à quel point le droit et le devoir de décrire la réalité telle qu'elle séquences de bataille n'ont d'ailleurs pas été touchées. The Wild Bunch a repoussé est. Si le public réagit contre cette réalité, cela peut Les coupures serviraient plutôt à accélétet le rythme s'avérer thérapeutique.» du film, à en améliorer "l'esthétique" et peut-êtte les limites d'une certaine Stuart Byron (Variety): «Quel est le message de (Feldman n'avait pas l'ait trop sût) raccourcir la duré votre film? Pourquoi toute cette violence?» du film afin d'ajoutet une représentation pat jour. Le représentation de la violence Sam Peckinpah (réalisateut): «Je n'ai tien à dire. fait est, a-t-il dit, que nous avions envisagé ces coupu­ Le film parle pour lui-même.» res il y a longtemps, mais nous n'avions pas eu le au cinéma. Rex Reed (Holliday): «Alors pourquoi donner temps de les faire avant lavant-première new- cette conférence de presse?» yorkaise. Or, si nous avions eu le temps de faire les Sam Peckinpah: «C'est une bonne question.» coupures, vous n'auriez pas vu les scènes en question cinéma les rejettent et plusieurs journaux refusent Voix non identifiée: «Je crois que nous avons le et vous ne vous seriez jamais plaint de leur absence."» d'en faire la publicité. Warner Bros, était catastrophé, droit de savoit si M. Peckinpah prend plaisir à mon­ L'absurdité de ce dernier argument démontre bien car 25 ans plus tôt, le film de Peckinpah avait obtenu trer toute cette violence?» la désinvolture du producteut dans cette affaire, à le classement souhaité, c'est-à-dite R. Finalement, le Sam Peckinpah: «Très bien, je pense qu'elle pour­ tout le moins sur le plan des considérations artisti­ distributeur s'est souvenu que cette vetsion longue du rait avoir un effet cathartique. Non, je n'aime pas la ques. C'est d'autant plus gênant que le film de avait déjà été soumise à la censure en 1969 et violence. En fait, quand je regarde le film, je le trouve Peckinpah est pris très au sérieux par la critique. En avait alors obtenu le classement R! Avisé de ce fait, le insupportable. Je crois que je ne pourrai pas le revoir fait, plusieuts d'entre eux à l'époque parlent déjà de bureau de censure américain a révisé son jugement avant cinq ans.» «classique» et de «chef-d'œuvre». Ce qui n'empêche pour finalement accorder à The Wild Bunch le clas­ Phil Feldman: «Ce n'est pas sement voulu. le seul sujet qui nous intéresse. Cette histoire farfelue et triste à la fois démontre Le prochain film que nous fe­ bien que le film de Peckinpah n'a rien perdu de son rons ensemble, Sam et moi, seta impact otiginal. 25 ans après sa sortie, il semble avoir une comédie.» encore le potentiel de choquer le spectateur avec sa Rex Reed: «J'ai vtaiment violence brute et spectaculaire. Mais qu'en fut-il au hâte de le tatet.» juste en 1969? À relire aujourd'hui les critiques de (Chicago Tri­ l'époque, on réalise jusqu'à quel point The Wild bune): «Je suppose que vous êtes Bunch a repoussé les limites d'une certaine représen­ sous l'impression que votre film tation de la violence au cinéma. N'oublions pas que n'a aucun défenseur. C'est faux. quelques années plus tôt, dans ses premiers westerns, Plusieurs d'entre nous pensons Sergio Leone n'osait pas encore montrer du sang lors que The Wild Bunch est un des fusillades, laissant ses acteurs «faire le mort» sans grand film. Un chef-d'œuvre.» maquillage ou effets spéciaux. Alors imaginez l'effet Avant même sa sortie, donc, qu'a pu avoit, chez les spectateurs de 1969, la vue du le western de Peckinpah soulève sang qui gicle et de la chair qui éclate au ralenti dans la controverse parmi la critique. des dizaines de plans de The Wild Bunch! Le film prend l'affiche au début En fait, les réactions ne se sont pas fait attendre. de juillet dans une version Le film de Peckinpah est présenté pour la première écourtée de quelques minutes. fois à la presse le 21 juin 1969 lors d'une avant- C'est le producteur Phil Feld­ et première. Voici un exttait de la conférence de presse man qui avait ordonné ces cou­ qui a suivi la projection: pures. Vincent Canby du New York Times se montre pas certains de se poser des questions quant à la va­ Virginia Kelly (Reader's Digest): «Je n'ai qu'une patticulièrement outré par cette décision dans un at- lidité de la violence. C'est évidemment le sujet qui question à poset: pourquoi avoir réalisé ce film?» ticle paru le 17 juillet 1969: «Sans juget bon d'en­ mobilise le plus les journalistes, comme on peut s'en Phil Feldman (producteur): «L'époque du diver­ voyer un communiqué de presse nous informant de douter tissement est terminée; nous sommes dans l'ère du leut décision, le distributee et le ptoducteur de The William Pechter de Film Comment résume assez réalisme. En tant qu'Américains, nous devons faire Wild Bunch ont décidé de couper quatre scènes au bien l'avis des défenseurs du film lorsqu'il écrit: «The face à nos problèmes et les tésoudte. Les Américains film, totalisant à peu près huit minutes. Ainsi le film, Wild Bunch est, je crois, le film américain le plus ont été violents dès le début; une violence que nous un western de qualité supérieure, a été affaibli, pas de excitant des cinq dernières années. Et ce que j'admire avons tendance à oublier, de la même manière que façon fatale (il demeure quand même un très bon et le plus à son sujet, c'est jusqu'à quel point le film ne nous oublions la famine dans notre pays. Mais ces très beau film), mais certainement à un degré signifi­ semble pas vouloir revendiquer sa propre impottance. problèmes doivent être envisagés de front.» catif pour quiconque a eu la chance de voir et d'aimet Appartenant à un genre culturellement peu recom- Voix non identifiée: «Mais la fin justifie t-elle les la version originale. (...) Mais plutôt que d'être indi­ mandable, le westetn, il fait une utilisation particuliè-

-46 Séquences rement chargée de la capacité du genre à être violent, fait de la violence (oui, il s'agit bien du western le de manière à susciter l'outrage des gardiens de notre plus sanglant de l'histoire du cinéma), Peckinpah est moralité. Considérant le genre de film que The Wild à la fois un peintre à fresque, un analyste, un poète et Bunch aspire à être, ce serait un signe d'échec artis­ un pamphlétaire. À ces talentis somptueux de fenêtres tique s'il fallait que des critiques comme Judith Ctist brisées ou de jugulaires ttanchées, à ces audaces ou Rex Reed ne le détestaient pas. En même temps, inédites de réalisme balistique (les corps qui, tom­ il serait vain de prétendre que la violence dans The bant d'un toit, pénètrent à même le sol), il joint Wild Bunch ne pose aucun problème moral et esthé­ des illuminations de monteur (certaines clartés tique (...) car cette violence s'exerce parfois à un ni­ brèves sont coupées en trois, la vitrine s'effondre veau purement jubilatoire.» sous plusieurs angles et fracas différents). (...) Le film Pechter précise sa pensée un peu plus loin dans est pris entre deux parenthèses fabuleuses, escalades l'article: «Dans The Wild Bunch, l'emphase mise sur dans le massacre, où le nombre des angles, la direc­ la description des motts a pour effet de nous rendre tion des figurants, le découpage, et l'invention pure plus conscient de l'aspect physique d'une mott vio­ du détail dépassent l'anthologie pour devenir lente en tant qu'expérience sensitive dans toutes ses d'ores et déjà classiques, on ne pense pas pour E ROTI KON variations grotesques; mais cette emphase ambiguë a rien aux marches d'Odessa ou aux émeutes d'Octo­ Avec Sjôstrôm, Mauritz Stiller fut l'autre aussi pour résultat de nous faire partager le plaisir bre.» grand pionnier du cinéma Scandinave. Le­ sauvage — quasiment orgasmique dans la fusillade Un tel enthousiasme n'est pas partagé unanime­ quel des deux a le mieux incarné la magie finale — que prennent les héros à tuer. L'utilisation ment. Ainsi, même certains critiques plutôt favorables vraie, le réalisme mystique de l'école sué­ du ralenti (...) nous rend également plus conscient de au film dans son ensemble émettent des réserves doise? Les avis sont partagés. On a sou­ notre propre plaisir à assister à la violence au cinéma quant à son contenu. Par exemple, le critique du vent dit que.Sjôstrôm restait un peu mas­ (...). C'est grâce à cette confrontation avec nos pro­ Sunday Visitor est d'avis que «ce n'est pas la violence sif, tandis que la sensibilité du second pres sentiments ambigus que le film, avec sa violence, en elle-même qui tend ce film fautif, mais plutôt sa était «quasi féminine» (Henri Agel). Ce fils tire sa force. On regarde avec excitation, tandis que le philosophie. (...) Quand un artiste nous dit que les de musicien, à la santé délicate, devait film demeure moralement neutre.» "méchants" sont en réalité meilleurs que les "bons", lancer Greta Garbo avec la célèbre Lé- . génde de Gôsta Berling ( 1924), mais à que les hors-la-loi sont automatiquement plus mo­ ses débuts, ses films étaient de sombres raux que les hommes de loi, je me pose de sérieuses mélodrames, des histoires policières et questions.» Mais les critiques les plus quelques vaudevilles qui auraient, selon Ce moralisme un peu trop bien pensant est juste­ certains, influencé Lubitsch. Son premier éclairés ne manquent pas de ment ce que dénonce Matcel Martin dans Les Lettres grand succès fut Erotikon. une char­ Françaises: «Sortant des cadtes habituels du "bon mante comédie qui voulait présenter s'apercevoir qu'il y a chez goût", devenant ainsi gênante, cette vision de la vio­ d'une manière spirituelle les problèmes lence contribue aussi à déttuire une certaine mytho­ erotiques des gens des grandes villes, Peckinpah un style original, logie de l'Ouest, destruction que le réalisateut para­ dans un milieu mondain, des vêtements une façon nouvelle de filmer chève en refusant le manichéisme habituel au genre. somptueux et une mise en scène à grand Ici tout le monde est méchant, non seulement les spectacle. Fatigué des drames paysans la violence qui n'a pas membres de la "hotde sauvage" qui pillent les ban­ très populaires à l'époque, Stiller avait ques du Texas en cette année 1913, mais aussi les voulu tourner quelque chose de plus gai, seulement à voir avec chasseuts de prime lancés à leur poursuite au nom de de raffiné et de sensuel, destiné à une la loi et qui ne sont en fait que de vulgaires brigands audience internationale. Erotikon racon­ tait une histoire à trois assez originale: la la surenchère. prompts à détrousser les cadavres.» jeune épouse fidèle d'un professeur dis­ Dans le journal Combat, Henry Chapier dénonce trait (spécialiste des insectes mais pas du lui aussi les gardiens de notre morale: «La violence tout expert en matière de vie sentimen­ Pour bien comprendre le choc que la violence de n'est qu'un euphémisme pour désigner cette bouche­ tale chez les êtres humains) se balance The Wild Bunch a pu provoquer chez certains, il rie atroce et l'on se demande s'il ne faut pas expliquet entre deux soupirants amoureux d'elle, suffit de lire le compte rendu du journal Box Office. La Horde sauvage comme un véritable règlement de mais jaloux l'un de l'autre. Le triangle eSt «(le film) commence et se termine sur deux séquences comptes entre Sam Peckinpah et Hollywood, entre donc composé de ces deux hommes et d'action les plus brillamment montées jamais vues un cinéaste de la révolte et l'Amérique moderne. (...) de la jeune femme. Le professeur ne aupatavant, des séquences d'une brutalité et d'une En abordant La Horde sauvage, on sent que d'emblée compte pas. Avec Erotikon (connu aussi, horreur si explicites qu'elles risquent de laisser les le cinéaste y déverse le mépris qu'il avait nourri depuis du moins en France, sous le titre de Vers spectateurs en état de choc.» des années à l'égard d'un système qui — sous prétexte le bonheur), Stiller avait voulu s'éloigner Mais les critiques les plus éclairés ne manquent de rentabilité — avait vidé le westetn de ses valeurs du style de description de l'être humain, pas de s'apercevoir qu'il y a chez Peckinpah un style morales, en donnant de surcroît à l'Amérique une pris d'un point de vue psychologique et original, une façon nouvelle de filmer la violence qui fausse bonne conscience par le biais de sentiments individuel. n'ont pas seulement à voir avec la surenchère. Dans la édifiants.» revue Positif, Robert Benayoun explique habilement Il est curieux de constater jusqu'à quel point le le style du cinéaste: «Dans le traitement définitif qu'il même film peut parfois engendrer des opinions dia-

No 177 — Mars/avril 1995 47 métralement opposées. Alors que plusieurs critiques film vous empoigne dès le début et ne vous lâche centaines de meutttes insensés et gtatuits dans le Far- vantent The Wild Bunch pour sa réflexion historique plus.» West ne forment pas un sens en s'additionnant. Ce ne sur le vieil Ouest, d'autres se plaignent du contraire, Pour d'autres, le problème de la violence se pose sont que des meurtres gratuits et insensés.» comme Moira Walsh dans America: «Voici un autre moins en termes moraux qu'en termes esthétiques. Claude Veillot de L'Express exprime un avis con­ cas où la btutalité et les effusions de sang noient toute Loin d'être indigné pat le film, le critique de traire: «À ce niveau de provocation, la description de petspective historique, tout contenu humain et toute Newsweek, Joseph Motgenstetn, n'en demeure pas la violence cesse d'être une complaisance pour devenir cohérence dtamatique auxquels le film semble aspi­ moins perplexe quant à sa valeur: «Comment se fait- un sujet de réflexion dérangeant. C'était exactement rer.» Le critique de Commonwealth reconnaît quant à il que le film échoue à nous faire vraiment partaget de le but visé par le réalisateur.» lui les intentions de l'auteur, mais met en doute ses l'horreur et de la pitié à l'égard de ces pauvres hu­ Ainsi, le débat sur la violence accapare tellement méthodes: «En racontant cette histoire sur la fin mains qui ttavetsent le monde avec rage, comme des la ctitique de l'époque, qu'il s'en trouve peu pour d'une bande de hors-la-loi et sur la fin, en fait, de apprentis sotciers avec leurs armes à feu? Une possi­ parler en détail du style du film. Ce n'est pourtant pas l'époque du Fat-West, le téalisateut s'effotce sans bilité setait peut-êtte que le film n'est pas assez vio- à défaut de reconnaître la maîtrise de Peckinpah. Ainsi, toujours dans Positif, Robert Benayoun écrit: «Peckinpah domine désormais sans conteste l'horizon toujouts immense du western, égale les cinéastes qu'il a admirés, Huston, Kurosawa, le Wilder d'Ace in the Hole, et le Ford de Clementine, mais les dépasse aujoutd'hui en énetgie encote contenue, en force vi­ tale, et en appétit créateur (...).» Si plusieurs critiques améticains reconnaissent l'impottance et la téussite du film, le délire se remar­ que plus volontiets chez leurs confrères français, dont les propos ne manquent patfois pas de lyrisme. Ainsi, le critique Michel Mardore du Nouvel Observateur se lance dans cette dithyrambe passionnée: «Cette se­ maine, tous les westerns vieillissent de vingt ans. Après le passage de cette "Hotde", les morts douces de l'ancien westetn, voire les sanglants opétas d'Italie deviendront invisibles. (...) Peckinpah doit être atteint de folie furieuse. Une folie inspirée. Il a attendu des années (...) l'occasion de filmer au ralenti des massa­ cres où la chair n'en finit plus d'éclabousser la caméra. Cela ne s'était jamais vu. Dément, grandiose, inou­ bliable.» Et dans un autre article, le même ctitique en ajoute: «Avec tous les défauts du désotdte roman­ tique, ce westetn totrentiel, insensé, matque une date.» Malheureusement, le film ne marque pas de date aux Oscats, puisque la vénérable et frileuse Académie préfète mettre en nomination comme meilleur film le plus sage et confortable Butch Cassidy and the et Sundance Kid. C'est finalement Midnight Cowboy qui remporte l'Oscar cette année-là. Par contre, The aucun doute de démythifiet le western sentimental lent. (...) Mais j'en doute. L'explication la plus proba­ Wild Bunch remporte un ptix de la National Society avec tous ses nobles hétos. Il réussit à détruire le ble est plutôt que Peckinpah et ses complices procè­ of Film Critics pour la meilleure photogtaphie (Lucien mythe, mais avait-il besoin pout le faire d'être si vio­ dent sur la base d'un leurre voulant que la violence Ballard). Par ailleurs, le film de Peckinpah figure dans lent?» peut être stylisée (en particulier à travers l'utilisation la liste des dix meilleurs films de 1969 selon le New À cette question, Michel Duran du Canard en­ du ralenti qui est devenu un cliché depuis Bonnie York Times. Et lots d'un sondage mené par la cinéma­ chaînéaurait peut-être répondu ce qu'il a écrit dans sa and Clyde) et qu'elle peut être répétée jusqu'à ce thèque de Belgique auprès de 203 historiens du ci­ ctitique: «Ce n'est plus l'imagerie de l'Ouest, mais qu'elle devienne une abstraction, un concept artisti­ néma et cinéastes du monde entier en 1978, The une fresque sauvage, un chant ttagique et funèbre que qui contiendrait sa ptopte analyse. D'aucuns Wild Bunch s'est classé patmi les 50 meilleurs films sur les desperados. Les quelques survivants du der­ considèrent qu'un film endosse automatiquement ce américains de tous les temps. En fait, patmi les wes­ nier massacre reprendront les chemins de plus en qu'il montre. The Wild Bunch ne promeut pas la terns, il n'est déclassé que pat The Searchers et plus étroits de l'ouvettute, vivre un jour de plus étant violence. Mais il ne ptopose pas non plus de té- Stagecoach tous deux signés John Ford. leur seul hotizon, leur seule victoire. Jouer avec la flexion. La répétition est un concept ironique plutôt Martin Girard mort leut seule taison de vivre. Réalisé avec un faible. Et c'est encore plus faible dans un contexte réalisme terrible, mais avec un souffle épique, le aussi tituel que les fusillades de westetn. Plusieuts

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