Richard Iii Texte William Shakespeare Traduction Dorothée Zumstein
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RICHARD III TEXTE WILLIAM SHAKESPEARE TRADUCTION DOROTHÉE ZUMSTEIN MISE EN SCÈNE LAURENT FRÉCHURET ASSISTANT A LA MISE EN SCENE : VANASAY KHAMPHOMMALA SCÉNOGRAPHIE STÉPHANIE MATHIEU LUMIÈRES ERIC ROSSI COSTUMES CLAIRE RISTERUCCI MAQUILLAGE, PERRUQUES FRANÇOISE CHAUMAYRAC SON FRANÇOIS CHABRIER MUSIQUE DOMINIQUE LENTIN, BOB LIPMAN DIRECTEUR DE PRODUCTION MOUHOUB SLIMANE AVEC DOMINIQUE PINON, THIERRY GIBAULT, NINE DE MONTAL, MARTINE SCHAMBACHER, JEAN-CLAUDE BOLLE-REDDAT, AMAURY DE CRAYENCOUR, JESSICA MARTIN, PIERRE HIESSLER, PAULINE HURUGUEN, DAVID HOURI CREATION LE 21 JANVIER 2014 AU CDR DE TOURS Production Théâtre de l’Incendie en coproduction avec le Préau-CDR de Basse Normandie-Vire, le Théâtre de Sartrouville et des Yvelines-CDN. Avec le soutien du Théâtre de Villefranche sur Saône, la participation du T2G – théâtre de gennevilliers, centre dramatique national de création contemporaine. Avec la participation artistique du jeune théâtre national. Le Théâtre de l’Incendie est conventionné par le Ministère de la Culture et de la Communication/Direction Générale de la Création Artistique, subventionné par la Ville de Saint-Etienne, le Conseil Général de la Loire, la Région Rhône-Alpes. Contacts : Laurent Fréchuret 06 82 42 27 76 [email protected] Slimane Mouhoub 06 82 16 35 49 [email protected] RICHARD III, JEU AVEC LE FEU Après la création du Roi Lear en 2007 au CDN de Sartrouville, la création, six ans plus tard de Richard III, avec ma compagnie Le Théâtre de l’Incendie, poursuit le compagnonnage artistique avec l’acteur Dominique Pinon qui interprète le rôle titre, et l’auteure Dorothée Zumstein qui fait une nouvelle traduction du chef d’oeuvre de William Shakespeare. “Je suis déterminé à jouer les méchants” dit Richard dès la scène 1 de l’acte 1. Voilà une réplique manifeste, une profession de foi qu’il faut prendre comme une note d’intention de mise en scène. Richard nous prend à témoin, force le public à être son confident (son complice jouisseur ?) dès le début de la pièce. Il revient régulièrement à nous, avant et après chaque coup d’éclat, chaque “morceau de bravoure”. Il ne nous lâchera pas. Mais nous voudrons le lâcher quand il ira trop loin, car comment suivre celui qui avance seul vers son enfer… son gouffre ? Une troupe de onze comédiens est rassemblée, éclectique, organique, fervente. Une horde théâtrale, en jeu et en mots : Dominique Pinon, Thierry Gibault, Nine de Montal… (la distribution est en cours). Une famille inquiète et inquiétante, cherchant dans ce labyrinthe de miroirs qu’est la langue shakespearienne, un jeu direct, presque brut, confectionnant voeux et sorts, bénédictions et malédictions, comme des armes pour contrer «l’irrésistible ascension » d’un monstre. L’exploration de ce monument du théâtre mondial, de cette « Pièce/Personnage » sera construite à vue, en adresse publique, en dialogue avec les spectateurs, comme autant de sujets, de voyeurs, d’initiés… de victimes ? De complices ? Une tragédie à bout de souffle, convoquant la présence dramatique pour donner corps au flux immémorial et fascinant du pouvoir, aux pulsions destructrices, tyranniques et, paradoxalement, aux pulsions de vie qui traversent l’homme. Nous assistons à la métamorphose d’une réunion de famille en un champ de cadavres. Au coeur de ce clan en pleine putréfaction, Richard est l’outil, l’accélérateur de la fin d’un monde, d’une dynastie arrivée au terme de sa décadence. Il s’engagera jusqu’au bout de ce jeu dangereux, de ce rituel, et n’y survivra pas, lui non plus. Shakespeare nous raconte la mort d’une société toute entière, dans l’espace exigüe et en ruine d’un appartement royal. Richard III est un poème dangereux, un noeud de vipère à dénouer avec la langue. Un appel au jeu comme on dit un appel au meurtre. Une tragédie mêlée à une farce, traçant avec vertige l’un des plus beau portrait du mal jamais tenté par un dramaturge. Une pensée, un souffle, un cabaret monstrueux, une partition inépuisable, un matériau brûlant, à éprouver collectivement. Laurent Fréchuret – note d’intuition, janvier 2013 SAISON 13>14, DOSSIER DE PRODUCTION, RICHARD III SAISON 13>14, DOSSIER DE PRODUCTION, RICHARD III EXTRAIT ACTE I. SCÈNE 1 traduction Dorothée Zumstein RICHARD : Donc, nous voici passés, grâce à ce soleil d’York, D’un hiver de malheur à un été de gloire Et tous les nuages qui menaçaient notre maison Gisent désormais au fond de l’océan. Nos fronts sont ornés de la couronne des vainqueurs, Nos armures froissées font office de trophées. Nos sombres appels aux armes ont laissé place aux réjouissances, Nos affreuses marches militaires à d’exquis pas de danse. Le front soucieux des guerriers s’est déplissé : Au lieu de chevaucher des montures caparaçonnées Pour terrifier des adversaires à l’âme sensible, Voici qu’ils caracolent dans l’alcôve de ces dames Bercés par les accords voluptueux du luth. Mais moi qui ne suis pas taillé pour les jeux charnels, Ou pour faire les yeux doux à mon reflet dans le miroir, Moi qui suis trop mal dégrossi et n’ai pas les attraits requis Pour faire le beau devant les nymphes aguicheuses Moi qui suis privé d’une belle allure, Lésé de toute grâce par la nature sournoise Difforme, inachevé, jeté avant terme Dans la vie – pas même à moitié fini, Et si bancal et si contrefait Que les chiens aboient quand je passe en boitant : En ce temps de paix doucereux comme le son du pipeau, Je n’ai d’autre plaisir, pour tuer le temps Que d’observer mon ombre sous le soleil Et disserter sur ma propre difformité. Par conséquent, ne pouvant jouer les amants, Pour être au diapason avec cette époque de beaux parleurs, Je suis déterminé à jouer les méchants. Et à vomir les plaisirs futiles de ce temps. J’ai intrigué, j’ai nourri des projets hasardeux, Usant de prophéties, de calomnies, de rêves Afin de susciter une haine mortelle Entre mon frère Clarence et le roi – et les dresser l’un contre l’autre. Et si Edward est aussi sincère et droit Que je suis retors, faux et perfide, Aujourd’hui même, Clarence sera sous les verrous À cause d’une prédiction qui dit que « G » Sera le meurtrier des héritiers d’Edward – Mes pensées, terrez vous au fond de mon âme : voici Clarence. SAISON 13>14, DOSSIER DE PRODUCTION, RICHARD III WILLIAM SHAKESPEARE Shakespeare naît en 1564, à Stratford Upon Avon, troisième enfant de John et de Mary Shakespeare. Lorsque son père s’installe à Stratford, il est gantier, artisan respecté, qui gravit les échelons de la notoriété et devient maire de la ville en 1568. La famille de Shakespeare est marquée par le bouleversement religieux qui survient en 1558 lorsque la reine Elisabeth succède à la catholique Marie Tudor. La sœur aînée de Shakespeare est baptisée dans la foi catholique, tandis que William l’est selon le rite de l’Eglise anglicane. John Shakespeare adhère à la nouvelle Eglise et n’est pas inquiété. William bénéficie de la culture humaniste de ses maîtres d’école issus, pour la plupart, d’Oxford. A dix-sept ans, il se fiance à la fille d’un fermier de Shottery, Anne Hathaway, de huit ans son aînée, qu’il épouse en 1582. Le couple aura trois enfants : Susanna, née six mois après le mariage et, en 1585, les jumeaux Hamnet et Judith. En 1592, Shakespeare commence à se faire un nom grâce aux représentations de Henri VI. Les premières comédies sont en gestation, mais la peste éclate, et les théâtres ferment pendant deux ans. Le voici donc écrivant de grandes œuvres lyriques, Vénus et Adonis, poème érotique, et dans un genre plus didactique, Le Viol de Lucrèce. Ces grands poèmes narratifs valent à Shakespeare l’amitié et le soutien de Henry Wriothesley, comte de Southampton, probable dédicataire des Sonnets. La présence chez Southampton de Giovanni Florio, traducteur de Montaigne, sera déterminante. A la fin de 1594, Shakespeare habite dans le quartier de Bishopsgate, non loin du théâtre ; il écrit La Comédie des erreurs, La Mégère apprivoisée et, sans doute, Les Deux Gentilshommes de Vérone, variation sur le thème des sonnets. Richard III et Le Roi Jean terminent sa première tétralogie historique. Il écrit également sa première tragédie, Titus Andronicus. L’argent rapporté par les poèmes dédiés à Southampton permet à Shakespeare d’acheter une part dans la compagnie d’acteurs du Lord Chambellan, qui s’est constituée en 1594, l’année de la réouverture des théâtres. L’activité créatrice de l’auteur prend alors un nouvel essor : Peines d’amour perdues, Le Songe d’une nuit d’été, Roméo et Juliette. La poésie entre dans l’histoire avec Richard II, tandis que les deux parties de Henri IV font alterner les scènes comiques et les scènes tragiques. En 1596, meurt à l’âge de onze ans Hamnet, le fils de Shakespeare. Par une cruelle ironie de la fortune, quelques mois plus tard, le dramaturge reçoit le titre de gentilhomme et l’écusson jadis convoité sans succès par son père. Le Marchand de Venise et Beaucoup de bruit pour rien datent de cette époque. Shakespeare participe à la création du théâtre du Globe, dont il est actionnaire. Les trois étages de gradins couverts et le parterre peuvent accueillir 3 000 personnes. Jules César est l’une des premières pièces que l’on y joue. En 1603, lorsque Jacques Ier Stuart monte sur le trône, la troupe du Lord Chambellan devient celle du roi. Mais, de nouveau, la peste ravage Londres. Les théâtres ferment, les acteurs redeviennent itinérants. Les comédies de Shakespeare s’assombrissent : Tout est bien qui finit bien et Mesure pour mesure se rapprochent d’Othello par la thématique de l’épouse abandonnée ou calomniée.