Alain De Benoist
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C’EST-À- DIRE Entretiens - Témoignages - Explications Alain de Benoist C’EST-À-DIRE Entretiens - Témoignages - Explications Volume 1 © Alain de Benoist, Paris 2006. ISBN 2-9528321-1-0 ISBN 978-2-9528321-1-3 Association des Amis d’Alain de Benoist 48 boulevard de la Bastille 75012 Paris SOMMAIRE Introduction ................................................................... 11 I. La « Nouvelle Droite » Vers de nouvelles convergences .......................................... 15 Entretien avec « Le Monde » ............................................. 31 Un échange avec Alain Caillé ............................................ 39 Un entretien censuré par « Le Monde » .............................. 77 La Nouvelle Droite, 1968-1998 ........................................ 87 Entretien avec « Le Félin identitaire » ................................. 91 8 C’est-à-dire Entretien avec « Kshatrya » ............................................... 101 Entretien avec « Réfléchir et agir » ...................................... 107 Entretien avec « La Repubblica » ....................................... 113 Entretien avec « Jeune Résistance » .................................... 123 Entretien au Mexique ....................................................... 131 Entretien en Pologne ......................................................... 141 Entretien en Afrique du Sud .............................................. 147 Entretien avec « Zinnober » ............................................... 155 Un débat en Amérique ...................................................... 179 II. Droite, gauche Les quatre péchés capitaux de la droite française .................. 237 Entretien avec « La Revue indépendante » .......................... 245 Entretien avec Francesco Germinario ................................ 251 Entretien avec « Ora locale » ............................................. 273 Entretien avec « L’Aviso » ................................................. 283 Entretien sur les droites françaises (I) ................................. 295 Entretien sur les droites françaises (II) ............................... 299 Sommaire 9 III. La « pensée unique » Entretien avec « Français d’abord » .................................... 315 Une table ronde sur le « politiquement correct » ................... 319 Les « nouveaux réactionnaires » ......................................... 339 INTRODUCTION J’ai publié à ce jour environ quatre cents entretiens. Beaucoup, bien entendu, n’étaient que des entretiens de circonstance, tels ceux que l’on accorde aux journalistes à l’occasion d’un événement, d’un colloque ou d’un déplacement. D’autres étaient des entretiens beaucoup plus substantiels, rédigés par écrit et dans lesquels on s’efforce d’aller au fond des choses. Parmi ces derniers, j’en ai choisi une soixantaine, qui se trouvent reproduits dans ces deux volumes. Certains ont été visiblement plus travaillés que d’autres. La moitié d’entre eux ont été donnés à des publications étrangères, et se trouvent ici publiés pour la première fois en français. Quelques-uns d’entre eux sont totalement inédits. L’entretien est un genre particulier, dont le style diffère par nature de ce que j’ai l’habitude d’écrire par ailleurs. Il n’est pas question, par exemple, d’y faire figurer des notes en bas de page ! Un entretien est un dialogue : on y répond à des questions, dont certaines surprennent parfois celui à qui elles sont posées. Mais c’est une formule appréciable, je dirais même irremplaçable, car tout à fait complémentaire des articles et des livres. Elle permet de dire, sous une forme vivante, ce que l’on croit nécessaire d’être dit. D’où le premier sens du titre : C’est à dire. Mais elle permet aussi de répondre aux objections, de déve- lopper sa pensée, d’expliciter ce que l’on a peut-être exprimé ailleurs de façon trop allusive ou lapidaire. D’où le second sens, lié à la locution conjonctive : C’est-à-dire. 12 C’est-à-dire Chacun de ces deux volumes est divisé en plusieurs parties. Dans le pre- mier volume sont réunis les entretiens ayant trait à la gauche, à la droite, à la « Nouvelle Droite », au « politiquement correct », à la pensée unique. Le second traite aussi bien des questions d’actualité, de la première guerre du Golfe au « choc des civilisations », que des questions théoriques : le libéralisme et la société marchande, l’idéologie des droits de l’homme, l’Europe, le fédéralisme, l’écologie, la démocratie participative, le populisme, le communautarisme, etc. S’y ajoutent des entretiens sur les questions religieuses, ainsi qu’un certain nom- bre de témoignages : sur Mai 68, sur Charles Maurras, sur Georges Dumézil, sur Louis Pauwels, etc. Afin de leur conserver leur caractère d’origine, j’ai peu retouché le texte de ces entretiens, qui correspondent parfois à des étapes ou des strates diffé- rentes de ma pensée. Je me suis contenté d’en retrancher certaines parties un peu trop datées, ou mal formulées, et d’éliminer quelques inévitables redites. J’ai également fait les corrections de forme qui s’imposaient. L’ensemble, je crois, constitue un panorama complet de mes analyses et de mes idées. A. B. LA «NOUVELLE DROITE » VERS DE NOUVELLES CONVERGENCES Le premier numéro de Nouvelle Ecole est paru en février 1968, le GRECE (Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne) est né un an plus tard. Dix-huit ans après, je dressais un premier bilan. Entretien paru dans le magazine Eléments, Paris, 56, décembre 1985-février 1986, pp. 12-18. Questions de Michel Marmin. La Nouvelle Droite a aujourd’hui dix-huit années d’existence. Et voilà dix-huit ans que tu es le chef de file de ce mouvement de pensée dont tu as vécu personnellement toute l’histoire, et même, si je puis dire, la préhistoire. Quel bilan pourrais-tu en tirer ? Un rappel, pour commencer. Le courant de pensée auquel on a par la suite donné le nom de Nouvelle Droite est apparu début 1968, à peu près au moment où apparaissait aussi (mais, elle, à grand renfort de publicité) la Nouvelle Gauche. De cette dernière, que reste-t-il aujourd’hui ? Quasiment rien. Les soixante- huitards se sont égarés dans des groupuscules ou reconvertis dans la respecta- bilité bourgeoise. La ND, non seulement est toujours là, mais son audience n’a cessé de croître. A l’heure où toutes les familles de pensée sont gagnées par le doute et le désenchantement, où le socialisme n’est plus qu’un simulacre, où les tenants de droite et de gauche du système occidental se replient sur le plus 16 C’est-à-dire petit commun dénominateur que constitue l’idéologie des droits de l’homme, la ND reste le seul espace critique de réflexion qui se tienne clairement à l’écart de la convergence « libérale-libertaire », sans s’être pour autant évanouie en fumée. J’irai même jusqu’à dire que c’est chez elle que ce qu’il y avait de meil- leur dans la révolte de mai 1968 (la critique du règne de la quantité, la reven- dication d’un sens pour la vie collective) peut encore aujourd’hui se retrou- ver. Il me semble que ce n’est pas négligeable. Je ne vais pas dresser ici le bilan de tout ce que nous avons pu faire depuis dix-huit ans. L’histoire de la ND sera écrite un jour, du moins je l’espère. Un fait est certain : la ND est aujourd’hui, « à droite », la seule école de pensée qui existe. Quelle autre mouvance intellectuelle pourrait-on citer ? Il y a bien, ici ou là, des groupes qui s’occupent de secteurs spécialisés, économiques notam- ment. En connais-tu qui travaillent simultanément dans tous les domaines que nous abordons ? Qui apportent des réponses théoriques cohérentes aussi bien en sociologie qu’en historiographie, en philosophie, en psychologie, en his- toire des religions ? Qui prennent position sur le principe de non-séparabilité en microphysique, sur l’émergence conjointe du marché et de l’Etat, sur la psy- chologie de la forme et ses rapports avec l’organicisme, sur la géopolitique du Tiers-monde? Pour ma part, je n’en vois pas. Tu as débuté très jeune dans la presse de droite et, pendant un certain nombre d’an- nées, tu as soutenu des positions politiques somme toute « classiques » sur des thè- mes comme l’Algérie française, le soutien à l’intervention américaine au Viêtnam,etc. Rétrospectivement, ces positions semblent en totale contradiction avec celles que tu développes aujourd’hui, par exemple sur le Tiers-monde. A quel moment s’est opé- rée ta rupture avec la droite traditionnelle ? Et cette rupture a-t-elle été brutale, ou au contraire a-t-elle été l’aboutissement d’une plus lente maturation ? L’année 1960, pour moi, c’est à la fois l’année du bac et celle des «barricades ». Je fais donc partie, comme toi, de cette génération dont la conscience politi- que s’est éveillée dans le contexte de la guerre d’Algérie. L’époque n’était pas aux approfondissements doctrinaux ni aux positions nuancées. La rupture dont tu parles est intervenue assez progressivement, sous l’effet de la réflexion. La période-clé correspond sans doute aux années 1966-67. La ND est dans une certaine mesure née de cette rupture, qui n’est pas tant une rupture stratégi- que qu’une complète rupture de perspective et d’inspiration. A l’époque, nous Vers de nouvelles convergences 17 ne savions pas encore très bien ce que nous voulions faire, mais nous voulions « repartir à zéro » : il ne pouvait plus être question de répéter des slogans sans être allés voir de plus près ce qu’ils recouvraient. La rupture s’est opérée sur bien des plans. Rupture avec l’action politique, qui continue personnellement à m’apparaître d’une grande stérilité.