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Comme en 2006 et 2008, l’EN vit un échec recommencé

L’Algérie peut-elle aller au Mondial ?

Éliminée sans gloire de la 29e Coupe d’Afrique des nations, l’équipe nationale a finalement été fixée sur son véritable niveau actuel : aux antipodes des grands du continent. S’ils ont montré qu’ils pouvaient rivaliser, par intermittence, avec les grosses cylindrées africaines comme ils l’ont fait face aux réservistes ivoiriens lors d’un intense quart d’heure durant lequel ils ont scoré par deux fois ce qui restera comme leur seul et maigre butin offensif du tournoi, les Verts se sont, ainsi, situés dans la hiérarchie africaine via la vérité du terrain dans une compétition relevée et révélatrice. A ceux qui disaient que cette EN version Vahid Halilhodzic n’était bonne à cracher le feu que face aux petits bras du circuit comme la Gambie, le Rwanda et autre Libye, l’échec algérien lors de cette CAN sud-africaine a donné de solides arguments à faire valoir. Les autres, ceux qui avancent mordicus que cette sélection a quand même réussi “quelque chose” à Rustenburg comme “jouer bien au foot”, trouvent de leur côté, en dépit de cette élimination au premier tour, que cette EN “a de la gueule” ! Mais plus que l’épithète à attribuer à la prestation d’ensemble de l’équipe nationale en Afrique du Sud, c’est surtout sa capacité de réaction et ses chances de qualification au Mondial 2014 qui imposent au débat de se tourner rapidement vers l’avenir proche et les échéances, à court terme, qui attendent la bande à Vahid Halilhodzic. C’est de cet angle précis que la décision de la FAF et de son président Mohamed Raouraoua (de maintenir le sélectionneur à son poste) prend tout son sens, celui d’avoir privilégié une continuité dans le travail et de n’avoir pas donné suite aux multiples requêtes et autres doléances appelant à limoger le technicien bosniaque. Cela aura, non seulement le mérite de ne pas casser à la base tout le travail technique effectué depuis maintenant presque dix-huit mois et soulagera le groupe de joueurs composant cette EN des contraintes de réadaptation à un nouveau discours et à une nouvelle méthode de travail, mais mettra aussi et surtout Vahid Halilhodzic devant ses (nouvelles) responsabilités dictées par un contexte où il sera désormais question de résultats forcément positifs. De la justesse de l’analyse des causes de l’échec sud-africain dépendra, d’ailleurs, les leçons à retenir, les erreurs à corriger, les lacunes à combler et les stratégies à revoir.

Yazid Mansouri avait raison… Il y a eu forcément beaucoup de choses qui n’ont pas marché à Rustenburg. Il y a eu également des satisfactions et des points plus positifs à retenir, lesquels, constitueront logiquement les jalons sur lesquels se fondera Vahid Halilhodzic pour reconstruire rapidement un groupe capable de relever le défi des éliminatoires de la Coupe du monde 2014. Avec huit mondialistes, Raïs M’bolhi, , , , Adlène Guedioura, , et , l’expérience, certes éphémère, mais fort enrichissante de cette CAN, la forte envie de rédemption auprès du toujours exigeant public algérien et les signaux positifs lancés depuis Rustenburg en matière de volonté toujours affichée de faire le jeu et d’aller vers l’avant, l’actuelle sélection nationale semble détenir les moyens de ses ambitions mondialistes à même de permettre à l’Algérie de se qualifier pour une deuxième coupe du monde de suite, ce qui n’était plus arrivée depuis… 27 ans (1986) et d’égaler ainsi la performance de la génération des Ziani, Yahia, Belhadj et autre Bougherra. D’autant plus qu’avant de transformer l’Algérie entière en une gigantesque salle de fêtes à ciel ouvert à la faveur de leur historique qualification au Mondial 2010 aux dépens de double champions d’Afrique égyptiens, les coéquipiers du leader avaient connu semblable, sinon pire mésaventure. Personne n’a, d’ailleurs, oublié qu’avant la belle et folle épopée des éliminatoires jumelées de la CAN et du Mondial 2010, les Mansouri, Ziani, Yahia, Belhadj et Bougherra s’étaient montrés incapables, ne serait-ce, que de se qualifier aux Coupes d’Afrique 2006 et 2008, se faisant, respectivement, ridiculiser par le Gabon, la Guinée et la Gambie dans ce qui restera, pour l’histoire, comme quelques-unes des plus sombres pages du sport-roi national. Bâtie sur les fondations de la sélection que s’efforcera de construire le Belge Georges Leekens et de laquelle héritera par la suite le Français Jean-Michel Cavalli, l’EN-2010 n’est, ainsi, pas le fruit unique de la “réflexion” du seul . L’histoire semble, pour ainsi dire, se répéter. A l’instar de sa glorieuse devancière, cette génération des Feghouli, Boudebouz et autres Kadir et Soudani est tenue au possible, à savoir mettre au profit l’expérience acquise pour qualifier l’Algérie à la Coupe du monde 2014. “Ce serait dommage, vraiment dommage de casser cette équipe ou de la condamner à ne plus évoluer ensemble. On vient, certes, de rater la qualification à la Coupe d’Afrique des nations, mais l’avenir est encore devant nous car nous possédons encore une grande marge de progression. Il faut croire en cette équipe, en ses individualités, en son collectif, en son esprit de groupe et en ses ambitions de réussir de belles choses sur la scène internationale. On apprend de nos erreurs et je vous assure que si on continue à travailler comme on le fait, ensemble, les résultats ne tarderont pas à arriver et nous pourrons, dès lors, concrétiser nos objectifs”, confiait, à Liberté, dans une discussion à bâtons rompus, le milieu de terrain et capitaine… , un certain 4 septembre 2005 au soir, aux abords du vestiaire du stade Ahmed Zabana où l’EN venait d’être atomisée par le Nigeria de Nwankwo Kanu et d’Obefami Martins (2-5) et éliminée de la course à la CAN-2006. Trois ans plus tard, aguerri par cette contre-performance et par bien d’autres déconvenues, le même groupe de joueurs parviendra, non pas seulement à assurer sa place à la CAN parmi les meilleurs du continent, mais aussi et surtout à composter son billet pour le tournoi planétaire qu’a été la Coupe du monde 2010. Un exemple vivant, à méditer.

R. B.