Villes et Pays d’art et d’histoire Pays Montmorillonnais laissez-vous conter les « voyages » et les pèlerinages locaux Le développement du christianisme murs construits en pierre et briques dans Statue antique Les pèlerinages locaux et les « voyages » trouvée dans notre région s’est sans doute fait la tradition antique ou du Haut Moyen à proximité dans une relative douceur. Certains Âge. Ainsi, certains pèlerinages puisent de l’église sanctuaires païens ont été christianisés. peut-être leurs racines dans l’Antiquité. Saint-Divitien Ce patrimoine immatériel et matériel constitue une richesse du territoire montmorillonnais. à Saulgé. À partir des différentes études réalisées sur ce secteur, il a été possible de repérer 40 communes Dans cette transformation, on peut déceler deux approches : la volonté Au cours du Moyen Âge, le culte marial sur 47 conservant des témoignages de ces pratiques. Dans certains cas, les « voyages » de maintenir une continuité de culte et le culte des saints se développent de s’accomplissent toujours. Le pays possède un maillage important de fontaines votives, entre le païen et le chrétien, mais aussi façon considérable. La Vierge, Mère de de croix, de chapelles et d’églises où se trouvent les « images » des saints, peintures ou statues. le désir de montrer la prééminence Dieu, est humanisée dans ses différentes Un patrimoine cultuel et culturel important qu’il convient de sauvegarder et de valoriser. du christianisme sur le paganisme. représentations : Vierge à l’Enfant, Vierge Si certains sites ont été détruits, allaitante, Piéta. Les saints, plus proches d’autres ont pu être utilisés pour partie des hommes, souvent martyrisés pour en marge de la médecine dans la nouvelle construction. La leur foi, sont des intercesseurs privilégiés (registres paroissiaux) contribuent à la conventionnelle, en lien avec la continuité n’est pas toujours prouvée, auprès de Dieu. Saints protecteurs ou saints connaissance de ce sujet. Ainsi le pèlerinage religion mais avec des procédés mais quelques éléments permettent guérisseurs ont les faveurs des fidèles. de Saint-Rémy est attesté en 1766. s’éloignant là encore des parfois d’émettre cette possibilité. À chemins officiels. Par ailleurs, Civaux, l’église mérovingienne et le Les pratiques de ces périodes les plus Au XIXe s., les textes se multiplient et des ces pratiques se font en lien baptistère s’implantent clairement sur anciennes sont-elles les mêmes que celles « enquêtes » sont menées par quelques érudits étroit avec la vie rurale. La un sanctuaire antique. À Cherchillé, des XIXe et XXe s. mieux connues ? Peu ou bien l’autorité religieuse elle-même. protection, la bonne santé, voire à Sillars, une statue antique a été d’éléments nous permettent de trancher. Ainsi en 1856, l’évêque de Poitiers envoie un la guérison des hommes sont le trouvée sur le site de la fontaine La prudence s’impose. questionnaire dans toutes les paroisses avec plus souvent demandées, mais Saint-Marc, dite fontaine des malades. notamment des questions qui concernent certains pèlerinages locaux À Saulgé, une statue antique a été ce sujet : « Y a-t-il présentement, ou y touchent aussi la protection L’église Saint-Gervais-et-Saint-Protais de Civaux mise au jour à proximité de l’église La connaissance sur les pèlerinages a-t-il eu autrefois quelque signe public du est construite sur un sanctuaire gallo-romain. des animaux et des cultures. et les dernières restaurations de locaux et les « voyages » est culte en l’honneur de quelque personnage Chapelle d’Entrefins à Adriers. deL’origine ces pratiques l’église ont permis de repérer des très partielle. Pour les périodes non canonisé ou béatifié régulièrement ? Les pèlerinages locaux, relevant d’un anciennes, et notamment le En quoi consistent ces signes de culte ? usage collectif, se pratiquaient de façon Moyen Âge, seuls quelques textes et y a-t-il quelque superstition populaire Deux raisons principales motivent les régulière, chaque année à date fixe, ou Les deux pratiques peuvent Éléments de apportent des informations sur de à l’occasion de quelque Saint réel ou pèlerinages depuis le Moyen Âge : la lors d’événements particuliers (épidémies, se faire conjointement. construction rares exemples. Ainsi, à Plaisance, prétendu ? ». Les réponses sont plus ou recherche du pardon d’une part, le recours épizooties, sécheresses, inondations …). antiques ou du les pèlerinages à la Vierge sont moins détaillées en fonction des prêtres. Haut Moyen Âge ou le remerciement, d’autre part. Les Ces lieux de pèlerinage étaient nombreux dans le mur de attestés au Moyen Âge. Les pèlerinages locaux et les « voyages », Les « voyages » découlent plus en Montmorillonnais, et certains sites sont l’église Saint- témoignages écrits se développent L’autre source importante, la pratiqués en Montmorillonnais ou dans d’une démarche individuelle. encore régulièrement visités. Les demandes Divitien à Saulgé. un peu plus aux XVIIe et XVIIIe s. transmission orale, reste essentielle. certaines autres régions de France (Berry, « Faire ses voyages » consiste à se rendre sont variées : guérir de maladies infectieuses, En Montmorillonnais, le journal Limousin, Bretagne …), ne relèvent pas, dans un lieu de culte, ou plusieurs, de maladies « nerveuses », inciter les enfants de M. Demaillasson, avocat à Pour ces différentes sources, il convient pour la majorité, de la quête du pardon, mais pour invoquer un saint guérisseur ou à marcher, empêcher les enfants de pleurer Montmorillon, celui d’Hilaire d’analyser la façon dont les collectes, orales ou bien du recours ou du remerciement. Ils sont protecteur et obtenir son recours pour la nuit, stimuler la fécondité, faire tomber Viguier des Cosses, et quelques écrites, ont été faites, par qui et dans quel but souvent liés à des pratiques thérapeutiques répondre à un problème personnel. la pluie, demander le beau temps… La connaissance de ces pratiques documents des archives religieuses et de rester prudent face aux interprétations. 2 3 Les pratiques Les pratiques sont essentiellement Les pèlerinages exceptionnels connues pour les XIXe et XXe s. Lors d’épidémies de grande ampleur ou bien de calamités comme des sécheresses ou de Il faut distinguer les pratiques collectives fortes inondations, la population a recours et les dévotions individuelles. aux saints. Certains saints avaient plus particulièrement la réputation de pouvoir y En Montmorillonnais, pour la période remédier. Victor Bardet qui a publié le journal médiévale, les sources livrent peu de M. Demaillasson évoque les processions Statue de saint d’informations sur les pèlerinages locaux. qui étaient faites en temps de sécheresse, à Thibault à Millac. Par ailleurs, les supports des dévotions Millac, à la chapelle Saint-Thibault et à la On devine les rubans laissés de cette époque ont souvent disparu et fontaine associée, afin de demander la pluie : lors des voyages. les éléments les mieux conservés sont « le porte-croix plongeait le bâton de la Procession de la Vierge miraculeuse le Mardi de la Pentecôte à Montmorillon, La chapelle Saint-Thibault à Millac. des peintures murales. Les témoignages, devant la chapelle Saint-Laurent. croix dans la fontaine, pendant que le prêtre ponctuels aux XVIIe et XVIIIe s., et les fidèles récitaient les prières, et très deviennent plus fréquents au XIXe s. souvent au retour, il tombait une averse ». Les habitants de Persac semblent et au début du XXe s. Cependant, si on Deux types de pèlerinages peuvent Le rituel peut varier selon les lieux, Saint Paul à Concise, à Montmorillon, aller chercher la pluie auprès d’une relate plus facilement les pèlerinages se distinguer. Le premier correspond mais en général un office religieux avait la même réputation. Les fidèles fontaine située à Moussac. collectifs annuels ou exceptionnels, les à une pratique fixée dans le temps, se tient dans l’église, la chapelle, menaient en procession la statue jusqu’à À Montmorillon, c’est à la Vierge, conservée évocations des pratiques individuelles régulière ; le second répond à un besoin voire en plein air selon les sites. Une une fontaine dans laquelle on la baignait dans l’église Notre-Dame, que la population restent plus confidentielles, voire même ponctuel de faire face à un problème grande procession se déroule selon trois fois. Le saint était également et le clergé font appel lors des inondations secrètes. Ces pratiques se transmettent particulier, une épidémie par exemple. un cheminement codifié en rapport sollicité pour obtenir le beau temps. importantes qui surviennent dans l’hiver 1789. essentiellement de façon orale. avec le lieu et la fonction du saint. Le souvenir de ce « miracle du pont » fut Les pratiques régulières Très souvent une fête populaire, commémoré ensuite le Mardi de la Pentecôte. Les pèlerinages locaux collectifs se une « assemblée » y est associée. déroulent chaque année à une date Les forains s’installent pour l’animer Statue de saint Pardoux portée en procession à Pindray pour la protection du bétail. fixe, avec le clergé, le plus souvent et la journée peut même s’achever par le jour de la fête du saint, mais pas un bal. À Loubressac, à Mazerolles, nécessairement. Le Montmorillonnais, cette tradition a perduré jusqu’à proche de plusieurs autres régions, la Seconde Guerre mondiale, et à accueille également les fidèles venant la chapelle Sainte-Radegonde à du Limousin, de la Charente et du Verrières, ces assemblées se tenaient Berry. Ces événements importants encore dans les années 1960. Vitrail du XIXe s. dans la chapelle de la Vierge ont fait l’objet de cartes postales, à de l’église Notre-Dame à Montmorillon. Ce vitrail rappelle le miracle du pont. Pèlerinage annuel à saint Nicolas à Montmorillon, Montmorillon par exemple, pour le 25 avril. Les pèlerins viennent avec leurs chars le pèlerinage à saint Nicolas et à bancs de toutes les régions environnantes. Les pratiques collectives celui du Mardi de la Pentecôte. 4 5 Le gisant du Vigeant, pris pour saint Les offrandes Ces pratiques sont Il est également possible d’aller Eutrope, a vu ses pieds s’effriter au fil des Les personnes laissent une offrande, toujours probablement anciennes, mais directement sur les sites sans passer ans.