Dossier de presse Accrochage mahj.org

Hommage aux donateurs 7 mars 2018 – 13 janvier 2019

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Conception graphique Doc Levin

Hommage aux donateurs

Accrochage 7 mars 2018 – 13 janvier 2019 Issu de la volonté commune de l’État, de la Ville de et des institutions juives, le musée d’art et d’histoire du Judaïsme était inauguré en novembre 1998 dans l’hôtel de Saint-Aignan, mis à disposition par la Ville. À l’ouverture, le mahJ présentait deux ensembles majeurs déposés par le musée national du Moyen Âge : les stèles funéraires médiévales, données par Louis Hachette en 1853, ainsi que la collection constituée au XIX e siècle par Isaac Strauss (1806-1888) et acquise en 1890 par Charlotte de Rothschild (1825- 1899) pour le musée de Cluny. L’accrochage faisait aussi une place au fonds du musée d’Art juif de Paris, créé en 1948, qui joua un rôle actif dans la création du mahJ et donna sa collection en 2002. S’y ajoutaient des dépôts de diverses institutions et des acquisitions effectuées à partir de 1988.

Au fil des années, les collections ont été enrichies par des achats, mais elles seraient infiniment moins diverses sans les quelque trois mille dons reçus de personnes privées, attachées au musée et désireuses de rendre tangible l’histoire des juifs en , celle de leur communauté ou, plus modestement, celle de leur famille. Par leur générosité, ces donateurs ont doté le mahJ d’œuvres qu’il n’aurait pu acquérir et qui ont permis de combler des lacunes, notamment sur le Maghreb et le Levant, et de renforcer la cohérence de la collection.

À l’occasion de son vingtième anniversaire, le musée rend hommage à la générosité de ces six cents donateurs qui ont fait le choix de transformer en un bien public inaliénable une partie de leur patrimoine. L’accrochage met à l’honneur une centaine d’entre eux auprès des œuvres qu’ils ont données. Chacun fait l’objet d’un cartel qui tente de rendre compte de sa personnalité et de l’esprit de son geste.

Les œuvres sont présentées tout au long du parcours, de la salle d’introduction (1 er étage) aux combles (2 e étage), du Moyen Âge au XX e siècle, de la plus ancienne Torah de la collection aux peintres de l’École de Paris. Dans le foyer de l’auditorium (sous-sol), un ensemble d’œuvres du XX e siècle rend compte de la diversité des collections modernes et contemporaines. Enfin, la courette (à proximité de la librairie) abrite une nouvelle version des Habitants de l’hôtel de Saint-Aignan en 1939 , œuvre conçue pour le mahJ et offerte par Christian Boltanski en 1998.

COMMISSARIAT GÉNÉRAL Paul Salmona

COMMISSARIAT Dorota Sniezek, avec la collaboration de Nicolas Feuillie et de Fanny Schulmann

SCÉNOGRAPHIE Alice Geoffroy

GRAPHISME Emmanuel Somot

CONTACT PRESSE Sandrine Adass 01 53 01 86 67 ; 06 85 73 53 99 ; [email protected]

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Parcours

Collections permanentes

L’accrochage suit le déroulement du parcours permanent et met en évidence l’importance des dons dans les collections. Après la salle d’introduction, il adopte une logique chronologique et géographique : le Moyen Âge en France et en Espagne, les juifs en Italie, Amsterdam au XVII e siècle, le monde ashkénaze traditionnel, les judaïsmes levantin et maghrébin, l’émancipation en France, l’affaire Dreyfus, les juifs dans la Grande Guerre, les avant-gardes en Europe orientale, l’École de Paris.

Quelques œuvres majeures ponctuent le parcours, comme la Torah espagnole offerte par la famille d’Inna et Élie Nahmias, la stèle d’Ennezat sauvée par Berthe-Paulette Abravanel, les poèmes liturgiques de Simon Ben Tsemah Duran offerts par ses lointains descendants, les Funérailles juives d’Alessandro Magnasco (1667-1749) acquises grâce à un donateur anonyme, la soukkah acquise avec l’aide décisive de Claire Maratier, la Femme au hennin de Félix Barrias (1822-1907) offerte par Georges Aboucaya, Le Pogrom de Kichinev de Jules Grandjouan (1875-1968) donné par Théo Klein, les documents de l’affaire Dreyfus donnés par la famille du capitaine, les œuvres de l’École de Paris données, là encore, par Claire Maratier, fille du peintre Michel Kikoïne (1892-1968), les œuvres de Lasar Segall (1891-1957) offertes par Lucy Citti Ferreira, pour n’en citer que quelques-unes.

Foyer

Dans le parcours permanent, les dons contribuent au propos que le mahJ a porté dès sa création, déployant une vision du judaïsme unique dans le paysage muséal européen par son spectre chronologique comme par sa diversité géographique. Dans le foyer de l’auditorium, les œuvres montrent comment les contacts noués avec les donateurs ont permis d’infléchir le projet originel du musée de façon parfois inattendue. Ces évolutions s’articulent principalement autour des résonances de l’histoire contemporaine dans les cultures du judaïsme.

Parmi les œuvres présentées, nombreuses sont celles qui portent, par l’histoire à laquelle elles se rattachent, la marque de la Shoah : de la trajectoire de Léon Weissberg (1895- 1943), assassiné à Majdanek, des portraits par Zber (1909-1942) de ses codétenus à Beaune-la-Rolande, jusqu’aux poupées de Michel Nedjar (né en 1947) et aux Funérailles de Judith Bartolani (née en 1957). D’autres ensembles permettent d’évoquer d’importantes libéralités, qui font du mahJ un lieu de référence pour certains artistes : les donations de Rubin Lipchitz, frère du sculpteur Jacques Lipchitz (1891-1973), ou de Kiyoko Lerner, veuve de Nathan Lerner (1913-1997), parmi d’autres. Enfin, des œuvres témoignent du dialogue privilégié engagé par le mahJ avec certains artistes comme Cécile Reims (née en 1927) ou Micha Ullman (né en 1939) et montrent une collection en constante évolution.

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rapprocher des gravures et des plans publiés à l’usage des voyageurs désireux

Les donateurs de voir les lieux saints, et propagés par l’essor de l’imprimerie. La réalisation de Les donateurs auxquels le mahJ rend cette Vue de Jérusalem précède de peu hommage de mars 2018 à janvier 2019 l’engouement des Occidentaux pour les sont présentés dans l’ordre dans lequel voyages en Orient qui se développera à ils apparaissent dans les salles. Chaque partir de la seconde moitié du notice est suivie de l’œuvre donnée mise XVIII e siècle. en exergue dans le parcours permanent, dans le foyer de l’auditorium et dans la Anonyme médiathèque. Vue de Jérusalem 1740 Parcours permanent Huile sur toile Don de Vivian Ostrovsky en 2016, en

mémoire de son père, Georges (Rehor) Carole Benzaken Ostrovsky Née en 1964 à Grenoble, Carole Benzaken

vit et travaille à Paris. Diplômée de Famille Kraemer l’école nationale supérieure des Beaux- Vice-président et trésorier du mahJ de Arts de Paris, elle a été lauréate du prix 1988 jusqu’à son décès en 2011, Philippe Marcel Duchamp en 2004. Ses premières Kraemer a joué un rôle important dans la œuvres font appel à une palette de création et le développement du musée. couleurs vives et franches et jouent sur Antiquaire renommé, il avait été l’une les effets de transposition des images. des personnalités les plus actives du L’étude des textes bibliques, une comité du musée d’Art juif de la rue des invitation à exposer dans un centre d’art Saules. Après sa disparation, sa famille a en Pologne bâti sur les ruines d’une offert au mahJ ce décret de l’Assemblée synagogue incendiée par les nazis en nationale, daté de 1790, rappelant la 1939, font prendre à son œuvre un protection juridique dont jouissent les tournant. Elle entreprend la réalisation juifs de France avant leur émancipation de cette Megillah ben Adam , inspirée de en 1791. la vision d’Ezéchiel sur les ossements

desséchés. Elle travaille sur les versets 1 Proclamation du Roi sur un décret de à 14, transpose ses images, prélevées l’Assemblée Nationale concernant les dans la presse ou dans ses Juifs photographies personnelles, au sein du Imprimerie Jean-Baptiste Capel texte, sans chercher à l’illustrer. Dijon, 1790

Don de la famille Kraemer en 2013 Carole Benzaken (Grenoble, 1964)

Megillah ben Adam Famille JustmanJustman----TamirTamir Paris, 2011 Descendants de Chana Orloff (1888- Don de l’artiste en 2012 1968), les membres de la famille

Justman-Tamir, et notamment Ariane Vivian Ostrovsky Tamir et Éric Justman, petits-enfants de Ce tableau, offert par Vivian Ostrovsky à l’artiste, s’occupent encore aujourd’hui la mémoire de son père, est une très de l’atelier de leur grand-mère, à la villa belle représentation de Jérusalem, Seurat, à Paris. Construit par Auguste peinte sans doute dans la ville même. On Perret dans les années 1920, ce lieu est ne connaît pas son auteur, mais on peut un écrin moderniste qui permet de saisir supposer que l’œuvre était destinée à la place particulière qu’a tenue la célébrer le souvenir d’un pèlerinage ou sculptrice dans l’histoire des avant- d’un voyage ; la minutieuse légende en gardes parisiennes. bas précise sans doute les lieux Née en Ukraine dans une famille qui fuit recherchés et visités par les nombreux les pogroms en 1905 et s’établit en pèlerins et voyageurs. Palestine, Chana Orloff émigre à Paris en Ce n’est probablement pas une peinture 1910 et travaille d’abord comme styliste, exécutée à l’intention d’une avant de devenir sculptrice, et de se lier communauté juive, car elle met en avant avec les artistes de . les nombreux sites du Nouveau Connue comme une grande portraitiste, Testament. À cet égard, on peut la elle livre ici une représentation

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allégorique de l’artiste juif, qui résonne famille, aujourd’hui installée en France. avec le destin de nombreuses Cet ouvrage a été offert au mahJ à la personnalités de l’École de Paris. suite d’une réunion familiale au cours de laquelle tous les membres se sont Chana Orloff (Tsare Konstantinovska, déclarés consentants. Ukraine, 1888 – Tel-Aviv, 1968) Le Peintre juif (Reisin ?) Simon Ben Tsemah Duran et Salomon Paris, 1920 Ibn Gabirol Bronze patiné Poèmes liturgiques ( piyyoutim ) pour Don de la famille Justman-Tamir en 1998 Rosh ha-Shanah et Yom Kippour Espagne, Majorque, Catalogne ou BertheBerthe----PaulettePaulette Abravanel Baléares, avant 1391 Née dans une famille originaire d’Alep, Don des descendants de Rabbi Simon Berthe-Paulette Adès (1918-2003) ben Tsemah Duran en 2002 épouse Edgar Abravanel en 1937. Réfugiée au Congo de 1943 à 1945, elle Max Wechsler est auditrice à l’École du Louvre dans les L’importante donation de Max Wechsler années 1950, puis crée le groupe réunit des œuvres réalisées entre 1984 « Jeunes » au sein de l’Union des et 2015 avec la technique du papier Israélites séfardis de France. Dans les marouflé (encollé sur toile). Uniques par années 1970, elle fonde l’Élan de leurs dimensions et leurs textures, ces solidarité nationale en faveur du œuvres répondent à des principes patrimoine historique et artistique de la établis par l’artiste dès 1983 : l’emploi France et s’oriente vers le mécénat exclusif du noir et blanc, ainsi que de industriel. papiers imprimés de textes, que celui-ci Membre de la commission des Archives déchire, retravaille, recouvre. juives, elle agit pour la protection du Né en 1925 à Berlin, Max Wechsler arrive cimetière juif médiéval d’Ennezat. C’est seul à Paris en 1939. Ses parents sont dans ce bourg du Puy-de-Dôme qu’elle déportés à Auschwitz en 1943. Les organise, en 1976, le sauvetage de cette donations au mahJ en 2003 puis en 2015 stèle funéraire mise au jour par un viennent sceller un dialogue entamé décollement de l’enduit de façade d’une depuis de longues années entre le maison au 5, rue de la Fontaine. Berthe- musée et l’artiste, qui a reçu en 2003 le Paulette Abravanel finance la réparation prix Maratier décerné par la fondation du mur et la dépose de la stèle, qu’elle Pro mahJ. donne au musée d’Art juif. Max Wechsler (Berlin, 1925) Stèle funéraire (fragment) Sans titre Ennezat, Puy-de-Dôme, XIII e siècle (?) Paris, 2001 Andésite (lave) Panneaux marouflés Inscription : « Joseph fils d’Abraham, qui Don de Max Wechsler en 2003 s’en fut le troisième jour de la péricope […] » Giuliana Moreno Fonds du musée d’Art juif, don de Installée à Tunis depuis la fin du Berthe-Paulette Abravanel en 1976 XIX e siècle, où les juifs italiens constituaient une communauté Bernard, JeanJean----Paul,Paul, LéonLéon----GeorgesGeorges et importante et dynamique – les Granas –, Robert Durand la famille de Giuliana Moreno était Les Durand sont les descendants de originaire de Livourne. En hommage aux Simon ben Tsemah Duran, dit siens, la donatrice a offert une partie de « RaShBaTs », un éminent rabbin de la ses archives, des objets de culte, des seconde moitié du XIV e siècle. Né aux bijoux, pour certains hérités de sa famille Baléares en 1361 dans une famille comme cette boîte à aromates italienne. d’origine provençale, celui-ci devint chef Giuliana Moreno l’utilisait pour la du tribunal rabbinique d’Alger après cérémonie de la havdalah (séparation), avoir quitté Palma de Majorque lors des qui marque la fin du shabbat. On humait émeutes antijuives de l’été 1391. les herbes odoriférantes qui s’y Ses descendants ont donné au mahJ en trouvaient pour garder à l’esprit le 2002 un exceptionnel manuscrit de 174 parfum du shabbat tout au long de la feuillets, qui, transmis de génération en semaine. génération, avait été conservé par la

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Boîte à aromates ( bessamim ) manuscrits et d’imprimés d’une rare Livourne, Italie, XVIII e siècle richesse, dont sa veuve, Inna, fait don au Argent repoussé et gravé mahJ en 1997 et 1998. La collection Don de Giuliana Moreno en 2016, en représente une quarantaine d’objets et mémoire des familles Moreno et Levi de livres dont la plupart ont trouvé leur (Livourne-Rome-Tunis) place dans le parcours permanent du musée, comme en témoignent ces Nathaniel de Rothschild Commentaires nouveaux sur la Torah du Cette exceptionnelle bague de mariage grand rabbin catalan Nahmanide, un en or jaune, ornée d’un toit de maison incunable qui fut le premier livre aux tuiles stylisées à décor d’émail bleu, hébraïque imprimé au Portugal, quelque est gravée à l’intérieur de la huit ans avant l’expulsion des juifs du traditionnelle inscription en hébreu pays. Mazel Tov (« bonne chance »). Le chaton de la bague en forme de maison Hiddoushei ha-Torah (Commentaires symbolise le foyer fondé par les époux. nouveaux sur la Torah ) Ce type de bagues appartenait le plus Bonastruc ça Porta (en hébreu, Mosheh souvent à la communauté qui les prêtait ben Nahman), dit « Nahmanide » (1194- au futur marié pour la cérémonie. 1270) Ayant appartenu à Cécile de Rothschild Eliezer ben Jacob Toledano (éditeur) (1913-1995), tante du donateur, elle a été Lisbonne, 1489 offerte au mahJ par Nathaniel de Don d’Inna Nahmias en 1998, en mémoire Rothschild en 2003, pour honorer la de son mari, Élie Nahmias mémoire de sa mère, Liliane Fould- Springer, baronne Élie de Rothschild Fondation Excelvy (1916-2003). Créée en 2014 par Georges-Henri Lévy, spécialiste de l’assurance et cocréateur Bague de mariage de Cipress (groupe Molitor), la fondation Italie, XVII e siècle Excelvy soutient la formation de jeunes Or gravé et filigrané et émail de milieux défavorisés, notamment par Don de Nathaniel de Rothschild en 2003, le biais de bourses d’excellence, et l’aide en mémoire de sa mère, Liliane Fould- au développement de projets innovants Springer, baronne Élie de Rothschild avec la remise du prix Janusz Korczak. (1916-2003) Elle a donné au mahJ un « rouleau d’Esther » réalisé en 2015 par Gérard Famille Racowski Garouste avec le concours du scribe Ce manuscrit, fixé sur un axe en bois Armand Benhamron. tourné, est caractéristique des megillot Cette megillah (de l’hébreu « rouleau ») italiennes enluminées. Avant d’être s’inscrit dans la continuité des œuvres offert au mahJ, il faisait partie des objets de Garouste inspirées par des thèmes de culte acquis par la famille Racowski, bibliques, des textes de la tradition originaire de Łódź en Pologne, et utilisés rabbinique ou de la littérature juive. Elle dans l’oratoire familial à Paris. a été conçue pour la synagogue massortie (« moderne orthodoxe ») Rouleau d’Esther ( megillat Ester ) Adath Shalom de Paris, que l’artiste Italie, XVII e-XVIII e siècle fréquente. S’inscrivant dans la riche Don de la famille Racowski en 2017 tradition décorative des megillot Ester , Garouste a enluminé un rouleau de Inna Nahmias parchemin de 42,5 cm de large et 410 cm Né en 1908 dans la ville ottomane de de long. Gümülcine (actuelle Komotini, capitale de la Macédoine-orientale-et-Thrace, en Gérard Garouste (Paris, 1946) Grèce du Nord), Élie Nahmias, époux de Rouleau d’Esther ( megillat Ester ) la donatrice, passe par la Yougoslavie, la Paris, 2015 Grande-Bretagne et la Suisse avant de Lithographie numérique pigmentaire s’établir à Paris et d’y devenir français. Il rehaussée à la gouache et à la feuille d'or demeure toute sa vie durant attaché au Don de la fondation Excelvy en 2017 monde judéo-espagnol dont il est issu. Bibliophile et collectionneur passionné, il Famille de Louis Lille laisse, à son décès le 28 novembre 1994, Louis Lille (Podwoloczyska, actuelle une collection d’objets de culte, de Ukraine, 1897 – Paris, 1957) est un peintre

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d’origine polonaise. Établi à Lvov au et de son grand-oncle, Moïse Nordmann début de sa carrière, il y crée une école (1809-1884), rabbin d’Hégenheim, de Bâle d’art et s’intéresse à l’art juif, dont il et des communautés de français devient un collectionneur passionné. Peu installés en Suisse. avant la Seconde Guerre mondiale, il émigre à Paris où il s’engage dans la JeanJean----PierrePierre Bertrand Résistance. Irène Lille, sa belle-sœur, Exposé en 1999 dans la chambre du duc, sauve une partie de sa collection alors Ethrog faisait partie de l’installation que le reste est perdu pendant la guerre, réalisée par l’artiste pour la biennale de à Lvov. Venise en 1999, où il partageait le Cette collection, offerte par la famille de pavillon français avec Huang Yong Ping. Louis Lille au musée d’Art juif de la rue L’œuvre consiste en cinquante-quatre des Saules en 1978, comporte une cadres enserrant une matière jaune soixantaine d’œuvres provenant lumineuse, accompagnés par cinquante- essentiellement de Galicie orientale : quatre cédrats ( ethrog , en hébreu) couronnes de Torah, ornements de disposés sur des étagères selon une bâtons de Torah, plaques ornementales, scansion arithmétique. Symbole de mains de lecture, lampes de Hanoukkah, perfection dans le judaïsme, le cédrat gobelets de qiddoush , boîtes à est souvent associé à l’arbre de création. aromates, ainsi que des œuvres du Le chiffre « 54 » régit l’œuvre de peintre. Bertrand, engendrant des références aussi bien littéraires que kabbalistiques. Lampe de la Reconsécration du Temple Aussi, lorsque le Musée national d’art (hanoukkiyyah ) moderne achète cette œuvre, l’artiste Stanislau, actuelle Ukraine, 1818 fait don au mahJ d’une version réduite : Argent repoussé, partiellement vermeillé neuf (5 + 4) monochromes jaunes à Fonds du musée d’Art juif, don de la disposer sur une cimaise selon un famille de Louis Lille en 1978 accrochage précis.

Joë Nordmann Jean-Pierre Bertrand (Paris, 1937-2016) Joë Nordmann (1910-2005) est un avocat Ethrog et résistant français, né dans une famille 1999 juive de , fils d’un avocat Métal, contreplaqué, peinture acrylique alsacien. Radié du barreau en 1942 parce jaune que juif, il fonde le Front national Don de l’artiste en 2003 judiciaire, une organisation de résistance active au sein du Palais de Justice de Esther et Jacques Topiol Paris. À la libération, Joë Nordmann est Ouverte à la fin des années 1970 rue désigné pour assister le parquet français Rambuteau à Paris, la galerie Jaquester au tribunal de Nuremberg lors du procès (contraction des prénoms de Jacques et des dignitaires nazis. C’est ainsi qu’il Esther Topiol) se distingue par s’intéresse à la notion de crime contre l’originalité de ses choix de l’humanité et qu’il mène campagne, des programmation et des artistes qu’elle années plus tard, pour que cette notion défend. Esther Topiol imprime à la entre dans le droit français. Il a été galerie une ligne artistique portée vers l’avocat de certaines parties civiles lors l’abstraction et la peinture du procès de Klaus Barbie en 1989 puis expressionniste, ce qui la conduit à de celui de Paul Touvier en 1994. exposer Gérard Collot, Colette Quelques mois avant sa disparition, Joë Brunschwig ou Jacques Mandelbrojt. Elle Nordmann a offert au mahJ plusieurs a beaucoup œuvré pour mieux faire ouvrages ayant appartenu à Moïse connaître la scène artistique israélienne Nordmann, rabbin d’Hégenheim, dans le en montrant les représentants les plus Haut-Rhin, dont ce rituel liturgique pour importants de l’art israélien des années la Pâque. 1970 et 1980, notamment Moshe Kupferman et Anna Shanon. La galerie Mahzor shel Pessah (livre de prières pour reste en activité pendant près de vingt la Pâque) ans. Quelques années avant sa Abraham Brisach (éditeur) disparition, Esther Topiol contacte le Lunéville, 1797 mahJ afin de donner un ensemble de Don de Joë Nordmann en 2005, en soixante-six œuvres représentatives des mémoire de son père, Léon Nordmann, artistes exposés dans sa galerie.

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Vienne, 1729 Un choix d’œuvres de Colette Encre et gouache sur papier vélin, Brunschwig, Moshe Kupferman et d’Anna couverture en or émaillé et pierres Shanon précieuses

Catherine Ringer RRRégineRégine et Jo Alfandari Chanteuse, instrumentiste et Régine Alfandari a hérité de ce tableau comédienne, fondatrice avec Fred de son oncle, le violoniste Max Kahn. Chichin du groupe Les Rita Mitsouko, Amateur de peinture, celui-ci avait Catherine Ringer est la fille du peintre acheté cette œuvre du peintre d’origine Sam Ringer, né en Pologne en 1918, lituanienne Max Band (1901-1974) avant déporté successivement dans neuf la Seconde Guerre mondiale. camps de 1940 à 1945, dont elle raconte Fidèle visiteuse du mahJ, Régine l’histoire dans C’était un homme , sur Alfandari en a fait don en 2008 afin de l’album « Cool Frénésie ». rendre hommage à son oncle disparu. À En 1999, Catherine Ringer a fait don au ses yeux, cette image de l’entrée du mahJ du Théâtre de Kasrilevké , une shabbat devait impérativement trouver œuvre singulière de son père qui convie sa place au sein des collections du le spectateur à une séance de cinéma musée. telle qu’aurait pu l’organiser l’artiste à la fin des années 1930, alors jeune étudiant Max Band (Naumestis, Lituanie, 1901 – de l’Académie des beaux-arts de New York, 1974) Cracovie. Au terme d’un long et Jeune femme allumant les bougies de improbable voyage de Cracovie à Paris, shabbat ce ruban de lanterne magique, composé 1925-1935 de soixante-cinq vignettes réalisées par Huile sur toile Sam Ringer à partir de la nouvelle de Don de Régine et Jo Alfandari en 2008, Cholem Aleikhem Les Gens de en mémoire de Max et Tina Kahn Kasrilevké , a achevé sa route au mahJ. Société SildorexSildorex----LurexLurex Sam Ringer (Tarnów, Pologne, 1918 – La société Sildorex-Lurex a été créée en Paris, 1986) 1946 et s’est spécialisée dans la Le Théâtre de Kasrilevké , d’après production de fils textiles métalliques Cholem Aleikhem pour l’univers de la mode. Adam Hogg, Cracovie, fin des années 1930 ? son fondateur, était également Encre de chine noire et de couleurs sur collectionneur et appréciait papier calque collé bout à bout particulièrement l’œuvre d’Abraham Film réalisé par Alex Szalat, texte dit en Mintchine. français et en yiddish par Rafaël Né à Kiev en 1898, ayant suivi une Goldwaser formation d’orfèvre, Mintchine part à Don de Catherine Ringer en 1999 Berlin dans les années 1920 et y débute sa carrière de peintre. En 1926, il arrive à Donateur anonyme Paris et fréquente Soutine, Krémègne, Ce petit manuscrit à peinture, Kikoïne. Ses premières expositions ont exceptionnel par sa qualité, la finesse de lieu à la galerie Manteau en 1928 et chez sa reliure et son format, a été réalisé par Zborowski en 1929. Une rupture Aaron Wolf Herlingen, un des scribes juifs d’anévrisme en 1931 met brutalement fin les plus féconds du XVIII e siècle. Ce livre à sa vie et à une reconnaissance certaine figurait dans les biens hérités par le de sa peinture. Ce Repas de shabbat donateur sans précision d’origine, mais rappelle les conditions de vie très l’hypothèse la plus vraisemblable est modestes de l’artiste lors de son arrivée qu’il provienne d’un de ses ancêtres à Paris. diplomate et collectionneur de miniatures. Abraham Mintchine (Kiev, 1898 – Paris, 1931) Aaron Wolf ben Benjamin Zeev Repas de shabbat (Schreiber) Herlingen (Gewitsch, Paris, vers 1928 Moravie, vers 1700 – Vienne, Autriche, Huile et crayon sur carton après 1752) Don de la société Sildorex-Lurex en 2013, Livre des bénédictions après le repas et en mémoire de son fondateur, Adam des prières avant le coucher

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Hogg, pour qui l’art fut toujours une textiles en usage à la synagogue. Le source d’inspiration docteur Achille Nordmann, père du donateur, tenait cette collection de la Nicole RodriguesRodrigues----ElyElyElyEly communauté de Hégenheim, petite ville Cette boîte à aromates est utilisée lors du sud de l’Alsace où il était né en 1863. de la cérémonie de la havdalah Passionné par l’histoire de sa (séparation) à la fin du shabbat, au cours communauté, il est l’auteur d’une étude de laquelle on récite une bénédiction sur le cimetière juif de Hégenheim. Il a spéciale en respirant le parfum d’herbes également inventorié la collection de odoriférantes. textiles liturgiques dont une partie est Il n’existe pas d’exigences particulières ici exposée. concernant ce type de boîtes, aussi varient-elles considérablement selon les Mappah (bandelette de Torah) époques comme selon les lieux. Les Alsace, 1723 artistes pouvaient donner libre cours à Lin brodé leur imagination pour les fabriquer, à Don de Robert Nordmann en 1990, en l’instar de celle présentée ici, d’origine mémoire de son père, Achille Nordmann allemande, surmontée de mains faisant la bénédiction des Cohanim (prêtres), Marion Rotil qui présente des personnages sur une Cette bandelette de Torah ( mappah ) a tour portant des objets divers : une été confectionnée avec le lange de cruche, une caisse à compartiments, un circoncision d’Abraham Mordekhai, fils gobelet. d’Alexander Katz. La mappah est apportée à la synagogue lorsque l’enfant Boîte à aromates ( bessamim ) est âgé de trois ans ; on l’utilise alors Allemagne, XVIII e siècle pour emmailloter le rouleau de la Torah. Argent gravé Transmise de génération en génération Don de Nicole Rodrigues-Ely en 2000, en dans la famille de Marion Rotil, cette hommage à Hippolyte Levylier mappah est l’un des plus beaux exemples des collections européennes. JeanJean----ClClClClaudeaude Lalou Avant sa disparition, Marion Rotil a Jean-Claude Lalou a fait don au mahJ contacté le mahJ pour s’assurer de d’un important ensemble d’objets et l’intérêt de ce dernier pour cette d’archives liés à l’histoire de sa famille et remarquable bandelette de Torah et a de la communauté juive de Laghouat, tenu à ce qu’elle soit destinée à la ville située à la marge saharienne de collection du musée. l’Algérie. Appartenant à la notabilité, sa famille était très liée aux confréries Mappah (bandelette de Torah) musulmanes de la région. Provenant du Alsace, 1752 grand-père du donateur, Isaac Jacob Lin brodé Lalou, et de ses parents, Soltana et Legs de Marion Rotil, dépôt de la Michel Lalou, trente-trois objets fondation Pro mahJ en 2015 liturgiques ou personnels et outils de travail témoignent des diverses Victor Klagsbald manières d’être juif en Algérie. Après une jeunesse passée à Amsterdam, Victor Klagsbald se réfugie Shofar (corne de bélier sonnée pour en France en 1942 et participe à la Rosh ha-Shanah et Kippour) et plumeau Résistance en Auvergne, avant de servant à le nettoyer s’établir à Paris en 1945. Il se consacre Laghouat, Algérie, début du XX e siècle jusqu’en 1948 à l’émigration clandestine Don de Jean-Claude Lalou en 2013, en des rescapés des camps vers Israël. mémoire des familles Lalou et Zenou de Collectionneur passionné, il est un Laghouat acteur central dans le développement du musée d’Art juif et participe, dès Robert NoNordmannrdmann l’après-guerre, à la conception des La donation de Robert Nordmann est premières grandes expositions sur l’art bien plus importante que l’ensemble juif en Allemagne, en France et en Israël. présenté ici. Elle consiste en cinquante En 1981, il est le commissaire de bandelettes de Torah ( mappot ), des l’exposition « Chefs-d’œuvre de l’art juif. ustensiles de circoncision, plusieurs La collection du musée de Cluny » manteaux de Torah et d’autres pièces organisée au Grand Palais et rédige le

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catalogue raisonné de cette collection bâtiments en Tunisie et s’est exportée aujourd’hui déposée au mahJ. Par son jusqu’en Californie. expertise, il contribue de manière décisive à la création de ce dernier, dont Ensemble de poteries et de documents il est administrateur au titre du musée relatifs à l’entreprise familiale de d’Art juif. V. Klagsbald est l’auteur de À fabrication de céramique l’ombre de Dieu. Dix essais sur la Don de Lucette Valensi et Monique symbolique dans l’art juif (Peeters, 1997). Goffard, nées Chemla, en 2003

Portrait d’Azriel Hildesheimer (1820- Guy Cohen 1899), rabbin à Berlin à partir de 1869, Guy Cohen est l’arrière-petit-fils de fondateur de la néo-orthodoxie en Rabbi Isaac Afriat de Mogador, un érudit Allemagne versé dans la Torah, qui mourut Vers 1869 prématurément à Manchester en 1895 Huile sur toile lors d’un voyage d’affaires lié à ses Don de Victor Klagsbald en 1996 activités de commerçant actif dans l’import-export avec la Grande-Bretagne. Michel Schulmann Ce rideau a été réalisé par l’épouse du Cet ensemble de bijoux de citadine juive disparu, Rica Elmaleh Afriat, pour marocaine a été présenté au mahJ pour honorer la mémoire de son époux. Il a la première fois en 1999, dans le cadre de ensuite été destiné à la synagogue la saison culturelle du Maroc en France. familiale à Mogador. Suite à cette exposition, Michel Schulmann a exprimé sa volonté de le Rideau d’arche sainte ( parokhet ) léguer au mahJ, prolongeant ainsi Mogador (Essaouira), Maroc, 1897 l’œuvre de son père, Zedé Schulmann, Velours brodé au fils d’or sur carton qui, dans les années 1950, sillonnait le Don de Guy Cohen en 1999, en mémoire pays pour collecter et préserver le de son arrière-grand-père, Rabbi Isaac patrimoine des juifs marocains. Afriat

Parure de citadine juive Familles Alcalay, Arditti et Arditi Nord du Maroc, fin du XVIII e-début du Cette tenue de femme juive de l’Empire XIX e siècle ottoman, avant d’être offerte au mahJ, Or et pierres précieuses était transmise dans la famille de Legs de Michel Schulmann, dépôt de la génération en génération. Elle aurait été fondation Pro mahJ en 2006 confectionnée pour le mariage de l’arrière-grand-mère de Lily Arditti, née Lucette Valensi et Monique Goffard Alcalay, qui fut la dernière à l’avoir Issues d’une prestigieuse famille de portée, comme en témoigne une potiers tunisois, les Chemla, Monique photographie des années 1930, donnée Goffard et Lucette Valensi ont donné au également au mahJ. mahJ un important ensemble de C’est Lily Arditti avec ses enfants, ses céramiques de leurs parents et aïeux, petits-enfants et ses arrière-petits- ainsi que des archives (esquisses, enfants qui a fait la démarche de ce don croquis, poncifs…). Ces œuvres et et perpétue ainsi la mémoire familiale. documents proviennent de l’atelier familial ouvert à Tunis au XIX e siècle, où Tenue d’apparat de femme juive se côtoyaient potiers juifs, musulmans et Empire ottoman, actuelle Bulgarie, fin du chrétiens, ainsi que du dernier atelier de XVIII e ou début du XIX e siècle leur père, « Mouche » Chemla, installé en Don des familles Alcalay, Arditti et Arditi France à La Garde-Freinet en 1960. Ils en 2009 sont représentatifs de la production familiale, qui évolue, pour les pièces les Philippe Azoulay plus anciennes, dans la tradition de la En 2002, après la disparition de sa mère, céramique à glaçure jaune, brun, vert, Edmée Azoulay, née Bensimon Marchina, proche de la production traditionnelle Philippe Azoulay, pour lui rendre de Tunis et de Nabeul, vers une hommage, a confié au mahJ une production de céramique architecturale inestimable collection de vêtements de petites séries (carreaux à décor traditionnels de femmes juives en polychrome, notamment) qui orne Algérie. Il s’est agi d’un vestiaire très encore aujourd’hui de nombreux complet, transmis dans la famille

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maternelle depuis son arrière-grand- d’artisanat d’art, de textile et de bijoux mère, Nedjma Marchina, née Stora, à des juifs du Maroc, Seté Guetta, née laquelle les vêtements ont appartenu. Benazeraf, a offert cette tenue En 2012, alors que le mahJ préparait traditionnelle au mahJ en 1996, ainsi que l’exposition « Juifs d’Algérie », Philippe plusieurs autres pièces textiles. Ce don, Azoulay a mis à la disposition du musée à l’origine de la collection ayant trait au les archives familiales, riches de judaïsme marocain, constitue les nombreux documents et de prémices d’un accompagnement fidèle photographies. et discret du musée par la donatrice, jusqu’à sa disparition en 2009. Son Tenue traditionnelle de femme juive soutien a été particulièrement précieux Constantine, Algérie, fin du XIX e-début du lors de la première exposition XX e siècle temporaire du mahJ, « Regards sur la vie Soie, velours, coton, passementeries de juive au Maroc », en 1999. fils dorés et broderies de fils d’or au carton Grande tenue de cérémonie ( kswa el Don de Philippe Azoulay en 2002 et en kbira ) 2003, en mémoire de sa mère, Edmée Tétouan, Maroc, fin du XIX e siècle Azoulay, née Bensimon Marchina Velours, coton, broderiess de fils d’or au carton AnneAnne----MarieMarie Van Praag, Renato et Mario Don de Seté Guetta en 1996, en mémoire BensassoBensassonnnn de son père, Raphaël Benazeraf Descendants d’une lignée de juifs originaires de Livourne installés en Nathalie Bokobza, née Guetta, et Jean Tunisie au XIX e siècle, les donateurs sont et Rémy Guetta les enfants de Gino Bensasson et Vera Après la disparition de leur mère, Seté Scialom. Cette famille tunisoise, enrichie Guetta, ses enfants ont souhaité lui dans le commerce du grain avec le rendre hommage en offrant au mahJ ce Bassin méditerranéen, appartenait à la rare manteau d’homme. Caractéristique communauté des Granas et maintenait par la coupe, la matière, le décor et la des relations fortes avec l’Italie, et un couleur noire imposée pendant des lien plus affectif que religieux avec le siècles aux juifs du Maroc, ce manteau judaïsme. Comme un grand nombre de fut porté jusqu’au début du XX e siècle juifs tunisiens à la fin du protectorat, les dans les villes du nord du pays. Bensasson se sont installés en France où ils ont fait des carrières de médecins, de Manteau d’homme ( zokha ) chercheurs ou de hauts fonctionnaires. Tétouan, Maroc, début du XIX e siècle Par leur mère, les donateurs sont liés Laine, coton imprimé, broderie de avec des Nahum de Tripoli, d’où soutaches et boutons de soie tressée proviennent la robe exposée et de Don de Nathalie Bokobza, née Guetta, et nombreux vêtements des juifs de Lybie, Jean et Rémy Guetta en 2010, en précieusement conservés par Gabriella, mémoire de leur mère, Seté Guetta, née sœur des donateurs récemment Benazeraf disparue. Cet ensemble comble une lacune dans les collections du mahJ qui Anne Valérie Hash ne comportaient jusqu’alors aucun objet Après avoir travaillé chez Nina Ricci puis d’origine libyenne. chez Chanel, Anne Valérie Hash (Paris, 1971) fait sensation en 2000 avec sa Tenue traditionnelle de femme première collection de prêt-à-porter. Tripoli, Libye, fin du XIX e-début du Offerte au mahJ en 2000, la robe de XX e siècle mariée Mère veille sur moi a été Soie, coton, cannetilles et fils spécialement créée pour l’exposition métalliques « Mariage », présentée en 1999 au Palais Don d’Anne-Marie Van Praag, Renato et Galliera. La traîne de la robe porte un Mario Bensasson en 2017, en mémoire de collage de photographies de famille Gabriella Ernestina Bensasson imprimées sur la mousseline, tandis qu’une autre photographie, représentant le visage d’une mère, est Seté Guetta appliquée sur le plastron. Cette robe Très attachée au judaïsme marocain évoque la mémoire personnelle – comme en témoignait sa collection familiale ou collective – que chacun

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porte en soi et veut transmettre lors du Costume de femme juive rite de passage du mariage. Alger, début du XX e siècle Soie, coton, broderies de fils d’or au Mère veille sur moi carton, coiffe en fils d’argent Robe de mariée créée par la donatrice Don des familles Oualid et Scali en 2005 en 1999 Soie, pierres et perles de fantaisie, Lucette Valensi et Abraham Udovitch paillettes, fils dorés et argentés À la fin des années 1970, Lucette Valensi, Don d’Anne Valérie Hash en 2000 directrice d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, et Abraham Henriette Azen Udovitch, professeur à Princeton, « Transmettre le patrimoine reçu de ses entreprennent des recherches sur la aïeux, tel est le but que s’est fixé communauté juive de Djerba en Tunisie. Henriette Azen » : une carte portant Les fruits de ce travail sont la cette mention accompagnait le don fait publication de référence en la matière, au mahJ en 2000 d’un ensemble d’objets Juifs en terre d’Islam. Les communautés et de textiles qui appartenaient au de Djerba (Éditions des Archives trousseau de la mariée et dont une contemporaines, 1985), et de partie est ici présentée. nombreuses photographies Née en Algérie d’un père parlant le documentant ces recherches. À cette judéo-arabe et d’une mère parlant le occasion, ils acquièrent, auprès d’un judéo-espagnol, Henriette Azen est bijoutier juif dans le souk du village connue pour ses travaux Houmt Souk, un ensemble d’amulettes d’ethnomusicologie. Elle a commencé encore couramment en usage à l’époque ses recherches sur le folklore judéo- sur l’île. Lucette Valensi et Abraham espagnol en notant les proverbes, les Udovitch en font don au musée en 2016 berceuses, les chansons, les tranches de dans le prolongement de l’exposition vie qui lui revenaient de son enfance « Magie. Anges et démons dans la oranaise. tradition juive ».

Trousseau de la mariée Amulettes à valeur prophylactique Oran, Algérie, début du XX e siècle Île de Djerba, Tunisie, début du XX e siècle Don d’Henriette Azen en 2000, en Don de Lucette Valensi et Abraham mémoire de sa mère, Reine Teboul Bibas, Udovitch en 2016 descendante de dix-sept générations de dayanim Albert et Maryse Sicsu Ce costume, aussi nommé « Grande Familles Oualid et Scali Robe », est typique des grandes villes du À l’été 2005, Florence et Isabelle Oualid nord du Maroc où se sont établis en proposent d’offrir au mahJ un ensemble majorité les descendants des juifs de vêtements traditionnels provenant espagnols (ou Megorashim ). Il est porté de la famille de Paulette Claire Oualid, pour la première fois le jour du mariage née Cohen-Scali, leur mère, originaire et devient ensuite la tenue d’apparat de d’Alger. Quelques jours plus tard, la femme mariée. La jeune femme le Florence Oualid apporte au musée une recevait le plus souvent en dot de son valise remplie de trésors : une sarmah – père, comme c’est le cas ici, car il s’agit splendide et très rare coiffe de femme de la tenue de mariage de Simi Gabizon, juive d’Algérie –, des robes, des vestes, née Kalfon, grand-mère paternelle de la des gilets, des pantalons… donatrice. Puis, en 2012, pour l’exposition « Juifs d’Algérie », Florence et Isabelle Oualid Tenue de mariage ( kswa el kbira ou contactent à nouveau le mahJ en berberisca ) proposant des documents d’archives de Tétouan, Maroc, vers 1870 la famille de leur père, Joseph Germain Velours, coton, argent filigrané, Oualid : un certificat d’indigénat de 1871, passementerie de fils d’or et broderies établi au nom de Joseph Oualid, grand- de fils d’or au carton père de Joseph Germain, et le certificat Don d’Albert et Maryse Sicsu, de nationalité française de ce dernier, descendants de Simi et Joseph Gabizon, datant du 19 janvier 1942, documents qui en 1998 ont enrichi la collection du mahJ.

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Linda RenéRené----MartinMartin Marcel Benichou, Claudine Touboul et Linda René-Martin, alors âgée de quatre- Pierre Salomon Zermati vingt-quinze ans, vivait en Grande- Parmi d’autres objets qui enrichissent la Bretagne lorsqu’elle a fait don, en 2015, collection du mahJ, les descendants de de cette parure. Son premier époux la lui Salomon Zermati ont donné ce portrait avait offerte comme cadeau de mariage posthume, exécuté par le peintre en 1950, alors qu’ils habitaient à Rabat algérois Salomon Assus d’après une où il tenait un magasin d’antiquités photographie de leur aïeul. Né en 1808 à marocaines. Médéa en Algérie, Salomon Zermati fut En raison de son attachement à la l’interprète d’Abd-el-Kader El Djezaïri – culture française, Linda René-Martin chef politique et militaire qui mena la tenait à voir ce précieux bijou lutte contre l’invasion française – et son d’orfèvrerie tangéroise figurer dans une envoyé auprès du roi Louis-Philippe en collection juive française, comme en 1839. C’est à cette occasion que cette témoigne cette émouvante note figure majeure de la communauté juive adressée au mahJ : « Crafted with love, algérienne demanda au roi l’amélioration gifted with love » (« Façonné avec des conditions de vie des juifs en Algérie. amour, donné avec amour »). Le mahJ conserve aussi notamment le contrat de mariage ( ketoubbah ) en 1869 Collier ( tazra ) de Salomon Zermati et Aziza Safar, Maroc, fin du XVIII e siècle rédigé en araméen en caractères rachi Or, rubis et émeraudes et revêtu du timbre impérial. Don de Linda René-Martin en 2015, en mémoire de son mari, René Martin Salomon Assus (Alger, 1850-1919) Portrait de Salomon Zermati Georges Aboucaya Alger, 1876 Entre 1991 et 1999, Georges Aboucaya Huile sur toile (1945-2013) a permis au mahJ naissant Don de Marcel Benichou, Claudine d’enrichir ses collections d’une manière Touboul et Pierre Salomon Zermati, tout à fait exceptionnelle, en faisant don descendants de Salomon Zermati, en de 579 objets : peintures, estampes, 2006 costumes, textiles et objets cultuels, documents historiques, ainsi que de Sylvie Harburger nombreuses photographies anciennes, La famille Aboulker est une des plus notamment sur les juifs d’Afrique du anciennes et prestigieuses familles Nord. juives d’Algérie. Moïse Aboulker (Alger, Né en Algérie, Georges Aboucaya perd sa 1843 1880) est un des premiers médecins mère à l’âge de quatre ans. Il est élevé juifs d’Algérie à avoir entrepris des par sa sœur, Colette, de qui il restera études de médecine à Paris. En 1865, un toujours très proche, et à qui il dédiera décret de Napoléon III le fait citoyen ses donations au musée, après la mort français – cinq ans avant le décret accidentelle de celle-ci en 1996. Crémieux qui étend cette qualité à la Autodidacte, il devient antiquaire très presque totalité des juifs d’Algérie. Il jeune et se fait un nom dans le domaine gagne la reconnaissance de la Ville de de l’Art nouveau, dont il sera un grand Paris en secourant les blessés durant le connaisseur et marchand. Collectionnant siège de la capitale en 1870-1871. Revenu avec passion tout ce qui se rapporte à à Alger, il épouse Adélaïde Azoubib. l’art et à l’histoire juive, il refusera Femme lettrée, celle-ci rédigea des toujours d’en faire commerce. Le mahJ commentaires poétiques de la Bible, doit beaucoup à sa généreuse illustrés par sa fille, Célestine. En 1896, personnalité. Célestine Aboulker épouse Jules Harburger, avec qui elle aura deux fils : Félix Barrias (Paris, 1822 – Paris, 1907) Adrien, qui sera médecin, et Francis, qui Femme au hennin deviendra peintre et secrétaire général 1890 du Salon des indépendants à Paris. Huile sur toile Don de Georges Aboucaya en 1991, en Salomon Assus (Alger, 1850 – Alger, 1919) mémoire de sa sœur, Colette Aboucaya- Portrait de Moïse Aboulker Spira Alger, vers 1880 Huile sur toile

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Don de Sylvie Harburger, fille de Francis dissolution de l’IEJF, Maurice Hasson a Harburger, descendante de Moïse donné au mahJ les cartes postales et Aboulker, et de sa famille, en 2013 photographies qu’il avait réunies.

Famille Djiane Cartes postales À l’occasion de l’exposition « Juifs Salonique, début du XXe siècle d’Algérie » organisée en 2012, Jean Don de Maurice Hasson en 1996 Djiane et ses sœurs ont prêté trois tableaux du peintre algérois Salomon ClaudeClaude----GérardGérard Marcus Assus commandés par David Djiane, leur Président du musée d’Art juif – créé en aïeul, à Alger, en 1890-1891, et un 1948 rue des Saules, à Paris –, Claude- important ensemble d’archives Gérard Marcus, conseiller de Paris puis familiales. À l’issue de l’exposition, Jean député, a joué un rôle essentiel dans la Djiane a fait savoir qu’il « serait honoré création du mahJ, en convainquant que ces toiles entrent dans le notamment, en 1985, Jacques Chirac de patrimoine du mahJ. Elles témoignent mettre l’hôtel de Saint-Aignan à la de notre histoire et feront œuvre de disposition du musée, mais aussi en transmission ». À son décès, sa famille a organisant le don de la collection du souhaité poursuivre sa démarche en musée d’Art juif au mahJ en 2002. faisant don des trois portraits de leurs Premier président du mahJ, de 1988 à ancêtres peints par Salomon Assus. 2001, il en est aujourd’hui président d’honneur. Collectionneur et auteur de Salomon Assus (Alger, 1850 – Alger, 1919) nombreuses monographies d’artistes, il Portraits de David Djiane (1867-1957) et ouvre une galerie d’art lorsqu’il prend sa de son épouse, Émilie Menina, née retraite de député. À la suite du décès Senanedj (1876-1935) de son fils, Yan Beaubichet-Marcus, il a Alger, 1891 souhaité honorer sa mémoire en faisant Huile sur toile don d’un délicat tableautin autrichien. Don de la famille Djiane en 2016 Anonyme, école autrichienne Philippe Cohen Allégorie à la gloire de Joseph II après la En quelques années, le docteur Philippe proclamation de l’édit de tolérance en Cohen a constitué une large collection faveur des juifs de l’Empire (1781, titre de quatre cents cartes postales attribué) illustrant la vie juive au Maroc au début Autriche-Hongrie, vers 1782 du XX e siècle, qu’il a offert en 1996 au Huile sur bois mahJ. Un choix a étéprésentée à Don de Claude-Gérard Marcus en 1998, l’occasion d’une exposition consacrée en mémoire de son fils, Yan Beaubichet- aux juifs du Maroc en juin 1999. Marcus Collectionneur passionné, il s’intéresse à l’orientalisme, et en particulier à Alfred Ariane et Diane Amado Dehodencq (1822-1882), mais aussi à l’art Dans une tradition de transmission contemporain et dirige aujourd’hui la familiale, Max Amado (1920-2014) a offert maison de ventes Artcurial à Tel-Aviv. au mahJ, au nom de ses petites-filles, de précieux objets provenant de ses Cartes postales ancêtres maternels du Comtat venaissin. Maroc, début du XX e siècle Il s’agissait notamment d’un ensemble lié Don de Philippe Cohen en 1996 au rituel de la circoncision – vêtements, bonnets, coussins – et d’objets de culte Maurice Hasson synagogal. Ce don exceptionnel, Fondateur avec le réalisateur Enrico accompagné d’une riche documentation Isacco de l’Institut judéo-espagnol de généalogique, permit de représenter la France (IEJF) – dont le but était de communauté comtadine dans le promouvoir la mémoire des juifs de parcours du musée. Comme l’expliquait Salonique –, Maurice Hasson a rassemblé Max Amado, « la tradition familiale une importante documentation : cartes voulait que la préservation de ces objets postales, photographies anciennes, soit assurée de mère en fille ou de photographies de famille collectées grand-mère à petites-filles. Or, ma mère auprès d’enfants et de petits-enfants, n’a eu que des garçons. […] C’est donc ainsi que des témoignages écrits et aux arrière-petites-filles de ma mère oraux en judéo-espagnol. Lors de la qu’incombait cette mission ». Il rappelait

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également les circonstances dans deviendra la Bible du rabbinat, et d’autre lesquelles, en 1943, sa mère s’était part, en obtenant, avec l’aide d’Adolphe attachée, au prix de tous les risques, à Crémieux (1796-1880), l’abolition du sauver ces objets. serment more judaico , dernier vestige de discrimination juridique frappant les Ensemble de vêtements et couteaux de juifs de France. circoncision Comtat venaissin, XVIII e siècle Artiste inconnu Don d’Ariane et Diane Amado en 1999, en Lazare Isidor (1813-1888), grand rabbin de mémoire de leur aïeule, Germaine Paris Amado, des familles Bedarride et France, XIX e siècle Cremieu, et des autres ancêtres Bronze comtadins Don de Daniel Meyer en 1994, en mémoire de ses ancêtres qui ont su Élisabeth de Rothschild conserver la tradition Offert au mahJ par Élisabeth de Rothschild pour honorer la mémoire de Ève Line Blum sa mère, Liliane Fould-Springer, baronne En 2015, Ève-Line Blum, petite-nièce de Élie de Rothschild (1916-2003), grande Bernard Lazare, donne au mahJ un collectionneuse d’objets ayant volume relié des premières épreuves – appartenu à Marie-Antoinette, cet largement annotées par l’auteur avec de ouvrage bilingue, imprimé avec l’hébreu nombreuses pages manuscrites en regard du français, est un exemplaire additionnelles – de L’Antisémitisme, son exceptionnel. Il s’agit des Odes histoire et ses causes . Publié en 1894, prononcées par les Juifs d’Avignon et de l’ouvrage de Bernard Lazare, critique Bordeaux résidant à Paris, dans leur littéraire et journaliste anarchiste, qui Assemblée à l’occasion du Sacre de Louis avait été reçu comme « un livre XVI, le 11 juin 1775, Tirées du Texte antisémite écrit par un juif », connut un original des Pseaumes XX et LXXI, mises succès paradoxal. Alors que débutait en vers hébreux par M. Bernard de l’affaire Dreyfus, Lazare, juif nîmois et Vallabrègue, Interprète du Roi . Imprimé fervent dreyfusard, revit en profondeur sur du satin pour Marie-Antoinette, les analyses qu’il y développait. À sa l’ouvrage porte les armes de la reine mort, il demanda à son épouse que, en estampées à l’or. cas de réédition, figure en tête un avertissement : « Une édition peut en Odes sur le Sacre de Louis XVI être refaite, on mettrait cependant en Imprimerie Michel Lambert tête que sur beaucoup de points mon Paris, 1775 opinion s’était modifiée. » Ces épreuves Don d’Élisabeth de Rothschild en 2004, permettent de saisir la genèse de cet en mémoire de sa mère, la baronne Élie ouvrage qui demeure l’une des de Rothschild premières études sur l’antisémitisme.

Daniel Meyer Bernard Lazare [Lazare Bernard, dit] Diplômé de l’École du Louvre, (Nîmes, 1865 – Paris, 1903) conservateur au château de Versailles L’Antisémitisme, son histoire et ses dès 1962, Daniel Meyer a été le principal causes artisan de la restitution de la chambre Paris, 1894-1897 de la Reine, de la chambre du Roi et de la Tapuscrit annoté par l’auteur galerie des Glaces. Attaché à la culture Don d’Ève-Line Blum en 2015 juive, il a été l’un des donateurs du musée d’Art juif. Désireux de participer Famille de Jean Bernheim au développement des collections du Arrière-neveu du peintre Édouard Moyse mahJ, Daniel Meyer a offert un ensemble (1827-1908), Jean Bernheim s’est d’estampes et de livres imprimés en passionné pour la vie et l’œuvre de son souvenir de ses grands-parents, ainsi que aïeul, et lui a consacré une riche deux bustes en bronze des grands monographie, Édouard Moyse ou la rabbins Salomon Ulmann (1806-1865) et peinture israélite (Esthétique du divers, Lazare Isidor (1813-1888). Ce dernier a 2012). joué un rôle important, d’une part, en Originaire de Nancy, Édouard Moyse mettant en œuvre une nouvelle appartient à la première génération traduction de la Bible en français, qui d’artistes juifs professionnels qui émerge

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dans le sillage de l’Émancipation. Dans fut secrétaire du Grand Sanhédrin en les années 1860, le peintre se tourne 1807. vers des représentations de la vie Résistante, Odette Fabius s’engage à religieuse et de l’histoire juives, avec des Marseille en novembre 1941 au sein du scènes de synagogue, ou une réseau Alliance. En raison de ses représentation du Grand Sanhédrin activités, elle confie sa fille à Henriette convoqué par Napoléon en 1807. Pichon, enseignante au collège de Peinte en 1895 alors qu’a éclatée l’affaire Bouffémont, alors replié dans l’Allier. Dreyfus, cette œuvre évoque les Arrêtée par la Gestapo en avril 1943, elle émeutes antisémites qui ont suivi est déportée en janvier 1944 à l’accession au trône de Charles VI en Ravensbrück. Un dessin la représentant 1380. Des truands, à la recherche d’or, après sa tentative d’évasion du camp est menacent une famille juive et ne conservé au mahJ. Elle publie ses trouvent que des livres, leur seule souvenirs de déportation sous le titre Un véritable richesse. lever de soleil sur le Mecklembourg (Albin Michel, 1986) . Édouard Moyse (Nancy, 1827 – Paris, 1908) Anonyme Une famille juive insultée par les truands Portraits de Joseph et de Rachel 1895 Furtado Huile sur toile France, vers 1825 Don de la famille Jean Bernheim en 2001 Huile sur toile Don de Marie-Claude Hayman en 2003, Dominique Weill en souvenir de sa mère, Odette Fabius La donatrice de cet autoportrait, Dominique Weill, est la fille de l’arrière- MarieMarie----JoséJosé Mondzain petit-neveu d’Édouard Moyse (1827- Chercheur au CNRS, Marie-José 1908). Avec Édouard Brandon (1831-1897) Mondzain est une philosophe spécialiste et Alphonse Lévy (1843-1918), l’artiste fait de l’image : elle s’est intéressée aussi partie de la première génération bien à l’iconoclasme aux VIII e et IX e siècles d’artistes juifs professionnels qui émerge qu’aux représentations actuelles. Elle a dans le sillage de l’Émancipation et dont publié de nombreux ouvrages, d’ Image, l’œuvre atteint la maturité dans la icône, économie. Les sources byzantines seconde moitié du XIX e siècle. Dans sa de l’imaginaire contemporain (Seuil, première phase, Moyse est attiré par 1996) à L’image peut-elle tuer ? l’art du portrait, avec une prédilection (Bayard, 2015). C’est la fille du peintre pour les hommes de robe, puis, à partir Simon Mondzain (Szamaj Mondszajn), né des années 1860, il s’interesseà la vie et à à Chelm, en Pologne, en 1888 et installé l’histoire juives, transmettant une vision en France en 1912. idéalisée du judaïsme faisant la synthèse En 2015, elle donne au mahJ Pro Patria , entre le monde européen et le monde un pastel de 1920 ; celui-ci met en scène maghrébin découvert en Algérie, qui en une Marianne nue déposant des fleurs fait le maître incontesté de la peinture sur le cercueil d’un soldat de la Légion de « genre israélite ». étrangère, tandis que des pleureuses se penchent sur le défunt qui porte le Édouard Moyse (Nancy, 1827 – Paris, numéro du bataillon de l’artiste. On peut 1908) y voir le désarroi des familles juives Autoportrait immigrées, au sein desquelles les 1853 hommes s’étaient engagés en masse, et Huile sur toile qui étaient particulièrement Don de Dominique Weill en 1997 désemparées à la mort de ceux-ci.

MarieMarie----ClaudeClaude Hayman Simon Mondzain (Chelm, Pologne, 1887 Fille d’Odette Fabius (1910-1990), Marie- ou 1888 – Paris, 1979) Claude Hayman est la descendante de Pro Patria Joseph (1757-1840) et Rachel Furtado Paris, 1920 (1769-1842), juifs lisboètes installés à Pastel sur papier Bayonne. Le banquier Abraham Furtado, Don de Marie-José Mondzain en 2015 frère de Joseph, est une figure éminente de l’émancipation des juifs à Bordeaux et Famille du capitaine Dreyfus

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Héritiers d’une quantité considérable de Don de Zuka, François et Roland documents sur l’« Affaire », les petits- Mitelberg en 2006, en mémoire de Louis enfants du capitaine Dreyfus ont Mitelberg, dit « Tim » souhaité les soustraire au commerce et à la spéculation. Ils en ont fait don à Théo Klein plusieurs institutions, dont le mahJ, qui Né en 1920 dans une famille juive s’est ainsi vu doter de quelque 2 600 alsacienne, Théo Klein est un des photographies, correspondances, responsables de la Résistance juive caricatures, articles de presse, durant l’Occupation. Prêtant serment en documents administratifs et objets 1945, il devient avocat d’affaires aux divers. Ce fonds est irremplaçable pour barreaux français et israélien, et l’étude et la compréhension de cet s’impose par son engagement comme événement qui divisa profondément la une figure majeure de la communauté nation et contribua indirectement à juive et un représentant éminent du l’élaboration du projet sioniste par judaïsme libéral. Il est président du Theodor Herzl. Conseil représentatif des institutions Très investis dans la mémoire de leur juives de France (CRIF) de 1983 à 1989. aïeul, les descendants d’Alfred Dreyfus Collectionneur, bibliophile, il est contribuent activement aux expositions président du mahJ de 2001 à 2011. Dès qui lui sont consacrées, à l’instar de avant 2001, il fait des dons très « Alfred Dreyfus. Le combat pour la importants au musée, tels ce portrait en justice », au mahJ en 2006, et de bas-relief de Theodor Herzl par Boris « Dreyfus. The Story of a French Jewish Schatz – fondateur de l’école Bezalel –, Family », au musée Beit Hatfutsot à Tel- des planches de Grandjouan illustrant Aviv en 2014. les pogroms de Kichinev en 1903 et 1905, ou 480 photographies anciennes de la Zuka, François et Roland Mitelberg, en Palestine à la fin du XIX e siècle. La mémoire de Louis Mitelberg bibliothèque du mahJ a reçu en don Zuka Mitelberg (1924-2016), née Zenaida plusieurs centaines d’ouvrages anciens Gourievna Booyakovitch, est une artiste et rares d’études orientalistes. dont la famille russe a fui la révolution de 1917 pour s’installer en Californie. Au Jules Grandjouan (Nantes, 1875 – 1968) cours de ses études d’art, elle se lie avec Le Pogrom de Kichinev la peintre Joan Mitchell. Arrivée à Paris Paris, 1903 en 1948, elle fait la connaissance de Louis Don de Théo Klein en 1999 Mitelberg (1919-2002), dessinateur et caricaturiste, né en Pologne, venu à Paris Lucy Citti Ferreira épépouseouse à l’âge de dix-neuf ans pour faire les Alexandrovitch Beaux-Arts. Fait prisonnier, celui-ci Dans le sillage de l’exposition consacrée s’évade et parvient à rejoindre Londres au peintre en 2000, Lucy Citti Ferreira en août 1941. Engagé à L’Express en 1958, (São Paulo, 1911 – Paris, 2008) a fait don Mitelberg prend « Tim » comme au mahJ d’un ensemble d’œuvres de signature. Lasar Segall (Vilna, 1891 – São Paulo, En 1985, l’État français lui passe 1957). Seul le musée Lasar Segall à São commande d’une statue du capitaine Paulo possède un ensemble aussi Dreyfus, qui ne sera jamais installée dans complet. Artiste peintre elle aussi, Lucy la cour de l’École militaire. Elle se trouve rencontre Lasar au Brésil en 1935 ; elle aujourd’hui place Pierre-Lafue, dans le 6 e devient son modèle, prépare ses toiles arrondissement de Paris. Son moulage et ses expositions. dans la cour d’honneur du mahJ est l’un Avant de s’installer au Brésil en 1923, des emblèmes du musée, qui a consacré Segall circule entre Vilna, Berlin et en 2003 une rétrospective à l’artiste. Dresde, mais reste durablement marqué par sa ville natale, à laquelle il consacre Tim [Louis Mitelberg, dit] (Varsovie, 1919 de nombreuses gravures. Proche des – Paris, 2002) expressionnistes allemands, il fonde en Émile Zola, Alfred Dreyfus et Theodor 1919 le Dresdner Sezession Gruppe, avec Herzl Otto Dix, Conrad Felixmüller, Otto Lange. Paris, 1975 De son propre aveu, le don de Lucy Citti Dessin à l’encre noire sur papier Ferreira est guidé par la nécessité de lutter contre la xénophobie et l’antisémitisme.

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Michel Kikoïne (Gomel, Empire russe, Lasar Segall (Vilna, 1891 – São Paulo, 1957) 1892 – Paris, 1968) Lucy Vieux clown (titre attribué) Huile sur toile 1955 Don de Lucy Citti Ferreira épouse Fusain sur papier Alexandrovitch en 2003 Don de Jacques Kikoïne en 2007

Irène et Florent ZacZackkkk Claire Maratier Né à Nijni-Novgorod dans une famille Le nom de Claire Maratier (1915-2013) est juive laïque, Léon Zack (1892-1980) quitte indissociablement lié au développement la Russie en 1920, après avoir participé du mahJ. Fille du peintre Michel Kikoïne aux mouvements de l’avant-garde, tant (1892-1968), elle grandit à , où se littéraire qu’artistique. Il séjourne à trouve l’atelier de son père, entourée Rome, à Florence et à Berlin, avant de des artistes qui, comme lui, sont pour la s’installer à Paris en 1923, où il adhère au plupart des immigrés juifs d’Europe de groupe des néohumanistes fondé par l’Est. Waldemar George. Un expressionnisme Mariée à Amédée Maratier (1902-1986), dépouillé, au cours des années de guerre, ingénieur dans l’industrie pétrolière, elle ouvre la voie, dès 1946, à une abstraction a contribué à l’acquisition de la première tout d’abord géométrique, puis fluide, œuvre entrée dans les collections d’une intense spiritualité. propres du musée, une rare cabane L’ensemble d’œuvres données par ses autrichienne pour la fête de Soukkot. Le enfants, la sculptrice Irène Zack (1918- mahJ a reçu d’elle un fonds constitutif 2013) et son frère, Florent (1921-2011), d’œuvres d’artistes de l’École de Paris permet de retracer également la qu’elle tenait à faire mieux connaître : première période de Zack, figurative, où Hayden, Kikoïne, Krémègne, Marcoussis, dominent l’intensité du trait et son Pascin, Soutine. En 2003, la création de intérêt pour les œuvres à thèmes la fondation Pro mahJ, à son initiative, a bibliques. permis de soutenir les activités du musée, d’enrichir ses collections et Léon Zack (Nijni-Novgorod, 1892 – d’organiser tous les deux ans le prix Vanves, 1980) Maratier, décerné à un artiste Scène biblique contemporain. 1938 Encre de Chine et lavis sur papier Michel Kikoïne (Gomel, Empire russe, Don d’Irène et Florent Zack en 2005 1892 – Paris, 1968) Portrait de Claire Jacques Kikoïne Montrouge, 1928 Jacques Kikoïne, dit Jacques Yankel, est Huile sur toile un peintre et sculpteur français, né à Don de Claire Maratier en 1998 Paris en 1920. Quelques années le séparent de sa sœur, Claire, auprès de David et Sura Smolas laquelle il grandit au milieu des ateliers David et Sura Smolas ont légué au mahJ d’artistes de la Ruche. Après des études six œuvres provenant de leur universitaires, il débute une carrière de importante collection. Ayant suivi avec géologue qu’il abandonne dans les attention la création du musée, ils ont années 1950 pour se consacrer sélectionné des pièces susceptibles entièrement à la création. d’enrichir la présence de l’art moderne Artiste prolifique, enseignant à l’École dans cette nouvelle institution. Les trois des beaux-arts, collectionneur d’art naïf, œuvres exposées ici, du couple d’artistes sa trajectoire est marquée par celle de Alice Halicka (1894-1975) et Louis son père, Michel Kikoïne (1892-1968), Marcoussis (1878-1941), montrent dont il a donné au mahJ un ensemble comment nombre de personnalités d’œuvres sur papier qui permet de associées à l’École de Paris furent compléter le fonds de tableaux très profondément marquées par la conséquent déjà offert par Claire révolution cubiste. Le reste de la Maratier. Le mahJ est aujourd’hui collection Smolas fut dispersé aux l’institution de référence pour l’œuvre enchères au profit de l’Appel unifié juif de Michel Kikoïne. de France.

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Louis Marcoussis [Ludwig Casimir Georgette Meyer (Sélestat, 1916) Ladislas Markus, dit] (Varsovie, 1878 – Mon itinéraire Cusset, 1941) France, XX e siècle Nature morte au flacon d’opaline et as Patchwork de pique Don de Georgette Meyer en 2017 Huile sur toile Legs de Sura et David Smolas, dépôt de Foyer de l’auditorium la fondation Pro mahJ en 2006 Judith Bartolani Abraham Walkowitz Née en 1957 à Haïfa, Judith Bartolani De sa création en 1948 à l’ouverture du s’installe à Marseille pour suivre ses mahJ en 1998, le musée d’Art juif de la études d’art. Son travail, où s’imbriquent rue des Saules à Paris a été un lieu de matière et concepts, objets et convergence d’artistes soucieux de littérature, est protéiforme, utilisant rendre hommage à une culture juive aussi bien la sculpture, les livres, les dont ils se sentaient à divers degrés dessins, la vidéo, pour développer une dépositaires. Les collections d’art du même thématique. C’est le cas de Nos e XX siècle se sont ainsi constituées au fil funérailles , projet engagé à partir de de dons d’artistes français comme 2003, sur la perception contemporaine étrangers. de la mort, et dans lequel surgissent de Abraham Walkowitz naît en Sibérie en nombreux fantômes, notamment ceux 1880, mais sa famille émigre en 1893 à de la Shoah. En 2006, Nos funérailles est New York, où il entreprend des études présenté au mahJ, en écho à l’exposition artistiques. C’est néanmoins son séjour à « Charlotte Salomon, vie ? ou théâtre ? ». Paris en 1906-1907 qui lui fait découvrir À la suite de cet événement, Judith l’art moderne : il voit la rétrospective Bartolani donne un ensemble de huit Cézanne au Salon d’automne et dessins monumentaux. rencontre la danseuse Isadora Duncan. Il débute alors une série de dessins qu’il Judith Bartolani (Haïfa, 1957) poursuivra sur plusieurs décennies, Nos funérailles. Ton enfant a ouvert une décomposant les mouvements de la brèche danseuse ; son style oscille alors entre Marseille, 2005 classicisme et abstraction radicale. Gouache, pastel gras et sec, laque sur tirage numérique, dos résiné Abraham Walkowitz (Tjumen, Russie, Don de l’artiste en 2006 1880 – New York, 1965) Isadora Duncan (titre attribué) Famille de Georges Brazzola New York, 1915 La conversion de Marek Szwarc (1892- Encre au pinceau sur papier toilé 1958) au catholicisme en 1919 étonne Fonds du musée d’Art juif, don de certains de ses proches et conduit l’artiste en 1953 l’artiste à se tourner vers un univers mahJ 95.43.006.01 esthétique empreint de religiosité. Il expose ainsi régulièrement au Salon Georgette MMeyereyer d’Art sacré dès les années 1930. Dans ces Née en 1916 dans une famille juive cercles catholiques, il rencontre Georges alsacienne, Georgette Meyer commence Brazzola (1915-1996), philosophe suisse à travailler à l’âge de seize ans comme influencé par la pensée de Jacques secrétaire à la mairie de Sélestat, puis Maritain et critique d’art pour la revue réussit le concours de la Banque de Nova et Vetera . Consacrant dès 1935 de France en 1939. Le 14 juin 1940, elle est nombreux articles à Marek Szwarc, contrainte de fuir l’Alsace avec sa mère Brazzola poursuivra sa défense de et sa sœur, pour échapper aux troupes l’artiste après la guerre. allemandes. Elle traverse alors la France Son neveu, Dominique Pitteloud, a offert et gagne Montpellier où elle s’installe en 1997 un ensemble très important de pendant plusieurs années et y étudie la peintures et de sculptures de Szwarc peinture. Après la guerre, elle poursuit restées dans la famille. Grâce au don du ses activités artistiques, se spécialise fonds d’atelier de Marek Szwarc par dans la technique du patchwork et Tereska Torrès-Levin et à celui de cet participe notamment aux activités et ensemble par Dominique Pitteloud, le expositions de l’Association des artistes, peintres et sculpteurs juifs de France.

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mahJ est aujourd’hui un lieu de Picasso au Bateau-Lavoir, sur les artistes référence pour l’étude de l’artiste. de Montmartre et sur ceux de la Ruche, ainsi que des monographies remarquées. Marek Szwarc (Zgierz, Pologne, 1892 – En 2000, son don de trente-trois Paris, 1958) portraits photographiques d’artistes Portrait de Georges Brazzola juifs de l’École de Paris permet au mahJ Paris, 1946 d’enrichir sa documentation. Huile sur toile Don de la famille de Georges Brazzola en Philippe Hosiasson (Odessa, 1898 - Paris, 1997 1978) Paris, 1934 Dominique TorrèsTorrès----LevinLevin et Mikael et Épreuve au gélatino-bromure d’argent Gabriel LLevinevin Don de Jeanine Warnod en 2000 Tereska Torrès-Levin (1920-2012) est une écrivaine franco-américaine et la fille de Lydie Lachenal l’artiste polonais Marek Szwarc (1892- Fille de Léon Weissberg (1895-1943), 1958). Arrivé en 1910 à Paris, Szwarc peintre juif galicien installé à Paris en habite à la Ruche et fait la connaissance 1923, Lydie Lachenal naît et grandit à de Modigliani, Soutine, Chagall, Léger. De Montparnasse dans le monde des retour en Pologne pendant la Première artistes e des écrivains. En 1943, son père Guerre mondiale, il collabore à la est déporté et assassiné à Majdanek. fondation du groupe d’avant-garde Réfugiée en Aveyron puis en Haute- artistique et littéraire Yung-Yiddish. Il se Savoie, elle franchit illégalement la convertit au catholicisme en 1919, puis frontière suisse à la tête d’un groupe rentre en France sans renoncer à son d’enfants, en plein jour, sous le feu des identité juive et poursuit la création soldats allemands. d’œuvres à thème biblique. Après-guerre, elle crée les éditions Pendant la Seconde Guerre mondiale, Lachenal & Ritter qui publient des Szwarc sert dans l’armée polonaise en œuvres de surréalistes français et des exil, tandis que sa fille, Tereska, s’engage, avant-gardes juives d’Europe. Elle parmi les premières, dans les Forces organise des expositions et publie des françaises libres à Londres ; son mari, ouvrages sur Weissberg et sur l’École de Georges Torrès, beau-fils de Léon Blum, Paris. Elle a fait deux donations au mahJ, est tué au combat en octobre 1944. Elle en 2002 et 2017, d’œuvres de Léon épouse en 1948 le romancier américain Weissberg et quatre donations, en 2002, Meyer Levin et publie un récit 2003 et 2004, d’œuvres de l’écrivain autobiographique sur la guerre, Women’s Oser Warszawski (1898-1944), mort à Barracks , qui connaît un grand succès. Auschwitz. Ses enfants, Dominique Torrès, Leopold Zborowski (1889–1932), poète journaliste et réalisatrice de polonais, devint l’ami de Modigliani et de documentaires, Gabriel Levin, poète et Soutine et un des grands marchands de traducteur né en France en 1948, et l’École de Paris et de la peinture Mikael Levin, photographe, né à New moderne. York en 1954, ont donné au musée le fonds d’atelier de Marek Szwarc, selon la Léon Weissberg (Przeworsk, Galicie, 1895 volonté de leur mère. – Lublin-Majdanek ou Sobibor, Pologne, 1943) Marek Szwarc (Zgierz, Pologne, 1892 – Portrait de Leopold Zborowski Paris, 1958) 1926 Autoportrait Huile sur toile Paris, 1932 Don de Lydie Lachenal en 2002 Huile sur toile Don de Dominique Torrès-Levin et Jacqueline Frydman Mikael et Gabriel Levin en 2014 Survivant du ghetto de Varsovie, Isucher Ber Frydman est ingénieur chimiste, Jeanine Warnod spécialisé dans les polymères. Arrivé à Journaliste et critique d’art française, Paris en 1947, il fonde en 1950, dans Jeanine Warnod (née en 1921) est la fille l’hôtel de Retz, la société Fryd, qui fut, d’André Warnod, qui crée en 1925 le jusqu’en 1985, l’un des plus importants terme « École de Paris ». Spécialiste de fournisseurs de jouets en plastique. cette école, elle publie des ouvrages sur Collectionneur d’objets liturgiques et

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ami des peintres de l’École de Paris, il l’université Paris VII, Élisabeth Bizouard- transmet son intérêt pour l’art à sa fille, Reicher (Łódź, 1936 – Nanterre, 2005) a Jacqueline. Dans les années 1990, celle-ci notamment travaillé sur les mécanismes transforme les ateliers de la société de l’antisémitisme contemporain. Son disparue en espace d’expositions : le père, Edward Reicher (1900-1975), a Passage de Retz. Collectionneuse d’art publié ses souvenirs dans Une vie de juif. moderne et contemporain, L’odyssée d’un médecin juif en Pologne, administratrice de la fondation Pro 1939-1945 (L’Harmattan, 1996). mahJ, elle préside l’association française Élisabeth Bizouard-Reicher a légué au des amis du musée de Tel-Aviv. mahJ un ensemble de tableaux hérités Pinchus Krémègne, qui a connu Soutine de son père, dont ce portrait de femme et Kikoïne dès leurs études aux Beaux- par Samuel Hirszenberg, l’un des artistes Arts de Vilnius, avant de partir pour Paris majeurs de l’émergence de l’art juif en en 1912, est l’un des représentants les Pologne. Élève de Maurycy Gottlieb, plus illustres de l’École de Paris. Hirszenberg a peint des scènes de la vie juive de la fin du XIX e siècle et des Pinchus Krémègne (Zaloudok, Empire premières années du XX e aussi bien que russe, 1890 – Céret, 1981) des allégories, sortant des Nature morte aux santons représentations folkloriques du Paris, 1935 judaïsme. Huile sur toile Don de Jacqueline Frydman en 2010, en Samuel Hirszenberg (Łódź, 1865 – mémoire de ses parents, Isacher Ber et Jérusalem, 1908) Fanny Frydmann Portrait de Madame Ettinger Fin du XIX e-début du XX e siècle Gisèle Rozenbaum et Édith Huile sur toile Chomentowski Legs d’Élisabeth Bizouard-Reicher, en David Garfinkiel commence sa carrière mémoire de son père, Edward Reicher, en Pologne avant d’arriver à Paris en dépôt de la fondation Pro mahJ en 2009 1932. Il fréquente l’académie de la Grande-Chaumière et l’académie Julian, Isaac Celnikier expose au Salon d’automne et au Salon Survivant du ghetto de Białystok, des indépendants. Pendant l’Occupation, interné à Birkenau en 1943, Isaac il se réfugie en Corrèze, à Brive-la- Celnikier est un rescapé de la Shoah. Gaillarde, puis à Lyon. Vivant en semi- Après la guerre, il commence des études clandestinité, Garfinkiel continue d’art à Prague puis revient à Varsovie, où néanmoins à peindre et même à exposer. il fonde le groupe Arsenal, avant de Pour survivre, il réalise de nombreux s’établir en France en 1957. À la fin des motifs pour les soieries de Lyon et des années 1960, il entreprend de se centaines de décors pour les parapluies confronter à son expérience de la de la société Revel. persécution. Cet autoportrait, donné par ses filles, Depuis, son œuvre est irrémédiablement Gisèle Rozenbaum et Édith marquée par l’enfer des assassinats de Chomentowski, date de ces années masse et de l’extermination. Ses toiles, difficiles. De retour à Paris en 1946, il peuplées des corps et des silhouettes retrouve son atelier pillé ; aucun tableau des mourants, expriment des antérieur à la guerre n’y a échappé. Il réminiscences de Goya et de Rembrandt. ouvre un studio de photographie à À côté de ses peintures monumentales, Belleville et y installe son atelier de Celnikier est aussi l’auteur d’un œuvre peinture. gravé. Son travail a fait l’objet d’importantes rétrospectives en France David Garfinkiel (Radom, Pologne, 1902 – et, plus récemment, en Pologne. Le mahJ Paris, 1970) a consacré en 2007 une exposition à cet Autoportrait artiste, en écho à l’exposition Lyon, 1942 « Rembrandt et la nouvelle Jérusalem ». Fusain et aquarelle sur papier Don de Gisèle Rozenbaum et Édith Isaac Celnikier (Varsovie, 1923 – Paris, Chomentowski en 2014 2011) Moi parmi eux (départ de Flossenburg, Élisabeth BizouardBizouard----ReicherReicher avril 1945) Docteure en psychologie, professeure à 1981

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Gravure à l’eau-forte sur papier exorbité – véritable invitation à la fusion Don d’Isaac Celnikier en 2009 des corps. Le Réveil du puritain montre le développement de ce travail jusque Doda Conrad dans les dernières années de production La basse polonaise Doda Conrad (1905- de l’artiste. 1997), fils de la soprano Marya Freund, passe son enfance en Silésie et la Victor Brauner (Piatra Neam ț, Roumanie, majeure partie de sa vie à Paris. Ce 1903 – Paris, 1966) proche de Stravinski, Poulenc, Menuhin, Le Réveil du puritain Saint-John Perse et Casals a joué durant 1961 la Seconde Guerre mondiale un rôle Huile sur toile important. Enrôlé dans l’armée Dépôt de la fondation Pro mahJ, don de américaine en 1942, il intègre le Gérard Angel en 2009 Monuments, Fine Arts, and Archives Program comme assistant du Claude Dalsace « Monument Man » Calvin Hathaway et Claude Dalsace (1925-2016) est la fille de participe en Allemagne au sauvetage Jean-André Bloch, architecte et d’œuvres spoliées. collectionneur d’art. Le 12 décembre Conrad a donné au mahJ des objets 1941, celui-ci est raflé puis déporté à liturgiques provenant de sa famille et Auschwitz. Madeleine Michelis, des œuvres de Jozef Rajnfeld (1908- enseignante au lycée Victor-Duruy où 1940). Le parcours de cet artiste né à est scolarisée la jeune fille, fait passer Varsovie, émigrant en 1928 à Paris, reste celle-ci en zone libre durant l’été 1942 en grande partie mystérieux. Ses nus avec ses sœurs ; elles vivent dans le Gers masculins érotiques portent à la fois la jusqu’à la fin de la guerre. Claude épouse marque d’une culture classique et une plus tard Robert Dalsace avec lequel elle force épurée moderne. De retour à Paris publiera leurs souvenirs de guerre : en 1940, Rajnfeld part vers Bordeaux et Histoires d’un autre temps (Société des se réfugie à Sainte-Foy-la-Grande. Il met écrivains, 2006). C’est donc un portrait fin à ses jours lorsque l’armée allemande de sa belle-mère que Claude Dalsace débarque dans le village. donne au mahJ : Annie Dalsace, née Bernheim, épouse du gynécologue Jean Jozef Rajnfeld (Varsovie, 1908 – Sainte- Dalsace. Foy-la-Grande, 1940) Ce couple de collectionneurs est le Homme assis (titre attribué) commanditaire de la Maison de verre, 1928-1940 chef-d’œuvre de l’architecte Pierre Huile sur carton Chareau, construit à Paris entre 1928 et Don de Doda Conrad en 1997 1931. Le portrait d’Annie Dalsace par Jacques Lipchitz montre sa proximité Gérard Angel avec l’avant-garde artistique de Collectionneur et amateur de Victor l’époque. Brauner, Michel Angel souhaitait que le mahJ puisse conserver une des œuvres Jacques Lipchitz [Chaïm Jakob, dit] de l’artiste d’origine roumaine dans ses (Druskieniki, Lituanie, 1891 – Capri, 1973) collections. Après sa mort et selon sa Portrait d’Annie Dalsace volonté, son frère, Gérard Angel, a donné Paris, vers 1920 Le Réveil du puritain au musée. Terre cuite Proche des cercles surréalistes et Don de Claude Dalsace en 2004 d’André Breton, Brauner (1903-1966) circule entre Paris et Bucarest. Réfugié Rubin Lipchitz dans les Hautes-Alpes entre 1942 et 1945, Originaire de Lituanie, Rubin Lipchitz soumis à une vie précaire qui lui impose (mort en 1993), le jeune frère de Jacques de trouver de nouveaux matériaux, Lipchitz (1891-1973), a suivi son aîné en l’artiste infléchit son mode d’expression. venant s’installer à Paris dans les années Par le travail de la cire, il développe une 1920. Après 1946, Jacques Lipchitz démarche ésotérique et met en place un choisit de vivre aux États-Unis ; Rubin répertoire de personnages hiératiques devient son représentant en Europe, racontant une mythologie personnelle. alors que de nombreuses expositions lui Celle-ci décline les principes féminin et sont consacrées dans les années 1950 et masculin de l’amour et de la magie, avec 1960. Rubin contribue au rayonnement des corps sensuels, des visages à l’œil de l’œuvre de son frère en donnant un

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ensemble de cent trente sculptures au prisonniers russes dont il rapporte des musée d’Israël, octroyant aussi des dons dessins. Ce Pogrom , dessiné après la importants à des institutions françaises. guerre, est l’une des rares En 1993, peu avant de mourir, il fait don représentations liées à son identité au mahJ d’une sculpture, de dessins et juive, alors que sa mère et sa sœur d’un large ensemble d’archives, avaient réchappé au pogrom de 1941 à constituées de photographies et d’une Iasi en Roumanie. riche correspondance artistique datant des années parisiennes de l’artiste. Grégoire Michonze [Gherès Michonznic, dit] (Kichinev, Bessarabie, 1902 – Paris, Jacques Lipchitz [Chaïm Jakob, dit] 1982) (Druskieniki, Lituanie, 1891 – Capri, 1973) Pogrom (titre attribué) Baigneuse (titre attribué) Paris, 1949 ? France, 1912-1913 Crayon sur papier imprégné Don de Rubin Lipchitz en 1993 Don d’Anna Solal-Michonze en 2003

Monique et Jacob HarHar----ElElElEl M. et Mme Jacques Ohana Considérés comme des éditeurs Né dans une famille de paysans polonais, importants en Israël, Monique et Jacob Boris Borvine-Frenkel apprend la gravure Har-El ont ouvert leur imprimerie d’art, pendant la Première Guerre mondiale et maison d’édition et galerie à Jaffa en rejoint Lvov en 1919, où il suit des cours 1974. Ils réalisent les projets d’artistes d’architecture. En 1920, après un passage comme Eduardo Chillida, Menashe à la prison de Varsovie pour des activités Kadishman, Sigalit Landau ou Daniel anarchistes, il s’installe à Berlin. Il établit Richter. des contacts avec les milieux Ils ont offert au mahJ Made in Haste , de intellectuels et littéraires juifs, et Moshe Gershuni (1936-2017), un peintre rencontre Else Lasker Shüler, Peretz dont le parcours reflète l’engagement de Markish et Haïm Nahman Bialik, avant de la première génération d’artistes s’engager comme marin et de parcourir israéliens. Très tôt reconnu pour son le monde. Il demeure ensuite à Bruxelles, travail, il n’a cependant jamais renoncé à où le musée des Beaux-Arts lui consacre ses convictions et à la puissance de sa une exposition en 1930, mais il est peinture, dans laquelle il aborde la expulsé de Belgique et s’installe alors en violence de l’histoire israélienne, celle de France. la Shoah, ou son homosexualité. Ce Mariage date d’une période d’accalmie dans la vie mouvementée de Moshe Gershuni (Tel-Aviv, 1936 –2017) l’artiste. Il avait été déposé au mahJ par Made in Haste sa fille, Anne Zamir, à l’ouverture du Jaffa, Israël, 2003 musée. À la mort de celle-ci, il est acquis Sérigraphie, encre noire sur papier au cours d’une vente aux enchères par Don de Monique et Jacob Har-El en 2015 M. et Mme Jacques Ohana, qui l’ont donné au mahJ eu égard à sa place Anna SolalSolal----MichonzeMichonze essentielle dans la collection. Fille du peintre Grégoire Michonze (1902- 1982), Anna Solal-Michonze a fait don au Boris Borvine-Frenkel (Kalisz, Pologne, mahJ d’œuvres de son père à l’issue d’un 1895 – Paris, 1984) accrochage monographique organisé par Mariage le musée en 2002. 1929 Cet artiste russe, né à Kichinev – actuelle Huile sur toile Chisinau, capitale de la Moldavie –, arrive Don de M. et Mme Jacques Ohana en à Paris en 1922, où il se lie avec les 2006 artistes surréalistes, notamment Max Ernst. Il conserve l’atmosphère étrange Dorka Furmanski du surréalisme dans les scènes qu’il Ingénieur agronome né en Pologne, Isaac peint à partir des années 1930, montrant Furmanski (1903-1963) est arrêté à Paris des réunions de personnages en en mai 1941 et interné au camp de discussion ou en conflit, dans lesquelles Beaune-la-Rolande. Il s’y lie avec Fiszel transparaît l’influence des Bruegel. En Zylberberg, dit Zber (1909-1942), artiste 1939, Michonze s’engage dans l’artillerie originaire de Płock, arrivé à Paris en 1936 française. Prisonnier à Brême en 1940, il après des études aux Beaux-Arts de passe deux ans à proximité d’un camp de Varsovie où il a développé ses talents de

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graveur. Les deux hommes restent à La donation qu’il fait au mahJ en 2014 Beaune-la-Rolande jusqu’à leur est l’aboutissement de longues années déportation en juillet 1942 à Auschwitz d’échanges débutés en 2004 lors d’un par le convoi n° 6. Durant son séjour au colloque sur le schmattès (tissu de camp et à l’hospice de Beaune-la- rebut), suivi, l’année suivante, par la Rolande, Zber obtient l’autorisation de commande d’un théâtre de Pourim dessiner ; il réalise des portraits de ses intitulé Poupées Pourim , qui inaugure codétenus et des vues du camp. Il une nouvelle phase dans son œuvre. Le parvient à remettre ces dessins à sa sens profond de la fête des Sorts, qui femme, Stenia Bonder, qui les confie célèbre – par la transgression et le rire – avant son arrestation à Dorka Furmanski le sauvetage des juifs d’une (1910-2001), épouse d’Isaac Furmanski. extermination programmée, a été Zber est assassiné à Auschwitz. En 1991, déterminant et a donné naissance à une Dorka Furmanski contacte le mahJ afin famille de poupées drôles, fragiles, de faire don de dix-huit portraits carnavalesques, « réparées ». d’internés à Beaune-la-Rolande, en mémoire de l’artiste. Michel Nedjar (Soisy-sous-Montmorency, 1947) Zber [Fiszel Zylberberg, dit] (Płock, 1909 – Danse macabre I. Poupée #47. Paris, Auschwitz, 1942) Saint-Martin Portraits d’internés de Beaune-la- Paris, 2004 Rolande Tissus, colle, brou de noix Beaune-la-Rolande, France, 1941 Don de Michel Nedjar en 2014 Mine de plomb sur papier vélin Don de Dorka Furmanski en 1991 Cécile Reims Née Tsila Remz en 1927, Cécile Reims Kaurine Lakajzen, née Eskénazi arrive de Lituanie à Paris en 1933. Après Les lettres présentées ici, tout comme le avoir passé la période de la guerre dans contrat de mariage ( ketoubbah ), font la clandestinité, elle rejoint la Palestine. partie d’un don aussi important De retour à Paris pour soigner une qu’émouvant que Kaurine Lakajzen a fait tuberculose, elle se consacre à la gravure au mahJ. Il s’agit des lettres que Raphaël et rencontre l’artiste Fred Deux (1924- Eskénazi, son père, a adressées à sa 2015), avec lequel elle partagera sa vie. mère, Marie, lors de son internement à Graveur d’interprétation pour des Drancy. Raflé le 20 août 1941 à Paris et artistes comme Hans Bellmer ou interné à Drancy, Raphaël Eskénazi Salvador Dalí, ce n’est que tardivement tombe malade ; il est alors transféré et que son œuvre originale, nourrie par soigné à l’hôpital Tenon, puis à l’hôpital l’observation de la nature et des Rothschild. Il est déporté et assassiné à planches de traités d’histoire naturelle, Auschwitz en septembre 1942. est reconnue. Sa technique virtuose la conduit à explorer ses sujets par séries, Lettres de Raphaël Eskénazi à sa femme, liant le microcosme du tracé du burin au Marie macrocosme et à l’infini. 22 octobre 1941, 30 juin 1942 et 12 Dans La Création du monde , le texte de septembre 1942 la Genèse est mis en relation avec sept Don de Kaurine Lakajzen, née Eskénazi dessins marquant un jour de la création. en 2008 Cécile Reims a été lauréate du prix Maratier décerné par la fondation Pro Michel Nedjar mahJ en 2011 ; une exposition lui a été Petit-fils d’une chiffonnière des Puces de consacrée à cette occasion. Paris, fils d’un tailleur, Michel Nedjar fabrique, dès l’enfance, des poupées de Cécile Reims (Paris, 1927) chiffons qu’il enterre. La découverte du La Création du monde film Nuit et brouillard d’Alain Resnais Gravure au burin agit sur lui comme une déflagration. Il France, 1949-1950 s’identifie aux corps des victimes. Ses Dépôt de la fondation Pro mahJ, don de premières poupées, faites de tissus Cécile Reims en 2012 trouvés dans des poubelles, qu’il plonge dans l’eau, la boue, opèrent comme des Mikhaïl Karasik rituels de renaissance. En 2009, lors de l’exposition « Futur antérieur. L’avant-garde et le livre

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yiddish, 1914-1939 », le mahJ a reçu en peintures et dessins dont elle a hérités don un ensemble de livres de Mikhaïl de son père. Elle est actuellement Karasik. En effet, cette exposition mobilisée pour faire classer le mural mettait en lumière la façon dont une réalisé en 1968 sur la crèche Louise- génération d’artistes d’Europe centrale Michel à Levallois-Perret, dont la d’origine juive s’était réapproprié sa municipalité avait programmé la culture juive, afin de la confronter au destruction. Ces cinq panneaux langage des avant-gardes des années monumentaux, gravés directement dans 1910-1920. La part que l’exposition le mortier frais, sont une création dédiait au livre d’artiste faisait écho avec majeure de cet artiste plus connu pour le travail de Karasik. son œuvre graphique et pictural. Né à Leningrad en 1953, son activité En 2017, Évelyne Taslitzky a donné au d’artiste, d’éditeur et de commissaire mahJ un autoportrait de l’artiste à l’âge d’exposition en fait un acteur majeur du de quinze ans et un portrait de sa mère – livre d’art en Russie. Spécialiste des assassinée à Auschwitz –, ainsi que dix avant-gardes russes, Karasik a dessins exécutés à Buchenwald où également illustré plusieurs textes de la Taslitzky avait été déporté. poésie et de la littérature russes, comme en témoigne cette édition de Jours Boris Taslitzky (Paris, 1911 – 2005) mauvais de Boris Pasternak. Autoportrait Mai 1927 Mikhaïl Karasik (Leningrad, 1953) Huile sur toile Boris Pasternak Don d’Évelyne Taslitzky en 2017 Dournye dni (Jours mauvais ) Leningrad, 1989 Donatrice anonyme Don de Mikhaïl Karasik en 2009 Depuis son ouverture, le mahJ a régulièrement proposé à des artistes de Michel Nitabah se pencher sur l’hôtel de Saint-Aignan et De 1983 à 2009, Michel Nitabah a édité son histoire, afin de réaliser des œuvres vingt-cinq livres, publiant de petits qui mettent en lumière la spécificité du tirages de textes inédits d’auteurs musée. Sculpteur israélien né en 1939, choisis, qu’il associait à des artistes Micha Ullman travaille sur l’affleurement jusque-là peu sollicités pour ce type de de l’histoire et de la mémoire dans le production. Ses ouvrages se distinguent quotidien, construisant une œuvre aux par leurs formats et leurs dispositifs forts accents archéologiques. En 2000, il originaux, ainsi que par l’attention a ainsi imaginé Conversation , qui mettait portée à leur matière. Michel Butor, en évidence, dans la cour d’honneur, des Gérard Macé, Évelyne Wilhelm, Jean vestiges médiévaux disparus. Il a aussi Frémon, Esther Hess figurent parmi ses créé plusieurs Livres de sable en écho à auteurs. la collection du musée. Ces objets aux Marcel Cohen, écrivain né en 1937, auteur lignes épurées, en fer et sable rouge, de Sur la scène intérieure (Gallimard, rappellent la prééminence du livre dans 2013) – où il évoque la disparition de sa le judaïsme, et soulignent sa fragilité et famille à Auschwitz –, collabore ici avec la nécessaire lutte contre l’oubli. À l’issue l’artiste Pierre Buraglio pour de cet événement, certains livres ont l’élaboration de dix courts récits sur été achetés, tandis que d’autres ont été l’espace du métro. donnés au mahJ par l’artiste et par une donatrice souhaitant conserver Marcel Cohen et Pierre Buraglio l’anonymat. 1 2 3 4 5 10 9 8 7 6 métro Paris, 2003 Micha Ullman (Tel-Aviv, 1939) Don de Michel Nitabah en 2014 Sand Book (Livre de sable ) Israël, 2000 Évelyne Taslitzky Fer oxydé, sable rouge Psychiatre et psychanalyste, Évelyne Don anonyme en 2002 Taslitzky est très impliquée dans la défense et l’illustration de l’œuvre de Georges Weil son père, le peintre Boris Taslitzky (1911- Exilé à New York en 1940, Georges Weil 2005). Elle a créé une base de données (1922-2006) rallie en 1942 les Forces qui permet de consulter l’essentiel de françaises libres, avec lesquelles il rejoint son œuvre, et prête généreusement les Paris libéré en 1944. Il reprend alors

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l’entreprise de fourrure familiale, puis d’Islam, notamment à Sarajevo et en travaille dans la finance au sein d’une Turquie. Entre 1999 et 2002, il se rend en charge d’agent de change. À la suite de Iran pour suivre la vie des communautés l’exposition « Georges Jeanclos. Journal juives de Téhéran, Shiraz, Ispahan et de terre » en 2002, Georges Weil fait don Kemansha, qui sont parmi les plus au mahJ de cette sculpture de l’artiste. anciennes au monde. Comme les Georges Jeanclos, pseudonyme de minorités chrétienne et zoroastrienne, Georges Jeankelowitsch (1933-1997), a elles sont en situation difficile depuis été marqué enfant par l’Occupation, qu’il l’instauration du régime des mollahs, passe dans la clandestinité, et au cours malgré leur ancrage plurimillénaire. de laquelle son oncle et sa tante sont Après une exposition au mahJ en 2002, assassinés par la milice dans le Cher. S’il le photographe a cédé au musée grandit sans pratique religieuse, il l’ensemble des cinquante tirages. revient au judaïsme après 1968. Fondée sur un usage original de la terre cuite, Pierre Abensur (Nice, 1962) déployée dans toute sa fragilité, son Shabbat, mère et fille œuvre a des affinités avec la statuaire Kerman, Iran, 2002 funéraire étrusque. Ses personnages, aux Don de l’artiste en 2014 visages lisses, aux crânes chauves, sont vêtus de linceuls ou de haillons. Premier Didier Ben Loulou couple de l’humanité, Adam et Ève Ami de longue date du mahJ, le s’étreignent ici autour de l’arbre de la photographe Didier Ben Loulou expose connaissance. en 2001 son travail sur Jérusalem. En 2005, le mahJ lui commande une Georges Jeanclos [Georges enquête photographique sur le monde Jeankelowitsch, dit] (Paris, 1933 – Paris, juif français, qu’il intitule « Rencontres », 1997) constituée de portraits réalisés dans la Adam et Ève région parisienne, accompagnés de 1987 propos recueillis par Caroline Terre cuite Fourgeaud-Laville. S’inscrivant dans le Don de Georges Weil en 2002 parcours des collections permanentes, les soixante portraits instaurent un Ada Tuszynski dialogue entre l’histoire des Épouse et muse de Devi Tuszynski communautés qui ont constitué le (Brzeziny, Pologne, 1915 – Paris, 2002) et judaïsme français et des histoires de sa muse, Ada Tuszynski, a donné au mahj juifs d’aujourd’hui. de nombreuses œuvres et archives de L’artiste a donné plusieurs tirages de son mari. Artiste détournant les objets, son travail ainsi qu’un certain nombre de auteur de miniatures exceptionnelles, de photographies anciennes ou récentes, papiers découpés, de décors et de dont un ensemble de photos de costumes pour le théâtre, une grande Seymour Jacobs, prises à Brighton partie de son travail est consacrée à la Beach, près de New York, dans les lettre hébraïque, comme en témoigne ce années 1980. tableau pour marquer l’est. Très actif au musée d’Art juif de la rue des Saules, Didier Ben Loulou (Paris, 1958) Devi Tuszynski fut un fidèle du mahJ dès Sans titre son ouverture en 1998. En 2000, le mahJ Jérusalem, 1996 a exposé ses miniatures pour les Don de l’artiste en 2000 Psaumes . Olga Klein Astrachan Devi Tuszynski (Brzeziny, Pologne, 1915 – Olga Klein Astrachan (Saint-Pétersbourg, Paris, 2002) 1907-1999), artiste d’origine russe, vit à Tableau pour marquer l’Est, Mizrah Berlin dans les années 1930. La France, 1969 photographe Lotte Jacobi (1899-1990) Papier découpé réalise une série de portraits d’elle alors Don d’Ada Tuszynski en 2009 qu’elle porte un costume créé pour le bal Reiman en 1928. Pierre AbensAbensurur En 1993, Olga Klein Astrachan donne au Pendant plus de dix ans, le photographe mahJ deux tirages de Lotte Jacobi, ainsi français Pierre Abensur (Nice, 1962) s’est que deux portraits anciens de sa mère, intéressé aux juifs vivant en terre

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Bronislawa Flexor, née à Gorki et morte à Hélène Setton, Jacques A. Nahmias, Paris en 1969. Philippe Nahmias et leurs enfants Pour prolonger les dons importants (une Lotte Jacobi [Johanna Alexandra Jacobi, quarantaine d’œuvres) faits au mahJ par dite] (Thorn, Prusse, 1896 – Concord, Inna et Élie Nahmias, leurs enfants ont États-Unis, 1990) donné en 2018 trois œuvres majeures Olga Klein Astrachan déposées par leur mère vingt ans plus Berlin, 1928 tôt. Don d’Olga Klein Astrachan en 1993 Exposée dans la vitrine de la salle « Amsterdam : la rencontre de deux Kiyoko Lerner diasporas », une paire d’admirables Lorsque László Moholy-Nagy, après la rimmonim (ornements de bâton de fermeture du Bauhaus par les nazis, Torah) hollandais du milieu du XVIII e fonde le New Bauhaus à Chicago en 1937, siècle, gravés au nom de Samuel de Pinto Nathan Lerner (1913-1997) est un des et portant la mention de l’année 5543 premiers à intégrer l’école. Il y devient (1783), métamorphose le motif originel rapidement professeur, puis directeur, de la grenade ( rimmon ) en une avant d’ouvrir une agence de design. Il audacieuse tour à trois niveaux. est l’auteur d’une œuvre Reconnaissable par le style de sa photographique originale qu’il expose graphie, cette Torah « espagnole » est la peu de son vivant. Nombre de ses images plus ancienne présentée dans le brossent un portrait vivant du quartier parcours permanent du mahJ. Elle a été de Maxwell Street à Chicago, où vit une réalisée sur un cuir de gazelle (et non sur majorité d’immigrés, tandis que d’autres parchemin) dans les dernières années de sont fortement inspirées par la présence juive en Espagne, ou plus l’esthétique du Bauhaus. probablement dans l’Empire ottoman Kiyoko Lerner, veuve du photographe, après l’expulsion de 1492, dans un milieu offre au mahJ, entre 2007 et 2009, près judéo-espagnol. de quatre cents tirages, ainsi que des peintures et des dessins, qui forment un Rouleau de Torah ( Sefer Torah ) exceptionnel ensemble. Espagne ou Empire ottoman, XVI e siècle ? Don des enfants d’Inna et Élie Nahmias Nathan Lerner (Chicago, 1913 –1997) en 2018 Kiyoko Lerner Paris, 1973 Donateur anonyme Don de Kiyoko Lerner en 2009 En janvier 2011, un généreux donateur ayant souhaité rester anonyme a fait Jean Levantal don à l’État de Funérailles juives , une Issues des archives personnelles du très rare peinture du Génois Alessandro donateur, ces onze diapositives sur verre Magnasco (1667-1749). Classée par la du Marais juif datant des années 1920 commission des Trésors nationaux, cette furent publiées par Molteni, qui diffusait œuvre, inscrite sur les inventaires du les images sur verre ainsi que les musée du Louvre, a été achetée pour appareils pour leur projection. Ces être déposée au mahJ. Acquise dans le images rares illustrent la vie du Pletzl, ce cadre des dispositions de la loi de 2003 quartier juif traditionnel de Paris, peuplé sur le mécénat, favorisant l’entrée dans depuis le début du XIX e siècle de juifs de les collections publiques d’œuvres l’est de la France, puis, après 1880, de d’intérêt patrimonial majeur, elle juifs fuyant les pogroms dans l’Empire constitue l’un des plus importants russe – ce qui explique les inscriptions enrichissements des collections du en cyrillique et en yiddish sur les mahJ depuis son ouverture. devantures des magasins. Alessandro Magnasco, dit « Il Lissandrino », est un des peintres les « Librairie et journaux », 34, rue des plus singuliers du XVIII e siècle italien, tant Rosiers, Pletzl par l’originalité de ses sujets que par son Paris, vers 1920 style vif et tourmenté. Le tableau Tirage moderne et plaque de verre Funérailles juives représente, avec une d’origine grande intensité dramatique et de façon Don de Jean Levantal en 2007 synchronique, les étapes d’un enterrement juif à la nuit tombante dans un cimetière italien imaginaire.

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Marina Fourcade, Romain Fourcade, Alessandro Magnasco (Gênes, 1667) David Cipel, Damien Cipel, Sabine Funérailles juives Dreyfus, Alexis Dreyfus, Christopher Vers 1720 Dreyfus et Gregory Dreyfus. Huile sur toile Dépôt du musée du Louvre Documents d’archives du fonds de la famille de Suzanne et Gilbert Dreyfus Daniel et AnneAnne----CarineCarine Jacoby Don des descendants de Suzanne et Célèbre pour son roman Belle du Gilbert Dreyfus Seigneur (1968), Albert Cohen est né en 1895 à Corfou en Grèce, dans une famille Ariel Fenster juive romaniote et italienne de Né près de Cracovie, Hersch Fenster nationalité ottomane, installée à (Baranow, 1892 – Paris, 1964) étudie à Marseille en 1900. Il commence à écrire Vienne, où il écrit dans la presse yiddish. dès 1921 et son premier roman, Solal , est S’installant à Paris en 1922, il fréquente publié en 1930. C’est après la guerre que les artistes et les intellectuels juifs paraissent les ouvrages qui ont fait sa originaires d’Europe orientale. En 1937, il renommée, notamment Le Livre de ma fonde l’Amicale pour les réfugiés juifs, qui mère . restera active jusqu’en 1940. Réfugié lui- Un riche ensemble d’archives de même en Dordogne avec sa femme et sa l’écrivain a été donné au mahJ par Daniel fille, Fenster est arrêté et interné dans et Anne-Carine Jacoby, avocats plusieurs camps, mais échappe à la détenteurs du droit moral d’Albert déportation. De retour à Paris après la Cohen légué par Bella Cohen, sa dernière guerre, il se consacre à la mémoire des épouse. Le fonds est composé de artistes juifs assassinés par les nazis et documents personnels et d’une publie à compte d’auteur Undzere documentation réunis par Bella pour farpainikte kinstler (Nos artistes l’écriture de ses livres ( Autour d’Albert martyrs ), en 1951. Cohen , Gallimard, 1990, et Albert Cohen. Les archives qu’il a réunies, composées Mythe et réalité , Gallimard, 1991). On y de tirages photographiques anciens, de trouve des archives familiales et plaques de verre, de manuscrits et personnelles, des documents relatifs à d’imprimés, ont été données au mahJ l’activité professionnelle et littéraire par son fils, Ariel, en 2013. Elles d’Albert Cohen, et une correspondance constituent une source unique de avec des figures importantes du documentation sur ces artistes disparus, mouvement sioniste. dont il reste très peu de traces de la vie et de l’œuvre. Documents d’archives du fonds d’Albert Cohen Documents d’archives du fond de Hersch Don de Daniel et Anne-Carine Jacoby en Fenster 2016 Don d’Ariel Fenster en 2013

Les descendants de Suzanne et Gilbert M. Brestovski Dreyfus Fils d’un industriel de Łódź, Yitzhok En 2012, Adrien Cipel découvre dans un Brauner (1887-1944) étudie la peinture à grenier familial des archives concernant Varsovie et à Cracovie, ainsi qu’à ses ancêtres. Conscient de l’importance l’Académie des beaux-arts de Berlin. de ce fonds, il entreprend de l’étudier Influencé par les postimpressionnistes, il avec l’aide de l’historien Samuel Ghiles- prend le pseudonyme de Wincenty Meilhac, afin de retracer l’histoire de sa (Vincent) en hommage à Van Gogh. Son famille, qui est aussi celle du judaïsme atelier à Łódź est un lieu de rencontres français depuis le XVIII e siècle. Leurs pour les artistes et les écrivains. recherches sont publiées l’année Cofondateur en 1919 du groupe d’avant- suivante sous le titre Des Français garde Yung-Yiddish, auquel participe israélites. Une saga familiale du XVIII e au Marek Szwarc, il aurait produit en 1922 XXI e siècle (Michel de Maule, 2013). des décors pour le théâtre de Le fonds d’archives a été donné au mahJ marionnettes Had Gadya créé par le en 2015 par l’ensemble des descendants poète Moshe Broderzon. Brauner reste des familles Cipel et Dreyfus : Patrick et dans le ghetto de Łódź pendant la Maryse Dreyfus, Nicolas Dreyfus, Michèle guerre, produisant des peintures, des Fourcade, Adrien et Barbara Cipel, dessins, des gravures, des sculptures,

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dont de rares exemplaires, comme cette l’inventaire du musée et symbolise la toile donnée par M. Brestovski, nous remarquable complicité qui lia la sont parvenus. Il est assassiné à donatrice à Laurence Sigal, directrice du Auschwitz en 1944. musée de 1988 à 2011. Fille du peintre Michel Kikoïne (1892- Wincenty Brauner (Łódź, 1887 – 1968), Claire Maratier grandit à la Ruche, Auschwitz, 1944) entourée des artistes qui, comme son Enterrement au ghetto père, sont pour la plupart des immigrés Łódź, Pologne, 1940 juifs d’Europe de l’Est. Mariée à Amédée Huile sur toile Maratier (1902-1986), ingénieur dans Don de M. Brestovski en 2003 l’industrie pétrolière, elle a donné au mahJ un remarquable fonds d’œuvres Christian Boltanski d’artistes de l’École de Paris. En 2003, En charge de la préfiguration du mahJ, elle crée la fondation Pro mahJ, pour Laurence Sigal, fondatrice et première soutenir les activités du musée, enrichir directrice de celui-ci, demande à ses collections et organiser tous les Christian Boltanski (né en 1944) la deux ans le prix Maratier, décerné à un création d’une œuvre pour le musée. De artiste contemporain. ce dialogue naîtront Les Habitants de l’hôtel de Saint-Aignan en 1939 . Installée Cabane rituelle ( soukkah) dans cette discrète arrière-cour, l’œuvre Autriche ou Allemagne, XIX e siècle rappelle une histoire que la restauration Acquis en 1989 grâce au Fonds du de l’hôtel a effacée : celle de la présence patrimoine et avec le soutien de Claire jusqu’aux années 1960 dans ce lieu de Maratier modestes artisans (casquettiers, chapeliers, tailleurs, fourreurs), juifs pour Donateurs d’archives la plupart, dont beaucoup sont morts Portraits d’ancêtres, photographies de dans la Shoah. Boltanski choisit de famille, correspondances, actes rendre à l’hôtel cette mémoire par administratifs, manuscrits : les archives l’évocation des noms de tous ses comportent une grande variété de habitants en 1939, juifs et non juifs, en se documents qui permettent de fondant sur de rigoureuses recherches reconstruire l’histoire de familles ou de d’archives. Quatre-vingts affichettes communautés dispersées. Le mahJ a collées de façon aléatoire, à la manière reçu en don des archives isolées mais des annonces nécrologiques placardées aussi de larges ensembles, tels les fonds sur les murs des villes d’Europe de l’Est, Aron-Lévy (don de Dominique rappellent leurs identités, Schnapper), famille Ulmann (don de accompagnées d’indications Rachel Easterman-Ulmann), Rémy Aron, biographiques : lieu de naissance, métier Jean-Claude Lalou, Yvonne Imer, Annie et parfois date du convoi de Hershkowitz, famille Beckouche-Zerbib, déportation. Juif par son père, Boltanski famille Hassine, famille Dari-Yattah ou n’a que rarement abordé frontalement Rebecca Akrich… cette part de son histoire, bien qu’elle Quelques portraits de grande taille innerve l’ensemble de son œuvre. illustrent la richesse de ces dons.

Christian Boltanski (Paris, 1944) Baba Jacob et Messaouda Bensaïd Les Habitants de l’hôtel de Saint-Aignan Algérie, 1926 en 1939 Don de James et Serge Bensaïd en 2013 Paris, 1998 Don de l’artiste en 1998 Don anonyme Né au Brésil, le photographe Alécio de Claire Maratier Andrade s’installe à Paris en 1964. Poète, Acquise en 1989 grâce à une importante pianiste, ami des écrivains et des contribution financière de Claire musiciens, il photographie le Marais dans Maratier (1915-2013), cette rare cabane les années 1974-1975. Son témoignage rituelle pour la fête des Cabanes sur le Pletzl – « petite place » en yiddish (Soukkot) est exceptionnelle par sa –, le quartier traditionnel des juifs facture et par la qualité des scènes ashkénazes depuis la fin du XIX e siècle, et peintes à l’intérieur. Première œuvre sur la vie quotidienne des habitants est acquise par le mahJ pendant la phase de un regard empreint de tendresse et de préfiguration, elle porte le n° 1 dans poésie sur le peuple de la rue.

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À la même époque, il réalise un revues françaises, anglaises et italiennes, reportage sur les commémorations du relatifs à ses principaux thèmes de trentième anniversaire de la libération recherche dont les relations entre juifs d’Auschwitz à la grande synagogue de la et chrétiens vues à travers Victoire, en présence de Simone Veil, l’iconographie chrétienne. alors ministre de la Santé. Grâce à un don anonyme, cet important Fonds Bernhard Blumenkranz travail d’Andrade a pu entrer dans les Don de Madame Bernhard Blumenkranz collections du mahJ en 2010-2012. en 1990-91

Alécio de Andrade (Rio de Janeiro, 1938 – Jacques Dars Paris, 2003) Né à Czernowitz mais viennois Simone Veil lors du trentième d’adoption, Martin Flinker (1895-1986) anniversaire de la libération d’Auschwitz, est une figure de passeur de la à la grande synagogue de la Victoire littérature allemande en France. À Paris, 1975 Vienne, avant la Seconde Guerre Don anonyme en 2010 mondiale, il dirige une prestigieuse librairie fréquentée par les plus grands écrivains de l’époque : Zweig, Schnitzler, Médiathèque Roth, Musil, Broch. Il s’exile en France lors de l’Anschluss. Après avoir passé la Madame Bernhard Blumenkranz guerre à Tanger, il ouvre une librairie de Bernhard Blumenkranz (1913-1989) est né littérature allemande à Paris, au 68, quai à Vienne dans une famille juive originaire des Orfèvres, qui devient un centre de Pologne. Très jeune, il s’intéresse au d’échanges intellectuels franco- sionisme. L’antisémitisme le pousse vers allemands. Il fonde avec son fils Karl les la France. Pendant la guerre, il est éditions Flinker qui publient notamment interné au camp de Gurs, dont il réussit Thomas Mann, auquel il a toujours voué à s’échapper. Il gagne la Suisse où il une admiration particulière, et Henri soutient une thèse de théologie Michaux. Karl Flinker (1923-1991) crée à la consacrée à saint Augustin : « Die fin des années 1950 une galerie de Judenpredigt Augustins » (« Le sermon peinture qui contribuera à la défense et aux juifs d’Augustin : Une contribution à à la reconnaissance de nombreux l’histoire des relations judéo-chrétiennes artistes contemporains. dans les premiers siècles »). De retour en Le fonds Flinker conservé au mahJ, France, il soutient une thèse d’État en depuis une donation faite par Jacques histoire sur « Juifs et chrétiens dans le Dars en 1999, contient la bibliothèque monde occidental, 430-1096 », et devient personnelle de Martin Flinker, le meilleur spécialiste de sa génération rassemblant tous les grands auteurs de concernant l’histoire des communautés son temps, en majorité germanophones, juive en France et en Occident de entre roman, théâtre, poésie et l’Antiquité au Moyen Âge. psychanalyse, ainsi que de la littérature En 1961, il fonde la Commission française classique. Cette bibliothèque est des archives juives, puis en 1971, la composée pour une grande part « Nouvelle Gallia judaica », laboratoire du d’éditions originales. CNRS qu’il dirigera. Le fonds Bernhard Blumenkranz est Fonds Martin et Karl Flinker constitué de 44 tirés à part extraits de Don de Jacques Dars en 1999

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Informations pratiques

Musée d’art et d’histoire du Judaïsme Hôtel de Saint-Aignan 71, rue du Temple 75003 Paris

Métro : Rambuteau, Hôtel-de-Ville RER : Châtelet-Les Halles Bus : 29, 38, 47, 75

Horaires d’ouverture de l’exposition Du mardi au vendredi de 11 h à 18 h Samedi et dimanche de 10 h à 18 h

Accès Métro : Rambuteau, Hôtel-de-Ville RER : Châtelet – Les Halles Bus : 29, 38, 47, 75

Informations www.mahj.org ; 01 53 01 86 65 ; [email protected]

Tarifs Expositions et parcours permanent Plein tarif : 10 € ; tarif réduit, 7 € 5 € pour les 18-25 ans résidents européens

Contacts

Dominique Schnapper, présidente du mahJ Paul Salmona, directeur du mahJ Thaly Blanga, responsable de la communication et des publics

Contact presse Sandrine Adass 01 53 01 86 67 06 85 73 53 99 [email protected]

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