Raoul GRESSIER
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Raoul GRESSIER FAMILLES LE GRESSIER ET GRESSIER EN BOULONNAIS Généalogies et notes biographiques Tome 3 0 CHAPITRE II LES GRESSIER ET LE GRESSIER DE HUBERSENT ET CORMONT 1 Dans « Histoire du Consulat et de l’Empire » par Thiers, cette carte d’une grande partie du Boulonnais est intitulée : « Carte des ports d’Ambleteuse, Wimereux, Boulogne, Etaples » (vers 1870). Elle nous permet de situer Hubersent et Cormont dans le Haut - Boulonnais. 2 Carte de Cassini des environs de Hubersent et Cormont 3 Remarquez le hameau de « Rolet »(Hubersent), celui de Le Turne (Frencq), le Moulin de Hubersent, la ferme du Viellame (Hubersent), celle de Fernehem (Cormont), la Poste de Cormont, les villages proches, Lacres, Frencq avec le château de Rosamel et Courteville, Longvilliers, le château ruiné de Bernieulles. Ils seront évoqués par la suite. 4 INTRODUCTION Quittons le Mont Hulin, sentinelle du Boulonnais qu’il domine du haut de ses 210 mètres, témoin de tous temps de la vie et de la destinée du bourg de Desvres, berceau des Gressier et Le Gressier dont j’ai détaillé la généalogie dans les Tomes 1 et 2. Conduisons nos pas maintenant vers le lieu de vie d’une autre lignée au patronyme identique dont je n’ai pu déceler aucune parenté avec la précédente. Ce qui ne signifie nullement qu’il n’y en ait pas ! Il faudrait pour cela détecter les documents « ad hoc » en deçà du milieu du 16ème siècle ! Dans cette zone documentaire quelque peu désertique d’un point de vue généalogique, la recherche est particulièrement ardue et semée …de déceptions ! Au départ de Samer, engageons-nous sur la Nationale 1, direction Montreuil, l’ancienne voie romaine qui reliait la Picardie au littoral, la « route du poisson » qu’empruntaient, aux siècles passés, les chasse-marée, pour acheminer leur marchandise à Paris. Saluons au passage la ferme de la Fassurne qu’a occupée Claude Halluin au 17ème siècle (voir Tome 2 des Gressier). Non loin de là, à 6 ou 7 kilomètres de Samer, sur notre droite, au lieu même où se dressait un moulin plusieurs fois centenaire aux magnifiques pierres blanches (objets de convoitise), dont les dernières ont disparu il y a quelques années seulement (un horrible hangar grisâtre le remplace, mais on devine encore le tracé du courtil du moulin), un panneau de signalisation nous informe de la proximité du village de Hubersent, but de nos investigations. [ Selon Philippe Valcq – Les moulins du pays de Montreuil , la très caractéristique maison du meunier, au corps de logis bas avec des fenêtres protégées par des barreaux armés de crocs, car elle était isolée, a été anéantie au début du 20 ème siècle ]. Par une petite route étroite, la départementale D 148 E, nous plongeons, vers la droite, dans le fond du ravin où se dissimulent les habitations du village. Nous sommes passés de 132m à 83m. Sur la pente de l’étroit vallon, se cramponne à notre gauche, l’église au solide soubassement de grès, « d’une antiquité immémorable » précise le questionnaire de 1790, flanquée sur sa droite de la ferme du Manoir, massive, aux murs en grès épais de 80 centimètres, caractéristiques des bâtisses défensives du 16ème siècle. Au sommet du coteau, sur notre droite, dominant le village, subsiste une ferme édifiée à l’emplacement du château féodal détruit sous la Ligue, château dont la motte, les fossés et les contreforts herbeux circulaires sont encore visibles. J’ai contourné le lieu par l’ouest et, par cet angle de vue plus large, il m’a semblé voir se dresser devant moi l’impressionnante construction, flanquée de quatre tours, qui commandait le vallon et faisait signe à un autre château féodal, disparu lui aussi, celui de Tingry, qui lui faisait face à quelques kilomètres. La ferme actuelle a conservé l’aire circulaire de la cour de la moyenâgeuse forteresse dont deux vieilles tours persistent, maintenant rabattues, mais solidement entretenues, proches du corps de logis. Sommes-nous dans le Boulonnais ? Géographiquement, géologiquement plutôt, Hubersent se situe hors de la « boutonnière » boulonnaise dont la ceinture de collines est toute proche (côtes de l’Eperche, côtes du Breuil, côtes du Moyen-Bois, côte Noël, Haut-Pichot, dont les altitudes voisinent les 180 mètres – consultez la très instructive carte I.G.N. 2104 – Boulogne-sur-mer et forêts du Boulonnais). Il se positionne dans ce qu’on appelle le Haut Boulonnais, pour le distinguer donc de la partie située dans le « Bas », sur ces terres élevées (208m. à Longfossé), ce plateau aux saillies abruptes déclinant vers la fosse boulonnaise elle- même, semée de collines dont les points culminants, le Mont Lambert, Herquelingue, le Mont de Couple, seraient, selon le chroniqueur Regnard cité par l’abbé Haigneré dans son Dictionnaire Topographique du Boulonnais, les trois boules que le Comté de Boulogne a fait figurer dans ses armoiries : « Boulambert l’éventé, Herquelingue le pelé, Quéhen ou Cahem l’engellé ». Ce territoire du Haut-Boulonnais est divisé en cinq bassins principaux dont les eaux se jettent dans la Canche. L’un de ces bassins est celui de la Dordonne dont la source principale est à Séquières, hameau de Lacres, une seconde source naissant à Rollez, hameau de Hubersent, « dans les années de «grosses eaux ». C’était le cas en cet hiver extrêmement pluvieux de l’année 2000, où, visitant à pied le hameau de Rollez et m’engageant sur le « Chemin du Fond du Bois de Camp » qui le relie à Cormont, je me trouvai devant un ruisseau impétueux qui débordait de son lit sur le chemin, et, plus loin, quittait ce lit et serpentait dans les prés de Cormont. Je vérifiai par là la justesse des observations consignées deux siècles auparavant par les deux communes dans la réponse au fameux questionnaire de 1790. Hubersent faisait mention du fort mauvais état de la plupart des chemins « sujets à de grandes déprédations vu leur grande pente et l’abondance des eaux sauvages qui s’y répandent et les rendent impraticables ». Cormont signalait que « faute d’un petit aqueduc les eaux inondent 300 toises des terres de Michel Lemaire » et que « la rivière pour l’écoulement des eaux sauvages, trop étroite, occasionne des débordements qui inondent manoirs et prairies ». Cette rivière, c’est la Dordonne qui traverse ensuite Cormont, Longvilliers et atteint la Canche à Bréxent-Enocq. Administrativement, Hubersent ressort actuellement du canton d’Etaples. A l’époque où nous allons nous placer, c’est-à-dire dès le 16ème siècle, il relevait de la Sénéchaussée du Boulonnais, tout comme Frencq, très proche, et surtout Cormont, le village frère, sis à 2 km, dont la vie fut très liée à celle de Hubersent, puisque les registres paroissiaux des deux villages furent même communs de 1654 à 1666, puis de1678 à 1680. Le curé, qui habitait le presbytère de Cormont, officiait dans les deux communes, l’église de Hubersent étant succursale de celle de Cormont. Les deux villages participaient à l’entretien de l’unique presbytère et aux frais annexes. De nombreux liens matrimoniaux ont uni les habitants des deux bourgs, dont un certain nombre se trouvaient plus ou moins cousins. Leur population atteignait approximativement les mêmes chiffres : 328 et 336 habitants en 1698, 377 et 394 en 1790, 389 et 475 en 1846, 224 et 237 en 1968 (Dictionnaire des communes du Pas-de-Calais - Bougard). Bien qu’il soit plus proche de Lacres, le hameau de Rollez (différentes orthographes ont été utilisées : Rolet, Raulers) appartient au territoire de Hubersent dont il est véritablement le symétrique par rapport à la Nationale 1. Il est lui aussi situé dans le fond d’un ravin appelé le Fond de Sequières à 67m d’altitude, la Nationale 1 étant à 119m. Hubersent compte un autre hameau assez proche de Rollez : c’est le Vieilhame (autres orthographes : Viellame, Veillamme, etc..), près de la forêt d’Enguinehaut ( nous en dirons quelques mots dans ce tome 3). Rollez comptait 20 feux et 75 habitants en 1725, le Vieilhame 2 feux (il s’agissait des familles Rouguier et Coupier – voir tome 1 page 67) et 15 habitants. Albert Leroy, dans son livre « Les vieilles fermes du Pays de Montreuil », signale que le grès abonde à Hubersent. Il est gris, très dur. Il fut employé dans les soubassements de constructions importantes telles que les châteaux, les églises (les piliers de l’église Saint- Saulve de Montreuil sont en grès d’Hubersent). Des carrières existaient dans le village. La carte I.G.N. de ce secteur porte un lieudit appelé «les Carrières» situé près du bois d’Hubersent. Il est vrai que l’on découvre encore par-ci, par-là, quelques blocs de grès que les instruments aratoires ont fait remonter à la surface (en bordure du bois par exemple) et que quelques vieilles maisons et granges montrent encore à l’heure actuelle leurs soubassements de grès (L’entrée de la grande ferme de la Longueroye à Longvilliers, le village qui jouxte Cormont, est marquée par l’alignement de nombreux blocs de grès). Nous en avons confirmation dans cet inépuisable et précieux questionnaire de 1790 qui indique, pour Hubersent, à la rubrique des chemins, qu’il faudrait « vu leur grande pente et l’abondance des 5 eaux sauvages aménager des arrêts en cascades en maçonnerie de grez de distance en distance ce qui serait très facile car il y a des mines de grez sur le terroir ». Remarquons au passage le triste état des chemins ruraux au début de la Révolution. Que devaient-ils être au 16ème siècle ? Des ouvriers ont travaillé ce matériau, il y a très longtemps : les « grésiers ». Je trouve encore la présence à Hubersent, en 1763, d’un Jacques Lengagne « briseur de graix » et de son descendant, Jean Marie Lengagne, également « briseur de graix », le 28 fructidor an V, d’un Alexandre Lepecquet « briseur de grès » en 1842 ! Est-ce une coïncidence si les « Gressier » que nous allons étudier sont nombreux à Hubersent et Cormont, leur berceau ? Ce patronyme ne provient-il pas du nom donné à ce métier ? C’est l’hypothèse que je donne dans le Tome 1 de mon étude.